Zeeburgereiland : Du sol-dépôt au projet de paysage. Quel(s) développement(s) pour une île-friche ? Amsterdam - Quartier de Zeeburg
Caroline Druon - TPFE 2014 - ENSAP Lille
Groupe Matérialité - Isabelle Schmit, Armelle Varcin
Zeeburgereiland : Du sol-dépôt au projet de paysage. Quel(s) développement(s) pour une île-friche ? Amsterdam - Quartier de Zeeburg
Caroline Druon - TPFE 2014 - ENSAP Lille Soutenance le 30 juin 2014 Groupe Matérialité - Encadrantes : Isabelle Schmit, Armelle Varcin Membres du jury : Christine Dalnoky, Yves Hubert, Christian Piel, Isabelle Schmit, Armelle Varcin
Remerciements
Je remercie Armelle Varcin et Isabelle Schmit pour leur aide et leurs conseils durant cette année, et Christian Piel pour avoir répondu à mon invitation. Un grand merci à Ruwan Aluvihare, paysagiste à la municipalité d’Amsterdam, et à tous les collègues du Dienst Ruimtelijke Ordening, pour leur accueil et leur gentillesse. J’ai beaucoup appris pendant ces trois mois passés à leurs côtés. Je remercie aussi pour sa disponibilité Frans de Rooy, urbaniste de la ville chargé des projets pour Zeeburgereiland. Merci à Benz Kotzen et aux enseignants de l’Université de Greenwich. Mon année à Londres a été passionnante. Merci aux copains de la promo 2010-2014 et à Eléonore, à Willem, Agathe et Mathilde pour nos soirées lilloises, et à Perrine, Charlotte et Elodie qui, malgré la distance, ont toujours été de bon conseil. Enfin, merci à mes parents et à mes frères et soeur qui m’ont toujours soutenue et encouragée.
Crédits photographiques Tous les crédits sont mentionnés individuellement. Les documents sans annotation sont issus de la production de l’étudiante. Illustrations de couverture et de page de garde : photographies appartenant à l’association Magneet Festival.
1) Un sol sous pressions 1.1. Le sol urbain : une ressource fragile 1.2. Méthode
10 12
1.3. Un sol convoité 1.3.1 Amsterdam : une ville qui attire et qui construit 1.3.2 Zeeburgereiland : une périphérie centrale 1.3.3 Dimensions exceptionnelles, vues et paysages diversifiés
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1.4. Un sol menacé 1.4.1. Un territoire où sol et eau sont indissociables 1.4.2. Pression écologique : vers un changement d’attitude face aux menaces 1.4.3. Changement climatique et répercussions sur le territoire 1.4.4. Quelles menaces pèsent sur le site ?
36 38 39 40
2) Un sol dépôt, instable et divisé 2.1. Le territoire du surplus urbain 2.1.1. Formation d’un socle-déchet : morphogenèse du site 2.1.2. Une zone d’activités de périphérie 2.1.3. Populations en marge 2.1.4. Infrastructures omniprésentes : influence sur notre perception du site
42 44 46 47
2.2. Un sol qui peine à trouver une stabilité dans le temps 2.2.1 Un socle contaminé 2.2.2 Un socle, deux types de sol 2.2.3 Sol en jachère : développement d’une végétation spontanée génératrice d’ambiances
50 52 54
2.3. Contexte de crise : une nouvelle temporalité à exploiter 2.3.1. Projets non réalisés, avortés ou gelés 2.3.2. Vers de nouveaux modèles urbains, basés sur la flexibilité et l’imprévisible 2.3.3. Occupations éphémères, installations permanentes
58 60 61
3) Fiction, intentions et outils de projet 3.1. Du délaissé urbain au projet de paysage : un état de latence vecteur d’opportunités
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3.2. Rêver le paysage de l’île : trois scénarios, trois attitudes vis-à-vis du sol 3.2.1. L’île-relais 3.2.2. L’île-refuge 3.2.3. L’île-réserve
64 66 68
3.3. Parti pris et pistes de projet 3.3.1 Synthèse des objectifs 3.3.2 Vers des pistes de projet : boîte à outils
70 72
Conclusion
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Glossaire Annexes Bibliographie
81 82 86
1. Un sol sous pressions
1.1. Le sol urbain : une ressource fragile SOL. Du breton « soul », « la surface où l’on se tient et où l’on marche ». droit : espace ou territoire, considéré comme la propriété de quelqu’un. génie civil : matériau, support des ouvrages. agriculture : terre, couche meuble superficielle de la croûte terrestre, cultivable et exploitable. géologie : épaisseur surmontant les nappes souterraines, non saturée en eau. pédologie (science des sols) : couche superficielle de la croûte terrestre, issue de la transformation de la roche-mère, et enrichie par des apports organiques.
Selon la définition des pédologues, le sol est l’interface entre la lithosphère et l’atmosphère. Il intercepte les eaux des précipitations et alimente les eaux souterraines. Cette capacité à infiltrer et retenir les eaux fait de lui un milieu propice à la vie, et une composante essentielle des écosystèmes. Il est le lieu d’échanges et de réactions biogéochimiques*, qui permettent d’alimenter la matière organique en éléments minéraux, d’accumuler des substances polluantes et d’empêcher leur transmission dans l’eau ou l’atmosphère. Si le développement de la pédologie a permis d’aboutir à une bonne connaissance des sols agricoles et forestiers, l’étude des milieux fortement anthropisés a longtemps été négligée. Le manque d’intérêt économique que représentaient les délaissés urbains et espaces en marge, ainsi que la difficulté à étudier ces sols, composés de matériaux hétérogènes d’origines et de qualité diverses, ont ralenti les recherches sur les biotopes urbains. On assiste toutefois aujourd’hui à une prise de conscience de l’importance de l’étude des sols urbains. L’émergence de problèmes environnementaux liés au sol (affaissement, stérilisation, imperméabilisation, pollution...) et les problématiques liées aux pressions démographiques et économiques sur les territoires urbains donnent lieu à de nouvelles investigations sur la viabilité et la qualité des sols à bâtir. A l’horizon 2020, 80% des européens vivront en ville. A l’horizon 2030, 60% de la population mondiale sera citadine. A l’heure de l’expansion des villes, les friches industrielles et autres délaissés se transforment en espaces à opportunités, et le sol est considéré par les pouvoirs politiques comme une ressource à exploiter. Une ressource, oui, mais non renouvelable et menacée.
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* Les termes suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire page 81.
Choix du site Aux Pays-Bas, sol et eau sont indissociables. Les Pays-Bas sont le royaume de l’eau. 20% du territoire sont eau. 20% des terres actuelles étaient auparavant eau. Sans ses ouvrages hydrauliques, deux-tiers du territoire seraient inondés. L’histoire du paysage néerlandais est intimement liée à la protection et au maintien au sec des terres, gagnées sur la mer. Ce rapport sol/eau a engendré des pratiques de l’aménagement du territoire propres au pays, telles qu’une ingénierie inventive, et une tradition du ‘travailler ensemble’. La lutte contre l’eau caractérise le pays et ses habitants et a conduit à des paysages variés. La présence et les dynamiques de la mer, des rivières, des eaux de pluie et des eaux souterraines ont toujours eu une influence majeure sur le processus d’urbanisation. Le sol néerlandais est anthropique, façonné, contrôlé. Mais aussi et surtout menacé par les changements climatiques qui sont à venir. Dans une ville au centre ultra-dense, où le prix du foncier et la densité d’infrastructures sont très élevés, les opérations de maintien de la protection et de la viabilité des terres sont très coûteuses. D’où la nécessité d’intégrer les nouvelles contraintes liées à l’eau à la base des nouveaux projets urbains. Le sol de Zeeburgereiland, île artificielle de 110 hectares à l’Est d’Amsterdam, est constitué des sédiments de dragage des canaux et de l’ancien port d’Amsterdam. D’abord espace de décharge, base militaire, puis lieu d’implantation d’industries et infrastructures polluantes, l’île est aujourd’hui soumise à des pressions tant économiques qu’environnementales. Pollution et phénomène d’affaissement du sol, eutrophisation des plans d’eau, pollution de l’air et nuisances sonores dues aux infrastructures routières, menaces liées au changement climatique... C’est sur ces thèmes que ce projet personnel de fin d’études m’emmène.
The hand of a Finnish farmer from Mäntsälä. Casagrande & Rintala. Helsinki Kunsthalle. 11
1. Un sol sous pressions 1.2. Méthode
Mais plus qu’un site pollué et saturé, Zeeburgereiland est avant tout une île. Une île, que l’on observe depuis l’autre rive, que l’on devine et que l’on veut rejoindre. L’île intrigue, par sa forme, la richesse des ambiances, par les flux qui y cohabitent. L’île que nous étudions est un territoire en marge, et l’on se propose de tirer parti de cette marginalité, de sa singularité, qui font de lui un espace précieux aussi bien pour la biodiversité que pour la ville et ses habitants. Le contexte relatif à la crise économique, auquel la municipalité d’Amsterdam n’échappe pas, entraîne une temporalité plus longue et peu commune dans la démarche de planification de la ville. Cet état d’attente, de transition, me permettra premiérement d’envisager et d’expérimenter trois scénariosfictions, comme trois attitudes différentes face aux enjeux et menaces qui pèsent sur le sol. Il s’agira d’abord d’observer et analyser les caractéristiques du territoire, ses qualités spatiales et sa place dans la métropole amstellodamoise, afin de mettre en place une stratégie de développement pour l’île, phasée, flexible, portée par le projet de paysage, et qui servira de support aux futurs projets urbains de l’île de Zeeburg. C’est le sol, son état, ses usages, sa relation avec l’eau (de surface et souterraine), ses interactions avec le végétal, qui guideront le projet. Par la valorisation du sol et de l’eau en milieu urbain, le projet de paysage peut apporter de la stabilité à un territoire encore peu perceptible et peu défini. A quoi pourrait ressembler l’île en 2020, 2040, voire 2100 ? 12
Octobre 2013 : A la découverte de l’île.
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1. Un sol sous pressions 1.3. Un sol convoité
1.3.1 Amsterdam : une ville qui attire et qui construit La municipalité d’Amsterdam accueille aujourd’hui près de 800 000 habitants sur une superficie de 219,33km². Capitale des Pays-Bas, elle est l’un des centres économiques majeurs du pays, ainsi que l’un des principaux pôles culturels et financiers de l’Europe. Elle fait partie de la Randstad, cœur administratif, culturel, social et économique des Pays-Bas, qui s’organise autour des régions urbaines de Rotterdam, La Haye, Utrecht et Amsterdam. Cette conurbation de 7,5 millions d’habitants attire les migrants étrangers ainsi que les jeunes diplômés du pays. On estime à 440 000 le nombre de nouveaux logements qu’il faudra construire à l’horizon 2030 pour pouvoir satisfaire la demande. La Randstad fait partie des territoires néerlandais dont la surface est inférieure au niveau de la mer. Aussi, les terres gagnées sur la mer et les lacs grâce aux systèmes de digues et de poldérisation y sont particulièrement prisées. Si de 1960 à 1983, la politique nationale concernant le développement des villes consistait à faire diminuer la concentration urbaine par la création de villes nouvelles, la fin des années 1980 marque un retour à des formes urbaines compactes. En réaction aux phénomènes de villes-dortoirs et d’augmentation des flux automobiles, l’État néerlandais prône la limitation des extensions urbaines, la reconversion des friches, et la densification des centres.
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La ville d’Amsterdam, ultra-attractive, doit elle-aussi répondre à la demande croissante en nouveaux logements, causée notamment par la diminution du nombre de personnes dans les ménages. Même si la municipalité est propriétaire de 93% du foncier, les terrains vacants se font rares, et les contraintes liées à la limitation de l’extension de la ville la poussent à réinterroger ses espaces et à trouver des techniques novatrices en terme de densification. Elle impulse dans le cadre du Structuurvisie Amsterdam 2040 (schéma de développement de la métropole voté en 2011) l’aménagement de nouveaux quartiers suivant deux axes : le long de la ceinture périphérique, et le long de l’IJ, rivière vestige d’un lac peu à peu poldérisé. Le quartier d’îles artificielles d’IJburg est issu de cette dynamique qui vise à bâtir 70 000 nouveaux logements d’ici 2040.
Cartographie des friches de la ville (d’après temp.architecture)
IJburg phase I : trois îles de sable créées de toute pièce pour pallier au manque de terrains constructibles (source : Dienst Ruimtelijke Ordening DRO)
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1.3.2 Zeeburgereiland : une périphérie centrale Zeeburgereiland, île triangulaire du quartier de Zeeburg situé dans l’arrondissement Est d’Amsterdam, est l’un des quelques terrains de la ville encore en attente de développement. Sa localisation et sa superficie la mettent au premier rang des zones à urbaniser. Si depuis sa création à la fin du XIXe siècle ce territoire a été considéré comme espace de dépôt des résidus de la ville, les défis contemporains liés à la croissance de l’agglomération entraînent la reconsidération de cet espace. Hier espace en marge, Zeeburgereiland est aujourd’hui au centre des attentions et des projets municipaux.
Coeur historique d’Amsterdam
La mairie est le propriétaire de l’île, seules les digues qui la cernent et leur entretien sont du ressort du Rijkswaterstaat, division du Ministère de l’Environnement et de l’Equipement en charge de la gestion des cours d’eau.
L’IJ, ancienne porte d’entrée maritime de la ville
16 Ceinture verte de la métropole amstellodamoise
(d’après documents du DRO)
Zeeburgereiland
Waterland
Buiten IJ
Centre historique d’Amsterdam
17 L’île depuis les tourbières du Waterland, au Nord de la ville (source : DRO)
Zeeburgereiland
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Port d’Amsterdam
Waterland prairies marécageuses
milieux ouverts tourbières exploitées historiquement habitats pour les oiseaux pression des eaux saumâtres
Centre historique d’Amsterdam
Flevopolder (1955-1968)
dernière province créée par poldérisation ville nouvelle d’Almere
Amstel rivières et tourbières milieux ouverts marais, étangs habitats écologiques riches
(source : M55 IJmeerlijn)
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là où canaux et lac se joignent 0
200 km
100 km
20 km
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L’île tire sa forme de la construction de trois digues, élevées à la fin du XIXe siècle. Jusque 1876, il n’existait pas de connexion directe entre Amsterdam et la Mer du Nord, et les navires devaient contourner les terres au Nord d’Amsterdam via la mer du Sud, à l’Est de la ville. A l’emplacement du site se situait donc l’entrée principale du port commercial.
Mer des Wadden
Mer du Nord / Noordzee Mer du Sud Zuiderzee
La faible profondeur des eaux de la mer du Sud lui donnent le nom de « Ziekland », la terre malade. De nombreux navires s’envasent, ce qui ralentit le développement des activités commerciales.
1
eau de mer 0
Au milieu du XIXe siècle, la municipalité vote la construction du Noordzeekanaal, qui connecte Amsterdam à la mer du Nord. Pour éviter tout risque de montée des eaux, une première digue, qui constitue le côté Ouest de l’île, est construite. Au Nord de cette digue primaire, les écluses d’Oranjesluizen contribuent à maintenir le niveau d’eau dans le canal de la mer du Nord et contrôlent les échanges entre le canal et la mer du Sud.
200 km
100 km
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260 km
eau douce
1850 12
Noordzeekanaal 1865-1876
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Oranjesluizen 1870-1872
3 4
Afsluitdijk 1932
45
Amsterdam-Rijnkanaal 1931-1952
5
Houtribdijk 1975
Mer des Wadden 3
IJsselmeer
Mer du Nord / Noordzee
Markermeer 5 1 2 4
Deux autres digues sont construites entre 1890 et 1894 afin de protéger la ville des submersions par la mer du Sud. Strekdam, brise-lames de près de 4 kilomètres, s’avance dans la mer et abrite les terres des vagues.
1
eau de mer eau douce
1975
20
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0m
2 km
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6
Noordze
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ekanaa
Noordze
l
ekanaa
l
écluses Oranjesluizen
Markermeer (ancienne Zuiderzee)
écluses Oranjesluizen tel Ams
Markermeer (ancienne Zuiderzee)
Am
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ka
na
al
tel Ams
Am
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rd a
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Zeeburgereiland Réseau hydrographique majeur Routes commerciales et de plaisance Sens d'écoulement des eaux Zeeburgereiland IJburg, phase II Réseau hydrographique majeur Zone urbanisée Routes commerciales et de plaisance Sens d'écoulement des eaux IJburg, phase II Zone urbanisée
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En 1932, le barrage anti-tempête de l’Afsluitdijk, à 80 kilomètres d’Amsterdam, ferme la mer du Sud afin de la transformer en une réserve d’eau douce, nommée IJsselmeer. En 1975, un deuxième ouvrage de ce type est construit à une quarantaine de kilomètres de Zeeburgereiland et forme le Markermeer. Les eaux qui bordent l’île ne sont ainsi plus soumises aux marées. Les faibles variations du niveau de l’eau sont causées par les vents du NordEst et par le trafic des barges qui longent le site. Au Sud, l’île et la Diemerzeedijk, digue d’argile du XIIIe siècle, forment une baie où l’eau stagnante et très peu profonde offre un cadre idéal à la faune et la flore.
A. La baie, porte d’entrée de l’île depuis l’Est et le Sud
B. Ponts routiers depuis la Diemerzeedijk
C. Canal Amsterdam-Rhin, entre deux baies
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D. Ecluses d’Oranjesluizen, arrivée dans le Markermeer
Waterland
IJburg phase I
Ville de Muiden
Flevopolder
Diemerzeedijk
D
C A B
IJburg phase II (projet en attente)
Puits d’extraction de sable
Courbe de niveau : profondeur du lac
Le Markermeer : un enchaînement de baies peu profondes dont le profil change au gré des besoins en sol constructible.
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là où ville dense et territoire rural se confrontent Le territoire étudié se situe au carrefour entre le tissu urbain dense de la métropole d’Amsterdam et la région rurale du Waterland. Il est le lien entre les grands projets des berges de l’IJ et entre Amsterdam Nord et Est.
Amsterdam Centrum 86 616 habitants 10 500 hab/km
24
Oostelijk Havengebied 18 000 habitants 100 logements/hectare
Durgerdam 430 habitants
Flevopark
Diemerzeedijk
IJburg 45 000 habitants 100 logements/hectare
(d’après dessin du DRO)
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là où une faune rare trouve refuge Inscrits à la Convention Ramsar*, le lac et ses berges abritent une faune propre aux milieux humides, dont certaines espèces sont rares et protégées. Couleuvre, musaraigne d’eau, belette, chauve-souris, crapaud calamite, fuligule milouin et fuligule morillon, moule zébrée... Autant d’espèces qui dépendent de l’équilibre d’un milieu encore jeune et instable. La mairie d’Amsterdam a lancé à la suite de la construction des îles artificielles d’IJburg une campagne de mesures compensatoires destinées à augmenter à proximité du site les zones d’habitat propices à cette faune. Zeeburgereiland est au cœur de la ceinture verte de la métropole. Elle est considérée comme l’une des pièces manquantes dans le projet de la Ecologische hoofdstructuur lancé en 1990 (corridor écologique national). Son inscription prévue en 2017 dans le corridor permettrait de connecter le « cœur vert » de la Randstad aux territoires du Nord de la Hollande. 0
20 km
100 km
200 km
moule zébrée barbotte
Hoeckelingsdam, île-réserve naturelle (google images)
crapaud calamite couleuvre d’eau
Bovendiep, création d’habitats isolés, observables depuis la digue de Diemerzeedijk
260 km
renard musaraigne d’eau
Diemerpark, hier site d’incinération et d’enfouissement de déchets chimiques, aujourd’hui parc pédagogique et sportif
fuligule milouin grèbe huppé
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Ecologische hoofdstructuur
espaces boisés
(google images)
Diemer vijfhoek, réserve naturelle semi-publique
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2 km
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20 km
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Zeeburgereiland moyenne
élevée emprise urbaine
Cartographie des espaces naturels métropolitains d’intérêt écologique : l’île est à la rencontre de milieux riches.
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là où les réseaux se croisent L’île de Zeeburg est l’une des portes d’entrée de la ville. Elle est à la jonction entre le périphérique (autoroute A10) et la route S114 qui relie IJburg au centre d’Amsterdam. L’échangeur en demi-trèfle du Ring se situe au Sud-Est du site. La Zuiderzeeweg, tracée en 1957, connecte le quartier de Zeeburg au Nord de la ville. Zeeburgereiland se situe à quatre kilomètres de la gare centrale d’Amsterdam. Elle est desservie par l’IJtram, ligne de tramway inaugurée en 2005. Cette ligne connecte le site à la gare et au réseau ferroviaire national en dix minutes. Au carrefour des différents réseaux, l’île est une plateforme-relais qui profite aux touristes (un parking P+R permet le stationnement et l’accès aux transports publics à des prix très avantageux). Les infrastructures et les nuisances qu’elles engendrent divisent très fortement le site et en font un lieu de passage et de transit. Aujourd’hui, seuls les cheminements qui longent les berges de l’île révèlent les qualités du territoire.
Temps d’accès aux principales grandes villes depuis le site en voiture / par transports en commun et réseau ferroviaire
Pont de l’A10 et son mur anti-bruit un marqueur visuel dans le paysage du lac
28 Entrée du tunnel de l’A10, à l’Est de l’île
traversées de l'IJ piétonnes et cyclistes terrestres traversées de l'IJ piétonnes et cyclistes par ferry
IJtram ligne de bus 37 ligne de bus 245
traversées de Schiphol airport traversées del'IJ l'IJpiétonnes piétonneset etcyclistes cyclistesterrestres terrestres traversées traverséesde del'IJ l'IJpiétonnes piétonneset etcyclistes cyclistespar parferry ferry gare centrale gare d'Amstel IJtram IJtram ligne lignede debus bus37 37 autoroutes ligne lignede debus bus245 245 tunnels autoroutiers routes principales Schiphol airport Schipholroutiers airport tunnels routes secondaires gare garecentrale centrale gare gared'Amstel d'Amstel autoroutes autoroutes tunnels tunnelsautoroutiers autoroutiers routes routesprincipales principales tunnels tunnelsroutiers routiers routes routessecondaires secondaires
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là où l’on s’échappe de la ville L’île est au carrefour de chemins pédestres et cyclistes qui traversent et connectent des paysages variés, et qui témoignent des différentes pratiques et exploitations du territoire néerlandais. Le site est à deux pas de Flevopark, parc à l’anglaise au boisement dense tourné vers une baie colonisée peu à peu par des roselières, et est relié par la Diemerzeedijk au Diemerpark, une île anciennement lieu de dépôt et d’incinération de déchets chimiques et industriels transformée au début des années 2000 en parc combinant larges espaces ouverts de récréation et équipements sportifs. La Diemerzeedijk relie la commune rurale de Muiden à Amsterdam, et se prolonge à l’Ouest de l’île de Zeeburg sous le nom de ZuiderIJdijk. Cette digue historique, bien que d’abord défensive, est également un espace de promenade et de contemplation, offrant des vues sur l’IJmeer et sur la ville d’Amsterdam. Si l’on suit cette digue jusqu’aux écluses d’Oranjesluizen, on accède au territoire du Waterland, caractérisé par ses parcelles de pâturage cernées d’eau, ses villages de pêcheurs, et ses grandes étendues ouvertes où la végétation basse domine. La ZuiderIJdijk fait partie du Stelling van Amsterdam, ligne défensive de 135 kilomètres de long construite autour de la ville entre 1880 et 1920. Ce réseau de fortifications a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996, et est un chemin de randonnée et de loisirs apprécié des citadins et des touristes.
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Waterland, tourbières pâturées
Zeeburgereiland, en attente de développement
Diemerzeedijk, entre canal et baie, mais peu de vues sur l’eau
Diemerpark, miroir d’IJburg
Muiden, sur la route des fortifications (source : google images)
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Pôles d’attractivité touristiques permanents
Pôles d’attractivité touristiques éphémères
1 Schiphol Airport - 46 millions d’usagers par an 2 Museumplein - 2.25 3 Marché aux fleurs 4 Dam 5 Maison d’Anne Frank - 1 million 6 Gare centrale - 91 millions 7 EYE film museum 8 NEMO science museum - 500 000 9 Musiekgebouw 10 Zoo Artis - 1.2 million
12 Départ du marathon - octobre - 41 000 coureurs 13 Queen's Day - fin avril - 700 000 visiteurs 14 Prinsengracht Concert - août - 80 000 15 Sail - une fois tous les 5 ans - 2.5 millions d’attractivité permanents Pôles d’attractivité touristiques éphémères 16Pôles Uitmarkt - dernier touristiques week end d’août - 450 000 17 Amsterdam Roots Festival - début juillet - 50 000 1 Schiphol Airport - 46 millions d’usagers par an 12 Départ du marathon - octobre - 41 000 coureurs Museumplein - 2.25 182Association de char à voile - système de location du site pour 10 ans 13 Queen's Day - fin avril - 700 000 visiteurs 14 Prinsengracht Concert - août - 80 000 Marché Festival aux fleurs 193Magneet - 2 semaines à la fin de l'été 4 Dam 15 Sail - une fois tous les 5 ans - 2.5 millions 5 Maison d’Anne Frank - 1 million 16 Uitmarkt - dernier week end d’août - 450 000 Routes pédestres et cyclables de loisirs 6 Gare centrale - 91 millions 17 Amsterdam Roots Festival - début juillet - 50 000 Route des fortifications 7 EYE film museum (Stelling van Amsterdam) - circuit de 135km 8 NEMO science museum - 500 000 18 Association de char à voile - système de location du site pour 10 ans 9 Musiekgebouw 19 Magneet Festival - 2 semaines à la fin de l'été 10 Zoo Artis - 1.2 million
11 Camping Zeeburg
11 Camping Zeeburg
Routes pédestres et cyclables de loisirs Route des fortifications (Stelling van Amsterdam) - circuit de 135km
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1.3.3 Dimensions exceptionnelles, vues et paysages diversifiés Les usages passés de l’île ont laissé des traces, et la construction des infrastructures de transport ont influencé le développement de l’île. Au Sud de l’île, l’installation illégale mais tolérée par la municipalité de péniches et de groupements de roulottes et l’implantation de logements pour étudiants, d’associations et de petites entreprises ont fait de cette partie de l’île un mélange singulier et vivant. Les quelques habitants (550 si l’on compte les étudiants) ont progressivement pris possession des lieux : profusion et diversité des plantations en bordure de parcelles, installations de structures en matériaux de récupération, aires de barbecue... Si le Sud est tourné vers la baie, les arbres de haut jet et les éléments de type palissade réduisent les vues sur l’eau. Au Nord-Ouest, les anciennes activités industrielles ont disparu, mais le sol conserve les traces de son exploitation : reliquats de dalles en béton, terre retournée, dépôts de matériaux. Les problèmes liés à la contamination du sol qui aujourd’hui compromettent sa réaffectation, ont poussé la municipalité à clôturer le site, qui progressivement s’enfriche. La digue primaire, façade Ouest de l’île, offre des vues sur le centre-ville et sur la friche industrielle. On y observe le trafic constant des barges du canal Amsterdam-Rijn.
A. Baie habitée, les berges ont été investies par les habitants et la végétation
B. Ancienne zone industrielle, fermée au public
C. Digue primaire, offre des vues sur l’ancien port de la ville, aujourd’hui
densément construit
Au Nord de la digue, les quatre écluses d’Oranjesluizen contrôlent les échanges entre les canaux et le lac. On les franchit à pieds. En moyenne 14 barges et bateaux de plaisance y transitent chaque heure.
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D. Oranjesluizen, connecte canal et lac, Amterdam Est et Nord
Le site RIO est à l’emplacement d’une ancienne station d’épuration démantelée en 2006. Ancienne forteresse inaccessible cernée d’arbres de haute tige, RIO est aujourd’hui une étendue de sable, que des graminées colonisent peu à peu. Approuvé avant le début de la crise, le projet de quartier résidentiel de RIO se met lentement en oeuvre. Du sable extrait du lac Markermeer y est déposé dans le but de rehausser le niveau du sol. Trois silos ainsi que deux stations de relevage des boues ont été conservés, comme éléments de repère pour le futur quartier. Ces structures industrielles semblent posées nonchalamment sur le sable et confèrent à donner une atmosphère surréaliste au lieu. Enfin, à l’extrême Est, Oostpunt et Strekdam sont séparés du reste de l’île par l’autoroute A10 et sont aujourd’hui inaccessibles. Oostpunt est un dépôt de sol destiné à l’aménagement de Zeeburgereiland. D’une hauteur allant jusqu’à 3.50 mètres, il est avec la ZuiderIJdijk l’espace le plus haut du site. Ouvert sur le Markermeer, il est investi deux semaines par an par le festival Magneet, événement culturel basé sur les initiatives et la participation des festivaliers. Le site, malléable, isolé, est un espace idéal pour l’accueil de ce genre d’événements temporaires. Strekdam est une digue construite en 1890 pour protéger la baie des vagues causées par le trafic des bateaux. Ancienne canalisation rejetant les eaux usées de la ville dans le lac, elle est jusqu’en 2009 ouverte au public.
E. RIO, désert de sable
F. Ancienne station de relevage des boues,
réinvestie par des graffeurs
G. Oostpunt, dépôt de sable entre l’autoroute et le Markermeer
(source : google images)
33
H. Strekdam, promenade en plein lac, confrontation d’éléments et d’échelles
(source : google images)
Coupe 1, une baie confidentielle, où une végétation dense ouvre et ferme des vues sur l’eau
Coupe 2, digue primaire entre canal et friche industrielle
Niveau de la nappe phréatique
Coupe 3, une digue minérale accompagne les voies navigables du lac. Les enrochements ont un rôle de brise-vagues
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Coupe 4, brise-lame nous menant en plein lac, refuge pour de nombreuses espèces d’oiseaux
500 m
0m
1 km
1,5 km
2 km
D 2.67 2.67
3.93
C 2.19
B 2
3
F
B
1.59 1.59
1.90
2.13
E 2.40
1 A
1.53
G 3.66
4
3.21
H 4.09
2.27
3.27 2.01
Couvert végétal
Surfaces imperméables
Zone industrielle / petites entreprises
Bâti
Dépôt de sable
Aire de stationnement
Eau
Etat des lieux, Octobre 2013
35
1. Un sol sous pressions 1.4. Un sol menacé
1.4.1 Un territoire où sol et eau sont indissociables 0
L’histoire du développement des Pays Bas peut être décrite comme un dialogue constant entre les forces de l’eau et celles de l’Homme, dialogue qui a profondément marqué le paysage. Les premiers habitants s’installent sur des bancs de sables élevés, et vivent de la chasse, de la pêche, et d’un peu d’agriculture. En période de crues, ils se réfugient sur des tertres. C’est avec l’arrivée des Romains sur le territoire qu’apparaissent les premières digues et les premiers canaux. 0
20 km
100 km
200 km
20 km
100 km
Au XIXe siècle, de nouveaux matériaux et techniques, tels que le béton, les digues renforcées et empierrées et les machines à vapeur, permettent d’améliorer la protection du territoire. Protection relative : le 1er février 1953, un raz-de-marée emporte digues et maisons de la province de Zélande, au Sud-Ouest du pays. Le bilan est lourd : 1835 morts, 100 000 sans-abris, 55 000 bâtiments détruits ou endommagés, 200 000 hectares submergés. La tempête plonge le pays dans un profond traumatisme. 36
260 km
260 km
Les pressions liées à la mer poussent les habitants à se protéger de la Mer du Nord dès le dixième siècle. La construction des digues maritimes, alors simples remblais de terre, provoque la retenue d’eau intérieure excédentaire qui se doit d’être drainée. On construit les premières écluses de chasse, qui évacuent à marée basse l’eau intérieure dans la mer, et des moulins, qui permettent l’assèchement de plans d’eau de plus en plus profonds, formant ainsi les polders. Malgré ces dispositifs de protection, le pays connaît au cours des siècles de nombreuses inondations, dont celle de sainte Elizabeth, qui en novembre 1421 cause la mort de plus de 2000 habitants en Zélande et Hollande méridionale.
200 km
terre
entr
>1 m
plag
terres sous le niveau de la mer entre 0 et 1 mètre au-dessus du niveau de la mer >1 mètre au-dessus du niveau de la mer plages et dunes (200 m)
1200 1200
1200 1200
1900 1900
1900 1900 Développement de la ville d’Amsterdam Développement de la ville d’Amsterdam Développement Développement de la ville d’Amsterdam de la ville d’Amsterdam Travaux de poldérisation Travaux de poldérisation
1750 1750
1750 1750
1965
1965
1965 Grands 1965 travaux de poldérisation : des grands lacs à la métropole canalisée.
Travaux de Travaux poldérisation de poldérisation Polders antérieurs Polders antérieurs Polders antérieurs Polders antérieurs
Grands de poldérisation : undrastiquement paysage drastiquement à des fins économiques. Grands travaux detravaux poldérisation : un paysage transformétransformé à des fins économiques. Grands travaux Grandsde travaux poldérisation de poldérisation : un paysage : undrastiquement paysage drastiquement transformé transformé à des finsàéconomiques. des fins économiques.
Rupture de digue - Conséquences - Mesures d’urgence : Inondations du 1er février 1953
(source : deltawerken.com)
37
1.4.2 Pression écologique : vers un changement d’attitude face aux menaces C’est suite à cette catastrophe que le Plan Delta est mis en œuvre aux Pays-Bas. La Commission est créée le 21 février 1953, et le 18 octobre 1955, le Plan est lancé. De nouvelles écluses, digues et barrages massifs et modernes sont construits et les digues existantes sont réhaussées. Tous les cinq ans, le niveau des plus hautes eaux est mis à jour, et de nouvelles mesures sont prises en conséquence.
La surélévation systématique des digues et des quais apparaît maintenant pour le gouvernement comme un combat sans fin. Face aux nouveaux défis liés au changement climatique, une réflexion sur le long terme doit être mise en place. Au maintien au sec des terres s’ajoutent aujourd’hui les problèmes d’affaissement du sol, de sécheresse, de salinisation et de pollution de l’eau.
Dans les années 1970, en réaction à ces grands travaux, des mouvements écologistes apparaissent et condamnent ce qu’ils appellent des « assauts contre le paysage néerlandais ». La construction des digues contrarie les dynamiques naturelles du paysage. Aussi ces mouvements réclament une politique d’aménagement alternative, où l’eau serait considérée comme un allié et support du développement territorial, et non plus comme un élément qu’il s’agit de mettre à distance. Les inondations de 1993 et 1995 accélèrent ce changement d’attitude face aux menaces écologiques. Cette fois-ci, l’eau causant les crues ne provient plus de la Mer du Nord, mais des eaux du Rhin et de la Meuse, gonflées par des eaux de fonte et de fortes précipitations. 250 000 personnes doivent être évacuées. Un nouveau Plan Delta, cette fois lié aux eaux des rivières, est créé. Le programme « Ruimte voor water » (espace pour l’eau) est la mise en pratique d’une vision à plus long terme des problématiques de protection des terres et de gestion de l’eau. Il s’agit d’augmenter les espaces potentiellement inondables en cas de crues, en amont ou au cœur des zones urbanisées. Ce nouveau plan, couplé le plus souvent à une stratégie de développement territorial confié aux paysagistes, assure la protection de la population et de la biodiversité, en intégrant espaces naturels et zones de loisirs. 38
Barrage-anti tempête de l’Afsluitdijk (google images)
Terres agricoles inondées dans la zone du Delta (google images)
Zandmotor, projet de création de bancs de sable visant à recharger les plages en tirant parti des dynamiques naturelles maritimes (google images)
0
20 km
100 km
200 km
260 km
Waddenzee
1.4.3 Changement climatique et répercussions sur le territoire Mer du Nord (Noordzee) Le royaume des Pays-Bas est un territoire soumis à un climat maritime tempéré. Le climat dépend de la situation par rapport à la mer : plus l’on s’approche de la mer, moins les écarts de température en été et en hiver sont importants. Les vents dominants viennent du Sud-Ouest, et la vitesse du vent augmente près de la côte. On constate aujourd’hui peu d’événements de pluie de grande importance. Les plus importantes précipitations tombent à l’intérieur du pays durant l’été, et en automne sur la côte.
courbe des 1m barrages
Scénarios à l'horizon 2100 zone inondable remontée d'eau saumâtre remontée des marées impossible évacuation d'eau douce
Projets rechargement des dunes renforcement des digues maritimes
Les scénarios concernant le réchauffement climatique, dressés notamment par le GIEC*, attestent que les Pays-Bas auront à s’adapter à des changements des dynamiques hydrologiques. Durant les hivers, de moins en moins rigoureux mais de plus en plus humides (jusqu’à +25% de précipitations), le pays devra faire face à un excédent d’eau douce, dont l’évacuation dans la Mer du Nord deviendra difficile en raison de l’élévation de celle-ci. En été, on assistera à des épisodes de sécheresse plus réguliers. Une pénurie en eau aura des conséquences sur la flore et sur l’agriculture. Les ressources en eau potable diminuent. Les nappes deviennent une richesse qu’il s’agit de protéger et de restaurer durant l’hiver. Les dernières études estiment qu’à l’horizon 2100, le niveau de la mer s’élèvera de 20 à 100 centimètres. Avec cette hausse, couplée à l’affaissement progressif du niveau du sol néerlandais (dû à l’assèchement et au tassement causés par son exploitation), ce sont 65% du pays qui se trouveraient sous le niveau de la mer (contre 35% aujourd’hui). La pression sur les infrastructures de protection ne cesse d’augmenter.
création de bancs de sable
0
100 km
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260 km
Waddenzee
Mer du Nord (Noordzee)
cou bar
Scénarios à l'ho
zone
rem
rem
imp
Projets
rech
renf
créa
Horizon 2100 : grande échelle
des nouvelles dynamiques hydrologiques et des projets à
39
1.4.4 Quelles menaces pèsent sur le site ? 0
Entre terres positives et terres poldérisées, eau salée du canal de la Mer du Nord et eau douce du lac du Markermeer, l’île de Zeeburg est au centre des problématiques liées au changement des dynamiques hydrologiques, auxquelles s’ajoutent les conséquences d’une surexploitation de son sol. 0
0
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Conséquences du changement climatique sur le lac Markermeer Le niveau du lac est aujourd’hui totalement contrôlé. En été, le niveau de l’eau est maintenu à -0.20m NAP et le lac sert de réserve en eau douce pour les zones rurales environnantes. En hiver, le niveau est abaissé à -0.40m afin d’augmenter ses capacités de stockage en cas de fortes pluies et crues des rivières qui s’y jettent. Face à l’augmentation du niveau de la Mer du Nord et l’impossibilité d’évacuer l’excédent d’eau douce des lacs du Markermeer et IJsselmeer, le Deltacommissie décide d’élever progressivement le niveau des lacs à +1.25 NAP, ce qui permettra de faciliter l’évacuation du trop-plein d’eau douce sans système de pompage aux barrages les séparant de la mer.
1/12
1/20
1/40
1/1250 par an (7,5% de risque de crues su 1/10 1/2000 (5% sur 100 ans) 1/1250 par an (7,5% de risque de crues sur 100 ans)
1/4000 (2,5% sur 100 ans)
1/2000 (5% sur 100 ans)
1/10 000 (1% sur 100 ans)
1/4000 (2,5% sur 100 ans)
barrage anti-tempête
Cartographie du risque d’inondations 000 sur 100 ans) cities) (d’après1/10 Atlas of(1% Dutch water barrage anti-tempête
Ce changement de niveau de l’eau va entraîner des modifications non négligeables sur le territoire du lac du Markermeer, tant au niveau paysager que sur l’équilibre de l’écosystème du plan d’eau. La remontée d’eau saumâtre dans les terres, liée elle-aussi à la montée du niveau des eaux de la mer, menace également la stabilité du milieu lacustre. A la croisée entre eau douce et eau salée, l’île est une zone-tampon où la pollution saline du plan d’eau et des nappes phréatiques est un risque que l’on se doit de prendre en compte. 40 Axonométrie des infrastructures de protection de la ville (d’après Atlas of Dutch water cities)
barr
Conséquences de l’urbanisation Le Markermeer, dont l’eau est soumise à un débit très faible, est menacé par un phénomène accéléré d’eutrophisation*. Les effluents, trop riches en matières nutritives, entraînent une réduction de l’oxygène dissous dans l’eau et la prolifération d’espèces mieux adaptées (telles que les algues microscopiques) aux dépends des espèces aquatiques présentes.
A
L’apport excessif des substances nutritives, comme l’azote ou le phosphore, est du à l’exploitation par l’homme des rives du lac : activités agricoles, industrielles, domestiques, ruissellement urbain, érosion des berges... causent une diminution de la biodiversité et de la qualité de l’eau. Un meilleur traitement des eaux rejetées dans le lac, notamment par la création de lagunages ou par la restauration de milieux de ripisylve, ralentirait le phénomène d’eutrophisation qui aujourd’hui engendre un déséquilibre du biotope. De nature argileuse, le sol de l’île s’affaisse. Cette dynamique naturelle peut atteindre 2 millimètres par an. Associé à la pression des eaux des couches souterraines profondes qui entraîne une élévation du niveau de la nappe phréatique, l’affaissement du sol expose peu à peu en surface les eaux souterraines, qui en deviennent vulnérables.
Situation actuelle et profil de l’île si les zones inférieures au niveau +1.25m NAP étaient submergées
sol saturé en eau
Canal Amsterdam-Rhin
eau saumâtre
niveau de la nappe
nappe affleurante eau douce
41 Coupe A (exagération verticale 300%)
2. Un sol instable et divisé
2.1. Un sol territoire du surplus urbain 2.1.1 Formation d’un socle-déchet : morphogenèse du site La construction de l’île de Zeeburg ne résulte pas d’un besoin en terre cultivable ou à urbaniser. L’élévation des trois digues qui donnent sa forme à l’île délimite une surface qui servira d’espace de stockage des sédiments issus du curage* des canaux de la ville et de son port, et des routes maritimes de l’IJ et du Markermeer. Les terres curées sont essentiellement composées de sédiments de la couche d’argile marine de la Zuiderzee, qui s’étend de -2 à -6 mètres sous le niveau de référence NAP*. Les terres curées y sont entreposées dès 1894. En 1907, le niveau de l’île est suffisamment élevé pour y envisager la construction de bâtiments. L’île est alors viabilisée : le terrain est divisé en parcelles cernées de watergangs*, noues permettant le drainage du socle d’argile.
1888 après ouverture du Noordzeekanaal (1876) et du Amsterdam-Rijnkanaal (1886) : construction de la première digue et de l’écluse Oranjesluizen, séparant les eaux de la Noordzee et de la Zuiderzee.
1894 une digue secondaire longe les voies navigables du Markermeer et protège la baie des mouvements de vagues provoqués par les barges. Au sud, un troisième brise-lame ferme le triangle.
1907 le niveau du socle de l’île est suffisamment élevé pour y envisager l’im-
42
plantation d’équipements.
Oranjesluizen (écluses)
Oostelijke Havengebied (port)
Gare centrale
Flevopark
Vondelpark
IJsselmeer
Vue aérienne de la ville, aux environs de 1900 Osdorperpolder
Sloterplas
Vondelpark
Flevopark
Markermeer
NAP
Zeeburgereiland : boues de curage (argile)
-5 m
1923
eau -10 m
sable -15 m
argile marine (Zuiderzee)
Zeeburgereiland : boues de curage (argile) eau
-20 m
tourbe
sable
argile de l'Amstel
argile marine (Zuiderzee)
-25 m
tourbe
sédiments vaseux
argile de l'Amstel
-30 m
dépôts du Pléistocène et Eémien(sable)
sédiments vaseux
dépôts du Pléistocène et Eémien(sable)
argile du Eémien
Coupe pédologique d’Amsterdam (d’après PlanAmsterdam07) :
argile du Eémien
le sol tourbeux du centre, saturé en eau et peu stable, a été rehaussé à de nombreux endroits avec du sable pour plus de stabilité.
43
2.1.2 Une zone d’activités de périphérie Parce qu’elle est isolée mais toutefois à proximité du centre d’Amsterdam, l’île devient un terrain d’entraînement militaire pour la garnison de la ville. Durant la Seconde Guerre Mondiale, elle est occupée par la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, qui y construit sa base d’hydravions, une rampe de décollage, des bunkers et des canons antiaériens. Après la guerre, Zeeburgereiland redevient pour quelques années une base militaire. La caserne quitte progressivement les lieux et laisse l’île en état de jachère. En 1957, Zeeburgereiland est connectée à la ville grâce à la construction des ponts Amsterdamsebrug et Schellingwouderbrug. L’île est alors facilement accessible et devient un endroit idéal pour l’implantation d’entreprises, attirées par ses grands espaces. Dès l’ouverture du site, des entreprises de réparation de bateaux ou de construction, ainsi que deux associations d’équitation et de dressage de chiens s’installent. La municipalité y exporte également les activités nuisibles et polluantes mais néanmoins nécessaires à la ville : centrale à béton, société de traitement des déchets, et RWZIOost, station de traitement des eaux usées de l’Est d’Amsterdam. Dès le début des années 1990, la municipalité travaille au réaménagement de Zeeburgereiland. Les entreprises et sociétés d’assainissement s’avèrent être un obstacle à la conversion de l’île en quartier résidentiel. Des moyens très importants sont employés pour démanteler et déménager ces activités. La station d’épuration est déplacée en 2006 dans la zone portuaire de l’Ouest d’Amsterdam. L’Ouest de l’île est débarrassé de ses usines.
44
Aujourd’hui, la mairie stocke sur l’île une partie de son mobilier urbain et des matériaux de construction, et y dépose du sable extrait du Markermeer, qui sera à terme utilisé pour la requalification de l’île. Une station-service et deux restaurants ont été construits à proximité des infrastructures.
‘Amsterdam travaille ici à la réalisation d’un dépôt temporaire de terre’
Zone industrielle Sluisbuurt
Station d’épuration RZWI-Oost
Associations, communauté d’artistes et petites entreprises
Zone industrielle Cruquius Début de la construction des îles d’IJburg Schellingwouderbrug
Amsterdamsebrug
L’île en 2001, depuis l’Oostelijk Havengebied (Est) avant le déménagement de la station d’épuration et de la zone industrielle
45
2.1.3 Populations en marge En parallèle de ces activités, caravanes, cabanes, péniches et autres structures légères d’habitat se sont sédentarisées là où les entreprises ont laissé place libre. Cette communauté insulaire, principalement tournée vers la baie au Sud du site, expose une collection quasi chaotique de chaînes et de vélos rouillés, de roulottes envahies de verdure, de barges reconverties, de voitures démontées, de jardins foisonnants. Au Sud-Ouest de la voie S114, des baraques construites dans le but de loger les réfugiés en situation irrégulière ont été reconverties en logements pour étudiants. En 2010, une deuxième résidence étudiante a été livrée afin de pallier au manque de logements dont doit faire face la ville. Ces containers-appartements profitent de la proximité de la ligne de tramway. Ils seront déplacés une fois que la reprise des projets sera lancée par la municipalité. Ces quelques 550 habitants, par leur appropriation progressive des lieux, participent à donner au Sud de Zeeburgereiland une atmosphère bien différente du reste de l’île, où engins de chantier et infrastructures de transport dominent.
Oostpunt : entre travaux et espace de stockage de sol.
En attendant la réaffectation de la friche.
Beeldenpark, communauté d’artistes.
Barges à vendre le long du Amsterdamsebrug.
46
300 logements étudiants en containers
structures temporaires jusqu’à courant 2020.
2.1.4 Infrastructures omniprésentes : influence sur notre perception du site En 1990, la construction du périphérique de la ville A10 est finalisée par l’implantation de l’autoroute sur l’île de Zeeburg, de son échangeur en demitrèfle, et de la voie S114, qui relie l’A10 au centreville. Le site devient l’une des portes d’entrée de la ville par la route. En 1997, le Piet Hein Tunnel connecte Zeeburgereiland au centre-ville. En 2001, elle est connectée au nouveau quartier d’IJburg par la passerelle Enneüs Heermabrug. Grâce à ces infrastructures routières, l’île est maintenant facilement accessible mais en est également dominée. A défaut d’usages bien définis, le site est considéré comme un simple « marchepied », une zone de transit reliant IJburg au centre, et la ville au réseau national. Avec l’aménagement de deux parking-relais, c’est des centaines de touristes par jour qui déposent ici leur voiture et accèdent au centre-ville en moins de dix minutes grâce à la ligne de l’IJtram. L’île est également un arrêt pour des compagnies européennes de transport par autocars, qui la qualifient de « zone extra-urbaine ».
Mur anti-bruit le long de l’A10, une ligne qui marque l’est de l’île
Flot de voitures au parking -relais
Ces voyageurs en transit arrivent en masse, côtoient le site pour quelques minutes, pour le quitter et y revenir quelques heures voire quelques jours après. Ces dynamiques éphémères contrastent avec le rythme des habitants de l’île.
L’IJtram, à la sortie du parking-relais (source : google images)
47
La nuit, seules les infrastructures de transport sont perceptibles
L’implantation des infrastructures routières ont donné lieu à l’aménagement de leurs abords : pavage, noues, piste cyclable... Des haies de charmes, bandes enherbées, et alignements de Populus nigra marquent les axes et organisent les différents flux. Les infrastructures routières contraignent et divisent le site. Plus de 10% de la surface totale de l’île est consacrée aux flux routiers. Limitée à 50km/h, la voie S114 est une coupure nette et large (jusqu’à 70 mètres). Le flot des voitures est incessant, et longer la voie pour rejoindre IJburg, à pieds ou en vélo, se révèle inconfortable. Les promeneurs sont rares. Sans s’écarter des axes, l’île est un relais, où transitent les gens pressés. L’abondance de lignes, marquées par la végétation, les grillages, l’éclairage urbain, le mur anti-bruit du périphérique, accentuent les longueurs.
48
0m 0m
500 m 500 m
1 km 1 km
1,5 km 1,5 km
2 km 2 km
2,5 km 2,5 km
3 km 3 km
3,5 km 3,5 km
Schellingwouderbrug Schellingwouderbrug
Zuiderzeeweg Zuiderzeeweg 50km/h 50km/h
Piet Hein Tunnel Piet Hein Tunnel Station IJtram
IJburglaan S114 IJburglaan 50km/h 50km/h Station service
Amsterdamsebrug Amsterdamsebrug
Enneüs Heermabrug Enneüs Heermabrug
Ringweg Oost A10 Ringweg Oost A10 130km/h 130km/h
périphérique A10 (axe européen) périphérique A10 (axe européen) Zuiderzeeweg et IJburglaan : accès au centre et au nord d'Amsterdam Zuiderzeeweg et IJburglaan : accès au centre et au nord d'Amsterdam tunnels (non accessibles aux piétons) tunnels (non accessibles aux piétons) desserte locale : voies en périphérie et en impasse desserte locale : voies en périphérie et en impasse aire de stationnement P+Rde (parking relais) aire stationnement P+R (parking relais) IJ Tram (ligne 26) IJ Tram (ligne 26)
49
2. Un sol instable et divisé
2.2. Un sol qui peine à trouver une stabilité dans le temps 2.2.1 Un socle contaminé Depuis le Moyen-Age et ce jusqu’à la fin des années 1970, les canaux de la ville sont considérés comme des espaces de dépôts, des décharges où les habitants se délestent de tout ce dont ils n’ont plus besoin. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que ces ouvrages hydrauliques soient valorisés et redeviennent le symbole de la ville. Au fil des siècles, les canaux accumulent dans les sédiments des pollutions issues de ce rejet volontaire de déchets. A cette contamination s’ajoute celles liées aux activités portuaires et au lessivage du sol de la ville par les eaux pluviales, sol chargé de substances minérales (plomb, mercure, cadmium...) ou chimiques d’origine anthropique (pesticides, hydrocarbures, lessives...).
Le site de Zeeburgereiland est marqué par cette pollution ancienne, à laquelle se sont ajoutées les pollutions relatives aux activités industrielles présentes jusque 2006 sur l’île. La contamination et l’affaissement de son socle mettent en danger la qualité de la nappe phréatique. Il s’agit de lutter contre la dispersion des polluants qui menace la viabilité du site et l’équilibre de la biodiversité.
L’utilisation sans stabilisation des pollutions des sédiments curés comme terre de remblai est au début du XXe siècle encore monnaie courante aux Pays-Bas, et l’île de Zeeburg en est un exemple. Aux Pays-Bas, les terres polluées excavées ne sont considérées comme des déchets que si elles ne sont pas réutilisables, après traitement ou en état. Depuis 1987 et le vote de la Loi de protection des sols, le gouvernement néerlandais applique des mesures strictes concernant l’utilisation d’engrais, les matériaux de construction, le stockage d’hydrocarbures et la dépollution des sols. Les boues de curage lourdement polluées sont aujourd’hui confinées dans des décharges spécialisées. Celles qui le sont moins peuvent, après analyse et traitement par stabilisation, être recyclées comme matériau de construction ou de rehaussement des digues par exemple.
50 Canal-décharge de Oudezijds Achterburgwal, entre 1960 et 1970.
0m
0m
2 km
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4
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8
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sol sain
sol fortement pollué
Cartographie du niveau de contamination des sols d’Amsterdam (d’après PlanAmsterdam07)
absence ou manque d'analyses sol sain
sol fortement pollué
absence ou manque d'analyses
51 Ancienne zone industrielle de Zeeburgereiland (Nord-Ouest) : eaux pluviales stagnantes, nappe affleurante, restes de sols d’origine anthropique.
2.2.2 Un socle, deux types de sol Le socle de l’île a une topographie très peu marquée. La digue primaire (+3.50m) et les remblais supportant l’autoroute (+5.00m) constituent les points hauts du site. Le niveau du reste de l’île est compris entre +0.25 et +1.90m. La nappe phréatique se situe quant à elle entre -1.00 et +0.40m NAP. La municipalité d’Amsterdam procède aujourd’hui au réhaussement du niveau de l’île (+1.50m NAP, +1.90 pour la digue secondaire) par apport de sable. Le sable, issu des dépôts du Pléistocène (-2.6 millions à -12 000 ans avant notre ère) est extrait dans le lac à six kilomètres de l’île, entre 12 et 28 mètres de profondeur.
Sluisbuurt
RZWI-Oost Baaibuurt Oostpunt
Après extraction, le sable est stocké à Oostpunt. Une grande partie de l’île a déjà été surélevée en prévision des futurs aménagements.
a
L’apport de cette couche de sable, allant de 1 à 2 mètres, protège le site de la montée des eaux, améliore la perméabilité et la portance du sol, nécessaire à la construction de nouveaux bâtiments, et permet de contrer le phénomène d’affleurement de nappe. Il permet aussi l’introduction d’une palette situation existante : a<0.70m végétale plus diversifiée que celle que l’on observe a aujourd’hui sur le site, principalement composée de d’espèces de ripisylve.
situation existante : a<0.70m
1. système de drainage : a>0.70m affaissement du sol (jusqu'à
a
pression des eaux des couches souterraines : élévation du nivea de la nappe
1. système de drainage : a>0.70m a
2. baisse du niveau de la nappe affaissementa>0.70m du sol (jusqu'à 2mm par an) a
2. baisse du niveau de la nappe a>0.70m a
apport de sable (1 à 2 mètres) pression des eaux couches et réseau de des drains souterraines : élévation du niveau de la nappe apport de sable (1 à 2 mètres) et réseau de drains
2. baisse du niveau de la nappe a>0.70m a
52
affaissement du sol (jusqu'à 2mm
a
Associé au système de drainage mis en place, il accélère toutefois les dynamiques naturelles 1. système de drainage : a>0.70m d’affaissement du socle argileux,a dont la résistance est huit fois moindre (5098kg/m² contre 40788kg/m² pour le sable).
apport de sable (1 à 2 mètres) et réseau de drains
A
situation existante : a<0.70m
eaux des couch niveaupression des eauxdes souterraines souterraines : élévation du n de la nappe eau de surface sable drain
pression des eaux des couches souterraines : élévation du niveau niveau des eaux souterraines de la nappe eau de surface drain sable niveau des eaux souterraines phénomène de tassement eau de surface
drain
pression des eaux des couches souterraines sable : élévation du niveau de la nappe phénomène de tassement
niveau des eaux souterraines
Dynamiques naturelles et anthropiques du socle de l’île pression des eaux des couches
eau de surface sable
souterraines : élévation du niveau de la nappe
Station d’épuration RZWI-Oost, 2005
en arrière plan : alignement de peupliers qui marque la route vers le nord et haie d’arbres qui cernent le site (source : DRO)
apport de sable affaissement du sol montée des eaux dans le canal
nappe affleurante
Ancien site du RZWI-Osot, 2010
la haie est abattue, le sol est étrépé et amendé de sable (source : DRO)
niveau des eaux souterraines dynamiques naturelles
digue primaire +3.50m NAP
A10 +5.00m NAP
interventions humaines dépôt de sable temporaire
apport de sable affaissement du sol nappe affleurante
déblai : création de noues
niveau eaux souterraines Coupe de principe A des : dynamiques du sol actuelles (exagération verticale 300%) dynamiques naturelles interventions humaines
53
2.2.3 Sol en jachère : développement d’une végétation spontanée, génératrice d’ambiances Les différents natures et usages du sol génèrent une diversité de paysages. A l’emplacement de l’ancienne zone industrielle, dont le sol a été débarrassé des surfaces minérales imperméables, se développe une végétation spontanée basse. Les terres argileuses sont colonisées par des espèces de ripisylve qui profitent de la stagnation des eaux pluviales et la proximité de la nappe phréatique. La fermeture complète du site au public favorise la croissance du couvert végétal. Quelques peupliers, saules et frênes viennent souligner la digue primaire, qui elle aussi s’enfriche. Le site de l’ancienne station d’épuration était jusqu’à son déménagement cerné d’arbres de haut jet, limitant les impacts visuel et olfactif sur le reste de l’île. Le terrain est aujourd’hui une grande étendue de sable qui attend la construction des premières opérations de logements. Les noues qui longent les infrastructures de transport sont envahies par les roseaux et l’iris des marais. L’eau est très peu perceptible. Quelques jeunes saules et peupliers bordent les fossés. Dans la baie habitée de l’île, la sédentarisation des communautés et associations a permis le développement d’un couvert arboré dense, où les espèces indigènes côtoient des essences horticoles, introduites par les habitants. La digue de Strekdam, épine qui s’avance dans le Markermeer, était jusqu’à 2009 un espace prisé des randonneurs. Sa situation et sa morphologie en font un lieu attractif pour les oiseaux, qui y ont introduit par transport de graines différentes espèces (dont un figuier). La ligne de la digue est marquée par l’alignement irrégulier d’arbustes.
54
55 Vue aĂŠrienne depuis le Sud-Ouest (source : DRO)
Spécificités des sols argileux Un sol argileux est composé de fines particules. Il est généralement lourd, difficile à travailler mais relativement fertile. Il est soumis à des phénomènes de retrait, en cas de sécheresse ou de retrait de nappe, et de gonflement en cas d’inondations, ce qui peut poser des problèmes aux constructions. En hiver il retient l’eau, se compacte, et peut entraîner une asphyxie des racines, car l’air et l’eau y circulent mal. Les plantes sont alors bien plus sensibles au gel. Au printemps, il met plus de temps à se réchauffer. En été, il a tendance à durcir et craqueler.
Baaibuurt couvert arboré dense de la baie habitée
L’engorgement permanent du sol favorise le développement d’une végétation amphibie, telles que les roselières et cariçaies, les saulaies et peupleraies. Spécificités des sols sableux Un sol sableux a très peu de cohésion, ce qui le rend facile à travailler. Très perméable à l’eau et à l’air, il ne s’engorge jamais et se réchauffe rapidement. Il se draine naturellement grâce à sa texture poreuse.
Sluisbuurt saules, peupliers et frênes entre digue et friche et phénomène d’affleurement de nappe
Parce qu’il est filtrant, il ne retient pas les éléments nutritifs. Dépourvu de matière organique, il est facilement lessivé lors des pluies, en cas d’inondations ou de variations de la nappe. Il est donc préférable de l’amender pour améliorer sa stabilité et pour qu’ilreste fertile. En été, le sol a tendance à sécher. Les espèces qui ne sont pas sensibles aux épisodes de sécheresse sont à privilégier. 56
RZWI-Oost infrastructures accompagnées d’alignement de peupliers,
site débarrassé de toute végétation haute
Liste des espèces reconnues sur le site (les espèces suivies d’un astérisque apprécient les milieux humides)
Indigènes Acer campestre - Erable champêtre Acer pseudoplatanus - Erable sycomore Aesculus hippocastanum - Marronnier commun Alnus vulgaris - Aulne Carpinus betulus - Charme commun Corylus avellana - Noisetier Euonymus europaeus - Fusain d’Europe Fagus sylvatica - Hêtre commun Fagus sylvatica ‘Purpurea’ - Hêtre pourpre Fraxinus excelsior - Frêne commun* Populus alba - Peuplier blanc de Hollande* Populus nigra - Peuplier noir* Populus tremula - Peuplier tremble* Prunus avium - Cerisier des oiseaux Prunus padus - Cerisier à grappes Salix alba - Saule blanc* Salix babylonica - Saule pleureur* Salix caprea - Saule marsault* Bunias orientalis - Bunias d’Orient Daucus carota - Carotte sauvage Iris pseudocarus - Iris des marais* Phalaris arundinacea - Baldingère faux-roseau* Phragmites australis - Roseau commun* Rubus - Ronces Horticoles
surfaces imperméables d’origine anthropique
Acer japonicum - Erable du Japon Liriodendron tulipifera - Tulipier de Virginie Pinus - Pins Quercus ilex - Chêne vert Viburnum - Viornes
surfaces perméables (sable) sol argileux, délaissé jeune couvert d’herbacées sol argileux, délaissé évoluant vers strate arborée couvert dense
Cartographie des délaissés
57
2. Un sol instable et divisé
2.3. Contexte de crise : une nouvelle temporalité à exploiter 2.3.1 Projets non réalisés, avortés ou gelés Bien que jusqu’ici traité en marge de la ville, le site a été depuis sa création sujet à projets. Extension du port, réserve de nature et de loisirs... Les projets pour l’île évoluent en fonction de la situation économique et des besoins de la métropole. A partir des années 1980, la pression croissante sur le patrimoine immobilier de la ville met l’île au centre des projets d’extension urbaine. Plusieurs schémas de développement sont définis par les services municipaux, mais la station d’épuration et les entreprises de construction s’avèrent être un frein à la reconversion de l’île.
Projet de 1924 : Île plateforme logistique du port de la ville
Il faut attendre 2005 pour qu’un plan de développement soit approuvé. Le programme comprend 5500 logements, deux écoles, des logements étudiants et trois terrains de sport. Un appel d’offres pour la transformation en équipement de loisirs des trois silos conservés est également lancé. La crise économique de 2008 entraîne une stagnation du marché immobilier et, faute d’investisseurs, la mairie est contrainte en 2010 de geler les projets jusqu’à l’horizon 2020. Seul le chantier du projet pour le quartier du RZWI-Oost, dessiné par le DRO, service aménagement de la ville et approuvé en 2007, est lancé.
1968 : Île divisée, support d’infrastructures et de biodiversité
une réserve forestière et une base de loisirs forment une transition entre la ville et le lac
58 Schéma de développement ‘Amsterdam 2040’
l’île, densément construite, s’inscrit dans les grands projets des bords de l’IJ et du ring de la ville
Chantier RZWI-Oost Silos conservés, en attente de reconversion Ecole livrée en 2013
59 Plan de développement de la mairie (2005) : cinq quartiers aux identités différentes, séparés par les infrastructures existantes
2.3.2 Vers de nouveaux modèles urbains, basés sur la flexibilité et l’imprévisible En réaction à la crise, on assiste aujourd’hui à un changement de valeur pour l’île. La municipalité souhaite tirer parti du contexte actuel pour y développer de nouvelles méthodes de planification. Jusqu’au début du XXe siècle, la ville d’Amsterdam s’est développée de façon spontanée. La Gemeente (municipalité), après rachat, viabilise et allotit les terres, qui se construisent au gré des investisseurs. La structure des rues, des canaux, des quais, et la hauteur des bâtiments sont définies par la mairie, le front bâti est du ressort des différents constructeurs. Après la Seconde Guerre Mondiale, la mairie fait face à la forte demande en logements en dessinant et construisant à très court terme de nouveaux quartiers à grande échelle. L’efficacité de ce mode de planification repose sur le travail d’un nombre réduit d’experts, chargés de la conception à la réalisation du projet.
Sluisbuurt : état actuel (temp.architecture.urbanism)
La mairie souhaite se détacher de cette méthode d’aménagement dite traditionnelle, tributaire des fluctuations économiques, et réinterroger ses modèles urbains en donnant plus de place à la concertation et aux initiatives individuelles. Hypothèses de développement : temps 1
Le contexte de crise, qui engendre un temps de latence peu commun dans l’histoire de la planification néerlandaise, et la demande croissante des citadins pour de nouvelles façons de vivre poussent le gouvernement municipal à questionner ses espaces délaissés.
60
une grille d’espace publics structure l’installation des premiers logements et équipements
temps 2
l’agence d’urbanisme amstellodamoise temp. imagine des scénarios de développement, flexibles et évolutifs
2.3.3 Occupations éphémères et temporaires : un sol et des paysages transitoires qui inspirent Mettre à disposition temporairement le sol de l’île apparaît comme la meilleure réponse à la crise. Zeeburgereiland devient peu à peu un laboratoire d’expérimentations urbaines où se multiplient initiatives individuelles et associatives, et installations artistiques. Elle est un espace où se développent des activités et interventions culturelles, sociales et artistiques. Parce que les paysages, leur disponibilité, et les ambiances qui se dégagent de l’île ont attiré et inspiré artistes, amateurs de sport et fêtards, le sol, hier surface de dépôt, devient support de projets.
Installation artistique éphémère, Jorge Rodriguez-Gerada
Deux semaines par an, le Magneet festival investit la pointe Est de l’île. Le festival repose sur les initiatives des participants, qui proposent au cours de l’année via les réseaux sociaux et internet (le ‘’virtuele motor’’) leurs projets aussi bien musicaux, artistiques, culinaires... La nature du site est source d’inspirations et d’opportunités (sol malléable, remblais de sable formant un microcosme, et au delà de ces ‘’dunes’’, ouverture et immersion dans le lac). Le festival est un exemple de cette culture du ‘’travailler ensemble’’ et des démarches participatives développées dans de nombreux projets sociaux et culturels à Amsterdam. La mairie d’Amsterdam a décidé de tirer parti du gel des projets urbains en louant certaines parcelles de l’île pour une durée de 10 ans et pour un euro symbolique . Cette démarche vise à attirer associations et futurs habitants de l’île. En 2013, la municipalité a voté pour premier projet l’implantation d’un club de chars à voile sur un terrain de 10 hectares.
Magneet Festival
investir ensemble les délaissés (source : Igor Teuwen)
Club de chars à voile
la multiplication des initiatives associatives et culturelles participe au changement d’image du site et attire les potentiels futurs habitants (source : zeeburg nieuws)
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3. Fiction, intentions et outils de projet
3.1. Du délaissé urbain au projet de paysage : un état de latence vecteur d’opportunités
Le contexte de crise économique nous permet aujourd’hui de nous demander quelles sont les priorités pour l’île de Zeeburgereiland. Si le besoin en logements est une réalité, l’évolution de notre façon de vivre en ville et le changement d’attitude face aux menaces écologiques nous permettent d’envisager une solution alternative au plan de développement proposé par la mairie. La situation de crise est ici une opportunité pour expérimenter sur le long terme des stratégies d’occupation spatiale de l’île. Les pressions écologiques liées au changement climatique sont aujourd’hui indiscutables, toutefois la portée de leur impact sur le site est encore difficilement quantifiable. L’imprévisibilité des données climatiques nous conduit à des hypothèses de développement pour l’île, tirées des contraintes et dynamiques du site, et des modifications paysagères, anticipées, du territoire. Trois hypothèses de développement sont imaginées. Les trois scénarios ouvriront sur une proposition pour l’occupation de l’île, en plusieurs temps. Par un travail sur le sol et la végétation, le projet installe des paysages qui accompagnent l’évolution du site.
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(source : Zeeburg Nieuws)
(source : Zeeburg Nieuws)
Connecter grâce au végétal
Composer avec le sol
Conforter les flux
connecter physiquement et visuellement
Maquette conceptuelle, janvier 2014
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3. Fiction, intentions et outils de projet
3.2. Rêver le paysage de l’île : trois scénarios, trois attitudes vis-à-vis du sol 3.2.1 L’île-relais : répondre rapidement à la pression foncière RELAIS. « étape, halte » « dispositif permettant de relier deux autres systèmes» L’ensemble du socle de l’île est amendé d’une couche de sable, afin d’élever son niveau à deux mètres au-dessus du niveau du lac. Cet apport permet de protéger les terres de la montée progressive du niveau de l’eau du lac, et de s’éloigner des pollutions présentes dans le sol. L’île devient une plateforme multimodale où les nouveaux habitants et entreprises profitent de sa situation centrale. Les réseaux de transport en commun sont renforcés. L’île est le point de départ d’une ligne de transport fluvial qui connecte les îles du Markermeer aux villages du Waterland et au Flevopolder. Des parkings-silos le long des infrastructures canalisent les marées de voitures des touristes et travailleurs. Des bâtiments «signaux» de grande hauteur répondent aux quelques tours qui marquent le paysage de l’IJ et du Markermeer. Les parcelles non construites sont exploitées afin de produire des végétaux à destination non alimentaire, transformés après récolte en biocombustibles et écomatériaux. L’île est un espace d’expérimentations urbaines.
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Entreprises
Entreprises
Parking-silo
Inspirations et références
Plan d’extension pour le Markermeer, plan Pampus, 1964
Bakema et Van den Broek, architectes, proposent leur vision pour l’extension de la ville : une île ultra-dense et qui connecte Amsterdam au Flevopolder, futur Almere (source : google images)
Logements étudiants
3D Print Canal House, Amsterdam Nord, avril 2014
l’agence d’architecture DUS lance en février 2014 la construction de la première maison ‘imprimée’ d’Europe. Réinterprétation de la maison de canal traditionnelle, elle est constituée de plastique recyclable, à base d’huiles végétales. Structure légère, elle permet de ne plus construire sur pieux.
Quartier mixte, résidentiel et activités tertiaires nouvelles formes d’habitat
65
3.2.2 L’île-refuge : accompagner sur le long terme l’abandon des terres REFUGE. « lieu où l’on se met en sûreté ». Les interventions sur le site sont minimales. Les terres polluées sont plantées d’espèces aux vertus épuratrices. L’affaissement du socle argileux met à nu la nappe phréatique. Le sol est colonisé par des plantes amphibies; le milieu tend au fil des années vers la forêt marécageuse. Les infrastructures routières sont enfouies afin de limiter leur impact sur la faune. Certains espaces sont fermés au public, sanctuarisés, pour faciliter la renaturation de l’île et sa colonisation par la végétation. L’île devient un refuge de biodiversité, piècemaîtresse du corridor écologique national. Les visiteurs observent la réserve naturelle depuis les digues, d’où partent des chemins de randonnée informels et des structures légères amphibies qui permettent l’observation des paysages de marais. Peu à peu, le niveau de l’eau du lac monte et les terres affaissées les plus basses sont progressivement submergées.
66
Parc lagunage
Inspirations et références
Structure éphémère amphibie
Parc écologique de Greenwich, avril 2014
(source : google images)
Espace pour activités éphémères
Réserve naturelle de marais,
(source : google images)
Réserve naturelle
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3.2.3 L’île-reserve : faire cohabiter progressivement nature et ville RESERVE. « quelque chose que l’on conserve pour pouvoir l’utiliser en temps opportun ». L’île-réserve se développe à différentes temporalités, en fonction des initiatives, et des besoins. Le sol y est une ressource à protéger, et est support d’expérimentations. Le temps long que la crise engendre est propice à la restauration du sol, son adaptation aux futures dynamiques hydrologiques et à la préparation du site pour l’installation progressive d’un nouveau quartier. Le projet de paysage, fort de cette nouvelle temporalité, propose une stratégie d’occupation de l’île en différentes phases, accueillante pour les différentes dynamiques observées sur le site, et encourageant l’émergence d’activités parallèles qui tirent parti des qualités du territoire.
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Autoconstructions
Inspirations et références
Jardin filtrant,
Thierry Jacquet (source : Phytorestore)
Phytoremédiation expérimentations sur le sol
Parc aux angéliques, Bordeaux
Michel Desvigne (source : google images)
Trompe-l’oeil, Nouvelle-Zélande
Constanza Tagini Nightingale, Jamie Harkins et David Rendu (source : google images)
Parc-bois
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3. Fiction, intentions et outils de projet 3.3. Parti pris et pistes de projet 3.3.1 Synthèse des objectifs
Hypothèse d’intervention
- Par le biais du projet de paysage, proposer une alternative à l’apport systématique de sable, dont l’extraction constitue une menace pour l’équilibre du lac. - Tirer parti du temps disponible pour restaurer et préparer le sol de l’île à la construction du nouveau quartier. Le projet compose avec les dynamiques actuelles du sol. - Adapter le site aux nouvelles dynamiques hydrologiques : étendre le domaine de l’eau, lui donner de l’espace en surface pour montrer son ampleur en sous-sol. Limiter le rejet d’effluents dans le lac en traitant en amont les eaux polluées.
Etat actuel
un sol argileux où l’eau stagne
- Préserver et accroître les espaces réservés à la stabilisation des habitats écologiques. Par un travail sur le végétal, anticiper le changement climatique : restaurer les ripisylves, qui assainissent le sol et l’eau, et introduire de nouvelles espèces, qui stabilisent le sol importé sur l’île. - Conserver et développer la multimodalité du site : connecter visuellement et physiquement l’île au reste de la ville, la rendre parcourable. Mettre en valeur ce qui fait la singularité de ce territoire.
Temps 1
plantation d’espèces de ripisylve / stabilisation du milieux ouverture progressive au public
- Composer avec les infrastructures existantes afin d’atténuer leur impact sur le paysage de l’île. - Questionner la densité bâtie projetée par la mairie et répondre à la demande sociale en préservant des espaces naturels et des espaces de loisirs. - Amorcer le développement urbain de l’île : bâtir en différentes phases, en fonction des besoins. Proposer des formes d’habitat qui s’intègrent aux différents milieux créés. Temps 2
implantation de maisons-amphibies
70
Quels programmes pour l’île ? Février 2014
71
3.3.2 Vers des pistes de projet : boîte à outils - La digue-belvédère, de l’infrastructure de protection à l’espace de promenade et de découverte. Les digues qui cernent l’île sont des éléments de patrimoine. Eléments hauts du site, elles sont également les façades de l’île, que l’on perçoit depuis l’autre rive. La digue Ouest ouvre des vues sur la ville et sur l’île. Si la topographie existante est conservée, un travail en surface du sol vient marquer les cheminements piétons et cyclistes. Un traitement et une signalétique sont mis en place sur l’ensemble des digues du Markermeer.
Etat actuel
une digue Ouest confidentielle qui s’enfriche
La digue Nord est surélevée jusqu’à 4 mètres en certains points. Ce travail de remblai, dont le sol est issu des travaux de terrassement des bassins de rétention des eaux pluviales du coeur d’île, forme des belvédères donnant sur les éléments qui font la singularité du territoire : les écluses, la baie, les îles artificielles du Markermeer. En fonction du type de sol, les talus des digues sont traités différemment. Empierrements ou végétalisation dense viennent stabiliser les terres et deviennent peu à peu support de biodiversité.
72
Temps 1
digue support de cheminements belvédère sur la ville, le canal et la baie
Temps 2
digue support de biodiversité
Schéma des déplacements et des vues à conforter depuis les digues, mai 2014
73
- La dépollution comme levier pour changer l’image de l’île. A la suite d’analyses complémentaires précisant le taux de pollution du sol, plusieurs options seront considérées. - confinement sur site (construction d’une structure en bentonite et traitement de la nappe sur la zone contaminée) - extraction et traitement ou incinération hors site - assainissement par écosystèmes épurateurs : des jardins de dépollution sont temporairement aménagés sur les sites où la pollution a été diagnostiquée : on y plante densément des espèces à croissance rapide (saules, peupliers, espèces oléagineuses...) qui accumulent et fixent les métaux lourds dans leur organisme. On met en place des cycles de culture sur 7 à 10 ans. En fonction de la teneur en métaux lourds, les végétaux sont incinérés après récolte, ou transformés en biomatériaux. Exemple d’espèces aux vertus dépolluantes Le saule consomme azote et phosphate, la laîche (Carex), les phragmites et le jonc des Tonneliers (Scirpus) supportent et nettoient les hydrocarbures, la prêle (Equisetum) et l’Iris accumulent les métaux lourds.
Etat actuel un sol pollué
Temps 1
dépollution par écosystèmes épurateurs
- Le végétal comme élément de renaturation et de reconstitution de la biodiversité
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Un travail de plantation sur l’île permet de connecter les différents milieux de la ceinture verte de la métropole. Au peuplement végétal existant, sont introduites des espèces horticoles, choisies en fonction de leur aptitude à s’adapter aux différents sols de l’île et au climat, qui tend vers des hivers plus humides et des étés secs. Les espaces plantés densément donnent de la qualité au nouveau quartier, et sont à la fois zones de loisirs et refuge de biodiversité.
Temps 2
plantation d’espèces indigènes et horticoles développement d’un couvert boisé
Schéma stratégie végétale, mai 2014
75
- Le stockage et le traitement des eaux comme structure du nouveau quartier. Le quartier se construit autour de bassins et de noues qui collectent les eaux pluviales des toits et des voies circulées. La grille de récupération des eaux s’agrandit dans le temps, en fonction des volumes d’eau à stocker.
Etat actuel
un sol réhaussé de sable et creusé de noues
Les espaces de stockage à ciel ouvert participent à mettre en valeur les équipements du quartier et permettent l’augmentation de la biodiversité en milieu urbain. L’eau devient accessible et source de loisirs et de pédagogie. En points bas, sur le socle argileux, des jardins plantés d’espèces épuratives traitent les eaux qui ont ruissellé sur les infrastructures de transport, avant de les restituer en bonne qualité dans la baie du lac.
Proposition
des espaces multi-usages, inondables, à investir temporairement
76
SchĂŠma du rĂŠseau de stockage et de traitement des eaux pluviales, mai 2014
77
Conclusion
Ce document m’a permis de présenter les enjeux et les richesses d’une île singulière dans le territoire de la métropole d’Amsterdam. Ce bout de terre triangulaire en friche est au centre des défis contemporains que doit relever la municipalité. Le contexte économique remet en question la stabilité des méthodes de planification traditionnelles néerlandaises ainsi que le programme projeté pour l’île. Aujourd’hui, le gel des projets génère une temporalité longue, propice au projet de paysage. A Ce projet est une réponse personnelle, un scénario de développement imaginé par une étudiante étrangère au pays. Les cultures du paysage en France et aux Pays-Bas sont différentes. Si dans le pays où je suis née la question de la préservation du patrimoine paysager est centrale, aux Pays-Bas, le sol et le paysage sont mouvants, et évoluent au gré des besoins et des menaces. Dans un pays où les sols sont artificialisés et rationalisés, et où le niveau de l’eau est totalement contrôlé, on se propose pour cette île d’agir autrement, et de laisser plus de place aux dynamiques naturelles, actuelles et futures.
B
Le projet tire parti du temps disponible pour installer des paysages et des milieux qui incitent des usages et des opportunités propres à chaque phase.
78
C
C A
B
79
Recherches en maquette, mai 2014
80
Glossaire
Biogéochimie : étude du processus cyclique de transfert des éléments chimiques de l’environnement à partir des milieux abiotiques vers les organismes qui à leur tour retransmettent ses constituants à l’environnement. (wikipédia) Boue : terme général désignant tout dépôt fin, gorgé d’eau et souvent fluide. Convention RAMSAR : convention relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau. Traité international sur la conservation et la gestion durable des zones humides adopté en 1972 dans la ville de Ramsar en Iran. Cette convention engage ses membres à préserver et prendre en compte les zones humides dans l’aménagement et l’utilisation de leur territoire (futura-sciences. com) Curage : opération consistant à extraire et exporter les sédiments qui se sont accumulés par décantation sous l’eau. (wikipédia) Eutrophisation : modification et dégradation d’un milieu aquatique, liées en général à un apport excessif de substances nutritives (azote provenant surtout des nitrates agricoles et des eaux usées, et secondairement du phosphore, provenant surtout des phosphates et des eaux usées), qui augmentent la production d’algues et d’espèces aquatiques, et même parfois la turbidité, en privant le fond et la colonne d’eau de lumière. (wikipédia) GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Lithosphère : enveloppe terrestre rigide de la surface. Elle comprend la croûte terrestre et une partie du manteau supérieur. (wikipédia) NAP (Normaal Amsterdams Peil) : niveau de référence 0 de la mer mesuré à Amsterdam. Il sert de niveau de référence de l’altitude pour l’ensemble des Pays-Bas. (wikipédia) Polder : étendue artificielle de terre conquise sur la mer ou sur une autre étendue d’eau grâce à des digues, des barrages et dont le niveau est inférieur à celui de la mer. Les polders sont réalisés par drainage provoquant l’assèchement de marais, de lacs, ou de zones littorales. (actu-environnement.com) Sédiment : ensemble constitué de particules plus ou moins grosses ou de matières précipitées, ayant, séparément, subi un transport éolien ou hydraulique. Watergangs : fossé ou ouvrage de drainage à vocation de dessèchement de bas-marais, de zones humides ou inondables situées en plaines maritimes sous le niveau des hautes mers. (wikipédia)
81
Annexes Fiche de synthèse sur les ressources et gestion de l’eau aux Pays-Bas, publiée par l’Office International de l’Eau
Pays-Bas
Europe
Le contexte global
Superficie : 41 526Km2
Population: 16,34M.(89,6% urbaine: / 10,4% rurale:) 2006 PIB/hab 2007: 35 576 USD Divisions administratives: 12 provinces et 467 communes en nombre variable Régime: Monarchie constitutionnelle
I
La ressource France
Précipitations moyennes (mm/an) Ressources en eau renouvelables globales (km3/an) Ressources en eau renouvelables globales (m3/personne/an) Consommation totale (km3/an) Agriculture (%) Domestique (%) Industrie (%)
760
867
91
203,70
5664
3439
7,94 34 6 60
39,96 10 16 74
18% du territoire est occupé par des cours d’eau et des plans d’eau. Les Pays-Bas ont gagné 6500 km² de terres sur la mer par des grands travaux, notamment de drainage pour assécher les terres. Le pays compte 3 voies navigables majeur : Escaut, Rhin et Meuse. Il possède également de grandes surfaces marécageuses, principalement dans le Sud du pays (Meuse). Au centre, les bras du Rhin forment des plaines de boues et de limon. Les Pays-Bas sont bordés à l’Ouest et au Nord par la Mer du Nord sur 1200 km.
I.1
Particularités de la ressource en eau
La Directive cadre sur l’eau a introduit le concept de masses d’eau, ie des portions de cours d'eau, canal, aquifère, plan d'eau ou zone côtière homogène. Il s'agit d'un découpage élémentaire des milieux aquatiques destiné à être l'unité d'évaluation de la DCE. Les Pays-Bas possèdent de nombreuses masses d’eau fortement modifiées. Ce sont des masses d'eau de surface ayant subi certaines altérations physiques dues à l'activité humaine et de ce fait fondamentalement modifiée quant à son caractère.
82 Date de mise à jour: 15/07/2007
Office International de l’Eau
Pays-Bas
1/6
Pays-Bas
Europe
II Les mécanismes politico-institutionnels II.1
Les acteurs de l’eau
3 niveaux hiérarchiques: Niveau Organisation Ministère du Logement, de l’Aménagement du National : Territoire et de l’Environnement (VROM)
Missions Responsable de la politique générale de l’environnement
Ministère des Transports, des Travaux Publiques et des voies d’Eau
Ministère de l’Agriculture, de la Gestion de la Nature et de la Pêche
Responsable de toutes les mesures relatives à la gestion de l’eau Responsable de la protection contre les inondations. Responsable de la gestion et la protection de la Nature
Région
Provinces
Responsable de l’application territoriale de la réglementation Responsable de stratégique de la gestion de l’eau Assure le contrôle et la coordination des actions des municipalités et des watershappen
Local
Les municipalités
Responsables de la collecte des eaux usées ont la possibilité de délèguer l’approvisionnement en eaux potables à des sociétés privées Travaillent en collaboration avec les watershappen Ces administrations des eaux sont en charge du traitement des eaux usées collectées par les communes et des infrastructures hydrauliques mais également de l’entretien des infrastructures de protection contre les inondations
Les Waterschappen
II.2
Le cadre réglementaire
Outils
Principe
Loi sur la pollution des eaux de surface de 1970
Contrôle de la pollution des eaux de surface Définit les modalités des autorisations de rejet Inclut le principe de pollueur-payeur par l’institution d’une taxe Water Management Act (1989) : Définit les rôles des différents organismes acteurs dans la gestion de l’eau sur le territoire Water Board Act (1992) : Définit les missions des Watterschappen Environmental Management Act (1993) : Création du cadre légal des actions de l'administration centrale, des provinces et des municipalités en faveur de la préservation de l'environnement; les impacts de nombreuses activités industrielles sont gérés par ce texte.
Attribution des responsabilités des acteurs
Description
Acteurs concernés National
Les organismes acteurs dans le domaines de l’eau
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La gestion des cours d’eau et bassins versants
II.3.1 La réglementation des cours d’eau Il n’existe actuellement pas de normes écologiques appliquées sur la qualité des eaux. En 2004, des normes chimiques ont néanmoins été définies pour la qualité des eaux de surface.
II.3.2 La planification Etat européen, les Pays-Bas ont pour obligation la mise en place de la Directive Cadre européenne sur l’Eau. L’état des lieux réalisé en 2005 indique cependant que les mesures prises jusqu’à maintenant sont cependant insuffisantes pour remplir les délais fixés à 2015. Un effort est fourni pour l’application de la directive relative aux substances dangereuses dont un plan d’action a été présenté en 2006.
II.3.3 Les conventions internationales Les Pays-Bas ont ratifié la « Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux » signée à Helsinki (1992). La Convention sur la lutte contre la désertification a également été signée en 1994 et la convention de Ramsar sur les zones humides en 1980. Le pays est activement impliqué dans des commissions transfrontalières comme les commission de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin.
II.3.4 La protection contre les inondations Près d’un tiers du pays se trouve sous le niveau de la mer. Le pays a connu par le passé d’importants épisodes qui ont placé la protection contre les inondations comme un axe majeur de la gestion du pays. Après les inondations de 1953 qui ont fait plus de 1800 victimes, l’Etat a ainsi lancé le plan Delta, permettant la construction de nombreuses digues et barrages de grande envergure. Les Waterschappen sont chargés de l’entretien des ouvrages mis en place pour la protection du pays contre ces épisodes.
II.3.5 Le financement de la politique de l’eau La loi de 1970 sur la protection de l’environnement a instauré le principe de pollueur-payeur. Les Waterschappens, principaux organismes en charge de l’entretien des infrastructures et la gestion du traitement des eaux usées, sont dotés de l’autonomie financière. Leurs actions sont financées directement par les usagers de deux manières : - charges payées par tous les usagers pour le financement du service de l’eau et la lutte contre les inondations ; - taxes sur la pollution selon le principe de pollueur-payeur pour le traitement des eaux usées urbaines et industrielles.
III Les services d’eau et d’assainissement III.1 Quelques chiffres •
Eau potable
Consommation moyenne : 123,8 l/jour/pers (2004)
• Assainissement Il y a actuellement environ 450 stations d’épuration traitant 92% des rejets des entreprises et 98% des rejets domestiques.
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III.2 Organisation et gestion des services La gestion de l’eau potable et le traitement des eaux usées sont deux services nettement distincts gérés séparément. La gestion de l’eau potable est assurée par les sociétés productrices d’eau. Elles appartiennent à une vingtaine d’entreprises publiques de production/distribution d’eau potable. Ces entreprises sont généralement des compagnies publiques, dont l'actionnariat est détenu majoritairement par les provinces et les municipalités. Elles ont cependant un statut de BV ou NV (SARL ou SA) et une autonomie de gestion. Elles sont responsables de l’approvisionnement en eau potable, du contrôle de la qualité de l’eau depuis la source jusqu’aux usagers, de l’optimisation du processus de production, en développant et en appliquant de nouvelles techniques, et en effectuant des mission d'’information, de conseil et d'éducation des usagers. Une vingtaine de sociétés publiques d’eau potable détiennent ainsi plus de 200 usines. Depuis 2006, leur activité est réglementée. Elles ont ainsi pour obligation : •
d’établir des critères de performance ;
•
de disposer d’un système de qualité certifié ;
•
de répondre à des normes chimiques strictes
•
de disposer d’une déclaration de qualité reconnue par le VROM.
La collecte des eaux usées est à la charge des communes et le traitement à celle des Watershappen. Les grandes municipalités disposent pour cela de bureaux d’études. Elles décident des travaux à réaliser, mais font souvent appel pour leur exécution à une entreprise privée par l’intermédiaire de contrats traditionnels. En revanche, les petites municipalités ne bénéficient pas toujours de ce savoir-faire et font, par conséquent, de plus en plus appel au secteur privé pour toutes les tâches relatives à la collecte des eaux usées. Le traitement des eaux usées urbaines est de la responsabilité des 53 Waterschappens qui traitent également une grande partie des eaux usées industrielles. Le secteur du traitement des eaux usées industrielles est cependant ouvert à la délégation de services.. Le système est majoritaire unitaire. Il y a cependant une volonté d’augmenter les réseaux séparatifs puisque depuis 2004, chaque projet de construction de lotissement doit être doté d’un système séparatif.
III.3 Prix et coût de l’eau Ces sociétés productrices d’eau ne reçoivent aucune subvention et ne réalisent que peu de bénéfices. Les néerlandais paient donc le prix réel de l’eau. Prix de l'eau (Euro/m3) Eau Assainissement Date des données Source:
1,19 1,48 1996 Enquête OCDE
De 0,94 à 1,91 non renseigné 1999 Enquête OCDE
1.53 non renseigné 2006 VROM
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Zeeburgereiland est une île triangulaire de 110 hectares à l’Est d’Amsterdam, dont le socle est formé des boues de curage des canaux de la ville. Les pressions foncière et écologique qui pèsent sur ce bout de terre en friche le mettent au centre des défis contemporains que doit relever la municipalité. Face au besoin en logements, celle-ci projette la construction d’un nouveau quartier dense, dont le sol est réhaussé par une couche de sable afin de protéger le site de la montée des eaux. Le contexte de crise financière remet en question la stabilité des méthodes de planification néerlandaises traditionnelles ainsi que le programme projeté pour l’île. Aujourd’hui, le gel des projets urbains génère une temporalité longue, propice au projet de paysage. Dans un pays où les sols sont artificialisés et rationalisés, et où le niveau de l’eau est totalement contrôlé, on se propose pour cette île d’agir autrement, et de laisser plus de place aux dynamiques naturelles liées à l’eau et au sol, actuelles et futures. Ce projet est une réponse personnelle, une hypothèse de développement imaginée par une étudiante étrangère au territoire étudié, et basée sur des données scientifiques supposées A quoi pourrait ressembler Zeeburgereiland en 2020, 2040, voire 2100 ?