Volumes et Psychoses

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ET PSYCHOSES

Ebauche de mémoire

Hlai h el karl

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VOLUMES ET PSYCHOSES L’architecture au service des maladies mentales



MOtif, IntentiOns, et démarche Janvier 2013. Suite à une phase de stress, j’exprime des symptômes d’anxiété générale. Une hypotension, un sentiment d’insécurité permanent, une paranoïa – tous en faisaient partie. Après quelques séances, le psychiatre relève la nécessité de travailler sur mon manque d’attention, qui pourrait être à la base des symptômes d’anxiété. Au collège, au lycée, jusqu’en grande école, j’ai toujours été un élève agité, incapable de se tenir en place. Je suis fasciné – pris – par ce qui se passe à l’extérieur. Mon œil se promène de l’autre côté de la fenêtre et néglige ce qui est nécessaire. Le trouble du déficit de l’attention est relevé chez l’individu dès son enfance. Il le suit jusque l’âge adulte et requiert souvent une psychothérapie et une médication. Comme toute personne qui découvre ce qui ne va pas au niveau physiologique ou mental, je commence à faire mes recherches sur le trouble. Mes recherches s’approfondissent et s’étendent pour couvrir d’autres troubles et maladies mentaux. Je me retrouve alors fasciné par ce domaine de l’inconscient. Le domaine de la santé mentale et de la psychiatrie est relativement nouveau, moderne. La science le rend crédible et réel après des siècles de négligence qui ont fait du malade un fou. Aujourd’hui, nous avons recours au traitement, chose qui n’existait pas dans le passé. Par définition, une maladie mentale est un ensemble de manifestations cliniques d’ordre psychologique et compor-


temental. Parmi les maladies mentales, nous comptons : la schizophrénie, l’Alzheimer, la dépression, l’anorexie mentale, la phobie sociale, l’anxiété, les troubles bipolaires, le trouble du déficit de l’attention, l’autisme, l’abus de substances, etc. Pour remédier à ces maladies, nous avons recours à des traitements consistant en une prise régulière d’une médication adéquate ainsi qu’une psychothérapie. Dans certains cas, le patient peut être un danger pour luimême et pour son entourage. Il peut aussi exiger un traitement médical surveillé. Il est alors admis à une institution hospitalière. Les hôpitaux psychiatriques aujourd’hui suivent certaines normes pour être certifiés par l’Organisation Mondiale de la Santé. On suit un modèle architectural qui va introduire ce qu’on appelle « l’architecture thérapeutique ». Dans mon mémoire, je cherche à faire un lien entre l’architecture et la maladie. Quelle volumétrie, et pour quel trouble ? Qu’est-ce qui rend une architecture donnée thérapeutique ? Comment le patient est-il sensible à l’architecture ? Quelle ambiance le maître de l’œuvre cherche-t-il à créer ? Pour répondre à ces questions, j’aurai recours à des exemples d’hôpitaux psychiatriques, d’asiles de fous qui ont été fonctionnels dans le passé comme de nos jours. L’analyse de ces exemples permettra de mettre au point le pourquoi des gestes artistiques et techniques qui sont au service de la maladie. Nous aurons alors une meilleure compréhension de la vie de groupe au sein d’un même espace. Nous ver-


rons comment cet espace est aménagé et pourquoi, ainsi que les ambiances dont la perception vise un soulagement des patients. Dans le cadre de mes recherches, je réserve une partie aux visites de centres de soins psychiatriques là où l’opportunité se présente. À travers ce mémoire, je vise à approfondir mes connaissances autour d’un sujet qui me passionne et me concerne. Je cherche à répondre à des problématiques de l’ordre humain par le biais de mes connaissances techniques et de mes capacités artistiques.

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PLAN Introduction Qu’est-ce qu’une maladie mentale? Comment est-elle traitée? Problématiques: Quelle volumétrie et pour quel trouble? Comment l’architecture peut-elle servir de thérapie? Quelle ambiance s’exprime au sein d’un espace psychiatrique? Comment sensibiliser le patient à l’espace dans lequel il vit? Corps I. Historique des hôpitaux psychiatriques II. Les hôpitaux psychiatriques aujourd’hui 1. Les normes imposées par l’Organisation Mondiale de la Santé 2. Le modèle suivi dans la conception d’un hôpital psychiatrique 3. Etude du plan 4. Exemples d’architecture thérapeutique III. Les différentes ambiances intérieures d’un lieu de soins psychiatriques 1. Etude de la répartition des pièces 2. Système de fonctionnement de l’étage 3. Chambres des patients 4. Choix des couleurs 5. Choix du mobilier 6. Le ressenti du patient face à l’architecture Conclusion


Historique Philippe Pinel, père de la psychiatrie moderne, l’avait bien décrit dans La Nosographie Philosophique: “Il y avait des temples dédiés à Saturne où les mélancoliques se rendaient en foule [...]. Les chants les plus agréables, les sons les plus mélodieux charmaient souvent leurs oreilles .ˮ Les mélancoliques comme le suggèrerait la citation de Pinel ne sont pas de tristes rêveurs – on l’aurait bien compris : ce sont des fous qui menacent la société dans laquelle ils vivent. Estimés dangereux pour vivre parmi les sains, les malades que les juges épargnent de la mort sont chassés et renvoyés dans des lieux de soins organisés : les temples, où la thérapie tourne autour des sens. Certes, cette architecture de plein air avait de quoi rendre les plus fous sensibles à leur entourage, et ce à travers l’activation de quatre de leurs sens : vue, odorat, ouïe et toucher. L’approche est physiologique. Toutefois, les malades mentaux sont toujours dans un cadre religieux – soit-il dans la Jérusalem antique des 490 av. J.-C. ou la Grèce du IVe et Vé siècles. S’en suivra le Moyen Âge. Et ce n’est pas par hasard que le Moyen Âge est qualifié “d’époque noire”. Les fous sont enfermés chez eux pour qu’ils ne se mutilent pas ou ne blessent pas les autres. S’il y a un danger imminent, ils sont incarcérés dans des sortes de prisons enfouies dans les parois des forteresses – c’est le cas en Allemagne. En Grande Bretagne, ils sont employés comme bouffons pour divertir la population


prête à payer pour les voir. C’est la période noire de l’exorcisme et des traitements fantaisistes. Si ces derniers échouent, les malades mentaux à tort qualifiés de fous, d’hérétiques et de sorciers étaient brûlés vifs au bûcher. Un enfant fou est considéré mort, incapable de vie. Toutefois, le Moyen Âge touchant à sa fin, de nouveaux lieux de soins sont érigés : l’Hôtel-Dieu à Paris, l’Hôpital SaintLazare à Marseille, auparavant une prison, sont les seuls établissements hospitaliers à accueillir les malades mentaux jugés non curables par les autres institutions hospitalières saturées. Les chambres de ces établissements sont en vérité des cellules carcérales dans tout le sens propre du terme. Dans cette optique, les familles prennent en charge leurs malades, les aliénés laissés à leur sort. À cette même époque, un nouveau concept est né : l’hôpital-nef – les malades y sont amassés dans un seul espace.

Hôpital-nef


XVe siècle. Les toutes premières thérapies rappellent celles de l’Antiquité, énoncées plus haut : séjour dans un milieu ouvert, bien illuminé, qui encourage les patients à lutter contre leur dépression. Néanmoins, la société s’y dresse comme obstacle : les malades mentaux font naître un sentiment de peur chez les gens. Dans ces conditions, le XVIe siècle témoigne de la naissance d’une idéologie de l’emprisonnement. Toute personne errante est enfermée. Sont alors aménagés, à Paris, des hôpitaux pour les pauvres, telle la Maladrerie Saint-Germain. Les patients y sont forcés au travail obligatoire, leurs troubles ignorés. C’est dans la Florence de la Renaissance que se manifestera une certaine ouverture d’esprit : les hôpitaux intègrent désormais la ville, s’enchevêtrent dans l’urbain, réputés pour leur hygiène et les soins minutieux portés aux patients.



Cependant, le Grand Enfermement sous Louis XVI suivant l’Édit de 1656 renforcera l’idéologie du siècle dernier, et ce à travers l’institution de l’Hôpital Général de Paris qui n’est pas, comme son nom l’indique faussement, un établissement médical, mais un lieu d’enfermement des pauvres, “de tous sexes, lieux et âges, de quelque qualité et naissance, et en quelque état qu’ils puissent être, valides ou invalides, malades ou convalescents, curables ou incurables. ˮ (Edit du Roi, Code de l’Hôpital général, 1786). La Pitié-Salpêtrière et l’Hôpital de Bicêtre comptent parmi ces établissements.


Ce mouvement s’étendra largement au-delà des frontières de la France et formera un réseau qui atteindra la Hollande, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne jusqu’en Angleterre, où s’établissent les Houses of Correction (Maisons de correction) sous un acte de 1575 d’Élizabeth Ier – c’est une politique d’internement forcé des pauvres.




XVIIIe siècle. Les hôpitaux généraux faisant l’objet de maints scandales verront leur popularité décliner. Des environnements plus sains et paisibles accueillent les malades loin de la ville, en prévention contre la contagion. Toutefois, ce mouvement ne symbolisera pas la fin des temps de l’enfermement. Les dépôts de mendicité s’éparpilleront sur tout le territoire français, provoquant un internement massif des déviants. Les maisons de force prendront la relève de l’Hôpital général. Quelques-unes se spécialisent dans l’accueil de fous, décrétées par la loi de 1838 qui marquera définitivement la fin à l’enfermement carcéral. Ce système d’enfermement est vivement critiqué au XVIIIe siècle, comme incitant à la morbidité et à la privation des libertés. C’est, citant Rousseau, “une répugnance à voir souffrir son prochain .ˮ Ce courant de pensée entraînera la création d’une commission d’enquête qui évaluera le système médical français dans son ensemble. Dans ce cadre-là, les malades mentaux constituent une catégorie à part, à laquelle on ne dénie pas l’assistance publique. Suivant les travaux de la commission susmentionnée, et par volonté du gouvernement de prendre en charge l’assistance thérapeutique offerte aux malades mentaux, les premiers asiles psychiatriques voient le jour vers la fin du XVIIIe siècle. Suivant les recommandations de la circulaire Colombier de 1785, les structures construites priorisent toujours les cas spéciaux des malades, et englobent divers services selon leurs symptômes. L’aboutissement de cette circulaire sera dans l’institution de lieux spécialisés de détention selon la curabilité ou la non curabilité des malades. Nous citons : “Il ne suffit pas de séquestrer les aliénés, mais il faut aussi les traiter dans des établissements spéciaux subdivisés en


quartiers de classement. ˮ (Circulaire Colombier) L’architecture thérapeutique voit ainsi le jour : “Il faut que les salles de traitement soient très aérées, et éloignées du feu ; que chaque malade couche seul […]. Il faut des lieux où l’air soit pur […]. Partout de l’hygiène, de l’eau .” Cette citation de Tenon résume l’ensemble du concept d’architecture thérapeutique. L’architecture se réserve une place au cœur de la prise en charge du patient. Il est à prime abord question de liberté et d’hygiène. Il est question de soin et non d’exclusion et d’enfermement. C’est ainsi qu’en 1793 Pinel ôte leurs chaînes aux aliénés. Deux problématiques importantes se posent – du mode de construction de ces établissements, et des lieux et de l’atmosphère y régnant. Les cellules nocives sont détruites et les quartiers réservés aux aliénés élargis. Au cœur de ces changements, des chefs du mouvement tels Daquin, Chiarrugi et Tuke, dont les efforts inspireront le courant aliéniste du XIXe siècle.


Le docteur Philippe Pinel faisant tomber les chaînes des aliénés à la Salpétrière. (1878). Tony-Robert-Fleury



Le XIXe siècle connaît une approche plus spécialisée et organisée du traitement des maladies mentales. Ce sont les directives de Pinel cité plus haut, rédigées au XVIIIe siècle, qui inspireront ces changements. Nous citons : “Les maniaques […] seront confiés dans l’endroit le plus reculé de l’hospice dans un local silencieux et sombre. […] Ceux dont la manie est périodique sont retirés de ce local […].” Nous remarquons dès lors qu’il ne s’agit pas de règles brutes superficielles, mais de directives bien pensées, réfléchies et humaines. Contrairement aux approches des siècles précédents, celles du XIXe siècle préconisent des établissements hiérarchisés, où priment cadre et structure, particulièrement un jardin duquel s’élargissent les autres espaces suivant leur visée fonctionnelle : esthétique, climatique et aéraulique. La facette sensible est désormais un camouflage pour les barrières physiques. La hiérarchie ne se limitera pas à la construction des édifices, mais englobera la relation médecin-patient, où le médecin se retrouve dans une position supérieure. Toujours selon Pinel, il s’agira de “le suivre (le malade) et l’observer dans cette succession d’impressions habilement aménagées, […] tracer les meilleures règles de son traitement moral.” C’est le disciple de Pinel, Esquirol, qui prendra part à la construction de la Maison de Charenton, gabarit pour l’édification de futurs asiles. Excellente position, beau paysage, service fonctionnel, bonne surveillance, propreté et aération sont au cœur de ce bâtiment. Afin de renforcer le social, des espaces communs sont aménagés. En France, huit établissements spécialisés voient le jour. Le


déficit financier empêche la rénovation et le remplacement d’anciennes bâtisses, bien que les aliénistes eussent porté un intérêt pour l’architecture. L’on témoigne alors du fossé énorme qui se creuse entre théorie d’une part, et pratique d’une autre. Au XIXe siècle, les architectes participent à l’élaboration des traités psychiatriques, l’architecture étant désormais considérée partie intégrante de l’acte de guérison. “Un hôpital d’aliénés est un instrument de guérison .” Esquirol, susmentionné, insiste à créer un environnement propice à la guérison du malade, soulignant les bénéfices que procurerait un jardin planté dans le bâtiment. Il combat l’uniformisation du lieu dans un même asile : “L’uniformité est un des principaux vices des tous les asiles existants.” Chose nouvelle : le vécu du malade est au cœur des travaux d’Esquirol ; il dessine un plan qui met en valeur les malades comme organisateurs de l’espace intérieur de l’asile. Ces malades constituent donc différentes classes. Esquirol adoptera le terme asile, à la connotation moins péjorative qu’hôpital. Le plan comporte les éléments-clé suivants : site d’implantation hors ville ; quartiers répartis en deux ailes, selon les sexes, séparés par une cours centrale ; unité du bâtiment à travers une galerie rejoignant les quartiers ; et, cour au rez-de-chaussée, cadrée par trois murs, assurant une vue vers le monde extérieur. Un asile, de par son architecture, se distingue nettement d’une cellule de prison. Nous lisons chez Deportes : “Une grande simplicité est la beauté qui doit distinguer les bâtiments d’un hôpital – […] le génie de l’architecte ne doit s’y montrer que dans des proportions sévères, des lignes con-


stamment pures, et une ordonnance de masse que l’œil parcourt facilement. […] Il sera donc indispensable d’établir dans chaque section un promenoir jardin. […] ce lieu devra offrir une allée plantée en arbres d’agrément, au pourtour de ses murs d’enceinte, et des parterres coupés par de larges chemins .” Pinel proposera son propre plan en 1827, et en omettra les prescriptions onéreuses. Les asiles en France suivront les modèles d’Esquirol et de Pinel pour développer leur construction.


Plan de l’Hôpital Saint-Anne, Paris.


A la fin du XIXe siècle, le travail intensif domine la vie asilaire. Afin de prouver qu’ils sont en mesure de subvenir à leurs besoins – et par ailleurs qu’ils méritent de sortir de l’asile – les malades travaillent plus de dix heures par jour. Les médecins les soumettent à un travail forcé ; le repos est un luxe. Ce labeur des patients entraîne l’autonomie financière des asiles, où la surveillance est permanente et les punitions immédiates. Cette politique provoquera une complexité des relations avec le monde extérieur. Tout est passé au crible : visites, sorties, courriel. Alors que les patients “normaux” sont accordés des sorties serrées – au plus une journée –, les patients “violents” en sont privés pour des années durant. Les conditions de vie régnant dans l’asile sont rudes : seuls de petits couloirs sont rénovés ; les patients prennent leurs repas debout ou accroupis. Exception à la règle : l’asile d’Auxerre où les services apportés aux patients sont excellent. Nous y énumérons – liste non exhaustive : salle d’eau, fontaines, bonne aération, vivacité, nature, grilles non verrouillées, etc. D’après Rouy, “tout y brille, tout y est coquet, bien aéré ; […] un saut de loup permet à la vue de s’étendre jusqu’à un lointain horizon .” Une recherche architecturale extensive a visé la disposition spatiale pour atteindre une isolation acoustique plus efficace. Successeur d’Esquirol, Parchappe s’occupera de la construction de nouveaux asiles, systématiques. Le jardin y occupera toujours sa place stratégique – “Le jardin est le lieu de l’action.” lisait-on en 2013 à la station Saint-Germain-desPrés : il promeut promenade, détente, jardinage, dissuasion des idées enracinées dans la tête des patients. Le lieu des


asiles est la campagne. Ils sont massifs, impressionnants, semblables aux maisons de correction. Cependant, les sauts de loup remplacent les murs : la vue est dégagée. Début XXe siècle. En France, les asiles sont étiquetés “fabriques d’incurables”. “Le malade a de la peine à s’orienter. […] Rien dans la forme ou le plan du bâtiment ne lui permet de distinguer sa salle des autres. […] Le malade transféré dans une nouvelle salle pour des raisons thérapeutiques n’a pas du tout l’impression d’un changement .” Open space et mixité des patients prônés par le modèle écossais rivalisent avec le modèle français : plus de liberté accordée aux malades qui travaillent le matin et se promènent le soir. Le plan pavillonnaire rapprochera les asiles de l’open door. À titre d’exemple, l’asile de Fleury-Les-Aubrais. Comme le notera le docteur Rayneau, médecin y siégeant, les patients sont assez calmes. On finira par couronner l’expérience en amalgamant les patients entre eux. Le XXe siècle, ce sont les asiles qui s’ouvrent enfin sur le monde extérieur. On leur préfèrera alors le terme hôpital psychiatrique. L’hygiène est au premier plan : interdiction de moulure et revêtement à nettoyage facile. Parmi les requis : éclairage naturel, orientation Est-Ouest, isolation phonique, selon un rapport de 1935 signé Rayneau et Lauzier, La Construction et l’aménagement de l’hôpital psychiatrique et des asiles d’aliénés . Après la Deuxième guerre, apparaissent les asiles-villages. L’architecture des asiles post-Deuxième guerre subit une transformation d’envergure, parallèlement à l’évolution de la médecine. La psychiatrie se voue alors à la progression des


patients, et les prépare à recouvrir les liens avec l’extérieur. L’ambiance asilaire est régularisée grâce aux progrès et traitements pharmacologiques. L’hôpital-village rappelle une petite ville : c’est un lieu de réinsertion sociale, pourtant critiqué pour emprisonner le patient dans les confins d’une “micro-société”. On attendra les 1960 pour que l’OMS publie ses directives pour les institutions asilaires : “Ce qu’il nous faut désormais, c’est une ambiance qui aide les médecins et les infirmières à restaurer la santé des malades. Le personnel de l’hôpital s’efforce de créer un milieu thérapeutique et l’architecture doit, elle aussi, y contribuer .” La sectorisation de la médecine verra subséquemment le jour au cours des années 60. La spécialisation gagne du terrain, les lieux de traitement prolifèrent. Le but : continuité entre dépistage, traitement et surveillance postcure. De petites structures se rapprochent des centres ; on y compte 100 lits au lieu des 600. Dans ce cadre, l’hôpital est désormais un contenant.


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BibliOgraphie . PINEL, Philippe, La Nosographie philosophique, Paris, 1813. . ROUSSEAU Jean-Jacques, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, éd. Flammarion, coll. Garnier Flammarion / Philosophie, 1995 (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 211. . COLOMBIER Jean et DOUBLET François, Instruction sur la manière de gouverner les insensés et de travailler à leur guérison (Circulaire Colombier), Imprimerie Royale, Paris, 1785. . TENON Jacques, Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Imprimerie de Ph.-D. Pierre, Paris, 1788. . ROUY Herselie, Mémoire d’une aliénée, Paris, P. Ollendorff, 1883. . BAKER Alex Anthony, DAVIES Richard Llewelyn et SIVADON Paul, Service Psychiatrique et Architecture, OMS, Genève, 1960. . Édit du Roi portant établissement de l’Hôpital général, Code de l’Hôpital général, 1786, p. 262.


. FUSSINGER Catherine et TEVAERAI Deodaat, Lieux de folie. Monuments de Raison. Architecture et psychiatrie en Suisse romande, 1830-1930. Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 1998, 212 p. . LEOTHAUD Isabelle, Ambiances architecturales et comportements psychomoteurs, Thèse de Doctorat en Sciences pour l’ingénieur (spécialité: Architecture). Ecole Doctorale Mécanique, Thermique et Génie Civil de Nantes, 2006, 424p. . L’architecture d’aujourd’hui, no. 404, 4/2015.

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