Domaines Skiables de France

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de Domaines Skiables de France MAGAZINE D’INFORMATION DES OPÉRATEURS DE REMONTÉES MÉCANIQUES ET DOMAINES SKIABLES

ALPES // JURA // MASSIF CENTRAL // PYRÉNÉES // VOSGES

DOSSIER

pages 20 à 35 ]

LE RENOUVELLEMENT DES CLIENTÈLES

La Montagne en mouvement m UNE NOUVELLE GOUVERNANCE POUR DSF

www.domaines-skiables.fr

pages 3 à 13 ]

m PROFESSIONNALISATION DES MÉTIERS : LE TRAVAIL CONTINUE

pages 34 à 37 ]

m ENTRETIEN AVEC ÉRIC BRÈCHE, PRÉSIDENT DU SNMSF

pages 42 à 44 ]


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édito

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e tiens à remercier tous nos adhérents pour la confiance qui nous a été accordée au congrès, à Pascal Tournier et à moi. Nous mettrons toute notre énergie et notre motivation à votre service au cours de ce mandat. Nous continuerons de construire sur les atouts de Domaines Skiables de France, un outil au service de tous nos adhérents avec des collaborateurs passionnés et engagés dans la défense de notre profession. Nous mettrons tout en œuvre pour accompagner les exploitants, simplifier le mille-feuille administratif et anticiper les transformations de demain. Le nouveau projet de loi de finances nous a valu un automne très chaud… La remise en cause brutale du gazole non routier pour nos engins de damage et pour les engins de déneigement publics aurait été catastrophique pour les entreprises et collectivités de montagne. Le ras-le-bol fiscal s’est une nouvelle fois exprimé en France, au moment même où l’OCDE décernait à notre pays la première place (peu convoitée) du pays au plus fort taux de prélèvements obligatoires : 46,2% du PIB en France contre 34,2 % en moyenne dans l’OCDE. La démonstration est désormais faite que la baisse de la fiscalité ne peut passer que par l’optimisation de la dépense publique. Au fond, les Français ne renoncent ni à la lutte contre le changement climatique ni au modèle social. Simplement ces deux causes ne doivent pas augmenter une pression fiscale déjà maximale, surtout quand nos voisins, en particulier nordiques, parviennent à concilier ces mêmes impératifs à un moindre coût. Il faut maintenant espérer que le mouvement des gilets jaunes trouve une expression démocratique, car leur mode d’action est nettement plus préoccupant pour l’économie et l’image de la France à l’étranger que de simples manifestations. Au moment où j’écris ces lignes, une autre mesure contenue dans le projet de loi nous touche : l’assujettissement des véhicules pick-up double cabine à la taxe sur les véhicules de société et au malus écologique. Nous travaillons pour éviter que nos entreprises ne soient pénalisées par cette mesure qui n’aurait pas dû concerner des véhicules qui sont les outils de sécurité de nos personnels au travail sur le terrain. Nous veillons à conduire ces actions en partenariat avec les associations d’élus et nos fournisseurs car la Montagne doit être forte et unie pour défendre ses spécificités et son attractivité. Il sera d’ailleurs primordial d’intensifier nos démarches à l’égard de la clientèle de demain. Je vous souhaite une bonne saison à tous.

Alexandre Maulin Président de Domaines Skiables de France

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Alpespace - Bâtiment Annapurna 24 rue Saint-Exupéry - 73800 Françin Tél. : 04 79 26 60 70 - Fax : 04 79 96 08 71 info@domaines-skiables.fr —

Directeur de la publication et rédaction Laurent Reynaud

Coordination et rédaction AXIUBA Communication/Catherine Claude, Laurent Reynaud et la participation de l’équipe DSF. Tél. : 06 77 65 07 23 www.axiuba.com

Conception graphique et réalisation Originell/Fleur Henno Tél. : 06 81 90 06 06 www.originell.fr —

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Impression Imprimerie du Pont-de-Claix.

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sommaire

m ACTUS > Un Congrès placé sous le signe du changement > Brexit : Attention turbulences > Conseil National de la Montagne

pages 3 à 14 ] page 15 ] pages 17 et 18 ]

m LE DOSSIER DU MAG Le renouvellement de la Clientèle > Des mutations à l’œuvre pages 20 et 21 ] > Recruter, retenir, reconquérir pages 22 à 24 ] > Et ailleurs ? Les réponses de nos voisins pages 25 et 26 ] > Les jeunes et l’outdoor… pages 27 à 31 ] m FORMATION > Professionnalisation des métiers, le travail continue pages 32 à 35 ] m ENVIRONNEMENT > Coopération domaines skiables, alpagistes m PISTES

pages 36 à 38 ] page 39 ]

m JURIDIQUE

pages 39 à 41 ]

m INTERVIEW D’ÉRIC BRECHE

pages 42 à 44 ]

m AUTOUR DE NOUS ET AGENDA

pages 44 à 47 ]


ACTUS

DÉCEMBRE 2018

UN CONGRÈS PLACÉ SOUS LE SIGNE DU CHANGEMENT Ils étaient plus d’un millier, exploitants, fournisseurs, partenaires, réunis à Paris pour célébrer les 80 ans de Domaines Skiables de France au cours de deux journées d’un Congrès exceptionnel à plus d’un titre.

Comme chaque année, le Congrès de Domaines Skiables de France a su associer échanges, interventions, séances de travail et détente. Avec 1100 congressistes, un record, et près d’une centaine d’exposants, le Congrès 2018 restera un évènement fort dans l’histoire du Syndicat.

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« ACCOMPAGNER, SIMPLIFIER ET ANTICIPER » ALEXANDRE MAULIN ET PASCAL TOURNIER, LE NOUVEAU TANDEM À LA TÊTE DE DOMAINES SKIABLES DE FRANCE Organisée au cœur de la capitale, à la Grande Arche de la Défense, l’édition 2018 du Congrès de Domaines Skiables de France a été marquée par le passage de témoin entre le Président sortant Pierre Lestas et son successeur Alexandre Maulin. À 37 ans, ce montagnard originaire de Maurienne a été élu par l’assemblée générale réunie à Paris. C’est le plus jeune président jamais élu à Domaines Skiables de France en 80 ans d’histoire. Pisteur de formation, le PDG du groupe Maulin Montagne Participations – devenu Maulin.ski, exploitant 3 stations des Sybelles (Savoie) travaillera en tandem avec le nouveau président délégué, Pascal Tournier (Grand Massif) qui succède à Jean-Yves Remy (Labellemontagne) dans ce rôle. Jean-Yves Remy devient trésorier du Syndicat en lieu et place de Jean-François Blas.

Alexandre Maulin, vous avez rendu un hommage émouvant à Pierre Lestas, votre prédécesseur. Au cours de ses neuf années de présidence, quelles sont les valeurs qui vont ont marqué et que vous partagez avec lui ?

Le nouveau tandem s’est livré au jeu des questions-réponses pour nous présenter leur feuille de route ; une première approche inspirée par 3 mots-clés : Accompagner, Simplifier, Anticiper.

J’ai rencontré Pierre en 2000 quand je passais mon diplôme de pisteur secouriste à Tignes lors du premier stage organisé sous l’agrément de Domaines Skiables de France. Il était venu nous sensibiliser sur le parcours client et l’unité de tous les acteurs dans la satisfaction des touristes. J’ai aussi eu le plaisir de travailler comme président de la commission Pistes et Environnement durant sa présidence. Ce fut révélateur de l’implication de notre chambre professionnelle et de l’engagement dont il faisait preuve. Sa détermination et son envie ont été un déclencheur dans l’envie de lui succéder aux services des exploitants.

En présidant DSF, vous représentez les exploitants. Quelle est aujourd’hui votre vision de ce métier ?

Pierre Lestas passe le relais à Alexandre Maulin après 3 mandats, soit 9 années de présidence. 4

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Nous avons à la fois le plus beau et le plus compliqué des métiers du monde.... Nous travaillons pour offrir un service d’excellence à nos clients avec des outils technologiques de pointe tout en étant très dépendants de la météo qui influence énormément notre fréquentation. Les exploitants sont des modèles de responsabilité sociétale.


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Alexandre Maulin et Pascal Tournier, le nouveau tandem à la tête de Domaines Skiables de France. Leur activité est le poumon économique des territoires de montagne permettant aux autres socioprofessionnels de pouvoir déployer leur activité. Une part importante de la richesse créée est redistribuée localement contribuant au développement local et à la vie associative de nos communes. Nous avons aussi beaucoup évolué sur la gestion de notre environnement que nous protégeons de manière efficiente. La montagne est notre bien le plus précieux et l’héritage pour les générations futures. Notre branche, notamment au travers de Domaines Skiables de France, est aussi un exemple de solidarité et d’entraide. Cette valeur est importante.

Vous placez le client au cœur de la gouvernance de la station. Est-ce cette idée qui servira de fil conducteur à votre action et comment la rattacher aux différents enjeux ? Nous travaillons pour le client, il est donc naturellement au cœur de notre système de gouvernance. Nous ne poserions pas la question de l’articulation des différents services d’une station de ski si ce n’était pour répondre à ses attentes. Nous devons vendre du rêve et du dépaysement, l’expérience que nous lui offrons influe sur sa fidélisation et sur l’avenir de nos stations.

Vous avez évoqué la recherche d’un nouveau modèle économique. Pourquoi ?

Laurent Reynaud, Alexandre Maulin et Pascal Tournier ont répondu aux questions des journalistes lors du point presse du Congrès de DSF à Paris.

Nous devons effectivement écrire un nouveau modèle qui s’adapte aux besoins d’évolution de nos entreprises pour les accompagner. Constamment, nous subissons de nouvelles contraintes qui sont un frein au développement et à la pérennité de nos exploitations. Nous devons simplifier le « mille feuilles » administratif. Nous devons aussi anticiper les besoins de demain et la clientèle du futur pour accroître l’attractivité des stations de ski françaises. 5


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LES COMMISSIONS : CHANGEMENT ET CONTINUITÉ NOUVELLE PRÉSIDENCE ET NOUVELLES TÊTES AU SEIN DES COMMISSIONS, PASCAL TOURNIER, POUVEZ-VOUS NOUS LES PRÉSENTER ? Les missions qui sont celles de DSF nous imposent de mettre en place une organisation efficiente. Nous avons choisi d’optimiser les pôles de compétence de chacun et redistribué les présidences des commissions. Le travail fait par ceux qui nous ont précédés est remarquable. Pour preuve ce magnifique congrès-anniversaire qui réunit tous les amis et partenaires de la montagne qui viennent ici, débattre, échanger et partager innovations et réflexions. Vu la richesse et la variété des sujets qui nous animent, nous avons décidé de revoir l’organisation des commissions en nous répartissant les deux grands pôles : d’un côté (Pascal Tournier) les sujets techniques et les métiers et de l’autre (Alexandre Maulin) les sujets juridiques ainsi que la stratégie. Ces commissions « nouvelle version » sont présidées par des femmes et des hommes de terrain, tous experts dans leur domaine. Communication et Économie – Président Yves Dimier (SEM Val Cenis), épaulé par Michel Girard (délégué à France Montagnes) et Éric Bonnel (développement) Juridique et Fiscal – Présidente Blandine Tridon (Labellemontagne) Social- Formation – Présidente Anne Marty (Altiservice) et Vice-président en charge de la formation David Ponson (CDA) SST - Président Antoine Bellet (La Rosière) Pistes et Environnement - Président Thomas Faucheur (Avoriaz) Remontées mécaniques – Yann Carrel (Alpe d’Huez) Choisis pour leurs compétences et leur professionnalisme, ces femmes et ces hommes partagent les mêmes valeurs fondées sur l’engagement au service de la profession. À noter également que tout le travail à venir pourra s’appuyer sur les compétences de l’équipe des permanents, menée par Laurent Reynaud et que, sans eux, notre objectif d’excellence serait difficile à atteindre. Ils sont la motivation et l’énergie qui nous permettent d’avancer. 6

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De gauche à droite, Yves Dimier, Michel Girard, Yann Carrel, Alexandre Maulin, Blandine Tridon, Pascal Tournier, Anne Marty, Antoine Bellet et Thomas Faucheur.

DES PRÉSIDENTS ET DES ÉQUIPES ENGAGÉS Quels sont les enjeux liés à chaque commission et quelles sont les grandes lignes de leurs feuilles de route ? Nous leur avons posé la question.

Yves Dimier Président de la commission Communication et Économie Je suis membre de cette commission depuis 3 ans et notre feuille de route est dans la continuité de la précédente. L’économie est un sujet central et notre mission est de faire avancer les grands dossiers pour rendre attractives et compétitives nos entreprises. Sans entrer dans le détail de nos missions de reporting et d’analyse, nous pouvons toutefois dire que nous allons nous concentrer sur l’avenir. Préparer nos entreprises au monde de demain est un enjeu majeur. Quant à la communication, elle est plus que jamais indispensable. Dans une période où nous mettons tout en œuvre pour préserver notre environnement tout en assurant


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notre développement, le faire savoir régulièrement est notre mission. Nous proposons des outils à nos adhérents pour parler tous ensemble d’une même voix. En interne bien sûr mais aussi auprès de nos clients, des institutions et de nos élus. Michel Girard, délégué par Domaines Skiables de France à France Montagnes, poursuit sa mission avec une attention particulière portée à la communication. Éric Bonnel Groupe de travail Développement L’enjeu de ce groupe de travail « développement » est essentiel : il s’agit de rechercher collectivement des relais de croissance. Le dérèglement climatique et l’érosion de la pratique du ski chez les plus jeunes Européens doivent nous faire réagir. Comment être moins dépendants de la mono activité ski tout en conservant notre rentabilité, comment recruter de nouveaux adeptes de la montagne et des sports d’hiver notamment chez les jeunes, comment le levier tarifaire peut-il participer au maintien de nos marges sans en perdre la maîtrise au profit de nouveaux acteurs… ?

Thomas Faucheur Président de la Commission Pistes et Environnement Présents dans la commission depuis quatre ans, les sujets techniques sont variés et divers. Le métier des services de piste s’est étoffé et diversifié assez fortement. Au-delà des fonctions régaliennes traditionnelles (secours, sécurisation, sécurité), les métiers du damage, de la production de neige de culture sont devenus plus pointus, plus exigeants. Aujourd’hui des moyens numériques arrivent pour favoriser le suivi mais ne dissipent pas le sentiment de nos adhérents d’être parfois dans le flou : nous devons les aider sur ce point. Il y a des enjeux importants autour de la neige, des ressources en eau, de l’évolution du climat, c’est un axe de travail fort et il y a encore des marges de progression autour de la gestion de cette matière première. Dans la continuité, l’environnement, du point de vue de l’aménagement de nos montagnes, reste un sujet sensible, malgré de nombreuses actions vertueuses des adhérents. La pression est forte et la réussite des projets pas toujours simple ; là encore nous sommes un soutien.

Il y a bien entendu une composante « ressources humaines » importante, l’évolution du métier de pisteur, de nivoculteur et du damage, la formation, le profil des responsables de piste… Pour cela Serge Riveill et moi travaillons avec DS2F et l’ADSP. Il y a de nombreuses sollicitations sur des sujets juridiques, c’est avant tout sous un angle technique que nous nous efforçons de répondre afin de donner aux services des pistes plus de performance dans leur travail. Cela fonctionne sur un mode d’échange et de partage de bonnes pratiques. C’est d’ailleurs incroyable de voir la somme d’expertises et de compétences que nous pouvons mobiliser, soit au sein de la commission, soit à travers le réseau de connaissances. Enfin nous sommes conscients que la demande des clients évolue en termes de glisse, on voit l’émergence de nouvelles activités ou de nouvelles pratiques, on constate d’autres attentes. Ces changements impactent le métier des pistes et il faut les appréhender sans stress. C’est passionnant.

Blandine Tridon Présidente Commission « juridique et fiscal » Pour ces sujets, souvent pointus, parfois ardus, et (presque toujours) à enjeu pour nos adhérents, mon ambition pour cette commission est, dans la continuité, de conjuguer l’expertise, la diversité et l’intelligence collective de ses membres. Dans ces matières toujours très mouvantes, je veux cultiver notamment via les sections, la pédagogie et la proximité vis-à-vis de nos adhérents, pour sécuriser la profession sur ces enjeux. À cet effet nous privilégions le recours à des groupes de travail dédiés et l’élaboration de « boîtes à outils » concrètes pour rendre accessibles les multiples facettes des sphères juridique et fiscale (guides pratiques, infos flashs, journées d’actualité…). Le rôle de cette commission est bien sûr, avec Claire Smaniotto Uginet, également d’être un soutien technique des instances de présidence et de direction de la chambre professionnelle, pour préserver et promouvoir de façon active les intérêts de la profession souvent chahutés par l’actualité juridique et fiscale. C’est aussi de favoriser la montée en compétences de nos adhérents en « nourrissant » DS2F en thèmes et approches de formations. Le secret du bon fonctionnement de cette commission? Travailler ces sujets « austères » avec une efficacité conviviale et dans la bonne humeur! 7


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Anne Marty Présidente de la Commission Social- Formation La Commission Social-Formation joue un rôle fédérateur très important au sein de la grande famille du Ski et des Remontées Mécaniques, elle est le socle commun à tous, aussi, le dialogue social au sein de cette branche professionnelle est essentiel. Confiance, respect mutuel et la volonté d’avancer ensemble sont les valeurs partagées avec nos partenaires sociaux. Jean-Yves REMY, avec l’aide de Pierre-Yves Manfredi, Chargé de Mission Social Formation, a depuis 18 ans impulsé avec nos partenaires sociaux un dialogue social de qualité et noué avec les différentes parties prenantes – Direccte, OPCA, organismes de formation, de prévoyance, Medef – des relations ayant permis des avancées significatives dans notre branche professionnelle. Aujourd’hui, c’est dans cette continuité que la Commission Social-Formation se positionne. Des accords de méthode ambitieux ont été signés cette année avec nos partenaires sociaux : m Organisation et actualisation de la Convention Collective, m Négociation portant sur l’Emploi durable et la modération du recours aux contrats de travail courts, m Négociation portant sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, m Négociation portant sur les conditions de travail, la GPEC et la prise en compte des effets de l’exposition aux facteurs de risque professionnels, m Négociation portant sur l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés. Des sujets importants, sur lesquels notre branche professionnelle souhaite travailler. Des groupes de travail ont été constitués au sein de la commission social-formation sur lesquelles se sont positionnés les membres. C’est donc ce collectif, composé de directeurs de station, de DRH, représentant l’ensemble de nos massifs, qui va, avec nos partenaires sociaux, faire avancer nos acquis sociaux sur ces sujets.

David Ponson Vice-Président en charge de la Formation Notre feuille de route est claire : continuer sur le chemin de la professionnalisation pour les métiers de la branche, chemin entrepris il y a déjà une petite dizaine d’années. Notre mission est de progresser en surfant au mieux sur les réformes sociales et notamment les réformes de la formation professionnelle. Et toujours au programme, les CQP, les certificats de compétences, les formations certifiantes, l’apprentissage, les formations « sur mesure, cousues main » pilotées par Laurent Battier et son équipe du pôle examen-formation en lien avec toutes les commissions. Et aujourd’hui encore, il est nécessaire d’avancer avec la réforme des OPCA en OPCO, une mutation qui préfigure sans doute une probable réforme des branches professionnelles.

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Antoine Bellet Président de la Commission Santé et Sécurité du Travail Accompagner les adhérents C’est un objectif fort que nous nous sommes fixé en poussant la création d’un groupe de travail SST dans les Sections qui n’en ont pas et en prenant en charge la préparation, l’animation et la rédaction des comptes rendus de tous les groupes de travail. Cette action permet d’être au plus près des adhérents, de mieux répondre à leurs attentes et besoins, de partager les retours d’expérience et les bonnes pratiques. Nous proposons aussi d’accompagner les adhérents les moins bien structurés qui, faute de moyens humains, peinent à rentrer dans les obligations légales. Si la direction est motivée, elle pourra se faire accompagner par une personne salariée dans une autre entreprise adhérente (membre de la commission SST par exemple). Faut-il l’appeler le tutorat, le coaching, le coup de pouce, l’accompagnant ou autre ? 2 points prioritaires pour engager cette démarche : faire l’analyse proposée par l’outil « Socle de Base SSQVT » et maîtriser son Document Unique d’Évaluation des Risques.

Simplifier Nous avons commencé par faire l’inventaire des outils, fiches, circulaires… relatives au SST présentent sur l’intranet/ extranet de DSF. Nous allons les ranger par thème puis identifier les points traversaux pour se rapprocher des autres commissions concernées afin de présenter les productions de la commission de façon simple et fonctionnelle directement sur l’intranet/extranet. Car beaucoup a déjà été fait et mérite d’être valorisé.


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Anticiper Les deux permanents RM/SST de DSF assurent déjà une veille trimestrielle Hygiène-Santé-Environnement pour l’ensemble des adhérents. On peut envisager d’élargir le périmètre de veille, en concertation avec les autres commissions, pour couvrir d’autres sujets, afin d’anticiper les évolutions législatives, réglementaires ou normatives. Une plus grande transversalité entre commissions paraît indispensable, notamment sur les sujets SST. De par sa position transversale et son double regard, la commission SST pourra traiter des sujets qui concernent d’autres commissions mais réciproquement d’autres commissions peuvent traiter des sujets SST. Un échange entre les permanents et présidents devra permettre de faire des synergies.

Yann Carrel, Président de la commission Remontées Mécaniques La déclinaison du « principe ASA » (Accompagner – Simplifier – Anticiper) pour la commission Remontées Mécaniques passe par une nouvelle organisation, qui vise à valoriser au mieux les compétences disponibles de ses membres et à optimiser les échanges avec l’ensemble des acteurs de la profession. Cette nouvelle organisation que je mets en place avec le vice-président de la commission Bruno Jurine et notre chargé de

mission Robert Tardieu, se traduit par la mise en œuvre de pôles qui sollicitent chaque membre de la commission spécifiquement autour de ses motivations et compétences. Point fort du principe « Accompagner », la désignation de référents par section géographique, chargés d’animer deux réunions de techniciens par an dans les sections. Elles visent à faire connaître et partager les travaux de la commission et à faire remonter les besoins et attentes des adhérents. Ces réunions doivent aussi servir à mutualiser les retours d’expérience et les bonnes pratiques de la profession qui contribuent à améliorer le niveau de sécurité. Un autre souhait est que ces référents participent régulièrement aux réunions de section, pour faire partager aux directeurs les sujets les plus sensibles. Point fort du principe « Simplifier », la mise en œuvre de pôles en charge des relations avec les services du STRMTG (siège et bureaux) et les constructeurs (IARM et/ou chaque constructeur). Des échanges réguliers avec ces partenaires sont essentiels pour anticiper les nouvelles exigences réglementaires, les évolutions technologiques, ou proposer des simplifications administratives, techniques ou réglementaires. La nouvelle organisation vise à maintenir, voire à améliorer la capacité à anticiper en programmant des rendez-vous sur l’année, indépendants des évènements et de l’actualité rencontrés. « L’Anticipation » est une préoccupation permanente de la commission depuis plusieurs années. Cette anticipation concerne notamment la formation et la certification des salariés. C’est pourquoi il est prévu également de constituer au sein de la commission un pôle pour travailler sur de nouveaux CQP (le CQP maintenance est en cours) et de nouvelles formations, adaptés aux enjeux de demain. Enfin, la nouvelle organisation vise à rendre la commission encore plus performante et pertinente dans ses échanges avec les partenaires de la profession sur des sujets techniques. Il est donc proposé de créer des pôles d’expertise au sein de la commission dans les domaines « électrique », « mécanique », « génie civil », « câble »…, en s’appuyant en priorité sur l’expertise des membres de la commission, bien réelle, sans s’interdire de faire appel ponctuellement à des techniciens hors commission, ou à des experts externes à la profession. L’objectif général est d’utiliser au mieux les compétences de la commission, au service de tous nos adhérents. 9


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ÉCHANGER, IMAGINER, LES TABLES RONDES AU DIAPASON Cette année, Laurent Reynaud et son équipe avaient choisi de démultiplier les tables rondes. « Aborder le maximum de sujets et démultiplier les échanges grâce à la présence d’experts et d’exploitants… », ce choix a dynamisé le Congrès et enrichi de manière significative la qualité d’interventions. Pour vous ils ont synthétisé leurs tables rondes.

Culture de sécurité et retour d’expérience : ce que Robert Tardieu a retenu 1. Un pilote de ligne formé et qualifié commet en moyenne deux erreurs par heure aux commandes d’un avion. Les personnels d’exploitation des remontées mécaniques commettent des erreurs, l’encadrement commet des erreurs, les clients commettent des erreurs. Ce constat doit nous conduire à trouver les moyens de rendre notre système (l’exploitation des remontées mécaniques) robuste aux erreurs plutôt que de chercher à éradiquer les erreurs. 2. Un accident grave est toujours précédé d’événements précurseurs (signaux faibles). L’identification, l’analyse et le traitement de ces signaux faibles doivent permettre de prévenir les accidents graves.

Outils numériques dans les services de pistes : ce qu’a retenu Serge Riveill 1. Les logiciels « Open source » d’aide à l’exploitation ne sont pas la réponse à tout et pour le moment pas la réponse pour les domaines skiables. 2. Interopérabilité/logique d’achat : imposer l’infrastructure existante ET faire développer l’interopérabilité même si cela coûte plus cher au départ. L’achat d’un logiciel ne doit pas révolutionner l’existant. 3. Importance de la formation et de la maîtrise des versions, exploiter des compétences internes. 4. Au sein de l’entreprise, les réseaux de communication sur le terrain peuvent être mutualisés pour différents usages et les données partagées.

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Justice et Montagne : ce qu’a retenu Julie-Anne Zecchinon 1. Le fait d’adopter des mesures à la suite d’un accident ne constitue pas une reconnaissance implicite de responsabilité : au contraire, il est vivement conseillé de prendre des mesures a posteriori pour prévenir d’éventuels futurs incidents. 2. En cas d’accident ou crise, ne pas hésiter à solliciter le service de permanence Askiveille proposé par DSF, accessible 7 jours/7 durant toute la saison d’hiver. Également : transmettre à DSF ses jurisprudences est essentiel pour nourrir notre travail. 3. Importance de formaliser par écrit la mise à disposition d’espaces réservés sur le domaine skiable : cela permet d’une part d’anticiper les besoins liés à cette mise à disposition, et d’autre part de clarifier les responsabilités incombant à chacune des parties.

Droit du travail, formation professionnelle : ce qu’a retenu Pierre-Yves Manfredi

1. Appliquer un malus à nos contrats saisonniers serait absurde : ces contrats ne sont ni courts ni constitutifs d’abus. 2. Vouloir obliger notre branche à fusionner avec une autre serait une hérésie. Notre branche a sa convention collective propre, sans aucun recouvrement avec d’autres, nos négociations sociales sont actives et Domaines Skiables de France s’autofinance et représente près de 99 % des entreprises de la profession. 3. Professionnaliser les équipes en poursuivant les CQP et certificats reste notre objectif dans le cadre de la nouvelle réforme de la formation professionnelle dont les contours restent flous.

À l’international : quoi de neuf ? Ce que Laurent Reynaud a retenu m Ni l’Italie ni l’Autriche n’appliquent la directive européenne sur l’attribution des

concessions à leurs remontées mécaniques en station. L’Espagne avait un régime uniforme de service public, mais en 2002, la Catalogne l’a abandonné au profit d’une simple autorisation administrative m Tous les pays de l’arc alpin s’interrogent sur les canaux de distribution du ski à

mettre en place. En Suisse, le discount est diversement apprécié. En Autriche, plusieurs dizaines d’exploitants se sont rassemblés pour créer leur plateforme de vente de forfaits (sans réduction) : https://starjack.at/

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LAURENT REYNAUD, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE DSF « IL FAUT FAIRE ÉVOLUER LE MODÈLE SANS CASSER LE MODÈLE » Réfléchir, partager, se projeter et agiter des idées. Domaines Skiables de France n’a de cesse d’interroger ses exploitants, ses partenaires mais aussi l’ensemble de la société pour imaginer l’avenir. Pour Laurent Reynaud, cette quête, essentielle à un développement raisonné, passe par l’exploration des nouvelles frontières. Quels sont aujourd’hui, globalement, les points forts et les menaces qui pèsent sur les entreprises ? Nos fondamentaux sont solides et nos clients sont conscients du travail réalisé pour les accueillir dans les meilleures conditions. Nos salariés sont passionnés (il fallait l’être cette année pour être sur le terrain dans les conditions que nous avons connues). Et nous avons beaucoup réduit notre exposition à l’aléa climatique. Pour autant des défis nous attendent : la société interroge de plus en plus la durabilité des entreprises (et pas seulement les nôtres), l’arsenal juridique de nos opposants est fort et nous sommes toujours à la recherche de relais de croissance.

Face à ce constat, quelle est votre stratégie ? Nous n’avons pas le choix : il faut innover et donner du sens à chacune de nos actions. Et revenir à la mission centrale des domaines skiables qui est de générer le flux touristique. Nous le répétons sans cesse, le ski est l’élément central de la station. Ce sont les domaines skiables qui créent de la valeur qui se répartit ensuite sur les acteurs de la station. Nous faisons rêver nos clients en étant une porte d’accès à la montagne dans toute sa diversité. C’est grâce à nous que les clients bénéficient d’une montagne entretenue, sécurisée, accessible. Or aujourd’hui, la situation est déséquilibrée. Le domaine skiable assure les charges les plus importantes tandis que les autres acteurs peuvent s’exonérer de ces contributions. Il y a là matière à progresser pour faire évoluer la gouvernance de la station. Il faut cultiver l’amour de nos deux missions centrales : aménager le territoire et promettre une histoire à nos clients. C’est d’autant plus vrai que ce sont majoritairement des urbains que leurs vies pousseront toujours plus à rechercher l’évasion. 12

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Quelles innovations sont encore possibles?

Quelle est la place des salariés dans votre vision ? Nos salariés ont un rôle essentiel à jouer. Toutes nos actions sont destinées à donner du sens à nos missions et nos collaborateurs sont partie prenante de cette volonté. Pour attirer des talents, nous devons être attentifs à ce qui les touche. Aujourd’hui, plus de la moitié des salariés de nos entreprises ont plus de 45 ans. Cela signifie que, dans les 15 prochaines années, nous auront à renouveler la moitié de nos effectifs. C’est une formidable opportunité pour reconstruire une culture d’entreprise qui intègre de nouveaux éléments comme, par exemple, la Responsabilité Sociétale et Environnementale.

À l’aube d’une nouvelle saison, quel message Domaines Skiables de France souhaite-t-il passer aux exploitants ?

Évidemment, l’innovation est un outil essentiel pour l’avenir de nos entreprises. Et à ce titre, je tiens à souligner l’importance de la convention que nous avons signée avec le Cluster Montagne lors du dernier Mountain Planet. Accompagner les entreprises et faire émerger des solutions nouvelles, c’est contribuer à un aménagement de la montagne responsable. Les chantiers sont nombreux : m Réduire la consommation énergétique de nos machines m Cibler nos campagnes promotionnelles m Être assistés dans nos décisions de maintenance m Comprendre les choix des clients sur le domaine skiable. m Mieux. Les prédire. Et pouvoir les guider. La mobilité durable est aussi un des grands défis de la société moderne. Et là aussi nous avons des atouts. Aujourd’hui, nous ne faisons pas assez valoir les atouts du transport par câble comme mode de déplacement doux. Nous devons être actifs car le développement du câble urbain est un enjeu pour l’avenir de notre branche.

Notre message est clair : prenez la parole ! Si vous ne le faites pas, d’autres le feront à votre place. Et pour cela, utilisez les outils créés par Domaines Skiables de France. Un exemple : on a aujourd’hui plusieurs arrêtés sécheresse dans les Alpes du Nord. La pénurie d’eau est réelle, il suffit d’ouvrir sa fenêtre pour s’en rendre compte. Seuls les usages prioritaires doivent être servis et c’est logique. Quid de la neige de culture ? Si nous pouvons démontrer que chaque litre d’eau est utilisé avec parcimonie, si nous faisons la démonstration qu’elle pérennise l’emploi en station, nous serons écoutés. Sur le terrain, les domaines skiables doivent communiquer sur le sujet en utilisant nos outils. La campagne Skizzz est là pour ça. La montagne est un sujet sensible et nous sommes plus exposés que d’autres, même si nos volumes et nos pratiques sont peu impactants. Nous devons donc être exemplaires et le faire savoir. 13


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ÉMOTION ET DÉTENTE POUR LA GRANDE FAMILLE DE LA MONTAGNE Ce Congrès qui se tenait à Paris à la Grande Arche de la Défense avait pour point d’orgue la soirée de gala qui restera dans les mémoires. Accueillis au Lido sur l’avenue des Champs Elysées, les congressistes ont vécu une soirée inoubliable, 80 ans oblige ! De l’émotion, il y en eut encore. Surtout lorsque les jeunes du Chœur d’enfants d’Île de France, Maîtrise de Levallois, dirigé par Francis Bardot, sont descendus dans la salle, coiffés de bonnets de ski aux couleurs des stations pour entonner la chanson traditionnelle du Congrès, Étoile des Neiges. Un joli symbole de jeunesse et d’enthousiasme. Enfin de grands champions de ski, réunis par la Fédération Française de Ski et l’AISF (Association des Internationaux du Ski Français) autour de Michel Vion et Florence Steurer, ont rendu un hommage sincère à Pierre Lestas. De gauche à droite : Annie Famose, Alexandre Maulin, Marielle Goitschel, Martin Fourcade, Isabelle Blanc, Michel Vion, Nano Pourtier, Antoine Deneriaz, Julie Pomagalski, Luc Alphand, Florence Steurer, Jean-Pierre Vidal, Perrine Pelen, Florence Masnada, Pierre Lestas, Jason Lamy-Chapuis, Marie-Cécile Gros-Gaudenier.

Montagnes Leaders a édité, pour l’occasion, un livret de 80 pages reprenant toute l’histoire du Syndicat depuis sa création. Laurent Reynaud a signé les textes de ce document, édité en partenariat avec les fournisseurs des domaines skiables. Un document indispensable pour connaître l’histoire de la profession.

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Glénat édite un livre à l’occasion des 80 ans de Domaines Skiables de France De la création de Courchevel ou Montgenèvre à l’invention des remontées mécaniques en passant par le mode de vie particulier des saisonniers, voici la grande histoire des stations de ski françaises et des grands enjeux de demain. Stations-villages ou concepts d’architectes avant-gardistes, les stations de ski représentent chacune une façon singulière d’aménager et de vivre la montagne. Aujourd’hui, le patrimoine touristique des stations françaises est incomparable, tant par la qualité du ski que par l’activité économique qui en découle. Cet ouvrage raconte la création des stations de ski, leur écosystème particulier et les défis à relever pour dessiner la montagne de demain. Une épopée unique au monde – et qui continue ! L’épopée des stations de ski - Des hommes, des défis, un patrimoine unique au monde Auteur : Guillaume Desmurs – Disponible en librairie au prix de 29 € TTC.


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BREXIT : ATTENTION TURBULENCES Le sujet du Brexit agite l’Europe depuis que, le 23 juin 2016, lors d’un référendum organisé par l’ancien Premier ministre David Cameron, 51,9 % des Britanniques ont choisi de quitter l’Union Européenne (participation supérieure à 72 %, un record pour le pays). La date fatidique de sortie du Royaume Uni est fixée au 29 mars 2019 avec deux scénarios possibles: m Soit un accord est trouvé entre le Royaume Uni et l’UE, et alors s’ouvre une période de transition (comme un sas) d’un peu moins de 2 ans (jusqu’au 31 décembre 2020) pendant laquelle une partie (définie dans l’accord) des règles demeure applicables et d’autres changent, et qui permet de continuer à travailler jusqu’au 31 décembre 2020 à des accords de sortie définitive. m Soit il n’y a pas d’accord au 29 mars 2019 et là c’est ce qu’on appelle le « no deal » ou encore le « cliff edge » (le saut dans le vide). Les relations entre le Royaume Uni et l’UE ne seraient plus régies par aucune règle. Pendant ce mois de décembre, la Grande Bretagne a été très divisée et le débat parlementaire sur l’accord de divorce passé avec l’UE a mis le travail de Theresa May en péril. L’éventualité d’un second référendum a pris un peu plus de consistance, relançant l’éventualité d’un vote populaire proeuropéen si cette nouvelle consultation avait lieu.

LES QUESTIONS QUE DOIVENT SE POSER LES STATIONS Par prudence, la BCE a demandé aux banques d’explorer les conséquences d’un « no deal », qui signifierait une séparation sans accord de retrait, sans déclaration politique encadrant les futures relations entre le Royaume-Uni et le continent, et sans période de transition. Aviation, énergie, transports aérien et ferroviaire, construction, textile… les secteurs les plus touchés par le Brexit sont nombreux. Les questions de l’Irlande, qui se trouverait coupée en deux, ou du budget de l’UE auquel le Royaume Uni s’est engagé à participer jusqu’en 2020, sont cruciales. Mais qu’en est-il de l’économie touristique et quid de nos stations ? La date du 29 mars 2019 se situe en pleine saison hivernale 18/19 ! Pour mémoire, la clientèle britannique est le premier contingent de clientèle étrangère sur nos 25 à 30 % d’étrangers. Les ressortissants du Royaume Uni sont, par ailleurs, une variable non négligeable en matière économique (salariés, résidents secondaires, résidents permanents…). Deux sujets sont bien dans notre radar : m La venue des touristes britanniques sera-t-elle possible sans formalité ? m La poursuite du détachement des travailleurs britanniques sera-t-elle possible jusqu’à la fin de la saison (catered chalets) ? Même si, aujourd’hui, le Brexit ressemble à une terre inconnue, il est impératif de suivre les développements de ce grand bouleversement en pointant tous les impacts possibles sur nos stations. Michel Barnier est le négociateur en chef de l’Union Européenne sur ce sujet. 15


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CONSEIL NATIONAL DE LA MONTAGNE (CNM) LES QUESTIONS D’ACTUALITÉ TOUJOURS SUR LA TABLE Le 12 octobre dernier, le Conseil national de la montagne (CNM) s’est réuni à Saint-Ours les Roches (Puy-de-Dôme). Le premier ministre Édouard Philippe, qui préside le CNM, a ouvert la journée de travail accompagné du ministre de la Cohésion des territoires.

Le 12 octobre dernier, Pierre Lestas a remis au Premier Ministre un courrier sur les enjeux actuels de la profession.

À cette occasion, les membres du CNM ont réélu à l’unanimité Joël Giraud comme président de la commission permanente. Député LREM des Hautes-Alpes et rapporteur général du budget, Joël Giraud s’est fixé comme priorité d’assurer le « service aprèsvote » de l’acte II de la loi Montagne. La commission permanente, composée de 23 membres, assure la continuité des travaux du CNM, lequel doit se réunir une fois par an. 16

DOMAINES SKIABLES DE FRANCE

Le Premier ministre a rappelé son attachement aux structures représentatives de la montagne (Comités de Massif, Commissariats de massifs au sein du CGET, et CNM). Domaines Skiables de France était présent et a été réélu membre de la commission permanente. Pierre Lestas est intervenu pour mettre une nouvelle fois en lumière les sujets cruciaux pour la profession. Il a demandé la suppression de l’interdiction de construction dans une bande de 300 m des retenues d’altitude et l’exonération d’étude d’impact pour les reconstructions de remontées mécaniques sur le même tracé. Il a également insisté sur la nécessité de ne pas soumettre les UTN à une évaluation environnementale qui serait redondante avec celles demandées pour chaque autorisation qui compose l’UTN et il a rappelé que les seuils d’enclenchement des études d’impact étaient trop sévères.


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INTERDICTION DE CONSTRUCTION DANS UNE BANDE DE 300 M DES PLANS D’EAU NATURELS OU ARTIFICIELS DE MOINS DE 1 000 HECTARES Cette disposition ancienne du droit est régie par le L122-12 et L22-13 du code de l’urbanisme, et date de 1985 alors que la neige de culture et les retenues n’existaient guère. Tout le monde s’accorde à dire, y compris les ONG rassemblées au sein de France Nature Environnement, que l’évolution de la loi est aujourd’hui nécessaire et que les aménagements du domaine skiable (pistes, RM et locaux techniques) ne devraient pas être concernés par l’interdiction de construire dans les 300 m d’une retenue d’altitude. Il faut donc changer la loi.

RECONSTRUCTION SUR LE MÊME TRACÉ D’UNE REMONTÉE MÉCANIQUE Il devrait tomber sous le sens que la reconstruction d’une remontée mécanique sur un même tracé ne donne pas lieu à étude d’impact. Il y a sur ce point un consensus entre l’ANMSM, l’ANEM, DSF d’une part, et les ONG d’autre part. Il devrait donc être facile d’obtenir une motion, lors d’une prochaine réunion du CNM, pour faire acter ce point. Pourtant, ce n’est pas ainsi que l’administration interprète la réglementation.

SEUILS DES ÉTUDES D’IMPACT DES PROJETS On parle ici des seuils d’enclenchement des études au cas par cas ou systématiques pour les aménagements des domaines skiables (qu’il s’agisse ou non d’UTN). Sur ce point, la négociation au parlement de la loi montagne fin 2016 s’était faite en tenant compte d’un assouplissement promis par le ministre de l’aménagement du territoire Jean-Michel Baylet. Mais cet assouplissement qui est d’ordre réglementaire n’a pas été mis en œuvre par le gouvernement à ce jour.

UTN, LE PARCOURS DU COMBATTANT CONTINUE Aujourd’hui, en l’absence de PLU (UTN locales) ou de SCOT (UTN structurantes), les UTN ne sont pas, préalablement à leur autorisation préfectorale, soumises à évaluation environnementale. En revanche, ces mêmes UTN nécessitent toujours, postérieurement à l’autorisation préfectorale, des études d’impact pour toutes les autorisations qu’il sera nécessaire d’obtenir avant de pouvoir conduire les travaux (autorisation d’aménager, de prélever, de déboiser, de construire, etc.). Sur ce point, l’ANEM, l’ANMSM et DSF sont fermement opposés à la position de l’administration centrale et des ONG qui consisterait à imposer une évaluation environnementale supplémentaire, au stade de l’autorisation préfectorale des UTN. En effet, si une telle interprétation devait être validée (le Conseil d’État doit se prononcer rapidement), alors ce serait une nouvelle étape dans le parcours du combattant des aménageurs en montagne. 17


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LE RENOUVELLEMENT DE LA CLIENTÈLE La recherche de relais de croissance devient un enjeu stratégique. Parmi les voies explorées : le renouvellement de la clientèle des domaines skiables, mais aussi celle de tous les socioprofessionnels de la montagne. Naturellement, tous les regards se tournent vers les jeunes. 19


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DES MUTATIONS À L’ŒUVRE En avril dernier, à Val d’Isère, se tenait l’annuel Ski Debrief, organisé par l’Union Sport & Cycle et France Montagnes.

Le Ski Debrief est un endroit où les professionnels se réunissent pour dresser un bilan complet de l’hiver, mais aussi pour réfléchir aux problématiques de la montagne, avec à l’ordre du jour de la dernière édition le recrutement de nouveaux clients, au moment où le marché est arrivé à maturité et que les jeunes générations skient moins que les précédentes. Pour Laurent Reynaud, délégué général de Domaines Skiables de France, « Poser la question du recrutement des clientèles c’est poser la question des relais de croissance pour atteindre notre objectif de 60 millions de journées-skieur. » Avec une évidence : « Il n’existe aujourd’hui aucun pilotage de ce processus. C’est donc qu’il n’a pas encore été reconnu par notre écosystème à sa juste valeur, c’est-à-dire comme un processus stratégique. »

CLIENTÈLES D’AUJOURD’HUI, CLIENTÈLES DE DEMAIN Parmi les questions abordées pendant le Congrès de Domaines Skiables de France, celles sur la clientèle ont attiré un grand nombre d’exploitants et de professionnels. Les clientèles évoluent, tant dans leur typologie que dans leurs attentes. Pour atteindre 60 millions de journées-skieur, il est nécessaire de comprendre ces changements et d’agir sur chaque segment avec des stratégies adaptées: étrangers et français, hommes et femmes, débutants et confirmés, jeunes, etc. Les questions posées au Congrès DSF de Paris étaient : m Quelles sont les tendances dans les pratiques sportives actuelles ? m Quelle place les sports de neige occupent-ils dans ce panorama ? m Que recherchent les 15-25 ans dans leurs hobbies aujourd’hui ? m Quels rôles jouent les stations de proximité dans la dynamique d’apprentissage du ski ? Invité à cette table ronde, Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle, l’organisation professionnelle qui rassemble tous les acteurs de la chaîne de valeur du commerce du sport. 20

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Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle

« Nous sommes une nation de sportifs, avec près de 20 millions de Français qui déclarent avoir une activité sportive régulière. Et une grande tendance : les Français plébiscitent les pratiques sportives où ils peuvent être autonomes. Pour réfléchir à l’avenir, il est intéressant de noter les 5 grandes mutations à l’œuvre dans les pratiques sportives. À nous d’imaginer ensemble comment le ski peut se nourrir de ces observations. »


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Ces 5 mutations se nomment : m Autonomie : je pratique où je veux quand je veux et avec qui je veux et même parfois avec des coachs virtuels. Un phénomène brutal qui déstabilise le sport encadré. m Simplification: les lieux de pratique évoluent. L’urbanisation des sports outdoor amène des délocalisations étonnantes à l’image du foot ou de l’escalade en salle. Les usagers recherchent des pratiques simplifiées tout en conservant la convivialité et l’originalité. m Motivation : les sources sont très différentes aujourd’hui. La performance n’est plus le seul moteur. On parle de bien être, de convivialité, de partage. m Digitalisation : le sport est connecté dans les produits et dans les services. L’exemple des jeux vidéo est intéressant car plutôt que d’en avoir peur, il faut peut-être les considérer comme une opportunité. La découverte ou la pratique d’un sport à travers un jeu peut être prolongée par une expérience en amenant les jeunes à venir découvrir in situ. m Segmentation et diversification de l’offre. Les gens attendent du sur-mesure, loin de l’offre montagne qui reste très packagée.

« Les Français plébiscitent les pratiques sportives où ils peuvent être autonomes »

DES PRATIQUES AUTONOMES ET SANS ENCADREMENT 12M 29,5M avec Pratiquants hors licence licence

Pratique autonome 26%

26%

25% 21%

Au global

18%

16% 13%

13%

12%

11%

Pratique régulière

9%

9%

8%

6%

8%

14% Vélo

12% Natation

11% Randonnée

Étude USC « sport dans la ville » BVA Janvier 2017

16%

10%

Fitness

Football

12% Course à pied

1% Ski

6% Tennis

9%

2%

Musculation, Yoga, haltérophilie relaxation

Pétanque

3% Ping-Pong

3%

5% 3%

Badminton Basketball

2% Rugby

Les sources de motivation ont sensiblement évolué sur ces dix dernières années et la compétition ne représente que 49 %. La santé, la détente et la dépense physique flirtent avec les 95 % et correspondent aux pratiques sportives autonomes.

Classes de neige : urgence ! Si les jeunes manquent à l’appel, c’est en partie à cause de la disparition progressive des classes de neige et des colonies de vacances. « Ces dix dernières années, le nombre de nuitées a chuté, passant de 150 000 à 90 000 » selon Annick Cressens, référent classes de neige pour l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM). La faute aux exigences normatives et sécuritaires, à la difficulté de monter les dossiers pour les enseignants, à l’attitude des parents à l’égard de ces séjours mais aussi à leur prix, la montagne restant une destination coûteuse.

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RECRUTER, RETENIR, RECONQUÉRIR L’érosion de la clientèle des jeunes de moins de 20 ans est une réalité qui inquiète. Nous avons perdu entre 50 et 150 000 jeunes en moins de 20 ans. Si on observe la pyramide des âges des skieurs en 1995 et aujourd’hui, on s’aperçoit que la baisse des clientèles jeunes (moins de 20 ans) a été compensée par un allongement de la carrière des skieurs séniors. Ceci explique que le recul de l’apprentissage des jeunes soit pour l’instant masqué.

1995 2015

1720+16+18+20+6+3+

7+1119+ 19+ 16+ 14+ 14+

60 ans et +

3%

50-59 ans

6%

40-49 ans

20 %

30-39 ans

18 %

20-29 ans

16 %

10-19 ans

20 %

0-9 ans

17 %

7%

11 %

19 % 19 % 16 %

14 % 14 %

Willy FUX, Consultant – LHM Conseil

Pour autant, l’émergence de nouvelles pistes est en route. Elle passe d’abord par l’analyse et LHM Conseil a mené l’enquête. Pour Willy Fux, qui participait aux tables rondes du Congrès DSF de Paris, il existe une lecture liée à la destination. La question posée est celle du rôle des stations de proximité dans la dynamique d’apprentissage du ski. En effet, dans d’autres pays, notamment les États-Unis, « les données suggèrent que plusieurs centaines de petites stations disséminées à travers le pays et situées à proximité des grands centres urbains servent de centres “d’élevage de skieurs” pour ensuite alimenter les grandes destinations plus lointaines. » Willy Fux a présenté le travail réalisé dans les stations américaines et dont Laurent Reynaud s’était déjà fait l’écho au Congrès de Beaune. Les stations américaines ont intégré la notion “élevage” pour concentrer leurs efforts sur l’apprentissage, qui semble être une des clés de la reconquête, avec trois catégories de stations

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m Breeders (stations « couveuses ») : des petites stations situées à proximité des grands centres urbains, dotées d’infrastructures sommaires, et visitées à la journée. Elles accueillent essentiellement des débutants et des enfants qui y font leurs premières glissades. m Feeders (stations « d’élevage ») : des stations de taille intermédiaire, situées à quelques heures des centres urbains, et dotées d’infrastructures plus complètes, dont par exemple des espaces freestyle ou de l’hébergement. Ces stations sont visitées à la journée ou pour des courts séjours. m Leaders : des grandes stations de séjour, dont une bonne partie se trouve dans les États du Colorado, Utah ou encore la Californie. Leur nombre est limité, et elles sont situées à plusieurs heures de vol pour la majorité des citoyens américains.


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CE MODÈLE EST, OU SERAIT-IL, APPLICABLE À LA FRANCE ? Pour le savoir, LHM Conseil a interrogé (*) des pratiquant(e)s français(es) de sports d’hiver pour comparer la dernière station de sports d’hiver où ils/elles ont séjourné avec l’endroit où ils/elles s’étaient initiés au ski (ou snowboard) la toute première fois. Le résultat offre une image forte du parcours du pratiquant. Pour faciliter la lecture, les stations françaises ont été segmentées en trois grandes catégories : m Petites Stations : moins de 400 000 Journées-skieur.

J’ai appris à skier dans une… Petite station

Moyenne station

Grande station

Je skie dans une… Petite station

Moyenne station

Grande station

17 %

23 %

25 %

59 %

36 %

41 %

38 %

24 %

35 %

*Ce sondage Internet (27 novembre - 6 décembre 2017) a été réalisé par LHM Conseil sur un échantillon représentatif du marché français des sports d’hiver, utilisant un processus de sélection en temps réel au sein d’un échantillon plus large de répondants représentatifs de la population française issus d’un access panel consommateurs - Échantillon de 983 répondants représentatifs des Français de 18 à 70 ans ayant une expérience récente des sports d’hiver (4 ans ou moins).

m Stations Moyennes : de 400 001 à 1 000 000 Journées-skieur. m Grandes Stations : plus de 1 000 000 Journées-skieur.

On observe que pour 46 % des pratiquants français actifs aujourd’hui, leur initiation s’était déroulée dans une Petite Station, alors que cette catégorie de stations ne représente globalement que 33 % des séjours produits par les Français.

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Si l’on compare ensuite, pour chaque individu, la station du dernier séjour avec la station d’initiation, on observe un flux allant des Petites Stations en direction des Stations Moyennes et Grandes. Ainsi, parmi les clients actuels des Grandes Stations, 35 % s’étaient initiés au ski dans une Petite Station, 24 % dans une station de taille moyenne, et 41 % avaient appris dans une Grande Station. Le mouvement n’est pas réciproque, puisque seulement 17 % des clientèles actuelles des Petites Stations ont appris à skier dans une Grande Station.

Dernière station Station d’apprentissage

17 % 14 %

13 % 10 %

9%

4%

Vosges Jura

13 %

Hte Savoie (Hors PMB)

Beaufortain Val d’Arly Bauges

6%

5%

4%

Massif Central

Isère

Pyrénées

Alpes du Sud

Pays Maurienne Mont Blanc

Tarentaise

MOINS LOIN, MOINS LONG, MOINS CHER… De façon générale, on constate que les séjours réalisés par les Français dans les Petites Stations sont en moyenne 35 % moins chers que dans une Grande Station, mais également un peu plus courts (5.4 nuitées en moyenne pour les Petites Stations contre 5.8 nuitées pour les Stations Moyennes et 6.3 nuitées pour les Grandes Stations). Les différences mesurées sur d’autres paramètres, comme le revenu moyen, la part d’enfants, la fréquence de pratique et le niveau de ski viennent conforter ces constats (cf. notre magazine n°32 de mars 2013).

Rappel de l’enquête réalisée par DSF avec la Caisse des Dépôts, le CRT AURA, SMBT et Atout France en 2013.

La conclusion s’impose d’elle-même : le ski est une pratique coûteuse qui requiert un temps d’apprentissage long et une organisation complexe. L’acte d’achat d’un séjour à la neige est fortement impacté par ces contraintes. Le novice, qui est potentiellement le client de demain, va donc chercher à limiter son engagement dans le temps et adapter son budget à ce risque. Moins Loin, Moins Long, Moins Cher, la mécanique s’est déjà naturellement installée dans plusieurs pays alpins, dont la France. Les initiatives de recrutement de nouveaux pratiquants de glisse dans les années à venir pourraient s’inspirer de ces résultats.

TYPOLOGIE DES CLIENTS INTERROGÉS SUR :

GRANDES stations MOYENNES stations PETITES stations

Les 25/44 ans aux revenus supérieurs à 3 000 euros sont plus présents dans les stations moyennes. Les jeunes aux revenus modérés ont davantage tendance à fréquenter les petites stations.

% Âge - de 25 ans de 25 à 34 ans de 35 à 44 ans 45 ans et plus

15 % 8 % 30 % 28 % 27 %

% Revenus* - de 1 500 de 1 500 à 3 000

11 % 6 %

et plus

*revenus nets mensuels par foyer

52 %

17 %

23 %

32 %

23 %

28 %

38 %

33 %

26 %

40 % 19 %

53 %

20 %

30 %

de 3 000 à 6 000 6 000

%

59 %

% Hommes

Les typologies Homme/Femme et âge sont plutôt homogènes selon la taille des stations. Seul le niveau de revenu est discriminant pour les petites stations. Les grandes stations se caractérisent par un fort déséquilibre hommes/femmes, des revenus élevés et une clientèle jeune, entre 25 et 34 ans.

16 %

42 %

53 %

31 %

7%

Chiffres 2013 (cf. Mag 32)

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ET AILLEURS ? LES RÉPONSES DE NOS VOISINS Les mêmes problématiques se retrouvent sur l’arc alpin mais les réponses apportées ne sont pas toutes les mêmes. Nouveaux modèles de commercialisation, marketing de recrutement et formation des skieurs débutants, grands défis pour demain : plusieurs acteurs des pays européens qui nous entourent ont été interrogés lors d’une table ronde organisée le 2 octobre dernier, pendant le Congrès de Domaines Skiables de France à Paris.

De gauche à droite, les intervenants européens : Eduardo Valenzuela - Directeur d’exploitation de Cetursa Sierra Nevada en Espagne, Mario Stedile - Président de la FIANET et Directeur de St-Anton en Autriche, Valeria Ghezzi- Présidente de l’ANEF en Italie, Laurent Vanat - Consultant suisse et Xavier Nolla - Directeur de Massella et président de l’Association des remontées mécaniques de Catalogne.

DES PRATIQUES COMMERCIALES QUI PEINENT SUR LE LONG TERME Interrogé pendant le Congrès de Domaines Skiables de France, Laurent Vanat a donné quelques exemples de tentatives commerciales en Suisse. Ces essais ne transforment pas vraiment la fréquentation sur le long terme. L’exemple de Saas Fee qui a mis en vente un forfait saison à 222 francs suisses (alors qu’il était vendu à 900 euros la saison précédente) est significatif. La première année, les ventes sont passées de 1 800 forfaits vendus à 75 000. Une belle percée qui s’est doublée d’une fréquentation accrue de + 33 %. Le chiffre d’affaires, lui, n’a augmenté « que » de +24 %. Car si cette initiative a fait le buzz, c’est surtout en raison d’une campagne marketing de grande ampleur qui a coûté 4 millions de francs suisses ! L’essai s’est poursuivi sur les deux dernières saisons avec des résultats nettement moins encourageants. S’il faut attendre une durée plus longue pour tirer des conclusions, on voit quand même que ces montages commerciaux semblent difficiles à inscrire dans la durée et que les offres low cost n’ont pas attiré de clientèle étrangère. Seul point positif : la fréquentation des stations voisines n’a pas chuté. 25


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« Plus efficace, l’arrivée du Magic Pass, un forfait saison à prix avantageux regroupant 25 stations suisses, est à suivre avec attention. Comme aux États-Unis où l’Epic Pass, le forfait saison de Vail Resorts associe un accès illimité à plusieurs domaines américains et de nombreuses offres autour du monde. Il était initialement vendu 559 dollars. Bien qu’ayant augmenté de plus de 50 % pour arriver actuellement à 949 dollars, 650 000 forfaits ont été vendus la saison dernière. Et comme pour le Magic Pass, l’impact sur le chiffre d’affaires n’est que de +40 %. Il n’a pas non plus attiré de nouveau skieurs. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on prend de plus en plus d’argent avec de moins en moins de monde, un système qui n’est pas soutenable à long terme. » La conclusion serait-elle que ces offensives commerciales ne suffisent pas à renouveler la clientèle ?

AUTRICHE, ESPAGNE, DES PISTES ? La réponse est peut-être à chercher du côté autrichien. Invité de Domaines Skiables de France, Mario Stedile, le Président de la FIANET*, est aussi le Directeur de St Anton en Autriche. « L’association Star Jack a été créée par les exploitants pour proposer une plateforme d’achat de forfaits secs dans un grand nombre de stations, et pas seulement des forfaits annuels. L’idée était d’éviter de se retrouver avec des discounters dans notre champ d’action. Nous occupons la place : nous ne vendons que des forfaits plein tarif et nous décidons nous-mêmes de l’évolution de la plateforme. » En Italie, Super Ski Dolomiti a été un précurseur en matière de billetterie. Pour Valeria Ghezzi, Présidente de l’ANEF*, « ce système évite l’intermédiation de la vente qui coûte très cher et qui diminue d’autant les capacités d’investissement. » Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur le renouvellement de la clientèle mais « faciliter l’acte d’achat est une direction à prendre, quoi qu’il en soit. »

Eduardo Valenzuela, directeur d’exploitation de Cetursa Sierra Nevada en Espagne, prolonge la réflexion avec l’intégration d’un paramètre, celui des typologies de clientèles. « On parle beaucoup du réchauffement climatique mais l’autre défi à relever est celui du changement démographique. Quel créneau de la population devons-nous viser quand nous parlons de renouvellement de la clientèle ? On le voit, les prix des forfaits ne sont pas fixes et le prix affiché aux caisses de remontées mécaniques ne s’adresse qu’à ceux qui arrivent à la dernière minute. Nous avons remarqué que la clientèle jeune n’est pas un bloc uniforme. Les jeunes adolescents hommes continuent à skier contrairement aux filles qui abandonnent plus souvent la montagne et ne skient plus quand elles arrivent à l’adolescence. À nous de leur proposer des activités et des prix différents. Aujourd’hui, notre clientèle se compose de 46 % de femmes et 54 % d’hommes. Il faut oublier d’avoir un service unique pour tout le monde et viser ces groupes avec des tarifs et des produits différents. » * ANEF : Association Italienne des Remontées Mécaniques * FIANET : Fédération Internationale des Associations Nationales d’Exploitants de Téléphériques

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LES JEUNES ET L’OUTDOOR LA MONTAGNE PEUT MIEUX FAIRE Le 5 octobre dernier, l’agence Poprock présentait lors du colloque « Tout le monde dehors ! » une étude exclusive sur les jeunes et l’outdoor*. Le sujet du renouvellement des clientèles, au ski mais plus largement en montagne et dans l’ensemble des sports « outdoor », est central. Suite à de nombreux échanges avec des clients et partenaires, professionnels du tourisme, de l’aménagement en montagne et de l’outdoor, l’agence Poprock s’est emparée du sujet, avec l’envie de sortir d’une approche quantitative et trop normée.

L’AVIS DE LAURELINE CHOPARD CO-FONDATRICE DE POPROCK L’équipe a mixé plusieurs approches, pour une vision 360°: une première analyse très large via l’écoute des réseaux sociaux en 5 langues (plus de 2M de conversations scannées via la plateforme Radarly de Linkfluence) pour faire émerger des signaux faibles, creusés en détail avec de l’observation terrain et des entretiens individuels (60 environ). Enfin, le soutien des équipes de Jam, communauté Messenger animée par un chatbot, a permis une approche conversationnelle à grande échelle avec près de 12 000 jeunes français entre 15 et 25 ans. Au final, ce travail mené durant 5 mois a permis de dresser un panorama de la perception du « Dehors » par les jeunes européens, avec un focus sur la montagne, l’imaginaire associé, les motivations à sortir, les usages, les frustrations… pour en faire émerger des opportunités d’action.

GÉNÉRATION « DIGITAL NATIVE », UNE RELATION AU MONDE QUI A CHANGÉ Cette génération, née en 1995 et après, aura passé plus de 10 000 heures devant les écrans à la préadolescence. Sa relation au monde est radicalement différente des générations précédentes : elle s’inscrit dans une logique transversale, ouverte sur le monde. Ses aspirations : changer le monde, s’épanouir personnellement, se connecter aux autres, vivre des aventures…

« Être Dehors c’est être avec mes potes, me connecter au reste du monde, c’est là que j’ai envie d’être… et être Dedans… c’est être seule. » Lucy, 17 ans, Angleterre

*Étude : Demain, tous dehors ? Les jeunes générations et l’outdoor, usages et prospective, Poprock, Octobre 2018. Pour recevoir un extrait : hello@poprock-agence.com

Laureline Chopard, Agence Pop Rock

Cette relation au monde, l’hyper-connexion, le règne des réseaux sociaux, ont bouleversé les usages de loisirs. Les lieux et les formats de pratique se réinventent : m Simplification (foot à 5, escalade de bloc…). m Formats courts (tutosde 5 mn). m Fusion de sports pour en inventer de nouveaux. m Multi-activités. m Accessibilité (apprendre rapidement, pratiquer en bas de chez soi). On recherche le partage plutôt que la performance, dans des lieux événementiels hybrides, où l’on peut manger, « chiller », pratiquer un sport, réviser… à l’image de la House of Vans à Londres, du nouveau concept Jo&Joe à Hossegor ou des nouvelles salles d’escalade Arkose. Enfin, l’aspect immersif et la production de contenus comme partie intégrante du mode de vie bouleversent les attentes en termes d’expérience. Elles doivent être visuelles, esthétiques, permettre de s’immerger dans d’autres univers… 27


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LA MONTAGNE N’EST PAS DANS LE RADAR DES JEUNES L’analyse de Poprock est que la montagne n’a pas su jouer ses cartes au sein de cette évolution. L’imaginaire Montagne auprès des jeunes est dangereusement obsolète : les Bronzés font du ski, Heidi, Belle et Sébastien, Jean Ferrat… sont leurs références principales. Un sportif comme Candide Thovex est associé plutôt à l’univers de l’« action sports » que de la montagne… Parallèlement, aux frontières des imaginaires montagnes, on trouve des univers extrêmement attractifs pour ces jeunes générations. Les marques l’ont bien compris : l’action sports s’est approprié la glisse, le monde du jeu vidéo l’aventure, les destinations lointaines et les îles grecques trustent le sommet des classements Instagram pour le dépaysement et les grands espaces. Résultat : les jeunes ne pensent plus à la montagne. 54 % des jeunes interrogés ne sont jamais allés au ski, ou bien une fois quand ils étaient petits. Quand on leur demande pourquoi, ils disent que c’est trop cher, mais aussi et surtout qu’ils ne savent pas ou n’ont « pas l’occaze ». Et c’est ce qui est le plus inquiétant : la montagne n’est pas dans leur radar.

9+18+152826D 3+7+8323812D

TU VAS AU SKI TOI ?

Souvent

9%

Ça date

Chaque année

26%

18%

15%

Jamais

MAIS POURQUOI T’Y VAS PAS ? Dangereux

J’aime pas

12%

QUELLES OPPORTUNITÉS ? La conclusion est qu’il est prioritaire d’occuper de nouveau une place de choix dans l’imaginaire des 15-25, tout en rendant la montagne plus accessible. Pas uniquement en ce qui concerne les vacances au ski, mais le mode de vie dans son ensemble. Se questionner pour aller séduire les 15-25, c’est se mettre en situation de conquérir demain une frange d’utilisateurs beaucoup plus large qui se retrouve dans ce nouveau « mindset », rajeunir son image et se mettre en mouvement. Et c’est un travail qui concerne l’ensemble des acteurs : marques, destinations, aménageurs, institutions…

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De temps en temps

28%

3% 7%

Trop compliqué Je ne sais pas

8%

Trop cher

38%

32%

Pas l’occaz

Échantillon 1047 jeunes de 15-25 ans, France. Source : Poprock/Jam


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QUELS ENJEUX SPÉCIFIQUES AUX EXPLOITANTS ET AMÉNAGEURS DE LA MONTAGNE ? 1. CONTRIBUER À REDÉFINIR L’IMAGINAIRE DE LA MONTAGNE Il est indispensable de s’appuyer sur des marqueurs forts, en mesure de séduire les jeunes générations :

m L’hyper convivialité, portée par l’imaginaire du refuge, du pique-nique, des repas entre amis, des temps de chill en station…

m La notion de terrain de jeu et d’aventures au travers d’expériences variées, hybrides, accessibles : apprentissage facile, indoor/outdoor (quid de parks de snow-skate indoor ?), multi-activité. m La glisse via l’action sports, les contenus, la bande de copains, les boardsports au sens large : snowboard, skate, surf. m La nature, le monde sauvage au travers de 3 dimensions : la protection de l’environnement (la montagne comme un des ultimes lieux préservés), l’esthétisme (les paysages qui coupent le souffle, partagés sur Instagram), le bien-être (sport, fit, nutrition). En termes d’actions, cela signifie : >Protéger activement les paysages et les espaces naturels. >Concevoir des lieux /expériences mixtes, permettant les rencontres, de nombreuses activités, de loisirs comme le skate, la musique, la grimpe… en indoor et en outdoor. >Miser sur l’été comme levier majeur de recrutement de jeunes clients. >Soutenir une communication active et la production de contenus autour de ces mêmes imaginaires (sortir d’une communication centrée sur l’offre de ski et de séjours à la montagne).

2. DÉVELOPPER L’ACCESSIBILITÉ DE L’UNIVERS MONTAGNE Au-delà des problématiques d’accessibilité physique et de prix, freins réels et déjà largement évoqués dans le secteur (mobilités alternatives, prix des forfaits), la montagne doit se mettre à la portée des nouvelles générations au sens large.

m Les stations à proximité des centres urbains tirent leur épingle du jeu, avec une véritable opportunité de développer des zones de loisirs d’altitude à la journée, multi-activités, accessibles en transports en commun, avec de vraies propositions tarifaires et de services. Selon l’agence PopRock, un certain nombre sont bien engagées sur cette voie (La Clusaz, Chamrousse, la Sambuy, la Bresse).

m Pour l’ensemble des acteurs, promouvoir voire développer des nouveaux terrains de jeux urbains et péri-urbains, in et outdoor, autour de la glisse et des pratiques de montagne, véritable vivier de recrutement des clients de demain (cf. le succès du WamPark à Albertville sur les loisirs nautiques ou les salles indoor de parkour, trampoline, etc.).

m Mener une réflexion sur les formats d’apprentissage, du ski notamment (faire plus court, plus ludique, à l’heure ou 80 % des moins de 25 ans consultent Youtube pour des tutos), valoriser les autres glisses, et surtout se mettre à l’écoute de la rue pour inventer les pratiques de demain.

m Travailler collectivement à faire de la montagne non seulement un lieu de vacances mais un lieu où l’on vit des expériences, d’une journée ou d’un mois, ou l’on peut travailler, étudier, en soutenant la diversification, en créant des lieux de travail, d’entreprenariat, à l’image des initiatives menées en Vallée de Chamonix, dans le Vercors ou à la Clusaz. À cela s’ajoutent des chantiers de fond : contribuer à reconnecter les plus jeunes à la nature, développer la place de la montagne dans la fiction (jeux vidéo, films, romans)… 29


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Une des clés du succès est de se rapprocher des marques d’outdoor et de sport, affranchies de la notion de territoires, qui peuvent être de vrais relais et des partenaires structurants. Il faut croiser les regards, partager, tester… c’est l’affaire de tous.

Anne Galienne - Co-fondatrice de Poprock Quel est votre regard sur le positionnement du ski et plus généralement de la glisse en station comparé à d’autres pratiques, board sports (surf, kite, snowkite) et action sports (skate, bmx, freestyle…) ? Il y a effectivement un parallèle à faire notamment parce que la montagne gagnerait à aller explorer de nouveaux univers en s’inspirant de ces pratiques. Nous pensons que tous ces sports sont connexes mais qu’ils ne sont pas préemptés, ni en termes de contenu, ni en termes d’aménagements. Il y a pourtant des aspirations communes. Mais le surf par exemple a mieux réussi à explorer la communion avec la nature, le « voyage-aventure », l’itinérance et le dépassement de soi. Il a fait émerger dans son image le lien entre le corps et l‘esprit. Les stations commencent seulement à s’y intéresser alors que la montagne est originellement la mieux placée pour établir cette connexion : je marche, je vis, je m’élève. Ce sont les marques qui ont installé la culture surf sur la côte basque. En quoi est-ce différent en montagne ? Le surf a effectivement été porté par les marques et pas par la destination. À l’époque, il n’y a eu aucune volonté politique de développer la culture surf sur la façade atlantique. Très vite, les marques ont invité des athlètes qui ont raconté des histoires. Le life style surf était né. En station de montagne, on a d’abord pensé à remplir des lits et oublié de réfléchir à une culture montagne qui saurait s’adapter à son temps et aux pratiques émergentes.

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DES EXEMPLES VENUS D’AILLEURS OUTDOOR SPORTS VALLEY OU COMMENT LES MARQUES RÉINVESTISSENT LA CULTURE MONTAGNE D’UNE DESTINATION

L’exemple d’Annecy qui, dès 2009, a décidé de développer un pôle d’industries dédié aux sports outdoor sur son territoire est intéressant. Cela a contribué à la création d’une image de terrain de jeu où sports urbains et sports de nature se côtoient. Une image qui attire entreprises, salariés, start-up, créateurs et athlètes. De là est en train de naître une culture outdoor tout à fait intéressante et dont bénéficient les acteurs du tourisme local. Et le ski en est une des composantes majeures.

QUAND UNE PRATIQUE ALTERNATIVE BOOSTE L’IMAGE D’UNE STATION La station turque d’ Erciyes accueille depuis plusieurs années des manches de la Coupe du monde de snowkite, une des pratiques de glisse plébiscitée par les jeunes. Située sur les pentes du volcan éponyme, la station a décidé de diversifier sa clientèle, le ski n’étant pas culturellement le sport le plus pratiqué dans le pays. Le spot avait déjà été repéré par les pratiquants de snowkite pour la qualité de ses pentes, de la neige et la sécurité de la glisse. Murat Cahid CINGI, Président de Kayseri Erciyes A.S et Elcin Eglenceoglu, un des fondateurs de la station qui a longtemps vécu dans l’Arlberg en Autriche, ont décidé d’en faire un atout. Depuis deux ans, des secteurs complets des pistes sont à l’écart de toute installation de remontées mécaniques pour favoriser la pratique du snowkite. Tout est fait pour que celle-ci soit visible des visiteurs. Chaque hiver, Erciyes accueille plus de 20 000 scolaires pour des journées de glisse, luge et ski. Mais pour continuer à les faire rêver et à les transformer en skieurs, il faut trouver les bons leviers. Aujourd’hui, avec l’aéroport de Kayseri et une voie express qui met la station à une demiheure de la ville, les offres ciblées d’une ligne aérienne low-cost, une image renouvelée et des pratiquants qui affluent de toute l’Europe, Erciyes attire les jeunes. En ligne de mire les Turcs venus des grandes villes mais aussi les jeunes européens, les Russes et les pratiquants des pays slaves.

HERO LES ARCS, LA SIMPLICITÉ EN FIL ROUGE L’aventure HERO Les Arcs a débarqué l’été dernier avec une offre rajeunie et simplifiée des activités loisirs et le tout, à prix mini ! Randonnée, tir à l’arc, escalade, trampoline, fitness, zumba, stretching, step, cardio-training, aquagym, trail, cirque, jardin d’aventures, beach-volley, tennis, ping-pong, pétanque, slackline, city stade, cette offre multi-activités reconstruit celle qui existait déjà en créant 3 Pass flexibles et illimités. Pour Marion Grognet, Directrice Marketing et Communication des Arcs–Bourg Saint-Maurice Tourisme, ce produit, destiné aux familles est une réponse au frein souvent évoqué de la complexité des vacances à la montagne. « Auparavant, nous avions près de 50 formules différentes et il était très difficile d’organiser ses activités. » Grâce à cette simplification et à une communication dynamique, les achats en ligne ont explosé et le chiffre d’affaires de l’été a augmenté de +51 % ! Après le test de l’été, les Arcs vont s’attaquer à l’hiver. « Le ski reste le produit n°1 des vacances d’hiver mais nous allons progressivement intégrer des activités complémentaires. Nous allons déjà commencer cet hiver avec l’arrivée de mini motos-neige ». Une réponse à la demande des enfants, ados et jeunes adultes qui préfèrent skier sur les espaces ludiques plutôt que sur les pistes. « C’est aussi lié au constat que nous passons une part plus importante de temps sur les skis en raison des débits élevés des remontées mécaniques. » CQFD, les stations doivent proposer une offre d’activités innovantes, ludiques et accessibles pour que la clientèle jeune continue à aimer les vacances à la montagne. 31


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FORMATION

PROFESSIONNALISATION DES MÉTIERS LE TRAVAIL CONTINUE LAC BLANC, LA STATION ACCUEILLE SA PREMIÈRE APPRENTIE La station vosgienne accueille pour la première fois de son histoire un jeune en apprentissage. À 20 ans, Dominique Jung, une jeune et dynamique alsacienne, vient d’arriver dans l’entreprise en alternance. Avec un parcours atypique : après avoir obtenu son DUT en Génie Industriel et Maintenance à Schiltigheim, elle a décidé de repartir sur un CAP Transport par câble et remontée mécaniques (TCRM), au Lycée des Métiers de la Montagne à St Michel-deMaurienne. Un univers pas vraiment inconnu pour cette jeune fille passionnée qui a déjà effectué deux stages dans ce domaine. « Mon premier stage, je l’ai fait dans la société WALTL Seilbahnen en Autriche, lors de cette expérience, j’ai pu aller sur le terrain et démonter des balanciers, réaliser les contrôles et les remonter. Mon second stage, je l’ai fait chez POMA, à Voreppe. Mon sujet de stage était la mise en place d’un processus de terminologie technique pour le transport par câble. » « Ce n’est pas un cursus logique mais je ressentais le besoin de compléter ma formation théorique de DUT (Mécanique des fluides,

Mécanique industrielle, Automatisme, Électronique, Méthodes de maintenance, Électrotechnique) et surtout de découvrir l’univers des remontées mécaniques qui me passionne. Au départ, je voulais être nivocultrice mais mon intérêt pour la mécanique et l’électricité l’a emporté. » À Saint-Michel de Maurienne, Dominique passe 21 heures par semaine à l’atelier et fait en parallèle 9 heures d’électrotechnique.

« La question d’un métier de fille ou d’homme ne s’est jamais posée. »

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« J’apprends à câbler les armoires, gérer les pannes, lire les schémas techniques. Pendant les travaux pratiques, j’ai un programme adapté en raison de mon DUT. On apprend surtout à réfléchir autrement qu’avec la théorie. Imaginer d’autres solutions, c’est passionnant. » Seule fille de sa promotion, Dominique dégage une incroyable énergie et balaye en trois secondes tous les poncifs sur l’arrivée d’une fille dans un univers d’homme. « Il y en aura de plus en plus. Il n’y a aucune raison que ça s’arrête. Je suis passionnée par la mécanique depuis que je suis toute petite. J’accompagnais mon Papy dans son atelier et je crois bien que j’ai toujours eu des outils entre les mains. La question d’un métier de fille ou d’homme ne s’est jamais posée. » Un avis partagé par Patrice Perrin, le directeur de la station qui voit dans l’arrivée de son énergique apprentie, une démonstration de sa volonté. « La Maintenance dans les remontées mécaniques est un domaine difficile et son arrivée démontre que c’est un métier ouvert aux femmes. Ça correspond à notre politique d’entreprise où on essaie de féminiser les postes au maximum. »

C’est la première fois que la station accueille un apprenti. Jusqu’à maintenant personne n’avait postulé, les apprentis préférant rester dans les Alpes, au plus près de leurs lieux d’apprentissage, les CAP dédiés aux remontées mécaniques étant peu nombreux. Ce n’est pas le cas de Dominique. Passionnée par l’Autriche dont elle connaît toutes les stations, elle souhaite y travailler après sa formation avant de revenir chez elle en Alsace. Avec le soutien de ses deux tuteurs, Raphaël – Responsable de la Maintenance et Jérémy adjoint au chef d’exploitation, elle découvre la vie d’une petite structure. « L’avantage de cette expérience, c’est qu’elle arrive chez nous, s’approprie l’entreprise, sa culture, son organisation, participe activement aux travaux, etc. C’est pour elle un moyen de valider son intérêt pour le domaine des remontées mécaniques et pour nous de bénéficier d’une période d’observation pour éventuellement l’intégrer dans notre équipe. » Pour Patrice Perrin, l’autre avantage, c’est « qu’on ne peut pas avoir un seul métier dans une station comme la nôtre. Une chance pour l’apprenti qui découvre d’autres postes ». Cet hiver Dominique va passer son CQP de conductrice de téléski. Une autre façon d’enrichir une formation déjà très complète !

« PREMIERS SECOURS EN ÉQUIPE », UNE PREMIÈRE PROMOTION SORT DES RANGS DSF-Formation et l’ADSP (Association Nationale des Directeurs de Pistes et de la Sécurité de Stations de Sports d’Hiver) ont lancé cet automne une formation intitulée « Premiers secours en équipe ». Cette formation est un prérequis indispensable pour intégrer le brevet national de pisteurs secouristes. La nouveauté : elle est adaptée à 100 % au travail sur les pistes. Deux formations ont déjà eu lieu en octobre à Francin et en novembre dans les Hautes-Alpes.

La toute première promotion « PSE1 PSE2 initiale » en Savoie organisée par ADSP/ DSSF

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APPRENTISSAGE : LE RETOUR DE LA BRANCHE AU CŒUR DU DISPOSITIF ! Pour la première année Domaines Skiables de France a créé une Section paritaire d’apprentissage en mesure de financer des projets qui répondent à nos problématiques particulières de formation et de recrutement. 4 lycées ou CFA ont d’ores et déjà reçu des financements. C’est la première fois que la branche collecte et redistribue cet argent qui correspond à la fraction non affectée de la taxe d’apprentissage. Cette année, 32 000 euros ont été reversés par notre collecteur (Agefos PME) à quatre établissements sur le thème de la maintenance ou de la neige de culture. Ce dispositif devrait monter en puissance dans les prochaines années. En repositionnant les branches au cœur de l’apprentissage, l’offre de formation peut ainsi s’adapter au regard de l’évolution des métiers et des besoins des entreprises. À noter que la réforme en cours sur la formation, l’apprentissage et l’assurance chômage structurée par la Loi sur la « liberté de choisir son avenir professionnel » modifie substantiellement le paysage de l’apprentissage en passant d’une logique d’offre (création de sections) à une logique de demande des entreprises, des branches, des jeunes. De nouvelles possibilités seront donc données aux branches pour ouvrir de nouvelles filières d’apprentissage.

Livret pédagogique nivoculteur pour les formateurs internes DÉCEMBRE 2018

Les supports pédagogiques de Domaines Skiables de France

Nivoculteur

responsable de l’exploitation et de la maintenance d’une installation de neige de culture Support pédagogique à l’usage des candidats à l’examen CQP de NIVOCULTEUR

Petit rappel sur l’existence de ce livret construit par DSFF pour aider les formateurs internes dans leur mission. Cet outil très pédagogique permet d’aborder toutes les thématiques du métier et apporte un soutien efficace aux formateurs.

L’équipe pédagogique de DSF Formation, formateurs et intervenants spécialisés, réunis autour de Laurent Battier (Responsable du pôle Examen-Formation) pour préparer la grosse période de formation des salariés de la branche avant l’ouverture de la saison : du manager au dameur en passant par le Pisteur secouristes ou le conducteur de téléportés.

CQP RESPONSABLE D’INSTALLATION NEIGE DE CULTURE Depuis le début de l’année, un groupe de travail planche sur la remise à niveau des fondamentaux du métier de nivoculteur et la construction d’un CQP. Dans un premier temps, la grille d’examen pratique a été bâtie. Ce travail, mené par Serge Riveill, chargé de mission pistes, en collaboration avec les élèves du Lycée des Métiers de la montagne de Saint Michel de Maurienne, la station de Val Cenis et le Service Neige des Arcs a permis d’élaborer une grille pratique décomposant le métier et toutes les tâches attenantes. Cette première étape franchie, le travail s’est poursuivi par la révision complète du support pédagogique. Cet outil sur le métier de nivoculteur n’avait pas bougé depuis 15 ans. Or ce métier est sans doute un de ceux dont la technologie a le plus évolué, jusqu’à devenir aujourd’hui un des métiers essentiels dans la conduite d’un domaine skiable. Serge Riveill est particulièrement fier du travail qui devrait trouver son aboutissement pour l’ouverture de la saison d’hiver. « C’est un incroyable travail d’équipe et une merveilleuse aventure. Nous sommes arrivés à un document qui concentre le top des connaissances actuelles en matière de neige de culture. Nous espérons que ce document va changer la manière de produire de la neige pour rendre utile et économique chaque m3 produit. Et assurer une gestion optimale de la ressource en eau. » Ce document de plus de 200 pages a été rédigé par un groupe de travail de spécialistes réunis autour de Serge Riveill et du spécialiste Bernard Pergay (expert indépendant). On y trouve les professionnels des Arcs, les fournisseurs (Sufag, Technoalpin, Demaclenko) et Météo France avec une contribution importante de Carlo Carmagnola (Prosnow) pour la rédaction de la partie Neige. Une fois ce travail achevé, il est devenu évident que cette transformation du métier devait commencer par les responsables d’installations. C’est pourquoi le premier CQP qui sera créé fin 2018 les concerne en premier lieu. Ultérieurement, un second CQP viendra remplacer l’ancien examen qui s’adressait aux nivoculteurs de premier niveau.

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DOMAINES SKIABLES DE FRANCE


FORMATION

CONDUITE DE FUNICULAIRE, UNE FORMATION SUR LES RAILS Formateur spécialisé depuis la création de DSF Formation, Nicolas Maneveau est responsable du Funiculaire de Saint-Hilaire-du-Touvet (38). Il est aujourd’hui missionné par DSF Formation pour travailler à la mise en place d’un référentiel de formation complet « conducteur de funiculaire ».

Pourquoi cette mission, sachant qu’il n’existe aujourd’hui en France qu’une douzaine de funiculaires ? Je suis à St-Hilaire depuis un an après 15 ans d’exploitation en stations. Mon expérience en station m’a conduit naturellement à mettre en place une formation pour les équipes de Saint Hilaire. J’ai tout d’abord découvert le métier en passant deux ou trois jours sur chaque poste pour comprendre les problématiques techniques de cet équipement. J’ai découvert les spécificités d’un équipement touristique, avec une clientèle curieuse et disponible. Par ailleurs, le STRMTG travaillait sur une réglementation pour ces équipements qui sont très variés : certains sont très anciens (le nôtre date de 1924 et la machinerie est d’époque), d’autres, en station, doivent avoir des débits élevés comme par exemple celui de Tignes (12 mètres/seconde), certains sont touristiques, d’autres sont des ascenseurs urbains. Il y a aussi ceux qui ne transportent pas de public mais le personnel de certaines entreprises ou des marchandises. À ceux-là, depuis deux ans, le STRMTG demande de formaliser la formation du personnel. Ce qui va de pair avec l’arrivée du SGS dans les entreprises. Une mise à plat de la formation s’est donc naturellement imposée.

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Vous commencez par une formation pour une entreprise, EDF. C’est assez atypique non ? EDF a souhaité former ses personnels et lancé un appel d’offres pour la formation de ses agents sur le funiculaire de la centrale de Penly près de Dieppe. DSF Formation a été retenu dans ce cadre. Les funiculaires sont utilisés sur les barrages, dans les centrales nucléaires, partout où l’accès est difficile. J’ai donc mis à profit mon expérience à Saint Hilaire pour construire un support de formation « clé en mains ». Je suis allé sur place, j’ai récupéré tous les documents techniques et travaillé un mois et demi sur la rédaction du support pédagogique. Il se compose d’un support technique de 24 pages, d’un support sur la réglementation de 5 pages, d’un document d’exploitation de 15 pages et d’un QCM pour l’examen. Techniquement, ça ressemble beaucoup aux installations classiques. Aujourd’hui, le contenu est validé par notre client et les premières formations ont débuté fin novembre. Nous les accompagnons pour former sur 15 jours une quarantaine d’agents, l’idée étant qu’ensuite, ils intègrent cette formation dans leur organisation interne. La conduite du funiculaire représente environ 5 % de la fiche de poste de ces agents mais est indispensable dans le cadre des procédures sécurité. Avec ce document commun, le but est de déployer ce travail sur les autres sites EDF.

Ce travail préfigure-t-il une formation DSFF ? Il est évident qu’avec ce que nous avons réalisé pour EDF, la trame pour d’éventuelles formations visant à préparer par exemple à un futur CQP est bien avancée. Homogénéiser les compétences des conducteurs de funiculaires est attendu à la fois par les exploitants et par le STRMTG. Il y a une base commune à tous les funiculaires et ensuite une adaptation sur-mesure pour chaque équipement. C’est un travail pédagogique utile et passionnant ! 35


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ENVIRONNEMENT

COOPÉRATION DOMAINES SKIABLES- ALPAGISTES UNE STRATÉGIE GAGNANT-GAGNANT EN HAUTE-SAVOIE Depuis 2013, les éleveurs-alpagistes et les domaines skiables se sont lancés dans une démarche de rapprochement se basant sur une coopération territoriale et des échanges constructifs. C’est le souhait des domaines skiables de renforcer la relation avec les éleveurs alpagistes au même titre que la prise en compte des préoccupations environnementales.

En effet, au salon de l’Agriculture à Paris en février 2014, Domaines Skiables de France et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture de France signaient une Charte Nationale de Coopération, impulsant une nouvelle façon d’envisager le partage des usages sur les terres de montagne. En parallèle de cette Charte, un « Guide pratique pour une coopération pérenne entre gestionnaires de domaines skiables et agriculteurs » était édité pour les Alpes du Nord. Considéré comme un outil de terrain, ce guide intitulé « Sous la neige, les alpages », permet l’application des 3 principes de coopération contenus dans la Charte Nationale visant à rapprocher institutionnellement les deux professions : m Une concertation régulière sur les territoires entre les deux professions. m De la concertation en amont des projets afin de limiter les contraintes et développer les complémentarités. m Des rencontres institutionnelles pour faire vivre et évoluer cette coopération.

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DOMAINES SKIABLES DE FRANCE

LA HAUTE-SAVOIE ET LES BONNES PRATIQUES Le travail initié par la section Haute-Savoie de Domaines Skiables de France avec le SUACI a permis de déboucher sur une signature nationale en 2014. Rappelons que, dès 2009, une étude de l’impact de la neige de culture sur les prairies de fauche avait vu le jour, menée par le CEMAGREF, les chambres d’agriculture et les sections 73 74. C’était le début d’un engagement conjoint des domaines skiables et du monde agricole pour rappeler la vigilance nécessaire due aux appellations laitières et fromagères qui participent au rayonnement des territoires (abondance, beaufort, reblochon…). « Partager le même territoire nous oblige à un développement coordonné de l’espace » selon Michel Girard qui a suivi le dossier pour la Section Haute Savoie depuis le début. Cette année, l’aventure continue et la section a confié à la Société d’Économie Alpestre de Haute-Savoie (SEA74) les missions d’analyse des pratiques effective-


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ment mises en place entre les domaines skiables et les éleveurs-alpagistes. Lancée le 28 mars 2018, la mission consistait en un diagnostic des pratiques de coopération entre domaines skiables et éleveurs-alpagistes. Avec pour objectif de disposer d’un état des lieux des relations existantes entre exploitants agricoles et exploitants des remontées mécaniques, d’avoir un aperçu des enjeux et de pouvoir les localiser. Un inventaire des bonnes pratiques et des situations sous tension, voire conflictuelles

a également été réalisé. Entre mai et septembre 2018, 37 domaines skiables haut-savoyards ont ainsi été enquêtés. Et des témoignages d’éleveurs-alpagistes et d’élus communaux ont été recueillis.

BÉNÉFICES ET CONTRAINTES, LA BASE D’UNE POLITIQUE D’AMÉLIORATION Une première restitution du diagnostic a eu lieu le 19 octobre dernier. Plusieurs atouts ressortent des entretiens réalisés : m Domaines skiables et agriculteurs permettent le maintien de paysages diversifiés et ouverts, ainsi que des économies de broyage. m L’élaboration et la vente de produits, notamment fromagers de qualité, sur le domaine skiable sont un atout touristique, notamment en saison estivale. m une herbe bien pâturée permet une meilleure tenue du manteau neigeux. Il existe symétriquement de réelles contraintes : m D’une part, pour l’exploitant du domaine skiable : • la dégradation des installations (pylônes, cabanes, etc.) par les troupeaux, • le risque d’une reprise prématurée du pâturage sur des parcelles revégétalisées, • la présence de clôtures contraignantes pour l’exploitation estivale, m D’autre part, pour les exploitants agricoles : • la destruction temporaire des ressources fourragères lors de travaux, • une mauvaise reprise de la végétation à l’issue de terrassements s’ils n’ont pas pris soin de préserver le sol végétal, • des contraintes liées aux pratiques estivales (VTT, non-fermeture des clôtures par les touristes, etc.) Pour remédier à ces contraintes, des temps de rencontres ont été mis en place. Réunion annuelle, rencontres informelles de terrain, rencontres exceptionnelles liées à des projets. Ces moments donnent généralement lieu à des échanges sur le calendrier des travaux, le conseil sur l’évolution du tracé d’une piste de ski de la part d’un éleveur ou encore la mise en place d’une sensibilisation ciblée des usagers. 37


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LE PARTAGE DE L’EAU, UN ENJEU CENTRAL Aujourd’hui, les exemples de coopération constructive se multiplient en particulier autour de la thématique de l’eau, un enjeu majeur de l’économie et de l’environnement montagnards. Dans certaines stations du département, des retenues d’eau ont été réfléchies, dès leur conception, pour partager la ressource avec les exploitants agricoles (BellevauxHirmentaz, La Clusaz, Saint-Gervais, etc.). Devant les enjeux de plus en plus importants pour l’alimentation en eau des troupeaux dans le contexte climatique actuel (récurrence des épisodes de sécheresse), la question du double usage des retenues est posée dès leur conception. D’autres solutions techniques sont également envisageables telles que l’utilisation ponctuelle des réseaux d’enneigeurs pour remplir une citerne souple ou d’autres réserves à vocation pastorale. Cette stratégie gagnant-gagnant devrait s’appliquer à toutes les thématiques comme la préservation des sols, le maintien des milieux ouverts ou la valorisation touristique (rencontres du troupeau, vente de fromages et accueil/ information).

Des outils innovants Un graphique permettant d’apprécier de façon synthétique la qualité de la relation et de la coopération entre un domaine skiable et les éleveurs-alpagistes du territoire a été élaboré. La figure ci-dessous représente trois véritables situations anonymisées. L’outil pourra être utilisé pour réaliser un diagnostic individualisé de chacun des domaines dans les prochains mois.

AXE 1 : MIEUX SE CONNAÎTRE

AXE 3 : ALLER PLUS LOIN

Connaissance du monde agro-pastoral 4

Idée de coopérations pour l'avenir

3,5 3

Intensité de la relation

2,5 2 1,5

Conventions et /ou Observatoire

1

Maîtrise des conflits

0,5 0

Alexandre Merlin, Président de la Section 74 de Domaines Skiables de France et Directeur du domaine skiable de Saint-Gervais. « Il est essentiel de réfléchir en amont des projets en prenant en compte toutes les contraintes des uns et des autres. Je suis fier du travail accompli sur notre département qui démontre les vertus d’une coopération constructive et intelligente. Nous avons encore beaucoup de défis à relever mais toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour avancer ensemble. » 38

DOMAINES SKIABLES DE FRANCE

Rencontre régulière et systématique

Coopération sur la ressource en eau

Autres coopérations Domaine A Domaine B Domaine C

Coopération sur la ressource herbe/sol

AXE 2 : MUTUALISER LES PROJETS

Domaine A : Très bonne relation à la fois en termes de régularité des rencontres et de maîtrise des tensions. Cette relation forte, se traduisant par des liens informels et formels (réunions annuelles, conventions, engagements via un observatoire, etc.) ne se traduitmalheureusement pas par de véritables partenariats et de projets réalisés en commun, notamment sur les thématiques eau et herbe. Domaine B : Bonne relation entre éleveurs-alpagistes et le domaine skiable, avec notamment de forts liens informels qui se retranscrivent également par une véritable coopération dans les domaines de l’eau et du sol. Cette relation pourrait être renforcéepar des engagements plus formels qui permettraient de solidifier cette relation par des engagements écrits ou des rdv systématiques. Domaine C : La relation entre le domaine skiable et les éleveurs-alpagistes est assez faible : les acteurs ne se connaissent pas et nepeuvent pas collaborer. Cependant, les idées ne manquent pas pour l’avenir.


PISTES

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MATELAS DE PROTECTION LA SÉCURITÉ DANS L’ŒIL DES CHERCHEURS Une thèse CIFRE est lancée. Domaines Skiables de France vient de faire appel à l’expertise du Laboratoire de Biomécanique Appliquée de Marseille (LBAM) pour conduire des travaux recherche sur les matelas de protection utilisés sur les pistes de ski en recrutant pour une durée de 3 ans Marine Dorsemaine, élève doctorante rattachée au laboratoire. Le travail sera codirigé par Pierre-Jean Arnoux, Catherine Masson (LBAM) et la commission pistes de DSF. Chaque année dans nos stations de ski, des milliers de matelas sont posés sur les pistes de ski pour limiter les conséquences d’une collision d’un skieur contre une structure rigide de type un pylône, enneigeur ou autre. Dans quelles conditions d’impact ces protections sont-elles appropriées pour protéger les skieurs ? Comment évaluer leur efficacité ? Quelles évolutions promouvoir pour mieux protéger les usagers ? Le projet de recherche proposé vise à apporter des éléments de réponses à ces différentes questions. Au-delà de la connaissance indispensable à une meilleure compréhension de la cinétique des collisions contre obstacle, les résultats attendus devront permettre de proposer de nouvelles méthodes d’évaluation de la performance des matelas, et contribuer à formuler des recommandations tant dans l’usage que pour la conception de nouveaux dispositifs.

JURIDIQUE PNEUS NEIGE OBLIGATOIRES EN ZONE DE MONTAGNE ? Après l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande ou encore l’Estonie, c’est au tour de la France de passer à l’action et de rendre obligatoire les pneumatiques hiver, plus communément appelés pneus neige. Sauf conditions particulières et temporaires (passage de cols d’altitude, accès aux stations de ski les jours de fortes précipitations neigeuses…), l’usage des pneus hiver était jusqu’à aujourd’hui facultative en France. Mais cette situation pourrait bien changer sous peu puisqu’une récente directive (article L. 314-1 du Code de la route découlant de la loi montagne II du 28 décembre 2016) envisage de rendre obligatoire la pose de pneus neige sur tous les véhicules circulant en zone de montagne en saison hivernale. Cette mesure sera appliquée au bon vouloir des préfets des départements de montagne Pour que cette obligation d’équiper son véhicule de pneus hiver rentre en vigueur, un décret sera prochainement publié pour une application possible dès l’hiver 2019/2020. 39


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JURIDIQUE

LA DIRECTIVE EUROPÉENNE TRAVEL SUR LE TOURISME SOULÈVE DES QUESTIONS Afin de répondre aux évolutions du marché du tourisme, la directive européenne de 2015 relative aux voyages à forfait et aux prestations de voyage liées s’applique en France depuis le 1er juillet 2018. Ces nouvelles règles européennes ont été transposées en droit interne par une ordonnance du 20 décembre 2017 et un décret du 29 décembre 2017. Le forfait touristique et la prestation de voyage liée, dont le dénominateur commun est la combinaison de services de voyage, sont deux notions distinctes qui sont précisées dans le code du tourisme (articles L.211-1 et suivants).

FORFAIT TOURISTIQUE Les nouvelles règles viennent tout d’abord élargir la définition du forfait touristique. Ainsi, pourront désormais être qualifiés de forfait les services de voyages « achetés auprès de professionnels distincts grâce à des procédures de réservation en ligne liées, lorsque le nom du voyageur, les modalités de paiement et l’adresse électronique sont transmis par le professionnel avec lequel le premier contrat est conclu à un ou plusieurs autres professionnels et lorsqu’un contrat avec ce ou ces derniers est conclu au plus tard vingt-quatre heures après la confirmation de la réservation du premier service de voyage » (article L.211-2 II. A. 2° e du Code du tourisme). La directive renforce l’obligation d’information précontractuelle à la charge du professionnel du tourisme. Un arrêté ministériel du 1er mars 2018 fixe à cet égard un modèle de formulaire d’information pour la vente de voyages et de séjours. Les nouvelles règles en vigueur viennent apporter en outre des précisions sur les modalités de modification (par exemple, en cas de révision du prix), de cession ou encore de résolution du contrat. Les vendeurs de forfaits touristiques sont responsables de plein droit de la bonne exécution des prestations prévues au contrat envers l’acheteur. Cette ordonnance rajoute une responsabilité sur le vendeur de forfaits touristiques, sans pour autant diminuer la responsabilité des autres acteurs (par exemple : l’exploitant de remontée mécanique). 40

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DÉCEMBRE 2018

PRESTATION DE VOYAGE LIÉE La prestation de voyage liée constitue, elle, une innovation de la directive européenne de 2015. Elle vise les cas dans lesquels le professionnel vient faciliter la combinaison de services de voyage. Il s’agit par exemple des ventes croisées sur internet au cours desquelles, à l’occasion de la vente d’un produit ou service, il est proposé à l’acheteur des produits ou services complémentaires délivrés par un autre professionnel. L’acheteur doit, dans ce cas, être informé au préalable, via un formulaire prévu par arrêté ministériel, qu’il ne bénéficiera pas de la protection offerte par le forfait touristique, dès lors que chaque professionnel est responsable de la bonne exécution du service qu’il a vendu.

DES INTERROGATIONS EN SUSPENS Cette directive a soulevé des questions, en particulier sur le tourisme social et les colonies de vacances. Dans ce cas, il a été obtenu que les accueils collectifs de mineurs à caractère éducatif (colonies de vacances, classes de découvertes, camps scouts…) n’entrent pas dans le champ d’application de la directive européenne « Travel ». Concernant notre branche, Joël Giraud a récemment posé une question à l’Assemblée Nationale au sujet des hôteliers/commerçants qui vendent des forfaits de ski. Cette question publiée au JO le : 02/10/2018 reste en attente de réponse du ministère. En s’adressant au Premier Ministre, Joël Giraud « souhaiterait savoir si un hôtelier, et plus généralement n’importe quel hébergeur ou commerçant, qui vend des forfaits de ski sur place plus de 24 heures après la réservation et le paiement des arrhes des nuitées, via une facturation et un paiement séparés des nuitées, est soumis au régime de la prestation de voyage liée, du forfait touristique ou aucun des deux. Il est précisé que ces forfaits sont des titres de transport par remontées mécaniques délivrés par l’hôtelier au moyen d’un équipement mis à sa disposition par l’opérateur du domaine skiable (extranet et cartes magnétiques) via contrat séparé et achat de volumes en amont ou versement mensuel en fonction des ventes réalisées, que le client final peut opter ou non pour cet achat qui lui est présenté en dehors d’un forfait tout compris et que le paiement du client est versé sur le compte de l’hébergeur. Selon le cas retenu, les contraintes légales et réglementaires pesant sur l’hébergeur ne sont pas les mêmes. Il souhaiterait connaître ses intentions sur cette question. »

Joël Giraud, député des Hautes Alpes, au Congrès de Beaune octobre 2017.

MODIFICATION DE PROJET INITIAL SUR UN TÉLÉSKI : RECOURS DES VOISINS REJETÉS Jurisprudence : un exploitant a obtenu une autorisation d’exécution des travaux pour la réalisation d’un téléski, puis, quelques mois plus tard, une autorisation portant modification de cet ouvrage. Des voisins du projet ont saisi le juge administratif pour faire annuler cette autorisation modificative. Selon les requérants, le projet devait faire l’objet d’un nouveau permis. La cour rappelle que les modifications qui sont sans incidence sur la conception générale du projet initial ne nécessitent pas d’autorisation distincte mais une simple modification de l’autorisation initiale. Le recours des voisins a donc été rejeté.

En savoir plus : http://master-droit-montagne.fr/ rm-autorisation-modificative/ 41


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[AUTOUR DE NOUS ] ÉRIC BRÈCHE, le nouveau président des « pulls rouges » Élu Président du Syndicat National des Moniteurs du Ski Français (SNMSF) en mai dernier, Éric Brèche entend diriger les 17 000 moniteurs du ski français en les guidant vers l’excellence de l’enseignement et en les accompagnant pour aborder le virage numérique avec professionnalisme.

Membre de l’équipe de France de saut à ski (1980-1989), directeur d’école de ski et moniteur à Courchevel en Savoie, ce passionné entend ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire du syndicat. Il a, au cours de ses engagements précédents, acquis une grande expérience notamment en tant que directeur de l’ESF de Courchevel 1550, vice-président de l’OT et conseiller municipal de St-Bon ainsi que de par ses mandats au sein du SNMSF, de la FFS et du Cluster Montagne. Au sein du SNMSF, Éric Brèche a notamment agi en faveur du développement des stratégies digitales et de la vente en ligne dès 2001. Vous avez été élu à près de 70 % des voix. Sur quel programme ? Je me suis déplacé dans tous les massifs français et j’ai écouté ce que les moniteurs et les écoles de ski avaient à dire, quelles étaient leurs attentes, ce qui m’a amené à fonder mon action autour de quatre points essentiels : m Poursuivre la défense du diplôme et du métier, qui reste au cœur de mes préoccupations. m Organiser et renforcer l’aide du syndicat national en direction des écoles de ski dans leur gestion quotidienne, par la création d’une véritable « boîte à outils », regroupement de services d’ordre juridiques, fiscaux et sociaux. m Construire une plus grande proximité avec les ESF, garante de notre unité dans les valeurs qui font notre force et affirmer encore et toujours la place des ESF au cœur des territoires. 42

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m Assurer et développer la notoriété en nous

basant sur une véritable approche marketing des enjeux qu’une marque connue et reconnue mondialement se doit d’appréhender aujourd’hui, en prenant mieux en compte les modes de consommation et attentes des clientèles françaises et étrangères. En outre, fort du bilan de la vente en ligne, je porte un regard tout particulier sur la facilitation du parcours client et Mon Séjour En Montagne constitue selon moi un axe de développement stratégique pour la montagne en général. Voilà les quatre axes autour desquels je me suis attaché à travailler dès mon élection, entouré des élus du Comité Directeur qui portent ce programme avec moi.


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Votre prédécesseur, Gilles Chabert, a dirigé le Syndicat pendant 24 ans. Un mot sur les avancées significatives de cette longue période ? Gilles Chabert a toujours fait de la défense de la profession et du diplôme le leitmotiv de ses années de présidence. On peut retenir également à son actif la défense de la pluriactivité et du statut de travailleur indépendant des moniteurs de ski, la dérogation obtenue en 2000 devant la Commission Européenne, et les travaux menés à Bruxelles en faveur de la libre circulation et la création d’une carte européenne de moniteur de ski professionnel que nous espérons voir aboutir prochainement (voir ci-dessous). Citons également la mobilisation des Écoles du Ski Français et l’engagement de Gilles Chabert en faveur de la Fédération Française de ski alors que celle-ci traversait une période difficile. Le SNMSF et les Écoles du Ski Français n’ont pas cessé leur soutien depuis lors et représentent aujourd’hui le premier partenaire de la FFS. Gilles Chabert a enfin défendu le sujet majeur de la construction générationnelle au sein de la profession, question porteuse d’enjeux particulièrement importants pour les moniteurs et la pérennité des écoles de ski. Quelles sont les attentes actuelles des moniteurs et les défis de la profession ? La question d’un aménagement des cotisations sociales obligatoires est un des sujets phares sur lequel travaille le SNMSF. En effet, la hausse de ces charges, notamment de la cotisation liée au régime de base d’assurance vieillesse, impacte de façon importante les moniteurs travaillant occasionnellement au sein des écoles de ski durant l’hiver. La conclusion des négociations à Bruxelles sur la libre circulation des moniteurs de ski professionnels est également un dossier que le syndicat national espère voir enfin aboutir avec la promulgation d’un acte délégué, qui couronnerait les travaux menés depuis de nombreuses années auprès de la Commission Européenne.

Un des sujets majeurs de notre économie est celui du renouvellement de la clientèle. Comment abordez-vous cette question ? Il s’agit d’une question très importante que nous abordons selon deux axes. Organiser une offre différente en direction de la clientèle adulte, offre qui se construit sur l’expérience et le plaisir et se détache de l’apprentissage et la progression, deux notions qui ne font plus partie aujourd’hui des attentes de la clientèle en vacances. Cet axe s’appuie sur des offres proposées sont la bannière « ESF Autrement », et font l’objet d’un gros travail de réflexion et de mise en œuvre au sein des ESF. Le deuxième axe n’est pas nouveau mais plus que jamais d’actualité : le syndicat national poursuit son action de mobilisation des acteurs de la montagne dans son ensemble afin de bâtir une offre viable et attractive autour des classes de découverte. Vous avez rencontré récemment Roxana Maracineanu la nouvelle ministre des sports. Quels sont les dossiers « sur la table » ? Précisément, ce sujet des classes de découverte, qui est piloté au plus haut niveau par le gouvernement et la Ministre des sports dans un objectif d’élargissement de la pratique du ski et ce dès le plus jeune âge. J’ai pu également exposer l’engagement de la profession en direction de la Fédération Française de Ski en faveur du développement de la pratique du ski et du haut niveau. De façon plus générale, le syndicat national garde un œil attentif sur la future gouvernance du Ministère des sports et du Diplôme d’État, qui pourraient être impactés par une volonté de déréglementation des professions. Toutefois, la filière Montagne, en raison du caractère spécifique du milieu dans lequel nous évoluons, devrait être préservée, pour des raisons évidentes de sécurité des pratiquants. 43


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Avec le suspens Brexit, quelles sont les questions qui se posent à la profession ? La clientèle britannique est un marché très important pour les Écoles du Ski Français. Le Brexit est porteur d’enjeux cruciaux et le syndicat national suit très attentivement ce dossier. Nous attendons de connaître les intentions du gouvernement français notamment en matière d’accords bilatéraux, d’autant plus qu’il semblerait que nos voisins autrichiens aient déjà avancé afin de préserver leur part de marché, voire l’augmenter. Quelles sont les grandes lignes de la coopération entre DSF et le SNMSF ? Nos deux institutions ont tissé des relations de longue date et travaillent de concert notamment sur le sujet majeur de la sécurité sur les domaines skiables. De façon générale, le SNMSF soutient systématiquement les initiatives de DSF en la matière, qu’il relaie tant auprès des directeurs des Écoles du Ski Français qu’en direction du grand public via nos réseaux sociaux. Par exemple les épisodes de Skizzz ont été très régulièrement annoncés et promus. DSF et le SNMSF sont deux des membres fondateurs de France Montagnes (NDLR : le 3e est l’ANMSM). À ce titre, nous partageons et défendons d’une même voix les attentes en matière de promotion de la montagne française.

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SKI La saison est lancée La Fédération Française de Ski a officiellement lancé la saison d’hiver, le 8 octobre dernier, en présentant, à Paris, les Équipes de France de Ski et Snowboard, en compagnie des partenaires de la FFS dont Domaines Skiables de France. Michel Vion, Président de la FFS, les chefs des Équipes, ainsi que l’ensemble des athlètes des Équipes de France sont, tour à tour, montés sur la scène du Pavillon Gabriel devant plus de 400 invités dont près de 150 journalistes. La Ministre des Sports, Roxana Maracineanu était présente et a affirmé son soutien auprès de la Fédération Française de Ski.

Domaines Skiables de France s’est également rapproché de la FFS et du SNMSF pour établir un guide pratique de la mise à disposition temporaire ou permanente des stades d’entraînement. Michel Vion, Président de la FFS, accompagné de la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, d’Éric Brèche (Président du SNMSF) et d’Alexandre Maulin (Président de DSF) © Agence Zoom 44

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LES DOMAINES SKIABLES DE SAVOIE renouvellent leur soutien au Comité de Ski de Savoie Le 16 novembre dernier, les représentants des 35 sociétés de remontées mécaniques des domaines skiables de Savoie étaient rassemblés à Chambéry pour remettre un chèque de 3,7 M€ au Comité de Ski de Savoie, le plus important comité de la Fédération Française de Ski (FFS).

En cette année olympique où les athlètes français savoyards ont remporté une belle moisson de médailles, le soutien des domaines skiables savoyards bat un nouveau record avec un montant de 3,7 millions d’euros pour 2018, soit une progression de 12 % en 2 ans (+ 400 000 euros). Il se compose de 2,525 millions d’euros provenant de la vente de l’assurance Carré Neige et de 1,175 million d’euros au titre du mécénat. Olivier Simonin, directeur général de Val d’Isère Téléphériques et représentant des exploitants savoyards au sein du comité souligne « Cette saison très enneigée a vu une progression significative à +4 % des ventes d’assurances Carré Neige, dans un contexte de stabilité de fréquentation des domaines savoyards lié à une météo peu ensoleillée. Un nouveau record avec plus de 3,3 millions de journées Carré Neige vendues l’hiver passé. Cette augmentation de parts

de marché de l’assurance Carré Neige témoigne de la pertinence et de la robustesse du dispositif mis en place pour soutenir le Comité de Savoie. Pour répondre au succès du Carré Neige, un nouveau produit baptisé Carré Neige Saison sera déployé sur tous les sites savoyards dès cet hiver. » Les domaines skiables, supports de la compétition En plus des 3,7 M€, les domaines skiables savoyards apportent une aide technique et logistique au Comité et aux clubs pour la préparation et l’organisation de l’entraînement et des compétitions, pour un montant estimé à plus de 3M€. David Ponson, Président de DSF Savoie : « Nous sommes fiers de soutenir l’action du Comité de Ski de Savoie pour la promotion de la pratique du ski loisirs et la détection des jeunes talents dans les clubs pour les entraîner vers le haut niveau en ski alpin, ski nordique, ski freestyle, snowboard et télémark. Les membres de DSF Savoie sont mobilisés tout au long de l’année pour soutenir la pratique du ski. Notre action est aussi tournée vers l’avenir avec notamment les championnats du monde de ski alpin 2023 en Savoie à Courchevel et Méribel. » 45


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ANNIE GENEVARD, nouvelle présidente de l’ANEM Au cours du 34e Congrès de l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM), Annie GENEVARD, députée du Doubs, a été élue à la présidence. Jeanine DUBIÉ, députée des Hautes-Pyrénées, devient secrétaire générale.

Pendant ce Congrès, le gouvernement et les parlementaires de la majorité ont reçu les nombreuses questions des élus des territoires sur la prise en compte de la spécificité montagne dans les politiques publiques. Le nouveau ministre en charge des collectivités territoriales, Sébastien LECORNU, a tenu à affirmer l’intérêt manifesté par le gouvernement pour que la montagne et sa nouvelle gouvernance aillent de l’avant. Il a notamment annoncé que l’ANEM serait intégrée

Au centre, Annie Genevard, la nouvelle présidente de l’ANEM, entourée de Marie-Noëlle Battistel, l’ancienne présidente à gauche, et Jeanine Dubié, secrétaire générale, à droite.

au sein de la conférence nationale des territoires. La République en Marche devrait également intégrer la gouvernance de l’ANEM. L’une des motions votées à l’ANEM concerne les finances des collectivités locales et alerte sur le risque de suppression du Gazole Non Routier par le Projet de loi de Finances 2019 (un sujet sur lequel Domaines Skiables de France s’est battu aux côtés des élus, car damage et déneigement sont tous deux concernés).

Michel Frison-Roche Le 19 octobre 2018, nous avons appris avec tristesse la disparition brutale de Michel Frison-Roche, Directeur de la Régie des Saisies depuis 2005. Cet homme de projet, doté d’un grand professionnalisme a fait avancer la station des Saisies vers ce qu’elle est aujourd’hui. Comme il le rappelait souvent, « la réussite ne peut être que collective ». L’hommage qui lui a été rendu aux Saisies le 24 octobre en est la preuve. Toute la profession mais aussi ses équipes, les élus, ses amis du Beaufortain et d’ailleurs étaient présents pour entourer sa famille. Domaines Skiables de France s’associe à tous les exploitants pour leur présenter ses plus sincères condoléances.

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[AGENDA] Rencontres Climat Météo Montagne Les 14 et 15 décembre 2018 Aux Ménuires Les Menuires ont ouvert la saison en accueillant la 14e édition des Rencontres Climat Météo Montagne les 14 et 15 décembre 2018. Ce rendez-vous rassemble le monde de l’information météo et celui de la montagne. L’impact de la météo et des évolutions climatiques sur les territoires de montagne et le fonctionnement des stations de ski n’est plus à démontrer. Pendant 2 jours, journalistes, météorologues, scientifiques de renom, élus, professionnels de la montagne et des domaines skiables ont confronté leurs visions concernant l’influence des changements climatiques sur l’économie en montagne, l’évolution des technologies et les pratiques terrains ainsi que sur les nouveaux outils de communication et l’expérience client dans ce domaine. Parmi les thèmes abordés cette année : l’impact des changements climatiques sur la gestion des domaines skiables, la prévision météo en lien avec la gestion prédictive de la ressource en eau en montagne, la sécurité routière en montagne ou comment anticiper les aléas climatiques, notamment lors des grands chassés-croisés sur les routes d’accès en station et enfin, la qualité de l’air dans les vallées et en montagne. Les rencontres climat météo montagne sont organisées par l’ANMSM en partenariat avec de nombreux organismes professionnels.

www.rencontres-meteo-montagne.com Projet PROSNOW Les premiers résultats du projet PROSNOW visant à développer un outil d’aide à la décision pour permettre aux exploitants de domaines skiables de mieux gérer leur stock de neige au cours de la saison ont été dévoilés au cours de ces rencontres. Lancé en septembre 2017, le projet s’achèvera en 2020.

Salons Alpipro et Digital Montagne 25 et 26 avril 2019 - Chambéry Incontournable pour le monde de la montagne, le salon Alpipro et les assises qui se tiennent en parallèle donnent l’occasion aux visiteurs de découvrir les dernières innovations en matière d’aménagement des domaines skiables. Digital Montagne permet aux stations de rencontrer les professionnels du digital et d’échanger autour de nouvelles offres technologiques et de services.

www.alpipro.com www.digitalmontagne.com 47


ÉQUIPE PROFESSIONNELLE DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL Laurent Reynaud CHARGÉS DE MISSION Social-Formation : Pierre-Yves Manfredi Pistes : Serge Riveill Juridique et Fiscal : Claire Smaniotto Julie-Anne Zecchinon Remontées Mécaniques - QSE : Robert Tardieu Julie Arnaud ÉQUIPE SECRÉTARIAT Coordination : Martine Dumas Agnès Darbon Solange Durand Barbara Ridel PÔLE EXAMENS - FORMATION Responsable : Laurent Battier Delphine Besson Fanny Zimberlin Fabienne Rozier Chrystèle SERRA

www.domaines-skiables.fr

PRÉSIDENT Alexandre Maulin, SAS Maulin.ski LES COMMISSIONS ET LES PRÉSIDENTS Pistes et Environnement : Thomas Faucheur, Avoriaz Social-Formation : Anne Marty, Altiservice Communication et Économie : Yves Dimier, SEM Val Cenis Remontées Mécaniques : Yann Carrel, Alpe d’Huez Juridique et Fiscal : Blandine Tridon, Labellemontagne Santé et Sécurité au Travail : Antoine Bellet, La Rosière LES SECTIONS ET LES PRÉSIDENTS Haute-Savoie : Alexandre Merlin, STBMA Saint-Gervais Pyrénées : Akim Boufaid, Altiservice Saint-Lary Savoie : David Ponson, Groupe Compagnie des Alpes Massif Central : Patrick DEAT, SAEM du Mont Dore Vosges : Jean-Yves Remy, Groupe Labellemontagne Management Jura : Philippe de Rosa, Syndicat Mixte des Monts Jura Alpes du Sud : Alexandre Goyet, Syndicat Mixte du Queyras Isère-Drôme : Didier Beuque, SEVLC de Villard de Lans - Corrençon

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LE MAG

de Domaines Skiables de France


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