avril, mai, juin 2014
N° 154
FONCABA
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Formation de cadres africains Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles (Belgique) - Tél: 02/2010383 Fax: 02/2051739 e-mail: info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be
Karibu congo: VERS DES ELECTIONS LOCALES CORRECTES BURUNDI : VERS DES ELECTIONS PAISIBLES Bureau de dépôt Gent X - P602401 2e trimestre 2014
contenu 4 CONGO: L’ETAT DE DROIT, UN REVE POSSIBLE Lors des élections de 2006, les Congolais s’étaient mis à croire que leur rêve d’un Etat de droit allait enfin se réaliser. Malheureusement, ce rêve s’est vite envolé avec les fraudes massives lors des votes de 2011. Est-ce que la population, avec les élections locales prévues, va voir son rêve se réaliser ? 14 CONGO: LES ELECTIONS LOCALES: UN TABOU? La décentralisation prévue par la Constitution ne peut prendre forme qu’avec les élections locales. Celles-ci ont été réclamées depuis toujours, aussi bien par certains acteurs politiques que par la société civile, et sont attendues depuis longtemps par la population. Maintenant elles vont avoir lieu. 20 UN LEGS POUR LA FONCABA Votre engagement pour l’Afrique continue après vous. 22 BURUNDI: EN FAVEUR DES ELECTIONS APAISEES ! En perspective des élections de 2015, les esprits commencent à s’échauffer. La population commence à s’inquiéter du jeu actuel des différents protagonistes. Des lueurs d’espoir sont là, mais il y a de grandes inquiétudes. Des élections transparentes et paisibles doivent éviter une recrudescence de la violence. 28 DROIT A L’ALIMENTATION: LE RETOUR EN FORCE DU SORGHO Le Sorgho est une plante africaine d’origine éthiopienne. La teneur en protéines est presque comparable à celle du maïs et du blé. Il contient aussi des vitamines B, des sels minéraux et des huiles. Il est important dans l’alimentation humaine. 30 FONCABA – COMPTE DES RESULTATS 2013
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editorial Le 25 mai, nous sommes allés aux urnes. En toute liberté, nous avons pu faire le choix pour un parti et/ou une personne à qui nous faisons confiance. Les élections font partie d’une gestion démocratique de la société. Mais la campagne électorale ne nous a pas rendu le choix facile. Que de débats, de discours, d’articles, d’émissions, de pancartes, de feuilles volantes. Comme le disait Valérie Péronnet « … si bien que, parfois, noyés sous des flots de possibilités, nous n’arrivons plus à savoir ce qui est bon ou pas pour nous. » Tous les partis ont promis monts et merveilles, plus de prospérité, plus d’aisance. Aucun ne nous a proposé une alternative, un projet de société où tous ensemble, nous choisissons pour une autre manière de vivre : une vie moins individualiste mais davantage communautaire, une vie plus simple et moins consommatrice, une vie plus solidaire, ici au Nord, mais aussi avec nos frères et sœurs du Sud. Le Burundi aussi se prépare aux élections en 2015. Tous les partis politiques ont décidé de participer à ces élections qui se veulent paisibles et transparentes. Ce pari n’est pas encore gagné. Il y a des discussions sur la possibilité ou non d’un nouveau mandat pour le président actuel, il semble qu’il y ait des manipulations de groupes de jeunes liés à des partis politiques, il y aurait de l’intolérance politique. De là l’importance du dialogue pour éviter la recrudescence de la violence. Au Congo par ailleurs, la Commission électorale (CENI) va entamer l’actualisation du fichier électoral et a fait le choix de commencer par l’organisation des élections locales. La population attend impatiemment de pouvoir choisir ses leaders à la base. Les partenaires de la FONCABA s’investissent à préparer et à accompagner la population dans cette démarche démocratique et à former des observateurs permanents. Chers amis, vous avez fait le choix judicieux d’une société solidaire en appuyant la FONCABA pour lui donner la possibilité de réaliser ses projets en Afrique. Nous vous remercions sincèrement de ce choix solidaire. Luc Bonte Président
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CONGO L’Etat de droit, un rêve possible Depuis 2013, la classe politique de la RD Congo s’agite en contradiction avec les promesses électorales de 2006 au sujet de la démocratie, la paix et la bonne gouvernance. Lors des élections de 2006, les Congolais s’étaient mis à croire que leur rêve d’un Etat de droit allait enfin se réaliser. Ils espéraient voir émerger une nouvelle culture politique basée sur le respect de la Constitution, l’alternance et la consolidation de la démocratie. Ils s’attendaient à ce que le respect des droits humains et la bonne gouvernance soient une réalité quotidienne. Depuis lors, le désordre règne à tous les niveaux de la vie sociale. On a l’impression que le pays Bagenda Balagizi, secrétaire général du CAB navigue sans capitaine ni boussole. La confusion entretenue par ceux-là même qui devraient rassurer le peuple confirme le manque d’un leadership avisé. Malgré les retards constatés dans la mise en marche d’une société démocratique, Bagenda Balagizi, Secrétaire général du Comité Anti-Bwaki (CAB) partenaire de la FONCABA à Bukavu, perçoit des prémices de quelques signaux. Il témoigne de sa croyance dans l’action citoyenne de la société civile à la base, comme garantie de l’équilibre de l’exercice du pouvoir.
Le discours sur l’éventualité d’une nouvelle modification de la Constitution constitue une réelle menace et des peaux de banane sciemment jetés sur le chemin vers la démocratie. C’est une épine que la classe politique s’acharne à planter et qui préfigure des violences insidieusement préparées et qui pourraient alimenter de nouveaux affrontements si elles ne sont pas très vite arrêtées. Les Concertations politiques organisées avec pompes en 4
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septembre 2013, ont accouché d’une souris. Elles ont juste été une nouvelle occasion de dilapider des fonds publics et de faire des promesses vaines pour détourner l’attention du peuple de leurs vrais problèmes et de leurs réelles attentes. Près de huit mois après les recommandations, les ‘’mesures imminentes’’ annoncées se font toujours attendre. Entre temps, les institutions ont été plongées dans une espèce de veille dans l’attente
d’un hypothétique gouvernement de ‘cohésion nationale’.
Pour une CENI indépendante Aujourd’hui, plus qu’avant, les Congolais veulent des élections réellement démocratiques et libres dans un processus transparent depuis l’enrôlement des électeurs jusqu’au dépouillement des résultats de vote, y compris le scanning général et sans complaisance du fichier électoral. La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) devrait rassurer tout le monde, y compris la société civile à la base. On a l’impression que les responsables de la CENI ne veulent pas tirer les leçons des élections de 2006 et de 2011 pour éviter au pays les violences post-électorales de 2006-2007 et le désordre de novembre 2011. Ses prises de position sont perçues comme partiales. Elles dénoteraient d’un manque d’indépendance qui est sans cesse dénoncé par l’opposition et la société civile. La CENI va être davantage contestée, et l’image de son bureau davantage ternie si cette institution n’est pas réellement indépendante et neutre. Plus que jamais, les Congolais tiennent à la Constitution et ne veulent, en aucun cas, d’une quelconque modification qui serait faite dans le cadre des manœuvres pour prolonger ou accorder le mandat à quelqu’un, à un groupe, d’une manière cavalière, frauduleuse. Les gesticulations en faveur ou contre la modification de la Constitution qui émanent de la Majorité au pouvoir et de l’opposition devraient être arrêtées une fois pour toutes par les hautes autorités politiques et judiciaires de la République dans le cadre d’une déclaration et d’un engagement à ne pas toucher à la Constitution et à poursuivre toute personne qui verserait encore dans des déclarations contraires et provocatrices.
Abbé Malumalu, président de la CENI
A Bukavu, la manière dont Vital Kamerhe, Président de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise) et les militants de ce parti politique ont été dispersés au mois de février dernier préfigure du climat d’intolérance et de violence qui risque de caractériser les élections de 2016. L’intolérance et le refus de l’alternance motivent ceux qui tiennent au pouvoir qu’ils occupent. Cela les amène à perpétuer la répression aveugle, à refuser la contradiction et à
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La CENI devrait rassurer tout le
monde
entretenir des cours des courtisans qui, malheureusement, ne font que les enfoncer dans l’arbitraire. La loi sur l’amnistie a été promulguée, et son exécution est déjà en cours avec l’amnistie accordée à plus d’une centaine de cadres et officiers du M23. Cette amnistie laisse un goût amer auprès du FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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peuple congolais qui assiste encore pour la énième fois à la pratique de récompenser les criminels, d’honorer ceux qui prennent les armes contre leur propre pays, qui généralisent les viols et qui massacrent leurs concitoyens.
Le fléau de la corruption et de l’impunité Au Sud-Kivu, comme ailleurs, le bien-être de la population ne fait plus partie des priorités de la part de ceux qui avaient, pourtant, juré de prendre les mandats publics pour l’unique intérêt du peuple. Des Congolais violentés et chassés des pays voisins sans que l’on sente, de la part des politiques congolais au pouvoir, la réaction appropriée telle que recommandée par les dispositions internationales et comme cela se passe dans d’autres pays. Par ailleurs, on assiste aussi aux pires humiliations affligées à ceux qui doivent emprunter des routes du pays voisin pour joindre une autre ville congolaise (cas de Bukavu à Uvira, via le Rwanda). La fierté
Dans certains villages, la peur des bandes armées persiste 6
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Le Congo a besoin de leaders politiques avisés et non corrompus nationale a cédé la place à la perte de la dignité et au défaitisme. On ne sent pas les dirigeants s’interroger sur les vraies raisons qui amènent leurs concitoyens à s’exiler, ni s’offusquer du ridicule qu’il y a à continuer à dépendre des infrastructures des autres, contre paiements et brimades, parce qu’incapables d’asphalter un petit tronçon de 51 km de route nationale (Bukavu-Kamanyola). Malheureusement, les exemples se comptent par centaines, et ce n’est pas seulement au niveau des routes! Dans les villages et en ville, la criminalité persiste. Les enquêtes d’identification des criminels aboutissent rarement ou presque jamais. La fin des rébellions et les multiples opérations de brassage des troupes n’ont pas été suivies du brassage des arsenaux militaires. Avec la défaite du M23, on a assisté à une série de redditions des milices et des bandes armées dans les territoires des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et Orientale ;
malheureusement, on n’a jamais pu identifier les différents arsenaux de ces milices, ni les chiffres exacts des hommes qui les composent. Par ailleurs, malgré les redditions, des zones entières demeurent sous le contrôle de criminels qui y perpétuent l’insécurité et la violence. Aujourd’hui, plus que hier, les tracasseries administratives et la corruption sont devenues des pratiques courantes, généralisées ; on ne s’en cache plus. La généralisation des taxes illégales et les ponctions multiples des services publics relèvent du fonctionnement normal. Les soldats et d’autres coupeurs de route érigent des barrières multiples pour ce faire. On a l’impression que les barrières érigées sur les routes par les militaires et des agents de divers autres services, y compris les positions des policiers de circulation routière, rentrent désormais dans une politique délibérée de ponctions et de récolte d’argent pour l’enrichisse-
ment des hiérarchies et pour s’assurer que les hommes de troupe et les fonctionnaires ne revendiquent plus jamais, parce qu’encouragés à user de leurs armes et uniformes pour se servir sur les populations civiles.
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Cette amnistie laisse un goût amer auprès du peuple congolais
A l’est du pays, les bateaux sur les lacs Kivu et Tanganyika viennent de sortir de deux semaines de grève à cause d’une taxe supplémentaire, en plus de plus de cinquante autres taxes que les armateurs ne savent plus expliquer. Sur des marchés, au niveau des fron-
Quand le bien-être de la population fera-t-il partie des priorités de la part de ceux qui aux élections promettent monts et merveilles ? FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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Soldats, policiers et autres services administratifs érigent des barrières sur les routes pour se faire de l’argent tières et partout où s’organise une activité économique, des dizaines de services taxent le même produit ou service, chacun à sa guise. On a l’impression de vivre dans une espèce de jungle où chacun crée sa taxe et l’applique à qui il veut, quand il veut.
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En R.D. Congo, la notion de responsabilité n’existe pas
Des accidents avec pertes en vies humaines se multiplient sur les routes, au niveau des rails, sur les lacs et cours d’eau et au niveau du transport aérien. Au Kivu, le canot rapide du Gouvernement provincial du Nord-Kivu vient de couler au début de mai, faisant plus de 20 victimes; ce canot rapide était très mal entretenu et toujours surchargé; et il n’est pas le seul dans ce cas ! Les cas d’accidents d’avion, avec chaque fois des dizaines de morts, deviennent inquiétants. Car les contrôles, les normes et les sanctions sont bafoués à la faveur de la corruption,
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du clientélisme et de l’incivisme. Ailleurs, ce sont les ministres qui démissionnent parce que le pays ne leur accorde aucune circonstance atténuante, parce que la justice les charge, et parce qu’ils ont la conscience et la dignité ! En R.D. Congo, la notion de responsabilité n’existe pas. Dans divers services, les fonctionnaires alignent des dizaines de mois sans salaire. Certains tentent des grèves qui n’aboutissent pas toujours à des solutions ; d’autres - surtout dans les services générateurs des recettes – n’ont jamais décroché, parce que le système leur permet de se servir, de gagner plus que leurs salaires. Tous ces dysfonctionnements sont la conséquence de l’irresponsabilité des services de régulation des différents secteurs de la vie nationale. Ils sont aussi l’effet criant de la corruption et de l’impunité.
Des petits pas concrets Au cours de deux dernières années, les pouvoirs publics commencent timidement à se manifester par des actions concrètes de reconstruction. Au niveau national, le Gouvernement finance des programmes de construction des écoles et de réhabili-
tation des formations sanitaires dans les provinces. A Bukavu, le Gouvernement provincial réhabilite quelques tronçons routiers ; il s’efforce d’embellir la ville en réhabilitant les voies pour piétons sur l’avenue principale, en plantant des arbres ornementaux et en refaisant l’éclairage public. C’est là la preuve que si on veut, tout est possible ! Les Provinces du Nord et Sud-Kivu connaissent une certaine paix après la défaite du M23, malgré les quelques zones d’insécurité que les forces gouvernementales doivent encore reprendre. Une certaine discipline s’installe lentement au sein de l’armée et de la police, bien que de gros efforts doivent encore être fournis pour assainir ces corps afin d’éviter que l’arme et l’uniforme demeurent des outils de tracasseries, de ponctions et de violation des droits humains. Sur le plan économique, la monnaie connait une stabilité depuis le second semestre de l’année 2013 ; les prix des
denrées de base n’ont pas, non plus, connu de hausse sensible.
Un leadership honnête et socialement engagé pour le futur! A deux reprises, les élections locales et municipales ont été renvoyées. La classe politique s’intéresse plus aux élections présidentielles et législatives alors que les populations dans les Provinces attendent voir se concrétiser les promesses de décentralisation et de bonne gouvernance au niveau local. Cette fois-ci, les élections locales et municipales doivent être organisées avant les présidentielles et les législatives, c’est cela que le peuple exige. Finalement, par un communiqué de presse du 26 mai 2014, la CENI vient de publier le calendrier des élections locales et municipales. Il faut espérer, cette foisci, que ce calendrier sera respecté et qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle stratégie pour calmer le jeu et gagner du temps
A Bukavu, le Gouvernement provincial réhabilite quelques tronçons routiers FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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Elections 2006. Aujourd’hui, la population exige des élections locales et municipales
en prévision d’autres intrigues. Avant ce nouveau calendrier, on a évoqué les opérations de recensement et d’identification des nationaux dont on ne semble plus parler aujourd’hui, car entre temps, des mois se sont écoulés et rien ne semble en train d’être préparé ou en cours à ce sujet. Au Sud-Kivu, on vient d’élire un Vice-Gouverneur, plus de deux ans après la vacance de ce poste. On ne peut comprendre que l’élection d’un vice-gouverneur ait mis tant de temps et que ce processus soit réenclenché, alors que les députés provinciaux, les sénateurs et les gouverneurs ont déjà largement dépassé leur mandat. Personne, même la CENI et le Parlement ne se sont jamais gênés du fait que les députés provinciaux, les sénateurs et les gouvernements provinciaux opèrent déjà dans l’illégalité. S’agissant de cette élection d’un Vice-Gouverneur, 10
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comment un candidat unique peut-il incarner ce vocable d’élection et rassurer quant à la « transparence des urnes »
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Le Congo a un peuple dynamique et travailleur
et à la liberté démocratique que la CENI a toujours évoqué ? Et finalement, cette élection à l’Assemblée provinciale d’un candidat unique a été tout simplement un non-événement. Pour l’opinion, elle a été une autre occasion de distribuer des récompenses dorées aux députés provinciaux, pour leur fidélité. Les mois qui viennent font craindre les pires scénarii. La haute autorité politique
Un projet de Juste Cause Congo (JCC) à Bukavu, en collaboration avec la FONCABA Renforcement des capacités de revendication des populations pour la décentralisation et la bonne gouvernance au Sud-Kivu (RDC 2014/15 - 2016/17) JCC est une organisation locale d’éducation à la base, opérationnelle au Sud-Kivu depuis l’année 1998. Elle accompagne les Groupes de base et les activistes locaux (Comités de développement, Groupements féminins, Syndicats paysans, noyaux de la société civile, associations des producteurs) dans 550 villages et quartiers périphériques de la ville de Bukavu. JCC souhaite que la population soit bien informée et conscientisée sur la situation qui prévaut dans la région. Elle doit connaître ses droits et apprendre à les défendre pour ensuite prendre ses responsabilités. JCC va vulgariser les lois pour que les gens du milieu rural puissent rencontrer les autorités locales pour revendiquer l’application des lois. Comme ils doivent payer des taxes, JCC, à travers ses groupes de base, pousse les gens à demander aux autorités à participer à la gestion des budgets et des biens publics. Le projet se propose de promouvoir les capacités d’analyse, d’actions citoyennes et de participation pour 800 activistes et leaders locaux, membres de 22 Groupes de base. Ainsi ils pourront revendiquer la décentralisation et la bonne gouvernance au Sud-Kivu. Il s’agit d’outiller la population, dans les groupes de base, à travers les formations, la publication et la distribution des messages éducatifs au moyen des bandes dessinées et la diffusion des informations alternatives sur le processus socio-politique et économique ainsi que sur la gouvernance au niveau local. Vous pouvez appuyer ce projet en utilisant le bulletin de virement que vous trouvez dans ce KARIBU.
En revendiquant la bonne gouvernance, la FONCABA, ensemble avec son partenaire,travaille à la transformation communautaire. FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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La société civile doit jouer au gardien de la démocratie et de la bonne gouvernance
a un grand rôle à jouer, et très rapidement, pour calmer les esprits et faire taire toutes les sirènes qui, en son nom, manigancent de piétiner ou de modifier la Constitution. L’opinion doit être rassurée que les prochaines élections se déroulent normalement, et que la Constitution soit respectée. Il est capital que l’alternance s’opère en toute transparence, d’une manière responsable et élégante. Autrement, la voie de la contestation, des affrontements et d’un nouveau désordre trouvera un terrain bien fertile, le décor étant déjà en train de se mettre en place. L’avenir se trouve dans l’avènement d’un leadership politique avisé, dans l’effectivité de la décentralisation et de l’Etat de droit. Il est temps que la RD Congo cesse d’être un pays atypique car il a un peuple dynamique et travailleur. Le pays doit être débarrassé de l’opportunisme, de la médiocrité, du fanatisme politique, de l’intolérance, de la corruption et de l’impunité, afin d’aller de l’avant et progresser 12
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comme les autres pays du monde. L’avenir passe aussi par la rénovation des services publics et de la justice. Au niveau de la justice, l’avènement de jeunes magistrats actuellement nommés partout dans les Provinces est un atout, à la condition que ces derniers ne suivent pas l’exemple de leurs aînés et qu’ils réhabilitent l’image de la justice plutôt que de sombrer dans la corruption et le monnayage des causes. D’importants progrès sont observables au niveau des services publics, grâce aux formations dispensées par divers partenaires internes et externes. Cependant, ces progrès ne sauront tenir que dans la mesure où l’impunité est bannie et où la sanction devient la règle pour redresser des mœurs et des pratiques abjectes qui ont amené le pays à la dérive.
La formation d’observateurs permanents est nécessaire
La Société civile, un contre pouvoir de bonne gouvernance
rôle d’une réelle transformation communautaire durable à la base.
La Société civile doit retrouver son rôle de contre-pouvoir afin d’assurer la surveillance de la démocratie et de la bonne gouvernance. La société civile congolaise est engagée dans des actions de plaidoyer et de dénonciation de toutes les dérives politiques, d’éducation citoyenne, de développement durable et de défense des intérêts des populations face aux politiques et aux acteurs socio-économiques véreux. Mais la société civile ne pourra mieux jouer son rôle que si ses acteurs mettent fin aux petites luttes de positionnement qui les amènent à multiplier des tendances, à se perdre dans des ailes plutôt opportunistes, et à fréquenter les couloirs honteux du pouvoir et de l’avoir au détriment des idéaux que les uns et les autres clament haut pendant la journée. La société civile doit s’efforcer à jouer un
Bagenda Balagizi, Bukavu, 27 mai 2014
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CONGO Les élections locales: un tabou? La lecture des cycles électoraux de 2006 et 2011 révèle que le premier cycle a organisé 5 scrutins électoraux sur les 11 prévus dans l’architecture institutionnelle de la République Démocratique du Congo tandis que le second n’a organisé que deux scrutins. Dans les deux cas les élections locales ont été renvoyées aux calendes grecques. Cependant, le vase a débordé lorsque la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) a présenté son projet de feuille de route, en priorisant les élec- Paul Kabeya, secrétaire permanent de tions urbaines, municipales et locales. RODHECIC Paul Kabeya Mukenge, secrétaire permanent de RODHECIC (Réseau d’Organisations des Droits Humains et d’Education Civique d’Inspiration Chrétienne) insiste sur le fait que la décentralisation prévue par la Constitution ne peut prendre forme qu’avec les élections locales. Les structures locales rapprochent les gouvernants des gouvernés. Ce cadre rend possible la participation des populations aux questions publiques.
La classe politique, du moins une partie, attendait les élections provinciales et les sénatoriales. Les élections locales déferlent alors la chronique et certaines raisons sont avancées pour signer son certificat de décès avant la fin du cycle électoral 2016. Dans la grille des raisons avancées, les élections locales pourraient entre autres raisons faire ombrage aux élections présidentielles de 2016 et ouvrir la brèche au Président en exercice pour rallonger son mandat au-delà du délai constitutionnel. C’est dans cette optique que certains acteurs politiques ont émis le vœu de voir le Chef de l’Etat déclarer solennellement son re14
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fus de succéder à sa propre succession. Il est alors établi que l’obsession de la personne du Chef de l’Etat serait la clé des agitations actuelles sur l’opportunité ou non d’organiser les élections locales. Pourtant elles ont été réclamées depuis toujours aussi bien par certains acteurs politiques que par la société civile. Hélas aujourd’hui certains acteurs trouvent l’alibi d’un autre report des élections locales programmées en 2015, pour des raisons qui nous semblent politiques et au détriment des intérêts de nos populations.
La population veut avoir voix au chapitre dans la gestion des structures locales Pourquoi les élections locales? Les élections locales sont consacrées dans la Constitution1 de la R.D.Congo dans son article 3 au niveau des entités décentralisées qui sont : la ville, la
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La décentralisation ne peut prendre forme qu’avec les élections locales
commune, le secteur ou la chefferie. De ce fait, la constitution crée la vie politique à la base. Et la décentralisation considérée comme mode de gouvernance en République Démocratique du Congo ne peut prendre forme qu’avec 1 Les provinces et les entités territoriales décentralisées de la République Démocratique du Congo sont dotées de la personnalité juridique et sont gérées par les organes locaux.
les élections locales. Les structures locales rapprochent les gouvernants des gouvernés. Ce cadre ouvre la brèche au débat public, à la participation des populations aux questions publiques étant proches des interlocuteurs qui vivent leurs réalités. Les structures locales seront pourvoyeuses de mobilisation des recettes et des services à rendre aux populations. De ce fait l’eau, l’électricité, la voirie et autres priorités locales seront l’objet de leurs préoccupations et non directement du Président de la république ou des ministres du gouvernement central. A ce titre la population locale ne sera pas étrangère à la gestion de sa communauté et ses structures locales contribueront à la promotion de la démocratie et au développement. De même, les structures locales sont une voie pour consolider l’autorité de l’Etat et la renforcer. La réforme du secteur de sécurité met au centre de son action la population. Elle est le premier FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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Elections 2006. Aujourd’hui, les élections locales doivent avoir lieu agent de la sécurité publique. Ce rôle ne peut bien se jouer que lorsque la population fait confiance au pouvoir qu’elle a promu à travers les élections. Les violations répétées de notre territoire par les forces étrangères sont entre autres les conséquences de l’absence de confiance entre la population et le pouvoir incarné par un parti politique. La société civile s’investit à promouvoir la participation des populations dans les questions publiques. Comment mettre en œuvre le budget participatif dans un contexte où tout relève du pouvoir central ? Ne serait-t-il pas confortable à un analphabète de Lukolela, Kanzala, Luozi (des communes de Bandundu, du Kasayi occidental et du Bas-Congo) d’élire son conseiller de secteur ou communal avant d’élire un député national ou provincial ? Les autorités locales issues des élections ont l’avantage de résider dans leurs entités décentralisées (ville, commune, 16
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secteur ou chefferie) contrairement aux députés nationaux qui, une fois élus, quittent leurs milieux pour s’installer à Kinshasa et ne rentrent que pour les vacances parlementaires si possible. Que dire d’un candidat président de la république et d’un candidat bourgmestre qui promet de répondre aux problèmes sociaux des populations de Mulongwe
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Les élections locales ont été réclamées par tous à Uvira au Sud Kivu ? Qui de ces deux se sentirait plus redevable une fois élu? En outre la population peut porter un jugement sur la capacité de ses dirigeants ou des partis politiques à apporter les réponses à ses problèmes. La popula-
tion a la latitude d’apprécier le type de président de la république à élire, ayant une idée des actions entreprises par les acteurs politiques d’un parti et de ses leaders dans sa ville, commune, secteur ou chefferie. N’est-ce pas là, la logique de réciprocité d’un tel fils, tel père ?
Des élections locales selon la Constitution Le fait de soutenir des élections locales ne signifie pas qu’on voudrait se dérober de la loi fondamentale. Un Etat de droit a pour socle le respect de sa Constitution. La Ceni avait reçu mission d’organiser les élections dans le respect de la Constitution et aller outre cette mission sera inacceptable. Les élections locales ont été réclamées par tous. Un état de lieu peut nous amener à affirmer que ni les acteurs politiques au pouvoir ni ceux de l’opposition n’ont un projet de société centré à la
base. La République Démocratique du Congo a plus de 450 partis politiques. Combien de partis politiques sont implantés dans les coins et recoins de la République ? Trois ou huit ans après les élections de 2006 et 2011, qu’estce qui expliquerait l’absence d’un bon nombre de partis politiques à la base ? Sur quoi se fondent leurs projets de société ? Une analyse d’un journal indépendant, Journal Millénaire en ligne, a affirmé : « Après les élections de 2006, l’activisme des partis politiques était en veilleuse à l’Est de la RDC. Les bureaux des partis politiques pouvaient se compter aux bouts des doigts d’une seule main dans certaines villes. Plus on s’approche des élections de novembre 2011, l’on assiste à une sorte de prolifération des partis politiques. Des formations politiques rivalisent dans l’implantation de leurs bureaux et dans le recrutement d’éventuels candidats
Des membres d’organisations locales sont formés pour préparer la population à ces élections locales FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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“Nous voulons choisir des personnes que nous connaissons et qui vivent ici chez nous”
aux prochaines échéances électorales. Matériels de campagne, argent et engins roulant viennent de Kinshasa pour équiper les partis politiques à l’Est du Congo. Ceux qui envoient ces choses ne s’attendent pas à l’adhésion des populations à leurs idéologies ou projets de société, puisque ce n’est pas à trois
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Ces élus locaux sont les seuls représentants….
mois des élections que l’on peut tenter de conquérir politiquement une entité. Ce qui les intéresse, c’est seulement tomber sur des personnes susceptibles d’être élues, des mercenaires qui peuvent permettre à leurs partis politiques d’avoir quelques sièges aux parlements provinciaux comme national. Les
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plus opportunistes des habitants de l’Est n’hésitent pas à prendre langue avec les chefs des partis politiques à Kinshasa pour leur offrir leurs services. Ces hommes sans réelles connaissances des idéologies de ces partis politiques n’espèrent qu’une chose : recevoir des fonds nécessaires pour supporter les campagnes électorales des candidats. Les partis politiques misent, eux, sur le nombre de députés provinciaux et nationaux à produire car, pense-t-on, plus un parti politique aura des sièges au parlement, plus il va peser sur la balance du partage des postes dans les institutions de la République. Comme l’on peut le constater, les partis politiques en RDC n’encadrent pas politiquement les masses populaires»2. Cette approche 2 http://www.lemillenaireinfoplus.com/pages/ politique/les-partis-politiques-n-emballent-pas-lespopulations-de-l-est-ici-l-on-votera-des-individus. html
peut-elle promouvoir une vie politique à la base ou il y a moins d’intérêt pour les élections locales dans le chef des acteurs politiques congolais ?
La démocratie à la base Le niveau de représentation des territoires et des villes est déjà assuré par les députés nationaux alors qu’il n’existe pas encore une représentation des communes et des secteurs, si ce n’est dans la ville province de Kinshasa. Nous assistons à un dysfonctionnement des institutions avec d’une part des acteurs élus et d’autre part des animateurs des structures locales et municipales désignés par le Président de la République au lieu d’être élus par la population. Les élections locales permettront aux gouvernants des entités décentralisées (villes, communes et secteurs ou chefferies) de rendre compte directement de la gestion à la population qui compose leurs juridictions. Ces élus locaux sont les seuls représentants des populations qui vivent avec elles et ne quittent pas leur circonscription électorale une fois élus. C’est ici l’occasion d’affirmer que Kinshasa n’est pas la République Démocratique du Congo. Prétendre promouvoir la démocratie par des élections au niveau provincial et central en ignorant les élections locales dans un pays aux dimensions continentales relève de l’utopie. La décentralisation n’a de sens que par les élections locales. Celles-ci garantissent la gouvernance au niveau de la base et le développement de la communauté. C’est pourquoi nous exigeons l’organisation de ces élections locales prévues par la Constitution et la loi électorale congolaise. Elles pourront influencer le développement de notre pays avec une opposition participative. Ce ne sont pas
“Oui” pour une démocratie participative à la base les injures, la haine, la vengeance ou la personnalisation du pouvoir qui construira le Congo. C’est plutôt le débat d’idées, le transfert du pouvoir à la base, l’amour du Congo qui sont vecteurs de la démocratie et du développement. Paul Kabeya Mukenge, Kinshasa, 9 juin 2014
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Un legs pour la FONCABA Votre engagement pour l’Afrique continue après vous La FONCABA est ravie de recevoir une donation ou un legs pour ses projets d’Afrique. Comme dernières volontés, la plupart des personnes font un testament. C’est une occasion de traduire leurs pensées pour leur famille, mais également d’offrir une partie de leurs avoirs sous forme de legs ou de donation à une asbl qui travaille dans un pays en voie de développement. La FONCABA est une asbl habilitée à recevoir des legs et des donations qu’elle utilise pour ses projets de formation en Afrique. Il suffit d’insérer dans le document la formule suivante : « Je lègue à l’asbl FONCABA à 1030 Bruxelles, la somme de …………….,…….. euro ou …………………… (biens meubles et)………………(immeubles) à l’adresse…………………pour la formation de cadres africains ». Comme le droit de succession est une matière assez compliquée, il est recommandé de consulter un notaire qui fera un petit calcul et vous donnera un avis correspondant à vos souhaits. Pour des informations complémentaires à la FONCABA. Contact : M-Bernadette Zubatse, Directrice Tél.: 02 2010383 ou info@kba-foncaba.be
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Le legs en duo Aussi bien vos héritiers que la FONCABA y gagnent LE LEGS EN DUO Le legs en duo est une donation par testament de biens meubles et/ou immeubles à une ou plusieurs personnes et en même temps à une asbl reconnue comme la FONCABA. Cette technique prévoit qu’en l’occurrence la FONCABA peut prendre en charge les droits de succession de la personne qui reçoit la donation. Si celle-ci est destinée à un parent lointain ou à un ami, celui-ci devra payer normalement beaucoup de droits de succession (jusque 65%). La FONCABA comme asbl ne paiera que 7% (8,8% en Flandres et 12,5% en région bruxelloise).
3 conditions: • vous devez rédiger un testament. • vous léguez une partie de vos biens à une ou plusieurs personnes • vous léguez la partie restante à une institution agréée (comme la FONCABA) qui aura à sa charge le paiement de la totalité des droits de succession.
Tout le monde y gagne! Grâce à la technique du legs en duo, vous laisserez autant (sinon plus) à votre ami ou à votre nièce, tout en soutenant les projets de la FONCABA. FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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BURUNDI En faveur des élections apaisees! En cette veille du rendez-vous historique des élections de 2015 au Burundi, les esprits commencent à s’échauffer. La population commence à s’inquièter du jeu actuel des différents protagonistes. Frédéric Njebarikanuye, responsable de projet de la CEAL (Commission épiscopale des laïcs) partenaire de la FONCABA, partage une analyse de la situation telle qu’elle apparaît aujourd’hui chez des honnêtes gens.
La population s’attend à des élections paisibles et transparentes en 2015 Des lueurs d’espoir sont là. Le Parlement a rejeté la proposition de l’amendement de la Constitution proposée par le Gouvernement, censé vouloir reconduire le Président Pierre NKURUNZIZA vers un 3ème mandat. Le Parlement vient également de voter à l’unanimité la Loi électorale qui permettra à la CENI de bien préparer les élections et éviter le risque de fraudes. Elle introduit l’utilisation de la carte unique le jour de vote, une nouveauté en matière des élections au Burundi. 22
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Tous les points à la base des discordes de cette Loi ont été enlevés. Par ailleurs, le Bureau Intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) qui accompagne le Burundi dans ce processus vers les élections libres, transparentes et apaisées vient d’organiser du 20 au 21 avril 2014 une rencontre avec tous les acteurs politiques afin d’évaluer l’état d’avancement de la mise en application du contenu de la feuille de route qu’ils avaient convenue lors de leur rencontre à Kayanza en
La population n’est pas servie par des affirmations mensongères ou des rumeurs 2013. Quant au Gouvernement, il continue de rassurer en promettant de faire tout pour assurer la sécurité de tous les Burundais et des étrangers séjournant sur le sol burundais. Il interpelle ainsi tous les partis politiques, à bien se préparer aux élections de 2015.
Responsabilité de la société civile Ces espoirs semblent être dissipés progressivement si on regarde le positionnement et le comportement de certains acteurs politiques, de la société civile, des médias. Aujourd’hui, la une fait état de l’emprisonnement de certains acteurs de la société civile reprochés de tenir des propos ‘diffamatoires’ d’entraînement militaire de certains jeunes Burundais sur le sol congolais (RDC). La Justice prononce des emprisonnements pour des propos mensongers et atteinte à la sureté publique. Certains leaders des partis politiques de l’opposition prennent aussi le chemin de l’exil. Prenant pour exemples ces faits récents, le Gouvernement interpelle tous les acteurs politiques
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Le Gouvernement interpelle tous les acteurs politiques ainsi que la Société Civile, à assumer leurs responsabilités dans leurs propos et dans leurs actes
ainsi que la Société Civile, à assumer leurs responsabilités dans leurs propos et dans leurs actes. Il veille à ce que la conquête des élections de 2015 ne constitue en aucun cas une immunité judiciaire.
Des affrontements des jeunes militants Des rumeurs font état de la distribution d’armes aux jeunes du Parti au pouvoir pour faire peur aux militants d’autres partis politiques. Ces informations ont été démenties avec énergie par le Gouvernement, le Sénat, le Parlement et les Forces de Défense et de Sécurité de la République. Ils font état de montages mensongers visant à salir et à diaboliser le Parti au pouvoir et FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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Pas de développement sans paix et bonne gouvernance le pouvoir en place devant le peuple et la Communauté Internationale. C’est en vue de la conquête du Pouvoir compte tenu des échéances électorales de 2015. Ce point de vue est d’ailleurs partagé par certains diplomates accrédités à Bujumbura, si on analyse leurs interventions lors de la récente rencontre organisée avec le Premier Vice- Président de la République. Certains ne sont pas allés par quatre chemins : « ces allégations seraient effectivement comme une arme pour la conquête du pouvoir ». Ils ont invités leurs homologues à être plus attentifs pour ne pas tomber dans le piège. Le Premier Vice Président de la République leur a une fois de plus redit que ces allégations mensongères sont concoctées par les détracteurs du pouvoir en place, appuyés par certains diplomates. Pour exemple, il a dénoncé un diplomate onusien qui a envoyé une note confidentielle au siège de l’ONU sans même suivre les règles diplomatiques d’usage.
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Le changement tout prix Ce qui est visible, c’est que les Partis de l’opposition coalisés en ADC-IKIBIRI relayés par certaines Organisations de la Société Civile et certains diplomates avec l’appui de certains média, cherchent à tout prix le changement. Souvent, ils n’hésitent pas d’user d’un langage non apaisant allant même jusqu’à attiser le soulèvement populaire pour renverser le pouvoir en place. Certains leaders des partis de l’opposition n’ont pas hésité à déclarer aux journalistes qu’ils feraient tout pour « déraciner le Pouvoir en place et le Parti au pouvoir ». Pour cela, ils ont invité les jeunes à prendre les devants, sous la casquette de défense de la liberté. Certains sont d’ailleurs allés plus loin en demandant au Secrétaire Général des Nations Unies d’aider les Burundais à avoir un Gouvernement rassurant qui préparerait les élections de 2015. Un Gouvernement de force ? S’il en est ainsi, qu’adviendrait notre République ? Pour le Burundais moyen, cela dénote un esprit égoïste et belliqueux de ceux qui veulent
Construire des ponts de justice et de réconciliation retourner dans les sombres années de la guerre ! Aujourd’hui, que le pays en est sorti, même si tout n’est pas parfait, comment retrouver une fois encore les souffrances passées ! Quelle serait la honte pour ces ‘nouveaux’ politiciens qui se réclament pourtant d’être des dé-
“
Comment retrouver une fois encore les souffrances passées!
mocrates ! Rappelons que c’est ceux-là même qui n’ont pas cessé d’exiger des négociations au lendemain de leur défaite lors des élections de 2010 et qui ont prédit la catastrophe au cas où ces négociations ne se tiendraient pas. La suite est connue de tout le monde. Les jeunes ont été manipulés et ont été conduits dans des groupes armés lesquels ont
été matés par les Forces de l’Ordres de la République et beaucoup de jeunes y ont laissé leur vie.
Le commandement aux aguets! Quant au parti au pouvoir, sous la peur de perdre le bâton de commandement, lui aussi essaie de faire les balises. Il veut contrecarrer les actions de ses opposants et parfois des administratifs locaux membres, en les empêchant de se réunir. Certains de ses jeunes de l’opposition sont également cités dans certains actes de violence, même si leurs leaders parlent de l’exagération de certains médias.
Un 3ème mandat du Président NKURUNZIZA ? La polémique a fait couler beaucoup d’encre et de salive, même s’il ne s’est pas encore lui-même prononcé sur ce sujet. En outre, certains partis politiques disloqués ne se sont pas encore réunifiés. Ceci reste un défi pour une campagne électorale équilibrée. Le risque reste FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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Un projet de jeunes pour la paix, en collaboration avec la FONCABA “Appui au renforcement des capacités en droits humains et en prévention de conflits au Burundi » (2014-2016) Suite à l’interpellation des jeunes, la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi (CECAB) à travers la Commission Episcopale chargée des laïcs (CEAL) et avec le soutien de la FONCABA, va initier un projet de formation et de sensibilisation des jeunes dans 43 écoles secondaires conventionnées dans les différentes régions du pays, avec une population scolaire de 34.498 élèves. Par ce projet elle veut contribuer à la consolidation de la paix. 38 enseignants formés formeront à leur tour 172 étudiants ou étudiantes animateurs/animatrices choisis dans les 43 écoles qui seront concernées par le projet. Ces animateurs et animatrices restitueront cette formation à 40 étudiants de chaque école, qui vont constituer un Club de la Paix au sein de leur établissement. Ce groupe de 1.720 jeunes promoteurs de justice va sensibiliser les autres étudiants aux thèmes de la prévention de conflits , du respect des droits de l’homme, de la non violence active, de la participation démocratique et de la construction de la paix, en stimulant des activités culturelles comme de la musique, des chants, des sketchs, des poèmes, des dessins ou des peintures qui exprimeront les thèmes de manière créative. Le projet se terminera par une journée de la paix qui sera un festival culturel interscolaire. Parce que les jeunes d’aujourd’hui construisent l’avenir de demain, vous pouvez appuyer ce projet en utilisant le bulletin de virement que vous trouvez dans ce KARIBU.
Stimuler des jeunes à l’analyse critique et à la construction de la paix produira dans l’avenir une transformation communautaire
qu’un seul parti rafle presque tous les sièges compte tenu de l’aura du chef de l’état auprès du simple citoyen, qui trouve son compte et une justice jamais vue au Burundi, dans l’action gouvernementale actuelle. Les jeunes membres des partis 26
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politiques continuent d’être manipulés par leurs patrons et se lancent dans des violences, n’hésitant pas à s’affronter à leur passage.
Former les jeunes à la non-violence et aux valeurs démocratiques De façon générale, au vu de la situation actuelle, si rien n’est fait pour former les jeunes à la non-violence et aux valeurs humaines et démocratiques, les élections prochaines de 2015 risquent d’être caractérisées par les violences à grande échelle. Des Burundais craignent que cela ne replonge le Burundi dans une guerre civile, alors que les plaies de cette dernière ne sont pas encore complètement cicatrisées. L’affrontement du 8 Mars dernier entre des jeunes membres du Parti MSD avec la Police et les violences qui ont suivi en est un signe éloquent, qui devrait interpeller tout le monde. Les Confessions religieuses, les Organisations de la Société civile et la Communauté Internationale qui accompagne le Burundi, doivent s’investir de façon active pour pallier à temps à ce défi. Ils devraient mettre en priorité la sensibilisation et la formation de la jeunesse à la Non violence et aux valeurs civiques et démocratiques.
Former des jeunes à la non violence et aux valeurs démocratiques leurs propres intérêts. Ils devraient être plus responsables et être des acteurs de la paix et de la promotion des Droits humains, car ce sont eux les futurs leaders du Burundi de demain. Frédéric Njebarikanuye, Bujumbura, le 27/05/2014
Des ponts de conciliation Les médias et la Société civile devraient servir de pont de conciliation au lieu de se ranger derrière les partis politiques qui veulent conquérir le pouvoir. Leur rôle est d’informer et d’interpeller tous les acteurs politiques et tous les Burundais à la responsabilité, en œuvrant pour le bien commun sans favoritisme. Quant aux politiciens, ils devraient être responsables et cesser de sacrifier la jeunesse en la manipulant et en l’incitant à la violence, à la barbarie et à la haine pour arriver à leurs intérêts égoïstes. Sacrifier la jeunesse, c’est sacrifier toute une nation. Pour les jeunes, ils devraient penser à leur avenir et refuser d’être manipulés par ces politiciens qui ne visent souvent que FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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LE DROIT A L’ALIMENTATION
Burundi Le retour en force du sorgho Le sorgho est la 5ème céréale au monde après le riz, le maïs, le blé et l’orge. C’est une plante qui serait d’origine éthiopienne selon certains chercheurs. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), le sorgho est connu sous le nom de “grand mil” et d’ “herbe de Guinée” en Afrique de l’Ouest, de “blé kafir” en Afrique du Sud, de “dura” au Soudan, de “mtama” en Afrique orientale. Erick-Bayard Rwantango, collaborateur en gestion des projets à la FONCABA, nous parle de l’utilisation du sorgho au Burundi.
Des femmes sont fières de leur champ de sorgho Au Burundi le sorgho rouge sert à la fabrication de la bière ou à la fermentation de la bière de banane. Quant au sorgho blanc, il est surtout consommé sous forme de pâte. Bien qu’il s’agisse d’une plante pérenne, le sorgho est traité comme une plante annuelle. Il peut être récolté plusieurs fois par an. Il est cultivé principalement sur le haut plateau central, dans la plaine du Nord-Est au Sud-Est du Burundi, et à l’est du pays dans la dépression de Kumoso et Nkoma. 28
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Un interêt socio-économique Le sorgho est une plante ancienne, qui est intimement liée à la monarchie. Une légende dit que chaque futur roi naissait avec des semences dans la main. Parmi ces semences, il y avait des grains de sorgho. Durant la royauté, chaque année se terminait par la fête annuelle des semailles qui annonçait le début de la culture de sorgho sous la direction du Roi. Partout dans le pays, les gens faisaient la fête avec faste sur fond de consommation de la nouvelle récolte de
sorgho sous forme de pâte et de bière. La fin de la monarchie a certes marqué le déclin de l’importance traditionnelle du sorgho, mais la plante a gardé son prestige grâce à la bière qui en dérive et qui a une importance sociale dépassant le cadre des ménages par son omniprésence dans les fêtes burundaises et économique par les revenus que cette bière a continué à procurer à ceux qui la produisaient et la vendaient.
Le sorgho à l’ère de l’industrialisation Dans les années 80, le gouvernement burundais a donné une nouvelle dimension au sorgho en initiant le projet Musalac1: Ce projet consiste en la fabrication de farine de sevrage composée de plusieurs céréales dont le sorgho pour obtenir une farine de bouillie hautement nutritionnelle et accessible à tous. Très récemment, la brasserie industrielle de Gitega a commencé à produire une bière de sorgho. Ces deux projets ont permis de relancer la culture de sorgho, surtout dans les provinces de Cankuzo, Bubanza et Cibitoke. Désormais, un kilo de sorgho coûte 600 Francs Burundais selon le journal en ligne Burundi Eco. Selon la Brasserie de Gitega, cette plante fait vivre 15.000 ménages qui lui fournissent la matière pour la fabrication de la bière Nyongera.
1 La farine Musalac est composée de maïs (48
Une plante nutritive Dans le sorgho, la teneur en protéines est presque comparable à celle du maïs et du blé. Il contient aussi des vitamines B, des sels minéraux et des huiles. Il est important dans l’alimentation humaine. Sa culture permettrait de relancer la consommation de cette nourriture sous forme de pâte. La bière traditionnelle de sorgho est aussi nutritive. En plus les enfants et les femmes aiment consommer la lie que l’on trouve au fond des cruches de bière qui procure des matières nutritives importantes. Les Burundais étant familiers des mets d’origine indienne, notamment la crêpe indienne (chapati) à base de blé, ils peuvent facilement adopter la consommation de cette pâte à base de sorgho en mélangeant la farine, l’eau et le sel. En plus de l’alimentation humaine, le sorgho est utilisé dans l’élevage. A la moisson, on enlève l’épi et il reste seulement les tiges. Quand les feuilles sont encore vertes, le petit bétail et le grand bétail peuvent les manger. Ces tiges de sorgho servent aussi dans l’étable des animaux domestiques. Au fur et à mesure elles se mélangent avec les rejets des animaux pour former du compost organique de qualité utile pour l’agriculture. Par ailleurs, quand les tiges et les feuilles sont sèches, on les enlève pour les mettre dans les plantations des caféiers pour éviter que la terre sèche et perde son humidité dont les caféiers ont besoin.
%), de sorgho (22 %), de soja (20 %), de sucre (8 %) et de lait écrémé (2 %). Voir Jean-Baptiste NSAVYIMANA, Le Musalac: farine de sevrage du
Erick-Bayard Rwantango, Bruxelles, mai 2014
Burundi. In TRECHE Serge, DE BENOIST Bruno, BENBOUZID Djamil, DELPEUCH Francis, L’alimentation de complément du jeune enfant. Actes d’un atelier OMS/ORSTOM inter-pays du 20 au 24 Novembre 1994 à l’Université Senghor d’Alexandrie. Paris, ORSTOM Éditions, 1995, p.169. FONCABA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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FONCABA Comptes des résultats 2013 Durant l’année 2013, la FONCABA a pu réaliser sa mission en Afrique grâce aux dons de ses sympathisants. Les chiffres et le graphique ci-dessous montrent l’utilisation des financements disponibles dont 75% pour les projets en Afrique. En 2013 nous n’avons pas pu recevoir de subsides de l’Etat. Pour cette raison, le bilan 2013 présente une perte de 51.258 euros. Les comptes de la FONCABA sont contrôlés par Mr. Baudouin Theunissen, Commissaire/Réviseur d’Entreprises du Bureau Crowe Horwath, Callens, Pirenne, Theunissen & C° n° 0427.897.088 – n° de membre : B00003.
FONCABA – CHARGES 2013
FONCABA – PRODUITS 2013
Frais de structure
e 29.202
Dons privés
e 95.873
Volet Nord *
e 15.076
Subsides
e 33.184
Volet Sud **
e 135.863
Produits divers
e 230
Charges exceptionnelles
e 404
TOTAL
e 180.545
TOTAL
e 129.287
* Education au développement et collecte de fonds ** Projets au Congo et Burundi
FONCABA – CHARGES 2013 Subsides : 33.184 = 26%
Produits divers: 230 = 0%
Dons privés: 95.873 = 74%
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FONCABA - PRODUITS 2013 Frais de structure: Charges exceptionnelles: 29.202 = 16% 404 = 0%
Volet Sud: 135863 = 75%
Volet Nord: 15.076 = 9%
La FONCABA investit dans la formation de partenaires locaux autour de 5 thèmes : l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire, la démocratie et les droits de l’homme, la prévention de conflits et la construction de la paix, l’éducation des jeunes et l’empowerment des femmes. La FONCABA développe une relation de partenariat honnête, ouverte et profonde, sur un pied d’égalité et basée sur le dialogue. La FONCABA choisit aussi une approche intégrale de l’homme et de sa communauté : les aspects économique, social, politique, culturel et spirituel s’y retrouvent.
Actions dans le Nord
La FONCABA est une ONG de solidarité internationale, reconnue comme telle par les autorités belges, spécialisée dans le renforcement de la société civile en Afrique. Par des formations, les partenaires locaux et leurs groupes de base reçoivent la possibilité d’augmenter leurs compétences et de restituer leurs connaissances de manière efficace à d’autres. La FONCABA collabore directement et sur base de réciprocité avec des organisations africaines locales.
Les projets
Tout sur la FONCABA su r www.kba-fon caba.be
Les projets: • sont adaptés à la spécificité culturelle de la population locale • stimulent la culture démocratique • créent l’autopromotion • renforcent l’empowerment de la femme • prennent soin du système écologique • ne sont pas imposés mais naissent au sein de la population locale
La FONCABA participe à l’éducation au développement concernant la problématique Nord-Sud et sensibilise les intéressés, les organisations sociales et les sympathisants autour de l’importance de renforcer de manière durable les individus et les groupes au Sud sur base d’un dialogue honnête. La FONCABA participe activement aux campagnes du mouvement Nord-Sud, 11.1111 et le CNCD, comme l’action sur les objectifs millénaires, donne des avis (principalement sur l’Afrique Centrale) et attire l’attention sur les thèmes dans la revue KARIBU et via le site web.
Et Vous? La FONCABA est soutenue par des dons pour une partie de son travail de formation avec des organisations partenaires en Afrique. C’est pourquoi la FONCABA vous remercie 1000 x ! FINTRO : BE 94 1430 6786 22 14 (Pour les dons de 40 euros ou plus, vous recevez une attestation fiscale) KBA I KARIBU 154 I avril, mai, juin
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Karibu est la revue de l’asbl FONCABA et paraît quatre fois par an. Abonnement: La revue est envoyée gratuitement à tous les intéressés
La FONCABA est une ONG reconnue par les autorités, spécialisée dans le renforcement des capacités de la société civile en Afrique. En optant pour la collaboration directe avec des partenaires locaux, les projets obtiennent des résultats durables et un grand ancrage dans la communauté locale. La FONCABA donne des outils pour que les Africains puissent prendre leur propre processus de développement en mains.
Rédaction: M-Bernadette Zubatse Luc Bonte Erick-Bayard Rwantango Dries Fransen Jean Lefèbvre Hendrik Demuynck Adresse: Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles Tél. : 02 201 03 83 Fax : 02 205 17 39 e-mail : info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be Editeur responsable: M-Bernadette Zubatse (Rue du Progrès 333/03 – 1030 Bruxelles) Photos: FONCABA, Radio Okapi Layout et impression: De Riemaecker Printing bvba www.deriemaecker.be
Les articles n’expriment pas nécessairement l’opinion de la FONCABA. Cette revue est imprimée sur papier recyclé. Dit tijdschrift verschijnt ook in het Nederlands
OBJECTIFS DU Millenaire
191 pays ont signé un accord pour réduire la pauvreté vers 2015. Aidez-nous de rappeler aux politiciens leur promesse et à relever le défi. La pauvreté doit disparaître de notre planète!