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vadthna thoa sa kon Le journal des cultures internationales .

Semaine du 30 septembre au 9 octobre athid deuonknaia 30 ha 9 tula



l’édito

SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

banna thikan

ÉDITO

athid deuonknaia 30 ha 5 tula

Asie du sud- est

Le détroit de Malacca est un axe majeur de la circulation maritime mondiale et une artère vitale du commerce intrarégional. Il est à l’articulation des lignes transocéaniques entre l’océan Indien et le Pacifique, des lignes intra-asiatiques et des routes maritimes circumterrestres est-ouest de marchandises. Analysé le plus souvent uniquement comme un resserrement du milieu maritime où les conditions de navigation deviennent délicates, dans le détroit de Malacca est cependant rarement appréhendé comme un territoire à part entière structuré aussi bien par des flux longitudinaux que méridiens. L’originalité du détroit de Malacca est précisément d’être à la fois une zone d’échanges et de transits majeurs du commerce international, à laquelle les pays riverains ont toujours été profondément intégrés, et une région à part entière, modelée, en dépit des frontières, par des relations commerciales et culturelles étroites entre les deux rives. La configuration méridienne du détroit, qui s’étend sur une longueur de 10 000 kilomètres, induit une organisation spatiale en deux zones de coopération transfrontalière, connues depuis le début des années 1990 sous le terme générique de « triangles de croissance ». Le triangle sud, ou SIJORI puis IMS-GT, est une zone de coopération transfrontalière regroupant Singapour, les Etats de Johore, Melaka, Pahang et Negeri Sembilan en Malaisie et les provinces de Riau, Riau insulaire, Sumatra Ouest, Jambi, Bengkulu, Sumatra Sud en Indonésie. Le triangle nord ou IMT-GT regroupe l’ensemble des provinces de l’île de Sumatra, tous les Etats de la péninsule malaise sauf ceux de Johore et de Pahang et 14 régions de la Thaïlande méridionale. Ces deux zones fonctionnent selon la même logique : elles appliquent à une échelle micro régionale les principes de la division internationale du travail. de fruits) ou encore dans la confection de meubles en rotin ou en hévéa.


ÉDITO

Asie du sud - est

#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES

valasan khong vadthanathoa sakon


sommaire

SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

kan sangluam phidpokkat insolite 6-7 ahan 10-15

gastronomie

kansoaphad 26 - 29 interview thim bannathikan Ours

RAK SAB 32 - 33

Direction Artistique

hub 34 - 35

Amélie Hirschland (Améloche la brioche)

Asie du sud- est

ofdoe 20-23

dossier

portfolio

portrait

Kenza Mezouar (Kenzie kenza)

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#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES

kan phidpokkati inshēn yī chìluoluo de dají qiángjiān zài zhōngguó C’est redoutable ! Mesdames, pour faire fuir les pervers en tout genre, rien de mieux qu’une paire de jambes bien velues. Pour cela, la Chine vient de lancer une nouvelle arme : le collant à poils. Le gadget fait le buzz sur la toile depuis qu’une internaute a posté une photo de ses jambes sur le réseau social chinois Sina Weibo, le Twitter de l’Empire du Milieu. Plaisanterie ou non, en tout cas le web est en émoi. Ce type d’accessoire anti-sexuel n’est pas le premier. L’Inde, qui a fait face récemment à de sordides histoires de viols, a mis au point fin avril un soutien-gorge électrique anti-viol qui fonctionne à la manière d’un taser. De plus,

la lingerie est équipée d’un système de GPS (Global Positioning System) pour localiser la personne et de GSM (Global System for Mobile communications) pour envoyer un SMS à un numéro d’urgence de la police et aux parents de la jeune femme. «On accepte volontiers des hétérosexuels, s’amuse Maryani. Mais ce sont surtout les «waria» qui viennent. Eux aussi ont le droit d’être croyant. Ici, ils n’ont plus besoin de porter le mukena [le voile pour les femmes, ndlr] ou le sarong [pour les hommes, ndlr]. Ils viennent étudier et surtout apprendre les rituels, réciter le Coran et manger ensemble, sans stresser, sans menace.» Et sans séparation. Tous se retrouvent sur le carrelage blanc de la salle commune. Là sont dispensés les cours gratuits par une vingtaine d’ustadz.

6 valasan khong vadthanathoa sakon

La Nouvelle Zélande: seul pays à posséder toutes les formes de climat

Les collants à poils pour lutter contre le viol en chine

INSOLITE

insolite

La Chine vient de lancer une nouvelle arme : le collant à poils .

New Zealand is the only country in the world with all forms of climate La température moyenne quotidienne à Wellington — la capitale, au centre du pays — est de 5,9 °C en hiver et 20,2 °C en été15. Le climat de la Nouvelle-Zélande est globalement tempéré, océanique sur la majeure partie du pays ; les températures oscillent entre 0 °C et 30 °C. Les maxima et minima sont 42,4 °C à Rangiora (Canterbury), et -21,6 °C à Ophir (Otago), respectivement16. Les conditions climatiques varient beaucoup selon les régions, de très humide dans la région de West Coast sur l’île du Sud à semi-aride dans le bassin de Mackenzie de l’intérieur du Canterbury.


Śrīlaṅkā mēṁ, bud’dha ṭūtha kī ēka pratikr̥ti kō samarpita ēka mandira hai .

teuses de l’allèle O semblent moins susceptibles de contracter la syphilis que les autres. » Dans le désert de Durango au Mexique, il existe un

L’Esala Perahera de Kandy : voici véritablement une fête à ne pas manquer si vous vous rendez au Sri Lanka en été. Elle est considérée comme l’une des manifestations religieuses les plus extraordinaires d’Asie. Il existe des « peraheras » – mot qui signifie « procession » en cingalais - dans tout le pays, mais celle de Kandy est la plus célèbre, car la ville possède une relique sacrée entre toutes : la Dent de Bouddha. Des milliers de Sri Lankais viennent y assister chaque année et seront donc présents en 2011 entre le 31 juillet et le 14 août.

Bir Fas 75 yıl, Zahara Boutaleb 46 yıl için yaklaşık 4 kilo bir fetus taşınan .  Ce dernier s’était littéralement fossili sé dans une coque de calcaire produit par l’organisme de sa mère. Une petite explication : d’après le docteur Mohamed Najib Radi : une grossesse abdominale est une grossesse extra-utérine, c’est-à-dire que l’œuf fécondé s’implante ailleurs que dans la muqueuse qui tapisse la paroi de l’utérus. L’œuf s’installe donc au niveau de l’abdomen, soit dans le pelvis (partie inférieure du bassin) ou entre les intestins. La grossesse de Zahara a suivi son cours normal et ce n’est qu’au bout des neuf mois de gestation que la mort du fœtus est intervenu. Il s’est ensuite fossilisé et s’est trouvé enveloppé dans une coque de calcaire produit par l’organisme de la mère. Cet isolant naturel a permis au fœtus momifié de séjourner dans le ventre de sa mère sans nuire à sa santé.

100% de la población indígena del Perú es el O!

Le Koro est un syndrome observé principalement en Asie. C’est une anxiété liée à la conviction que son pénis est en train de se rétracter pour disparaitre dans l’abdomen. La rumeur de l’apparition de cas de koro après l’ingestion de viande de porc empoisonnée avait déclenché ce phénomène en 1967. Une autre épidémie en Chine, dans la région du Guangdong avait été rapportée aux effets d’un esprit errant, voleur de pénis.

tsebos israelis konverti damotsmebuli Kosher. Il s’agit d’un légende urbaine sur un fond de vérité. Le terme Kasher (à l’origine cacherout/kaschrout) signifie «convenable», principalement à la consommation. Il désigne à la fois les aliments eux même et les préparations permettant de rendre un aliment kasher.

exemple. Dans la pratique, n’importe quelle colle fabriquée avec des extraits végétaux ou animaux se doit d’être kasher, c’est-à-dire d’être préparée avec des ustensiles kasher et provenant d’animaux eux même autorisés. S’il existe effectivement des organismes (comme le Kosher Label) veillant au caractère Kasher des produits de quelque origine qu’ils soient, la colle des timbres et des enveloppes israéliennes n’est pas toujours kasher dans le sens où les producteurs ne respectent pas forcément l’usage de produits industriels ou les pratiques Kasher. Il s’agit plus probablement d’un aspect très spécifique réel relayé par les médias ou le bouche-à-oreille, débouchant sur une surgénéralisation quant au «tout-kasher». Peut être même cette légende urbaine contribue-t-elle à stigmatiser une population en lui prêtant des pratiques extrêmes de rituel - jusque dans les objets les plus anodins. Néanmoins, dans chaque pays, de hautes autorités décernent le label Kacher (généralement un U ou un K rouge et entouré) pour tout produit souhaitant l’acquérir, après l’inspection de toute la chaîne de production ainsi qu’un contrôle de la traçabilité des produits origines. Il est tout à fait illusoire de certifier chaque produit Kacher certaines graisses animales sont par exemple utilisées pour la fabrication de casseroles, de chaînes de montage d’objets le plus divers comme les téléphones portables..

Une marocaine a porté un foetus de près de 4 kilos pendant 46 ans . INSOLITE

L’omniprésence du groupe sanguin O chez les Indiens d’Amérique pourrait refléter le fait que le choléra et autres formes de dysenterie, que l’on associe à de fortes densités de population et de mauvaises conditions d’hygiène, n’aient jamais gagné les terres nouvellement peuplées du continent américain, du moins avant l’arrivée des Européens. Seulement, il se trouve que le choléra était une maladie rare avant 1830, sans doute confinée au delta du Gange, avant de se propager brusquement en Europe, aux Amériques et en Afrique. Il nous faut donc trouver une meilleure explication au mystère de la présence hégémonique de l’allèle O chez les Indiens d’Amérique, d’autant que l’on a constaté que le sang des momies précolombiennes de l’Amérique du Nord est le plus souvent du groupe A ou B. En somme, tout se passe comme si les gènes A et B s’étaient rapidement éteints suite à une pression sélective unique en son genre, propre au continent américain. Certains indices laissent penser qu’il pourrait s’agir de la syphilis, une maladie semble-t-il originaire des Amériques (une thèse toujours sujette à chaudes polémiques chez les historiens de la médecine, mais le fait est qu’on trouve des lésions syphilitiques sur les squelettes nord-américains antérieurs à 1492, et pas sur les squelettes européens de la même ancienneté). Toujours est-il que les personnes por-

La colle sur les enveloppes israelienne est certifiée kasher.

100% de la population indienne du Pérou est du groupe O !

Sri Lanka, un temple dédié à une réplique de dent de Bouddha.

SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

Le terme, à l’origine, désigne cependant un ensemble plus vaste, des pratiques ou des objets permettant le rituel, dans la religion judéenne. Il peut s’appliquer aux aliments non seulement, mais également aux produits industriels, par

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Les inuits, groenland


Les inuits, groenland


Para inodnesia Warias

DOSSIER

Asie du sud - est

les warias d’Indonesie

Aujourd’hui, 88 % de la population indonésienne se déclare musulmane. Les croyances et rites indonésiens traditionnels ont été préservés et le syncrétisme règne : pour faire simple, si la majorité des Indonésiens prient Allah, ils ont aussi peur des fantôme...

Souvent perçus comme des déviants sexuels, les lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels sont parfois tenus à l’écart des rites religieux et n’ont pas accès aux lieux de culte. L’accès à la prière, la transcendance et la sensation de se rapprocher de Dieu sont pourtant des droits religieux dus à tout être humain. Dans la pratique, ils sont bien trop souvent réservés aux hétérosexuels. Ariel, un travesti de 30 ans qui vit depuis plus de dix ans à Jogjakarta [une ville de 500 000 habitants, sur l’île de Java], devait s’introduire secrètement dans la mosquée chaque fois qu’il voulait réciter les tarawih [prières du soir pendant le ramadan]. “J’entrais en cachette et je devais porter le sarong pour pouvoir me joindre aux hommes. Certains amis préféraient

mettre la mukena [long voile porté par les femmes pendant la prière] et se mêler aux femmes”, dit-il. Il leur est souvent arrivé de se voir refuser l’accès à la mosquée. “Même si nous sommes des travestis, nous avons besoin de prier Dieu et d’assister à des rituels. Nous aussi sommes des êtres humains avec des yeux et un cœur. Nous aussi sommes des êtres humains et avons besoin de prier Dieu”, poursuit-il en citant les paroles d’une chanson. Scandalisée par ces discriminations religieuses, Maryani, 51 ans, a ouvert en juillet dernier une école coranique pour travestis, qu’elle a baptisée Ponpes Waria. Dans ce petit établissement, situé dans le hameau de Notoyudan, près de Jogjakarta, les travestis peuvent prier librement, sans se sentir opprimés. Tra-

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vesti lui-même, Maryani a créé ce lieu pour permettre à ses semblables de se rapprocher de Dieu mais aussi pour accueillir des homosexuels.  A la différence des autres écoles islamiques du pays, Ponpes Waria n’a ni mosquée ni foyer ni dortoir. L’établissement abrite une salle de trois mètres sur cinq où les élèves se réunissent pour prier, lire le Coran et approfondir leur connaissance de l’islam. “Nous ne nous soucions pas de la surface de la salle, mais plutôt de sa fonction et de ce qu’elle nous apporte. L’important, c’est que nous puissions accomplir nos rites religieux et communiquer sans problème avec Dieu”, souligne Maryani. Durant le mois du ramadan, des dizaines de travestis se sont rendus

Tempo Dulu

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Les warias d’Indonesie

Indonésie : l’islam se travestit Les transsexuels du pays ont leur propre lieu de culte depuis un an.

DOSSIER

Jusqu’alors ils allaient prier sous les quolibets, sinon les menaces. Déguisés en homme ou en femme, ils se glissaient dans les salles de prières des mosquées, redoutant d’être démasqués. Maryani a subi ce genre d’humiliations, avant d’ouvrir, en juillet 2008, la première école coranique pour warias : les transsexuels, selon l’appellation indonésienne. Ce lieu unique dans le plus grand pays musulman au monde, qui accueille homosexuels et travestis, se niche dans une ruelle de Notoyudan, quartier calme de la cosmopolite capitale culturelle du pays, Yogyakarta. Pas de banc, de salle de lecture, ni même de mosquée dans cette école-là. Ce centre coranique est à nul autre pareil. Des trophées de concours de maquillage se mêlent à des clichés kitsch de La Mecque, des photos de shows entourent les reproductions de sourates dans une salle aux murs jaunes et orangés, Maryani reçoit chez elle, sans prosélytisme. Née homme et catholique en 1960, elle est devenue femme à 15 ans. Puis elle s’est convertie à l’islam. «Dieu l’a voulu ainsi, j’ai respecté sa volonté. Mais je suis resté physiquement comme il m’a faite.» Cette ex-prostituée et chanteuse s’est reconvertie en pieuse coiffeuse qui maquille et coiffe danseurs, artistes et futurs mariés. C’est ainsi qu’elle finance les activités du centre qui accueille régulièrement une trentaine de transsexuels, de gays et de lesbiennes. «On accepte aussi volontiers des hétérosexuels, s’amuse Maryani. Mais ce sont surtout les “waria” qui viennent. Eux aussi ont le droit d’être croyant. Ici, ils n’ont plus besoin de porter le mukena [le voile pour les femmes, ndlr] ou le sarong [pour les hommes, ndlr]. Ils viennent étudier et surtout apprendre les rituels, réciter le

Coran et manger ensemble, sans stresser, sans menace.» Et sans séparation. Tous se retrouvent sur le carrelage blanc de la salle commune. Là sont dispensés les cours gratuits par une vingtaine d’ustadz, des enseignants musulmans, qui se relaient. Ils viennent de la grande école voisine du prêcheur Hamrolie Harun. Depuis plusieurs années, cet homme côtoie les transsexuels et s’affiche à leurs côtés. Il a encouragé la création de Senin-Kamis, le nom officiel de l’école, qui signifie simplement lundi-jeudi, les jours d’ouverture. Respect. Certes, le Conseil des oulémas a pu s’agacer des shows de travestis destinés à chauffer la foule des meetings lors de la dernière campagne des législatives du 9 avril. Mais c’est oublier la tradition vivace des waria en Indonésie et la réalité de la diversité culturelle dans ce pays mosaïque de 235 millions d’habitants où cohabitent musulmans, chrétiens, hindouistes et bouddhistes. A Yogyakarta, le clergé, lui, n’a rien trouvé à redire au travail dévoué de Maryani.«Le chef de la mosquée est venu. C’est une marque de respect, non ?» Un voisin passe la tête par la porte et salue. Plus tard, une femme apporte des légumes. Le succès de Senin-Kamis repose sur les épaules de Maryani. Mariée puis divorcée, elle a adopté une fille qui a 8 ans, et se dit aujourd’hui «sereine et en paix». Elle vit sa foi avec une candeur désarmante. En matriarche dévote, Maryani veille sans compter sur son centre. «Choquée» par le tremblement de terre du 27 mai 2006, qui a fait plus de 5 000 morts à Yogyakarta, elle a commencé à collecter de l’argent auprès des transsexuels. L’idée de l’école est venue plus tard. «C’était mon destin d’ouvrir ce lieu. Avant de mourir, je veux faire du bien et aider les autres “waria et les sortir de la misère .» Cette discrète pratiquante de 41 ans

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tous les jours à l’école, où les activités religieuses commençaient à 3 h 30 du matin. Avant de rompre le jeûne, ils récitaient le Coran et apprenaient les règles de l’islam. Puis ils psalmodiaient des versets à la gloire du prophète Mahomet et, après avoir rompu le jeûne, ils récitaient la prière de l’isha et les tarawih. Certains travestis rentraient ensuite chez eux tandis que d’autres restaient à l’école pour prier ou lire des ouvrages religieux en attendant l’heure du repas, juste avant l’aube. “Depuis l’ouverture de cette école, je me sens plus tranquille pour étudier la religion”, affirme Yesy, un élève. “Je prie pour être en bonne santé et heureux. Ici on est traité comme des êtres humains. On apprend à lire le Coran ensemble, à rompre le jeûne ensemble, à réciter ensemble les tarawih, le zikir et le tahajud [la dernière prière de la nuit] et à manger ensemble le repas d’avant l’aube. Nous faisons tout ensemble”, dit-il. En dehors de la période du ramadan, l’école ouvre deux jours par semaine, le lundi et le jeudi. “Ces jours-là, il y a des récitals de Coran et des cours d’islam”, indique Maryani. L’école a besoin de capitaux pour continuer à fonctionner mais il est difficile de faire des démarches officielles de dons en raison des suspicions que la demande pourrait susciter. “Nous souhaitons simplement avoir un lieu où prier et étudier l’islam. Si nous demandons officiellement des dons, les gens pourraient penser qu’il s’agit d’une entreprise”, explique Maryani. Supris, l’un des enseignants de l’école, fait part de sa joie d’avoir enseigné le Coran à des travestis. Il explique que les travestis forment un groupe à part dans la société mais que, bien qu’ils soient différents, ils éprouvent les mêmes sentiments que d’autres et ont le courage de vivre leur vie. “Malgré leurs différences, dit-il, ils s’assument. Ils sont avides d’étudier l’islam et nous devons les respecter.”

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SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

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DOSSIER

Asie du sud - est

Photos : Diego Verges

Les warias d’Indonesie

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“Dans l’islam, on ne peut interdire à personne d’entrer dans une mosquée” .

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SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

assiste Maryani depuis plusieurs mois. «Je vis enfin sans menace, dit-elle. Ce n’était plus possible d’endosser le sarong pour ne pas choquer les gens.» Un planning, punaisé au mur, détaille les activités : il affiche complet

La prostitution, l’unique perspective des warias

Dans le plus grand pays musulman du monde, on les appelle les warias : une combinaison de wanita, « femme », et pria, « homme ». Souvent contraints à la prostitution, les transsexuels sont victimes de violences et de discriminations. Yullianus, ancienne travailleuse du sexe, se bat pour leurs droits et ouvre la première maison de retraite pour transsexuels. Pendant 17 ans, Yuliannus a connu la prostitution, la rue, les nuits sous les ponts de Jakarta. Née en Papouasie, dans une famille très catholique, elle découvre à l’âge de la puberté qu’elle est « une femme piégée dans un corps d’homme ». Rejetée par sa famille, Yuliannus se bat pour rejoindre les bancs de l’université. Une violente dispute avec son frère la contraint à arrêter ses études et à gagner sa vie. Très vite, elle ne voit rien d’autre que la prostitution. A 32 ans, elle décide d’en sortir, de reprendre des études, et obtient un master de droit. Avec un seul objectif en tête : se battre pour le droit des transsexuels. Appelés warias en Indonésie, une contraction de « wanita », qui veut dire femme en indonésien, et « pria », homme ; les transsexuels étaient jusqu’il y a deux ans, considérés comme des malades mentaux. Dans la communauté transsexuelle, Yuliannus est appelée Mami Yuli, un terme affectif pour celle qui est leur protectrice. Elle vient de créer dans la banlieue de Jakarta, la première maison de retraite pour transsexuels.

Vanis est fatiguée ce soir là. A 22 ans, elle a déjà le visage de quelqu’un qui a trop vécu. Elle regarde tristement ses compagnons d’infortune boire à outrance, en enfilant mi-jupes et faux cils, « il faut ça pour tenir, le travail est difficile, les clients vulgaires, mais au moins nous sommes entre nous. Nous ne nous jugeons pas. Quand je suis arrivée ici, j’ai trouvé mes paires. Dans mon village, la vie était devenue impossible », confie Vanis. Pantalon long, chemise coquette et cheveux relevés, Mami Yuli arpente régulièrement les trottoirs de Jakarta pour leur offrir d’autres perspectives. « Ils ne pensent même pas avoir accès à un autre métier. Les préjugés sont encore très forts. Il est très difficile de travailler dans une banque, une entreprise, et encore plus d’être fonctionnaire », explique Mami Yuli. « Je me bats pour que la société pose un autre regard sur les transsexuels indonésiens. Pour que nous ayons des droits. Celui de trouver un travail dans le secteur formel, d’être soigné à l’hôpital, mais je ne veux pas d’opération chirurgicale pour changer de sexe. J’ai trop peur de Dieu », raconte Yuliannus, alors qu’elle rejoint dans sa paroisse le père Romo Mardi. La communauté catholique soutient le combat de Mami Yuli, en apportant notamment des fonds pour la maison de retraite,« je les aide aussi spirituellement à accepter leur vie », explique le prêtre, sans jugement.

DOSSIER

Le prochain combat de la Mami Yuli c’est être élue commissaire des droits de l’homme en Indonésie. « Je serai la première transsexuelle si je suis élue », rêve-t-elle. Nichée dans l’arrière-salle d’un salon de beauté à Yogyakarta, en Indonésie, est une école coranique dédiée à des étudiants un peu particuliers : les transsexuels. L’école Senin-Kamis (« lundi-jeudi », en indonésien, soit les deux jours où ont lieu les cours) a été fondée en 2008 pour permettre aux musulmans transgenres de pratiquer leur foi sans peur du jugement ou du ridicule. En Indonésie, les transsexuels sont nommés « waria », un mot-valise formé à partir de « wanita », femme en indonésien, et « pria », homme. J’ai entendu parler des waria alors que je me renseignais sur un truc qui n’avait rien à voir. Mais quand j’ai découvert Senin-Kamis, j’ai abandonné mon sujet d’origine et j’ai pris rendez-vous avec l’école.

Asie du sud- est

« Les transgenres âgés sont oubliés par toutes les associations. Quitté la prostitution, ils ne gagnent plus d’argent et bien sur, n’ont pas de retraites, leur fin de vie est souvent tragique. Ici ils se forment à un métier. Souvent cuisiner, coiffeur, femme de ménage », explique Yullianus en se repoudrant le visage.

Souvent victimes de rejet de la part de leur famille, puis de moquerie à l’école et de discrimination dans la société, la plupart des 35 000 transsexuels indonésiens tombent dans la prostitution.

Les warias d’Indonesie

une transsexuelle fait avancer les droits des warias

« J’étais très demandée dans mes belles années », sourit Yoti, une transsexuelle de 70 ans, en montrant une photographie jaunie « j’ai été reine de beauté. » Les traits marqués, elle a depuis laissé tomber le maquillage et les robes moulantes. Aujourd’hui, elle gère la cuisine pour la vingtaine de pensionnaires.

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« Les transgenres âgés sont oubliés par toutes les associations. Quitté la prostitution, ils ne gagnent plus d’argent et bien sur, n’ont pas de retraites, leur fin de vie est souvent tragique. Ici ils se forment à un métier. Souvent cuisiner, coiffeur, femme de ménage », explique Yullianus en se repoudrant le visage.

Les warias d’Indonesie

assiste Maryani depuis plusieurs mois. «Je vis enfin sans menace, dit-elle. Ce n’était plus possible d’endosser le sarong pour ne pas choquer les gens.» Un planning, punaisé au mur, détaille les activités : il affiche complet

« J’étais très demandée dans mes belles années », sourit Yoti, une transsexuelle de 70 ans, en montrant une photographie jaunie « j’ai été reine de beauté. » Les traits marqués, elle a depuis laissé tomber le maquillage et les robes moulantes. Aujourd’hui, elle gère la cuisine pour la vingtaine de pensionnaires.

une transsexuelle fait avancer les droits des warias Dans le plus grand pays musulman du monde, on les appelle les warias : une combinaison de wanita, « femme », et pria, « homme ». Souvent contraints à la prostitution, les transsexuels sont victimes de violences et de discriminations. Yullianus, ancienne travailleuse du sexe, se bat pour leurs droits et ouvre la première maison de retraite pour transsexuels. Pendant 17 ans, Yuliannus a connu la prostitution, la rue, les nuits sous les ponts de Jakarta. Née en Papouasie, dans une famille très catholique, elle découvre à l’âge de la puberté qu’elle est « une femme piégée dans un corps d’homme ». Rejetée par sa famille, Yuliannus se bat pour rejoindre les bancs de l’université. Une violente dispute avec son frère la contraint à arrêter ses études et à gagner sa vie.

DOSSIER

Asie du sud - est

Très vite, elle ne voit rien d’autre que la prostitution. A 32 ans, elle décide d’en sortir, de reprendre des études, et obtient un master de droit. Avec un seul objectif en tête : se battre pour le droit des transsexuels. Appelés warias en Indonésie, une contraction de « wanita », qui veut dire femme en indonésien, et « pria », homme ; les transsexuels étaient jusqu’il y a deux ans, considérés comme des malades mentaux.

La prostitution, l’unique perspective des warias

Dans la communauté transsexuelle, Yuliannus est appelée Mami Yuli, un terme affectif pour celle qui est leur protectrice. Elle vient de créer dans la banlieue de Jakarta, la première maison de retraite pour transsexuels.

Vanis est fatiguée ce soir là. A 22 ans, elle a déjà le visage de quelqu’un qui a trop vécu. Elle regarde tristement ses compagnons d’infortune boire à outrance, en enfilant mi-jupes et faux cils, « il faut ça pour tenir, le travail est difficile, les clients vulgaires, mais au moins nous sommes entre nous. Nous ne nous jugeons pas. Quand je suis arrivée ici, j’ai trouvé mes paires. Dans mon village, la vie était devenue impossible », confie Vanis.

Souvent victimes de rejet de la part de leur famille, puis de moquerie à l’école et de discrimination dans la société, la plupart des 35 000 transsexuels indonésiens tombent dans la prostitution.

Pantalon long, chemise coquette et cheveux relevés, Mami Yuli arpente régulièrement les trottoirs de Jakarta pour leur offrir d’autres perspectives.

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rempli de trophées géants qu’elle a gagnés à l’occasion de divers concours de maquillage et de coiffure, le tout supervisé par une photo du sultan de Yogyakarta, qui, m’assure-t-elle, était un saint homme. Derrière la salle de classe, une cuisine, des toilettes, et de nombreux rats qui filent ventre à terre alors qu’on discutait, assis à même le sol.

La plupart des waria sont arrivées habillées en hommes, ou une sorte d’entredeux, et se sont transformées en femmes sur place. Maryani m’a enveloppée d’un sarong et s’est mise à me maquiller. Plus elle étalait de couches, plus je me sentais vieille et orange. Mais j’étais épatée par sa dextérité pour poser des faux cils. Son assistante m’a posé une coiffe en pandanus d’environ 5 kilos sur la tête, tenue par ce qui me semblait être des centaines de barrettes. Elle a ensuite posé dessus un couvre-chef fleuri, puis mis des autocollants noirs et dorés sur mon front. Maryani m’a dit que j’étais cantik – à savoir, belle. Elle m’a tendu un sarong en batik et un haut en gaze vert pomme rebrodé de sequins et de perles, et aidée à les revêtir. Je me suis vue dans le miroir. J’ai eu peur.

Asie du sud- est

Rizky était encore un nourrisson quand Maryani l’a sauvée de l’abandon. Sa mère biologique n’avait pas eu les moyens de se payer un avortement illégal. Maryani m’a énuméré les difficultés que pouvait rencontrer une mère célibataire. Les larmes dévalaient ses joues et transformaient son visage recouvert de fond de teint en un terrain boueux. Elle les a essuyées du bout de son jilbab. Maryani avait beau avoir un pénis, les larmes qu’elle versait étaient celles d’une mère.

Elle est montée en grade jusqu’à devenir esthéticienne, avec un objectif en tête – aujourd’hui atteint – : économiser assez d’argent pour ouvrir son propre salon. Le succès de Maryani était peutêtre modeste, mais la plupart des waria n’arrivaient pas jusque là. Maryani clamait que l’islam l’avait sauvée. Elle avait été éduquée dans la foi chrétienne par un couple qui l’avait adoptée à la naissance et s’était convertie à la religion musulmane à 30 ans. Elle avait arrêté de boire et laissé de côté ses mauvaises manières, et se consacrait depuis à une vie pieuse et, ces joursci, à la maternité. Elle espérait que son histoire pourrait inspirer d’autres waria. « Si les travestis parviennent à mener des vies meilleures, la société les jugera moins durement », a-t-elle affirmé.

Pour conclure mon séjour, j’ai organisé une fête pour mes nouvelles amies waria. Maryani s’est arrangée avec un restaurant local bienveillant et a proposé de me transformer en mariée javanaise traditionnelle pour l’occasion. Nerveuse à l’idée de la laisser me maquiller, j’ai accepté. Les waria ont convenu de se retrouver au salon le lendemain, sapées sur leur 31.

Les warias d’Indonesie

J’étais censée rencontrer Maryani à l’école mais avant que j’arrive, elle m’a proposé d’assister aux funérailles d’une waria qui venait de mourir du sida. J’étais en pleine intoxication alimentaire, mais je m’étais gavée de médocs : j’ai dit oui. Quand j’ai débarqué, j’ai été immédiatement submergée par la vue de tant de waria assises sur des chaises au beau milieu de la route ou appuyées contre le garde-corps d’un pont. Elles fumaient toutes des Gudang Garam. Maryani m’a pris la main et guidée dans une pièce avec des fleurs, de l’encens en train de se consumer et un cercueil. Elle m’a dit d’aller m’asseoir pendant qu’on récitait des prières. Incapable de comprendre un seul mot, étrangère à la personne décédée et désireuse de ne pas vomir sur son cadavre, je me suis fermement arrimée à ma chaise et j’ai beaucoup transpiré.

La touche finale du look waria, ce sont des injections de silicone dans le visage et dans les seins, ce qui leur donne une apparence légèrement bouffie. Chez certaines, comme Shinta, une des élèves les plus âgées de l’école, c’est plus exagéré que chez d’autres, mais la plupart des waria subissent des injections. D’après ce qu’on m’a dit, les waria croient que ça adoucit leurs traits, que ça leur donne un air plus féminin. La procédure, qui a secrètement lieu dans certains salons de beauté ou chez des particuliers qui obtiennent de la silicone au marché noir, est loin d’être donnée – certaines waria économisent des années pour se la payer. Jamila avait planifié de se faire gonfler la poitrine pendant mon séjour, et elle a accepté que j’assiste à l’opération.

DOSSIER

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Les hatzabe, tanzanie


Les hatzabe, tanzanie


Territoire de Djara, Inde


Territoire de Djara, Inde


laihab naithov olk

les recettes de l’autre bout du monde .

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valasan khong vadthanathoa sakon

On aime la gastronomie et on veut partager cette passion avec vous. Embarquez dans un tour du monde culinaire et décryptez la culture d’un pays à travers les recettes locales. Du Tokyo à Miami, de l’Indonésie à l’outback australien, notre guide gourmand ne reculera devant aucun plat, aussi étrange soit-il, pour mener à bien sa mission.

CUISINE

#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES


En Italie :

formaggio che si muove da sé

La recette : prenez un fromage de brebis. Au moment de l’affinage, introduisez des larves de Piophila Casei (appelées également : «mouche à fromage»). Laissez décomposer l’ensemble tranquillement dans une cave. Lorsqu’un liquide (appelé «lagrima») s’en échappe, consommez votre fromage gigoteur avec ou sans les larves, à votre convenance. La touche du Chef : dégustez avec du pain sarde et un vin rouge un peu costaud. A noter : ce fromage a été interdit pour des raisons sanitaires en Italie. En effet, certaines personnes ne parvenant pas à digérer les mouches seraient tombées malades. Si l’expérience vous tente, vous trouverez le Cazy Marzu

Les cochons d’inde rotis

dans

AU PÉROU: asado guinea india

EN MALAISIE: telur dieram Recette : Prenez un oeuf de cane ou de poule qui a été fécondé. Après environ 18 jours, pochez-le 20 minutes dans de l’eau bouillante salée. Ouvrez-le à la manière d’un oeuf à la coque, assaisonnez l’embryon avec de la coriandre, du sel, du poivre et du citron vert. Puis gobez-le à l’aide d’une petite cuillère. La touche du Chef : Parce que son aspect n’est franchement pas ragoûtant, la tradition veut qu’on le déguste dans la pénombre ou à la tombée de la nuit. A noter, on en trouve également au Viêt Nam et dans les épiceries asiatiques en France.

AU VIÊT NAM: nuôi vẫn nóng La recette : lors d’un dîner traditionnel au Viêt Nam, sortez votre cobra vivant et saignez-le. Mélangez le sang et la bile à de l’alcool de riz. Ce sera votre boisson au cours du repas. Dégustez la chair du serpent (sous forme de chips, de soupe, grillée...) Puis à la fin du repas, amenez le coeur encore palpitant de la bestiole. C’est au plus ancien de la tablée que revient l’honneur d’avaler tout cru ce concentré d’énergie vitale encore palpitant. La touche du Chef : la viande du cobra se marie très bien avec la citronnelle. Dans ce cas, faites-le revenir avec du gingembre, des piments et du beurre de cacahuètes.

EN CHINE: trung tram nam La recette : A ne pas confondre avec les oeufs couvés. Prenez un oeuf de cane et laissez reposer pendant plusieurs semaines (ou mois, en gros jusqu’à 100 jours) dans de la boue chargée de chaux, du riz et des feuilles de thé. La consistance de l’oeuf va alors changer pour devenir crémeuse sous l’effet de l’ammoniaque. On le consomme ensuite comme un oeuf dur avec un peu de vinaigre. Attention aux odeurs de souffre à l’ouverture. La touche du Chef : en Chine on le mange au petit-déjeuner !

CUISINE

La recette : prenez un cochon d’Inde (également appelé «cobaye»), faitesle frire jusqu’à ce que la peau soit dorée et croustillante. Dégustez avec des pommes de terres sautées (par exemple). La touche du Chef : vous pouvez agrémenter d’une sauce aigre-douce ou aux cacahuètes. Il faut savoir que près de 65 millions de cobayes sont consommés chaque année au Pérou. C’est un met particulièrement raffiné que l’on sort

Les oeufs couvés

La recette : pêchez un requin, tuez-le immédiatement. Enterrez-le dans le sol et laissez reposer environ 5 mois. Lorsque la chair est en putréfaction, sortez-le, et laissez sécher pendant plusieurs mois. Puis coupez-le en cubes. La touche du Chef : lorsque le requin est tué, l’acide urique envahit immédiatement l’ensemble des tissus musculaires : c’est ce qui donne à la chair ce petit goût unique. Mais rassurez-vous les nitrates contenus dans l’urine disparaissent lorsque la viande est séchée à l’air libre.

Le cobra encore chaud

En Islande : hægelduðum hákarl hékk

Les oeufs de cent ans

Le fromage qui bouge tout seul

Le dés de requin faisandé

SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

pour les cérémonies et les grandes occasions.

Les oeufs de cent ans .

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EN CHINE: Jiayú tāng Recette : dans une marmite, faites chauffer de l’huile, de la farine, un oignon, une tranche de jambon et un peu de sauce tomate. Après une dizaine de minutes, incorporer environ 1 kg de chair de tortue molle et ajouter de l’eau progressivement. Laisser mijoter une heure : c’est prêt !

La viande d’aligator

la soupe de tortue

#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES

Les insectes grillés

AU JAPON: Sūpu yopparai raibu ebi

CUISINE

La recette : prenez un alligator, découpez de jolis filets de viande. Faire revenir dans un peu de matière grasse et déguster. La touche du Chef : la viande de l’alligator (et non pas du crocodile !) ressemble à la viande de poulet. Elle peut donc s’accommoder et se cuisiner de différentes façons : en ragoût, bouillie, grillée... Laissez s’exprimer votre imagination !

EN THAILANDE: Mælng khạw

La touche du Chef : cette recette est considérée comme l’une des plus cruelles d’Asie avec celle du poisson mort-vivant (un poisson cuisiné et servi vivant...) Il arrive par conséquent que les

La recette : prenez des punaises d’eau, des sauterelles, des criquets, des grillons, des cigales, des vers de palmier, des chrysalides de vers à soie, de gros scorpions noirs... Le tout agrémenté de chenilles, d’herbes, d’épices. Aux choix, faites griller ou frire dans l’huile. Déguster avec les doigts. La touche du Chef : les insectes peuvent se conserver vivants au réfrigérateur. Cette technique permet également de ralentir leurs mouvements au moment de la préparation. (Vous éviterez ainsi une nuée de cigales ou de sauterelles

crevettes soient tuées préalablement.

dans votre cuisine...)

La recette : faites chauffer un mélange d’alcool et quelques épices à feu doux. Jetez quelques crevettes encore vivantes et dégustez pendant qu’elles bougent encore (mais moins vite car elles sont saoules).

Les escalopes de pis de vache

La soupe aux crevettes vivantes ivres

La touche du Chef : cette soupe est préparée avec une espèce particulière de tortue. Sa carapace est totalement molle. C’est un met particulièrement raffiné en Asie et en Chine.

EN FLORIDE : MEAT ALIGATOR

EN ITALIE:

mammella cotolette di mucca La recette : prenez vos pis de vache, faites les cuire pendant 3 heures dans un bouillon de légumes. Egoutez et taillez en escalope d’environ un demi centimètre de large pour une dizaine de centimètres de long. Faire ensuite revenir à la poêle dans un peu de matière grasse jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Dégustez chaud. Vous pouvez consommer les restes froids avec un peu moutarde (comme un rôti.) La touche du Chef : le pis de vache (également appelé «tétine») est un plat traditionnel relativement répandu il y a une trentaine d’années... On s’en procure encore maintenant dans les triperies où les pis sont vendus pré-cuits.

Le fromage qui bouge tout seul

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EN CHINE: Shui zhu wěi yú yan La recette : prenez un oeil de thon de belle taille. Plongez-le dans l’eau bouillante quelques minutes. Une fois poché, vous pouvez commencer à décortiquer la bête (enfin... l’oeil de la bête). Il se consomme un peu comme le corps d’un tourteau, il faut extraire la chair du cartilage et des différents corps mous non-comestibles.

l’oeil de thon poché

SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

La touche du Chef : veillez tout de même à bien cuire votre chauve-souris. Ces petits animaux sont porteurs de rage bien sûr, mais aussi du virus ébola...

EN CHINE: Yú jīngyè La recette : Prenez un fugu ou une morue mâle (!), sectionnez l’abdomen à l’aide d’un couteau et récupérez les vésicules séminales (pleines). Faites les frire rapidement. Consommez-les avec une bonne bière japonaise en apéritif. La touche du Chef : ce plat traditionnel japonais s’appelle le Shirako, il s’achète au poids dans les poissonneries et se consomment notamment dans les izakayas (équivalent du bistrot en France.)

La recette : voici une idée pour relever l’assaisonnement de vos tacos. Au moment de concevoir la sauce, jetez y une poignée de punaises mexicaines. Elles se marient idéalement avec la tomate (notamment). La touche du Chef : il existe une autre sorte de punaise appelée «jumile». Celles-ci se dégustent vivantes directement enroulées dans une tortilla. Attention, elles pourraient vous remonter sur les bras

CUISINE

AU MEXIQUE: errores en salsa

Le liquide séminal de poisson

La recette : plusieurs manières de cuisiner la chauve-souris. Vous pouvez la rôtir. Classique. Ou la consommer en sauce avec du gingembre et des fines herbes. La texture de la viande ressemble à celle du pigeon ! Il paraît que c’est très bon (notamment les ailes) !

Les punaises en sauce

EN INDONÉSIE: kelelawar untuk pin

Les chauve-souris à la broche

La touche du Chef : la photo à gauche n’est pas représentative des yeux de thons servis en Chine. En réalité, ils peuvent être de la taille d’un poing. On les achète en barquette, comme les escalopes de dinde en France.

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Les navajos, arizona / nouveau mexique


les navajos, arizona / nouveau mexique


#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES

Swati Gupta INTERVIEW

Asie du sud - est

Swati Gupta, pouvez-vous tout d'abord vous présenter à nos lecteurs ? Avec plaisir ! Je suis une des femmes indiennes ayant eu la chance d'avoir les parents libéraux et ouverts, qui m'ont donné des ailes pour aller voir ailleurs et faire ce que j'avais envie de faire. J'ai grandi dans un milieu où la culture était à l'honneur, avec des cours de chant, de musique, d'art, de danse... à coté de mes études. Je pense que si aujourd'hui je suis une artiste plasticienne, c'est grâce à cette ouverture, cette initiation à l'art dès le plus jeune âge. Vivre loin de l'inde m'a beaucoup rapprochée de mon pays, m'a aidée à me connaitre et à connaitre ma culture.

Qu'est-ce qui vous a conduite depuis votre Inde natale vers la France ? Vous avez effectué des études dans le domaine artistique, mais qu'est-ce

tôt. Je n’arrête pas de vivre des différences culturelles en permanence entre l’Inde et la France, mais c’est cela qui me donne de la force et des idées pour mon travail. Dans ma cuisine aussi, je fais des mélanges. Je suis quelqu'un de facile, je peux vivre dans n'importe quel pays et dans n'importe quelle culture. J'aime les cuisines française, japonaise et du Moyen orient, les danses des îles, la langue espagnole, les films britanniques et l'art américain... Mais l'Inde reste au cœur de tout. C'est pour cela, maintenant que je vis la moitié du temps là-bas, la moitié ici, à Toulouse, avec mon compagnon.

Vous êtes par ailleurs impliquée dans un important projet de festival indien à Toulouse, axé notamment sur le cinéma : peut-on en savoir un peu plus ? L’association Saison Indienne, lançons la première édition d'un Festival sur l’Inde à Toulouse en avril 2013. Il va y avoir des spectacles vivants avec quelques musiciens venant de l’Inde, des expositions, des conférences (d'indianistes, d'experts...), avec une programmation importante de films.

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Peintre, plasticienne, vidéaste... Swati Gupta est une artiste indienne aux multiples talents, reconnue dans son pays comme une des valeurs montantes de la scène artistique contemporaine. Mais c’est en France, plus précisément à Toulouse, qu’elle s’est installée .

interview


SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

Asie du sud- est

INTERVIEW

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INTERVIEW

Asie du sud - est

#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES

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SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

«J‘aime créer un dialogue physique et métaphysique entre l’œuvre et le spectateur»

qui vous a poussée dans cette voie ? Votre vocation artistique remontet-elle à l'enfance ? Quand j'étais étudiante en art à Delhi, j'ai été marquée par l'Impressionisme, l'art européen, plus particulièrement l'art de Van Gogh, Monet, Vuillard, Toulouse-Lautrec... Donc j'ai étudié en profondeur, mais j'ai vite compris que pour bien voir l'art et le comprendre, il faut être réellement devant les œuvres d'art, en personne. Donc mes parents m'ont permis d'aller faire une visite pour découvrir les grands musées et centres d'art à Paris.

Au cours de vos études, ou en d'autres circonstances, quels sont les artistes, présents ou passés, qui ont le plus retenu votre attention et à qui va votre admiration ?

Méta-physique... quand on peut pénétrer un espace par notre esprit... une connexion de spiritualité et de méditation. Physique... quand les gens peuvent traverser mes installations, pénétrer un nouvel espace dans l'espace... Les gens, la psychologie m'inspirent beaucoup. Plus je rencontre les gens, plus je voyage, plus cela m'enrichit dans ma réflexion. Je pense que l'art est pour les gens, ce n'est pas quelque chose qu'un artiste fait juste pour se faire plaisir. Alors dans ce cas là, c'est un hobby, un passe-temps. Un artiste fait partie de la société et a des responsabilités, comme un activiste, un musicien, un

Votre art est-il perçu différemment dans les deux pays, par le public, par le milieu artistique ? Oui, le public est très différent en Inde et ici. Lors de ma dernière exposition personnelle à Delhi, je suis restée dans la galerie tout le temps pour pouvoir interagir avec le public. J'ai été ravie. Déjà, retourner en Inde pour montrer mon travail et voir les réactions des gens... Je les ai trouvés très ouverts, bavards, curieux ! J'adorais. D'ailleurs, j'ai enseigné dans l'école d'art et animé des ateliers avec les enfants autour des expositions d'art contemporain à Delhi. C'est de l'espoir, l'avenir pour la nouvelle génération. Ici en France, il y a plus de gens qui fréquentent les lieux d'art et ont des connaissances artistiques de base, et puis les musées existent depuis longtemps en France. Cela a éduqué les gens. Donc je pense que les dialogues ne sont pas les mêmes et les réactions non plus. Mon travail reçoit une réponse très positive en France en ce moment et depuis quelques années, donc j'y suis. Le milieu artistique en Inde est très différent d'ici, incomparable ! même si on a tendance à penser que les artistes contemporains les plus connus (comme Subodh Gupta, Atul Dodiya, Anita Dube...) ont tout changé en Inde. Non, c'est un mythe. Seulement la vie de ces artistes-là a changé et celle des leurs galeristes, grâce à une circulation de leur travail à l'étranger. C'est difficile pour les artistes d'être reconnus par les galeristes en Inde. Le grand public commence petit à petit apprécier l'art et cela va changer quand ils se mettront à acheter des œuvres d’art.

Vous sentez-vous avant tout une artiste  indienne,   culturellement métisse ou bien citoyenne du monde ? Je pense que les nationalités sont tout d'abord pour les papiers, les passeports. Cela reste une question très problématique pour moi. Difficile de se définir, même si je suis Indienne. Heureusement que je suis une artiste et je peux mélanger mes êtres et mes pensées, fusionner l'art, créer un art métis, plu-

INTERVIEW

Lorsqu'on observe vos créations, on est frappé par la diversité : des toiles aux accents de pop art, des installations très contemporaines, des vidéos oscillant entre tranches de vie et clins d’œil à Bollywood... Comment interpréter cette variété, déroutante d'une certaine manière ?

Vous avez dit : "En tant qu'artiste, j'aime créer un dialogue physique et métaphysique entre l’œuvre et le spectateur". Pouvez-vous nous donner quelques précisions ? En quoi ce dialogue peut-il consister ? Qu'entendez-vous par "physique et métaphysique" ?

ministre. Pour moi, c'est important de représenter les sentiments humains, les relations et de créer une dialogue entre l'œuvre et le spectateur.

Asie du sud- est

Après avoir été intriguée par de Impressionnistes, cela a été le tour des Expressionnistes, de l'Art Minimal... Quand j''ai visité les USA, l'art américain à son tour m'a marquée : American Abstracts, Minimal Art, Pop Art, Colour Field ont retenu mon attention au cours des dernières années. Mon travail a donc reçu ces influences là, directement ou indirectement. Pour citer quelques artistes, je dirais : George Rousse, BMPT (artistes français), Louise Bourgeois, Richard Serra, Anish Kapoor, Frank Stella, Ellsworth Kelly, etc. J'ai été boursière-apprentie chez Anjolie Ela Menon à Delhi. À Paris, j'ai croisé beaucoup d'artistes aussi. J'ai rencontré plusieurs fois Raza, c'était très intéressant. Mais avant tout, ce sont mes expériences qui m'ont dirigée dans l'art, ces influences sont aléatoires. Ce sont les actualités dans le monde qui m'inspirent. Fukushima, les inondations, les guerres civiles, la commercialisation, ma culture indienne, les technologies de pointe, tout cela, c'est ce qui me marque.

Quand je ne peins pas, je dessine. Quand je voyage, je fais des vidéos, des photos et des croquis. Quand je suis dans mon atelier, je peins et réfléchis à des projets, au montage des vidéos, j'expérimente... Cela me permet de faire des expériences diverses des différentes situations de la vie et je reste dans le dynamisme de la création. Ce sont mes études à l'ENSAPC et mon expérience artistique à Paris qui m'ont permis d'acquérir de la maîtrise et d'être polyvalente. Les professeurs nous encourageaient à nous ouvrir à diverses médiums et à expérimenter. Mais tout les médiums d'expression sont importants pour moi. Cela demande le même investissement, la même sincérité et la même dévotion. Quant à la vidéo, je suis très influencée par Bollywood.. En Inde, en général, on grandit avec le cinéma dès le plus jeune âge. Et cela reste dans l'inconscient, et chez moi cela se traduit par l'envie de créer une comédie, voire une comédie musicale et une parodie, tout en gardant ma touche personnelle, d'humour et ironie. Les installations, elles, sont très différentes des peintures, l'approche est différente. L'installation est in-situ, en 3D, dans u un vrai espace, les spectateurs peuvent tourner autour, parfois toucher, sentir et se balader dedans... donc c'est conçue différemment.

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Les aymara, bolivie


Les aymara, Bolivie


Pierre de Vallombreuse est né à Bayonne en 1962. Au contact de Joseph Kessel, grand ami de ses parents, il ressent très tôt l’envie d’être un témoin de son temps.
 
En 1984, il rentre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris avec l’idée de faire une carrière de dessinateur de presse. Mais un voyage à Bornéo, l’année suivante, va bouleverser le cours de sa vie. Il partage en effet son quotidien avec les Punans, derniers nomades de la jungle. Il décide de devenir un t Toujours étudiant aux Arts décoratifs de Paris, il passe de longs séjours répétés dans la jungle des Philippine avec les Palawans. Au total, il vivra avec eux plus de deux ans. Toute sa carrière il aura comme but de montrer la relation intime qui

Les Badjaos en Malaisie, les Gwitchins au Canada, les Inuits du Groenland, mais aussi les Navajos, les Bhils ou les Rabaris, plus d’une dizaine de peuples du monde entier que Pierre de Vallombreuse a photographiés en cinq ans de compagnonnage (De 2007 à 2012), et dont chacun est détenteur de savoirs uniques.

lie l’homme à son environnement, mais aussi de montrer que la biodiversité est, comme la diversité des cultures, gravement menacée. Leurs sorts sont liés. Ces peuples peuvent nous apprendre à les préserver. C’est pourquoi poser la question de leur devenir est vital

PIERRE DE VALOMBREUSE Le photographe, qui vit en moyenne 2 à 3 mois avec ses hôtes, est mû par un soucis de témoignage «il faut que les gens s’approprient ce message pour qu’eux mêmes puissent agir». Il dit qu’il ne faut pas regarder ces êtres comme exotiques, «l’on est plus proches d’eux, qu’éloignés. Il sont juste au carrefour des grands bouleversements de la planète. Et ce qui leur arrive va nous arriver, on a qu’une humanité, on est tous sur le même bateau, et il faut faire en sorte que ce bateau soit vivable, l’emmener le plus loin.» En immersion de 6 semaines à 2 ans, il prend «le temps de comprendre mais aussi de vivre les choses.» Pierre de Vallombreuse raconte ses voyages en images, son seul moyen d’expression.



#54 JOURNAL DES CULTURES INTERNATIONALES

somaly mam portrait

PORTRAIT

«Ce que je sais faire, c’est juste aider les femmes».

Vendue à un bordel alors qu'elle n'était qu'une enfant, la Cambodgienne Somaly Mam est devenue l'un des visages les plus connus de la lutte internationale contre l'esclavage sexuel. Mais ses méthodes sont loin de faire l'unanimité. Dernier fait d'arme, elle a laissé son "vieil ami" Nicholas Kristof, journaliste du New York Times, raconter, en direct sur le site de micro-blogging Twitter, une descente dans un bordel d'Anlong Veng, dans le Nord du Cambodge, effectuée par la police et des militants de son association.

"Les filles sont sauvées, mais elles ont encore peur. Les plus jeunes ont l'air d'avoir 13 ans, amenées depuis le Vietnam par des trafiquants", écrivait le lauréat du prix Pulitzer, connu pour son engagement en faveur des droits de l'homme, dans ses "tweets" suivis par un million de personnes. Des commentaires qui avaient soulevé des critiques concernant le consentement des adolescentes. Mais pour Somaly Mam, à la tête de la fondation

AFESIP (Agir pour les femmes en situation précaire), les projecteurs pointés sur la traite des êtres humains grâce à cette opération l'emportent sur les risques. "Que vous twittez ou pas, c'est dangereux", a-t-elle expliqué à l'AFP lors d'un déplacement au Vietnam. Mais si Kristof "twitte, plus de gens sont informés et comprennent. C'est mieux". Tania DoCarmo, du groupe anti-trafic Chab Dai, y voit pour sa part un coup marketing qui "sensationnalise" un problème complexe.

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SEMAINE DU 30 Septembre AU 5 octobre

"Faire un reportage improvisé sur des enfants dans une situation traumatisante ne serait pas considéré comme éthique ou acceptable en Occident (...). C'est inapproprié et cela relève du voyeurisme de le faire dans des pays en développement comme le Cambodge", insiste-t-elle, notant que ces enfants ne sont "pas en mesure de donner leur consentement". AFESIP assure avoir participé au sauvetage d'environ 7.000 filles et femmes au Cambodge, Laos et Vietnam depuis 1997. Au Cambodge seul, plus de 34.000 travailleurs du sexe exercent, selon une estimation du gouvernement de 2009. Somaly Mam a été vendue par un grand-père ou un oncle alors qu'elle avait un peu plus de dix ans. Puis violée de façon répétée, jusqu'au jour où elle a réussi à s'enfuir du bordel après avoir vu une amie se faire tuer sous ses yeux. "J'étais complètement brisée", se rappelle la belle quadragénaire, dont l'expérience de victime est le moteur de sa lutte contre la traite. Mais alors que la ligne est parfois floue entre trafiquants et victimes, qui ellesmêmes finissent parfois par en recruter d'autres, Mam a adopté une ligne aussi stricte que controversée: tous les travailleurs du sexe sont des victimes, d'un trafic ou des circonstances, parce que personne ne choisit de se prostituer. "Parfois, une femme me dit qu'elle a choisi d'être une prostituée, (mais si je lui demande) et votre fille, vous voulez qu'elle le soit? Elle répondra +non, non, non+. Je dis: vous voyez, (elles) n'ont pas le choix".

Les opérations de sauvetage et les rafles de la police sont inefficaces, selon les experts. Et elles conduisent à "des violations systématiques des droits (...) des travailleurs du sexe", estimait l'organisation Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié en 2010. HRW

Des adultes qui se prostituent volontairement, arrêtées puis remises à AFESIP, ont raconté avoir été retenues contre leur gré dans des refuges de l'organisation. Ce que nie farouchement Somaly Mam, qui assure tenter de convaincre ces femmes "brisées" de rester, mais ne pas les empêcher de repartir vers l'univers des bordels qui leur est familier. "Je ne vais pas les contraindre, moi qui ai souffert de la contrainte", assure la militante, soutenue par des célébrités et nommée "héros de l'année" par CNN. "J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie", reconnaît-elle, assurant tenir compte des critiques contre son approche. «Ce que je sais faire, c’est juste aider les femmes». Il y a une croyance en Extrême-Orient selon laquelle on peut atteindre l’immortalité, ou du moins rajeunir et éclaircir sa peau, en violant des enfants vierges. D’autres, comme en Afrique, pensent qu’on peut se guérir du sida en couchant avec des vierges», explique Mme Mam. C’est ainsi que le sida se répand à une vitesse fulgurante dans ces populations. Somaly Mam a vu plusieurs de ses jeunes rescapées en mourir. À la jeunesse croissante des esclaves sexuelles s’ajoutent des méthodes de représailles de plus en plus barbares. On ne fait plus que battre les récalcitrantes et leur infliger des brûlures de cigarette ; on leur plante carrément des clous dans la tête. «Mon message, c’est que tout le monde peut aider. Il y a beaucoup de gens qui le veulent mais qui ont peur et ne savent pas par où commencer.» Somaly Mam encourage ceux qui veulent faire leur part à acheter les produits Body Shop créés pour la campagne et dont les recettes seront remises à la Somaly Mam Foundation ainsi qu’à Au-delà des frontières, un organisme canadien qui lutte contre le trafic des mineurs chez nous.

Dans son livre Le Silence de l’innocence, publié en 2005, elle raconte ses nuits blanches et les cauchemars qui n’ont cessé de la hanter depuis ses premières années d’enfer. «Aujourd’hui, je n’ai plus peur. Si on peut vivre un jour, un mois, un an en faisant des choses importantes, qui nous comblent, c’est mieux que de vivre pendant 100 ans sans rien faire. Moi j’aime la vie avec beaucoup de goût.» Cette année, le gouvernement cambodgien a enfin voté une loi pour protéger les victimes et pour punir les trafiquants. «Le gouvernement commence enfin à bouger.» Elle constate que les bordels sont un peu moins nombreux depuis qu’elle a entrepris ses sauvetages mais que les filles sont de plus en plus jeunes. Elles n’ont parfois que 4 ou 5 ans. Dès qu’elle a remis les pieds à Phnom Penh, elle a connu plusieurs fois la sensation glaçante d’un pistolet sur la tempe et a reçu d’innombrables menaces de mort. Mère de trois enfants, elle s’inquiétait surtout pour la sécurité de sa famille. Récemment, des tenanciers de bordel ont réussi à enlever sa fille de 14 ans pendant quatre jours. «C’est grave, ce qui lui est arrivé, mais en même temps ma fille a la chance d’avoir beaucoup de soutien. Elle a grandi dans le centre et elle voit que la plupart des enfants de bordel n’ont pas de parents ou ont été vendus par ceuxci. Mes propres enfants sont de la plus grande importance pour moi, mais tous ces autres enfants ont aussi besoin de moi, plus encore parfois.» Avec son ex-mari français, Pierre Legros, qui a réussi à la sortir du bordel une fois pour toutes, Somaly Mam a fondé AFESIP (Agir pour les femmes en situation précaire) en 1996. Partie de rien, l’ONG jouit maintenant d’une reconnaissance internationale. Plus de 4000 filles et jeunes femmes ont été sauvées et accueillies dans les centres mis sur pied par l’organisme. «Moi, ma vie s’est terminée après le premier viol, explique la femme de 38 ou 39 ans (elle ne connaît pas son âge .

PORTRAIT

Cette position, qui justifie son recours aux raids de bordels, fait fulminer d'autres militants, comme le Réseau des travailleurs du sexe d'Asie-Pacifique pour qui des adultes se prostituant de leur plein gré ont besoin "de droits, pas d'être sauvés".

voyait dans ces rafles des "arrestations arbitraires de gens innocents". Mais Mam rejette ces accusations. "Quand une fille est tuée dans un bordel, est-ce que HRW va dans le bordel? Quand j'étais dans un bordel et qu'une de mes amies a été tuée, est-ce que HRW est allé là-bas? Non".

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Uvidíme sa budúci týždeň!

On se retrouve la semaine prochaine pour la

Slovaquie


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