santé N°115 / janvier - février 2010 / 1€ www.defense.gouv.fr/sante
Actualités du service de santé des armées 1
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La DRSSA de Toulon 1er stage validant à Epervier Protéger la peau contre le risque chimique La fonction « ressources humaines » évolue
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SOMMAIRE Activités opérationnelles 1 stage validant à Epervier
page 3
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L’hôpital médicochirurgical de Kaboul
pages 20 et 21
Vie du service Vœux du directeur central
page 4
Attaque virale sur une base nucléaire
page 5
Le département d’audit interne du service de santé des armées
page 7
pp. 4 et 5
La fonction « ressources humaines » évolue pages 22 et 23 An 1 de la transformation du service
page 24
Des têtes, des jambes et un état d’esprit
page 25
Enquête sur le moral
page 25
Actualités scientifiques Protéger la peau contre le risque chimique
pages 8 et 9
Dossier La DRSSA de Toulon
pages 10 à 21
pp. 8 et 9
Quoi de neuf
page 26
Photos couverture actu santé n°115 Photos n’ 1, 3, 4, 5, 6, 7 © Ville de Toulon Photo n’ 2 © DRSSA Toulon/Jean-Louis Niviere Direction centrale du service de santé des armées Bureau communication et information Fort neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux 75614 Paris Cedex 12 - Tél : 01 41 93 27 77 Mél : bcissa@dcssa.fr Directeur de la publication : Médecin général inspecteur Joël Marionnet Rédacteur en chef : Médecin chef des services Anne Robert Secrétaire de rédaction : Infirmier anesthésiste cadre de santé Alexandre Schauer
pp. 10 et 11
Maquettiste PAO : Secrétaire médical de classe normale Irina Toussaint ép. Vincent Impression : Pôle graphique de Tulle BP 290 - 19007 Tulle Cedex - Tél : 05 55 93 61 00 Edition : DICOD 1, place Joffre - 75007 Paris Abonnements : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry sur Seine Tél : 01 49 60 52 44 Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 Dépôt légal : Mars 2009 Tirage : 17 300 exemplaires 6 numéros annuels
Service de Santé des Armées
pp. 20 et 21 Actu Santé - N°
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Activités opérationnelles
1 stage validant à Épervier er
Dans le cadre des stages hospitaliers du deuxième cycle à l’étranger, le médecin-aspirant Clément Hoffmann a été accueilli, pendant deux mois, par le Centre médico-chirurgical (CMC)1 de N’Djamena, principale structure santé des Eléments français au Tchad (EFT). Il est le premier élève de L’ESSA de Lyon-Bron à bénéficier d’un stage validant au sein d’une structure opérationnelle. Récit.
J
uillet 2009, après plus de cinq heures de vol, je débarque sur le sol tchadien. La chaleur est écrasante. Conduit au camp Kosseï, je suis présenté au COMSANTE, responsable de l’ensemble du dispositif santé Epervier, aux médecins-chefs de l’antenne chirurgicale et du service médical des EFT.
Une activité opératoire très diversifiée Rapidement intégré aux équipes soignantes de l’Antenne chirurgicale parachutiste (ACP), je participe dès le lendemain aux consultations et à l’importante activité opératoire 2 très diversifiée . La saison des pluies étant une période peu propice aux combats, aucun blessé de guerre n’est à prendre en charge. Chaque matinée, en moyenne cinq à six interventions programmées de chirurgie viscérale et orthopédique, sont réparties entre les blocs. Le recrutement est majoritairement civil. Dans ce contexte opérationnel, il est nécessaire de faire une sélection des patients et des pathologies. En effet, le geste chirurgical doit apporter un bénéfice immédiat au patient, avec des suites opératoires simples et sans suivi à long terme. Les patients doivent pouvoir être opérés dans les mêmes conditions qu’en métropole.
hôpital civil. Outre le rôle de conseil, nous avons assuré une formation aux techniques de premiers secours au combat grâce à la présence d’un moniteur de secourisme.
L’après-midi est consacré aux nombreuses consultations de chirurgie et pré-anesthésiques qui offrent un contact privilégié avec la population locale. Elles permettent de parfaire à la fois ma « clinique » et mes connaissances pratiques grâce au large panel de pathologies présentes. Le manque d’accès aux soins et l’attachement à la médecine traditionnelle entraînent des consultations tardives rendant plus compliquée leur prise en charge.
Travailler en milieu opérationnel est fondamentalement différent du milieu hospitalier. La limitation des explorations complémentaires et l’indisponibilité de certains matériels obligent à nous adapter médicalement. Le changement d’habitude de vie, des conditions climatiques difficiles, l’éloignement familial, etc. sont parfois source de tension et de conflits internes. Mais, cette riche expérience médicomilitaire, tropicale et humaine m’a directement confronté aux réalités de la pauvreté et du dénuement de l’offre de soins sur le continent africain.
Formé tout d’abord à la petite chirurgie, puis aux actes des infirmiers anesthésistes, je gagne progressivement en autonomie. In fine, j’effectuerai seul les petits gestes courants d’anesthésie et de chirurgie. En parallèle, je découvre les principes de l’anesthésie locorégionale. L’antenne chirurgicale collabore étroitement avec le service médical du camp Kosseï, dont j’ai partagé l’activité quotidienne. Ce service est très sollicité pour diverses manœuvres (exercices de tir, poser d’assaut, mission de reconnaissance). Accompagné par les médecins de l’antenne, nous sommes allés donner des avis et récupérer du matériel orthopédique dans un
Un modèle de compagnonnage
Immergé dans un environnement opérationnel passionnant, exigeant, encadré par les différents médecins présents sur le théâtre, il est certain que cette mission restera pour moi un modèle de compagnonnage. L’utilité d’un tel stage en fin d’externat est indiscutable dans le cursus d’un futur médecin militaire. Interne Clément Hoffmann 1 Le CMC regroupe l’antenne chirurgicale, le service médical du camp, le cabinet dentaire, l’unité de distribution en produits de santé et le laboratoire. Un vétérinaire et un technicien supérieur hospitalier renforcent le dispositif. 2 Thyroïde, hernie, lithiase, prolapsus, prostate, ostéite, abcès, madura, fractures plus ou moins fraîches, pseudarthrose…
Patients consultant en orthopédie
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© Interne C. Hoffmann
De plus, cette antenne ne dispose que de trente lits d’hospitalisation et de quatre lits de réanimation. La présence d’une manipulatrice en
radiologie et d’un scanner apporte une aide précieuse pour poser les diagnostics complexes et les bilans d’extension. La prise en charge des urgences reste majoritairement réservée aux personnels des EFT et aux ressortissants français.
Vœux
Deux mille dix
2009 vient de se terminer, 2010 s’ouvre, porteuse d’une partie de notre avenir. Je souhaite que vous puissiez trouver au sein de cette Institution, que vous servez, un cadre favorable pour partager tout ce qu’elle comportera de bons comme de plus difficiles moments. Nos forces armées ont été engagées de façon très importante et le Service a toujours parfaitement répondu à sa mission. A cette heure encore, dans des circonstances où l’éloignement se fait plus sentir, nombre d’entre vous se trouvent sur des théâtres d’opérations, parfois dans des situations difficiles. Je tiens à les assurer du soutien de l’ensemble du service de santé des armées. Grâce à l’effort de tous, le Service est reconnu à sa juste valeur, aussi bien par les forces qui ont pu bénéficier de notre action continue et loyale, en toutes circonstances, que par nos partenaires des autres ministères. Les chantiers de la transformation du service de santé des armées ont été menés de façon très active avec des résultats concrets qui apparaissent déjà, dans tous les domaines : formation (promotion unique admise à l’ESSA Lyon) ; recherche (institut de recherche biomédicale des armées) ; soutien des forces (centres médicaux des armées) ; hôpitaux (schéma national d’organisation des soins et tarification à l’activité) ; la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) poursuit activement sa réorganisation. Dans cette période de changement et d’apparente instabilité, nous devons maintenir le cap pour amener le service en temps utile vers les différents rendez-vous de la transformation du ministère de la Défense et de la mise en œuvre de la Révision globale des politiques publiques (RGPP). Chacun d’entre vous sera concerné par l’une de ces étapes. Que vous soyez une femme ou un homme, militaire ou civil, je sais que je peux compter sur votre action déterminée et sincère. Je vous en remercie. Je formule pour chacun d’entre vous et ceux qui vous entourent, mes vœux les plus chaleureux d’épanouissements personnel et professionnel.
Le médecin général des armées Gérard Nédellec Directeur central du service de santé des armées © Photo DC : CCH Lemaire/BCISSA
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Vie du service
ATTAQUE VIRALE SUR UNE BASE NUCLÉAIRE
La base aérienne (BA) 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur soutient deux escadrons de Mirage 2000 N qui assurent la mission de dissuasion nucléaire. Fin octobre, en moins de quarante-huit heures, onze cas de grippe A (H1N1) sont diagnostiqués dont dix parmi les 50 personnels de l’atelier moteur.
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ébut septembre 2009, le service médical instaure des mesures spécifiques de prise en charge des patients suspects de grippe. Une aile leur est dédiée pour les séparer des autres consultants. En deux jours, huit mécaniciens de la même unité consultent pour un syndrome grippal typique. Le diagnostic de grippe A (H1N1) est vite suspecté et trois prélèvements nasopharyngés sont réalisés. Ceux-ci sont analysés par le laboratoire de virologie du centre hospitalier universitaire de Besançon. Tous les malades présentent un tableau sans gravité et n’ont pas de facteurs de risque. Ils reçoivent un traitement symptomatique, des masques FFP1 et bénéficient d’un congé maladie. Des consignes d’hygiène (mesures barrières) leur sont données pour limiter la propagation à l’entourage familial. L’un d’entre eux, père d’un bébé de cinq mois, se voit prescrire un traitement par Tamiflu® à dose curative.
En concertation avec le commandement et sans attendre les résultats virologiques, des mesures de sauvegarde prévues dans le Plan de continuité d’activité (PCA) sont appliquées immédiatement à l’unité. En effet, cette dernière est indispensable à la réalisation de la mission permanente de dissuasion nucléaire. Sa fermeture temporaire étant envisageable, elle est placée en semi-isolement. Les mécaniciens mangent au sein de l’unité et limitent leurs sorties au trajet de leur lieu de travail à leur domicile. Le port de masque FFP1 est systématique pour l’ensemble des personnels de cette unité. Le lendemain, trois nouveaux cas se présentent dont une secrétaire affectée dans une autre unité. L’un d’entre eux présente des difficultés respiratoires modérées. Malgré l’absence de signe de gravité clinique, il est décidé, en concertation avec le centre régulateur 15, de l’hospitaliser à Vesoul.
Vers 17h30, nous recevons les résultats des tests réalisés la veille : deux sur trois sont positifs. L’ensemble des onze cas est considéré comme atteint par la grippe A (H1N1). Un compte rendu téléphonique est adressé à la DRSSA de Metz et au Département d’épidémiologie et de santé publique (DESP) Nord. Les dix patients à domicile sont avertis du résultat du test. Dans la soirée, nous recevons les familles des militaires qui le désirent. Une épouse asymptomatique, maman du bébé de cinq mois, est mise sous Tamiflu® à dose préventive. Les familles sont rassurées, les symptômes grippaux expliqués et les mesures barrières rappelées. Le lendemain, l’ensemble de la base est averti des cas de grippe A (H1N1) à l’entrée de la base par un panneau et par message du commandant de base. L’unité dont est issue la secrétaire malade se voit appliquer les mêmes mesures de sauvegarde que l’atelier moteur. Dans l’après-midi, le mécanicien hospitalisé quitte l’établissement de soins. L’évolution des patients ambulatoires est favorable en deux à trois jours. Quatre autres mécaniciens du même atelier sont mis en congé maladie par leur médecin traitant pour syndrome grippal au cours de la même semaine. Cette épidémie de grippe A (H1N1) place le médecin d’unité au cœur de son métier. Une bonne préparation permet de dérouler les actions à mener le moment venu.
© BA Istres
Médecin Matthieu Chaufer Médecin principal Laurent Vitiello Médecin en chef Bruno Renard Base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur
Protection par masque FFP1
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Vie du service
Le département d’audit interne DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
audit interne des armées est dirigé par l’Inspection des armées (IdA). Elle s’organise en trois composantes : le Centre d’audit administratif et financier interarmées (CAAFI), une division « inspection » et un pôle « soutien ». Elle inspecte et audite les forces en opérations, les formations interarmées relevant du Chef d’étatmajor des armées (CEMA) et les installations prioritaires de défense. Elle procède aux enquêtes de commandement ordonnées par le CEMA et coordonne les actions d’audit conduites dans les armées.
L’
L’audit interne du SSA est piloté par le comité supérieur de l’audit interne présidé par le Directeur central. Ce comité est composé du Directeur adjoint, du directeur du DAISSA, des sous-directeurs et du chef du bureau « études - pilotage ». Le comité se réunit au moins une fois par an, en novembre, pour faire le point sur la qualité du contrôle interne du Service telle qu’elle ressort des audits réalisés dans l’année écoulée et pour élaborer la politique d’audit du Service pour l’année à venir.
centre médical des armées…) ou de processus (facturation, ravitaillement…) étudient la performance (pertinence, efficacité, efficience) et/ou la conformité à des normes. Ils sont conduits par des auditeurs certifiés, en respect strict de protocoles internationalement reconnus. Sous réserve de ces deux conditions, les conclusions formulées sont opposables aux tutelles. La durée des missions est de l’ordre de plusieurs semaines, dont l’essentiel revient à la construction du référentiel d’audit en collaboration avec les organismes audités. Les missions de conseil, moins formalisées, peuvent être conduites dans un temps plus court et répondre à des besoins immédiats. Elles sont destinées à l’usage du haut management, en interne au SSA. Le DAISSA peut être sollicité pour participer aux missions d’évaluation menées par l’inspection des armées. Elles peuvent porter sur les aspects administratifs et financiers ou sur des aspects organisationnels, managériaux, fonctionnels… Enfin, lors de sa réunion de novembre 2009, le comité supérieur de l’audit interne a proposé de confier au DAISSA le pilotage de la qualité au sein du SSA. A cet effet un adjoint « qualité » devrait Actu Santé - N°
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rejoindre le département en 2010. Le DAISSA est directement subordonné au Directeur adjoint. Il est organisé en trois pôles. Le pôle « techniques médicales, pharmaceutiques et vétérinaires » regroupe les compétences détenues par les inspecteurs techniques médicaux, chirurgicaux, pharmaceutiques et vétérinaires. Le pôle « compétence d’armées et de milieu » fusionne les compétences détenues par les inspecteurs terre, air et mer. Le pôle « administration et finances » rassemble les compétences détenues par l’inspecteur technique administratif et l’ex-Surveillance administrative (SURAD). Parallèlement à leur fonction d’auditeur, les inspecteurs techniques et les inspecteurs d’armée, assurent des missions spécifiques au sein du SSA, au sein de chaque armée ou en interministériel. Médecin général inspecteur Claude Pierre Directeur du DAISSA
© Mr Teste/EVDG
Le DAISSA assure, au profit du Directeur central ou du Directeur adjoint, trois types de missions d’évaluation. Les audits de structure (hôpital,
Dans le cadre de la mise en place du dispositif d’inspection et d’audit interne des armées, le Département d’audit interne du service de santé des armées (DAISSA) a été créé le 1er février 2009, pour apporter au Directeur central les éclairages nécessaires à sa prise de décision.
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Actualités scientifiques
protéger la pea contre le risque chimique Afin d’améliorer la protection du combattant face aux toxiques de guerre, l’équipe « protection et décontamination cutanées » du département de toxicologie de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) étudie l’efficacité de différentes formulations pour des topiques (crèmes, gels, pommades…) capables de limiter la pénétration d’agents chimiques à travers la peau.
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ien que prohibés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), les agents chimiques de guerre constituent une menace qui reste d’actualité, notamment en raison de stocks importants dans le monde. Le risque chimique avec agressif de guerre existe encore dans trois grands domaines : les opérations militaires, les opérations de démantèlement des vieux stocks et les actes de terrorisme, les attentats du Japon en 1994 et 1995 ayant créé un précédent. Ces vingt dernières années, la prévention, la décontamination et le traitement des victimes en cas
d’attaque chimique ont été considérablement améliorés. Pourtant, ils demeurent imparfaits. Afin de perfectionner l’aspect préventif, l’équipe « protection et décontamination cutanées », de l’IRBA - antenne de La Tronche développe et évalue différentes formules galéniques 1 pour des topiques protecteurs de la peau. Ils sont utilisés en complément de la tenue de protection, au niveau des zones les plus vulnérables et les plus exposées telles que les mains, le visage et les zones de jonction entre la tenue et les gants ou les chaussures. Ils doivent renforcer la protection, notamment lors du déshabillage, en évitant le transfert de contamination,
© IRBA
Décontaminer au-delà de trente minutes Si les procédures de décontamination sont
Un partenariat avec l’industrie Depuis une quinzaine d’année, les armées américaine, britannique et israélienne étudient des topiques protecteurs. En 2004, le groupe « protection et décontamination », dirigé par le pharmacien en chef Denis Josse, a initié un travail visant à mettre à la disposition du Service de santé des armées (SSA) un produit similaire. « Notre objectif était d’avoir un produit plus efficace que ceux déjà existants et
Expérience dans le laboratoire de toxicologie
désormais bien rodées et si les produits actuellement disponibles (gant poudreur) sont très satisfaisants pour la décontamination immédiate, un gros effort de recherche porte sur la décontamination différée. En effet, les produits actuels ne sont efficaces que dans les minutes qui suivent la contamination. Or, dans le cas d’un scénario civil comme un attentat, la décontamination de la population serait forcément différée. C’est pourquoi l’équipe « protection et décontamination » de l’IRBA teste l’efficacité des produits existants pour la décontamination au-delà de trente minutes. Ces recherches sont effectuées en partenariat avec l’industrie et la sécurité civile et dans le cadre d’un projet de recherche européen.
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mais, surtout en retardant la pénétration des agents toxiques. Ainsi, le délai d’efficacité de la décontamination et de la thérapeutique sera augmenté.
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Actualités scientifiques
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elle a testé leur efficacité dans notre laboratoire. »
Simuler la peau humaine in vitro
© IRBA
Test de décontamination in vitro
surtout polyvalent, vis-à-vis d’un grand nombre d’agents chimiques, raconte le pharmacien en chef Josse. Un membre de notre équipe, Jennifer Millérioux, a effectué ce travail au cours de sa thèse, qu’elle a réalisée en partenariat avec un laboratoire dermatologique et le SSA. Elle a d’abord mis au point une centaine de formulations, bonnes candidates pour la protection contre les toxiques. Puis,
Le problème le plus délicat a été de développer des modèles in vitro permettant de simuler la peau et donc d’étudier la pénétration percutanée du toxique, en fonction du topique appliqué. Car bien entendu, les tests sur l’homme sont exclus pour des raisons éthiques. Quant aux tests sur l’animal, ils ne sont pas acceptables, également pour des raisons éthiques lorsqu’il s’agit d’évaluer un grand nombre de formulations dont on ne connait pas encore l’efficacité. Il faut d’abord sélectionner in vitro les produits les plus performants, avant de les tester sur des modèles animaux. Plusieurs modèles ont donc été mis au point et comparés dans les laboratoires de l’IRBA : une membrane de silicone, des explants de peau humaine, récupérés dans des hôpitaux après des interventions de chirurgie plastique
de l’abdomen ou encore des oreilles de porc.
Des organophosphorés à l’ypérite Ces travaux ont d’ores et déjà permis de trouver les formulations présentant le spectre d’efficacité le plus large contre les Neurotoxiques organophosphorés (NOP). Il s’agit de crèmes à base de composés perf luorés. Cependant, vis à vis du Vx, un des NOP les plus toxiques, des hydrogels offrent la meilleure protection. « La prochaine étape est d’obtenir des topiques qui, en plus d’être efficaces contre les NOP, le sont également contre l’ypérite, explique Denis Josse. Ce travail est délicat, car il est très difficile de concevoir de bons modèles pour étudier la pénétration cutanée de cet agent. Cette étude fait l’objet d’une nouvelle bourse de thèse en partenariat avec l’industrie. » Mieux, l’équipe cherche désormais à introduire dans les formulations des agents capables de dégrader les toxiques. Les topiques agiraient alors comme de véritables barrières actives, qui éliminent le toxique et limitent la diffusion de la contamination.
© IRBA
Agent chimique Vx déposé sur des modèles de peau in vitro
Emmanuelle Chartier EVDG - Cellule de formalisation des projets de recherche 1
Forme des produits pharmaceutiques : gel, crème, pommade, sirop, gélule, suppositoire, etc.
Repères ■ Les Neurotoxiques organophosphorés ou NOP (sarin, soman, tabun, Vx…) sont des agents à très forte létalité : les doses toxiques sont de l’ordre de quelques dizaines à centaines de micro litres. Ces liquides, plus ou moins volatils, intoxiquent par passage percutané ou par inhalation de vapeurs. Ils agissent de façon irréversible sur le système nerveux. La mort peut survenir en une dizaine de minutes en l’absence de traitement. ■ L’ypérite ou « gaz mourtarde » est un agent vésicant, c’est-à-dire capable d’entraîner des brûlures de la peau accompagnées de vésicules. Liquide donnant naissance à des vapeurs actives à faible concentration, cet agent peut également atteindre les yeux ou les voies respiratoires. Son utilisation lors de la Grande Guerre, notamment dans le secteur d’Ypres (d’où son nom) en 1917, l’a rendu tristement célèbre. ■ La Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) a été ratifiée le 13 janvier 1993 à Paris. Ce traité international de désarmement interdit la mise au point, la fabrication, le stockage et l’usage d’armes chimiques. Son application est régie par l’OIAC.
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Dossier
DRSSA Toulon © © DRSSA Toulon /Jean-Louis Niviere
direction régionale du service de santé des armées de Toulon
Entrée de la DRSSA
Actuellement implantée dans l’ancienne corderie royale de l’arsenal, qui abritait l’école du commissariat de la marine, la Direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) de Toulon, accueille son personnel et ses visiteurs sous un bougainvillier exubérant, point de repère immanquable pour ceux qui ont franchi la porte principale de la base navale. ette localisation, dans une emprise de la marine, répondait à une nécessité conjoncturelle lors de sa création en 2005, mais son déménagement vers l’îlot Sainte-Anne est prévu dès que possible afin de positionner clairement la DRSSA comme établissement du Service de santé des armées (SSA) à vocation interarmées.
C
Son aire de responsabilité est la zone de défense Sud. Elle regroupe trois régions (Languedoc-Roussillon, Provence Alpes Côte-d’Azur et Corse) et représente treize départements. Elle veille ainsi au bon exercice de la médecine au profit des forces sur toute la façade méditerranéenne, de Collioure à Antibes, en passant par Mont-Louis, Orange et Gap pour les sites les plus septentrionaux.
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Elle soutient environ 60 000 militaires et 7 800 personnels civils de la Défense grâce à ses 108 médecins, six chirurgiens dentistes et 177 MITHA1 infirmiers. Ces derniers sont répartis dans quarante-deux services médicaux, dont deux en bases de défense d’Aubagne et de Marseille. La DRSSA de Toulon comprend également trois secteurs vétérinaires (sept vétérinaires des armées et sept techniciens) et neuf centres de médecine de prévention dont deux disposent d’un médecin d’active certifié.
La DRSSA en
ZONE DE RESPONSABILITE : zone de déf EFFECTIF SOUTENU : 59 990 militaires et MISSION : Assurer la tutelle technique et/ou
du personnel de la fonction santé au sein des fo UNITES SOUTENUES BASES DE DEFENSE (état-major des armées) ARMEE DE TERRE ARMEE DE L'AIR MARINE NATIONALE (hors FAN et FOST) GENDARMERIE NATIONALE
Elle peut heureusement compter sur une réserve opérationnelle dynamique, reposant sur plus de 900 Engagements à servir dans la réserve (ESR) des différentes catégories de personnel du SSA. En 2008 cela a représenté 13 000 jours d’activité, équivalant à trente-cinq ETP. Actu Santé - N°
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TOTAL SECTEURS VETERINAIRES CABINETS DENTAIRES CENTRES DE MEDECINE DE PREVENTION RESERVISTES
DRSSA Toulon
Dossier
© DR
Vue de la rade de Toulon à la campagne nationale de vaccination contre la pandémie grippale en est un bon exemple. Médecins et infirmiers du SSA sont envoyés en renfort dans des centres de vaccinations départementaux, le plus souvent en zone sous médicalisée. Au plan structurel, la DRSSA de Toulon reprend le même schéma que ses cinq sœurs. Toutefois elle présentait l’originalité d’avoir déjà un médecin en chef, à la fois conseiller en médecine de prévention et responsable du centre de médecine de prévention de Toulon, qui préfigurait la nouvelle organisation de la médecine du travail dans les armées.
Un important rayonnement interarmées Les unités soutenues représentent un échantillon particulièrement large des activités des armées et de la gendarmerie : des centres d’entraînement commando, des écoles des trois armées, des camps d’entraînement, des bases aériennes importantes comme Istres avec le dispositif MORPHEE, des unités de montagne, un centre nautique de la gendarmerie, de grandes unités à terre de la marine, sans omettre naturellement l’ensemble des unités métropolitaines de la légion étrangère,
chiffres
fense Sud (3 régions - 13 départements) 7 880 civils u organique (pour les les centres médicaux des armées) orces Centres médicaux
Médecins
Infirmiers
19
22
41 17
50 31 59
2 CMA comprenant 7 antennes 18 5 9
20 11
8
42
15
177
108
3
7 Vétérinaires - 7 Techniciens
5 9
6 Chirurgiens-dentistes 2 Médecins - 12 Infirmiers
Réserve opérationnelle
962
Réserve citoyenne
26
Dossiers gérés
3 749
le lycée militaire d’Aix-en-Provence et deux Unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC). La DRSSA assure aussi le soutien du Bureau central d’administration des personnels militaires du service de santé des armées (BCAPMSSA) et gère l’ensemble des matériels des bâtiments de la Force d’action navale (FAN). La DRSSA de Toulon a, pour interlocuteurs militaires territoriaux, la région terre Sud-Est, en partenariat avec la DRSSA de Lyon pour la zone Sud-Est. Ses partenaires sont aussi le Commandant de la zone maritime Méditerranée (CECMED) - préfet maritime de la Méditerranée, le Commandement du soutien des forces aériennes (CSFA) et la région de gendarmerie PACA. Par ailleurs, les contacts sont permanents avec les états-majors opérationnels. La mission duale de la DRSSA passe par le dialogue avec l’Officier général de la zone de défense (OGZD) Sud de Marseille, pour la chaîne Organisation territoriale interarmées de défense (OTIAD), et la direction régionale de l’action sanitaire et sociale de Marseille. Toutes ces institutions civiles et militaires partagent avec la DRSSA, la même zone géographique de compétence, ce qui rend les relations fonctionnelles particulièrement naturelles et aisées. La participation Actu Santé - N°
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Réactivité et expérience Au total, la DRSSA de Toulon, par sa connaissance du personnel et de son milieu d’emploi, est un relais indispensable entre les forces et l’administration centrale. Justement dimensionnée pour ses missions actuelles, avec des personnels motivés, elle apporte sa plus-value dans tous ses domaines de compétence : ressources humaines, exercice médical et ravitaillement sanitaire, administration. Elle répond ainsi avec une grande réactivité aux demandes des différents échelons de la hiérarchie du Service ou des forces. Il faut souligner le rôle de la DRSSA dans le pilotage des Centres médicaux des armées (CMA) d’Aubagne et de Marseille, qui démontre au quotidien les avantages de la mutualisation de l’emploi des personnels du SSA. La DRSSA de Toulon apportera son expérience aux réflexions en cours sur la définition de l’échelon intermédiaire du SSA. Pour que ces niveaux indispensables de commandement puissent assurer au mieux leur mission au profit des forces, en cohérence avec le programme de transformation qu’a engagé notre Service.
Médecin général inspecteur Jean-François Ladrange Directeur régional du service de santé des armées - Toulon 1
Militaire infirmier technicien des hôpitaux des armées
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Dossier
DRSSA Toulon
La Base aérienne (BA) 125 d’Istres peut être qualifiée de « hors normes » au regard de ses caractéristiques physiques. Une piste de 5 000 mètres de long sur un terrain de plus de 2 300 hectares, un effectif supérieur à 5 000 personnes réparties en 70 entités sur le site ou rattachées.
© SIRPA Air
Soutenir une base hors normes
Lots MORPHÉE
Le soutien de MORPHEE La sollicitation du service médical pour le soutien des missions avec le Module de réanimation pour patients à haute élongation d’évacuation (MORPHEE) est particulièrement importante dans le cadre de la formation des personnels de l’équipe médicale de convoyage, comme dans le déroulement des missions. Il fournit un binôme médecin/infirmier qui constitue le groupe leader de l’équipe de convoyage sanitaire aérien MORPHEE. © SIRPA Air
L
e service médical de la BA d’Istres soutient 3 300 militaires des trois armées et de la gendarmerie et 5 500 personnes en soins d’urgence. Il entraîne son personnel à intervenir au point zéro ou pour armer le poste d’accueil des blessés radio contaminés en cas d’accident à caractère radiologique. Istres est la seule emprise à posséder toutes les composantes de la dissuasion nucléaire aéroportée (Mirage 2 000 N, missile ASMP-A, Boeing C 135 FR). Aussi, il assure une permanence en cas de risque élevé, généré par les activités des Mirages 2 000 N et des hélicoptères (missions tactiques dont
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Avion MORPHÉE
la mission MASA1), le centre d’essais en vol et Dassault. Il monte une astreinte quasi permanente en cas de risque moyen ou faible compte tenu de l’activité des avions ravitailleurs et de l’escale aérienne, par laquelle transitent 30000 passagers et 4 000 tonnes de fret par an. La BA est désignée comme terrain de secours pour accueillir éventuellement la navette spatiale américaine lors de sa phase de lancement. Le service médical met à disposition une équipe médicale pour les missions SAR (Search and rescue) ou MEDEVAC (MEDical EVACuation).
Actu Santé - N°
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Il participe aux opérations d’armement et de désarmement médical du Bœing C 135 et informe l’Etablissement de ravitaillement sanitaire des armées (ERSA) de Marseille en cas de dysfonctionnement du matériel santé embarqué. En cas de besoin, il arme la fonction de chef du Poste d’accueil et de débarquement des blessés (PADB) lorsque l’appareil se pose sur la BA 125 d’Istres ou l’aéroport international de Marseille - Marignane. Aucune autre base aérienne ne peut permettre au personnel médical et paramédical qui le soutient d’appréhender une telle diversité de missions. L’enrichissement qui en découle est à la hauteur des contraintes générées. Médecin en chef Jean-Noël Bru Base aérienne d’Istres 1
Mesures actives de sûreté aérienne
DRSSA Toulon
Plongée
Dossier
chez les gendarmes du Var Le Centre médical principal (CMP) du Centre national d'instruction nautique de la gendarmerie (CNING) d'Antibes a la particularité d'assurer une double mission.
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l soutient les activités subaquatiques de l'école de plongée de la gendarmerie, qui accueille une grande diversité de stagiaires, et les 700 gendarmes des unités des AlpesMaritimes. Son périmètre d’action s’étend à une partie des unités de gendarmerie du département du Var, y compris deux escadrons de gendarmerie mobile, dont l’activité est fortement dépendante du contexte évènementiel et de l'actualité locale, nationale voire internationale. Afin de répondre aux besoins spécifiques du CNING, véritable école de plongée de la gendarmerie,
le centre médical est composé de deux médecins et de quatre infirmiers, tous formés à la médecine hyperbare, et de deux secrétaires. Son équipement, outre les matériels techniques habituels d'une infirmerie, est complété par un caisson hyperbare mobile biplace. Quarante-deux semaines par an, les plongeurs en formation effectuent en milieu naturel deux plongées par jour, cinq jours par semaine. Selon leur complexité, ces activités peuvent nécessiter la présence d'un infirmier ou la mise en place d’une équipe complète, médecin et infirmiers, et d’un caisson hyperbare mobile.
Récupération de plongeurs
© MC Jacquin/CNING
Briefing avant plongée
Caisson hyperbare mobile
L'enseignement de la physiopathologie de la plongée fait aussi partie des attributions du centre médical. Celui-ci forme des stagiaires, qu’ils soient gendarmes, policiers, douaniers ou stagiaires étrangers, au secourisme et différents personnels de l'unité à la fonction d'accompagnant caisson. En étroite collaboration avec le commandant du centre, l'ensemble des programmes de formation ainsi que leur soutien médical ont été récemment redéfinis, conformément aux recommandations du consultant national pour la médecine de la plongée dans les armées. Des exercices sont régulièrement programmés afin de maintenir la compétence technique de l’équipe médicale tant pour la manipulation du caisson que pour la prise en charge des patients et l'accoutumance au travail hyperbare. Pour l’équipe médicale, l'équilibre entre ces deux grandes missions, différentes mais complémentaires, mobilise toute son énergie. En effet, si l'une est centrée sur le soutien terrain quasi quotidien, l'autre est basée sur une activité de cabinet médical. L’avenir est désormais le rattachement au centre médical des armées en base de défense de Draguignan, et la réalisation prochaine d'un nouveau bâtiment.
© MC Jacquin/CNING
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Médecin en chef Michel Jacquin Centre national d'instruction nautique de la gendarmerie - Antibes
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Dossier
DRSSA Toulon
Le centre médical
du camp de
Le camp de Canjuers situé au nord de la ville de Draguignan est en service depuis les années 70. Plus grand camp d’Europe occidentale, il propose une large palette de capacités d’entraînement au tir sol-sol au profit de l’artillerie, de la cavalerie et de l’infanterie. C’est aussi un champ de tir privilégié airsol pour l’hélicoptère Tigre. Dernièrement, une zone de bivouac reconstituant une FOB 1 (Forward operational base ) a été créée au profit des personnels projetés en Afghanistan. a base du camp de Canjuers est constituée de trois régiments permanents : le 3 e Régiment d’artillerie de Marine (RAMa), le 1 er Régiment de chasseurs d’Afrique (RCA), centre d’instruction, et le Groupement de camp (GC). Des compagnies ou détachements d’unités du matériel et du génie ainsi qu’un dépôt du service des essences des armées viennent compléter le dispositif.
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La FOB d’entraînement de Canjuers
Draguignan, à vingt-cinq minutes de route, est le centre hospitalier le plus proche. L’hôpital militaire de rattachement est l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne de Toulon, situé à 1h30. Le camp comporte quatre aires de bivouac pour les troupes de passage possédant chacune un local infirmerie non équipé.
Soutenir un camp national Le premier hôpital à 25 minutes Le cabinet médical du camp de Canjuers a été créé en 2001, lorsque tous les moyens du service de santé présents sur le site ont été regroupés en une seule entité. Récemment restructuré et rénové, il offre une capacité d’accueil de quatre patients alités, extensible à vingt. Son personnel, issu du 3e RAMa et du groupement de camp, se compose de cinq médecins, cinq infirmiers, trois aides-soignants et quinze brancardiers-secouristes. Le chef de section est un sergentchef de l’armée de terre. Un personnel civil gère les contentieux et un autre conduit les véhicules qui assurent les liaisons vers les hôpitaux. L’hôpital régional de
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Les missions du cabinet médical du camp sont multiples. Comme tout Service médical d’unité (SMU), il soutient les 1 800 personnels permanents du camp. Consultations, Visites systématiques annuelles (VSA), mise en condition opérationnelle des militaires pour les départs et les alertes et prise en charge des urgences constituent le lot de travail quotidien. Les autres missions sont spécifiques aux camps nationaux. Il soutient les troupes de passage qui viennent en mission sans moyen santé et les tirs cavalerie organisés par le 1er RCA. Il prête du matériel technique ou des véhicules sanitaires. Une équipe médicale, composée d’un médecin,
DRSSA Toulon
Dossier
e Canjuers d’un infirmier et d’un brancardier-secouriste, est de permanence vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Comme dans tous les camps d’entraînement, le médecin-chef du camp est l’unique responsable du suivi et de la coordination locale du soutien santé. Il a autorité technique sur les éléments de soutien santé des troupes de passage. Par ailleurs, le cabinet médical du camp de Canjuers est un acteur intermédiaire des études épidémiologiques et de la veille sanitaire menées sur la faune du Haut-Var. Mandaté par le bureau vétérinaire de la DRSSA de Toulon, le cabinet médical recueille les échantillons collectés par la chasse militaire (renards, tiques, échantillons de foie, de diaphragmes d’animaux morts de manière suspecte…), les stocke et les expédie vers les
laboratoires de Marseille ou de Toulon.
Se préparer pour l’Afghanistan Le Détachement d’assistance opérationnelle (DAO) pour l’Afghanistan a été créé à l’été 2009 au sein du 1 er RCA. Canjuers a été choisi comme camp d’entraînement pour les missions en Afghanistan. La diversité des possibilités de manœuvre et de tir et la configuration du terrain (vallées encaissées propices aux embuscades, chaud en été et froid en hiver), ont été déterminantes dans le choix de ce camp. Depuis octobre 2009, des stages de trois semaines (dont deux en FOB) sont effectués à deux mois du départ pour l’Afghanistan, ce qui représente environ 3 000 stagiaires par semestre. Une FOB a été créée à quarantecinq minutes de l’infrastructure principale du camp. Elle est
organisée comme une base opérationnelle avec tentes, commodités modulaires, cuisine de campagne, poste médical, etc. Pour cette mission, le cabinet médical du camp déploie deux postes médicaux en version « entraînement ». Ils seront dotés prochainement de deux Véhicules de l’avant blindés (VAB) sanitaires avec leurs lots techniques. Enfin, les médecins du cabinet médical seront amenés à contrôler et à valider les formations de sauvetage au combat de premier niveau (SC1) des stagiaires et la formation de second niveau (SC2) de leurs propres personnels. Médecin en chef Patrick Vidal Médecin-chef du centre médical - Canjuers 1
Base opérationnelle avancée
Repères ✓ 35 000 hectares : 6% de la surface du département du Var, ✓ 100 km de routes bitumées, ✓ 1 000 km de pistes, ✓ 160 km de coupe-feu, ✓ 5 réceptacles de tir, ✓ 35 000 m2 de bâtiments, ✓ 36 000 obus tirés par an, ✓ 800 missiles, ✓ 800 000 munitions diverses, ✓ 15 tonnes d’explosifs, ✓ 20 à 30 000 passagers par an, ✓ Une gare ferroviaire avec annuellement : -250 mouvements avec 70 000 tonnes de matériel en transit, -3 500 militaires embarqués ou débarqués.
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DRSSA Toulon
Le référent qualité des soins de la L’infirmier cadre de santé Philippe Bertin de la DRSSA de Toulon est le référent qualité des soins des Centres médicaux des armées (CMA). Il nous fait partager son point de vue sur l’essentiel de ses missions.
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ans le cadre du plan stratégique du SSA, la mise en place d’un parcours de soins adapté à la collectivité Défense passe par une politique d’amélioration continue de la qualité des soins paramédicaux en service médical d’unité. Le personnel doit suivre des formations adaptées et s’engager dans une réflexion personnelle et collective sur ses pratiques professionnelles.
médecine d’unité
C’est dans cet esprit que le cadre de santé de la direction régionale accompagne les professionnels de santé dans leur démarche autour de deux thématiques. L’auto-évaluation des centres médicaux conduit à s’interroger sur l’organisation et la pratique des activités techniques afin de les formaliser par des référentiels cohérents sur le plan national. L’Évaluation des pratiques professionnelles (EPP) est une démarche interdisciplinaire indispensable à la construction de protocoles, dans le but d’obtenir une certification et d’améliorer l’exercice professionnel et la qualité du service médical rendu au patient. L’objectif final est la rédaction de
conseiller expert
protocoles encadrant une pratique professionnelle conforme aux données de la science et à la réglementation, tout en tenant compte des spécificités de l’environnement militaire. Le cadre de santé de la DRSSA apporte son concours à la rédaction de ces documents et assure la diffusion des travaux des sociétés savantes ou des organismes agréés EPP. Il met l’accent sur la nécessité de réduire l’écart entre la pratique idéale, élaborée par consensus scientifique, et celle réalisée sur le terrain, au profit du combattant.
Infirmier cadre de santé Philippe Bertin Bureau médecine d’armée
Métrologie sonore d'une menuiserie
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Dossier
régional en médecine de prévention Mise en place depuis septembre 2009, la nouvelle distribution de la médecine de prévention a pour objectif de permettre au SSA de mieux remplir ses obligations en matière d’organisation et de suivi des activités.
e praticien certifié, anciennement chef du bureau « médecine de prévention » de la DRSSA, partage son temps entre des activités cliniques et celles de conseiller expert en médecine de prévention auprès du directeur régional. Il est médecin-chef du centre de médecine de prévention de Toulon et responsable du suivi de 1 200 personnels civils, dont les personnels de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne. Il est chargé, par ailleurs, de diffuser une culture de la prévention en milieu militaire. Ses activités lui assurent un contact
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régulier avec la réalité du terrain, lui permettant de suivre l’évolution des problèmes rencontrés au quotidien par les médecins de prévention. Dans le domaine du conseil et de l’expertise, le tutorat auprès des médecins chargés de la prévention au sein des services médicaux d’unité et des Centre médicaux des armées (CMA), est essentiel. Son rôle s’exerce aussi au sein des unités, à l’occasion de visites d’atelier comportant des risques professionnels particuliers. Lors de ses actions en milieu de travail, il est assisté par un conseiller
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technique pour les études de poste ou les activités de métrologie. Celles-ci regroupent les mesures de bruit, de lumière ou d’exposition à l’amiante, aux poussières de bois, aux solvants, etc. Il est en contact avec l’antenne régionale de l’inspection du travail pour les questions réglementaires ainsi qu’avec le LASEM 1 pour les questions de métrologie. Médecin en chef Sylvie Artignan Conseiller et expert en médecine de prévention 1
Laboratoire d’analyses de surveillance et d’expertise de la marine
DRSSA Toulon
Surveiller les animaux pour mieux
Dossier
Le camp de Canjuers constitue, avec ses 35 000 ha, un biotope favorable à l’élevage ovin, à l’apiculture et à l’expansion constante des espèces sauvages de la faune et de la flore. Depuis quinze ans, les vétérinaires des armées y développent l’épidémiosurveillance des maladies transmissibles des animaux, en relation plus au moins étroite avec l’homme.
protéger les hommes es 10 000 ovins, qui pâturent et entretiennent ainsi les coupe-feu, sont soumis au dépistage obligatoire de la brucellose et de la fièvre catarrhale. Ils ont aussi fait l’objet d’études portant sur la fièvre Q, la fasciolose, l’hydatidose et la maladie de Lyme. Le risque sanitaire de transmission à l’homme de l’échinococcose étant bien identifié, une campagne permanente de déparasitage interne des quelques centaines de chiens (de bergers et de chasseurs) est menée. Une collaboration s’est établie, de longue date, entre la société de chasse militaire, la plus importante de France, et les vétérinaires du Groupe de travail en épidémiologie animale (GTEA) de la DRSSA de Toulon.
Enquêter pour prévenir Dans le domaine des zoonoses vectorielles, l’étude des tiques infestant, parfois massivement, les sangliers, a permis de mettre en évidence des infections rickettsiennes. Elles peuvent provoquer chez l’homme des fièvres et des éruptions (Tick-borne-lymphadenitis : TIBOLA).
les mulots du camp ont montré qu’ils pouvaient être infectés par des bartonelles. LE GTEA, dont le siège se situe au secteur vétérinaire de Marseille, est à l’origine de ces actions auxquelles il apporte un support scientifique, technique et logistique. Ce savoirfaire permet de conduire des enquêtes dans d’autres environnements des forces armées, en particulier en opérations extérieures. Cette approche préventive s’appuie sur l’identification de réservoirs animaux d’agents pathogènes ou la détection de risques sanitaires non-infectieux (pollutions). Elle permet aussi d’observer, pour mieux les maîtriser, les interactions croisées entre l’homme et l’animal. © VCS B. Davoust
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Ainsi, tous les sangliers abattus, environ 300 par an, font l’objet de prélèvements. Les échantillons (muscle, foie, ectoparasites, etc.) sont analysés, à titre scientifique, dans des laboratoires de référence. La trichinellose, responsable d’épidémie familiale, est systématiquement recherchée. Des enquêtes Capture de petits rongeurs à Canjuers ponctuelles ont été menées pour la recherche d’infections (toxoplasmose, hépatite E, etc.) mais Les bilans réalisés sur les renards sont, aussi le dépistage de la contamination eux aussi, riches en informations sur par les métaux lourds l’épidémiologie locale des zoonoses. (cadmium, plomb) et les Certains ont été découverts porteurs radionucléides. Les animaux du camp de leishmanies, de filaires ou de jouent donc le rôle de sentinelles des trichines. Enfin, les investigations sur risques sanitaires environnementaux. Actu Santé - N°
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Au camp de Canjuers, l’homme et l’animal vivent en symbiose avec une nature harmonieuse. Malgré le dynamisme de la vie, l’équilibre est fragile. Les vétérinaires des armées, prenant des initiatives en matière de prévention des risques encourus de part et d’autre, se sont engagés dans le combat écologique. Vétérinaire chef des services Bernard Davoust Bureau vétérinaire
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Dossier
DRSSA Toulon
Former la réserve OPÉRATIONNELLE SANTÉ de santé des armées (CIRSSA) régional, la DRSSA organise un cycle d’enseignement comprenant des journées à thème et des stages pratiques sur le terrain. Destiné aux réservistes opérationnels sous CESR, ce cycle complète chaque année la trentaine de sessions de Formation militaire initiale du réserviste (FMIR) des métiers de la santé. Ainsi ils ont pu découvrir la gestion du risque chimique au bataillon des marins pompiers de Marseille, le stress posttraumatique du combattant au 1 er régiment étranger d’Aubagne et le module d’évacuation médicalisée stratégique MORPHEE sur la base aérienne d’Istres.
Le recrutement, la formation et l’emploi de la réserve opérationnelle santé sont parmi les attributions essentielles du bureau organisation et ressources humaines d’une Direction régionale du service de santé des armées (DRSSA).
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elle de Toulon gère et administre plus de 3 700 réservistes, dont 900 opérationnels sous Contrat d’engagement à servir dans la réserve (CESR). Pour leur assurer une formation adaptée à leurs futures conditions d’emploi, elle a développé un ensemble de modules de formation. Dans le cadre de son Centre d’instruction des réserves du service
En outre, tous les ans, un module optionnel de la faculté de médecine de Montpellier est organisé au sein même de l’école de l’infanterie. Pendant six semaines, une cinquantaine d’étudiants en médecine de 2e ou 3e cycle peuvent s’initier à la vie militaire et découvrir tous les aspects du Service en temps de paix comme en crise. Le succès de ce module optionnel, qui ne se dément pas, laisse bien augurer de la relève au sein de la réserve opérationnelle santé régionale, élément indispensable au fonctionnement du Service au profit des forces. Médecin en chef Jean-Christophe Migot Bureau organisation et ressources humaines
Quand la santé participe à l’éducation L
e lycée militaire d’Aix est fier de sa devise « bien s’instruire pour mieux servir ». Il est placé sous le commandement d’un colonel, secondé par un proviseur de l’Éducation nationale, qui se consacre plus particulièrement à la gestion pédagogique. Bien que sous statut civil, les élèves issus de métropole et d’outre-mer, sont répartis en cinq compagnies correspondant à leur niveau d’études. Ils sont obligatoirement internes. Le cabinet médical du lycée, communément appelé infirmerie, se compose de personnels d’active et de réser ve, médecins,
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Consultation à l’infirmerie du lycée © DR
Depuis 1946, le lycée militaire d’Aix-enProvence accueille 750 élèves de la classe de seconde aux classes préparatoires aux grandes écoles. Il remplit ainsi une double mission, d’aide à la famille et de recrutement dans les armées. Focus sur son cabinet médical qui a une vocation : « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. » 1 infirmiers, aides-soignants, psychologue et secrétaires. Il reçoit les élèves et les soixante-dix militaires qui les encadrent. Les consultations quotidiennes, le suivi et la préparation des dossiers d’expertise médicale des candidats aux concours d’entrée dans les grandes écoles et l’information dans les domaines de l’hygiène et des conduites à risques concrétisent sa participation à l’éducation.
vie de jeune adulte sont des étapes où leur vulnérabilité peut être aiguisée par la maladie. Le service médical sait rester attentif aux signes d’appel de ces jeunes pensionnaires.
A côté de ces activités, l’équipe médicale a développé un rôle, méconnu mais aussi souvent plus délicat, d’écoute des élèves. L’apprentissage de la vie quotidienne et le passage à la
Médecin en chef Marie Eugénie Petitjean Lycée militaire d’Aix-en-Provence
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Quel exercice professionnel singulier et gratifiant que celui de veiller sur une communauté de jeunes adolescents en internat mixte où le stéthoscope est au service et à l’écoute des élèves !
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Citation de Louis Pasteur
DRSSA Toulon
Dossier
Marseille, un centre médical et troisantennes Le Centre médical en base de défense expérimentale (CMBdDe) de Marseille a été créé en janvier 2009, en même temps que les dix autres centres médicaux qui participaient à la phase d'expérimentation des bases de défense.
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ormation organique du Service de santé des armées (SSA), il est subordonné à la direction régionale du SSA de Toulon. Il assure le soutien santé de l'ensemble des formations militaires stationnées en base de défense et d’unités rattachées, comme celles de la gendarmerie. Il est au service de près de 6 000 personnels.
gendarmerie PACA et au groupement de gendarmerie des Bouches-du-Rhône A Carpiagne, les missions se répartissent entre soins, expertises et mise en condition opérationnelle. L’antenne d’Aurelle soutient l'étatmajor de forces 3 et les établissements militaires de Marseille. Celle du lycée d’Aix-en-Provence encadre une communauté scolaire.
Quatre entités géographiques
Des médecins référents Le CMA est placé sous l'autorité d'un médecin des armées, directement subordonné au directeur régional du SSA de Toulon. Il est secondé par un infirmier-major. Chacune de ses trois antennes est placée sous la responsabilité d’un médecin. Certains praticiens sont désignés médecins référents pour les activités nécessitant un savoir-faire spécifique au sein de leur unité. Ainsi le CMA de Marseille
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Le médecin-chef du CMA organise les activités opérationnelles des unités soutenues. Il coordonne la répartition des charges et l'attribution des moyens pour chaque mission. Chaque antenne assure, dans la mesure du possible, ses missions avec ses propres moyens. En cas de difficulté, le médecin-chef a recours aux autres antennes. Aujourd’hui, un an après sa création, les différents indicateurs du tableau de bord du médecin-chef du CMA montrent que le soutien médical des formations stationnées dans la base de défense est pleinement assuré. Forte de ce constat et d’une notoriété grandissante, toute l’équipe du centre médical envisage son avenir avec sérénité et s’implique dans le projet immobilier du futur centre sur le site du quartier Audéoud à Marseille.
© OTCM/ADD
Devenu Centre médical des armées (CMA), il a pour mission de satisfaire les besoins des forces, de regrouper les moyens santé et d'en améliorer la performance. Oeuvrant dans un cadre interarmées, à dominante terre et gendarmerie, il est constitué de quatre entités. Le centre médical est implanté dans la caserne de gendarmerie Beauvau à Marseille. Trois antennes médicales lui sont rattachées, celle du 4e régiment de dragons de Carpiagne, celle de la caserne d'Aurelle à Marseille et celle du lycée militaire d'Aix-en-Provence. Le CMA de Marseille remplit des missions diversifiées, adaptées aux spécificités des militaires des unités soutenues. Le site Beauvau est dédié à l’état-major de la région de
Son effectif se compose de dix médecins et dix infirmiers, assistés de vingt-cinq périmédicaux, militaires du rang mis à disposition par les armées. Le soutien commun du centre médical est assuré par le Groupe de soutien de la base de défense (GSBdD).
compte des référents pour la mise en condition opérationnelle, la gendarmerie, le soutien garnison et les écoles militaires.
Médecin en chef Thibaut du Bois de Meyrignac Centre médical des armées de Marseille
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Activités opérationnelles
cal de Kaboul L’HMC KAIA
différentes de celles du GMC. La base aérienne de Kaboul est très protégée et limite l’accès des Afghans à l’aide médicale. Par ailleurs, en tant qu’hôpital de théâtre, l’HMC reçoit beaucoup de patients qui ont déjà été opérés dans une autre structure.
• 3 blocs opératoires • 3 équipes chirurgicales • 1 service ophtalmologie • 1 service neurochirurgie • 1 service psychiatrie • Déchoquage : 4 lits • Réanimation : 6 lits • Hospitalisation : 29 lits dont 2 d’isolement • Scanner 32 barrettes • 1 laboratoire
L’activité des secteurs urgences réanimation et hospitalisation est plus développée que celle du GMC Camp Warehouse, au détriment de l’activité chirurgicale. L’HMC offre plusieurs spécialités comme la psychiatrie, l’ophtalmologie, la neurochirurgie en partenariat avec nos camarades allemands. La chirurgie maxillo-faciale et l’ORL vont bientôt compléter ces capacités.
Délais cliniques ☛ Le service de santé adopte les délais cliniques de l’OTAN et abandonne la classique catégorisation médico-chirurgicale en urgences absolues (EU et U1) et relatives (U2 et U3). La France restait le seul pays à associer la catégorisation aux délais préopératoires. De plus ces délais ne permettaient aucune interopérabilité avec nos alliés. ☛ Les délais cliniques sont maintenant des délais de prise en charge : - 10 min maximum pour une première prise en charge médicale. Ce délai milite pour un développement des formations de sauvetage au combat qui montrent toute leur pertinence. - 1 h maximum pour qu’un hélicoptère médicalisé commence l’évacuation vers un hôpital. Ce délai peut paraître long mais les conditions d’accès aux patients sont vraiment difficiles sur les théâtres actuels d’Afrique ou d’Asie. - 2 h maximum pour accéder à une structure chirurgicale. ☛ La catégorisation des blessés au sein d’une unité médicale reprend celle de l’OTAN : - T1 : (immediate) immédiat - T2 : (delayed) urgent - T3 : (routine) routine - T4 : (expectant) morituri
L’HMC de Kaboul est une première pour le service de santé. Role 3 multinational français de théâtre sous contrôle de l’OTAN, cet hôpital vient renforcer la riche expérience du Service.
☛ En accord avec les procédures de l’OTAN, la classification des blessés pour une évacuation est simplifiée en deux catégories : urgent et non urgent.
Médecin en chef Edouard Halbert DCSSA Etat-major opérationnel santé
☛ Les évacuations médicales stratégiques gardent la classification de Chabanne et Pujol : G1 : polytraumatisé / réanimation G2 : blessé grave / soins intensifs G3 : blessé léger / soins G4 : éclopé
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Vie du service
La fonction « ressources humaines » évolue Depuis le 1 er septembre 2009, la nouvelle organisation Ressources humaines (RH) du personnel civil et militaire du Service de santé des armées (SSA), est effective.
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Le BCGAPC est l’échelon déconcentré de la gestion et de l’administration du personnel civil affecté dans les établissements du Service.
Une nouvelle organisation à 3 niveaux
Cartographie de rattachement des établissements aux BLRH
La fonction RH est désormais redéfinie selon 3 niveaux : un niveau central représenté par la Direction Centrale du ser vice de santé des armées (DCSSA), un niveau national déconcentré comprenant le Bureau central d’administration du personnel militaire (BCAPM) et le Bureau central de gestion et d’administration du personnel civil (BCGAPC) et un niveau local avec les Bureaux locaux des ressources humaines (BLRH). La DCSSA porte la politique des ressources humaines du Service et assure la gestion statutaire du personnel. Le BCAPM : ✓ assure l’administration du personnel militaire du SSA affecté dans les armées et unités rattachées (outre-mer inclus) et du personnel isolé, ✓ réalise la pré-liquidation des pensions, ✓ détient l’expertise des données RH métier impactant la solde, ✓ assure le soutien métier de l’échelon local.
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✓ le recueil, le contrôle et la mise à jour des données RH ayant des conséquences sur la solde/paie, la conduite des travaux de notation, l’avancement, la discipline et les décorations, ✓ la mise en œuvre du processus de formation, ✓ le traitement des éléments RH relatifs aux opérations extérieures.
ette évolution s’accompagne de la mise en place du nouveau système d’information Arhmonie. La modernisation de la fonction RH du SSA passe par des objectifs ambitieux. L’amélioration de la qualité du service rendu et la mise en place d’une approche intégrée entre les RH et la solde en font partie. Dès maintenant, connectez-vous au site dédié à l’évolution de la fonction « ressources humaines » du SSA sur Intrasan pour y découvrir les détails de l’évolution de la fonction RH.
Le BLRH assure l’administration et la gestion de proximité du personnel civil et militaire affecté dans les établissements du Service. Prestataire de ser vice, il a pour missions générales : ✓ le recueil et le traitement de toutes les informations nécessaires à la prise de décision en matière de gestion des RH,
A ce titre, ils sont en relation directe avec les administrés, ainsi qu’avec tous les interlocuteurs de la fonction ressources humaines.
PARIS
BRETIGNYSUR-ORGE CLAMART HIA Percy CTSA SPRA CPEMPN
BREST HIA ClermontTonnerre DRSSA
HIA VDG EVDG IGSSA BCGAPC DAISSA DRSSA Saint-Germainen-Laye
SAINT-MANDÉ HIA BEGIN CéTIMA DCSSA
IRBA CRSSA
METZ HIA Legouest DRSSA
ORLEANS DAPSA ECMSSA PCA ERSA Chartres ERSA Marolles
LYON HIA Desgenettes DRSSA ESSA
BORDEAUX HIA Robert Picqué DRSSA ESSA SAMHA
TOULON
MARSEILLE HIA Laveran IMTSSA ERSA Marseille
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HIA Sainte-Anne DRSSA EPPA IMNSSA BCAPMSSA
Vie du service © Photo : CCH Lemaire/BCISSA
BLRH de l’îlot Bégin
DCSSA Direction Centrale du Service de Santé des Armées
BCAPM
BCGAPC
Bureau Central d’Administration du Personnel Militaire
Les DIRECTIONS RÉGIONALES ont pour fonction : ✓ la gestion et l’administration des réservistes, ✓ la chancellerie et la formation continue du personnel praticien et paramédical affecté dans les armées et les unités rattachées.
Bureau Central de Gestion et d’Administration du Personnel Civil
Directions régionales
BLRH Bureaux Locaux des Ressources Humaines
Caroline Teinturier Équipe projet RH
Vous êtes un personnel affecté dans les armées et unités rattachées :
☞ Votre interlocuteur RH / solde est le bureau RH de votre unité, il est en contact avec le BCAPM ou le Groupement de soutien de base de défense (GSBdD). Concrètement, il transmet vos pièces justificatives au BCAPM.
Vos nouveaux interlocuteurs, vos nouveaux modes de fonctionnement
{
☞ Si nécessaire, vous pouvez joindre directement le BCAPM qui est votre organisme d’administration et dispose du système Arhmonie.
Vous êtes un personnel isolé :
☞ Votre unique interlocuteur RH / solde est le BCAPM.
Vous êtes un personnel affecté dans un établissement du Service :
☞ Votre unique interlocuteur RH / solde est le BLRH du site auquel votre établissement est rattaché.
Pour une meilleure efficacité dans l’administration de votre dossier, merci de respecter ces nouvelles modalités
{
Je suis un personnel affecté dans les armées et unités rattachées et je souhaite m’inscrire à une formation. ☞ Je contacte ma direction régionale de rattachement.
Je suis un personnel isolé et je me marie.
☞ Je contacte le BCAPM et je lui transmets mon certificat de mariage attestant de mon changement de situation.
Je suis un personnel affecté dans un établissement et je viens d’avoir un enfant.
☞ Je contacte mon BLRH et je lui fais parvenir le certificat de naissance attestant de mon changement de situation.
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Vie du service
Ande 1la transformation du Service Lancé depuis un an, le programme de transformation du SSA a déjà obtenu de nombreux succès.
Les établissements de ravitaillement de Brest et Mondeville ont été fermés
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Le système d’information « ressources humaines » Arhmonie a été mis en service le 8 juin dernier. Sa montée en puissance est nominale. Il s’agit d’une première version destinée à être raccordée au calculateur ministériel de la solde Louvois courant 2010, afin de permettre la gestion de la solde du personnel militaire du SSA. À cet effet, la nouvelle organisation de l’administration RH, articulée en trois niveaux, a été progressivement déployée tout au long de l’année. Elle est pleinement opérationnelle depuis la rentrée.
Enfin, dans le cadre de la création du pôle de gouvernance ministériel à Balard, les travaux de reconfiguration de l’échelon central du Service ont débuté et ont conduit aux premiers fondements organisationnels de la DCSSA dans son nouvel environnement. Destinés à préparer la DCSSA à intégrer le site de Balard en 2014, ils constituent également une occasion unique de rénover la gouvernance du Service. Ces excellents résultats procèdent de l’implication exceptionnelle de la soixantaine de personnes œuvrant au sein des équipes « projet » et des acteurs locaux concernés. Ils ont su créer une impulsion qui a largement trouvé écho auprès de l’ensemble du personnel civil et militaire du Service. Néanmoins, cinq années nous séparent encore du terme de ce programme. L’année 2010 sera à cet égard importante, car il faudra non seulement maintenir l’effort de transformation au niveau de chaque projet mais également consolider les acquis. La mobilisation de tous sera par conséquent indispensable à la réussite de cet ambitieux programme au profit des forces. Pharmacien principal Emmanuel Vittori Équipe de coordination du programme TSSA
Entrée de l’IRBA
PRINCIPAUX JALONS 2010 – Réorganisation du soutien santé des forces : création de sept nouveaux CMA – Adaptation de la fonction ravitaillement sanitaire : déploiement de la centralisation de la fonction achatsfinances par la DAPSA – Refondation de la recherche : fusion de l’IRBA avec son antenne de Brétigny – Evolution de la fonction RH : mise en solde des personnels militaires par le SIRH Arhmonie – Administration générale et soutien commun : déploiement du système d’information financière de l’Etat Chorus © IRBA
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es onze premiers Centres médicaux des armées (CMA) en Bases de défense (BdD) ont été créés en janvier 2009. Entités organiques du Service, ces formations ont démontré leur aptitude à délivrer un soutien santé de proximité performant, tout en préservant leur lien privilégié avec les forces. L’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) a été créé le 1er mars 2009 et a vu son organisation, sa gouvernance et ses règles de fonctionnement définies. La fermeture de l’école de Bordeaux a été amorcée en relation avec la diminution du nombre d’élèves. Trente-sept d’entre eux (volontaires et redoublants de PCEM 1) ont rejoint l’école de Lyon à la rentrée. Cette dernière a accueilli pour la première fois, en août 2009, l’intégralité d’une promotion d’élèves médecins et pharmaciens. Les cibles définies par le Schéma national d’organisation des soins (SNOS) dans les HIA ont été prises en compte pour l’élaboration du plan annuel de mutation et l’ouverture de postes aux concours. Cette démarche a déjà permis un taux de progression significatif vers la cible 2015 des praticiens hospitaliers.
au cours de l’été. Des solutions satisfaisantes de reclassement ont été identifiées pour la quasi-totalité du personnel. La Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) a amorcé la centralisation de l’ensemble des marchés du Service. Depuis septembre, elle expérimente la centralisation de la fonction « liquidation », en partenariat avec trois établissements, en vue de sa généralisation en janvier prochain.
Les établissements du Service implantés en base de défense ont vu transférer certaines de leurs fonctions d’administration générale et de soutien commun aux groupements de soutien de BdD.
Actu Santé - N°
115 - janvier - février 2010
Vie du service
Des têtes, des jambes
et un état d’esprit
Enquête sur le moral Afin d’apporter au ministre de la Défense des éléments de suivi du moral des armées, un indicateur est inclus dans le tableau de bord « ressources humaines » du ministère.
L’équipe Pharo 2009 et ses trophées
a mesure est réalisée par enquêtes ponctuelles, sous forme de questionnaire normalisé, auprès de personnels militaires et civils des armées, directions et services. L’objectif, bien évidemment, n’est pas de mesurer le moral dans l’absolu, mais grâce à la reproductibilité de l’enquête, d’en évaluer les évolutions. Pour le SSA, huit analyses périodiques ont pu être réalisées depuis 2005.
L © MCS J-P. Boutin
C’
est par une matinée fraîche mais ensoleillée que l’équipe de la promotion 2009 du Pharo s’est élancée sur les 15 kms du trail de la course des îles du Frioul qui s’est déroulée le 11 novembre dernier dans l’archipel cher au Comte de Monte-Cristo, au large de Marseille.
En stage à l’antenne IRBA – IMTSSA, dans le cadre de la préparation du Brevet de médecine des missions extérieures (BMMEx), ces nouveaux médecins des armées ont profité du cadre exceptionnel qu’offrait cette course pour vivre une expérience festive et surtout sportive au moment où ils s’apprêtaient à terminer leur neuf années de formation initiale avant de rejoindre, le 1 er décembre, une unité de l’armée de Terre ou de la Gendarmerie. A l’arrivée d’un parcours très vallonné, pour l’essentiel sur pistes et chemins, le médecin Benjamin Roehrig remporte la course en 53’55’’, suivi des médecins
Christophe Dubecq (4 e et 1 er senior) et Thomas Erauso (11e et 3e senior), tandis que le médecin Gwennaëlle Milliat termine 2e sur le podium féminin en 1h10’11’’. De cette journée, on retiendra l’esprit de cohésion qui se dégage de cette première participation massive (quinze engagés français et marocain) d’une promotion du BMMEx à une manifestation sportive difficile, et surtout le niveau d’entraînement de ces jeunes médecins qui témoigne de leur volonté à être techniquement mais aussi physiquement opérationnels dès leur arrivée en unité. La direction et les personnels de l’IMTSSA sont bien évidemment très fiers de leurs stagiaires qui illustrent ainsi la célèbre maxime de Juvénal : mens sana in corpore sano (In : Satires). Médecin chef des services Jean Paul Boutin Médecin Gwennaëlle Milliat Antenne IRBA - IMTSSA
L’indice d’évaluation du moral du personnel est en progression homogène entre décembre 2005 et novembre 2009 pour les praticiens, les Officiers du corps technique d’administration (OCTA) et le personnel civil. Cette progression est moindre pour les militaires du rang et les volontaires du SSA. En revanche, on note une stagnation pour les Militaires infirmiers et techniciens des hôpitaux des armées (MITHA) et les Secrétaires d’administration du service de santé (SASS). Cette situation ne fait vraisemblablement qu’exprimer les aspirations de ces catégories vis-à-vis des évolutions attendues, en particulier en termes de lisibilité des carrières. Elle ne peut qu’encourager la DCSSA à poursuivre, au profit des SASS et des MITHA, les travaux déjà réalisés dans le cadre du plan stratégique sur l’élaboration des parcours professionnels pour les praticiens et les OCTA. Médecin général inspecteur Frédéric Flocard Sous-directeur ressources humaines
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