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Exercice Huron

ExerciceHuron

Chaque année, l’État-major interarmées de zone de défense Sud-est (EMIAZD-SE) conçoit et anime trois exercices pour tester la coopération civilo-militaire en cas de crise sur le territoire national. Lors de ces actions, la Direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) de Lyon apporte son expertise en santé publique vétérinaire.

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© VP J-P Demoncheaux

Les départements joueurs doivent réagir face à un ou plusieurs événements portant atteinte à la sécurité civile ou à l’ordre public. Leur nature et leur ampleur justifient que le préfet de zone transmette des demandes de concours ou de réquisitions de moyens militaires à l’officier général de la zone de défense Sud-est.

Si les moyens civils départementaux ou zonaux s’avèrent inexistants, insuffisants, inadaptés ou indisponibles, ou si l’urgence le justifie, les armées sont susceptibles d’être appelées en renfort, selon les priorités définies par le gouvernement. En 2009 et en 2010, un vétérinaire de la DRSSA de Lyon a servi comme officier de liaison au sein du Centre opérationnel interarmées de zone de défense (COIAZD), durant les deux jours d’exercice Huron. En 2009, l’EMIAZD-SE a souhaité travailler sur une problématique de santé publique vétérinaire. L’apparition d’une épizootie de fièvre aphteuse dans le Cantal avec un lien épidémiologique dans l’Allier paraissait un bon choix. En effet, cette maladie se caractérise par une haute contagiosité, une rapide dissémination et des conséquences redoutables sur l’économie nationale et internationale. Pour être réaliste, le scénario a tenu compte des procédures de gestion de crise épizootique majeure mises en oeuvre par les autorités civiles. En 2010, le choix s’est porté sur des catastrophes naturelles et technologique (dispersion accidentelle de produits toxiques). La sauvegarde des élevages et des productions animales ainsi que la qualité des eaux destinées à la consommation humaine étaient les principales préoccupations. Le vétérinaire conseille le COIAZD. En jugeant de la pertinence des demandes de concours, il permet d’optimiser la prise de décision d’engagement de moyens militaires au profit des départements demandeurs. Les sollicitations sont diverses : bouclage des périmètres de protection et de surveillance mis en place autour d’un foyer infectieux, déploiement de groupes d’intervention vétérinaire, équipes de terrain interministérielles prévues dans le cadre du plan ORSEC, etc. La cellule communication du

S’exercer à la coopération civilo-militaire dans la gestion d’une crise

COIAZD bénéficie de l’apport par le

vétérinaire, perçu comme l’interface privilégiée avec ses confrères civils, d’éléments de langage précis et adaptés.

L’intégration et l’efficacité du personnel santé dans le dispositif dépendent de sa connaissance des chaînes de commandement militaire et civile. Cette expérience se solde par un bilan très positif pour le SSA comme pour la chaîne Organisation territoriale interarmées de défense (OTIAD). Audelà de l’exercice, c’est l’expertise de conseiller technique opérationnel qui est appréciée dans le cadre des missions intérieures, comme en opération extérieure.

Vétérinaire principal Jean-Paul Demoncheaux DRSSA - Lyon Colonel Jean-Pascal Herbert CEMIAZD-SE - Lyon

Actualités scientifiques 4 e biennale de la

rech

La 4 e biennale de la recherche du Service de santé des armées (SSA) s’est déroulée les 2 et 3 juin derniers. Organisée autour d’un cycle de conférences, cette manifestation a permis de présenter les grands axes de la recherche aux états-majors, à la Direction générale de l’armement (DGA), aux représentants du ministère de la Santé et des universités. Quatre projets dévoilant des avancées majeures en matière de recherche biomédicale de Défense ont été choisis pour inaugurer cet événement. Retour sur ces temps forts.

Lutter contre le paludisme

La recrudescence récente de cas de paludisme dans les armées impose de développer un plan d’action en matière de lutte contre cette infection. Mené par l’État-major des armées (EMA) et le SSA en partenariat avec le secteur civil, le schéma directeur de lutte contre le paludisme a pour objectif principal d’améliorer la lutte antipaludique, notamment dans les domaines de l’évaluation du risque, de la prévention, du diagnostic et du traitement de la maladie. Il permet, en outre, la structuration des recherches, civile et militaire, sur le paludisme pour apporter aux forces des solutions concrètes à court et moyen terme.

Depuis 2010, plusieurs actions ont été initiées. Elles portent sur la protection, la lutte anti-vectorielle, la prédiction des émergences vectorielles, la mise en place d’un réseau africain de recueil de données biologiques et épidémiologiques, le traitement préventif et les nouveaux traitements antipaludiques.

Médecin en chef Christophe Rogier Département de parasitologie Unité de recherche en biologie et épidémiologie parasitaires IRBA - antenne de Marseille

Des anticorps humanisés à visée thérapeutique

Les anticorps recombinants, obtenus par manipulation et expression contrôlée d’ADN, forment une classe de médicaments en très forte expansion grâce à leur efficacité et à leur bonne tolérance. Cette tolérance est actuellement considérée comme optimale lorsque les anticorps recombinants ont une origine totalement humaine. Alors qu’il a été démontré que la neutralisation des principaux agents du risque biologique provoqué est possible grâce à des anticorps d’origine animale, la question de l’obtention d’anticorps recombinants, ayant les mêmes propriétés fonctionnelles et préférentiellement de nature humaine, se pose. Les stratégies d’obtention d’anticorps recombinants humains présentant différentes difficultés pour leurs applications aux agents du risque biologique provoqué, une équipe de l’IRBA a obtenu des fragments d’anticorps recombinants par la technique du phage-display, en partant de primates non-humains (Macaca fascicularis) immunisés. Ces fragments d’anticorps, naturellement proches des fragments d’anticorps humains, ont ensuite été humanisés par une technique particulière qui pourrait leur assurer une tolérance encore meilleure que celle des anticorps humains. Actuellement, trois fragments d’anticorps présentant un intérêt pour la Défense ont ainsi été isolés et ingénierés. Deux d’entre eux ont été produits sous forme d’immunoglobulines entières grâce à un partenariat industriel avec le laboratoire français de fractionnement et des biotechnologies. Ils ont été testés avec succès dans des modèles du charbon, disséminé en 2001 aux États-Unis à partir d’enveloppes, et de l’intoxication pulmonaire par la ricine puissante toxine végétale, relativement facile à obtenir. Ces résultats ouvrent des perspectives pour le développement clinique des molécules les plus avancées et l’extension de cette approche novatrice aux autres agents du risque biologique provoqué.

United states department of agriculture ©

Médecin en chef Philippe Thullier Département de biologie des agents transmissiblesimmunobiologie IRBA - antenne de Grenoble

Graines de ricin, contenant de la ricine, un agent biologique hautement toxique

erche

Face aux risques chimiques : protecteurs et décontaminants cutanés

La recherche, le développement et l’évaluation de nouveaux dispositifs de protection et de décontamination de la peau vis-à-vis des agents chimiques de guerre ou des toxiques industriels font partie des actions soutenues au niveau national, notamment par le ministère de la Défense, la Sécurité civile, le secrétariat général de la Défense nationale, comme au niveau européen.

Depuis 2003, des travaux ont consisté à développer et à valider des modèles cutanés et des outils analytiques permettant une évaluation simple, rapide, et fiable de la perméabilité de la peau aux agents chimiques. Ces modèles cutanés ont également permis de tester l’efficacité des moyens de protection et décontamination déjà existants et en cours de développement.

De plus, les topiques (crèmes, gel) cutanés offrent des perspectives Malgré l’amélioration constante de la technologie, le facteur humain demeure un des maillons clés du succès des opérations militaires. L’homme est particulièrement fragilisé par la nécessité de « faire face » aux multiples enjeux des conflits actuels. Les moyens les plus utilisés pour améliorer le « faire face » sont, outre les techniques d’aguerrissement, des stratégies de régulation du sommeil, des approches nutritionnelles, etc. L’utilisation de la gestion des émotions est relativement peu développée alors même que l’impact d’une bonne régulation émotionnelle est un facteur de bonne adaptation aux contraintes. Les conséquences sont intéressantes en matière de protection de la peau et de décontamination. Un nouveau produit, limitant la pénétration percutanée d’un neurotoxique, le VX, est en cours de développement en partenariat avec des laboratoires dermatologiques. D’autres topiques, neutralisant les agents chimiques sont à l’étude.

Dans le domaine de la décontamination cutanée, notamment vis-à-vis des agents organophosphorés, les expertises ont confirmé que le gant poudreur (élément du dispositif de décontamination actuelle) est relativement efficace s’il observables en termes d’amélioration des mécanismes de régulation du stress et de maintien du fonctionnement cognitif. Or, réguler ses émotions est entraînable par des techniques relativement simples. Dans ce cadre, l’armée française a développé une stratégie d’aide à la gestion des difficultés rencontrées dans le métier militaire, sous la forme d’un ensemble d’outils pour améliorer le « faire face » avant, pendant et après les actions opérationnelles. Ces outils sont connus sous le vocable de “Technique d’optimisation des performances” (TOP). Une étude a été

Application de topique protecteur sur des explants cutanés

est utilisé dans les minutes qui suivent une exposition cutanée. Des moyens de décontamination efficients après une exposition prolongée aux toxiques sont donc recherchés.

Pharmacien en chef Denis Josse, Département de toxicologie Équipe protection et décontamination cutanées

Intérêt des techniques d’aide à la gestion du stress chez les pilotes

IRBA - antenne de Grenoble menée dans une population de pilotes de Mirage 2000 désignée pour une mission de deux mois en Afghanistan en 2009, afin d’évaluer les bénéfices de cette technique. Cette évaluation a été objectivée par des mesures psychophysio-biologiques réalisées avant et après le déploiement. Les résultats indiquent clairement que cette technique a un impact positif sur les paramètres enregistrés.

Médecin en chef Marion Trousselard Département des facteurs humains Unité de perception et cognition IRBA - antenne de Grenoble

L’IRBA : Un défi pour la recherche du service de santé des armées « Pour mieux

Au sein de l’IRBA, les chercheurs du Service développent des programmes qui répondent à une mission duale au service des forces et de la Nation. Ces recherches concernent le soutien sanitaire en opération ainsi que la prévention, la protection et les soins à apporter aux combattants.

© IRBA

Les menaces liées à l’environnement des militaires changent, les technologies de combat se perfectionnent, le contexte d’intervention se modifie en fonction de paramètres géopolitiques et/ou géostratégiques. Dans ce monde en mouvement, les paramètres psychophysiologiques, anthropométriques sociétaux de l’homme et de la femme évoluent. Comment maintenir la capacité opérationnelle du combattant, c’est-à-dire comment le former, le préparer, le préserver et éventuellement le soigner ? Comment anticiper les problèmes auxquels le combattant va être confronté dans cet environnement contraignant voire hostile que représente la spécificité du contexte militaire opérationnel ? Le regroupement de toutes les forces de recherche du Service de santé des armées (SSA) au sein d’une même entité, localisée géographiquement sur un site unique, a l’ambition de mettre tout en œuvre pour optimiser autant que faire se peut, la réponse à apporter aux forces mais également à la Nation, dans le cadre de sa double mission. L’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) a entamé le processus de mutualisation, de rationalisation et d’optimisation de ses moyens, afin qu’il puisse, à partir d’un socle de compétences reconnues et de pôles d’excellence, proposer une expertise et une formation en parfaite adéquation avec les besoins exprimés par les forces.

Médecin général inspecteur Didier Lagarde Directeur de l’institut de recherche biomédicale des armées

© IMASSA

Des expertises au service des états-majors et de la Nation

L’IRBA intervient en tant qu’expert auprès des forces, du SSA, de l’OTAN également et dans le cadre d’institutions internationales comme l’organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’Organisation des Nations-Unies (ONU). Ses capacités d’expertise permettent d’évaluer les programmes d’entraînement physique du combattant, mais aussi de faire face à des situations exceptionnelles, qui engagent la sécurité des populations civiles (risque NRBC, maladies tropicales, etc.). Ses équipes sont agréées pour les enquêtes d’exposition et le diagnostic des agents infectieux naturels en qualité de centre collaborateur de l’OMS, et de Centre national de référence(CNR). La cellule d’expertise des pathogènes dangereux fait face au risque biologique agressif (gestion de crise, plan Biotox). Certains sont des laboratoires associés aux CNR paludisme et arboviroses. Les experts de l’IRBA participent en outre aux commissions internationales chargées de définir les normes d’exposition aux ondes électromagnétiques.

L’IRBA Dossier

protéger et soigner

la recherche biomédicale évolue aussi »

Une formation par et pour la recherche

L’IRBA forme les chercheurs du service de santé des armées, praticiens confirmés et certifiés. Cette formation est reconnue par l’université comme master et doctorat. Des étudiants civils sont également accueillis dans les laboratoires de l’Institut. Les chercheurs et experts de l’IRBA contribuent à un large éventail de formations (stages NRBC, maladies tropicales, médecine aéronautique, etc.), destinées aux personnels du Service, de la Défense, aux acteurs de la santé, de la sécurité civile, etc. Ces formations sont totalement ouvertes à des stagiaires et chercheurs étrangers, notamment dans le cadre d’accords de coopération. L es objectifs de l’Institut sont d’améliorer la prise en charge et le traitement des malades et des blessés lors de conflits armés, mais aussi de protéger le militaire des menaces liées à son environnement d’intervention. C’est pourquoi les thématiques de recherche présentent un caractère médico-militaire faisant leur unicité. Elles sont organisées en quatre pôles de compétence, transversaux et pluridisciplinaires : biologie des agents transmissibles, risques Nucléaire, radiologique, et chimique (NRC), facteurs humains, recherche médicale opérationnelle. Elles répondent aux besoins des forces grâce aux actions d’expertise et de formation spécifique. Certains programmes ont, en outre, des retombées pour la santé publique.

Quatre pôles de compétence et sept départements de recherche

Le pôle de biologie des agents infectieux est consacré aux risques biologiques, que ceux-ci soient d’origine naturelle ou intentionnelle. Les travaux du département « biologie des agents transmissibles » sont dédiés à la lutte contre les pathogènes dangereux utilisés en tant qu’arme biologique. Le département « infectiologie de terrain », quant à lui, développe des moyens de lutte contre les grandes familles du risque infectieux « naturel » (virus, parasite, etc.) et leur transmission (lutte antivectorielle).

Le pôle des risques NRC développe des stratégies de lutte contre l’ensemble des risques nucléaire, radiologique, chimique, qu’ils soient de nature agressive ou accidentelle. Le département « effets biologiques des rayonnements » a pour mission d’améliorer la prévention et le traitement des pathologies induites par les agents physiques (rayonnements ionisants, non ionisants et thermiques), tandis que le département « toxicologie et risques chimiques » s’intéresse aux effets biologiques des armes chimiques. Il développe des moyens de décontamination, de prévention et de traitement vis-à-vis des neurotoxiques organophosphorés et des vésicants.

Le pôle des facteurs humains a pour mission de prévenir les accidents et de protéger les militaires des maladies réactionnelles aux contraintes opérationnelles. Les activités du département « environnements opérationnels » permettent d’évaluer l’adaptation physiologique de l’homme à un milieu contraignant et hostile. Quant au département « action et cognition en situation opérationnelle», il a pour objectif d’étudier la composante humaine au sein du couple homme/machine et plus généralement homme/système.

Enfin, le pôle de recherche médicale opérationnelle vise à apporter une meilleure protection aux 11 000 hommes actuellement déployés sur neuf théâtres d’opérations, mais aussi à favoriser la prise en charge des blessés et la réparation des lésions.

L’IRBA en quelques chiffres

• 150 actions de recherche • 550 chercheurs, praticiens, techniciens et personnels de soutien administratif • 200 publications scientifiques par an

Mieux connaître les agents in

Le pôle de biologie des agents infectieux conduit des recherches et des expertises sur les risques et les menaces biologiques auxquels sont confrontées les troupes en opérations, qu’ils soient naturels ou intentionnels.

Le moustique Aedes albopictus peut inoculer une trentaine d’espèces virales dont celles de la dengue et du chikungunya

La Guyane est une pour plusieurs mal dont la dengue et

L’ Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) est très actif dans le domaine des recherches sur les maladies infectieuses. En effet, les troupes en opération sont soumises à des risques biologiques de toutes sortes. Elles sont déployées dans des zones très diverses à travers le monde, Afrique, Extrême-Orient, Moyen-Orient, Asie, où certaines maladies infectieuses sont endémiques ou émergentes. Ces troupes peuvent aussi être confrontées à des opérations en ambiance NRBC, avec la menace de dissémination intentionnelle d’agents infectieux hautement pathogènes. De plus, la double mission du Service, nous impose d’anticiper et de prendre en compte la protection médicale contre les agents pathogènes émergents et contre les menaces de bioterrorisme, et ainsi de participer aux plans interministériels de protection des populations et de gestion de crise.

Une approche globale

Face à ces risques et menaces, face à un évènement infectieux qui se déclenche chez un patient ou une population, que cet épisode soit naturel ou provoqué, la démarche scientifique et médicale a une base commune : détecter, diagnostiquer, identifier, caractériser l’agent infectieux, mettre en œuvre un traitement ou une prophylaxie. Nos moyens de recherche ne sont pas illimités, il faut donc privilégier une approche globale. La création de l’IRBA est l’opportunité qui doit être saisie pour approfondir et renforcer cette approche des risques biologiques et apporter au

La Côte d’Ivoire est une zone de forte endémie palustre

commandement une compétence et une expertise indispensables.

La création d’un nouveau pôle de recherche

C’est cette réflexion qui a amené la création du pôle de biologie des agents infectieux regroupant deux départements, l’un d’infectiologie de terrain, l’autre de microbiologie. Les différentes unités de recherche qui constituent ces départements se focalisent spécifiquement sur les agents infectieux, bactéries, virus, parasites. De façon transversale, elles travaillent sur les interactions hôtes-pathogènes, la réponse immunitaire à une agression biologique, les données épidémiologiques et spatiotemporelles des agents pathogènes et des insectes vecteurs (qui transmettent le virus ou le parasite à l’homme, par exemple le moustique dans le cas du paludisme). Le département d’infectiologie de terrain (IRBA - antenne de Marseille) conduit les recherches permettant d’évaluer l’exposition à la transmission du paludisme de plusieurs milliers de militaires en mission, notamment en Afrique, ainsi que l’observance des mesures prophylactiques. Il étudie aussi les mesures de surveillance et de contrôle des insectes vecteurs, des parasites et des virus qu’ils peuvent transmettre. Le département de microbiologie (IRBA - antennes de Marseille et de Grenoble) s’intéresse principalement aux agents infectieux suivants : arbovirus, orthopoxvirus, virus des fièvres hémorragiques virales, agents bactériens du risque biologique provoqué, ainsi qu’aux toxines botuliques et à la ricine (voir encadré). Les études de ce département visent à mieux comprendre les mécanismes qui rendent ces agents pathogènes pour l’homme et à développer des moyens de diagnostic, de traitement et de prévention. De plus, les résistances aux anti-infectieux étant toujours plus alarmantes, des études sont conduites pour mieux les comprendre.

Dans le nouvel Institut, actuellement en développement sur le site de Brétigny-sur-Orge, ces deux départements disposeront d’une installation de haute sécurité biologique de niveau 3 et 4, qui permettra d’étudier l’ensemble des agents pathogènes qui présentent un risque pour la Défense. Ces études sont menées en interaction avec les Hôpitaux d’instruction des armées (HIA), les formateurs des écoles de santé, les médecins de terrain et les personnels responsables de la chaîne de ravitaillement sanitaire.

fectieux

pour mieux les combattre

e zone endémique adies infectieuses t le paludisme

Manipulation en laboratoire de sécurité de niveau 3

Virus de la dengue

Avancées scientifiques en perspective

Des outils de diagnostic des agents de la peste, du charbon, de la variole et du paludisme ont pu être développés ainsi que des tests rapides pour le suivi de l’observance des traitements antipaludiques. Ces outils ont été mis en place à tous les niveaux de la chaîne médicale, du terrain aux hôpitaux. Cependant, des agents infectieux émergent ou réémergent en permanence sous l’influence de facteurs liés au développement des activités humaines et socioéconomiques telles que les grands travaux, les migrations, les voyages ou les conflits. Par ailleurs, en raison de l’évolution climatique, des microorganismes inconnus apparaissent, d’autres deviennent résistants aux traitements.

Ainsi, les chercheurs de l’IRBA utilisent les avancées spectaculaires de la génomique pour mieux caractériser ces agents infectieux et émergents, ainsi que l’origine des souches utilisées dans les attentats terroristes. L’expertise de l’IRBA permet ainsi d’être vigilant et de participer activement aux actions de biodéfense et de biosûreté.

Pharmacien chef des services Dominique Vidal Pôle de biologie des agents infectieux

Bacille du charbon, un des principaux agents de la menace bioterroriste

Repères :

 Le paludisme est une infection due à un parasite, transmis par les piqûres d’un moustique, l’anophèle femelle. Un à trois millions de personnes en meurent chaque année.

 Les arbovirus sont des virus transmis à l’homme par l’intermédiaire d’un insecte vecteur suceur de sang. La dengue, la fièvre jaune ou encore le chikungunya sont dues à des arbovirus.

 Les fièvres hémorragiques virales sont des syndromes graves qu’on retrouve lors d’infections dues à des virus de familles et de genres différents, comme ceux responsables de la fièvre de Crimée-Congo, de la dengue, d’Ebola, de Marburg ou encore de Lassa. Dans le cas d’une attaque biologique, ces virus pourraient être aérosolisés et pénétreraient par voie respiratoire.

 Les orthopoxvirus sont un groupe de virus provoquant des symptômes de type variole chez différentes espèces. La variole a été éradiquée à la fin des années 70 et sa vaccination supprimée. Dès lors, la population mondiale est devenue très sensible à ce virus mortel. Il apparaît comme un risque majeur dans le cadre du bioterrorisme.

 Les principales maladies bactériennes du risque biologique provoqué sont la maladie du charbon qui est due à une bactérie qui touche traditionnellement le bétail. En 2001, aux États-Unis, les attaques terroristes avec des enveloppes contenant des spores de charbon, une forme stable et résistante de la bactérie, avaient provoqué la mort de cinq personnes, la tularémie (très résistante dans l’eau et le sol) ou encore la morve et la mélioïdose.

 Les toxines du risque biologique intentionnel sont principalement les toxines botuliques (produites par des bactéries, elles sont les substances les plus toxiques actuellement connues : 400 000 fois plus puissantes que le cyanure) et la ricine (une toxine végétale extraite de la graine de ricin).

Lutter contre le risque chimique provoqué

Malgré la convention sur l’interdiction des armes chimiques, les toxiques de guerre constituent toujours une menace en raison de stocks importants dans le monde. Le département de toxicologie et risque chimique de l’IRBA a pour objectif de lutter contre les effets biologiques des agents chimiques.

Les agents Neurotoxiques organophosphorés (NOP) tels que le sarin, le soman, le VX et les vésicants comme l’ypérite constituent toujours une menace lors d’opérations militaires, d’accidents causés par d’anciennes munitions et enfin actes de terrorisme. Bien qu’améliorés au cours des vingt dernières années, la protection-décontamination, la prévention et le traitement de ces intoxications restent imparfaits. L’amélioration des contre-mesures médicales est indispensable et passe par des programmes de recherche à court, moyen et long terme.

Recherches sur les NOP

Créer un nouveau pré-traitement

Un programme s’intéresse actuellement aux enzymes cibles des NOP afin d’obtenir un traitement préventif qui rendrait l’homme insensible aux agressions par ces agents. L’une des voies est de modifier l’enzyme cible des NOP (la cholinestérase), de telle sorte qu’elle devienne capable de piéger le toxique dans le sang et de le dégrader. Ces recherches sont menées grâce à de nombreuses collaborations notamment avec les États-Unis et l’Allemagne.

Améliorer l’auto-traitement d’urgence

Actuellement, les militaires ont dans leur dotation un auto-injecteur, l’Ineurope ® , pouvant être utilisé comme traitement d’urgence en cas d’intoxication aux NOP. Cet autoinjecteur contient une molécule, la pralidoxime, qui permet d’atténuer les effets de certains NOP. Une étude, menée en collaboration avec la Pharmacie centrale des armées (PCA) vise à remplacer cette molécule par une autre (l’oxime HI-6), capable d’agir sur un plus grand nombre de neurotoxiques. L’Allemagne est un partenaire de ce projet soutenu par l’État-major des armées (EMA).

Traiter les états de mal épileptiques réfractaires

Lors d’une intoxication grave, la plupart des victimes présentent des crises épileptiques, qui ne peuvent pas actuellement être traitées efficacement en dehors du cadre hospitalier. Aussi, des travaux visent à définir les modalités d’un traitement en milieu peu médicalisé pour ces victimes. Dans ce but, le département de toxicologie et risque chimique s’intéresse à une molécule, la kétamine, utilisée couramment pour ses propriétés anesthésiques et parfois pour le traitement hospitalier d’état de mal épileptique. L’association de la kétamine à l’atropine, molécule déjà présente dans l’auto-injecteur et atténuant les premiers symptômes de l’intoxication, s’est montrée capable de prévenir certaines des conséquences neurologiques des crises comitiales. Cependant, au-delà d’une heure de crises épileptiques, la molécule perd son efficacité. Des recherches sont donc menées pour mieux comprendre l’origine de cette perte d’efficacité et tenter d’augmenter la fenêtre thérapeutique, déjà très améliorée comparé aux traitements habituels.

Développer des protecteurs cutanés ou des décontaminants

La prévention de l’absorption des NOP, par les voies aériennes ou à travers la peau, repose sur le port d’équipements de protection, dont le confort et l’ergonomie peuvent limiter les capacités opérationnelles. Des alternatives moins pénalisantes sont donc recherchées, tels des topiques (crèmes, gel) cutanés qui pourraient être utilisés seuls ou en associations avec une protection classique. Les décontaminants actuels peuvent également être améliorés. Ces recherches se déroulent en collaboration avec un industriel et le centre d’étude de la DGA “maîtrise NRBC”, ainsi que dans le cadre d’un projet européen appliqué.

Recherches sur les vésicants

Améliorer le traitement des brûlures cutanées par l’ypérite et la lewisite

L’ypérite et la lewisite sont des agents provoquant des lésions cutanées étendues et très délabrantes. Après avoir mis au point différents modèles pour étudier la pénétration de ces toxiques au travers de la peau, un projet de recherche vise à améliorer la cicatrisation.

Pharmacien en chef Guy Lallement Pôle neurologique, radiologique et chimique Pharmacien en chef Frédéric Dorandeu Département de toxicologie et du risque chimique

Rayonnements : quels effets sur la santé ?

Les recherches du département « biologie des rayonnements » sont orientées autour de deux axes : les effets sur l’organisme des radiations ionisantes (1) et ceux des radiations non ionisantes (2) . Les études visent à définir des moyens de prévention, de protection des personnels et de traitement pour ces deux types de rayonnements.

Étudier et contrecarrer les effets des rayonnements ionisants

Le risque nucléaire actuel n’est plus uniquement celui d’un conf lit atomique majeur mais de plus en plus d’accidents et d’actions terroristes (sources dissimulées, explosifs chargés en déchets radioactifs) qui exposent les hommes à des doses d’irradiation non létale. L’IRBA évalue, grâce à des modèles animaux, les séquelles précoces et tardives au niveau du système nerveux central des irradiations, pour quantifier les impacts sur les capacités de mémorisation et d’apprentissage. Lors de contact local avec une source radioactive apparaissent progressivement des brûlures très étendues. En cas d’irradiation aiguë, les symptômes sont principalement une mort des cellules souches de la moelle épinière et parfois une défaillance multiviscérale rapidement mortelle. Les chercheurs de l’IRBA tentent de mettre en place des moyens novateurs de traitement, basés sur la régénération cellulaire grâce à l’injection de cellules souches, issues du patient ou de banques de cellules. En outre, l’IRBA est promoteur en matière de dosimétrie biologique, en partenariat avec l’OTAN.

Étudier les effets des rayonnements non ionisants

Ce champ couvre à la fois les risques liés à des systèmes d’armes non létales, aux transmissions (hautes fréquences) ou aux systèmes de guerre électronique (brouilleurs). La connaissance des effets des rayonnements non ionisants a des

Chambre d’exposition aux rayonnements électromagnétiques

retombées directes en termes de sélection, d’aptitude et de protection des personnels. Un programme est actuellement en cours sur le système Active denial system (ADS), une arme non létale qui utilise des ondes électromagnétiques millimétriques qui provoque à distance un échauffement cutané créant une sensation de brûlure. En effet, les impacts aigus et chroniques sur la peau, les yeux, les systèmes immunitaire et nerveux central sont inconnus. Autre préoccupation, les rayonnements des radars impulsionnels à bandes S-X, qui utilisent des hautes fréquences et une forte puissance impulsionnelle. Ils sont étudiés sur différents modèles car une partie des effets biologiques sur l’homme reste à définir. D’autre part, si les normes d’exposition aux ondes des radars des bâtiments de la Marine (bande X) sont établies pour le personnel sain, il est apparu, lors d’études sur animal, que ces ondes

© IRBA

peuvent avoir des effets sur l’œil ayant subi une kératotomie, par exemple lors de correction de myopie. Une étude visant à évaluer le risque réel chez le personnel embarqué est en cours. Enfin, une interrogation des forces concerne actuellement les brouilleurs opérationnels. Les normes établies sont-elles valables pour les personnels porteurs d’implants métalliques (dentaires, matériel d’ostéosynthèse…) ? Des travaux sont donc actuellement menés afin de déterminer l’aptitude de ces personnels en environnement électromagnétique.

Médecin en chef Jean-Claude Debouzy Département biologie des rayonnements Interne des hôpitaux des armées David Crouzier

(1) rayons ou particules émis lors de la désintégration d’un élément radioactif, etc. (2) moyens de communications sans fil, ondes radars, brouilleurs, etc.

Le pôle facteurs humains,

En opérations ou à l’entraînement, les militaires sont soumis à des contraintes liées au métier, à l’environnement mais aussi aux systèmes d’armes employés. Le pôle facteurs humains de l’IRBA conduit des recherches pour mieux connaître la tolérance des personnels soumis à ces contraintes afin de prévenir les accidents médicaux spécifiques et maintenir la capacité opérationnelle.

au servi

Comment le militaire va-t-il s’adapter aux contraintes de son métier et de son environnement, souvent hostile ou extrême, tout en servant des systèmes complexes ? C’est pour répondre à ce type de question que des travaux de recherche sont développés au sein du pôle facteurs humains de l’IRBA. Des expertises y sont également réalisées et des formations au profit des forces et de certains organismes externes à la Défense y sont assurées. Deux départements sont associés à ce pôle de compétences : « environnements opérationnels » et « action et cognition en situation opérationnelle »

Comment s’adapter à un environnement hostile et parfois extrême

Le département Environnements opérationnels (ENOP) étudie les conséquences de l’environnement militaire sur les capacités opérationnelles et sur l’état de santé du combattant. Les contraintes considérées sont de deux types.

Le premier type correspond à des contraintes liées aux particularités physiques de l’environnement auquel peuvent être exposés les militaires, telles que l’augmentation de la température extrême, la pression barométrique diminuée (altitude) ou augmentée (plongée), la force gravitationnelle augmentée (accélérations). Toutes ces contraintes caractérisent les environnements extrêmes.

Le second type regroupe les contraintes liées à l’activité des militaires dans un environnement physique standard. Elles sont consécutives à une activité physique intense et répétée, à une dette de sommeil, à une activité cognitive prolongée ou à un état de stress. La différenciation entre les deux types de contrainte est surtout théorique dans la mesure où, le plus souvent, les militaires sont exposés simultanément à plusieurs d’entre elles. Les travaux de recherche fondamentale et appliquée menés au sein du département ont pour but de comprendre les mécanismes des effets délétères de l’environnement militaire afin de mettre au point ou d’évaluer des moyens de protection. Ces moyens peuvent être des méthodes d’entraînement, d’adaptation ou de récupération, des équipements, des aides pharmacologiques ou nutritionnelles. Quand de tels moyens sont inexistants ou insuffisants, des méthodes de surveillance de la tolérance à l’environnement peuvent être envisagées (détection de la fatigue ou des états de stress). Ces opérations de recherches sont financées majoritairement par la DGA, le Service ou les instances nationales civiles (projet ANR*) ou européennes. Les activités d’expertises sont réalisées à la demande des états-majors, de la DGA, de la DCSSA mais aussi d’industriels au travers de conventions.

L’homme face aux technologies innovantes

Quant au département Action et cognition en situation opérationnelle (ACSO), il est chargé d’étudier les contraintes imposées aux combattants par les interfaces des systèmes d’armes, et de proposer des recommandations pour limiter les risques immédiats et les effets secondaires.

Évaluation des contraintes physiologiques liées au port de tenue innovante NRBC en chambre thermoclimatique

Les avancées technologiques transforment profondément l’activité des personnels des forces armées. L’apprentissage du métier s’effectue pour une large part en simulateur et la conduite des opérations implique l’usage de technologies (caméras à infrarouges, jumelles de vision de nuit, radars, etc.) que l’utilisateur doit s’approprier car elles bouleversent ses modes de perception de l’environnement. Ces matériels apportent un avantage opérationnel indiscutable mais sont générateurs de contraintes sur l’opérateur et sa santé, prises en compte dans le cadre du projet Cogiter pour en prévenir les effets. Concernant les conditions d’entraînement, le projet analyse les conséquences sur l’équilibre des environnements virtuels de simulation. Ces systèmes leurrent les mécanismes perceptifs pour que l’utilisateur apprenne les procédures d’emploi d’équipements souvent à risque en situation réelle. Mais la perception en sort perturbée. L’étude compare l’intensité et l’évolution des effets secondaires sur l’équilibre engendrés par différents types de simulateurs et de missions. L’objectif est de proposer au commandement des durées de récupération des personnels avant

ce des forces

Étude de la fatigue mentale

réinsertion dans des missions réelles. Pour la phase de conduite des opérations, le projet analyse les mécanismes perceptifs, intellectuels et comportementaux développés par les combattants lorsqu’ils utilisent des technologies d’exploration visuelle de l’environnement. Ces matériels rendent l’œil sensible à des longueurs d’onde inhabituelles ; le monde est transformé ; la reconnaissance des formes repose sur de nouveaux indices ; les distances sont difficiles à évaluer ; les couleurs qui nuancent les objets ont disparu. Et pourtant, le combattant n’a que ces moyens pour se repérer lorsqu’il intervient de nuit. La communauté scientifique apporte de nombreuses connaissances sur la vision d’observateurs sains ou déficients visuels mais, en France, seule la recherche du Service analyse les capacités d’observateurs, utilisant une bonne vision dans leur vie quotidienne, à maintenir leurs performances visuelles dans l’usage de tels capteurs. Les applications directes d’un tel travail sont l’établissement de spécifications pour la conception de dispositifs de visualisation et l’accompagnement de l’entraînement des forces. Ce dernier point doit tout particulièrement prendre en compte la variabilité entre les personnes et la dimension de groupe dans laquelle s’exerce l’activité.

Le pôle « facteurs humains » (FH) est très sollicité par les forces mais aussi par des clients externes à la Défense du fait de la notoriété scientifique de ses équipes et des performances des plateaux techniques mis en œuvre. Le regroupement des diverses entités de la recherche du service de santé des armées en un site unique à Brétignysur-Orge, avec des plateaux techniques rénovés ou nouveaux, permettra d’assurer une meilleure efficience pour répondre aux besoins des forces dans le domaine FH tout en perpétuant la renommée de la fonction recherche.

Des études portent sur l’adaptation des pilotes au système de vision du casque équipant l’hélicoptère Tigre

Médecin chef des services Gustave Savourey Médecin en chef Corinne Roumes Médecin en chef Stéphane Buffat Vétérinaire en chef Geneviève Florence Pôle facteurs humains

* Agence nationale de la recherche

Des compétences au service du blessé

au combat

Le pôle Recherche médicale opérationnelle (RMO) pourrait prendre comme devise le blessé au combat est notre premier donneur d’ordre. Il est une création récente au sein de l’IRBA et constitue en cela un challenge.

Ce pôle comprend le département de recherche Soutien médico-chirurgical des forces (SMCF) qui doit accueillir, promouvoir et organiser les recherches au profit des forces dans le domaine du soin aux militaires blessés et le Bureau de co-investigations hospitalières et d’unités (BuCHU) qui est chargé de dynamiser les activités de recherche clinique dans les domaines de la sélection, de la préparation, de la prévention et du traitement des blessés. Ce panel d’activités montre la diversité des compétences nécessaires pour mener des recherches transversales dans les domaines suivants : la thérapie cellulaire, la protection balistique, la traumatisme crânien grave, le traumatisme sonore et enfin la télémédecine de l’avant.

Thérapie cellulaire

Les militaires en opérations extérieures peuvent être blessés par des projectiles occasionnant de graves fractures osseuses avec perte de substance. La seule solution actuelle se résume à une autogreffe. La thérapie cellulaire constitue une approche substitutive d’intérêt. Dans ce domaine, elle consiste à cultiver sur un biomatériau des cellules souches issues de la moelle osseuse. Après différenciation, ces cellules se spécialiseront dans la formation osseuse.

Protection balistique

Les agressions par explosion et les atteintes balistiques directes

représentent actuellement la quasi totalité des traumatismes de guerre. Les buts sont, d’une part, de mieux connaître leurs effets lésionnels ainsi que le rôle joué par les protections balistiques afin d’aider au développement de solutions de protections plus efficaces, et d’autre part, d’améliorer la prise en charge médicale des blessés sur le terrain.

Traumatisme crânien grave

Le traumatisme crânien est une pathologie fréquente et grave qui reste l’une des principales causes de mortalité en situation de guerre. L’objectif principal est de développer les possibilités du monitorage focal du traumatisme crânien, à la fois dans le champ pré-clinique, sur modèle animal, et dans le domaine clinique. L’objectif secondaire est de renforcer les études expérimentales dans le domaine de la neuroprotection post-traumatique.

Traumatisme sonore

Le traumatisme sonore aigu par effet des armes pose un vrai problème dans les armées avec plus de 1 200 nouvelles déclarations par an. Tout moyen visant à améliorer la récupération auditive après traumatisme présente donc un intérêt. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les travaux visant à mieux comprendre la physiopathologie du traumatisme sonore par

© IRBA

bruit d’arme et à améliorer sa prise en charge thérapeutique.

Télémédecine de l’avant

Elle est envisagée comme alternative à la prise en charge médicale directe. Cependant, pour pouvoir s’inscrire dans une doctrine cohérente, les solutions proposées doivent être validées, leur plus-value par rapport aux méthodes en vigueur prouvée, ce qui impose une méthodologie scientifique rigoureuse et un travail largement multidisciplinaire. Selon le contexte de la mission, des professionnels de santé militaires peuvent se trouver en situation isolée, ce qui rend nécessaire l’utilisation de systèmes permettant la prise en charge médicale à distance. Ces systèmes fondés sur l’utilisation des Sciences des technologies de l’information et de la communication (STIC) santé doivent répondre à des besoins fonctionnels, opérationnels, d’e-formation et cliniques.

Médecin chef des services Lionel Bourdon Capitaine Liliane Pellegrin Médecin en chef Alain Queyroy Vétérinaire biologiste en chef Isabelle Sendowski Département soutien médico chirurgical des forces

Un bureau pour favoriser la recherche clinique

La loi du 20 décembre 1988, dite Huriet-Sérusclat définit les recherches regroupées sous le vocable “recherches biomédicales” « tout essai ou expérimentation... organisé ou pratiqué sur l’être humain... en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales. En d’autres termes : recherches sur l’être humain, obéissant à un protocole. Ces recherches visent à déboucher sur une publication, une communication et/ou la diffusion d’un rapport. » Ces études sont utiles aux progrès des soins parce qu’elles permettent de trouver des nouveaux moyens pour mieux connaître ou traiter des maladies. Elles ne sont réalisées qu’à plusieurs conditions : elles doivent être menées pour augmenter les connaissances médicales par des personnes compétentes, toutes les mesures doivent être prises pour protéger les personnes qui se prêtent aux essais et les responsables de ces recherches doivent avoir accompli toutes les obligations légales et réglementaires nécessaires.

Un pôle, un département et un bureau

La création de l’IRBA le 1 er mars 2009 a eu plusieurs effets directs sur la recherche médico-chirurgicale et clinique dans le Service. Elle s’est accompagnée de la constitution d’un pôle de médecine opérationnelle comportant un département de recherche spécifiquement dévolu à la coordination des travaux institutionnels dans le domaine du soutien médicochirurgical des forces. Elle a également vu la création d’un bureau des coinvestigations hospitalières et d’unité. Ce dernier a pour vocation d’organiser le soutien de la RC du Service de santé des armées (SSA).

Le pôle « Recherche médicale opérationnelle » (RMO) comprend le département de recherche « Soutien médico-chirurgical des forces » (SMCF) et le bureau des co-investigations hospitalières et d’unité (BuCHU). Le département SMCF doit accueillir, promouvoir et organiser les recherches au profit des forces dans le domaine du soin aux militaires blessés au combat. Le BuCHU a un rôle bien différent. Il doit favoriser et optimiser la recherche clinique du Service, aux objectifs distincts et qui peuvent se révéler partiellement contradictoires. Ainsi, il aide les cliniciens à développer un projet de RC qui s’inscrit le plus souvent dans leur pratique quotidienne. Il favorise la production de travaux de RC valorisables dans le cadre de la Tarification à l’activité (T2A). Il optimise les avancées médicales utiles aux forces dans le champ couvert par SMCF en utilisant les potentialités des Hôpitaux d’instruction des armées (HIA). Les avancées médicales obtenues à l’HIA Percy, en relation avec le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) ont cette dimension. Enfin, il assure le suivi des projets de RC et doit permettre la mise en place d’évaluations de vaccins ou de médicaments à visée prophylactique ou tout autres procédés dont la finalité est de protéger le combattant et ayant un retentissement sur l’homme.

et

L’IRBA Dossier optimiser

La Recherche clinique (RC) est une recherche menée sur l’être humain dans le domaine de la santé. Un bureau a été créé pour permettre une meilleure interface entre recherches institutionnelles et cliniques hospitalières.

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Les cellules ciliées de l’oreille interne sont des cellules sensorielles qui assurent la transmission des vibrations sonores au nerf auditif

1- cellules ciliées saines 2- cellules ciliées traumatisées après un bruit d’arme

Un financement mutiple pour les RC

Ces actions doivent se faire en concertation avec les comités de recherche clinique qui se mettent actuellement en place dans les HIA. Les projets de recherche promus par le BuCHU seront financés soit par la Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA), soit directement par les hôpitaux ou dans le cadre de développement de contrats de recherche inter-universitaires. Ce bureau pourra aussi intégrer toutes les actions de recherche biomédicales qui existent au sein des forces.

Médecin en chef Thierry Fusaï Bureau de co-investigations hospitalières et d’unité

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