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Les chasseurs parlent sécurité avec la secrétaire d'Etat
CHASSE La secrétaire d'Etat à l'Ecologie rencontre les chasseurs de la Marne
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Bérangère Couillard, planche sur un plan d'action pour renforcer la sécurité autour de la chasse. Mardi 25 octobre, elle rencontrait les chasseurs de la Marne, à Fagnières, pour parler formation, alcoolémie et interdiction de chasser le dimanche.
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La visite de Bérangère Couillard à la Maison de la chasse et de la nature, ce mardi à Fagnières, était organisée aux petits oignons. Pas le droit à l'erreur sur un sujet aussi explosif que les accidents de chasse, d'où les démonstrations prévues par la fédération départementale des chasseurs et les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB). Objectif : valoriser les mesures de sécurité déjà en place autour de cette pratique, à laquelle adhèrent un peu plus de 10 000 aficionados dans la Marne. Des aspects théoriques et pratiques de la formation à l'organisation des battues, en passant par les contrôles ou le fameux angle de tir, rien n'a été laissé au hasard. Au programme également, une reconstitution du rituel rappel des consignes avant chaque départ en battue au grand gibier. « Ne jamais se séparer de son arme chargée, ne tirer sur une cible que si elle est parfaitement identifiée, respecter l'éthique de
Démonstrations à l'appui, Bérangère Couillard a été briefée sur la formation et l'examen du permis de chasse. © l'Hebdo du Vendredi
la chasse et les animaux, a énuméré le vice-président de la fédération marnaise, Olivier Garnier, posté devant un groupe d'adhérents en habits orange. Et n'oubliez pas que la consommation d'alcool ou de stupéfiants est interdite avant et pendant la chasse. » Sur le papier, ça semble acté. Mais dans les faits, cette règle n'est pas toujours observée. Le rapport sénatorial sur lequel s'appuie Bérangère Couillard pour élaborer le futur « plan chasse » du gouvernement stipule que l'alcool et les stupéfiants sont à l'origine de 9 % des accidents de chasse. Il préconise d'imposer aux chasseurs la même limite qu'aux automobilistes : interdiction de pratiquer au-delà de 0,5 gramme d'alcool par litre de sang. « Utiliser une arme n'est pas anodin, dixit la secrétaire d'État. Près de 90 accidents par an, c'est encore beaucoup trop. Les chasseurs sont les victimes dans huit cas sur dix. Même si je pense que ce n'est pas la première cause, nous devons encadrer le taux d'alcoolémie. » Reste à savoir comment, puisque les agents de l'OFB, qui contrôlent le port du permis et les bons usages sur le terrain, ne sont pas assermentés pour réaliser des tests d'alcoolémie. Le président des fédérations départementale et régionale de chasse, Jacky Desbrosse, n'est pas opposé à cette mesure. « À condition que cela concerne uniquement les gens qui portent une arme, pas ceux qui sont là pour nous accompagner ou pour traquer. Les pratiques ont évolué. On ne fait plus de banquet le midi, on prend simplement un casse-croûte et une bouteille d'eau. On organise plutôt un repas après 18 h. Mais là, il s'agit de la responsabilité du conducteur, pas du chasseur. » Autre piste envisagée dans ledit plan : rendre obligatoire l'angle de tir à 30° de sorte à éviter les balles perdues qui peuvent toucher d'autres chasseurs. Ou promeneurs. « Cette règle s'applique déjà dans la Marne », assure le président. L'interdiction de la chasse le dimanche après-midi, en revanche, ne l'enchante pas du tout. « C'est une pratique devenue habituelle le week-end, explique-t-il. On a de bonnes relations avec les associations de randonneurs et on signale déjà nos jours de battues sur le secteur de la Montagne de Reims. Notre territoire est suffisamment vaste pour tout le monde. » Puis d'évoquer la possibilité, pour les autres usagers, d'endosser eux aussi un gilet orange ou fluorescent. « C'est une question de bon sens. À partir du moment où les gens sont visibles, on ne les identifie pas comme des cibles. » Voilà pour le distinguo entre humains et animaux.
Sonia Legendre
La Marne elle aussi confrontée à des accidents
Lorsqu'on l'interroge sur les accidents de chasse survenus dans la Marne ces dernières années, Jacky Desbrosse tempère : « Fort heureusement, nous n'en avons pas eu récemment. Oui, quelques incidents ont été signalés l'an passé, comme par exemple un chasseur culbuté par un cerf. Mais ça fait partie de l'activité, même si ça provoque moins d'émoi que lorsqu'il se passe quelque chose à cause d’une arme. Le dernier accident grave remonte à plus de quinze ans. » Dix, plus précisément. En octobre 2012, à l'occasion d'une session réunissant plus d'une vingtaine de personnes près de Heiltz-L’Êvêque, un chasseur de 32 ans a été mortellement touché à la poitrine par une balle destinée au grand gibier. Plus récemment, en mars 2019 à Baconnes, la chute d'un traqueur quadragénaire armé lui a valu de se blesser sans grande gravité au ventre.
En chiffres
- 10 285 adhérents à la fédération départementale des chasseurs. - 300 chasseurs formés pour être référents « sécurité et partage de l'espace rural » dans la Marne, principalement sur le secteur grand gibier. - Une quinzaine d'incidents sans gravité signalés par les référents en 2020. - 1 507 chasseurs ayant passé la formation décennale sécurité imposée par la loi de 2019, soit 71 % des chasseurs éligibles. - Environ 6 % des accidents de chasse liés à un tir sur une cible non identifiée, 12 % à une chute, 16 % à une mauvaise manipulation de l'arme et 23 % à la non-prise en compte de l'environnement (source OFB, d'après une étude de 2015).
Morceaux choisis de la visite à la Maison de la chasse
- « On est des environnementalistes », Jacky Desbrosse, président des fédérations départementale et régionale des chasseurs. - « Si vous me tentez, je vais revenir ! », Bérangère Couillard, visiblement ravie de sa visite. - « Pour votre culture personnelle, le gibier ne détecte pas la couleur orange de nos habits. Mais ça attire directement le regard des humains », Olivier Garnier, vice-président de la fédération marnaise, à Bérangère Couillard. - « J'ai eu mon permis à 15 ans, j'ai pu commencer à chasser dès l'âge de 16 ans », Bruno Heckenbenner, directeur de la fédération régionale des chasseurs et toujours passionné. - « Mon père m'a transmis sa passion, j'ai envie qu'il soit fier de moi. J'adore la forêt et les animaux. La chasse est un mode opératoire indispensable, à la vie en général », une jeune de 16 ans qui passera bientôt son permis de chasse. - « L'accident de chasse n'est pas une fatalité », la devise inscrite sur l'un des documents publiés à destination des chasseurs.
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CENTRE-VILLE
Requalification de la place Foch à l'horizon 2024
Après les secteurs République, Saint-Dominique et NotreDame, la place Foch pourrait bientôt rejoindre la liste des aménagements liés à la requalification du centre-ville. Plus précisément son aile sud, dont les cellules commerciales – excepté celle du salon de coiffure – restent désespérément vides. Evoqué dès 2016, le projet « démonstrateur de centre-ville » porté par la Caisse des dépôts et la municipalité a donné lieu à plusieurs études de faisabilité, notamment d'un point de vue architectural, pour redessiner le bâtiment classé situé à droite, côté église Les travaux de réhabilitation pourraient débuter en 2024 sur l'aile sud de la place Foch. © l'Hebdo du Vendredi Saint-Alpin. Depuis, Châlons a intégré le programme « Action cœur de ville ». Et début 2021, le bailleur Nov'Habitat et la mairie rachetaient les immeubles de l'aile concernée. Prochaine étape, validée en conseil municipal : répartir ces biens grâce à un échange foncier pour que la ville devienne propriétaire des usages commerciaux et le bailleur, des surfaces de logement. La Société d'économie mixte de Châlons (Semcha) est d'ores et déjà désignée maître d'ouvrage de cette réhabilitation qui prévoit, entre autres, une extension des rez-de-chaussée sur la place. Non sans une pointe d'ironie, l'élu de l'opposition Dominique Vatel (PCF) a interrogé la majorité : « Dans combien de temps cette opération complexe pourra-t-elle aboutir ? Est-ce qu'on a une petite idée, à dix ans près ? » Précisions apportées par l'adjointe en charge de l'attractivité du centre-ville, Martine Lizola : le choix de l'architecte est acté depuis 2021 et les chiffrages sont toujours en cours. Dépôt du permis de construire espéré en 2023, pour un lancement des travaux l'année suivante.