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Combien pèsera Vatry dans les finances du département cette année ?

Le budget primitif 2023 du département de la Marne prévoit une enveloppe d'1,7 M€ pour la plateforme de Vatry. Une subvention supplémentaire de 1 à 2 M€ devrait prochainement être allouée à l'aéroport. Dans le même temps, la vente d'un terrain situé sur la ZAC n°1 pourrait rapporter 2,5 M€ à la collectivité.

Les élus du département de la Marne ont acté, vendredi 20 janvier, le budget primitif 2023 à la quasi-unanimité, avec quatre abstentions du côté de l'opposition. Il avoisine les 584 M€ et se partage entre les dépenses d'investissement - 96,5 M€, dont 19 dédiés au remboursement de la dette, soit au total un million de plus qu'en 2022 - et les dépenses de fonctionnement, estimées à 487,3 M€, en augmentation de près de 35 M€ comparé à l'an dernier. Certes, la hausse du coût des matières premières et de l'énergie est passée par là, sachant que l'Etat devrait allouer une dotation de 4 M€ à la collectivité pour l'aider à faire face à la crise énergétique. Mais d'autres facteurs expliquent ces dépenses supplémentaires, à commencer par l'évolution du nombre de Marnais accompagnés par le conseil départemental. « Notamment les personnes âgées et handicapées, analyse Jean-Marc Roze, viceprésident en charge des finances. Globalement, le budget consacré à la solidarité augmente de 19 M€ et représente plus de 70 % de nos dépenses. Les primes Ségur et la revalorisation du point d'indice ont aussi un impact sur la rémunération des agents. Et les intérêts des emprunts ont pratiquement doublé. » Parallèlement, les recettes de fonctionnement s'établissent à 511,6 M€. De quoi équilibrer le tout, donc. La semaine passée, le président du département, Christian Bruyen, officialisait deux décisions majeures pour l'avenir de l'aéroport de Vatry, propriété de la collectivité : la mise en place d'un plan social dès cette année et l'ouverture à la vente de l'infrastructure. Plusieurs offres ont déjà été proposées, notamment par des investisseurs chinois, mais rien n'est encore acté. Depuis, les avis divergent. Certains dénoncent le sort réservé aux 116 salariés qui travaillent sur place, d'autres évoquent tantôt une opportunité face au gouffre que représente Vatry, tantôt un gâchis financier vu l'argent public injecté depuis des années pour maintenir ce paquebot à flot. Toutes collectivités confondues, l'enveloppe dépasse haut la main les 50 M€. Et fin 2022, le conseil départemental votait l'attribution d'une nouvelle subvention de 3 M€ pour combler le déficit de

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Plusieurs offres de rachat pour l'aéroport l'aéroport. Son rachat ne se concrétisera pas avant plusieurs années et augure, d'ici là, d'autres dépenses. La première interviendra ces prochains mois, toujours sous forme de subvention « exceptionnelle » pour limiter la casse. Elle oscillera entre 1 et 2 M€, « en fonction de la conjoncture et du tonnage réalisé sur l'activité fret », précise JeanMarc Roze. Un peu plus de 18 000 tonnes ont transité par Vatry en 2022, pour un objectif fixé à 45 000. Le budget primitif départemental 2023 prévoit d'ores et déjà 1,7 M€ pour la plateforme, dont 600 000 euros visant à compenser l'augmentation des charges liée au surcoût de l'énergie et 1,1 M€ dédié au fonctionnement de la zone aéroportuaire. La facture finale s'élèvera donc, côté aéroport, à 2,7 voire 3,7 M€. Les élus marnais viennent également d'autoriser la vente d'un terrain d'environ 10 hectares situé sur la ZAC n°1 de Vatry au groupe immobilier Barjane. L'investisseur souhaite, à l'horizon 2025, construire un bâtiment de 30 000 m² à vocation industrielle et logistique, puis le proposer à des entreprises de secteurs variés : informatique, pharmaceutique, e-commerce, électronique, etc. Le compromis ne sera signé qu'en mars, mais cette vente devrait rapporter la bagatelle de 2,7 M€ au Département. Plus précisément 2,5 M€ si l'on soustrait les 200 000 euros inscrits au budget pour aménager en amont ledit terrain.

« On ne parle pas des mêmes lignes budgétaires et des mêmes comptes, concède le vice-président. Mais si l'on s'en tient à Vatry dans son ensemble, puisque la ZAC nous appartient aussi, alors on arrive à quelque chose d'assez équilibré d'un point de vue monétaire. » Dans le même temps, la collectivité envisage d'investir 3,2 M€ dans l'aménagement des parcs d'activités alentour, tant pour les travaux de réseaux, que de voirie et de mise en sécurité.

Sonia Legendre

Le budget du département en chiffres l 90 % des dépenses du département sont liées à ses compétences obligatoires (insertion, personnes âgées et handicapées, enfance, collèges, etc.). l Les budgets alloués au fonctionnement du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) et des collèges augmentent respectivement de 1,5 M€ et de 5,8 M€. l 19,5 M€ seront investis dans le réseau routier marnais. l 13 M€ sont prévus pour accompagner les projets structurants des collectivités l La dette globale du département s'élève à 155,5 M€ début 2023 (- 3,2 M€ comparé à 2022), soit 268 euros par habitant. l La collectivité prévoit d'emprunter 55,7 M€ cette année.

PCF et CGT s'opposent à la vente de Vatry

Communiqués à l'appui, la CGT Marne et la section châlonnaise du PCF ont vivement dénoncé la stratégie du département de la Marne concernant Vatry. « Si le président (ndlr : Christian Bruyen) fatigue trop, qu’il fasse attention à sa santé et qu'il passe la main, écrivent Servane Francart et Dominique Vatel, respectivement secrétaire de la section et élu PCF. Le premier obstacle important croisé par cet équipement de grande qualité, c’est le non-raccordement au rail, contrairement aux promesses faites. Tout le monde a pu constater les dégâts suite à la vente d’autres aéroports d’utilité publique aux marchands du temple, qu’ils soient français, chinois ou d’ailleurs. On parle déjà, pour rendre vendable notre aéroport marnais, de plusieurs dizaines de licenciements préalables sur un total d’une centaine de salariés. » L'Union départementale de la CGT, de son côté, pointe la responsabilité de l'Etat, « majoritaire dans le capital d'ADP (Aéroports de Paris) » ainsi que la mise en concurrence de ce mastodonte et de Vatry « alors qu'il aurait fallu le placer en complémentarité. »

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