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Le père d'une famille installée à Châlons renvoyé en Géorgie

Des mobilisations pour soutenir les familles menacées d'expulsion s'organisent régulièrement à

L'expulsion d'un ressortissant géorgien dans son pays d'origine, loin de sa femme et de ses trois enfants, suscite l'indignation à Châlons. Une pétition en ligne signée par près de 400 citoyens dénonce cette décision et la solidarité s'organise pour épauler sa famille.

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Travailleurs sociaux, parents d'élèves, enseignants ou bénévoles d'associations : il n'est pas rare que les citoyens châlonnais se mobilisent contre l'expulsion de ressortissants étrangers installés dans la ville-préfecture, mais visés par une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Certains obtiennent leur régularisation, moyennant un parcours administratif du combattant et des preuves irréfutables de leur intégration. D'autres, tout aussi intégrés, n'ont pas cette chance. On se souvient, en 2012, des nombreuses manifestations pour soutenir la famille Gashi, renvoyée au Kosovo trois jours avant l'opération programmée à Reims du petit Blendon, hémiplégique. Et en 2018, du retour forcé en Guinée de Mouminy, 22 ans, étudiant à Châlons. Samedi 18 février, l'expulsion du père d'une famille géorgienne, dont nous respecterons l'anonymat pour des raisons de sécurité, a suscité, une fois de plus, l'incompréhension et la colère. Sa femme et ses trois enfants sont restés ici. Le plus grand, arrivé en décembre 2018 avec ses parents, est aujourd'hui scolarisé à l'école Ferdinand Buisson et jeune conseiller municipal. Les deux autres sont nés en France. D'emblée, plusieurs parents d'élèves et le Réseau éducation sans frontières (RESF) ont lancé une pétition en ligne, signée par 394 internautes pour l'heure. Elle dénonce une décision injuste, tant sur le fond que sur la forme, et s'adresse en ces termes au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ainsi qu'au préfet de la Marne, Henri Prévost : « Le papa (…) a été arrêté en allant signer son assignation à résidence à l'hôtel de police. Rien dans le dossier administratif de ces personnes ne justifie une telle violence. Ni délit, ni trouble à l'ordre public. Ils ont scrupuleusement suivi la procédure de la demande d'asile sans obtenir la protection, car ils n'ont pas réussi à faire la preuve des menaces qui pèsent sur eux, comme la grande majorité des ressortissants géorgiens. Il est inadmissible de démanteler ainsi une cellule familiale. Nous rappelons que personne ne quitte son pays de gaieté de cœur et que le cadre légal laisse un grand pouvoir discrétionnaire aux préfectures. » De son côté, le cabinet du préfet évoque « une procédure d'éloignement conforme au Code des étrangers » et rappelle que le ressortissant avait déjà fait l'objet de deux OQTF « non exécutées, auxquelles il s'était donc soustrait. » Pas d'explication quant au motif de cette séparation familiale. « Les parents ont reçu la même OQTF en 2021, détaille MariePierre Barrière, membre de RESF. Mais le papa a été arrêté en novembre 2022, alors qu'il était seul. D'où la seconde OQTF et l'assignation à résidence. Début janvier, sa mesure d'éloignement a été prolongée de six mois. Ils étaient discrets, ils ne demandaient rien à personne. C'était facile. On a renvoyé cet homme dans un pays où il est en danger et où il doit se cacher, sans même se poser la question de sa situation familiale. » Les voisins, la communauté géorgienne, les parents d'élèves, plusieurs associations, notamment RESF et le Secours catholique, prennent le relais pour accompagner la maman et ses enfants dans cette épreuve. Avec l'espoir de voir prochainement la famille réunie ici, en sécurité.

Sonia Legendre

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