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À Aÿ, Pressoria fête ses 2 ans en un chiffre
ÉDITO de Simon Ksiazenicki, journaliste
Tour de vice
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Festival d'art contemporain et de land art organisé chaque année depuis 2019, Vign'Art et ses dix-sept œuvres éphémères se sont installés, le 12 mai, sur quinze sites du large bassin d'Épernay. Habituée des visites en Champagne, la romancière belge Amélie Nothomb sera à Épernay, ce vendredi 7 juillet, en tant que marraine du festival. Elle découvrira « Le Remuage », de Fiona Paterson et Jill Gibson, dans le parc de la maison de champagne Gosset, et « 499 Cubes », de Michaël Chauvel, dans le parc du musée du vin de Champagne et d'archéologie régionale.
Deux ans après son ouverture le 30 juin 2021, jour de l’allègement d’un certain nombre de mesures sanitaires, le centre d’interprétation sensorielle des vins de Champagne d’Aÿ a annoncé avoir accueilli 45 000 visiteurs. Un chiffre à remettre dans son contexte donc, au vu des deux dernières années marquées par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Les premiers chiffres pour 2023 sont encourageants et en nette progression (10 000 visiteurs de janvier à avril 2023), ce qui fait espérer que l’objectif de fréquentation, fixé à 50 000 visiteurs annuels afin d’arriver à l’équilibre financier, sera atteint dans un futur proche.
Comme lors d’autres crises sociales que la France a vécues ces dernières années, pourpenser la situation actuelle peut vous emplir de sentiments contradictoires. On peut se demander ce qu’un adolescent de 17 ans faisait au volant d’une voiture de sport, puis s’insurger qu’un policier formé n’ait pas trouvé meilleure idée qu’une balle en pleine poitrine pour immobiliser le véhicule. On peut se dire que des pillards qui volent de la lessive, de l’huile et du riz sont sans doute plus mus par l’indigence que par la volonté de semer le chaos et la destruction, puis affirmer que des émeutiers qui volent des Nike et des minimotos n’ont pas comme but ultime de renverser un système qui les opprime. On peut envisager que les parents des émeutiers ont une part de responsabilité, puis concéder qu’élever des enfants seul, quand on nettoie des bureaux ou soigne des patients la nuit, est une tâche bien délicate à mener à bien. On peut trouver totalement criminel de brûler un centre social ou un tramway, puis également comprendre que la rage et le dégoût pour une société qui impose le contrôle au faciès, les interpellations brutales et la discrimination à l’emploi peuvent pousser certains à des gestes inconsidérés. Tous ces sentiments contradictoires traduisent l’extrême complexité de la situation et la nécessité de mesure. Après avoir joué l’apaisement dans ses premiers mots, Emmanuel Macron a haussé le ton et la « circulaire Dupont-Moretti » s'applique désormais avec fermeté dans les tribunaux. Même à l'encontre de mineurs sans casier judiciaire qui partent directement en prison par dizaines. En 2005, Jacques Chirac avait prononcé un unique discours peu avant la fin de la crise, dans lequel il avait appelé « l’autorité parentale » à la responsabilité et fustigé la violence. Mais, le président d'alors avait aussi pointé du doigt « le racisme », « le poison des discriminations », loué « la diversité de la société française » et rappelé « aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu'ils sont tous les filles et les fils de la République ». Sans doute pas dénué d’arrière-pensée politique, le Corrézien avait eu le mérite d’opposer une autre vision au tournant sécuritaire et identitaire porté par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. L'effort a été vain, puisque Les Républicains sont devenus un succédané du Rassemblement national. Surtout, à observer les réactions va-t-en-guerre des réseaux sociaux, la popularité grandissante de la scandaleuse cagnotte pour le meurtrier de Nahel et le communiqué sécessionniste, voire séditieux, émanant des deux syndicats majeurs de la police nationale, on se morfond en se disant que c’est peut-être un tour de vis sécuritaire que les Français attendent aujourd'hui. Et ça fait froid dans le dos.