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Feminista fait résonner la voix

et l'aura des artistes

Temps fort des MIA et accessible à tous, le festival Feminista relève depuis sept ans un sacré pari : valoriser la place des femmes sur la scène des musiques actuelles, leurs parcours et les combats qu'elles mènent, tout en (r)éveillant les consciences sur les questions de l'égalité et des violences.

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Àcelles qui ont fait l’histoire et à celles qui la font. À Simone de Beauvoir et à Lola Lafon. À celles qui sauvent les petites filles de l’excision. Celles qui aident d’autres à avorter malgré les interdictions. » Ces paroles extraites du titre « Les lionnes », écrites et slamées par Lucie Joy en hommage aux femmes importantes de l'histoire qu'on a voulu faire tomber dans l'oubli, ont résonné de la plus belle des façons à Châlons, pour l'ouverture de Feminista. L'artiste rémoise, vice-championne de France de slam en 2020, a sorti son deuxième EP en février, le bien nommé « Courage », et défend, à travers plusieurs de ses chansons, la notion de résilience. « J'avais envie de transformer l'indignation, la révolte et l'urgence en quelque chose qui nous donne l'énergie, l'envie de nous battre, de continuer d'avancer, de faire et de vivre des choses. » Quant à la place des femmes sur la scène slam,

« On est 52 % de la population mondiale, on ne représente que 14 % des programmations » elle l'estime plutôt acquise. « Le slam est un lieu très ouvert et propice à ce que les femmes s'en emparent plus facilement. On voit beaucoup de slameuses, brillantes, qui prennent leur place et partagent leurs messages. » À l'heure où la question des événements 100 % féminins se pose de plus en plus, Lucie Joy tempère : « J'y suis assez favorable parce qu'on constate encore une sous-représentation des femmes. Oui à la discrimination positive, tant qu'elle sert à un équilibre. On est 52 % de la population mondiale et on ne représente que 14 % des programmations musicales, ça n'a pas de sens. Et ça ne vaut pas que pour les femmes, mais pour toutes les minorités sociales ou ethnoculturelles. » l'hyperpop – fameux mélange de rap, de pop, de house et d'electro – de Jeanneto, les polyphonies bulgares d'Ipsolin, le punk rap d'Uzi Freyja et bien d'autres. La scène régionale sera à l'honneur avec Silda (chanson pop folk) et Las Baklavas (musiques des Balkans et d'Amérique latine). Expert pour dénicher les talents émergents et les faire découvrir en Châlonnie avant tout le monde, en accès libre, Patrick Legouix, le directeur de Musiques sur la ville, se réjouit aussi cette année de la venue de la compositrice et interprète irlandaise Kaz Hawkins (vendredi 7 juillet), « une artiste reconnue et très importante de la scène blues et jazz, qui a un véritable parcours. »

Une vision qui fait écho au pari réussi de Feminista, imaginé et orchestré par l'association Musiques sur la ville avec ses partenaires : ouvrir le débat, grâce à des rencontres, des projections ciné et autres ateliers, sur les questions des violences faites aux femmes et de l'égalité, en veillant à y associer tous les publics. En particulier les plus éloignés de ces thématiques, ou les moins sensibilisés. Des sujets comme le sexisme, les discriminations de genre, l'intersectionnalité, les inégalités dans le sport ou les quartiers seront également abordés. Et parmi les temps forts du festival : une balade artistique en compagnie de quatre talents féminins d'ici (dimanche 9 juillet à 15 h), la déambulation du collectif Les Miss Trash et leurs instruments improbables (samedi 8 juillet à 18 h) et le café-débat sur la création musicale au féminin en 2023 (samedi 8 juillet à 10 h). Seul le groupe Las Baklavas, programmé le lendemain, y participera. Les organisateurs relancent un appel à tous les artistes locaux, femmes ou hommes, qui souhaiteraient croiser leurs expériences et leurs regards.

Café-débat, projection ciné et déambulation

Autre « tête d'affiche » attendue de pied ferme : Princess Erika (samedi 8 juillet), révélée à l'époque, entre autres, pour ses tubes « Trop de blabla » et « Faut qu'j'travaille ». Elle partagera en live son sixième album, « J'suis pas une sainte », sorti en novembre. « Elle porte un message extrêmement précurseur sur la place des femmes. Avec Diam's, elle est de celles qui ont fait bouger les lignes en revendiquant leur légitimité et en menant des combats justes. »

Feminista se terminera dimanche soir, mais les 32e Musiques d'ici et d'ailleurs se poursuivent jusqu'à la fin du mois et proposeront encore bon nombre de concerts au féminin d'ici là.

Sonia Legendre

Onze concerts s'installeront place de la République ce week-end, dans des répertoires variés :

4 Feminista, jusqu'au dimanche 9 juillet, place de la République, Châlons – Accès libre Infos : musiques-ici-ailleurs.com.

PATRIMOINE

Châlons et l'Unesco

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