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La statue de Jean Talon quitte son socle historique

Implantée depuis 2004 près de Notre-Dame-en-Vaux, à Châlons, l'oeuvre monumentale sculptée par Juan Carlos Carrillo en hommage à Jean Talon vient de rejoindre les réserves municipales. Elle sera installée place Godart d'ici la fin de l'année.

Il aura fallu un an de travail à Juan Carlos Carrillo pour concevoir et sculpter la statue en résine qui représente Jean Talon, premier intendant de la Nouvelle-France au XVIIe siècle, né et inhumé à Châlons. Elle trône depuis 2004 sur le giratoire de la collégiale Notre-Dame-enVaux, culmine à cinq mètres socle compris et pèse plus d'une tonne. Forcément, sa dépose à l'aide de cordages et d'une grue, organisée ce jeudi 20 juillet, a suscité beaucoup d'émotion. Et quelques frayeurs au passage. L'artiste franco-péruvien et son apprenti, Mathias Galichet, déjà sur place les deux journées précédentes, sont intervenus à plusieurs reprises, disqueuse et marteau à l'appui, pour sécuriser l'opération sans endommager l'œuvre. « C'est la première pièce monumentale que j'ai réalisée seul, glisse Juan Carlos Carrillo. Elle m'a été commandée par l'association des Amis de Jean Talon. Au départ, il était question de reproduire le bronze qu'on trouve sur la façade de l'hôtel du Parlement, à Québec, mais je le trouvais bien trop classique pour Châlons. » Le sculpteur a préféré dessiner un Jean Talon moderne, dynamique et en mouvement, tout en respectant l'aspect historique et la noblesse du personnage. « Je voulais un résultat en 3D, qu'on

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Des dessinateurs décryptent l‘œuvre de Juan Carlos Carrillo

Voici deux ans, le premier numéro des « Crayons de Châlons » explorait les fouilles réalisées au pied de la collégiale Notre-Dame-en-Vaux. Son petit frère, tout juste sorti du four et intitulé « Résine et sentiments », propose d'en savoir plus sur les œuvres du sculpteur Juan Carlos Carrillo, qui font partie intégrante du patrimoine châlonnais. Plus qu'un livret illustré, cette création à six mains – celles des talents locaux Lolita et Czek et de la petite EvaLuna, 7 ans – est le fruit d'un reportage mêlant dessins, interviews, articles rédigés, plan, données historiques et chiffrées, etc. « Toutes les informations ont été vérifiées avec au moins deux sources, glissent les « reportartistes ». Nous sommes allés plusieurs fois sur site pour dessiner les œuvres avec minutie et ne pas passer à côté de certains détails. L'idée, c'est de vulgariser le sujet dont on traite, pourvu qu'on apprenne des choses et que les lecteurs aussi. » Le sujet en question s'est naturellement imposé en juin, alors que Juan Carlos et son apprenti, Mathias Galichet, entreprenaient le nettoyage des emblématiques statues représentant les quatre saisons au petit Jard. « Elles sont ici depuis 1999 et ont été réalisées à partir de résine, poursuivent les dessinateurs. Outre l'usure du temps, elles sont parfois la cible de vandalisme. » Au fil de leurs échanges, le trio et le sculpteur ont également évoqué la statue dédiée à Jean Talon et son délicat déplacement (lire par ailleurs). « On a découvert des termes techniques, comme l'élingage, qui consiste à sécuriser ou à lever une œuvre grâce à des cordages. Juan Carlos est un artiste à la fois pédagogue, hyper précis dans ses réponses, passionné et accessible. » Totalement raccord puisse observer de tous les côtés. A l'époque, il se déplaçait en bateau. J'ai imaginé sa cape comme une voile, animée par le vent. Il est penché en avant et équilibré grâce au vent. » Très attaché aux détails, qui font d'ailleurs toute la singularité de ses créations, l'artiste a également matérialisé, à l'intérieur de la cape, un planisphère avec l'Amérique et ses lacs canadiens dorés, l'Europe et la France, symbolisée par le soleil en clin d'œil au roi... sans oublier le Pérou.

« Parce que ça me tenait à cœur, sourit-il. Je me suis inspiré d'une peinture ancienne pour son visage. Il est assez fin et son nez, légèrement aquilin. Pour la petite anecdote, on avait organisé une soirée avec l'association dans la cour de mon atelier et proposé au public, moyennant une entrée payante de sorte à financer une partie du projet, d'assister à la conception du visage. » Plus de 300 personnes y ont participé. « Plusieurs ont même accepté de prendre la pose pendant que je sculptais, dont Alain Biaux, le maire de Fagnières à l'époque. Ce Jean Talon leur ressemble, il a le visage des Châlonnais. Il a aussi trouvé sa place dans la ville et dans le cœur des habitants. »

En témoignent les interpellations des passants qui ont vu, mardi et mercredi, Mathias et Juan Carlos consolider l'œuvre et sa charpente. « Ils ne savaient pas toujours que j'étais le sculpteur, s'amuse ce dernier. Ils nous ont demandé de faire très attention et de ne pas abîmer leur statue ! » La voici désormais à l'abri des ateliers municipaux, le temps que les travaux s'achèvent sur l'îlot Notre-Dame. Puis elle rejoindra l'entrée de la place Godart, une vingtaine de mètres plus loin. « Ce serait l'occasion de la restaurer pour lui redonner toute sa jeunesse », souligne son créateur. Pas du luxe.

Les « Crayons de Châlons » se penchent sur les sculptures de Juan Carlos. © l'Hebdo du Vendredi avec la ligne éditoriale des « Crayons de Châlons », dont ce nouvel opus, imprimé à 200 exemplaires et distribué gratuitement un peu partout au centre-ville, peut aussi se télécharger librement sur Instagram. S.L

4 Infos : compte Instagram @crayonsdechalons.

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