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2022, année mémorable

CHAMPAGNE

2022, l'année de tous les excès ?

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Si la profession champenoise a connu un nouveau chiffre d'affaires record lors de l'année écoulée, elle ne doit pas s'habituer à vendre 330 millions de bouteilles chaque année, prévient Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons.

C’est une quasi-certitude, 2022 a été marquée par une nouvelle hausse des expéditions de bouteilles de champagne. Et ce malgré la guerre en Ukraine, la fermeture du marché russe, les difficultés liées à la reprise postcovid et les conséquences du Brexit. Les chiffres provisoires du Comité Champagne font ainsi état d’un volume de 331,5 millions de flacons écoulés entre décembre 2021 et novembre 2022, soit une hausse de près de 5 % par rapport à l’année précédente. Il y a donc de fortes chances que les chiffres définitifs de l’ensemble de l’année écoulée soient du même tonneau et se rapprochent du millésime record de 2007 (339 millions de bouteilles expédiées). « C’est le fruit du sérieux de notre travail sur la qualité, le process, la manière de vendre le champagne. Ce sont de bonnes nouvelles », se réjouit Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons (SGV) de la Champagne. Comme depuis plusieurs années, l’export tire le bilan vers le haut et la stratégie de « premiumisation » (montée en gamme) des cuvées a permis de vendre les bulles plus cher. C’est la raison pour laquelle le chiffre d’affaires de l’année 2022 permettra à coup sûr d’établir un record à 6,5 milliards d’euros, largement supérieur à celui de 2021 (5,7 milliards d’euros). « On est content, mais je ne fanfaronne pas, coupe

Plus de 330 millions de bouteilles ont été expédiées depuis la Champagne en 2022. © l'Hebdo du Vendredi

Maxime Toubart. Il y a aussi une explosion des charges et nos équilibres commerciaux restent fragiles. » Selon le pré« Le modèle, c’est 300 à 310 millions de bouteilles » sident du SGV, l’interprofession ne pourra pas tenir ce rythme effréné pendant des années. « On n’est pas capable de produire 330 millions de bouteilles de manière durable, assure-t-il. On a baissé notre rendement de 15 % en 10 ans, le modèle volumique, c’est 300 à 310 millions de bouteilles. Au-dessus, c’est plus compliqué. » Sur le marché français, où l’érosion a été importante ces dernières années, la tendance est à la stabilisation, autour de 140 millions de bouteilles expédiées. « On arrive sans doute à la fin de la vague, estime Maxime Toubart. Il y a sans doute eu des commandes importantes par peur de la pénurie, on doit donc observer comment va se dérouler la suite. Il faut voir jusqu’où on peut augmenter les prix, sans perdre le client français. » La donne est différente à l’étranger, où le précieux nectar est vendu plus cher. Les États-Unis continuent de raffoler des bulles champenoises, tandis que les Britanniques et les Japonais ne sont pas en reste. Le champagne fait mieux que résister à l’international, mais le contexte peut changer la donne à tout moment. Maxime Toubart le sait : « Toutes les professions qui exportent sont dépendantes de ce qui se passe à l’étranger. On peut être en fragilité de ce côté-là, car on est très présent sur seulement cinq ou six marchés. Il y a des modèles de croissance à mieux exploiter, je pense aux pays d'Europe du Nord et d'Amérique latine, comme le Mexique ou le Brésil. » Si l'on ajoute à cela l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050, les défis sont nombreux pour l'interprofession.

Simon Ksiazenicki

CRISEÉNERGÉTIQUE

Les boulangers au four et au moulin

Les annonces du gouvernement pour soutenir leur profession face à la flambée des coûts énergétiques ne rassurent qu'à moitié les artisans boulangers-pâtissiers de la Marne. L'arrivée des premières factures de l'année, courant janvier, dira si oui ou non le fameux amortisseur prévu par l'Etat remplit son rôle.

Philippe Chaumeille a repris la boulangerie de ses parents, à Châlons, en 1990, et préside depuis 2016 la fédération départementale des boulangers et pâtissiers. Il se heurte, comme les 250 artisans que compte la Marne, à une envolée inédite du coût des énergies. Sans compter l'augmentation du prix de certaines matières premières engendrée par le conflit qui sévit en Ukraine. « Le beurre a tendance à redescendre un peu et le cours du blé semble se stabiliser, tempère-t-il. Mais les moulins ont eux aussi des factures

énergétiques qui explosent. Les farines sont en hausse de 25 à 30 % et les œufs ont quasiment doublé. » Dans les années 2000, la fédération a expérimenté un système de groupement d'achats. En vain. « Chaque artisan négocie ses tarifs et choisit ses produits en fonction de ses recettes. Nous n'avons jamais connu une telle situation et n'avons pas de marge de manœuvre. » Impossible de travailler sans four, ni frigo ou chambre de fermentation. « Certains adhérents se sont tournés vers d'autres fournisseurs d'énergie et risquent de se retrouver avec des sommes colossales à payer. On sent une très grande inquiétude au sein de notre profession, comme dans tous les métiers de l'artisanat. » Concrètement, les contrats n'excédant pas 36 kWh bénéficieront du fameux bouclier tarifaire reconduit en 2023. « Au-delà, on peut atJusqu'à 250 % d'augmentation teindre 200 à 250 % d'augmentation ! » sur certaines factures C'est ici que l' « amortisseur électricité » annoncé par le gouvernement doit jouer son rôle. L'Etat prendra en charge une partie des coûts et s'engage à la déduire des factures avant paiement. « Soit environ 20 % de ce que l'on devra », estime le président de la fédération marnaise. Les TPE et PME assujetties à une évo-

Une répercussion sur le prix des galettes

Au même titre que la baguette de pain, l'emblématique galette des rois, très prisée en ce début d'année, connaît des hausses de prix qui peuvent diverger d'un établissement à l'autre. En France comme dans la Marne. « On se situe entre 3,50 et 4,50 euros la part de galette, chiffre Philippe Chaumeille, le président de la fédération départementale des boulangers-pâtissiers. Les augmentations sont de l'ordre de 5 à 10 %, sachant qu'on ne vend quasiment plus de viennoiseries et de pâtisseries en cette période, surtout pendant la première quinzaine de janvier. » Du côté des chocolats, l'augmentation peut parfois avoisiner les 15 %. « Les prix sont les prix, mais on veille à rester accessible pour nos clients, qui continuent de nous soutenir. C'est aussi une question de qualité. On fait le choix d'utiliser des beurres AOP, des farines artisanales et des produits essentiellement français. »

SÉCURITÉROUTIÈRE

Radar défectueux sur la RD 944 : les infractions seront régularisées

Depuis la dernière semaine de décembre, des usagers de la RD 944 (Reims-Châlons) ont reçu des procès-verbaux pour des infractions relevées à tort avec une vitesse limite autorisée de 80 km/h, au lieu de 90 km/h, par un des radars de chantier installé au niveau de Beaumont-sur-Vesle. Ce défaut de paramétrage a été constaté entre les 15 et 19 décembre et a été depuis corrigé. La préfecture de la Marne indique avoir fait le nécessaire pour procéder au plus vite à la régularisation des infractions auprès des usagers concernés et à leur remboursement, sans qu'aucune action ne soit nécessaire de leur part. Cependant, ceux qui n'auraient pas reçu la confirmation de cette régularisation dans le courant du mois de janvier pourront utiliser les serDu 15 au 19 décembre, le radar de Beaumont‐sur‐Vesle a flashé à tort les véhicules roulant à plus de 80 km/h au lieu de 90 km/h. © l'Hebdo du Vendredi vices mis en place par l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai) pour contester leur avis de contravention, via le site antai.gouv.fr/particulier/designation-ou-contestation.

La cuisson du pain au four, indispensable mais également très coûteuse pour les boulangers. © l'Hebdo du Vendredi

lution de leur facture de plus de 50 % malgré cette réduction pourront demander une aide complémentaire, à condition que leurs dépenses d'énergie équivalent à 3 % de leur chiffre d'affaires 2021. « On est un peu perdu parmi tous ces dispositifs qui nécessitent de savants calculs, concède Philippe Chaumeille. D'après mes estimations, ma facture d'électricité devrait passer de 14 000 à 35 000 euros par an. Même avec 7 000 euros de moins et sous réserve qu'ils soient bien dégrevés à la source, cette dépense sera multipliée par deux. » Puis de relativiser : « Nous déplorons quelques fermetures d'établissements ces derniers mois, par anticipation, mais elles sont liées à des problèmes de trésorerie du fait de l'effet covid ou à des départs en retraite. La crise énergétique risque d'impacter les boulangeries déjà fragilisées à moyen terme. On ne saura avec exactitude à combien s'élèvent finalement nos factures que lorsqu'on les recevra, courant janvier. » D'ici là, les boulagers-pâtissiers constateront également si les fournisseurs, comme exhorté par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, les épauleront en leur permettant d'échelonner leurs redevances, de renégocier leurs contrats, voire de les résilier sans frais en cas de hausse tarifaire prohibitive.

Sonia Legendre

AMÉNAGEMENTS

Ces projets qui vont marquer Reims en 2023

Malgré un contexte économique incertain, la ville de Reims a annoncé des investissements records pour cette année 2023, avec 85 M€ fléchés. Une somme qui va alimenter plusieurs projets d'exception, dont celui très attendu de restructuration et d'extension du musée des Beaux-arts.

Premiers coups de pioche au musée des Beaux-arts

Après avoir déménagé les œuvres abritées au sein de l'ancienne abbaye Saint-Denis, en 2020, puis consacré 2021 aux études de conception par l'agence d'architecture Aires Mateus, le projet de restructuration et d'extension du musée des Beaux-arts aurait dû entrer dans sa phase de chantier en 2022. Il n'en fut rien, le projet ayant été ralenti par le covid. Le lancement de ce grand chantier est finalement attendu en mars prochain. Il devrait durer environ deux ans. Ensuite, l'installation des œuvres nécessitera encore plusieurs mois de travail, si bien que l'ouverture du futur musée des Beaux-arts de Reims est espérée au mieux à la toute fin 2025, voire début 2026. Une incertitude demeure : son coût. Estimée au départ à 45 M€, la facture va forcément être plus importante en raison de l'inflation et notamment de la hausse des prix des matières premières.

Au chevet de la Porte de Mars

Le vestige gallo-romain emblématique de la cité des sacres, datant du IIe siècle, va bénéficier d'une nouvelle opération de restauration, après une première campagne sur la couverture menée en 2015, afin de la préserver des infiltrations d'eau. Cette seconde phase de travaux doit normalement débuter sitôt les installations du marché de Noël retirées du secteur des hautes Promenades. Cette restauration s’intéressera aux décors et aux parements du tout premier édifice rémois classé monument historique en 1840. Cette opération au coût de 1,8 M€ est ouverte aux dons, via la Fondation du patrimoine Champagne-Ardenne.

Le CHU poursuit sa métamorphose

Plus important chantier en cours sur l'agglomération rémoise, de par son coût et sa durée, avec un budget estimé à environ 550 M€ et des travaux prévus jusqu'en 2030, le projet du nouvel hôpital de Reims continue évidemment en 2023. La première phase, qui accapare à elle seule 230 millions de l'enveloppe financière, a débuté en 2020 et doit s'étirer jusqu'à mi-2023. Elle concerne la construction de l'immense bâtiment de plus de 50 000 m2 dédié majoritairement à l’activité chirurgicale et regroupant l’ensemble des composantes du plateau technique (bloc opératoire, imagerie et soins critiques, réanimation et soins intensifs), d’une capacité d'environ 400 lits. Si les délais sont tenus, l'infrastructure pourrait ouvrir dès l'automne prochain. La seconde phase, programmée de 2024 à 2028, verra la construction, après la déconstruction de l’aile de chirurgie de l’hôpital de Maison Blanche, d’un second bâtiment dévolu aux activités médicales, d’une capacité annoncée de 334 lits et places. Enfin, la troisième, prévue en 2029 et 2030, concernera l’hôpital Robert-Debré et l’aile de médecine de l’hôpital Maison Blanche, datant respectivement de 1976 et 1933, qui seront démolis et remplacés par des parkings et des espaces paysagers.

Lancement du chantier de la nouvelle Esad

Présentée en mars 2022, la création de nouveaux locaux pour l'école d'art et de design de Reims (Esad) doit débuter en fin d'année dans le quartier du Port Colbert, près des anciens Magasins Généraux. Dessiné par Jean-Pierre Lott, ce projet tout en béton et en courbes, via de nombreuses terrasses végétalisées, se caractérise par une architecture audacieuse à l'échelle rémoise. Le bâtiment, qui doit être l'un des totems de ce quartier d'avenir, représente un investissement de 35 M€, financé par le Grand Reims avec le soutien envisagé du Grand Est et de l'Etat. Fondée en 1748, l'Esad occupe actuellement des locaux situés rue Libergier. Son déménagement est espéré pour la rentrée 2025.

Le mois de mars sera marqué par le démarrage du chantier du futur musée des Beaux‐arts. © Aires Mateus Architectes

La façade de l'hôtel de ville libérée

Depuis l'été 2021, la façade principale de l'hôtel de ville de Reims est masquée par 5 000 m2 d’échafaudages, constitués de 190 tonnes de tubes métalliques ! Une installation nécessaire pour restaurer pierres, éléments sculptés et cheminées, changer toutes les fenêtres du premier étage et les lucarnes, mais aussi intervenir au niveau de la toiture, sur les ardoises et la charpente du campanile, culminant à 42 mètres de haut. L'ensemble du chantier, qui comprend aussi la façade côté cour, représente un budget total de plus de 3 M€. Accusant du retard, il doit se terminer cette année.

Neoma voit grand à Port Colbert

En mai 2022, l'école de commerce a dévoilé le projet de son futur campus rémois qui doit commencer à sortir de terre en fin d'année du côté du quartier Port Colbert. Ce grand projet coûtera environ 110 M€, principalement financés par l'école elle-même, grâce à ses fonds propres et à un prêt. Le Grand Reims et la région Grand Est apporteront chacun 10 M€. Imaginé par le cabinet danois Henning-Larsen, le futur bâtiment disposera de 85 salles de classe, de deux amphis de 120 places, d'un espace événementiel, avec un auditorium d'une capacité de 750 places, divisible en trois parties et accessible depuis l'extérieur de l'établissement, et d'un grand hall qui placera l'étudiant au cœur de l'établissement. Des chiffres qui donnent le tournis et qui permettront à Neoma d'accueillir sur son campus de Reims jusqu'à 7 000 élèves, contre 4 700 actuellement dans ses locaux, répartis sur deux sites distincts dans le quartier CroixRouge. La livraison est attendue en septembre 2025.

Concertation sur le projet Berges du canal

Dévoilé début décembre, le projet de réaménagement des Berges du canal ambitionne la reconquête d'un espace de 11 hectares, situés entre les ponts Vesle et Venise, qui implique notamment la disparition complète du pont Charles-de-Gaulle ! L'ouvrage sera remplacé par une passerelle, réservée aux modes actifs de déplacements, c'est-à-dire aux piétons et aux cyclistes, dont le seul coût est estimé à 10 M€. Les objectifs sont de donner de l'ampleur au port actuel, de réduire la place dévolue aux automobilistes, tout en favorisant l'usage des modes doux, et d'anticiper la mutation de la traversée urbaine qui devrait devenir un boulevard urbain en 2028, date à laquelle la concession de la Sanef prendra fin. Si la collectivité rémoise table sur une réalisation de l'ensemble du projet courant 2025, aucun engin de chantier n'est attendu dans ce secteur avant 2024. L'année 2023 sera en effet marquée par la concertation qui doit être menée avec les habitants.

Julien Debant

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