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Des projets plein la tête, malgré le contexte

Les élus du conseil municipal d'Épernay ont voté, mardi soir, le budget pour l'année 2023. Si les dépenses sont en hausse en raison de l'inflation, notamment, la ville peut compter sur de nombreuses subventions, de l'État, la région et l'Europe.

Comme les ménages, les collectivités sont contraintes de tenir compte du contexte pour élaborer leur budget. Mais contrairement à monsieur Tout-le-monde, les municipalités peuvent compter sur plusieurs leviers pour maintenir leur train de vie. Épernay n’échappe pas à la hausse des dépenses de fonctionnement qui progressent, cette année, de 9 %. « C’est d’abord la traduction de la hausse du prix de l’énergie, avec un coût supplémentaire évalué actuellement à près d'un million d’euros », a expliqué, mardi soir, la nouvelle maire d’Épernay, Christine Mazy, ancienne adjointe déléguée aux finances de Franck Leroy et donc rompue à cet exercice comptable. Elle a d'abord souligné la hausse des charges de personnel (+1,1 M€), liée en grande partie à l’évolution du point d’indice de la fonction publique, et des frais financiers de la ville, qui vont également augmenter de 208 000 € du fait de la progression des taux.

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Surcoût énergétique : 1 M€

C’est dans ce contexte contraint que les élus ont composé le budget pour l’année en cours. Heureusement, Épernay pourra compter sur « un montant particulièrement significatif » de subventions venues de l’État, la région et l’Europe notamment, pour un montant de 7,1 M€, presque trois fois plus qu’en 2022. Avec 14 M€ d’investissements prévus et une dette à 36,5 M€, Christine Mazy assure que « tout en assurant un haut niveau d’investissement, la ville maîtrise parfaitement son niveau de dette ». Elle a en-

L'opposition vote contre et argumente

Comme c’est de coutume, les six conseillers municipaux d’opposition ont voté contre le budget 2023 de la ville d’Épernay. L’élue communiste Sarah Deplanque a dénoncé « un budget qui reste le même, confirmant l’orientation politique de ne pas être sur le développement des besoins communs des Sparnaciens et de prioriser les projets tournés vers l’attrait touristique ». Elle a fustigé « des prix qui ont augmenté de manière exagérée », pointant du doigt la hausse moyenne de 6 % des tarifs municipaux, « sans parler des impôts », qui grimperont de 2 % cette année. « Cela va porter un coup aux familles, en pleine période d’inflation fulgurante ». De son côté, le socialiste Antoine Humbert a de nouveau déploré la perte d’habitants depuis 1975 et « un taux de pauvreté qui atteint près de 20 % », alors même que « Épernay est une ville riche, au potentiel fiscal et aux dépenses supérieurs aux autres villes de mêmes strates ». Il a réclamé la stabilisation du budget du CCAS et s’est dit prêt à soutenir la politique touristique de la ville, mais pas « n’importe quelle dépense, comme le ballon captif, qui continuera de peser sur les finances pendant encore de nombreuses années. » Fidèle à son esprit de synthèse, l’élu de gauche s’est dit prêt à soutenir la majorité lorsqu’elle œuvrera en faveur des services publics, du climat, de la végétalisation ou encore de la pratique du vélo, mais il estime que « ce budget ne semble pas répondre aux deux défis majeurs de notre ville : enrayer la perte d’habitants et faire baisser la pauvreté. » suite détaillé un certain nombre de projets inscrits dans ce budget 2023. Le futur quartier Berges de Marne va connaître ses premiers aménagements, avec une phase de démolition programmée ce mois-ci sur cette friche de 11 hectares. « Les bâtiments les plus remarquables, dont les halles ferroviaires, seront conservés et reconvertis », a assuré la maire. Pour relier ce quartier à la ville, une passerelle aérienne sera construite d’ici à 2025. La municipalité y consacrera, en 2023, 432 000 € et recevra, dans le même temps, 765 000 € de deux fonds étatiques. La commune contribuera également (141 500 €) aux études pour la transformation de la gare d’Épernay en pôle d’échange multimodal. « Au débouché de la future passerelle, il s’agit de redéfinir l’espace public qui est le point de convergence de différentes mobilités : train, autobus, cars départementaux, vélos... Ce travail concernera aussi le réaménagement du parvis de la gare », a expliqué Christine Mazy.

L’autre grand projet du mandat consiste à réaménager l’esplanade Charles-de-Gaulle, un chantier qui engloutira 8,4 M€ cette année pour la construction du parking souterrain, dont les travaux ont commencé l’été dernier. La ville pourra compter sur l’État (2,7 M€) et la région (2,4 M€) pour ce projet qui doit se terminer à l’été 2024. Concernant le parc urbain qui remplacera les actuelles zones de stationnement, « les esquisses et grandes lignes du projet seront présentées en mars prochain », a fait savoir la maire. Des plantations nombreuses, un miroir d’eau et un système de brumisation sont notamment envisagés.

Enfin, les deux opérations privées de la rue Eugène-Mercier, une résidence de standing et un hôtel du groupe Marriot, « ont pris du retard, du fait de la hausse des matériaux. Pour autant, assure Christine Mazy, les porteurs de ces projets souhaitent les mener rapidement à bien. Le démarrage des travaux est envisagé au printemps prochain. »

Pour faire face à la hausse du coût des énergies et aux conséquences du réchauffement climatique, plusieurs projets sont prévus en 2023.

La rénovation du bâtiment qui accueille les services techniques dans le parc de l’hôtel de ville (695 000 €), le passage aux LED de 93 % des mâts d’éclairage publics (267 000 €) ou encore la pose de panneaux photovoltaïques sur plusieurs bâtiments communaux (300 000 €) afin d’accroître le taux d’autonome électrique de la ville qui est pour l’heure d’environ 2,5 %.

Côté social, le budget du CCAS atteindra 10,2 M€, contre 8,5 M€ l’an passé, mais cette forte hausse est due au projet de nouvelle crèche qui verra le jour en 2025, rue de Lorraine, et représente, dès cette année, une inscription budgétaire de 2,7 M€.

Enfin, la ville espère toujours démarrer la rénovation des sanitaires du camping municipal cette année, pour une enveloppe maximale de 367 000 €, et ce, afin de ne pas perdre une subvention européenne de 252 000 €.

Une liste incomplète des projets portés par Épernay, qui montre que malgré les discours parfois critiques à l’égard de l’État de certains élus locaux, les subventions publiques continuent de soutenir fortement les municipalités.

Simon Ksiazenicki

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