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Une salle d’audition pour les mineurs victimes

La gendarmerie d’Épernay est dotée d’une salle adaptée au recueil de la parole d'enfants victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales. Depuis sa mise en service en septembre, seize auditions ont été réalisées par des officiers spécialisés.

Des peluches, un canapé à taille d’enfant, un petit tableau noir à craie, des fées et des princesses au mur… Dans cette « salle Mélanie », tout est fait pour oublier que l’on se trouve dans les locaux de la gendarmerie d’Épernay. « C’est un protocole d'audition spécifique destiné à recueillir la parole des enfants victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales, dans un lieu où ils se sentent en sécurité et apaisés, en dehors de l'univers gendarmerie », explique Priscilla Legrand, adjudante-cheffe rattachée à la Maison de protection des familles de la Marne, un pôle dédié aux victimes et covictimes de violences intrafamiliales.

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Dans cette petite pièce, seule une discrète caméra visible dans le coin supérieur rappelle que des auditions s'y déroulent. Pas de téléphone, pas d’ordinateur, pas de prise de note, les gendarmes sont également en tenue civile, afin de ne pas perturber l’enfant. Dans une salle contiguë, un ordina- teur recueille les images qui seront transmises au parquet. Car l’audition d’un mineur victime de violence n’est pas une audition comme une autre.

« L’enjeu, c’est d’éviter que la procédure judiciaire, ce tout premier moment de recueil de la parole, ne soit un nouveau traumatisme pour l'enfant, explique Ombeline Mahuzier, procureure de la République de Châlons. Ce dispositif sert à mettre à l'aise, pour que l'enfant se sente dans un endroit accueillant, presque comme chez lui, et qu'il n’ait pas l'impression d'être, lui, mis en examen. » « On essaye d’abord de mettre en confiance l'enfant en lui parlant de sa journée

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d’hier, de jours heureux, pour évaluer sa psychologie et savoir ce qu'on peut lui demander sans le mettre en difficulté, poursuit Priscilla Legrand. Ensuite, lors de la phase déclarative, on n’aborde pas directement les faits, mais avec des questions larges. » Un puzzle ou une poupée peut aussi servir à nommer l'innommable. « Enfin, on réconforte l’enfant, qui est bien souvent confronté à un conflit de trahison. On doit lui faire comprendre qu’il n’a rien fait de mal, que c’est l’autre personne qui a mal agi. » Ce dispositif spécifique n’est pas nouveau. Cela fait plus de 30 ans que des « salles Méla- nie », du nom de la première enfant entendue selon ces modalités, sont déployées un peu partout en France. L'inauguration de celle de la gendarmerie d’Épernay a eu lieu mercredi, mais seize auditions ont déjà été réalisées depuis sa mise en service, en septembre. « Preuve que le besoin était là », note le commandant de la compagnie de gendarmerie départementale d’Épernay, Yann Basso, dont la ténacité a permis d’aboutir à ce projet imaginé il y a plus de deux ans. « Avant, en cas de besoin, les auditions se faisaient à Reims ou Nogent-sur-Seine, ce qui imposait des déplacements longs et parfois stressants aux victimes. Entre 2018 et 2020, la compagnie d’Épernay réalisait en moyenne deux auditions Mélanie par mois. »

Le gendarme s’est démené, en cherchant « à faire au mieux avec le moins possible » pour des raisons budgétaires, et a alors eu l’idée de faire appel à Ikea pour le mobilier et au Centre éducatif fermé d’Épernay pour certains travaux. Dans le cadre d’une convention pédagogique, quelques jeunes de ce centre destiné à la réinsertion de mineurs délinquants ont mis en peinture la salle Mélanie. « Symboliquement, ça a donné une valeur forte au projet de faire participer des mineurs auteurs au bénéfice de mineurs victimes », a souligné le commandant Basso.

Simon Ksiazenicki

Les boulangers participants sont

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