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Les bouteilles allégées, bientôt une réalité

Le champagne Telmont vient d'annoncer un essai concluant sur des flacons de 800 grammes, soit 35 de moins que le standard champenois. La maison espère convaincre l'ensemble de l'appellation d'adopter ces bouteilles allégées, mais les choses ne sont pas si simples.

Si on parle beaucoup ces dernières années de la nécessité de réduire les émissions de dioxyde de carbone dans tous les pans de l’industrie, le Comité Champagne aime à rappeler qu’elle a été la première filière viticole au monde à réaliser son bilan carbone, dès 2003, et à se doter d’un plan de réduction, deux ans plus tard. Actualisé en 2015, celui-ci a fixé le cap d’une réduction des émissions globales de 25 % d'ici à 2025 et l’interprofession a même annoncé un nouvel objectif pour 2050 : atteindre le « net zéro carbone ». Pour ce faire, il faudra être plus performant dans tous les domaines et notamment celui du contenant. « En 2003, le premier bilan carbone de la filière Champagne a montré que le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre était la bouteille en verre, explique Pierre Naviaux, responsable développement durable au Comité Champagne. L’interprofession a donc coordonné, à partir de 2005, des expérimentations chez de nombreux opérateurs champenois, en liaison avec les verriers fournisseurs de la Champagne, pour réduire le poids de la bouteille. » Un nouveau standard avait été adopté cinq ans plus tard, faisant passer la masse du flacon de champagne de 900 grammes à 835 grammes. Un allégement de poids quasiment « imperceptible à l’œil », expliquait alors le Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC) de l’époque. « Cela correspondait à la plus forte diminution possible, sans modifier les

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Un premier amaigrissement en 2010

caractéristiques dimensionnelles externes de la bouteille, pour ne pas avoir à changer toutes les installations de vinification existantes, détaille Pierre Naviaux. Les verriers garantissent sur cette bouteille de 835 grammes les mêmes performances mécaniques et la même sécurité que la bouteille de 900 grammes, notamment une tenue à la pression supérieure à 8 bars. » Moins de verre, c’est moins de CO2 au niveau de la fusion et de la fabrication, mais aussi moins de carburant pour le transport des bouteilles. Le Comité Champagne assure que cet allégement évite l’émission an -

La bouteille de champagne, catégorie poids lourd nuelle de 17 000 tonnes de CO2. Tout récemment, le champagne Telmont a dévoilé sa volonté d'aller plus loin dans cette cure de minceur. La maison familiale, rachetée en 2020 par le groupe français de spiritueux Rémy Cointreau, fait encore parler d’elle, après avoir vu l’acteur Leonardo DiCaprio entrer à son capital, puis présenté en grande pompe ses engagements pour réduire son impact environnemental. Parmi ceux-ci, on trouve l’adoption d’une bouteille à 800 grammes, pari qu’elle vient de tenir grâce à une expérimentation lancée il y a un an, avec le verrier français Verallia. « Les tests, menés par Telmont, sur un lot de 3 000 bouteilles, se sont révélés concluants, a fièrement annoncé la maison de Damery dans un communiqué. S'ouvre à présent une nouvelle étape : étendre la production avec un premier lot de 30 000 bouteilles. » Un premier pas pour Telmont, qui révèle que le verre représente 24 % de ses émissions totales. Ce flacon plus léger représenterait, selon elle, « une empreinte carbone réduite d'environ 4 % pour la fabrication de chacune des bouteilles ». dovic du Plessis, président de la maison Telmont : « Nous souhaitons que cette bouteille puisse être utilisée par tous en Champagne, sans exclusivité, car une réduction généralisée du poids des bouteilles, cela ferait du bien à notre planète, et nous avons tous à y gagner. »

C'est une Ordonnance royale du 8 mars 1735 qui donne naissance officiellement à la bouteille de champagne, qui devait avoir un poids minimum de 25 onces (750 grammes) et une contenance équivalente à la pinte de Paris, soit 0,952 litre. Actuellement, un flacon champenois vide pèse 835 grammes, contre moins de 500 grammes pour toutes les autres bouteilles de vin. Un surpoids qui s'explique par la nécessité de supporter la forte pression de gaz : elle est conçue de manière à pouvoir résister pendant trois semaines à une pression continue de 12 atmosphères et durant quelques minutes à une montée de pression de 20 atmosphères. Pour être plus résistante, la bouteille de champagne est plus épaisse et donc plus lourde que les autres. Des efforts ont été faits pour réduire sa masse, passée de 1,2 kg, au début du XXe siècle, à 900 grammes, 100 ans plus tard, et donc 835 grammes aujourd’hui. Un allégement qui ne pourra pas être infini. D’abord, parce qu’il faut une solidité nécessaire pour résister à la forte pression exercée à l’intérieur de la bouteille, mais aussi parce que cela nécessiterait de changer toutes les installations de vinification existantes.

Un lot de 30 000 bouteilles

Face à cette nouveauté et cette ambition, le Comité Champagne fait part « d’un optimisme prudent », par la voix de Pierre Naviaux, responsable développement durable. « Aujourd’hui, si les garanties de qualité fournies par les verriers le permettent, il semble possible d’aller plus loin dans l’allégement de la bouteille. Les premiers résultats obtenus sont encourageants, il est cependant un peu tôt pour nous exprimer davantage sur ce sujet. »

Cela peut paraître peu, mais rapporté aux 400 000 cols signés Telmont, voire aux 326 millions de bouteilles expédiées chaque année par l’appellation, cela commence à compter. C’est l’ambition que poursuit Lu -

Étant donné que les bouteilles de champagne restent en moyenne deux à trois ans en caves avant d’être commercialisées, voire dix ans ou plus pour les millésimes, il n’est pas dit que le flacon de 800 grammes s’invite de sitôt à la table des champenois. Sauf pour les adeptes de Telmont, qui pourront soupeser la cuvée bio allégée en 2026. Il faudra trouver d’autres moyens pour réduire plus rapidement l’empreinte carbone de la filière.

Simon Ksiazenicki

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