L'Hebdo du Vendredi - supplément Halles du Boulingrin

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Inauguration : Le retour L'histoire Interview : Une renaissance le programme complet du marché d'un monument Jack Lang selon P.6 et 7 P.8, 9 et 10 se souvient Adeline Hazan P.2 et 3 des festivités P.4 et 5 w w w . l h e b d o d u v e n d r e d i .

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Souvenirs d'une L'avenir restauration du quartier hors-norme P.12 et 13 P.14 et 15

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SPÉCIAL BOULINGRIN

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De l’ombre à la lumière

MARATHON MARA THON SEMI-MARA SEMI-MARATHON THON TAIRES AIRES DES NOT NOTAIRES 10KM FRANCE BLEU CHALLENGE FAMILLE UNSS RELAIS DES DESÉCOLES ÉCOLES USEP

DIMANCHE

21 OCTOBRE


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Du 14 au 20 septembre 2012

Les années 2007-2012

Le temps du renouveau

Sauvées in extremis de la démolition par Jack Lang, les classant en 1990 au titre des monuments historiques, les Halles sont ensuite restées plus de quinze ans à l'abandon, attendant la fin des années 2000 pour voir enfin émerger un projet viable de réhabilitation.

xLe véritable problème était avant tout financier. Estimée à trois millions d'euros au début des années 1990, la seule réhabilitation des Halles, effectuée vingt ans plus tard a finalement coûté dix fois plus cher. Pleinement consciente de ce constat amer, la municipalité de Jean-Louis Schneiter alors en place, vote en juin 2007 une réouverture du marché couvert. Les Halles Boulingrin garderont leur vocation première et ne seront pas transformées en hôtel, médiathèque, salle de concert ou tout autre projet évoqué les années précédentes et qui aurait suscité une flambée de la facture des travaux... En avril 2008, quelques semaines seulement après le changement de majorité à la mairie et l'arrivée de l'élue socialiste, Adeline Hazan, l'ancien édile de Reims, JeanLouis Schneiter, nous confiait combien le dossier des Halles avait été épineux : « Le souci c'est que nous ne savions surtout pas quoi en faire. Des études ont été entreprises mais on s'est vite rendu compte qu'on ne pouvait pas y aménager grand chose. Trop compliqué, trop cher. Aujourd'hui, les Halles vont rede-

venir un marché, tant mieux, mais soyons francs, à l'époque elles n'intéressaient pas vraiment mon prédécesseur et comme le marché sur le parking Boulingrin se passait très bien, nous avions laissé pourrir la situation. Ce n'est que ces dernières années (seconde partie des années 2000, ndlr) que le dossier a réellement avancé » Ayant initié la renaissance de ce monument devenu pestiféré, l'an-

cien maire laisse la nouvelle équipe prendre la suite des opérations en 2008, à l'issue des dernières élections municipales. Une équipe qui souhaite aller vite et refuse de laisser encore traîner le dossier, pressant l'Etat de débloquer les crédits promis (50% de la facture totale) dans le cadre du programme pour la « Restauration générale et l'adaptation des locaux à l'accueil d'un

Les Halles du Boulingrin ont retrouvé leur lumière si particulière. © l'Hebdo du Vendredi

En décembre 2010, les Halles sont habillées d'une bâche annonçant leur réhabilitation prochaine. © l'Hebdo du Vendredi

marché couvert ». Mais si la Ville s'intéresse particulièrement au dossier des Halles, c'est que celuici s'inscrit pleinement dans le vaste projet Reims 2020, lancé en juillet 2008, et chargé d'imaginer l'avenir de la métropole dans les années à venir. Présenté officiellement au public en décembre 2010, le projet envisage notamment de redessiner le quartier du Boulingrin, la rénovation des Halles devenant la pierre angulaire indispensable à la redynamisation du secteur. Celle-ci comprendra également un aménagement en voie piétonne de la rue du Temple, l'ouverture en 2014 d'un nouveau lieu culturel dans les anciens celliers Jacquart et celle, fixée à 2018, du futur musée des BeauxArts, situé en lieu et place de l'actuel parking dit du Boulingrin. Le temps des travaux Quant à la rénovation à proprement parlé des Halles, tout commence en 2009 avec le choix du projet architectural et technique de l'architecte François Chatillon. Promu maître d'oeuvre, responsable de la conduite opérationnelle des travaux, le spécialiste souligne que sa principale préoccupation était « la dégradation des bétons. Notre objectif était de réaliser en priorité une étanchéité de la voûte grâce à un procédé assez complexe qui a exigé plusieurs essais

grandeur nature avant ». Réparation des bétons existants, changement des verrières dans l'esprit de celles d'origine, conservation et restauration de l'ensemble des étals historiques en céramique de l'îlot central, préservation des décors d'époque et restitution des ambiances intérieures et extérieures du bâtiment (la teinte jaune des verres et blanc cassé des bétons contribuant à rendre la lumière originelle du lieu), pendant plus de deux ans, les travaux vont aller bon train sur l'édifice. Au total, on compte parmi les surfaces restaurées près de 800 m2 de pavillons, 4 500 m2 de rez-de-chaussée sous la voûte, 1 400 m2 de mezzanines, ainsi que 600 m2 de boutiques, dont 300 m2 de surfaces de vente et 300 m2 de réserves. Malgré quelques incontournables imprévus de chantier, les Halles du Boulingrin rendront donc bien aux Rémois leur marché couvert d'antan dès le 21 septembre prochain. Un clin d'oeil historique, cher à Adeline Hazan, pour qui « il est très important de faire un lien entre le passé et l'avenir ; car une réhabilitation peut être vécue comme un traumatisme si on oublie les racines passées du quartier ».

Aymeric Henniaux


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Du 14 au 20 septembre 2012

Adeline Hazan

« Les Halles méritaient un destin »

Maire de Reims depuis 2008, Adeline Hazan a, dès son investiture, repris en main le projet de réhabilitation des Halles du Boulingrin, élaboré pendant le mandat de son prédécesseur, Jean-Louis Schneiter. Un projet aujourd'hui abouti pour lequel l'élue socialiste ne cache pas son enthousiasme.

xQuatre ans après votre élection et après l'arrivée du tramway, voici, avec les Halles du Boulingrin, le second "gros" chantier réalisé au cours de votre mandature. Que représente pour vous cette inauguration ? Vous avez raison de faire référence au tramway en ce qui concerne le symbole que représente la réouverture des Halles. Ce sont deux chantiers qui ont longtemps fait débat : fallaitil un tramway à Reims ? Fallait-il rouvrir les Halles ou les détruire ? Pour ma part, j'ai considéré que ce bâtiment historique, intimement lié à la vie des Rémois, méritait un meilleur destin. C'est pourquoi j'ai engagé dès mon élection sa rénovation. Alors si vous me demandez quel est mon sentiment aujourd'hui, je vous répondrai que je ressens à la fois de la fierté et de l'émerveillement. Fierté d'avoir pu rendre ces Halles aux habitants et émerveillement face au résultat époustouflant de cette rénovation.

Quel regard portiez-vous sur les Halles, alors désaffectées et abandonnées, à votre arrivée à Reims au milieu des années 1990 ? Un sentiment de gâchis tout d'abord. Les Halles du Boulingrin ont toujours représenté le cœur d'un quartier historique de notre ville, elles faisaient partie intégrante de l'identité rémoise. Je me souviens que lorsque je suis arrivée à Reims, certains comparaient même les Halles à une « verrue urbaine » ! Je crois que les Halles représentaient également l'immobilisme dans lequel Reims s'est trop longtemps enfermé. La rénovation des Halles, c'est aussi le symbole d'une ville qui se remet en marche, qui se transforme, qui va de l'avant. Pour le renouveau de ce marché couvert emblématique, vous avez souhaité une grande inauguration populaire en y associant les Rémois ? Comment aurait-il pu en être autrement ? Les Halles ont toujours appartenu aux Rémois ! Par cette inauguration, nous voulons justement dire aux Rémois : « nous vous rendons vos Halles, nous vous rendons ce lieu emblématique de notre ville ». Je tiens d'ailleurs à remercier Stéphanie Aubin, le Manège et l'ensemble des structures culturelles rémoises qui ont travaillé longuement pour préparer cette grande fête populaire.et ceci pour un budget

Adeline Hazan a tenu à souligner l'implication de chaque mécène dans le financement des festivités de l'inauguration des Halles. © l'Hebdo du Vendredi

somme toute maitrisé (entre 300 000 et 350 000€)... Je vous remercie de le rappeler ! Comme vous le savez, nous avons pu compter sur la participation de nombreux mécènes et de la Région Champagne-Ardenne pour cette inauguration. Je me félicite de l'implication de tous sur ce dossier, ce qui va nous permettre d'offrir aux Rémois des festivités à la hauteur de l'événement !

Rendre au quartier Boulingrin son marché couvert était pour vous un élément important, fondamental ? Au-delà des contraintes architecturales, il était fondamental que nous puissions refaire des Halles un marché. Je dis souvent des Halles du Boulingrin qu'elles étaient autrefois le ventre de Reims et le lieu où battait son cœur. Mais si les Halles vont redevenir à partir de la semaine

prochaine un marché trihebdomadaire, nous en ferons aussi un lieu culturel, avec par exemple l'organisation d'expositions sur la mezzanine. Quand je dis que nous rendons ce bâtiment aux Rémois, c'est finalement pour en refaire un lieu d'activité ouvert à tous, un lieu de rencontres et d'échanges, bref, un lieu foisonnant de vie !

Propos recueillis par Aymeric Henniaux

Inauguration

Les mécènes, indispensables artisans des festivités

xComme elle s'y était employée à l'occasion des festivités du huitième centenaire de la cathédrale, la Ville de Reims a de nouveau sollicité les entreprises de son territoire, dans le cadre de sa mission mécénat, afin que celles-ci participent au financement de celles consacrées cette fois à l'inauguration des Halles du Boulingrin. Seize entreprises rémoises ont favorablement répondu à la demande de la municipalité, apportant au total 110 000 euros au budget de ces réjouissances. Ce soutien collectif, loin d'être négligeable quand on sait que le coût global de l'inauguration est d'environ 300 000 euros, a de quoi réjouir Adeline Hazan : « Aujourd'hui, je remercie les partenaires privés pour leur soutien et me réjouie de voir que notre philosophie est partagée, celle qui consiste à renforcer l'attractivité et le rayonnement de notre ville ». Invitées ensuite à s'exprimer, toutes ces entreprises mécènes ont déclaré leur fierté de participer à la renaissance d'un des hauts lieux du patrimoine rémois. La plupart étaient d'ailleurs déjà présentes pour l'anniversaire de

Photos souvenirs des seize mécènes à l'occasion de l'inauguration des Halles © l'Hebdo du Vendredi

la cathédrale mais il semble que la restauration des Halles du Boulingrin les touche au moins autant, si ce n'est encore davantage. Ont ainsi souhaité prendre part au projet le groupe Plurial-l'Effort Rémois, maître d'ouvrage et collecteur régional d'Action Logement, la Caisse d'Épargne LorraineChampagne-Ardenne, le Crédit Agricole du Nord-Est, la Fédération Française du Bâtiment de Champagne-Ardenne et celle de la Marne, la société Antoine Echafaudages, l'entreprise de construction et services Cari, le spécialiste du carrelage et de la marbrerie Marzinpro, MGB, expert dans la maitrise de la menuiserie aluminium, métallique et la serrurerie. Parmi les seize mécènes également, la société Blanchard Electricité, la Ferronnerie Mazingue, ainsi que les quatre Maisons de Champagne Canard-Duchêne, De Castelnau, Charles de Cazanove et Veuve Clicquot Ponsardin. Enfin, les maisons CharbonneauxBrabant et Fossier ont, elles aussi, tenu à soutenir et participer financièrement au projet.

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Du 14 au 20 septembre 2012 18h

Jouez à la pétanque Rendez-vous sur de grands carrés de gazon aménagés en différents points du quartier pour découvrir ce qu’était le Boulingrin avant les Halles : un bowling green.

Pensez à chercher votre ballon Un grand lâcher de ballons saluera la renaissance des Halles. N’oubliez pas de venir chercher le vôtre. A ̀ chaque terrain de pétanque, des gonfleurs en font la distribution.

Dégustez l’assiette du Boulingrin (à partir de 19h) Une proposition gourmande faite par les restaurateurs du quartier (10 €). Écoutez l'Harmonie municipale A ̀ 19h, place de l'Hôtel de Ville. Direction : Philippe Cochenet.

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19h45

Tendez l’oreille... Au son d’une cornemuse, d’un biniou et d’une veuze, vous renouez avec la tradition des Sonneurs, ces musiciens qui se placent au centre du village et appellent à la fête. Leur musique est là pour vous conduire jusqu’aux Halles, pour se fondre dans une création sonore inédite réalisée par Philippe Le Goff. Une proposition de Césaré, Centre national de création musicale. Avec le précieux concours de Pierre Méa, titulaire des orgues de la cathédrale de Reims et des sonneurs Erwan Kéravec (cornemuse), François Robin (veuze) et Youenn Le Cam (biniou).

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Les Halles s’allument, un acrobate les escalade... Le temps d’une soirée mémorable : l’installation lumineuse. Lever le voile métamorphose notre perception des Halles. Une proposition conçue par Claire Peillod (ESAD).

A ̀ 20h12 précises (et toujours en musique), José Cordova, acrobate à la corde lisse et étudiant au Centre National des Arts du Cirque, se tient au sommet du voile de béton et donne le signal du grand lâcher de 10 000 ballons pour saluer la renaissance des Halles. Repérez le bien !

Adeline Hazan, Maire de Reims et Présidente de Reims Métropole lance le début des festivités...

De 20h30 àminuit

Le Bal moderne Des danses simples sont transmises « en direct » à un maximum de participants par les artistes du Bal moderne. Chaque danse s’apprend en 45 minutes environ dans une ambiance agréable et festive avant d’être interprétée par la foule. Ni l’âge ni l’aptitude pour la danse ne constituent un obstacle pour participer. Quant au choix des danses, il est conçu pour plaire à tous et n’exclure personne, même ceux venus sans partenaire. Une centaine de fans de danse, ambassadeurs bénévoles, sont sur place pour vous aider à entrer dans la danse. Les artistes du Bal moderne : Oonagh Duckworth, Frauke Mariën, Jean-Michel Agius, Llorenç Balasch, Laurence Giraud, Jutta Vielhaber. Une proposition du Manège > Place du Boulingrin

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Une proposition de La Pellicule Ensorcelée Place Léon Bourgeois Séances à 20h40, 21h05, 21h30, 21h55, 22h20, 22h45, 23h10, 23h35 Durée 15 ’ Le Quintette de cuivres de l’Opéra jouera des œuvres de Verdi, Bizet, Mozart, Gershwin, Bernstein et des musiques de kiosque des années 30. Une proposition de l‘Opéra Dans la Cour de la Maison Veuve Clicquot, 12, rue du Temple Séances à 20h40, 21h05, 21h30, 21h55, 22h20, 22h45, 23h10, 23h35 Durée 15 ’ Les Boulingrin de Georges Courteline Mise en scène : Rémy Barché. Avec Maxime Kerzanet, Sarah Leseur, Déborah Marique, Samuel Réhault. Ecrite en 1898, Les Boulingrin est la pièce la plus célèbre de son auteur. Elle met en scène une soirée épique chez Mme et M. Boulingrin où s’invite inopinément Monsieur des Rillettes, pique-assiette célibataire... Une proposition de La Comédie À l’Hôtel des Ventes de la Porte de Mars, 25, rue du Temple Séances à 20h40, 21h25, 22h10, 22h55, 23h40 Durée 25 ’

Métamorphoses nocturnes Installation vidéographique par Ingrid von Wantoch Rekowski Le Caravage, David, Fra Bartolomeo, Georges de la Tour, Tiepolo... Neuf acteurs incarnent à l’image des portraits de Maîtres en donnant vie à ce que la toile a figé. Une proposition du Manège Dans le jardin de l’Hôtel particulier du Marc, propriété de la Maison Veuve Clicquot, 1 rue Linguet En continu La véritable histoire du Boulingrin racontée par Pépito Matéo Une création originale, qui prétend nous raconter la véritable histoire du Boulingrin... en cinq versions différentes pour un public familial (à partir de 8 ans) ou pour des adultes qui aiment s’en laisser conter. A venir écouter lové sur des oreillers confortables ! Remerciements aux passeurs d’Histoire Dominique Garréta et Olivier Rigaud. Une proposition de Nova Villa > Dans la demeure des Comtes de Champagne, propriété de la Maison Taittinger. 18/22, rue de Tambour Séances à 20h50, 21h25, 22h, 22h35, 23h10 Durée 15 ’`

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Isabel Soccoja accompagnée d'Emmanuelle Moriat au piano et Hadhoum Tunc accompagnée d'Aya Medous au piano Le timbre profond d’Isabel Soccoja s’unit à celui aérien d’Hadhoum Tunc pour une échappée au fil des grands airs lyriques et des facéties légères du répertoire vocal. Deux artistes habituées des scènes d’opéras à découvrir dans l’écrin végétal et architectural du Musée Le Vergeur. Une proposition de l‘Opéra Dans le Jardin du Musée-Hôtel Le Vergeur. Entrée par la Demeure des Comtes de Champagne, rue de Tambour Séances à 20h40, 21h15, 21h50, 22h25, 23h, 23h30 Durée 20 ’ Chœur de l’ensemble lyrique de Champagne-Ardenne Dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville, les choristes de l’Ensemble Lyrique de Champagne-Ardenne chantent les grands chœurs du répertoire lyrique : La Traviata, Carmen, La Veuve Joyeuse...Une proposition de l‘Opéra Dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville. Entrée par la rue de la Grosse Ecritoire Séances à 20h40, 21h10, 21h40 Durée 15 ’ proposées par le Manège Recherches spatiales Base 112 de Pascale Houbin et Vol dans un monde sans gravité de Kitsou Dubois et Do Brunet Le film Base 112 (7’) est le fruit d’une rencontre entre une chorégraphe, Pascale Houbin, deux pilotes de chasse et un pistard sur la Base militaire 112. Vol dans un monde sans gravité (10’) retrace les expériences de vol en gravité zéro vécues par les danseurs et les acrobates de la compagnie de Kitsou Dubois. À l’angle des rues du Général Sarrail et Jovin En continu

11 100 Rémois entrent dans la danse

En 2011, le concours international IDILL (international dance online short film festival) a donné son premier prix aux cent Rémois qui ont participé au Jeu de Société réalisé par Stéphanie Aubin et Arnaud Baumann. Quatre autres bijoux ont également été primés et sont présentés ici : Deep end dance de Conor Horgan, I am my mother de Mohammad Abbasi, Hannah de Sergio Cruz, Sliced de Constantin Georgescu. À l’angle des rues Cotta et Jean-Jacques Rousseau En continu

12 Mise en boîte

Direction artistique et réalisation : Back to Back Theatre , Bruce Gladwin et Marcia Ferguson Avec The Democratic Set, le regard du spectateur parcourt une série d’espaces juxtaposés et rigoureusement identiques au fil d’un lent travelling. Dans chaque espace, des individus issus de tous horizons humains se livrent à des performances chorégraphiques ou théâtrales éclair. Un voyage fascinant qui mêle le quotidien à la plus grande étrangeté. Au 1, rue du Grenier à Sel En continu

de 22h àminuit

13 LOO & PLACIDO

Les deux comparses de Loo & Placido prennent un malin plaisir à mélanger le meilleur de la musique d’aujourd’hui et d’hier pour nous initier au style « Mash-up » ou « Bootleg », entre électro-rock et hip-hop survolté. Une proposition de la Cartonnerie > Rue de la Grosse Ecritoire

de 20h30 à minuit

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KaraoCiné L’histoire du cinéma est jalonnée de merveilleuses chansons que nous portons toutes en nous. Avec Jérôme Descamps en Monsieur Loyal, chauffez vous la voix et venez vous époumoner sur les plus belles pages musicales du cinéma.

14 de 20h30 à minuit

Les Halles ouvrent enfin leurs portes au public dans un quartier en pleine ébullition. Entrée rue Olivier Métra

Le bal moderne - Crédit photo : Johan Penson


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Le marché

Un lieu de culture mais surtout de bouche

Haut-lieu du patrimoine architectural rémois, les Halles du Boulingrin sont avant tout un lieu dédié aux plaisirs gustatifs. Trois marchés s'y dérouleront chaque semaine pendant toute l'année : le mercredi, le vendredi et le samedi. Le marché

Un premier marché festif !

Entre-temps, la fanfare « Les Groomf » auront pris leurs quartiers et proposeront trois sets de 30 minutes sous la voûte. Le lendemain, samedi 22 septembre, ce sera la fête de la gastronomie. Toute la matinée, des animations et dégustations, avec la participation de tous les commerçants du marché, seront proposées au public. A 10h30, un concours de cuisine mettant aux prises une vingtaine d'enfants issus de l'atelier Les P'tites Mains, sur le thème Tutti frutti, se déroulera sous l'oeil averti de Fabrice Maillot. Le chef du restaurant Le Petit Comptoir jugera les apprentis cuisiniers, âgés de 3 à 12 ans, qui devront composer la plus belle assiette et la plus goûteuse, bien sûr avec des produits issus du marché. Les trois meilleurs seront récompensés. Et comme la veille, la musique égayera le marché grâce à la prestation cette fois-ci de la troupe Tam tam tambour et tintamarre.

Les Halles du Boulingrin retrouveront leur première vocation dès le vendredi 21 septembre : accueillir sous sa voûte un marché non-sédentaire. Une première qui promet d'être très animée.

xUne semaine après la réouverture des Halles du Boulingrin, célébrée à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, un second temps fort se déroulera le vendredi 21 septembre. Ce sera le jour du premier marché dans le monument restauré. Pour cette première exceptionnelle, toute la matinée sera ponctuée d'animations. A 8h30, Adeline Hazan, maire de Reims et présidente de Reims Métropole ouvrira symboliquement cette journée. A 10h30, place à Philippe Mille, chef des Crayères, qui pendant une heure proposera une démonstration de cuisine, un savoir-faire qui lui vaut deux étoiles au Guide Michelin. Mieux encore, il fera déguster sa création du jour, réalisée à partir des produits du marché, au plus grand nombre.

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Vendredi 21 septembre, les Halles retrouveront leur marché. © Collection privée Famille Charlet

Marie-Noëlle Gabet

« Tout a été fait pour faciliter le travail des commerçants » Adjointe à la maire de Reims en charge du commerce, Marie-Noëlle Gabet a multiplié les rencontres auprès des commerçants du quartier et du marché. Des centaines d'interventions qui ont eu pour objectif de satisfaire au mieux les demandes des futurs usagers des Halles du Boulingrin.

xQuel sentiment vous procure cette réouverture des Halles du Boulingrin ? En tant que rémoise, je suis très heureuse et je serai évidemment présente lors de l'inauguration. Maintenant, en tant qu'élue, le plus important c'est l'entrée des marchands dans les Halles le vendredi 21 septembre. Des personnes avec qui je travaille depuis début 2009, soit presque depuis mon arrivée à la mairie. Dès le départ on a imaginé tous les scénarios possibles : le départ du marché installé alors sur le parking Boulingrin et ensuite son installation provisoire rue de Mars. Une commission a été mise place pour

une meilleure concertation avec les commerçants via leurs représentants. Et finalement, on a travaillé ensemble sur leur implantation dans les Halles afin que les marchés s'y déroulent au mieux pour eux et pour les habitants.

Combien de commerçants seront présents dans les Halles et comment ont-ils été choisis ? Il y en aura treize dans les cellules permanentes qui seront ouvertes chaque jour de marché (mercredi, vendredi et samedi). Ils ont été choisis en fonction de leur ancienneté et de leur métier comme le prévoit le règlement. Il y avait évidemment plus de demandes que de places disponibles. A cela s'ajoute, en fonction des jours de marché, ceux présents sur les étals historiques, ceux sur le carreau central et le marché de gros. Le marché le plus important de la semaine sera le samedi avec la présence de plus de 100 commerçants auxquels il faut ajouter ceux tirés au sort pour lesquels il reste environ 160 mètres linéaires. Les marchés du mercredi et du

merçants d'accord, ceux qui sont syndiqués et ceux qui ne le sont pas, ceux qui font partie de l’association des commerçants du marché, etc. Parfois certaines décisions sont prises en commission et le lendemain un commerçant va m'appeler pour me dire qu'il n'est pas d'accord avec ce qui a été décidé.

Marie-Noëlle Gabet, adjointe à la maire de Reims en charge du commerce. © l'Hebdo du Vendredi

vendredi accueilleront eux une cinquantaine de commerçants plus ceux tirés au sort. A noter que le samedi, une quinzaine de commerçants seront également présent à l'extérieur, rue Andrieux. Il s'agit des rôtisseurs qui ne peuvent entrer dans les Halles pour des raisons techniques, des quatre brocanteurs habituellement présents sur ce marché et quelques

autres qui n'ont pas souhaité investir pour entrer dans les Halles. Les autres jours, ils seront quatre avec toujours en plus quelques places pour le tirage au sort.

Quelle a été la plus grande difficulté lors cette distribution des places ? C'est de mettre tous les com-

Les places dans les Halles sontelles plus chères pour les commerçants ? Oui, c'est un peu plus cher mais ça reste raisonnable et dans la moyenne des prix constatés au niveau national. Pour les cellules, c'est différent car ça n'existait pas. On a tout fait pour faciliter le travail des commerçants dans les Halles, surtout qu'ils ont dû investir dans du nouveau matériel. Ils ne payent que leur droit de place. Tous les fluides sont gratuits. C'est à dire que l'électricité, l'eau, le nettoyage et le retrait des déchets sont entièrement pris en charge par la collectivité.

Propos recueillis par Julien Debant


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Colloque

En Bref

« Réhabiliter le patrimoine en béton du XXe siècle »

xA l'occasion de la renaissance des Halles du Boulingrin à Reims, un colloque ayant pour thème « Réhabiliter le patrimoine en béton du XXe siècle » se tiendra, mardi 18 septembre, à la médiathèque Jean Falala. Organisé par la Direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne, avec le concours de la ville de Reims, ce colloque propose une approche comparée à partir de l'exemple du monument rémois, pour faire le point sur l'état de la réflexion sur des sujets qui concernent à la fois les professionnels du patrimoine, les décideurs publics et les porteurs de projet. En effet, le XXe siècle, qui a connu l'émergence de nouveaux matériaux de construction, comme le béton utilisé pour répondre au défi de la grande portée, a été marqué par la création de monuments hors normes. La vague de protection au titre des monuments historiques de ces bâtiments (qu'ils soient civils, militaires, industriels ou religieux), entamée au début des années 1980, s'accompagne également, depuis quelques années, des premiers grands chantiers de restauration de ce patrimoine. Des interventions qui posent deux types de questions : celle des tech-

Halles Habituel partenaire des grands évènements, la radio France Bleu Champagne s'installe au Boulingrin pour l'inauguration des halles et le premier marché. Vendredi 14 septembre, Bastien Mathieu sera sur place entre 17h et 20h20. Le matin, Jack Lang sera l'invité de la radio à 7h50. Vendredi 21 septembre, France Bleu Champagne s'installera au coeur des halles pour le premier marché de 6h45 à 11h. Grégory Duchatel présentera son émission "les experts" en direct du monument de 9h à 10h. Christelle Lapierre présentera "la cuisine" de 10h à 11h pour une spéciale 100% Boulingrin. Et Fabrice Morvan animera le grand jeu de France Bleu Champagne le "10/10 " dans une version spéciale Boulingrin entre 11h et 12h. Samedi 22 septembre, la radio diffusera également en direct des halles. Dès 6h Olivier Cattiaux animera la tranche de 6h à 9 h. Puis Hubert Fontaine, de 10h à 12h30, proposera ses émissions "les experts du Jardin" et "jour de fête".

xFrance 3 Champagne-Ardenne Techniques de restauration et faisabilité d'une réhabilitation seront deux des principales questions abordées lors de ce colloque. © Alain Hatat

niques de restauration de ces matériaux modernes, celle de la faisabilité d'une réhabilitation ou d'une reconversion à l'échelle de grands monuments. Le chantier de restauration des Halles du Boulingrin, inauguré lors des journées européennes du patrimoine 2012, est l'illustration parfaite de ces deux problématiques. Ce colloque abordera

notamment d'autres exemples présentant des caractéristiques similaires tels que Le parc des Princes, Les Grands moulins de Pantin ou la Halle Freyssinet de Paris.

Mardi 18 septembre, de 9h à 18h à la médiathèque Jean-Falala à Reims. Entrée libre.

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Exposition

« Les Halles du Boulingrin : 1920 - 2012 »

xLes Halles du Boulingrin, c'est l'histoire d'une vie au cœur de la ville. Ainsi, du 15 septembre au 30 décembre, la mezzanine des Halles accueille sa première exposition naturellement consacrée au monument. Cette dernière raconte l'histoire d'un marché, équipement de proximité nécessaire après les destructions pendant la Première Guerre Mondiale, mais aussi celle d'une oeuvre d'art classée in extremis au titre des monuments historiques en 1990. Réalisée sous le commissariat scientifique de la Ville de Reims, cette exposition regroupe une vingtaine de textes et plus de 230 documents iconographiques : documents d'archives, photographies, numérisés ou photographiés. Elle est divisée en quatre sections. Il y a d'abord l'histoire d'un traumatisme, ceui d'une ville martyre, bombardée pendant toute la guerre de 1914-18, et donc totalement détruite. Son marché, installé depuis 1840 sous une halle place du Forum doit être reconstruite. En 1920, son transfert au Boulingrin est acté. Puis, c'est l'histoire d'une naissance, celle d'un nouveau marché, au coeur de la vie sociale et économique de la ville. Les Halles du Boulingrin de Emile Maigrot et Eugène Freyssinet ouvrent au public le 30 octo-

xFrance Bleu Champagne s'installe aux

partenaire Pour tous ceux qui ne pourraient pas se déplacer, il sera possible de vivre l'événement sur l'antenne de France 3 Champagne-Ardenne. Dès 19h vendredi 14 septembre, retrouvez Loïc Beunaiche en direct dans le 19/20 avec la maire de Reims, Adeline Hazan, et Jack Lang, ancien ministre de la Culture, à l'origine du classement de l'édifice des Halles Boulingrin au titre des monuments historiques. A noter que le vendredi 21 septembre, jour de l'ouverture officielle des Halles, Valérie Alexandre présentera dès 9h45 Champagne-Ardenne Matin, une émission spéciale d'une heure en direct au coeur des halles. La journaliste Caroline Moreau sera quant à elle en direct du marché dès 12h dans le 12/13. Samedi 22 septembre, l'émission « La voix est libre » présentée par Michèle Pigeon, sera diffusée dès 11h30 (émission enregistrée la veille à l'intérieur des halles). Pour plus d'informations sur www.france3champagneArdenne.fr

xUn livre pour la fin de l'année Afin de faciliter la réappropriation des Halles du Boulingrin par l'ensemble des habitants, et afin de célébrer la réouverture du marché, la Ville de Reims a choisi de réaliser un livre d'art et d'histoire autour des Halles. Cofinancé et piloté par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Champagne-Ardenne, cet ouvrage de 200 pages, richement illustré, rassemblera les témoignages des plus grands spécialistes du monument rémois et de l'architecture du XXe siècle : architectes, archéologues, urbanistes, documentalistes, etc. Sa sortie est prévue pour les fêtes de fin d'année.

xTombola : 600 lots dont une journée au

marché de Rungis à gagner Pour découvrir l'histoire des Halles et de son marché, direction la mezzanine du monument jusqu'au 30 décembre.

bre 1929. Ensuite, celle de la décadence avec la fermeture en 1988. La municipalité de l'époque veut détruire le batiment. Mais, le 9 janvier 1990, sous l'impulsion de Jack Lang, alors ministre de la culture, les Halles sont protégées. Enfin, la dernière partie de cette exposition est consacrée à la renaissance, marquée par la volonté de la ville de Reims, un chantier titanesque, le tout dans un quartier promis, dans le

cadre du projet Reims 2020, a une totale métamorphose.

J.D

A découvrir samedi 15 et dimanche 16 septembre de 10h à 19h, du lundi 17 au dimanche 23 septembre de 12h à 19h, puis jusqu'au 30 décembre les vendredis et samedis de 10h à 19h, et les dimanches de 14h à 18h. Entrée libre.

Organisée par la Ville de Reims avec la participation du syndicat et de l'association des commerçants du Boulingrin, une grande tombola se déroulera sous la halle de béton vendredi 21 et samedi 22 septembre. A chaque achat effectué, les commerçants participants offriront ainsi à leurs clients une carte à gratter. Au total ? 20 000 cartes imprimées distribuées pour 600 lots à gagner, offerts par les commerçants et par la Ville. Si la plupart des lots sont d'une valeur entre 10 et 20€ (bouquets de fleurs, sacscabas, pâtés en croûte, poulets rôtis, panier-maraîcher, plateau-fromages...), le lot le plus important sera prisé par les amateurs de marché : une journée à Rungis pour deux personnes, tous frais compris, dont le transport !


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Du 14 au 20 septembre 2012

Historique

1727-1990 - Avant et pendant les Halles

Si les 25 dernières années de vie des Halles ont été riches en discussions, problèmes et rebondissements, le site tout entier, avant même la construction du marché couvert, a été le lieu de multiples changements durant près de trois siècles.

x1727 - Reims sort de ses remparts Les remparts de la ville existent encore à cette époque, et il est décidé d'aménager des promenades - les actuelles hautes et basses promenades - en dehors des remparts.

1849 - Reims démolit ses remparts La démolition des remparts débutent. Un terrain, appelé Boulingrin, se dégage. Il est déclaré inconstructible parce que trop proche du cimetière. Le bruit qui a longtemps circulé racontait que le terrain aurait été donné par une habitante à la Ville, à charge qu'il reste inconstructible. Manifestement une fable, puisqu'il existe bien un arrêté du 16 août 1849 qui interdit la construction sur le site en raison de la proximité du cimetière, qui empêche le forage de puits. 1852 - Un marché aux chevaux Le site du Boulingrin, durant 18 mois, est un marché aux chevaux. Le terrain sert ensuite de dépôt de matériaux à la Ville, notamment pendant les travaux d'agrandissement de l'Hôtel de Ville. 1872 - Le Boulingrin prussien La guerre a débuté en 1870, et, à

partir de 1872, l'armée prussienne occupe la ville. Un bâtiment est installé, il sert de cantonnements aux soldats. Si l'armée quitte Reims deux ans plus tard, le bâtiment reste debout durant quinze ans.

1889 - Un Musée au Boulingrin ? Un grand album sur Reims présenté lors de l'exposition universelle de Paris en 1889 évoque la création d'un musée au Boulingrin. Projet qui sera abandonné en raison de la crise du vignoble (philoxera) qui touche évidemment Reims et sa région, et un début de crise industrielle qui suivra. La même année, une partie de la foire de Pâques s'installe au Boulingrin.

1890 - Pour les enfants Tout au long de l'année, des jeux scolaires sont organisés sur le site. Les dimanches et jeudis, les matins pour les filles, les après-midi pour les garçons.

1891 - Ballons Le 15 juin, on procède à un envol de ballons gonflés au gaz.

1903 - Le village de la honte Une grande exposition est organisée à Reims sur les hautes promenades et sur le Boulingrin, qui accueille un village noir, honte courante à l'époque. Une cinquantaine de Sénégalais débarqués à Bordeaux et Nantes sont acheminés à Reims ; ils y passent trois mois. Un enfant naît d'ailleurs pendant « l'exposition », et naît citoyen français.

1909 - Ballons Dans le cadre de la grande semaine de l'aviation, on procède à un nou-

Avant les Halles, la place du marché, sur l'emplacement de l'actuelle place du forum. © Collection Olivier Rigaud

vel envol de ballons depuis le Boulingrin.

1914 - Guerre et plan Ford La guerre arrive. Les bâtiments en fer et en pierre de la place du marché (l'actuelle place du forum) résistent aux petits obus et les incendies ne s'y propagent pas, contrairement aux idées reçues. Le marché a continué à fonctionner. En revanche, 80% de la ville est détruite, et des projets de réorganisation deviennent nécessaires. Dès 1918, la municipalité, encore évacuée à Paris, lance un concours d'architectes pour reconstruire la ville. Jean-Baptiste Langlet ne se représente pas et Charles Roche, le nouveau maire, et la nouvelle man-

dature, décident de faire appel à un architecte américain, Georges Ford, qui a terminé ses études aux BeauxArts à Paris, comme de nombreux américains. Il était déjà en Europe puisqu'il travaillait pour la Croix Rouge américaine pendant la première guerre. Fin 1919, une étude lui est demandée. Il la restitue le 2 avril 1920. Il y propose un plan de reconstruction de Reims en prévoyant une ville de 300 000 habitants. Ford imagine la construction d'un nouveau marché sur le site du Boulingrin, à proximité de la gare, et le raccordement de la voie ferrée jusqu'aux halles, pour permettre un acheminement facilité des marchandises. Les plus riches riverains n'y sont pas favorables, travaux et bruit obligent. Pendant ce temps, le marché se déroule toujours place du forum. 1922 - Concours d'architectes Un concours d'architectes est lancé pour le Boulingrin. Dix équipes y participent. Tous évoquent, déjà, l'utilisation du béton armé.

4 mai 1923 - Emile Maigrot lauréat Le projet d'Emile Maigrot est retenu. Problème conséquent : après guerre, toute la ville ou presque est à terre. Il faut reconstruire, y compris des écoles, des bâtiments de service public, des églises (celles construites avant 1905 appartiennent à la ville, sauf la cathédrale, à l'Etat). Les Halles ne sont plus prioritaires.

Les nouvelles Halles de Reims, ouvertes en 1928. © Collection Olivier Rigaud

1926 - Appel d'offres gros oeuvre Six entreprises de gros oeuvre participent à l'appel d'offres. Limousin,

une entreprise parisienne, propose une solution deux fois moins chère que les autres, à 2,8 millions de francs de l'époque. L'architecte reprend le projet avec l'entreprise Limousin et l'ingénieur Freyssinet.

1927-1928 - Chantier Le chantier se déroule sur une pé riode de 17 mois, de février 1927 à mai 1928. Les techniques de construction sont modernes. On réalise déjà un béton armé vibré. Avant la première guerre mondiale, Freyssinet avait construit des ponts en béton armé un peu partout, et pendant la guerre, il a construit des hangars d'aviation. Certains, à Villacoublay, existent encore. En 1923 et 1924, il a construit d'énormes hangars à dirigeables à Orly. Les dirigeables, en caoutchouc, étaient sensibles à la lumière et Frayssinet avait fait poser des verrières en verre jaune pour filtrer les rayons UV. D'où les verres jaunes aux Halles du Boulingrin, parce qu'on a trouvé ça joli. On s'est dit aussi que ça serait bon pour les viandes et autres produits frais. Si c'est bon pour le caoutchouc... Les Halles sont ouvertes à l'occasion d'une foire-exposition internationale avec la présence de stands belges et luxembourgeois. L'influence du Luxembourg, grâce à la liaison ferroviaire jusqu'à Paris passant par Reims, est grande à l'époque. On dénombre également à cette période 25 000 immigrés belges à Reims avec femmes et enfants. Quand un ouvrier belge meurt, on renvoie sa famille à Givet, et « qu'ils se débrouillent ». Au cours des premiers mois ...


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...

inauguraux, les Halles présentent notamment des expositions d'Aérorama sur les meetings aériens de 1909 et 1910 ou encore des machines de l'industrie régionale.

30 octobre 1929 - Les Halles sont un marché Six jours après le jeudi noir, le jour du krach boursier à Wall Street, marquant le début de la crise boursière mondiale de 1929, les Halles ouvrent réellement en tant que marché.

1940 - Bombe et éclats de verre Au début de la deuxième Guerre Mondiale, un obus allemand tombe à proximité des Halles. Les verres jaunes sautent. Un ingénieur de la ville en profite pour « résoudre » le problème d'isolation du bâtiment en remplaçant les verres jaunes par des verres blancs isolants, triple épaisseur. Mais le verre jaune fin initial était le lieu où se faisait la condensation. Freyssinet reconnaîtra en 1957 que sur plan, le bâtiment n'était pas suffisamment ventilé dans sa partie haute. Erreur réparée en 2012 par la mise en place « d'ovnis » de ventilation installés lors de l'actuelle restauration. En 1940, au-delà du problème de verre, le bâtiment se dégrade déjà, après seulement douze ans d'utilisa-

re i m s. l h e b d o d u ve n d re d i. c o m

Du 14 au 20 septembre 2012 tion (fissures, reprises du béton). Rien n'est fait pour éviter la dégradation.

1959 - Filet à béton Un filet est installé dans la largeur, au niveau de la mezzanine, pour récupérer les morceaux de béton qui tombent de la voûte.

Années 70 et 80 - On fait quoi ? Sous la municipalité Taittinger, un projet envisage de conserver le marché au rez-de-chaussée, mais de supprimer la voûte et de construire à l'étage des bureaux et des logements provisoires. À la fin des années 70, sous la municipalité Lamblin, des bureaux d'études sont sollicités. L'un d'eux, situé à Madrid, en Espagne, spécialiste de Freyssinet, vient sur place. Il indique en 1984 qu'une restauration partielle, uniquement sur la voûte, peut être réalisée pour environ 6 millions de francs. En 1987, Jean Falala, maire de Reims, déclare : « Les Halles, ça suffit ! » Sur place, il veut construire le centre des congrès, un marché permanent et un parking aérien et souterrain. Et aussi un programme privé (hôtels, bureaux, logements...). Un concours est lancé. Douze équipes s'inscrivent. Une ne répond finalement pas. Parmi les

Olivier Rigaud

25 ans de Halles

onze réponses, l'une prévoit de conserver les Halles. Le maire décide de ne pas retenir ce projet. « Sans doute une erreur, indique Olivier Rigaud, architecte urbaniste à Reims Métropole (lire interview par ailleurs), parce que si ce projet avait été étudié, on aurait réalisé l'énorme difficulté de la restauration des Halles et on n'aurait peutêtre pas attendu vingt ans. » La municipalité ne se met pas d'accord.

Quatre projets sont retenus, et un nouveau concours est finalement lancé en 1988. Le cahier des charges du concours prévoit un centre des congrès plus petit. Mais on ne trouve toujours pas d'accord. Deux projets sont retenus, et un nouveau concours est lancé. C'est à ce moment que les Monuments historiques se réveillent et s'intéressent aux Halles. Entre 1987 et 1989, la direction de l'architecture est passée

momentanément à la direction de l'équipement au lieu de la traditionnelle tutelle culturelle. À l'équipement, la voix des ingénieurs est plus influente que celle des architectes. Les ingénieurs, et les Monuments historiques se raccrochent à eux, plaident pour un maintien des Halles.

pas utiliser la mezzanine pour le marché a été une bonne résolution. Ça sera très bien pour des expositions. À Troyes, par exemple, le marché a été complètement refait, avec ascenseurs et escalators. Au bout d'un an, il n'y avait plus aucun commerce sur la mezzanine. Ici, dès le départ, on a prévu de ne pas installer de commerçants sur la mezzanine.

fin n'avait pas été remplacé par un verre épais isolant ? Ça aurait peut-être retardé les échéances, les problèmes de dégradation, mais ça ne les aurait pas évités. Les problèmes des voûtes en béton armé sont partout les mêmes. Les bétons armés actuels sont armés en fibre de verre, et contrairement aux fer, ils ne rouillent pas. Le classement aux monuments historiques oblige à conserver l'aspect initial, pas les matériaux. Maintenant pour les ver-

res, c'est bien d'avoir repris la teinte d'origine. Ces verres sont fabriqués par Saint-Gobain, en Pologne. Il s'agit d'un verre armé avec un petit grillage à l'intérieur, qui présente les mêmes caractéristiques que le verre initial. Saint-Gobain a dû garder la recette.

La place du marché, après les bombardements allemands de la première Guerre Mondiale. © Collection Olivier Rigaud

Question à l'architecte : que seraitil advenu si en 1940 le verre jaune

J.D

Propos recueillis par Tony Verbicaro

Inspiration

riche ! Quand on regarde les choses avec un peu de cynisme, c'est un simple parapluie à 30 millions d'euros ! Et même pas chauffé ! Mais ce n'est pas forcément plus mal pour un marché de produits frais. Et puis on règlera les soucis au fur et à mesure cet hiver.

Depuis 25 ans, Olivier Rigaud a les clés des Halles. © l'Hebdo du Vendredi

Olivier Rigaud est architecte urbaniste à Reims Métropole depuis 1982. Il a donc suivi et participé au dossier depuis son arrivée dans la cité des sacres.

xCette restauration, c'est aussi une page qui se tourne dans votre carrière ? Oui, c'est vrai. Et je serai bientôt en retraite, je n'aurai plus de dossiers aussi conséquents sur lesquels travailler. Avec le parvis de la cathédrale, les Halles sont l'autre projet qui m'ont occupé 25 ans. Dès mon arrivée en 1982, une étude sur les Halles m'avait été commandée. Et cette restauration, ce n'était pas gagné. C'est un sport de

Pensez-vous que les Rémois se réapproprieront leur marché couvert comme avant ? On l'espère en tout cas. Mais c'est vrai que les gens vivent différemment aujourd'hui. En 24 ans, tout a évolué. Le marché ne fonctionnait que trois jours par semaine déjà à l'époque. Et on a pris des habitudes de supermarché. Je pense que le choix de ne

x

À La Corogne, la soeur jumelle des Halles El mercado de San Agustin de A Coruna (le marché de Saint-Augustin de La Corogne, en Galice, en Espagne, ressemble à s'y méprendre aux Halles du Boulingrin. « En 1998, se souvient Olivier Rigaud, j'ai reçu un courrier d'un confrère espagnol, installé à La Corogne. Il m'explique, photo jointe à l'appui, qu'il existe à La Corogne une copie des Halles de Reims ! L'été venu, en vacances en Vendée, je décide de faire une virée sur place avec les enfants. Et je vois une soeur jumelle des Halles, un peu plus petite. Comment les Espagnols en sont-ils arrivés à copier nos Halles ? Diverses possibilités. Mais je Le marché Saint-Augustin de La Corogne. © DR pense que ça vient d'une publication allemande, StadtBau, qui dans un article compare les Halles du Boulingrin à un bâtiment situé à Leipzig. Santiago Rey Pedreira et Antonio Tenreiro, architectes municipaux de La Corogne, s'en sont inspirés mais ils ont fait une voute épaisse de 15 cm, ce qui leur a posé beaucoup moins de problèmes de dégradation. Le bâtiment a été construit en 1932 pour sa vocation toujours d'actualité : marché aux fruits et légumes, viandes et surtout poissons à La Corogne. Pendant la guerre civile, les Franquistes ont réquisitionné le bâtiment. »


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Du 14 au 20 septembre 2012

Les années 1980-90

« Le blockhaus grisâtre », classé monument historique

xEn 1980, une étude réalisée sur l'état des Halles préconise déjà une lourde réhabilitation ou sa démolition pure et simple. Une fois de plus, aucune décision ne sera prise et il faudra attendre 1987 pour que le dossier enfin évolue. Jean Falala, maire de Reims à l'époque, juge le bâtiment « laid, dangereux et insalubre ». Il déclare : « on va raser ce blockhaus grisâtre ». Le premier magistrat, soutenu par le conseil municipal et une large partie des habitants, décide alors la fermeture des Halles un an plus tard et programme leur démolition. A la place, on projette la construction notamment d'un centre des congrès. Une pétition contre ce choix est alors signée par de très nombreux architectes qui louent la beauté des Halles et la prouesse technique de la construction de sa voûte. Sur le sujet, les opinions divergent mais certains n'hésitent pas à comparer le destin de l'édifice rémois à celui envisagé au début du siècle pour la Tour Eiffel. Qualifiée en son temps « d'horrible tour rouillée », la vieille dame a bien failli être détruite. La comparaison ne manque pas d'audace et permet de mesurer la valeur architec- Le monument a été laissé à l'abandon pendant plus de 20 ans. © l'Hebdo du Vendredi turale des Halles. L'intervention décisive de Jack ministériel signé par Jack Lang, Eugène Freyssinet est enfin proalors ministre de la Culture, qui tégée. Depuis cet accès à l'imLang les Halles du Promis à la destruction, le bâti- classe le bâtiment au titre des mortalité, ment est finalement sauvé in monuments historiques. L'œuvre Boulingrin ont été laissées comextrémis en 1990 par un décret conçue par Emile Maigrot et plètement à l'abandon par les

municipalités successives et par l'Etat qui n'a pas souhaité délier les cordons de sa bourse. Dans les années 90, les projets et les rumeurs les plus folles vont pourtant se succéder : médiathèque, musée, hôtel, complexe cinématographique, salle de concert, etc. Chacun y va de son idée jusqu'à ce que la réalité financière vienne mettre fin à d'improbables rêves. En effet, ces longues années d'attentisme volontaire ont eu des conséquences graves sur l'état du bâtiment qui s'est dégradé

inexorablement. Si bien que chaque année passée a alourdi un peu plus le coût de la rénovation. Il faudra finalement attendre 2006 pour que la décision de rendre sa vocation originelle aux Halles soit prise. Et deux ans de plus, pour que la ville de Reims, avec à sa tête Adeline Hazan, lance le programme pour la restauration générale et l'adaptation des locaux à l'accueil d'un marché couvert.

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x26 juillet 1989 - Inscription aux Monuments

historiques Première étape, l'inscription, au niveau régional. Ça n'empêche pas encore - la démolition.

5 septembre 1989 - Le discours de Jack Lang Jack Lang, Ministre de la Culture, annonce, lors d'une prise de parole au Château de Chambord, qu'une instance de classement est en cours sur les Halles de Reims. Pendant un an, on ne peut plus rien faire. La mairie de Reims n'est pas d'accord et l'exprime au Ministre.

9 janvier 1990 - Les Halles classées Quelques mois plus tard, la commission supérieure des Monuments historiques, à Paris, classe les Halles du Boulingrin. On ne peut plus les détruire. Le projet de palais des congrès est déménagé le long du canal, à la Patte d'oie, sur son emplacement définitif. Quant aux Halles... © l'Hebdo du Vendredi


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Jack Lang

« Content de constater que je n'ai pas commis une erreur »

Ministre de la culture et de la communication du gouvernement dirigé par Michel Rocard, Jack Lang décide en 1988 de protéger les Halles du Boulingrin... contre l'opinion générale. Et le 9 janvier 1990, le bâtiment est classé au titre des Monuments Historiques par décret ministériel.

x Qu'est ce qui, à l'époque, a motivé votre décision ? Ce sont mes convictions personnelles. Au-delà de mon rôle politique, j'ai toujours été en tant que citoyen contre les destructions hâtives. Il y a eu en France de très nombreuses destructions de bâtiments datant de la fin du XIXe et du XXe siècle. C'est le cas par exemple des Halles Baltard à Paris, démolies au début des années 1970. Ce fut un massacre contre l'histoire, un acte barbare et sauvage. Dans le même esprit que le monument de Reims, j'ai sauvé la Halle aux grains de Blois, bien avant que je n'imagine devenir le maire de cette ville. La question des Halles du Boulingrin

n'est donc pas isolée. A Nice par exemple, j'ai fait classer la façade du Palais de la Méditerranée, malgré les protestations locales.

Quel est votre sentiment aujourd'hui de voir le résultat concret d'une décision prise il y a plus de vingt ans ? Je suis d'abord très heureux pour Reims et ses habitants. A l'époque, il a fallu que je tienne bon. Je me souviens que le maire (Jean Falala) était très en colère. La majorité des Rémois euxmêmes souhaitait la destruction des Halles. Aujourd'hui, je suis content de constater que je n'ai pas commis une erreur. Vous avez revu le batiment depuis les années 90 ? Je suis allé faire un tour par curiosité lors de ma venue à Reims en novembre 2008, à l'occasion du Congrès du Parti Socialiste. J'ai regardé à travers les grilles et je me suis dit que nous avions eu vraiment raison de sauver cette construction unique. C'est vraiment une très belle oeuvre architec-

turale et je suis impatient de voir de mes propres yeux le résultat de cette restauration (Jack Lang fait partie des invités à l'inauguration).

Finalement, que retenez-vous de cette histoire ? Même si la conscience publique a progressé ces dernières années sur la question de la sauvegarde de notre patrimoine du XXe siècle, il y a un enseignement important à tirer du cas rémois. Je crois que c'est une bonne chose que ce soit l'Etat l'instance de protection du patrimoine. Ce pouvoir des architectes des bâtiments de France a d'ailleurs failli être remis en cause au profit des maires. Il n'en fut rien et heureusement. Car il est plus facile pour un ministre qui a un peu de tempérament de prendre ce type de décision, que pour un maire directement concerné et donc soumis à la pression des habitants. Surtout, le patrimoine n'appartient pas à une ville, il appartient à la nation.

Propos recueillis par Julien Debant

Au fil des années, les Halles n'ont eu de cesse de se détériorer. © l'Hebdo du Vendredi


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Rénovation

Souvenirs d'une restauration monumentale ! Commencée le 23 novembre 2009, par le nettoyage et le désamiantage, la restauration

des Halles du Boulingrin aura duré moins de trois ans : une prouesse technique et humaine exceptionnelle. xUn financement partagé

Le coût total du chantier est de 31,6 millions d'euros, soit 2 millions de moins que prévu au départ du projet. Si la Ville de Reims assure plus de la moitié de ce budget, à hauteur de 18,2 millions d'euros, l'Etat, via la DRAC et le FISAC, apporte de son côté 8,4 millions d'euros, tandis que la contribution de la région Champagne-Ardenne se monte à 4,9 millions d'euros.

© l'Hebdo du Vendredi

© l'Hebdo du Vendredi

Au delà de la simple luminosité, plusieurs éléments concourraient à redonner aux Halles leur esprit d'antan. Ainsi, divers travaux concernant les traces de coffrage, le traitement pavé du trottoir et celui des devantures des boutiques, la restitution des soubassements colorés et celle des repères au pochoir ou encore le choix de la typographie de signalétique ont concouru ensemble à répondre à l'exigence d'une restauration se voulant au plus près de la conception initiale.

© Alain Hatat

xRetrouver l'ambiance originelle

© l'Hebdo du Vendredi

La restitution des ambiances lumineuses, principalement à l'intérieur de l'édifice, était un élément primordial de la restauration des Halles du Boulingrin. Fait anecdotique et rarissime, afin de retrouver la luminosité de l'époque ou du moins de s'en approcher le plus possible, ce ne sont pas moins de 900 m2 de verre armé jaune qui ont été coulés en Pologne et quelque 2 150 pavés de verre utilisés. Des verres à la teinte jaune, s'accordant avec le blanc cassé des bétons, et qui confèrent au marché couvert une atmosphère tamisée, sobre bien que lumineuse.

© Olivier Rigaud

xUne luminosité authentique

xDes étals préservés

© Alain Hatat

© Alain Hatat

Architecte en chef des monuments historiques et maître d'oeuvre du projet, François Chatillon a tranché pour la conservation et la restauration de l'ensemble de l'îlot central, pourvu de nombreux étals en céramique. Sur ces derniers, lorsque la restauration de leurs carrelages et faïences ne s'est pas avérée possible, ils ont été contretypés par les Céramiques du Beaujolais, le fournisseur d'origine, de manière une nouvelle fois à se rapprocher au plus près de l'ambiance d'origine des Halles. Rappelons par ailleurs que sur l'îlot central, zone dite « détail », le sol initial en carreaux a été déposé, restauré et reposé.


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Du 14 au 20 septembre 2012

xLes bétons, un défi de taille

La maîtrise de l'hygrométrie était peut-être l'enjeu principal de ce vaste chantier. En clair, la priorité était avant tout d'éviter que les bétons ne soient trop poreux à l'eau et que les aciers, eux, ne se corrodent. Dans le détail, la restauration des superstructures a reposé sur le principe de la réparation des bétons existants. L'idée étant également d'obtenir une étanchéité liquide en incorporant du sable gris dans le but de protéger la voûte des intempéries, ceci tout en préservant son aspect mat d'enduit ciment.

x600

© Alain Hatat

C'est le nombre, en tonnes, d'échafaudages déployés sur le site au cours du chantier de restauration. Des structures métalliques, entourant le monument de 100 mètres de long, 50 de large et 10 mètres de haut, et qui ont permis à plus de quarante entreprises de travailler dans et au dehors des Halles pendant les deux ans et demi qu'ont duré les travaux. Quant aux moyens humains, ils n'étaient pas moins de soixante ouvriers mobilisés au quotidien.

© Alain Hatat

© Alain Hatat

xLe souci des décors

La composition des étals, sur l'îlot central, est presque entièrement conçue en briques émaillées de couleur blanche, celles-ci étant en outre ponctuées de liserés verts et de numéros d'emplacement rouges. Si le choix d'un matériau lisse et lumineux est principalement déterminé par le côté « hygiénique », la brillance qu'il dégage, en réfléchissant l'intense lumière jaune des verres armés, contribue à sa manière à donner une ambiance que l'on pourrait qualifier de féérique à cette partie du marché couvert.

© l'Hebdo du Vendredi

© l'Hebdo du Vendredi

xFrançois Chatillon en chef d'orchestre

Architecte en chef des monuments historiques et maître d'oeuvre du projet de restauration des Halles, François Chatillon était le responsable de la conduite opérationnelle des travaux. Sa principale préoccupation au début du chantier fut la dégradation des bétons. Entouré de ses équipes, le spécialiste s'est donc employé à réaliser en priorité une étanchéité de la voûte. D'une manière générale, l'enjeu pour lui était surtout de « réadapter » les Halles du Boulingrin à la ville du XXIème siècle, sans omettre bien sûr de lui redonner son usage d'origine, en l'occurrence un vaste lieu de rassemblement.

© Alain Hatat

xS’adapter aux nouveaux besoins

Les Halles seront avant tout un marché couvert, évidemment. Néanmoins, les différents espaces du lieu ont été réaménagés de manière à recevoir également des activités temporaires de type culturel et sportif. Par ailleurs, un nouvel escalier a été créé, permettant d'accéder plus facilement à la galerie, désormais dédiée à l'accueil d'expositions. L'ancienne boucherie pourra être utilisée comme espace de convivialité et buvette temporaire. Notons également que les six boutiques autonomes de la rue du Temple ont été regroupées en deux grandes cellules commerciales, destinées à accueillir des bars à thème. Les quatre pavillons, quant à eux, accueilleront les circulations verticales (par escaliers ou ascenseurs), mais aussi les locaux de rangement, les sanitaires, le logement du gardien, le poste de sécurité et le local à ordures. Enfin, des salles spécifiques ont été prévues sur la rue de Mars, et le sous-sol, utilisé que partiellement, pourra éventuellement recevoir des locaux techniques.

AH et J.D


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Musée des Beaux Arts

Un nouvel écrin en 2018

xLe nouveau Musée des BeauxArts de Reims est sans aucun doute le projet phare de la mandature d'Adeline Hazan. Coût annoncé de cet écrin haut de 38 mètres ? 55 millions d'euros. Résolument moderne, le futur bâtiment devrait marquer les esprits par son architecture qui tranche singulièrement avec ce qui existe aujourd'hui à Reims. Le cabinet David

Chipperfield, retenu parmi 139 candidats, a imaginé un bâtiment constitué de trois nefs culminant à 38 m de hauteur et dont les façades translucides, constituées de marbres et de verres recyclés, apporteront le jour une lumière naturelle. Le soir venu, ces dernières brilleront dans la nuit, marquant l'entrée de la ville historique, aux côtés de la Porte Mars. A l'intérieur, ce qui a séduit le

jury rémois, c'est à la fois une très grande modularité des salles d'exposition et la prise en compte du passé historique du site. En effet, le futur musée abritera une halle de 12 mètres de haut dédiée aux vestiges médiévaux retrouvés lors des fouilles réalisées en 2011. Il s'agit d'une porte et d'une barbacane qui marquait alors l'entrée de la cité au Moyen- Âge. Au total, le musée se

Le musée jouxtera les Halles. © David Chipperfield Architects

Dans le cadre de Reims 2020, plusieurs places de la ville devraient être prochainement rénovées. © Reims Metropole - Le Visiomatic

déploiera sur une surface de plus de 11 000 m2, dont 4884 m2 dédiés aux expositions permanentes, 831 m2 aux expositions temporaires et 765 m2 aux animations culturelles et éducatives. Une fois traversée la halle des vestiges, les visiteurs pénétreront dans un large foyer où accueil et billetterie jouxteront un café, une librairie et un auditorium. Sous leurs pieds, deux niveaux abriteront les réserves. Au dessus de leur tête, trois niveaux et quatre entresols recevront les collections

allant du XVe au XXIe siècle, dans de vastes salles pensées pour être réaménagées facilement selon les besoins grâce à des panneaux modulaires. Une bibliothèque et une salle de restauration sont également prévues. Quand à l'atmosphère générale, elle se veut sobre et neutre, marquée par un calme visuel et sonore, afin de favoriser la rencontre du visiteur avec les oeuvres exposées.

J.D

Celliers Jacquart

Bientôt un Lieu Commun

xDésertés depuis plusieurs années, les anciens celliers Jacquart, situés rue de Mars, respirent toujours le champagne. Il n'y a pourtant plus rien ou presque qui rappelle les activités liées aux vins, si ce n'est la physionomie même des lieux dont bien sûr de magnifiques caves. Alors, inévitablement, ce décor brut a séduit Georges Rousse, comme les Halles du Boulingrin trois années auparavant. En effet, à la demande de la ville de Reims, et grâce au concours des partenaires historiques que sont La Salle d'Attente et Prisme, l'artiste est de retour dans la cité des sacres, invité à intervenir sur ce site qui prendra le nom de Lieu Commun une fois réhabilité. Ce nouveau lieu culturel devrait accueillir d'ici deux ans les activités de l'association Nova Villa, mais aussi des salles pédagogiques, une salle de spectacle d'une capacité de 180 places et un espace dédié à l'organisation d'expositions d'une superficie de 800 m2. « J'ai toujours aimé ces lieux abandonnés ou en ruine avec l'envie de leur redonner vie », rappelle l'artiste. Depuis plus

de trente ans, Georges Rousse visite des sites désaffectés et les marque de son empreinte à travers une oeuvre photographique importante dans laquelle se répète le principe de l'anamorphose, technique de trompe-l'oeil appliquée à un lieu ou un espace architectural précis. Il s'approprie temporairement ces sites et, à l'aide d'assistants, ici huit étudiants de l'ESAD de Reims, peint sols et plafonds dans le but de créer une forme en suspension visible d'un unique point de vue. Cette illusion, Georges Rousse l'immortalise ensuite en la photographiant, le cliché constituant l'oeuvre finale. Les nouvelles anamorphoses rémoises de Georges Rousse seront présentées lors d'une rétrospective dédiée à l'artiste au moment de la réouverture des anciens celliers Jacquart en 2014. Mais avant cela, pour patienter, une présentation de l'oeuvre monumentale « in situ » devrait être organisée fin 2012, avec des projections photographiques et vidéo, pour annoncer le début des travaux.

J.D

Les celliers Jacquart accueilleront d'ici moins de deux ans un nouvel espace culturel baptisé Le Lieu Commun. © l'Hebdo du Vendredi


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re i m s. l h e b d o d u ve n d re d i. c o m

Du 14 au 20 septembre 2012

Serge Pugeault

« Les politiques doivent parfois prendre du recul face à l'opinion »

dans quelques semaines, puis le musée des Beaux-Arts dont les fouilles archéologiques vont débuter en janvier 2013. Derrière ça, il y a toute la restructuration des rues avoisinantes, plus tard de la place de la République, afin de faire la jonction entre les Halles, le Musée et les Promenades. C'est vraiment la première étape d'un projet global qui doit considérablement modifier ce quartier et, audelà, l'image de la ville avec l'envie d'attirer et de séduire davantage de touristes. Ça a déjà commencé. On le voit avec la piétonisation de la rue du Temple. Les terrasses s'y déploient... Ça concrétise les projets présentés dans le cadre de Reims 2020. Ça paraissait abstrait à beaucoup mais en fait petit à petit, on va voir surgir des éléments de ce projet global pour la ville.

Adjoint à la maire de Reims en charge des grands projets, Serge Pugeault revient sur le chantier de restauration des Halles, première grande étape du projet global Reims 2020.

xQue représente pour vous la réouverture des Halles du Boulingrin, en tant qu'élu mais aussi en tant que Rémois ? Je ne peux pas dissocier les deux. C'est une décision qu'on a prise très vite avec Adeline Hazan, dès le mois de juin 2008. On a demandé au service de la ville ce qu'il fallait faire pour que la restauration commence. On nous a répondu : « il suffit de prendre la décision». On leur a dit : « Si on la prend, quand peuton imaginer les travaux terminés ? » On nous a répondu 2012. La maire a alors dit : « On y va. Cela fait trente ans que ça dure et ça suffit ». C'est une satisfaction de voir qu'une décision prise dès notre arrivée se concrétise aujourd'hui par la transformation complète de ce batiment quatre années après. J'ai connu les Halles comme beaucoup de Rémois, déjà très dégradées, avec un filet de protection, des façades noires et un environnement avec beaucoup de voitures. Politiquement, c'est pour nous très symbolique de l'impulsion qu'on a voulu donner à la ville de Reims. C'est aussi un projet qui est source d'une grande émotion. On l'a constaté même si de vieux sondages disaient à l'époque qu'il fallait démolir les Halles. C'était dans un tel état qu'il fallait avoir un oeil particulier pour imaginer ce que ça pourrait être restauré. Mais depuis, les Rémois viennent constater l'avancée des travaux et se rappellent les Halles qu'ils ont connu avant quand ils étaient enfants. Il y a une espèce d'émotion qui est en train de monter et c'est aussi une manière de renouer avec l'histoire de Reims. Les Halles c'est quand même un bâtiment qui a été édifié au moment de la reconstruction. Penser aujourd'hui qu'on aurait pu raser ce bâtiment, sans procès, symbole du renouveau de Reims après la destruction pendant la première guerre mondiale, c'est étonnant. Quand on voit les Halles maintenant, plus personne ne l'imagine.

Aujourd'hui, l'ensemble de l'opinion s'accorde sur la réussite de cette restauration des Halles. J'imagine qu'au début il a fallu convaincre. Oui, par exemple avec l'association

Serge Pugeault, adjoint à la maire de Reims en charge des grands projets. © ville de Reims / J. DRIOL

Amic'Halles, il y a eu des doutes sur nos intentions. Depuis 1990, de nombreuses études ont été réalisées, mais aucune décision n'était prise. Ça a basculé quand on a pris la décision de lancer la restauration et comme un symbole, nous avons souhaité marquer ce moment avec la pose d'une bâche sur la façade l'annonçant dès 2008. Nous souhaitions dire : « cette décision n'est pas une parole en l'air ». Il le fallait car on savait que le démarrage du chantier ne se ferait pas immédiatement. Et là, le regard a changé. Avec les commerçants du marché ça n'a pas été non plus facile. Quand on les a déplacés rue de Mars, ils ne souhaitaient pas y aller. Mais on le savait. Dès qu'on parle de modifier quelque chose, la circulation par exemple, on sait que ça provoque des réticences. Il faut beaucoup de pédagogie. Les Halles, c'est la preuve par les faits. Les politiques doivent parfois prendre du recul face à l'opinion générale, car encore une fois, si on avait réalisé un sondage il y a quatre ans, on nous aurait dit qu'il fallait raser cette verrue, que 32 millions pour la restauration, c'est trop cher. Aujourd'hui, je crois qu'il n'y a plus beaucoup de personnes qui tiennent ce genre de discours, sachant que l'argent investi sert à alimenter l'économie locale et que le coût réel pour la ville est en fait de 18 millions, le reste étant

financé par l'Etat et la région Champagne-Ardenne.

Dans quelle mesure la restauration des Halles est-elle une première étape dans la restructuration du quartier ? Pour nous c'est la première partie d'une restructuration beaucoup plus importante d'un espace de vie qui va de la place Royale à la place de la République. D'ores et déjà, d'autres lieux sont programmés : Le Lieu Commun, ex-caveau Jacquart, dont les travaux vont commencer

Depuis quand pensez-vous à ce projet Reims 2020 ? En 2004-05, nous étions dans l'opposition avec Adeline Hazan et nous avions fait une intervention, demandant à Jean-Louis Schneiter, ce qui était prévu avec l'arrivée du tramway, en termes d'aménagements et notamment concernant le Boulingrin. A ce moment, on lui a parlé de l'idée de lancer un concours d'architecture et d'urbanisme afin de (re)penser ce vaste espace. Quand on a été élu, cette idée qu'on avait proposé, on l'a évidemment concrétisée, puis en y réfléchissant, on l'a transformée et élargie. La restauration des Halles du Boulingrin est bien sûr un élément important de Reims 2020. La suite, hormis les chantiers dans le quartier

République/Boulingrin, c'est le lancement de la rénovation de différentes places. L'idée c'est qu'on puisse cheminer de la cathédrale jusqu'au futur musée, etc. On tombera sur le Cryptoportique, sur le Lieu Commun, sur les Halles, la Porte Mars, puis les Promenades, le Cirque et comme ça jusqu'à la Comédie. Il y a une logique. Reims 2020 ne se fait pas d'un claquement de doigt, mais petit à petit les éléments se mettent en place. Aujourd'hui, c'est donc une première étape avec les Halles. On commence avec ce bâtiment du passé qu'on a restauré pour se projeter dans l'avenir. L'avenir, c'est donc aussi la restructuration du Boulevard Joffre et de la Sernam ? Oui, c'est un très gros projet, assez spectaculaire sur le plan architectural puisqu'on sera juste en dessous des IGH, c'est à dire les immeubles de grande hauteur. Pour la Sernam, les permis de construire sont en instruction. On travaille pour que l'architecture soit en cohérence avec les constructions environnantes. Enfin, pour le projet privé près du musée, ça devrait aller un peu plus vite car les contraintes sont moins importantes que pour un batiment public. Quatre équipes ont été sélectionnées et travaillent sur un projet architectural. Nous choisirons fin décembre. Mais dès janvier 2013, les fouilles archéologiques débuteront sur l'actuel parking Boulingrin.

Propos recueillis par Julien Debant

Dans le cadre de Reims 2020, plusieurs places de la ville devraient être prochainement rénovées. © Reims Metropole - Le Visiomatic


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Comme la Ville de Reims s i d

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