Mémoire de master 1

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L’ ARCHITECTURE PEULH : Du rural à l’urbain

Montrer l’intelligence d’une Architecture par rapport aux usages et au climat

DIALLO Ousmane Kindy

Encadré par Sophie PAVIOL

Mémoire de Master 1 Aedification, Villes et Grands territoires

12/06/2014


Remerciements

Ce mémoire a été dirigé par Sophie PAVIOL. L’importance qu’elle a accordé dès le début de ce travail, à l’étude de cas, a contribué pour beaucoup à la progression de ce mémoire. De ce fait, je tiens à lui adresser mes sincères remerciements et je voudrais également lui exprimer ma reconnaissance pour ses conseils, sa disponibilité et son soutien. Je remercie également Halimatou Mama Awal pour ses conseils et sa disponibilité. Pour finir, je tiens à remercier ma famille plus particulièrement mon père qui a consacré beaucoup de son temps au début de mes recherches pour me trouver des documents pertinents et nécessaires servant de support analytique pour l’élaboration de ce mémoire. Je souhaite enfin qu’un jour l’architecture africaine trouve sa place dans les médias et soit appréciée à sa juste valeur.

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On dj창arama

qui signifie Salut...

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Dicton Introduction

Sommaire

Bref aperçu sur la Guinée (situation, repartition ethnique et climatique)

Habitat traditionnel peulh en campagne

-Didougol ( préparation du site) -Dambougal (Entrée) -Ka tandè (cour intérieure) -Der Soudou( Espace intérieur) -Bhaawo Soudou ( Derrière la maison) -Ka Tairasse (terrasse) -Kouri (Cuisine) -Laoudjitirdhè (espace lave-vaisselle) -Sountourè (jardin) -Woïndou (puits) -Gnappodi (toiture) -Hoggo ou kèrol (limite ou clôture) -Matéraux (Leggal (bois), leydi è djaagnè(argile et bouse de vache))

Habitat peulh urbain

-Présentation -Principe d’implantation et d’occupation spatiale -Etude de cas ( concession de mon père) plan et coupe -La cour -la cuisine -La clôture -La toiture

Conclusion Bibliographie

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Dicton

“Il faut que tu saches d’où tu viens pour savoir qui tu es dans le présent, et qui tu deviendras dans le futur.” Ce dicton africain révèle le besoin de connaître perpétuellement son passé. En Afrique, pour savoir qui tu es, on te demande ton prénom, celui de ton père, puis celui de ton grand-père (ces prénoms, du père et du grand père deviendront par la colonisation le nom de famille). L’identité d’une tierce personne se retranscrit alors par ses ancêtres. Dans le cas où il existerait un nom de famille, celui-ci reflète l’ emblème de ta caste sociale, une marque de ton ethnie. Dans ces deux cas, l’identité en Afrique reflète alors une appartenance ethnique : L’ Africain forge son identité par ses ancêtres, par son ethnie.

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Introduction Face à un monde de plus en plus globalisé, l’architecture contemporaine est encore très marquée par le mouvement moderne, et tend à se généraliser à une vitesse inimaginable. Certes de magnifiques bâtiments novateurs se construisent aujourd’hui, mais comment réagissons-nous réellement devant ces objects architecturaux totalement décontextualisés? Ne perdons-nous pas petit à petit un répère identitaire majeur, reflet de la diversité culturelle mondiale? En tant qu’ étudiant architecte, il me semble que nous devons prendre en compte ces questions et peut-être penser l’architecture comme un élément représentatif d’un territoire, d’une population, auquel nous pouvons apporter un souffle nouveau. Il s’agit de trouver un compromis entre des valeurs constitutives de notre façon de vivre, de notre rapport à l’espace et parfois de nos croyances, liés à un passé commun et une démarche architecturale qui se veut tourner vers l’avenir. L’architecture existe de façon universelle quelque soit l’endroit où nous nous trouvons, elle est présente autour de nous. Mais il faut savoir reconnaître ses particularités et très souvent elle nous permet de dire où nous sommes et qui nous sommes? C’est un répère spatial et formel auquel on peut se référer pour comprendre de quelle culture ou de quel pays nous faisons partie et ainsi construire une identité. C’est également dans la pratique du lieu et dans l’usage que nous en faisons, que nous tissons des liens identitaires avec l’architecture. D’ailleurs, du point de vue anthropologique, on consi dère que la relation de l’individu et du groupe à l’espace atteste justement et c’est de façon universelle, l’identité de chacun. Celle-ci s’exprime de façon multiple: dans l’acte de penser, de construire, d’aménager, de pratiquer et de présenter l’espace. Dans ce mémoire je m’e pencherai sur la Moyenne-Guinée dont l’ethnie majoritaire est le Peulh. Je parlerai de l’habitat traditionnel peulh et son mode d’habiter. Dans la deuxième partie, je ferai un bref aperçu sur un habitat peulh urbain qui se trouve en Basse-Guinée (exemple analysé: la concession de mon père).

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Situation La Guinée est un pays situé en Afrique de l’Ouest de 10 millions d’habitants, dont sa capitale est Conakry. Elle est subdivisée en quatre régions naturelles, occupées par chacune une ethnie majoritaire différente notamment la BasseGuinée (soussou), la Moyenne-Guinée (Peulh), la Haute-Guinée (malinké) et la Guinée-Forestière ( kissi, toma, kpèlè...)

La carte des ethnies 6


La Guinée est caractérisée par deux saisons d’intensité variable et de plus ou moins longue durée, suivant les lieux : une saison des pluies de Mai à Octobre, une saison sèche de Novembre à Mai.

Basse-Guinée: cette région qui borde l’océan Atlantique a un climat tropical. La forte mousson favorise les précipitations annuelles. La température moyenne est de 27°C.

pluviométrie qu’ engendre la

Moyenne-Guinée: la zone du Fouta-Djallon est une région de Montagne et de hauts plateaux. Les grands fleuves de la sous-région Ouest Africaine y prennent leur source. La région est carctérisée par la douceur de son climat et de son humidité.

Haute-Guinée: son climat est de type soudanien classique avec une courte saison pluvieuse et une longue saison sèche. La température moyenne est de 30°C.

Guinée-Forestière: le climat est de type tropical subéquatorial avec une saison de pluie qui dure de 8 à 9 mois, la température moyenne est de 24°C.

Moyenne-Guinée

Conakry

Photo des cascades du fouta-Djallon

Carte de la pluviométrie

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L’habitat peulh en campagne Je vais analyser le mode d’habiter de l’ethnie peulh et je me pencherai sur l’utilisation des techniques de construcution traditionnelles. Toutes ces approches nous aiderons à comprendre comment en tant qu’architecte nous pouvons, et peut être, devons, utiliser des pratiques culturelles, des héritages urbains et sociaux pour les retranscrire dans une architecture contemporaine. Un des atouts majeurs de l’habitat traditionnel peulh est son originalité, une originalité qui s’exprime dans l’emploi des matériaux, l’adoption des formes, l’utilisation rationnelle des espaces, la fonction, tous adaptés à son climat et lié au mode de vie. Les Peulhs habitent dans plusieurs types d’« habitations » réparties suivant les zones géographiques et le type d’économie (sédentaires, semi-nomades ou nomades). Chez les sédentaires Les sédentaires habitent dans des quartiers appelés Wuro. La maison ronde est appelée Soudou. Elle est à plan circulaire et dans la plupart des cas en paille tressée. En Moyenne-Guinée, les Peulhs vivent dans des maisons en terre, au toit fait de paille, avec petit jardin attenant, et entourées de barrières ou d’une clôture formant une concession appelée Gallè.

Femme peulh (ma mère)

Filles peulhs (mes tantes)

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Didougol (Préparation du site) Autrefois, les nobles habitaient en hauteur sur une colline, tandis que les autres habitations étaient construites au flanc ou au bas des coteaux, du fait que l’aisance du cheptel est avant tout leur priorité et leur préoccupation majeure. L’élévation du site est aussi fréquente que significative. Une architecture traditionnelle qui reste intimement liée à son environnement culturel. Avant toute entreprise de construction, des rites et sacrifices étaient réalisés sur le site pour respectivement en vérifier l’habitabilité et implorer les divinités locales de protéger les membres de la future concession. Ces rites et sacrifices sont suivis de prières pour implorer les dieux d’accorder la prospérité et la longévité aux membres de la future concession. Le mode d’habiter obéit lui aussi à la logique de sécuriser les femmes, les enfants et les récoltes. La case du père est toujours située à l’entrée de la concession pour lui permettre de jouer son rôle de vigile. Il est toujours muni de ses matériels de guerre qu’il utilise pour se défendre des agressions extérieures. L’aire des greniers et le quartier des épouses sont situés au fond de la concession et par conséquent les non-initiés au domaine ne peuvent pas facilement y arriver sans se faire attraper par le chef de famille ou par ses fils puberes. Une autre implantation Implantation le long d’un ruisseau aussi présente chez les peulhs, est lié au cours d’eau pour pouvoir entretenir leurs cheptels.

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Laoutchitirdè (espace lave vaisselle)

Soudou Dowrou (2e femme)

Woyndou

Bhaawo kouri Kouri

(Réserve de bois)

(puits)

Sountourè (Jardin)

(cuisine)

Dinguira (Pâturage) Hoggo (clôture)

Au centre de la cuisine, tout le monde se met en rond autour du plat de riz

Dambohoggo

Soudou Haccouderou

(Devant la clôture)

(3e femme)

Soudou Maoubhen

Latrine extérieure

(Chef de famille)

(Hurgo)

Soudou leyrou

Ka N’guerou

(espace extérieur en gravier)

(1ère femme)

Plan du principe d’implantation d’une concession peulh en campagne 10


Dambougal (l’entrée):

Traditionnellement une grande importance est accordée aux rites de passage de l’extérieur à l’intérieur. Etant l’espace tampon entre l’intérieur de la concession et l’extérieur, l’entrée ne présente pas d‘aménagements particuliers. Chaque entrée est fermée par une porte en bois, et on trouve toujours un canari (jarre d’eau) près de l’entrée. L’intérieur des cases Peulhs n’ est pas cloisonné, ou l’est par des tissus suspendus, et comporte plusieurs sous‐espaces, pour le couchage et la cuisine entre autres. L’entrée d’une maison traditionnelle est assez basse du coup il faut se baisser pour rentrer, celà symbo lise un signe de respect et de considération pour les occupants de l’habitation. Le plus souvent, l’accueil est très chaleureux, on donne souvent de l’eau à boire ou une noix de cola à croquer une fois assis.

Elévation(schéma personnel)

Entrée 11


Ka Tandè: (l’espace central) signifie littéralement le centre de la concession. Traditionnellement, il est effective-

ment au centre de la cour bien au sens propre qu’au sens figuré. La cour est l’endroit communautaire par excellence. Elle est à la fois le lieu de rencontre et de dispersion de la famille traditionnelle, un lieu de formation, et d’information, d’enseignement et d’éducation. Il est l’élément fondamental de la maison traditionnelle peulh et est profondément enraciné dans l’inconscient peulh, qui tend à le reproduire systématiquement même quand le type d’habitat ne le permet à pripori pas. Cela dénote d’une vision du monde qui place la cour dans la maison comme l’oasis au milieu de l’espace désertique et comme la famille au milieu de la société. Mais quelque soit sa forme, sa taille et les pièces qui l’entourent, l’espace central accomplit avant tout une fonction de distribution, il est le lieu où on accède en premier et le lieu où on accède aux autres endroits. La cour de la concession est également un espace soigneusement aménagé. On y trouve un espace de prière, délimité par un muret de terre, ou de rangée de pierre alignée pour délimiter les différentes fonctions, des espaces de couchage utilisés pendant la saison chaude et des bancs en bois posés sur le sol servant des assises.

Accueil des visiteurs

Lieu de rencontre et d’échange

Espace de loisir pour les enfants 12


Der Soudou (l’espace intérieur)

se distingue par un grand soin dans la finition. Les murs sont enduits à la terre et peints en blanc (kaolin ou chaux). Le sol est travaillé par une finition de la bouse de vache. Le diamètre des cases fait en général 6 m et la hauteur de 2,5 m sous-toit. Ce sous-toit appellé Dhaggal qui est un espace de stockage des céréales. On touve généralement une jarre d’eau appellée Loondè derrière la porte d’entrée. Le mobilier se limite à des lits et des malles pour le stockage des habits et bien précieux. On trouve aussi des calebasses et des poteries, suspendues à la charpente, ou posées sur des pieux à trois branches qui les protègent des animaux. Le sol comporte une grande natte pour la réception des hôtes. Et ces derniers sont toujours servis de l’eau à boire ou une noix de cola à grignoter avant de partir. L’ accueil est chaleureux chez le peulh car il fait tout son possible pour satisfaire son hôte avant de partir. ( Si un peulh n’a qu’une seule pièce, il préfère libérer la pièce pour son hôte pour dormir et lui il va dormir au sol à l’extérieur).

Ka bobotiwol (abri agneau)

Takkitordè

Mpirgal

(toillette interne)

(Autel pastoral)

Houbhinirdè (Coin feu)

Danki (lit)

Bhargal

Doukkou (Poulaillers)

(accès au toit)

Ka Nguerou

(terrasse d’accueil)

Structure

Galérie périphérique

Dambougal

Djoullèrè (tabouret en bois)

(entrée)

Plan d’une case type 13


Bhaawo Soudou (derrière la maison)

espace situé derrière la maison, où l’on trouve généralement les latrines extérieures, un espace où se trouve un mortier en général sous un arbre pour piler les céréales, et une réserve de bois pour faire la cuisine. Bhaawo soudou est un endroit en quelque sorte caché et réservé que à la famille parceque cet espace se trouve derrière la maison et que seul les habitants y vont pour faire leurs besoins. Le plus souvent se trouve un coin toilette appellé Urgo aménagé au sol par du gravier et délimité par une rangée de bois très ajustée à la hauteur de l’homme. On peut y trouver aussi un agneau attaché sous l’arbre ou un poulailler.

Usage de l’espace se trouvant derrière la maison

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Ka tairasse (terrasse),

accessible et plus ou moins aménagée, est un dispositif quasiment généralisé à travers les differents types de logements présents en Guinée. La terrasse, au quotidien, sert d’espaces à de nombreuses fonctions domestiques. Balayée par l’air et arrosée par le soleil, la terrasse est essentiellement dévouée aux linges, aux lessives et la buanderie, et est l’espace privilégié du nettoyage hebdomadaire.

Kouri (cuisine) n’étant pas considérée comme une pièce noble et elle est, de ce fait souvent excensource internet.

trée, en périphérie, loin des pièces principales. La cuisine est le lieu de rassemblement des membres de la famille, où l’on assiste aux taquineries des adultes et à l’éclat de rire des enfants. Dans la tradition rurale, elle présente souvent des vraies dimensions et est plus ou moins sommairement aménagée. La cuisine ne servait pas toujours à cuisiner mais faisait office d’entrepots des provisions, la préparation des repas se faisant, à l’intérieur de la pièce pour certaines concessions ou d’autres sur la terrasse ou toute autre pièce réservée aux femmes. Le plan de préparation est souvent un simple espace ou petit coin aménagé avec trois grosses pierres qui permettront de porter les marmites au feu et le combustible utilisé est le bois. Notons que la femme africaine, au contraire de la femme occidentale, aime cuisiner en position assise ou accroupie, près du sol. Dans certaines concessions c’est un coin feu (houbhinirdè) qui se trouve dans la pièce principale qui fait office de cuisine.

Houbhinirdè (Coins feux) Espace central où l’on mange (ka hancoudè)

Table de rangement (tabouret en bois) Djoullèrè (tabouret en bois)

Etagère de rangement du lait de vache frais prélévé très tôt le matin

Plan Kouri (cuisine) 15


Laoudjitirdè

(espace lave vaisselle) espace se situant non loin de la cuisine, qui est aménagé pour faire la vaisselle. Cet espace est non couvert mais reste cas même bien délimité par un petit muret de pierre et le sol est traité par un gravier pour éviter que l’eau de la vaisselle ne puisse stagner en surface. Une fois la vaisselle faite, elle est exposée sur place sur des pierres avant de les faire rentrer dans la cuisine vers fin d’après-midi.

Espace lave-vaisselle

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Sountourè (jardin)

Appellée sountourè, est un élément qui fait partie de la cour intérieure où l’on peut cultiver les produits vivriers comme le maïs, le gombho, la tomate, les feuilles de patate, de manioc. Nos mamans aiment faire leurs petites bricoles dans le jardin, cultiver pendant toute l’année scolaire, en période de mousson et de saison sèche. La terre du jardin est retournée en fonction de la semence qui doit venir, lors des saisons chaudes, on cultive le manioc (atchiéké), la patate douce, le taro, ceuxci se sèment sur les parterres de buttes de 2m de long et de 1 m de large, tandisque l’arachide, le maîs, on peut les semer sur la terre plate mais bien retourner avec la daba (outil d’agriculteur) Dans certains jardins, c’est le lieu qui fait espace poubelle où l’on verse des déchets et le reste d’ossements de poissons mangés à la veille. Le jardin est bien entretenu chez les familles traditionnelles, car celui-ci est source d’ économie pour ou de condiments pour nos mamans. Raison pour laquelle toutes les précautions sont prises pour lui mettre à l’ecart des bétails et de tout autre insecte nuisible succeptible de détruire la récolte.

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Woïndou (puits): Cet endroit qui est assez bien entretenu où l’on vient puiser de l’eau pour remplir les jarres, les ca-

naris... Je dirai que ce lieu est un endroit où les voisins se retrouvent et que celà permet de renforcer les liens sociaux. Ce lieu se trouve dans la cour intérieure et fait une profondeur de 3 à 5m en fonction de la situation de la nappe phréatique. L’eau est remontée du puits à travers un bidon de 10litres attaché sur une corde que l’on tire pour remonter l’eau. Endroit beaucoup fréquenté pour le quotidien, j’estime que les usagers viennent cinq fois minimum dans la journée.

Au puits

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Gnappodi (toiture)Peulh

est largement débordante, et repose sur une rangée de poteaux placés à distance du mur circulaire. Cela permet à la toiture de descendre jusqu’au sol, créant une galerie périphérique protectrice pour les poules et les chèvres quand il pleut. Ce même espace sert aussi de magasin pour le stockage. Les toitures Peulhs se distinguent de loin par leurs courbes. Un autre détail caractérise les toitures Peulhs : la paille est maintenue en place grâce à un faisceau de bambous descendant du faîtage, et retenus par des anneaux végétaux. Ces éléments plaquent la paille contre la structure inférieure, et évitent qu’elle soit arrachée par le vent. Cela permet de garder un certain confort climatique à l’intérieur de la pièce.

Dhaggal (Stock de céréales) Gnappodi (dépassé de toiture) Escalier

Espace supplémentaire Coupe schématique

Le dépassé de toiture qui sert d’abri 19


Höggö ou Kèrol (clôture ou limite)

La limite parcellaire se matérialise souvent par une rangée de bois et de buissons épineux alignés attachés les uns contre les autres pour solidifier la clôture. Cette clôture empêche le bétail de pénétrer dans la copropriété où se trouve le jardin pota ger. Dans certains cas on trouve une entrée qu’on enjambe pour franchir la clôture. Cette sturcture en bois permet de mettre le bétail à l’écart.

Dambohoggo (Porte d’entrée de la clôture) protection du jardin contre les animaux

Hoggo (Clôture en bois)

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Matériaux

Un des atouts majeurs de l’habitat traditionnel est son originalité qui s’exprime dans l’emploi des matériaux locaux notamment la terre, le bois, l’argile, la bouse de vache.

Leggal (le bois)

L’ arbre joue un rôle important au sein de la société peulh sa vie est étroitement liée à la plante, d’où la place de choix qu’elle occupe dans cette société. Le couvert végétal procure par exemple alimentation, parure, remède, outils agricoles et mobiliers intérieurs. Dans le travail architectural, les bois servent à confectionner les charpentes des toitures et entrent dans la fabrication des mobiliers intérieurs des cases (siège, lit en bois, mortier…). L’ arbre fournit aussi du bois pour faire les clôtures de leur parcellaire pour préserver les récoltes contre les troupeaux.

Abri pour la volaille

Les jeunes chevraux et agneaux

Echelle

Calebasse en bois évidé suspendu sur la toiture Tabouret

Support de nattes

Porte de tige de mil

Quelques mobiliers quotidiens chez le peulh en bois

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Daîgou (LA LUMIERE)

En Afrique, les maisons traditionnelles peulhs n’ ont pas assez d’ouvertures ce qui fait qu’elles sont relativement sombres. Il ya juste la porte d’entrée et le toit arrive jusqu’au sol presque, c’est ce qui fait que c’est pas assez bien éclairé à l’intérieur de la case, pour mieux conserver la fraîcheur à l’intérieur de la case et de garder son intimité auquel il tient beaucoup pour que les passants ne voient pas ce qui s’y passe à l’intérieur. On y trouve un coin feu dans certaines cases pour se rechauffer lors des saisons humides, et aussi il ya toujours une lampe à pétrole pour pouvoir éclairer la nuit par manque d’électricité. Nos grands parents ont toujours une torche à piles rangée sous leurs oreillers pour pouvoir s’en servir en pleine obscurité.

L’ entrée d’une case peulh (sombre à l’intérieur)

Coupe schématique de prise de lumière 22


Leydi è Djaagnè Naï (argile et bouse de vache) L’ argile est un autre élément caractéristique de l’architecture traditionnelle peulh. Étant à la

disposition de tous, la terre est le plus ancien des matériaux de construction et reste très présente dans le monde et surtout en Afrique. On rencontre plusieurs catégories de sols mais toutes ne se prêtent pas au travail architectural. Seul le sol composé d’un mélange d’argile rouge et de sable était sélectionné. Les différents peuples accordent surtout la priorité à la terre termitière qui contient un mélange d’argile et de sable nécessaire pour assurer à la case une grande longévité.

La Bouse de vache Cette technique est aussi utilisée en Inde. Source internet

: qui sert d’enduit pour le dallage à l’intérieur des cases rondes et éventuellement pour servir de crépissage et d’isolation contre le froid lors de la saison humide. Cette technique traditionnelle consiste à récupérer ce déchet frais des vaches très tôt le matin et venir faire le dallage. Les sols de terre battue sont refaits tous les 6 mois à neuf avec un mélange de bouse de vache qui a des propriétés anti-sceptiques.

l’argile rouge, la paille

Argile blanc et friable (kaolin)

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L’habitat peulh urbain La vie chez le peulh urbain est beaucoup plus liée au petit commerce (formel ou informel), au chauffeur taxi contrairement à celui de la campagne qui est éléveur ou agriculteur. Mais en terme d’espace on retrouve le même type d’espace et usage dans leur mode de vie sauf que dans ce contexte on peut y remarquer certaines divergences dans les utilisations des espaces. La vie se passe à l’extérieur dû au climat. En ville, vu que le foncier coûte cher, pour rationnaliser les espaces, on retrouve dans certaines familles que toutes les pièces sont dans la grande maison appellée Gallè comme (chambre du chef de famille, des mères, des frères et des soeurs. L’extension de la maison se fait au fur et à mesure en fonction de l’agrandissement de la famille, les espaces se rajoutent, les ouvertures s’élargissent, la hauteur du bâtiment... L’espace extérieur est construit des chambres individuelles ou parfois des T2 pour acceuillir la venue des oncles, de la grand mère ou du grand père, des cousins...Idéalement pour les fils pubères à partir de 18 ans, ils sortent de la grande maison familiale et rejoignent l’annexe dans une chambre à coucher à l’extérieur. Mais néanmoins, on retrouve le même type d’espace commun celui définit ci-dessus pour l’habitat peulh en campagne comme par exemple la cour intérieure, la cuisine extérieure, la terrasse, les latrines extérieures et même un jardin attenant si leur moyen le permet.

Taxi destination Conakry -Moyenne Guinée

Mon cousin Lamine Boutiquier

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Pour développer un type d’habitat peulh urbain, j’ai orienté mon analyse sur la maison de mon père dans laquelle je suis né et passé mon enfance jusqu’à 21 ans. Elle est située en Basse-Guinée à 50 km de la capitale Conakry plus précisement à Coyah, j’ai choisi celle-ci pour des raisons très personnelles, car dans mes souvenirs, on retrouve toutes les qualités d’une maison type urbaine et traditionnelle. Ses espaces qu’elle laisse autour d’elle comme par exemple, le jardin, la cuisine extérieure, la cour intérieure, la clôture, la petite boutique de ma mère se trouvant devant l’entrée, la case extérieure ouverte couverte qui reprend le style architectural d’une case ronde traditionnelle qui garde son intimité et son côté sacré pour conserver les traditions, lieu d’enseignement et d’éducation, lieu de réunion et de repos vers fin d’après-midi. L’ambiance de la vie conviviale à l’intérieur et le voisinage environnant reste très riche et vivant car autour de la maison, il ya des oncles, des tantes qui se sont installées aussi. Ce qui dit que le peulh garde ses valeurs, son mode de vie, son mode d’habiter car quelque soit l’endroit où il est, il fera venir ses proches, ses parents, pour faire une famille liée, unie et inséparable, ce qui fait que ya un développement très rapide qui se met en place autour d’une seule concession, d’une famille, pour en devenir un ilot, un quartier familial ensuite qu’on leur attribue leur nom de famille de leur secteur, tout en rajoutant YA à la fin du nom de famille pour nommer ce quartier qui est devenu familial. Personnellement notre concession et alentour s’appelle DIALLOYA, certaines ethnies aussi reprennent le même concept par exemple un nom de famille qui est BALDE, on nomme chez eux BALDEYA, ainsi de suite ...

Basse-Guinée Conakry

Carte de la pluviométrie

Maison de mon père ( photo prise par Abdourahmane Diallo)

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Principe d’implantation On remarque chez les africains plus particulièrement chez les peulhs, une rue autour de laquelle un commerce informel se déve loppe, devant chaque concession peulh, on trouve une boutique ouverte sur la rue et devant chaque boutique on trouve un petit commerce local ou une femme devant un fourneau à charbon entrain de faire des beignets ou de vendre des cigarettes. Le peulh urbain est beaucoup intéressé par la rentabilité de ses biens, lopins de terre, ce qui fait que de nos jours, dans l’habitat peulh urbain, on trouve souvent des logements individuels construits en longueur dans la cour pour leur mettre en location afin que ça rapporte le chef de famille des économies. On commence à perdre les espaces traditionnels et la cuisine extérieure qui était une pièce à part. A sa place on trouve maintenant un coin feu devant l’entrée de chaque logement. On trouve une ambiance vivante à l’intéreiur de la cour, entre voisin, locataire, oncles et amis. Les uns vont emprunter des ustensiles chez les autres et certains font les courses pour d’autres. Et parfois aussi on trouve une mésentente entre les voisins. Un espace de prière est cas même présent partout dans les concessions peulhs, soit le chef de famille reprend le style architectural traditionnel pour faire une case ronde couverte ouverte qui sert à la fois de prière ou d’enseignement du coran aux enfants ou de réunion aux membres de la famille. Cet espace est en quelque sorte intime, sacré et réservé qu’aux personnes propres et bien purifiées pour accéder. Logements annexes

Petit commerce Maison familiale (Gallè) Rue Boutique devant les cloôtures

Schéma de principe d’occupation spatiale retrouvé chez les peulhs. Toute une économie du secteur tertiaire informel se développe autour d’une rue, d’un axe qui rend le quartier plus dynamique, vivant et animé.

commerce informel

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Logements hôte, fils célibataires, Cuisine extérieure et Coin lave Puits hôte, oncles et cousins magasin alimentaire vaisselle

Case ronde (lieu de prière, de lecture)

Logements des oncles

Petit commerce

Assises Joondè ( canari d’eau)

Derrière la maison

Latrine extérieure

Entrée

Parevis de la cour avec un sol à l’état naturel

Clôture

parevis de la maison

Maison familiale

Ka tandè (parevis de la maison )

Jardin

Garage

Appartement du fils marié

Dépassé de toitture

Espace de passage derrière la maison

Muret

Dépassé de toiture

Espace commerce

Plan et coupe de la concession de type peulh urbain, concession de mon père

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Le peulh en ville est assez riche en général par rapport aux indigènes, du coup on peut trouver chez lui un espace de séjour pour lui permettre d’accueillir des invités ou de recevoir les enfants des voisins pour venir regarder la télévision. L’influence de la colonisation sur les constructions en ville a permis notamment de mettre des ouvertures assez adaptées dans les pièces, on peut capter la lumière dans toutes les pièces à travers une fenêtre chacune. Toutes les maisons sont construites en brique de terre cuite dont le liant est du ciment et le crépissage de la façade extérieure est en béton.

La cour espace de distribution, pour accéder dans les différentes pièces de la concession, c’est le lieu où l’on accueille des invités,

des espaces d’assises, de prière, de couchage, lieu d’enseignement, d’éducation et de loisir, endroit où l’on peut passer inaperçu. Elle sert aussi de lieu de repos pour les hommes en fin d’après midi. Elle a une dimension physique, elle n’est pas seulement au centre de l’habitat mais au centre de la vie. On retrouve dans certaines maisons que l’espace extérieur reste assez minéral ou naturel (graviers rouges, pierre de rivière, des troncs d’arbre ou de bambous qui servent de bancs où les jeunes viennent faire du thé. On retrouve cas même les petits murets en béton ou une rangée de pierre assez présents qui servent de délimitations des espaces en fonction de leurs usages. La terrasse, toujours présente à l’entrée de la maison, ouverte, couverte pour s’asseoir ou se réposer quand il fait chaud ou quand il pleut.

Gallè ( maison familiale) Clôture Jardin Cuisine Logements famille élargie Petit commerce devant la clôture Un oranger toujours présent dans un habitat peulh, en plein milieu de la cour, il sert à d’abri, consommer, et le parterre accueille plusieurs objetcts par ci-par là qui trainent.

Habitat du fils ainé

Lieu de vente des beignets

Schéma général de la cour

Cour intérieure de la concession

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La cuisine qui est l’élément central chez le peulh, excentré de la grande maison familiale dit Gallè assez grande

dans certaines familles ou tout simplement un fourneau à charbon devant la maison, lieu où tout le monde se retrouve après la prière de Fanah (prière qu’un musulman effectue à 13h30), pour manger. Une convivialité assez pésente, car enfants et parents, oncles et cousins, amis, se retrouvent, c’est le moment où l’on assiste aux taquineries, aux éclats de rires, où chacun raconte son quotidien. Non loin de la cuisine se trouve un mini espace couvert ouvert aménagé de manière minérale qui sert de coin lave vaisselle. Un puits et une jarre d’eau sont à proximité de la cuisine.

La clôture

appellée littéralement cour, est construite en brique de terre cuite qui fait tout le périmètre de la concession permet de délimiter tout le parcellaire avec le voisin ou d’empêcher aux délinquants de pénétrer dans la cour. La clôture a un autre rôle très important dans la famille peulh urbain, car elle préserve l’intimité du peulh, vu que en général c’est le riche du secteur, c’est synonyme de noblesse et de supériorité.

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La toiture qui vient se poser au ras le mur appellée couramment pente américaine

qui est à deux pans avec un jeu de niveau entre les deux, laisse un dépassé de 1 m en général pour protéger la façade contre les pluies abondantes et servir d’abri de poules quand il fait chaud ou quand il pleut. La charpente est en bois, ensuite couvert par de la tôle ondulée, il ya dans certaines familles, on trouve un plafond en bois de contreplaqué qui est fixé sur l’ossature de la charpente pour permettre la réduction de la température de la chaleur quand il fait 30 à 37°C.

Lumière: Les concessions peulhs en ville présentent des ouvertures de taille universelle et capte de la lumière.

Dans la conception des habitations, ils se basent le plus souvent sur la direction du soleil, direction de prière pour fixer les ouvertures.

Tôle ondulée Dépassé de toiture Plafond qui réduit la température de la chaleur à l’intérieur de la pièce

fenêtre

Terrasse couverte ouverte

Coupe schématique qui montre les qualités architecturales d’une toiture et les prises de lumière

L’intérieur d’une chambre à coucher 30


CONCLUSION

La sauvegarde de l’architecture tradtionnelle est une nécessité urgente, l’homme ne doit plus être comme au temps du mouvement moderne en rupture avec le passé, il doit être fier de sa culture et la revendiquer. Il doit avoir la volonté de vivre dans une architecture en adéquation avec son mode d’habiter. Par l’architecture, l’homme cherche à habiter, il ne doit pas s’adapter à l’architecture mais c’est bien à l’architecture de s’adapter à l’homme, son mode de vie, son savoir-faire, son rapport à l’espace et son habitat pour créer une architecture juste. Une ville remplie d’objets architecturaux carrément décontextualisés n’aurait plus d’unité et ne serait plus porteuse de culture. Dans un monde à grande vitesse où l’homme se perd et se cherche, l’architecture doit participer à lui fournir les bases et répères de son identité. Je terminerai par cette phrase que j’aime bien. Je souhaite enfin qu’un jour l’architecture africaine trouve sa place dans les médias et soit appréciée à sa juste valeur.

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BIBLIOGRAPHIE

Michel Wieviorka Neuf léçons de sociologie La poétique de l’espace de Gaston Bachelard Edward .T. Hall la dimesion cachée L’architecture en Afrique noire Alabi Fassassi paris l’harmattan 1997 L’espace anthropologique (ANRU tome 20-21) Habiter un monde (Architectures de l’Afrique de l’Ouest) Revue de Architecture écologique ( Francis Kéré) Sources des illustrations : -http: digitalgallerynypl.org -http:idpao.com ( internet, photos prises par les membres de ma famille) Schémas et coupes dessinés par moi-même Souvenirs personnels.

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