ENTRE NOUS – JUIN 2024

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ENTRE NOUS

ÉDITORIAL

LE CANCER

NOUS TOUCHE

TOUS

EN BREF

Tout savoir sur 02

la planification successorale

Des conseils aux entreprises 02 pour favoriser le retour au travail

INTERVIEW

Nuria Gorrite : 03

« Je m’accorde

une plus grande priorité »

PORTRAITS

Charline Rochat : 04

Le cancer ne s’arrête pas après les traitements

Laurent Rochat : 05

« Le vélo m’a aidé à extérioriser »

Événement : 05

Pédaler pour la LVC

BON À SAVOIR

Comment bien soutenir 06

une personne malade ?

Tous à l’ombre ! 07

La Ligue vaudoise contre le cancer est présente sur Facebook, Instagram, YouTube et LinkedIn
N° 53 – JUIN 2024

LE CANCER

NOUS TOUCHE TOUS

Le cancer ne fait pas de distinction. Il peut frapper chacun d’entre nous, à t out âge et indépendamment de notre place dans la société. Nuria Gorrite et Charline Rochat le savent bien, elles qui mettent en lumièr e une r éalité par tagée par tant d’ autres. L’une est conseillèr e d’État et r end hommage à ses compagnes d’infor tune, à ses collègues de tr avail, ainsi qu’ à sa fille et son soutien ex ceptionnel. L’autre est une jeune f emme qui, au terme d’une longue reconstruction après la maladie, a enfin pu réaliser son r êve de fonder une famille. Son fr ère, Laur ent, profondément aff ecté par ce qu’elle tr aversait, a ressenti le besoin de transformer cette épreuve en quelque chose de positif. Il nous invite aujour d’hui à un é vénement estiv al mêlant natur e, v élo et solidarité, afin de soutenir toutes les personnes qui se battent contre un cancer.

EN BREF

TOUT SAVOIR SUR LA

PLANIFICATION SUCCESSORALE

Les dispositions testamentaires permettent de s’assurer du respect de ses dernières volontés. Toutefois, c’est un sujet compliqué, qui engendre de nombreuses questions. Vous souhaitez rédiger votre testament, mais ne savez pas comment vous y prendre ? Vous désirez connaître les possibilités de remettre vos avoirs à vos descendants et /ou à une association caritative telle que la LVC, tout en respectant le cadre légal ?

La LVC, en partenariat avec la société de conseils VZ, organise cet automne deux soirées d’information sur le thème « Préparer ses dernières v olontés en toute sérénité ». Celles-ci auront lieu :

LUNDI

30 SEPTEMBRE, DÈS 18H30 à l’Y-Parc d’Yverdon-les-Bains

MERCREDI 9 OCTOBRE, DÈS 18H30 au Casino de Morges

Ces deux soirées, animées par des experts de la santé, de l’économie et du droit, vous permettront de poser toutes vos questions. Elles sont gratuites et ouvertes à toutes les personnes intéressées. Venez nombreux !

La famille, les amis et les collègues sont d’une importance capitale tout au long de cette lutte contre la maladie et ses séquelles, lesquelles persistent bien souvent au-delà des traitements. Mais trouver les mots justes et les gestes appropriés envers la personne malade n’est pas toujours évident pour les proches. Maria Fernandez Petite, psychologue-psychothérapeute, nous livre quelques pistes pour soutenir au mieux ceux qui en ont besoin.

À l’approche de l’été, nous pensons également à votre santé. Vous trouverez en fin de journal des conseils avisés pour profiter du soleil sans abîmer votre peau et vos yeux.

Merci d’être à nos côtés pour épauler les patients et leurs proches dans leur quotidien. Votre contribution est essentielle.

Chantal Diserens

Directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer (LVC)

Informations entreprises

DES CONSEILS AUX ENTREPRISES POUR FAVORISER

LE RETOUR AU TRAVAIL

Chaque année, plus de 1 6 0 00 personnes en âge de travailler sont touchées par le cancer en Suisse (Ligue suisse contr e le cancer). C’est la 3 e cause d’absence de longue dur ée au travail. Or, savoir son emploi préservé contribue au rétablissement de l’employé en arr êt maladie. Dès lors, les entr eprises ont un r ôle crucial à jouer en maintenant le lien a vec lui et en préparant son r etour. En termes d’organisation aussi, le défi est de taille : les emplo yeurs doiv ent mettr e sur pied le remplacement du collègue absent et adapter son poste en vue de la r eprise pr ofessionnelle. Face à la complexité des enjeux, il n’est pas rare qu’ils se tr ouvent démunis.

La LVC propose un guide, des vidéos et des conseils aux managers pour les aider à r éintégrer a vec succès leurs collaborateurs touchés par un cancer.

ÉDITORIAL ENTRE NOUS - N° 53 – JUIN 2024
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« JE M’ACCORDE UNE PLUS GRANDE

PRIORITÉ »

En septembre dernier, la cheffe du Département de la culture, des infrastructures et des ressources humaines (DCIRH) annonçait qu’elle était atteinte d’un cancer du sein et devait subir une opération ainsi qu’une radiothérapie d’un mois. De retour aux affaires depuis le début de l’année, Nuria Gorrite raconte cette épreuve et ce qu’elle en retient.

NURIA GORRITE, COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS, AUJOURD’HUI ?

Très bien. J’ai récupéré sur les plans physique et moral. Mais je sais que certaines de mes compagnes d’infor tune n’ont pas cette chance. Je me sens donc très reconnaissante.

REVENONS EN SEPTEMBRE 2023, LORS DE CET EXAMEN DE ROUTINE QUI RÉVÈLE UN NODULE SUSPECT…

J’y suis allée sans me douter de rien, car j’étais en pleine forme physique. Or, lors de l’auscultation, j’ai vite compris qu’on était face à une difficulté. Ma doctoresse a immédiatement pratiqué une biopsie. C’est peu après que le verdict est tombé : carcinome du sein à un stade précoce et de biologie favorable.

QUELLE EST LA PREMIÈRE PENSÉE QUI VOUS A ALORS TRAVERSÉ L’ESPRIT ?

Ma fille. Pendant toute la biopsie, je me suis demandé comment j’allais lui annoncer ça. D’autant que cette nouvelle arrivait juste trois mois après le décès de ma mère à la suite d’un cancer foudroyant. Je l’avais accompagnée dans toutes les étapes de la maladie. Je sor tais donc d’une période très difficile et on m’annonce mon cancer C’était le choc ! Mais très vite, il faut se mettre en mode combat et ça, je sais faire.

QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ENSUITE ?

Quand on est conseillère d’État, on a un devoir de transparence envers celles et ceux qui vous ont élue. J’ai donc sans hésitation voulu annoncer ma maladie. Par ailleurs, j’avais la conviction qu’en le faisant, je contribuerais à montrer l’utilité du programme de dépistage du cancer du sein. Car je peux le dire : ce dépistage m’a sauvé la vie ! Parler publiquement de ma maladie, c’était aussi affirmer qu’il ne doit pas y avoir de tabou autour d’un cancer qui touche une par tie du corps hautement symbolique chez la femme. J’estime qu’en tant qu’élue, j’ai une posture publique et politique qui doit servir à toutes celles qui sont confrontées à cette situation.

Il faut ensuite s’organiser sur le plan professionnel. J’aimerais remercier ici Vassilis Venizelos, mon suppléant officiel, nos équipes respectives, de même que mes autres collègues du Conseil d’État, qui ont par faitement pris en charge mes trois mois d’absence.

ÉTAIT-CE DIFFICILE DE SE RETIRER AINSI DE LA VIE PROFESSIONNELLE ?

J’ai eu beaucoup de chance car je n’ai pas dû m’absenter à 100 %. Mon état de santé a permis que je continue à venir régulièrement à mon bureau et à donner des orientations stratégiques sur cer tains dossiers. C’était très motivant, car c’est impor tant de ne pas se sentir réduite à son état de malade. Je n’ai toutefois jamais été dans le déni de ce qui m’arrivait et j’ai suivi les prescriptions médicales. Mais j’étais aussi une élue, de même qu’une fille, une mère, une amie… Comme tout être humain, je suis un mille-feuilles et heureusement, j’ai pu continuer à jongler avec toutes ces couches qui me constituent.

QU’EST-CE QUI VOUS A PERMIS DE VOUS RESSOURCER ?

C’est un peu étrange formulé ainsi, mais moi-même. Je m’explique : quand on est conseillère d’État, on a peu de temps pour soi. Or, avec ma maladie, j’ai dû prendre ce temps. Je l’ai même accueilli, en essayant de voir ce que cela comportait de positif. Et je dois dire que cela a été une expérience nouvelle et bienfaisante. L’écoute et le par tage avec des gens qui vivent les mêmes épreuves m’ont également beaucoup appor té. J’ai de plus eu la chance d’être entourée de bienveillance tant dans mon environnement professionnel qu’au niveau personnel. Ma fille de 26 ans, en par ticulier, a été extraordinaire. Nous avons une relation très profonde qui a été d’un immense soutien. Nous avons partagé du temps de qualité et marqué symboliquement toutes les étapes de la maladie en célébrant… la vie !

COMMENT S’EST PASSÉ LE RETOUR AUX AFFAIRES ?

Bien. Je redoutais de ne pas a voir l’énergie suffisante. Je craignais aussi de ne pas suppor ter le traitement préventif d’ hormonothérapie. Mais tout se passe bien et j’ai beaucoup de chance. Car on croit souv ent qu’une fois passés les traitements lourds, tout est fini et on retourne au travail comme a vant. Mais pas du tout ! Beaucoup de gens sor tent cabossés de cette épreuve. Psy chologiquement, physiquement et économiquement. Il y a aussi les traitements anti-récidive à prendre pendant des années, qui sont plus ou moins bien tolérés. J’aimerais rendre les emplo yeurs attentifs au fait qu’il faut accompagner de manière individualisée les personnes qui reprennent le travail après une absence de longue durée. À la tête d’un dépar tement qui englobe les ressources humaines, j’ai d’ores et déjà demandé qu’on v érifie, sur le terrain, que notre accompagnement est bien adapté.

QUE RETIREZ-VOUS DE CETTE ÉPREUVE ?

Je ne me suis jamais enfermée dans une tour d’ivoire. Toutefois, la maladie m’a donné le temps de discuter avec des gens de tous horizons et d’aborder des sujets peu courants comme le corps, en souffrance qui plus est. Nous sommes alors dans nos vérités, il n’y a plus d’espace pour le masque social et ce sont des moments très intenses, qui ouvrent à de vraies rencontres. J’ai fait la connaissance de gens extraordinaires, qui ont par tagé leur histoire avec moi. Je sors enrichie, drapée de tous ces fils d’histoires qui se sont emmêlés.

Le cancer, c’est une épreuve qui touche à tous les domaines de l’existence, même lorsqu’on a une situation favorable. Mais quand en plus sur viennent des difficultés familiales, professionnelles ou économiques, tout prend une ampleur terrible. Il est impor tant qu’une aide et une attention par ticulières soient accordées aux personnes qui se trouvent dans une telle situation. C’est pourquoi les associations comme la LVC jouent un rôle essentiel.

COMMENT VOYEZ-VOUS LA VIE AUJOURD’HUI ?

Je dirais que les deux épreuves quasi superposées, celle de ma mère et la mienne, ont changé mon rapport à la vie, aux priorités, à la spiritualité aussi. Être confrontée à la mor t amène à beaucoup d’introspection. J’ai pris conscience de ma limite. Comme tout être humain, j’ai besoin de moments pour me ressourcer et j’en v ois la nécessité. Ainsi que me l’a dit une pasteure durant la maladie de ma mère : « P our donner de l’eau, une fontaine a besoin de se remplir. » Désormais, je m’accorde une plus grande priorité.

Propos recueillis par Christine Theumann-Monnier

INTERVIEW
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PORTRAITS

LE CANCER NE S’ARRÊTE PAS APRÈS LES TRAITEMENTS

À 27 ans, Charline Rochat apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein très agressif. Quatre ans plus tard, elle raconte son parcours et évoque sans fard la longue période de reconstruction qui a suivi. Aujourd’hui maman, elle entame un nouveau chapitre de sa vie.

« J’essaie toujours de voir le bon côté des choses. » C’est sans doute ce trait de caractère qui rend Charline Rochat aussi lumineuse. À la voir, on ne dirait pas qu’elle vient de traverser une lourde épreuve. Et pourtant…

PROBLÈME DE DIAGNOSTIC

Juillet 2020. Charline se plaint d’une douleur au sein. Son gynécologue constate la présence d’une masse et lui prescrit un ultrason qui montre qu’il ne s’agit pas d’un simple kyste. S’ensuivent alors une mammographie, puis une biopsie dont les résultats sont négatifs. Charline pourrait donc vivre avec cette boule. Toutefois, comme la douleur est trop vive, elle décide de la faire enlever. « C’était fin août. Une semaine après l’opération, j’avais rendez-vous pour enlever les fils. Je pense que ma maman a eu un pressentiment, car elle m’a accompagnée. Et c’est là qu’on m’a annoncé que la masse prélevée était cancéreuse. C’était assez brutal, je ne m’y attendais pas du tout. Heureusement que ma maman était là ! Et quelle chance que cette boule m’ait fait si mal, sinon je n’aurais rien fait... »

UN CHOIX DIFFICILE

La suite se passe au Centre du sein au CHUV Après une nouv elle série d’examens, le v erdict tombe : cancer du sein triple négatif, donc non hormonal mais très agressif, sans doute de stade III. Charline doit donc entamer une chimiothérapie au plus vite. Cependant, compte tenu de son âge, la question des enfants se pose : « Soit on commençait immédiatement la chimiothérapie en sachant qu’elle pouv ait entraîner une infertilité, soit on retardait le traitement de deux semaines pour réaliser une stimulation o varienne. C’était une grosse décision à prendre, car retarder pouv ait m’être fatal, mais nous n’étions pas prêts à renoncer à la possibilité d’être parents. » Charline et son compagnon optent pour la stimulation. « J’ai trouvé ce moment dur psy chologiquement, car on se croirait presque dans un projet d’enfant, alors que mon futur immédiat était d’entamer un lourd traitement. » Démarrent 6 mois de chimiothérapie, à l’issue desquels l’ablation complète du sein est conseillée à Charline, malgré sa bonne réceptivité au traitement. « J’ai fait confiance aux recommandations des médecins. À 2 7 ans, je v oulais mettre toutes les chances de guérison de mon côté. » Fin juin 2 021, après encore trois mois de radiothérapie, le cancer est vaincu. Commence alors la longue reconstruction…

SE RÉAPPROPRIER SON CORPS

Charline a plutôt bien vécu la période de traitement : « Après le gros ascenseur émotionnel du début, chaque étape du traitement a amené des nouvelles positives. C’était encourageant. J’étais alors en mode combat et ne réfléchissais pas trop aux implications ultérieures. C’est quand les traitements se sont arrêtés que j’ai vraiment réalisé. Il fallait accepter ce corps meur tri par la maladie. Guérie oui, mais ce n’était pas terminé pour autant. » Et Charline évoque que par fois, pour la faire sourire, on la taquinait parce qu’elle allait avoir un sein refait comme de nombreuses femmes en rêvent. « Mais ce qu’on ignore, c’est qu’après une ablation, on n’a pas un résultat comparable à celui obtenu avec une simple augmentation mammaire. Ce sein reconstruit est très différent. Il est plus bizarre que joli. Sous la douche, il me rappelle tous les jours mon vécu douloureux. Il y a aussi la sensibilité, qui est diminuée voire inexistante par endroits, malgré les nombreuses séances de physiothérapie. » C’est pourquoi Charline tient à souligner que la guérison du cancer ne s’arrête pas avec les traitements, qu’il y a toute une période de réadaptation où il faut accepter le changement et se réapproprier son corps. « Je trouve qu’on ne voit pas le bout d’une reconstruction. En plus, aux yeux des autres, on est guéri, donc ils ne se rendent pas du tout compte de ce parcours après la maladie. Il n’y a que les proches qui sont au courant. » Heureusement, la famille Rochat est très soudée et Charline a pu y puiser un soutien essentiel.

TOURNÉE VERS L’AVENIR

Aujourd’hui, Charline a 3 1 ans et a accouché le 2 0 mars d’un petit Ry an. Tout se passe bien et elle peut allaiter de son sein v alide. La rechute ? « Je n’y pense pas, même si je sais que je ne suis pas à l’abri. » Mais Charline préfère v oir la page qui se tourne pour laisser la place à une nouv elle. Pour elle, la vie continue. Avec la conscience désormais qu’on n’est pas éternel et qu’il est impor tant de faire les choses qui nous tiennent à cœur sans les remettre à plus tard. Avant tout, Charline tient à rendre attentif au fait qu’un cancer peut arriv er même quand on est jeune. Elle a aussi expérimenté combien la gêne de l’entourage face à la maladie peut être blessante : « Les gens sont désemparés. Soit ils tentent de nous rassurer a vec tout ce qu’on n’a pas envie d’entendre, soit leur silence donne l’impression de ne plus exister Le mieux, c ’est de briser le tabou en demandant ce dont on a besoin. Il faudrait pouvoir accompagner l’entourage sur la façon de communiquer a vec une personne malade. » Peut-être un futur nouveau projet…

Charline Rochat et Christine Theumann-Monnier

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ENTRE NOUS - N° 53 – JUIN 2024
Charline et son fils Ryan, avec son frère Laurent

LE VÉLO

M’A AIDÉ À EXTÉRIORISER

Laurent Rochat est le frère de Charline ( v oir p. 4 ). Comme toute sa famille, très unie, il a suivi de près le combat de sa sœur contre la maladie. Marqué par cette expérience, il a ressenti le besoin de faire quelque chose pour ceux qui luttent au quotidien contre le cancer. C’est ainsi qu’est né « Fight the Cr ab », un é vénement sportif au profit de la LVC. Ouvert à un large public, il durera tout l’été à la Vallée de Joux.

LAURENT, COMMENT AVEZ-VOUS RÉAGI

LORSQUE VOTRE SŒUR CHARLINE VOUS A APPRIS SA MALADIE ?

C’était un jeudi. Ce jour-là, nous mangeons tous en famille. Quand Charline nous a annoncé ce qui lui arrivait, nous étions effondrés. L’annonce, c’est vraiment le coup de massue. Il m’a fallu plusieurs semaines pour me dire que c’était réel et accepter Puis, comme à chaque rendez-vous médical Charline ressortait avec des nouvelles positives, ça m’a boosté à aller de l’avant.

QU’EST-CE QUI VOUS A AIDÉ DURANT CETTE PÉRIODE ?

Le groupe WhatsApp que Charline a créé avec la famille et les amis proches. Elle y expliquait au fur et à mesure ce qui allait se passer Ce groupe a vraiment été bénéfique. Pour Charline, parce qu’elle n’avait pas besoin de répondre X fois aux mêmes questions. Pour nous, car cela nous a enlevé la crainte d’être intrusifs. Et nous pouvions ainsi donner des nouvelles aux personnes qui s’inquiétaient de l’état de santé de ma sœur Avec ce groupe, Charline a brisé beaucoup de tabous.

PÉDALER

POUR LA LVC

Le spor t a également été d’une grande aide. J’étais très en colère, j’en voulais à la terre entière. Il fallait que j’extériorise et le vélo m’a fait beaucoup de bien sur ce plan. Je par tais par fois tout seul, pour pédaler à mon r ythme, à fond pendant une heure. Puis à l’automne, c’est le ski de randonnée qui a pris le relais. Pendant qu’on avance, on a le temps de réfléchir. Charline m’avait parlé d’un groupe de réadaptation oncologique de la LVC, où elle pratiquait notamment des activités physiques à l’extérieur et pouvait par tager son vécu avec d’autres personnes malades. Je voyais le bien que cela lui faisait et je me suis dit qu’il fallait que cette prestation, toute nouvelle à l’époque, puisse continuer à exister Comme pour moi, le sport en extérieur et le par tage sont les meilleures des thérapies, j’ai eu l’envie de créer un événement spor tif afin de récolter des fonds en faveur de la LVC. Et c’est comme ça que « Fight the Crab » a commencé à germer dans mon esprit (voir encadré ci-dessous).

VOUS POUVEZ NOUS EN DIRE PLUS ?

J’avais plein de scénarios en tête. Ma copine m’a aidé à faire le tri et, après de nombreuses réflexions, nous avons trouvé le type d’événement que nous voulions proposer : une manifestation ouverte au plus grand nombre et surtout aux familles, car la famille a été un moteur pour nous pendant la maladie de Charline. Nous avons donc opté pour des parcours à vélo de différents niveaux, à sillonner en famille, entre amis, avec son club spor tif ou en individuel. Ces parcours, tous à la Vallée de Joux, seront balisés pendant les trois mois d’été et chronométrés sur plusieurs tronçons, pour ceux qui souhaitent se challenger Le prix de l’inscription sera entièrement reversé à la LVC. J’espère donc qu’il y aura du monde ! J’en profite pour remercier les autorités locales et l’Office du tourisme de la Vallée de Joux qui ont immédiatement soutenu mon projet et m’ont motivé à le mettre sur pied.

QUE RETIREZ-VOUS DE TOUTE CETTE ÉPREUVE FAMILIALE ?

Elle a prouvé que nous avons un vrai amour familial, que les liens entre nous sont for ts et réels, et que le fait d’être soudés est extrêmement important. J’en étais déjà conscient, mais une expérience comme celle-ci vient rappeler que la vie passe vite et que les moments aux côtés de ceux qui nous sont chers sont précieux.

Propos recueillis par Christine Theumann-Monnier

Durant l’été, v enez pédaler à la V allée de Joux en fa veur des personnes atteintes d’un cancer ! Laur ent Rochat or ganise, en hommage à sa sœur Charline (v oir ci-dessus et p. 4 ) et pour soutenir le travail de proximité mené par la LVC, un événement sportif adapté à t ous les niv eaux, « Fight the Cr ab ». V ous êtes une famille, un cy cliste du dimanche ou une pédaleuse aguerrie ? V ous trouverez for cément v otre bonheur parmi les diff érents par cours proposés. Et cerise sur le gâteau : chaque par cours compr endra des tr onçons chr onométrés qui permettr ont à ceux qui le désir ent de piquer un sprint pour se mesurer aux autres. En tous les cas, v ous ne tr anspirerez pas pour rien, puisque l’ensemble des bénéfices sera reversé à la LVC !

COMMENT ÇA MARCHE ?

Il suffit de v ous inscrire auprès de l’O ffice du tourisme de la Vallée de Joux (www.myvalleedejoux.ch/fightthecrab), de choisir le ou les parcours qui vous intéressent, de vous rendre le jour qui vous convient sur le lieu de dépar t et de… pédaler !

BÉNÉFICES SERONT INTÉGRALEMENT REVERSÉS À LA LVC.

QUAND

OÙ du 1er juillet au 30 septembre 2024

Vallée de Joux, départs de différents endroits

POUR QUI

DISTANCES

ouvert à tous : familles, amateurs et sportifs

plusieurs parcours de 11 à 69 km

DÉNIVELÉS

REVÊTEMENTS de 200 m à 1800 m D+

bitume et gravier

Inscription et informations

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ENTRE NOUS - N° 53 – JUIN 2024 PORTRAITS
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COMMENT BIEN SOUTENIR

UNE PERSONNE MALADE ?

Bien qu’animés des meilleures intentions, les proches des malades en arrivent parfois à prononcer des paroles mal comprises. Psychologue-psychothérapeute depuis plus de 20 ans, Maria Fernandez Petite propose des pistes pour que chacun trouve sa manière d’offrir un appui.

Vous voulez soutenir une personne proche atteinte d’un cancer, lui témoigner votre empathie, lui donner du courage. Mais comment faire pour trouver les bons mots ? Maria Fernandez Petite, psychothérapeute spécialisée en psycho-oncologie et en soins palliatifs peut vous donner des clés pour y par venir. Depuis plus de 20 ans, elle accompagne des patients, mais aussi leurs « proches-aidants ». Ces derniers sont aujourd’hui 600 000 en Suisse, à la suite de la reconnaissance de leur statut par le Parlement fédéral en 2019.

UNE SOUFFRANCE IMPOSSIBLE À COMPRENDRE

« Les proches sont souvent très affectés par ce qui arrive à une personne atteinte d’un cancer, mais il y a un décalage majeur : ils ne le vivent pas dans leur corps », souligne Maria Fernandez Petite. De plus, les souffrances entraînées par la maladie sont si singulières qu’on ne peut pas faire appel à sa propre expérience pour se les représenter : « Lorsque les patients me parlent de la fatigue générée par les traitements, ils me disent qu’ils n’ont jamais connu cette sensation. » Bien soutenir une personne malade demande en premier lieu cette prise de conscience : « Il est impossible de comprendre ce que ressent une personne touchée par un cancer. Tout ce qu’on peut faire, c’est essayer de se rapprocher d’elle en restant à ses côtés. »

Mieux vaut donc éviter des phrases telles que « Je te comprends ». Cette retenue vaut également si on a soi-même vécu la maladie : « Chaque personne vit ses douleurs différemment », dit la psychologue. « Il peut y avoir une communauté d’expérience, mais ce n’est jamais la même chose. »

Mieux vaut également éviter de donner tel ou tel conseil. Dire « Essaie de penser à autre chose » ou « Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer » n’amène rien d’autre que le sentiment de ne pas être entendu. Quant aux soutiens par messagerie, bien qu’ils puissent être précieux, ils peuvent aussi devenir pesants. Y répondre demande passablement d’énergie. Et lorsqu’on en reçoit trop souvent, ils risquent de rappeler la présence de la maladie à un moment où l’on cherche à prendre un peu distance.

NE PAS OBLIGER À EN PARLER

Quand on souffre d’un cancer, est-ce que ça fait forcément du bien de partager ses émotions avec sa famille ou ses amis ? « Tout dépend des situations », dit Maria Fernandez Petite. En parler avec les membres de sa famille peut se révéler lourd : « Cer tains patients ne peuvent pas vraiment

dire ce qu’ils vivent. Ils se sentent obligés de mettre un masque afin de rassurer leur entourage. » Au lieu de soulager, le par tage représente alors un effor t supplémentaire. Quant aux amis, leur rôle n’est pas forcément de devenir des confidents : « Quand on en parle déjà beaucoup avec son conjoint ou sa famille, on peut avoir besoin de parler de tout autre chose. » Les amis sont aussi là pour apporter un peu de légèreté.

Une attitude possible consiste à se mettre en position de questionnement. La personne malade a-t-elle besoin de parler de sa maladie ? « On n’a pas toujours envie de parler de son cancer avec les proches », souligne Maria Fernandez Petite. La maladie est une affaire intime dont le par tage doit être consenti. « L’idéal est que ça fasse l’objet d’une discussion. » Cer taines dynamiques relationnelles ne rendent pas la démarche facile, mais il suffit de poser une fois la question. Et puis, pourquoi ne pas, de temps en temps, marcher ensemble en silence ? Bien soutenir consiste parfois à ne rien dire, à rester simplement côte à côte.

SE MÉNAGER POUR TENIR SUR LA LONGUEUR

Selon des études r écentes, 4 4% des pr oches d’une personne atteinte par un cancer subissent un impact psy chique, physique ou financier « Même s’ils ne r essentent pas la même chose que la personne malade, les pr oches viv ent un choc similair e », explique Maria F ernandez P etite. Cer tains changent de poste pour êtr e pr ésents pour leur conjoint ou leur enfant. D’ autres v oient leur santé fléchir : « Il a été montré que les défenses immunitaires des proches des malades s’affaiblissent. » Le boule versement peut aussi êtr e d’ordre spirituel. Comment compr endre qu’un êtr e aimé vive une telle épreuve ?

« Les pr oches que je r eçois me disent souv ent qu’ils ne peuv ent pas lâcher, qu’ils doiv ent r ester solides au sein du couple ou de la famille », déclar e Maria F ernandez P etite. « Je les encour age à tr ouver un espace, quel qu’il soit, pour exprimer ce qu’ils viv ent eux aussi. Je leur pr opose également de tr ouver des z ones de r essource. » La peur de culpabiliser freine cet effort, mais les nouveaux traitements, qui peuvent rendre la maladie chronique pendant des années, demandent de tenir sur la longueur « J’ ai une patiente qui oblige son mari à aller faire une balade une fois par semaine », dit la psy chologue. « Chacun a sa manièr e de fair e face, mais il faut pouv oir r ester debout. » Appor ter un bon soutien consiste donc aussi, dans la mesur e du possible, à se soutenir soi-même.

BON À SAVOIR ENTRE NOUS - N° 53 – JUIN 2024
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La peau est un bien précieux. Elle est notre plus grand organe et notre première ligne de défense contre les agressions extérieures. Lorsque la peau subit une exposition intensive et chronique aux rayons ultraviolets (UV ) du soleil, ses cellules peuv ent s’endommager, se diviser et proliférer de manière anarchique pour former une tumeur C’est le cancer de la peau.

En réalité, comme la peau est composée d’une multitude de cellules différentes, il existe aussi plusieurs types de cancers de la peau, dont le plus dangereux est connu sous le nom de mélanome ou cancer noir. Le mélanome se distingue des autres formes de cancer de la peau par sa capacité à former des métastases et donc à se répandre dans l’organisme. En Suisse, le mélanome représente environ 1 0 % des cancers de la peau, a vec 3 200 nouv eaux cas et 2 90 décès par année. Il est donc indispensable d’adopter au plus vite toutes les bonnes pratiques pour réduire les risques au maximum.

La bonne nouv elle, c ’est que le cancer de la peau est un des seuls cancers que l’on peut prévenir efficacement. Car on sait que si différents facteurs génétiques ou environnementaux peuvent augmenter le risque de le développer, ce sont les rayons UV (UVA /UVB issus du solarium

Selon les estimations de la Ligue suisse contre le cancer, 25 000 personnes sont atteintes d’une forme de cancer de la peau chaque année en Suisse. On en parle très peu et pourtant, il frappe davantage que le cancer du sein, de la prostate, du poumon et du côlon réunis. C’est dire si sa prévention est absolument cruciale. Comment se protéger et réduire les risques de cancer de la peau ? Décryptage des connaissances actuelles et des bonnes pratiques à adopter au quotidien.

et du soleil) qui en sont la cause principale. Une règle d’or prévaut pour diminuer les risques en la matière : é viter au maximum les rayons UV en renonçant complètement au solarium et en limitant l’exposition au soleil. A utrement dit, privilégier au maximum l’ombre qui est la meilleure protection solaire. Sur tout en milieu de journée (entre 11 h et 15 h) durant les mois de mai à septembre et en montagne l’ hiver.

C’est une recommandation simple en apparence, mais qui peut réellement sauver des vies, en particulier si on l’applique de manière très rigoureuse chez les enfants et les adolescents entre 0 et 1 8 ans. En effet, si on é voque moins souvent les plus jeunes lorsqu’on parle du cancer de la peau, il est important de comprendre que leur peau est beaucoup plus sensible que celle des adultes. Chez eux, les mécanismes naturels d’autoprotection ne sont pas encore ache vés, ce qui les rend nettement plus vulnérables aux effets cancérogènes des rayons UV Plus simplement dit, c ’est la répétition de coups de soleil dès l’enfance qui augmente le risque de cancers de la peau. Il est donc primordial de bien suivre les recommandations en matière de protection solaire.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Un bronzage sain n’existe pas : il s’agit d’une réaction de la peau pour se protéger de l’agression des rayons UV.

Un ciel couvert ou nuageux n’est pas de l’ombre : les nuages laissent passer 80 % des rayons UV.

Lorsqu’on parle de lunettes de soleil, une mauvaise protection est pire qu’aucune protection. Des verres foncés sans protection anti-UV 100 % avec le sigle CE provoquent une forte dilatation de la pupille, laissant alors entrer davantage de rayons UV dans l’oeil.

Une exposition directe aux rayons du soleil n’est pas nécessaire à la synthèse de la vitamine D L’alimentation (poissons gras, œufs, champignons, etc.) assure également un apport en vitamine D.

La crème solaire, même avec un indice élevé, ne permet pas de se protéger efficacement des rayons UV : elle doit uniquement être utilisée en appoint sur les zones de peau non couvertes.

RESTEZ À L’OMBRE SURTOUT ENTRE 11 H ET 15 H

LIMITEZ L’EXPOSITION DES ENFANTS AU SOLEIL

COUVREZ-VOUS : VÊTEMENTS ET CHAPEAU

PORTEZ DES LUNETTES DE SOLEIL

APPLIQUEZ DE LA CRÈME SUR LES PARTIES NON PROTÉGÉES DU CORPS

IMPRESSUM

Directrice de publication

Chantal Diserens

Responsable éditorial

Laurent Maffli

Graphisme et illustrations www.lelixir.ch

Crédits photos www.lelixir.ch (p. 1) Adobe stock (p. 2) philippegetaz.ch (pp. 3 et 4)

Anne Moscatello (p. 5)

Relecture et correction

Christine Theumann-Monnier (relatif.ch)

Ont participé à la rédaction de ce numéro

Pierre-Louis Chantre, Yves Hochuli, Laurent Maffi, Charline Rochat et Christine Theumann-Monnier

Impression

PCL Presses Centrales SA, Renens VD

Tirage

17 400 exemplaires

© LVC 2024

07 ENTRE NOUS - N° 53 – JUIN 2024 BON À SAVOIR
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