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Le safari-photo : un rêve pour tout photographe désireux d’immortaliser l’animal dans son milieu sauvage. Patience, maîtrise technique et respect de la nature, tels sont les maîtres mots des trois photographes passionnés qui nous font part de leur expérience et nous livrent leurs secrets de prises de vue. KARINE WARBESSON

1 Tony Crocetta « Photographe animalier globe-trotter », c’est ainsi que se définit ce passionné des grands espaces sauvages, qui parcourt depuis une vingtaine d’années la planète pour des reportages animaliers. Enfant, Tony Crocetta est fasciné par les documentaires en noir et blanc de Christian Zuber. Aujourd’hui ardent défenseur de la nature, c’est l’un des membres fondateurs de l’association Noé Conservation, qui prône la sauvegarde des espèces animales et végétales menacées. www.tonycrocetta.com

2 Laurent Baheux Reporter professionnel depuis 1998, Laurent Baheux s’est d’abord spécialisé dans les reportages d’événements sportifs. Passionné par l’Afrique, il poursuit depuis 2002 un travail personnel en noir et blanc sur cette terre où vit la grande faune du continent, et notamment les lions. Lauréat 2007 du concours « Shell Wildlife Photographer of the Year » organisé par le Muséum d’histoire naturelle de Londres et le magazine BBC Wildlife, il propose des clichés révélant une grande sensibilité. www.laurentbaheux.com

© TONY CROCETTA

3 Thierry Leroy Photographe amateur éclairé, Thierry Leroy utilise dès son plus jeune âge le Canon AE1 familial pour les traditionnelles photos de vacances. Il franchit le pas du numérique en 2002. Toujours à la recherche de photos insolites, il a parcouru les plus belles réserves du Kenya et expose ses images sur le site Nunda Foto, consacré aux photographies d’animaux sauvages pris dans leur élément naturel. www.nundafoto.net/fr/portfolio/ 123-thierry-leroy

Impala au couchant à Masaï-Mara « Pour accentuer l’effet rougeoyant de ce coucher de soleil, j’ai induit une sousexposition franche (- 2 1/3 diaphragmes), ce qui a réduit le sujet, ici un impala, à une silhouette simple. Pour que l’effet soit réussi, il faut que cette silhouette puisse être reconnue… et donc déclencher à bon escient », précise Tony Crocetta.


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Préparer son safari Partir en safari ne s’improvise pas. Choix du guide, de l’itinéraire, mais aussi respect de la nature et des conditions de sécurité, autant d’éléments indispensables à appréhender pour tout photographe. au bon endroit et au bon moment qui feront la différence », explique Thierry Leroy. Tous les photographes conseillent de faire appel à des agences locales reconnues et sérieuses. Pas toujours évident lorsqu’on est peu expérimenté, mais de plus en plus de professionnels comme Laurent Baheux ou Tony Crocetta organisent des safaris spécialement dédiés aux amoureux de la nature et de la photographie. Les animaux étant libres et sauvages, les conditions de prises de vue ne sont pas toujours idéales, mais c’est toujours à l’homme de s’adapter à cet environnement sauvage, et non l’inverse. Parmi les règles de sécurité élémentaires : l’interdiction de mettre le pied par terre ! « Il n’y a généralement pas d’approche à pied ni d’affût pour les photographes amateurs, car les photos sont prises depuis la voiture », explique Thierry Leroy, « l’idéal étant de réserver un 4x4 pour ne pas être tributaires d’horaires stricts ou d’un circuit prédéfini », ajoute-t-il. « Le 4x4 permet également d’accéder à des endroits

plus reculés non accessibles au minibus », révèle Tony Crocetta. Autre écueil à éviter : la course aux réserves ! Le Kenya comporte à lui seul plus de 50 parcs nationaux ; le choix s’avère donc crucial pour un séjour qui dépasse rarement une dizaine de jours, mais il ne faut surtout pas chercher à tout voir en un seul voyage. « Plus on passe de temps au même endroit, plus on augmente ses chances d’assister à des moments rares, voire inoubliables…», confie Laurent Baheux.

■ Faites-vous accompagner par un guidechauffeur local originaire de la région.

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e continent africain reste la destination de choix pour partir en safari. « L’Afrique a quelque chose d’unique qu’aucun continent ne possède et ne possédera jamais : sa biodiversité étonnante et ses espèces tellement spectaculaires et charismatiques », déclare Tony Crocetta. L’Afrique de l’Est, le Kenya et la Tanzanie constituent le terrain de prédilection de nombreux photographes, même si d’autres pays comme la Namibie ou l’Afrique du Sud, moins prisés par les touristes, se sont ouverts au safariphoto. Quant à la meilleure période, « il est possible de voir des animaux toute l’année », affirme Laurent Baheux, mais « mieux vaut éviter le mois de décembre en raison des majorations de prix et les mois d’été à cause de la forte affluence touristique », précise Tony Crocetta. Élément incontournable lors de tout safari, c’est du guide que dépendra la réussite de vos photos… et inversement. « C’est sa connaissance de la savane, des animaux et son habileté à vous amener

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■ Privilégiez le 4x4 au minibus pour accéder à des endroits plus reculés et moins touristiques.

■ Préparez un itinéraire précis jour après jour et n’oubliez jamais d’emporter une carte routière. ■ Évitez si possible de partir les mois d’été en raison de l’affluence.


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En route

« C’est une photo toute particulière que j’ai prise le jour de mes 36 ans avec un 840 mm. J’en garde un souvenir ému. Cette scène est comme un cadeau que la nature offrait à mon regard », confie Laurent Baheux.

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Joli profil

« Cet impala a été pris au zoom 270 mm dans la réserve de Samburu, au Kenya, juste avant le coucher du soleil. La faible profondeur de champ est due à l’ouverture à f/6,3 », explique Thierry Leroy.

3I Accouplement de lions à Masaï-Mara « Cette photographie d’accouplement de lions, un grand classique du safari, dégage une violence proportionnelle à la puissance de ces animaux. Il est cependant rare d’être idéalement situé, sans être gêné par ailleurs par des éléments du décor tels que végétation et branchages qui parasitent l’aspect visuel global », précise Tony Crocetta.

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Poussière d’éléphants

« Ce troupeau d’éléphants a été pris à Amboseli en milieu de matinée. Seule une petite partie du troupeau était dans un nuage de poussière soulevé par les pachydermes. L’utilisation d’une ouverture à f/5,6 et une vitesse très élevée à 1/1 250 s ont permis de limiter la profondeur de champ et d’accentuer le contraste », commente Thierry Leroy. 3

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© THIERRY LEROY

Gare au portefeuille ! Partir en safari coûte cher. Comptez entre 2 000 et 2 500 euros minimum par personne pour un safari-photo d’une dizaine de jours au Kenya avec vol, hébergement et pension complète. Les tarifs pouvant monter jusqu’à 4 000 euros par personne selon l’expérience du guide choisi et le mode de transport (4x4, minibus, etc.), il est donc indispensable de bien préparer son voyage pour comparer sur place les prestations proposées.


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Après la pluie

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« Cette photo a été prise au 840 mm à une vitesse de 1/250 s. J’ai surpris ce lionceau après une averse, et j’ai voulu saisir ce moment de vie simple mais magique », raconte Laurent Baheux.

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À gorge déployée

« Cette photo a été prise dans la réserve de Samburu, vers 17 heures, à moins de 5 mètres de la voiture (ouverture f/6,3, zoom 280 mm). Après avoir patienté 45 minutes, j’ai assisté au rugissement de la lionne, qui a réveillé un autre lion. Les fauves se sont ensuite accouplés, avant que le roi de la jungle ne se rendorme », commente Thierry Leroy.

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Port de reine

« Cette gazelle a été prise dans la réserve de Samburu au zoom 340 mm à 17 heures, sous une lumière chaude. L’ouverture à f/6,3 permet une faible profondeur de champ, qui rend le fond et les herbes du premier plan flous afin de mieux faire ressortir l’animal et les brins d’herbe placés juste derrière », explique Thierry Leroy.

Impressionnantes défenses

« Ce gros plan de défenses d’éléphant a été pris au 300 mm dans la réserve de Samburu. L’ouverture à f/6,3 permet de limiter la netteté aux défenses et d’apprécier l’usure de celle située au deuxième plan. La photo a été prise au 1/500 pour éviter le flou avec la grande focale », révèle Thierry Leroy.

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La charge de l’éléphanteau

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« Je cherchais à faire une belle image de cet éléphanteau près de sa mère. Lorsque l’oiseau s’est posé devant lui, il a pris cela comme un jeu et s’est mis à charger », relate Laurent Baheux.

■ Emportez si possible deux boîtiers, l’un équipé d’un grand-angle, et l’autre d’un téléobjectif de 300 mm minimum. Pour les oiseaux, le 400 mm (équivalence 600 mm en argentique) est conseillé. ■

Utilisez un sac-poubelle ou une taie d’oreiller pour protéger votre matériel et l’avoir rapidement à portée de main.

■ Prévoyez batteries de rechange et piles, l’adaptateur allume-cigare constituant une solution de dépannage à ne pas négliger. ■

Investissez dans plusieurs cartes mémoire et sauvegardez régulièrement vos photos.

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Choisir son matériel Un appareil fiable et robuste, un déclenchement rapide mais surtout un téléobjectif s’avèrent indispensables pour profiter d’un safari-photo dans des conditions optimales. n’oubliez pas les jumelles, indispensables pour effectuer un repérage précis des animaux. En safari-photo, les contraintes techniques sont nombreuses. Poussière, sable, vibrations lors de la conduite sur piste, rien ne sera épargné à votre matériel, et il y a de fortes chances pour que l’action vous échappe si vous perdez de précieuses secondes à l’extraire de sa housse. Ainsi, Thierry Leroy conseille l’utilisation d’un sac-poubelle, le plus efficace contre la poussière, en complément d’un pinceau et d’un kit de nettoyage pour éviter les taches sur le capteur. Tony Crocetta, lui, a opté pour la taie d’oreiller. Quant au trépied ou au monopode, ils ne sont pas indispensables car la plupart des photos se font depuis le véhicule, mais « mieux vaut que le moteur soit à l’arrêt pour éviter le flou », précise Thierry Leroy. Aujourd’hui, si le numérique est la panacée, inutile d’espérer trouver une prise électrique avant le prochain lodge. Videur de carte mémoire et ordinateur portable pour stocker ses images sont des incontournables, sans oublier une autonomie d’énergie importante. « Un adaptateur allume-cigare et un transformateur 12 ou 24 volts pour recharger ses accus sur le véhicule seront vite rentabilisés », suggère Laurent Baheux.

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5I Prédation de hyènes sur flamants roses « Photographier un sujet mobile rapide tel que la hyène est sans doute la difficulté technique majeure en photographie animalière. Mais il faut compter aussi sur un zeste de chance pour être placé “au bon endroit, au bon moment”…, et se munir d’une bonne dose de philosophie devant les échecs inéluctables ! », s’exclame Tony Crocetta.

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Face au roi

« J’ai une fascination pour les lions, dont il se dégage une force incroyable : tout est dans le regard », confesse Laurent Baheux.

Laboratoire numérique Tous les photographes travaillent en format Raw pour exploiter la qualité maximale de leur appareil, puis retouchent leurs photos avec un logiciel spécialisé pour les opérations de base : niveaux, accentuation, recadrage ou suppression des poussières. Pour ses tirages en noir et blanc, Laurent Baheux développe ses images intégralement sur écran en ajustant le contraste, la densité et la luminosité… tout en restant fidèle à l’image initiale, bien sûr.

© LAURENT BAHEUX

ors d’un safari, « il faut être prêt à déclencher à tout moment », affirme Tony Crocetta. À cette fin, « l’usage de deux boîtiers n’est pas du luxe », ajoute Thierry Leroy, car il est impossible de savoir à l’avance ce que vous allez photographier et l’objectif dont vous aurez besoin (téléobjectif ou grand-angle). « Vous n’aurez pas le temps de changer l’optique, surtout dans un environnement poussiéreux qui ne s’y prête pas », confie le photographe. Si vous devez faire un choix financier, mieux vaut donc privilégier un objectif de bonne qualité et vous contenter d’un boîtier de qualité moyenne plutôt que le contraire. Cependant, plus encore que le choix du boîtier, l’achat de focales adaptées est primordial. En photo animalière, on est rarement trop près de son sujet. Un téléobjectif d’au moins 300 mm s’avère un minimum, sous peine de ne faire quasiment que des paysages et d’avoir de gros regrets au retour. « Mais si, regarde bien la petite tache marron sur la photo au fond dans les hautes herbes, je te jure que c’est un lion ! », plaisante Laurent Baheux. Pour les gros plans d’oiseaux, très nombreux au Kenya, un zoom ou un téléobjectif de 400 mm, un moteur ainsi qu’un convertisseur x1,4 ou x2 sont vivement conseillés. Et

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Le photographe, un animal (presque) comme les autres Loin des conditions optimales réunies en studio, le photographe animalier doit apprendre à se fondre dans le paysage, à s’adapter au terrain et aux conditions changeantes pour anticiper… et déclencher au bon moment. rincipale règle en safari-photo : apprendre à être patient en attendant qu’il se passe quelque chose d’intéressant dans le comportement des animaux et que la lumière valorise votre sujet. Idéalement, il faut pouvoir réunir ces conditions en même temps et déclencher au bon moment. La discrétion est évidemment de mise : on évitera par exemple les vêtements aux couleurs vives et l’usage du flash, rarement utile compte tenu de la « distance de fuite » des animaux, souvent supérieure à 10 mètres. Contre-jour, végétation gênante, arrière-plan peu valorisant, mobilité du sujet font aussi partie du quotidien. Les contraintes sont nombreuses quand on veut photographier les animaux dans leur espace naturel, mais « c’est là toute la richesse et tout le plaisir de ce type d’images », explique Laurent Baheux. Pour Tony Crocetta, la règle d’or se résume en une phrase : « Connaître parfaitement son matériel et la technique photo… pour mieux l’oublier et se consacrer à l’essentiel : mise au point, cadrage et déclenchement », le plus souvent dans un laps de temps très court ! Lors d’un safari, les règles de base de la photographie restent de mise. Il faut veiller à ne pas avoir une ouverture de diaphragme trop petite si l’on veut détacher son sujet de son envi-

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ronnement. Pour les gros plans avec une profondeur de champ réduite, « on ouvrira le diaphragme au maximum, comme sur la photo de la tête du lion aux cicatrices, qui se détache très bien du fond », confie Thierry Leroy. Mais il faut surtout éviter une vitesse d’obturation trop lente avec une grande focale. « À 300 mm, la vitesse doit être au minimum de 1/250 s pour éviter les flous (sauf avec les objectifs stabilisés, plus tolérants) », indique Thierry Leroy. Quant au cadrage, « la règle des tiers s’applique dans la majorité des cas », affirme Tony Crocetta. Il est également primordial de se tenir régulièrement informé des conditions météo, souvent changeantes dans ces régions, afin d’anticiper son placement pour les meilleures prises de vue. « Mon meilleur souvenir, relate Thierry Leroy, est la série de photos de flamants roses prise au lac Nakuru, dans la réserve du même nom, en juillet dernier. Les conditions climatiques extrêmes (pluie battante, vent) dégageaient une lumière et une ambiance extraordinaires sous un arc-en-ciel. Mais j’ai aussi connu mon pire souvenir au même endroit une heure plus tôt, lorsque le ciel était tellement bas, gris et couvert que je me voyais revenir bredouille de cette chasse aux images, les flamants roses étant à peine visibles ! »

Tenez-vous au courant des conditions météorologiques prévues afin de mieux organiser vos journées.

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Évitez les vêtements de couleurs vives et l’utilisation du flash pour ne pas effrayer les animaux.

■ Avec un téléobjectif de 300 mm, privilégiez une vitesse d’obturation de 1/250 s minimum pour éviter les flous. ■

Appliquez la règle des tiers pour le cadrage de vos photos.

1 © THIERRY LEROY

Profiter de la belle lumière Les levers et couchers de soleil sont les périodes où la lumière est la plus belle et où les animaux sont les plus nombreux. C’est la raison pour laquelle les safaris débutent généralement tôt le matin, dès 5 heures, pour s’achever en milieu de matinée et reprendre en fin d’après-midi afin de bénéficier de conditions idéales.


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Portrait de lion

« Cette photo a été prise à Samburu en fin d’après-midi, avec une ouverture à f/6,3 et un zoom 280 mm. Le fauve, réveillé par sa compagne, s’est ensuite accouplé avec elle », raconte Thierry Leroy.

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Plus fort que toi

« Le buffle est un animal impressionnant et dangereux. Il exprime ici tout son caractère : authentique et puissant », révèle Laurent Baheux.

Queue de lionne ?

« Cette image a été récompensée lors du concours “Shell Wildlife Photographer of the Year” en 2007. Cette lionne était tranquillement couchée sur une butte de terre et scrutait les alentours. Sa queue était la seule partie de son corps en mouvement. Elle forme ici comme un point d’interrogation », explique Laurent Baheux.

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CONFIDENCES Arc-en-ciel de flamants roses « Ce cliché a été pris au bord du lac Nakuru à 17 heures, sous un déluge de pluie et de vent. J’ai saisi cet arc-en-ciel, qui a illuminé le ciel dans une ambiance surréaliste. La faible profondeur de champ, due à l’ouverture à f/4,8 et à la vitesse élevée (1/640 s), a figé les flamants du premier plan et donne un effet flou en arrière-plan », explique Thierry Leroy.

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Entre ombres et lumières

Des « Big Five » à l’oiseau rare...

Laurent Baheux est l’un des rares photographes à réaliser l’intégralité de ses clichés en noir et blanc. Un parti pris artistique, mais aussi une manière d’offrir un regard différent sur la vie sauvage, « pour aller à l’essentiel » et tirer parti des jeux d’ombres et de lumières caractéristiques du continent africain.

À chaque espèce sa spécificité… et autant de remises en question pour le photographe, qui doit débusquer l’animal sur son territoire tout en ajustant constamment sa technique. selon sa propre sensibilité. C’est un postulat artistique », déclare Laurent Baheux. Ainsi, le photographe raconte les conditions de prise de vue des girafes dans les hautes herbes. « Pour faire cette photo, je me suis allongé au sol et j’ai cherché à minimiser la taille de l’animal en plaçant les herbes au premier plan. On voit ainsi les girafes d’un autre œil ! » Le lion, espèce incontournable de la savane africaine, constitue le sujet de prédilection de Laurent Baheux. « Avec lui, il se passe toujours quelque chose », explique-t-il… à condition de se lever tôt, car la chasse débute aux aurores. « En conditions de faible lumière, on aura besoin de pousser la sensibilité jusqu’à 800 ISO, voire plus », ajoute Thierry Leroy, mais attention au grain ! Vivant et chassant surtout la nuit, les léopards sont rares et plus difficiles à immortaliser. Ceux qui s’aventurent dans la savane en plein jour restent distants et camouflés dans les herbes, contrairement aux guépards, plus faciles d’accès. Quant aux amateurs d’oiseaux, « la “Mecque de l’ornithologie” se situe au lac Baringo (Kenya) »,

s’exclame Tony Crocetta, spécialiste en la matière. Principale spécificité des oiseaux : une excellente vision, qui impose une immobilité quasi totale. « Je plante ma tente, qui servira d’affût le temps que les oiseaux s’habituent à ma présence. Puis, j’avance progressivement, jusqu’à ce qu’ils soient à la portée de mes objectifs… et rentre dans ma tente. Je peux alors les étudier et les photographier en toute tranquillité avec un trépied. »

Privilégiez le lever et le coucher du soleil pour photographier les fauves pendant leurs heures de chasse.

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es « Big Five », ces cinq grands mammifères craints et respectés par les chasseurs de fauves d’autrefois (l’éléphant, le rhinocéros, le lion, le léopard et le buffle), sont présents dans toutes les réserves du Kenya. « Quelle que soit l’espèce que vous souhaitez photographier, tous les parcs sont bons à prendre », affirme Tony Crocetta. Si la réserve d’Amboseli est plus réputée pour ses plaines arides et ses troupeaux d’éléphants sur fond de Kilimandjaro enneigé, la réserve de Nakuru pour ses hyènes ou celle de Samburu pour ses léopards très rares, Masaï-Mara reste la plus prisée pour ses nombreux félins et sa très grande biodiversité. Certains animaux, comme les lions, zèbres, éléphants, guépards ou gnous, sont relativement faciles à approcher car nombreux et peu craintifs. Mais ils sont difficiles à photographier dans des positions, attitudes ou conditions de lumière idéales, même si le photographe doit aussi apprendre à jouer avec ces contraintes. « Haute ou basse lumière, ombre, contre-jour, silhouette, il y a toujours un choix à faire pour immortaliser la scène

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Apprenez à tirer parti de la lumière pour réaliser des photos originales.

Faites preuve de créativité dans le cadrage de vos photos, notamment pour les gnous, zèbres, girafes ou éléphants, relativement faciles à approcher.

Restez le plus immobile possible lors de la photographie d’oiseaux, et prévoyez un affût où vous pourrez vous cacher afin de ne pas les déranger.


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FOURRE-TOUT DES PROS

Tony Crocetta Tony Crocetta, canoniste convaincu depuis ses débuts, a opté pour un EOS 1D Mark II. Il apprécie la robustesse et la fiabilité du matériel, mais aussi la rapidité de son système de mise au point. Ses objectifs de prédilection sont les 70200 mm f/2,8 et 500 mm f/4, auxquels il adjoint un convertisseur 1,4, très utile pour photographier les oiseaux. Il possède également un ordinateur portable et un logiciel de traitement d’image pour effectuer ses retouches photo.

© LAURENT BAHEUX

Laurent Baheux

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Coucher de soleil à Amboseli

« Ce coucher de soleil a été pris à Amboseli, au pied du Kilimandjaro. J’ai fermé le diaphragme pour accroître la profondeur de champ, tout en utilisant une vitesse élevée au 1/800 s et une sensibilité à 800 ISO », explique Thierry Leroy.

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Tendresse maternelle

« Un instant d’intimité émouvant qui montre que les hommes ne sont pas les seuls à avoir des sentiments... », confie Laurent Baheux.

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Hautes herbes

Laurent Baheux travaille depuis ses débuts avec du matériel Canon. Il possède deux boîtiers reflex 24 x 36 EOS 1D Mark III. Ses optiques offrent un éventail plutôt large, avec trois téléobjectifs : Canon EF 600 mm f/4 IS, EF 400 mm f/2,8 IS et 70-200 mm f/2,8 IS. Il avoue une préférence pour les focales fixes en raison de leur meilleur piqué. Il dispose également d’un monopode et d’un indispensable ordinateur portable avec écran de 12 pouces (30 cm), qui le suit lors de tous ses déplacements pour visualiser ses photos et vider régulièrement ses cartes mémoire.

Thierry Leroy Thierry Leroy utilise exclusivement du matériel Nikon. Il a opté pour deux boîtiers D70 et trois zooms : AF-S 18-70 mm, AF-S 80-200 mm f/2,8D et 55-200 mm Dx léger, un multiplicateur de focale x1,7 et quatre batteries. Parmi ses accessoires indispensables, un sac à dos Lowepro pour protéger son matériel, une rotule Manfrotto, nécessaire pour fixer le boîtier sur la galerie de toit lors du safari, un videur de carte HyperDrive et quatre cartes CompactFlash (512 Mo à 1 Go).

© LAURENT BAHEUX

« Cette photo a été prise au 70 mm. Face à une scène normale, il faut chercher à trouver l’originalité ; ici, j’ai cherché à minimiser la taille de l’animal », précise Laurent Baheux.

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Parade nuptiale de grues royales « Plus de deux heures de patience à partir d’un affût furent nécessaires pour capter cette spectaculaire parade de grues royales. Garder tous ses sens en alerte, ne jamais relâcher sa vigilance, “s’attendre à l’inattendu” : tels devraient être les mots d’ordre en photographie animalière… », révèle Tony Crocetta.


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Photographier en mouvement La rapidité de la prise de vue et du déclenchement pour saisir son sujet impose une grande maîtrise technique afin d’éviter les problèmes d’exposition et de flou. la profondeur de champ, réduite à quelques millimètres, nécessite une grande rigueur de la mise au point », précise Tony Crocetta. Pour ce type de photographie, le moteur est utile, voire indispensable, afin de photographier les oiseaux en vol, à l’atterrissage et au décollage.

■ Privilégiez une vitesse importante, supérieure à 1/500 s, pour figer le mouvement, et inversement à 1/15 ou 1/30 s pour un filé dynamique. ■ Stabilisez votre appareil avec un monopode ou un sac de sable afin d’éviter un flou de bougé lors du déclenchement.

■ Anticipez le déplacement de l’animal pour réussir votre cadrage, et corrigez si nécessaire l’exposition sur votre boîtier.

■ Optez pour la pleine ouverture lors de photographies d’oiseaux, afin de travailler à la vitesse la plus élevée.

© LAURENT BAHEUX

son sujet toujours au même endroit dans son viseur. Un exercice qui demande une grande maîtrise technique, mais dont le résultat déçoit rarement ! Une autre cause de flou est le bougé lors de la prise de vue au téléobjectif ; l’utilisation d’une rotule ou d’un sachet de sable permet de stabiliser l’appareil, parfois très lourd. L’anticipation constitue également un gage de réussite. « Photographier un troupeau de gnous en migration nécessite d’avoir préalablement paramétré son boîtier, en compensant l’exposition si nécessaire, tout en préparant son cadrage », confie Tony Crocetta. Mais cela ne remplace pas l’attention du photographe, qui doit constamment observer son sujet et les alentours pour prévoir l’action à venir. La prise de vue d’oiseaux en vol requiert également une maîtrise technique avancée, avec un temps de pose extrêmement bref. « En sélectionnant la pleine ouverture, on est alors sûr de travailler à la vitesse la plus élevée possible. En contrepartie,

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a technique est importante, mais elle ne doit pas vous empêcher de vous concentrer sur la photo que vous voulez réaliser afin de faire ressortir les couleurs ou l’ambiance recherchée. Principale difficulté, outre l’approche de l’animal : « la réalisation très précise du point et sa retouche permanente sur un sujet par définition mobile, confie Tony Crocetta. Il est impossible de prévoir la réaction des animaux comme les fauves ou les hyènes, qui peuvent être très rapides et donc difficiles à cadrer lors du déclenchement », ajoute-t-il. Tout dépend en fait de ce que vous souhaitez exprimer dans votre photo. Pour figer l’action et obtenir une bonne netteté, vous devrez opter pour une vitesse à 1/500 s ou plus selon la luminosité ambiante. À l’inverse, « n’hésitez pas à descendre au 1/15 ou 1/30 s afin de retranscrire le mouvement d’une manière différente », précise Laurent Baheux. Pour un résultat encore plus impressionnant, l’idéal consiste à suivre

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Trois frères

« Ces trois frères guépards arpentent la savane à la recherche d’une proie. Ce trio m’est apparu comme un commando de guerriers », confie Laurent Baheux.

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Pygargue vocifer

« Geler les oiseaux en vol requiert des temps de pose extrêmement brefs. En sélectionnant la pleine ouverture, on est alors sûr de travailler à la vitesse la plus élevée possible, mais il faut faire preuve d’une grande rigueur lors de la mise au point en raison de la faible profondeur de champ », explique Tony Crocetta.

Ne jamais perdre les yeux de vue Le regard de l’animal est primordial en photographie animalière, émotions et expressions étant souvent à l’origine de la réussite… ou non d’un cliché. Afin de figer le regard, optez pour un déclenchement rapide, la profondeur de champ devenant alors secondaire face à un regard net et un cadrage réussi.


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Euplecte vorabé, Baringo

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Les gros plans des petits passereaux, par leur taille, nécessitent non seulement l’emploi d’un puissant téléobjectif (ici un Canon 500 mm f/4), mais également de travailler à une distance assez proche de la mise au point minimale. « Pour réaliser cette image, j’ai utilisé un convertisseur x1,4 afin de doper la focale et transformer mon optique en un puissant 700 mm », précise Tony Crocetta.

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Saut de babouin

« Ce babouin traversait la savane en sautillant pour rejoindre les siens. L’action la plus simple peut toujours offrir une image inattendue. Dans la nature, le spectacle est permanent », affirme Laurent Baheux.


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CONFIDENCES

© TONY CROCETTA

Migration des gnous à Masaï-Mara « La rapidité de la mise au point automatique des boîtiers modernes, combinée à des rafales véloces (Canon EOS 1D Mark II, 8 images par seconde), permet de saisir le sujet au paroxysme du comportement. Néanmoins, anticiper l’action augmente les chances de capturer “l’instant exact” », confie Tony Crocetta.

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