Laurence Pourchez & Isabelle Hidair
Rites et constructions identitaires créoles Sous la direction de :
Prix public : 35,00 euros ISBN : 9782813001023
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Rites et constructions identitaires créoles
Laurence Pourchez est anthropologue, maître de conférences HDR au sein de l’UFR Santé de l’Université de La Réunion. Isabelle Hidair est anthropologue, maître de conférences à l’IUFM, Université des Antilles et de la Guyane.
© Image de couverture : Henri Griffit, Neg Marron, 1989, Carnaval de Cayenne, Guyane
Cet ouvrage pluridisciplinaire associe les travaux d’anthropologues, de sociologues, d’ethnomusicologues, de spécialistes de la littérature présente dans les aires créoles. Il s’agit de croiser les regards et d’examiner la manière dont les rites (de passage, calendaires, nouveaux rites), présents et passés, se conjuguent dans les sociétés créoles de l’océan indien, de la Caraïbe, de l’Amérique du sud et dans les groupes se revendiquant comme créoles en Australie. En effet, véritables soubassements des structures sociales, ils rythment, à tous les niveaux de l’existence, la vie, tant biologique que sociale des individus et ce dans les domaines de la langue, de la vie quotidienne, de la religion, des conduites du corps... Dans les sociétés créoles, comme dans toutes les cultures de la planète, ils contribuent non seulement à l’organisation de la vie sociale, mais reformulés, syncrétisés, créés à la suite des contacts entre êtres humains, ils contribuent fortement à la structuration des identités. Nous analysons la manière dont les rites se manifestent, se transforment, s’adaptent au cœur de nouveaux contextes culturels.
Sous la direction de :
Laurence Pourchez & Isabelle Hidair
Sous la direction de :
Laurence Pourchez
& Isabelle Hidair
Rites et constructions identitaires créoles
Rites et constructions identitaires crĂŠoles
Rites et constructions identitaires crĂŠoles Sous la direction de :
Laurence Pourchez et Isabelle Hidair
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ISBN : 9782813001023
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SOMMAIRE
Préface
Jean Benoist ..............................................................................................................1
Introduction
Laurence Pourchez, Isabelle Hidair ........................................................................ 5
PREMIERE PARTIE : LES CHANGEMENTS D’ETAT OU DE STATUT La traversée devenue mythe : le voyage des engagés indiens vers les îles
Jean Benoist ............................................................................................................ 19
Les constructions identitaires à l’île Maurice : une histoire de « passages »
Mathieu Claveyrolas ................................................................................................29
De la sacralisation du quotidien chez les Tamouls de La Réunion
Christian Ghasarian ................................................................................................ 41
L’ancêtre paradoxal. Essai d’interprétation d’un rituel de la petite enfance à l’île de La Réunion (via le décentrement anthropologique)
Laurence Pourchez .................................................................................................63
Les enjeux de la représentation d’un rite de passage dans quatre romans réunionnais et mauriciens : l’écriture comme rite ?
Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo ..................................................................... 91
Les rites chez les Créoles de Cayenne : une mise en lumière à travers la cellule conjugale interculturelle
Catherine Notredame ........................................................................................... 107
Fabrication d'une bonne épouse chrétienne : étude de cas dans les mornes haïtiens
Nadège Mézié ....................................................................................................... 119
Le départ ajourné des morts à La Réunion
Stéphane Nicaise................................................................................................... 143
Les rituels mortuaires « traditionnels » martiniquais sont-ils encore opératoires : la catastrophe de Maracaibo
William Rolle ......................................................................................................... 153
SECONDE PARTIE : LES RITES CALENDAIRES Le carnaval cayennais ou l’entretien symbolique de frontières « ethniques »
Isabelle Hidair....................................................................................................... 167
Comparaison d’un rite calendaire, le carnaval, dans deux sociétés caribéennes, la Martinique et la Dominique
Mylenn Zobda-Zebina .......................................................................................... 179
Le Bumba-meu-boi à São Luis (Maranhão-Brésil) : identités créoles, modes de croyance, modes de vie, et critique sociale dans un rituel de résurrection annuel du Nordeste brésilien.
Marie Cousin ......................................................................................................... 193
Carnaval martiniquais et rites de passage
Véronique Rochais, Patrick Bruneteaux ............................................................. 207
Les rites illusoires du devenir-autre : Le carnaval et le candomblé dans le cinéma brésilien
Érika Thomas........................................................................................................ 217
TROISIEME PARTIE : LES NOUVEAUX RITES La glossolalie, un nouveau rite de passage en milieu pentecôtiste réunionnais
Valérie Aubourg .................................................................................................... 231
L'impossible rituel chez les adolescents créoles réunionnais en inadaptation sociale
Jean-Pierre Cambefort .......................................................................................... 243
Dé-ritualiser les rites profanes ? Considérations intempestives sur les ga la kour réunionnais.
Philippe Vitale, Patricia Chateau.......................................................................... 255
La jeunesse metal/gothic à La Réunion. Un métissage musical conflictuel entre l’île et sa métropole
Nicolas Walzer ...................................................................................................... 273
Cérémonie initiatique abakuá et modalités de présentation de soi à la Havane
Géraldine Morel .................................................................................................... 283
Un double rite de passage ? Le service militaire en Martinique à l’époque contemporaine
Monique Milia-Marie-Luce .................................................................................. 293
Musiques populaires, variétés créoles et vedettariat dans les fêtes de mariage à La Réunion
Guillaume Samson, ............................................................................................... 305
Festivals de Passages : Les Aborigènes du Kimberley se réunissent en Kriol
Martin Préaud ....................................................................................................... 321
Introduction Laurence Pourchez, Isabelle Hidair
Étudier les rites… en sociétés créoles1 Tant dans le domaine de la linguistique (Vinson, 1884-1890 ou Grünbaum, 1886) que dans celui de la littérature ou des études critiques littéraires (La Selve, 1875)2, l’intérêt pour les études créoles est ancien. Cependant, hormis quelques précurseurs comme le Père Labat pour les Antilles, en anthropologie, les recherches consacrées aux sociétés créoles sont assez récentes. Les premiers anthropologues à décrire et analyser des sociétés créoles sont Bastide pour le Brésil (1951) puis Leiris pour la Martinique et la Guadeloupe (1955)3, Benoist pour les Antilles françaises (1959) et La Réunion (1976a, 1976b, 1978) et enfin Jolivet (1982) pour la Guyane. Ceci confère aux études créoles en anthropologie, de trente-cinq à soixante-dix années d’existence selon les aires géographiques concernées par les enquêtes. Mais paradoxalement, en anthropologie, et tout particulièrement en France, pour des raisons que l’on peut sans doute en partie rechercher dans le lien qui fut longtemps présent entre cette discipline et le passé colonial de l’État français4, les recherches consacrées aux sociétés créoles sont encore peu reconnues5, les sociétés créoles n’étant, en raison de leur caractère hybride, ellesmêmes pas toujours considérées comme des sujets de recherche dignes de ce nom (Benoist, 1996). En conséquence, peut-être, de ce manque de reconnaissance, relativement peu de travaux sont publiés et, quand ils le sont, ils se situent dans un champ disciplinaire précis. Or, ces sociétés offrent des modèles d’ajustements culturels et sociaux extrêmement riches et passionnants qui transcendent les frontières disciplinaires. Nous avons, dans cet ouvrage, choisi de nous intéresser aux rites (de passage, calendaires, nouveaux rites) et aux constructions personnelles qu’ils induisent comme clés d’analyse des sociétés créoles. En effet, véritables soubassements des structures sociales, ils rythment la vie des individus à tous les niveaux de l’existence, tant biologique que sociale et ce dans les domaines de la langue, de la vie quotidienne, de la religion, des conduites du corps…. Les rites imprègnent, dès le plus jeune âge, le vécu de chaque membre des 1 Pour les différentes acceptions du terme créole selon les époques et les lieux, nous renvoyons le lecteur à Chaudenson (1974). 2 Cité par Jonassaint, 2013 (à paraître). 3 Pour un historique de l’anthropologie des sociétés créoles, on peut se référer à Pourchez (ed.), 2013, créolité, créolisation : regards croisés. 4 Ce lien est par exemple décrit, dès 1934 par Michel Leiris dans L’Afrique fantôme (1934). 5 Comme peuvent en témoigner les difficultés des anthropologues créolistes à obtenir une reconnaissance académique de leurs travaux (voir à ce sujet Benoit, 2009 ou Pourchez, 2013).
6 │Introduction sociétés concernées. On en retrouve la description dans la littérature chez des auteurs comme Damas (1939) pour la Guyane, Gauvin (1980) pour La Réunion, Le Clézio (1986) pour Maurice ou Chamoiseau (1994) pour les Antilles. Dans les sociétés créoles, comme dans toutes les cultures de la planète, ils contribuent non seulement à l’organisation de la vie sociale, mais reformulés, syncrétisés, créés à la suite des contacts entre êtres humains, ils contribuent fortement à la structuration des identités.
Le choix de la pluridisciplinarité Cette réflexion pluridisciplinaire associe les travaux d’anthropologues, de sociologues, d’historiens, de psychologues, d’ethnomusicologues, de spécialistes de la littérature issue des aires créoles. Elle croise les regards disciplinaires et examine la manière dont ces rites, présents et passés, se conjuguent dans les sociétés créoles de l'océan indien, de la Caraïbe, de l’Amérique du sud et dans les groupes se revendiquant comme créoles en Australie. Il nous a semblé capital de rendre perméables les barrières disciplinaires afin de donner, aux études créoles, un contenu moins compartimenté, chacun, spécialiste de la littérature, de l’anthropologie ou de l’ethnomusicologie, ayant trop souvent tendance à se focaliser sur sa discipline de référence. Nous analysons la manière dont les rites se manifestent, se transforment (dans la production littéraire des aires créoles, d’un point de vue plus ethnographique, lors des carnavals ou lors de rites plus spécifiques comme dans le cas de la cérémonie de la première coupe des cheveux à La Réunion – sévé mayé), s’adaptent au cœur de nouveaux contextes culturels.
Rites et rites de passage Sujet déjà traité depuis l’époque de Tylor et Frazer, la description et l’analyse des rites constituent, depuis les travaux de Mauss, Durkheim, Van Gennep, Douglas et Turner, l’un des grands sujets de recherche en anthropologie. Ils sont, à cette époque, l’objet d’un triple inventaire : nomenclature des formes, répertoire des fonctions et de leurs mécanismes logiques. L’on doit sans doute à Sir Georges Frazer, dans son célèbre Rameau d’or (1880-1935), les premières analyses associées au rite autour des questions relatives à la magie et à ce qu’il considère en termes de superstitions. Il tente une typologie des rites qui peuvent être « sympathiques », « animistes », « dynamistes » ou « contagionnistes ». Mais comme l’a récemment rappelé Segalen, cette typologie, quelque peu discutable car elle a tendance à extraire le rite de son contexte, possède ses limites et l’école sociologique française a, à l’époque, bien vite réintégré le rite dans son contexte afin d’en analyser la portée sociale (1998 : 14). Pour sa part, Marcel Mauss écrivait au sujet de Frazer, « Il a soulevé le problème de la naissance miraculeuse ; et les anthropologues et les ethnologues en débattent, et maintenant, grâce à lui, les faits abondent à ce sujet. Il a identifié d'innombrables totems. Il a commencé à classer, car il ne prétendit à rien de plus, un grand nombre de tabous et de rites magiques. Il a décomposé les fils de nombreux tissus mythiques. Il a désarticulé de nombreuses cérémonies complexes. En tout, il a été
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non seulement un « anthropologiste social » mais aussi très souvent et très longtemps un archéologue très fin et un historien très ingénieux et très fécond » (1928 : 720).
avant d’ajouter plus loin, « S'il y a des faiblesses, elles proviennent du caractère même de la pensée de Sir James George Frazer. Avant tout, il sait, et avant tout, il sent ; il se préoccupe moins de logique que de convaincre ou de voir » (1928 : 724).
L’apport de Durkheim est également fondamental en ce qu’il tend à rapprocher rites et religion (1912). Dès l’introduction des Formes élémentaires de la vie religieuse, il rappelle ce lien et souligne l’importance de ces « moments d’effervescence collective » qui prescrivent les conduites des individus et renforcent le lien social. On oppose à cette époque les rites « sympathiques » (par analogie) aux rites « contagionnistes » (par contact) ; les rites « directs » (magiques) aux « indirects » (faisant appel à des divinités) ; les rites « positifs » (prescriptifs) aux « négatifs » (interdits). Mais l’apport le plus important à la compréhension des rites nous est fourni par Arnold Van Gennep. Depuis 1909, date de la première édition de son célèbre ouvrage, les publications abondent, qui analysent tant les rites de manière générale que les rites de passage et la manière dont ils déterminent l’appartenance aux classes d’âge. Van Gennep montre que l’enchaînement des rites importe autant que leur contenu. Il distingue une certaine classe de rites « qui accompagnent chaque changement de lieu, d'état, de position sociale et d'âge » (1909 : 14) : ce sont les rites de passage. Partout, explique-t-il, dans le monde ancien, « primitif » ou « semi-civilisé », les portes des villes, les bornes et limites des territoires avaient un caractère sacré : les franchir impliquait toutes sortes de précautions. C'est sur ce motif spatial - celui du franchissement d'un seuil - que Van Gennep construit l'image qui va lui permettre de comparer un très grand nombre de rites, habituellement considérés comme sans rapports les uns avec les autres : rites de fécondité, fêtes calendaires, cérémonies de mariage, baptêmes, circoncisions, rites de purification, cérémonies d'accès à une fonction, à une société guerrière ou religieuse, à un culte totémique ou ancestral, initiations chamaniques, etc. Ces rites de passage sont, dans de très nombreuses sociétés, ceux qui font passer l’individu d’un état à un autre, d’une classe d’âge à une autre, structurant ainsi l’organisation sociale des peuples. Turner (1969), spécialiste de l'Afrique, poussera davantage cette analyse. En 1969, il s'intéresse, en particulier, à leur phase centrale qualifiée de liminaire par Van Gennep. Il remarque que dans certains rites de procréation, d'installation et d'initiation, cette phase centrale est marquée par l'humiliation des bénéficiaires du rite (Journet, 2001). Cette même phase liminaire intéresse Mary Douglas (1971) qui va au-delà du lien entre rite et religion pour rechercher tant le sens que l’efficacité du rituel dans un cadre d’analyse qui permet de commencer à envisager les rites contemporains. En effet, élargissant la définition du rite, qui était jusqu’alors souvent cantonné au champ religieux, à l’analyse du pur et de l’impur, elle pose la question du sens, lequel sens étant susceptible d’être examiné tant dans des sociétés dites traditionnelles que dans le contexte des sociétés dites modernes. En outre, cette recherche du sens autorise la classification et l’interprétation des actes de la vie quotidienne, à condition qu’ils soient producteurs de sens. Ce qui compte, ce sont donc les symboles, pas toujours religieux,
8 │Introduction produits dans des actes, en faisant ce que Turner (1971) considère comme les « molécules du rituel ». Mais comme le note Segalen (1998), la littérature anthropologique nous présente en général les rites comme spécifiques aux sociétés traditionnelles et peu d’auteurs se sont réellement penchés sur les rites contemporains. Nous souhaitons ici ouvrir le champ et examiner la manière dont, en société créole, les regards croisés sont susceptibles de se compléter et d’enrichir le débat. De plus, les rites de passage n’avaient, jusqu’à présent, jamais fait l’objet d’un croisement pluridisciplinaire des regards. Pour rendre compte des différentes facettes des rites en société créole, cet ouvrage est structuré en trois grandes parties : - Les changements d’état ou de statut ; - Les rites calendaires ; - Les nouveaux rites.
Les changements d’état ou de statut Comme l’a parfaitement montré Doris Bonnet (1988) à propos de la maladie, corps biologique et corps social sont indissolublement liés. Ainsi, les changements d’état ou de statut peuvent s’opérer à un double niveau : celui du corps social dans son ensemble, celui de l’individu lui-même. En ce qui concerne le corps social, des auteurs comme Georges Dumézil (1968, 1971) ou Mircéa Eliade (1976) ont souligné toute l’importance tant des mythes fondateurs que des figures des héros dans les cultures : la création d’un mythe possédant un rôle social assimilable, en bien des points, à celui du rite de passage. À la suite de ces travaux, d’autres auteurs, comme Hobsbawm et Ranger (1983) démontrent l’aspect dynamique de l’invention de la tradition, d’une création culturelle qui, si elle est bien présente en Ecosse ou au Pays de Galles, l’est tout autant dans ces sociétés jeunes et en réinvention constante que sont les sociétés créoles6. Les articles de Jean Benoist pour les sociétés de la Caraïbe et de l’océan indien et celui de Mathieu Claveyrolas pour l’île Maurice s’appuient sur le thème du passage originel, de la traversée en bateau. L’article de Jean Benoist, qui inaugure cet ouvrage, rappelle le récit du voyage des engagés indiens vers les îles. Il s’agit en effet du récit d’un passage, celui de l’Inde aux sociétés créoles, d’une société à une autre (à d’autres). Le voyage y devient initiation et rite de passage. Par le culte dévolu à Nagoura Miran, la traversée se transforme en mythe fondateur de sociétés qui perpétuent, par le rituel, un lien aux ancêtres, alors même que ceux-là se trouvent dans l’en-deçà, le monde d’avant. Mathieu Claveyrolas nous montre comment, dans le contexte mauricien, cette réalité du passage se retrouve jusque dans la littérature.
6
On trouve un excellent exemple de ces réinventions culturelles dans Ghasarian (2002).
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Tout individu passe par plusieurs statuts au cours de sa vie. La naissance est l’occasion du premier rite de passage, associé à l’agrégation à un groupe donné. Puis, l’enfance peut être divisée en plusieurs périodes. L’accès à l’âge adulte est le plus souvent accompagné de rites d’initiation. Par l’observance d’interdits vestimentaires ou comportementaux, la grossesse est fréquemment vécue comme une période de marge avant le changement d’état qui fera de l’épouse, une mère. Vient ensuite l'accouchement et, plus ou moins rapidement, sont pratiqués les rites du retour à la vie normale (agrégation). La mère acquiert, après la naissance, un nouveau statut, ce qui fait de l'ensemble de la séquence un rite de passage à part entière. La démonstration peut aussi être faite par l’analyse des rites dits de puberté, par ceux présents durant le mariage, voire durant certains actes de la vie quotidienne. L’article de Christian Ghasarian revient tout d’abord sur l’importance de l’hindouisme dans la vie d’une partie de la population réunionnaise et détaille divers actes sacralisés de la vie quotidienne. Dans un contexte de plus en plus influencé par des modèles de comportements exogènes, ceux-ci, selon la manière dont ils sont conduits et perpétués au sein des familles, sont garants d’un ordre social fondé sur le respect de traditions héritées des ancêtres (ou supposées l’être). Avec l’article de Laurence Pourchez, nous passons, de l’hindouisme à la population réunionnaise de manière plus globale, dans la diversité de ses origines, dans la pluralité des influences qui se manifestent. Il s’agit ici de présenter une naissance sociale caractérisée tant par la reconnaissance d’origines ancestrales souvent choisies par les familles elles-mêmes au sein d’un ensemble souvent mal défini (en raison du peu de transmissions associées à la généalogie) que par leur rejet. L’enfant est alors intégré à une société créole réunionnaise et contemporaine. Il y a, dans ce type de rituel, quelque chose de l’ordre de l’enjeu : enjeu familial (choisir par exemple, l’ancestralité la plus « prestigieuse » possible), enjeu identitaire (s’appuyer sur la manifestation d’ancêtres supposés dans la chevelure d’un bébé afin de conforter les choix identitaires). D’île en île, les dynamiques diffèrent. Ce thème de l’enjeu est traité, dans des contextes différents, par plusieurs auteurs. Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo analyse la manière dont le passage qu’est le mariage est traité dans la littérature mauricienne. Comment le texte littéraire concilie t-il la tradition, le mythe originel présent à l’échelle de la société, et les pressions fournies par le contexte actuel, par l’individu lui-même ? Par le texte littéraire, c’est finalement la nation qui se donne à voir dans sa créolité, dans son hybridation avec ses avancées et ses blocages. C’est en fait tout le dilemme des sociétés créoles qui est posé : s’ancrer dans des traditions supposées ou accepter les évolutions. Conservation ou négociation des rites ? Le sujet du choix du conjoint et du mariage est traité de manière tout à fait complémentaire par Catherine Notredame. En effet, si le mariage tel qu’il est raconté dans la littérature mauricienne est avant tout marqué par la tradition, que celle-ci s’efface ou perdure, les rencontres amoureuses décrites dans le contexte guyanais sont avant tout liées à la reconnaissance de symboles d’appartenance au travers de la présentation de soi (telle que la décrit Goffman, 1973)
10 │Introduction et de rites d’interaction (Goffman, 1974). Aussi, les cellules conjugales interculturelles sont-elles le lieu d’une négociation permanente entre préservation de « traditions » et « évolutions ». Elles apparaissent alors au centre d’un double mouvement de dynamique interculturelle associée à des revendications identitaires. En Haïti, Nadège Mézié nous fait découvrir la « fabrication d’une bonne épouse chrétienne ». Dans cet autre contexte, le processus est différent. Alors que jadis, les unions informelles prédominaient, nous voyons, au travers de l’histoire de MarieLouise et Lafitte, se dessiner, sur fond d’église pentecôtiste, une modification de la norme. Avec la croissance du christianisme évangélique, le mariage est de plus en plus fréquent et socialement valorisé. Les deux dernières contributions interrogent les rites de mort. Stéphane Nicaise pose la question fondamentale de la créolité au sein des rites de passage. Sont-ils influencés par les traditions d’origine de ceux qui sont venus jadis peupler La Réunion ou la mort est-elle, avant tout, un passage effectué au sein de la communauté créole de La Réunion ? La mort, nous apprend Van Gennep (1909) est le dernier rite de passage qui sert à donner au défunt des propriétés nouvelles. Et c’est bien justement de défunts qu’il s’agit ici, et non d’ancêtres. La relation aux morts est centrale et forme, nous dit l’auteur, un point de convergence qui transcende tant le pluralisme religieux présent dans l’île que les multiples évolutions de la société. L’importance traditionnelle des rites de mort dans la socialité martiniquaise est également soulignée par William Rolle. Celui-ci, à travers la description des jours qui ont suivi l’épisode tragique de la catastrophe de Maracaïbo questionne le rapport à la tradition et à l’évolution de la société. En effet, à cette occasion, les rituels traditionnels semblent avoir été bouleversés ce qui fournit, nous dit l’auteur, quelques indices sur les dynamiques de permanence et de transformation des rituels actuellement en cours dans la société martiniquaise.
Les rites calendaires La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux rites calendaires. En effet, si les rites sont accomplis plus fréquemment pour les périodes marquantes de la vie (naissance, mariage, décès…), il existe d’autres rites de passage accompagnant l’accession à des statuts professionnels, religieux, politiques. Ces rites contemporains sont détaillés par Segalen (1998) qui consacre juste quelques lignes de son ouvrage aux carnavals présents en Europe. Mais comme le montre Chérubini (1994), dans une étude qui, si elle est consacrée à la Mauricie québéquoise, possède de nombreuses similitudes avec les contextes présents dans les sociétés créoles, il existe un lien étroit entre « Localisme, fêtes et identités ». Souvent, les rites calendaires se rapportent à de vastes groupes ou ils concernent des sociétés entières. Ces rites de passage peuvent rappeler les rites d'inversion. Le carnaval en fait partie avec cette différence qu'une fois la fête terminée, chacun retourne à ses positions initiales. Selon Turner, la fonction de ces inversions est claire : il s'agit de
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donner à voir le caractère construit et relatif des hiérarchies sociales. Dans les sociétés créoles, les rites calendaires peuvent servir à étudier des phénomènes d’interculturalité, de transculturalité, d’hybridité, de syncrétisme, mais également des styles de vie. Ainsi, le rite apparaît comme un support de signification dont il convient de décoder le message à la lueur du système plus général dans lequel il s’inscrit, afin de mieux comprendre les spécificités d’un peuple qui semble lui donner son sens. Isabelle Hidair analyse, dans la société créole cayennaise, le rite calendaire carnavalesque qui structure la vie sociale et contribue à la construction des identités. Celui-ci redéfinit les frontières « ethniques », chacun revendiquant son existence en Guyane en qualité d’« ethnie » spécifique et profondément étrangère l’une à l’autre. De même, Mylenn Zobda-Zebina étudie le carnaval comme un moyen de mise en contraste de deux sociétés caribéennes : la Martinique et la Dominique. Il constitue un moment d’observation privilégié du processus de créolisation propre à chacune des sociétés. De plus, le temps d’un instant, la dynamique sociale et la nature du lien qui unit les individus les uns aux autres se révèlent. Procession rituelle, théâtrale, mimée, dansée, percussive, le bumba-meu-boi du Maranhão est plus qu’un divertissement annuel lié aux fêtes de la Saint Jean, c’est un mode de vie, une institution de la culture populaire, dont les racines fortes et anciennes apportent, chaque année, une énergie nouvelle. Marie Cousin examine la manière dont les différentes générations s’entrecroisent dans l’organisation de cette fête réalisée en l’honneur de quatre saints patrons, par dévotion et « tradition ». Rituel de résurrection, cyclique, organisé autour de la naissance, du baptême, de la vie et de la mort du bœuf, le bumba-meu-boi n’en est pas moins un miroir de l’équilibre social et politique. Patrick Bruneteaux et Véronique Rochais se penchent sur le carnaval à la Martinique. Pour ces auteurs, il constitue le cheminement liminaire d’un temps à un autre, pensé comme une mort symbolique donnant lieu à une renaissance. Il est ensuite abordé dans sa dimension de rituel d’inversion identitaire, extériorisant lors des jours gras les inégalités socio-raciales issues d’une société postcoloniale façonnée par l’esclavage à travers des figures récurrentes du pouvoir des Noirs. Il véhicule enfin des logiques particularistes qui renvoient en partie au thème précédent tout en le dépassant : la démesure des mises en scène affectant les relations hommes-femmes – les travestis makoumè – symbolise une revalorisation des hommes tout en manifestant un droit de passage pour les homosexuels ordinairement disqualifiés, et très vigoureusement rejetés. En considérant le carnaval et le candomblé comme des espaces collectifs d’enjeux identitaires où se matérialise l’illusion de la transformation du pauvre en puissant, Erika Thomas met en évidence l’apport du cinéma brésilien. Celui-ci présente différents aspects de ces moments rituels de la société brésilienne en révélant leur lien à l’angoisse de la mort et à la quête du père.
12 │Introduction
Les nouveaux rites La troisième partie de l’ouvrage détaille quelques nouveaux rites présents dans les sociétés créoles. Un nombre croissant de travaux est consacré aux nouveaux « rites et rituels contemporains » (Segalen, 1998). Par exemple, si David Le Breton (2005) examine la question des nouveaux rites chez les jeunes en montrant la manière dont ceux-ci concourent à une sorte d’identité collective, qui peut utiliser les marquages du corps comme moyen paradoxal d’intégrer le groupe (mettre sa vie en danger par des conduites à risque pour intégrer le groupe), Claire Calogirou (1995) les aborde à propos de l’intégration, dans la région parisienne, d’adolescents à divers groupes, de skaters, de tagueurs etc… Il s’agit ici d’examiner la manière dont les sociétés créoles sont en mouvement et en évolution, créatrices de nouveaux rites issus des apports exogènes. Comment interpréter diverses conduites comme celles associées aux codes vestimentaires, à la musique, à la manière de se saluer ? Comment la littérature s’approprie-t-elle, met-elle en mots ces nouveaux rites ? Comment, par ailleurs, les discours tenus par les individus dans des sociétés créoles mettent-ils en mots le passage de ces rites, voire leur émergence ? Valérie Aubourg nous fait entrer au cœur des églises « néo-protestantes » présentes à La Réunion. Avec son analyse du phénomène de glossolalie, nous revenons vers Durkheim et le lien étroit établi entre rite et religion. Mais la glossolalie est bien plus que ce lien. Elle participe aussi à un schéma au sein duquel si le rite se vit certes intégré à une pratique cultuelle, il se manifeste aussi par des sons et par des modifications corporelles. Par cet exemple, que l’on peut, à bien des égards, aussi rapprocher de celui de Stéphane Nicaise, l’auteure nous montre la manière dont les rites, sans disparaître, sont transformés au sein des nouvelles configurations religieuses. La question de l’adolescence et de sa relation à la norme et aux rites est au cœur de la troisième partie de cet ouvrage. Jean-Pierre Cambefort nous donne tout d’abord une lecture des frontières entre rite, rituel et ritualisation. S’appuyant sur les bases fournies par l’éthologie (Huxley, 1971) et les sciences de l’éducation, il décrit les comportements ritualisés d’adolescents réunionnais en situation d’inadaptation sociale. Alors que pour ces adolescents en grande difficulté, les rites d’interaction classiques sont difficiles, voire impossible, d’autres comportements ritualisés prennent le relais, basés sur une communication non verbale ou sur des codes langagiers spécifiques aux contextes d’énonciation, le tout influencé par des codes sociaux spécifiques différents de ceux des adultes. La fonction des comportements ritualisés est alors, selon l’auteur, de perpétuer des relations de dominance / subordination, parfois fondées sur la violence. Dans une population somme toute assez proche mais avec une méthodologie et une lecture différente, Philippe Vitale et Patricia Chateau s’intéressent aux ga la kour, jeunes hommes d’origine populaire, qui s’identifient fréquemment à un kartié, un territoire. Ces jeunes, plutôt stigmatisés au sein de la population, ont mis en place un certain nombre de rites et de comportements ritualisés basés sur des signes de reconnaissance
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tant en terme de mode de salutation (le tchek) « signifiant métissé, créolisé d’un signifié co-construit par les médias et par les Réunionnais » que sur la base d’une « américanité » créolisée qui s’étend également aux modes vestimentaires. Nicolas Walzer s’intéresse, quant à lui, à la « tribu » metal-gothic réunionnaise. Il étudie notamment l’influence des rites sataniques et païens de métropole sur certains membres de la jeunesse locale qu’elle soit créole ou d’origine métropolitaine. Bien que tout à fait minoritaire chez les jeunes, cette mouvance n’en est pas moins présente et elle se caractérise par un antichristianisme et un athéisme revendiqués qui entrent en conflit avec la forte religiosité présente dans l’île. L’auteur établit un parallèle entre les rites réunionnais, le rapport au sacré traditionnellement présent dans la population et les nouveaux rites développés dans la tranche d’âge des jeunes adeptes du métalgothic. Autre lieu, autres pratiques. Géraldine Morel-Baró Díaz s'intéresse à une modalité du culte afro-cubain : la société secrète abakuá. Elle démontre à quel point le système initiatique de ce culte est un rite de passage entre l'adolescence et l'âge adulte, ce qui le distingue des autres religions afro-cubaines, pour ensuite évoquer les raisons de son succès grandissant auprès de toute une partie de la jeunesse des quartiers populaires havanais. Le processus révolutionnaire, malgré ses multiples tentatives d'éradiquer ce culte, lui donne – contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre à voir – un nouvel élan. Monique Milia-Marie-Luce étudie, pour sa part, le service militaire en Martinique. Son interprétation, en termes de rite de passage, permet d’éclairer un pan de l’histoire contemporaine. Institué en 1913 après des demandes réitérées de la bourgeoisie de couleur depuis 1872, il a, au moyen de la conscription, duré jusqu’en 2001. Considéré comme un rite de passage du seuil de l’adolescence à l’âge adulte, il a participé à la construction de la masculinité dans une société au discours familial fortement matrifocal. À travers l’analyse de ces deux tendances – ritualisation et spectacularisation de la fête–, Guillaume Samson montre comment la musique et la danse témoignent, de façon plus générale, de dynamiques inhérentes aux mariages réunionnais dans lesquelles le recours à la « tradition » cohabite avec une forme d’« auto-célébration ». L’auteur cherche à caractériser et à interpréter les types de variabilité et de convergence symbolique induits par ces dynamiques, afin de savoir dans quelle mesure la soirée et le bal de mariage réunionnais concourent ou non à faire de ce rite un rite de passage. Le dernier article de cet ouvrage prouve à quel point les analyses qui y figurent peuvent s’appliquer à d’autres contextes. Martin Préaud s’arrête sur le festival culturel régional aborigène organisé régulièrement depuis les années 1970 dans la région du Kimberley. Il s’agit d’un événement au sein duquel se conjuguent des logiques culturelles et politiques caractéristiques de l’autochtonie contemporaine en Australie. Tout en soulignant les singularités des participants, le festival réunit aussi les membres d’un groupe ethnique (Barth, 1969), délimité par l’usage de la langue Kriol, qui ne donne cependant pas lieu à des constructions identitaires. En replaçant le festival dans son contexte historique et en analysant ses effets pratiques, cet article analyse le festival
14 │Introduction comme un rite de passage produisant la réalité paradoxale d’un Kimberley aborigène – entité créolisée mais se définissant comme autochtone dans le cadre multiculturel australien.
Revisiter les études sur les rites Depuis les débuts de l’anthropologie, les rites ont, le plus souvent été décris dans des contextes figés, comme si les sociétés ne pouvaient évoluer, comme si les rites étaient fixés dans un temps immuable. Or, ce qui fait justement la spécificité des sociétés créoles, c’est leur aspect dynamique, leur fluidité, leur perméabilité aux apports exogènes qui sont reformulés, sans cesse réinventés au sein de ce qu’Ulf Hannerz a nommé « un écoumène global » (1992). C’est finalement l’enjeu de cet ouvrage : montrer que, dans un contexte de globalisation où tout change et se transforme à grande vitesse, les recherches sur les rites ont tout à gagner à s’intéresser aux sociétés créoles ; rappeler que les études créoles, si longtemps dédaignées par certains chercheurs, pourraient bien (et le récent ouvrage publié par Ulf Hannerz (2010) nous conforte dans cette idée) donner certaines des clés d’analyse nécessaires à une anthropologie du XXIe siècle qui doit nécessairement revisiter tant sa méthodologie que ses certitudes.
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16 │Introduction SEGALEN, M., 1998, Rites et rituels contemporains, Paris : Nathan. TURNER, V., 1969, Le Phénomène rituel. Structure et contre-structure, Paris : PUF. VAN GENNEP, A., 1974, [1909, Paris : Nourry], Manuel du folklore français contemporain , Tome I, 3 : Les cérémonies périodiques, cycliques et saisonnières, Carnaval-Carême-Pâques, Paris : Picard. VINSON, J., 1884-1890, « Créoles (linguistique) », in « Dictionnaire des sciences anthropologiques » Ad. Bertillon et alii, Paris, pp. 345-347
Laurence Pourchez & Isabelle Hidair
Rites et constructions identitaires créoles Sous la direction de :
Prix public : 35,00 euros ISBN : 9782813001023
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Rites et constructions identitaires créoles
Laurence Pourchez est anthropologue, maître de conférences HDR au sein de l’UFR Santé de l’Université de La Réunion. Isabelle Hidair est anthropologue, maître de conférences à l’IUFM, Université des Antilles et de la Guyane.
© Image de couverture : Henri Griffit, Neg Marron, 1989, Carnaval de Cayenne, Guyane
Cet ouvrage pluridisciplinaire associe les travaux d’anthropologues, de sociologues, d’ethnomusicologues, de spécialistes de la littérature présente dans les aires créoles. Il s’agit de croiser les regards et d’examiner la manière dont les rites (de passage, calendaires, nouveaux rites), présents et passés, se conjuguent dans les sociétés créoles de l’océan indien, de la Caraïbe, de l’Amérique du sud et dans les groupes se revendiquant comme créoles en Australie. En effet, véritables soubassements des structures sociales, ils rythment, à tous les niveaux de l’existence, la vie, tant biologique que sociale des individus et ce dans les domaines de la langue, de la vie quotidienne, de la religion, des conduites du corps... Dans les sociétés créoles, comme dans toutes les cultures de la planète, ils contribuent non seulement à l’organisation de la vie sociale, mais reformulés, syncrétisés, créés à la suite des contacts entre êtres humains, ils contribuent fortement à la structuration des identités. Nous analysons la manière dont les rites se manifestent, se transforment, s’adaptent au cœur de nouveaux contextes culturels.
Sous la direction de :
Laurence Pourchez & Isabelle Hidair
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