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AMANDINE DHÉE
Et puis ça fait bête d’être triste en maillot de bain > ROMAN
9 782917 817100
Les tribulations de deux auteures au caractère bien trempé, aux prises avec une commande d’ écriture à quatre mains sur un quartier à l’histoire ouvrière en berne. On s’ amuse des rendez-vous ritualisés qu’ elles se fixent dans tous les cafés du coin pour y faire le point sur l’avancée de leurs investigations. Un comique de situation largement exploité dans leurs échanges à bâtons rompus autour d’une histoire en train de s’ écrire, de personnages en mal de dramaturgie, ou encore de conflits d’ ego… Les difficultés de l’ exercice de la commande sont traitées au fil de dialogues doux-amers vivifiants qui nous invitent dans l’ envers du décor. Si la fiction s’inscrit ici dans une forme de réalité, c’ est bien elle qui l’ emporte, au final. Carole Fives est née dans le Nord, elle partage son temps entre les arts plastiques et la littérature. En 2010, elle obtient le prix Technikart pour Quand nous serons heureux paru aux éditions Le Passage. Amandine Dhée est née aussi dans le Nord… Elle écrit et arpente les scènes pour y confronter son écriture inspirée de la vie quotidienne. Son premier ouvrage, Du bulgom et des hommes, est paru aux éditions La Contre Allée en 2010. En complément audio, Carole Fives et Amandine Dhée dialoguent avec la musicienne Louise Bronx au fil d’une lecture musicale en aparté.
WWW.LACONTREALLEE.COM ISBN 978-2-917817-10-0 / 13 €
AMANDINE DHÉE ET PUIS ÇA FAIT BÊTE D’ÊTRE TRISTE EN MAILLOT DE BAIN
COLLECTION LA SENTINELLE UNE ATTENTION PARTICULIÈRE AUX HISTOIRES ET PARCOURS SINGULIERS DE GENS, LIEUX, MOUVEMENTS SOCIAUX ET CULTURELS.
AMANDINE DHÉE
Et puis ça fait bête d’être triste en maillot de bain
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Elle est laide, aurait dit ma grand-mère lorsque je suis venue au monde. C’ est qu’ il faut me voir, tout juste sortie du ventre. Mes yeux qui débordent du visage sans jamais voir vraiment. Mes secousses du corps, impossibles à soulager. Pesée, mesurée, testée. On me jette de petits coups d’ yeux, on chuchote de moi. Les infirmières marchent feutré. Il fait chaud. Ça sent le produit de nettoyage et de soignage, le bonheur et la confusion. Les visiteurs égarés ravalent leurs points d’ interrogation. T’ as eu mal ? T’ es recousue ? T’ as vu comme il est bizarre, ton bébé ? Mes parents, dans une tentative désespérée, m’ enfouissent sous un bonnet mignon, du coton coloré, prennent soin de me tenir à
et puis ça fait bête d'être triste…
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l’ endroit, et même, me nomment. Je vous en supplie, disent-ils de leurs yeux creusés. Faites comme si. Alors la communauté se tait, ou plutôt, dit les mots qu’ il faut dire. Et malgré le doute qui persiste, elle hoche la tête. Plus tard quand ça se sera rembourré, quand ça se tiendra, elle reconnaîtra, soulagée. C’ est un Bébé humain. Voilà ce que ma grand-mère a sans doute confusément ressenti. Mais les mots manquent souvent pour dire ce qui pèse sur le ventre. Elle a donc tenté ce Elle est laide, un peu sommaire. Ensuite, les versions diffèrent. Ma mère assure que j’ ai été en couveuse, mon père dit que non. Comme je suis très frileuse, je crois que ça m’ aurait plu.
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Nous sommes nourris aux radiocassettes. La musique qui annonce les histoires, gravée pour longtemps dans mes replis. Le livre d’ images. Un son de cloche qui dit qu’ on peut tourner la page, Ding ! Tournez la page. Gobolino qui est un chat de pirate, la petite fille aux allumettes qui a personne pour s’ occuper d’ elle alors que tout le monde mange de la dinde avec des bougies, les fées qui refusent d’ aider leur reine à préparer un gâteau et qui n’ en auront pas pour elles, c’ est dommage parce que le gâteau sent tellement bon, Grogre le petit Ogre qui prend des risques à aller rencontrer des monstres, peut-être parce qu’ il a qu’ un seul œil planté au milieu du front, les agneaux attaqués par le loup qui a mis de la farine sur sa patte pourtant leur mère les avait bien