à télécharger
PRINCESSE INCA
PRINCESSE INCA
La femme-précipice > roman
9 782917 817100
Les tribulations de deux auteures au caractère bien trempé, aux prises avec une commande d’ écriture à quatre mains sur un quartier à l’histoire ouvrière en berne. On s’ amuse des rendez-vous ritualisés qu’ elles se fixent dans tous les cafés du coin pour y faire le point sur l’avancée de leurs investigations. Un comique de situation largement exploité dans leurs échanges à bâtons rompus autour d’une histoire en train de s’ écrire, de personnages en mal de dramaturgie, ou encore de conflits d’ ego… Les difficultés de l’ exercice de la commande sont traitées au fil de dialogues doux-amers vivifiants qui nous invitent dans l’ envers du décor. Si la fiction s’inscrit ici dans une forme de réalité, c’ est bien elle qui l’ emporte, au final. Carole Fives est née dans le Nord, elle partage son temps entre les arts plastiques et la littérature. En 2010, elle obtient le prix Technikart pour Quand nous serons heureux paru aux éditions Le Passage. Amandine Dhée est née aussi dans le Nord… Elle écrit et arpente les scènes pour y confronter son écriture inspirée de la vie quotidienne. Son premier ouvrage, Du bulgom et des hommes, est paru aux éditions La Contre Allée en 2010. En complément audio, Carole Fives et Amandine Dhée dialoguent avec la musicienne Louise Bronx au fil d’une lecture musicale en aparté.
WWW.LACONTREALLEE.COM ISBN 978-2-917817-10-0 / 13 €
Princesse Inca La femme precipice
COLLECTION LA SENTINELLE Une attention particulière aux histoires et parcours singuliers de gens, lieux, mouvements sociaux et culturels.
La femme -précipice La Mujer-precipicio
Traduit de l’espagnol PAR LAURENCE BREYSSE-CHANET
Pour télécharger le complément qui vous est offert, munissez-vous de votre ouvrage et rendez-vous sur www.lacontreallee.com/lesaudios
T AI
EX
TR
Dédié à mon père, Francisco Martín González, à la mémoire de ses yeux verts sereins.
EX TR AI
T
AI
T
À ceux qui sont restés endormis dans le jamais
EX
TR
À ceux qui sont restés endormis dans le jamais, à ceux qui rêvent leurs vérités et se les refusent, à ceux qui ont très peur et pleurent pour tout et se cachent la tête de honte. Aux timides, aux solitaires, aux étranges, à ceux qui doutent et qui doutent, et qu’ on appelle faibles ou immatures. À ceux qui dorment dans le lit froid d’ un hôpital psychiatrique, aux mères qui tiennent la main de leur fils enfermé là. Je vous dis : qu’ on ne nous vende pas de vérités, la vérité n’ existe pas. La Vérité et la Raison sont des créations de l’ être humain, pour faire mal, pour mesurer. Il faut lutter contre le silence et l’ ignorance, nous ne sommes pas malades. Qui possède la vérité absolue, la réalité absolue ? Qu’ il la dévoile, qu’ il la montre s’ il le peut ! Mensonge, mensonge, elle n’ existe pas ! À ceux qui ont des cicatrices car ils se sont coupé les veines, à ceux qui ont réussi à ne pas se couper les veines.
la femme-précipice
T
4
EX
TR
AI
À ceux qui sont paralysés d’ angoisse, paralysés pour être, aimer, rêver. À ceux qu’ on appelle paresseux, idiots, fous, faibles. N’ écoutez pas la voix de ceux qui ne vivent que pour avoir. À ceux qui par angoisse fument deux paquets par jour. À ceux qui ne sont pas sociables, ni aptes, ni lucides, ni extrovertis, ni empathiques, ni assurés, ni normaux. À ceux qui ne réussiront jamais un test psychotechnique, à ceux qui ont leurs cachets dans leur sac et rien dans leur porte-monnaie, à ceux qui sont maintenant attachés à un lit et ne nous entendent pas. Aux psychiatres qui étreignent leurs malades et ont demandé conseil un jour à celui qu’ ils nomment schizophrène. À nous qui avons un certificat d’ incapacité et qui lisons Lorca et Nietzsche et ce qu’ il faut. À ceux qui n’ ont pas supporté le tunnel et sont partis pour toujours, à nous qui traversons chaque jour le tunnel nous accrochant ne serait-ce qu’ aux murs noirs. À tous ceux qui savent ou veulent nous écouter et ne se fient pas qu’ aux manuels, livres, thèses, études et statistiques. Aux psychologues qui nous embrassent. À nous qui sommes passés par l’ enfer et le ciel et ne voulons plus y retourner.