robert
rapilly « En se donnant, plein gré, de stimulantes contraintes formelles, Robert Rapilly ajuste proses, poèmes, lettres, lexique industriel et brefs tableaux d’un dépaysement dans le temps et l’espace pour faire vivre une aventure plausible et hors normes à son personnage Mauraens, parti un beau jour de Lille pour embarquer à Marseille à destination de Buenos Aires puis de Santa Fe. » Jacques Josse Remue.net
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El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly juillet 2011
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Revue de presse 2012 1er Mai L’apprenti saucier
Remerciements 1 (l’AS prend son temps) : ébauche d’un portrait de Robert Rapilly L’Appentis Saucier n’est pas un blog autogène, un miracle ymphormatique (1). Il résulte d’un groupe de pression trinitaire. Robert Rapilly, qu’on devrait rebaptiser Obet Apilly si l’on s’en tenait à la démarche de RR lorsqu’il a baptisé «L’Appentis Saucier», est l’une des trois sages-femmes de cet accouchement dans lequel il a joué un rôle prépondérant dont il devra répondre un jour. Présentons donc Robert Rapilly au cas où, regrettable lacune (2), vous ne le connaîtriez point encore. Robert Rapilly est peintre tous les jours de la semaine, toutes les nuits aussi. Il dépose sur toutes sortes de supports, essentiellement du carton récupéré, d’époustouflantes figures, d’intrigants portraits, de mystérieuses compositions totémiques où court, circule, s’insère, s’immisce, surgit, parmi un tas d’autres teintes roboratives, le bleu. Bleu de cobalt surtout, sa couleur-signature, fil conducteur qu’on retrouve dans toutes ses œuvres : pour un échantillon, regardez là haut à droite de la page, le petit bout de ciel qu’on aperçoit au fond de la prairie dans laquelle s’entreconsidèrent paisiblement un loup débonnaire en dépit de sa longue canine et un Chaperon Rouge impertinent comme Zazie … Ce loup, peint par Robert Rapilly, appartient à une lupocollection qu’on a pu admirer sur les «Fenêtres qui parlent», musée éphémère lillois. Lorsque Robert ne peint pas, il écrit – le plus souvent de la poésie, mais pas que ; quand il n’écrit pas, il compose. Lorsqu’il ne fait rien de tout cela, il réfléchit à l’ensemble de ses activités oulipiennes. En dehors et de surcroît, il anime des ateliers d’écriture avec inépuisable générosité, entre autres pendant le festival Pirouésie à Pirou (Manche), voyez http://www.pirouesie.net/ . Mais pas que. Ainsi, cahin caha, pendant la vingt-sixième heure de sa journée, Robert s’occupe de la promotion d’autres blogs, de l’assistance à blogueuse débutante, de l’illustration de l’Appentis Saucier … Dans les intervalles que ça lui laisse, il adresse des messages d’encouragement et de motivation et se charge par exemple de la publication des premiers textes … Enfin, lorsqu’un tout petit moment de repos lui advient, peut-être grignote-t-il un quart de biscotte ou dort-il une nano-seconde tout en notant des choses sur des petits bouts de papier, calepins, bouts de carton, etc. (Robert Rapilly sait écrire en marchant, ce qui est bien pratique et déchaîne
mon envieuse admiration). Tout cela lui laisse encore un peu de temps pour concocter des calembours incroyables mais vrais (la «femme au foyer», idéal landruéen). Pour un regard global sur la synthèse des activités rapilliennes : robert.rapilly@free.fr ; on peut traquer sur ce blogue les peintures à la marée bleue de RR disséminées ici ou là dans les billets publiés. En ce moment, juste en dessous du vase en camaïeu d’azur ornant la page, un portrait de l’ami Botul aussi carmin que safre d’ailleurs, dont la photographie permet de bien voir le travail de peintre/auto-encadreur qu’effectue Robert Rapilly en superposant, écorchant, creusant et cutterisant le carton jusqu’à ce que le pourtour du tableau devienne un objet artistique à part entière cernant d’une harmonie bienveillante le cœur de l’oeuvre. Ensuite ou d’abord, vous découvrirez de lisu les magnifiques écritures de Robert Rapilly, que commenter serait un exercice stérile, mieux plonger dans l’original, se balader dans les billets, courir sus aux liens, prendre un bain de poèmes, un train de poèmes … A propos de prendre le train : procurez-vous le livre intitulé El Ferrocarril de Santa-Fives, œuvre étrange qui fera l’objet d’un billet ultérieur (éd. La Contre-allée - http://www.lacontreallee.com/). --(1) Toute personne saisie de timidité, de dyspraxie, de paralysie des membres supérieurs, d’un ramollissement du cerveau et/ou d’une crise de fureur irrépressible lorsqu’elle est en présence d’un clavier et d’une souris, peut émarger au club des Tanches Ymphormatiques. L’adhésion est libre, toute sortie est définitive. (2) «Lacune» : le papa d’un collégien que je recevais fréquemment, flanqué de son rejeton rétif aux apprentissages, dans un bureau occupé du temps que je gagnais ma vie à l’Education Nationale en vue d’administrer au mouflet l’habituel discours mixé de semonces et d’appel à la morale élémentaire, ce papa donc, désireux de s’impliquer complètement dans un acte co-éducatif, se tourna un jour vers son fils après m’avoir écouté dans un silence recueilli, et lui asséna ce propos proprement sélénien l’air de rien, la dextre sur le cœur et la senestre levée comme dans un vitrail : «tu vois, Abou Bakr, tu dois écouter la dame et bien apprendre toutes tes leçons, apprendre tout, tout, tout. Sinon, attention : Madame la Lacune va faire son apparition !» La poésie s’invite partout où on lui ouvre une porte.
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El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly juillet 2011
Insolite
Une épopée industrielle en forme de poème
Les (éditions) La Contre Allée ont fait paraître à l’été 2011 un livre étonnant : ni roman, ni récit historique, Le Ferrocarril de Santa Fives est un «voyage-poème» qui fait revivre l’épopée de l’entreprise lilloise FCB (Five-Cail-Babcock) et de Manuel Mauraens, ouvrier promu contremaître que l’on envoie en Argentine superviser les travaux du chemin de fer ralliant Santa Fe à Tucumán.
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Voir à ce sujet l’article d’Hélène Géli, intitulé « Fives, fleuron de l’industrie sidérurgique du Nord », paru dans le n°9 d’Histoire d’Entreprises. 2
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nstallées dans le quartier de Fives, à Lille, les (éditions) La Contre Allée1 s’attachent – notamment – à valoriser l’histoire de ce territoire marqué par une très forte industrialisation aux XIXe et XXe siècles. Le Ferrocarril de Santa Fives est d’ailleurs né de recherches menées par les éditeurs sur la vie industrielle de leur quartier. Ayant entendu dire qu’il existait sur le sol argentin une petite ville nommée Fives Lille, ils ont collecté des informations auprès des habitants du quartier, auprès des Archives nationales du monde du travail, ont exhumé documents et archives. Ils ont découvert qu’effectivement, une ligne de 650 km de chemin de fer avait été commandée par la République d’Argentine à l’entreprise FivesCail-Babcok à la fin des années 1880. L’usine avait envoyé là-bas des ingénieurs et de la main d’œuvre, et avait fait construire une gare au milieu du désert… Rapidement, un petit village s’était développé, prenant le nom de Fives-Lille2. Aujourd’hui, la ville existe toujours : elle a été rebaptisée Vera y Pintado en 1951, mais on y trouve encore les infrastructures abandonnées de la compagnie française venue travailler à cet endroit à la fin du XIXe siècle. La Contre Allée a confié cette matière historique à Robert Rapilly, qui en a fait un texte poétique écrit sous la houlette des maîtres de l’Oulipo. Un voyage-poème qui contribue à faire revivre la mémoire collective et l’histoire internationale de Fives-Cail-Babcock.
oulipien
COMPTE RENDU ANNUEL DE LA DIRECTION AUX ACTIONNAIRES & OBJECTIONS SYNDICALES Mois de novembre mil huit cent quatre-vingt-huit, l’espoir – comme un lingot du fond d’un coffre – luit ! Nous nous félicitons, au nom de Fives-Lille, que l’effort consenti ne fût pas inutile : commande d’un réseau pour les chemins de fer de l’État argentin ! Il nous faut achever l’ouvrage sans retard. Combien de kilomètres ? Près de six cent cinquante. Accord en toutes lettres : bâtir puis exploiter l’équipement rivé entre San Cristóbal, secteur de Santa Fe, et Tucumán au nord, capitale du sucre. L’Indigène, on le sait, travaille à peu de lucre : jadis on l’a fixé sous charpente et métaux où raffiner la canne en mélasse et cristaux. Au nord de Santa Fe, les gens de Tucumán souffrent chez eux l’exil et redoutent demain. L’Usine les arrache aux rentes vivrières. Console-t-on la faim moyennant des salaires ? Doublons nos gains anciens de nouveaux dividendes, apportés d’Atlantique à l’orient des Andes ! Cette concession vient du gouvernement, la garantie en sus. Et fort commodément, il fut constitué, par nos soins, Compagnie Française des Chemins de Fer Argentins. Vie longue y soit donnée ! Et cependant je vois prudence à conserver dans un panier fivois une part des œufs d’or. Pour la forge fivoise, la banque de Paris et des Pays-Bas croise foule de souscripteurs, à qui nous répondrons en achevant la Ligne aux délais les plus prompts. Nous aurons couronné de vertus offensives l’éternité promise à l’Usine de Fives ! Les gens de Tucumán au nord de Santa Fe vivaient jadis du champ qu’ils avaient cultivé. Que l’Usine accomplisse une géante geste, elle oublie à son seuil l’ ancestrale sagesse. Robert Rapilly, El Ferrocarril de Santa Fives, (éditions) La Contre Allée, collection « La Sentinelle », été 2011.
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Collection - Ladel Sentinelle Recuerdos ferrocarril que nos sigue uniendo El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly
29 Novembre El Littoral
Maraiana Rivera
juillet 2011
Un libro editado en Francia recrea la historia de algunos obreros de la empresa Fives Cail que llegaron al1/2 norte de nuestra provincia para construir el ferrocarril, en 1890, y fundar lo que después fue Vera y Pintado. De Raíces y Abuelos entrevistó a su autor.
Recuerdos del ferrocarril que nos sigue uniendo
TEXTOS. MARIANA RIVERA. FOTOS. GENTILEZA MARIELLE LEROY.
de su memoria y su devenir”. Puntualmente, Rapilly guió a los participantes “en pos de las huellas de los obreros de Fives Cail que se fueron en 1890 a la Argentina a construir el ferrocarril y fundar el pueblo Fives Lille, hoy Vera y Pintado”. Esa actividad -en donde Rapilly leyó lo que había escrito sobre el tema- le permitió descubrir a una persona muy anciana cuyo abuelo se había venido a la Argentina. De allí surgió la idea de escribir este libro. Gracias al contacto que De Raíces y Abuelos mantiene con Marielle Leroy (ver Antecedentes), ella hizo de “intermediaria” para poder entrevistar al escritor sobre su obra vía e-mail. Gentilmente le reenvió nuestras preguntas y posteriormente tradujo sus respuestas. Pero esta nota tampoco hubiera sido posible de finalizar sin la colaboración de la periodista Agustina Mai, quien también colaboró en la traducción de ciertas partes del libro y de un video que da cuenta de la presentación de esta obra en Lille. EN PRIMERA PERSONA A continuación, transcribimos la entrevista con el autor : - ¿Cómo surgió la idea de escribir este libro? “Les fenêtres qui parlent” (Las ventanas que hablan) es un evento Un libro editado en Francia recrea la historia de algunos Robert Rapilly (izq.), durante la lectura de su libro “El-anual Ferrocarril de Santa Fives”. en el cual los artistas continúan una tradición del norte de obreros de la empresa Fives Cail que llegaron al norte de nuestra provincia para construir el ferrocarril, en 1890, Francia, exponiendo objetos decorativos en las ventanas, de maEl ferrocarril es el punto en común que tienen Vera y Pintado, localidad ubicada al norte de nuestra provincia y fundar lo que después fue Vera y Pintado. De Raíces y nera que los transeúntes puedan verlos. Hace dos años, encontré a la gente de Ediciones La Contre Allée se había apasionadoEn -a la queentrevistó llamaronaen orígenes Fives Lille-, y la ciudad de Fives, situada al norte deque París, en Francia. Abuelos su sus autor. por el descubrimiento de la existencia de Fives Lille en 1890, gran cantidad de pobladores oriundos de Fives emigraron a la Argentina para trabajar en la Argentina. Yo, por mi parte, llevaba varios años El ferrocarril es del el punto en común quetanto tienenprogreso Vera y Pintado, construcción ferrocarril -que trajo a nuestra provincia- y fundar este pueblo santafesino. localidad ubicada al norte de nuestra provincia -a la que llama- escribiendo sobre el Lille Fives francés. Mis poemas se nutrieron ron en sus orígenes Fives Lille-, y la ciudad de Fives, situada al entonces de esta materia. Una “artista plástico”, Delphine SekuRobert Rapilly, un escritor degran esa cantidad localidad, escribió elzak, libro Ferrocarril Santa Fives”, una ficción que los “El expuso después porde la ciudad. norte de París, en Francia. En 1890, de pobladores
cuenta historia común ambospara poblados oriundos esta de Fives emigraron a la de Argentina trabajarpero en la que está documentada con hechos reales y testimonios de ¿Qué usted con de la histoconstrucción del ferrocarril -que tanto progreso trajo a nuestra descendientes de franceses que han emigrado, algunos -de losrelación cualestenía volvieron y el/los otrosprotagonista/s no, o de descendientes ria? provinciay fundar este pueblo llegó santafesino. de testigos. Un ejemplar hasta nuestra redacción enviado por la encargadafueron de laloseditorial lo esos - Los primeros protagonistas habitantesque mismos, publicó: Marielle Leroy, de Ediciones La Contre Allée. que nos ofrecieron el uso de sus ventanas para exponer sus objetos Robert Rapilly, un escritor de esa localidad, escribió el libro “El Ferrocarril de Santa Fives”, una ficción que cuenta esta historia
decorativos. Algunos han encontrado huellas del viaje a Argen-
tina dededicada sus propiosalantepasados. Todos tienen eunhistórico recuerdo muy El escritor había participado añodocumentada pasado de con unaheactividad patrimonio cultural de esa común de ambos poblados pero queelestá vivaz de la inmensa fábrica, los talleres y las viviendas lindantes, chos reales y testimonios de descendientes de franceses que han ciudad, organizada por La Contre Allée y una institución de vecinos del barrio de Fives, en Lille, que integra emigrado, algunos de los cuales volvieron y otros no, o de des- que ocupaban la superficie de una ciudad entera. Los protagonisMadeleine Sergeant. La propuesta incluía una actividadtasen están las artes plásticas llamada dedonde la historia son, presentes excepto Manuel Mauraens, un conjunto de cendientes de testigos. Un ejemplar llegó hasta nuestra redacción personalidades a quienes me hubiera gustado encontrar en aquel “Las ventanas que hablan”. enviado por la encargada de la editorial que lo publicó: Marielle Leroy, de Ediciones La Contre Allée.
entonces : técnicos, pedagogos, artistas, entre otros, una variedad de gente enamorada 1888 de las novedades delque futuro. guiada y literaria: losenclaros (entre nubes)”, consiste en
Rapilly tenía a su cargo lo que denominan “Visita El escritor había participado el año pasado de una actividad de“realizar paseos poéticos, sensibles e imaginarios y guiar al público por espacios elegidos de Fives, en la dicada al patrimonio cultural e histórico de esa ciudad, organi- - ¿Cuáles fueron sus fuentes de información para su libro? búsqueda de su arquitectura, pero también de su memoria y su devenir”. Puntualmente, Rapilly guió a los zada por La Contre Allée y una institución de vecinos del barrio - Usted primero (N. de la R.: en referencia a la nota publicada en DeCail Raíces y Abuelos). En en el libro vienen agradecimientos participantes de Madeleine las huellas de losLa obreros de Fives que se fueron 1890 a la los Argentina a de Fives, en Lille,“en quepos integra Sergeant. propuesta incluía una actividad en donde están presentes las artes plásticas llamada “Las ventanas que hablan”.
Rapilly tenía a su cargo lo que denominan “Visita guiada y literaria: los claros (entre nubes)”, que consiste en “realizar paseos poéticos, sensibles e imaginarios y guiar al público por espacios elegidos de Fives, en la búsqueda de su arquitectura, pero también
que le dirijo así como a sus compatriotas Gloria Vanetti y Luisa Laborie. Las fuentes procedentes del lado argentino han precisado una visión borrosa de su país. Aquí pude disponer -en lo que se refiere a la expansión industrial del mundo en el siglo XIX y, en particular ,la aventura de la compañía de Fives- de muchos documentos. Por ejemplo: la revista “Le Tour du Monde” (“La Vuelta al Mundo”) que conservan en la Biblioteca Nacional de Francia,
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y en la que Emile Daireaux cuenta su viaje a la Argentina hace 120 años. Una ciudad argentina se apellida como él, según me dijo un anciano de 90 años, su primo segundo, a quien encontré en Normandie, una región de Francia. Otro protagonista del libro, Conrad Clayes, es el abuelo de la vecina “fivoise” de Ediciones La Contre Allée. Esta señora me entregó la copia del contrato de trabajo escrito a mano: todo está dentro, con todos los detalles, incluidas las disposiciones del viaje transatlántico desde Marsella hasta Buenos Aires. - ¿Conocía la relación que tenía Francia con Argentina respecto al desarrollo de sus ferrocarriles? - La fui descubriendo, conforme iba escribiendo. Los archivos de la Compañía están en Roubaix, no muy lejos de Lille. Por ejemplo, encontré una reseña que concierne la consecución del mercado y la realización de las obras entre Tucumán y Santa Fe. - ¿Conoce otras familias que tengan esta relación con Argentina? - Mucha gente que tiene un vínculo con Argentina me lo cuenta ahora. Este verano, se me presentó a una mujer de Buenos Aires de paso por Francia muy sorprendida cuando se enteró de que existía una cría de carneros importante en el siglo XIX. Me dijo que El Ferrocarril de Santa Fives escrito por un francés tan lejano como yo le enseñó cosas sobre su propio país. - ¿Por qué eligió esta forma de poemas-textos para narrar esta historia? - Es mi manera de escribir. Las personas que me leen me hacen advertencias de dos tipos. O abren el libro de manera azarosa, como se lo puede hacer con un poemario para tomar un momento preciso de la historia. O leen el libro en orden, y a pesar de los “blancos” entre dos textos, van percibiendo poco a poco una especie de impulso. Funciona como en el cine, invención contemporánea a nuestra ficción. El desfile de una sucesión de imágenes fuertemente impresas restituye una sensación dinámica : el viaje de Manuel Mauraens. - ¿Tuvo la oportunidad de viajar a nuestro país a conocer los lugares que nombra en su libro? - Todavía no, pero la escritura de El Ferrocarril de Santa Fives me ha dado ganas de hacerlo. - ¿Podría dejar un mensaje o conclusión sobre su libro? - El libro no se acaba con un punto sino con una coma, señal de una continuación posible. Antes, Argentina formaba parte de esos países que uno sólo conoce en el mapa y ahora se ha convertido en un país preciado para mí. Le atribuyo “un algo más fuera del sentido inteligible, en comunicación con nuestra alma y nuestro espíritu”. - ¿Cuál es su actividad laboral actual y dónde vive? - Vivo en Hellemmes, ciudad obrera adosada a la fábrica de Fives. Me paso el tiempo escribiendo. Mis amigos literarios más próximos son “Oulipiens”, grupo de poetas y escritores que había propuesto a Julio Cortázar unirse a ellos, justo antes de que él falleciera.
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Antecedentes En febrero de 2010, Madeleine Sergeant, quien integraba una asociación de vecinos de la ciudad de Lille, situada al norte de Francia, mandó un mail a De Raíces y Abuelos. Vive en un barrio llamado Fives, que organiza una actividad artística llamada “Las ventanas que hablan” (Les Fenêtres qui Parlent, en francés). Nos explicaba que -al ver una nota publicada en De Raíces y Abuelos- “nos enteramos de que en Argentina había una localidad llamada Fives Lille (hoy Vera y Pintado) debido a la presencia, en la región de Santa Fe durante el siglo pasado, de la fábrica Fives Cail, que llegó para construir el ferrocarril argentino. El hecho de que una ciudad argentina se llamara como nuestro barrio nos intrigó mucho y decidimos tomar el tema para nuestra manifestación durante la primavera 2010”. Fue así cómo comenzó nuestra vinculación con aquella institución francesa, a la que se sumó -obviamente- Gloria Dayer de Vanetti, autora de la nota en cuestión, quien periódicamente envía sus investigaciones sobre aquella comunidad. Finalmente, el intercambio de información que se inició a partir de este contacto entre Madeleine y Gloria sirvió para enriquecer un evento cultural que tuvo lugar en septiembre de 2010, en el barrio francés de Fives, en la localidad de Lille. En aquella oportunidad editó un pequeño periódico en el que se daba cuenta de esta historia compartida, hecho que -según aclaró Marielle Leroy, a cargo de Ediciones La Contre Allée, que también participa en la organización de esos eventos culturales- “la mayoría de la gente desconocía el vínculo con Argentina”. Un líder sindical El libro “El ferrocarril de Santa Fives” cuenta la historia de Manuel Maureans, un obrero promovido a contramaestre, que se prepara para conquistar la Argentina. Le ofrecen un puesto de trabajo: supervisar los trabajos de construcción del ferrocarril que unía Santa Fe con Tucumán. Era el líder sindical de los trabajadores y estaba especializado en la cosecha de la caña de azúcar. Según su contrato, debía cumplir “10 horas efectivas” de trabajo, aunque la jornada se podía extender a 12 “sin derecho a ninguna indemnización”. Era soltero y salió para Argentina desde Marsella con un sueldo mensual de 700 francos. La mayoría de los protagonistas que él encuentra existieron -se aclara- así como la comuna de Fives Lille, una estación ferroviaria entre Santa Fe y Tucumán. “Los relatos incluyen episodios en Francia y visiones de una Argentina prometedora, que redescubrimos 120 años más tarde gracias a una estación ferroviaria llamada Fives Lille”, anuncia la contratapa del libro. Y agrega : “El autor pretendió ajustar la precisión de las formas poéticas a las técnicas de la revolución industrial”. Su título está escrito en castellano, aclara el autor, y en el prefacio precisa que el escritor Víctor Hugo acostumbraba a usar este recurso. La publicación tiene un complemento de audio con una conversación entre el autor y el músico Martín Granger.
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Automne La Nouvelle Revue Moderne
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El ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly «El ferrocarril de Santa Fives !» Cela sonne comme une annonce de flamenco : un crieur espagnol annonce la future attraction de la soirée... C’en a la flamme, l’énergie, la vie : Robert Rapilly nous entraîne dans les coulisses d’une expérience vécue à la fin du XIXe siècle par un ouvrier de l’usine de locomotives à vapeur Fives-Cail près de Lille. Manuel Mauraens, son héros, ira construire le chemin de fer d’Argentine entre Santa Fe et Tucuman. L’auteur nous prévient : la plupart des noms cités sont historiques... et pourtant, ce n’est pas un roman historique, ce n’est pas une enquête (même si tout est bien décortiqué au fur et à mesure dans le livre) ; ce n’est pas non plus un récit, sauf à y entendre celui des chansons de geste ou des épopées gréco-romaines. C’est un objet littéraire particulièrement original, né sous la contrainte mais libéré de tout carcan. Les contraintes formelles et toujours explicites sont définies à la fin du livre. Mais à la première lecture, elles s’effacent devant la force du sujet et du contenu de chaque «chapitre», ou «poème» : Peut-on appeler chapitre un dizain ou un calligramme ? Peut-on appeler poème une lettre en prose ? En fait c’est le titre qui nous maintient en haleine et crée l’attente d’un moment particulier de l’histoire, tout comme le ferait l’annonce d’un bateleur sur la place publique. D’emblée, le lecteur se trouve à Lille, et plus exactement à Fives, près d’Hellemmes qui est cité aussi avec ses «fenêtres qui parlent» : on reconnaît sans difficulté ce faubourg ouvrier marqué par l’essor industriel du XIXe siècle ; mais tout au long des évocations variées de ce décor surgissent des éléments qui annoncent déjà l’avenir de Manuel Mauraens : Séville, l’Argentine, l’Hacienda... Ainsi se mêlent la réalité d’une cité ouvrière, du vacarme de l’atelier, et les rêves d’Amérique autour de la construction des locomotives à vapeur. Comment ne pas rêver devant ces ponts et ces ferrailles assemblées pour des voyages lointains ? C’est «l’enfance de l’art»... L’industrie lourde, elle, cherche des débouchés nouveaux de l’autre côté de l’Atlantique. S’ensuivent le compte-rendu annuel de la direction, l’inventaire des réalisations de l’usine et le contrat signé par Manuel qui se lisent d’une traite, ce qui est une gageure ! tellement leur forme est ciselée, leurs rythmes épiques, lyriques, parfois accumulatifs...
Puis arrêt sur image : Manuel Mauraens doit devenir ingénieur, ce qui permet à l’auteur de suivre son héros dans un parcours semi-philosophique, mais pas ennuyeux, avec Francisco Ferrer, Jean-Marie Guyau qui lui conseille d’avoir toujours un carnet de notes comme le faisait Jules Laforgue. Et hop, de nous offrir de bien jolies «petites boîtes» autour de ce Laforgue lui aussi parti en Amérique ! Par la suite, on verra notre héros lire Goethe, mais pas n’importe quel texte, celui de l’apprenti-sorcier qui lui rappelle le marteau-pilon de son atelier. De fait, au cours de son voyage en mer, il noircira des carnets. Notre auteur suit ainsi son héros comme il le ferait d’un projecteur de poursuite. Tantôt il le voit de loin éclairé en 2 courts vers («Il discreto») ; tantôt il le suit de si près qu’il peut nous communiquer son enthousiasme à courir le monde, ses souvenirs d’enfance qu’il compare aux croyances du pays où il arrive, sa vision de la gare de Santa Fé, son humanité devant les souffrances des indigènes et sa conscience de classe. Après la construction de la ligne, l’auteur chante, un peu narquois, l’expansion économique et montre l’effervescence qui devait régner dans la classe ouvrière à cette époque de la création de l’hymne L’internationale. Coïncidence, Fives-Lille va devenir la ville de Vera y Pintado, du nom du républicain qui créa l’hymne argentin. Mais le Concerto à Vera y Pintado n’est pas dupe : «Où est passé l’indien?» Les lettres de Manuel à Francisco Ferrer annoncent ainsi une vision de plus en plus commune du destin des ouvriers qui font «la même promenade là bas et ici». Notre promenade à nous lecteur, s’achève sur une explication très séduisante de la fascination qu’exerça le tigre chez Borges, sur l’air d’Au clair de la lune… Quelle virtuosité, quel travail, que d’astuce au sens le plus noble du terme ! et pourtant ce n’est pas ce qui nous touche le plus. C’est l’empathie qui passe au travers des mots du poète, ce que devait ressentir le jeune grec qui arrivait à l’étranger avec une moitié de tesson (symbolon) pour se faire reconnaître auprès de l’hôte qui avait l’autre moitié : nous avions la moitié d’un «symbolon» à Fives, Robert Rapilly nous a fait retrouver l’autre moitié en Argentine. Marie GROËTTE
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Septembre Lille Métropole Info
libre
L I V R E S
SALON CRÉER
N ATAT I O N
Chef d’entreprise : mode d’emploi
Splash le 17 septembre
Le plus grand salon régional dédié à la création d’entreprise ouvre ses portes les 7, 8 et 9 septembre. Près de 20 000 visiteurs sont attendus durant trois jours. Un nouveau parcours facilite les démarches de tous les > p. 19 porteurs de projet.
POÉSIE
À l’initiative de Lille Métropole, les piscines accueillent gratuitement le public le 16 septembre, de 18 h à 20 h. Cette nocturne propose de nombreuses activités nautiques, festives et des surprises aquatiques. Elle est aussi l’occasion de découvrir les rénovations et travaux réalisés dans les bassins grâce au plan de mise en réseau des piscines métropolitaines. > p. 7
© Pascaline Chombart
28 TempsTemps libre
L E J O U R N A L D E S H A B ITA NTS D E L I L L E M É TRO P O L E
El ferrocarril de Santa Fives
N° 84 - Septembre 2011
Robert Rapilly
Dès la préface, on se délecte. En un texte lapidaire intitulé Décider de lire un livre de poèmes, Jacques Jouet, écrivain membre de l’Oulipo, salue l’ouvrage qu’il a entre les mains - « Ce sera une lecture lente » sait-il - et son auteur, Robert Rapilly, qui n’en est pas à son premier fait d’armes et dont on reconnaît une maîtrise certaine de la chose écrite. De quoi nous parle donc ce livre singulier dont le titre est emprunté à la langue espagnole ? Du voyage en Argentine d’un certain Manuel Mauraens, ouvrier métallurgiste à la compagnie de Lille-Fives, promu contremaître un jour de décembre 1886 afin de superviser le chantier d’une ligne de chemin de fer ralliant Santa Fe à Tucumàn. Monsieur Mauraens a droit à un appointement mensuel de 700 francs…, à un logement sain et convenable…, à la nourriture…, aux soins du médecin et aux médicaments dans certains cas…, au rembour-
V’lille : le vélo en liberté
sement de ses frais de voyage en seconde classe aller et retour, y compris la nourriture à bord des paquebots. Voilà pour le sujet, en quelque sorte, histoire de faire court. Ce livre de poésie, absolument indispensable, évoque en filigrane le tournant d’un siècle, en Argentine et ailleurs. Acrostiches, liponymies, sonnets, anaphores, alexandrins ou hexasyllabes cachés, clotildes, dizains… les formes les plus subtiles de l’écriture poétique s’enchaînent, s’entremêlent pour composer in fine une sorte de manifeste, un rappel à l’ordre, aimerait-on dire : non, tout n’a pas été écrit ! Pour preuve. « Fermer le livre en se promettant d’en acheter des exemplaires pour offrir », concluait Jacques Jouet.
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Les champions ont retrouvé la compétition. À l’instar notamment des joueurs du Losc qui se préparent pour la Ligue des champions. Cette prestigieuse épreuve se disputera sur la pelouse du Stadium Lille Métropole. > p. 24-25
H I STO I R E
Lille 1939-1945
Éditions Ouest-France, 144 pages, 15,9 €.
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Une rentrée de champions
Le sentier douanier de la Côte d’Opale àLire la baie de Somme
D’Ault - aux confins de la Normandie -, à Bray-Dunes - aux portes de la Belgique -, en passant par Saint-Valéry-sur-Somme, Étaples ou le cap BlancNez, l’auteur nous invite à sillonner le littoral le long du sentier des douaniers. L’ouvrage présente au fil des itinéraires, 18 en tout, de nombreuses anecdotes historiques. Richement illustré, il permet en outre d’en savoir plus sur le patrimoine naturel et se révèle très utile pour repérer les endroits à ne rater sous aucun prétexte. Apprendre l’histoire de la « pointe aux Oies » à Wimereux, connaître la raison de la couleur particulière du cap GrisNez, découvrir qui est réellement Jean Bart… Ce guide aussi pratique qu’attrayant nous livre toutes les réponses. Les 16 pages d’informations pratiques et culturelles en fin d’ouvrage donnent le calendrier des événements pour trouver tout au long de l’année une bonne raison d’arpenter le sentier des douaniers.
Le web 3.0 s’invite à Euratechnologies
L’ONL « hors les murs »
BEAUX LIVRES
Ludivine Fasseu Photographies Bruno Colliot
Habitat participatif : l’innovation lilloise
Journées du patrimoine : au fort de Mons et ailleurs
Éditions La Contre Allée, 220 pages, 18,5 €.
Jean Caniot
Un nouveau plan bus pour trois ans
Septembre Octobre Magazine Pays du Nord
Les amateurs d’histoire locale connaissent bien Jean Caniot. Cet auteur a publié une quinzaine d’ouvrages, dont Promenades lambersartoises, une histoire de la commune parue en cinq tomes. Plus récemment, il a écrit Lille 1939-1945, nouvelle série dont les deux premiers tomes sont parus en 2009 et 2010. Jean Caniot a recueilli des témoignages inédits, par exemple du pilote de la RAF Aubrey Niner, forcé d’atterrir sur le Champ de Mars le 19 juillet 1942, ou de Jack Farnell, le premier motocycliste britannique entré à Lille le 3 septembre 1944. Il a consulté une abondante documentation aux Archives départementales, à la Bibliothèque municipale de Lille, mais aussi au Service historique de la défense à Vincennes, à Londres, Berlin et Washington. Il a choisi une présentation thématique de préférence à l’exposé chronologique. Ainsi traite-t-il, dans le premier tome, des préludes puis des opérations militaires terrestres pour terminer par les opérations aériennes. Le deuxième tome est plus spécifiquement consacré à l’administration et à la vie quotidienne sous l’Occupation. Quant au troisième, à paraître, il évoquera, entre autres sujets, l’espionnage allemand avant la guerre, la police, la gestapo. 2 tomes, 208 pages, 22 € le volume. Tél : 03 20 92 51 75
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Revue de presse 2011
ÉDITIONS
Collection - La Sentinelle
El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly juillet 2011
19 Août Argentine Info.com
Article
Equinoxe Online
L’intrigue de départ… L’ équipe de jeunes journalistes de La Contre Allée dédie sa ligne éditoriale aux “Mémoire(s) et Société“, s’attachant particulièrement aux individus et à la condition humaine. Leur lieu de rencontre s’y prête parfaitement, puisqu’ils se retrouvent dans le quartier de Fives à Lille, qui garde une forte identité industrielle. Pendant près de deux siècles, on y tissait, forgeait et assemblait. Or les habitants de ce quartier, aujourd’hui rénové, restent très attachés à cette histoire socialement riche. La curiosité de l’équipe fut attisée alors qu’elle apprend qu’il existe une ville, en Argentine, qui a
porté le nom de leur quartier. Fives Lille, dans la province de Santa Fe, a depuis 1951 été rebaptisée Vera y Pintado. Mais c’est à partir de ce nom d’origine, sans équivoque, que leur enquête a démarrée. Un long travail de recherche… S’en suit une longue et fastidieuse collecte d’informations, en étroite collaboration avec le poète Robert Rapilly qui a mis toute son énergie et son talent dans le projet. Pas à pas, cette “rumeur” de départ a pris forme. Des informations ont été retrouvées aux Archives du Monde du Travail, à Roubaix, comme par exemple, des comptes rendus d’assemblée générale d’actionnaires de FivesCail.
13 Août Ouest France
Pirou
Equinoxe Online
Robert Rapilly et Amandine Dhée au festival Pirouésie Mardi 9 août, le festival littéraire Pirouésie s’est déroulé au Manoir de la Rapillerie en présence d’un nombreux public. Robert Rapilly, Amandine Dhée, Bart Van Loo, Coraline Soulier, Jacques Jouet et Olivier, auteurs de nombreux ouvrages, ont donné lecture de quelques-uns de leurs textes. Amandine Dhée a publié récemment Du Bulgom et des hommes. « Dans mon ouvrage, je parle de ce que j’observe, notamment des humains en milieu urbain. Il contient des anecdotes avec lesquelles je m’amuse. Je laisse l’imagination et l’absurde s’exprimer », confie l’écrivain qui est aussi intermittente du spectacle. Elle interprète ses textes principalement dans la région Nord-Pas-de-Calais et travaille aussi pour la compagnie Générale d’imaginaire et avec la maison d’édition La Contre allée, pour des lectures organisées dans toute la France. Robert Rapilly, organisateur de Pirouésie, vient de publier El Ferrocarril de Santa Fives. A l’origine : la découverte que la ville de Fives-Lille dans
le Nord porte le même nom qu’une ville d’Argentine. « Ce sont des ouvriers et des techniciens de cette ville qui sont partis làbas bâtir une voie de chemin de fer en 1888. Les documents de l’époque, révèlent un lien très fort entre la France et l’Argentine », rapporte l’auteur, non seulement entre le Nord industriel de l’époque et ce nouveau pays en voie de développement ; mais aussi avec toutes les provinces de France. Par exemple un habitant de Coutances a retrouvé la trace d’un aïeul qui a bâti une ville là-bas. » Son livre raconte sous forme de poèmes la chronologie du voyage d’un technicien qui part de Fives-Lille pour aller en Argentine. « C’est une aventure vécue, par plusieurs techniciens, car on en retrouve la trace au travers de documents », explique Robert Rapilly. L’organisateur de Piouésie organise aussi d’autres manifestations littéraires, notamment Zazie mode d’emploi, à Lille, et travaille régulièrement avec l’Oulipo.
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ÉDITIONS
Collection - La Sentinelle
El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly juillet 2011
Revue de presse 2011 3 Août Voix du Nord
Pauline Drouet
Revue de presse 2011
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ÉDITIONS
du 9 au 15 Juillet Reflets DNA
Collection - La Sentinelle
El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly juillet 2011
supervisa les travaux de la ligne ralliant Santa Fe à Tucuman, en Argentine. L’auteur collige des comptes rendus techniques, de la presse, des articles encyclopédiques, des références littéraires de l’époque, alterne des épisodes en France et visions d’une Argentine promise, idéalisée. Celle où l’on a redécouvert 120 ans plus tard une station ferroviaire baptisée Fives-Lille.
Déjà en librairie Broché, cousu avec rabats, c’est de la belle ouvrage que publie l’éditeur lillois la Contre Allée. Sur du papier Conquéror Vergé, s’y inscrivent des histoires à hauteur d’homme, autour d’axes reliant mémoires industrielles, ouvrières et Histoire, lieux de vie et de travail en déshérence, en pleine mutation… L’un des derniers romans de Robert Rapilly y circule en ferrocarril vers Santa Fives. À l’ombre tutélaire des maîtres oulipiens, Robert Rapilly ajuste la précision des formes poétiques aux techniques de la révolution industrielle en dévidant l’histoire du voyage de Manuel Mauraens, ouvrier promu contremaître qui en 1888,
Martin Granger a également mis en musique cette histoire-là. Dans la capitale du nord, les éditions de la Contre Allée pointent au 57 de l’ancien quartier ouvrier de Fives, fondé à la fin du 19e siècle et rebaptisé Vera-Y-Pintado il y a tout juste 60 ans.
édition
10
Le grand silence
Gérard Pfister. (PHOTO DNA – CÉDRIC JOUBERT)
De Gérard Pfister chacun sait l’engagement au service de l’universel art poétique, qu’en sa propre vie il cultive, on le sait un peu moins, avec haute exigence. FONDATEUR en 1975 des Éditions Arfuyen, dont l’action poétique est d’inépuisable fécondité, Gérard Pfister fut en 2004 à l’origine de la création, à Strasbourg, des Prix NathanKatz et Jean-Arp, du Prix européen de littérature un an plus tard. Traducteur – René Schickelé, Maître Eckhart, Margherita Guidacci, Jessica Powers, Emily Dickinson… –, il est d’abord poète lui-même, et à cette œuvre à la fois discrète et pleinement affirmée, « parfois joyeuse et iconoclaste, parfois
grave, pudique et mystique », Jean-Luc Maxence consacra en 2009 une fine anthologie (aux Éditions de l’Athanor). Un nouveau recueil – Le grand silence, chez Arfuyen – y prend position aujourd’hui, sous la forme revendiquée d’un « oratorio » décliné en trois fois trois arias qui y veulent composer, dit-il lui-même dans une essentielle « note finale », une boucle parfaite et jamais refermée car en perpétuel mouvement de vive transformation : « Une portée de mots, nés de rien, sans fin revenant à l’initial accord », et qu’en d’autres accords, et ruptures et suspens et rebonds, il inscrit dans une scansion – dans la cadence de la « marche longue, sans but, et déjà implacable, sans retour » qu’à chaque être impose le drame de son humaine condition. Entre cauchemar inquiet ou pure terreur, ou douce euphorie, dans le saisissant cortège des morts et des vivants, et dans le théâtre même de l’univers : « dans une pauvre portée de mots » venue du plus profond du silence, la répresentation – ce fut en 1600, d’Emilio de’ Cavalieri, le titre du tout premier oratorio donné à Rome – de l’âme et du corps. ANTOINE WICKER
SÉLECTION KAOUTAR HARCHI
L’ampleur des saccages
Q DU 9 AU 15 JUILLET 2011
STRASBOURG L’éditeur Fleurs de parole
POÉSIE
Le vertige de l’Extrême-Orient Maison d’édition récemment créée à Strasbourg, Fleurs de parole revendique sa prédilection pour l’Extrême-Orient. Et livre Autoportrait de l’art japonais de l’indispensable Nobuo Tsuji.
I
l en convient. La couverture toilée grise, aux petites lettres gravées à l’or, affiche un minimalisme austère qui ne pousse pas forcément à l’achat d’impulsion. « Cela a peut-être été une erreur de ma part. Plusieurs libraires m’ont dit qu’ils m’auraient pris un certain nombre d’exemplaires s’il y avait eu une jaquette colorée», commente Philippe Decouvette, dans un sourire amer. PublicationpartielledePerspective de l’art japonais, ouvrage édité en 1992, au Japon, par Nobuo Tsuji, grande figure de l’histoire de l’art nippon, Autoportrait de l’art japonais constitue pourtant un étonnant travail d’éditeur. La traduction a été confiée à Claire-Akiko Brisset, spécialiste d’histoire de l’art et littérature japonais, maître de conférences à l’Université de Paris-Diderot, et à Lionel Seelenbinder-Mérand, agrégé de langue et civilisation japonaises. L’objet lui-même est très élégant, avec son texte à la typographie spéciale,inspiréeàLaurentBourcellier par une police de caractères de la Renaissance humaniste (Joss), et avec ses illustrations (une soixantaine) reproduites à un haut degré d’exigence –Phi-
Autoportrait de l’art japonais, de Nobuo Tsuji, chez Fleurs de parole, 136 pages, 63€.
Fragment d’un Paravent des Immortels, Soga Shôhaku, vers 1764. (DOCUMENT REMIS)
lippe Decouvette est intarissable surlerendudesfondsor,traitéen cinquième couleur et non restitué en un jaune banal. Voilà pour la forme. Pour le fond, c’est un regard singulier sur l’art japonais qui est enfin accessible à un public francophone. «Nobuo Tsuji est une sommité dans son pays. C’est maintenant un vieux monsieur de 80 ans, mais ses travaux ont énormément compté dans une meilleure connaissance de l’art du Japon. Il analyse notamment celui-ci dans son rapport au jeu et à l’art décoratif d’une façon essentielle», in-
dique Philippe Decouvette. S’ilnerestituepasl’ouvrageoriginaldanssatotalité,c’estpourrester dans une approche très pédagogique de son sujet. «Certains passages sont très difficiles pour un lecteur ne maîtrisant pas les univers religieux et philosophique du Japon. Le livre aurait alors été considérablement alourdi par tout un appareil de notes…» Ancien attaché commercial d’une entreprise internationale d’expédition, Philippe Decouvette a tout plaqué pour créer sa propre maison d’édition, à Strasbourg, en 2009. Il ne s’étendra
Q 17 AOÛT. De la Zone
cinglée (éd. Sarbacane) à L’Ampleur des saccages (éd. Actes sud), la voix de Kaoutar Harchi fait vibrer la langue française. Son écriture travaille à corps et à cri des obsessions, grave des maux dans la chair. On avait découvert cette Strasbourgeoise d’origine marocaine à la beauté de statuaire antique, en plongeant tête la première dans le destin fiévreux de Tâarouk, anagramme de Kaoutar, un prénom arabe qui signifie abondance. Celle qui vécut son enfance à l’Elsau, écrit ses livres à l’image de sa vie, en défiant tout déterminisme social, culturel, interrogeant continûment la malédiction des origines, levant les interdits autour de la féroce répression sexuelle verrouillant certaines sociétés arabomusulmanes, décrivant la désespérance sentimentale, le vide affectif, la zone cinglée, d’une enfance saccagée. La doctorante, monitrice à la Sorbonne où elle assure des enseignements en littérature et sociologie, loge désormais ce deuxième livre à l’enseigne d’Actes sud où son style percutant, cru, radical raisonne des résonances de nombreux auteurs algériens – Kateb Yacine, Rachid Boujedra, Assia Djebar –, tout en trouvant l’éclat de sa propre voie. (128 pages, 15€). VEP.
ROBERT RAPILLY
El Ferrocarril de Santa Fives Q DÉJÀ EN LIBRAIRIE.
Broché, cousu avec rabats, c’est de la belle ouvrage que publie l’éditeur lillois la
PHOTOGRAPHIE Génération hippie
Kaoutar Harchi. (PHOTO ARCHIVES DNA – JF. BADIAS)
Contre Allée. Sur du papier Conquéror Vergé, s’y inscrivent des histoires à hauteur d’homme, autour d’axes reliant mémoires industrielles, ouvrières et Histoire, lieux de vie et de travail en déshérence, en pleine mutation… L’un des derniers romans de Robert Rapilly y circule en ferrocarril vers Santa Fives. À l’ombre tutélaire des maîtres oulipiens, Robert Rapilly ajuste la précision des formes poétiques aux techniques de la révolution industrielle en dévidant l’histoire du voyage de Manuel Mauraens, ouvrier promu contremaître qui en 1888, supervisa les travaux de la ligne ralliant Santa Fe à Tucuman, en Argentine. L’auteur collige des comptes rendus techniques, de la presse, des articles encyclopédiques, des références littéraires de l’époque, alterne des épisodes en France et visions d’une Argentine promise, idéalisée. Celle où l’on a redécouvert 120 ans plus tard une station ferroviaire baptisée FivesLille. Martin Granger a également mis en musique cette histoire-là. Dans la capitale du nord, les éditions de la Contre Allée pointent au 57 de l’ancien quartier ouvrier de Fives, fondé à la fin du 19e siècle et rebaptisé Vera-Y-Pintado il y a tout juste 60 ans. (224 pages, 18,50€). VEP.
Sur la route avec Plossu Plossu arrive à San Francisco à l’age de 21 ans au volant d’une vieille guimbarde américaine après avoir traversé le désert nord américain, le Texas et les interminables motorways de Los Angeles. C’ÉTAIT LE DÉBUT de la génération hippie, une année avant le «Summer Of Love». En véritable adepte de la Street Photography Plossu photographie à tout-va, la rue, les voitures, les concerts, les amis, les célébrités, une boulimie d’images dont on se délecte page après page, couleur ou noir et blanc, et toujours le sens inné du cadrage qui jamais ne semble travaillé mais qui toujours se résume à l’essentiel. Son Nikkormat équipé d’un 50mm à l’épaule, comme pour le « Voyage Mexicain », Plossu n’entend pas laisser une image lui filer sous le nez… On fera le tri plus tard ! Ensuite ce sera Big Sur et Carmel par la Pacific Coast Highway one, route mythique entre toutes et les rencontres en images de Joan Baez, Henry Miller ou Allen Ginsberg, chantres de la Beat Generation qui déjà ont quitté les décors urbains pour les grandioses paysages de la côte Pacifique et l’effervescence de cette culture pré-écologique. Goa et les Indes seront la représentation de l’universalité du mouvement hippie, bien avant internet et l’info immédiate de nombreux Européens, bercés par le Sur la route de Jack Ke-
Ils étaient faits de l’étofffe de leurs rêves. (PHOTO BERNARD PLOSSU)
rouac ou par les protest songs de Bob Dylan ont quitté une société de consommation en laquelle ils ne se reconnaissaient plus pour ces paradis où le soleil est si doux et la vie si peu chère que retourner en Occident semblait aussi stupide qu’inutile. Photographiés presque essentiellement en couleurs, on retrouve le grain et les couleurs douces des tirages Fresson, les tablas et les mini-bus Volkswagen sur les plages, les enfants nus et les saris multicolores, la nostalgie d’une douceur de vivre qui plus près de chez nous se vivait à Ibiza ou en Crête dans les early seventies. Retour à San Francisco et Berkeley début des années soixantedix, déjà les épiceries végétariennes sont devenues des supermarchés, la contestation de Berkeley est devenue cirque, la mode s’est emparée du mouvement, il est de bon ton de faire brûler de l’encens en pratiquant le yoga et les « marchands du temple» ont rapidement compris l’intérêt économique de la
chose. Mais Bernard Plossu sait que le courant est passé et que malgré l’inévitable «récup» le mouvement hippie a été un tournant de la conscience écologique mondiale, les graines semées durant la décennie 1965/75, le besoin de nature, le positivisme de ces années Peace and Love ont été l’engrais de notre écologie solidaire actuelle. Quarante-cinq ans plus tard, Bruno Chibane et Philippe Schweyer de NOVO, le magazine culturel, ont réussi à convaincre Bernard Plossu de se replonger dans ses archives et d’en faire un livre. Et plus qu’un ouvrage photographique, FAR OUT! est un témoignage en textes et en images d’une époque qui bien que révolue continue d’alimenter un inconscient collectif en quête de paix et de mieux vivre, de nature et de bonté. PHILIP ANSTETT
R
Q FAR OUT! de Bernard Plossu aux éditions Médiapop, 164 pages, 15€.
pas sur le nom de celle-ci, Fleurs de parole, éludant la question d’un sourire. Mais confirme que sa tonalité asiatique annonce un catalogue à venir marqué par une véritable passion pour l’ExtrêmeOrient. DanslestuyauxdeFleursdeparole:unouvragesurlethéâtretraditionnel épique kabuki, par Yiskio Hattori, à paraître à l’automne, un autre sur Hokusai – « Il ne s’agit pas de revenir sur les Trente-six vues du mont Fuji mais de traiter son monde fantastique moins connu ici.» Un panorama de l’art du Japon au XXe siècle est également à l’étude. « Le propos sera très universitaire », préciset-il encore. À la commande de textes, Philippe Decouvette préfère la traduction d’ouvrages déjà existants, puisantdanslerichegisementde l’édition japonaise. Et se satisfait d’être un passeur qui hume l’air venu d’un lointain orient. SERGE HARTMANN
R
REVUE
L’alibi rêvé Q Ils décryptent le monde au
prisme du polar. Le noir comme ligne d’horizon éditoriale avec l’invention d’un concept nouveau, le croisement du magazine et de la revue. C’est l’Alibi qu’ont lancé les journalistes Paolo Bevilacqua, Marc Fernandez et JeanChristophe Rampal aux éditions Ayoba. Les aficionados se délectent d’un magbook dévolu à un genre ravageur ! D’un format presque carré, une mise en page soignée, une large place faite à l’iconographie – le premier numéro replongeait au cœur de la sale guerre que se livrent les gangs du Salvador à travers les sidérantes photos noir et blanc de Christian Poveda qui y a laissé sa vie… La forme correspond au fond : Alibi impose en 148 pages trois séquences – News, Magazine, Critiques –, un dossier conséquent, des reportages dans la planète polar, l’interview littéraire d’un homme politique (Najat Belkacem), des rubriques 100 % genre (main courante, aveux, filatures, Interpol…). La période estivale demeure traditionnellement propice à la lecture d’un bon roman policier, aussi le 3e numéro d’Alibi s’invente-t-il un bel été meurtrier et entre plages et huile solaire, part à la découverte de l’Hexagone version polar. À la sauce aïoli ou accompagné de cidre, il y en aura pour tous les goûts – nous promettons. VEP.
Q Ayoba Éditions, 15 €.
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Revue de presse 2011
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ÉDITIONS
13 Juillet Remue.net
Collection - La Sentinelle
El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly
Jacques Josse
juillet 2011
Voyage poèmes de Robert Rapilly Lille, 1888. Manuel Mauraens, ouvrier métallurgiste promu contremaître au sein de la compagnie Lille Fives (à qui l’on doit déjà la construction de nombreux ponts, ports, gares et autres édifices) est chargé de superviser les travaux du chemin de fer (ferrocarril en espagnol) qui doit relier Santa Fe à Tucuman, en Argentine. « D’usine en voie ferrée, ça bourdonne, ça bruit, ça claque, ça crisse, ça détone, ça pétarade, ça stridule, ça vrombit ; entend-on la même chose entre Santa Fe et Tucuman ? Je chante en pleine rue et l’on distingue à peine mes paroles ; si je m’en vais en sera-t-il de même au bout du voyage ? » L’ancien métallo n’est pas un chef de chantier ordinaire. Il s’est formé sur le tas avant de devenir ingénieur en allant étudier aux Arts et Métiers de Paris. Là-bas, il suivait à l’occasion, en auditeur libre, le cours de philosophie de Jean-Marie Guyau et filait régulièrement au lycée Condorcet apprendre l’espagnol auprès de l’internationaliste et ex cheminot catalan en exil Francisco Ferrer. Il est à l’affût de tout ce qui s’écrit, se transforme, s’invente autour de lui. Il lit Jules Laforgue et Paul Lafargue. Tous deux sont nés en Amérique du Sud, là où le travail l’appelle. Les poèmes du premier et « la grande paresse partagée » du second lui parlent. À l’estaminet de Fives, il a parfois côtoyé Degeyter, « l’as de l’orphéon et des luttes sociales » qui vient de mettre en musique un poème (« Debout les damnés de la terre / Debout les forçats de la faim... ») qu’Eugène Pottier a écrit du temps de la commune de Paris. Lui aussi, il écrit des chansons en plus de ses innombrables notes de chantier et de ses lettres. Il a la tête pleine de tous ces morceaux sortis d’ailleurs ou de lui-même. Il ne songe pas à les mettre en ordre. Un parcours si sinueux ne peut se donner sans recul. Il faut au moins laisser passer un bon siècle. Puis faire en sorte que cet itinéraire soit intercepté par un autre regard, en l’occurrence celui de Robert Rapilly
qui retrace et amplifie, sous formes poétiques oulipiennes entrecoupées d’infos périphériques et de brèves d’époque, le grand voyage et le séjour du travailleur Mauraens en Argentine. « J’ai entrevu le Sénégal et le Brésil, accosté au pays des troupeaux innombrables et des plaines sans fin, des cultures de blé et de canne à sucre. J’ai remonté les grands fleuves et pénétré dans les forêts vierges. Je connais l’Argentine à présent. » Le contremaître, discrètement suivi par l’écrivain, est chaque jour un peu plus étonné par les nouvelles du monde qui lui parviennent. Sa curiosité d’ingénieur y trouve son compte. Les inventeurs fin de siècle sont très actifs. Certains l’aident au quotidien. Ainsi Lewis Edson Waterman et son petit réservoir capable de contrôler le débit d’encre et de se passer de plume et d’encrier. Ainsi Joseph Glidden et sa machine à produire du fil de fer barbelé en quantité, idéale pour préserver la sécurité des voies... Ce que sa curiosité ne lui aura pourtant pas permis d’apprendre, et pour cause, c’est que l’on a redécouvert sur le tracé de la ligne qu’il construisait alors, quelques cent-vingt ans plus tard, une station ferroviaire baptisée Fives-Lille. « Descendre du train au point où s’interrompt la ligne : Fives-Lille en Argentine, pays de plaines humides ou sèches selon la saison, partagées entre le bétail, le coton et la forêt. Trouver en chemin un essieu brisé de locomotive Pacific, une étoffe déchirée en laine de lama, un crâne de bovin abandonné au puma. » En se donnant, plein gré, de stimulantes contraintes formelles, Robert Rapilly ajuste proses, poèmes, lettres, lexique industriel et brefs tableaux d’un dépaysement dans le temps et l’espace pour faire vivre une aventure plausible et hors normes à son personnage Mauraens, parti un beau jour de Lille pour embarquer à Marseille à destination de Buenos Aires puis de Santa Fe.