La Voix - Culture

Page 1

CULTURE NEUERSCHEINUNG NOUVELLE PARUTION

mercredi 14 octobre 2009

Les six expositions de l'automne au MUDAM

Des découvertes avant tout Le MUDAM a fait sa rentrée avec six nouvelles expositions. Peintures, sculptures, installations, photographies, la dernière programmation de Marie-Claude Beaud s'est voulue éclectique et certains artistes n'ont pas hésité à s'inspirer du lieu et de son atmosphère solennelle.

„HILFE – wir haben Kommunion!!!“ Ideenkiste mit acht Themenvorschlägen zur Erstkommunionvorbereitung in und mit der Familie. Mit Arbeitsheft für Kinder. Broschiert, 20 × 26 cm, 48 Seiten, zweisprachig dt. +franz., + Arbeitsheft

« À L'AIDE – les communions!!! »

■ La visite s'ouvre sur le très attendu deuxième volet du projet Go East. Les huit artistes exposés n'ont en commun que cet événement qui a changé la face de l'Europe de l'Est: la chute de l'URSS et l'ouverture culturelle – entre autres – qui s'en suivit. Issus de pays et de générations différentes, les artistes empruntent chacun leur chemin. Eric Boulatov, doyen de l'exposition (il est né en Ukraine en 1933 et travaille à Paris), n'est connu que tardivement au moment de la perestroïka. Il met son approche classique et traditionnelle de l'art pictural en relation avec son intérêt pour l'aspect typographique. Souvent, un seul vers parcourt ses paysages, comme une percussion avec l'aspect illusionniste de l'espace. Marina Abramovic est la seule femme de Go East II. Originaire de Belgrade, elle y vit et travaille. Depuis 1975, ses vidéos témoignent des expériences physiques et psychiques et contraignantes qu'elle s'impose, s'interrogeant

Pour Tomàs Saraceno, le toit du monde est une cour de jeu (Photo: M. Wilwert) sur la vie, la mort et la souffrance. Les six autres jeunes hommes, tous nés dans les années 1960 et 1970, explorent, avec des sensibilités différentes, les limites imposées par les sciences, la nature, la politique. Ils jouent et déplacent les frontières au gré de leur imagination et des moyens mis en œuvre, parfois volontairement réduits au minimum. Le Français Didier Marcel, quant à lui, ne lésine pas sur les moyens pour représenter, paradoxalement, des motifs prosaïques: des arbres en flocage, des labours, ou encore un citron (!). Il n'hésite pas à puiser son inspira-

Des compositeurs et leurs œuvres

Avec cahier de travail pour les enfants. Broché, 20 × 26 cm, 48 pages, bilingue fr.+all., + cahier de travail PREIS • PRIX

19,90 € Le Luxembourg Sinfonietta sous la direction de Marcel Wengler

En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000,

Également disponible sur Auch erhältlich unter

www.editions.lu

tion chez les grands artistes qui l'ont précédé: Giacometti, Marcel Duchamp et Vincent Van Gogh à qui il a consacré une installation, mise en scène d'un de ses derniers tableaux, Champ de blé aux corbeaux. La visite se poursuit avec l'installation en bois et en métal de l'Ecossaise Claire Barclay. Pale Heights a été spécialement conçu pour le MUDAM et «son atmosphère un peu cathédrale», selon les mots de l'artiste. Olivier Foulon a abandonné le temps d'une exposition au MUDAM ses installations et références à l'histoire de l'art. Pourtant, Prisma Pavillon ne montre pas le

meilleur de l'artiste belge. Ici, il s'est plus attaché au jeu avec l'espace et le lieu qu'à l'exécution de la toile elle-même. L'Argentin Tomàs Saraceno joue, quant à lui, avec de plus grands espaces, un espace infini puisqu'il s'agit du ciel. Le toit du monde est une immense cour de jeu, à la dimension de son imagination. Ses recherches et expériences un peu folles rappellent les travaux de Léonard de Vinci avec ses machines volantes et autres engins qui n'ont cessé d'inspirer les chercheurs de tous les domaines depuis des siècles. Dans le cadre du cycle Habiter, Tomàs, architecture de formation, présente un projet expérimental sur la possibilité d'habitat volant, à travers trois structures gonflables arrimées au sol par de solides cordages. Et notre De Vinci argentin fait partie de la galerie de portraits du photographe allemand Wolfgang Träger, présentée au MUDAM et articulée autour de deux séries distinctes: la première se concentre sur les artistes saisis par le photographe et exposés au MUDAM et la série des artistes Fluxus, mouvement artistique qui, dès les années 1960, rejette systématiquement les institutions et la notion d'œuvre d'art. Le MUDAM en propose pour tous les goûts. On aimera beaucoup certains artistes, d'autres peut-être moins. On ne peut pas plaire à tout le monde... Il s'agit avant tout de découvertes. ■ Laetitia Collin

Luxembourg Sinfonietta célèbre ses dix ans

Boîte à idées proposant huit thèmes pour préparer la première communion au sein de la famille et avec elle.

Im Buchhandel oder portofreie Lieferung bei Überweisung auf das BCEE-Konto von saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, unter Angabe des Titels.

16

Pour clôturer son huitième concours international de composition, la Lëtzebuerger Gesellschaft fir Nei Musek – LGNM (Société luxembourgeoise de musique contemporaine) propose un concert de clôture donné par le Luxembourg Sinfonietta au Centre des arts pluriels d'Ettelbruck. Sous la direction de Marcel Wengler, le Luxembourg Sinfonietta interprétera en création mondiale des œuvres de Puishan Cheung (Hong Kong), Miguel Farias Vásquez (Chili), Takahiro Sakuma (Japon) et Zhenzhen Zhang (Chine). La soliste

(Source: LGNM)

Kae Shiraki interprétera la Rhapsody in Blue de George Gershwin. Le Luxembourg Sinfonietta, qui fêtera dimanche son dixième anniversaire, a connu son premier grand succès international en 1999, à l'Exposition universelle de Hanovre. Outre ses nombreux concerts au Luxembourg, l'orchestre s'est produit en Allemagne, en France, en Suisse, en Roumanie ainsi qu'en Chine. Le concert-anniversaire aura lieu le dimanche 18 octobre à 17 heures au CAPE. Billets au 26 81 21 304. Infos supplémentaires au 22 58 21 ou par e-mail: info@mic.lu.

Soit dit en passant

Silence! «Merci de garder le silence pour ne pas gêner la concentration des artistes»! Si cette annonce, différente de la sempiternelle et inutile prière d'éteindre les gsm, nous a surpris, c'est qu'elle a été faite dans un lieu inattendu: au théâtre de La Monnaie à Bruxelles. Inattendu, hélas non! Et devant l'ampleur de la pandémie, il nous faut faire part de notre colère. De plus en plus, et cela se vérifie chez nous, pas mal de spectateurs confondent l'ouverture d'un opéra avec le générique d'un film de pur divertissement, et en profitent pour continuer une conversation on ne peut plus cruciale. Certains aussi ne peuvent s'empêcher de livrer à leur partenaire leurs commentaires à chaud, comme s'ils étaient chez eux, face à l'écran de leur télévision. Cela va du chuintement auriculaire à l'affirmation tranquille et sonore. D'autres encore, inquiets de la catastrophe qui ne manquera pas de ravager leur domicile et d'anéantir leur chère progéniture laissée aux mains d'une baby-sitter en qui on n'est pas sûr de pouvoir faire confiance, laissent leur gsm «en veille rapprochée», petite lumière clignotante, ou plongent régulièrement dans leur sac afin de véri-

fier la virginité de l'écran d'annonce. Sans oublier ceux qui reçoivent en «vibrations» ou en flashes lumineux l'avis de réception de messages, auxquels d'ailleurs ils ne tarderont pas à répondre. Ajoutons-y les déshydratés qui, sans doute atteints de la pépie ne peuvent laisser passer un délai de deux heures maximum avant de plonger eux aussi dans leur sac, d'en sortir une bouteille et de glouglouter à l'aise. Ils oublient que le concert, le théâtre ou l'opéra sont des lieux d'intense concentration, d'une rencontre exigeante avec un créateur et ses interprètes, et que l'extrême acuité de l'œil et de l'oreille rend sensible au moindre mouvement, au moindre son. A la fin de la représentation, et seulement alors, sonnera l'heure des commentaires, des débats, des enthousiasmes ou des agacements, des nourritures terrestres. Ce n'est que dans le silence profond du corps, dans cette proximité sans distraction avec l'œuvre représentée, dans l'oubli du monde extérieur que pourra naître ce qui constitue l'idéal d'une représentation de spectacle vivant, la communion d'un public vibrant à l'unisson! ■ Stéphane Gilbart


CULTURE Il nous a quittés

Décès du philosophe Francis Jeanson Le philosophe Francis Jeanson, fondateur d'un réseau de soutien au FLN pendant la guerre d'Algérie (réseau dit des «porteurs de valise»), est mort à 87 ans, samedi soir près de Bordeaux. Francis Jeanson se voulait le défenseur des causes justes: il s'était engagé aux côtés des combattants algériens après le déclenchement de la guerre d'Algérie, créant un réseau permettant de collecter et transporter fonds et faux-papiers pour les militants du FLN opérant en France. Chargé par André Malraux de diriger la Maison de la culture de Châlon-sur-Saône de 1967 à 1971, Jeanson participe ensuite à des expériences de psychiatrie ouverte et des réseaux de réflexion pour faire sortir la maladie mentale des murs de l'hôpital. Engagé jusqu'au bout, il est président de l'Association Sarajevo en 1992 et candidat sur la liste «L'Europe commence à Sarajevo» du professeur Léon Schwartzenberg pour les élections européennes de 1994. Francis Jeanson est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, dont plusieurs consacrés à Jean-Paul Sartre, notamment Sartre par lui même (1955) et Le problème moral et la pensée de Sartre (1965)... mais aussi à des philosophes comme Montaigne. On lui doit également La Foi d'un incroyant (1976), Eloge de la psychiatrie (1979), Algéries (1991), Conversations privées 19741999 (2000). (AFP)

mercredi 5 août 2009

Charles Pollock et Ronan Barrot chez Fernet-Branca à Saint-Louis – à voir jusqu'au 16 août

Distillerie d'art contemporain La Suisse se veut ambassadrice de la peinture française et européenne. Des centres artistiques renommés comme la fondation Gianadda à Martigny, la fondation Beyeler et le Kunstmuseum à Bâle se surpassent cet été en exposant des œuvres majeures des plus grands maîtres (lire La Voix du 18 juillet). ■ De l'autre côté de la frontière, à proximité de Bâle, la ville française de Saint-Louis a décidé de se mettre au diapason. Ancienne distillerie, Fernet-Branca a rouvert ses portes en 2004 en tant qu'espace d'art contemporain et a déjà accueilli des artistes comme Antoine Clavé, Lee Ufan ou Paul Rebeyrolle qui a inspiré, pour une large part, Ronan Barrot, jeune artiste souvent comparé à Cézanne et que l'on retrouve cet été au nouveau centre de Saint-Louis. «Il peint saignant, donne dans l'atroce, démolit sauvagement tout ce qu'on aime...», a écrit un grand spécialiste de Cézanne. Et, les toiles de Barrot, «ce grand et jeune d'aujourd'hui», sont pleines d'une atrocité poétique, d'une violence qui rappelle nos instincts primitifs et originels enfouis sous le vernis de la civilisation. Une soixantaine de tableaux figurent dans les salles d'exposition et offrent une idée assez complète de l'esthétique d'un peintre jeune mais à la personnalité ô

Nos instincts primitifs se laisseront-ils dompter par le progrès et l'évolution? Le titre de cette toile de Ronan Barrot, Nous viendrons vous chercher, sonne comme un avertissement (Photo: Laetitia Collin) combien complexe. Dans les salles voisines, Charles Pollock. «L'autre Pollock» comme certains l'appellent. Moins connu que son frère Jackson, il n'en est pas moins le premier de la fratrie (il est l'aîné de cinq enfants) à entamer une carrière artistique. Plus de vingt ans après la mort du peintre américain, cette exposition fait figure

La bibliothèq bibli èque des enfants en Humour en poche! Une sélection proposée par Marie Lempicki ■ La vie d'un papa est racontée par son petit garçon tout admiratif… avec ses mots tendres et pleins d'humour. On voyage dans le quotidien d'un papa sous l'œil attendri de son fils à différents moments de la journée ou différentes situations: Papa en cuisine qui rate les œufs au plat ou met de la farine partout quand il fait du pain, sa spécialité. Il y a aussi la musique de papa qu'il fait le dimanche sur sa guitare, son maillot de champion ou sa maladie du cinéma… il y a surtout ses conseils quand le soir il dit «faut que tu dormes, entièrement», et sa poésie quand il sait «m'inventer des tigres qui attaquent les éléphants du maharadjah», ses réponses «quand j'ai mes points d'interrogations»… Bref, des mots d'enfant qui nous font rire et nous éclairent très justement. Drôlement illustrés par Elodie Durand. C'est délicieux! Thomas Scotto, La vie de papa, mode d'emploi, Acte sud junior, coll. Benjamin, 6 ans, 47 pages, 7,50 euros.

• Nous voici plongés dans l'univers des contes; cinq courts récits dont le début est identique: une femme Gerda avait deux filles, Celia et Camila qui

14

trouver aujourd'hui dit à la fin de son ouvrage: «Comme la lecture n'est qu'un intermède, une halte et qu'ensuite il faut reprendre son voyage, et bien, bonne continuation»! Kochka, Les contes de la petite chèvre-fille, Nathan poche, coll. contes, 8 ans, 76 pages, 4,50 euros

lui ressemblaient beaucoup… Enceinte à nouveau, elle espérait avoir un fils; hélas le bébé fut une fille qu'elle nomma Fuenta; elle était bien décidée à lui faire payer… Ces cinq contes mettent en scène les mêmes personnages, la pauvre fille, la méchante mère, les deux sœurs préférées, un gentil sauveur Diego et une chèvre… et ça marche! Le conte est là avec sa dose de poésie, d'émotions, une morale digne des contes traditionnels, un peu de suspens. L'écriture est fluide et le style alerte pour les jeunes lecteurs qui apprécieront sans doute cette répétition originale de départ. Kochka que l'on a plaisir à re-

• Avec C'est fou!, on montre aux enfants que ce qu'on voit n'est pas forcément la réalité (illusions d'optique), qu'un dessin peut en cacher un autre. On peut aussi jouer aux devinettes, aux charades, s'évertuer à résoudre un casse-tête et des suites logiques, on peut aussi rigoler avec les jeux de langage… des défis variés qui occuperont une famille entière sur la route des vacances. L'ensemble est très interactif, soumis à des discussions, cogitations et répétitions familiales. De plus, le livre est un univers à lui tout seul: les illustrations complètent avec humour les divers jeux et incitent tout à fait aux voyages. Une fois le livre ouvert, on ne le lâche plus! C'est drôle et très malin, à découvrir! Annabelle Mège, C'est fou!, Casterman, dès 8 ans, 48 pages, 12,50 euros.

d'événement international d'envergure puisqu'elle est la première exposition d'une telle importance qui lui est consacrée. Quelque 120 œuvres retracent son parcours artistique, du social realism d'avant-guerre aux séries Black and Gray et Black and Colors qu'il a réalisées après la mort de son frère Jackson en 1956 et de sa mère en 1958. Ces deux exposi-

tions sont une entrée en matière artistique passionnante avant de s'attaquer aux grands chefsd'œuvre des XIXe et XXe siècles français et européens que l'on peut voir cet été en Suisse. ■ L.C. Jusqu'au 16 août Musée Fernet-Branca, rue du Ballon, Saint Louis

Le monde de la BD D'agréables récits complets Dans American Trip, le voyage en Amérique de trois Français tourne au cauchemar suite à la rencontre d'une jeune fille aux pouvoirs étranges. Merwan nous emmène à la découverte du Pankat, un art martial violent, véritable philosophie de vie pour ceux qui le pratiquent. • Fausse garde. Le jeune Mané se rend dans la ville d'Irap pour apprendre l'art martial du pankat. Il y rencontre le champion Eïam et rejoint son école dans laquelle il apprend que le respect des règles permet le dépassement du combattant. Mais Fessat, voleur et ancien condisciple d'Eïam, entraîne Mané à participer à un coup d'Etat contre la société en place et les notables prétentieux qui ont perverti la ville et l'art noble du combat. Cette quête initiatique dynamique prend place dans un univers fantastique cohérent. Véritable acteur du livre, la ville d'Irap, énorme termitière divisée en castes, bénéficie d'une structure sociale et politique aboutie dont les implications échappent au jeune héros. Tiraillé entre les deux modes de vie de ses mentors Eïam et Fessat, il va devoir poser des choix et mûrir. Si le premier chapitre jouit d'un graphisme détaillé, le trait s'affine et se fait moins précis au fil des pages. Les cadrages osés, la mise en œuvre dynamique très

réussie des combats et les escapades dans les décors gigantesques de la cité complètent ce scénario agréable. • American Trip. Cobaye d'une expérience qui permettrait à nos cellules de se régénérer, Hanne découvre qu'elle peut traverser le verre et s'échappe du laboratoire où elle était enfermée. Alors que les scientifiques se lancent à sa poursuite, Hanne trouve refuge dans le campingcar de trois Français en vacances aux USA. Une véritable chasse à l'homme s'engage alors. Récit complet de 96 pages, American Trip est un thriller scientifique réussi. Pernoud y aborde les dérives d'une science sans éthique ayant pour seul but le profit. Ses personnages sont intéressants et leur background est développé dans plusieurs flashback qui permettent de cerner le récit. Cette longue coursepoursuite est mise en images par Eillam qui signe ici sa première BD. Son trait réaliste anime des planches au découpage cinématographique. On regrettera cependant une certaine froideur des couleurs au détriment de l'ambiance. ■ Jean-Luc Delorme – Fausse garde, par Merwan aux éditions Vents d'Ouest. – American trip, par Eillam et Pernoud aux éditions Bamboo.


13 INTRO

Mécènes de l'art français Qui a dit que seule la France pouvait et devait défendre les grands noms de la peinture française? Les Suisses ne s'en sont pas privés. En faisant un tour de Suisse façon histoire de l'art, on en apprend autant sur les peintres impressionnistes qu'en visitant le musée du Louvres ou le musée d'Orsay à Paris. Et pour cause, entre grands musées, on se prête ses trésors. C'est ainsi que la fondation Gianadda à Martigny, dans le Valais, a monté sa sublime exposition De Courbet à Picasso, empruntant, entre autres, les chefs-d'œuvre de Corot, Courbet, Monet, Gauguin, Degas, Matisse et Picasso au prestigieux musée des Beaux-Arts Pouchkine à Moscou avec lequel la fondation est liée depuis des années. La fondation Gianadda, c'est d'abord Léonard et Pierre Gianadda. Le premier a été tour à tour ingénieur, journaliste, et entrepreneur. C'est à la mort du second, son frère cadet, qu'il a décidé de créer cette fondation destinée à promouvoir les plus grands artistes mais aussi de plus modestes et dédiée au souvenir de son frère. A Bâle, le Kunstmuseum et la Fondation Beyeler se disputent les faveurs de Van Gogh et Giacometti au cours de leurs expositions qui ressuscitent les deux génies. Riehen Bâle

Lausanne

Genève

CULTURE

samedi 18 juillet 2009

Martigny

Une nouvelle exposition d'envergure à la fondation Gianadda à Martigny dans le Valais

Discussions de maîtres De Courbet à Picasso est un parcours symbolique de l'art qui voyage, se transmet et se partage. Des tableaux tardifs de Corot au cubisme de Braque et de Picasso, c'est un demi-siècle d'histoire de l'art qui défile sous nos yeux. Cinquante années intenses durant lesquelles la peinture n'a cessé de se réinventer. ■ Bien avant de passer par la fondation Gianadda et le musée Pouchkine, les tableaux de l'exposition De Courbet à Picasso appartenaient, pour la plupart, à deux collectionneurs, Ivan Morozov et Serguei Chtchoukine. Alors que le premier se laisse séduire par Cézanne, Renoir, Pissarro, le second s'entiche de Monet, Gauguin, Matisse et Picasso. A elles deux, leurs collections retracent ainsi tout un pan de l'histoire de l'art en France et en Europe. La Russie impériale appréciait depuis longtemps la littérature et l'art français. Au XVIIIe siècle, Catherine II de Russie entretenait une correspondance avec Voltaire et recevait Diderot à sa Cour. Cette amitié perdure à travers la spectaculaire collection de tableaux de maître du musée Pouchkine à Moscou. Pourtant, il n'a pu les exposer que récemment. Alors que la Révolution de 1917 avait privé Morozov et Chtchoukine de leurs collections devenues propriétés de l'Etat, Staline ne verra pas d'un bon œil cet art jugé malsain et corrompu et refusera de les exposer. Depuis sa condamnation en 1948 par le chef de l'Union soviétique, le musée ne montrait plus ses tableaux des XIXe et XXe siècles. Il faut attendre la réouverture en 2006 de la galerie d'art moderne

La plaine au pied de la montagne Sainte-Victoire, source d'inspiration cubiste pour les voir à nouveau. «Les tableaux n'ont été ni choisis ni disposés au hasard», nous explique Marta Degiacomi, historienne d'art et conseillère artistique à la fondation Gianadda. L'exposition s'ouvre sur des œuvres tardives de Camille Corot parmi lesquelles Le bain de Diane datant de 1873-74, inspiré de la célèbre Source d'Ingres, figure de proue du néoclassicisme français. Aux côtés de Corot, Courbet, ses moulins flamands et son Chalet dans la montagne, peint pendant son exil en Suisse, suite à la Commune de Paris et l'incident de la colonne Ven-

dôme qui causa sa ruine. Le suivent la série des tableaux impressionnistes et d'Edouard Manet qui leur ouvre la voie après le scandale du Déjeuner sur l'herbe et d'Olympia. Sujets de la vie quotidienne, peints sur le vif, les tableaux sont longtemps rejetés par l'Académie des Beaux-Arts. La série impressionniste s'achève sur Paul Cézanne et ses paysages aux formes géométriques, placés en face des tableaux cubistes de Braque et de Picasso qu'il a largement inspirés. Après les impressionnistes, Vincent Van Gogh et Paul Gauguin tentent de régler leur différend. La

(Source: Fondation Gianadda)

ronde des prisonniers, œuvre la plus célèbre du peintre néerlandais, dialogue avec les paysages tahitiens de Gauguin. Enfin, l'exposition se clôt sur des artistes européens modernes, Fernand Léger, Amédée Ozenfant ou André Lhote sans oublier Henri Rousseau et son étrange portrait d'Apollinaire et Marie Laurencin. ■ Laetitia Collin Eposition jusqu'au 22 novembre à la Fondation Pierre Gianadda, CH-1920 Martigny (Suisse), téléphone 00 41 27 72 23 978.

www.gianadda.ch

Rétrospective Giacometti à la fondation Beyeler à Riehen

Redécouvrir Van Gogh

Un artiste aux mille facettes

Du génie à la folie, l'œuvre derrière le mythe

La Fondation Beyeler consacre son exposition d'été à Alberto Giacometti, peintre, sculpteur et dessinateur suisse dont le rayonnement a largement dépassé les frontières de son pays. 150 œuvres majeures retracent ses différentes périodes marquées par son intérêt au mouvement des corps, à l'espace-temps et aux membres de sa famille, ses modèles de prédilection. ■ Premier rejeton d'une famille d'artistes, Alberto Giacometti (1901-1966) part étudier à l'Académie de la Grande-Chaumière à Paris. Son génie s'impose rapidement dans la capitale, il sera même admis, pendant un temps, dans le cercle des Surréalistes. Son frère Diego le suit à Paris en 1925 puis, sa sœur Ottilia en 1929. Son cadet fera l'objet de multiples portraits peints et sculptés, tout comme sa mère Annetta, sa sœur, son père, mais à moindre mesure. On retrouve ici le célébrissime Homme qui

femme parfaite. Quelques œuvres d'autres membres de la famille Giacometti sont intégrées à l'exposition, notamment des autoportraits de son père Giovanni et des paysages de son oncle Augusto. L'exposition rassemble un grand nombre d'œuvres prêtées par des musées européens et américains et par des collectionneurs privés et des pièces d'Ernst Beyeler luimême, qui s'est longtemps investi pour Giacometti. C'est en effet grâce à lui que la Suisse a pu conserver la quasi-intégralité de l'importante collection de l'industriel Ernst Beyeler derrière «L'homme qui marche» Thompson, fondemarche et les Femmes de Venise, ment de la Giacometti Stiftung neuf sculptures rarement présen- de Zurich. A voir jusqu'au 11 tées ensemble qu'Alberto a réali- octobre. ■ L.C. sées pour la biennale de Venise www.beyeler.com de 1956, espérant réaliser la

Le Kunstmuseum de Bâle présente une exposition d'ensemble des tableaux de paysages de Van Gogh. Tout le monde connaît l'être tourmenté, isolé qu'il était mais certains aspects de son travail nous sont moins familiers. Sa période de travail fut très brève et ses tableaux les plus connus ont été réalisés dans les dernières années de sa courte vie. Il se destinait tout d'abord à l'Eglise et à la prédication mais ses opinions anticonformistes l'éloignent de sa première vocation. Ce n'est qu'à 27 ans qu'il décide de devenir peintre, se forgeant l'essentiel de son éducation artistique en autodidacte. De santé fragile et dans une situation financière précaire, son frère Théo sera son seul soutien aussi bien moral que financier et il mourra presque dans l'anonymat. Est-ce son génie ou sa folie? De sombre fou et artiste inconnu, il est devenu, au fil des décennies, l'un des plus grands noms de la peinture européenne. Les tableaux sont devenus chefsd'œuvre, l'homme, un mythe. On ne cesse de le découvrir, l'analyser, l'inventer au besoin.

Les impressionnistes qu'il a rencontrés à Paris lui donnent une première impulsion, pourtant, ses paysages, thèmes de prédilection du mouvement, sont différents. Pour Van Gogh, la nature est un miroir de l'âme et des émotions. La Hollande, Paris, Arles, tous les endroits où il a vécu ont fait l'objet d'une série de toiles qui témoignent autant de ses progrès et découvertes techniques que de ses émotions à fleur de peau et de sa santé mentale vacillante. Le Kunstmuseum a voulu donner un éclairage d'ensemble en proposant des chefs-d'œuvre comme Les cyprès, prêté par le Metropolitan Museum of Art de New York, et des toiles moins connues mais étonnantes comme Abricotiers à Arles ou Les Champs de blé. L'occasion pour les néophytes et les amateurs confirmés de découvrir de nouvelles œuvres de Van Gogh. ■ L.C. Jusqu'au 27 septembre.

www.kunstmuseumbasel.ch


19

CULTURE

samedi 11 juillet 2009

Les couples luxembourgeois vont aussi profiter des conseils de Paul Dewandre

Madame, Monsieur, prenez note! Miroir médiatique, dis-moi qui est le plus fort?

Au mois d'octobre, ce sera la rentrée scolaire… pour les couples. Les 7 et 8 octobre au Conservatoire municipal à Luxembourg, le 9 octobre au Casino 2000 à Mondorf-lesBains, le «professeur» Paul Dewandre entrera en scène pour nous expliquer comment vivre dans son couple en harmonie. Un spectacle qui combine humour et pédagogie, où chacun se reconnaît dans l'une ou l'autre situation. Paul Dewandre ou comment désamorcer les conflits… ■ Que l'homme qui accepte de demander son chemin lorsqu'il se perd sur la route des vacances ou la femme qui ne s'est jamais exclamé, devant sa garde-robe pleine à craquer de vêtements: «Ohlàlà, je n'ai rien à me mettre», arrête ici sa lecture et tourne la page. Mais vous serez bien peu, je le crois… Oui, le spectacle est tiré d'une énième étude sur les différences entre hommes et femmes remplies de clichés d'une autre époque et joué, de surcroît, par un illustre inconnu mais il est pourtant si drôle, si juste et contemporain! Ce n'est pas un hasard si le livre de John Gray, Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, paru en 1994 aux Etats-Unis, a fait le tour du monde et que le spectacle a déjà accueilli 300.000 spectateurs pour 400 représentations. Ici, tout le monde en prend pour son grade mais avec dérision, légèreté et sans aucun parti pris. Et oui, nous avons encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre et l'époque que l'on vit ne simplifie pas les cho-

La guerre des étoiles a commencé! La bataille par communiqués de presse interposés entre Caramba et Utopia visant à illustrer qui en met davantage plein la vue est burlesque. Mais qui du CinéBelval avec sa version «exclusive» Ice Age 3 en 3 D ou d'Utopia, pionnier dans la présentation de films en 3 D, est le plus fort? La vitesse à laquelle la riposte a fusé – envoi d'un message aux médias par Caramba le 7 juillet à 14 h 57 et envoi d'une riposte électronique sur le champ signée Utopia à 17 h 12 – est édifiante. Après un premier message glorieux de Caramba, dans lequel CinéBelval se targue d'être «le premier cinéma multiplex au Grand-Duché de Luxembourg avec 2 salles spécialement conçues pour la diffusion de films en 3D», proposant à ses spectateurs des lunettes nouvelle génération leur permettant de «vivre des images d'une luminosité exceptionnelle et d'une richesse en couleurs inégalée dans la Grande Région», Utopia n'a pas tardé à aiguiser ses flèches, pour renchérir de la sorte: «[...] plus de 9.500 spectateurs sont venus voir Ice Age 3 dans une des salles exploitées ou programmées par le groupe Utopia. Ce résultat phénoménal a été réalisé exclusivement par des projections du film en version 2D! Utopia a en effet adopté une stratégie sur le long terme et n'a pas voulu céder aux exigences du distributeur pour la version 3D, exigences que nous avons jugées disproportionnées par rapport à la valeur ajoutée du relief pour ce film. Si le groupe Utopia ne présente donc pas le film Ice Age 3 en 3D, il tient toutefois à rappeler qu'il était le premier, il y a plus de deux ans à présenter un film en 3D au Benelux et en Grande Région.» L'univers du marketing est décidément (im)pitoyable. Hommes, femmes: mode d'emploi ses quand les femmes jouent à Wonderwoman en menant de front vie privée et vie professionnelle et que les hommes vont chez l'esthéticienne et prennent soin de leur apparence. Mais, même si certains repères changent, notre nature reste fondamentalement la même. Eclats de rire, coups de coude et coups d'œil complices durant le spectacle, le prouvent, on se retrouve dans les situations décrites par le «professeur» Paul Dewandre. Son titre, il se l'octroie uniquement sur scène lorsqu'il arrive avec blouse blanche et bâton à la main. Avec des études de commerce en Belgique, rien ne le prédestinait à la scène. Mais cette conférence à Hawaï de John Gray sur les relations hommes-femmes, il y a près de 15 ans, a été une révélation. Avec l'aval de l'écri-

(Photo: LC)

vain, il diffuse ses idées par le biais d'ateliers de communication et de séminaires dans le monde francophone en Suisse, Belgique, France et au Luxembourg. Et enfin, il monte ce spectacle qui démarre en Belgique avec 200 personnes en 2006 et fait salle comble à chaque représentation en 2009, formidablement soutenu par le bouche à oreille. Paul Dewandre va donc passer tout l'été au Casino de Paris et trois dates sont déjà prévues au Grand-Duché: les 7 et 8 octobre au Conservatoire municipal à Luxembourg et le 9 octobre au Casino 2000 à Mondorf. ■ Laetitia Collin Réservation des billets sur www.luxembourgticket.lu (pour les 7 et 8 octobre) et sur www.galamarsvenus.lu (pour dîner de gala et spectacle le 9 octobre).

Lightshow et gros son à la Rockhal jeudi soir

NIN: mordant, mais dans les clous

CinéBelval invite le public à chausser les lunettes de l'irréel!

(Photo: Claude Piscitelli)

Un festival sans casting Serait-ce la crise qui fait dire aux organisateurs du DirActors que le public de demain procède des scolaires d'aujourd'hui? Ou la difficulté à appâter des vedettes internationales au Grand-Duché? Pour l'heure, seul le nom de John Malkovitch a été prudemment évoqué. «Prudence est mère de sûreté», semblait dire mardi dernier à la presse Suzel Pietri, déléguée générale du festival, qui depuis l'annonce prématurée de la venue au Grand-Duché d'Antonio Banderas, ferait des cauchemars. Une troisième édition quoi qu'il en soit aura bel et bien lieu, avec ou sans Malkovitch. Et en ces temps de morosité économique, la nouvelle en soi vaut son pesant d'or tant ce rendez-vous cinématographique avec le grand public saupoudre de paillettes son quotidien et lui fait vivre de belles et riches heures de cinéma, par-delà l'apparition furtive d'étoiles filantes.

Le monde du spectacle «bradé» C'est avec une perversité non dissimulée que la Fédération des théâtres professionnels lance, en pleine période de soldes (!), un appel à création de minispectacles impliquant un... caddie. Objet: animer une semaine de «promotion» des arts du spectacle dans les allées du centre commercial La Belle Etoile et briser la «Hemmungsschwelle» d'un public réticent à franchir le palier d'une maison culturelle. C'est donc à prix cassés que les acteurs des arts vivants vont se donner en spectacle pour accroître la consommation de ce qui aux yeux d'Ainhoa Achutegui, directrice artistique du CAPe, agit comme une «thérapie collective». «Le bonheur est contagieux! Le bien-être doit être partagé! Ce sont les résultats d'une étude finalisée récemment aux États-Unis et qui a analysé ce que les évènements vécus en commun suscitent chez les êtres humains. Il en ressort que la communauté n'est pas seulement nécessaire pour garantir l'équilibre mental mais également indispensable à la santé physique» (dans la préface à la brochure du CAPe saison 2009 / 2010). Alors, plutôt que de visionner sur petit écran, des heures durant, les obsèques du King of Pop, vivez plutôt la culture!

Mieux vaut prévenir que gémir

Froid comme le métal avec lequel on fait les clous, mais pas rouillé Nine Inch Nails (NIN) a bousculé la Rockhal jeudi soir. Pour ce qui pourrait bien être sa dernière tournée, le groupe de Trent Reznor a mis les grands moyens. A commencer par une batterie de lumières aveuglantes. Cauchemar des épileptiques, donnant l'impression d'être un lapin qui aurait oublié ses lunettes de soleil, pris dans les phares d'un camion. Un répertoire rock indé et électro efficace et une puissance tout en retenue ensuite. Une onde de choc calibrée pour secouer un public conquis dès les premières (dé)mesures. (Photo: Claude Piscitelli)

Les admirateurs de Diana Krall se seraient-ils réveillés aux aurores pour se bousculer aux portes de la Philharmonie dès 6 heures du matin et ainsi s'assurer un billet d'entrée pour le concert du 28 septembre? C'eût été cocasse! Le scénario concocté par l'Atelier à l'occasion de la prévente des billets pour le concert de Rammstein ne se répéta pas sur le plateau du Kirchberg. Reste que l'engouement pour le concert de la belle Canadienne – dont la tournée pour son quatorzième album Quiet Nights fait étape à la Phil' – n'en fut pas moindre: lundi, en début de journée, les fervents amateurs de jazz ont placidement fait la file pour être sûrs de décrocher, entre autres, ce précieux sésame de la rentrée musicale. ■ Sonia da Silva


CULTURE raître Vient de pa

vendredi 2 octobre 2009

Le Festival du film francophone de Namur débute aujourd'hui

Qui remportera le Bayard d'or? vée aux premières œuvres comptant vingt longs métrages dont un à surveiller tout particulièrement. Il s'agit de Le dernier pour la route de Philippe Godeau avec toujours François Cluzet en tête d'affiche et toujours dans une histoire vraie. Au niveau des invités, Olivier Gourmet, le président d'honneur, accueillera Alain Rocca, le président du jury longs métrages et Emilie Dequenne la présidente du jury courts métrages. Avec un peu de chance, vous pourrez croiser dans les rues de Namur l'acteur Edouard Baer, qui est un habitué, mais aussi Natacha Régnier, Sergi Lopez, Emmanuelle Devos, Julie Gayet, Xavier Giannoli et Christophe Honoré pour ne citer qu'eux. Le coup de cœur 2009 sera adressé cette année à l'actrice française Elsa Zylberstein. Une occasion de voir ou de revoir des incontournables comme Van Gogh, de Pialat, Il y a longtemps que je t'aime, de Philippe Claudel, et même Modigliani, de Mick Davis, où elle partageait l'affiche avec Andy Garcia. Quant à la leçon de cinéma, elle sera assurée par le réalisateur Claude Miller et son fils Nathan. ■ Thibaut Demeyer

Les Barons, de Nabil Ben Yadir, a été choisi comme film d'ouverture du 24e Festival du film francophone de Namur (FIFF) qui ouvrira ses portes dès ce soir. Non ma fille, tu n'iras pas danser, de Christophe Honoré, sera le film de clôture. Entre les deux, quatorze films seront en lice pour le Bayard d'or du meilleur film.

Dany Prum Ce prestigieux livre grand format regroupe sur 160 pages les œuvres de 1986 à 2009. Après le vif succès des monographies précédentes, voici le 8e volume de la série art saint-paul. Préface: Introduction: Biographie: Photos:

Bernard Ceysson Marie-Anne Lorgé Lambert Herr René Meyer

Le livre est accompagné d'un DVD.

Il est proposé en 2 versions différentes • Edition courante: pleine toile, sous jaquette

Prix: 76 € • Edition

de tête,

avec une ou deux sérigraphies Sérigraphie A: Lucie (+ livre)

198 €

Sérigraphie B: Frutzi (+ livre)

198 € 298 €

Sérigraphie A + B: (+ livre) cette série est limitée à 45 exemplaires

A: Lucie

i

B: Frutz

En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte de saint-paul luxembourg auprès de la BCEE LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre. Les personnes qui désirent recevoir un livre et une ou deux sérigraphies sont priées d'indiquer A, B ou A + B.

Également disponible sur www.editions.lu

18

■ A l'instar des films retenus pour la compétition, la catégorie «Regards du présent» retiendra l'attention car il s'agit d'avantpremières dont le nouveau film de Xavier Giannoli A l'origine avec dans le rôle de l'arnaqueur François Cluzet. Ce film, présenté lors du dernier festival de Cannes, est tiré d'une histoire vraie, celle de Philippe Miller, escroc de profession. Un jour, il découvre un chantier d'autoroute abandonné. Il décide, avec pour but premier de sauver toute une région d'une catastrophe économique, de relancer ce chantier sans aucune autorisation. Mais l'histoire ne se passera pas comme il l'avait espéré. Le vilain, cinquième long métrage d'Albert Dupontel, fait aussi partie des curiosités des avant-premières d'autant plus que Bouli Lanners se trouve au générique. L'acteur défendra éga-

Elsa Zylberstein, le coup de cœur de cette édition 2009 lement la comédie française Rien de personnel qui se trouve dans la

(Photo: Reuters)

catégorie compétition Emile Cantillon. Une catégorie réser-

Le festival est ouvert au public, le prix du «fiffpass» hebdomadaire est de 25 euros alors que le pass quotidien est à 8 euros. Infos sur www.fiff.be.

«Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus», de Paul Dewandre

«Amour, partage et liberté» Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus: 400 représentations, 300.000 spectateurs. Pourtant, Paul Dewandre explique avec le même enthousiasme depuis la première en 2006 qu'il ne détient pas la vérité mais qu'il espère aider un peu les gens en leur apprenant à comprendre et accepter leurs différences. Un spectacle à voir la semaine prochaine à Luxembourg. ■ Comment Mars et Vénus sont-ils venus jusqu'à vous? J'ai assisté à une conférence à Hawaï de John Gray (auteur des Hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, ndlr) et ça a été une révélation. Vous savez, je suis un mec lambda. Avant tout ça, je ne comprenais pas pourquoi mon épouse Corinne appelait sa mère pendant des heures pour lui expliquer que ce qu'on avait mangé à midi était un peu froid et ça m'irritait. Après explications, je me suis dit «Mais, oui, bien sûr, c'est ça!» Et surtout, j'ai compris que toutes les femmes le faisaient. J'ai eu ensuite envie de diffuser les idées de John Gray sur un ton humoristique. Ce thème m'a beaucoup touché, car mes parents se sont séparés à ma naissance mais je ne l'ai su que lorsque j'ai eu treize ans. Ils ont joué la comé-

«On a enfin admis l'idée qu'hommes et femmes sont égaux» die pendant toutes ces années. Avec mon spectacle, je veux aider les gens à être plus vrais dans leur relation pour que les enfants soient à leur tour plus vrais dans leurs futures relations. J'ai beaucoup de témoignages de personnes qui désamorcent les conflits grâce au spectacle, j'en suis vraiment heureux. Cela touche parfois à des détails mais une dispute évitée, ça peut vous changer un après-midi. Vous étiez inconnu, le sujet est plutôt difficile à traiter sans tomber dans la thérapie ou les clichés basiques. Quelles difficultés avez-vous rencon-

(Photo: Laetitia Collin)

trées pour monter ce spectacle? Il y a un décalage évident entre la notoriété du spectacle et la mienne, et c'est tant mieux, j'espère ainsi que d'autres voudront reprendre ma place. Le livre est une bonne base mais j'ai quand même mis dix ans à écrire le spectacle. C'était un peu difficile de savoir par quel bout le prendre. Avant, j'ai animé beaucoup de conférences et séminaires (dont une au centre de préparation au mariage à Luxembourg) et j'ai eu envie de changer de mode de communication. Je n'ai pas vraiment voulu écrire un spectacle sur les différences entre hommes et

femmes mais plutôt sur comment vivre ensemble. Quand j'en ai parlé à John Gray, il paraissait sceptique et récemment, il m'a accordé les droits mondiaux pour monter le spectacle en plusieurs langues. Ceci ne va pas changer le monde mais si ça peut aider quelques personnes... Vous-même, comment percevez-vous les relations hommes-femmes et comment peut-on les améliorer? Je suis marié, j'ai quatre enfants, je suis heureux. Mais je comprends que certaines personnes soient amenées à se séparer. Je partage mes convictions avec humilité, sans juger. J'essaie de remplacer les mots négatifs liés au couple par les notions d'amour, de partage et de liberté. On a enfin admis l'idée qu'hommes et femmes sont égaux maintenant. Mais il faut reconnaître qu'égal ne veut pas dire semblable et comprendre ses différences permet de mieux s'accepter, de gérer et de désamorcer les conflits. ■ Propos recueillis par Laetitia Collin Les 7 et 8 octobre au Conservatoire de Luxembourg, le 9 octobre au Casino 2000 à Mondorf. Réservation sur www.luxembourgticket.lu (pour les 7 et 8 octobre) et sur Internet: www.galamarsvenus.lu (pour le dîner de gala et spectacle le 9 octobre).


17

CULTURE

samedi 26 septembre 2009

«sk-interfaces» emmène le Luxembourg aux frontières de l'art et de la science

Le XXIe siècle en trompe-l'œil Notre rapport au monde naturel évolue parallèlement aux avancées scientifiques. D'une part, le progrès nous apporte une richesse, d'autre part, il nous appauvrit. Les vingt artistes internationaux réunis pour sk-interfaces au Casino-Luxembourg nous montrent le prix à payer pour le «confort» technologique. ■ Commissaire de l'exposition skinterfaces, Jens Hauser l'annonce d'emblée: «sk-interfaces est un titre en trompe-l'œil. L'exposition ne porte ni sur la peau à proprement parler ni sur les différentes interfaces qui existent. C'est sur l'entredeux. C'est un questionnement sur le changement du rapport de l'être humain avec le monde naturel. Les extensions technologiques, de plus en plus nombreuses, changent ce rapport et supplantent le monde naturel.» Jens Hauser est également spécialiste du Bio-art mis en scène par les artistes de sk-interfaces, exposition montrée à Liverpool et réinventée pour le Casino-Luxembourg. Evolution récente de l'art contemporain, il pousse les technosciences dans leurs derniers retranchements. Prises à contrepied, les avancées technologiques sont à la fois porteuses de connaissances, de progrès et de confort et responsables des maux de la Terre, notamment de la «crise écologique» actuelle. Les bio-artistes utilisent les ressources de la biotechnologie, cellules de tissus vivants, modifications génétiques et morphologiques, pour montrer les limites et les

conséquences de son utilisation successive. Et de reprendre la théorie de Marshall McLuhan: «La technologie est le prolongement du système nerveux humain, la télévision prolonge la vue, la radio l'ouïe, la roue la jambe et ainsi de suite mais ce que l'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre.» L'exemple d'Eduardo Kac illustre parfaitement la théorie. Le Telepresence Garment est un vêtement très lourd à l'intérieur duquel tous les sens sont annulés. On ne peut que respirer par une petite ouverture sous le nez. L'utilisateur est guidé par une tierce personne qui reçoit les informations par une Webcam et un microphone intégrés dans le Telepresence Garment. Maurice Benayoun, lui, explore plutôt les effets de la théorie de McLuhan dans le domaine médiatique.

La guerre vue autrement Work Skin est un safari photo virtuel pour les touristes du Pays de la Guerre. Semblable aux jeux vidéo actuels, il est élaboré à partir d'images réelles de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Bosnie. Ce que les joueurs prennent en photo prend une couleur rouge sang avant de disparaître de l'écran. C'est un véritable shooting dans lequel le bruit de l'appareil photo se substitue à celui de l'arme à feu. L'effacement de la scène est la métaphore de l'effacement de la mémoire, appuyé par l'écran qui réduit les trois dimensions des scènes réelles à deux dimensions. «D'une manière générale, les médias aplatissent la matérialité des choses du monde», poursuit l'artiste. Les armes sont vraiment dans la

ligne de mire de sk-interfaces: aux côtés de Maurice Benayoun, le critical art ensemble présente Immolation qui montre les effets des armes incendiaires illégales mais utilisées par les grandes puissances. Deux écrans: sur le premier, une imagerie microscopique de cellules de peau humaine brûlée et maltraitée, sur l'autre, les images médiatiques de bombardements dans divers conflits mondiaux. Les clichés des victimes ont volontairement été occultés pour provoquer une prise de conscience non pas par l'empathie ou l'identification mais en déshumanisant la guerre. D'autres artistes ont accompli des expériences folles, certaines difficilement soutenables pour les âmes sensibles, mais ô combien significatives des dérives scientifiques, comme Stelarc et son oreille greffée dans le bras ou des vêtements fabriqués à partir de l'hybridation de cellules humaines et animales, confections «semivivantes» destinées à une mort rapide puisque d'une part les cellules ne sont pas immunisées et d'autre part, à cause du phénomène de rejet de cellules différentes. L'hybridation est l'histoire de la vie artistique d'Orlan. Son manteau d'Arlequin est le résultat de cocultures de cellules vivantes de plusieurs espèces dont des humains de différentes ethnies. «J'ai toujours voulu casser les barrières entre couleurs, générations, sexes et techniques artistiques.», explique-t-elle, insistant également sur la fragilité, souvent oubliée, de l'être vivant. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 10 janvier 2010.

La saison 2009-2010 du théâtre des Casemates

A l'heure de la «révolution» Dernier théâtre de la place à présenter sa saison 20092010, les Casemates, promet une programmation délibérément «révolutionnaire». ■ Une révolution qui se penchera sur les profonds bouleversements de notre société. Tant personnels que d'ordre privé. L'homme moderne, pris dans le tourbillon d'une société vivant à toute allure, sera au centre des débats de cette saison aux Casemates. Le temps des certitudes semble résolument dépassé. En plus du théâtre proprement dit, la maison dirigée par Germain Wagner restera fidèle à son deuxième domaine de prédilection: les séances de lecture. Au programme de la saison 2009-2010 figureront les spectacles suivants: • Dantons Tod, de Georg Büchner, dans une mise en scène de Dominique Schnizer, avec Eugènie Anselin, Marc Limpach, Mario Mentrup, Florian Panzner et Jules Werner: le 30 septembre, les 3, 7, 9, 10, 11, 14, 17 octobre; • Daumenkino, de et avev Volker Gerling: les 25 et 26 novembre;

Le directeur artistique des Casemates, Germain Wagner. (Photo: Armand Gillen) • Tucho und K, lettres de Franz Kafka et Kurt Tucholsky, lues par Marc Limpach et Germain Wagner, le 3 décembre; • Die Legende vom heiligen Trinker, de Joseph Roth, séance de lecture avec André Jung: les 6 et 7 janvier,

• Ein Stück Wahrheit: lecture avec Fabienne Elaine Hollwege et Gemain Wagner, les 28 et 30 janvier, 3, 4, 5, 10, 11, 12, 23, 24, 25, 26, février; • Kult., de Falk Richter, mise en scène Anne Simon, avec Nickel Bösenberg, Nira Koenig et Tammy Reichling: les 17, 19, 20, 24, 25, 26 mars, les 14, 15, 16, 21, 22, 23 avril; • Ja! Kämpf!, lecture avec Luc Spada, Carmen Wegge et DJ Rayl Da P-Jay: les 29 et 30 avril; • Ein anarchistischer Bankier, de Fernad Pessoa, lecture scènique avec Germain Wagner: les 14, 15 et 20 mai; • Vom grossen Fressen, lecture avec Colette Kieffer, Marc Limpach, Josiane Peiffer et Geramin Wagner: le 20 juin. Toujours de vigueur le pass des Casemates: pour 120 euros (étudiants: 50 euros), vous pourrez assister à quatre productions et à cinq séances de lecture aux dates de votre choix. Attention: le nombre de pass est limité à 80 exemplaires. Informations et réservations des places au téléphone 291 281, e-mail: info@kasemattentheater.lu et sur Internet:

www.kasemattentheater.lu

Un manteau d'Arlequin fait de cellules vivantes

(Photo: Anouk Antony)

Solistes Européens, Luxembourg

Un nouveau site Internet Lundi, les Solistes Européens, Luxembourg mettront en ligne leur tout nouveau site Internet. Plus riche en images et en musique, le site est aussi plus complet puisqu'il présente séparément

les Rencontres Musicales Luxembourg, le cycle Camerata, l'EMA Schengen et SEL Classics.La grande nouveauté est la possibilité d'acheter de la musique en ligne. www.sel.lu

Berlitz Language et Business Training au Luxembourg ! Avec plus de 550 écoles de langues dans le monde et depuis 130 ans, Berlitz est un des leaders dans la formation en langues. Ayez confiance en cette qualité !

Découvrez le monde des langues : • Formation en groupe – réussite en commun • Formation individuelle dans toutes les langues – attention exclusive • Cours et camps pour des enfants et jeunes – apprendre facilement des langues nouvelles • Cours pour des entreprises & Cultural Consulting – service complet pour des entreprises • Berlitz Business Seminars – formation continue dans d’autres secteurs

www.berlitz.lu Berlitz Language and Business Training S.à.r.l. 89 - 93, Grand-Rue • 1661 Luxembourg • Luxembourg Tél.: 00352 – 26 38 32 48 • info@berlitz.lu


CULTURE

samedi 7 novembre 2009

16

Le Frac nous emmène à la rencontre des pôles à mi-chemin entre imaginaire et réalité L'invité du dimanche: Roger Leiner

Prisonniers des glaces A travers l'exposition «Esthétique des pôles - Testament des glaces», exposition multimédia, le Frac veut nous faire vivre les pôles d'une manière intense et sensorielle provoquant l'envie de liberté mais aussi les angoisses partagées par tous les explorateurs.

(Photo: Marc Wilwert)

Pour son émission culturelle Passez-donc nous voir, Jean Matos accueillera demain le dessinateur Roger Leiner. Demain dimanche sur Radio Latina de 14 à 15 heures. Fréquences: 101.2 et 103.1, www.radiolatina.lu

En bref

Musique italienne contemporaine L'ensemble Lucilin donnera ce dimanche 8 novembre à 17 heures son premier concert au centre opderschmelz. Le programme est composé d'œuvres issues du répertoire italien des XXe et XXIe siècles: Luciano Berio, Mario Lanza, Franco Donatoni, Bruno Maderna ou Fausto Romitelli, mais aussi des références aux films italiens avec des pièces de Nino Rota et Ennio Morricone. Les billets sont en prévente à 10 euros et à 15 euros du soir. Réservation par téléphone au 51 61 21-290.

■ Que reste-t-il de l'homme blanc, de sa grande civilisation, de sa superbe dans l'immensité des grandes étendues de glace des pôles? Comment peut-il savoir d'où il vient et où il va là où l'on ne trouve âme qui vive à des kilomètres à la ronde? Les pôles, immenses espaces sans limites où l'on se sent pourtant enfermé, des extrêmes aux confins desquels on rejette nos peurs, nos angoisses et nos fantasmes. Combien de mythes, légendes et récits de voyage ont enflammé notre imaginaire? Les explorateurs, bercés par cette littérature ou simplement épris de liberté et de découvertes, ont foulé ces terres arides et cruelles. Un voyage initiatique au cours duquel ils endurent souffrance physiques et morales dans le but ultime de se dépasser, de se libérer du carcan de la civilisation pour retourner vers l'élan primitif, le seul qui puisse les maintenir en vie dans ces conditions extrêmes. Mais combien d'expéditions ont mal tourné! L'homme blanc, convaincu de sa supériorité, n'était pas préparé à affronter les éléments, bien plus forts que lui. Dans le cadre de l'Année polaire internationale de 2007 (et qui s'est finalement étendue jusqu'en 2009), plusieurs artistes sont partis

Dove Allouche et Evariste Richter ont reconstruit la Terrella, une machine à fabriquer les aurores polaires (Source: Frac Lorraine) en exploration dans ces régions en danger. Le Frac Lorraine présente dans son exposition «Esthétique des pôles - Testament des glaces» les travaux de certains d'entre eux. Le but ultime de l'Année internationale est d'engendrer une prise de conscience collective: on subit, à l'autre bout du monde, les consé-

Rétrospective de l'abstraction géométrique à Differdange

Hommage aux pionniers L'Espace H2O de Differdange présente sa 2e exposition. «Abstraction géométrique - regards sur la Grande Région» rassemble les pionniers du mouvement ainsi que la nouvelle génération d'artistes de la Grande Région. Onze artistes luxembourgeois, allemands, belges et français exposent dans l'ancien château d'eau. ■ L'abstraction a été la grande révolution artistique du XXe siècle. Après des siècles de représentation et d'imitation illusoire de la réalité, l'heure était à la perception, aux émotions et au ressenti. Très vite, l'abstrait prend une orientation géométrique avec une volonté de la part des artistes de pureté et de simplification dans les formes et les couleurs. Le Luxembourg et la Grande Région comptent une poignée de pionniers à qui l'espace H2O rend hommage. La sculptrice belge Nic Joosen, décédée il y a deux ans, a exposé ses formes géométriques en acier aux quatre coins de la Grande Région. Le peintre allemand Boris Kleint a eu un parcours artistique prolifique ponctué de voyages en France, en Italie,

Les formes en acier de Nic Joosen à Londres, aux Etats-Unis et de rencontres enrichissantes avec Kandinsky et Picasso. Peintre et sculpteur luxembourgeois, François Gillen a réalisé de nombreuses mosaïques et vitraux qui lui ont valu un premier prix au concours de vitraux pour la basilique d'Echternach et l'église de LuxembourgBelair et une médaille d'or pour le vitrail «Glorification» à l'exposition universelle de Bruxelles en 1958. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le peintre luxembourgeois Michel Stoffel travaillait dans les assurances. Il est même allé jusqu'à fonder sa propre compagnie d'assurances qu'il a abandonnée en 1940 à l'arrivée des

(Source: Ville de Differdange)

nazis. Il s'est réfugié en France pendant six mois. De retour au Luxembourg, il se consacre entièrement à son activité artistique. Tourné un premier temps vers l'expressionnisme, il peint ses premières toiles abstraites en 1949. En 1950, il passe à l'abstraction géométrique qu'il n'abandonnera plus. L'exposition présente également la jeune génération d'artistes qui ont repris le flambeau de l'abstraction. Parmi eux, Rainer Tappeser, Werner Bauer, Paul Schneider, Jo Enzweiler, Jean Leyder, Nico Thurm et Patrick Ripp. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 29 novembre

quences de la pollution que l'on occasionne dans nos latitudes. La sculpture de glace imaginée par Marijke Van Warmerdam et réalisée par le pâtissier messin Lemoy fond sous les spectateurs impuissants. L'artiste néerlandaise résume ainsi le sort des grands glaciers qui disparaissent à cause de

notre mode de vie surindustrialisée. Le Français Bertrand Lozay s'est filmé marchant sans but sur la glace fine avec un dispositif réduit au maximum. Pourquoi risquer sa vie de façon absurde sans aucune raison? La liberté? Et le bonheur infini d'admirer des merveilles condamnées à disparaître. A travers sa vidéo Artic Pull, Darren Almond confronte le spectateur avec l'hostilité de la nuit polaire qui, faut-il le rappeler, dure trois mois par an. Il fait nuit, les vents soufflent violemment. Le spectateur est plongé dans une salle noire. Comme s'il faisait partie de la vidéo, il tente de se repérer dans le noir. Tous les repères disparaissent, la tête tourne, on perd le sens de l'orientation, on se sent comme enfermé. Les pôles font aussi rêver les scientifiques qui espèrent toucher du bout du doigt les mystères de la nature. Les artistes Dove Allouche et Evariste Richer ont ainsi reconstruit la Terrella, une machine à «fabriquer» les aurores polaires. En 1908, le physicien norvégien Olaf Bernhard Birkeland provoquait une aurore polaire dans une chambre à vide munie d'un électro-aimant permettant de reproduire le phénomène à échelle réduite. La machine d'Allouche et Richer fonctionne avec le même succès. Un calendrier d'aurores polaires est affiché au Frac et les premières aurores ont bien eu lieu aux dates prévues. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 7 février 2010 Frac Lorraine 1, rue des Trinitaires, Metz www.fraclorraine.org

Pêcheurs de perles

Emphase, jargon et charabia (128) Voici d'abord le commentaire à «écrivain iranienne», perle de bel orient trouvée dans Le canard enchaîné du 8 juillet: – comme dans l'exemple tiré du Monde des livres et cité aussi samedi dernier, un adjectif féminin qualifie un substantif en principe masculin, mais auquel il confère de ce fait le genre féminin sans qu'on ait besoin d'écrire «écrivaine». La confusion décrite dans notre dernière chronique est bien entendu propice à une sorte de sourde revanche à l'occasion de laquelle les hommes mettent au masculin ce qui devrait être au féminin: – Voilà bien lontemps qu'on entend dire ou lit «un HLM», alors qu'il s'agit de l'abréviation d'«habitation à loyer modéré», donc d'«une HLM», terme correct qu'on entend ou lit à peine une fois sur dix; – Le canard enchaîné du 14 octobre, p. 1: «l'éventualité qu'il puisse être nommé à ce poste à l'instigation de son père serait déjà scandaleux en soi»; – Laurent Fabius, ancien Premier ministre, le 20 octobre sur France 2: «nous demandons que la réforme territoriale soit soumis à référendum». Cette querelle de la féminisation est essentiellement francophone: les Français adorent les

sujets d'affrontement (à la fin du XVIIIe siècle, déjà, il se disait que «la France compte vingt-six millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement»). Cependant, ce n'est pas un moyen de l'apaiser que, d'un côté, refuser toute féminisation, comme le faisait Maurice Druon quant il était secrétaire perpétuel de l'Académie française – poste où Madame Hélène Carrère d'Encausse a pris une position beaucoup plus rationnelle, sans toutefois accepter toutes les couleuvres que les idéologues féministes voudraient qu'elle avalât –, ni, de l'autre côté, entendre que la langue se plie à toute exigence de leur part. Comme dans toute affaire de ce genre, il existe un juste milieu, consistant à ce que les uns acceptent qu'on féminise tout ce qui peut l'être sans attenter au français, et que les autres acceptent qu'il reste un certain nombre de mots irréductibles à la féminité ou à la masculinité, donc communs aux hommes et aux femmes. Curieusement, c'est finalement ce que préconisait Mme Rey-Debove elle-même: nous allons voir ce qu'elle disait le mois d'avant celui où elle s'exprima dans l'Humanité hebdo. (à suivre) ■ Jean Baert


13

CULTURE

vendredi 6 novembre 2009

Vingt et un artistes turcs exposés pour la première fois à Luxembourg, à l'Espace Royal Monterey

Sous les yeux de l'Occident La Banque Centrale de la République de Turquie dévoile ses trésors. Pour la première fois au Luxembourg, l'institution présente une partie de sa collection artistique débutée en 1937. L'exposition se concentre sur la période contemporaine, de l'art abstrait des années 1950 à nos jours. ■ La proclamation de la République turque en 1923 marque un tournant dans l'histoire du pays. Le changement économique et social entraîne un renouvellement artistique. En 1937, la Banque Centrale de la République de Turquie achète les premières œuvres qui vont constituer le fonds de sa grande collection d'art, réalisée selon les souhaits du premier président turc, Mustafa Kemal Atatürk, mécène des peintres et sculpteurs de son pays. La collection compte aujourd'hui 800 œuvres. Le commissaire de l'exposition intitulée «tendances abstraites dans la peinture turque», le professeur et critique d'art Mümtaz Saglam, s'est concentré sur l'abstraction postSeconde Guerre mondiale. Le mouvement abstrait de la Turquie se raconte à travers 24 œuvres (Chartres de Nejad Melih Devrim (1949) est la plus ancienne et Abstraction de Devrim Erbil (2008) est

«L'arbre généalogique» d'Özdemir Altan: «Un rien peut créer un monde plein d'émotion» la plus récente) de 21 artistes reconnus sur la scène artistique internationale. Mais plus qu'un cours d'histoire de l'art, Mümtaz Saglam s'interroge sur la perception en Turquie, pays multiculturel et en pleine mutation politique, économique, sociale dans les années 1920, d'un mouvement artistique né en Occident au début du XXe siècle. Initiées timidement pendant les dernières années de l'empire ottoman, la modernisation et l'ouverture sur l'Occident s'intensifient sous l'impulsion de Mustafa Kemal Atatürk qui encourageait les artistes à aller voir ce qui se passait

de l'autre côté de la mer Noire. Dès les années 1910, les artistes turcs s'intéressent aux nouvelles techniques artistiques et à la modernité mais la Seconde Guerre mondiale a entraîné une remise en question quant au modèle à suivre. La modernité doit être repensée. Les artistes se sont alors engagés vers des tendances plus individualistes et ont construit leur propre image de l'art contemporain. Certains se sont complètement libérés de la contrainte des formes, d'autres laissent encore deviner des silhouettes comme La figure assise et La main d'Ergin Inan. Mais partout on retrouve les ex-

plosions de couleurs vives, une réalité et des émotions qui nous sautent au visage, à l'exception de Selma Gürbuz dont Le rêve des anges s'articule autour du contraste noir et blanc. Carrefour géographique et culturel, la Turquie ne nie pas l'influence occidentale mais elle n'oublie pas non plus l'héritage culturel du puissant empire ottoman qui a duré plus de 600 ans et celui de l'empire byzantin avant lui. En Occident, l'art abstrait marquait une rupture avec des siècles de figuration et de mimesis, cette illusion de réalité. L'abstraction nous emmène désormais sur les chemins de la perception et non plus de la représentation. Mümtaz Saglam distingue tout de même deux idées: «La notion d'abstrait résulte de l'effort de percevoir et de ressentir la vie et de l'exprimer spirituellement. (...) L'abstraction, qui est plutôt le produit d'une approche envers le monde extérieur, peut être considérée comme une réduction systématique (essentielle) adoptée dans la voie de la signification de la vie et de l'art.» En s'inspirant d'un modèle occidental, les artistes turcs ont trouvé une nouvelle forme de langage qui ne trahit pas leur identité. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 30 novembre A l'Espace Royal Monterey

«Four Play» par la compagnie Gauthier Dance au Grand Théâtre

Une approche sans détour Eric Gauthier reprend la scène après ses deux dernières œuvres emblématiques pour y présenter cinq chorégraphies aux diverses tonalités, interprétées par sa compagnie. Tout un programme avec notamment Forsythe, Kylian et bien sûr Gauthier! ■ Il avait réussi à surprendre le public et la critique avec deux premières pièces décapantes et intrigantes, Six Pack et High Five en 2007. Depuis, le jeune chorégraphe né à Montréal, passé par les Grands Ballets Canadiens et le Stuttgarter Ballet, a construit le berceau d'une compagnie et travaillé sur le répertoire contemporain. Et non des moindres, puisqu'il propose aujourd'hui à ses danseurs d'interpréter quelques morceaux de bravoure d'autres très célèbres chorégraphes de renommée internationale: c'est ainsi que l'on pourra découvrir Duo signé William Forsythe sur une musique de son fidèle compositeur Tom Willems. Un couple de danseurs y exécute avec une précision extrême, les pas et trouvailles incroyables de la danse tricotée de Forsythe. Le vocabulaire classique y est trituré, déconstruit pour une syntaxe surprenante, survoltée de difficultés rythmiques incontourna-

«Double You» de Jiri Kylian bles pour les interprètes virtuoses. What it is signé Philip Taylor est un contrepoint très british sur une partition d'Amy Winehouse, spécialement créé pour cette soirée patchwork. Double You lui succède, signé Jiri Kylian, tombé amoureux de la partita n°4 en ré mineur de Bach. La danse semble dictée par les structures rythmiques sévères de la musique. C'est ensuite à Eric

(Source: Grand Théâtre)

Gauthier de conclure le bal avec Björk Duets, une création inspirée du répertoire de la chanteuse islandaise Björk dont il raffole. Une écriture vive, ciselée, où se déploie le sarcasme et un humour dévastateur. Un univers bigarré, joyeux et fantasque où sa musique, sa voix se fondent aux corps galvanisés des danseurs, proches de cette évocation très en phase avec les atmosphères mu-

sicales de l'artiste lyrique qu'est Björk. Cet hommage en demi-teinte rayonne de générosité et transporte dans un contexte sensible d'amour et de respect. Seasons nous réserve la surprise de la soirée: une création d'Eric Gauthier pour sa compagnie de sept danseurs à l'écoute des saisons, de leurs sensations inscrites dans les corps et les mémoires. Cette thématique lui inspire humour, détachement, charme et tendresse. Le naturel y est de mise, sans décorum ni falbalas, simple, épuré, dépouillé. Son langage chorégraphique y gagne en fait en sobriété, en franchise et sans détour, il y dévoile une bonhomie sans masque, impliquée dans la seule lecture de la musique, sorte d'inventaire accumulé de morceaux choisis de Vivaldi, Brahms, Yo-Yo Ma, Lupo, Brel. Autant d'airs, de mélodies, de compositions savantes ou populaires pour dresser un autel ravissant des relations tissées entre musique et danses. Eric Gauthier tisse ainsi son chemin par des contrées de traverses où il ose confronter son écriture à celle de grosses pointures de la danse. ■ Geneviève Charras

Made

Luxembourg

MADE IN LUXEMBOURG (textes en allemand, anglais et français)

Ce livre, écrit dans un style clair et compréhensible, nous présente 50 entreprises qui, de l’artisanat modeste au géant mondial de l’acier, contribuent toutes à façonner le visage économique du Grand-Duché. Des « survey pages » regroupent d’autres firmes en fonction du secteur économique respectif auquel celles-ci appartiennent. C’est donc une véritable vitrine de l’économie luxembourgeoise qui se présente au lecteur. Relié, 240 pages 23,5 × 32,8 cm Prix:

49 €

En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre.

Egalement disponible sur

«Four Play» au Grand Théâtre de Luxembourg le 6 novembre à 20 heures. Billets au 47 08 95 1.

in

www.editions.lu


19

CULTURE

vendredi 9 octobre 2009

«Destins», exposition Bob Verschueren à la galerie Schweitzer

Rue bric-à-brac

Soirée blues au Sang a Klang

Sculpteur de l'éphémère Des effluves de forêt émanent de la galerie Lucien Schweitzer à Luxembourg : l'artiste belge Bob Verschueren a investi les lieux avec quelques installations végétales pour le moins surprenantes. ■ Passionné par la nature et l'inépuisable diversité de ses formes, Bob Verschueren, plasticien autodidacte originaire d'Etterbeek, s'est orienté vers les tendances du land art avant de développer une démarche artistique toute particulière. Si l'éloge de la beauté éphémère transparaît constamment à travers ses sculptures végétales, l'artiste introduit ces dernières dans des lieux et bâtiments où la végétation apparaît à priori comme insolite, voire totalement exclue. Par exemple, on a pu voir un jour marchant sur un tapis d'argile, une armée de branches de frêne coiffés par des pots en terre cuite envahir l'une des boules de l'Atomium à Bruxelles. Certains endroits de culte ou certains espaces abandonnés se sont découverts une nouvelle renaissance grâce aux formes végétales qui les ont parcourus et soulignés avec adresse. Les galeries ou musées qui accueillent l'artiste sont assiégés par des créations originales réalisées avec des feuilles, tiges ou branchages d'un arbre

Un dialogue entre nature et culture particulier, et parfois avec ces drôles de tubercules que sont les pommes de terre... «Quand je prépare une installation, je me promène dans le supermarché de la nature. Je ramasse ce qui est disponible. C'est une question d'éthique. Je travaille presque toujours avec les déchets que j'ai ramassés à proximité du lieu d'exposition» confiait en 2008 l'artiste dans au magazine. Les installations in situ dans la galerie Lucien Schweitzer

(Photo: Serge Waldbillig)

tendent à souligner le dialogue entre nature et culture. On peut y admirer par deux fois un ensemble composé d'une table et de deux chaises dont les pieds sont des branches de chêne ou de hêtre. Dans la devanture de la galerie se trouve un cadre vidé et partiellement encastré dans un tronc d'épicéa. Un carré de verdure est posé à son pied et soulève la question du «destin» de l'œuvre végétale. Son sort suivra-t-il celui

de la peinture? L'installation végétale possède une particularité qui lui est propre: contrairement à une œuvre d'art classique, elle est éphémère, mortelle. Seules les photographies qu'en fait l'artiste figent ces installations dans le temps et nous permettent de les admirer longtemps après que le cycle naturel les ait fait disparaître. La présente exposition propose de découvrir un grand nombre de ces photographies où l'artiste met en valeur le végétal dans des lieux qu'il a investis. Une large série de miniatures végétales montre des feuilles qui se plient à diverses acrobaties. Celle qui présente les bananes sous toutes leurs formes renvoie à des figures anthropomorphiques. A l'image de l'être humain, le végétal se plie au cycle de la vie et de la mort. L'artiste dira: «Le végétal, c'est du vivant et c'est le miroir de nous-mêmes, les plantes sont comme nous, elles sont aussi éphémères». Bob Verschueren se présente à nous comme le plasticien qui met en scène la destinée éphémère du vivant. Une destinée d'autant plus belle et précieuse qu'elle est de courte durée. Un conseil: courez admirer les installations végétales de cet artiste avant qu'elles ne disparaissent. ■ Nathalie Cailteux

Sharrie Williams et son groupe The Wise Guys seront sur la scène du Sang a Klang. En avant-programme, le MG Blues Band. Le vendredi 16 octobre à 20 h 30 au Sang a Klang, Luxembourg-Paffendall. Caisse du soir.

Chant grégorien: concerts et stages Dans le cadre des Journées du chant grégorien, l'ensemble Schola Gregoriana Pragensis donnera un concert en l'Abbaye le dimanche 11 octobre à 15 heures. Un stage de formation au chant grégorien aura lieu du vendredi 23 au dimanche 25 octobre. Renseignements au 92 10 15 et au 92 99 34.

Les Amis du chant en concert L'ensemble vocal Les Amis du chant donnera un concert spirituel le samedi 17 octobre à 19 h 45 en l'église du Saint Esprit à Cents. L'ensemble interprétera sous la direction de François Theis des pages de Joseph Haydn, Felix Mendelssohn Bartholdy et Javier Busto. Les parties solistes sont assurées par des choristes de l'ensemble. A l'orgue Laurent Felten. Entrée libre.

Jusqu'au 7 novembre.

Pat Andrea expose son Vésuve à la galerie Bernard Ceysson

Prince en concert dimanche au Grand Palais

Saisir l'instant T

Des billets dès aujourd'hui

«Ce qui m'intéresse, c'est le moment où la catastrophe se déclenche, quand les choses basculent. J'essaie de saisir les réactions des personnages à cet instant précis du changement.» Voilà comment, en quelques mots, Pat Andrea légitime la raison d'être de la récente série de toiles, Pompéi, consacrée à la ville romaine et présentée à la galerie Bernard Ceysson. ■ La découverte du site de Pompéei au XVIIIe siècle a mis au jour une tragédie qui a excité l'imagination de nombre d'historiens et surtout d'artistes qui y ont vu une parfaite illustration du Sublime, tel que l'a décrit Edmund Burke, en 1757, indépendant de tout jugement esthétique et moral et surtout aux antipodes de l'harmonie. Violent, démesuré et envoûtant caractérisent à la fois le Sublime et les tableaux de Pat Andrea qui a toujours pleinement assumé dans ses œuvres l'héritage des peintres du passé. Balthus, Bacon, les artistes de la Renaissance italienne et de l'expressionnisme font partie du bagage intellectuel de Pat Andrea. De Balthus, il garde la structure des tableaux en huis clos et des personnages d'une taille démesurée par rapport aux paysages et qui ne communiquent pas entre eux. Un morceau de la Montagne de Balthus est directement incorporé dans Pompéi III, une référence directe en hommage au

La star américaine Prince donnera deux concerts baptisés All day, all night ce dimanche à 17 et à 22 heures au Grand Palais de Paris. Le chanteur s'est décidé mercredi après avoir assisté la veille au défilé Chanel au Grand Palais. Les billets sont proposés

La jeune femme de Pompéi IV est plus terrifiée par Pat Andrea que par l'éruption du Vésuve (Photo: L.C.) peintre français d'origine polonaise. L'expressionnisme allemand du début du XXe siècle lui a inspiré la représentation d'une réalité stylisée et angoissante. Les personnages sont en arrêt sur image, une fumée compacte (aux formes suggestives) jaillit du volcan, l'éruption et la catastrophe sont imminentes. Les personnages s'en rendentils seulement compte? L'angoisse qui se lit sur leur visage semble l'indiquer mais leur immobilité montre qu'ils n'ont pas encore compris quelle catastrophe allait fondre sur eux. Pat Andrea a laissé son pinceau déformant et angoissé envahir l'univers de Lewis Carroll. Il a, en effet, illustré les éditions de Diane

ven 16 oct KÖLNER SAXOPHON MAFIA 20.00 h CLUB ven 16 oct RUDRESH MAHANTHAPPA - CODEBOOK

de Selliers des deux contes, Alice aux pays des merveilles et De l'autre côté du miroir. Les 48 dessins ont fait l'objet d'une exposition nationale au château de Chenonceaux en France et le peintre en expose quelques-uns à la galerie Bernard Ceysson. Chez Andrea, la naïve Alice de Carroll prend une dimension sexuelle et les gentilles créatures du roman deviennent cruelles et effrayantes. Les puristes digéreront mal cette violente transgression mais les psychanalistes ne laisseront pas de gloser sur cette version trash d'Alice, exclusivement réservée à un public adulte et averti. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 25 octobre.

au prix de 99 euros pour une place debout et 149 euros pour une place assise. La billetterie sera ouverte ce vendredi à partir de 10 heures dans différents supermarchés, dans le magasins Fnac et sur www.fnac.com

21.30 h Salle Krieps

ven 16 oct MIKKEL PLOUG GROUP feat. MARK TURNER 23.00 h CLUB sam 17 oct TRIO JURKOVIC-UHLIR-HELESIC 20.00 h CLUB

sam 17 oct VIJAY IYER TRIO 21.30 h Salle Robert Krieps sam 17 oct DONNY MC CASLIN TRIO 23.00 h CLUB dim 18 oct HEY, ASS DAT DJÄSS? JAZZ FOR KIDS 11.00 h Salle Robert Krieps - free entrance

dim 18 oct PHILIP CATHERINE TRIO 11.30 h CLUB dim 18 oct MAXIME BENDER ORCHESTRA feat. RICK MARGITZA 14.00 h Salle Robert Krieps dim 18 oct KLARE - SIEGEL - CAMATTA 15.30 h CLUB

www.luxembourgticket.lu For more information: www.ccrn.lu www.jail.lu www.weyerdesign.lu


15

CULTURE

mardi 15 septembre 2009

Le studio Trois C-L présente son programme de la rentrée

Trois C-L

Une diffusion internationale Le Trois C-L commence ce mois-ci sa nouvelle saison avec de nombreux projets de collaborations internationales mais aussi des œuvres chorégraphiques Made in Luxembourg. Le centre chorégraphique poursuit également son programme de formation continue et propose différents stages aux professionnels et aux amateurs qui ont envie de découvrir les bases de la danse contemporaine. ■ L'équipe du Trois C-L l'a annoncé: cette nouvelle saison sera placée sous le signe de la mobilité des artistes et, désormais, avec l'arrivée d'un nouveau partenaire régulier, la Ville de Luxembourg qui a prévu une allocation d'aide aux théâtres privés du territoire de 31.000 euros. «Nous collaborerons avec d'autres institutions culturelles luxembourgeoises parmi lesquelles le théâtre d'Esch, le CAPe, le TNL, le CarréRotondes mais aussi avec des ambassades. Surtout, on poursuit le programme d'échanges d'artistes en résidence initié en 2007 avec la Roumanie. On accueille des artistes de Porto, Nancy, Berlin, Paris et Bacau. Et on y envoie nos artistes pour qu'ils découvrent des univers et des méthodes de travail différents», explique le directeur artistique, Bernard Baumgarten. Mais qui dit volonté de diffusion internationale dit site Internet lisible et organisé. La directrice administrative, Séverine Zimmer, a recréé un nouveau site «dans un esprit de professionalisation des artistes et de la structure», avec une nouvelle organi-

• Luma Luma and the sound laboratory: 20, 21 novembre, studio Trois C-L; • Bewegungsstudie zu hier und da: 20, 21 novembre, studio Trois C-L; • Travel process II variations sur Darwin voyageur: 26, 27 novembre, CAPe Ettelbruck; • Mais qui est Casse-Noisette?: 16, 17, 18, 19, 20 décembre, studio Trois C-L • Paroles en l'air: 29, 30 janvier, 4 et 5 février, théâtre d'Esch; • Drums and dance: 18, 19, 20 mars, théâtre d'Esch; • Festival Transculuturelles gays et lesbiennes: 2010: The rite of spring + Apparences: 12 et 13 mars, studio Trois C-L; Video Danse, 14 mars, CarréRotondes;

Les stages amateurs

Avec «Drums and dance», Jean-Guillaume Weis retrace l'histoire du langage des corps sation et des volets spécifiques pour chaque public, artistes, professionnels, presse et elle annonce une version anglophone d'ici Noël. La saison commence avec la participation d'Anne-Mareike Hess au Käddi Theater jusqu'au 19 septembre. Casse-Noisette revient à nouveau pour Noël avec six chorégraphes qui présenteront des spectacles de douze minutes où chacun donnera sa version de l'identité du personnage mythique. Le semestre s'achèvera sur le festival Transculturelles gay et lesbiennes. Parallèle-

ment aux créations présentées au Luxembourg ces six mois à venir (lire ci-contre), le Trois C-L resserre ses relations avec la Grande Région, notamment avec le Palais de Lorraine et Charleroi/ Danses. Et, Bernard Baumgarten annonce à demi-mots la participation à l'exposition universelle de Shangaï en 2010 : «On présentera des projets de créations luxembourgeoises mais je ne peux en dire plus». Enfin, le centre de danse contemporaine poursuit sa mission de formation continue avec de nombreux stages destinés aux

(Photo: Steve Eatswood)

professionnels et d'autres pour les amateurs qui ont toujours eu envie de danser mais n'ont jamais osé se lancer dans des cours de danses. Le studio propose des ateliers sur le mouvement, les rythmes, les improvisations chorégraphiques, le jazz contemporain et les approches techniques et chorégraphiques de la danse contemporaine. ■ Laetitia Collin Réservations au Trois C-L, par téléphone au 40 45 69 ou par e-mail: danse@danse.lu.

Le prix des lecteurs de Lorraine succède au prix des lecteurs Grande Région

Hors des sentiers battus Plumes de vies d'Isabelle Guigou a remporté ce week-end le prix des lecteurs de Lorraine. Pour la première édition du concours, le jury a choisi de récompenser un texte décalé, loin des habituels candidats à la course aux prix littéraires, devenue le sport national des écrivains français. ■ Le prix des lecteurs de Lorraine succède au prix des lecteurs de la Grande Région qui avait récompensé l'écrivain français Steve Rosa en 2007 et le romancier luxembourgeois Pierre Decock en 2008. La première édition lorraine était bien partie pour perpétuer la tradition en récompensant un polar. Jean-Pierre Gehin était le dernier concurrent d'Isabelle Guigou. Après 20 ans de bons et loyaux services dans le secteur du tourisme et du sport, il décide de reprendre des étu-

Les spectacles

Plumes de vies remporte le prix des lecteurs de Lorraine 2009 des littéraires pour devenir professeur de lettres et vivre sa passion pour la littérature. La SaintJean aux orties est son troisième roman et les deux premiers, L'ours de Moyenmont et Fulgor ont déjà été récompensés par des prix.

(Photo: Laetitia Collin)

Mais, justement, André-Pierre Syren, directeur des médiathèques de Metz et président du jury du prix des lecteurs de Lorraine affirme ne pas vouloir se placer dans la perspective d'un prix littéraire. Le prix des lecteurs de Lorraine veut valoriser les publica-

tions de la région et, comme son prédécesseur, les textes qui s'adressent à un public de voyageurs, particulièrement, les frontaliers qui passent des heures dans le train. Plumes de vies d'Isabelle Guigou est un texte déroutant, raconté par plusieurs voix, l'histoire d'une adolescente Clarisse, séparée de son père qui se drogue et placée dans une famille d'accueil. Les différents personnages prennent tour à tour la parole - ou plutôt la plume - et livrent leur point de vue et leurs émotions. «Ce texte s'adresse à un public d'adolescents mais il est lisible par les adultes. Certains le trouveront peut-être un peu léger mais il méritait d'être mis en avant», justifie le président du jury. Un thème assez simple, en effet mais une structure complexe qui donne toute son épaisseur à l'histoire et surtout, un chapelet d'émotions livrées avec la naïveté et la sincérité enfantines qui ont caractérisé nos jeunes années. ■ Laetitia Collin

• Quelques petites bulles...: 26, 27 septembre, 3, 4, 10, 11 octobre, studio Trois C-L; • Jazz contemporain: cours les 5, 12, 19 et 26 octobre et stage les 30 et 31 janvier, studio Trois C-L; • Approche technique et chorégraphique: 14, 16, 21, 23, 28 octobre et 11, 13, 18, 23, 25, 27 novembre, studio Trois C-L; • Stage famille: 14 novembre et 27 février, studio Trois C-L; • Les bases de la danse contemporaine: Les lundis du 18 janvier au 1er mars, studio Trois C-L; • Stage d'improvisation chorégraphique: 7 février, studio Trois C-L; • Histoires de rythmes, du 15 au 19 février, studio Trois C-L. www.danse.lu

Il nous a quittés Jim Carroll, poète, écrivain et musicien Le poète, écrivain et musicien américain Jim Carroll, est décédé à l'âge de 60 ans. Son livre autobiographique The Basketball Diaries, écrit en 1978 et objet d'un film avec Leonardo DiCaprio, retrace sa jeunesse débridée, entre matches de basketball et consommation de drogues. Connu pour sa poésie crue et enflammée, Jim Carroll avait rapidement été considéré comme le successeur de Bob Dylan. Dans le domaine musical, Jim Carroll a eu une grande influence sur la musique underground et punk et son album Catholic Boy (1980) est considéré comme un classique de la musique punk. La chanson People Who Died, extraite de cet album et qui évoque notamment la mort par overdose de nombreux amis de Jim Carroll, a été en partie reprise dans la bande son de la superproduction E.T. du réalisateur Steven Spielberg.


CULTURE

samedi 4 avril 2009

16

Rencontre avec Jean-Marie Bigard et Doudi Strajmayster pour une avant-première du Missionnaire

Une histoire toute simple Avant la sortie du Missionnaire le 29 avril, réalisé par Roger Delattre, inconnu jusqu'ici, Jean-Marie Bigard et Doudi Strajmayster (la fameuse Samantha oups!) font une tournée dans les salles françaises pour présenter leur film en avant-première. Ils étaient avant-hier au Kinépolis de Metz. ■ Quand on demande à JeanMarie Bigard de parler du film, il en parle, à sa manière, avec une simplicité enjouée et presque pédagogique: «C'est une histoire toute simple. Mario sort de prison au bout de sept ans et doit régler des comptes avec le milieu. Il est contraint de se cacher et demande à son frère, curé (Doudi Strajmayster), de l'aider. Mario va donc devoir endosser le rôle d'un curé pour se cacher alors que son frère va devoir prendre sa place dans le milieu.» Après l'échec de son premier film en tant que réalisateur, L'âme sœur, Bigard reprend la plume pour s'écrire un rôle taillé sur mesure, celui de Mario. La crainte d'un nouvel échec? «Même si je n'ai plus rien à prouver dans mes one man shows, en tant qu'acteur et réalisateur, je ne suis pas encore bankable mais ça n'a été que du bonheur de recommencer. Ce n'est peut-être pas un hasard si mon personnage sort du placard...» Même son de cloche chez Doudi, considéré par Bigard comme «l'homme de la situation» et qui vient de jouer son premier rôle au cinéma: «J'ai pu montrer d'autres facettes de mon jeu. Grâce à Samantha, qui est un

Doudi Strajmayster et Jean-Marie Bigard en tournée de promotion personnage extraverti, j'ai pu partir dans ce genre de délire. Et puis quand c'est Europacorps (société de production créée par Luc Besson, ndlr), on dit oui! Mais j'avais des appréhensions pour

certaines scènes, comme celle de la négociation des bijoux, une scène-clé, je savais que je ne devais pas la rater.» La carrière de gangster fait de Mario un prêtre peu ordinaire,

La voix de Daniel Auteuil

■ Pourquoi avez-vous accepté le rôle de Pierre dans l'adaptation de Je l'aimais, le best-seller d'Anna Gavalda? J'ai souvent été l'interprète d'adaptations cinématographiques de romans. Avant même de parcourir le scénario, j'ai lu le livre et, d'emblée, il m'a beaucoup plu. J'ai immédiatement su de quelle façon je pourrais m'approprier le personnage. Lorsqu'un ouvrage convient pour une adaptation, le héros y est bien intégré mais comporte assez d'ouvertures pour laisser de larges perspectives aux acteurs et au cinéaste. Quels sont les critères du personnage qui vous ont particulièrement interpellé? Pierre est un bosseur mais à force de s'accrocher à son travail, il a l'impression de s'être trompé de vie. Cet homme réalise qu'il ne s'est jamais fait confiance pour

Daniel Auteuil distingué à Monaco aller au bout de ses rêves, notamment en amour. Cette fragilité-là m'a touché. Puis une femme vient réintroduire l'inattendu dans son existence prévisible. Grâce à elle, le désir renaît. Ce qui était inespéré. Ce genre de protagoniste n'aurait-il pas un air de déjà-vu? La trame véhicule en effet des préoccupations universelles. Cependant, Pierre se singularise dans son renoncement. Nous por-

c'est le moins que l'on puisse dire! «C'est un voyou à l'ancienne qui a du cœur et des règles, à la croisée de Lino Ventura, Robert de Niro ou Clint Eastwood. Leurs personnages ne

Le pêcheur de perles

«S'en remettre à son instinct» Au 8e Forum de cinéma et littérature de Monaco, Daniel Auteuil a été élu meilleur acteur d'une œuvre adaptée pour son rôle dans Je l'aimais, film réussi qui sortira en mai. Rencontre.

(Photo: Laetitia Collin)

font jamais de choses qu'eux-mêmes n'auraient jamais osé faire. C'est un personnage difficile mais efficace, assez proche de moi.» Pour Doudi, «c'était marrant de se mettre dans la peau d'un curé qui va dériver dans les drogues qui nous entourent. C'était intéressant de passer d'un aspect à l'autre même si c'était plus drôle de jouer le rôle du dévergondé.» En effet, on ne plaisante pas avec la religion, même quand on s'appelle Bigard? «J'ai la foi, enfin, je crois. Comme on dit, on ne peut pas croire sans douter ni douter sans croire. Mais, je n'ai jamais eu de cours de catéchisme, seulement quelques bases comme les Commandements, le respect de son prochain. Nous ne faisons qu'un avec Dieu, les religions ne sont que des enseignes et l'on choisit celle qui nous va le mieux. Dans le film, je fais un truc improbable, je tente de réconcilier deux religions, et ce qui est beau dans le film, c'est que ça marche!» Question religion, Doudi a reçu la même éducation que son acolyte, à ceci près que, né en Israël, il est de confession juive. «Mon père me laissait libre tout en m'apprenant le respect. Moi, je crois au destin, mais est-ce Dieu le destin? Quand je regarde en arrière, les rencontres hasardeuses que j'ai faites, qui m'ont amené ici aujourd'hui, je pense que toutes ces coïncidences ont un sens.» Projets cinématographiques ou à la télévision: «Peu importe l'endroit, du moment que je continue à faire des projets qui me plaisent et que je me marre!» ■ Laetitia Collin

tons tous des limites en nous mais les siennes lui confèrent une fragilité particulière. Il n'aime pas assez la vie pour prendre le risque de la vivre. . L'histoire se déroule sur une vingtaine d'années. Difficile de jouer sur un si large laps de temps? C'était un défi. Mais également un moteur pour mon ego d'acteur. Quand une interprétation est compliquée, elle pousse le comédien à s'en remettre essentiellement à son instinct. Et j'aime ça! Pensez-vous aussi aux lecteurs quand vous campez un héros littéraire? Oui, toujours. Il faut certes ne pas se laisser impressionner par la notoriété d'un auteur et la ferveur de ses fans. Mais je ne veux pas décevoir les gens. Si je suis là depuis 40 ans, c'est peut-être parce que je réfléchis de cette manière! Si vous deviez adapter un livre, quel auteur choisiriezvous? Marcel Pagnol. C'est l'écrivain qui pourrait bien me donner envie de passer à la mise en scène! ■ Propos recueillis par Felicity Porter

Emphase, jargon et charabia (105) Ainsi que nous l'annoncions il y a trois semaines, le rapport qu'établit un mot composé germanique entre ses éléments déterminant et déterminé n'est pas toujours celui qu'établit d'ordinaire la préposition française «de» entre un substantif déterminé et son complément déterminatif. L'anglais horseshoe se traduit certes parfois par «fer de cheval» (notamment dans les doublages de western, lorsqu'on trouve un tel fer perdu dans la nature, et qu'il est donc clair que c'est un blanc qui est passé par là, puisque les Indiens ne ferraient pas leur cheval) mais le plus souvent par «fer à cheval» ou «fer pour cheval»; quant à l'allemand Pferdewagen, il se traduit par «voiture à cheval» ou «voiture à chevaux». De même, si l'allemand Magen entre en composition comme déterminant, on traduit différemment selon qu'il s'agit de Magenbeschwerden («maux d'estomac») ou de Magengeschwür («ulcère à l'estomac»). Au demeurant, l'allemand a un système permettant le distinguo: ein Weinglas signifie «verre à vin» et ein Glas Wein «un verre de vin». Le meilleur exemple de ce qu'un mot

composé allemand ne correspond pas nécessairement à l'ensemble français «déterminé + »de« + complément déterminatif» nous fut donné à l'automne 2000, lors du changement de souverain au grand-duché de Luxembourg. On vit alors foisonner, dans la presse luxembourgeoise germanophone, le mot composé Thronwechsel, expression que les rédacteurs d'article en français traduisirent le plus souvent de manière littérale: «changement de trône», ce qui était un faux sens grossier. Il est évident que ce n'est pas le trône qui changeait mais son occupant, et que le correspondant français dudit mot composé allemand était «changement sur le trône» – d'où l'utilisation beaucoup plus correcte, dans certains articles en français, de l'expression «accession au trône» ou du mot «avènement». Comme quoi il peut être utile de bien comprendre une langue étrangère pour bien écrire la sienne.

Mise au point Les grands écrivains, avons-nous dit, ne sont pas exempts d'erreur: cela mérite commentaire. (à suivre) ■ Jean Baert


21

CULTURE

lundi 30 mars 2009

«Great Expectations» à voir au Casino - Forum d'art contemporain dans le cadre du «Mois européen de la photographie»

Zooms amers sur l'actualité L'exposition Great Expectations qui se déroule actuellement au Casino Luxembourg remet au goût du jour l'événement artistique The Bitter Years organisé en 1962 par Edward Steichen. ■ L'illustre photographe originaire de Luxembourg Edward Steichen avait mis sur pied en 1962 au musée d'Art moderne de New York une exposition rassemblant une série de photographies réalisées dans les années trente par la mission documentaire du FSA (Farm Security Administration) et qui dépeignaient les conditions de vie de l'agriculture américaine pendant la grande dépression. Les photographies contemporaines réunies pour l'exposition Great Expectations s'inspirent librement de ce sujet pour analyser la situation actuelle qui s'inscrit dans une mondialisation de plus en plus inhumaine et qui, par une pure coïncidence, se retrouve également confrontée à une crise comparable à celle de 1929. Outre cette malheureuse redondance historique, le point commun entre les photographies choisies pour The Bitter Years et les œuvres réunies pour Great Expectations se résume en deux mots: leur «approche humaniste». Les 22 artistes issus des quatre coins du monde et participant à cet événement projettent des visions et impressions personnelles, captées par leur objectif dans des endroits où règnent la pauvreté, la guerre, la terreur. On remarque de prime abord que ces images vont au-delà du simple

Suzanne Opton souligne la vulnérabilité des soldats américains avec des visages à l'horizontale sur une table (Photo: Marc Wilwert) statut documentaire. Elles adoptent le point de vue et le talent personnels du photographe-artiste qui les a réalisées tout en témoignant d'une situation sociale, humaine et écologique intolérable. La grande œuvre présentée dès l'entrée est une composition à la fois photographique, esthétique et architecturale de Dionisio González qui met en exergue la réalité des favelas de Rio au Brésil. La misère urbaine et l'échec du système capitaliste constituent un thème récurrent que l'on retrouve notamment dans les œuvres de Frédéric Delangle,

Mélanie Smith, Ari Saarto, Guy Tillim ou encore dans celles du photographe luxembourgeois Patrick Galbats. Les bâtiments et projets abandonnés suite à des spéculations chaotiques ou à des catastrophes naturelles sont révélés par les prises de vue de Joachim Koester et Vahram Aghasyan. Témoignages des ravages que provoquent les conflits et les guerres, les photos de Kai Wiedenhöfer démontrent l'absurdité d'un «mur de la honte» maintenant transposé en Israël. La violence est dénoncée également par les œuvres de Stanley Greene

en Tchétchénie, par la vidéo d'Iván Edeza dans la forêt amazonienne, par les sombres images de Laurence Leblanc au Sierra Leone et par l'installation de Lukas Einsele dans la grande salle du casino qui souligne les méfaits des mines antipersonnel sur les populations civiles.

Soldats à la renverse Suzanne Opton qui avait choqué l'opinion politique aux USA a pris l'initiative de mettre en évidence la vulnérabilité des soldats américains avec des photographies montrant leur visage posé à l'horizontale sur une table.

Jules Spinatsch et Bruno Serralongue documentent chacun de leur façon le clivage croissant entre les populations et les représentants du pouvoir protégés par des forces de l'ordre de plus en plus répressives. Le thème de la pauvreté n'est pas en reste: Sada Tangara montre des enfants africains dormant dans la rue, Zwelethu Mthethwa met en évidence les conditions difficiles, mais surtout la dignité des travailleurs dans les champs de canne à sucre en Afrique du Sud. Adi Nes réalise des portraits touchants de personnes vivant dans la misère. Martin Eder présente de grands clichés de femmes reléguées au rang de simples valeurs marchandes. Peter Granser quant à lui dépeint le côté artificiel d'une vie de ghetto pour seniors en Arizona. A noter les flamants roses de ce paradis artificiel qui sont en plastique… Sur le palier du premier étage du Casino, Eric Baudelaire invite à une réflexion sur l'impact de la photographie et du photojournalisme face à l'actualité. Le grand tableau qu'il présente au public est une mise en scène hollywoodienne d'un événement tragique en Irak tel que se le représente l'imaginaire collectif. Un tour d'horizon peu glorieux sur le monde d'aujourd'hui qui vaut certainement le déplacement et qui plus est, soulève aussi de nombreuses questions sur la quintessence de la photographie à notre époque… ■ Nathalie Cailteux Exposition «Great Expectations» au Casino Luxembourg jusqu'au 14 juin.

La 9e édition d’Art.Metz prend fin aujourd'hui

Un artiste, un univers Un univers radicalement différent où règnent les contrastes de matières et de couleurs. Parti de l'expressionnisme, il s'aventure maintenant vers une peinture sensuelle où la lecture de la toile fait appel aux cinq sens. «Longtemps j'ai cru que je n'avais pas d'imagination», explique l'artiste parisien, «jusqu'à ce que je lise les mots de Baudelaire sur l'imagination qui la définit par deux images incongrues qui, une fois assemblées, font sens.» Loin de rechercher l'harmonie, la beauté ou les belles couleurs dans ses toiles, Jean-François Berjoan donne de moins en moins de place à ses personnages pour laisser plus de place au travail de l'espace.

La fine fleur de l'art contemporain s'était donné rendezvous à Metz ce week-end, dans les locaux de Metz Expo Evénement, à l'occasion de la 9e édition d'Art.Metz. Les visiteurs ont pu approcher les quelque 160 exposants, peintres, plasticiens, sculpteurs venus des quatre coins du monde et galeries d'art, pour découvrir les œuvres et discuter avec des artistes enthousiastes et ravis d'être présents. ■ Cette année, les nouveaux espaces de Metz Expo Evénement ont eu un effet surprise et la 9e édition d'Art.Metz a accueilli pour la première fois trois galeries d'art formant le projet pilote destiné à s'installer et à évoluer les années suivantes. La Shuim gallery de Séoul a exposé ses artistes coréens. Sook Shin en faisait partie. Les légendes des montagnes coréennes de son enfance, ses études de la peinture orientale et les Beaux-Arts à Paris ont forgé sa vision des rapports

Thomas Jacquet utilise ses références culturelles pour recréer une réalité décalée (Photo: Laetitia Collin)

entre l'Homme et la nature. «L'Homme n'est pas plus important que la nature; y croire mène à sa destruction. Il est important de vivre en harmonie avec elle.» Sa démarche artistique est miméti-

que de sa conception et ses photos prises à partir d'une macrocaméra mêlent corps humain, eau et végétation. A quelques mètres de là, le stand de Jean-François Berjoan.

«Aujourd'hui, le monde tourne autour de l'Homme» Une question du rapport de l'homme au monde que l'on retrouve sous une autre forme dans les travaux de Sylvie Colin. Ses paysages urbains tout en cacophonie et en mouvement, sont l'image du bouleversement des rapports: «Aujourd'hui, le monde

tourne autour de l'Homme», pense-t-elle. A l'autre bout de l'espace d'exposition, Thomas Jacquet fait revivre son enfance qui est aussi un peu la nôtre. Il utilise les références culturelles de sa jeunesse et recrée une réalité décalée par des associations déconcertantes: Marilyn, Picasso, Frida Kahlo, les premiers mangas peuplent l'imaginaire de Thomas Jacquet dont les peintures s'inscrivent dans la lignée des artistes Pop surréalistes comme Marc Ryden. Des personnages au regard pénétrant: «Beaucoup de choses passent par le regard», précise-t-il, des enfants qui fument et portent des costumes à une époque où «l'habit faisait encore le moine». «Maintenant, heureusement, on peut s'habiller de telle façon et être quelqu'un un jour et être une autre personne le lendemain.» Peut-on enfin croire, en un XXIe siècle, considéré postmoderne et en ce nouveau millénaire, à une véritable libération du carcan des conventions sociales? O tempora! O mores! ■ Laetitia Collin


CULTURE Rue bric-à-brac

L'architecture selon Christoph Ingenhoven L'architecte Christoph Ingenhoven, du bureau Ingenhoven Architects à Düsseldorf, tiendra une conférence intitulée The future is green ce soir à 19 heures à l'auditorium de la Banque de Luxembourg, 14, bd Royal, Luxembourg. Au Grand-Duché, cet architecte a signé le nouveau bâtiment de la Banque européenne d'investissement au Kirchberg. Conférence en langue allemande. Entrée gratuite.

Plein les yeux, plein les oreilles A priori, tout sépare Shrek et Kill Bill. Les deux films se ressemblent pourtant beaucoup: postmodernes, ils jouent sur la sidération des spectateurs. Comment les films appartenant à ce courant esthétique s'y prennent-ils pour parvenir à ce résultat? Quels sont les thèmes de prédilection de leurs scénarios? Pourquoi ces mêmes thèmes et les figures de style utilisées se retrouvent-ils dans les clips et les jeux vidéo? Réponse lors de la conférence intitulée «Langage des médias. Plein les yeux, plein les oreilles: thèmes et moyens du cinéma postmoderne», exposée par Laurent Julier, directeur de recherche à l'Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel de l'université Paris III. Le jeudi 2 avril à 18 h 15 au Campus Limpertsberg, bâtiment des sciences, salle 0.03. Infos par tél. 46 66 44 6248 ou par courriel: Gian-maria.tore@uni.lu

Fishbone sur la scène de la KuFa Le groupe phare de la scène fusion des années 80-90 est bel et bien de retour. Fishbone se produira le 13 juin prochain à la Kulturfabrik. Créé à la fin des années 1970 à L.A., surfant sur la vague ska, Fishbone propose une musique fusionnelle. Cité comme une influence majeure par de nombreux groupes (Red Hot Chili Peppers, No Doubt, U2, Primus), emmené par le charismatique frontman Angelo Moore, rejoint plus récemment par l'ancien guitariste de Suicidal Tendencies, Rocky Georges, Fishbone reste l'un des meilleurs groupes live des dernières années. Le 13 juin à la KuFa à 20 heures. Première partie: The Disliked; prix: 15 euros; caisse du soir: 18 euros.

La cité de l'image au Mois de la photo Pour la première fois, Clervaux participe cette année au «Mois européen de la photographie» avec deux expositions dans la cité de l'image. Dans le cadre du festival, le musée The Family of Man et l'asbl Clervaux, Cité de l'image, présentent deux artistes qui travaillent dans la tradition du photojournalisme et y apportent leur point de vue personnel: le musée accueille la série War Graffiti de Peter van Agtmael (Magnum Photos) dans son parcours d'exposition jusqu'au 7 juin 2009; le travail Sur la décharge; Roumanie de Jordis Antonia Schlösser est à voir à l'Hôtel du Parc du 29 mars au 31 mai.

jeudi 26 mars 2009

20

«L'Invitation aux musées»: douzième édition les samedi 28 et dimanche 29 mars

Franchissez le seuil des musées Ce dernier week-end de mars, d'stater muséeën – le groupement des musées et centres d'art à Luxembourg – vous invitent à ses traditionnelles journées portes ouvertes. Saisissez l'opportunité de découvrir à votre aise les collections permanentes des grands musées nationaux et communaux: l'entrée est gratuite! ■ Visitez les expositions temporaires du moment, découvrez ce qui lie le passé et le présent, explorez les secrets de la nature et allez à la rencontre d'artistes reconnus au plan international. Des visites guidées, rencontres, ateliers et conférences vous donneront un avant-goût du travail de médiation que nos institutions effectuent pour vous tout au long de l'année. Des marchés aux livres au Casino Luxembourg, MUDAM Luxembourg, musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg et au musée national d'Histoire et d'Art vous permettront d'étoffer vos bibliothèques avec des ouvrages de qualité. Le programme détaillé de tous les événements est disponible sur le site www.statermuseeen.lu et sera publié dans la presse luxembourgeoise deux jours avant l'événement.

Des navettes gratuites A cette occasion, des navettes spéciales circuleront à partir du

P&R Bouillon, Quai 1A. Les bus oldtimer et bus de ligne, mis à disposition par Routemaster asbl et la Ville de Luxembourg, partiront toutes les 20 minutes de 9 h 44 à 12 h 44, et de 13 h 04 à 18 h 40 l'aprèsmidi. Itinéraire: Tramsmusée, Bouillon 1A, Hollerich Gare (seulement samedi après-midi), Gare Centrale 9, Roosevelt 1, Hällepull, Cathédrale, Fëschmaart, Badanstalt, Lycée Robert-Schuman, Philharmonie/MUDAM, Lycée Robert Schuman, Hamilius 4, Martyrs, Gare Centrale 101, Hollerich Gare (seulement samedi après-midi), Bouillon 1C, Tramsmusée. Rollibus pour personnes à mobilité réduite: un rollibus spécial partira à 13 h 30 au parking du Glacis, près des emplacements pour conducteurs handicapés entre l'allée Scheffer, l'avenue Pasteur et l'avenue Victor Hugo. Son itinéraire comprend trois musées équipés d'un accueil adapté: le musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg (départ vers «natur musée» à 14 h 45), le musée national d'Histoire naturelle – «natur musée» (départ vers les MNHA à 15 h 45), et le musée national d'Histoire et d'Art (retour vers Glacis à 16 h 45). – Entrée libre sur les deux jours. – Pour le Rollibus, réservez votre place par tél.: 22 50 45. – Détails du programme dans notre supplément d'aujourd'hui et sur le site: www.statermuseeen.lu

Au programme, la magistrale exposition que le musée national d'Histoire et d'Art consacre aux «Peintures italiennes du XVIIe siècle»

Neuvième Foire de l'art de Grande Région à Metz Expo Evénement, ce week-end

Au marché de l'art Du 27 au 30 mars, 160 exposants, artistes et galeristes de tous horizons artistiques et géographiques vont exposer leurs œuvres à Metz Expo, transformé, à l'occasion de la 9e Foire de l'art de Grande Région, en véritable vitrine des arts plastiques contemporains. ■ La nouvelle disposition des locaux de Metz-Expo a permis d'agrandir les espaces d'exposition d'Art.Metz dont un est entièrement consacré aux galeries d'art, même si aux yeux de l'organisatrice de l'événement, Marie Rigaux, «leur présence est encore timide cette année» mais sans oublier d'ajouter que «cette présence devrait gagner en importance dans les éditions à venir». Les galeries Aktuaryus, Who's who S.A. Lausanne et Shuim Gallery seront présentes pendant ce long week-end. 160 exposants, choisis par un comité de sélection dont le principal critère est la diversité des travaux exposés pour la manifestation, seront présents du 27 au 30 mars pour dialoguer avec le public. Invité d'honneur lors de la 6e édition d'Art.Metz en 2006, le peintre Max B. sera à nouveau présent ce week-end, aux côtés

Callu, sans titre, photo argentique noir et blanc d'artistes sculpteurs venus présenter leurs œuvres monumentales, à l'opposé du travail sobre de la photographe Ayako Takaïshi, invitée de cette 9e édition. Ses paysages en noir et blanc inspirent le calme voire la mélancolie. L'année dernière, Art.Metz avait accueilli près de 5.000 visiteurs et permis entre 450 et 500 acquisitions d'œuvres d'art. La manifestation s'adresse

(Source: Art.Metz)

aussi bien aux collectionneurs et initiés qu'au public amateur. L'objectif principal de cette manifestation est de rendre les œuvres d'art accessibles d'un point de vue culturel et financier. Dans cette perspective, Art.Metz a instauré, comme chaque année, une politique des prix. De plus, les visiteurs auront l'occasion de discuter avec les artistes. Art.Metz accueille des

créations venues d'Europe, d'Asie, du Canada, d'Amérique du Sud et de Scandinavie, de peintres, sculpteurs ou photographes, de styles et démarches artistiques très diverses, inspirés de courants aussi différents que l'expressionnisme, l'abstraction ou l'art urbain. La Grande Région sera aussi fièrement représentée avec des artistes comme la Luxembourgeoise Gudrun, Flow painting de Nancy en Lorraine, Jörg Munz pour l'Allemagne et Albert Maurice Dusch de Belgique. Aussi, la Grande Région était un cadre idéal pour accueillir cet événement. Carrefour de la diversité, plusieurs cultures s'y croisent au quotidien et s'enrichissent mutuellement. Les artistes seront ravis de parler de leurs œuvres et d'expliquer les techniques utilisées et de répondre aux questions des nombreux curieux. ■ Laetitia Collin – Tarifs: 7 euros, gratuit jusqu'à 18 ans. – Soirée d'ouverture le 27 mars à 18 h 30. Autrement ouvert de 11 à 20 heures, lundi jusqu'à 18 heures. – Adresse: Metz Expo Evénements , rue de la Grange aux Bois, 57042 Metz. Infos par tél.: 00 33 3 87 55 66 00.


CULTURE

samedi 10 janvier 2009

Tintin toujours aussi populaire à 80 ans

Guide culturel Que voir à Bruxelles?

Une postérité sur pellicule s'élève lui contre tout «anachronisme» dans les critiques. «Juger Tintin ou Hergé selon des critères établis par les événements historiques, l'évolution des mentalités et les bouleversements politiques revient à renvoyer une image fausse d'une réalité oubliée», explique-t-il sur son site. «J'ai rencontré Hergé à plusieurs occasions, je n'ai pas eu l'impression de me retrouver devant quelqu'un qui manquait de sensibilité sur ces questions. Il faut tout replacer dans son contexte», assure M. De Kuyssche, en faisant observer qu'il est lui-même d'origine juive.

Tintin, le seul reporter qui ait accédé à la célébrité internationale sans jamais avoir écrit d'article, fête ce weekend ses 80 ans, fort d'un succès toujours aussi incontesté dans le monde. En 2009, la formule du guide culturel de Bruxelles de la Fondation pour les Arts continuera de s'élargir, grâce à un volet totalement personnalisé: le guide adopte les choix des rédacteurs culturels des grands médias belges qui proposent, chaque mois, leurs coups de cœur culturels, dans toutes les disciplines artistiques. Ils expliquent pourquoi ne pas rater un événement afin que les lecteurs du guide disposent d'un fil rouge pour faire leurs choix. C'est aussi dans cette partie que sont évoqués les grands événements, les expositions et les festivals. Plus encore que par le passé, le guide nourrit l'ambition de montrer qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant à faire ou à voir à Bruxelles. Comme dans les éditions précédentes, il contient aussi un agenda culturel proposant un aperçu chronologique des événements de janvier à décembre 2009. Prix: 15 euros. Infos au tél.: 00 32 2 563 61 63 ou par e-mail: info@agenda.be.

■ C'est le 10 janvier 1929 que le plus illustre personnage de la bande dessinée belge fit son apparition – en route pour l'URSS, au pied d'un wagon en partance pour Berlin, sa première étape – dans Le petit Vingtième, supplément hebdomadaire d'un quotidien catholique bruxellois, Le Vingtième Siècle. Depuis, les 24 albums de ses aventures traduits dans 50 langues se sont vendus à plus de 200 millions d'exemplaires et continuent de passionner chaque année des centaines de milliers de nouveaux lecteurs, comme si le temps n'avait pas de prise sur lui. Une longue carrière que la mort en 1983 de son créateur, Georges Rémi, alias Hergé, n'a pas compromise bien que ses héritiers aient refusé que le personnage soit repris par d'autres, comme l'ont été diverses gloires de la BD, Spirou et Lucky Luke. Il devrait néanmoins avoir une postérité sur pellicule. Avec l'accord de Fanny Rodwell, la veuve d'Hergé, le cinéaste américain Steven Spielberg prévoit de tourner une trilogie de films d'animation dont le premier devrait sortir en 2010. Un événement qui pourrait donner au globe-trotter emblématique de la BD européenne, mais peu connu aux Etats-Unis,

Calendrier des festivités

la dimension planétaire qui lui manque encore. Et ce même si Tintin, accompagné de son fox terrier blanc Milou, a déjà, au travers de ses aventures, voyagé sur tous les continents. Cet anniversaire ne sera sans doute pas seulement l'occasion de vanter les mérites du jeune homme à la houppe, à la moralité de scout, vaillant et débrouillard. Le personnage et son créateur font l'objet d'accusations nombreuses: anticommunisme primaire (Tintin au pays des Soviets), paternalisme colonial (Tintin au Congo), antisémitisme (L'Etoile mystérieuse), à celles de sexisme voire de misogynie.

Exposition sur l'origine des fêtes de l'année au musée de l'Image d'Epinal

Un calendrier festif en images L'hiver est la saison des contes. Le musée de l'Image à Epinal propose de nous raconter l'histoire des origines des fêtes qui rythment notre calendrier. C'est l'occasion d'en savoir un peu plus sur notre sapin de Noël, les crêpes de la chandeleur et autres beignets de carnaval. ■ Nos fêtes laïques ou religieuses sont le plus souvent l'héritage du patrimoine de l'Antiquité celte, grecque ou romaine. La période hivernale est particulièrement riche en événements. Elle commence avec la Toussaint. Fête de tous les saints depuis l'ère chrétienne, le 1er novembre était déjà une date fondamentale du calendrier celtique puisqu'il s'agissait alors de la fête de Samain qui annonçait le début de l'hiver et la fin des récoltes. Parallèlement à la tradition chrétienne qui fête la naissance de Jésus le 25 décembre, un autre personnage a émergé dans l'imaginaire populaire, le père Noël. Assimilé à l'origine à saint Nicolas (il dispose des mêmes attributs, la barbe blanche, un grand manteau, la ceinture), Sinter Klaas (saint Nicolas néerlandais) tra-

18

Pour les Celtes, les crêpes symbolisaient le disque solaire (Source: musée de l'Image) verse l'océan Atlantique au XVIIe siècle lors de l'émigration de Néerlandais aux Etats-Unis. Le conte de Clément Clarke Moore, paru en 1821, The night before Christmas, et les illustrations du dessinateur Thomas Nast dans le journal new-yorkais Harper's illustrated weekly font naître le personnage jovial avec sa barbe blanche qui distribue les cadeaux aux enfants, secondé par des lutins.

Enfin, en 1931, Coca-Cola apporte une dernière couche en troquant son manteau vert pour le rouge. L'arbre de Noël est un rituel bien antérieur à la fête chrétienne. L'épicéa, symbole de l'enfantement chez les Celtes, était décoré, à l'occasion du solstice d'hiver, de fruits, de fleurs et de blé. Les diverses illustrations du musée expliquent le long cheminement qui a abouti à notre traditionnel sapin de Noël. L'exposition raconte aux petits et aux grands beaucoup d'autres histoires sur l'origine des fêtes de notre calendrier, pourquoi on fête les Catherinettes, pourquoi mange-t-on des crêpes à la chandeleur et des beignets au carnaval, tradition aux multiples origines, de Babylone en Grèce et à Rome, en passant par la fête des Fous du Moyen-Age. De toutes ces civilisations et cultures disparues, le musée de l'Image nous montre comment on a conservé un héritage intemporel et inusable qui se rappelle ostensiblement à notre mémoire mais paradoxalement sans qu'on s'en aperçoive. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 29 avril au musée de l'Image 42, quai de Dogneville, F-88000 Epinal. Tous les jours de 9 h 30 à 18 heures.

Ce dossier à charge a été décortiqué récemment par le très sérieux hebdomadaire britannique The Economist. Le magazine explique en quoi Tintin était un «héros très européen» – comprenons «continental» – loin du politiquement correct d'aujourd'hui, ne prétendant pas changer l'avenir de l'humanité, à la différence des héros «anglosaxons» typiques. Une difficulté que Spielberg, associé à Peter Jackson, devra surmonter dans son fil. Alain De Kuyssche, le rédacteur en chef du site tintin.com de Moulinsart SA, l'institution chargée de veiller au patrimoine artistique d'Hergé,

Les festivités autour de l'anniversaire de Tintin débuteront le 14 janvier avec l'inauguration d'une fresque à la gare de Bruxelles-Luxembourg, au centre de la capitale belge. Début juin, le Musée Hergé, conçu par l'architecte français Christian de Portzamparc, sera inauguré à Louvain-la-Neuve, au sud de Bruxelles. Ce devrait être aussi l'occasion d'un hommage à un très vieux monsieur de 96 ans, Palle Huld, un peu oublié et qui a pourtant inspiré Hergé. A 16 ans, en 1928, ce scout danois, avec le parrainage du quotidien Politiken, avait fait le tour du monde pour le centenaire de la naissance de Jules Verne. Une photo le montre sur la Place rouge, en culotte de golf et casquette. A son retour, il avait été accueilli par une grande foule à la gare de Copenhague. Comme Tintin dans sa première aventure. (AFP)

Le pêcheur de perles

Emphase, jargon et charabia (96) Après un ultime exemple instructif de complément déterminatif, nous concluerons sur ce cas d'emphase où existe une nette tendance à faire un usage irréfléchi du pluriel: – dans le même registre qu'«histoire de fou(s)», nous avons les deux singuliers «auteur d'attentat» et «auteurs d'attentats»: la seconde de ces expressions s'applique très bien à un terroriste endurci et multirécidiviste tel que les anarchistes de la célèbre bande à Bonnot ou, plus près de nous, les membres de l'organisation basque E.T.A., mais on ne peut l'utiliser pour désigner quelqu'un qui commet un attentat occasionnel, par exemple pour se venger, et encore moins lorsqu'il s'agit d'un de ceux qu'il est devenu usuel – bien que ce soit stupide – d'appeler «kamikaze», lequel, en principe mort dans l'attentat qu'il a commis, n'est plus en mesure d'en commettre un autre, et pour ces deux derniers cas, il faut recourir à la première expression, donc écrire que les prétendus «kamikazes» sont des «auteurs d'attentat», et non des «auteurs d'attentats», comme nous l'avons lu à maintes reprises (profitons de l'occasion pour rappeler que l'assimilation de certains terroristes d'inspira-

tion religieuse aux authentiques kamikaze japonais résulte d'une méconnaissance totale de ce que furent ceux-ci, eux-mêmes déjà nommés ainsi à tort par les Occidentaux, le mot kamikaze désignant en fait l'opération militaire à laquelle ils participèrent: l'application de ce nom aux pratiquants islamistes d'attentat-suicide est donc une double idiotie). Par les divers exemples de complément déterminatif que nous donnâmes ces derniers samedis, nous avons vu qu'il y a une sorte d'automatisme à mettre aussi la partie déterminante de ce complément au pluriel lorsqu'on y met la partie déterminée, mais que c'est en fait le plus souvent une erreur: ce n'est pas le nombre du substantif déterminé qui règle celui du substantif déterminant mais le sens global des deux composants. Parfois – nous l'avons vu –, il faut déjà un déterminant au pluriel alors que le déterminé est encore au singulier; mais à l'inverse, il faut presque toujours laisser le déterminant au singulier lorsqu'on met le déterminé au pluriel, y compris lorsque cela semble moins évident, et que le pluriel est tentant. (à suivre) ■ Jean Baert


CULTURE

samedi 19 septembre 2009

Les libraires luxembourgeois font le point sur les livres de

Littérature

Epluchures et fleur

A l'heure de la rentrée Lit-on les mêmes choses en été que le reste de l'année? Rien n'est moins sûr. Pendant des mois, les titres s'accumulent mais les journées ne comptent que 24 heures quelle que soit la saison. Mais en été, le bureau est loin, les enfants pataugent dans la piscine et on a enfin un moment à soi pour rattraper tout ce temps (et cette littérature) perdu avant que la rentrée littéraire arrive et que l'on soit à nouveau noyé sous les publications. L'insouciance des journées ensoleillées nous invite à lire des textes légers, des romans d'amour et des histoires pleines d'humour. Aussi, les incontournables Marc Levy et Stieg Larsson ont voyagé dans les bagages de nombreux vacanciers. Certains sont sortis des sentiers battus et ont découvert leurs petites perles de cet été. Les libraires luxembourgeois et français font le point sur votre été et les chefs-d'œuvre que vous prépare cette rentrée littéraire 2009, faite elle aussi d'incontournables mais aussi d'excellentes surprises.

Prix littéraires

Coup d'envoi de la saison 2009 Pas de polémique, pas de favori... Une quinzaine d'auteurs confirmés dominent cette année les premières sélections des grands prix littéraires de l'automne, en attendant la consécration du grand public. Les goûts des lecteurs et des jurés sont rarement les mêmes. En tête des ventes depuis trois semaines, Un roman français de Frédéric Beigbeder n'est retenu que pour le Renaudot et Le voyage d'hiver d'Amélie Nothomb est écarté d'entrée de toutes les listes. Mauvignier, NDiaye, Foenkinos, de Vigan, Lévy, Haenel, Holder ou Milovanoff sont en revanche les plus en vue de ces premières listes à l'image de la rentrée 2009. Absentes du palmarès des grands prix d'automne depuis deux ans, les femmes sont d'ailleurs en nombre dans ces premières sélections, avec Les heures souterraines de Delphine de Vigan (sur la liste du Goncourt),Mon enfant de Berlin d'Anne Wiazemski (Renaudot) ou Une année étrangère de Brigitte Giraud (Femina). Parmi les habitués de la rentrée, David Foenkinos (La délicatesse), Sorj Chalandon (La légende de nos pères), Eric Fottorino (L'homme qui m'aimait tout bas), Jean-Pierre Milovanoff (L'amour est un fleuve de Sibérie), Jean-Philippe Toussaint (La vérité sur Marie) ou Eric Holder (Bella ciao) pointent également dans les premières sélections. La surprise est venue des Goncourt, qui ont retenu Alias Caracalla, les mémoires de l'ancien résistant Daniel Cordier dans leur sélection habituellement réservée au roman. Les Goncourt et Renaudot seront par ailleurs attribués le 2 novembre. Pour les prix Femina il faudra attendre le 9 novembre.

18

Cette semaine, écoliers et travailleurs font leur rentrée, ragaillardis par une cure estivale de soleil, de détente et, pour certains, de lecture. L'été, c'est le moment tant attendu de reprendre la pile de bouquins qu'on a laissée de côté, pendant toute l'année, pris par le temps, le travail, la famille. Les librairies luxembourgeoises nous révèlent ce que vous avez lu, cet été, sous le soleil. ■ Le très pragmatique directeur de la Librairie française, Yves Gourdin, annonce la couleur: «Les vacances scolaires marquent un départ massif des Luxembourgeois. Nous avons alors un public différent, des touristes, des gens de passage, on vend donc des choses différentes du reste de l'année, plutôt des livres d'art, de décoration ou de cuisine. Pendant les vacances, on baisse les prix dans le secteur livres/albums, parfois c'est divisé par quatre. Les gens entrent dans la boutique sans une idée d'achat précise mais, s'ils voient un titre qui les intéressent à un prix avantageux, ils profitent de l'occasion. Ils font «une bonne affaire». Dans ces moments-là, on vend plus un objet qu'un livre.» Mais avant l'arrivée des touristes, la clientèle dite habituelle fait ses provisions avant l'heure du départ. «Il y a eu bien sûr les incontournables: Le premier jour de Marc Levy, calibré pour les vacances, et la trilogie Millénium de Stieg Larsson qui date pourtant de 2006. Les gens ne suivent pas les histoires en plusieurs volumes, mais là, fait rarissime, le troisième tome est celui qui se vend le mieux pour l'instant.»

Cet été était l'occasion de lire les livres qui nous ont fait rêver pendant l'année Le premier jour de Marc Levy et la trilogie de Millénium rencontrent le même succès prévisible, par ailleurs, dans les librairies Ernster et libo qui ont également vendu beaucoup d'éditions de poche pendant la période estivale: Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites de Marc Levy, La valse lente des tortues de Katherine Pancol, L'élégance du hérisson de Muriel Barbery, Je reviens te chercher de Guillaume Musso. Cet été, libo a

eu un coup de cœur pour Les cerfs-volants de Kaboul, premier roman de Khaled Hosseini récompensé en 2006 par le prix littéraire RFI, le grand prix des lectrices de Elle et le prix des libraires du Québec. A côté des «indispensables de l'été», certains titres nous ont réservé quelques surprises. Pour Yves Gourdin, «Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates marche bien sur le long terme.

C'est un livre écrit à quatre mains (Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, ndlr) assez réussi et intéressant du point de vue de l'histoire contemporaine. Les auteures ont trouvé la bonne recette, un titre désopilant et une belle couverture. C'est capital pour vendre un livre. Et puis, il est plein d'humour et joliment fait. D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère est aussi un succès surprenant. Habituellement, ce qui est

Une rentrée littéraire de qualité à Metz

Un livre pour tous Depuis plusieurs années, la rentrée littéraire se caractérise par un raz-de-marée de publications. Même le lecteur averti peut se perdre dans le labyrinthe des 659 nouveaux titres de l'automne. A la librairie Géronimo, à Metz, Jacques Fourès et Béatrice Tamaroff ont commencé leurs préparatifs dès le mois de juin. ■ Comment préparez-vous la rentrée littéraire? Jacques Fourès: «Il y a 36.000 manières de préparer une rentrée littéraire. On a plus qu'un œil làdessus. On est ouvert depuis 33 ans, on sait où aller... On a bien sûr des affinités avec certaines maisons d'édition, Gallimard, Grasset, les éditions de Minuit. Avant la mijuin, nous avions déjà lu 30 livres proposés sur les listes d'éditeurs. On a peu de chances de passer à côté.» Béatrice Tamaroff: « Et puis, c'est une rentrée formidable et très intéressante. Il y en a pour tous les goûts, ce n'est pas

Béatrice Tamaroff a préparé la rentrée littéraire avec Jacques Fourès dès le mois de juin (Photo: Laetitia Collin) possible de ne pas trouver son livre.» Comment baliser le chemin des lecteurs à travers les 659 titres du cru 2009? Jacques Fourès: «L'important, c'est de garder pertinence et force critique. Ca peut donner lieu à de

longues discussions et parfois, ce sont des explosions violentes. En tout cas, on est tous d'accord sur Des hommes de Laurent Mauvignier (éditions de Minuit) qui est, pour nous, le meilleur roman de la rentrée. On s'offre aussi le luxe d'un coup de folie, notamment, avec

Autoportrait en bleu de Noémie Lefebvre.» La rentrée littéraire est-elle un phénomène favorable ou non à la littérature? Béatrice Tamaroff: «Le libraire a une position avantageuse, il se fait force de proposition. La rentrée est une période d'émulation, on veut faire partager nos découvertes avec les gens et chercher le livre qui va leur convenir. Les choix sont plus difficiles parmi les auteurs de premiers romans, il y en a toujours un qui éclipse les autres mais c'est l'arbre qui masque la forêt. D'autres méritent aussi qu'on s'y intéresse mais ils sont noyés dans la masse. 2009 est marquée par des grands thèmes, particulièrement la guerre, moins les combats que la vie quotidienne de la population durant cette période et l'organisation de la Résistance. Et surtout, c'est la bienheureuse mort de l'autofiction. Le procédé commençait vraiment à s'épuiser. On assiste au retour des romans plus classiques. Les gens veulent qu'on leur raconte des histoires, pas des vies qui pourraient être la leur ou celle de leurs voisins mais des vraies histoires!»


19

CULTURE

samedi 19 septembre 2009

cet été

Ils Ils ontont lu lu

bleue

(Photo: Laetitia Collin)

pesant ne se vend pas facilement au Luxembourg, mais le boucheà-oreille a fonctionné. Le narrateur raconte des drames terribles vécus par d'autres que lui. Ce roman est bouleversant, on n'en sort pas indemne.» Chez Ernster, on remarque une plus grande demande de guides touristiques, de lectures pour les vacances, tous âges confondues. Malgré une pléthore de titres, Yves Gourdin, installé place d'Ar-

Monique Kieffer, directrice de la BNL

mes en plein centre de Luxembourg-ville depuis 1976, perçoit des changements de comportement des lecteurs luxembourgeois: «Les livres se démodent de plus en plus vite. Ils se réservent certains titres pour l'été et attendent la dernière seconde pour acheter leurs livres de vacances, certains déjà parus en mars. De manière générale, les ventes sont plus éparpillées. D'une part, le Luxembourg est moins francophone qu'avant et, d'autre part, les gens lisent de moins en moins, surtout les jeunes. La clientèle est généralement âgée de 35 ans et plus et il s'agit souvent de frontaliers belges et français.» Yves Gourdin resitue le contexte, élément déterminant des ventes. «Je vends autant de documentaire que de romanesque. Les gens s'intéressent au secteur financier, aux affaires et à la religion. Et puis, les Luxembourgeois sont fous de cyclisme. C'est pour ça que Nous étions jeunes et insouciants de Laurent Fignon (légende du cyclisme français des années 1980 et 1990, ndlr) a très bien marché.» Mais les nouveautés françaises de la rentrée littéraire dépassent les frontières et se retrouvent dans les rayons des librairies luxembourgeoises. Ernster et libo accueillent à bras ouverts les Amélie Nothomb, Frédéric Beigbeder, Marie NDiaye que l'on retrouve dans toutes les librairies de France. Heureusement, des histoires originales et rafraîchissantes bousculent cette rentrée cousue de fil blanc, notamment chez libo qui présente son coup de cœur de la rentrée: La délicatesse de David Foenkinos, une jolie histoire d'amour et d'humour qui porte bien son titre. ■ Laetitia Collin

Le roman d'Eric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la Dame rose. Oscar est un enfant de dix ans atteint de leucémie. A l'hôpital, il fait la connaissance de Mamie-Rose, une dame en «blouse rose» qui travaille à l'hôpital pour réconforter les enfants malades et qui encourage le petit garçon à écrire des lettres à Dieu pour qu'il se sente moins seul. Quand Oscar apprend qu'il va mourir, Mamie-Rose invente un jeu pour qu'il puisse vivre toutes les étapes de la vie: un jour est égal à dix ans. Pendant les douze derniers jours de l'année, il écrit une lettre à Dieu et vieillit de dix ans chaque jour. Dans sa troisième lettre, il rencontre Peggy Blue et l'épouse dans sa quatrième. Il a alors 30 ans. Dans ses onze lettres, Oscar parle de sa vision de la vie, de la maladie, de la mort. La vie qu'il s'imagine et celle de l'hôpital se mêlent pour raconter ce conte philosophique tragique et émouvant. Eric-Emmanuel Schmitt adapte son roman pour le cinéma. La sortie est prévue pour décembre 2009. Outre ce roman, Monique Kieffer a consacré ses vacances à ce qu'elle appelle «la littérature professionnelle» pour la bibliothèque.

Germaine Goetzinger, directrice du CNL

(Photo: Anouk Antony)

Origines d'Amin Maalouf. L'auteur raconte l'histoire de sa famille. Le décès de son père trente ans plus tôt l'amène à entamer des recherches généalogiques sur sa famille. Il s'interroge également sur les raisons qui ont poussé son grand-père à partir pour Cuba. Si Amin Maalouf a souvent évoqué, par épisodes, l'histoire de sa famille, c'est la première fois qu'il y consacre une œuvre entière. Egalement écrivain à ses heures, Serge Basso est un boulimique de littérature. Quand on lui demande ce qu'il a lu cet été, il réfléchit et on s'attend à un ou deux textes qui vont ressurgir de sa mémoire. Au lieu de ça, il nous envoie une rafale de titres. Pendant l'été, il a trouvé le temps de lire deux recueils de poésie de Jacques Isoard, un autre de Verner Lambercy, le dernier roman d'Alexandra Fixemer, Nid-depoule, le Docteur Jivago de Boris Pasternak («Et oui, je ne l'avais encore jamais lu», s'amuse-t-il), des romans d'un jeune auteur belge, Antoine Wauters. Il a également commencé le Coran et a relu les Essais de Montaigne «pour la énième fois».

(Photo: Teddy Jaans)

Frank Hoffmann, directeur du TNL

Les choix de l'intuition conserver leur dignité. Norah, la quarantaine est avocate. Son père lui demande de revenir au Sénégal où elle découvrira son égoïsme et sa fausseté poussés à l'extrême. Fanta, enseignait le français au Sénégal et doit tout quitter pour suivre son compagnon en France qui va lui faire mener une vie désastreuse. Enfin, Khady tente de venir en France et subira toutes les souffrances endurées par les sans-papiers. Toute leur puissance réside dans cette volonté irascible de garder la tête haute face aux pires humiliations. • Un roman français de Frédéric Beigbeder. C'est le roman du «Je». Paradoxalement, ce personnage même qui nous agace, sorte de bobo parisien cocaïnomane, captive notre intérêt avec l'histoire de sa vie. Gamin d'une famille bourgeoise de Neuilly, une mère qui traduit Barbara Cartland et un père absent qu'il a cru longtemps responsable du divorce de ses parents. • Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guénassia. Dans le Paris des années 1960, en pleine guerre d'Algérie, Michel, un jeune adolescent fan de rock, de livres et de babyfoot, fait la connaissance d'un groupe de joueurs d'échecs venus de l'autre côté du Rideau de fer.

Le violoncelliste de Sarajevo de Steve Galloway. L'auteur part d'un acte de résistance véridique. En 1992, à Sarajevo, une bombe tue 22 personnes devant une boulangerie. Musicien violoncelliste, Vedran Smailovic joue, pendant 22 jours à 16 heures précises à l'endroit où l'obus est tombé, en hommage aux victimes, l'Adagio Albinoni. A partir de cette rébellion artistique et symbolique, Steve Galloway raconte l'histoire de trois personnages dont la guerre a bouleversé les destins et la vision de la vie. Flèche est une jeune femme qui a complètement oublié la valeur de la vie et est devenue sniper. Kenan doit traverser la ville tous les quatre jours pour chercher de l'eau potable pour sa famille. Dragan aussi doit traverser un Sarajevo dévasté pour se rendre sur son lieu de travail pendant que sa femme et son fils ont réussi à passer en Italie pour se mettre en sécurité. La directrice du Centre national de littérature a profité des vacances pour lire également Mémoire d'Inge Jens et Die Heiligen von Deshnok, les chroniques du voyage en Inde de Georges Hausemer.

Serge Basso, directeur de la Kulturfabrik

Les coups de cœur du libraire La librairie messine Géronimo a dû faire un tri drastique parmi les 659 publications de la rentrée. • Des Hommes de Laurent Mauvignier. Incontestablement le meilleur roman de la rentrée pour Jacques Fourès et Béatrice Tamaroff. Bernard, Rabut et Février ont été appelés en Algérie en 1960. Rentrés en France deux ans plus tard, ils reprennent le cours de leurs vies et enfouient au plus profond d'euxmêmes les horreurs d'une guerre à laquelle ils ont participée malgré eux. Mais, il suffit de presque rien pour faire ressurgir le passé, même celui qu'on s'est efforcé d'oublier pendant toutes ces années... surtout celui-là. Quarante ans plus tard, l'anniversaire de Solange, la sœur de Bernard, réveille les souvenirs. • Le tombeau de Tommy d'Alain Blottière. Le roman raconte le tournage d'un film inspiré du destin tragique de Thomas Elek, jeune Juif Hongrois qui s'est engagé à 15 ans dans le groupe de la MOI ( Main d'œuvre immigrée) formé par Manouchian, et fusillé à 17 ans. L'auteur fait des allers-retours de la vie du jeune homme au tournage du film et à l'acteur qui l'incarne d'une façon troublante. • Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye. Trois récits, trois femmes qui se battent pour survivre et pour

(Photo: Guy Jallay)

(Photo: Anouk Antony)

Cet été, Frank Hoffmann s'est surtout attelé aux textes qui seront mis en scène à la rentrée au Théâtre national de Luxembourg: Ich soll den eingebildet Kranken spielen de Tankred Dorst, A long walk not yet ended d'Anne Simon, Hansel et Gretel de Jacqueline Posing, etc. Sa nouvelle fonction de professeur de théâtre à l'université du Luxembourg l'a amené à lire de nombreux ouvrages sur l'histoire du théâtre luxembourgeois, notamment celui de Joseph Hurt. Mais surtout, Frank Hoffmann lit des textes en rapport avec ce qu'il vit, ce qu'il fait et son métier, il se sent avant tout dans la création. Il a quand même trouvé le temps de lire, uniquement pour son plaisir, le Patrimoine de Philippe Roth qui parle de sa relation avec son père Herman, qui découvre, à 86 ans, qu'il a une tumeur au cerveau. C'est le moment où les termes des rapports parents/enfants s'inversent, c'est le fils qui prend soin du père et prend les décisions importantes. C'est aussi un roman sur les souvenirs, la maladie, la vieillesse et la mort inéluctable.

Véronique Fauconnet, directrice du TOL Le jasmin ou la lune de Thierry Falise. «Je l'ai trouvé très chouette. C'est la biographie d'Aug San Suu Kyi, une personnalité vraiment impressionnante. Opposante à la dictature birmane, elle a accepté de mettre sa vie de côté pour son pays. Elle a été emprisonnée puis libérée mais elle ne voit plus ses enfants car ils n'ont plus de visa pour entrer en Birmanie et elle sait que si elle sort du pays, elle ne pourra plus jamais y entrer. Pour cette même raison, elle n'a pas pu assister à l'enterrement de son mari. J'apprécie les personnages politiques qui luttent sans violence. Une fois qu'on a commencé le livre, on ne le lâche plus jusqu'à la fin. Cette femme est vraiment belle à tous les niveaux. J'ai lu aussi des pièces d'Hanokh Levin. J'adore son écriture et son humour juif. Il est très critique. J'ai lu également des textes de la rentrée littéraire, Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye et Mauvaise fille de Justine Lévy, pas du tout politiquement correct. Elle est très «dans la chair». Elle n'a honte de rien et a un regard très dur sur elle-même. De manière générale, j'aime les textes sincères dans la mesure où ils peuvent vraiment l'être. J'aime avoir l'impression que l'auteur ne triche pas, de lire quelque chose de brut.»

(Photo: Anouk Antony)


CULTURE

samedi 11 juillet 2009

Exposition itinérante «Koltès, étranger dans le monde», à Metz

Rue bric-à-brac

Escapade nocturne Pendant que les artistes rêvent d'exposer leurs œuvres dans les centres culturels les plus renommés, la plasticienne Ariane Michel, elle, préfère présenter ses installations en pleine forêt et, de surcroît, à la tombée de la nuit, pour être au plus près du cœur de son travail: l'animal et le paysage. Elle n'a de cesse d'inventer de nouvelles formes de passage entre notre monde et celui de la nature qui s'éloignent toujours un peu plus l'un de l'autre. Le FRAC de Lorraine organise le 17 juillet cette expérience originale. Après un arrêt pour déguster des spécialités culinaires, le FRAC vous emmènera à la découverte du monde animal vu par Ariane Michel. Cinq euros (sur réservation). Départ en bus à 19 h 30 du FRAC, 1 bis, rue des Trinitaires à Metz. Retour prévu vers 1 heure.

Mémoires ouvrières La compagnie Assolatelier, en résidence au Parc du Haut-Fourneau U4, présente un spectacle itinérant au cœur du Parc du HautFourneau U4. Les mémoires ouvrières rend hommage aux femmes, en mettant leur regard en valeur dans cette vallée industrielle. Une occasion d'explorer ce continent féminin via une évocation «vidéopoétique» de leurs joies, leurs peines mais aussi leurs colères. Tout public. Durée: 50'. Tarifs: 10 / 5 euros. Réservations par tél.: 00 33 3 82 86 6530, info@valdefensch-tourisme.com.

18

«Ma petite maman chérie» L'année Koltès se poursuit à Metz: l'Hôtel de Région accueille cet été l'exposition Koltès, étranger dans le monde. ■ Vitrines, diaporamas, exemplaires de ses œuvres, retracent la vie de Bernard-Marie Koltès, devenu figure de proue de la ville de Metz où il est né mais qu'il n'aimait guère et abordent les thèmes qui ont marqué sa vie et son œuvre, toutes deux aussi sulfureuses, de la guerre d'Algérie à la religion catholique en passant par les Noirs à qui il portait une affection particulière. Homme très secret, Koltès n'a laissé aucune autobiographie. Il se livre néanmoins dans ses œuvres, parfois dans ses interviews et aussi dans les lettres qu'il écrivait à sa mère et qui commençaient invariablement par «Ma petite maman chérie». Elle est, en effet, le dernier lien qui le rattache à la ville où il est né. Plus que Metz, c'est l'esprit provincial qu'il abhorre plus que tout. Il rêve de grands espaces, de rencontres et de cultures différentes. Il avoue ne jamais mieux écrire que lorsqu'il est à l'étranger. Même s'il nous a laissé peu d'informations sur sa vie, tout le monde connaît Bernard-Marie Koltès, sa vie et son œuvre sulfureuses, sa fin tragique et prématurée. Pourtant, 20 ans après sa mort, on relit et on redécouvre sans cesse son œuvre et l'auteur.

Une quarantaine de panneaux biographiques et thématiques retracent la vie de Bernard-Marie Koltès Deux romans, une dizaine de pièces de théâtre et quelques récits, il oscillait toujours entre écriture romanesque et théâtrale. Surtout, son œuvre est nourrie de son vécu: la guerre d'Algérie et les violences qui s'en sont suivi à Metz où vivait une grande communauté maghrébine, son éducation marquée par la religion (ses textes sont truffés de références bibliques) et son

affection inconditionnelle pour les Noirs, toujours présents dans ses livres. Une quarantaine de panneaux dans le cloître de l'Hôtel de Région présentent de nombreux extraits d'interviews qui reconstituent le puzzle de sa vie auquel il manquera cependant toujours des pièces. Par ailleurs, des bornes sont installées à l'accueil pour permettre aux spectateurs

(Photo: Laetitia Collin)

de revoir les pièces qui ont été enregistrées, notamment La nuit juste avant les forêts. Enfin, le Conseil régional du livre a installé un mobilier improvisé en carton et des livres de Koltès sont à disposition des lecteurs avertis et des néophytes. ■ L.C. Jusqu'au 30 août à l'Hôtel de Région, Place Hocquard, à Metz.

La manifestation quitte la cité des Ducs

Près de 70 événements culturels nocturnes le 2 octobre à Metz

Le festival Passages «délocalisée» à Metz

Premiers effluves de Nuit Blanche

Le festival Passages qui réunissait à chaque printemps des troupes de théâtre d'Europe de l'Est à Nancy «déménagera» à Metz dès l'an prochain. Que s'est-il passé pour que Charles Tordjmann, directeur (sur le départ) de la Manufacture à Nancy, décide de se tourner vers Metz pour accueillir son festival Passages? Cet événement culturel dédié aux théâtres de l'Europe de l'Est attirait bon an mal an 25.000 spectateurs dans la cité des Ducs de Lorraine. Et tout le monde louait l'originalité d'une manifestation jamais avare en (bonnes) surprises. Depuis treize ans, le festival Passages, c'était des troupes tchèques, russes, lituaniennes, afghanes ou iraniennes qui posaient leurs valises à Nancy durant 10 jours en mai. Mais l'aventure dans le sud de la région est terminée. Charles Tordjmann s'était d'ailleurs montré pour le moins énigmatique ces derniers temps quant à la pérennité du festival à Nancy. Sa tentative avortée d'associer Metz à l'événement semble l'avoir convaincu de mettre le cap au nord lui qui se plaignait des «freins» et des «raisons mystérieuses» qui avaient empêché la capitale lorraine d'entrer dans la danse. On n'en saura pas plus… Toujours est-il que la chose a été officialisée cette semaine: Passages sera désormais pilotée

La deuxième édition de la Nuit Blanche messine aura lieu le 2 octobre. Entre 60 et 70 événements seront proposés à travers la ville.

Charles Tordjmann: «Le festival devient régional» (Photo: Eric Didym) depuis Metz. Et ce dès l'an prochain. L'Arsenal, l'Opéra-Théâtre, les Trinitaires et le Centre Pompidou-Metz pourraient prêter leur écrin au festival.

Retour au Luxembourg «Le festival devient régional», assure Charles Tordjmann qui n'a pas renoncé à ses rêves de développement. Thionville, Nancy, Lunéville devraient accueillir des spectacles. De même que Luxembourg, comme cela avait été le cas en 2007. Pour l'heure, rien d'officiel mais une chose est sûre: en optant pour Metz, Passages et son directeur voulaient un nouveau tremplin. ■ JT / JB Presse

■ Qu'est ce qui va changer pour la deuxième Nuit Blanche à Metz programmée le 2 octobre? Le concept en lui-même a été affiné à la faveur des retours du public. Si la date retenue – le premier vendredi d'octobre – reste la même, l'événement librement adapté de la célèbre Nuit Blanche de Paris va évoluer par ailleurs. Principale nouveauté: la mutation de la manifestation en une véritable promenade artistique à travers la ville. «L'an passé, c'était un peu à la guise du public qui pouvait aller d'un point à un autre. Désormais, il s'agira d'un parcours de 2 km 200 – d'où le nom de l'opération 2K2 – sur un axe piétonnisé», explique William Schuman, conseiller municipal de Metz. Le projet «ambitieux et étrange» partira ainsi de la place Jeanne d'Arc (quartier SainteCroix) et se terminera au lycée Louis-Vincent (près de l'actuel Hôpital Bonsecours). Entre 60 et 70 événements (installations plastiques, chorégraphiques, visuelles, musicales) jalonneront ce parcours qui aura la particularité de se dérouler pour une grosse partie en plein air.

Cette année, le parcours sera plus linéaire et ne passera pas à proximité du centre d'art contemporain (Photo: JB Presse) Sur la question de la programmation à proprement parler? «La sélection des artistes est actuellement en cours, nous avons reçu près de 80 propositions de projets de France et de l'étranger et effectuons par ailleurs un gros travail avec les associations culturelles messines. Le réseau tissé avec Paris, Amiens et Bruxelles est également intéressant puisqu'il va fa-

voriser la venue d'artistes de ces villes à Metz et réciproquement». On n'en saura pas plus pour l'instant mais la municipalité promet une nuit «festive, ludique et magique en relation avec l'ouverture du Centre Pompidou-Metz et l'ambition de faire de Metz la référence en matière d'art contemporain dans le quart nord-est de la France». ■ Joseph Tripodi / JB Presse


CULTURE INTRO

Retour aux sources Après la parution des Lettres de Koltès en avril, l'«intégrale» est le deuxième temps fort de l'Année Koltès et une première mondiale. Toutes les œuvres du dramaturge seront jouées, du 16 au 24 octobre, dans les différents théâtres et institutions culturelles de Metz. L'objectif principal est, bien sûr, de faire redécouvrir l'œuvre de Koltès à toute une population qui l'avait oubliée alors qu'il continue à rayonner au-delà de nos frontières. Autour des spectacles, des découvertes, des débats, des rencontres, des «after Koltès» pendant lesquelles le public pourra discuter librement avec les metteurs en scène et les acteurs, parmi lesquels Marie-Christine Barrault, Charles Berling, Romane Borhinger ou encore Tchéky Karyo. Au-delà de l'aspect esthétique des spectacles, les organisateurs ont voulu rendre le théâtre à ses origines populaires. Aux côtés de comédiens reconnus, les détenus de la prison de Metz et les jeunes des quartiers messins ont travaillé sur Koltès et participent à la manifestation. Richard Bance, président de l'association «Quai Est» et proche de Bernard-Marie Koltès, voit d'un bon œil «le retour de l'homme Koltès dans ce qu'il a de fort dans son message altruiste et sa compréhension de l'homme au quotidien.» L'«intégrale» présentera les classiques de Koltès, Combat de nègre et de chiens, Roberto Zucco mais aussi des inédits, Nickel Stuff, la Famille des orties, la marche. Qui osera encore dire, après ça, que nul n'est prophète en son pays?

samedi 10 octobre 2009

L'«intégrale» est le deuxième temps fort de l'«Année Koltès» à Metz

«Je serai Shakespeare ou rien» Spectacles, lectures de textes, représentations, débats vont faire revivre le théâtre de Koltès tout au long de cette «intégrale» du 16 au 24 octobre, à Metz. Après l'avoir ongtemps mis de côté, Metz et la région qui l'a vu naître ont décidé de réparer leur injustice en rendant hommage à l'auteur et à l'ensemble de son œuvre. Une première mondiale. ■ «C'est absolument historique, toute une région rend hommage à un de ces poètes.», annonce fièrement le directeur artistique de l'«intégrale», Michel Didym. «Enfin !» pourrait-on dire. La mauvaise foi pourrait faire dire à certains que Koltès avait rejeté Metz bien avant que Metz ne le rejette. Il est vrai que le dramaturge n'appréciait guère ce qu'il considérait comme la petite bourgeoisie étriquée de province. Mais le président de l'association «Quai Est» (organisatrice de la manifestation), Richard Bance, tempère cette idée reçue de la haine incommensurable que Koltès aurait vouée pour sa ville natale: «Il revenait toujours à Metz car il y avait sa famille et il ne rejetait jamais sa famille, surtout pas sa mère mais il n'était pas satisfait de ce qu'est la province, elle va vers le désert, disait-il souvent.» Et l'auteur immortalise cette terrible intuition dans Retour au désert où il intègre ses personnages dans son propre univers en les baptisant des noms de rues et de quartiers de la ville de Metz.

Metz se réconcilie enfin avec Bernard-Marie Koltès Aussi, pendant des années, la capitale lorraine, plutôt conservatrice, n'a voulu retenir de lui que son existence sulfureuse et sa réputation d'auteur inaccessible. Michel Didym rectifie le tir: «Koltès est un auteur accessible. C'est un homme qui parle directement et simplement. Il avait cette volonté de faire disparaître les a priori. Il a eu le génie de trouver l'alchimie entre le public et l'écriture contemporaine.» Et ce génie, perceptible aussi bien sur le fond que sur la forme des textes, est nourri par ses nombreuses expériences, sa curiosité et son amour de l'Autre: «Koltès était un grand voyageur. Sans le sou, il s'arrangeait toujours pour

Entretien André Petitjean, comité d'organisation de l'année Koltès

Redécouvrir le théâtre au lycée André Petitjean est responsable du Comité scientifique de l'année Koltès. Professeur à l'université Paul Verlaine de Metz, il espère que la réhabilitation de Koltès dans sa ville natale redynamisera le théâtre contemporain à Metz et particulièrement dans l'enseignement. ■ Quelle est l'origine du projet avec les détenus de la maison d'arrêt de Metz et les jeunes des quartiers dits «difficiles»? Comment avezvous travaillé les textes avec eux? Comment ont-ils perçu l'œuvre de Koltès? A l'occasion de l'«intégrale», les professeurs de français de l'école interne de la maison d'arrêt ont eu l'idée de faire découvrir Koltès aux détenus. Jean de Pange (directeur artistique de la compagnie Astrov qui a mis en scène Le retour au désert et CorrespondanceS, ndlr) s'est prêté au jeu. Ils étaient une douzaine, âgés de 20 à 60 ans. On a travaillé Zucco, Retour au désert et surtout sur la correspondance de Koltès. C'était très émouvant parce que

16

les lettres de l'écrivain sont en résonnance avec leurs problèmes. Un spectacle est donné à la prison ce samedi. Les spectateurs prendront la place des familles dans le parloir et les détenus leur liront ou réciteront des lettres de Koltès. Ils sont très réceptifs au Koltès voyageur et révolté. L'univers koltésien intègre les personnages d'exclus et surtout le dramaturge utilisait une langue très hétérogène, allant du lyrisme à la grossièreté. Les jeunes ont travaillé sur Zucco, Quai Ouest et la Solitude des champs de coton. Ils sont sensibles aux rapports difficiles avec la famille, la violence et la domination. Ils ont été à la fois fascinés et écœurés par le personnage de Zucco. Est-il possible désormais de l'intégrer dans les programmes scolaires? Comment les enseignants pourraient aborder des textes longtemps réputés inaccessibles? Si on regarde les manuels scolaires, c'est affligeant. Jusqu'à maintenant, la place du théâtre se limite à des explications d'extraits de textes. Aujourd'hui, on espère un meilleur rapport entre le texte et la représentation. A

voir les cours de théâtre contemporain, on croirait que le XXe siècle se limite à Ionesco et Beckett. Or, Koltès est intéressant pour faire découvrir le théâtre. Il est à la fois classique, shakespearien et il transgresse les règles. Et surtout, il parle du monde d'aujourd'hui. Quel effet Koltès a eu sur le théâtre contemporain? At-il des héritiers? Koltès a eu un succès immédiat après sa mort. L'époque où il écrivait était un vrai désert de l'écriture dramatique. Il y avait de grands metteurs en scène mais peu d'écrivains de théâtre. Koltès relance l'écriture théâtrale et redonne le goût d'écrire pour le théâtre. Les jeunes voulaient écrire comme Koltès. Il a revivifié l'écriture théâtrale en racontant à nouveau des histoires. Après lui, beaucoup d'auteurs comme Valère Novarina, Noëlle Renaude, Philippe Myniana, se sont mis à écrire des histoires mais sans se préoccuper du résultat sur scène. Koltès le disait lui-même:«Je n'écris pas du théâtre, j'écris du texte.» Ce sont des textes poétiques, très travaillés mais un vrai défi pour les metteurs en scène.

(Source: Photo Bernard-Marie Koltès © Elsa Ruiz (DR))

être hébergé quelque part. Il faisait des rencontres partout où il allait mais il voyait des choses terribles à chacun de ses voyages. Il allait dans des pays très pauvres ou en plein conflit. C'était aussi un boulimique de littérature et de cinéma, il était curieux de tout.», raconte Richard Bance qui a connu Bernard-Marie Koltès à l'époque où il fréquentait le collège Saint-Clément, à Metz. Cette vie de bohème enrichit constamment l'homme et son œuvre. Michel Didym explique: «Il y a plusieurs Koltès. Le personnage est d'une extrême complexité mais tous les Koltès sont intéressants à découvrir. Le dramaturge s'est imposé en étant

radical, moderne et exigeant. Il a mesuré la détresse de l'homme dans son environnement. Quand on voit les événements actuels, on pense forcément au théâtre de Koltès.» Les messins y penseront d'autant plus qu'ils vont enfin pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. L'intégrale est l'occasion de découvrir les œuvres de Koltès et d'aborder le théâtre tout simplement, à la manière dont l'aurait voulu Koltès, accessible à tous et non plus réservé à une élite. «Ramener Koltès à Metz n'est plus un retour au désert.», conclut Richard Bance. ■ Laetitia Collin

Intégrale des œuvres de Koltès à Metz

Programme des représentations

Combat de nègre et de chiens

(Source: Photo Bernard-Marie Koltès © Elsa Ruiz (DR))

• La Nuit juste avant les forêts, Arsenal, vendredi 16, 19 h • CorrespondanceS, Espace Bernard-Marie Koltès, Théâtre du Saulcy, vendredi 16, 21 h • Procès ivre, Opéra-théâtre, mardi 20, 20h 30 • Le retour au désert, Opérathéâtre, mercredi 21, 20h 45 • Combat de nègre et de chiens, Espace Bernard-Marie Koltès, Théâtre du Saulcy, jeudi 22, 20h 45

• Nickel Stuff, Les Trinitaires, jeudi 22 et vendredi 23 à 23 h et samedi 24, à 22 h • Dans la solitude des champs de coton, Espace Bernard-Marie Koltès, Théâtre du Saulcy, vendredi 23, 18h 30 • Quai Ouest, Arsenal, vendredi 23, 21h 30 • Roberto Zucco, Opéra-théâtre, samedi 24, 19h 30 Programme complet sur www.koltesmetz2009.fr


CULTURE

vendredi 12 dĂŠcembre 2008

20

Six variations contemporaines autour de ÂŤLa mort du cygneÂť au Trois C-L

Jacques Steffen

Quelle (mal)chance! Paul est un garçon courageux qui se sent bien dans sa peau. Dans une chute lors d’une course Ă rollers, il se casse la cheville gauche; le jour oĂš il se fait enlever le plâtre, sa vie change complètement‌ Ce livre s’adresse aux adolescents qui dĂŠcouvrent la richesse et la beautĂŠ de la langue française. Il s’agit d’un petit roman policier captivant qui est ĂŠcrit en langue française adaptĂŠe aux jeunes. Il est suivi d’un petit lexique proposant l’explication d’une centaine de mots et d’expressions du texte.

• Brochure, 15 x 21 cm, 80 pages Prix:

12 â‚Ź

En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre.

Egalement disponible sur: www.editions.lu

Un cygne, ça trompe ĂŠnormĂŠment Pour les fĂŞtes de fin d'annĂŠe, le Trois C-L vous propose un ÂŤdance pocketÂť surprise comprenant six interprĂŠtations libres du cĂŠlèbre ballet classique La mort du cygne. En une seule soirĂŠe, six chorĂŠgraphes vont proposer une pièce de 10 minutes chacune sur ce thème, en s'inspirant ou non de la musique du Carnaval des animaux de Camille Saint-SaĂŤns. PrĂŠsentation dans le dĂŠsordre. â– ÂŤCette première commande directe du Trois C-L Ă des chorĂŠgraphes sera l'occasion d'illustrer sur un mĂŞme plateau les diverses approches de notre scène artistiqueÂť, se fĂŠlicite Bernard Baumgarten, directeur artistique du Trois-Cl, qui souhaite institutionnaliser cette reprĂŠsentation de fin d'annĂŠe. ÂŤC'est surtout l'occasion pour nos chorĂŠgraphes de proposer diverses visions contemporaines d'une pièce mille fois revisitĂŠe, tant prisĂŠe par les divas et dont personnellement j'estime que Pedro Almodovar a proposĂŠ la version la plus belle dans un de ses films.Âť • Le Cygne est mort, vive le Cygne!, par Gianfranco Celestino: ÂŤPartant de l'idĂŠe que ce ballet a ĂŠtĂŠ reprĂŠsentĂŠ des milliers de fois, faisant ainsi subir une mort continuelle au cygne au fur et Ă mesure que la reprĂŠsentation changeait de plateau, je mets en scène une sĂŠrie d'imitations de tentatives de suicide, qui ĂŠchouent successivement. C'est donc une pièce moins dansĂŠe, emplie de thÊâtralitĂŠ et d'humour, sur un titre de Max Raabe: Kein Schwein ruft mich an.Âť

Sylvia Camarda, un cygne tout en componction • Swan dies of an overdose! par Sylvia Camarda: Je me suis inspirÊe de l'immense solitude et de l'accablante tristesse dont souffrent les grandes divas prÊcisÊment à cause de leur cÊlÊbritÊ. Beaucoup de grandes divas ont ÊtÊ comparÊes à des cygnes. Malheureusement, dans la plupart des cas, la solitude les a entraÎnÊes au suicide. Point de vue chorÊgraphie, je me suis concentrÊe sur l'ÊmotionnalitÊ du mouvement, juste le port de bras et le port de tête. The Man I love de Billy Holiday est un titre qui s'est d'emblÊe imposÊ. • Le chasseur et le cygne par Sarah Picard et Nathalie Moyen. Ce duo s'est amusÊ à tournoyer autour du lac de Stein-

fort pour tourner une scène de chasse au second degrĂŠ, dĂŠvoilant la rencontre de deux ĂŞtres – un chasseur largement inspirĂŠ par la figure de Rabbit Fire dans bugs bunny et un cygne ÂŤnoirÂť – que tout oppose mais qui vont ÂŤs'unirÂť. C'est dĂŠcalĂŠ Ă souhait et franchement comique. • Contaminated par Anu Sistonen: elle propose une version grave sur l'hĂŠcatombe ĂŠcologique qui va s'abattre sur un volatile condamnĂŠ Ă mourir. • Cygnatures par Annick PĂźtz: il s'agit d'une confĂŠrence, ou disons une dĂŠmonstration‌ ou quelque chose du genre, pour tĂŠmoigner que l'homme descend du cygne, ou en est au moins le cousin lointain.

(Photo: Anouk Antony)

• Goose bumps! par Emanuela Iacopini, avec la participation des six ĂŠlèves du conservatoire de Luxembourg: ÂŤC'est l'occasion pour mes ĂŠlèves de relever le dĂŠfi d'une reprĂŠsentation, d'en assumer les responsabilitĂŠs et de goĂťter Ă la danse contemporaine.Âť Ici, le cygne, royal, mythique et ĂŠlĂŠgant reprĂŠsente tous les oiseaux, en particulier les oies et les canards. â– Sonia da Silva Spectacle de NoĂŤl ÂŤLa mort du cygneÂť les 16, 17, 18 et 19 dĂŠcembre Ă 20 heures au Studio Trois C-L, 20a, rue de Strasbourg, L-2560 Luxembourg. RĂŠservations par tĂŠl.: 40 45 69 ou danse@danse.lu. Prix: 12 euros / 8 euros (tarif rĂŠduit).

ÂŤLe MontespanÂť restaure la mĂŠmoire d'un mari amoureux

Un hĂŠros restĂŠ dans l'ombre L'ĂŠcrivain français Jean TeulĂŠ est venu prĂŠsenter, Ă Luxembourg, son dernier roman historique, Le Montespan, personnage excentrique s'il en est, premier Ă avoir osĂŠ se dresser contre le toutpuissant Louis XIV qui lui a enlevĂŠ son ĂŠpouse pour en faire sa maĂŽtresse favorite. â– Après Rimbaud, Verlaine et François Villon, Jean TeulĂŠ s'est donnĂŠ pour mission de rĂŠhabiliter la mĂŠmoire du marquis de Montespan, le cocu le plus cĂŠlèbre de l'Histoire. Tout le monde connaĂŽt sa femme, Françoise AthĂŠnaĂŻs de Montespan, favorite de Louis XIV, mais qui connaĂŽt son infortunĂŠ mari? Combien savent d'ailleurs qu'elle ĂŠtait mariĂŠe? Un jour, l'ĂŠcrivain dĂŠcouvre dans un livre d'histoire, prĂŠsentĂŠ en quelques lignes Ă peine, ce drĂ´le qui, lorsqu'il a su qu'il ĂŠtait trompĂŠ par le roi, a repeint son carrosse en noir et y a fait poser d'immenses ramures de cerf pour montrer en public qu'il ĂŠtait cocu

et qu'il ne comptait pas l'accepter, roi ou pas. Très intriguÊ par ce personnage, le romancier s'est plongÊ dans des recherches et, d'extravagances en extravagances, il voit Êmerger l'amour passionnel d'un mari pour sa femme à une Êpoque oÚ le mariage d'amour n'existait pas. Aussi, Montespan est devenu la risÊe du tout-Paris. Molière va même jusqu'à Êcrire une pièce de thÊâtre Amphitryon dont le personnage Êponyme s'aperçoit, avec colère et stupÊfaction, que sa femme, Alcmène, s'est fait engrosser par Jupiter lui-même. De cette union naÎtra Hercule. Pourtant, ni les brimades, ni l'emprisonnement, ni les menaces de mort ne feront renoncer Montespan. Il veut juste rÊcupÊrer sa femme. Sa vie aurait ÊtÊ si facile, s'il avait acceptÊ son sort et les compensations en titres de noblesse, en terre et en argent. Quel est donc ce personnage, premier à s'Êriger contre la plus cÊlèbre figure de la monarchie absolue de droit divin? C'est tout simplement un mari amoureux, mais cet amour chevaleresque qu'il

Jean TeulÊ raconte l'histoire de ce personnage qui a osÊ aimer sa femme contre la volontÊ de Louis XIV (Photo: Guy Jallay) porte à sa femme, on l'imagine plutôt sortir du cœur d'un amant ou d'une femme dont l'emportement peut mener à dÊtruire sa vie pour un homme. C'est aussi un

vĂŠritable hĂŠros, hors de son siècle. Il paraĂŽt sortir tout droit des rĂŠcits ĂŠpiques mĂŠdiĂŠvaux ou mĂŞme digne du panthĂŠon shakespearien. Pour Jean TeulĂŠ, il pourrait aussi ĂŞtre ÂŤla première graine de la rĂŠvolutionÂť, le premier Ă montrer au Roi-Soleil que le pouvoir absolu a ses limites. Il a passĂŠ sa vie Ă dĂŠfier Louis XIV et le sens commun, allant jusqu'Ă organiser l'enterrement de son amour alors que sa femme n'ĂŠtait pas morte. Ses derniers mots ont ĂŠtĂŠ pour sa femme: ÂŤJe ne rĂŠclame que la gloire de l'avoir aimĂŠe.Âť L'ĂŠcrivain a signĂŠ un roman historique original, parfois drĂ´le et très romantique. Pour lui, un roman historique doit ĂŞtre un voyage dans le temps, ÂŤje veux avoir l'impression d'y ĂŞtreÂť. Aussi exigeant avec son ĂŠcriture que dans ses lectures, il a recrĂŠĂŠ, au fil des pages, un reflet fidèle du siècle classique, n'hĂŠsitant pas Ă ternir l'ĂŠclat de Versailles, dĂŠcrivant la saletĂŠ et le manque d'hygiène derrière le faste, les mĹ“urs malsaines. Un texte audacieux, aussi divertissant qu'instructif. â– Laetitia Collin


CULTURE

samedi 31 octobre 2009

18

«Trois femmes puissantes» de Marie N'Diaye en lice pour le prix Goncourt

Un quelque chose d'universel Ecrivain prolifique mais jusque-là discret, Marie N'Diaye se retrouve propulsée sur le devant de la scène médiatique et littéraire avec son roman Trois femmes puissantes, en lice pour le prix Goncourt. Lors de sa première visite à Metz elle s'est arrêtée à la librairie Géronimo pour parler de son dernier roman avec ses lecteurs, assidus ou néophytes, mais désormais accros. ■ Son parcours de génie précoce rappelle celui des grands artistes classiques. Passionnée d'écriture dès l'adolescence, son premier roman Quant au riche avenir paraît alors qu'elle n'a que 17 ans. Loin de la vie tumultueuse et des excès que l'on pardonne aisément au génie, elle est mariée et vit actuellement à Berlin avec sa famille. Elle n'en continue pas moins d'écrire. Ses romans comme ses pièces de théâtre rencontrent le succès. Elle est, par ailleurs, le seul écrivain vivant à avoir une de ses pièces – Papa doit manger – inscrite au répertoire de la Comédie-Française. Son dernier roman, Trois femmes puissantes, est en lice pour le prix Goncourt. «Roman» n'est d'ailleurs pas le terme approprié. Il s'agit plutôt de trois grandes nouvelles. La question qui vient naturellement à l'esprit est pourquoi cette structure en trois parties. Question à laquelle Marie N'Diaye répond naturellement: «Au début, j'avais l'intention d'écrire un roman d'une traite, un roman uni. Mais je me suis rendu compte des

Théâtre d'Esch

Marie N'Diaye fait partie du paysage littéraire français depuis de nombreuses années difficultés que j'allais rencontrer car la vie des personnages est très différente. Ces trois femmes connaissent des destins contraires et leurs sorts sont inégaux. J'aurais eu besoin de recours à de nombreux artifices et ficelles pour

écrire un seul et même roman. Il était plus simple de diviser» Avec Trois femmes puissantes, Marie N'Diaye évoque, pour la première fois de sa carrière, l'Afrique. Pourtant, elle ne connaît pas l'Afrique ou si peu. Elle l'intrigue,

Tom Jones à la Rockhal

Lulu et le théâtre Radu Stanca de Sibiu

la fascine mais elle n'est pas son foyer. Seule sa couleur de peau rappelle le lien fébrile qui les unit. Aussi ce livre peut-il paraître contradictoire. Pour autant, la question des origines et du retour aux sources passe au second plan.

Le pêcheur de perles

Emphase, jargon et charabia (127)

Dans le cadre des échanges culturels avec la Roumanie, le théâtre d'Esch accueille le théâtre national Radu Stanca de Sibiu. Lulu est le titre générique donné à deux pièces de Frank Wedekind (1864-1918): La boîte de Pandore, tragédie en cinq actes, et L'esprit de terre. En tout, Wedekind consacre 21 ans à l'écriture de cette œuvre, qui est reconnue comme son œuvre principale. Pour des raisons morales et de scandales accompagnant la pièce, elle ne fut jamais jouée ni publiée du vivant de l'auteur, et ne parut qu'en 1988, avant d'être créée à Hambourg la même année dans une mise en scène de Peter Zadek. La mise en scène de la pièce Lulu au chapiteau eschois spécialement réaménagé pour l'occasion, est signée Silviu Purcarete, qui au cours del'année culturelle 2007 avait déjà signé la mise en scène de la pièce Les Métamorphoses d'Ovide représentée à l'abbaye de Neumünster. Au théâtre sous chapiteau, place de l'Exposition à EschLallange), les 14 et 15 novembre à 20 heures. Billets au 54 03 87 et 54 09 16.

(Photo: Laetitia Collin)

Il s'agit avant tout d'un livre sur la souffrance et la dignité de l'être humain. Les personnages féminins dégagent leur puissance de l'intérieur. «Elles ne doutent jamais de leur humanité essentielle. Elles sont miséricordieuses et inaccessibles.» Quel autre pays mieux que l'Afrique incarne cet idéal d'espoir et de courage face à la misère? La clef de cette apparente contradiction se trouve peut-être là. Dans le texte de Marie N'Diaye, la souffrance va crescendo. Nora est avocate et retourne au Sénégal, rappelée par son père, mauvais et tyrannique, pour défendre son frère accusé de meurtre. L'héroïne de la seconde nouvelle, Fanta, est professeur de français. Elle quitte son pays et son travail pour suivre son mari en France. Une fois sur place, elle n'a pas du tout la vie promise. Enfin, Khady Demba, la plus misérable des trois, est veuve. Rejetée par la famille dont son époux, elle tente de passer clandestinement en France. S'ensuivent alors toutes les difficultés et humiliations que l'on peut imaginer. Pourtant, toutes les trois relèvent toujours la tête et gardent leur dignité. Quant aux personnages masculins, ils perdent de leur superbe. Pourtant, l'écrivain reste indulgente avec eux: «Il est difficile de porter un jugement sur les comportements des gens qui vivent dans une misère extrême lorsque l'on vit bien.» Plus qu'une remise en question personnelle, il faut d'abord voir dans les Trois femmes puissantes, un message universel. ■ Laetitia Collin

Tom Jones, de passage jeudi soir à la Rockhal, a été formel: «It will not be the last time». Tous ceux qui étaient venus assister au concert attendent déjà le retour promis de cette voix de légende. (Photo: Serge Waldbillig)

C'est ce mélange imprécis d'impossibilité plus ou moins réelle et de refus plus ou moins fondé – mélange que nous décrivîmes samedi dernier – qui a mené à ce galimatias de substantifs masculins précédés de l'article ou de l'adjectif possessif féminin et aussi précédés ou suivis parfois d'un adjectif au féminin: «la ministre», donc, mais aussi «la première ministre», «la maire», «la sénateur-maire», d'où – en toute logique – «la députémaire» (sic), «la chef(fe)», «la juge», «la substitut», «la consul(e)», «une membre éminente», «une cadre supérieure» [en dépit de la double étymologie masculine latine (quadrus) et italienne (quadro)], «la grande vainqueur», «la future écrivain» (sic – Le monde des livres annexé au n° 20.114 du Monde, 25.09.09, p. 2), «une grande auteur», «sa successeur», etc. (en revanche, «oppresseur» n'est pas transformé en féminin: Le petit Robert définit «professeur» et «successeur» avec le simple «n.» signalé il y a quinze jours mais «oppresseur» comme «n. m. et adj. m.»; pas question de supposer un seul instant qu'une dame pût opprimer). A cette maltraitance sont venues s'ajouter, pour accroître la confusion, des féminisations

non conformes aux règles de dérivation de la langue française – telle l'invention québécoise d'étendre l'utilisation du suffixe féminin «-eure» là où cette dérivation ne le prévoit pas (extension dont il faut rendre justice au Petit Robert qu'il ne l'a pas encore intégrée autrement que comme une curiosité exotique «sur le modèle du Canada», mais en matière de langage incorrect, le pire est toujours certain, et il n'y aurait rien d'étonnant à ce que cela aussi devînt insensiblement une règle prétendue «de bon usage») – ou de purs barbarismes d'une rare barbarie, tel «successrice» (entendu et signalé par un lecteur de Télérama) comme féminin de «successeur». Pour donner une idée de ce charabia, en voici encore deux exemples récents: – Télérama du 08.07.09, p. 20: «Désormais, le poète garde le silence» (ainsi qu'il est dit par deux fois deux pages avant, il s'agit de «la poétesse Emily Dickinson», mais pour une raison dont elle ne nous fait pas part, la rédactrice de l'article l'appelle ensuite «le poète»); – Le canard enchaîné du 08.07.09, p. 6: Zoyâ Pirzâd est qualifiée d'«écrivain iranienne»; nous allons dire ce qu'il faut en penser. (à suivre) ■ Jean Baert


19

CULTURE

mercredi 11 mars 2009

Parmi les auteurs (1/2)

Neuvième édition du Salon du livre et des cultures à Luxexpo

Parmi les auteurs (2/2)

La visite de belles étrangères Alicia Elizundia Ramirez

Tierno Monenembo

Les belles lettres étrangères viendront charmer le Salon du livre et des cultures ces 13, 14 et 15 mars à Luxexpo. Cette neuvième édition est marquée par la diversité des littératures représentées, le nombre d'écrivains qui seront présents (70 tout de même) et les associations, éditeurs et autres acteurs plus nombreux que les années précédentes qui se sont investis. C'est une déferlante de rencontres, de débats et d'échanges qui va joyeusement inonder Luxexpo pendant trois jours.

Najat El Hachmi

■ La vague est telle que, pour la première fois, elle a débordé sur le Centre de langues avec une rencontre organisée par le centre et Amistad Luxemburgo Cuba avant-hier, avec l'écrivain Alicia Elizundia Ramírez, originaire de Cuba (lire notre compte-rendu page 18). Un débat, intitulé «Littératures et métissages», aura lieu demain à la Kulturfabrik à Esch-sur-Alzette, animé par les écrivains Luandino Vieira (Angola), Joaquim Arena (CapVert), Alicia Elizundia Ramírez (Cuba), Teresa Ruiz Rosas (Pérou) et Juliette Smeralda (Antilles) et le Centre national de littérature prévoit le lundi 16 mars à Mersch une rencontre avec la directrice Germaine Goetzinger.

Drazen Katunaric

Présence du champion du monde de slam Teresa Ruiz Rosas

Amilcar Bettega

Tom Nisse

Avant l'ouverture du salon le vendredi 13 mars à 11 heures à Luxexpo, des ateliers d'écriture, de lecture et de slam en différentes langues sont organisés dans les écoles et dirigés par des écrivains, des comédiens et des professionnels français de Slam Tribu, accompagnés du champion du monde de slam, l'Américain Danny Sherrard. A partir du samedi 14 mars, à 14 heures, les rencontres publiques avec les écrivains venus des quatre coins du monde se succéderont dans les différentes salles de Luxexpo. A cette occasion, deux auteurs vont présenter leur dernier ouvrage: Sous le Mont Kun de Faiz Softic publié en serbo-croate avait reçu en 2002 le prix du meilleur roman bosniaque et vient de paraître en français au Luxembourg. D'origine italienne, Giulio-Enrico Pisani vit au Grand-Duché depuis 2004. Romancier, poète et essayiste, il vient de publier Nous sommes tous migrants, un échange épistolaire entre l'écrivain lui-même et les auteurs Jalel El Gharbi, Anita Ahunon-Munoz, Laurent Mignon et Afaf Zourgani. Animateur culturel à la maison d'édition associative Paroles de Lorrains, Boris Maxant ponctuera ces trois journées de lectures de textes pour l'arbre à palabres et animera un mur de paroles pour l'expression des différences citoyennes.

Diana Chuli

Le salon du livre organisé en marge du Festival des Migrations est l'occasion de sa familiariser avec la littérature de l'Autre (Photo: Paulo Lobo) Des débats sur des préoccupations littéraires et culturelles vont ponctuer ces journées. La conférence «Littérature lusophone ou littératures lusophones» sera animée par la revue Abril. Quatre écrivains y participeront dont Luandino Vieira. Né au Portugal en 1935, il a grandi et fait ses études à Luanda en Anola. Il devient citoyen angolais par sa participation au mouvement de libération nationale. Emprisonné par le PIDE, principal moyen de répression du régime de Salazar, il est condamné à 14 ans de prison dont huit passés au camp de concentration de Tarrafal. Il a écrit la plupart de ses œuvres en prison. Trois autres débats tourneront autour des femmes et de l'immigration avec les problématiques qui lui sont liées, le déracinement, la langue, transmission de la culture et de l'écriture, l'intégration et une confé-

rence sur la littérature africaine et l'exil sera animée par des écrivains africains qui ont quitté leur pays pour vivre en Europe.

Le nouveau directeur du MUDAM tiendra salon

Lunandino Vieira

Des stands sont installés pour des rencontres signatures auxquelles participera notamment Enrico Lunghi, nouveau directeur général du MUDAM. Ouvert à tous, le Salon du livre et des cultures permettra pendant ces trois jours de faire de belles rencontres et de partager connaissances et impressions entre amoureux de la littérature et bien entendu les néophytes qui ne repartiront pas sans s'être découvert un nouvel intérêt pour les lettres étrangères ou non. ■ Laetitia Collin Programme complet sur: http://www.clae.lu/htlm/m2sm2/

Malika Bellardi Le Moal


CULTURE

mercredi 21 octobre 2009

18

La voix de Samuel Benchetrit

NEUERSCHEINUNG

«J'écris ce que je veux» Sandro Luci

Kaffeepause in den Anden Begeben Sie sich mit dem Autor auf eine Entdeckungsreise der Extraklasse quer durch das peruanische Hochplateau, abseits der Touristenpfade, mitten in die „grüne Lunge“ unseres Planeten hinein: ins Amazonas-Gebiet! 23,8 ×16 cm, 160 Seiten, gebunden Deutsche Ausgabe ISBN 978-2-87963-729-7

28 € SÉANCE DE DÉDICACE le samedi 24 octobre 2009 entre 15h30 et 16h30

au village du

Ecrivain (Chroniques de l'asphalte), dramaturge et cinéaste (Janis et John, J'ai toujours rêvé d'être un gangster), Samuel Benchetrit publie Le cœur en dehors (éd. Grasset), un roman fort évoquant la vie en banlieue. Rencontre. ■ Pourquoi l'envie de dépeindre la banlieue vous tient-elle à… cœur? J'ai voulu en parler autrement, en la différenciant de la vision des médias: catastrophique et triste. Elle est certes dure mais regorge d'humour comme celui de Charly, dix ans, le héros du récit, un enfant-adulte dont la mère sans-papiers est menacée d'expulsion. Vous êtes-vous inspiré d'un personnage réel pour décrire Charly? Charly, c'est moi, c'est mon fils et tous les gamins des cités. Je voulais écrire sur le talent, sur un môme qui a le talent d'aimer, de découvrir les autres, d'être bouleversé. Voilà pourquoi il aime autant le rap que Chopin. Il habite la Tour Rimbaud mais va bien au-delà du béton en cherchant à lire les œuvres du vrai Rimbaud. Ce jeune héros est fasciné par les poètes. Etait-ce aussi votre cas durant votre enfance? Pour ma part, j'ai surtout été fan de cinéma. Actuellement, je

«Je m'efforce d'être courageux au niveau de mes sentiments.» suis persuadé que quelques-uns des grands metteurs en scène de demain sont en train de germer dans les cités. Ces gamins sont bien plus réfléchis qu'on ne le

(Photo: Denis Rouvre)

croit. Charly est touché par le beau, il a envie de participer à cette beauté. Il aime les poèmes même s'il ne les comprend pas tous.

Certains comparent Charly à un Petit Nicolas moderne. Ont-ils raison? Cette comparaison ne me choque pas. Oui, de nos jours, le Petit Nicolas (ndlr : créé par Sempé et Goscinny) pourrait être noir. Sa vie n'est pas aussi idéale mais il a toujours autant de copains et le désir de faire des bêtises. J'aime sa naïveté, elle rend la banlieue légère, plus douce, plus tendre. Avez-vous, à l'instar du héros, «le cœur en dehors, le cœur courageux»? J'essaye de l'avoir au maximum. Je suis un artiste, j'écris ce que je veux, comme je le veux. Et je m'efforce d'être courageux au niveau de mes sentiments. C'est d'autant plus difficile qu'aujourd'hui, la mode est de tout critiquer. A la télé, on est mieux vu en disant du mal d'autrui. On paraît plus balèze quand on n'aime pas. Tout ceci m'énerve un peu. Vous êtes auteur, dramaturge et cinéaste : l'un nourrit-il artistiquement les autres? Oui, dans l'intimité. Quand je sors d'un film, épuisé, j'ai besoin de calme et d'un peu de solitude. Je les retrouve dans l'écriture. Mais j'ai des angoisses et des joies dans ces trois exercices. ■ Propos recueillis par Felicity Porter

Vladimir Fédorovski offre une visite de la Russie avec des guides de choix 20, route de Bettembourg KOCKELSCHEUER (entrée libre au village!)

Sandro Luci

Pause-café dans les Andes Découvrez les différentes étapes d’un itinéraire hors du commun à travers le haut plateau péruvien, loin des sentiers battus. Accompagnez l’auteur jusqu’au cœur de l’Amazonie ! 23,8 ×16 cm, 160 pages, relié Version française ISBN 978-2-87963-730-3

28 €

En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre.

Également disponible sur

www.editions.lu

L'ombre et la lumière Après Tolstoï, Diaghilev, Tchekhov et Soljenitsyne, Vladimir Fédorovski reprend le flambeau de représentant de l'âme slave. Alors que certains la réduisent à un simple mythe, l'écrivain russe lui consacre un roman. Visite au cœur de la Russie des premières années du XXe siècle qui ont marqué le tournant politique, historique et artistique de la Russie. Les guides? Serge Diaghilev et Lénine. ■ «La Russie reflète la lumière comme les ténèbres, la beauté comme la grisaille.» Vladimir Fédorovski bâtit son roman tout entier sur ce postulat, cette définition parmi les milliers possibles de l'âme slave. Mythe créé par la bourgeoisie du XIXe siècle pour les uns, réalité et singularité de la Russie pour les autres, elle a cette particularité de lier l'Histoire, la politique et les arts aussi étroitement que le sont le cœur, le cerveau et les poumons de l'être humain. Le lecteur suit deux chemins parallèles: celui de la lumière avec Serge Diaghilev, et celui de l'ombre avec Lénine. La Russie de Diaghilev est celle dont rêve le diplomate, écrivain et défenseur de la perestroïka, Fédorovski. Serge Diaghilev, mécène et cri-

Valdimir Fédorovski ressuscite l'âge d'or de la Russie tique d'art, est l'aimant qui attire les plus grands artistes d'Europe: Picasso, Cocteau, Dalí, Matisse. Tous ont eu leur muse slave. Il a emmené son pays à la rencontre de l'Occident et vice-versa. L'âme slave ne devait pas se limiter à la seule Russie mais s'ouvrir sur l'Occident. La Russie des Tsars entretenait déjà des relations privilégiées avec la France, mais Diaghilev, lui, a également amené l'âme slave à Paris. Il est aussi le fondateur des Saisons russes lancées il y a tout juste 100 ans à Paris. A travers elles, les

(Source: Editions du Rocher)

Français ont découvert des grands danseurs tels Nijinski et Tamara Karsavina. Du point de vue artistique et culturel, l'année 1909 est sans conteste l'apogée de la Russie ouverte et lumineuse telle que la montre Diaghilev et tente de la restituer, bien plus tard, Vladimir Fédorovski. Pendant sombre de 1909, l'année 1917 a plongé le pays dans l'obscurité et l'a isolé de l'Europe avec les révolutions de février et d'octobre et la Première Guerre mondiale. Lénine prend le pou-

voir dès 1918. La guerre civile fait encore rage et le sang continue de couler. Pour Fédorovski, Lénine «est devenu, au fil des pages, une sorte d'antipode symbolique de Diaghilev». Avant de devenir un auteur à succès (22 romans et 8 prix littéraires à son actif), Vladimir Fédorovski était diplomate et partisan de Gorbatchev qui a largement contribué à la fin de la guerre froide et à la réouverture de la Russie vers l'Occident. A ses yeux, Alexandre Soljenitsyne incarne la victoire de la lumière et de la beauté de l'âme slave: «Son destin départagera la bataille qui oppose le côté noir et le côté lumineux de notre nation et celle de Tolstoï, de Tchaïkovski et celle des possédés, Lénine, Trotsky, Staline.» Et la ténacité de Soljenitsyne et son amour pour son pays ont eu raison de l'enfer stalinien malgré les humiliations et les vingt années d'exil. En 1962, Une journée D'Ivan Denissovitch a eu l'effet d'une bombe. Il y dénonçait l'horreur du goulag et, par là, tous les excès du régime. «Ainsi à travers Soljenitsyne s'opéra le triomphe de la Russie lumineuse, celle de Tolstoï, de Diaghilev et des Saisons russes», ainsi s'achève la visite guidée de la Russie du XXe siècle. ■ Laetitia Collin Vladimir Fédorovski: Le roman de l'âme slave, Editions du Rocher.


CULTURE Théâtre à Steinfort A l'honneur: Jérôme Netgen et Jay Schiltz Pour la 18e année consécutive, la commune de Steinfort profite des mois de juillet et d'août pour se mettre à l'heure du théâtre. Comme chaque année, deux pièces seront proposées aux festivaliers. Une caractéristique du Stengeforter Theaterfestival: mettre à l'honneur des auteurs luxembourgeois. Pour cette édition 2009, ce sera au tour de Jérôme Netgen et de Jay Schiltz de présenter leurs œuvres. Au programme: • Am Schiet vum grousse Bob, Requiem fir eng Kackelack, de Jérôme Netgen, avec Jean-Paul Maes, Mady Durrer, Daniel Plier, Pitt Simon, Marc Baum, Rosalie Maes, mise en scène et décors d'Eva Paulin, musique de Serge Tonnar. Représentations au centre culturel Al Schmelz de Steinfort les 14, 16, 21, 22, 27, 28 juillet, et les 3, 4, 5 août à 20 h 30. • De Schaf, en onsënnegt Stéck, de Jay Schiltz, avec Pascal Granicz, mise en scène et décors de Claude Fritz, accessoires de Martine Turegard, musique et éclairages de Serge Hoffmann. Représentations à la salle de musique de Kleinbettingen les 15, 18, 20, 23, 24, 25, 9, 30 et 31 juillet à 20 h 30. Prix: 15 euros (plein tarif), 10 euros (tarif réduit). Billets au tél.: 47 08 95 1 et sur Internet www.luxembourgticket.lu.

www.steinfort.lu

vendredi 10 juillet 2009

16

Les destins bouleversants dans «L'espoir d'aimer en chemin» de Michel Quint

Aux prises avec l'Histoire Professeur de lettres et de théâtre à Roubaix, Michel Quint a écrit plus d'une vingtaine d'ouvrages, essentiellement des romans noirs et policiers jusqu'à Effroyables jardins, paru en 2000. Avec ses derniers romans, il s'intéresse plus au devoir de mémoire, au ressenti et aux émotions de ses personnages. Dans L'espoir d'aimer en chemin, il livre aussi une part de lui-même. ■ Les événements décrits par le narrateur sont presque contemporains de votre jeunesse. Y a-t-il une part autobiographique dans votre roman? Oui, bien sûr, mais il faut plutôt chercher du côté de la quête de la femme aimée et du premier amour que l'on garde longtemps. Il y a aussi la création artistique même si René est marionnettiste et moi écrivain. J'ai combiné la trame de mes aventures personnelles avec les événements historiques qui ont profondément marqué la France et la métropole lilloise. La guerre d'Algérie a eu un écho énorme. Il y avait beaucoup de travailleurs immigrés à Lille et encore aujourd'hui d'ailleurs. Dans Effroyables jardins, il y avait un clown, dans L'espoir d'aimer en chemin, ce sont des marionnettes. Quel rôle jouent ces personnages dans la narration? J'ai beaucoup été influencé par le film de Tod Browning Le club des trois dont le personnage prin-

Michel Quint: «L'idéologie et la rationalité ne commandent pas tout.» cipal, le professeur Echo (interprété par Lon Chaney), est ventriloque et fait parler sa marionnette. On parle par l'intermédiaire de ces personnages. Ils sont nous plus que nous-mêmes. Je me pose la question: quelle part de nousmêmes leur accorde-t-on? Pourquoi avoir choisi un adolescent dans le coma comme point de départ de la narration? Le coma reflète l'état de René. C'est la métaphore de la mort dont on revient. Pendant toutes ces années, le narrateur a vécu comme en sommeil. Celui qui est passé parmi les morts et en revient est plus lucide. J'évoque

aussi la thématique de l'art qui peut apprivoiser la mort, la dompter. Malraux l'a dit: «l'art est un antidestin». Le père a élevé son fils comme il a pu mais n'a pas toujours pris les bonnes décisions. Les parents n'ont pas le meilleur rôle... Pendant et après la guerre d'Algérie, les parents ont été forcés de prendre parti. Le père a choisi l'OAS, la mère le FNL mais leurs décisions n'avaient rien de politique. Je veux montrer par là que l'idéologie et la rationalité ne commandent pas tout. Pendant de nombreuses années, vous vous êtes consa-

(Photo: D. Jochaud)

cré à la littérature policière et aux romans noirs. Vous avez même obtenu le Grand Prix de la littérature policière en 1989 pour Billard à l'étage. Comment passe-t-on de la littérature policière à une littérature plus personnelle? La littérature est un double apprentissage, celui de la rigueur de l'écriture et celui du regard sur la société. Elle fournit les armes pour une bonne littérature. Sans cela, on tombe dans la littérature nombriliste et ça n'a plus aucun sens. ■ Propos recueillis par Laetitia Collin

Réédition d'un ouvrage naturaliste signé Descourtilz

L'élimination par Staline du poète Mandelstam

Pérégrinations de fin de siècle

Une leçon d'histoire efficace

Les éditions Cartouche viennent de rééditer un ouvrage qui retrace au travers des écrits d'un naturaliste français les événements qui ont marqué l'histoire d'Haïti à l'aube du XIXe siècle. Créées en 2004, les éditions Cartouche, dont Emmanuel Pierrat est le directeur éditorial, souhaitent comme mentionné «remettre à leur place des écrivains oubliés, des documents méconnus». C'est à ce titre que l'on doit la récente réédition de l'ouvrage Un naturaliste en Haïti – Aux côtés de Toussaint-Louverture qui débute par une introduction de feu Jacques Boulenger. Historien de la littérature, ce dernier avait choisi d'imprimer en 1935 une sélection des textes méconnus du naturaliste français Michel-Etienne Descourtilz relatant ses pérégrinations en Haïti entre 1799 et 1803. Dans la préface, Jacques Boulenger explique les choix qui ont guidé sa démarche, n'omettant pas au passage de juger le style du naturaliste. «Le malheur, c'est qu'il a peu de talent. On vit rarement écrire aussi mal que lui…», tout en reconnaissant néanmoins que «son ouvrage est extrêmement attachant» et qu'il apporte un regard nouveau sur ToussaintLouverture, devenu général en chef de l'île, sur les troupes de

Dessalines et les atrocités perpétrées durant cette période. Le préfacier passe ensuite brièvement en revue les circonstances historiques qui ont préparé l'insurrection des indigènes noirs en Haïti et les événements qui ont ensanglanté cette ancienne et riche colonie française alors appelée Saint-Domingue. Cette introduction améliore sensiblement la compréhension des écrits du naturaliste Descourtilz qui, il ne faut pas l'oublier, appartiennent à un contexte littéraire et historique datant du début du XIXe siècle. Si le récit de Descourtilz, dans lequel se trouvent aussi de longues descriptions détaillées sur la faune et la flore, peut s'avérer fastidieux à lire, il n'en reste pas moins un témoignage vivant des événements qui ont concouru à l'édification du premier Etat indépendant par d'anciens esclaves. Pour cette raison, il fera sans doute le bonheur des passionnés de l'histoire, mais aussi des amateurs de diverses disciplines comme l'ethnologie, la botanique, la zoologie. ■ Nathalie Cailteux M.E. Descourtilz: Un naturaliste en Haïti aux côtés de Toussaint-Louverture, paru aux éditions Cartouche, 214 pages, ISBN: 9782915842395.

Le succès récent du fils et des Bienveillantes ferait presque oublier le père. Dans la famille Littel, le vrai romancier à succès, c'est pourtant bien Robert. Dans L'Hirondelle avant l'orage, il met tout son savoir-faire au service d'un sujet fort: la fin du grand poète Ossip Mandelstam, victime des purges staliniennes dans les années trente. ■ Mort en 1938 alors qu'il partait pour le goulag, Ossip Mandelstam avait été arrêté dès 1934 par la Tcheka et incarcéré à la Loubianka. À cette époque, la terreur stalinienne battait son plein et frappait les innocents comme les coupables. Mandelstam, au moins, avait fait œuvre de résistance, en composant une épigramme satirique qui dénonçait la cruauté aveugle de Staline. Pour évoquer le nazisme, Jonathan Littel avait choisi le genre du roman fleuve. Robert Littel, lui, opte pour une forme de dépouillement. Pour dénoncer la terreur stalinienne, il choisit de limiter les personnages et le nombre de scènes.

Littel père

(Photo: Xavier Thomas)

Ossip Mandelstam, le «montagnard du Kremlin», suivant l'expression forgée par le poète pour désigner le dictateur, les intimes du poète, son tortionnaire et ses compagnons de cellule: le resserrement du drame sert le sujet, l'écrasement de l'individu par la machine totalitaire, elle-même dominée par un individu paranoïaque et mégalomane. L'Hirondelle et le poète n'en donnent pas moins une leçon d'histoire. En quelques scènes, Littel évoque la situation des écrivains sous Staline, en faisant revivre les proches de Mandelstam, qui n'étaient pas les pre-

miers venus, comme la poétesse Akhmatova et Boris Pasternak, l'auteur de Docteur Jivago. Mais il montre surtout la mainmise de l'idéologie officielle sur les consciences, notamment à travers le personnage de l'ex-haltérophile Fikrit Shotman, tout heureux de se voir démontrer sa culpabilité, dont il ignorait tout. Robert Littel fait parler tour à tour les différents protagonistes. Le procédé est efficace: la multiplication des voix montre l'enfermement des uns et des autres dans leurs peurs. Dans un dernier chapitre, Littel quitte pourtant le roman pour raconter un entretien avec la femme de Mandelstam, en 1979, comme pour dénoncer finalement l'artifice romanesque. On se prend alors à rêver sur un livre qui aurait été vraiment conçu comme une enquête, voire un chantier, étant donné que la fin de Mandelstam, les circonstances de sa mort, restent mal connues. Robert Littel a préféré livrer un roman impeccablement construit et terriblement efficace: la plupart des lecteurs ne s'en plaindront pas. ■ Jean-Michel Wittmann Robert Littel, L'Hirondelle avant l'orage, éd. Baker Street.


CULTURE

lundi 18 mai 2009

16

Une visite au cœur du Metz littéraire, «De Paul Verlaine à Bernard-Marie Koltès»

«Constellation»: deux étoiles filantes «Constellation» offrait, ce week-end, dans la capitale lorraine, un avant-goût de la programmation du Centre Pompidou-Metz. Parmi les différentes manifestations, le parcours Koltès, «de Paul Verlaine à Bernard-Marie Koltès», un itinéraire original proposé par l'office du tourisme messin qui retrace la vie de monstres sacrés de la littérature qu'a priori tout sépare. Pourtant, à la lumière d'un Metz littéraire trop souvent méconnu, ces deux écorchés vifs vont révéler leurs points communs. ■ Par un samedi matin un peu couvert, un petit groupe d'une trentaine de personnes déambule dans les rues de Metz à la recherche des traces du passage de deux mythes de la littérature française dans la ville lorraine. Le passage éclair de deux étoiles filantes qu'on n'aurait pas eu idée de rapprocher d'une quelconque façon avant la visite commentée de Véronique Lucas, guide conférencière pour l'office du tourisme. L'un est poète du XIXe siècle, l'autre dramaturge du XXe. Paul Verlaine était plutôt laid alors que Bernard-Marie Koltès était beau comme un ange (déchu?) et si les informations foisonnent sur le poète, sa vie et son œuvre,

Le buste du Pauvre Lélian (anagramme de Paul Verlaine, surnom que s'est attribué le poète) situé près de l'esplanade, a été fabriqué en 1925 et offert par les Amis de Paul Verlaine, parmi lesquels Gustave Kahn (Photo: Laetitia Collin) Koltès, lui, n'a laissé aucune autobiographie ni mémoires. Les seuls moyens de l'approcher? Ses textes, ses lettres (réunies en un volume par les éditions de Minuit sous le titre Une part de ma vie) et ses interviews. «Et malgré ça, il reste un homme très secret, pétri de contradictions, difficile à cerner», commente notre guide.

Au-delà de leurs différences, les similitudes sautent au visage au fil du parcours. La plus évidente, leur lieu de naissance, Metz, l'un en 1844 et l'autre en 1948. Deux éducations marquées par la religion catholique, une passion pour l'œuvre de Rimbaud, une dévotion sans borne pour leur mère. Elisa-Stéphanie Déhée Verlaine

sera d'ailleurs le seul point d'ancrage dans la vie de bohème qu'a choisie le poète. Après la mort de sa mère en 1886, Verlaine dira «Je n'ai plus qu'une seule mère, l'assistance publique.» Sans le sou, une santé chaotique (il souffre de la syphilis, du diabète et d'alcoolisme), il passe les dix dernières années de sa vie dans les hôpitaux,

soutenu par des amis poètes qui subviennent à ses besoins les plus rudimentaires. Bohème, paradis artificiels, manque d'argent (jusqu'à ce qu'il soit connu grâce à La nuit juste avant les forêts et que les droits d'auteur lui offrent un train de vie confortable), maladie et mort prématurée sont aussi le lot de Koltès. Peu sensible au charme de la ville de Metz, il la quitte en 1967 pour Strasbourg puis Paris. Son aversion le pousse à la mauvaise foi lorsqu'il déclare «n'y avoir jamais remis les pieds» alors qu'on sait qu'il venait souvent rendre visite à sa mère qu'il aimait plus que tout. En 1988, il écrit Retour au désert, où le lecteur lorrain reconnaît aisément la ville de Metz, le désert en question. Atteint du SIDA, il meurt le 15 avril 1989 et ne verra jamais sa pièce représentée sur scène. Il reste actuellement le dramaturge moderne le plus joué dans le monde… sauf en France où il est moins connu qu'ailleurs. Plus encore que ces rapprochements factuels, leur talent, leur mal-être, la même sensibilité à fleur de peau qui émane de leurs textes, si différents soient-ils par leur forme et le contexte dans lequel ils ont été écrits, font d'eux des visionnaires et des écrivains immortels. «Monde étriqué de la petite bourgeoisie française», disait Koltès dans les années 1960, Metz peut néanmoins être fière d'avoir vu naître deux génies en deux siècles. ■ Laetitia Collin

5e biennale d'art contemporain à Strassen

Concert jubilaire de la CGFP

Une galerie de talents

Cent ans de sollicitude

Le centre culturel Paul Barblé présente dans ses locaux la cinquième biennale d'art contemporain. Pour cette occasion, dixsept artistes ont été sélectionnés pour leurs œuvres par un jury de professionnels. Ce vendredi, la ville de Strassen inaugurait sa biennale dans sa salle des fêtes transformée pour l'occasion en un labyrinthe blanc. Les œuvres se trouvent dans des écrins formés par les murs et mis en valeur par la lumière des multiples plafonniers. Chaque recoin du labyrinthe accueille un univers particulier: les visages recom-posés de romainSOussan, les sculptures mobiles de Paul Schnebelen ou encore les monochromes de Dani Neumann. Auprès de leurs travaux, les artistes se sont fait une joie d'expliquer leurs recherches et leurs démarches. Ce lieu non conventionnel met à l'aise une assistance nombreuse et lui permet d'émettre critiques et félicitations. Seule ombre au tableau, les artistes n'ayant pas de badge ou quelque moyen de reconnaissance, le public ne pouvait dissocier le maître du visiteur. Cependant, le personnel de l'accueil étant agréable et disponible, il était possible de demander des informations ou de savoir où l'artiste se trouvait afin de dialoguer avec lui. Cette occasion de voir des profession-

Salle comble vendredi pour commémorer en musique les 100 printemps du mouvement syndical, alias Confédération générale de la fonction publique. Au menu, un programme prestigieux; tout au plus aurait-on pu rêver d'un compositeur luxembourgeois qui se serait glissé entre les notes de musique?

Œuvre Paul Schebelen, un des lauréats de la 5e biennale (Photo: Gerry Huberty) nels et des réalisations artistiques dans un lieu tout public et gratuit, ne se rate. La biennale se tient du 15 au 28 mai au centre culturel de Strassen du mardi au dimanche de 14 h 30 à 18 h 30. L'événement durant quinze jours, les artistes ne seront pas présents en permanence. Ils devraient malgré tout passer régulièrement. Profitez de l'événement, car cette biennale d'art contemporain n'a lieu que tous les deux ans... ■ Emeline H.

■ Après quelques mots circonstanciés d'Emile Haag, Bohuslav Martinu, compositeur tchèque dont on célèbre le cinquantième anniversaire de sa mort, nous entraîne dans «sa» Rhapsodie, résolument moderne bien qu'écrite en mode tonal. Etourdissante quoique succincte, elle est d'une grande fraîcheur révélant ainsi l'autodidacte surdoué qu'était Martinu. Se destinant à une carrière de violoniste, il se lança dans la composition. Il a travaillé avec Albert Roussel dont il devient un des disciples, croisé Honegger et sa musique s'imprègne de ces sonorités nouvelles. Il composera sans relâche et la vie qu'il mène à Paris puis aux Etats-Unis élargit encore sa palette. Très bien enlevé et inédit. Le fringant Nikolaï Lugansky s'installe avec beaucoup d'élégance dans le troisième concerto

L'OPL, placé sous la direction d'Emmanuel Krivine, a joué pour les 100 ans de la CGFP (Photo: Laurent Blum)

pour piano et orchestre en ré mineur de Sergueï Rachmaninov. La formation de l'OPL en stretch éclipsait par moments ce pianiste moscovite aussi romantique que techniquement parfait. Une saturation des cordes trop présentes dans le concerto et cette particularité de l'acoustique qui gomme les touchés délicats du soliste y sont pour quelque chose. Rachmaninov l'écrivit en 1909, pendant l'été précédant sa première tournée aux USA. Des accents de musique de cinéma marquent cette partition notoire qui déchaîne à cha-

que fois l'auditoire. Nikolaï Lugansky nous offrit en guise de rappel le 5e prélude, également de Rachmaninov. Antonin Dvorák termine ce concert avec la symphonie n°7 en do mineur op.7. L'OPL dirigé par le frétillant Emmanuel Krivine, applique un rythme un peu machinal dans cette longue symphonie. Le Scherzo avec mention Vivace est très bien exécuté, tandis qu'Antonin s'essouffle dans son envie de conclure le finale (4e mouvement) où il peine à trouver l'issue… ■ Suzanne Faber


CULTURE

mercredi 28 janvier 2009

18

Blake et Mortimer fêtent les 60 ans de leur aventure égyptienne à Maxéville (près de Nancy)

Un pont entre science et BD L'espace Edgar P. Jacobs et le Préau des Arts de l'IUFM de Lorraine à Maxéville célèbrent le 60e anniversaire de l'album Blake et Mortimer: Le mystère de la Grande Pyramide. Une exposition originale met à l'honneur le travail d'Edgar P. Jacobs, mis en parallèle avec les découvertes et théories d'éminents égyptologues concernant la pyramide de Khéops. ■ La commune de Maxéville a, depuis quelques années, son espace dédié au célèbre auteur de la bande dessinée Blake et Mortimer. En 2008, la mairie a célébré, en collaboration avec la fondation Jacobs et la Région WallonieBruxelles, le cinquantenaire de l'album SOS Météores. En 2009, la Ville consacre une exposition aux

Edgar P. Jacobs s'est longuement documenté pour réaliser son deuxième album

deux volumes, du Mystère de la Grande Pyramide, pour fêter les 60 ans de cette deuxième aventure de Blake et Mortimer. Certains puristes ont pu contester cette date car la première publication remonte en réalité au 16 mars 1950 dans le 11e numéro du Journal de Tintin et la parution a duré jusqu'au 28 mai 1952, au rythme de une à deux pages dans chaque numéro de l'hebdomadaire. Enfin, Le mystère de la Grande Pyramide a été publié en deux tomes, Le papyrus de Manéthon et La chambre d'Horus, parus respectivement en 1954 et 1955. Mais, qu'importe, tous les prétextes sont bons pour célébrer nos héros de bandes dessinées. Dans cet album, on retrouve des personnages du premier épisode Le secret de l'espadon: Francis Blake, capitaine à la Royal Air Force et agent des services secrets britanniques et le professeur Philip Mortimer, spécialiste en physique nucléaire, le colonel Olrik, qui possède la même intelligence et le même caractère bouillonnant que son alter ego Mortimer. Le fidèle Nasir, serviteur du professeur fait également sa seconde et dernière apparition et le Bezendjas, homme de main d'Olrik, est aussi de la partie. C'est dans cet album que l'on fait la connaissance du bras droit d'Olrik, Sharkey, qui prendra part à toutes les futures machinations d'Olrik contre ses irréductibles adversaires. Edgar P. Jacobs, ancien collaborateur et ami d'Hergé, a accompli un long travail de documentation pour réaliser cet album. Il s'est d'abord référé aux écrits de l'historien grec Hérodote qui faisait allu-

Après l'épisode de Le secret de l'Espadon, le capitaine Francis Blake retrouve son ami Mortimer pour de nouvelles aventures en Egypte (Photos: Laetitia Collin) sion directe à des chambres souterraines dans les pyramides. N'ayant jamais visité l'Egypte, Jacobs a fait appel à des scientifiques belges, une première dans le monde de la bande dessinée. Au terme de ses recherches, la théorie de l'auteur reposait sur l'existence plausible d'une chambre funéraire, la chambre d'Horus dont il est question dans l'album. L'exposition du centre Jacobs de Maxéville célèbre à la fois le 60e anniversaire du Mystère de la grande pyramide et le travail de recherche archéologique, scienti-

Le monde de la BD

■ Le grand mort. Après avoir rempli non sans encombre le rituel du Petit Peuple, Erwan est de retour dans la réalité. Il découvre que Maître Cristo est décédé et que Pauline est revenue six mois plus tôt du monde imaginaire et avait un comportement étrange. Inquiet, Erwan prend le train pour Paris pour la retrouver. A son arrivée il découvre que le monde a bien changé depuis son départ et que chômage et précarité sont devenus le quotidien des Français. Loisel et Djian nous emmènent cette fois loin des paysages merveilleux des légendes bretonnes pour nous plonger dans une vision cruelle de notre société où règne pollution, maladie et pauvreté. Les chemins des deux hé-

ros principaux se sont écartés et Erwan se lance dans une véritable enquête pleine de rebondissements à la recherche de Pauline. L'intrigue est menée avec brio et les indices d'un lourd secret dévoilés au compte goutte attisent la curiosité. Influencé par le style de Loisel, Mallié livre des planches magnifiquement détaillées, fraîches et dynamiques. • Ceci est mon corps. Dans un futur proche, Los Angeles est divisée en deux. Les riches vivent de drogues dans de somptueuses villas sur les collines hyper protégées tandis que les habitants de la vieille ville tentent de survivre. Pour échapper à la pauvreté, certains acceptent qu'on leur in-

sont penchés sur le mystère de la pyramide de Khéops qui n'est toujours pas résolu à l'heure actuelle. ■ Laetitia Collin www.mairie-maxéville.fr Exposition, ateliers jusqu'au 28 février. Entrée libre. Conférence le 2 février à 18 h à l'amphithéâtre IUFM de Lorraine, Espace Edgar P. Jacobs, 33, rue des Brasseries, Préau des Arts de l'IUFM, 5, rue Richard 54320 Maxéville. Renseignements par tél.: 00 33 3 83 32 30 00.

Festival International de la BD d'Angoulême

Visions du futur Dans Ceci est mon corps, Damien Marie nous emmène dans un futur proche où les progrès de la biotechnologie permettent à la Jet Set de se livrer à la débauche en prenant possession du corps d'un autre. Après un premier tome prometteur, Le Grand Mort est de retour pour une suite surprenante dans une société en plein déclin.

fique et historique de Jacobs. 54 fac-similés de l'album et des panneaux explicatifs attendent les visiteurs. Au centre de la halle de l'espace trône une reproduction de la pyramide de Khéops en toile imprimée de 49 m2 au sol et de cinq mètres de haut, à l'intérieur de laquelle une vidéo propose une visite guidée des labyrinthes de la pyramide tels que les a imaginés Jacobs. Lors d'une conférence à l'IUFM de Lorraine, l'égyptologue Jean-Pierre Corteggiani confrontera la théorie de Jacobs avec celles d'autres scientifiques qui se

cruste des implants d'hôtes permettant aux bourgeois d'investir provisoirement leurs corps pour explorer la ville d'en bas sans risque et se livrer à tous les excès. Blasé par ses défonces quotidiennes, un adolescent va apprendre à ses dépens ce qu'il en coûte de devenir le jouet de la jeunesse dorée. Damien Marie signe le premier épisode d'une histoire d'anticipation en deux tomes sombre et fascinante. Il décrit le monde d'une jeunesse dorée pervertie pour rebondir en fin d'album sur un cliffhanger inattendu. Le personnage principal, narrateur de sa propre déchéance, nous entraîne dans un quotidien fait de fêtes, de drogues et de voyages spirituels qui vont entraîner sa perte. Si son dessin souffre de quelques imperfections, le trait de Goethals fait montre d'une bonne lisibilité et d'angles de vues soignés. ■ Jean-Luc Delorme – Pauline, tome 2 de la série Le grand mort par Loisel, Djian et Mallié aux éditions Vents d’Ouest. – Lumière crue, tome 1 de la série Ceci est mon corps par Goethals et Marie dans la collection Grand Angle aux éditions Bamboo.

Bulles en effervescence A partir de demain, Angoulême devient pendant quatre jours le grand temple de la bande dessinée. Tour d'horizon du menu de cette 36e édition (les 29, 30, 31 janvier et 1er février). Des éditeurs. Les grandes maisons d'éditions sont une fois de plus présentes pour accueillir près de 200.000 visiteurs et près d'un millier d'auteurs, scénaristes et dessinateurs en dédicace. Le secteur para-BD n'est pas en reste: figurines, affiches, statuettes, collectors et autres produits dérivés seront bien sûrs représentés. Le Manga Building spécialement créé l'an dernier pour accueillir toutes les expressions de la bande dessinée japonaise, sera à nouveau le point de ralliement de tous les passionnés d'imagerie asiatique. Des expositions. Cette année encore, de nombreuses expositions sont organisées. La première est consacrée au «grand prix» de l'année dernière: le duo Dupuy et Berberian. Elle lèvera le voile sur 25 ans de carrière et des albums emplis de tendresse et d'introspection, hésitant souvent entre autobiographie et chroni-

que urbaine. On célèbrera également les 50 ans de Boule et Bill inventés dans le magazine Spirou par Jean Roba à travers une immense exposition itinérante pour rendre hommage à ce succès éditorial qui a séduit plusieurs générations de lecteurs. Lucien de Frank Margerin sera également mis à l'honneur ainsi que la BD flamande. Enfin une exposition monographique rend hommage au grand auteur japonais couronné du Prix du meilleur album 2006 pour NonNonBâ: Shigeru Mizuki. Concerts de dessins. Depuis cinq ans, les concerts de dessins voient naître et s'épanouir une bande dessinée en direct, sur scène et en musique, dans un moment de communion rare et intense entre les dessinateurs et leur public. Des prix. Dix catégories de prix (meilleur album, dessin, scénario, révélation, patrimoine…), 56 albums en compétition. La sélection officielle du Festival se veut le reflet de la diversité et du pluralisme qu'offre la BD actuelle. Le palmarès officiel du Festival sera décerné à Angoulême le dimanche 1er février 2009.


CULTURE Festival d'Annecy Une programmation animée et ouverte Le Festival international du film d'animation d'Annecy 2009 déroule à partir d'aujourd'hui sa compétition internationale et une riche programmation, toujours plus ouverte, émaillée par des avant-premières, des rencontres et quelques surprises. Après avoir célébré le centenaire de l'animation l'an dernier lors d'une édition qui avait accueilli quelque 7.000 personnes, le festival (8-13 juin) propose d'explorer la dynamique création venue d'Allemagne en projetant des courts métrages, des films expérimentaux et d'étudiants. La compétition verra s'affronter dix longs métrages parfois déjà sortis en salles comme le film en 3D-relief Monster vs Aliens des Américains Rob Letterman et Conrad Vernon mais le plus souvent inédits tels que Boogie, el aceitoso de l'Argentin Gustavo Cova, Mary and Max de l'Australien Adam Benjamin Elliot ou Kurt Turns Evil du Norvégien Rasmus A. Sivertsen. Dans la sélection «Spéciaux TV», le réalisateur luxembourgeois Bruno Murer présentera son Panic Show. Annecy, qui s'est aussi donné pour mission de montrer les coulisses de la fabrication des films, dévoilera des images de La nuit des enfants rois, Le chat du Rabbin ou encore Un monde truqué, en cours de réalisation.

lundi 8 juin 2009

8

Littérature et journalisme étaient réunis pour la 22e édition de l'«Eté du livre» à Metz

Des mots pour observer Si le soleil s'est défilé ce week-end, les mots et la littérature, eux, n'ont pas raté le rendez-vous annuel de l'«Eté du livre» à Metz. ■ Pour sa 22e édition, la manifestation a rayonné, pendant trois jours, aux quatre coins de la capitale de la Lorraine: place d'Armes où se sont réunis près de 300 auteurs sous un chapiteau de 1.700 m2, place de Chambre, l'Arsenal et la place Saint-Louis qui s'était réservé l'espace «poésie». Les journalistes se sont joints aux écrivains pour parler de Ces mots qui dérangent, thème de ce cru 2009 un peu spécial. La renommée et la popularité sans cesse croissantes de l'événement ont incité les organisateurs à élargir l'esprit de l'«Eté du livre». En plus des rencontres sous l'immense chapiteau de la place d'Armes, des cafés littéraires animaient certains troquets de la ville et le salon jusqu'ici exclusivement dédié à la littérature s'est ouvert à d'autres disciplines: le théâtre, particulièrement à celui de Bernard-Marie Koltès, disparu il y a 20 ans, aux concerts et spectacles, notamment celui de Richard Bohringer, Traîne pas trop sous la pluie, joué place Saint Louis. Certains auteurs ont été récompensés par des prix: Olivier Adam a reçu le prix Marguerite Puhl-Demange pour son roman Des vents contraires, Fabienne Swiatly a obtenu le prix Ma-

Olivier Adam récompensé pour son roman Des vents contraires rianne avec Une femme allemande et Il n'y a pas d'autruches dans les contes de fées de Gilles Bachelet est le premier lauréat du prix jeunesse Graoully. Et surtout, la Nouvelle Revue Française (NRF) fête, cette année, ses 100 ans. Aussi, écrivains et journalistes, lui ont rendu hommage, réunis par leur même passion de jouer avec les mots, de leur faire dire ce qu'ils ont envie, même passion qui passe

pourtant par des affinités et des besoins différents. Olivier Adam a bien cerné les rapports entre journalisme et littérature: «Il existe un pont qui relie les deux. Il est bon que la littérature se soucie aussi du monde qui l'entoure. Le journalisme s'intéresse au factuel. Un journaliste se doit d'être objectif et observateur. La littérature est une expérience mentale, elle humanise les faits, permet l'identification et l'ap-

Rue bric-à-brac

L'échange, de Paul Claudel au Grand Théâtre En 1893, à 25 ans, Paul Claudel écrit L’échange, un œuvre brillante, bouillonnante, troublée, à l'image des sentiments extrêmes et contradictoires d'un jeune homme de 25 ans. Il crée dans sa langue somptueuse et inimitable un drame d'amour et de passion tout en livrant une critique du capitalisme sauvage qui marque déjà la société américaine. Cette coproduction du théâtre du Centaure et du Grand Théâtre de Luxembourg est mise en scène par Marja-Leena Junker. Avec dans les rôles principaux, les acteurs Myriam Muller, Nicole Dogué, Nicolas Bridet, Jacques Roehrich.

(Photo: Laetitia Collin)

prentissage du monde, pour cela, les romans sont irremplaçables, c'est la différence fondamentale.» A chacun sa tâche et ce n'est pas Yasmina Khadra, parrain de cette édition, qui dira le contraire: «Je suis né écrivain comme l'oiseau est né musicien». Fasciné par la rime depuis son enfance, sa passion pour la littérature lui a interdit de renoncer à écrire malgré un chemin semé d'embûches avant d'être reconnu. «J'ai rencontré beaucoup d'hostilités. Je crois que j'ai trop idéalisé le monde des intellectuels.» A l'opposé de l'écrivain enfermé dans sa tour d'ivoire, il dénonce toutes les formes de fanatisme et écrit son amour pour son pays et sa culture qu'il revendique mais regarde sans complaisance. Au lendemain du discours de Barack Obama au Caire, il est admiratif mais réservé: «Obama est une victoire culturelle mais pas politique. Il veut faire beaucoup de choses mais ce n'est pas facile d'agir, c'est l'Amérique... On verra dans deux ans.» Son dernier roman, Ce que le jour doit à la nuit, évoque les décennies, des années trente aux années soixante, avant la guerre d'indépendance. «J'ai la chance d'avoir une double culture. Je peux contribuer à quelque chose. Nous n'avons pas besoin de tolérance pour nous entendre mais d'acceptation». ■ Laetitia Collin

Balaban

Le clin d’œil de

Florin

Les 8, 9 et 10 juin à 20 heures au Studio du Grand Théâtre de Luxembourg. Billets au 47 08 95 1 et sur www.luxembourgticket.lu.

Les Bach, une famille de musiciens à Echternach Sous la baguette de Pierre Cao, le chœur Arsys Bourgogne emmènera le public du festival d'Echternach dans un voyage-découverte dans l'histoire de la famille Bach. Luc Feit, un des acteurs luxembourgeois les plus reconnus à l'étranger, présentera les œuvres du programme: Johann Bach (Sei nun wieder zufrieden meine Seel), Johann Michael Bach (Unser Leben währet siebenzig Jahr; Fürchtet euch nicht), Johann Christoph Bach (Fürchte dich nicht; Lieber Herr Gott, wecke uns auf), Johann Sebastian Bach (Jesu, meine Freude) Carl Philipp Emanuel Bach (Bitten), Johann Christoph Friedrich Bach (Wachtet auf, ruft uns die Stimme). Au Trifolion d'Echternach le dimanche 14 juin à 20 heures. Location des places et informations auprès du festival d'Echternach au tél. 72 99 40 ou 72 83 47; e-mail: musique@pt.lu; Internet: www.echternachfestival.lu. Caisse du soir: à partir de 19 heures au Trifolion.

Un cabaret-cirque au chapiteau de Lallange La pièce Mignon Palace, à l'affiche du chapiteau d'Esch-Lallange, est un cabaret-cirque de Gilles Defacque, composé de fragments autobiographiques. Tout se passe dans la salle de cinéma-bal-catch-théâtre «Le Mignon Palace»... Les samedi 13 et dimanche 14 juin à 20 heures. Billets au 54 03 87 ou 54 09 16. Caisse du soir.

Avec sept médailles d'or, la nageur Raphaël Stacchiotti d'Ettelbruck ne rentre pas les mains vides des Jeux des Petits Etats d'Europe de Chypre


13

CULTURE

samedi 8 août 2009

Le Malawi à travers le regard de Martin Linster à l'abbaye de Neumünster jusqu'au 10 septembre

Terre pauvre remplie d'amour fausse pudeur sur les destins de ces hommes et de ces femmes, sur la beauté et sur la pauvreté de ce petit pays d'Afrique du Sud. Il en a capturé l'éclatante vivacité des couleurs et «la fascinante joie de vivre», de la plaine aux couloirs de l'hôpital de Namitete à 60 kilomètres de la capitale Lilongwe, érigé par les sœurs. Porteuses d'eau, marchands de bois aux épaules vigoureuses, patients, chacun porte son fardeau avec beaucoup de dignité: pauvreté, faim, maladie. Les jeunes enfants lovés contre leurs mères protectrices n'en ont pas encore conscience. Autant de portraits, de témoignages et d'histoires à raconter. Et ces couleurs omniprésentes, tranchantes, presque obsédantes, entre le clair et l'obscur parfois, entre la terre cuite par le soleil et le ciel azur souvent. ■ Sophie Kieffer

Si les yeux sont le miroir de l'âme, celle de Martin Linster doit ressembler à ses photographies: entière et colorée. Sans fards ni détours, l'artiste aux yeux bleu acier raconte la condition humaine au Malawi. Des images à découvrir depuis jeudi et jusqu'au 10 septembre au cloître de l'abbaye de Neumünster à Luxembourg. ■ La rudesse du Malawi n'a d'égale en matière d'intensité que la ténacité et le sourire de ses habitants. Des sourires comme autant de témoignages d'espoir que le photographe Martin Linster a rapportés dans son boîtier après un voyage mémorable en juillet 2008 dans le «cœur chaud de l'Afrique». De ce périple avec l'ONG Eng oppen Hand fir Malawi réalisé dans le cadre du cinquantenaire de présence des sœurs carmélites tertiaires dans cette contrée au sable rouge, est issue une série de plus de 5.000 belles et émouvantes photographies. Une sélection – âpre et difficile à effectuer – peut être découverte dans le livre Malawi dont l'intégralité

Le vélo, moyen de transport le plus utilisé au Malawi, sujet d'une des photographies choisies pour l'exposition (Photo: Anouk Antony) des bénéfices ira aux sœurs carmélites tertiaires. Certains des plus beaux clichés sont à décou-

vrir jusqu'au 10 septembre dans le cloître de l'abbaye de Neumünster à Luxembourg dans le

cadre de l'exposition «Regard(s) sur le Malawi». Martin Linster a posé son regard franc et sans

Suivez la Voix!

En bref

Le quotidien vu par un géant

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur un thangka représentant la déesse Palden Lhamo, artiste inconnu, Népal, 2009, au musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg. ■ L'objet. Le thangka (littéralement, image que l'on déroule) est utilisé pour les cérémonies religieuses. Souvent tissés ou brodés, les thangkas tibétains ont la particularité d'être peints sur toile. Support de méditation (fondement de la religion bouddhique) des disciples bouddhistes, ils peuvent être miniatures ou recouvrir tout un pan de mur. Les thangkas représentent des images violentes et angoissantes dont les divinités sont le plus souvent les sujets. Pendant sa méditation, l'homme doit se concentrer sur le thangka et aller au-delà de l'angoisse provoquée par l'image pour tendre à la sagesse et l'empathie. Palden Lhamo, représentée ici, est une déesse courroucée, protectrice du Tibet, du Dalaï et du Panchen Lamas, de Lhassa et des enseignements du Siddharta Gautama dit Bouddha. Seule femme parmi les huit gardiens de la Loi, elle est, le plus souvent,

Thangka représentant la déesse tibétaine Palden Lahmo entourée d'un halo bleu profond, avec trois yeux, les cheveux rouges qui symbolisent sa colère, et buvant du sang dans un crâne humain. Elle monte en amazone sur un mulet blanc, doté d'un œil sur la croupe gauche, là où son mari lui a décoché une flèche après que la déesse a tué son fils et utilisé sa peau comme couverture de selle. De même que la catharsis grecque, les thangkas ont pour but d'expurger violence et agressivité pour atteindre la sagesse. Le contexte. L'exposition «crimes de sang» engage le débat sur le meurtre, les actes et motivations des assassins et sur les limites

Le livre «Malawi» de Martin Linster est disponible à la boutique de l'abbaye de Neumünster et en librairie pour 38 euros. Il peut aussi être commandé en versant 40 euros (frais de port inclus) – 45 euros pour l'étranger – à l'ONG Eng oppen Hand fir Malawi avec la mention «Livre Malawi» (CCPL LU25 1111 0997 8973 0000).

du jugement moral et pénal. Les amateurs de gore seront déçus car il n'est pas du tout question de faire du sensationnalisme. Il s'agit avant tout d'inciter à la prise de conscience de la valeur de la vie humaine. Des objets de diverses collections internationales, pièces à conviction de la police, vestiges des attentats du 11 septembre, photographies, objets de collections ethnologiques abordent la question, partant de points de vues différents mais complémentaires. L'exposition commence par une approche scientifique de la vie humaine. On aborde ensuite la question du meurtre vu par le code pénal, la légitimité de la peine capitale abolie au Luxem-

(Photo: Laetitia Collin)

bourg en 1979, les assassinats politiques, perçus par certains comme des actes d'héroïsme, par d'autres comme de vulgaires crimes ou encore le lien entre le meurtre et les religions, le problème des soldats, considérés comme des héros, des meurtriers ou de simples exécutants, les «crimes économiques», motivés par la cupidité. Mais à l'origine du débat se pose LA question: avons-nous le droit de prendre une vie humaine quelles que soient les circonstances? Exposition «crimes de sang», musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg, jusqu'au 28 mars 2010

Olaf Metzel investit l'espace de la gigantesque Halle Verrière de Meisenthal. Il y a engouffré cinq de ces œuvres emblématiques, intégrant les 3.200 m2 d'architecture très singulière dans son «champ sculptural». «Le choix du site est une fin qui détermine les moyens, d'autant plus qu'il s'agit de lieux publics (...) C'est la totalité de l'espace qui se définit comme sculpture.» Des installations monumentales dans un espace qui l'est tout autant, une façon de happer le spectateur dans son œuvre. Attentif aux problèmes sociaux de notre époque, le sculpteur passe en revue tout ce qui fait notre vie quotidienne: chômage, loisirs qui prennent une part de plus en plus large dans notre société, xénophobie, télévision, mode, automobile. Il provoque et interroge son public. Ce n'est pas un hasard si tous ses travaux sont conçus avec des objets urbains, bicyclettes, réverbères, clôtures, bancs publics, grilles, poubelles. L'artiste nous renvoie l'image de notre société. «J'aime travailler avec des objets du quotidien comme des chaises en plastique ou des conteneurs. A partir de ces objets, j'essaie de créer une ambiance issue du quotidien qui contienne une image de la société.» Jusqu'au 6 septembre Halle Verrière, à Meisenthal, Parc naturel des Vosges du Nord


13

CULTURE

mardi 18 août 2009

La première édition du festival de Vianden débute aujourd'hui

Visite guidée

Notes estivales et musicales Se faire rencontrer des musiciens de tout âge et de tout niveau autour d'une passion commune: telle est la raison d'être du premier festival de Vianden qui débute aujourd'hui. ■ Pour cette première édition, Semyon Rozin, le directeur artistique du festival, mais aussi professeur de chant et chef d'orchestre d'origine ukrainienne qui vit au Luxembourg depuis 1998, a rapidement trouvé chaussure à son pied. Grâce au soutien sans faille de Gaby Frantzen-Heger, bourgmestre de Vianden, et du compositeur luxembourgeois Camille Kerger, le festival a pu s'installer à Vianden. Un festival qui, dès son lancement, a réussi à attirer 88 étudiants, âgés de 9 à 34 ans et désireux de profiter des congés de l'été pour se spécialiser. «Nous avons réuni des étudiants de tous niveaux et d'horizons divers, qui entendent un jour ou l'autre se lancer dans une carrière professionnelle», note le directeur du festival de Vianden. Des étudiants qui subviennent tous par leurs propres moyens aux frais d'inscription et qui ont fait le déplacement des EtatsUnis, de la Corée du Sud, de différents pays d'Europe et du Grand-Duché: la clarinettiste Simone Weber est la seule Luxembourgeoise de l'équipe. Quelle est la motivation commune à tous ses participants? «Se perfectionner, rencontrer d'autres musiciens et apprendre à

Le MUDAM convie, demain, à une visite touristique de la Ville de Luxembourg réalisée par l'Institut für Feinmotorik, un groupe d'artistes basé en Allemagne dont l'activité principale se concentre sur la performance sonore. Sur invitation du musée d'Art moderne, les membres du groupe proposent une promenade d'une heure dans la capitale sous le mode d'une «performance situationniste». Le départ se fait au MUDAM à 17 heures, la participation est gratuite. Par ailleurs, IFF convie à 19 heures à une performance musicale par mr.mueck et don't dj réalisée dans le cadre de leur installation sonore pour l'exposition Jerszy Seymour: Coalition of Amateurs. Infos au tél. 45 37 85 1 et sur www.mudam.lu.

Semyon Rozin et la jeune chanteuse Kyoung Cho connaître d'autres cultures», résume Semyon Rozin. Mais aussi de pouvoir travailler avec des enseignants de qualité. Comme, par exemple, le pianiste américain John Perry ou la violoniste Alice Schoenfeld, âgée de... 91 ans. «C'est la renommée des enseignants qui attire les élèves», précise Semyon Rozin, qui entend bien pérenniser son festival, «même si cela doit prendre quelques années». Pour la première édition, le festival de Vianden propose des cours individuels, collectifs ou

(Photo: Eddie Guillin)

de musique de chambre pour une longue série d'instruments: cordes, bois, cuivre, chant et piano. De quoi monter sans difficulté un orchestre... «Nous pensons également nous intéresser dans un avenir plus ou moins proche au répertoire symphonique», glisse le directeur artistique. En attendant, les élèves musiciens sont arrivés hier à Vianden avant de s'attaquer à un vaste répertoire allant de Bach à Ravel. «Nous avons volontairement voulu offrir un panel de compositions à étudier le plus vaste

possible», note Semyon Rozin, également professeur à la Musikhochschule de Cologne, donc régulièrement invité comme intervenant dans différentes académies de musique, «mais encore jamais organisateur». Une particularité du festival: après les cours donnés à Vianden, place aux concerts. Dès ce mardi, les participants se présenteront au public et en différentes formations lors de concerts organisés tant à Vianden qu'à Sarrebourg ou à Trèves. ■ Thierry Hick www.viandenfestival.eu

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur Large Hadron Collider de Nicolay Polissky au MUDAM.

Le Large Hadron Collider vu par Nikolay Polissky jour historique «pour l'humanité qui veut savoir d'où elle vient, où elle va et si l'univers a une fin», selon les mots du directeur général du CERN, Robert Aymar. Ces derniers rêvaient de percer les secrets de l'univers, analyser ce qu'ils appellent «la matière noire» mais leurs espoirs ont été anéantis lorsque la machine est tombée en panne quelques jours après sa mise en route. Depuis, le

Rue bric-à-brac

Lo-Fi et Yikez! en concert à l'Exit07 Dans le cadre de ses «Congés annulés», l'Exit07 convie le jeudi 20 août au concert des groupes Lo-Fi et Yikez!, Lo-Fi» est une formation beat-pop, tandis que le son de Yikez! s'aventure plutôt dans le domaine du pop-punk expérimental. Ouverture des portes à 21 heures. Entrée libre.

Les Américains de Calexico à l'Atelier

Suivez la Voix!

■ L'objet. Cette construction monumentale est la première commande officielle à l'artiste russe Nikolay Polissky. Le grand hall du MUDAM se trouve ainsi envahi de reproductions de machines futuristes réalisées... en bois et en jonc, matières rustiques s'il en est, par l'artiste et les habitants du petit village russe de NikolaLenivets. Le Large Hadron Collider (LHC) est librement inspiré de l'accélérateur de particules du même nom (le plus grand du monde), mis en route à Genève par le CERN (organisation européenne pour la recherche nucléaire) le 3 septembre 2008, considéré dès lors par les scientifiques comme un

Luxembourg, une ville sonore

(Photo: Laetitia Collin)

LHC s'est métamorphosé en une sorte de sculpture presque habitable. Nicolay Polissky s'est inspiré de ces vestiges de la science et de la modernité pour créer une œuvre proche de la terre et surtout des personnes. Il réussit le pari de concentrer en une seule œuvre, passé, présent et futur. Il s'interroge (et nous interroge) sur notre avenir, sur nos préoccupations et sur la portée de

l'art devenu narcissique et élitiste. Le contexte. En 1990, Nikolay Polissky, céramiste de profession, peintre et dessinateur par passion, s'installe dans le petit village à l'abandon de Nikola-Lenivets, dans la région de Kalouga, à environ 200 kilomètres de Moscou. Il propose aux villageois de participer à son travail. Le petit groupe réalise des œuvres éphémères qui évoluent au fil du temps et s'improvisent en garde-manger, jeux pour les enfants et en bûcher à l'occasion des fêtes populaires. Ces projets ont relancé dans la région une dynamique à la fois artisanale et artistique, grâce à l'arrivée de nouveaux artistes qui marchent sur les traces de Polissky et à la création d'un festival international d'architecture, l'ArchStoyanie. Dans le cadre du projet «Habiter» qui rassemble des artistes qui mêlent volontiers l'art à l'architecture, le MUDAM s'est adressé à Nikolay Polissky. Réalisé une première fois en Russie, le LHC a été démonté, transporté et réassemblé à Luxembourg par l'artiste et une partie des habitants du village qui ont fait le voyage jusqu'ici. Exposée dans le hall jusqu'au 13 septembre, l'installation va intégrer la collection du musée. ■ L.C.

Calexico, le groupe américain de Tucson sera sur la scène de l'Atelier jeudi soir. Avec un son plutôt alternatif et folk, Calexico offre au public non seulement leur second album, mais aussi un sublime casting de musiciens et instruments. La première partie sera assurée par le groupe Depedro. Ouverture des portes à 20 heures. Billets sur www.atelier.lu.

Nos artistes à l'étranger Trois artistes luxembourgeois du groupe Lume Art Collection exposent actuellement leurs œuvres au Mexique: Yves Bassi, Simone Finck et Rema Raffaelli. Cette exposition, placée sous le thème Identitad, fait partie d'un programme d'échange culturel entre le Mexique et le Grand-Duché.

Edopolis: visites guidées et ateliers Plusieurs activités seront proposées par le Casino Luxembourg dans le cadre de son exposition Edopolis d'Edgar Honetschläger: mercredi 19 et 26 août à 12 h 30, visites guidées Op ee Sprong (30 minutes); jeudi 20 août, 18 heures, visite commentée (fra., all., lux.); Bulle et bulle et bulle et..., atelier pour enfants de 6 à 12 ans (durée 2 heures, infos et réservations au 22 50 45, e-mail: anne. reding@casino-luxembourg.lu).


13

CULTURE

mercredi 19 août 2009

Primal Scream, un monument du rock pour la première fois au Luxembourg lundi soir

Bien plus qu'un simple cri Alors que le Luxembourg est baigné d'une torpeur estivale, il a suffi d'un cri de rassemblement lancé par l'Atelier pour ameuter les amateurs de bon son rock: un Primal Scream. Le groupe de Bobby Gillespie a maîtrisé à la perfection la fusion entre rock, punk et electro pour secouer le public venu assister à ce premier passage au Luxembourg. ■ L'été peut parfois être très long pour les amateurs de bons sons qui ne fréquentent pas les festivals. Un cri, ou plutôt une voix, celle de Bobby Gillespie, est venu remplir ce passage à vide. Pas un cri d'horreur ou d'ennui, mais une coupure salutaire. Un coup de fouet qui a fait sortir le public de l'Atelier de la torpeur estivale dans laquelle il avait lentement glissé. Des caisses claires et cinglantes, des riffs de guitares énergisantes pour un son punk-rock qui réveille et donne envie de bondir, dans un premier temps. Mais les Primal Scream n'en oublient pas leur brumeuse Ecosse natale ni leurs influences de rock sudistes. Les basses se font plus lourdes, l'atmosphère plus dense et plus planante, les rythmes plus lents. Le groupe est à deux doigts de basculer dans un electro qui frise le psychédélisme. Dehors la température est tombée, mais la moiteur est dans la salle. Trop sophistiquée pour être celle des honky tongs, la musique est capiteuse. Avant d'aller saluer leurs fans dans la cour de l'Atelier, les Pri-

Du jazz «cocasse» à l'abbaye Le Centre culturel de rencontre, abbaye de Neumünster convie, vendredi dans le cadre de son cycle Jazz after work, à un concert du groupe Cocasse. Cette formation invite, avec sa musique mélodique et rythmée, le public à voyager et à danser aux quatre coins du monde. Ce groupe est composé de fervents adeptes de la musique qui ont l'habitude de mettre de l'ambiance dans les salles. Le vendredi 21 août à 18 heures. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservations au tél. 26 20 52 981.

Deerhunter et Raftside à l'Exit 07 L'Exit 07 aux CarréRotondes poursuit ses concerts dans le cadre de ses Congés annulés. Nouvelle date à retenir: le vendredi 21 août. Sur scène, le groupe Deerhunter et ses guitares hurlantes. En première partie de soirée, le groupe de Filip Markiewicz: Raftside. Ouverture des portes à 21 heures. Début du concert à 22 heures. Billets en vente sur Internet: www.luxembourgticket.lu. Infos au 26 62 20 07.

Visites guidées sur les lieux du crime

Elle est loin l'époque où Bobby Gillespie était le batteur de The Jesus and Mary Chain

(Photo: Carlos Almeida)

La soirée a été agréable lundi du côté de la route de Hollerich. Pour le public qui a assisté à un bon concert et pour le groupe qui est décidément bien un monument du rock. Vingt-cinq ans de carrière qui ont fait la différence. Avant de repartir sur les routes, le

groupe a apprécié en toute simplicité la fraîcheur de la nuit sur la terrasse de l'Exit 07. Caleixico (demain soir) et Dinosaur Jr (mardi prochain) succéderont à Primal Scream sur la scène de l'Atelier. ■ Sophie Kieffer

mal Scream ont livré une dernière vague d'énergie pure en bourrasques de guitare et de batterie qui ont tout balayé sur leur passage. Un mélange de titres anciens et d'extraits de Beautiful Future, leur dernier opus sorti en 2008.

Suivez la Voix!

Les vinyles en capa de Yuri Suzuki flashy, elle est vendue sous forme de perles. Le capa se cuit au four à 150 °C et reste à l'état liquide de 150 °C à 60 °C et se solidifie à l'air libre ou à l'eau. Maintenu à température dans des bains-marie pour rester liquide, il peut servir à fabriquer des objets comme ces vinyles ou des colles pour joindre deux objets.

Trois visites guidées de l'exposition temporaire Crimes de sang au musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg sont proposées: le jeudi 20 août à 18 heures, en luxembourgeois; le vendredi 21 août à 12 h 30, en luxembourgeois et français; le dimanche 23 août à 16 heures, en luxembourgeois et français. Réservations auprès de Mady Mailliet au musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg au 47 96 45 70 ou par e-mail: m.mailliet@museehist.lu.

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur les vinyles en capa de Yuri Suzuki au MUDAM. ■ L'objet. Difficile à imaginer que ces disques fluo puissent produire un son sur nos bons vieux tourne-disques et pourtant... Fabriqués en capa, ces vinyles ont une durée de vie limitée, mais on peut écouter les morceaux enregistrés jusqu'à cinq fois. Le capa est la matière reine de l'exposition Coalition of amateurs. Elle n'est pas encore commercialisée et se commande, pour le moment, uniquement sur Internet. Fabriquée à base d'amidon de pomme de terre et de pigment pour lui donner ces couleurs

Rue bric-à-brac

(Photo: Laetitia Collin)

Dans le cas des disques de Yuri, les morceaux ont été enregistrés sur des vinyles en plastique. Les rainures ont été reproduites sur un moule en silicone dans lequel le designer a ensuite coulé le capa. Le contexte. Coalition of amateurs est une exposition interactive. Jerzy Seymour a donné libre cours à son utopie

d'un art pratique, accessible à tous et générateur de partage et d'union des choses et des gens. Aussi, tout le monde participe, crée s'il en a envie ou ajoute sa touche personnelle à des objets réalisés par d'autres. Le matériau de base: le capa, symbole de l'union des choses et des gens, tant voulue par le designer allemand. Dans le cadre de ce projet, le jeune designer japonais Yuri Suzuki a proposé un Amateur music production au cours duquel il collabora avec des groupes punks luxembourgeois comme Tvesla, Takemeunderground et Yegussa. Il a pu donner corps à ce qu'il appelle «la valeur physique» de la musique en enregistrant les morceaux sur les vinyles qu'il a reproduits lui-même avec le capa. Le MUDAM expose les nombreuses créations d'artistes mais aussi celles des visiteurs et des enfants. Les objets vont du plus simple et utilitaire au plus loufoque. Et surtout, chacun peut venir et mettre la main à la pâte au sens propre et figuré. ■ L.C. A voir au MUDAM jusqu'au 13 septembre.

Des virtuoses du taiko à Beaufort Le groupe d'adolescents Kijima Taiko donnera un concert le 20 septembre à Beaufort. Ce sera l'occasion de découvrir un spectacle tout en rythme empreint d'une esthétique toute chorégraphique. Originaire de Kijimadaira, un petit village des Alpes japonaises – dont le lycée est jumelé avec le lycée classique de Diekirch –, le groupe se compose de plusieurs joueurs de taiko, un tambour traditionnel du Japon. La formation Kijima Taiko s'est déjà produite à trois reprises au Grand-Duché: en 2000 sur la place d'Armes à Luxembourg, en 2003 au conservatoire de la capitale et en 2005 au festival de Wiltz. Pour le concert de Beaufort, les jeunes musiciens japonais interpréteront non seulement des œuvres du répertoire traditionnel mais aussi quelques pièces contemporaines voire de jazz... Le dimanche 20 septembre à 17 heures à l'école primaire Op der Gare, de Beaufort. Entrée libre. Réservations auprès de l'ambassade du Japon au 46 41 51 1.


13

CULTURE

jeudi 20 août 2009

Les 4, 5 et 6 septembre à Esch-sur-Alzette

Une rentrée festive Un signe qui ne trompe pas: début septembre, lorsque la Métropole du Fer célèbre son Escher Kulturfestival, la rentrée s'annonce à grands pas. ■ Alors tant qu'à faire, puisqu'il fait oublier les vacances, pourquoi ne pas faire la fête une dernière fois? En 2001, la Ville d'Esch proposait pour la première fois un festival de rock, le Terres-Rouges. Entre-temps, l'idée a suivi sa route, malgré quelques péripéties et après avoir quitté les friches de Belval, a su trouver ses marques sur les hauteurs de la patinoire du Gaalgebierg d'Esch-sur-Alzette.

Place au rock donc le dimanche 6 septembre avec l'édition 2009 du festival Terres-Rouges. Concocté par Rom Bernard de l'agence Cynart, le line-up donnera de la voix non seulement à des formations locales, mais aussi à quelques étrangers. Une affiche aussi mainstream qu'insolite, mais très germanophile... Le bon choix? Réponse le 6 septembre au soir. En attendant, les organisateurs restent confiants puisque sur les quelque 6.500 tickets disponible, plus de 4.000 auraient déjà été écoulés. Une affiche qui invite deux «revenants», qui ont déjà mis le feu aux foudres en terres eschoises. Tout d'abord, Reamonn, déjà à l'affiche en 2001. Le groupe,

... et Reamonn, fortement applaudi en 2001

(Photos: Serge Waldbillig)

Deux «vieilles connaissances» refouleront les terres eschoises: Silbermond, déjà à l'affiche en 2005... qui fête actuellement son dixième anniversaire, en est déjà à son cinquième album. Autre «vieille connaissance» du public eschois mais aussi de celui du festival de Wiltz: Silbermond, un groupe allemand qui ne cesse de monter... Alors que le jeune trentenaire fait depuis quelque temps un vrai tabac chez lui aux Pays-Bas, VanVelzen et son Baby get higher arriveront-ils à faire trembler la patinoire eschoise? Autre artiste à fouler le sol du Gaalgebierg (site fermé à la circulation): Axel Bosse qui viendra présenter son nouvel opus: Taxi. Ils viendront en voisins, les Sarrois de The Vanilla Bourbon Band et leur rock aussi sucré qu'endiablé. Elle avait le

soul dans la peau avant de savoir parler: pour Jenniffer Kae, née dans une famille de musiciens, sa voie était toute tracée. Festival luxembourgeois, le Terres-Rouges se devait d'inviter des locaux. Pour 2009, ce sera au tour de Metro de répondre à l'appel. L'ouverture des portes est fixée à 14 heures, le dernier concert se terminant peu avant minuit. Ne se contentant pas d'une seule journée de «rentrée festive», l'association Escher Kulturfestival proposera une fois encore, les vendredi 4 et samedi 5 septembre, son Street Festival: deux journées de spectacles dans les rues et places du centreville présentées par des saltim-

Suivez la Voix!

www.festival-terresrouges.lu

Des élèves musiciens en concert à Vianden

(Photo: Martin Linster)

bataille permanente. Au-delà d'une terre et d'une végétation brûlées par la sécheresse, des enfants vêtus de haillons, Martin Linster a capté leurs regards: joie, détresse, résignation. A force de les contempler, on peut suivre le cours de leurs pensées et inventer leur vie et leur histoire. Le contexte. Martin Linster est né en 1956 au Congo. Il y passe son enfance et vient s'ins-

Informations sur les trois jours de festival, horaires des concerts, horaires des bus et trains spéciaux au tél. 900 75 100 et sur:

Rue bric-à-brac

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur une photographie de Martin Linster de l'exposition «Regards sur le Malawi» à l'abbaye de Neumünster. ■ L'objet. L'Afrique dans l'imaginaire européen? C'est à la fois la famine, la misère, la maladie, la chaleur écrasante mais aussi les contes, les animaux sauvages, les couleurs vives et la joie de vivre des gens qui sourient et nous apprennent ce que signifie «vivre» au sens fort du terme. Tout cela, on le retrouve dans les photos de Martin Linster. Ce cliché a été pris lors de son séjour au Malawi en juillet 2008. Une mère, six enfants entourés de bambous. Comme la majorité de la population, ils vivent avec moins d'un dollar US par jour. La survie est une

banques, artistes, jongleurs, danseurs, acrobates, chanteurs de tout poil. «Un programme fou, décalé, surprenant et souvent insolite», prévient Alain Schmitz, chef d'orchestre du Street Festival, mais aussi directeur artistique du festival de Chassepierre. Les artistes de rue et le public pourront, le samedi, croiser les coureurs de l'Escher Kulturlaf: différents parcours seront proposés aux participants... ■ thi

taller au Luxembourg. Là, il se passionne pour la photographie et le reportage photo et travaille pour le d'Lëtzbuerger Land depuis 1998. L'ONG Eng oppen Hand fir Malawi s'est adressée à lui pour réaliser un reportage photo sur le Malawi dans le cadre des 50 ans de dévouement des sœurs carmélites tertiaires arrivées en 1959 dans la brousse de Namitete, à 60 kilomètres de la capitale Lilongwe.

Ce recueil photographique est un hommage au «pays du feu» (signification du nom Malawi), un des pays les plus pauvres du monde et pourtant berceau de l'humanité (un scientifique allemand a découvert, en 1991, une mandibule qui aurait appartenu à un hominidé qui aurait vécu il y a plus de deux millions d'années). Le Malawi, ce sont 128.484 km2, 13 millions d'habitants et 30 à 55 % de la population touchée par le SIDA. Les porteurs d'eau, le vélo, moyen de transport le plus utilisé, l'hôpital Saint-Gabriel sont autant d'aspects de la vie quotidienne des Malawites révélés par ces clichés. En 1959, cinq sœurs Zitha arrivent au Malawi, reprennent la petite infirmerie de la brousse de Namitete qui est devenue l'hôpital Saint-Gabriel, seul centre médical pour les 250.000 habitants des alentours. «Pourquoi pas le Malawi?», demandait sœur Gabrielle Wintersdorf, il y a 50 ans. La réponse ne se trouve-t-elle pas, pour une part, dans le dévouement de celles qui lui ont succédé et l'hommage de Martin Linster à la beauté du pays et à la fierté de ses habitants? ■ Laetitia Collin

Le festival de Vianden propose ce soir un concert donné par plusieurs de ses stagiaires. Le rendezvous est fixé à 20 heures au château de Vianden. Billets au 94 95 11 et sur Internet: www.festivalvianden.lu

Harry Potter en plein air Ce soir à 20 heures aura lieu dans le cadre du Sura Open Air Kino la présentation du film Harry Potter und der Halbblutprinz en version allemande. Les tickets pourront être achetés à la caisse ou bien sur www.mocom.lu. Plus d'informations au 72 88 72 et sur Internet: www.cinesura.lu.

Trop cool, le cinéma en Alsace-Lorraine Les salles de cinéma d'Alsace et de Lorraine participeront du 23 au 30 août à l'opération CinéCool. Toutes les séances seront à 4 euros: l'occasion de découvrir des longs métrages en avantpremière. Informations supplémentaires sur Internet: www-cine-cool.com.


13

CULTURE

vendredi 21 août 2009

Il nous a quittés

La voix de Laurent Ruquier

«La scène, c'est fabuleux» Il y avait une contrainte: Aznavour ne voulait pas que je raconte sa vie. Heureusement, chacune de ses chansons est un petit film en soi et cela m'a permis de trouver la solution: faire une mise en abîme en relatant les tribulations d'une jeune troupe d'artistes désireux de lui rendre hommage sur les planches. Avez-vous eu carte blanche pour choisir les morceaux de l'immense répertoire aznavourien? J'ai dû en sélectionner quarante. Quel boulot! Il fallait des classiques – Emmenez-moi, La bohème – que toutes les générations connaissent, puis des plus rares appréciés par les fans – La marche des anges – et enfin, des hits incontournables écrits par Aznavour pour d'autres chanteurs: Retiens la nuit, de Johnny Hallyday, Un mexicain basané, de Marcel Amont, ou encore La plus belle pour aller danser, de Sylvie Vartan. Le grand Charles a-t-il approuvé votre travail et celui de sa fille? Je pense que le résultat l'a satisfait, même s'il ne l'a pas exprimé en mots. Charles n'est pas un expansif. Mais il doit être content, sinon il aurait dit à Katia: «Arrête ça tout de suite!». ■ Propos recueillis par Felicity Porter

Animateur radio (Europe 1) et télé (France 2), Laurent Ruquier est aussi un créatif au flair certain, passionné par la scène. Il a écrit le livret d'un spectacle-hommage à Charles Aznavour, J'me voyais déjà, bientôt en tournée. Rencontre. ■ Vous participez de plus en plus à des créations scéniques. Sont-ce les prémisses d'une reconversion? Non, mais s'il fallait opérer des choix parmi mes activités, la radio et le spectacle auraient la primeur. Participer à une aventure scénique est fabuleux. Et n'oublions pas que j'ai débuté à Paris dans les cafés-théâtres. Je ne suis pas un animateur qui va vers le spectacle mais qui en vient! J'ai fait des one man shows, signé des pièces de théâtre comme Toute la presse en parle et adapté en français des comédies musicales étrangères, telle Chicago. Qui vous a commandé le spectacle dédié à Aznavour? Sa fille, Katia, m'a contacté. Elle voulait créer une comédie musicale avec les tubes de son père mais désirait aussi un fil conducteur plein d'humour, car en Europe, la plupart des shows chantants ont un défaut: on n'y rit pas autant que dans les productions londoniennes ou newyorkaises. Katia a donc songé à moi pour écrire un scénario enlevé. L'accouchement de ce récit a-t-il été difficile?

Laurent Ruquier: «Aznavour ne voulait pas que je raconte sa vie»

J'me voyais déjà, les 17 et 18 décembre au Cirque Royal de Bruxelles (tél. 0032 2 21 82 0 15), les 19 et 20 décembre au Forum de Liège (tél. 0032 42 23 18 18).

Suivez la Voix!

Le Roi Soleil, de Jean Fetz Ici, il a le regard vague et attend, l'air hagard, un hypothétique invité qui boira le verre de vin qui lui est destiné. Sous le pinceau de Jean Fetz, le Roi Soleil a perdu de sa superbe, le pouvoir a l'air de peser lourd sur ses frêles épaules. Comme à son habitude, le peintre crée une atmosphère à la fois grotesque et inquiétante. Le Roi Soleil est entouré de mobilier moderne (et, qui plus est, modeste pour un roi) et d'une bien

Né le 7 mai 1947 à Prague, Milan Slavicky était le descendant d'une famille de musiciens, qui furent élèves de Joseph Suk, Antonin Dvorak ou Leos Janacek. Musicologue, professeur, directeur musical aux éditions phonographiques Supraphon, professeur, éditeur et metteur en scène musical, Milan Slavicky était également connu pour son travail de compositeur. Surtout dans les domaines de la musique symphonique, de chambre, vocale ou électro-acoustique. Un travail de composition qui lui a permis à deux reprises de collaborer avec les Solistes européens, Luxembourg qui ont créé deux de ses œuvres. En 2002, Ich dien, une méditation pour orchestre pour le gala organisé pour le 75e anniversaire du grand-duc Jean. Le 29 mai 2008, JackMartin Haendler et les SEL interprètent en première mondiale la suite symphonique The Family of Man, une commande de la Banque centrale du Luxembourg pour son dixième anniversaire.

Rue bric-à-brac

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur Le Roi Soleil de Jean Fetz à la galerie Miltgen. ■ L'objet. Jean Fetz aime la France, la Provence, Matisse, Picasso, Chagall. Tous l'ont inspiré mais n'ont jamais effacé la personnalité du peintre. Ses éclats de couleurs, ses personnages absurdes et la sincérité qui se dégage de ses toiles n'appartiennent qu'à lui. Son affection pour le pays des cigales n'entache pourtant pas son esprit critique ni sa vision sans complaisance de la société. Ce n'est pas un hasard si son Roi Soleil nous fait plutôt penser à l'Ubu Roi de Jarry qu'à Louis XIV, symbole de la monarchie absolue de droit divin et sous le règne duquel la France a connu un rayonnement culturel sans précédent.

Milan Slavicky, compositeur tchèque

(Photo: Laetitia Collin)

étrange cour: une créature aux allures démoniaques qui tient dans sa bouche (?) le portrait d'une femme et un drôle d'animal coiffé d'un feutre. Jean Fetz nous rappelle l'absurdité du faste, de la richesse et du pouvoir absolu et nous montre les excès vers lesquels ils nous mènent. Le contexte. La galerie Miltgen est une jeune galerie d'art contemporain. Antiquaire depuis plusieurs années, Michel

Miltgen a changé de cap il y a quatre mois et expose des artistes contemporains. Une première exposition avec Jean Fetz relève de la prouesse car jusque-là, le peintre luxembourgeois n'exposait que dans les centres culturels publics. Il est venu à la galerie Miltgen par amitié pour le galeriste et puis tous deux ont la même vision de l'art: expression des sentiments et sincérité avant tout. L'un comme l'autre ne s'intéressent pas aux modes mais avancent par coup de cœur. «Ayons garde des étiquettes et des tiroirs», nous avertit Ady Richard, dans un extrait du livre de Jean Fetz, Peindre pour chasser le diable. De fait, on retrouve la palette chromatique de Matisse, des traits expressionnistes et un fond abstrait. Pourtant, on ne peut qualifier Jean Fetz ni de surréaliste, ni d'expressionniste et encore moins de peintre de l'abstrait. Pour apprendre à connaître le peintre Jean Fetz, on ne peut que contempler ses toiles et s'imprégner de ce qui s'en dégage. ■ Laetitia Collin Jusqu'au 28 août. Galerie Miltgen, 32 rue Beaumont, L-1219 Luxembourg, tél.: 26 26 20 20. La galerie restera fermée du 29 août au 8 septembre.

Casino: atelier et visite guidée Ce samedi, le Casino Luxembourg propose dans le cadre de ses expositions temporaires un atelier, en langue française, pour enfants de 6 à 12 ans intitulé Bulle et bulle et bulle et... D'une durée de deux heures, cet atelier débutera à 15 heures. Les parents pourront pendant ce temps profiter d'une visite guidée des expositions d'une durée d'une heure. Réservations nécessaires pour l'atelier pour enfants au 22 50 45 ou par e-mail: anne.reding@casino-luxembourg.lu. Pour la visite guidée, un billet d'entrée au musée suffit.

Yannick Haenel, prix du roman FNAC Le prix du roman FNAC 2009 a été attribué à Yannick Haenel pour son livre Jan Karski (Gallimard), a annoncé hier le jury composé de libraires et de lecteurs. Dans son cinquième roman, l'auteur raconte de façon romancée l'histoire d'un témoin du ghetto de Varsovie chargé en 1942 d'informer le monde de l'extermination des juifs d'Europe. Yannick Haenel a obtenu le prix Décembre en 2008 pour Cercle.


CULTURE Rue bric-à-brac

Audition d'orgue de Ruben Sturm Les Amis de l'orgue de Luxembourg proposent une audition d'orgue de Ruben Sturm. Le musicien allemand interprétera sur l'orgue symphonique de la cathédrale de Luxembourg des Ch. Tournemire, M. Duruflé et J. Kromolicki. Le samedi 29 août à 11 heures en la cathédrale de Luxembourg. Entrée libre.

Elvis UnPlugged à Beaufort Steven Pitman et son groupe The Piks sont les invités des Amis de l'ancien château de Beaufort pour un concert de présentation de leur nouveau spectacle Elvis UnPlugged. Le dimanche 30 août à 18 heures au château de Beaufort. Prix: 10 euros.

Une première rock à Burmerange Le club des jeunes de Burmerange organise ce soir leur tout premier festival de rock: Tape this show. A l'affiche, les groupes The Aggrolites, The Flatliners (Etats-Unis), The Band Geek Mafia (Allemagne) ainsi que les formations luxembourgeoises Versus You, Toxkäpp, A Place In The Sun, Weakonstruction et Take me Underground. Ouverture des portes à 15 heures, début des concerts à 16 heures, au Comice agricole de Burmerange. Prix: 15 euros. Infos sur Internet www.grannyrecords.com.

Edopolis: finissage polyphonique Le Casino Luxembourg proposera un finissage polyphonique de l'exposition d'Edgar Honetschläger Edopolis en organisant des visites guidées en anglais, en portugais et en turc. Le 3 septembre de 18 à 19 heures au Casino Luxembourg. Info au tél. 22 50 45.

Cuire son pain comme à la préhistoire Le musée national d'Histoire et d'Art organise un atelier de vacances pour enfants de 6 à 12 ans sur le thème Préhistoire: nous allons cuire du pain. Les 4 et 11 septembre de 14 h 30 à 16 h 30 au musée national d'Histoire et d'Art. Réservations au tél. 47 93 30-214 et sur Internet www.mnha.lu.

Jeff Herr, invité du Jazz after Work Le prochain Jazz after Work au Centre culturel de rencontres, abbaye de Neumünster verra la venue de la formation Jeff Herr Corporation. Le vendredi 4 septembre à 18 heures au CCRN. Info au 26 20 52 1 et sur www.ccrn.lu.

mardi 25 août 2009

12

Les 4 et 5 septembre à deux kilomètres de la frontière luxembourgeoise

Thérapie jamaïcaine à Wardin placée sous le signe de la dub, ce genre musical caractérisé par une association basse-batterie soutenue par des rythmes électroniques. Les Français de X Makeena sont l'un des dignes représentants du mouvement.

Les Nord-Irlandais de Therapy? et les Wailers jamaïcains seront les deux têtes d'affiche du Ward'in Rock. Un festival qui souffle ses treize bougies à deux kilomètres de Doncols le vendredi 4 et le samedi 5 septembre. Les Dudelangeois d'Eternal Tango seront aussi de la partie. ■ Les organisateurs du Ward'in Rock ne sont pas superstitieux. Pas question de faire l'impasse sur une treizième édition d'un festival né en 1997 dans un petit chapiteau et qui a grandi sans brûler les étapes. Mille personnes en 1999, un changement de site l'année suivante, le passage à deux jours en 2003 et l'installation deux ans plus tard dans un espace plus aéré, qui a permis aux quelque 7.500 festivaliers l'année dernière de se gorger de décibels avec les Américains de Pennywise alors que les Belges de Girls in Hawaii partageaient la tête d'affiche du lendemain avec les Anglais d'I am X. Cette année, sur les hauteurs de ce petit village de 350 âmes, là où on aperçoit au loin la frontière luxembourgeoise, ce sont les Nord-Irlandais de Therapy? qui joueront les premiers rôles le vendredi 4 septembre. Si la bande à Andy Cairns s'était faite discrète ces dernières années, elle est revenue en force avec Crooked Timber, un nouvel album printanier qui rappelle les heures de gloire de ce combo qui tourne

Get Up, Stand up

Place aux rythmes pigmentés avec les légendaires Wailers depuis près de vingt ans. Les Belges de Hulkk et les Luxembourgeois d'Eternal Tango seront

chargés de chauffer le public à blanc alors que la fin de cette première soirée du festival sera

Le lendemain, place aux rythmes pigmentés des Wailers, le légendaire groupe de Bob Marley. Le bassiste Aston Barrett, alias Family Man, continue à porter la bonne parole du prophète Marley à travers le monde. Une mission qui passe par la Belgique et la scène de Wardin. Ces pionniers du reggae ont vendu, avec le grand Bob, 250 millions d'album dans le monde. «C'est dire si nous attendons avec effervescence leur présence et les indémodables refrains de One Love, Exodus, No Woman, no Cry, Stir it up et Get Up, Stand Up», souligne Fabian Lafontaine, président de l'asbl «Ward'in Rock». Pas de doute, le soleil brillera cette année sur la scène du Ward'in rock. D'autant plus que Jeronimo se chargera de faire monter la pression dans l'aprèsmidi avant que l'électro-rock de Starving ne fasse mouche. De rythmes électroniques, il en sera encore question en fin de soirée avec les Lillois de Curry and Coco et Piano Club, version DJ. Une affiche éclectique qui sonne comme un rendez-vous incontournable avant la rentrée des classes. ■ L.C. www.wardinrock.be

Suivez la Voix! De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur la photo d'un impala, prise au Kenya par Frans Lanting, exposée au Hall Paul Wurth au Fond-de-Gras. ■ L'objet. L'impala est une des mille merveilles que l'on trouve dans la faune africaine. Semblable à une antilope, il se déplace gracieusement à travers la savane d'Afrique centrale ou du Sud essentiellement. Ses bonds peuvent atteindre 3 mètres de haut et 12 mètres de long et il peut semer ses prédateurs, généralement léopards ou guépards, avec des sprints de 90 km/h sur une distance de 800 mètres. Ce record de vitesse lui a valu un hommage de Chevrolet qui a baptisé une de ces voitures, l'Impala Chevrolet.

Impala du Kenya de Frans Lanting Le photographe néerlandais Frans Lanting a saisi l'élan de l'animal en pleine course, rendant la grâce et la perfection de la nature. Est-on au XXIe, au XIXe siècle ou aux origines du monde? On ne le sait pas. Toute notre «civilisation», ce que l'on appelle le progrès, tombe en désuétude face à ces prodiges créés par la nature. Le contexte. Frans Lanting est considéré comme un des meilleurs photographes de la nature au monde et s'est vu récompensé par plusieurs prix. Passionné de nature et constam-

(Photo: Laetitia Collin)

ment émerveillé par ce qu'elle nous offre, il parcourt le monde à la recherche de nouvelles découvertes, il partage ses trouvailles à travers des expositions et de nombreuses publications. Le projet Life est le plus long et le plus ambitieux qu'il ait jamais réalisé. Pendant sept ans, il a sillonné le monde à la recherche des paysages et des animaux et même des fossiles, des créatures les plus étranges et les plus époustouflantes de la planète: des tortues géantes des Galapagos, un crocodile sortant de son œuf, un guépard de Na-

mibie, des geysers, un volcan en éruption à Hawaï, des gigantesques chutes d'eau en Argentine, la barrière de corail d'Australie... On passe des couleurs brûlantes de la savane africaine aux roses et jaunes fluo extravagants voire surnaturels de la flore sous-marine. A bien y regarder, on ne sait plus si l'on contemple une photo ou un tableau de maître. Avec Frans Lanting, on est à mi-chemin entre l'exposition de photographies, le documentaire animalier et Le monde de Nemo ou le Roi Lion de Walt Disney. Le photographe ajoute à la théorie de l'évolution de Darwin la dimension poétique qui manquait à l'exposé du scientifique. Par ailleurs, le travail du photographe s'inscrit dans le programme de l'année internationale de Darwin, mais il est avant tout un hommage à la nature et à ses éternels prodiges. Avec un regard à la fois émerveillé et scientifique, Frans Lanting veut nous sortir de notre indifférence et nous sensibiliser à l'histoire de la nature qui est si étroitement liée à l'Histoire et à la survie de l'espèce humaine. ■ L.C. Jusqu'au 30 août. Hall Paul Wurth au Fond-de-Gras.


15

CULTURE

mercredi 26 août 2009

La chorégraphe Emilie Gallier est en résidence au Trois C-L

«L'ailleurs m'intéresse» Invitée par le réseau des pépinières européennes pour jeunes artistes, la chorégraphe française Emilie Gallier a profité de sa résidence d'artiste au Trois C-L pour passer au crible le quartier de la gare de Luxembourg.

aiguille, le contact s'est noué, la communication est passée», se souvient Emilie Gallier en évoquant le cas d'un SDF qui lui a longuement parlé de sa fille et de son intérêt pour les arts. «Ma curiosité s'est accompagnée de belles et surprenantes rencontres», note la chorégraphe.

■ Alors que d'habitude elle ne faisait que traverser le GrandDuché, Emilie Gallier a profité de l'invitation des pépinières européennes pour jeunes artistes pour poser ses valises au Centre de création chorégraphique (Trois C-L), pour découvrir et ausculter le quartier de la gare de Luxembourg. Le fruit de ce travail de recherche fera l'objet du spectacle Faces qui sera présenté le 11 septembre au public. «Dès le mois d'octobre de l'année passée, j'ai eu l'occasion de découvrir ce quartier», indique la chorégraphe. Un quartier dont elle a voulu «ni ignorer, ni amplifier les images noires ou glauques qui le caractérisent». Faces veut avant tout être un portrait, un reflet, de ceux et celles qui vivent, qui travaillent dans cette partie de la capitale. Après «quelques impressions externes», Emilie Gallier s'est attelée à sa tâche... caméra au poing. Et s'est rendue, entre autres, au quai 7 des bus de la gare. «Le point de rencontre de toutes sortes de personnes», explique la chorégraphe qui, accompagnée de travailleurs sociaux, a fait la connaissance de quelques SDF, toxicomanes... «De fil en

Cadre de vie et rêves Aux habitués du quai 7 sont venus se greffer d'autres témoignages: ceux d'un pharmacien à la retraite, d'une étudiante, d'un coiffeur africain. Sur les neuf volontaires du début, seuls sept assisteront à la fin du projet. «Tous ces personnages m'ont présenté un lieu du quartier qui leur tenait tout particulièrement à cœur. En zoomant sur eux, je voulais non seulement mettre en image leur cadre de vie mais aussi, et peut-être surtout, leurs rêves», précise Emilie Gallier. Tous ces témoignages ont été filmés: ces images récoltées serviront de matériaux de base pour le spectacle final. Deux danseuses recréeront sur scène les déplacements des sept témoins enregistrés au fil des pérégrinations dans le quartier. Autre étape du projet: l'invitation lancée aux sept témoins de franchir le seuil du studio du Trois C-L. «A travers cet atelier que je proposais à mes participants, je voulais déplacer l'action de mon travail de l'extérieur vers l'intérieur.» En travaillant avec les images récoltées dans la rue, la chorégraphe a

même réussi à faire danser ses personnages... Faces: le nom donné à la chorégraphie est tout un symbole: «En travaillant sur mes personnages en mouvement, je m'intéresse tout particulièrement à leurs visages qui peuvent exprimer tant de choses, tant de sentiments», précise la jeune chorégraphe. Sur la scène du Trois C-L évolueront, aux côtés des vidéos, les deux danseuses Jeanna Serikbaeyeva-Laroche et Christelle Dronne. «Finalement, un projet très féminin», avoue Emilie Gallier. Après l'unique soirée au Luxembourg, le spectacle pourra être peaufiné, perfectionné, selon Emilie Gallier, en vue de représentations dans d'autres lieux. «Le sujet, les témoignages, les images ne sont pas forcément liés au GrandDuché.» Même si elle regrette de ne pas avoir eu le temps de visiter le pays, la jeune chorégraphe, originaire de Normandie et qui a créé en 2006 sa compagnie PØst, a profité de sa résidence rue de Strasbourg pour découvrir une ville, un quartier audelà des frontières, au-delà des barrières. «L'ailleurs m'intéresse», conclut Emilie Gallier. Faces, finissage de la résidence d'Emilie Gallier, le 11 septembre à 20 heures au studio du Trois C-L, 20a, rue de Strasbourg, Luxembourg. Billets au 40 45 69, e-mail: danse@danse.lu, Internet: www.danse.lu.

La chorégraphe Emilie Gallier (au centre) entourée des deux danseuses de son projet «Faces»: Jeanna Serikbaeyeva-Laroche et Christelle Dronne (Photo: Thierry Hick)

Suivez la Voix!

Rue bric-à-brac

La pop expérimentale de Mum

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur Orson Welles Fan Club d'Emmanuel Fey au Parc merveilleux de Bettembourg. ■ L'objet. Les créatures extraterrestres d'Emmanuel Fey ont décidé de s'inscrire au fan-club d'Orson Welles. Et pour cause! Soixante et onze ans après le show à la radio américaine du réalisateur le plus fantasque du XXe siècle, nos Martiens se bidonnent encore! En 1938, Orson Welles a mis ses qualités d'acteur et de scénariste au service du meilleur gag radiophonique de tous les temps. Il a lu un passage de La guerre des mondes d'H. G. Wells avec tant d'allant et de conviction que les auditeurs ont réellement cru à une invasion extraterrestre. Sur la toile, la santé mentale des créatures d'Emmanuel Fey paraît chancelante à moins qu'el-

Un fan-club «Orson Welles»? On s'inscrit où? les ne se moquent de nous et de notre propre santé mentale et notre crédulité à toute épreuve. Mais qui sont les aliénés ou plutôt les «alien - nés» comme l'a écrit le peintre sur la toile? Eux ou nous? C'est bien connu, les fous sont fous par rapport à une norme et de leur point de vue, et bien... c'est nous qui sommes fous. Emmanuel Fey nous rappelle cet état de fait par le biais d'un jeu de mots qui nous ramène à l'origine du mot «aliéné» qui vient du latin «alius» qui

(Photo: L.C.)

signifie «autre». De plus, en anglais, alien signifie avant tout étranger. Or, fous et extraterrestres ont un point commun... ils nous font peur comme tout ce qui est autre. Cette toile rend hommage au véritable précurseur qu'était Orson Welles. Alors qu'il était un novice du milieu cinématographique, son film Citizen Kane a été une révolution à tous les points de vue. Est-ce un hasard s'il est classé premier depuis 30 ans au Top 100 de l'American

Film Institute? Le peintre célèbre sa clairvoyance, sa modernité, son esprit critique, son regard incisif et sans concession sur la société américaine et les monstres qu'elle crée qui ont directement inspiré son Charles Foster Kane d'Orson Welles. Le concept. La galerie Schortgen s'est prise d'affection pour les créatures extraterrestres d'Emmanuel Fey. A seulement 28 ans, le jeune Messin est déjà très reconnu sur la scène artistique luxembourgeoise et une part de son travail fait partie du fonds de la galerie Schortgen. Cet été, il expose ses tableaux au Parc merveilleux de Bettembourg, jusqu'à la fin du mois d'août. La science et ses dérives reste son thème de prédilection même s'il pioche également dans l'actualité, l'histoire ou le cinéma. Mais quelle que soit sa source d'inspiration, son regard est à la fois décalé, plein d'humour mais terriblement lucide: le procédé des cellules souches est comparé au «copier-coller» informatique, ses personnages sont des extraterrestres ou des robots déglingués qui prennent la blouse du docteur. Ce qui s'apparente de prime abord à des dessins d'enfants sert à la fois d'exutoire au jeune artiste qui y plaque toutes ses craintes et angoisses et de témoignages des dérives de notre chère société. ■ Laetitia Collin

La formation islandaise Mum sera ce soir sur la scène du CarréRotondes. La musique du groupe se distingue par sa nature expérimentale, évoquée aussi bien par des instruments traditionnels qu'expérimentaux. Début du concert à 21 h 30. Billets sur www.luxembourgticket.lu.Infos sur www.exit07.lu ou au 26 62 20 07.

Vente de billets au CAPe La vente de billets au détail pour la nouvelle saison reprendra le 1er septembre au Centre des arts pluriels d'Ettelbruck (CAPe): à la caisse du CAPe du mardi au vendredi de 13 à 18 heures, par téléphone au 26 81 21 304, par fax au 26 81 21 301, par e-mail billetterie@cape.lu, par courrier: CAPe, BP 159 (L-9002) et sur Internet www.cape.lu.

Festival de Vianden: concert des stagiaires Une partie des stagiaires participant au Festival de Vianden donneront un concert ce soir à 19 heures au centre culturel Larei de Vianden. Entrée libre. Infos supplémentaires et programme au 94 95 11 et sur Internet www.festivalvianden.eu.


17

CULTURE

jeudi 27 août 2009

Le groupe de Jay Mascis dans sa formation originale a écrasé l'Atelier mardi soir

Rue bric-à-brac

Les grondements du Dinosaur Un dinosaure a écrasé l'Atelier, mardi soir, de ses rugissements assourdissants. Dinosaur Jr a traversé les âges et les styles pour le meilleur et souvent pour le pire. Un massacre pour les oreilles, mais une bonne dose de plaisir aussi. Le groupe de Jay Mascis a chargé à bloc. ■ Mieux valait ne pas traîner trop près des baffles sous peine d'y laisser une oreille. Le son de Dinosaur Jr est mordant. L'imposant animal est parti à l'assaut de l'Atelier mardi soir et le public n'avait pas l'intention d'en perdre une miette. Une miette, c'est vite dit. Plutôt de gros morceaux bien lourds débités par un Jay Mascis cradingue, un Murph qui s'est défoncé sur ses fûts et un Lou Barlow qui a mouliné sur sa basse à s'en déboîter les articulations. Les trois acolytes du line-up d'origine reviennent avec un deuxième opus depuis leurs retrouvailles – Farm – et prennent décidément encore plaisir à jouer ensemble. Un plaisir à peine masqué par une sono qui n'a pas fait dans le détail. Tout simplement assourdissant! Epais, décadent, du bon vieux grunge rock, défouloir pour les durs et pas seulement pour les durs de la feuille. Au bout d'une heure de concert, de headbanging

Le musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg organise plusieurs visites guidées de son exposition temporaire Crimes de sang: ce jeudi 27 août à 18 heures (lux.), le vendredi 28 août à 12 h 30 (lux. et fra.) et le dimanche 30 août à 16 heures (lux. et fra.). Réservations au 47 96 45 70 ou par e-mail: m.maillet@musee-hist.lu.

Et moi, et moi, et moi... au Casino Le Casino Luxembourg profite lui aussi de ses expositions temporaires, Edopolis et 7th Asia-Europe Art Camp, pour proposer des visites guidées: le samedi 29 août à 15 heures (fra.), le dimanche 30 août à 11 heures (lux.), à 15 heures (fra.) et à 16 heures (all.). Le samedi 29 août à 15 heures sera proposé pour les enfants de 6 à 12 ans un atelier intitulé Ech! Ech! Ech!. Réservations pour l'atelier au tél. 22 50 45 ou par e-mail: anne. reding@casino-luxembourg.lu.

Musique dans la vallée: acte deux Dinosaur Jr dans son line-up original a foulé de son empreinte tonitruante la scène de l'Atelier tueur de cervicales et de tentative de pogo avortée, le public en redemande. Et c'est reparti pour une demiheure de bouillie sonore, de distortions dégoulinantes et de larsens. Et ce sont justement ces

titres «bordéliques» que les fans aiment. Dinosaur Jr a traversé les âges et s'est essayé à tous les styles, mais c'est encore ce retour aux sources barbares qui lui va le mieux: des grosses powerpopsongs et des solos démentiels.

(Photo: Marc Wilwert)

Dinosaur Jr emmené par Jay Mascis, c'est du lourd, du très lourd. Un Tiranosaurus Rex qui piétine tout sur son passage et gronde des décibels tonitruants à faire trembler les murs. ■ Sophie Kieffer

Suivez la Voix!

Le deuxième concert du festival Musique dans la vallée aura lieu le dimanche 6 septembre à 17 heures en l'église de Bettborn. Placé sous le thème Voix baroques de l'Europe aux Andes, ce concert verra la rencontre entre des musiciens belges et chiliens tous passionnés de musique baroque: Coline Dutileul, Julie Calbete, sopranos, Nedjelka Candina, mezzo-soprano, Fabienne Alavoine, clavecin, Guillermo Cerviño Wood, violoncelle baroque, et Johan Fostier, guitare. Billets au 23 62 21 1.

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur une photo de la rue de Bonnevoie réalisée par Serge Koch pour l'exposition Entre-vues au Crédit Suisse. ■ L'objet. A première vue, on dirait une photo d'archives. Est-ce le tirage en noir et blanc ou l'âme qui se dégage de cette prise de vue? Quoi qu'il en soit, on a peine à croire qu'elle date de quelques mois à peine. Il s'agit d'une arrière-cour de la rue de Bonnevoie que l'on imagine abandonnée à son sort avec sa gouttière tordue et ses volets délabrés. Le photographe y ajoute à l'atmosphère étrange et fantomatique en superposant au premier plan et presque en filigrane une autre image. On aperçoit une femme ou un tableau de femme, son reflet mis en abyme par le photographe. Que fait-elle? Regarde-t-elle cet endroit qui paraît oublié de tous

Crimes de sang: visites guidées

Festival de Vienne Luc Bondy quittera ses fonctions en 2013

Cliché d'une arrière-cour de la rue de Bonnevoie de Serge Koch ou est-elle figée dans cet espace coupé du monde? Du reste, le quartier de Bonnevoie est populaire et animé. Nombre de ses habitants passent près de cet endroit. Certains croiront même le reconnaître quoique... pas vraiment. Où est-ce exactement? Saurez-vous seulement le dire? Le contexte. Le Crédit Suisse expose les 43 tirages en noir et blanc de la ville de Luxembourg qui forment l'exposition Entre-vues. Le mot prend ici toute sa dimension: en toute intimité, le photographe s'est approché des rues, des places, des bâtiments de la cité. Il s'est accordé des entrevues avec

ces endroits que nous voyons sans les regarder. Nous passons devant eux comme s'ils n'existaient déjà plus. Serge Koch, lui, leur a apporté cette attention que nous ne leur accordons plus, nous qui ne faisons plus que les entre-voir. ArcelorMittal, l'avenue de la Gare, les Rives de Clausen, près de 40 endroits de cette capitale que beaucoup se vantent de connaître comme le fond de leur poche. Or, savoir se repérer dans une ville n'est pas la connaître. Certains de ces clichés montrent des lieux abandonnés, voués à la destruction, des endroits morts de ne plus être regardés, appréciés et reconnus.

(Photo: L.C.)

Né au Luxembourg en 1957, Serge Koch voue une véritable passion aux espaces urbains. Il avait déjà monté une exposition sur ce thème en 2008, Passages... au Konschteck Erwuessebildung, avenue Marie Thérèse. Outre ses activités de photographe, il est également graveur et peintre. Il est membre du CAL (Centre artistique de Luxembourg) et de l'atelier de gravure Empreinte du groupement DOFIR. ■ Laetitia Collin

Jusqu'au 17 septembre Crédit Suisse agence de la galerie Grand'rue - Beaumont.

Le célèbre metteur en scène et réalisateur suisse Luc Bondy ne dirigera plus le Festival de Vienne après expiration de son contrat à l'été 2013, a-t-il indiqué dans un entretien à l'hebdomadaire autrichien News à paraître aujourd'hui. «Je ne peux pas rester éternellement à Vienne, ce n'est pas bon ni pour la ville ni pour moi», a-t-il confié en ajoutant qu'il «faut éviter de s'installer quelque part». Luc Bondy, 61 ans, dirige depuis 2001 le Festival de Vienne (Wiener Festwochen) qui ouvre traditionnellement l'été culturel dans la capitale autrichienne. Il y assure lui-même des mises en scènes de pièces de théâtre tant classique que contemporain. Pour le prochain Festival de Vienne de 2010, il prépare la mise en scène en co-production avec le Burgtheater de la capitale une première mondiale de la traduction par Peter Handke de la tragédie grecque Helena d'Euripide.


CULTURE

vendredi 28 août 2009

Macy Gray, en concert le 4 septembre à l'Atelier

Il nous a quittés Sergueï Mikhalkov, poète russe

Excentrique de cœur du hip-hop et la sensualité du r'n'b d'aujourd'hui sont les principales sources d'inspiration de l'Américaine, qui a su se hisser en quelques albums au niveau des plus grandes. Sa voix si particulière – à la fois rauque et sensuelle – l'a souvent rapprochée de Billie Holliday, Nina Simone ou Tina Turner. Mais c'est sur scène que la diva impressionne le plus: flamboyante, Macy Gray pose une voix puissante sur une musique funk et soul ultra-énergique, proche des maîtres du genre mais résolument unique.

C'est sur scène que la diva Macy Gray impressionne le plus. Pour s'en rendre compte, un détour par l'Atelier s'impose le 4 septembre.

(Photo: AFP)

Père des cinéastes Nikita Mikhalkov et Andreï Kontchalovski, né en 1913 dans une famille d'aristocrates, Sergueï Mikhalkov est mort hier à l'âge de 96 ans. Souvent appelé le patriarche de la littérature russe pour les plus petits, Sergueï Mikhalkov s'est notamment distingué par des pièces de théâtre et des poèmes. Il reçoit à 26 ans le Prix Lénine. En 1943, il est choisi parmi 65 candidats pour devenir l'auteur des paroles de l'hymne de l'URSS qui proclamait notamment que «Staline inspire le travail et les exploits» des Soviétiques. Vingt ans plus tard, après la mort de Staline et la condamnation par le PC du culte de la personnalité, Mikhalkov écrit une nouvelle version de l'hymne, remplaçant simplement le nom de Staline par celui de Lénine. En 2000, il crée la troisième version de l'hymne qui glorifie «la Russie, notre puissance sacrée... protégée de Dieu».

Rue bric-à-brac

La clarinette dans tous ses états Le LCTO propose aujourd'hui, de 12 à 14 heures place d'Armes de Luxembourg, un concert de l'ensemble de clarinette Ebony. Renaissance, baroque, classique, jazz: avec cet ensemble la diversité est garantie.

Chanter un soir de pleine lune Que de plus exceptionnel de vivre un concert un jour de pleine lune? C'est ce que proposent le CCRN et l'INECC qui ont invité le chœur d'adolescents de l'école privée Notre-Dame Sainte-Sophie (Kirchberg). Placés sous la direction de Joachim Fontaine, les chanteurs proposeront un voyage musical à travers les siècles. Le vendredi 4 septembre à 22 h 30 au cloître de l'abbaye de Neumünster. Billets au 47 08 95 1 et sur www.luxembourgticket.lu.

Festival du verre à Asselborn Une soixantaine d'artistes verriers participeront, du 28 au 30 août, au festival international du verre d'Asselborn. Des expositions et des ateliers seront organisés à l'Atelier du verre, au moulin d'Asselborn et au Barteshaus de Hoffelt. Renseignements au 99 86 16.

14

■ En 1999, Macy Gray fait son entrée sur la scène musicale avec un premier album incroyablement réussi, On How Life Is. Grâce à cet opus et au single I Try, elle est nommée aux Grammy Awards dans la catégorie «meilleur nouvel artiste». Avec The ID et, en 2003, The Trouble With Being Myself, le triomphe continue. Le succès radio et télé des titres When I See You et She Ain't Right For You font alors d'elle une artiste incontournable. De sa carrière musicale récompensée aux rôles mémorables qu'elle a joués, Macy Gray a non seulement provoqué le monde du spectacle, mais est aussi devenue une véritable superstar. Quand elle ne travaille pas ses propres albums, Macy continue de collaborer avec plusieurs artistes tels que Carlos Santana, interprétant une chanson sur son album The Essential Santana. On retrouve également la voix unique de Macy sur les bandes originales de Mona Lisa Smile ou la production d'Eminem, 8 Mile. Elle a aussi enregistré avec Queen Latifah une chanson pour le film Chicago, qui a gagné un oscar. Macy a aussi réussi à trouver le temps d'élargir ses horizons. Elle

Billets d'entrée disponibles sur Internet: www.atelier.lu et dans tous les points de vente habituels.

Jeu-concours Concert Macy Gray: 10 places à gagner

Macy Gray puise sans complexe dans les musiques urbaines a ainsi joué dans un film pour la télévision, Lackawanna Blues, qui a reçu sept nominations aux Emmy Awards. Avec son rôle dans le film Training Day avec Denzel Washington, et invitée vedette dans la superproduction Spiderman, Macy lance sa car-

(Source: Atelier)

rière dans le cinéma. Classique de formation et excentrique de cœur, Macy Gray puise sans complexe dans les musiques urbaines pour y trouver les fondements d'une soul très contemporaine. La chaleur des voix des années 50, les sonorités urbaines

Vous voulez assister au concert de Macy Gray le vendredi 4 septembre? La Voix du Luxembourg vous invite. Pour gagner 2 places, il suffit de nous envoyer un SMS au 6 43 43 avec le code: Voix (espace) Nom (espace) Prénom (espace) Gray. Les gagnants seront informés par retour de SMS et recevront leurs deux billets par courrier.

Suivez la Voix! De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur 7 up side clown de MarieJosée Kerschen à la Kulturhaus à Niederanven. ■ L'objet. Pour Marie-Josée Kerschen, la chaise fait véritablement partie des objets du quotidien mais un quotidien amusant, sens dessus dessous où rien ne serait à la place qu'on lui assigne d'ordinaire. Aussi l'artiste luxembourgeoise lave-t-elle ses chaises comme on lave des vêtements et les fait-elle sécher sur une corde à linge. On peut donc voir dans le parc de la Kulturhaus de Niederanven sept chaises aux couleurs flashy et motifs gais, pendues les quatre fers en l'air à un fil accroché entre deux arbres. Le monde artistique de MarieJosée Kerschen rappelle celui d'Alice au pays des merveilles, dans lequel on fait des rencontres (de personnages et d'objets) aussi inattendues qu'exubérantes.

7 up side clown de Marie-Josée Kerschen Une fois sèches, ces chaises seront peut-être dépendues et reprendront leur rôle d'hôtesses d'accueil aussi colorées qu'indispensables. Là aussi, l'artiste voit les choses d'un œil convivial puisque ce n'est pas une chaise qu'elle a proposée à

(Photo: L.C.)

l'exposition des Chaises en folie mais sept pour autant d'hypothétiques invités. Le contexte. Quoi de plus indispensable et de plus banal qu'une chaise? C'est une partie de notre mobilier auquel nous ne prêtons guère d'attention et

pourtant, sans lui, le foyer paraîtrait bien vide. Où prendrions-nous nos repas? Debout dans la cuisine? Assis par terre dans un recoin du salon? Sans parler d'installer nos invités. Alors que quelques chaises suffisent à rendre l'ambiance chaleureuse. L'artiste française Christiane Olivier avait déjà consacré une exposition à cet objet familier au Mont-Saint-Martin en France et son travail a inspiré le centre culturel qui s'est mis en contact avec cette dernière et avec des artistes luxembourgeois, français et allemand pour donner une dimension internationale à l'exposition. Le parc de Niederanven a donc décidé de mettre la chaise à l'honneur pour la remercier de tous ses bons et loyaux services. Une quinzaine d'artistes de la Grande Région et la classe de première année de l'école primaire de Niederanven ont créé des modèles de chaises plus fous les uns que les autres. De l'Etoile d'araignée d'Isabelle Pons, chaise de jardin à l'assise minimaliste, au siège énigmatique d'Alain Mila, en passant par les modèles fleuris ou animaliers de l'Allemande Ute Wons, tous y sont allés de leur petit grain de folie pour faire de la chaise la star de l'été. ■ Laetitia Collin


13

CULTURE

samedi 29 août 2009

Concours international «Orgues sans frontières»

Journée européenne de la culture juive

Dudelange sort les grands jeux

Un patrimoine à découvrir... également au Luxembourg

En 2007 déjà, la ville de Dudelange accueillait son concours international «Orgues sans frontières». Bis repetita en 2009 avec une deuxième édition ouverte tant aux interprètes qu'aux improvisateurs. ■ Cheville ouvrière de ce concours: Jacques Dondelinger, un infatigable passionné d'orgues et président du Festival international de musique d'orgue de Dudelange (FIMOD). Avec 53 organistes-candidats inscrits pour cette deuxième édition, le concours de Dudelange est en train de s'établir. Il faut dire que les Dudelangeois possèdent un atout de taille: les magnifiques grandes orgues Stahlhuth de l'église Saint-Martin. Malgré cet argument de poids, le concours n'hésitera pas à sortir de ses murs puisque des épreuves éliminatoires auront également lieu, dès mardi, à l'église Saint-Michel, au conservatoire de Luxembourg, des master-classes à Metz et une excursion organistique à Trèves. Cette deuxième édition a attiré des candidats d'une dizaine de pays, France, Allemagne, Italie, Corée, Etats-Unis... «Nous n'avons pas fait de sélection des candidats», explique Jacques Dondelinger, responsable du concours, «nous avons préféré donner une chance à chacun des organistes». Aux épreuves éliminatoires de faire le travail de sélection. Particularité de «Orgues sans frontières»: le concours est divisé

Les orgues Stahlhuth de Dudelange en deux catégories: interprétation (40 inscrits) et improvisation (13 inscrits). «Beaucoup de concours ne proposent que l'une ou l'autre catégorie. Nous avons opté pour les deux», se félicite Jacques Dondelinger. Les deux catégories seront cependant traitées de manière distincte puisque «tous les interprètes ne sont pas forcément de bons improvisateurs et tous les improvisateurs ne sont pas forcément de bons interprètes», explique l'organisateur. Qui dit concours, dit jury. Cette année, c'est une grande dame de l'orgue qui a accepté de prendre la présidence du jury: Marie-Claire Alain. «On est très content qu'elle vienne chez nous, d'autant plus que c'est la première fois. On l'avait déjà invitée, mais une bles-

(Photo: Guy Jallay)

sure de dernière minute en avait décidé autrement», note Jacques Dondelinger. La célèbre organiste française – qui donnera un récital le samedi 5 septembre à 20 h 30 à Dudelange – sera secondée par les organistes Philippe Delacour (Metz), Bernhard Leonardy (Sarrebruck), Josef Still (Trèves) et Alain Wirth (Luxembourg). La présidence du jury de ce festival bisannuel sera assurée en 2011 par un autre grand maître de la reine des instruments: Thierry Escaich. ■ Thierry Hick

Créée en Alsace en 1996 en Alsace, la Journée européenne de la culture juive a rapidement fait de s'exporter. Ainsi, l'édition 2009, placée sous le thème Fêtes juives et traditions, verra la participation de 28 pays européens de l'Ukraine au Portugal, en passant par l'Allemagne, la Suisse, la France, l'Italie... et le Luxembourg. Faire découvrir et redécouvrir au grand public le patrimoine culturel juif au grand public, telle est la raison d'être de cette journée européenne. Au Luxembourg, le Consistoire israélite proposera plusieurs rendez-vous le dimanche 6 septembre: • 10 heures: sentier Godchaux: découverte des vestiges d'un passé industriel inédit. Commentaires en luxembourgeois et français (durée: 1 heure, prévoir de bonnes chaussures, rendez-vous au parking du tennis de Bonnevoie, rue Anatole France, Luxembourg);

• 11 et 16 heures: visites guidées du vieux cimetière juif de Clausen-Malakoff (durée: 1 heure, rendez-vous au pied de la Tour Malakoff, rue Jules Wilhelm, Luxembourg-Clausen); • 14 et 16 heures: visite de la synagogue de Luxembourg (45, avenue Monterey, Luxembourg): découverte du Mikwé (bain rituel); itinéraire sur le thème Fêtes juives et traditions; exposition de gravures de Philippe Engel sur la vie au Shtetl; exposition de photos sur les synagogues et cimetières de Lorraine; • 14 heures: conférence sur le thème Mémoire des communautés juives en Lorraine, par Henry Schumann (à l'oratoire de la synagogue); • 16 heures: conférence sur le thème Des Juifs au parcours hors du commun, par Laurent Moyse (à la synagogue); • 17 h 30: concert liturgique de la grande chorale synagogale (synagogue). www.jewishheritage.org

Les épreuves éliminatoires et finales sont ouvertes au grand public. Programmes, dates et horaires sur:

www.orgue-dudelange.lu Le cimetière juif de Clausen-Malakoff

Suivez la Voix!

Le projet d'Arlette Schneiders Architectes a remporté le concours

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur le projet de construction d'un complexe administratif dans le quartier européen du Kirchberg, réalisé par le cabinet Arlette Schneiders Architectes et l'association momentanée KCAP International B.V (NL Rotterdam). ■ L'objet. Le projet du cabinet d'architectes Arlette Schneiders et l'association KCAP International B.V a remporté le concours de conception hautement envi-

(Photo: Thierry Hick)

«Visa pour l'image»

La qualité peut rimer avec succès populaire

(Source: Fondation de l'architecture et de l'ingénierie)

ronnementale d'un complexe administratif dans le quartier européen à Luxembourg-Kirchberg». Le concours avait pour objectif de réunir des avant-projets pour la construction d'un nouveau bâtiment administratif, au croisement des rues Alcide de Gasperi et Antoine de SaintExupéry, sur le terrain actuellement occupé par le Centre Albert Wagner en voie de démolition. L'équipe d'Arlette Schneiders Architectes imagine les quatre bâtiments du complexe comme quatre entités singulières et indépendantes qui dialoguent entre elles et avec l'espace urbain environnant. L'objectif: «Donner un visage humain au quartier européen» en intégrant les piétons, les cyclistes, habitants et employés à l'espace. Le contexte. La Fondation de l'architecture et de l'ingénierie expose les six meilleurs pro-

jets proposés pour le concours. Pour rendre les plans de bâtiments intelligibles aux néophytes de l'architecture, la fondation présente les schémas, les explications des différents projets et des maquettes. S'adressant à tous les architectes du pays, le concours était régi par des règles strictes: la durabilité et l'adaptabilité des bâtiments, la réduction de la demande et des besoins énergétiques, un éclairage naturel optimal et l'attention au taux d'humidité. Les six équipes ont été sélectionnées par un jury de huit membres venus, entre autres, du Fonds de compensation, du Fonds d'urbanisation et d'aménagement du plateau de Kirchberg ou de la Ville du Luxembourg. ■ Laetitia Collin

Dans un contexte de crise du photo-reportage, le festival international du photojournalisme «Visa pour l'image» se mobilise à partir d'aujourd'hui à Perpignan pour démontrer que la qualité peut rimer avec succès populaire. «Le photojournalisme est-il mort? La réponse est non: les photographes produisent un travail de qualité mais la presse n'achète plus», souligne le directeur de «Visa pour l'image», JeanFrançois Leroy. Chaque année, des centaines de photographes de guerre ou spécialisés dans les reportages atypiques arrivent à Perpignan. Le coup de coeur de l'édition 2009? «C'est l'Italien Massimo Berruti, l'arché-

type du photojournaliste que je veux défendre. Il a dû partir à ses frais au Pakistan et est revenu avec un reportage éblouissant», s'enthousiasme le directeur de «Visa pour l'image». Comme chaque année, l'actualité est le fil conducteur de Visa pour l'image: Gaza, l'Irak, l'Afghanistan, Madagascar. Les expositions dans des bâtiments historiques de Perpignan, sont ponctuées de débats, de diaporamas et de remises de prix. Pourquoi «Visa pour l'image» a-t-il du succès? «Parce que les gens viennent voir ce que la presse ne publie plus», répondent les organisateurs. (AFP) visapourlimage.com

A voir à la Fondation de l'architecture et de l'ingénierie à Luxembourg jusqu'au 3 octobre.

Le rendez-vous annuel du photojournalisme

(Photo: AFP)


13

CULTURE

lundi 31 août 2009

La voix de Lise de la Salle

«C'est le piano qui m'a choisie» En novembre 2007, elle avait déjà subjugué le public de la Philharmonie en compagnie des Solistes européens, qui pour leur 20e anniversaire le 21 septembre, refont appel à la pianiste Lise de la Salle. Rencontre. ■ A Luxembourg, vous allez retrouver les Solistes européens. Quels souvenirs gardez-vous de cet ensemble? Des souvenirs d'un orchestre merveilleux puisque composé de musiciens qui ne se retrouvent que périodiquement pour jouer ensemble. De ces rencontres se dégagent non seulement une très grande vitalité mais aussi beaucoup d'humanité. Lise de la Salle, pour votre concert à Luxembourg, vous interpréterez le troisième concerto pour piano de Beethoven. Comment choisissezvous le programme de vos concerts? Il y des choix personnels et des souhaits des agences ou des organisateurs de concerts. Ces commandes peuvent aussi être le prétexte d'aborder des œuvres que je n'aurais peut-être jamais jouées ou qui me forcent à remettre à l'ordre du jour des vœux non encore réalisés. Quels liens entretenezvous avec une œuvre? Je dois me prendre le temps de me l'approprier. Je dois vivre avec elle, réfléchir sur son contenu. Même lorsque je ne la joue pas pendant une certaine période, cette composition continue de vivre en moi et d'évoluer. La musique vit en moi constamment. Il n'y a pas de négociations possibles, la musi-

que n'est pas un travail de laboratoire avec des résultats quantifiables. Il faut se donner le temps de jouer, de travailler, mais aussi de laisser reposer une œuvre. Comme pour ce concerto de Beethoven, que j'ai déjà souvent joué, mais mis en veilleuse depuis quelque temps. Vous semblez donc vouloir prendre votre temps. N'est-ce pas un luxe? Certainement. Je suis une privilégiée, j'en suis tout à fait consciente. Je déteste aller trop vite, vouloir trop en faire. C'est pourquoi je limite le nombre non seulement de mes enregistrements mais aussi de mes concerts. Mon agent doit plus souvent décliner des invitations qu'il n'en accepte. Une cinquantaine de prestations par an, cela me suffit amplement. Il faut se donner le temps de se poser des questions, de prendre un peu de recul. Et puis, comment donner le meilleur de soi-même lorsque l'on est tous les deux jours sur scène? Je n'y crois pas. Le concert doit rester un moment de partage, de rencontre privilégiée avec le public. Il faut lui donner tout son amour. Un public qui vous le rend bien. Lise de la Salle: un nom qui remplit à lui seul suffit pour remplir les salles. Cette notoriété vous effraye? En effet, j'ai la chance de jouer pratiquement tout le temps à guichets fermés. Heureusement, je remarque aussi depuis deux ou trois ans, que le public ne vient plus à mes concerts uniquement en raison de mon âge. Je crois que ce public découvre maintenant l'artiste que je suis devenue.

Et qui, à 21 ans seulement, peut déjà se targuer d'une certaine carrière. C'est vrai puisque à neuf ans j'ai donné mon premier concert en tant que soliste et à 13 ans mon premier concerto avec orchestre. Cela fait donc près de dix années déjà que je joue en public, que je fais de magnifiques rencontres un peu partout dans le monde. J'ai beaucoup de chance. Comment voyez-vous la suite de votre carrière? Il y a beaucoup de choix à faire. Le répertoire pianistique est tellement vaste. Certaines pièces, je ne les jouerai que dans dix ans. Peut-être dans trente ans? Il y a encore tant de vœux à concrétiser. Une fois encore, je veux me laisser le temps... Comment avez-vous choisi le piano? En fait, c'est le piano qui m'a choisie. Je suis née dans une famille musicale. Ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grandmère étaient chanteuse, pianiste, concertiste, professeur. Dès ma naissance, il fallait manger, boire, dormir et écouter de la musique. A trois ans, j'ai assisté à mon premier concert. Ensuite, comme il y avait un piano à la maison, l'attirance vers cet instrument a été très rapide et très forte. Autant de prémisses qui m'ont permis de vivre pour et avec la musique... ■ Propos recueillis par Thierry Hick Concert du 20e anniversaire des Solistes européens, le 21 septembre à 20 heures à la Philharmonie. Direction Pierre Cao, solistes Lise de la Salle et Kae Shiraki (pianos). Billets au 47 08 95 1.

Lise de la Salle: «Je dois me prendre le temps de m'approprier une œuvre avant de la jouer en concert.» (Photo: Stéphane Gallois)

Suivez la Voix!

Rue bric-à-brac

La playlist de DJ Hella au MUDAM

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: Tout au long de ce mois d'août, nous vous avons proposé des «zooms» sur des œuvres exposées dans les musées et galeries du Grand-Duché, œuvres conçues comme incitation à visiter l'ensemble des expositions accueillant les échantillons. Aujourd'hui, pour clore notre série, zoom sur une caricature de Poleurs pour l'exposition en plein air Caricatures@differdange. ■ L'objet. En plein centre de Differdange, on peut voir sur un panneau de quatre mètres sur trois, le dessin d'un retraité qui arrose son jardin. Sur son petit lopin de terre, poussent des laitues, des choux, des carottes et ... des poutrelles Grey, du nom de son inventeur, l'Américain Henry Grey, qui a vendu, en 1898, le brevet de fabrication de ses poutrelles à l'usine des Hauts- Fourneaux de Differdange, fondée deux ans plus tôt par le baron de Gerlache. La Cité du Fer est née. Les rues de Differdange sont

Un ouvrier retraité arrose ses drôles de légumes bordées de maisons d'ouvriers entourées de petits jardins. Le caricaturiste luxembourgeois Poleurs a choisi une scène de la vie quotidienne de la commune depuis plus d'un siècle. En quelques coups de crayon, Poleurs en dit plus sur l'histoire de Differdange que ne pourrait le faire n'importe quelle interminable étude sociologique.

(Source: Ville de Differdange)

Le contexte. Pour le centenaire, en 2007, du titre de la ville de Differdange, seize panneaux de quatre mètres sur trois ont été dispersés dans ce que Roger Leiner a appelé la «nébuleuse de Differdange», le centreville, Niederkorn, Oberkorn et Lasauvage, destinés à accueillir pour six mois des expositions qui sortent de l'ordinaire.

Sur l'initiative de la commission culturelle de la ville de Differdange, seize dessins de caricaturistes luxembourgeois et internationaux ont pris place sur ces panneaux, mettant à l'honneur un art qui n'est guère reconnu au Grand-Duché. Florin Balaban, Doru Florian Crihana, Poleurs, Roger Leiner, Constantin Pavel, Ingo Schandeler, Carlo Schneider et Rob Wagner sont peu connus des néophytes mais se sont fait un nom dans le monde de la caricature et du cartoon. Pour Caricatures@differdange, ils devaient saisir sous la pointe de leur crayon la commune de Differdange dans tous ses aspects, politique, social, géographique, et pouvaient même s'attaquer à ses petits travers. On peut ainsi voir un labyrinthe qui perd le conducteur dans le dédale des lieux d'Oberkorn, Niederkorn, Lasauvage et le centre de Differdange, un autre panneau avec le lion jaune, écusson de Differdange, qui tient dans sa queue le coq portugais, une institutrice qui fait la classe. De la couleur, de l'humour sans un brin de méchanceté. ■ Laetitia Collin

Le cycle Wednesdays at Mudam accueillera le mercredi 2 septembre de 18 à 20 h 30 la playlist Summerspirit 3 de DJ Hella. Avec ses propositions musicales, la jeune actrice de Budapest entend faire bouger les visiteurs au rythme de sonorités punk-electro-minimal-house-indie. Entrée libre.

Reprise des ateliers pour enfants à la Kufa Le centre culturel Kulturfabrik d'Esch-sur-Alzette propose à partir du 29 septembre des ateliers créatifs pour enfants de 6 à 12 ans. Dans une ambiance conviviale, enjouée et créative, l'artiste Nadine Johanns guidera de façon ludique les enfants dans leur rencontre avec l'art. Cette année, les cours aborderont les relations entre le bois et la ville ou encore la nature sauvage et les humains. Les ateliers ont lieu tous les mardis et tous les jeudis de 14 à 16 heures, hors vacances scolaires. Informations et inscriptions au 55 44 93 1, e-mail: mail@kulturfabrik.lu, Internet: www.kulturfabrik.lu.


13

CULTURE

mardi 18 août 2009

La première édition du festival de Vianden débute aujourd'hui

Visite guidée

Notes estivales et musicales Se faire rencontrer des musiciens de tout âge et de tout niveau autour d'une passion commune: telle est la raison d'être du premier festival de Vianden qui débute aujourd'hui. ■ Pour cette première édition, Semyon Rozin, le directeur artistique du festival, mais aussi professeur de chant et chef d'orchestre d'origine ukrainienne qui vit au Luxembourg depuis 1998, a rapidement trouvé chaussure à son pied. Grâce au soutien sans faille de Gaby Frantzen-Heger, bourgmestre de Vianden, et du compositeur luxembourgeois Camille Kerger, le festival a pu s'installer à Vianden. Un festival qui, dès son lancement, a réussi à attirer 88 étudiants, âgés de 9 à 34 ans et désireux de profiter des congés de l'été pour se spécialiser. «Nous avons réuni des étudiants de tous niveaux et d'horizons divers, qui entendent un jour ou l'autre se lancer dans une carrière professionnelle», note le directeur du festival de Vianden. Des étudiants qui subviennent tous par leurs propres moyens aux frais d'inscription et qui ont fait le déplacement des EtatsUnis, de la Corée du Sud, de différents pays d'Europe et du Grand-Duché: la clarinettiste Simone Weber est la seule Luxembourgeoise de l'équipe. Quelle est la motivation commune à tous ses participants? «Se perfectionner, rencontrer d'autres musiciens et apprendre à

Le MUDAM convie, demain, à une visite touristique de la Ville de Luxembourg réalisée par l'Institut für Feinmotorik, un groupe d'artistes basé en Allemagne dont l'activité principale se concentre sur la performance sonore. Sur invitation du musée d'Art moderne, les membres du groupe proposent une promenade d'une heure dans la capitale sous le mode d'une «performance situationniste». Le départ se fait au MUDAM à 17 heures, la participation est gratuite. Par ailleurs, IFF convie à 19 heures à une performance musicale par mr.mueck et don't dj réalisée dans le cadre de leur installation sonore pour l'exposition Jerszy Seymour: Coalition of Amateurs. Infos au tél. 45 37 85 1 et sur www.mudam.lu.

Semyon Rozin et la jeune chanteuse Kyoung Cho connaître d'autres cultures», résume Semyon Rozin. Mais aussi de pouvoir travailler avec des enseignants de qualité. Comme, par exemple, le pianiste américain John Perry ou la violoniste Alice Schoenfeld, âgée de... 91 ans. «C'est la renommée des enseignants qui attire les élèves», précise Semyon Rozin, qui entend bien pérenniser son festival, «même si cela doit prendre quelques années». Pour la première édition, le festival de Vianden propose des cours individuels, collectifs ou

(Photo: Eddie Guillin)

de musique de chambre pour une longue série d'instruments: cordes, bois, cuivre, chant et piano. De quoi monter sans difficulté un orchestre... «Nous pensons également nous intéresser dans un avenir plus ou moins proche au répertoire symphonique», glisse le directeur artistique. En attendant, les élèves musiciens sont arrivés hier à Vianden avant de s'attaquer à un vaste répertoire allant de Bach à Ravel. «Nous avons volontairement voulu offrir un panel de compositions à étudier le plus vaste

possible», note Semyon Rozin, également professeur à la Musikhochschule de Cologne, donc régulièrement invité comme intervenant dans différentes académies de musique, «mais encore jamais organisateur». Une particularité du festival: après les cours donnés à Vianden, place aux concerts. Dès ce mardi, les participants se présenteront au public et en différentes formations lors de concerts organisés tant à Vianden qu'à Sarrebourg ou à Trèves. ■ Thierry Hick www.viandenfestival.eu

De l'échantillon à la totalité, de l'objet au concept: tout au long de ce mois d'août, nous vous proposons un «zoom» sur une œuvre exposée dans un musée ou une galerie du Grand-Duché, œuvre conçue comme incitation à visiter l'ensemble de l'exposition accueillant cet échantillon. Aujourd'hui, zoom sur Large Hadron Collider de Nicolay Polissky au MUDAM.

Le Large Hadron Collider vu par Nikolay Polissky jour historique «pour l'humanité qui veut savoir d'où elle vient, où elle va et si l'univers a une fin», selon les mots du directeur général du CERN, Robert Aymar. Ces derniers rêvaient de percer les secrets de l'univers, analyser ce qu'ils appellent «la matière noire» mais leurs espoirs ont été anéantis lorsque la machine est tombée en panne quelques jours après sa mise en route. Depuis, le

Rue bric-à-brac

Lo-Fi et Yikez! en concert à l'Exit07 Dans le cadre de ses «Congés annulés», l'Exit07 convie le jeudi 20 août au concert des groupes Lo-Fi et Yikez!, Lo-Fi» est une formation beat-pop, tandis que le son de Yikez! s'aventure plutôt dans le domaine du pop-punk expérimental. Ouverture des portes à 21 heures. Entrée libre.

Les Américains de Calexico à l'Atelier

Suivez la Voix!

■ L'objet. Cette construction monumentale est la première commande officielle à l'artiste russe Nikolay Polissky. Le grand hall du MUDAM se trouve ainsi envahi de reproductions de machines futuristes réalisées... en bois et en jonc, matières rustiques s'il en est, par l'artiste et les habitants du petit village russe de NikolaLenivets. Le Large Hadron Collider (LHC) est librement inspiré de l'accélérateur de particules du même nom (le plus grand du monde), mis en route à Genève par le CERN (organisation européenne pour la recherche nucléaire) le 3 septembre 2008, considéré dès lors par les scientifiques comme un

Luxembourg, une ville sonore

(Photo: Laetitia Collin)

LHC s'est métamorphosé en une sorte de sculpture presque habitable. Nicolay Polissky s'est inspiré de ces vestiges de la science et de la modernité pour créer une œuvre proche de la terre et surtout des personnes. Il réussit le pari de concentrer en une seule œuvre, passé, présent et futur. Il s'interroge (et nous interroge) sur notre avenir, sur nos préoccupations et sur la portée de

l'art devenu narcissique et élitiste. Le contexte. En 1990, Nikolay Polissky, céramiste de profession, peintre et dessinateur par passion, s'installe dans le petit village à l'abandon de Nikola-Lenivets, dans la région de Kalouga, à environ 200 kilomètres de Moscou. Il propose aux villageois de participer à son travail. Le petit groupe réalise des œuvres éphémères qui évoluent au fil du temps et s'improvisent en garde-manger, jeux pour les enfants et en bûcher à l'occasion des fêtes populaires. Ces projets ont relancé dans la région une dynamique à la fois artisanale et artistique, grâce à l'arrivée de nouveaux artistes qui marchent sur les traces de Polissky et à la création d'un festival international d'architecture, l'ArchStoyanie. Dans le cadre du projet «Habiter» qui rassemble des artistes qui mêlent volontiers l'art à l'architecture, le MUDAM s'est adressé à Nikolay Polissky. Réalisé une première fois en Russie, le LHC a été démonté, transporté et réassemblé à Luxembourg par l'artiste et une partie des habitants du village qui ont fait le voyage jusqu'ici. Exposée dans le hall jusqu'au 13 septembre, l'installation va intégrer la collection du musée. ■ L.C.

Calexico, le groupe américain de Tucson sera sur la scène de l'Atelier jeudi soir. Avec un son plutôt alternatif et folk, Calexico offre au public non seulement leur second album, mais aussi un sublime casting de musiciens et instruments. La première partie sera assurée par le groupe Depedro. Ouverture des portes à 20 heures. Billets sur www.atelier.lu.

Nos artistes à l'étranger Trois artistes luxembourgeois du groupe Lume Art Collection exposent actuellement leurs œuvres au Mexique: Yves Bassi, Simone Finck et Rema Raffaelli. Cette exposition, placée sous le thème Identitad, fait partie d'un programme d'échange culturel entre le Mexique et le Grand-Duché.

Edopolis: visites guidées et ateliers Plusieurs activités seront proposées par le Casino Luxembourg dans le cadre de son exposition Edopolis d'Edgar Honetschläger: mercredi 19 et 26 août à 12 h 30, visites guidées Op ee Sprong (30 minutes); jeudi 20 août, 18 heures, visite commentée (fra., all., lux.); Bulle et bulle et bulle et..., atelier pour enfants de 6 à 12 ans (durée 2 heures, infos et réservations au 22 50 45, e-mail: anne. reding@casino-luxembourg.lu).


CULTURE

jeudi 24 septembre 2009

16

Les nouveaux films à l'affiche

Jeu-concours

L'été prolongé au cinéma Woodstock, comédie romantique, film d'animation et drame de l'adolescence baigne encore dans la douce chaleur de l'été. Seul The Hurt Locker nous ramène à la froide réalité de la guerre en Irak.

Les Barbouzes: 20 places de cinéma à gagner Avec son cycle Digital Classics, Caramba présente une sélection de 12 classiques anglophones et de 12 grands films français projetés en version numérique entièrement restaurée et en haute définition. Pour le prochain rendezvous, le dimanche 4 octobre à 20 heures au CineBelval, Digital Classics a choisi le film Les Barbouzes, réalisé en 1964 par Georges Lautner avec Bernard Blier et Francis Blanche dans les rôles principaux. Caramba et La Voix du Luxembourg vous invitent à la projection de cette comédie classique en version digitale. Pour gagner 2 places, il suffit de nous envoyer un SMS au 643 43 avec le code: Voix (espace) Nom (espace) Prénom (espace) Barbouzes. Les gagnants, informés par retour de SMS, pourront retirer leurs deux places aux caisses du CineBelval.

■ • Taking Woodstock, d'Ang Lee, avec Emile Hirsch, Demetri Martin, Liev Schreiber. Quarante ans après, le Woodstock music and art fair (appelez-le Woodstock en toute simplicité) fascine les nostalgiques et les jeunes curieux de la folle époque des hippies. Ang Lee s'est inspiré du livre d'Elliot Tiber et de Tom Monte qui racontent comment près de 450.000 personnes se sont réunies dans le champ du voisin d'Elliot, le fermier Yasgur Max, à Bethel, dans l'Etat de New York, pour le festival le plus fou du XXe siècle. «Taking Woodstock est le dernier moment d'innocence, dira Ang Lee au festival de Cannes, «après plusieurs films dramatiques, j'étais à la recherche d'une comédie sans cynisme. C'est aussi l'histoire d'une libération, une histoire d'honnêteté et de tolérance sur la naïveté que nous ne pouvons et ne devons pas perdre.» • The Ugly Truth réalisé par Robert Luketic. Productrice de talk show, Abby Richter (Kathrine Heigl) est le stéréotype de la femme moderne et indépendante qui trouve une solution à tous ses problèmes, excepté son célibat et... la baisse d'audience de son émission. Elle fait alors appel à un nouvel animateur,

Critique de DVD

Mike Chadway (Gérard Butler). Provocateur et arrogant, il fait rapidement grimper l'audience mais pas sa cote auprès de la jeune femme. C'est alors qu'elle rencontre son voisin, Colin, chirurgien, charmant, célibataire et aux antipodes de son odieux collègue. Prête à tout pour le séduire, Abby se trouve contrainte de demander conseil à Mike qui se fera un plaisir de lui enseigner ses sulfureuses théories. • Fish Tank, d'Andréa Arnold avec Katie Jarvis et Kierston Wareing. Mia est une adolescente de 15 ans, rebelle et mal dans sa peau mais qui a pourtant une passion, le hip-hop. Les tourments de la jeune fille ne s'arran-

gent pas lorsqu'elle rencontre le nouvel amant de sa mère, Connor, dont elle tombe amoureuse. • Changement radical de décor avec The Hurt Locker de Kathryn Bigelow, avec Jeremy Renner, Anthony Mackie. On passe des premiers émois d'une adolescente aux horreurs de la guerre civile en Irak. Le lieutenant James commande la meilleure unité de déminage de l'US Army. Les soldats doivent désamorcer des bombes dans les quartiers de la ville de Bagdad. Film interdit au moins de 16 ans. • Lauras Stern und der geheimnisvollle Drache Nian, film d'animation allemand réa-

lisé par Piet De Rycker et Thilo Graf Rothkirsch. Cet été, Laura, âgée de sept ans, vient d'emménager dans une nouvelle ville et la petite fille se sent seule car elle ne s'est pas encore fait d'amis. Un soir, elle recueille une étoile tombée du ciel et toutes deux deviennent inséparables. Mais une étoile ne peut vivre sur Terre et petit à petit, la protégée de Laura perd de son éclat. • Universalove, coproduction luxembourgeoie (Red Lion), de Thomas Woschitz: de Marseille à Tokyo, en passant par Brooklyn ou Luxembourg: l'amour peut apparaître à chaque coin de rue, à chaque instant... ■ Laetitia Collin

Critique de film

Une vie menée à remonter le temps «L'étrange histoire de Benjamin Button» L'étrange histoire de Benjamin Button, qui aurait pu rapporter à Brad Pitt son premier oscar, est décliné en version simple DVD et version collector doté de deux supports pour laisser plus de place aux suppléments qui se révèlent être exceptionnels. Benjamin Button a eu une vie bien étrange. Né à 80 ans, il a vécu sa vie à l'envers, remontant le temps sans rien pouvoir faire. Trois heures, ou presque, c'est la durée du making of que nous propose le réalisateur David Fincher après nous avoir régalé avec ses commentaires audio sur le premier support du DVD. Ce making of, divisé en quatre parties, a pour particularité d'être plus que complet tant au niveau des informations de premiers plans (acteurs, réalisateur) qu'aux seconds plans (l'équipe technique). Certes, une présentation que l'on peut trouver sur d'autres DVD mais à la différence près qu'ici, il n'y a pas une once de commentaires commerciaux, le but unique de ce volet est d'informer sur le film. Un but largement atteint. On termine ce supplément qui fera date par quatre galeries d'images, photos,

«Taking Woodstock» d'Ang Lee

croquis reprenant les postes principaux de la conception du film.

Le DVD côté technique L'image en format 16/9 bénéficie d'un tournage en digital et nous offre une grande qualité tant au niveau contraste des couleurs que netteté. Quant à la bande-son, en format DD.5.1, elle réussit un parfait équilibre entre les différentes pistes audio. L'enceinte frontale s'impose sans problème par rapport aux autres qui, à leur tour, savent se faire entendre lorsque l'ambiance sonore l'exige. ■ TD

Un voyage au-delà de l'imaginaire Titre: Up (Là-haut) Réalisation: Pete Doctor, Bob Peterson Interprètes: Charles Aznavour (version française) Genre: animation Origine: Etats-Unis Durée: 1 h 35 min ■ Et de dix pour Pixar qui aime toujours autant jouer avec le feu. La dernière fois que les studios affichaient un film d'animation sur les grandes toiles du monde, ils avaient fait le pari de présenter un film absent de tout dialogue pendant les vingt premières minutes. Impensable, inimaginable, trop risqué prétendaient les sceptiques. Pixar a tenu bon et nous a offert l'excellent Wall-e. Avec Up, traduit par Là-haut, présenté en ouverture et en 3D lors du dernier festival de Cannes, ils ont poussé le bouchon encore plus loin en faisant mourir le héros dans le premier quart d'heure pour donner place à un autre héros. A la suite du décès de son épouse et face à la réalité de jeunes promoteurs qui veulent l'envoyer en maison de retraite pour récupérer sa maison et le terrain, Carl, un grincheux de 78 ans, décide de réaliser le rêve de

sa vie en attachant des milliers de ballons à sa maison pour s'envoler vers l'Amérique du Sud. Mais il ne s'attendait pas à embarquer avec lui Russell, un jeune explorateur de 9 ans, toujours très enthousiaste et assez envahissant. Ce duo totalement imprévisible et improbable va vivre une aventure délirante qui les plongera dans un voyage audelà de l'imaginaire. Inutile de préciser que la qualité technique de Up dépasse tout ce que l'on a pu voir jusqu'ici. La 3D donne une dimension supplémentaire sans pour autant être véritablement indispensable à l'inverse de son concurrent di-

rect L'âge de glace III. Habitué aux messages en tout genre laissé par-ci, par-là dans leurs différentes œuvres, Pixar attire cette fois notre attention sur le quatrième âge souvent délaissé dans notre société égoïste. Et, en toile de fond, on peut lire le message suivant: «La vie est courte, profitez-en pour accomplir tous vos rêves.» Un message transmis à coups de saynètes muettes montées très rapidement et qui sont loin d'être dénuées d'émotions. La force de Là-haut est de nous présenter un film d'animation prévu pour tout le monde, quel que soit l'âge, doté d'un certain humour et surtout d'un scénario écrit avec justesse où aucune scène n'a le rôle de remplissage, durant lequel l'histoire, l'action et le rythme de narration ne cessent de s'entrechoquer pendant 90 minutes. ■ Thibaut Demeyer Notre appréciation: **** (Vous qui étiez à la recherche d'un chef-d'œuvre, ne cherchez plus, vous l'avez trouvé!) Notre grille de cotation: 0 Nul, à éviter * Bien, sans plus ** Mérite d'être vu *** A ne pas rater **** Chef-d'œuvre


CULTURE Thierry van Werveke

jeudi 15 octobre 2009

16

Les nouveaux films à l'affiche

De Funès et 007 au placard? Une polémique haute en couleur, une comédie romantique à l'allemande, des espions hors norme qui en remontrent à l'agent 007, tous épisodes confondus et quelques bons verres de vin luxembourgeois pour arroser le tout.

Une soirée-hommage Demain soir à la Kulturfabrik aura lieu une soiréehommage à l'acteur musicien Thierry van Werveke. Tribute to Thierry verra la montée sur scène de plusieurs groupes de rock, Nazz Nazz, Inborn, Metro, Quentin Lagonza. La soirée sera aussi l'occasion de la présentation de l'album Dat Bescht an de Rescht: une double compilation de titres enregistrés par Thierry van Werveke. A découvrir quelques morceaux inédits. Demain soir à la Kulturfabrik, le public pourra également découvrir la sortie en DVD d'inthierryview, un documentaire réalisé par l'ami de toujours Andy Bausch. Billets pour la soirée Tribute to Thierry au tél. 55 44 93 1, ou sur www.kulturfabrik.lu. Le DVD inthierryview peut être commandé auprès de Paul Thiltges Distribution sur www.ptd.lu.

■ • Rose & Noir, réalisé par Gérard Jugnot, a déclenché la polémique cinématographique de la semaine. En 1577, un Grand d'Espagne donne sa fille en mariage au neveu du roi de France, Henri III, pour consolider les relations entre les deux pays. Le grand couturier français Pic Saint Loup (Gérard Jugnot) se voit confier la mission de confectionner la robe de mariée. Il part donc pour une Espagne catholique et dominée par l'Inquisition, avec son secrétaire protestant (Bernard Lecoq) qui veut à tout prix cacher une bombe dans la robe de la mariée pour se venger du massacre de la Saint-Barthélémy, avec son collaborateur arabe qui doit se teindre en blond et passer pour un Normand, son parfumeur juif et son coiffeur homosexuel. A eux cinq, ils représentent la synthèse de tout ce que le tribunal de l'Inquisition pourchasse. Ce petit monde débarque, à Cordoba, chez le Grand d'Espagne qui n'est autre que le responsable du tribunal de l'Inquisition. Tolérance religieuse, ouverture d'esprit, humour, Gérard Jugnot a usé de tous les ingrédients de la recette d'un bon film. Pourtant, si une partie du public l'encense, la critique l'assassine. Se serait-il

trompé dans les doses? Eh oui, n'est pas Louis de Funès ou Yves Montand qui veut. Malgré d'évidentes références à l'immortelle Folie des grandeurs, Rose & Noir ne laisse pas le même souvenir impérissable. • Männerherzen, réalisé par Simon Verhœven. Avec Florian David Fitz, Wotan Wilke Möhring, Til Schweiger. Le doute envahit Niklas à quelques jours de son mariage, Philip fuit les responsabilités, Jérôme est un producteur de musique qui court derrière l'argent et collectionne les aventures sans lendemain, Günther n'a pas de vie sociale en dehors de son emploi de fonctionnaire, tout comme Roland, conducteur de métro qui semble

avoir renoncé à vivre pleinement. Leur seul lien: un fitness de Berlin où ils se retrouvent pour partager leurs craintes et leurs doutes. • G Force, film d'animation en 3D, réalisé par Hoyt Yeatman. Un nouveau Walt Disney complètement déjanté. Avec les voix de Nicolas Cage, Sam Rockwell, Penélope Cruz, Tracy Morgan. Le charme carnassier de Sean Connery et le brushing impeccable de Roger Moore sont définitivement passés de mode. Les nouveaux agents secrets sont des fines mouches, des taupes et des cochons d'Inde, spécialement entraînés par le gouvernement américain pour des missions d'espionnage. Daniel Craig a du souci à se faire... Alors qu'ils sont sur le

point de déjouer un complot international, leurs supérieurs, doutant de leurs compétences, les remplacent par d'autres agents. Décidés à sauver la planète, ils poursuivront leur mission envers et contre tout. • Lingo Vino, réalisé par Daniel Texter. En avant-première à Cinémaacher. Projection en allemand sous-titrée en anglais. Leo et Jacob sont deux vignerons luxembourgeois. Voisins depuis quarante ans, ils ont passé toutes ces années à se quereller sur la qualité de leur vin. Une lettre en provenance des Etats-Unis va chambouler leurs rituels quotidiens et changer la donne. ■ Laetitia Collin

Festival international de cinéma de Rome

Critique de DVD

Le pire évité La cité de l'ombre, de Gil Kenan Pour éviter le pire, prédit par d'imminents scientifiques, une cité souterraine a été construite. Deux cents ans plus tard, le générateur qui procure l'électricité et l'éclairage de cette ville présente des défaillances. Crédule, le peuple s'accroche aux cérémonies du maire qui prône le culte pour le livre sacré. Mais deux adolescents ne voient pas les choses de la même manière et décident de tenter l'aventure: retourner sur la terre et retrouver l'air libre. Le DVD présente quelques suppléments qui semblent très intéressants. Hélas! Ceux-ci, à cause de leur durée n'excédant pas les quatre minutes, se révèlent être rapidement incomplets. Déception donc alors que des reportages sur le décor, les effets spéciaux, auraient pu nous apporter bien des informations passionnantes. Quant au chapitre réservé à la réalisation d'une scène, celui-ci atteignant dix minutes, péche par excès promotionnel devenant par conséquent peu attractif tout comme Doon, Lina et Poppy, un chapitre qui permet aux jeunes acteurs de s'exprimer sur leur bonheur de faire partie du casting aux côtés de Bill Muray et Tim Robbins.

Les espions de «G-Force» auront-ils assez de flair et d'instinct animal pour déjouer un complot international?

Vive les femmes Les femmes seront au coeur de la 4e édition du Festival international de cinéma de Rome (15-23 octobre), dont le tapis rouge verra entre autres défiler les acteurs américains Richard Gere, Meryl Streep, et George Clooney.

Le DVD côté technique L'image en format 16/9 nous surprend agréablement avec une image des plus lisses permettant de mettre en valeur la qualité des décors. Les contrastes sont irréprochables et les couleurs restent vraies en toute circonstance et même dans les situations les plus difficiles. Quant à la bande-son, en format DD5.1, elle est également de grande qualité offrant donc un beau et agréable spectacle tant du point de vue de l'histoire que de l'image et du son. ■ TD

■ «Le fil rouge de ce festival sera le rôle central des femmes dans le cinéma actuel», explique la directrice artistique du festival, Piera Detassis. Le festivalier sera ainsi invité à suivre le parcours de trois femmes libanaises qui vont rendre visite à leurs conjoints en prison (Chaque jour est une fête de Dima El-Horr) ou encore découvrir l'histoire étrange d'une abbesse qui a des apparitions (Vision de Margarethe Von Trotta). Au total, 137 longs métrages et documentaires seront projetés à Rome, dont 14 films en compétition qui se partagent entre nouveaux talents, grandes productions et films à petit budget. En course pour les prix MarcAurèle, une sélection très internationale: trois films italiens, un français, un chinois, mais aussi un chilien, un allemand et un espagnol. Le jury, dirigé par le réalisateur américain Milos Forman (Ama-

Meryl Streep

(Photo: Reuters)

deus), est composé de l'académicien français Jean-Loup Dabadie, l'architecte italienne Gae Aulenti, l'écrivaine algérienne Assia Djebar, l'actrice autrichienne Senta Berger, le réalisateur italien Gabriele Muccino et le cinéaste russe Pavel Lounguine. Il décernera le 23 octobre le Marc-Aurèle d'Or du meilleur film, les Marc-Aurèle d'Argent de meilleur acteur et de la meilleure actrice, ainsi que le Grand prix du jury.

Le festival s'ouvre aujourd'hui avec Triage de Danis Tanovic (Oscar du meilleur film étranger en 2001 avecNo man's land), sur les traumatismes d'un photographe de guerre au retour d'un reportage au Kurdistan. Le cinéma français sera représenté par Cédric Kahn avec Les Regrets (2009). The city of your final destination (2009, hors concours), film de James Ivory présenté en première mondiale. Lasse Hallström dévoilera Hatchi (2009), avec Richard Gere et Joan Allen. Côté comédie, l'on verra Up the air (2009) de Jason Reitman avec George Clooney, The last station (2009) de Michael Hoffman et A serious man (2009) des frères Cohen. Le festival sera inauguré par l'actrice italienne Margherita Buy et clôturée par l'Américaine Meryl Streep, qui recevra pendant le festival un Marc-Aurèle d'Or pour l'ensemble de sa carrière. Parmi les autres stars attendues: Colin Farrell, Helen Mirren, Richard Gere et George Clooney. Avec l'ambition de rivaliser avec les grands festivals internationaux, le festival de Rome donne un rôle actif au public, qui note chaque film en compétition à l'issue des projections et décerne un Marc-Aurèle d'or du public. (AFP)


13

CULTURE

jeudi 5 novembre 2009

Les nouveaux films à l'affiche

La semaine de l'horreur La saison n'est plus aux comédies légères mais aux sursauts, écœurements et palpitations cardiaques. Les monstres d'Halloween ont décidé de prolonger leur séjour dans le monde terrestre. ■ • The Box, troisième long métrage de Richard Kelly. Norma Steward et son époux (Cameron Diaz et James Marsden) forment un couple banal et heureux malgré les problèmes d'argent. Un jour, Norma trouve une boîte devant sa porte. Le lendemain, Arlington Steward (Franck Langella) se présente au domicile des Steward et révèle à la jeune femme qu'en pressant le bouton rouge de la boîte, elle recevra un million de dollars mais, dans le même temps, un inconnu mourra. Les fans de Donnie Darko attendent Richard Kelly au tournant avec ce thriller dont l'idée de base a fait l'objet de nombreuses nouvelles et légendes. • L'assistant du vampire de Paul Weitz. Avec John C. Reilly, Salma Hayek, Chris Mussoglia. Darren est un adolescent de quatorze ans ordinaire. Le cirque du Freak et sa troupe de vampires, loups-garous et monstres en tout genre vont changer le cours de son existence. Darren est engagé comme assistant du vampire Larten Crepsley qui a transformé le jeune homme en créature assoiffée de sang. Alors qu'il apprend à maîtriser ses nouveaux pouvoirs, il se retrouve au centre des rivalités entre différentes bandes de vampires. Un film de monstres pour ado à voir au moins pour Salma Hayek en femme à barbe. • On reste toujours dans le film d'horreur avec Saw VI de Kévin Greutert. Avec Tobin Bell, Costas Mandylor, Betsy Russell.

La mort d'un inconnu vaut-elle un million de dollars? L'agent spécial Strahm est mort et le détective Hoffman prend alors la relève. Il commence un nouveau «jeu» avec Jigsaw, espérant découvrir les vrais desseins du tueur. Une nouvelle boucherie s'annonce. Interdit au moins de 16 ans. • The informant! de Steven Soderbergh. Marc Withacre (Matt Damon) a une soudaine prise de conscience. Cadre supérieur du géant agroalimentaire

Archer Daniel Midlands, il décide de dénoncer les pratiques illicites de la société qui lui ont valu pourtant des profits non négligeables. L'agent du FBI Brian Shepard (Scott Bakula, l'irrésistible Sam de Code Quantum) ne sait plus sur quel pied danser avec les révélations parfois farfelues de Withacre sans parler du rôle ambigu qu'il a longtemps tenu dans la société. Un sujet dans l'ère du temps à une épo-

Critique de filme

N O U V E L L E PAR U T I O N

Une métaphore du monde actuel Titre: Das weisse Band, Le ruban blanc Réalisateur: Michael Haneke Interprètes: Christian Friedel, Ernst Jacobi, Leonie Benesch Genre: drame Origine: France, Italie, Autriche, Allemagne Durée: 2 h 24 minutes ■ Au-delà de la polémique d'une Palme d'or remise par complaisance, Le ruban blanc de Michael Haneke appartient avant tout au cinéma, au vrai. Et si Palme d'or il fallait lui attribuer, Le ruban blanc est le meilleur des choix. Seul regret, les mains qui lui ont donné ce prix et qui seront à la base de toute cette polémique que nous espérons être sans fondement. On connaît le cinéma d'Haneke: violence des mots, des gestes, des personnages, fins ouvertes et histoires souvent alambiquées. C'est

que où une pomme subit une douzaine de traitements chimiques avant d'arriver dans les rayons du supermarché. • Le concert de Radu Mihaileanu. Dans la Russie de Brejnev, Andrei Filipov dirigeait le célèbre orchestre du Bolchoï jusqu'à ce qu'on lui demande de se séparer de ses musiciens juifs. Il refuse et se fait licencier. Trente ans plus tard, il travaille toujours au Bolchoï mais

comme homme de ménage. Un soir, Andreï tombe sur un fax adressé à la direction du Bolchoï. Il s'agit d'une invitation à jouer au théâtre du Châtelet. Une idée folle vient alors à l'esprit d'Andreï: faire renaître son orchestre en réunissant ses anciens amis et répondre à l'invitation en se faisant passer pour l'orchestre officiel. Un des premiers chefs-d'œuvre d'une longue série qui doit célébrer l'âme slave en France à l'occasion de l'Année de la Russie. • Les herbes folles d'Alain Resnais. Avec André Dussollier et Sabine Azéma. Inspiré du roman de Christian Gailly L'incident. Marguerite se fait voler son sac à main. Plusieurs heures plus tard, le voleur en abandonne le contenu sur un parking. Georges va tomber dessus par hasard. En jetant un œil sur les papiers d'identité, Georges, retraité marié et coulant jusqu'alors des jours plus que paisibles, sent une flamme se rallumer en lui et n'a de cesse de retrouver Marguerite. A 87 ans, le réalisateur a reçu le «Prix exceptionnel» au dernier festival de Cannes pour le film et pour l'ensemble de sa carrière. • Totally Spies, film d'animation de Pascal Jardin. Les aventures des agents secrets Sam, Clover, Alex et Britney se retrouvent projetées sur grand écran. • Lippels Traum de Lars Büchel. Avec Karl Alexander Seidel, Anke Engelke, Moritz Breibtrau. Pendant que son père est en voyage d'affaires au MoyenOrient, Lippel est confié à Madame Jakob, une nourrice revêche et sévère. Le petit garçon se réfugie dans son monde imaginaire, au décor de conte des mille et une nuits, où il retrouve ses deux camarades avec lesquels il va chasser Madame Jakob et retrouver son père. ■ L.C.

certain, son cinéma n'est pas toujours à mettre devant tous les yeux. Souvenez-vous de Funny Games ou La pianiste pour ne citer que ses deux extrêmes. Avec Le ruban blanc, Haneke semble nous bercer au rythme de la voix off du narrateur, par l'illusion d'une poésie, par la beauté de ses paysages enneigés ressemblant à des tableaux et filmés en noir et blanc. A la veille de la Première Guerre mondiale, dans un petit village protestant en Allemagne du Nord, il se passe de bien curieuses histoires. En effet, d'étranges accidents surviennent de plus en plus régulièrement et semblent prendre un caractère punitif. Le village s'interroge alors sur l'identité des personnes qui seraient à l'origine de ces troubles. Derrière cette histoire, qui au premier abord ressemble plus à une intrigue policière, Michael Haneke dépeint plutôt la racine du mal perpétré par l'être humain. Bien entendu, nous pensons tout de suite à la barbarie nazie avec des parents trop stricts,

trop sévères qui exigent de leurs enfants de leur demander pardon parce qu'en se faisant punir, ce sont eux qui souffrent le plus. On comprend dès lors que cette jeune génération, éduquée dans la douleur, la crainte et non l'amour, reproduise plus tard ce qu'elle a vécu. Mais s'arrêter là serait un peu trop réducteur. Il est en effet évident que Haneke nous a présenté une métaphore du monde actuel. Le verra celui qui veut. Quoi qu'il en soit et quel que soit le sens profond qu'il a voulu donner à son film, celui-ci nous donne froid dans le dos, nous glace le sang au même titre que l'ensemble des protagonistes, enfants compris, qui nous offrent une interprétation époustouflante qui a certainement dû peser dans la balance pour l'attribution de la Palme d'or. Notre appréciation: ***/ **** (Glacial, choquant, perturbant. On est bien dans un film d'Haneke mais celui-ci sort vraiment du lot) ■ Thibaut Demeyer

nos cahiers 3 / 2009

• Prix du numéro: 15 € • Abonnement 2009 : 38 € • Abonnement étudiant 2009 : 20 €

Monique Hermes : Avant-propos Raymond Schaack : Le Graal Joseph Kohnen : Vergessene Schriftstellergräber Henri Losch : Eng net alldeeglech Picknickskëscht Raymond Schaus : On n’échappe pas au progrès Marcel Gérard : Mode d’emploi Claudine Bohnenberger : Fandango Marielys Flammang : Ich bin der Fluss; Ein Computer für alle Fälle Frederick Reischl : Gedichte André Grosbusch : „Ich erwarte die gute Antwort und den heilsamen Widerspruch“ Anne-Marie Richard-Schulze : La nuageuse André Link : Revue des périodiques

En librairie. Livraison gratuite à domicile contre virement au compte auprès de la BCEE saint-paul luxembourg LU61 0019 1300 6666 4000, avec la mention du titre. Egalement disponible sur www.editions.lu


CULTURE Tournage en Lorraine La production recherche des stagiaires Dans le cadre de son long métrage The Hunters, la société de production lorraine Humal recherche actuellement des stagiaires pour venir compléter son équipe (production, régie, réalisation, caméra, électriciens...) durant quelques semaines à la fin de l'année 2009. Le film est réalisé par un metteur en scène lorrain, Etienne Huet, et sera tourné en langue anglaise avec des acteurs et artistes américains et anglais (Steven Waddington, Dianna Agron, Tony Becker). Plusieurs scènes seront tournées au Fort de Queuleu ainsi qu'à l'intérieur de l'Hôtel de Région à Metz. Pour en savoir plus et pour postuler, faites parvenir vos CV ou vos questions à l'adresse e-mail: humal@hotmail.fr.

L'Hôtel de Région de Metz prêtera son cadre au film (Photo: G. Jallay)

16

Les nouveaux films à l'affiche

On ressort les culottes courtes Quelques semaines après la rentrée, enfants et adolescents sont les stars des grands écrans. Drame ou comédie, la psychologie de l'enfant est étudiée sous toutes les coutures. ■ • Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny s'est trouvé un troisième papa en la personne de Laurent Tirard. Le réalisateur, aidé par Alain Chabat et Grégoire Vigneron pour l'écriture du scénario, a décidé de projeter sur grand écran les bêtises du petit garçon, interprété ici par Maxime Godart, qui ont amusé des générations d'enfants. Quel lecteur assidu des histoires hilarantes du garnement en culotte courte ne s'est pas identifié à lui ou à l'un de ses camarades, stéréotypes intemporels que l'on retrouve dans toutes les cours d'écoles du monde entier: D'Agnan, le chouchou de la maîtresse, Clotaire, le dernier de la classe, Alceste, le gourmand et meilleur copain de Nicolas, Geoffroy, issu d'une famille riche qui ramène plein de nouveaux jeux à l'école, sans oublier Eudes, le gros bras et terreur des petits camarades plus frêles... Dans le film de Laurent Tirard, Nicolas voit sa paisible existence chamboulée lorsqu'il surprend une conversation de ses parents (Valérie Lemercier et Kad Mérad) qui lui laisse penser que sa mère est enceinte. Marqué par l'histoire du petit Poucet, il est paniqué à l'idée que ses parents puissent l'abandonner. Tous les frères et sœurs aîné(e)s se reconnaîtront et compatiront à la pani-

Critique de DVD

«Le petit Nicolas», de Laurent Tirard que du petit Nicolas qui usera de toutes ses ressources pour éviter le pire... • Claude et Nathan Miller traitent également de l'enfance avec Je suis heureux que ma mère soit vivante. Mais l'histoire prend ici une tournure plus dramatique. Thomas (Vincent Rot-

tier) est un enfant adopté. De sept à vingt ans, il a recherché, à l'insu de ses parents adoptifs, Julie, sa mère biologique. Il finit par la retrouver et partage désormais sa vie entre deux foyers. Un questionnement à la fois sur l'influence de nos racines pour la construction de notre identité,

l'éternelle question du rôle des parents biologiques et des parents adoptifs, faut-il essayer de les retrouver malgré eux? N'est-ce pas plus destructeur que constructif? • Gangs de Rainer Matsunami. Avec Jimi Blue Ochsenknecht, Aaron Hong Le, Martin Becker. Shakespeare n'en finit pas de faire des émules. Son Roméo et Juliette a traversé les âges, les pays et les arts pour arriver, en 2009, dans les rues de Berlin. Flo est un garçon des rues, appartenant au gang des Rox. Il rencontre Julie, future danseuse de ballet. Bien qu'ils ne vivent pas dans le même monde, ils tombent amoureux mais leur idylle va être perturbée par Chris, le grand frère de Flo qui sort de prison et qui veut régler ses comptes. • District 9 de Neil Blomkamp avec Sharlto Compley, David James, Jason Cope. Des réfugiés extraterrestres vivent depuis 28 ans dans le District 9 à Johannesburg. Ils vivent dans une paix relative avec les humains jusqu'à ce que la Multi national united cherche à s'emparer de leur armement (lire la critique du film ci-dessous). • Bride Flight de Ben Sombogaart. Marjorie, Ada et Ester fuient la Hollande des années 1950 pour la Nouvelle Zélande où elles espèrent une vie meilleure. Pendant le vol qui les emmène loin de leur pays, elles rencontrent Frank qui va changer leur vie. • Tortuga documentaire animalier animé par la voix de Hannelore Elsner. ■ L. C.

Critique de film

Sophie Marceau, une mère compréhensive Laughing Out Loud, de Lisa Azuelos Carton plein pour Lisa Azuelos lors de la sortie en salles de LOL (Laughing Out Loud), une sorte de Boum édulcorée où Sophie Marceau n'est plus la jeune ado en mal d'amour mais bien la maman d'une ado qui devra affronter les déceptions amoureuses de sa fille de 15 ans. Ce DVD, principalement adressé aux adolescents, nous propose comme interactivé les commentaires audio de la réalisatrice Lisa Azuelos et des acteurs principaux Christa Theret et Jérémy Kapone. Un exercice intéressant, rehaussé d'anecdotes qui enrichissent ces commentaires audio souvent lourds à digérer. Quant au making-of, qui atteint presque la barre des 30 minutes, on bénéficie d'une assez large générosité en matière de présence sur le plateau. On voit avec précision le travail fourni par Lisa Azuelos ainsi que sa relation très étroite avec les acteurs. Une manière d'obtenir vraiment ce qu'elle désire sans pour autant les brusquer mais bien au contraire avec énormément de douceur. Plus anecdotique est le chapitre consacré aux essais des jeunes comédiens.

jeudi 1er octobre 2009

Le DVD côté technique L'image, en format 16/9, n'est pas d'un top niveau. Par moment, il manque du contraste, par d'autres il manque de la définition. La qualité de l'image est donc assez inégale. Quant à la bande-son, en format DD. 5.1, elle est très satisfaisante, que ce soit en matière de clarté de dialogue ou de simple ambiance sonore où chacune des enceintes a son mot à dire. ■ Thibaut Demeyer

Pas si innocent que cela Titre: District 9 Réalisateur: Neil Blomkamp Interprètes: Sharlto Copley, David James, Jason Cope Genre: science-fiction Origine: Nouvelle-Zélande, Etats-Unis Durée: 1 h 50 ■ District 9 de Neill Blomkamp, malgré son thème d'extraterrestres qui viennent se réfugier sur terre, n'est pas si innocent que cela et gagne à être vu avec toutefois un certain recul. Il y a 28 ans, des extraterrestres s'installent sur terre à Johannesburg en Afrique du Sud. Ils sont les derniers survivants de leur monde. Le gouvernement les installe dans le District 9 le temps de savoir ce qu'il va en faire. Durant tout ce temps, aucun incident particulier n'est déploré. Puis, le MNU, une société privée qui fera d'énormes bénéfices si elle arrive à faire fonctionner l'extraordinaire armement des extraterrestres, prend la situation en main. Seulement, toutes leurs tentatives échouent. Pour arriver à faire fonctionner toute cette artillerie, ils doivent absolument avoir l'ADN des ex-

traterrestres. Le MNU décide alors de transférer ces derniers du District 9 vers un autre camp. Une manœuvre qui commence à créer des tensions entre les humains et les non-humains. L'agent Wikus van der Merwe est chargé de veiller au bon déroulement de cette opération. Seulement, pour des raisons d'inattention, Wikus contracte un virus extraterrestre qui modifie son ADN. Wikus se retrouvera rapidement seul au monde et traqué par les agents du MNU car à présent, il vaut une fortune, le virus le transformant petit à petit en extraterrestre. La force de District 9 est d'avoir réussi à prendre

du recul face à ces grosses productions américaines qui entrent en guerre contre les extraterrestres et qui finissent toujours par gagner. Avec cette fiction, Neill Blomkamp, qui signe ici sa première œuvre, évite tous les pièges du cliché et décroche des atouts qui donnent de la valeur à son film. Issu de la génération «petit écran, clips vidéo et jeux vidéo», son film est conçu comme tel, naviguant ainsi entre la fiction et le documentaire pour donner plus de poids à son histoire. Puis, il a le mérite d'éviter que son action ne se passe dans une grande ville américaine mais bien à Johannesburg, en Afrique du Sud. Sans oublier qu'en filigrane, le réalisateur fait le procès de ces gouvernements qui maltraitent les réfugiés ainsi que celui de l'homme prêt à tout pour d'abord sauver ses propres intérêts, quitte à renier ses idéaux. Toutefois, il est important de signaler que la scène finale est un peu trop longue et assez violente. Ames sensibles s'abstenir. ■ Thibaut Demeyer Notre appréciation: ***/**** (District 9 nous distrait autant qu'il nous fait réfléchir. C'est la bonne surprise de la rentrée.)


CULTURE

jeudi 8 octobre 2009

16

La voix de Christian Carion

Jeu-concours

«Toujours une part de mystère» Exploration du monde: 20 places à gagner Le cinéma Ariston d'Eschsur-Alzette présente tout au long de l'année une série de documentaires sur différents pays ou régions de la planète. C'est l'invitation aux voyages proposée par le cycle Exploration du monde. La prochaine séance sera consacrée à un tour du monde grâce à la projection du documentaire Cinq continents d'Isabelle Wayrdin. Elle rêvait de partir découvrir le monde. A 22 ans, la réalisatrice s'est mise en route pour la Nouvelle-Calédonie, le Brésil, l'Ethiopie, le Moyen-Orient, la Turquie, l'Asie. A 32 ans, Isabelle Wayrdin revient en Europe, et nous fait partager ses cinq continents. La Voix du Luxembourg et Caramba vous invitent à la projection de Cinq continents, le mardi 13 octobre à 20 h 30 au ciné Ariston d'Esch-sur-Alzette. Pour gagner deux places, il suffit de nous envoyer un SMS au 6 44 47 avec le code: Voix (espace) Nom (espace) Prénom (espace) Exploration. Les gagnants pourront retirer leurs billets à la caisse de l'Ariston.

Pour son troisième long métrage, Christian Carion nous plonge dans le film d'espionnage avec L'affaire Farewell. Le résultat en est une œuvre aussi forte qu'intrigante avec en tête d'affiche Emir Kusturica et Guillaume Canet. Rencontre. ■ Qu'est-ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire peu connue de «L'affaire Farewell»? Justement parce que cette affaire demeure peu connue. Mais aussi à cause de son impact historique énorme. Les spécialistes de la chute du Mur de Berlin conviennent à dire que cette affaire a pesé très lourd du fait de cet homme qui a révélé le mode d'emploi du KGB aux Occidentaux. Comment avez-vous été mis au courant de cette histoire? En lisant un livre de Jacques Attali, le bras droit de François Mitterand. Dans cet ouvrage, «L'affaire Farewell» revenait très souvent. Je me suis donc interrogé sur cette histoire d'espionnage, ensuite on m'a proposé un projet sur l'affaire. Et là, j'ai en quelque sorte relevé le défi en récupérant des témoignages sachant qu'il y aura toujours une part de mystère dans cette affaire qui n'est pas publique et qui ne repose que sur des témoignages. Justement, quelle est la part de réalité et de fiction?

Les nouveaux films à l'affiche

La chute d'un monstre et l'ascension d'une étoile • L'affaire Farewell ou la fin précipitée de la guerre froide. Le film de Christian Carion (qui a également réalisé Joyeux Noël, lire l'interview ci-dessus) se veut être un point de vue sur les événements d'«une des plus grandes affaires d'espionnage du XXe siècle», selon les mots de Reagan. A l'origine de l'épisode qui a accéléré la chute du bloc soviétique, un colonel du KGB, Sergueï Grigoriev (interprété par Emir Kusturica), désabusé et déçu par les abus du gouvernement de l'URSS. Il décide de s'attaquer au monstre communiste. • Desert Flower. Sherry Hormann retrace la destinée de Waris Dirie. Née dans le désert de Somalie, elle s'enfuit à l'âge de treize ans pour échapper à un mariage forcé avec un homme de 65 ans. Elle part vivre à Londres où elle se fait repérer par un photographe. Débute une carrière fulgurante sur les podiums. Le jeune mannequin révèle alors les pratiques barbares sur les femmes de son pays. • Fame, réalisé par Kévin Tancharoen. Avec Naturi Naughton, Kherington Payne, Walter Perez. Remake du film d'Alan Parker. De jeunes danseurs, chanteurs et comédiens se battent pour faire leurs preuves à la High School of performing arts de New York. Kévin Tancharoen s'est attaqué à un classique des années 1980. Il en a repris les éléments essentiels à

«Le cinéma a cette grande qualité d'être immortel» (Photo: Thibaut Demeyer) Schématiquement, on peut dire que toute la partie politique avec Reagan et Mitterand et l'impact de l'affaire est présentée de manière historique, presque documentaire. Ce qui est plus compliqué c'est autour du personnage de Farewell, il y a des choses qui restent floues comme la manière dont il sortait les

documents et sur sa disparition physique car il y a des gens qui pensent qu'il n'est pas mort. Pierre Froment (Guillaume Canet) est-il un espion malgré lui? Oui bien sûr. Dans «L'affaire Farewell», au début la DST s'est appuyée sur quelqu'un qui n'était pas du métier. Ensuite, ils

Critique de film

Une réflexion dans la légèreté Titre: Bride Flight (Bruidsvlucht) Réalisateur: Ben Sombogaart Pays: Pays-Bas, Luxembourg Genre: drame Année: 2008 Acteurs: Karina Smulders, Elisa Schaap, Anna Drijver, Waldemar Torenstra Durée: 130 minutes

«Mères et filles» l'exception de l'inoubliable Irène Cara dans le rôle de Coco Hernandez. • Mères et filles, par Julia Lopes-Curval. Avec Catherine Deneuve, Marina Hands, Marie-Josée Croze. Dans les années 1950, Louise a quitté son mari alors que ses enfants étaient encore jeunes et n'a plus jamais donné signe de vie. Sa fille, Martine, est restée dans la ville au bord de mer où elle est devenue médecin. La fille de Martine trouve, par hasard, le journal de sa grand-mère dans lequel elle espère trouver une explication à son départ précipité et définitif. • Le syndrome du Titanic documentaire avec Nicolas Hulot, infatigable globe-trotter et défenseur de la nature. ■ L.C.

ont changé, dans la vraie histoire, en envoyant un professionnel. Mais j'ai préféré rester au niveau du premier, car ce qui m'intéressait dans ce personnage c'est qu'il est comme vous et moi. Et puis tout d'un coup, un type monte dans sa voiture et lui dit: «Je veux changer le monde et je vais vous donner des documents qui vont le changer.» Comment avez-vous convaincu Emir Kusturica de jouer le rôle de Farewell? Il m'a expliqué que son père était yougoslave communiste et qu'il n'aurait jamais accepté que l'on traîne dans la boue l'idéal communiste. Dans le film, il y a des choses que dit Farewell qui vont dans ce sens et cela lui a fait plaisir de défendre un personnage qui a un certain idéal communiste et puis, le film est un anti-James Bond, cela lui plaisait aussi. Comment ont réagi les autorités Russes en apprenant votre projet? Ils ont refusé que je tourne en Russie, empêché Nikita Mikhalkov d'accepter le rôle de Farewell et quelque part c'est tant mieux car Emir était vraiment le personnage qu'il fallait. Il faut savoir également que le film ne sortira jamais en Russie. Les Russes ne connaîtront donc jamais l'affaire Farewell. Du moins pour l'instant... car le cinéma a cette grande qualité d'être immortel. ■ Propos recueillis par Thibaut Demeyer

■ En 1953, la célèbre course aérienne The Last Great Air Race change le destin de Marjorie, Ada et Esther. Le légendaire vol KLM, rebaptisé «Le vol des fiancées» décolle de Londres et emmène les trois émigrantes hollandaises loin des rudes conditions de vie de leur pays, à Christchurch en Nouvelle-Zélande où elles espèrent commencer une nouvelle existence. Mais aussi loin qu'elles aillent pour fuir leur passé, Ada, Marjorie et Esther sont rattrapées par la fatalité et leurs propres choix. Le réalisateur hollandais, Ben Sombogaart, connu notamment pour ses films et projets télévisuels destinés aux enfants et Twin Sisters, drame nominé aux Oscars en 2003, rassemble les pièces du puzzle de la vie humaine: l'Histoire, les rencontres et nos propres choix qui façon-

nent les destinées. Dans Bride Flight, l'Histoire, c'est celle des Pays-Bas surpeuplés d'aprèsguerre. Alors que les Etats-Unis limitent leur quota d'immigrés néerlandais, ces derniers se tournent vers le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Documenté également sur la course aérienne de 1953, Ben Sombogaart imagine légitimement ces trois femmes hollandaises prenant place à bord du «Vol des fiancées» où elles vont rencontrer Frank qui va changer leur vie. Il est aussi l'élément central autour duquel s'articulent le scénario et les mouve-

ments des personnages. L'histoire s'ouvre sur la mort de Frank à 70 ans. L'annonce des funérailles envoyée aux trois femmes est le point de départ des flash-back et les fréquents allers-retours entre le passé et le présent des personnages, sorte de pauses et de bilans à chaque étape essentielle de la vie de chacune d'entre elles. Derrière les destinées romantiques de ses personnages, Ben Sombogaart aborde la question de l'immigration et les problématiques qui lui sont liée: le déracinement et les relations entre immigrés et leur pays d'adoption, le degré possible d'adaptation des nouveaux arrivants. On se laisse volontiers emporter dans ce voyage temporel à l'autre bout de la planète, dépaysé par ces histoires d'amour qu'on ne voit qu'au cinéma et les paysages sauvages de la Nouvelle- Zélande des années 1950. Le réalisateur nous balade entre scènes légères et romantiques et son propre questionnement sur le sens de la vie, siège de l'interaction entre le hasard du destin et nos propres choix. ■ Laetitia Collin Notre appréciation: *** /**** (Bride Flight ne se contente pas d'une histoire à l'eau de rose. Une profonde réflexion se cache derrière le romantisme latent.)


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.