PrĂŞcher avec des images
Images Église
La composition de l’ebook n’est pas linéaire. On peut «piocher» au gré des titres qui vous intéressent. De ce fait, il y a parfois un chevauchement d’arguments.
Henri Bacher (Contenu et graphisme) ancien animateur de jeunesse de la Ligue pour la lecture de la Bible en Suisse romande et au Pérou Rédacteur internet en entreprise Vidéaste youtube.com/logoscom youtube.com/bibletube youtube.com/bibletubeenfant www.eglise-numerique.org www.lafree.ch www.youtube.com/lafreetv www.issuu.com/lafree
Nous sommes en postchrétienté, post-chrétienté, où la la culture dont culture est étroitement liée au monde des images. Comment la prédication ne devrait-elle paschanger changer derait-elle pas au contact de cette réalité? Mais au-delà de la prédication, il y a bien d’autres aspects de la vie d’église qui sont concernés convernés par cette montée du visuel.
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Où en sommes-nous aujourd’hui du point de vue culturel? Toutes nos réflexions dans le cadre de l’église devraient se faire à partir du centre culturel qui régit notre société du XXIème siècle. Manifestement, c’est internet, la télé, la radio, tous les supports actionnés par l’électricité et l’informatique qui nous gouvernent (2). Ils ne nous formatent pas simplement pour recevoir des «données», mais pour nous transformer à devenir de fidèles consommateurs de biens, de loisirs, de spiritualités, bref, tout ce qui peut permettre au marchand de gagner de l’argent. C’est un univers qui, comme toute culture, tourne autour de son propre axe. La culture du livre (1) qui l’a précédé a agi de la même façon. Dans les églises issues de la Réforme, elle a même réussi, à éliminer les images, à cause des Réformateurs qui ont fait table rase de l’imagerie religieuse. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ce sont deux cultures dont les logiques internes s’affrontent au lieu de s’interpénétrer. C’est une illusion de croire qu’à long terme on va créer une harmonie entre les deux mondes. La culture du livre va disparaître et ne sera réservée qu’à une élite intellectuelle retirée dans des «monastères» de scribouilleurs. Pourquoi, ce pessimisme? C’est que ces deux cultures se sont développées grâce à de puissants leviers technologiques. L’un, c’est l’imprimerie et l’autre tous les supports de diffusion mus par l’électricité. Et nous n’avons jamais pris en compte le fait que ces leviers ont aussi détraqué nos manières de penser Dieu, de comprendre nos relations. L’imprimerie a provoqué des «déforestations» émotionnelles et la cyber-culture va réchauffer nos êtres intérieurs de façon à nous rendre imperméables à l’abstraction, à la logique, à l’analyse.
La tendance dans le numérique, c’est l’utilisation de la voix pour piloter les appareils. Et les réponses se font aussi par l’intermédiaire de sons et d’images. Nous arrivons dans l’oralité électronique et l’écrit est repoussé dans une sphère élitiste. Comment mettre la Bible entre les mains d’une majorité de personnes qui ne lisent plus d’une manière fluide?
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Culture de la parole
Culture de la Parole Dès qu’on parle de «parole» dans nos milieux on pense «Parole de Dieu», sous-entendu «Parole-consignée-dans-un-livre-qui-se-nomme-Bible». Quand, moi, je parle de parole, c’est simplement celle qui sort de la bouche des humains. Nous sommes humains, parce que nous parlons, entre autre. Le drame de la civilisation du livre, c’est que souvent elle a oublié de parler. Parler avec Dieu, parler avec les autres humains. Elle a fait lire, écrire, mais n’a pas sous-tendu son texte par sa propre parole. La Parole écrite est donc devenue souvent (pas toujours) doctrine, endoctrinement, morale, imposition, cliché. Elle est devenue facteur de division, plus que de médiation. La civilisation de l’image coupe également la parole qui devrait accompagner l’image. Pas celle préenregistrée, mais celle qui parle en chair et en os. Une parole qui sort d’un corps d’homme et non d’un support numérique. La Parole de Dieu a dû s’incarner, devenir homme-qui-parle, pour nous rejoindre. Dieu ne s’est pas contenté d’envoyer un texte ou une vidéo, il fait parler un homme du nom de Jésus. Nous, nous adorons faire lire et maintenant faire voir. Incarner un texte ou une image, c’est brandir un texte ou une image et y mettre ma parole, ce que j’en pense, la manière dont je la vis. Si on laisse l’image en roue libre, elle devient idole. Le chrétien ne doit ni favoriser la culture du livre, ni la culture de l’image. Il doit développer une culture de la parole pour contrebalancer les méfaits des cultures. La culture de la parole est d’essence divine, pas celle du livre ou celle de l’image. Cette mise en garde est importante pour pouvoir aborder notre manière de communiquer aujourd’hui. Comme dans l’illustration, la parole doit sous-tendre le «lire» et le «voir», être «dessous».
Le Veau d’or est devenu idole, parce qu’on n’a pas demandé aux protagonistes: «Et vous, comment ressentez-vous cette image?». Si on avait laissé les gens parler autour de cet objet, peut-être il en serait sorti quelque chose de différent. Au lieu de faire comme Aaron qui affirmait: «Voici notre dieu, qui nous a fait sortir d’Egypte». (Ex. 32.4).
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Image mĂŠmoire
Image porte-bonheur
Image-mémoire et image-porte-bonheur L’image-mémoire raconte une histoire, relaye des informations, sert d’explication. L’image-porte-bonheur peut aussi transmettre des informations, voire raconter une histoire, mais elle s’est chargée d’un pouvoir qui ne dépend plus de ses qualités intrinsèques ou de la valeur de son information. Toute image peut passer du stade mémoire au stade porte-bonheur. L’ancien Testament nous en donne un exemple concret. Dieu ordonne à Moïse de fabriquer un serpent d’airain (Nombres 21:6-9) pour que les israélites, mordus par des serpents brûlants, soient sauvés. Il fallait qu’ils regardent le serpent pour avoir la vie sauve. Le Christ reprendra d’ailleurs cet épisode biblique dans une conversation avec Nicodème (Jean 3:14). Ce serpent d’airain était un objet-message. Ce n’était même pas nécessaire de le toucher. Indice qui montre que ce n’était pas un objet sacré, à qui on offre des sacrifices. Et il n’avait pas de nom. Quelques générations plus tard, ce serpent a passé de l’image-mémoire (l’image qui permet de se souvenir d’un haut-fait) à l’image-porte-bonheur puisque le roi Ezéchias a dû le faire détruire (2 Rois 18:4). Les israélites lui ont donné un nom (Néhouchtan) et lui offraient des sacrifices. Pour vérifier si une image ou un symbole est encore dans le cycle «mémoire», déplacez-le dans un endroit quelconque. S’il n’y a pas de protestations, c’est qu’il n’a pas franchi le cap. Un jour, pour illustrer cette problématique, devant des étudiants, j’ai jeté ma Bible par terre. J’en ai scandalisé plus d’un, mais la Bible imprimée n’est que du papier. Ce n’est pas le papier qui est saint, mais la Parole qui y est contenue. Les étudiants ont pourtant bien vu que je n’avais pas l’intention de blasphémer. Êtes-vous sûr, qu’un verset affiché dans un endroit précis, n’a pas passé quelque part dans l’espace «image-porte-bonheur»? L’eau du Jourdain ramenée lors d’un voyage en Israël: «mémoire» ou «porte-bonheur»?
Lorsqu’on parle d’images, il ne faut pas simplement l’appliquer à une représentation ou à un objet. Une grande salle remplie de croyants est aussi une image qu’on projette sur l’extérieur. Comme d’ailleurs une marche de protestation. Ou des édifices religieux. Ou des groupes musicaux qui se comportent parfois comme des «idoles» du show-biz.
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Entrée du Musée d’art contemporain de Strasbourg (2014)
Mutation du statut de l’image au cours des siècles L’Antiquité et le Moyen-âge ont suscité et favorisé le développement de l’image liée au sentiment religieux. L’image travaille par impact psychologique, elle materne le spectateur et le happe. A la Renaissance, l’image a changé de statut. Elle est devenue esthétique. On la contemple, mais on ne la médite pas religieusement. Le spectateur regarde la représentation de «l’extérieur». Il la lit et il prend du recul par rapport à ce qu’il voit. Observez les visiteurs d’un musée d’art classique. Souvent, ils avancent, reculent pour observer sous différents angles. Regardez une personne qui médite devant une image sainte, elle peut même fermer les yeux. À cette époque l’image transite de l’espace public religieux, vers l’espace privé et laïque et c’est à ce moment aussi que les artistes commencent à signer leurs oeuvres. Notre culture, pour se renouveler, ne puise pas dans les siècles où l’écrit et la lecture étaient roi et reine. L’image sainte, l’image porte-bonheur refait surface. Pas seulement dans le domaine religieux. Si vous allez voir le Musée d’art contemporain de Strasbourg, vous serez, dès l’entrée, happé par un flot de lumière qui se projette sur vous comme à l’intérieur d’une cathédrale. Les spectacles de louange dans nos églises fonctionnent comme le monde des images du Moyen-Âge. En plus sophistiqué! On y mélange images vidéo sur grand écran, sons, musique, images scéniques, chrorégraphies. Nous sommes carrément enveloppés dans un univers émotionnel. Nous ne pouvons plus prendre de la distance avec le message. Est-ce une mauvaise chose? Non, car c’est la culture qui domine aujourd’hui. Nous devons y entrer tout en étant conscient du problème. Quand les croyants, après un concert de louange, parlent d’onction du Saint-Esprit, parle-t-il réellement de l’Esprit, où seulement de la «mayonnaise» émotionnelle qu’on a su créer autour d’eux? L’action du Saint Esprit se vérifie dans notre pratique quotidienne, pas sous l’emprise d’une ambiance, même religieuse, très culturellement orientée.
Méfiez-vous des «prêtres*» dont je fais partie. Ce sont des professionnels de la communication, entre autre. Souvent, ils savent bien tirer les ficelles pour utiliser à fond les outils culturels que les gens aiment. Prenez du recul. Ne vous laissez pas emporter par le monde des images et des sensations. * terme générique
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le parvis la porte l’autel des holocaustes la cuve d’airain la tente le rideau la table des pains de propositions le chandelier d’or l’autel des parfums le voile l’arche la nuée
Comment utiliser les images? En fait, c’est se demander, jusqu’où peut-on aller dans la visualisation, sans tomber dans l’idolâtrie? Pour répondre à cette question, on pourrait aussi se demander quel processus faut-il enclencher pour transformer une expérience visuelle forte, en un acte spirituel? L’image est prépondérante. Si nous voulons atteindre nos concitoyens, nous devons leur parler en images. Le mix entre image, écrit et parole, dans un dosage très savant et équilibré ne résoud pas grand-chose. La manière dont le temple de l’Ancien Testament a été conçu peut nous servir de modèle. Il y a une sorte d’itinéraire qui part du parvis, la partie exérieure du temple, accessible aux non-juifs. C’est un peu comme la vitrine d’un magasin. Avec le parvis, on est encore sur le trottoir. Quand on suit l’itinéraire, on est confronté à onze «étapes-objets» ou «étapes rituelles» jusqu’à parvenir dans le lieu très saint où se trouve l’arche recouverte par la nuée. Cet endroit n’était accessible que par le grand-prêtre, une fois par année. Il était obscur et symbolisait la présence de Dieu. Tout convergeait vers ce lieu et se faisait en fonction de celui-ci. A mesure qu’on se rapprochait de cette étape ultime, les rituels devenaient plus sobres et plus dépouillés. On partait du brouhaha du parvis pour arriver dans un endroit dépourvu de grandes manipulations rituelles comme les sacrifices. On se retrouvait dans une relation simple basée sur la parole. En appliquant ce processus, cet «itinéraire» à l’expérience d’aujourd’hui, on pourrait dire qu’il n’y a aucun problème pour utiliser à fond l’image, le spectacle. Les sacrifices étaient des spectacles visuels impressionnants, mais ils ne s’arrêtaient pas à l’impact visuel. Les prêtres visaient le lieu très saint. Nous devons, nous aussi, amener le croyant dans une relation intime avec Dieu où il ne fait que parler à Dieu, que l’écouter, sans intermédiaire visuel ou émotionnel. Encore qu’un partage basé sur la parole peut aussi revêtir beaucoup de sentiments, mais ce n’est plus un conditionnement de l’extérieur. Ce qui veut dire qu’on ne va pas proposer aux participants de prendre un engagement sous le coup d’une émotion même spirituelle, mais plus tard lorsqu’ils seront chez eux, à froid. Comme Jésus le suggère pour prier: Mais toi, quand tu veux prier, va dans la pièce la plus cachée de la maison (Matthieu 6:6). La pièce la plus cachée, c’est notre intimité loin de la pression culturelle qui nous materne.
Saint Bernard, cet homme du Moyen-Âge, disait: «Vous devez savoir que le Saint Esprit, pour faire avancer une âme dans la spiritualité... éduque l’ouïe avant de réjouir la vue... Pourquoi vous efforcer? Il faut tendre l’oreille. Vous voulez voir le Christ? Commencez par l’entendre et entendre parler de lui...».
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Images fortes contre Parole faible Le monde des images, de par sa nature même, a toujours tendance à vouloir être spectaculaire (dans le sens de s'offrir en spectacle). Il veut impressionner avant de convaincre. Le monde des images se lie irrémédiablement à la notion de diffusion de masse. Ce qui n'est pas sans conséquence dans nos pratiques ecclésiastiques. Si nous voulons évangéliser et nous situer du côté de la culture dominante, nous n'avons pas le choix: il faudra penser masse! Or, le travail avec un public est déjà une image en soi. Un stade rempli à ras bord impressionne et donne une image percutante. Nous serions donc tentés de produire ce genre de représentations pour convaincre, pour éblouir et entrer dans cette logique des mass-media. Mis à part les grandes manifestations, nous pourrions avoir tendance à vouloir tellement «enrober», subjuguer les spectateurs par nos présentations, toutes plus esthétiques les unes que les autres, que ceux-ci n'auraient aucun espace de liberté pour répondre à nos propositions. Comment un adolescent peut-il refuser l'appel d'un chanteur «auréolé» de lumière et de son, accompagné sur scène de jolies femmes et d'une impressionnante sono? Ce n'est plus du domaine de la parole, c'est le règne de l'image. Alors comment appliquer cette communication «pauvre» qu'est la parole? En tout cas, il faudrait aménager une sorte de "sas" entre le spectacle et l'appel. Laisser le temps au spectateur de récupérer ses émotions, le ramener sur le terrain de la parole (pas sur le terrain de l'écrit). Dans l'Evangile, le Christ nous donne un exemple concret pour ce genre de pratique. Avec la multiplication des pains, Jésus a usé de «l'image». Il a fait un miracle qui a d'abord touché les émotions des gens. Le résultat était à la hauteur du «spectacle», on a voulu le faire roi! A ce moment-là, il aurait pu «faire» plusieurs milliers de disciples! Il a préféré fuir la foule... et les impacts des images fortes. C'est seulement le lendemain qu'il a repris la notion du pain de vie dans un dialogue avec ses auditeurs et a fait l'application du miracle de la veille (Jean 6). Pour un résultat bien maigre! L'échange a plutôt dégénéré, à tel point qu'il a demandé à ses disciples s'ils voulaient encore le suivre. Le Christ a besoin de vrais disciples, pas de spectateurs conquis par la force des images et qui vont le quitter dès qu'elles deviennent négatives.
La Parole salutaire veut dire qu’elle est liée au salut. Elle nous offre suffisamment d'espace de liberté pour la questionner, la jauger, pour hésiter, pour douter d'elle. Le jour où on lui fait confiance, elle nous connectera avec son auteur et nous commencerons à cultiver une relation choisie par nous-mêmes et que personne ne nous aura imposée, émotionnellement ou rationnellement parlant.
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e k a T Away e t l Cu 0 1 0 2 e r b m e 7 nov n i r y e M Ă h 10
e l o b a r r a e p i r a r L e i p du
L’image et son contexte L’ image fonctionne particulièrement bien dans un contexte qui la met en valeur. Comme un cadre qui met en valeur une peinture. Quand vous utilisez un objet, une illustration ou une vidéo, pensez à les mettre en scène. Il faut bien vérifier que le public voit bien ce que vous présentez. Pour des objets de petit format, vous pouvez les faire passer de mains à mains. C‘est d’ailleurs doublement intéressant parce que vous utilisez la vue, mais faites aussi appel au toucher. Pour les vidéos, obscurcissez la salle, éteignez les lumières. Ça paraît évident, mais souvent on se contente de l’à peu près quand il s’agit de vidéos. Ainsi vous enlevez une bonne partie de l’impact de l’image. C’est comme la galerie d’art qui poserait ses tableaux par terre, sans cadres et dans les coins sombres de son lieu d’exposition. Si votre image est trop petite pour la montrer à un groupe de personnes plus ou moins important, ne la décrivez pas tout en la montrant. Faites-en un scan et projetez l’image. Les mises en scène sont aussi des images. Un dimanche pour un culte, nous avions bouché la porte de l’église avec un tas de pierres d’environ 80 cm de hauteur. Toutes les personnes ont dû passer sur le pierrier et les moins agiles ont été aidés par les plus aguerris. Nous voulions parler de l’église qui dans ces temps difficiles passent sur un pierrier, un «éboulement» des valeurs judéo-chrétiennes et la question posée était: comment, en communauté, passer sur ce pierrier? En fait, c’est le contexte qui a carrément donné la signification. Un tas de pierres dans un champ, n’a pas la même signification que le même tas devant une porte d’église. Vous pourriez même ajouter une interface pour les gens de l’extérieur, avec la question affichée sur le trottoir: ressentez-vous l’église ainsi? Il y a un autre aspect qu’on ne prend que rarement en compte. C’est l’image de l’église, lieu de culte qui se projette sur le visiteur. Et souvent, le contexte matériel donne une impression de délabré et les gens ont, comme première impression, que la communauté est en déshérence, indépendamment de son message de résurrection. Mettez-vous devant votre église, à l’entrée de votre lieu de culte et demandez-vous ce que ressent le visiteur qui ne fait pas partie de la communauté. C’est l’impression qu’il gardera, même si vous projetez de superbes vidéos.
Comme pour nous, le texte écrit, la lecture, le discours sont les must de notre communication, nous négligeons souvent l’impact de l’image. Nous ne pensons pas que le contexte visuel joue un rôle aussi important que les mots que nous pouvons dispenser du haut d’une chaire vieillotte à souhait. Le spectateur pensera que le message est aussi vieillot que le pupitre.
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Pratique de l’image: par quoi commencer? 1. Décryptez d’abord ce que dit l’image. Surtout l’impression qu’elle donne. On n’analyse pas en premier l’image comme on analyse un texte. C’est comme un sentiment qui se projette sur nous. Les images ci-contre, que j’ai photographiées sur le site archéologique du Machu Picchu et à Cuzco au Pérou, nous aiderons à comprendre comment l’image fonctionne. 2. L’image de la grande pierre (1) qui est centrale n’est pas d’origine, ni les cailloux qui l’entourent. C’est le résultat de travaux de réfection effectués à la hâte. L’image (2) est d’origine inca. L’image (1) donne l’impression qu’on a rafistolé un mur, tandis que la construction en (2) donne réellement le sentiment que c’est une construction faite par de vrais maçons professionnels. 3. On pourrait être tenté de dire que l’image (1) reflète la position du Christ dans la communauté. Il doit avoir la place la plus importante, mais en réalité l’image dit exactement le contraire et pourrait faire croire que le Christ est plutôt soutenu par les chrétiens. L’image (2) est extraordinaire, mais là, il faut bien connaître les constructions incas. La plus grosse pierre, toujours au centre, a douze angles qui permettent de fixer les pierres adjacentes et qui servent d’arrêtes pour récupérer les secousses sismiques qui sont très nombreuses dans la région. C’est la présentation d’un Christ, central, comme dans l’image (1), et qui fait, en plus office de protection contre les tremblements de terre. On ne peut pas dire plus que ce que dit l’image et Il faut rester dans la logique de l’image du début, jusqu’à la fin. 4. On ne peut donc pas mettre une idée ou un message qui n’est pas en adéquation avec ce que dit l’image. Il faut d’abord partir de l’image et non pas partir de notre idée. Ce qui veut aussi dire qu’on ne peut pas illustrer une idée abstraite avec une image qui nous semble adéquate. En fait, il faut faire s’entrechoquer notre idée avec l’image pour qu’il en sorte une nouvelle interprétation. Par exemple, en posant des questions à vos spectateurs: comment ressentez-vous la position de la pierre centrale? Pourrait-on appliquer cette image au Christ?
Il est extrêmement difficile de partir du texte et puis de trouver des images. En fait, il faut partir de l’image, se demander quel message elle véhicule et puis chercher un texte qui pourrait faire résonnance. Jésus procédait de cette façon avec les paraboles. Il repère un semeur sur sa route et il en fait un message qui trouve sa justification dans la Torah.
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Pratique de l’image: quelques exemples 1. Le levier de vitesse (image trouvée sur Pinterest) C’est ce que le spectateur voit en premier dans l’image et le créateur a détourné ce levier pour en faire un message qui peut fonctionner sans adjonction de texte explicatif. Le texte que j’y ai greffé est en fait un détournement du premier message. C’est un bon exemple de ce qu’il faut faire. Du premier coup d’oeil le spectateur doit capter le message ou ressentir une impression dominante. Si vous commencez à devoir expliquer ce que vous avez voulu montrer, c’est que votre image n’est absolument pas percutante. 2. La boîte de Coca Cola sur le visage (propre composition) C’est déjà une image plus complexe, car je fais référence à d’autres éléments qui ne sont pas représentés par le texte. Ici l’image est vraiment polysémique. C’est-à-dire qu’il peut y avoir d’autres interprétations qui toutes sont justes. Il n’y en pas une qui est plus juste que l’autre. Dans l’écrit, lorsqu’on écrit, par exemple, le mot «porte», c’est une porte et rien d’autre. On peut lui adjoindre des qualificatifs, mais ça reste une porte. On pourrait même me reprocher d’avoir forcé le texte pour le faire coïncider avec l’image. Critique que j’accepte et qui montre que ce n’est pas évident de mixer image et texte biblique. 3. Les prises électriques (propre composition) C’est Pinterest qui m’a donné l’idée. J’ai revisité le modèle à ma manière. Je l’ai transformé, détourné, remixé, mais les images de base sont de moi. C’est souvent de cette manière que procède l’artiste. 4. La boîte de sardine (photo de boîte achetée et composition photoshoppée par moi) Clairement, je pars de ce que le spectateur a comme notion d’une telle boîte. Ce qui lui revient en premier, c’est cette phrase: «on est comme dans une boîte de sardines». La boîte sert à conserver. Elle ne s’utilise pas comme décoration. Je ne pourrais pas dire que les chrétiens en église, c’est comme un rassemblement où on se sent protégé comme dans une boîte en fer, parce que l’idée de départ est le confinement et non la protection. Donc, à nouveau, il faut bien décrypter ce que dit l’image.
Où trouve-t-on des idées? Avant tout, c’est une manière de penser. Lorsque je regarde une vitrine, un magazine, un site web, je me demande toujours ce que je peux en retirer pour mes propres compositions. Il est facile de retenir une idée en photographiant, avec un mobile, ce qui nous a inspiré.
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Psaume 23
Le SEIGNEUR est mon berger, je ne manque de rien.
Il me fait reposer dans des champs d’herbe verte, il me conduit au calme près de l’eau,
il me rend des forces, il me guide sur le bon chemin, pour montrer sa gloire.
Même si je traverse la sombre vallée de la mort, je n’ai peur de rien, SEIGNEUR, car tu es avec moi. Ton bâton de berger est près de moi, il me rassure. Tu m’offres un bon repas sous les yeux de mes ennemis. Tu verses sur ma tête de l’huile parfumée, tu me donnes à boire en abondance. Oui, tous les jours de ma vie, ton amour m’accompagne, et je suis heureux. Je reviendrai pour toujours dans la maison du SEIGNEUR.
Pratique de l’image: ce qu’il ne faut pas faire 1. Il ne faut pas travailler à la manière analytique, comme en écriture, où l’on juxtapose les lettres, puis les mots, puis les phrases. L’image, n’est pas un «mot». Elle est toujours autonome et a un sens beaucoup plus large. Le mot «porte» dans une phrase peut s’associer à un nom ou un verbe. Deux ou trois images ensemble ne forment pas une «phrase» visuelle. 2. Avec les illustrations du psaume 23, à gauche, si vous enlevez le texte, on ne comprend plus rien à la sucession des images. Par contre, si on enlève les images, on comprend tout... à condition de savoir lire. Mais si on prend quelqu’un qui n’aime pas lire, il va regarder d’abord les images, puis il va glisser (pas lire) sur le texte et sa compréhension va être faussée. D’ailleurs, il va d’abord regarder la colonne d’images, de haut en bas, puis il va remonter et glisser sur le texte. Alors que le lecteur d’un texte, commence à gauche et continue à droite, puis il descend à la ligne. Les chrétiens d’aujoud’hui «glissent» souvent sur les textes, et on s’étonne qu’ils ne comprennent plus le message de l’église. 3. Si on prend une image (ou une vidéo) et son texte correspondant, ça peut encore jouer. D’où la prolifération des cartes postales à verset biblique. Le danger que le texte biblique ne se «pixélise» au détriment d’une compréhension globale est à prendre au sérieux. 4. Les prédicateurs utilisent très souvent un powerpoint pour appuyer leur message qui a été construit dans un style analytique. C’est un peu comme le texte du psaume. Pour faire bien et puisque leur public demande des images, ils rajoutent des illustrations. Ce qui se passe en réalité et comme les images restent mieux en mémoire qu’une analyse, le participant au culte rentre chez lui avec une foule d’images en tête et il ne sait plus à quoi ça correspond. Les images l’ont plus brouillé qu’aidé. 5. En prédication, il faut choisir une image-parabole et non une image-illustration. Typiquement, l’image en deuxième position est une illustration. C’est difficile de raconter une histoire à partir de ce champ de blé.
Pour partir d’une image et tester si elle se prête pour un message, commencez, comme pour les paraboles de Jésus par, par exemple: «Les bodybuilders, c’est comme...». Ou, le Royaume de Dieu ressemble à des bodybuilders qui... En fait, il faut trouver le texte biblique qui peut se joindre à votre image et non le contraire.
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Les fondamentaux
Prêcher avec des images
1. Vous ne pouvez pas partir du texte biblique et l’expliquer avec des images. C’est possible avec un seul verset, mais pas avec une péricope (plusieurs versets). Bien sûr, si vous parlez du temple, vous pouvez le montrer. La projection d’une carte géographique pour présenter les voyages de Paul est même recommandée. 2. Les textes de l’apôtre Paul, vont moins attirer le prédicateur visuel, car ils sont très difficiles à traiter visuellement. Donc, il va plutôt s’intéresser à l’Ancien Testament, aux évangiles et aux Actes des Apôtres. 3. Le problème des paraboles de Jésus, c’est que majoritairement elles proviennent du monde rural, de l’économie ou de la sphère politique de son temps. Lors de la prédication, il faut d’abord expliquer l’image de base, avant de passer à l’interprétation. Ce qui est chronophage. La plupart des gens vivent aujourd’hui en ville et ne connaissent plus, par exemple, le métier de berger. Faut-il donc continuer à traiter ces textes tels quels ou bien ne devrait-on pas utiliser des images que les gens comprennent rapidement, sans explication? Du style «la République de Dieu, ressemble à un ordinateur superpuissant qu’un homme à découvert, par hasard, en chinant, dans un magasin de seconde main...». Il est vrai que ça pose problème, mais avec les images, il faut travailler dans l’esprit du texte biblique. Ce qui veut aussi dire que plus on visualise, plus il faut que les gens connaissent la BIble. Mais s’il ne lisent plus, c’est perdu d’avance. A moins, de leur lire le texte. Avec notre chaîne www.youtube.com/bibletube nous faisons des recherches pour mettre le croyant au contact de la Bible sans passer par la lecture. 4. Quand on parle «image» on pense à l’illustration style dessin, photo ou video. Mais on peut aussi travailler sur des images mentales. La sortie d’Egypte peut s’interpréter comme un voyage intérieur de l’âme humaine qui passe de l’esclavage à la libération. Le peintre Marc Chagall disait que l’histoire d’Israël (de la Bible) était aussi l’histoire de l’âme humaine.
Attention de ne pas aller trop loin dans la recherche d’images symboliques. Certains Pères de l’église, des premiers siècles, ont été des champions des images mentales et paraboliques. Ils ont tellement poussé le symbolisme que ça en devenait caricatural. Rappelez-vous, une de mes recommandations: privilégiez la parole (pas le discours) et non les images.
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Une idée de départ
Prêcher avec des images
1. Si en prédication vous appliquez la même manière de faire que dans la civilisation du livre et de l’école du passé, vous faites fausse route. Vous n’êtes plus un instituteur spirituel qui sait, alors que vos «élèves-paroissiens» ne savent pas. L’école classique a énormément évolué et l’église ne s’est pas rendu compte de cette évolution. Les enfants n’apprennent plus comme par le passé et ces enfants se retrouvent aujourd’hui devant nous en tant qu’adultes. Ils ont appris à d’abord se poser des questions, à expérimenter, avant d’accepter le message. 2. Avec l’image ci-contre, je montre ce qui pourrait être une manière d’aborder un enseignement ou une prédication. L’image projetée sur écran est une question qui ouvre un débat. Vous aurez des tas de réponses différentes, qui sont sûrement, la plupart du temps, très justes, mais très disparates. Le premier travail du prédicateur, c’est de compiler ces réponses. Ce qui veut aussi dire, prendre en considération son interlocuteur, mettre en valeur son opinion. Le prédicateur devra peut-être circuler dans son auditoire, micro en main pour recueillir les réactions. En fait vous êtes en train de construire une prédication communautaire. Cette compilation peut se faire à l’aide d’un assistant qui enregistre les réponses qui seront projetées sur écran. 3. Je pars donc d’un principe de base. Les connaissances du groupe deviennent prioritaires. Ça permet aussi de faire sortir les opinions qui posent problème. On ne peut remplir qu’une bouteille vide, donc, il faut d’abord vider la bouteille avant de la remplir. 4. Le prédicateur pourra terminer son temps d’enseignement par une courte synthèse ou par un point de vue biblique qui lui semble le plus important, pour le moment, pour sa communauté.
Petite digression: l’image, ci-contre, se lit de bas en haut. Ça vous paraît évident, mais dans la culture du livre, on commence toujours en haut. Vous l’avez peut-être fait, sans vous rendre compte et vous n’avez pas saisi tout de suite le propos. L’habitué de l’image va d’abord voir un ensemble avant de voir un détail.
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Un exemple avec du papier
Prêcher avec des images
Dès qu’on parle «image», on pense très vite image numérique, vidéo, mais l’utilisation d’un objet comme le vase du potier du prophète de l’Ancien Testament, a toute sa valeur. Le prédicateur formé à la faculté rechigne souvent à utiliser une image, un objet. Il pense que c’est plutôt pour les enfants, les ados et les jeunes, mais que l’adulte doit pouvoir réfléchir, intellectuellement parlant. Ça fait plus sérieux. Il se sent dévalorisé en utilisant un objet. Et pourtant, c’est un genre très performant pour le public adulte d’aujourd’hui. 1. Le journal ci-contre va nous permettre de visualiser l’histoire de Bartimée, le mendiant aveugle de Jéricho (Marc 10:46 à 52). Montez sur scène devant votre pupitre, avec une page de journal à la main (1). Il faut qu’on vous voie. Dites à votre auditoire que vous allez leur montrer ce qu’était la vie de Bartimée. Vous froissez le journal devant le micro sans rien dire (2). Le bruit du froissement donnera une explication sonore et visuelle. Bartimée a eu une vie «froissée». Il était «perdu» pour la société. 2. Jetez votre papier par terre pour dire qu’un papier froissé, inutile, se jette à la poubelle. Bartimée était jeté dans les poubelles de la société, mis au rebut. Donnez un coup de pied dans le papier pour montrer que lorsque le «rebut» de la société crie à l’aide, il se fait rabrouer par la foule. 3. Jésus s’arrête devant une «ordure». il se baisse pour la ramasser. Faites vous-même le mouvement et expliquer que l’incarnation du Christ illustre ce mouvement vers les «ordures-pécheurs» que nous sommes. 4. Jésus «défroisse» le papier pour le rendre utilisable (3). Il rend la vue à l’aveugle. Il donne à nouveau la possibilité à l’homme-pécheur de servir son entourage, d’être «lisible» ou simplement de servir «d’emballage» ou que sais-je encore. Toutefois, il reste des marques dans nos vies, des déchirures et souvent il faut faire tout un travail sur soi-même pour compléter l’oeuvre de Dieu. Nous restons des pécheurs sauvés de la poubelle. J’aime à dire que le Christ fait les «poubelles» de ce monde pour sauver les hommes.
Le recours à une image ou à un objet permet de changer de langage. Pour Bartimée, c’est presque choquant de parler d’ordure. Dans une prédication classique ce ne serait guère possible. Pourtant, vous restez simplement dans la logique de l’image. Un papier qu’on jette à la poubelle est vraiment considéré comme une ordure. Mais Jésus ne recycle pas, il réhabilite!
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* En Suisse: trendform.ch En France: www.pa-design.com
Un exemple avec le Sack*
Prêcher avec des images
Le Sack est un vase transformable. En fait, c’est un récipient en plastique rigide qui se déforme ou se forme en y versant de l’eau chaude. C’est une image à mettre en relation avec Romains 12:1 et 2 selon le principe de faire s’entrechoquer un texte biblique et une image. Nous choisissons le thème de la transformation en vue d’un service spécial. 1. Montrer le vase à votre auditoire. Au départ, c’est une feuille de plastique transparente. Il n’y a aucun volume. Versez de l’eau chaude et donnez la forme d’un vase. Mettez-y le bouquet de fleurs que vous avez prévu. Expliquez comment ça marche. 2. A partir de là, faites appel à la créativité de vos spectateurs. Posez la question suivante: que vous suggère cette transformation? Peut-on en faire une application spirituelle? Circulez dans les rangs et faites un micro trottoir. Au besoin, demandez à un assistant de noter les réponses, toujours dans l’idée d’une construction communautaire de message. 3. Si vous avez l’habitude du travail en direct avec un groupe, vous pouvez construire votre message en récupérant les réponses des participants. 4. Mais vous pouvez aussi présenter votre propre synthèse. Le «plastique», c’est notre être spirituel qui accepte le travail du St Esprit (l’eau chaude). Le St Esprit, ne peut utiliser que ce qu’il a sous la main. Nous nous rendons maléables à son action et c’est lui qui donnera la forme la plus adéquate. Et celle-ci va différer d’une personne à l’autre, sauf que la visée finale, c’est toujours la formation d’un vase. 5. Un vase (à fleurs) sert à porter, à mettre en valeur. Nous sommes des porteurs de beautés, d’effluves spirituelles, dans ce monde qui sent parfois mauvais. Les gens qui nous voient vivre doivent se réjouir à la vue de la présence de Dieu en nous. 6. A vous de trouver d’autres thèmes à développer en relation avec l’image, mais ne poussez pas trop loin le jeu des interprétations visuelles.
Dans cet exemple, je fais appel à un objet manufacturé. J’aime bien visiter des boutiques de design ou les boutiques de musée où l’on trouve souvent des objets intéressants et originaux. Le réseau social pinterest.com est également une source d’idées. Demandez, par exemple, que vos paroissiens vous amènent des idées à exploiter.
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Un exemple avec le jeu
Prêcher avec des images
Il s’agit de montrer combien c’est difficile de prier et de se comprendre avec Dieu. Jouer à la place d’une prédication ou d’une homélie? Pourquoi pas, si on se donne la peine de ne pas transformer l’activité en jeu télévisuel. Le jeu que je vous propose n’est pas pour s’amuser mais pour apprendre. 1. Demandez à deux personnes qui ne connaissent pas le jeu de monter sur scène. Mettez les personnes dos à dos et séparez-les par un paravant. Aucune des deux personnes ne doit voir le jeu de l’autre. Celle qui se positionne, face au public (1), a devant elle les pièces dispersées du puzzle. Il faudra que ces pièces se retrouvent sur un rétroprojecteur, car la joueuse devra reconstituer le puzzle sur les indications de l’autre joueuse (2). Cette dernière a devant elle le puzzle qui représente la lettre T, mais elle ne doit pas communiquer cette lettre à son adversaire. Ils peuvent se poser mutuellement des questions sur les positions, les formes, les couleurs. 2. Il y a communication entre les deux personnes, mais l’une (2) sait de quoi il s’agit, tandis que l’autre (1) n’a aucune idée. Un peu comme nous avec Dieu. Dieu a des projets pour nous, il connaît la forme que doit prendre notre vie (symbolisée par la lettre). Le dialogue va montrer comment, nous, on peut parler avec Dieu et comme c’est difficile de le comprendre. Le jeu se fait avec plus de facilité, lorsque les deux personnes utilisent le même langage. Par exemple, si les deux joueurs, se donnent des indications techniques (angles, couleurs, formes géométriques). On apprend le langage de Dieu en lisant et en méditant la Bible. Ce sera plus facile pour lui de nous communiquer ses projets si on connaît son langage. (1) (2)
Le timing d’un culte ou d’une messe est souvent un obstacle pour l’officiant. Si la prestation est trop courte, il a l’impression d’avoir bâclé sa prédication. Ce jeu ne vous prend peut-être pas beaucoup de temps, mais les gens vont comprendre rapidement. Ne rajoutez pas des tas d’explications pour remplir le temps que vous estimez être raisonnable pour une prédication.
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Un exemple avec des fleurs
Prêcher avec des images
Vous allez expliquer, à l’aide d’un bouquet, comment prier ou louer Dieu en communauté. 1. Montez sur scène avec votre bouquet à la main. Dialoguez avec votre auditoire en leur posant les questions suivantes (ou d’autres de votre cru): - à quel moment offrez-vous des fleurs? - à qui offrez-vous des fleurs? - comment pourrais-je utiliser ce bouquet pour vous enseigner? 2. Pour moi, les fleurs représentent les prières de louange que nous adressons à Dieu d’une manière communautaire ou personnelle. 3. Défaites le bouquet et rassemblez-le n’importe comment. D’une manière disparate, tiges et fleurs tête-bêche par exemple. Vous allez pouvoir expliquer, qu’en communauté, il faut un certain ordre de composition. Le fleuriste, tient compte de chaque fleur avant d’en adjoindre une nouvelle. Nous devons apprendre à écouter ce qui se dit pour «poser» une fleur pour que ma prière soit en harmonie avec la précédente. Et puis, il y a les fleurs tournesol qui cachent toutes les autres. Les prières interminables qui font de l’ombre à la petite pâquerette. Le fleuriste, c’est celui qui dirige la louange. 4. Si vous offrez à votre épouse, tous les dimanches, à la même heure, chaque fois le même bouquet, ça va être lassant pour elle. Nos prières «rituelles», débitées machinalement n’intéressent pas toujours Dieu. 5. Glissez dans votre bouquet des fleurs artificielles. On les confond avec les vraies fleurs. Souvent nous produisons des prières «artificielles». Qui font joli, mais qui ne viennent pas du coeur. 6. À la fin, distribuez à chaque personne une fleur pour se rappeler de votre prédication.
La nature, création de Dieu, est une source inépuisable d’idées de prédication. Vous puisez dans le répertoire divin, deuxième source de révélation après la Bible. Jésus s’est amplement servi dans ce patrimoine avec les graines, les fruits, etc. Aujourd’hui on peut s’inspirer de l’astronomie, de la biologie, des sciences de l’environnement.
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En utilisant des extraits de films
Prêcher avec des images
Ci-contre deux sélections qui datent déjà, mais qui sont encore pertinentes. 1. Comment procéder? Ne projetez qu’un extrait significatif d’un maximum de dix minutes. Expliquez le contexte du film, la trame principale. Ça ne doit pas prendre plus de cinq minutes. 2. Si l’auditoire est grand, plus de vingt personnes, formez des petits groupes pour discuter. Avec si possible une seule question. Désignez une personne porte-parole du groupe. 3. Après avoir mis en commun les réponses, donnez une brève explication de ce que vous vous voulez exploiter de la séquence. Exemples: Danse avec les loups Le jeune lieutenant John Dunbar est envoyé à un poste de reconnaissance dans les immenses plaines du Dakota pendant la guerre de Sécession. Il rencontre au cours de l'une de ses missions de reconnaissance le peuple sioux. Sélectionnez la séquence de la première rencontre avec les sioux et prenez le lieutemant comme figure du Christ qui cherche à communiquer avec les hommes. Que fait-il? Quel geste a-t-il? Quelle est son attitude? Infidèle C’est un film sur le thème de l’adultère. L’amant de la femme est d’ailleurs tué par son mari légitime. Le film se prête très bien pour explorer les mécanismes qui nous entraînent dans l’adultère. A la fois à utiliser pour parler de l’adultère en général, mais aussi pour une éducation pratique pour ne pas tomber dans l’adultère. Sélectionnez le début du film et posez la question: à quel moment la femme se trouve dans la position où elle aurait pu encore faire demi-tour? C’est une manière d’étudier les comportements limites qui font basculer les situations qui ne sont jamais blanches ou noires.
Pour ce genre d’animation, il faut faire attention au copyright. Souvent des fédérations d’églises payent des droits d’auteur pour l’ensemble de leurs adhérents. Si le film est acheté et utilisé pour un petit groupe, ç’est encore tolérable, mais dès qu’il y a projection publique, il faudra être en règle avec les droits d’auteur.
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Avec sa propre personne
Prêcher avec des images
Jusqu’à maintenant, j’avais surtout utilisé des images, des objets extérieurs à notre personne. Cette fois-ci, avec la chemise, je concentre le visuel, sur notre personne-même. Sur ce qui colle à la peau: la chemise. Psaume 69:5 (69:6) Ô Dieu, tu connais ma bêtise, mes fautes ne sont pas cachées pour toi. Déroulement Vous venez devant votre auditoire en costume cravate. Bien fringué. La seule différence, c’est que votre chemise bien cachée est en lambeaux, surtout dans le dos et sur les manches. Le devant ne devra pas être déchiré. Si vous n’avez pas l’habitude de porter un costard, vous allez attirer l’attention, à coup sûr. De l’extérieur vous devez être parfait. Développez la question de l’apparence. Dialoguez avec vos spectateurs sur ce sujet. Pourquoi s’habille-t-on chic? A quel moment? Dans quelles circonstances? En transposant la question de l’apparence dans le domaine spirituel, vous pouvez demander comment les gens sont venus au culte? Bien habillés, spirituellement parlant? Enlevez votre veston, montrez-vous comme vous êtes. Luther disait que l’église était l’endroit où l’on pouvait venir en pécheur. Devant Dieu, nous n’avons pas besoin de soigner les apparences. C’est juste le contraire. On peut venir en SDF (Sans Décorum Fabriqué), mais avec le désir d’être lavé de tout péché. Il n’y a pas besoin d’en rajouter, l’image est tellement parlante, qu’elle est message. Par contre, lors de la Sainte Cène, vous pouvez transformer ce moment, en demande de pardon, en demande de guérison intérieure. Si vous n’avez pas l’habitude de faire une Sainte Cène tous les dimanches, c’est peut-être le moment de le faire.
Dans cette notion «avec sa propre personne», on peut aussi mettre toute l’approche théâtrale. Pourquoi, un prédicateur ne pourrait-il pas jouer une partie de son message? En donnant, la parole, tour à tour, aux protagonistes de votre histoire. Un bon prédicateur doit avoir des talents de comédien.
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Avec le plan du métro
Prêcher avec des images
Avec ce plan vous allez pouvoir parler de ce que les gens connaissent, enfin plutôt les urbains. Vous n’avez pas besoin d’expliquer le fonctionnement de ce moyen de transport. Le plan du métro ressemble à une parabole de Jésus. Et comme Jésus, je vais juste exagérer certains aspects. Voici le texte de référence: Actes 4:12. Le salut ne s’obtient qu’en lui, car nulle part dans le monde entier Dieu n’a donné aux hommes quelqu’un d’autre par qui nous pourrions être sauvés. 1. Si vous avez la possibilité, distribuez un plan ou projetez un plan. Jésus pourrait être comme une ligne de métro, visualisée sur un plan. Pour les pas-encore-chrétiens, sa ligne ne serait pas différente des autres lignes, qu’elles soient religieuses ou philosophiques. Toutes ces lignes circulent en sous-sol, qui pour moi représente la vie sur terre. Le «ciel» se trouve à l’extérieur. Toutes les lignes promettent une sortie vers le «ciel», mais il n’y a que celle du Christ qui donne cette possibilité-là. 2. Comment reconnaître la ligne du Christ? Poser cette question à votre auditoire. Elle est gratuite, mais on récupère le billet à l’entrée de la ligne. Imaginez qu’à l’entrée quelqu’un vous offre un ticket gratuit. Vous allez vous demandez où est l’arnaque. C’est comme lorsqu’on offre le salut gratuitement. Il faut aussi faire confiance à cette «ligne» qui nous amène dans l’éternité. Le ticket n’est pas validé à l’entrée, mais à la sortie. C’est aussi le moment de parler des resquilleurs qui ne prennent pas le ticket (situation similaire dans la parabole des dix jeunes filles de Matthieu 25:1 à 13). 3. Autre piste à explorer. Il n’y a qu’une seule ligne, mais plusieurs rames différentes: évangéliques, protestants, catholiques, orthodoxes, coptes. 4. À Paris, le métro passe parfois quelques instants, à l’extérieur. Pour moi, c’est les moments où on voit le ciel qui descend sur terre (guérisons, manifestations, etc.).
Les paraboles, même celles de Jésus, contiennent des éléments en opposition à la foi chrétienne. Jésus compare, dans une de ses paraboles, Dieu à un juge inique. Paradoxal, non? Dans la parabole du métro, par exemple, on ne peut pas dire que toutes les lignes amènent sur celle du Christ. Et que toutes les religions sont interconnectées.
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Reliez les 9 points rouges d’un seul coup de crayon 4
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Avec une figure géométrique
Prêcher avec des images
Pour réussir à résoudre le problème, il y a une astuce. On peut sortir du cadre, mais vous n’informez pas les joueurs. Inconsciemment, si on ne nous avertit pas de cette possibilité de sortir du cadre, nous y restons. C’est une sorte de cadrage mental. Un peu comme les chevaux qui restent dans un pré entouré de bandes en couleur qu’ils pourraient aisément sauter. Je vous propose d’utiliser ce jeu géométrique pour parler de l’appel d’Abraham: Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père... (Genèse 12: 1 et suivants). 1. Abraham, pour réaliser l’appel que Dieu lui a adressé a dû sortir de son cadre de vie, tout en prenant en compte tous les éléments de son existence. Dieu, lorsqu’il nous demande des changements ne fait pas abstraction de ce qui constitue notre vie. Il en tient compte. Comme pour le dessin, il faut tenir compte des neufs points à l’intérieur du cadre. Souvent nous sommes obnubilés par le «cadre». Nos communautautés ont souvent construits des cadres socio-religieux qui nous empêchent de réaliser la mission que Dieu nous donne. Si vous lisez, par exemple, les biographies de certains missionnaires, du siècle dernier, vous vous rendez compte qu’ils ont souvent dû sortir de leur «cadre». 2. Cet appel d’Abraham, pourrait être utilisé pour un appel à la conversion. «Sors de ton cadre!» pour réaliser le projet de Dieu pour ta vie. Souvent nous avons présenté la conversion comme la démarche qui gomme la vie passée. Et si on disait: «Accepte de sortir du cadre» pour enfin réaliser ce qui t’habite depuis ta naissance. Le Seigneur, va purifier, réorienter, relier les points forts de ta vie...à condition de sortir de ta vie passée et ne pas te laisser enfermer par celle-ci. 3. On peut aussi faire une application en relation d’aide ou en coaching. Parfois, il faut quitter certains cadres familiaux ou certains copains pour retrouver les neufs «points» fondamentaux de notre vie. En sortant du cadre, on a une autre perspective de nos vies et on arrive mieux à les repositionner dans une nouvelle trajectoire de vie.
Cette notion de sortir de son cadre est un principe fondamental dans la vie spirituelle. Les disciples ont quitté leurs occupations pour suivre le Christ. Mais le jeune homme riche, que Jésus a appelé à tout donner aux pauvres, n’est pas sorti de son cadre qui le tenait prisonnier. Ce serait peut-être intéressant de faire suivre cette prédication par une autre qui parle de ceux qui sont restés dans leur cadre.
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Célébrée dans le temple
Méditée dans la solitude
Mémorisée à la maison
Lue et expliquée dans la synagogue
L’utilisation de la Torah, dans l’Ancien Testament La spiritualité hébraïque se concentrait sur quatre pôles que les croyants faisaient fonctionner en parallèle ou en interréaction. La Torah était le pivot central. La Référence. Comme pour nous la Bible. Sauf que pour eux, cette référence, se vivait dans des temps et des espaces liturgiques très distincts. Leur culture, très proche de l’oralité, avait l’avantage de pouvoir traiter la réalité d’une manière holistique ou globale. Notre approche de la Bible, du fait de l’influence de la culture de l’écrit et de la lecture, s’est surtout cantonnée sur le pôle «lue et expliquée». La mémorisation a été marginalisée parce qu’on avait le texte sous les yeux et dans un format transportable. Comme cette culture développée avec l’aide de l’imprimerie a surtout fait appel au traitement analytique de la réalité, c’est-à-dire, la concentration sur le détail, avant de chercher à comprendre un ensemble, c’était normal, avant tout, de lire et d’expliquer la Bible. A tel point que la majorité de l’activité autour de la Bible se fait encore aujourd’hui à l’aide de la lecture et de l’explication de texte. La méditation est une analyse personnelle du texte. «Méditer dans le désert» pourrait se traduire par «Mâcher la parole de Dieu», comme l’indien des hauts-plateaux andins qui «mâche» ses feuilles de coca pour en tirer le suc qui lui aidera à résister à la rudesse du climat et de l’altitude. Les études bibliques et souvent les prédications sont avant tout des analyses. La partie «célébration» a été récupérée par les moments de louange, mais souvent ça reste une activité qui ne fonctionne pas encore en symbiose avec la prédication. Le prédicateur visuel peut tout à fait fonctionner de la même manière, sans tenir compte du reste du culte et de ce qui s’y dit et fait. On suit un rituel immuable, très cloisonné et non pas interactif. Il faut créer des boucles d’interréaction. Associer prédication et méditation. Inciter vos auditeurs à «mâcher» le texte de la prédication en semaine. Greffer des activités complémentaires pour enrichir votre prédication comme une soirée de films, des jeux didactiques, des veillées de prières, etc.
Tout le problème du prédicateur, c’est qu’il est assis entre deux chaises «culturelles» et son public n’est plus homogène comme précédemment. Est-ce qu’il ne faudrait pas développer des cultes culturellement orientés, c’est-à-dire, où l’on répond à une seule culture à la fois. Dans ce cas, l’architecture pluriculturelle, devrait s’épanouir sous un même chapeau, mais plus dans le même type de culte.
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Un ebook qui complète la réflexion sur Église et images et une série vidéo pour se former dans l’esprit du monde des images
Un «catéchisme» en vidéo. Dix modules pour explorer la foi chrétienne en groupe et en interréaction. Idéal pour des jeunes et des adultes qui n’aiment plus l’approche analytique.
Compilation d’articles sur le thème des chantiers que l’église a besoin de développer dans notre culture postchrétienne.
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Où en sommes-nous aujourd’hui du point de vue culturel? /page 5 Culture de la Parole /page 7 Image-mémoire et image-porte-bonheur /page 9 Mutation du statut de l’image au cours des siècles /page 11 Comment utiliser les images? /page 13 Images fortes contre Parole faible /page 15 L’image et son contexte /page 17 Pratique de l’image: par quoi commencer? /page 19 Pratique de l’image: quelques exemples /page 21 Pratique de l’image: ce qu’il ne faut pas faire /page 23
Prêcher avec des images Les fondamentaux /page 25 Une idée de départ /page 27 Un exemple avec du papier /page 29 Un exemple avec le Sack /page 31 Un exemple avec le jeu /page 33 Un exemple avec des fleurs /page 35 En utilisant des extraits de films /page 37 Avec sa propre personne /page 39 Avec le plan du métro /page 41 Avec une figure géométrique /page 43 L’utilisation de la Torah, dans l’Ancien Testament /page 45