Correspondances Citoyennes en Europe

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correspondances citoyennes en europe





CORRESPONDANCES CITOYENNES EN EUROPE


Illustration de couverture : Paloma Fernández Sobrino et Pascal Nicolas-Le Strat Direction éditoriale : Paloma Fernández Sobrino et Nicolas Combes Graphisme et maquette : Sophie Renaud/Amedition Typographie : Mathieu Tremblin Illustrations internes : Romain Louvel ISBN : 978-2-9532459-4-3 L’âge de la tortue 10 bis, square de Nimègue 35 200 Rennes France Dépôt légal : Juillet 2011




CORRESPONDANCES CITOYENNES EN EUROPE www.correspondancescitoyennes.eu



INTRODUCTION

C

e livre a été réalisé dans le cadre du projet de coopération Correspondances Citoyennes en Europe – Les migrations au cœur de la construction européenne mené par l’association L’âge de la tortue, l’Association Rennaise des Centres Sociaux et le collectif de recherche Topik (Rennes, France), les fondations AltArt et Peace Action Training and Research Institute of Romania (Cluj, Roumanie) ainsi qu’avec Ariadna et la Fundació Casal L’Amic (Tarragona, Espagne). Il regroupe des extraits du travail de Paloma Fernández Sobrino (comédienne, Rennes), Andrei Fărcășanu (photographe, Bucarest), Nani Blasco (artiste vidéo, Tarragona), Romain Louvel (artiste plasticien, Pornic), Xavier Trobat Escanellas (architecte et peintre, Tarragona), Anne Morillon (sociologue, Rennes), Maria Pallarès Serena (éducatrice de rue et anthropologue, Tarragona), Remus Gabriel Anghel et Toma Burean (sociologues, Cluj), Claire Lesacher (doctorante en sociolinguistique, Rennes) et Pascal Nicolas-Le Strat (sociologue et politiste, Montpellier), réalisés entre septembre 2010 et avril 2011. Un texte de présentation des intentions du projet vient compléter ce livre. Des dessins réalisés in situ par Romain Louvel illustrent également les différentes étapes de notre travail. Afin de restituer de manière plus complète le fruit de cette expérience de coopération, un reportage vidéo réalisé par Nani Blasco a été joint en dernière page. Enfin, les archives de ce travail sont consultables sur www.correspondancescitoyennes.eu. Bonne lecture !




introducción

E

ste libro se ha realizado en el marco del proyecto Correspondencias Ciudadanas en Europa – Las migraciones en el corazón de la construcción europea. Se trata de un proyecto desarrollado por la asociación L’âge de la tortue, la Asociación de Centros Sociales de Rennes y el colectivo de investigación Topik (en Francia), las fundaciones AltArt y Peace Action Training and Research Institute of Romania (Rumanía) y la asociación Ariadna y la Fundació Casal L’Amic (España). En él se recogen extractos del trabajo realizado entre septiembre de 2010 y febrero de 2011 en Rennes, Tarragona y ClujNapoca por Paloma Fernández Sobrino (actriz, Rennes), Andrei Fărcășanu (fotógrafo, Bucarest), Nani Blasco (artista audiovisual, Tarragona), Romain Louvel (artista plástico, Pornic), Xavier Trobat Escanellas (arquitecto y pintor, Tarragona), Anne Morillon (socióloga, Rennes), Maria Pallarès Serena (educadora de calle y antropóloga, Tarragona), Remus Gabriel Anghel y Toma Burean (sociólogos, Cluj), Claire Lesacher (doctoranda en sociolingüística, Rennes) y Pascal Nicolas-Le Strat (sociólogo y politólogo, Montpellier). El libro se completa con un texto de presentación de los objetivos que persigue el proyecto. Los dibujos realizados in situ por Romain Louvel ilustran igualmente los distintos encuentros y etapas de nuestro trabajo. Con el fin de restituir de la forma más completa el fruto de esta experiencia de cooperación, se ha añadido en la última página un reportaje de vídeo realizado por Nani Blasco. La documentación generada por este trabajo se puede consultar en www.correspondancescitoyennes.eu. ¡Buena lectura!


introducció

A

quest llibre ha estat realitzat en el marc del projecte de cooperació cultural Correspondències Ciutadanes a Europa – Les migracions al cor de la construcció europea dut a terme per l’associació L’âge de la tortue, l’Association Rennaise des Centres Sociaux i pel col·lectiu de recerca Topik (França), per les fundacions AltArt i Peace Action Training and Research Institute of Romania (Romania), així com per l’associació Ariadna i la Fundació Casal L’Amic (Espanya). Reunim aquí extractes del treball de Paloma Fernández Sobrino (actriu, Rennes), Andrei Fărcășanu (fotògraf, Bucarest), Nani Blasco (vídeo-artista, Tarragona), Romain Louvel (artista plàstic, Pornic), Xavier Trobat Escanellas (arquitecte i pintor, Tarragona), Anne Morillon (sociòloga, Rennes), Maria Pallarès Serena (educadora de carrer i antropòloga, Tarragona), Remus Gabriel Anghel i Toma Burean (sociòlegs, Cluj), Claire Lesacher (doctoranda en sociolingüística, Rennes) i Pascal Nicolas-Le Strat (sociòleg i politòleg, Montpellier), realitzat entre setembre de 2010 i febrer de 2011. El llibre també inclou un text de declaració d’intencions del projecte. Els dibuixos realitzats in situ per Romain Louvel il·lustren igualment les diferents trobades i etapes del nostre viatge. A fi de restituir de la manera més completa el fruit d’aquesta experiència de cooperació, s’ha afegit a la darrera pàgina un reportatge de vídeo realitzat per Nani Blasco. Per últim, els arxius d’aquest treball també es poden consultar a www.correspondancescitoyennes.eu. Bona lectura!


introducere

A

ceastă carte a fost realizată în cadrul proiectului de cooperare Corespondenţe Cetăţeneşti în Europa – Migraţiile în centrul construcţiei unei identităţi europene, condus de asociaţia L’âge de la tortue, Asociaţia Centrelor Sociale din Rennes şi colectivul de cercetare Topik (Franţa), Fundaţia AltArt şi Institutul Român pentru Pace – PATRIR (Romania), precum şi de către Ariadna şi Fundaţia Casal L’Amic (Spania). Cartea cuprinde extrase din lucrările lui Paloma Fernández Sobrino (actriţă, Rennes), Andrei Fărcăşanu (fotograf, Bucureşti), Nani Blasco (artist video, Tarragona), Romain Louvel (artist plastic, Pornic), Xavier Trobat Escanellas (arhitect şi pictor, Tarragona), Anne Morillon (socioloagă, Rennes), Maria Pallarès Serena (educatoare și antropoloagă, Tarragona), Remus Gabriel Anghel (sociolog, Cluj) și Toma Burean (politolog, Cluj), Claire Lesacher (doctorandă în sociolingvistică, Rennes) și Pascal Nicolas-Le Strat (sociolog și politolog, Montpellier), realizate între septembrie 2010 și aprilie 2011. Un text de prezentare a intenţiilor care stau la baza proiectului completează această carte. Desenele realizate insitu de către Romain Louvel ilustrează de asemenea diversele întâlniri şi etape ale lucrării noastre. Cu scopul de a restitui cât mai fidel rodul acestei experienţe de cooperare, pe ultima pagină este ataşat un video-reportaj realizat de către Nani Blasco, iar arhivele acestei lucrări pot fi consultate pe site-ul www.correspondancescitoyennes.eu. Lectură plăcută!



Intentions du projet « La responsabilité politique éminente est de permettre les relations d’interactions entre les personnes dans l’espace public comme relations d’émancipation, […] dans le respect de «l’attachement» de chacun à sa culture et, en même temps, des «arrachements» nécessaires à la construction de sujets autonomes en société de liberté. C’est bien cette universalité des interactions culturelles que la politique culturelle devrait mettre au centre de la démocratie. »

Extrait de l’article de Jean-Michel Lucas et Doc Kasimir Bisou, publié dans La Lettre d’Échanges nos56/57, novembre 2010.

L

Les migrations comme moteur de la construction européenne ? ’actualité politique récente en Europe suscite des questions troublantes que nous ne pouvons pas ignorer. Les images de reconduites à la frontière alimentent régulièrement les journaux télévisés, les réglementations nationales sur l’entrée et le séjour des étrangers s’opposent de plus en plus fréquemment aux actions de solidarité en faveur des migrants… Mais où est donc cette société d’ouverture, de liberté et d’égalité qui nous est promise à chaque échéance électorale ? L’exode rural, les migrations transnationales, voire transcontinentales, ont développé de nouvelles formes de cosmopolitisme au sein de l’Europe. Ce brassage des populations se traduit par une diversification croissante des références culturelles au sein de nos cités. Parallèlement à ce processus, émerge la crainte d’une dilution des liens sociaux et des repères communs, favorisant les replis identitaires et la montée de la xénophobie. Face à ces phénomènes, les acteurs de la société civile peuvent mener des actions à leur niveau qui, si modestes soient-elles, combattent les discours et les politiques réactionnaires stigmatisant les populations immigrées. C’est dans cette perspective que notre équipe a initié le projet de coopération Correspondances Citoyennes en Europe – Les migrations au cœur de la construction européenne. Comment inventer de nouvelles façons de vivre ensemble à l’heure où certains lieux de culte font l’objet de lois restrictives ? Comment renouveler nos modes d’action en faveur du dialogue interculturel quand le refus de résoudre des problèmes politiques et économiques se dissimule par opportunisme derrière des arguments culturels et/ou religieux estimés plus porteurs électoralement1 ? La Déclaration de l’UNESCO sur la Diversité culturelle nous rappelle que la vie collective se construit de manière plus durable et plus sereine une fois que chacun se sent reconnu dans la pluralité et la singularité de son identité. Pour avancer dans cette voie, nous proposons d’expérimenter de nouveaux modes de rencontres et d’échanges entre citoyens issus d’horizons sociaux, culturels et professionnels très divers. Nos objectifs consistent à faire en sorte que chaque participant s’exprime sur ses valeurs et le sens qu’il donne à sa vie, puis à organiser la confrontation de ces valeurs dans l’espace public, dans le respect de l’égale dignité des personnes. C’est dans cette perspective que nous avons organisé trois séjours d’un moischacun réunissant des artistes, des chercheurs et des travailleurs sociaux espagnols, français et roumains, au cœur de trois quartiers populaires en Europe2. Parce que les migrations intérieures et internationales ont façonné leur histoire et la mémoire des personnes qui y vivent, ces territoires nous paraissent emblématiques des défis qui se posent aujourd’hui aux États européens.

Réunir des artistes, des chercheurs et des travailleurs sociaux… Devant la complexité des enjeux, il nous a semblé que la démarche la plus adaptée était celle de l’expérimentation. Loin de prôner des solutions préconçues, nous avons choisi d’articuler nos compétences complémentaires pour élaborer en commun les questions que nous nous posons sur la place des migrants dans la vie de la cité. De septembre 2010 à juin 2011, notre équipe a travaillé aux côtés des habitants de Rennes (quartier du Blosne, France), Tarragona (quartiers du Ponant, Espagne) et Cluj (Roumanie). Dans chaque ville, quatre artistes et deux chercheurs se sont installés ensemble pendant 1 mois dans un appartement qui a servi à la fois de logement, d’espace d’accueil, de rencontres et de travail. En Espagne, ces intervenants étaient Roumains et Français ; en France, ils étaient Espagnols et Roumains, etc. Sur place, un réseau d’accompagnateurs (travailleurs sociaux, interprètes) les a accueillis et a facilité leur immersion dans le quartier. Toutefois, ce sont les artistes eux-mêmes qui ont pris l’initiative des rencontres, d’abord informelles, avec les personnes qui vivent ou travaillent dans le quartier. Nous essayons de cette façon de renverser le schéma classique de la relation artistes-habitants : s’intéresser à chaque personne avant d’essayer de l’intéresser à ce que nous faisons. Il n’existe donc pas de « public » constitué, il revient à ces artistes d’expérimenter des modes « d’entrer en relation » avec des personnes qui leur sont a priori inconnues, et qui de surcroît ne parlent pas toujours leur langue maternelle. Chaque artiste a ainsi la 1 En Europe, l’intégration des immigrés ; au Moyen-Orient, la stagnation du conflit Israël/Palestine ; en France, la situation des Roms ou la question de la burqa. 2 Afin de faciliter la lisibilité du projet, nous utilisons ici les catégories de « chercheurs », « habitants » ou « artistes » pour désigner les personnes impliquées dans notre action, qui sont, comme chacun, dotées d’identités variées, plurielles et dynamiques.


possibilité d’inventer sa manière de communiquer, d’échanger, en cherchant un langage commun, oral, gestuel, plastique, etc. Ces rencontres ont lieu dans la rue, les cafés, sur les marchés. Le plus souvent sans afficher d’étiquette sociale ou professionnelle, simplement de personne à personne, parfois même sans que l’existence du projet ne soit abordée dès la première entrevue. Si une confiance mutuelle parvient à s’installer, alors chaque artiste peut inviter son interlocuteur à lui confier une partie de soi, constituée d’histoires de vie, de récits imaginaires ou d’opinions politiques sur le thème des « migrations dans la construction européenne ». Chaque chercheur associé au projet peut également contribuer à ces échanges en adoptant une position d’écoute active : il incite et sollicite par ses questions, par ses encouragements à poursuivre. Invité à la discussion, il participe à la formulation de nouvelles perspectives, à l’exploration de nouvelles significations, sans chercher à réinterpréter les paroles des autres acteurs. Les récits ainsi collectés constituent une matière première à partir de laquelle une Correspondance sera créée, puis adressée à un destinataire (élu, voisin, inconnu…).

…pour construire en commun des Correspondances Une Correspondance citoyenne est donc le fruit d’une rencontre avant tout humaine entre deux personnes : un artiste qui habite temporairement le quartier et une personne qui habite ou travaille sur le quartier de manière permanente. Ensemble, elles adressent leur Correspondance à une troisième personne de leur choix et l’invitent à y répondre. En acceptant de se prêter au jeu, chacun choisit de transmettre ses valeurs et le sens qu’il donne à sa vie, à travers un récit qui sera rendu public. L’intervention des artistes (comédienne, plasticien, photographe, vidéaste et peintre) permet ici de donner corps à ces lectures du monde qui se nourrissent des imaginaires, des rêves, des peurs que ces personnes leur ont confiés. Une Correspondance citoyenne combine ainsi sens et sensibilité, et peut prendre la forme d’un texte édité, d’un film, d’une série de photographies, etc.

Comment interviennent les chercheurs ? Nous avons souhaité que des chercheurs (sociologue, anthropologue, politiste et sociolinguiste) participent à ce projet, au regard de leur capacité à nourrir les échanges sur les thèmes des migrations, des discriminations, et à approfondir nos réflexions sur les codes de l’altérité et les défis du plurilinguisme. Au-delà de cet apport de connaissances, certains chercheurs ont été invités à contribuer à la réalisation de Correspondances citoyennes en participant aux séances de travail entre travailleurs sociaux, artistes et personnes vivant dans ces quartiers. Enfin, cette expérience leur a donné accès à des témoignages singuliers, parfois intimes, par l’entremise de l’artiste auprès des participants au projet, qui leur a permis d’enrichir leur corpus de recherche.

Nicolas Combes, coordinateur du projet


Intenciones del proyecto « La responsabilidad política más relevante es permitir que se constituyan relaciones de interacción entre las personas en el espacio público, que estén constituidas como relaciones de emancipación, […] respetando el “apego” de cada uno a su cultura y generando, al mismo tiempo, “desapegos” que permitan la construcción de sujetos autónomos dentro de una sociedad libre. La política cultural debería colocar esta universalidad de las interacciones culturales en el núcleo de la democracia ».

Extracto de un artículo de Jean-Michel Lucas y Doc Kasimir Bisou, publicado en “La Lettre d’Echanges” nos56/57, de noviembre de 2010.

L

¿Son las migraciones el motor de la construcción europea? a actualidad política reciente en Europa suscita cuestiones preocupantes que no podemos ignorar. Imágenes de expulsiones en las fronteras pueden ser vistas casi todos los días en los telediarios, al mismo tiempo que escuchamos que las leyes nacionales que regulan el acceso y la estancia de extranjeros hacen cada vez más difícil que se lleven a cabo actuaciones solidarias a favor de los inmigrantes… ¿Dónde está la sociedad abierta, libre e igualitaria que nos prometen cada vez que hay elecciones? El éxodo rural, las migraciones transnacionales y las transcontinentales han derivado en nuevas formas de cosmopolitismo en el seno de Europa. La mezcla de poblaciones se traduce en una diversificación cada vez mayor de las referencias culturales en nuestras ciudades. En paralelo a estos sucesos, surge también el miedo a que los vínculos sociales y las referencias comunes se diluyan, lo que favorece el repliegue identitario y la xenofobia. Frente a estos fenómenos, los actores de la sociedad civil puede llevar a cabo algunas acciones que, por modestas que sean, combaten los argumentos y las políticas reaccionarias que estigmatizan a los inmigrantes. Desde esta perspectiva, nuestro equipo inició el proyecto de cooperación cultural Correspondencias Ciudadanas en Europa – Las migraciones en el corazón de la construcción europea. ¿Cómo podemos generar nuevas formas de convivencia ahora que, por ejemplo, algunos lugares de culto son objeto de leyes restrictivas? ¿Cómo podemos renovar la forma en la que actuamos y favorecer el diálogo intercultural en un momento en el que la falta de interés por resolver problemas políticos y económicos se disimula tras argumentos culturales y/o religiosos, que tienen más gancho electoral1? La Declaración de la UNESCO sobre la Diversidad Cultural nos recuerda que la vida en comunidad se construye de forma más duradera y pacífica si cada persona siente reconocida la pluralidad y la singularidad de su identidad. Para seguir avanzando en esta dirección, proponemos que se experimente con nuevos tipos de encuentros e intercambios entre ciudadanos de estrato social, cultural y profesional muy diferente. Nuestro objetivo es conseguir que cada participante exprese sus valores y el sentido que le da a su vida para posteriormente comparar dichos valores en un entorno público, respetando la dignidad de cada uno. Con esta idea hemos organizado un mes, de un mes cada una, en el corazón de tres barrios populares europeos, en las que han participado artistas, investigadores y trabajadores sociales españoles, franceses y rumanos2. Consideramos que los lugares que hemos seleccionado son el paradigma de los desafíos a los que se enfrentan actualmente los países europeos, ya que en ellos han tenido lugar migraciones internas e internacionales.

Reunir a artistas, investigadores y trabajadores sociales… Teniendo en cuenta que nos habíamos marcado una meta compleja, nos pareció que la experimentación seguramente resultaría ser la forma más apropiada de desarrollar el proyecto. En lugar de defender soluciones preconcebidas, optamos por combinar una serie de competencias que se complementan las unas a las otras para profundizar de forma conjunta en los interrogantes que nos planteamos sobre el lugar de los inmigrantes en la vida de la ciudad. Desde septiembre de 2010 a junio de 2011, nuestro equipo ha trabajado junto con los habitantes de Rennes (barrio del Blosne, Francia), Cluj (Rumanía) y Tarragona (Barrios de Ponent, España). En cada una de las ciudades, cuatro artistas y dos investigadores se han mudado durante un mes a un apartamento que ha servido de alojamiento, lugar de acogida, de encuentros y de trabajo. En España, los participantes son rumanos y franceses; en Francia, españoles y rumanos, y en Rumanía, franceses y españoles. En cada uno de estos lugares fueron acogidos por una red de colaboradores (trabajadores sociales, intérpretes…) que procuró facilitar su inmersión en el barrio. Sin embargo, fueron los mismos artistas los que tomaron la iniciativa durante los encuentros, que al comienzo fueron informales, con las personas que viven o trabajan en el barrio. Lo que intentamos conseguir de esta forma es revertir el esquema clásico de la relación artista-habitante: interesarse por las personas antes de intentar 1 En Europa, la integración de los inmigrantes. En Oriente Medio, el estancamiento del conflicto entre Israel y Palestina. En Francia, la situación de los rumanos o la cuestión del burka. 2 Para facilitar la lectura del proyecto utilizamos las categorías “investigadores”, “habitantes” o “artistas” para identificar a los participantes, pero sin olvidar que a cada uno de ellos les caracteriza, como todos nosotros, una identidad variada, plural y dinámica.


que ellas se interesen por lo que hacemos. Por lo tanto no existe un “público” como tal, son los artistas los que se tienen que encargar de experimentar con diferentes formas de “relacionarse” con personas que son desconocidas para ellos a priori y que además no hablan la misma lengua materna. De esta forma cada artista tiene la posibilidad de inventar el método que va a emplear para comunicarse y compartir, buscando un lenguaje común que puede ser oral, gestual, plástico, etc. Estos encuentros tienen lugar en la calle, en cafeterías, bares, mercados,… Generalmente sin que se adjudiquen etiquetas sociales o profesionales. Son encuentros realizados simplemente “de persona a persona”, muchas veces sin que se aborde siquiera la existencia del proyecto durante el primer encuentro. Si se genera confianza mutua, el artista puede invitar a su interlocutor a que le confíe una parte de sí mismo constituida por historias de vida, relatos imaginarios u opiniones políticas sobre el tema de “las migraciones en la construcción europea”. Cada uno de los investigadores que colabora con el proyecto puede contribuir durante los intercambios cumpliendo una función de escucha activa: incita y favorece el diálogo a través de preguntas y de su entusiasmo por seguir avanzando. Invita al debate, participa en la formulación de nuevas perspectivas, en la exploración de nuevos factores relevantes, sin intentar hacer una interpretación de las palabras de los otros participantes. Las historias recogidas constituyen la materia prima con la que se creará una Correspondencia que posteriormente se hará llegar a su destinatario (un político, un vecino, un desconocido…).

…para construir juntos las Correspondencias Una Correspondencia ciudadana es por lo tanto el fruto de un encuentro sobretodo humano entre dos personas: el artista que vive temporalmente en el barrio y una persona que vive o trabaja en el barrio de forma permanente. Juntos crean una Correspondencia que va dirigida a un tercero que han elegido entre ambos y al que invitan a responder. Al aceptar participar en el juego, cada uno de ellos elige trasmitir sus valores y el sentido que le dan a la vida a través de una narración que posteriormente se hará pública. La participación de los artistas (actores, artistas plásticos, fotógrafos, artistas audiovisuales y pintores) permite dar cuerpo a las diferentes lecturas del mundo que nutren el imaginario, los sueños y los temores que estas personas les han confiado. Cada Correspondencia ciudadana combina sentido y sensibilidad y puede adoptar la forma de un texto, de una película, de una serie de fotografías, etc.

¿Cómo intervienen los investigadores? También quisimos que en este proyecto participasen investigadores (sociólogos, antropólogos, politólogos y sociolingüistas), teniendo en cuenta su capacidad para alimentar el intercambio de opiniones sobre la inmigración y la discriminación y para profundizar en nuestras reflexiones sobre los códigos de alteridad y los desafíos del plurilingüismo. Además de aportar conocimientos, se invitó a algunos investigadores a contribuir en la realización de las Correspondencias ciudadanas participando durante las sesiones de trabajo entre trabajadores sociales, artistas y personas que viven en cada uno de los barrios. Esta experiencia les ha permitido tener acceso a testimonios únicos, algunas veces muy personales, gracias a la intermediación del artista con los participantes del proyecto, enriqueciendo considerablemente el corpus de la investigación.

Nicolas Combes, coordinador del proyecto




Intencions del projecte « La principal responsabilitat política és permetre les relacions interactives entre les persones en l’espai públic com a relacions d’emancipació, [...] en el respecte de “l’afecció” de cadascun a la seva cultura i, al mateix temps, les “desafeccions” necessàries per a la construcció de subjectes autònoms en una societat de llibertat. Aquesta universalitat de les interaccions culturals és el que la política cultural hauria de posar al centre de la democràcia. »

Extracte de l’article de Jean-Michel Lucas i Doc Kasimir Bisou, publicat a La Lettre d’Echanges nos56/57, de novembre de 2010.

L

Les migracions, motor de la construcció europea? ’actualitat política recent a Europa planteja qüestions preocupants que no podem ignorar. Les imatges d’expulsions a les fronteres alimenten regularment els telenotícies, les regulacions nacionals sobre l’entrada i el trànsit d’estrangers s’oposen cada cop més sovint a les accions de solidaritat amb els emigrants... ¿On és aquesta societat oberta, de llibertat i d’igualtat, que ens prometen a cada convocatòria electoral? L’èxode rural, les migracions transnacionals, fins i tot transcontinentals, han donat peu a noves formes de cosmopolitisme al si d’Europa. Aquesta barreja de poblacions es tradueix en una diversificació creixent de les referències culturals a les nostres ciutats. Paral·lelament a aquest procés, sorgeix el temor que es dilueixin els llaços socials i dels referents comuns, cosa que promou els replegaments identitaris i l’augment de la xenofòbia. Enfront d’aquests fenòmens, els actors de la societat civil poden emprendre accions que, per més que modestes, serveixin per combatre els discursos i les polítiques reaccionàries que estigmatitzen les poblacions immigrants. És des d’aquesta perspectiva que el nostre equip ha posat en marxa el projecte de cooperació Correspondències ciutadanes a Europa – Les migracions al cor de la construcció europea. Com inventar noves maneres de viure junts en un moment en què certs llocs de culte són regulats amb lleis restrictives? Com renovar les maneres d’actuar a favor d’un diàleg intercultural quan el refús a resoldre els problemes polítics i econòmics es dissimula de manera oportunista rere arguments culturals i/o religiosos considerats més atractius electoralment1? La Declaració de la UNESCO sobre la Diversitat cultural ens recorda que la vida col·lectiva es construeix de manera més duradora i serena quan tothom se sent reconegut en la pluralitat i en la singularitat de la seva identitat. Per avançar per aquest camí, proposem experimentar noves modalitats de trobada i intercanvi entre ciutadans sorgits d’horitzons socials, culturals i professionals molt diversos. Els nostres objectius són aconseguir que cada participant s’expressi sobre els seus valors i sobre el sentit que dóna a la seva vida, i posteriorment organitzar la confrontació d’aquests valors dins l’espai públic, tot i respectant la igual dignitat de les persones. És dins d’aquesta perspectiva que hem organitzat tres estades d’un mes cadascuna que reuneixen artistes, investigadors i treballadors socials espanyols, francesos i romanesos a tres barris populars europeus.2 En la mesura en què les migracions interiors i internacionals han marcat la història d’aquests barris i el record de les persones que hi viuen, aquests territoris ens semblen emblemàtics dels desafiaments que actualment tenen al davant els Estats europeus.

Reunir els artistes, els investigadors i els treballadors socials… Davant la complexitat de les qüestions plantejades, ens ha semblat que l’enfocament més adequat era el de l’experimentació. Lluny de preconitzar solucions preconcebudes, hem escollit articular les nostres competències complementàries per elaborar en comú les preguntes que plantegem sobre el terreny als immigrants dins la vida de la ciutat. Des de setembre de 2010 a juny de 2011, el nostre equip ha treballat al costat dels habitants de Rennes (barri del Blosne, França), Cluj (Rumania) i Tarragona (Barris de Ponent, Espanya). A cadascuna d’aquestes ciutats, quatre artistes i dos investigadors s’han instal·lat junts durant un mes en un apartament que els ha servit a la vegada d’allotjament, d’espai d’acollida, de trobada i de treball. A Espanya, els participants eren romanesos i francesos ; a França, eren espanyols i romanesos, i a Romania, espanyols i francesos. Sobre el terreny, una xarxa d’acompanyants (treballadors socials, intèrprets) els ha acollit i els ha facilitat la immersió en el barri. De tota manera, són els propis artistes els que han pres la iniciativa de les trobades, inicialment informals, amb les persones que viuen o treballen al barri. D’aquesta manera tractem d’invertir el model clàssic de la relació artista-habitant: interessar-se per cada persona abans de provar d’interessar-les a elles pel que nosaltres fem. Així doncs, no hi ha cap «públic» 1 A Europa, la integració dels immigrants ; a l’Orient Mitjà, l’estancament del conflicte Israel/Palestina ; a França, la situació dels gitanos o la qüestió del burka. 2 Per facilitar la llegibilitat del projecte, emprem les categories «investigadors», «habitants» o «artistes» per designar les persones implicades en la nostra acció, les quals estan però dotades, com tothom, d’identitats variades, plurals i dinàmiques.


prèviament constituït, són els propis artistes els que han d’experimentar maneres d’«entrar en relació» amb persones que els són a priori desconegudes, i que a més no parlen la seva llengua materna. Cada artista té així la possibilitat d’inventar la seva pròpia manera de comunicar, d’intercanviar, tot cercant un llenguatge comú, oral, gestual, plàstic, etc. Aquestes trobades tenen lloc al carrer, als bars, als mercats. Tot sovint sense imposar cap etiqueta social o professional, simplement de persona a persona, a vegades sense que s’abordi l’existència del projecte en concret en una primera entrevista. Si d’aquesta manera s’estableix una confiança mútua, l’artista pot convidar al seu interlocutor a confiar-li una part d’ell mateix, integrada per històries vitals, relats imaginaris o opinions polítiques sobre el tema de les «migracions dins la construcció europea». Cada investigador associat al projecte pot també contribuir als seus intercanvis adoptant una posició d’escolta activa: incita i sol·licita per mitjà de les seves preguntes, dels estímuls a continuar. Convidat a la discussió, participa en la formulació de noves perspectives, en l’exploració de nous significats, sense provar de reinterpretar les paraules dels altres actors. Els relats així reunits constitueixen una matèria primera a partir de la qual es crearà una Correspondència, que serà posteriorment adreçada a un destinatari (un polític, un veí, un desconegut...).

…per construir unes Correspondències en comú Una Correspondència ciutadana és doncs el fruit d’una trobada sobretot humana entre dues persones: un artista que habita temporalment al barri i una persona que habita o treballa al barri de manera permanent. Junts, adrecen la seva Correspondència a una tercera persona de la seva elecció, i la conviden a respondre. En acceptar participar al joc, la persona escull transmetre els seus valors i el sentit que dóna a la seva vida a través d’un relat que es farà públic. La intervenció dels artistes (un actor, un artista plàstic, un fotògraf, un artista audiovisual i un pintor) permet donar cos a aquestes lectures del món que s’alimenten dels imaginaris, del somnis, de les pors que aquestes persones els han confiat. Una Correspondència ciutadana combina d’aquesta manera el sentit i la sensibilitat, i pot prendre la forma d’un text editat, d’una pel·lícula, d’una sèrie de fotografies, etc.

Com intervenen els investigadors? Hem volgut que en el projecte també hi participin investigadors (un sociòleg, un antropòleg, un expert en ciències polítiques i un sociolingüista), per la seva capacitat de nodrir els intercanvis sobre el tema de les migracions, de les discriminacions, i de donar més profunditat a les nostres reflexions sobre els codis d’alteritat i els reptes del plurilingüisme. Més enllà d’aquesta aportació de coneixements, alguns investigadors han estat convidats a prendre part en la realització de les Correspondències ciutadanes mitjançant la seva participació en les sessions de treball entre treballadors socials, artistes i persones que viuen en aquests barris. Aquesta experiència els dóna accés a testimonis particulars, a vegades molt íntims, gràcies a la presència de l’artista en el projecte, que els permeten enriquir la seva recerca.

Nicolas Combes, coordinador del projecte


Intențiile proiectului « Responsabilitatea politică prioritară este de a permite relaţiile de interacţiune între persoane în spaţiul public ca relaţii de emancipare, [...] respectând „ataşarea” fiecăruia de cultura sa şi, în acelaşi timp, „desprinderile” necesare pentru construirea unor indivizi autonomi într-o societate liberă. Politica culturală ar trebui să plaseze această universalitate a interacţiunilor culturale în centrul democraţiei. »

Extras din articolul lui Jean-Michel Lucas şi Doc Kasimir Bisou, publicat în nr. 56/57 al revistei La Lettre d’Échanges, noiembrie 2010.

A

Migratiile ca motor al construirii unei identitati europene? ctualitatea politică recentă din Europa stârneşte unele chestiuni îngrijorătoare pe care nu le putem trece cu privirea. Imaginile cu expulzările imigranţilor fac parte zi de zi din buletinele de ştiri, regulamentele naţionale privind intrarea şi şederea străinilor se opun tot mai mult acţiunilor de solidaritate în favoarea migranţilor… Atunci unde este acea societate deschisă, liberă şi egalitară care ni se promite la toate alegerile electorale? Exodul rural, migraţiile transnaţionale şi chiar transcontinentale au dat naştere unor noi forme de cosmopolitanism în sânul Europei. Acest amestec de populaţii se traduce printr-o diversificare tot mai mare a referinţelor culturale în oraşele noastre. În paralel cu acest proces, apare teama de diluare a relaţiilor sociale şi a reperelor comune, ceea ce favorizează replierea identitară şi intensificarea xenofobiei. Împotriva acestor fenomene, membrii societăţii civile pot întreprinde acţiuni la rândul lor, care oricât de modeste ar fi, combat discursurile şi politicile reacţionare care stigmatizează comunităţile de imigranţi. Echipa noastră a iniţiat proiectul de cooperare Corespondenţe cetăţeneşti în Europa – Migraţiile în centrul construcţiei identităţii europene pornind de la această perspectivă. Cum putem inventa noi forme de convieţuire, când unele lăcaşe de cult sunt supuse unor legi restrictive? Cum putem găsi noi moduri de acţionare în favoarea dialogului intercultural, când refuzul de a rezolva unele probleme politice şi economice se ascunde, din oportunism, în spatele unor argumente culturale şi/sau religioase considerate mai promiţătoare din punct de vedere electoral1? Declaraţia UNESCO asupra diversităţii culturale ne reaminteşte că viaţa colectivă se construieşte în mod mai durabil şi mai paşnic când fiecare se simte recunoscut în pluralitatea şi singularitatea identităţii sale. Pentru a avansa în această direcţie, propunem experimentarea unor noi moduri de întâlnire şi schimb de idei între cetăţeni care provin din medii sociale, culturale şi profesionale foarte diverse. Scopul nostru este acela de a reuşi ca fiecare participant să se exprime asupra valorilor proprii şi a sensului pe care îl dă vieţii sale, pentru a organiza ulterior o confruntare a acestor valori într-un spaţiu public, respectând în mod egal demnitatea persoanelor. Pornind de la această perspectivă, am organizat trei perioade de şedere de câte o lună fiecare, întrunind artişti, cercetători şi asistenţi sociali spanioli, francezi şi români, în trei cartiere populare din Europa2. Deoarece migraţiile interne şi internaţionale au modelat istoria lor şi memoria persoanelor care locuiesc în ele, aceste teritorii ni se par reprezentative pentru problemele cu care se confruntă statele europene în prezent.

Intrunire de artisti, cercetatori si asistenti sociali… Având în vedere complexitatea factorilor care intră în joc, am considerat că procedura cea mai adecvată este experimentarea. Departe de a dori să preconizăm soluţii preconcepute, am ales să ne îmbinăm competenţele complementare pentru a elabora împreună întrebările care ne preocupă cu privire la rolul migranţilor în viaţa de la oraş. Din septembrie 2010 până în iunie 2011, echipa noastră a lucrat alături de locuitorii din Rennes (cartierul Blosne, Franţa), Cluj şi Tarragona (cartierul Ponent, Spania). În fiecare oraş, patru artişti şi doi cercetători s-au instalat împreună pe timp de o lună într-un apartament care a îndeplinit, în acelaşi timp, funcţia de locuinţă şi de spaţiu de primire, întâlnire şi muncă. În Spania, aceşti participanţi erau români şi francezi; în Franţa, erau spanioli şi români, etc. La faţa locului, un grup de însoţitori (asistenţi sociali, interpreţi) i-a primit şi i-a ajutat să se stabilească în cartier. Totuşi, iniţiativele de întâlnire –la început neoficiale– cu persoanele care trăiesc sau lucrează în cartier au pornit de la artişti. Încercăm, astfel, să inversăm schema clasică a relaţiei între artişti şi locuitori: ne interesăm de fiecare persoană înainte de a incerca să îi captăm interesul asupra activităţii noastre. Aşadar, nu există un „public” format, ci este datoria artiştilor să experimenteze 1 În Europa, integrarea imigranţilor; în Orientul Mijlociu, stagnarea conflictului israelo-palestinian; în Franţa, situaţia romilor sau chestiunea privitoare la burqa. 2 Cu scopul de a uşura lizibilitatea proiectului, folosim categoriile de « cercetători », « locuitori » sau « artişti » pentru a ne referi la persoanele implicate în acţiunile noastre, care au, ca oricine, identităţi diverse, plurale şi dinamice.


moduri de a „relaţiona” cu persoane necunoscute a priori şi care, în plus, nu vorbesc limba lor maternă. Fiecare artist are asftel posibilitatea de a inventa propria sa formă de comunicare, de relaţionare, căutând un limbaj comun, oral, gestual, plastic, etc. Aceste întâlniri au loc pe stradă, în cafenele, la piaţă. De obicei fără intervenţia unor etichete sociale sau profesionale, pur şi simplu de la persoană la persoană, uneori chiar fără să se menţioneze existenţa proiectului la prima întrevedere. Dacă se ajunge la o încredere reciprocă, fiecare artist îşi poate invita interlocutorul să îi destăinuie o parte din propria-i persoană, alcatuită din povestiri de viaţă, relatări imaginare sau opinii politice asupra temei „migraţiile în cadrul construirii unei identităţi europene”. Fiecare cercetător asociat proiectului poate contribui de asemenea la aceste conversaţii, adoptând un rol de ascultător activ: stimulează şi invită la continuarea relatării, cu întrebări şi comentarii antrenante. Invitat la discuţie, participă la formularea unor noi perspective, la explorarea unor noi semnificaţii, fără să încerce să reinterpreteze cuvintele celorlalţi participanţi. Relatările astfel obţinute constitute materia primă pe baza căreia se va crea o Corespondenţă, care se va adresa ulterior unui destinatar (reprezentant politic, vecin, străin...).

…pentru a construi impreuna Corespondente Aşadar, o Corespondenţă este rodul unei întâlniri, în mod special umane, între două persoane: un artist care locuieşte temporar în cartier şi o persoană care locuieşte sau lucrează permanent în cartier. Împreună, adresează Corespondenţa lor unei a treia persoane la alegere şi o invită să răspundă. Acceptând participarea la joc, fiecare alege să transmită valorile proprii şi sensul pe care îl dă vieţii sale, printr-o relatare care se va face publică. Intervenţia artiştilor (comedieni, artişti plastici, fotografi, realizatori video şi pictori) are rolul de a da formă acestor concepţii despre lume, care se alimentează din imaginaţie, din vise, din temerile destăinuite de aceste persoane. Astfel, o Corespondenţă îmbină sens şi sensibilitate şi poate lua forma unui text scris, a unui film, a unei serii de fotografii, etc.

Cum intervin cercetatorii ? Am dorit ca la acest proiect să participe cercetători (sociologi, antropologi, politologi şi sociolingvisti), datorită capacităţii lor de a antrena dezbaterile în jurul migraţiilor, discriminărilor şi de a aprofunda reflecţiile noastre despre codurile alterităţii şi problemele plurilingvismului. Dincolo de acest aport de cunoştinţe, unii cercetători au fost invitaţi să contribuie la întocmirea Corespondenţelor, participând la sesiunile de muncă între asistenţii sociali, artiştii şi persoanele care locuiesc în aceste cartiere. În ultimul rând, această experienţă le-a permis să participe la mărturii unice, uneori chiar intime, datorită mijlocirii artistului între participanţii la proiect, ceea ce i-a ajutat să-şi îmbogăţească corpusul cercetării.

Nicolas Combes, coordonator de proiect




A

Les trois territoires des Correspondances

Rennes, le quartier du Blosne fut construit de 1966 à 1980. Sa surface totale de 330 hectares a été fractionnée en îlots de voisinage. La vie sociale s’organise souvent à l’intérieur d’un même îlot, caractérisé par son ensemble d’habitations (tours de 16 étages maximum, barres d’immeubles de 4 niveaux, habitat individuel, etc.), son groupe scolaire, ses commerces, ses entreprises d’artisanat et ses nombreux espaces verts traversés par des sentiers piétonniers. Les personnes en difficultés sociales ou économiques sont en nombre plus important que dans les autres quartiers de l’agglomération rennaise. Le Blosne est toutefois un territoire dont le potentiel est considérable. Les moins de 25 ans y représentent un tiers de la population. De plus, ce quartier accueille des citoyens d’horizons très divers. La diversité des savoirs, des parcours de vie, et des regards que chacun porte sur notre société constitue la véritable richesse du Blosne. Tarragone est une ville de Catalogne, au sud de l’Europe et au nord de l’Espagne. Les Barris de Ponent comptent 10 quartiers : Icomar, Riu Clar, Parc Riu Clar, Torreforta, La Granja, La Floresta, L’Albada, El Pilar, Camp Clar et Bonavista. Ensemble, ils réunissent une population de 35 000 personnes. Ces quartiers voient le jour dans les années 1960 et 1970, suite à la croissance industrielle de la ville et tout particulièrement aux secteurs pétrochimique d’une part, et touristique d’autre part. On observe une première vague d’arrivants en provenance du sud de l’Espagne, dans leur grande majorité d’Andalousie et d’Estrémadure. Plus tard, dans les années 1980 et 1990, le flux de migration s’inverse et l’Espagne devient un pays de destination des migrations. Tarragone accueille depuis un grand nombre d’immigrés venus du Maroc, d’Amérique Latine, d’Afrique subsaharienne et des pays de l’Est.

Cluj est une ville multiethnique. Parmi les signes distinctifs de Cluj, soulignons son caractère universitaire, puisque la ville accueille environ 90 000 étudiants. Le nationalisme était particulièrement intense dans la ville à l’époque de Funar, le maire ultranationaliste de Cluj, mais il apparaît désormais plus réservé, moins visible, fluctuant.

La ville s’est vue industrialisée de force sous le communisme. Une immense population rurale fut déplacée vers la ville pour en faire des prolétaires, avec la formation, en conséquence, des quartiers de Mănăştur et Mărăşti. Le brassage social de ces deux quartiers est unique. Depuis le départ de l’industrie communiste, la ville a développé des activités de services.


E

Los tres territorios de las Correspondencias

l barrio del Blosne fue construido en Rennes entre 1966 y 1980. Ocupa una superficie de 330 hectáreas divididas en manzanas. La vida social se organiza muchas veces en el interior

Tarragona es una ciudad situada en Cataluña, en el sur de Europa, al norte de España. Los Barris de Ponent engloban 10 barrios: Icomar, Riu Clar, Parc Riu Clar, Torreforta, La Granja, La Floresta,

de un mismo conjunto vecinal, que se caracteriza por estar constituido por un mismo tipo de vivienda (bloques de 16 plantas, edificios bajos de cuatro pisos, viviendas unifamiliares, etc.) y contener sus propios servicios, como colegios, comercios, polígonos industriales y numerosos espacios verdes atravesados por senderos peatonales. Las personas con situaciones sociales o económicas delicadas son más numerosas que en otros barrios de Rennes. Y a pesar de todo el Blosne es una zona con un potencial importantísimo. Un tercio de la población está compuesto por personas menores de 25 años. Además este barrio acoge a ciudadanos de orígenes muy diversos y esta diversidad de conocimiento, de recorridos vitales y de miradas sobre nuestra propia sociedad constituye la verdadera riqueza del Blosne.

L’Albada, El Pilar, Camp Clar y Bonavista. Juntos suman una población de 35.000 personas. Surgieron en los años 60 y 70 a partir del crecimiento industrial de la ciudad, sobretodo del sector petroquímico por una parte, y el turístico, por otra. Se observa una primera llegada de personas proveniente del sur de España, en su mayoría de Andalucía y Extremadura. Más tarde, en los años 80 y 90, España deja de ser tierra emisora de emigrantes para convertirse en receptora, y Tarragona registra desde entonces una sostenida llegada de inmigrantes, principalmente marroquíes, latinoamericanos, subsaharianos y de países del Este.

Cluj es una ciudad multiétnica. Lo más destacable de la ciudad de Cluj es que alberga aproximadamente 90.000 estudiantes y, por lo tanto, toda la ciudad gira en torno a la educación universitaria. El nacionalismo estuvo especialmente presente en la ciudad durante la época de Funar, el alcalde ultranacionalista de Cluj. Hoy en día, el nacionalismo es más bien reservado y se practica de forma muy poco visible, con una intensidad variable. La ciudad fue industrializada por la fuerza durante la época comunista. Se trasladó masivamente a los habitantes del campo a la ciudad para convertirlos en proletariado, formándose así los barrios de Mănăştur y Mărăşti. La amalgama social de estos dos barrios es única. Desde que la industria comunista se fue al otro barrio, la ciudad ha vuelto a la prestación de servicios.




E

Els tres territoris de les Correspondències

l barri de Blosne, a Rennes, fou construït entre 1966 i 1980. La seva superfície total de 330 hectàrees ha estat fraccionada en illes de veïns. La vida social s’organitza sovint a l’interior d’una mateixa illa urbana, que es caracteritza pel seu conjunt d’habitatges (blocs en forma de torre de 16 pisos com a màxim, blocs amb cases de quatre nivells, habitatges individuals, etc.), el seu grup escolar, els seus comerços, els seus artesans i els

Tarragona és una ciutat situada a Catalunya, al sud d’Europa, al nord d’Espanya. Els Barris de Ponent engloben 10 barris: Icomar, Riu Clar, Parc Riu Clar, Torreforta, La Granja, La Floresta, L’Albada, El Pilar, Camp Clar i Bonavista. Junts sumen una població de 35.000 persones. Van sorgir els anys 60 i 70 a partir del creixement industrial de la ciutat, sobretot del sector petroquímic, per

Cluj és una ciutat multiètnica. El més destacable de la ciutat de Cluj és que acull aproximadament a 90.000 estudiants, i per tant tota la ciutat gira al voltant de l’educació universitària. El nacionalisme hi va estar present sobretot a l’època de Funar, l’alcalde ultranacionalista de Cluj. Avui, el nacionalisme és més aviat reservat i es practica de manera molt poc visible, com un tira i afluixa. La ciutat va ser industrialitzada per

seus nombrosos espais verds travessats per camins per a vianants. Les persones amb dificultats socials o econòmiques superen en nombre a les d’altres barris del conglomerat de Rennes. El Blosne és malgrat tot un territori amb un potencial considerable. Els menors de 25 anys representen un terç de la població. La diversitat de sabers, de recorreguts vitals, de mirades que cadascú aporta a la nostra societat constitueix la veritable riquesa del Blosne.

una banda, i del turístic, per l’altra. S’observa una primera arribada de persones procedents del sud d’Espanya, la majoria d’Andalusia i Extremadura. Més endavant, en els anys 80 i 90, Espanya deixa de ser terra emissora d’emigrants per convertir-se en receptora, i Tarragona enregistra des de llavors una arribada sostinguda d’emigrants, principalment marro­quins, llatinoamericans, subsaharians i dels països de l’Est.

la força a l’època comunista. Una gran massa de gent va ser traslladada del camp a la ciutat per convertir-la en proletariat, cosa que va donar origen als barris de Mănăştur i Mărăşti. L’amalgama social d’aquests dos barris és única. Des que la indústria comunista se’n va anar a l’altre barri, la ciutat ha tornat a la prestació de serveis.


C

Cele trei teritorii de Corespondenţǎ

artierul Blosne din Rennes a fost construit între 1966 şi 1980. Suprafaţa sa, de 330 de hectare, a fost împărţită în zone de blocuri de locuinţe. Viaţa socială se organizează deseori în interiorul unei zone de locuinţe, caracterizate de ansamblul acestora (blocuri înalte cu 16 etaje, blocuri lungi cu 4 etaje, garsoniere, etc.), de şcoala şi magazinele sale, întreprinderile artizanale şi numeroasele spaţii verzi traversate de alei pietonale. Persoanele cu dificultăţi sociale sau economice sunt mai numeroase aici decât în restul cartierelor din Rennes. Cartierul Blosne este totuşi un teritoriu cu un potenţial remarcabil. Tinerii sub 25 de ani reprezintă o treime din populaţie. Mai mult decât atât, acest cartier găzduieşte cetăţeni din colţuri foarte diverse ale lumii. Varietatea cunoştinţelor, experienţele de viaţă şi opiniile pe care le are fiecare despre societatea în care trăim sunt adevărata bogaţie a cartierului Blosne.

Tarragona este un oraş situat în Catalonia, în sudul Europei şi în nordul Spaniei. Zona Barris de Ponent cuprinde 10 cartiere: Icomar, Riu Clar, Parc Riu Clar, Torreforta, La Granja, La Floresta, L’Albada, El Pilar, Camp Clar şi Bonavista. Împreună, găzduiesc o populaţie de 35.000 persoane. Au fost construite în anii ‘60 şi ‘70, odată cu dezvoltarea industrială a oraşului şi, în special, a sectorului petrochimic şi a celui turistic. Într-o primă fază, s-au așezat aici persoane venite din sudul Spaniei, majoritatea din Andaluzia şi Extremadura. Mai târziu, în anii ‘80 şi ‘90, Spania încetează să mai fie o ţară de emigraţie şi devine ţară de imigraţie. De atunci, Tarragona înregistrează un influx constant de imigranţi, în mod special marocani, sudamericani, subsaharieni şi persoane din estul Europei.

Clujul este un oraș multietnic. Orașul găzduiește anual aproximativ 90.000 studenți, și astfel, activitatea urbană a Clujului este seminificativ marcată de viața universitară. Istoria orașului a fost marcată de prezența naționalismului, în special în vremea fostului primar Gheorghe Funar. Azi naționalismul este unul mocnit, practicat sub nivelul vizibilității, cu un caracter de trage-împinge. Odată cu industrializarea forțată a orașului, în epoca comunistă, au fost aduși aici, în masă, oameni de la sate, care au fost convertiți în proletari – formându-se astfel cartierele Mănăștur și Mărăști. Amalgamul social în aceste două cartiere muncitorești este unic. De când industria comunistă a dat ortul popii, orașul s-a întors la furnizarea de servicii.



Romain Louvel


L

e présent recueil réunit tous les numéros de la revue ECCE HOMO EUROPEANUS parus à Tarragona et à Cluj entre les mois de novembre 2010 et février 2011. Cette revue se situe au cœur d’un dispositif artistique de pénétration lente dans la vie sociale. Le nombre de lettres qui forment le groupe de mots ECCE HOMO EUROPEANUS détermine le nombre de numéros, à savoir dix-huit. Les opportunités que provoque l’apparition de la revue dans les lieux adoptés en rythment la parution. Points stratégiques de diffusion, de rencontres et d’échanges, ces emplacements ouvrent une porte d’entrée discrète dans des zones circonscrites de la vie quotidienne.


Pour diversifier les accès, et toucher un éventail hétérogène de la population, mes dérives urbaines à Tarragona me conduisent dans un « locutorio », un restaurant et quelques administrations sociales ou culturelles des quartiers de Torreforta et Campclar. À Cluj, la revue trouve place dans un bar, une sandwicherie, la bibliothèque universitaire et deux compagnies de taxi. Ces différents endroits mettent le corps social sous perfusion. Les revues s’écoulent lentement. Leur présence systématique prend forme dans l’environnement familier qui s’accommode progressivement de leur contenu. La revue tient sur une feuille au format A5 imprimée en noir et blanc en verso chez des reprographes de proximité. Elle est divisée en trois parties : le titre, le texte technique, l’article. Le texte technique fait clairement état de la date, du numéro, du lieu principal de création, du nombre d’exemplaires et de l’ensemble des points de diffusion. Le titre ne présente qu’une lettre à la fois du nom de la revue. L’article est encadré sur toute la partie gauche du papier dans un rectangle. Il ne traite que d’un seul sujet. Il peut comporter du texte, des images, des dessins et des graphiques pour rassembler, sous une forme symbolique et schématique, certaines questions existentielles que la présence de la revue dans l’espace social permet de poser. L’édition de cette revue s’inscrit dans le projet plus large des Correspondances Citoyennes en Europe initié par l’association l’Âge de la tortue. Elle répond à deux exigences : réaliser des Correspondances avec des personnes rencontrées à Tarragona et à Cluj et aborder par plusieurs moyens artistiques la question des migrations en Europe. Chaque numéro de la revue tente d’évoquer cette question sous un angle métaphorique, humoristique, cynique ou encore impressif et confidentiel. Six d’entre eux constituent les correspondances réalisées avec des personnes rencontrées sur place. Le numéro six s’adresse à un ami de Packys. Oussmane correspond avec les journaux El Paìs et Diari de Tarragona avec le numéro sept. Sanyi envoie le numéro onze à son ami Kex. Guy communique avec un ami de Cluj. Adrian transmet son travail à ses collaborateurs de Lyon. Puis les correspondances se multiplient lorsqu’il faut expédier chaque numéro simultanément à Cluj et à Tarragona. Pour finir, ce recueil constitue ma correspondance finale adressée à l’ensemble des protagonistes que ce projet mobilise.



E

sta compilación recoge todos los números de la revista ECCE HOMO EUROPEANUS, publicados en Tarragona y Cluj entre noviembre de 2010 y febrero de 2011. Esta revista constituye el núcleo de un dispositivo artístico que va integrándose lentamente en la vida de la sociedad. El número de letras que componen la frase ECCE HOMO EUROPEANUS fue lo que determinó el número de revistas que se iban a publicar: dieciocho. Las oportunidades generadas por la publicación de la revista en los lugares elegidos han sido lo que ha determinado la frecuencia de publicación. Los puntos estratégicos para la difusión, los encuentros y los intercambios nos han abierto una discreta puerta a zonas restringidas de la vida diaria. Para diversificar los “accesos” y alcanzar un muestrario heterogéneo de la población, mi vagabundeo urbano por la ciudad de Tarragona me llevó a un locutorio, a un restaurante y a varias administraciones sociales o culturales de los barrios de Torreforta y Campclar. En Cluj, la revista encontró su lugar en un bar, una bocatería, la biblioteca universitaria y dos empresas de taxis. Todos estos lugares servirán para tomar el pulso de la sociedad. Los ejemplares de la revista se van acabando poco a poco. Su presencia sistemática se va haciendo visible en un entorno familiar que se va acostumbrando paulatinamente a su contenido. La revista se publica en una hoja A5 en blanco y negro y se imprime en imprentas cercanas. Está dividida en tres partes: el título, el texto técnico y el artículo. En el texto técnico consta la fecha, el número, el lugar en el que se ha editado, el número de copias y todos los lugares donde se distribuye. En el título sólo aparece la letra correspondiente del nombre completo de la revista. El artículo se enmarca en la parte izquierda de la hoja dentro de un rectángulo y trata un tema exclusivamente. Puede incluir un texto, imágenes, dibujos o gráficos que representan, de forma simbólica y esquemática, diversas preguntas existenciales, que la presencia de la revista en el espacio social permite plantear. La publicación de esta revista se inscribe dentro del proyecto Correspondencias Ciudadanas en Europa coordinado por la asociación l’Âge de la tortue y responde a dos necesidades: realizar Correspondencias con las personas que conocimos en Tarragona y en Cluj, y abordar, a través de diversos medios artísticos, la cuestión de las migraciones en Europa. Cada número de la revista intenta tratar este tema desde un punto de vista metafórico, humorístico, cínico e incluso impresionista y confidencial. Seis de ellas se componen de las correspondencias realizadas con personas que hemos conocido in situ. El número seis está dirigido a un amigo de Packys. Oussmane generó correspondencia con los periódicos “El País” y “Diari de Tarragona” en el número siete. Sanyi envió el número once a su amigo Kex. Guy se puso en contacto con un amigo de Cluj. Adrian trasmitió su trabajo a los colaboradores que tiene en Lyon. Y las correspondencias se multiplican, puesto que cada número se repartió simultáneamente en Cluj y en Tarragona. Por último, el compendio de todas ellas representa mi correspondencia final, que va dirigida a todos los protagonistas de este proyecto participativo.



E

l present recull reuneix tots els números de la revista ECCE HOMO EUROPEANUS publicats a Tarragona i a Cluj entre els mesos de novembre de 2010 i febrer de 2011. Aquesta revista es troba al cor d’un dispositiu artístic de penetració lenta en la vida social. El nombre de lletres que formen el grup de mots ECCE HOMO EUROPEANUS en determina la quantitat de números, això és, divuit. Les oportunitats que genera l’aparició de la revista en els llocs escollits en determinen el ritme d’aparició. Punts estratègics de difusió, de trobada i d’intercanvi, aquests emplaçaments obren una porta discreta d’entrada a zones restringides de la vida quotidiana. Per diversificar els accessos i establir contacte amb un ventall heterogeni de població, el meu deambular urbà a Tarragona em condueixen a un locutori, un restaurant i a algunes administracions socials o culturals dels barris de Torreforta i Campclar. A Cluj, la revista troba el seu espai en un bar, una sandvitxeria, la biblioteca universitària i dues companyies de taxi. Aquests indrets diversos comuniquen amb tot el cos social. Les revistes entren en circulació lentament. La seva presència sistemàtica pren forma en un entorn familiar que s’acostuma progressivament al seu contingut. La revista consisteix en un full en format A5 imprès en blanc i negre per una sola cara en copisteries properes. Es divideix en tres seccions: el títol, el text tècnic i l’article. El text tècnic estableix clarament la data, el número, el lloc principal de creació, el nombre d’exemplars i la relació dels punts de distribució. El títol és cada cop una lletra diferent del nom de la revista. L’article s’emmarca en un rectangle que ocupa tota la part esquerra del paper. Tracta d’un únic tema. Pot incloure text, imatges, dibuixos i gràfics, tot plegat per plantejar, de forma simbòlica i esquemàtica, certes qüestions existencials que la presència de la revista en l’espai social permet plantejar. L’edició d’aquesta revista s’inscriu en el projecte Correspondències Ciutadanes a Europa, coordinat per l’associació l’Âge de la tortue. El projecte respon a dues exigències: realitzar “correspondències” amb les persones que trobem a Tarragona i a Cluj, i abordar, per diversos mitjans artístics, la qüestió de les migracions a Europa. Cada número de la revista mira de tractar aquesta qüestió des d’un punt de vista metafòric, humorístic, cínic o fins i tot confidencial. Sis d’ells són correspondències amb persones conegudes in situ. El número sis s’adreça a un amic de Packys. En el número set, Oussmane escriu als diaris El País i Diari de Tarragona. Sanyi envia el número onze al seu amic Kex. Guy es comunica amb un amic de Cluj. Adrian transmet el seu treball als seus col·laboradores de Lyon. Després les correspondències es multipliquen, perquè els diferents números es distribueixen de manera simultània a Cluj i a Tarragona. Finalment, aquest recull constitueix la meva correspondència final, adreçada al conjunt dels protagonistes mobilitzats per aquest projecte.

A

ceastă antologie reunește toate numerele revistei ECCE HOMO EUROPEANUS publicate în Tarragona şi Cluj între lunile noiembrie 2010 şi februarie 2011. Revista este centrul unui dispozitiv artistic de pătrundere lentă în viaţa socială. Numărul de litere care alcătuiesc grupul de cuvinte ECCE HOMO EUROPEANUS indică numărul ediţiilor, adică optsprezece. Oportunităţile determinate de apariţia revistei în locurile adoptate marchează ritmul publicării. Puncte strategice de difuzare, de întâlnire şi de interacţiune, aceste locuri deschid o intrare discretă în zone restrânse din viaţa cotidiană. Pentru diversificarea formelor de acces şi pentru a ajunge la un sector eterogen al populaţiei, deambulările mele urbane prin Tarragona mă conduc spre un „locutorio”, un restaurant şi câteva administraţii sociale sau culturale din cartierele Torreforta şi Campclar. În Cluj, revista îşi face loc într-un bar, un fast food, în biblioteca universitară şi la două firme de taxi. Aceste locuri diferite supun corpul social la analiză. Revistele se vând încet. Prezenţa lor sistematică începe să se contureze în anturajul familiar, care se obişnuieşte progresiv cu conţinutul lor. Revista are un format A5, este imprimată în alb şi negru, faţă-verso, la tipografii din apropriere. Este alcătuită din trei părţi: titlul, textul tehnic şi articolul. Textul tehnic specifică clar data, numărul, locul principal de înfiinţare, numărul de exemplare şi totalitatea punctelor de difuzare. Titlul prezintă de fiecare dată doar câte o literă din numele revistei. Articolul se încadrează în partea dreaptă a paginii, într-un dreptunghi. Tratează un singur subiect. Poate cuprinde text, imagini, desene şi grafice, pentru a întruni în mod schematic şi simbolic unele chestiuni existenţiale pe care le permite prezenţa revistei în spaţiul social.

Publicarea acestei reviste are loc în proiectul „Corespondenţe Cetăţeneşti în Europa”, iniţiat de asociaţia l’Âge de la tortue și răspunde la două criterii ale proiectului: realizarea de Corespondenţe cu persoanele întâlnite în Tarragona şi Cluj şi abordarea, prin diverse mijloace artistice, a temei migraţiilor în Europa. Fiecare număr al revistei încearcă să abordeze această temă dintr-o perspectivă metaforică, umoristică, cinică, sau chiar de impresie şi confidenţială. Şase din ele redau corespondenţe cu persoane întâlnite la faţa locului. Numărul şase se adresează unui prieten de-a lui Packys. Oussmane corespondează cu ziarele El País şi Diari de Tarragona în numărul şapte. Sanyi trimite numărul unsprezece prietenului său Kex. Guy comunică cu un prieten din Cluj. Adrian le transmite lucrarea sa colaboratorilor săi din Lyon. Mai mult, corespondenţele se multiplică, deoarece fiecare număr trebuie expediat în mod simultan la Cluj şi la Tarragona. Ca încheiere, această antologie constituie corespondenţa mea finală, adresată tuturor protagoniştilor acestui proiect.




Pascal Nicolas-Le Strat


Une exigence de civilité

C

Pascal Nicolas-Le Strat, sociologue et politiste, www.le-commun.fr, Montpellier »

ette exigence s’est posée à nous de façon impérieuse lorsque nous avons rencontré Rita et sa famille, après qu’elles ont été illégalement expulsées, avec d’autres familles roms, de leur logement à Cluj et exilées en périphérie de la ville dans des conditions d’habitat absolument indignes. Mais elle aura toujours été présente, au quotidien, pendant les trois résidences, lors des nombreuses rencontres avec des migrants et des habitants. Aller à la rencontre d’une personne dans son lieu de vie ou d’activité : qu’est-ce qui nous motive pour le faire ? Quel sens prend cette rencontre ? Pour la personne elle-même ? Pour l’artiste et le sociologue ? Qu’est-ce qui se construit à cette occasion ? Si les migrations sont bien au cœur de la construction européenne, les rencontres, elles, ont été au cœur du processus des Correspondances. Artistes et sociologues partagent alors la même préoccupation : la nécessité de trouver une forme appropriée à cette rencontre. Comment éviter que notre intention sociologique ou artistique ne fasse violence à la personne, ne lui fasse violence symboliquement et affectivement en lui laissant espérer une amélioration matérielle de sa condition que nous ne pourrons lui apporter ? Un des grands enseignements des Correspondances citoyennes en Europe aura été pour moi cette attention portée au moment de la rencontre, tant de la part des artistes, des coordonnateurs que des chercheurs. Chacun dans notre domaine d’activité et de compétence avons investi ce beau et ambitieux motif démocratique : comment se comporter de manière civile à l’endroit de personnes avec qui nous engageons un dialogue sur le temps court d’une résidence et dont nous attendons pourtant beaucoup (une participation, une contribution, une implication). Quand je formule cette exigence de civilité, je le fais donc dans une visée explicitement politique et émancipatrice, nullement moralisatrice. Les Correspondances citoyennes en Europe ont imaginé et pratiqué un art de la civilité et chaque Correspondance réalisée par un artiste en restitue un aspect, en illustre une dimension. La construction européenne appelle, elle, une forte et authentique politique de la civilité – une politique qui associe à la fois une attention à l’autre (civilitas) et la nécessité d’un vivre ensemble (civis). Mon intention n’est pas d’instiller un peu de bienveillance dans des réalités sociales qui resteront fondamentalement injustes, ni de cautionner les discours compassionnels qui servent de cache misère à nombre de politiques publiques. La question est autrement plus ambitieuse. Réinscrire la civilité au centre de nos pratiques sociales nous oblige à imaginer et à promouvoir de nouvelles formes de vie et d’échange, plus respectueuses des personnes et moins violentes à leur endroit. Cet enjeu nous est commun ; il constitue notre commun démocratique. Il aura été l’une de nos préoccupations majeures tout au long de l’expérience des Correspondances. Comme le suggère Étienne Balibar, la civilité est certainement la meilleure ressource démocratique dont nous disposons pour contrecarrer la violence qui est faite aux sans-papiers, au migrants, aux pauvres, à la multitude des sans-droit. Elle recouvre une multiplicité de luttes – des luttes au quotidien, souvent discrètes, qui nous impliquent chacun personnellement mais, surtout, chacun dans sa relation à l’autre. Ces luttes de civilité s’engagent lorsqu’un événement particulièrement dramatique survient mais elles persistent et insistent dans la vie de tous les jours puisqu’il s’agit d’obtenir que chaque migrant ou chaque habitant soit reconnu comme membre à part entière de son quartier et de la société. Ces luttes prennent nécessairement la forme d’une lutte de soi contre soi, en raison des préjugés que nous incorporons inévitablement, mais elles ne sauraient se réduire à cette exigence morale qui s’exerce à titre purement personnel. Elles nous impliquent collectivement car l’enjeu est bien d’imaginer, de créer et d’expérimenter des modalités différentes de se rencontrer et de vivre ensemble. De ce point de vue, une expérience artistique comme celle des Correspondances apporte une pierre tout à fait significative à cet édifice démocratique et subversif de la civilité, encore largement en chantier.


Una exigencia de civilidad

E

Pascal Nicolas-Le Strat, sociólogo y politólogo, www.le-commun.fr, Montpellier

sta exigencia se nos planteó imperiosamente al conocer a Rita y a su familia después de que les expulsaran ilegalmente, junto a otras familias de gitanos romaníes, de la casa en la que vivían en Cluj y les trasladasen a las afueras de la ciudad para acabar viviendo en condiciones absolutamente indignas. Pero estuvo presente cotidianamente durante las tres residencias y a lo largo de los numerosos encuentros con inmigrantes y habitantes. ¿Qué nos motiva a acudir al encuentro de otra persona en su hogar o en su lugar de trabajo? ¿Qué sentido tiene este encuentro? ¿Qué sentido tiene para la persona que encontramos? ¿Y para el artista o el sociólogo? ¿Qué se construye en ocasión de este encuentro? Si las migraciones constituyen el corazón de la construcción europea, los encuentros, a su vez, han constituido el corazón del proceso de elaboración de las Correspondencias. Artistas y sociólogos comparten entonces la misma inquietud: la necesidad de hallar una forma apropiada para estos encuentros. ¿Cómo conseguir que nuestra intención sociológica o artística no violente a las personas participantes? Una violencia simbólica y afectiva provocada por la generación de ciertas expectativas de mejora de su situación, que no podemos hacer realidad. A nivel personal, una de las mayores lecciones de estas Correspondencias Ciudadanas en Europa ha sido la atención dedicada al momento del encuentro, tanto por la parte de los artistas, como por parte de los coordinadores y de los investigadores. Cada uno de nosotros, desde nuestras competencias y nuestro ámbito de trabajo, hemos invertido en ese bello y ambicioso alegato democrático: cómo comportarse de forma respetuosa con las personas con las que llevamos a cabo un diálogo que dura el breve tiempo de una residencia y del que, no obstante, esperamos mucho (participación, contribución, implicación). Cuando hablo de esta exigencia de civilidad lo hago desde un punto de vista explícitamente político y emancipador, en ningún caso moralizador. Las Correspondencias Ciudadanas en Europa han formulado y puesto en práctica un arte de la civilidad, y cada Correspondencia realizada por un artista restituye un aspecto, ilustra una dimensión. La construcción europea exige una política de civilidad sólida y auténtica, que vincule a la vez la atención al otro (civilitas) y la necesidad de vivir en juntos (civis). No es mi intención instalar la benevolencia en realidades sociales que continuarán siendo fundamentalmente injustas, ni apoyar discursos compasivos que sólo sirven para disimular la vacuidad de muchas políticas públicas. La cuestión es más ambiciosa. Re-inscribir la civilidad en el seno de nuestras prácticas sociales nos obliga a imaginar y a promover nuevos estilos de vida y de intercambios, más respetuosos con las personas y menos violentos. Este reto nos es común, ya que constituye nuestra común democracia. A lo largo de la experiencia de Correspondencias, fue una de nuestras mayores preocupaciones. Tal y como sugiere Étienne Balibar, la civilidad es sin duda el mejor recurso democrático del que disponemos para contrarrestar la violencia que padecen los sin papeles, los inmigrantes, los pobres y la multitud de personas sin derechos. La civilidad comprende múltiples tipos de luchas: las luchas del día a día, generalmente discretas, nos implican a todos a nivel personal, pero sobre todo a cada uno de nosotros en relación con el otro. Estas luchas de civilidad se emprenden cada vez que acontece un suceso particularmente dramático, pero mantienen su presencia e insistencia en la vida diaria ya que de lo que se trata es de conseguir que cada migrante o cada habitante sea reconocido como miembro de pleno derecho de su barrio y de la sociedad. Estas luchas toman necesariamente la forma de batalla de uno contra uno mismo, debido a los prejuicios que inevitablemente constituyen nuestro bagaje, pero no pueden reducirse a esta exigencia moral, que se ejerce a título puramente personal. Nos implican a todos colectivamente porque el reto es imaginar, crear y experimentar formas diferentes de encontrarse y de vivir juntos. Desde este punto de vista, una experiencia artística como la de Correspondencias aporta un ladrillo significativo a este edificio democrático y subversivo que es la civilidad, todavía en construcción.


Una exigència de civilitat

A

Pascal Nicolas-Le Strat, sociòleg i politòleg, www.le-commun.fr, Montpellier

questa exigència se’ns va imposar de manera imperiosa quan vam trobar la Rita i la seva família després que fossin il·legalment expulsades del seu allotjament a Cluj, juntament amb d’altres famílies gitanes, i exiliades a la perifèria de la ciutat en condicions de vida totalment indignes. Però haurà estat present en tot moment, dia a dia, durant les tres residències, en el curs de les nombroses trobades amb emigrants i amb habitants. Anar a trobar una persona en el seu espai de vida o d’activitat: què és el que ens mou a fer-ho? Quin sentit té aquesta trobada? Per a la pròpia persona? Per a l’artista i el sociòleg? Què és el que es construeix en una ocasió com aquesta? Si les migracions es troben al cor de la construcció europea, les trobades han estat al cor del procés de les Correspondències. Artistes i sociòlegs comparteixen doncs la mateixa preocupació: la necessitat de donar una forma adequada a aquesta trobada. Com evitar que la nostra intenció sociològica o artística no resulti violenta per a cap dels participants, no els violenti a nivell simbòlic i afectiu en donar-los esperances d’una millora material de les seves condicions de vida que no els podem proporcionar? Per mi, una de les grans lliçons d’aquestes Correspondències ciutadanes a Europa haurà estat l’atenció dedicada al moment de la trobada, tant per part dels artistes com per part dels coordinadors i els investigadors. Cadascun de nosaltres, dins el nostre domini d’activitat i de competència, hem treballat en aquest ambiciós projecte democràtic: com comportar-nos de manera respectuosa davant de persones amb les que establim un diàleg durant el breu espai de temps d’una residència però de les que esperem moltes coses (una participació, una contribució, una implicació). Quan formulo aquesta exigència de civilitat ho faig en un sentit explícitament polític i emancipador, en absolut moralitzant. Les Correspondències ciutadanes a Europa han imaginat i practicat un art de la civilitat i cada Correspondència realitzada per un dels artistes en restitueix un aspecte, n’il·lustra una dimensió. La construcció europea apel·la a una política de la civilitat poderosa i autèntica, una política que lliga l’atenció a l’altre (civilitas) amb la necessitat de viure junts (civis). La meva intenció no és introduir una mica de bona voluntat en realitats socials que seguiran sent fonamentalment injustes, ni subscriure els discursos compassius que serveixen per amagar les misèries d’un bon nombre de polítiques públiques. Es tracta de quelcom més ambiciós. Inscriure de nou la civilitat al centre de les nostres pràctiques socials ens obliga a imaginar i a promoure noves formes de vida i d’intercanvi, més respectuoses i menys violentes amb les persones. El repte és comú a tots; constitueix el nostre element democràtic comú. Haurà estat una de les nostres principals preocupacions al llarg de tota l’experiència de les Correspondències. Com suggereix Étienne Balibar, la civilitat és certament el millor recurs democràtic que tenim al nostre abast per compensar la violència que s’exerceix sobre els “sense papers”, sobre els emigrants, sobre els pobres, sobre la multitud dels que no tenen drets. La civilitat cobreix múltiples lluites: lluites quotidianes, sovint discretes, que ens impliquen personalment a cadascun de nosaltres però sobretot en la nostra relació amb l’altre. Les lluites de civilitat s’emprenen en ocasió d’un fet particularment dramàtic, però persisteixen i insisteixen en la vida diària, doncs es tracta d’aconseguir que cada emigrant i cada habitant sigui reconegut com a membre de ple dret dins del seu barri i de la societat. Aquestes lluites prenen necessàriament la forma d’una lluita contra un mateix, a causa dels prejudicis que portem inevitablement inscrits en nosaltres, però no poden reduir-se a aquesta exigència moral a nivell purament personal. També ens impliquen col·lectivament, donat que el repte és imaginar, crear i experimentar modalitats diferents de trobada i de fer vida en comú. Des d’aquest punt de vista, una experiència artística com la de les Correspondències aporta un maó força significatiu a aquest edifici democràtic i subversiu que és la civilitat, en bona mesura encara per construir.


O cerinţă de civilitate

A

Pascal Nicolas-Le Strat, sociolog și politolog, www.le-commun.fr, Montpellier

m început să considerăm această cerinţă imperativă când am întâlnit-o pe Rita şi pe familia sa, după ce fuseseră expulzaţi ilegal din casa lor din Cluj, împreună cu alte familii de romi şi exilaţi la periferia oraşului, în condiţii de trai absolut inumane. Dar această cerinţă urma să fie prezentă zi de zi pe durata celor trei şederi, în timpul numeroaselor întâlniri cu migranţi şi locuitori. Să întâlnim o persoană în mijlocul său de viaţă sau de activitate: ce motive avem să o facem? Ce sens are această întâlnire pentru persoana în cauză? Dar pentru artist şi sociolog? Ce se creează în timpul întâlnirii? Dacă migraţiile sunt centrul construirii europene, întâlnirile sunt centrul procesului de Corespondenţe. Aşadar, artiştii şi sociologii împărtăşesc aceeaşi preocupare: imperativul de a găsi forma adecvată pentru această întâlnire. Cum putem evita ca intenţia noastră sociologică sau artistică să bruscheze persoana în cauză, în sens simbolic şi afectiv, făcând-o să spere într-o ameliorare materială a condiţiei sale, ameliorare pe care noi nu i-o putem oferi? Din punctul meu de vedere, una din lecţiile importante ale proiectului Corespondenţe Cetăţeneşti în Europa ar fi fost o mai mare grijă în acest sens în momentul întâlnirii, atât din partea artiştilor şi a coordonatorilor, cât şi din partea cercetătorilor. Fiecare în domeniul său de activitate şi competenţă a investit această frumoasă şi ambiţioasă motivaţie democratică: cum să ne comportăm civic cu persoanele cu care iniţiem un dialog pe scurta durată a şederii noastre, de la care aşteptăm multe în schimb (participare, contribuţie, implicare). Aşadar, când formulez această cerinţă de civilitate o fac într-un scop evident politic şi de emancipare, nici într-un caz moralizator. Corespondenţe Cetăţeneşti în Europa au imaginat şi au pus în practică o artă a civilităţii şi fiecare Corespondenţă realizată de către un artist restituie un aspect şi ilustrează o dimensiune a acesteia. Construirea europeană cere o politică solidă şi autentică de civilitate, care să îmbine în acelaşi timp atenţia pentru celălalt (civilitas) şi necesitatea unei convieţuiri (civis). Nu intenţionez să introduc un strop de bunăvoinţă în realităţi sociale care vor rămâne nedrepte în cea mai mare parte, nici să sprijin discursurile compătimitoare care au un rol ornamental pentru numeroase politici publice. Scopul este unul mai ambiţios. Reînscrierea civilităţii în practicile noastre sociale ne obligă să imaginăm şi să promovăm noi forme de viaţă şi de interacţiune, mai respectuoase faţă de persoanele în cauză şi mai puţin bruşte. Acesta este un obiectiv comun şi constituie caracterul nostru democratic. Va fi una din preocupările noastre fundamentale de-a lungul experienţei de Corespondenţă. Precum sugerează Étienne Balibar, civilitatea este fără îndoială resursa democratică cea mai de preţ de care dispunem pentru a contracara violenţa împotriva persoanelor fără documente de identitate, a migranţilor, a săracilor şi a numeroaselor persoane fără drepturi. Civilitatea cuprinde o mulţime de lupte: lupte cotidiene, deseori discrete, care ne implică pe fiecare în mod personal, dar mai ales în relaţia cu celălalt. Aceste lupte de civilitate intervin în special când se întâmplă ceva dramatic, dar ele persistă şi insistă în viaţa de zi cu zi, deoarece scopul este ca fiecare migrant şi fiecare locuitor să fie recunoscut ca membru pe deplin al cartierului său şi al societăţii. Aceste lupte iau neapărat forma unei lupte cu sine însuşi, datorită prejudecăţilor pe care le incorporăm inevitabil, dar în nici un caz nu se limitează la această cerinţă morală, care apare doar în sfera personală. Ne implică în mod colectiv, deoarece scopul este să imaginăm, să creăm şi să experimentăm modalităţi diferite de cunoaştere şi convieţuire. Din acest punct de vedere, o experienţă artistică precum cea a Corespondenţelor pune o piatră cu adevărat semnificativă la temelia acestei clădiri democratice şi subversive a civilităţii, care este încă în construcţie în mare parte.


Paloma Fernaフ]dez Sobrino


Dicen de mí que yo no soy extranjera. Dicen de mí que yo no soy extranjera, Que soy de agua y de frío, de bosque y de río. Dicen que yo no corro en los interminables pasillos, Que yo como, bebo, gozo, canto y que yo me río. Dicen de mí que digo y dicen, Que yo no tengo nada que decir. Que no dicen. Sin drama no puedo ser extranjera, Seré sólo viajera. Olfato de de rutas lejanas, de pasos de brisa helada, Con pasaporte de huella humana, de saliva de hombre de entonces Y de siempre. De ir y venir muchas veces, cuando yo quiera. Cuando a mí me dé la gana. De mil anocheceres sin ellos, buscando… ¿A caso ellos los vieron? Dicen de mí que no estoy lejos, que todo es tan aproximado como el beso. Que no muero. Que soy capitán de vientos dominantes, Timón que yo acaricio, sedienta de estrella. En un mar amigo que me mece, susurrándome una lengua vecina.


On dit de moi que je ne suis pas étrangère. On dit de moi que je ne suis pas étrangère. Que je suis d’eau et de froid, de forêt et de rivière, On dit de moi que je ne cours pas au milieu des couloirs sans fin, Que je mange, que je bois, que je jouis, que je chante et que je ris. On dit de moi que je dis et qu’ils disent, Que je n’ai rien à dire. Qu’ils n’ont rien dit. Sans drame je ne peux être étrangère, Je ne serai qu’une passagère. Odeur de routes… loin, pieds de brise gelée, Odeur de routes lointaines, de pas de brise gelée, De passeport d’empreinte humaine, de salive d’homme de jadis. Et de toujours. D’infinis va-et-vient, quand je le veux. Quand je le décide. De mille crépuscules sans eux, en cherchant… Est-ce qu’ils les ont vus ? On dit de moi que je ne suis pas loin, que tout est proche comme le baiser. Que je ne meure pas. On dit de moi que je suis capitaine de vents dominants, Gouvernail que je caresse, assoiffée d’étoiles. Dans les bras d’une mer alliée, me chuchotant une langue voisine.

Diuen de mi que jo no sóc estrangera. Diuen de mi que jo no sóc estrangera, que sóc d’aigua i de fred, de bosc i de riu. Diuen que jo no corro pels interminables passadissos, que jo menjo, bec, gaudeixo, canto i que jo ric. Diuen de mi que dic, i diuen que jo no tinc res a dir. Que no diuen. Sense drama no puc ser estrangera, seré només viatgera. Olfacte de rutes llunyanes, de passos de brisa gelada, amb passaport d’empremta humana, de saliva d’home de llavors i de sempre. D’anar i venir moltes vegades, quan jo vulgui. Quan em doni la gana. De mil capvespres sense ells, buscant... És que ells els van veure? Diuen de mi que no sóc lluny, que tot és tan aproximat com el petó. Que no moro. Que sóc capità de vents dominants, timó que acarono, assedegada d’estrella. En un mar amic que em gronxa, xiuxiuejant-me una llengua veïna. Ei zic despre mine că eu nu sunt străină. Ei zic despre mine că eu nu sunt străină. Că sunt din apă și din frig, din pădure și din râuri. Ei zic că eu nu fug de-a lungul culoarelor fără sfârșit, Că eu mănânc, beau, mă bucur, cânt și râd. Ei spun depre mine că eu zic și ei zic, Că nu am nimic a zice. Că ei nu zic. Fără dramă nu pot fi străină, Aș fi doar o călătoare. Mirosul drumurilor îndepărtate, pașilor de briză gelifiată. Cu pașaport de amprentă umană, de saliva oamenilor de odată. Și dintotdeauna. De nesfârșite du-te-vino, când vreau eu. Când eu am chef. De mii de crepusculuri în absența lor, căutând... Oare ei i-au văzut? Ei zic că eu nu sunt departe, că totul e apropiat ca și sărutul. Că eu nu mor. Că sunt căpitanul vânturilor dominante, Cârmă ce mângâi, însetată de stele. În marea amantă ce mă leagănă, șoptindu-mi o limbă vecină.


M

on Passeport idéal contient des histoires de vie de personnes qui habitent sur les trois territoires de notre projet : Rennes, Tarragone et Cluj. Ce passeport est idéal car il n’a pas de valeur légale, seulement humaine. Une valeur aussi oubliée qu’urgente. Pour imaginer cette édition, je suis partie des trois passeports existant en Espagne, en France et en Roumanie, en tentant de rester fidèle au modèle légal quant au format, mais en aucun cas quant au contenu. Ce passeport est une double « Correspondance ».


Tout d’abord, j’ai voulu « correspondre » avec le sociologue Pascal Nicolas-Le Strat et avec l’artiste plasticien Romain Louvel, compagnons de cette aventure, pour expérimenter un projet commun, qui mêle nos différentes sensibilités et compétences. Pendant la première résidence à Rennes, nous avons pris conscience de la difficulté et de la chance de travailler tous ensemble : artistes, sociologues et habitants, Espagnols, Français et Roumains… Comment nous comprendre et construire ensemble sans une langue, sans un langage commun ? La solution m’a semblé évidente : en inventant. C’est ainsi que surgirent des mots insolites, qui ne figureront jamais dans les dictionnaires d’aucune des trois langues, et des moments insolites entre nous, à nous découvrir grâce

à l’expérimentation de nouvelles formes, sans garantie de succès. Voilà comment cela s’est passé : je voulais faire un passeport plein de vie, qui imite dans la mesure du possible ce type de document pervers. J’ai cherché des gens souhaitant participer, j’ai parlé avec eux. Je leur ai parlé de l’importance de leurs mots. Je les ai écoutés. Ils m’ont écoutée. Pascal a rapidement accepté ma proposition et m’a accompagnée dans ma recherche. Nous avons partagé les rencontres et rédigé ces moments de vie et les mots que les gens voulaient bien nous offrir. Enfin, Romain, tel un faussaire clandestin, a permis que le document final ressemble à un vrai passeport. En second lieu, le Passeport idéal est une « Correspondance »

qui réunit les voix de Hassan, Rocío, Julio, Yester, Mari, Aymen, Nicolas, Rita et la mienne. En respectant les particularités de chacun pour pouvoir construire un « langage commun », « le langage de qui ose parler et surtout, écouter ». Le Passeport idéal s’adresse aux autorités et aux « êtres endormis ». Il sera envoyé par la Poste à la Police, aux services « passeport » et « carte d’identité », aux hommes politiques et responsables des trois villes ainsi qu’à d’autres personnes et établissements forts d’un pouvoir de décision. D’avance, je ne m’attends à aucune réponse.


M

i Pasaporte ideal contiene historias de vida de personas que habitan en los tres territorios donde transcurre nuestro proyecto: Rennes, Tarragona y Cluj. Este pasaporte es ideal porque no tiene ningún valor legal, únicamente humano. Valor tan olvidado como urgente. Para imaginar esta edición, me he basado en los tres pasaportes que existen en España, Francia y Rumanía, intentando ser fiel al modelo legal en su forma pero de ningún modo en su contenido. Este pasaporte es una doble “Correspondencia”. En primer lugar quise “corresponder” con el sociólogo Pascal Nicolas-Le Strat y con el artista plástico Romain Louvel, compañeros de esta aventura, para experimentar un proyecto común, que combinara nuestras diferentes sensibilidades y competencias. Durante la primera residencia en Rennes, nos dimos cuenta de la dificultad y la suerte de trabajar todos

juntos: artistas, sociólogos y habitantes, españoles, franceses y rumanos… ¿Cómo comprendernos y construir juntos sin una lengua, sin un lenguaje en común? La solución me parece obvia: inventando. Y así surgieron palabras insólitas, que nunca aparecerán en los diccionarios de ninguna de las tres lenguas y momentos insólitos entre nosotros, descubriéndonos en la experimentación de nuevas formas, sin garantía de éxito. Y así ocurrió: yo quería hacer un pasaporte pero lleno de vida, que imitara en lo posible ese tipo de documento perverso. Busqué a la gente que quisiera participar, hablé con ellos. Les hablé de la importancia de su palabra. Les escuché. Me escucharon. Pascal rápidamente aceptó mi propuesta y me acompañó en mi búsqueda. Compartimos los encuentros y redactó esos momentos de vida y las palabras que la gente quiso regalarnos. Y por último Romain, cuan falsificador clandestino, hizo posible que

el documento final se pareciese a un verdadero pasaporte. Y en segundo lugar, el Pasaporte ideal es una “Correspondencia” que reúne las voces de Hassan, Rocío, Julio, Yester, Mari, Aymen, Nicolas, Rita y la mía. Respetando las particularidades de cada uno para poder construir un “lenguaje común”, “el lenguaje del que osa hablar y, sobre todo, escuchar”. El Pasaporte ideal está dirigido a las Autoridades y a los “seres durmientes”. Y será enviado por correo postal a la Policía, a las oficinas de expedición de pasaportes y carnés de identidad,a políticos y responsables de las tres ciudades y otras personas y establecimientos con poder de decisión. Incrédula de antemano de toda respuesta.


E

l meu Passaport ideal conté històries de persones que viuen als tres territoris on es duu a terme el nostre projecte: Rennes, Tarragona y Cluj. Aquest passaport és ideal perquè no té cap valor legal, només humà. Un valor tan oblidat com urgent. Per a imaginar aquesta edició m’he basat en els tres passaports que existeixen a Espanya, França i Romania, tot i provant de mantenirme fidel al model legal en la seva forma, però de cap manera en el seu contingut. Aquest passaport és una doble Correspondència. En primer lloc vaig voler “correspondre” amb el sociòleg Pascal NicolasLe Strat i amb l’artista plàstic Romain Louvel, companys meus en aquesta aventura, per experimentar amb un projecte comú que combinés les nostres diverses sensibilitats i competències. Durant la primera residència a PAŞAPORT PASAPORTE Rennes, ens vam adonar de la dificultat i la sort que PASSEPORT teníem de treballar tots junts: artistes, sociòlegs i habitants, espanyols, francesos i romanesos... Com comprendre’ns i construir junts sense una llengua, sense un llenguatge comú? La solució em sembla òbvia: inventant. I així van sorgir paraules insòlites, que mai apareixeran en els diccionaris de cap de les tres llengües i moments insòlits entre nosaltres, tot descobrint-nos en l’experimentació de noves formes, sense garantia d’èxit. I així va succeir: jo volia fer un passaport però ple de vida, que imités fins on fos possible aquesta mena de document pervers. Vaig buscar gent que volgués participar, vaig parlar amb ells. Els vaig parlar de la importància de la seva paraula. Els vaig escoltar. Em van escoltar. Pascal ràpidament va acceptar la meva proposta i em va acompanyar en la meva recerca. Vam compartir les trobades i va redactar aquests moments de vida i les paraules que la gent ens va voler regalar. Finalment Romain, a l’estil d’un falsificador clandestí, va fer possible que el document final s’assemblés a un veritable passaport. En segon lloc, el Passaport ideal és una “Correspondència” que reuneix les veus de Hassan, Rocío, Julio, Yester, Mari, Aymen, Nicolas, Rita i la meva. Tot i respectant les particularitats de cadascú a l’hora de construir un “llenguatge comú”, “el llenguatge de qui s’atreveix a parlar i sobretot a escoltar”. El Passaport ideal està adreçat a les Autoritats i als “éssers dorments”. I serà enviat per correu postal a la Policia, a les oficines d’expedició de passaports i carnets d’identitat, a polítics i responsables de les tres ciutats i altres persones i establiments amb poder de decisió. Incrèdula anticipadament de tota resposta.

CCEU


P

aşaportul meu ideal conţine istorii personale ale locuitorilor din cele trei orașe unde se desfăşoară proiectul nostru: Rennes, Tarragona şi Cluj. Acest paşaport este ideal deoarece nu are niciun fel de valoare legală, doar umană. O valoare atât uitată, cât şi urgentă. În procesul de creație a aceastui carnet, m-am bazat pe cele trei paşapoarte care există în Spania, Franţa şi România, încercând să rămân fidelă formei modelului legal, dar în nici un caz conţinutului. Acest paşaport este o „Corespondenţă” dublă. În primul rând, am dorit să „corespondez” cu sociologul Pascal Nicolas-Le Strat şi cu artistul plastic Romain Louvel, colegi în această aventură, pentru a experimenta un proiect comun care să îmbine sensibilităţile şi competenţele noastre diferite.

Pe durata primei rezidenţe în Rennes, ne-am dat seama de dificultatea şi de norocul de a lucra toţi împreună: artişti, sociologi şi locuitori, spanioli, francezi şi români... Cum să ne înţelegem şi să construim împreună fără o limbă, fără un limbaj comun? Soluţia a părut evidentă: inventând. Şi aşa au apărut cuvinte insolite, care nu vor figura niciodată în dicţionarele celor trei limbi, şi momente insolite între noi, descoperindu-ne de-a lungul experimentării cu noi forme, fără vreo garanţie de succes. Şi aşa s-a întâmplat: eu vroiam să fac un paşaport plin de viaţă, care să imite pe cât posibil acest gen de document nefast. Am căutat persoane dornice să contribuie şi am vorbit cu ele. Le-am vorbit despre importanţa opiniei lor. Le-am ascultat. M-au ascultat. Pascal mi-a acceptat imediat propunerea şi m-a însoţit în căutarea mea. Am fost împreună șa întâlniri. Și apoi el a redactat istoriile de viaţă şi cuvintele pe care cei pe care i-am întâlnit ni le-au oferit. În cele din urmă, Romain, ca un falsificator clandestin, a făcut ca documentul final să semene cu un paşaport adevărat.


În al doilea rând, Paşaportul ideal este o „Corespondenţă” care aduce laolaltă mărturiile lui Hassan, Rocío, Julio, Yester, Mari, Aymen, Nicolas, Rita şi mărturia mea. În acelaşi timp, respectă specificul fiecăruia, pentru a construi un „limbaj comun”, „limbajul celui care îndrăzneşte să vorbească şi, mai ales, să asculte”. Paşaportul ideal este adresat autorităţilor şi „fiinţelor adormite” şi va fi trimis prin poştă Poliţiei, serviciului de eliberare de „Paşapoarte” şi „Cărți de identitate”, politicienilor şi guvernanților celor trei oraşe şi altor persoane şi instituţii cu putere de decizie. Sunt dinainte neîncrezătoare că vom primi vreun răspuns.


Anne Morillon


Correspondances citoyennes en Europe ou comment les artistes contribuent au dépassement des frontières entre « Eux » et « Nous »

L

Anne Morillon, sociologue, Topik – Collectif de recherche et d’intervention en sciences humaines et sociales, Rennes

e présent texte est, d’une part, une réflexion sur les enjeux sociologiques et politiques au cœur, selon moi, de l’initiative Correspondances citoyennes en Europe et, d’autre part, un regard sociologique impliqué sur les œuvres réalisées pendant le projet. Je n’ai pas été à proprement parler « en résidence », mais j’ai été présente pendant toute la durée de la résidence rennaise, par intermittence : je suis venue quasiment tous les jours partager un repas, échanger avec les uns ou les autres sur leur travail en cours, réfléchir avec un artiste, discuter avec Nicolas, Fanny et Medhi, concepteurs et/ou animateurs du projet, organiser des « entretiens collectifs », etc.

Ethnicité et frontière(s) entre « Eux » et « Nous » Je propose une lecture du projet Correspondances Citoyennes en Europe à partir de la notion de frontière et de son corollaire, l’ethnicité. Dans la sociologie des relations inter-ethniques, ethnicité et frontières ethniques sont indissociables. L’ethnicité est une catégorisation identitaire fondée sur la croyance partagée par des individus en une origine commune, produite ou activée dans certaines circonstances, qui les rend différents des autres. Cette croyance érige une frontière entre « Eux » et « Nous ». Les groupes ethniques sont donc des catégories construites à partir des relations dites « inter-ethniques » et non des populations aux contours objectifs. De plus, l’ethnicité et les frontières ethniques ne peuvent se comprendre qu’à travers les rapports sociaux dans lesquels elle est prise, à savoir des rapports inégalitaires, de domination. L’exemple des populations immigrées en France est particulièrement éclairant. Je me bornerai ici à la situation des populations anciennement colonisées. La catégorie « Eux » renvoie ici aux migrants, aux étrangers (ou perçus comme tels), aux minoritaires ou aux dominés, et la catégorie « Nous » sont les non-migrants, les Français (ou perçus comme tels), les majoritaires, les dominants. Les étrangers ou migrants sont habituellement enfermés dans une généralité qui nie leur singularité : un « étranger » aux yeux du majoritaire représente à lui seul son groupe (le « Maghrébin », le « Noir », le « Musulman », etc.) et l’individualité, cette façon sensible d’être au monde, ne serait ainsi que l’apanage du majoritaire. A partir de cette perspective théorique, j’ai construit ma contribution au projet. La réflexion sur la frontière et les conditions de son franchissement me semblait pouvoir trouver un écho chez les animateurs et acteurs du projet. Je l’ai exprimée de la manière suivante : comment dépasser l’enfermement habituel des « étrangers » dans une généralité (un collectif, un groupe, une « communauté ») qui nie leur singularité ? Au-delà de cette singularité – qui serait alors commune à « Eux » et à « Nous » –, quelles sont les conditions propices à l’émergence d’une « communauté de destin » à l’échelle du quartier qui dépasse précisément ce clivage ? Autrement dit, dans quelle mesure le travail artistique explorant l’altérité contribue au dépassement de la frontière habituelle entre « Eux » et « Nous » ?

Vers un dépassement des frontières ? Dans le Passeport idéal que Paloma a réalisé avec Romain et Pascal à Rennes, Tarragona et Cluj, elle utilise un style assez laconique pour évoquer des récits que l’on devine complexes, sensibles, voire dramatiques. Le passeport est l’expression par excellence de l’existence des frontières nationales, permettant éventuellement de les franchir. La généralisation du passeport comme document de voyage, mais aussi l’existence d’un régime inégalitaire dans l’usage effectif de celui-ci placent l’œuvre de Paloma au cœur des enjeux du phénomène migratoire. Le détournement de cet instrument de contrôle administratif que constitue le passeport, dérisoire par rapport à la richesse des vies ainsi prosaïquement restituées, contribue à le discréditer et, me semble-t-il, va dans le sens de l’atténuation, voire de la disparition des frontières. La revue ECCE HOMO EUROPEANUS de Romain, réalisée pendant les résidences à Tarragona et à Cluj, évoque la question des migrations en et vers l’Europe « sous des angles métaphorique, humoristique, cynique ou encore impressif et confidentiel ». Chaque numéro propose une lecture critique du sort des migrants ou des minoritaires en Europe : accueil mitigé, inexistant ou déplorable ; omniprésence de la frontière et de ses déclinaisons (cartes, méandres administratifs, mer meurtrière, droit d’asile non respecté, etc.) ; relégation, ségrégation et discrimination. Pétrie de valeurs démocratique, libérale et égalitariste, l’Europe se targue d’être l’incarnation plurielle de l’Etat de


Droit, pourtant, selon Romain, elle se montre incapable d’accueillir dignement les nouveaux venus et de traiter à égalité les immigrants et autres minoritaires. Les villes imaginaires de Xavier, conçues à Rennes et TarragonaCluj, sont des métaphores poétiques de l’Europe d’aujourd’hui et de demain : Villes solitude, funambule, agglomérée, fragmentée et Ville neige. Dans leur forme, certaines de ces Villes apparaissent particulièrement fragiles, tenant debout par un heureux hasard, mais menacées de s’écrouler à tout moment. Comment tout cela tient et perdure ? C’est ainsi que je perçois le questionnement de Xavier qui renvoie, me semble-t-il, aux conditions du « vivre ensemble » par delà les différences dans l’Europe d’aujourd’hui. Dans ses portraits vidéo, Nani questionne, à partir de récits singuliers, la transmission entre générations des histoires et des valeurs familiales dans la migration. Je vais m’attarder sur le portrait de Lidia, femme d’une cinquantaine d’années, née en République Dominicaine et mariée à un Breton. Les propos de Lidia sur son parcours, ses conditions de vie et de travail en France, ses aspirations, sont ponctués par des images du quartier du Blosne. Nani prend soin de situer l’histoire singulière de Lidia dans ce cadre qui constitue son univers quotidien et commun aux autres habitants. Le quartier du Blosne semble constituer pour Nani le lieu possible du commun, du semblable par delà les origines réelles ou supposées des habitants. L’idée de frontière est omniprésente dès lors que sont évoqués le parcours migratoire, les difficultés pour trouver du travail, pour apprendre le français, etc., mais d’emblée Nani pose les conditions de son franchissement par la valorisation de l’espace intégré du quartier. Enfin, pour Andrei également, le quartier est un espace important. Il pose un regard photographique sur trois groupes : Tchétchènes du quartier du Blosne à Rennes, Bulgares et Honduriens des quartiers de la Zona Ponent à Tarragona. Andrei saisit des instants de leur vie quotidienne, intra et inter-ethnique, leur condition d’existence et de travail. L’ancrage dans le quartier et la mise en situation des protagonistes restituent la pluralité des identités : transmettant la langue maternelle à certains moments, fréquentant le bistrot à d’autres, leur identité n’est pas résumée à celle de « Tchétchène », de « Bulgare » ou de « Hondurien ». Le chemin artistique emprunté par les uns et les autres ouvre des pistes intéressantes pour explorer les expressions de la frontière et son dépassement. La frontière y est en quelque sorte malmenée, détournée, voire ridiculisée et les représentations des « Eux », ici les migrants et les minorités internes, sont questionnées, remises en cause, voire dénoncées. Le regard artistique est ici un rempart contre toute essentialisation des groupes et des identités.


Correspondencias ciudadanas en Europa, o cómo contribuyen los artistas a superar las fronteras entre “Ellos” y “Nosotros”

E

Anne Morillon, socióloga, Topik – Colectivo de investigación e intervención en ciencias humanas y sociales, Rennes

ste texto es por un lado una reflexión sobre las encrucijadas sociológicas y políticas que, en mi opinión, se encuentran en el corazón de la iniciativa Correspondencias ciudadanas en Europa y también una mirada sociológica implicada sobre las obras realizadas en este proyecto. No he estado propiamente “en residencia”, pero sí he estado presente de forma intermitente durante toda la duración de la residencia en Rennes: casi todos los días he ido a compartir una comida, a hablar con unos u otros acerca de sus trabajos en curso, a reflexionar con un artista, a charlar con Nicolas, Fanny y Medhi, orientadores y/o animadores del proyecto, a organizar “debates colectivos”, etc.

Etnicidad y frontera(s) entre “Ellos” y “Nosotros” Propongo una lectura del proyecto Correspondencias Ciudadanas en Europa a partir de la noción de frontera y su corolario, la etnicidad. Para la sociología de las relaciones interétnicas, la etnicidad y las fronteras étnicas son dos conceptos indisociables. La etnicidad es una categorización identitaria fundada en la creencia compartida por los individuos de la existencia de un origen común, producido o activado por ciertas circunstancias, que los vuelve diferentes de los demás. Esta creencia erige una frontera entre “Ellos” y “Nosotros”. Los grupos étnicos son pues categorías construidas a partir de relaciones llamadas “interétnicas”, no poblaciones de contornos objetivos. Por otro lado, la etnicidad y las fronteras étnicas no pueden entenderse si no es a través de las relaciones sociales en las que se traducen, a saber, en relaciones desiguales, de dominación. El caso de las poblaciones inmigrantes en Francia resulta particularmente ilustrativo. Aquí me limitaré a la situación de las poblaciones de las antiguas colonias. La categoría “Ellos” remite en este caso a los emigrantes, a los extranjeros (o a los que son percibidos como tales), a los miembros de las minorías o a los dominados, y la categoría “Nosotros” a los no-emigrantes, a los franceses (o a los que son percibidos como tales), a los miembros de la mayoría, a los dominantes. Los extranjeros o los emigrantes son habitualmente encerrados en una generalización que les deniega toda singularidad: a ojos de la mayoría, un “extranjero” representa por sí solo a su grupo (el “magrebí”, el “negro”, el “musulmán”, etc.), mientras que la individualidad, esa manera sensible de tener un lugar en el mundo, sería el privilegio de los miembros de esa mayoría. He desarrollado mi contribución al proyecto desde esta perspectiva teórica. Me parecía que la reflexión sobre la frontera y las condiciones de su franqueo podían encontrar un eco entre los dinamizadores y los actores del proyecto. Mi manera de expresarlo ha sido la siguiente: ¿cómo superar el encierro habitual de los “extranjeros” en una generalidad (un colectivo, un grupo, una “comunidad”) que niega su singularidad? Más allá de esta singularidad –común por lo tanto a “Ellos” y a “Nosotros”–, ¿cuáles son las condiciones propicias para la emergencia de una “comunidad de destino” a escala del barrio y que supere precisamente esta fractura? En otras palabras, ¿en qué medida el trabajo artístico que explora la alteridad contribuye a la superación de la frontera habitual entre “Ellos” y “Nosotros”?

¿Hacia una auténtica superación de las fronteras? En el Pasaporte ideal que Paloma realizó en colaboración con Romain y Pascal en Rennes, Tarragona y Cluj, emplea un estilo bastante lacónico para evocar unos relatos que se adivinan complejos, sensibles, incluso dramáticos. El pasaporte es la expresión por excelencia de la existencia de fronteras nacionales, el cual permite eventualmente franquearlas. La generalización del pasaporte como documento de viaje, pero también la existencia de un régimen desigual en el uso efectivo del mismo, sitúan la obra de Paloma en el centro mismo del fenómeno migratorio. La tergiversación de este instrumento de control administrativo que es el pasaporte, ridículo en comparación con la riqueza de las vidas que tan prosaicamente restituye, no hace más que contribuir a su desacreditación y en mi opinión apunta hacia una atenuación o incluso una desaparición de las fronteras. La revista ECCE HOMO EUROPEANUS de Romain, elaborada durante las residencias en Tarragona y Cluj, evoca la cuestión de las migraciones en y hacia Europa “desde los puntos de vista metafórico, humorístico, cínico e incluso sensacional y confidencial”. Cada número propone una lectura crítica de la suerte de los emigrantes o de


las minorías en Europa: acogida limitada, inexistente o deplorable; omnipresencia de la frontera y de sus derivadas (papeles, meandros administrativos, mar asesino, derecho de asilo no respetado, etc.); relegación, segregación y discriminación. Cargada de valores democráticos, liberales e igualitaristas, Europa se vanagloria de ser la encarnación plural del Estado de derecho; muy al contrario, según Romain, es incapaz de acoger dignamente a los recién llegados y de tratar de forma igualitaria a los inmigrantes y a otras minorías. Las ciudades imaginarias de Xavier, concebidas en Rennes y en Cluj, son metáforas poéticas de la Europa de hoy y de mañana: Ciudades soledad, funámbula, amontonada, fragmentada y Ciudad nieve. De acuerdo con su forma, algunas de estas Ciudades resultan especialmente frágiles y sólo parecen tenerse en pie por un afortunado azar, a pesar de lo cual amenazan en todo momento con desmoronarse. ¿Cómo es posible que todo esto se sostenga y perdure? Esa es la cuestión que plantea Xavier, más atenta en mi opinión a las condiciones de la “vida en común” que a las diferencias existentes en la Europa actual. En sus retratos en vídeo, Nani cuestiona sobre la base de relatos singulares la transmisión de las historias y los valores familiares de generación en generación tras la emigración. Me detendré en el retrato de Lidia, una mujer de cincuenta años, nacida en la República Dominicana y casada con un bretón. Las explicaciones de Lidia sobre su recorrido, sus condiciones de vida y de trabajo en Francia, sus aspiraciones, aparecen apuntaladas por imágenes del barrio del Blosne. Nani se esfuerza en situar la historia singular de Lidia dentro del marco de su universo cotidiano y común con los demás habitantes. El barrio del Blosne parece constituir para Nani el lugar posible de lo común, de lo parecido, más allá de los orígenes reales o supuestos de sus habitantes. La idea de frontera es omipresente desde el momento en que se evocan los recorridos migratorios, las dificultades para encontrar trabajo, para aprender francés, etc., pero Nani propone de entrada las condiciones de su superación mediante la puesta en valor del espacio integrado del barrio. Finalmente, el barrio es también un espacio importante para Andrei, quien lanza una mirada fotográfica sobre tres grupos: los chechenos del barrio del Blosne en Rennes, y los búlgaros y los hondureños de los barrios de la Zona Ponent de Tarragona. Andrei capta instantes de su vida cotidiana, tanto intra como interétnica, sus condiciones de vida y de trabajo. El anclaje en el barrio y la contextualización de los protagonistas restituyen la pluralidad de las identidades: viéndoles transmitir la lengua materna en ciertos momentos, frecuentar el bar en otros, su identidad no queda reducida a la del “checheno”, el “búlgaro” o el “hondureño”. El camino artístico tomado por unos y otros ofrece pistas interesantes para explorar las expresiones de la frontera y de su superación. La frontera resulta en todos los casos maltratada, tergiversada, incluso ridiculizada, mientras que las representaciones de “Ellos”, en este caso los emigrantes y las minorías interiores, se ven cuestionadas e incluso denunciadas. La mirada artística es aquí un baluarte contra cualquier esencialización de los grupos y las identidades.


Correspondències Ciutadanes a Europa, o com contribueixen els artistes a superar les fronteres entre “Ells” i “Nosaltres”

A

Anne Morillon, sociòloga, TopikCol·lectiu d’investigació i intervenció en ciències humanes i socials, Rennes

quest text és per una banda una reflexió sobre els reptes sociològics i polítics que en la meva opinió es troben al cor de la iniciativa Correspondències Ciutadanes a Europa, i també una mirada sociològica implicada sobre les obres realitzades en el marc d’aquest projecte. No he estat pròpiament “en residència”, tot i que sí que he estat present de forma intermitent durant tota la duració de la residència de Rennes: gairebé cada dia hi he anat a compartir un àpat, a parlar amb els uns o els altres sobre els seus treballs en curs, a reflexionar amb un artista, a xerrar amb el Nicolas, la Fanny i el Medhi, orientadors i/o animadors del projecte, a organitzar “debats col·lectius”, etc.

Etnicitat i frontera(es) entre “Ells” i “Nosaltres” Proposo una lectura del projecte Correspondències Ciutadanes a Europa a partir de la noció de frontera i el seu corol·lari, la etnicitat. Per a la sociologia de les relacions interètniques, etnicitat i fronteres ètniques són dos conceptes indissociables. L’etnicitat és una categorització identitària fundada en la creença compartida pels individus en l’existència d’un origen comú, produït o activat per certes circumstàncies, el qual els fa diferents dels altres. Aquesta creença erigeix una frontera entre “Ells” i “Nosaltres”. Els grups ètnics són doncs categories construïdes a partir de relacions anomenades “interètniques”, no poblacions de contorns objectius. D’altra banda, l’etnicitat i les fronteres ètniques no es poden entendre si no és a través de les relacions socials en les que es tradueixen, a saber, en relacions desiguals, de dominació. El cas de les poblacions immigrants a França resulta particularment il·lustratiu. Aquí em limitaré a la situació de les poblacions de les antigues colònies. La categoria “Ells” remet en aquest cas als emigrants, als estrangers (o als que són percebuts com a tals),l als membres de les minories o als dominats, i la categoria “Nosaltres” als no-emigrants, als francesos (o als que són percebuts com a tals), als membres de la majoria, als dominants. Els estrangers o els emigrants són habitualment tancats en una generalització que els denega tota singularitat: a ulls de la majoria, un “estranger” representa per si sol al seu grup (el “magrebí”, el “negre”, el “musulmà”, etc.), mentre que la individualitat, aquesta manera sensible de tenir un lloc al món, seria el privilegi dels membres de la majoria. He desenvolupat la meva contribució al projecte des d’aquesta perspectiva teòrica. Em semblava que la reflexió sobre la frontera i les condicions del seu creuament podien trobar ressò entre els dinamitzadors i els actors de projecte. La meva manera d’expressar-ho ha estat la següent: com superar el tancament habitual dels “estrangers” en una generalitat (un col·lectiu, un grup, una comunitat) que nega la seva singularitat? Més enllà d’aquesta singularitat – comú per tant a “Ells” i a “Nosaltres” –, quines són les condicions propícies per a l’emergència d’una “comunitat de destí” a escala de barri que superi precisament aquesta fractura? En altres paraules, en quina mesura el treball artístic que explora l’alteritat contribueix a la superació de la frontera habitual entre “Ells” i “Nosaltres”?

Cap a una autèntica superació de les fronteres? En el Passaport ideal elaborat per la Paloma en col·laboració amb el Romain i el Pascal a Rennes, Tarragona i Cluj, s’empra un estil força lacònic per evocar uns relats que s’endevinen complexos, sensibles, fins i tot dramàtics. El passaport és l’expressió per excel·lència de l’existència de fronteres nacionals, al mateix temps que fa possible creuar-les en ocasions. La generalització del passaport com a document de viatge, però també l’existència d’un règim desigual en l’ús efectiu del mateix, situen l’obra de la Paloma al centre mateix del fenomen migratori. La tergiversació d’aquest instrument de control administratiu que és el passaport, ridícul en comparació amb la riquesa de les vides que tan prosaicament restitueix, no fa més que contribuir al seu descrèdit i en la meva opinió apunta cap a una atenuació o fins i tot una desaparició de les fronteres. La revista ECCE HOMO EUROPEANUS de’n Romain, elaborada durant les residències a Tarragona i Cluj, evoca la qüestió de les migracions a i cap a Europa “des dels punts de vista metafòric, humorístic, cínic i fins i tot sensitiu i confidencial”. Cada número proposa una lectura crítica de la sort dels emigrants o de les minories a Europa: acollida limitada, inexistent o deplorable; omnipresència de la frontera i de les seves derivacions (papers, meandres administratius, mar assassina, dret d’asil no respectat, etc.); relegació, segregació i discriminació. Carregada de valors democràtics, liberals i igualitaristes, Europa es vanta de ser l’encarnació plural de l’Estat de dret; molt al contrari, segons Romain, és incapaç d’acollir dignament als nouvinguts i de tractar de manera igualitària als immigrants i altres minories.


Les ciutats imaginàries del Xavier, concebudes a Rennes i a Cluj, són metàfores poètiques de l’Europa d’avui i de demà: Ciutat solitud, funàmbula, amuntegada, fragmentada i Ciutat de neu. D’acord amb la seva forma, algunes d’aquestes Ciutats resulten especialment fràgils i nomes semblen mantenir-se en peu gràcies a un atzar afortunat, a despit del qual amenacen en tot moment amb esfondrar-se. Com és possible que tot això se sostingui i perduri? Aquesta és la pregunta que planteja el Xavier, més atent en la meva opinió a les condicions de la “vida en comú” que a les diferències existents a l’Europa actual. En els seus retrats en vídeo, el Nani explora a partir de relats singulars la transmissió de les històries i els valors familiars de generació en generació entre els emigrats. Em detindré en el retrat de la Lidia, una dona de cinquanta anys, nascuda a la República Dominicana i casada amb un bretó. Les explicacions de la Lidia sobre el seu recorregut, les seves condicions de vida i de treball a França, les seves aspiracions, apareixen apuntalades per imatges del barri de Blosne. En Nani s’esforça en situar la història singular de la Lidia en el marc del seu univers quotidià i comú als altres habitants. El barri de Blosne sembla constituir per al Nani el lloc possible d’allò comú, d’allò semblant, més enllà dels orígens reals o suposats dels seus habitants. La idea de frontera és omnipresent des del moment que s’evoquen els recorreguts migratoris, les dificultats per trobar feina, per aprendre francès, etc., però en Nani proposa d’entrada les condicions de la seva superació mitjançant la revalorització de l’espai integrat del barri. Finalment, el barri és també un espai important per a l’Andrei, que llança una mirada fotogràfica sobre tres grups: els txetxens del barri de Blosne a Rennes, i els búlgars i els hondurenys dels barris de Ponent de Tarragona. Andrei capta instants de la seva vida quotidiana, tant intra- com inter-ètnica, les seves condicions de vida i de treball. L’arrelament al barri i la contextualització dels protagonistes restitueixen la pluralitat de les identitats: en veure’ls transmetre la llengua materna en certs moments, i freqüentar el bar en altres moments, la seva identitat no queda reduïda a la del “txetxè”, el “búlgar” o “l’hondureny”. El camí artístic adoptat per uns i altres ofereix pistes interessants per explorar les expressions de la frontera i de la seva superació. La frontera resulta en tots els casos maltractada, tergiversada, fins i tot ridiculitzada, mentre que les representacions “d’Ells”, en aquest cas els emigrants i les minories interiors, es veuen qüestionades i fins i tot denunciades. La mirada artística és aquí una muralla contra qualsevol essencialització dels grups i les identitats.


Corespondenţe cetăţeneşti în Europa sau despre cum contribuie artiştii la depăşirea barierelor dintre “Ei” şi “Noi”

A

Anne Morillon, sociolog, Topik – Colectiv de cercetare şi intervenţie în domeniul ştiinţelor umaniste şi sociale, Rennes

cest text este, pe de o parte, o reflecție asupra intersecțiile sociologice şi politice care, în opinia mea, se află în centrul iniţiativei Corespondenţe cetăţeneşti în Europa, dar şi o privire sociologică angajată asupra lucrărilor realizate în cadrul acestui proiect. Nu am participat direct la „rezidenţă”, dar am fost prezentă în mod intermitent pe toată durata rezidenţei la Rennes: aproape în fiecare zi am luat parte la o masă, am vorbit cu unii si cu alţii despre lucrările lor în curs, am reflectat cu vreun artist, am vorbit cu Nicolas, Fanny și Medhi, consilieri şi/sau moderatori ai proiectului, am organizat dezbateri colective, etc.

Etnicitate şi frontierele dintre „Ei” şi „Noi”. Propun o interpretare a proiectului Corespondenţe Cetăţeneşti în Europa pornind de la noţiunea de frontieră şi corolarul său, etnicitatea. Pentru sociologia relaţiilor interetnice, etnicitatea şi frontierele etnice sunt două concepte indisolubile. Etnicitatea este o împărţire pe categorii identitare, bazată pe credinţa indivizilor în existenţa unei origini comune, produsă sau activată de anumite circumstanţe care îi fac să fie diferiţi de ceilalţi. Această credinţă ridică o frontieră între „Ei” şi „Noi”. Aşadar, grupurile etnice sunt categorii construite pe baza relaţiilor numite „interetnice”, nu sunt populaţii delimitate cu un contur obiectiv. Pe de altă parte, etnicitatea şi frontierele etnice nu pot fi înţelese decât prin relaţiile sociale prin care se manifestează, adică prin relaţii inegale, de dominare. Cazul populaţiilor imigrante din Franţa este ilustrativ într-un mod particular. Mă voi limita la situaţia populaţiilor din fostele colonii. Categoria „Ei” se referă în cazul de faţă la imigranţi, la străini (sau la cei priviţi astfel), la membrii minorităţilor sau la cei dominaţi, iar categoria „Noi” se referă la ne-emigranţi, la francezi (sau cei priviţi astfel), la membrii majorităţii, la dominanţi. De obicei, străinii sau imigranţii sunt închişi într-o generalizare care le neagă orice singularitate: în ochii majorităţii, un „străin” reprezintă, de unul singur, grupul său („maghrebianul”, „negrul”, „musulmanul”, etc.), pe când individualitatea, acel mod sensibil de a avea un loc în lume, ar fi privilegiul membrilor majorităţii. Am dezvoltat contribuţia mea la proiect din această perspectivă teoretică. Mi s-a părut că o meditaţie asupra frontierei şi condiţiilor pentru depăşirea acesteia ar putea avea ecou cu ajutorul promotorilor şi actorilor proiectului. Felul meu de a exprima acest subiect a fost următorul: cum putem depăşi încadrarea obişnuită a „străinilor” într-o generalitate (un colectiv, un grup, o „comunitate”) care le neagă singularitatea? Dincolo de această singularitate – comună „Lor” şi „Nouă” – care sunt condiţiile propice pentru formarea unei „comunităţi gazdă” la nivel de cartier, care să depăşească tocmai această fractură? Cu alte cuvinte, în ce măsură contribuie munca artistică care explorează alteritatea la depăşirea frontierei obişnuite dintre „Ei” şi Noi”?

Spre o adevarată depăşire a frontierelor? În Paşaportul ideal realizat de Paloma în Rennes, Tarragona şi Cluj, în colaborare cu Romain şi Pascal, se foloseşte un stil destul de concis pentru a nara nişte relatări care par complexe, sensibile, chiar dramatice. Paşaportul este expresia maximă a existenţei frontierelor naţionale, a căror depăşire o poate permite. Generalizarea paşaportului ca document de călătorie şi existenţa unui regim inegal privind folosirea eficace a acestuia, situează lucrarea Palomei chiar în centrul fenomenului migrator. Tergiversarea acestui instrument de control administrativ, ridicol în comparaţie cu bogăţia vieţilor pe care le restituie prozaic, nu face altceva decât să contribuie la discreditarea sa şi, în opinia mea, indică o atenuare sau chiar o dispariţie a frontierelor. Revista ECCE HOMO EUROPEANUS a lui Romain, elaborată de-a lungul rezidenţelor în Tarragona şi Cluj, abordează chestiunea migraţiilor în şi spre Europa „dintr-un punct de vedere metaforic, umoristic, cinic şi chiar senzaţional şi confidenţial”. Fiecare număr propune o citire critică a destinului emigranţilor şi a minorităţilor din Europa: primire limitată, inexistentă sau deplorabilă; omniprezenţa frontierei şi a derivatelor sale (documente, meandre administrative, marea asasină, încălcarea dreptului la azil, etc.); relegare, segregare şi discriminare. Plină de valori democratice, liberale şi egalitare, Europa se laudă că este personificarea la plural a statului de drept. Dimpotrivă, după părerea lui Romain, este incapabilă să-i primească pe noii sosiţi în mod demn şi să-i trateze egal


pe imigranţi şi pe alte minorităţi. Oraşele imaginare ale lui Xavier, concepute în Rennes şi în Cluj, sunt metafore poetice ale Europei de azi şi de mâine: Oraşul solitudine, funambul, înghesuit, fragmentat şi Oraşul zăpadă. În funcţie de forma lor, aceste Oraşe sunt extrem de fragile şi parcă se ţin pe picioare din întâmplare, deşi ameninţă mereu cu prăbuşirea. Cum este posibil să se ţină totul pe picioare şi să dureze? Aceasta este întrebarea pusă de Xavier, cred eu, mai atentă la condiţiile „vieţii în comun” decât la diferenţele care există în Europa de astăzi. În portretele sale video, Nani chestionează transmiterea vieţilor şi valorilor familiale de-a lungul generaţiilor după emigrare, pe baza unor relatări singulare. Mă voi axa pe portretul Lidiei, o femeie de cincizeci de ani născută în Republica Dominicană şi căsătorită cu un breton. Explicaţiile Lidiei despre traiectoria sa, condiţiile sale de viaţă şi muncă în Franţa şi despre aspiraţiile sale, apar însoţite de imagini din cartierul Blosne. Nani încearcă să situeze povestea unică a Lidiei în cadrul universului său cotidian, împărtășit cu restul locuitorilor. Cartierul Blosne parcă înseamnă pentru Nani locul care face posibil comunul, asemănările, dincolo de originile reale sau închipuite ale locuitorilor săi. Ideea frontierei este omniprezentă din momentul în care se abordează traiectoriile migratorii, greutăţile pentru găsirea unui loc de muncă, pentru învăţarea francezei, etc., dar Nani propune de la început condiţiile depăşirii frontierei prin punerea în valoare a spaţiului integrat din cartier. În cele din urmă, cartierul este un spaţiu important şi pentru Andrei, care lansează o privire fotografică asupra a trei grupuri: cecenii din cartierul Blosne din Rennes, bulgarii şi hondurienii din cartierele Zona Ponent din Tarragona. Andrei captează momente din viaţa lor de zi cu zi, atât intra cât şi interetnică, condiţiile lor de viaţă şi de muncă. Consolidarea în cartier şi contextualizarea protagoniştilor restituie pluralitatea identităţilor: observând cum transmit limba maternă în unele momente, cum merg la bar în alte momente, identitatea lor nu se reduce doar la cea de „cecen”, „bulgar” sau „hondurian”. Drumul artistic urmat de unii şi alţii oferă piste interesante pentru explorarea exprimării frontierei şi a depăşirii sale. Frontiera apare mereu violentată, tergiversată, chiar ridiculizată, pe când reprezentările care se referă la „Ei”, în cazul de faţă la emigranţi şi la minorităţile interioare, sunt puse la îndoială şi chiar denunţate. Privirea artistică este un bastion împotriva reducerii grupurilor şi identităţilor la esenţă.


Xavier Trobat Escanellas


P

artir des détails collectés à l’occasion de mes rencontres à Rennes et à Cluj, des expressions, des odeurs, des couleurs, des lumières, des sentiments… Déchiffrer cette « ville partagée », en s’emparant des émotions discrètes que m’ont confiées mes « correspondants ». La ville comme réseau de parcours de ses habitants, qui coïncident, consciemment ou pas, et qui partagent des points de rencontre, des expériences, des attitudes et des relations en commun.

La ville, c’est le lieu que l’on traverse, que l’on parcourt à pied. Le reste, c’est le vide, pour l’instant. Des villes à la carte, pour tous les goûts, à travers des expériences, des critiques ou des souhaits. Des points de départ pour la conception d’une nouvelle ville idéale, critique ou imaginaire. Ville Solitude Elle reflète le sentiment de solitude, une sensation que m’a transmise André, un habitant du quartier, avec qui j’ai pu longuement discuter de « la ville », de sa vision du type de vie qu’il mène au Blosne, de ses trajets de retour chez lui la nuit, de ses sensations et ses réflexions philosophiques sur la vie et sur sa vie dans le quartier. André m’a dit : « La ville est vide, les gens s’isolent dans leurs bulles ». À partir de là, j’ai utilisé cette description poétique, et à la fois dramatique, pour tracer en fils de fer les lignes d’horizon de cette ville. Elles se transforment pour devenir des bulles qui s’envolent et laissent André tout seul, au sol. Ville Funambule Je voulais refléter l’idée de fragilité et d’équilibre, réfléchir et faire réfléchir sur les exercices d’équilibre que réalise l’habitant dans une ville fragile. Quelles

acrobaties il doit faire pour survivre, vivre, égayer sa vie, travailler, rêver, atteindre ses objectifs… Les gens marchent sur la corde raide, qui est en même temps un câble qui soutient la ville. La ville a donc aussi besoin de ces funambules, les habitants – acrobateséquilibristes –, pour ne pas tomber et s’effondrer sur elle-même. Ville Amoncelée Ma première expérience à Cluj, peu après avoir atterri, fut de visiter le camp gitan de

Pata Rat avec l’équipe de Correspondances Citoyennes en Europe. Il faisait très froid, il neigeait, et une famille nous invita à entrer dans sa « maison ». Le contraste entre le froid et la chaleur embua mes lunettes, je ne voyais rien. Mais peu à peu la buée s’estompa et je vis qu’il y avait plusieurs personnes au fond de la pièce, sur les côtés, assises, debout, sur le sol… Je fus très impressionné de me rendre


compte tout à coup que trois familles vivaient dans cette pièce de 15m2 ! Que de colère, que de honte d’être humain, que d’impuissance ! Nous avons écouté leurs récits, absorbé leurs émotions. L’injustice de leur situation m’a submergé… Ville Fragmentée J’ai parlé avec le secrétaire d’une organisation qui se dédiait à la lutte pour l’environnement et les droits civils. Nous avons discuté des caractéristiques de la ville de Cluj : ce

qu’on aime, ce qui devrait changer, comment on pourrait agir… Nous avons parlé de l’urbanisation de l’espace, du type de construction, de l’attitude toute-puissante des dirigeants par rapport aux habitants de la ville et des quartiers, du manque d’imagination, du désir d’une ville plus aimable, inspirant davantage confiance. J’ai imaginé des araignées au pouvoir, marchant sur la ville et les intérêts de leurs concitoyens, et j’ai dessiné une ville fragmentée,

divisée par le type d’urbanisme et de construction, décousue, sombre d’un côté, et propre et lumineuse de l’autre, froide à la périphérie, chaude dans le centre… pour montrer la dualité des options pour le futur de cette ville et la lutte qui doit avoir lieu. Ville Neige Pour surmonter les horreurs vécues à Pata Rat, pour apporter un peu de poésie aux injustices détectées à Cluj, et dans l’hiver que nous vivions en ce mois de janvier, j’ai imaginé une Ville Neige, des villes comme des flocons qui tombent, qui finissent par fondre, des villes éphémères et pleines de poésie. Douce descente de villes silencieuses, de mondes aimables… Douceur, lumière, calme, traits d’union vitaux, soleil, glace, situations confortables, familières, dans des environnements plus généreux pleins de sérénité. De la neige fondue en amitié, des fils en équilibre, éphémères.

Poèmes/poemas/poemes/ poezii: Ignasi Papell Garcia


A

partir de los detalles, las expresiones, los olores, el color, la luz, los sentimientos… descifrar esa «ciudad compartida», apoderándose de las emociones discretas de los “correspondientes”. La ciudad como red de recorridos de sus habitantes, que coinciden, inconsciente o conscientemente, y tienen puntos de encuentro, vivencias, actitudes y relaciones en común dentro de la ciudad. La ciudad es lo que se pisa, el resto es el vacío, de momento. Ciudades a la carta, al gusto, a través de experiencias, críticas o deseos, puntos básicos para el diseño de una nueva ciudad ideal, crítica o imaginaria. Ciudad Soledad Refleja el sentimiento de soledad, una sensación que me transmitió André, un habitante del barrio, con quien pude charlar largamente sobre la ciudad, su visión del tipo de vida que lleva en el Blosne, sobre sus viajes de llegada a casa de noche, sobre sus sensaciones y reflexiones casi filosóficas sobre la vida y la vida en el barrio. Me dijo André: “la ciudad está vacía, la gente se aísla en sus burbujas”. A partir de ahí, utilicé esta descripción tan poética y dramática al mismo tiempo para dibujar los primeros trazos de una ciudad de perfiles de alambre, que se transforman, convirtiéndose en burbujas. Ciudad Funámbula Quería reflejar la idea de fragilidad y equilibrio, reflexionar y hacer reflexionar sobre los equilibrios que hace el habitante en una ciudad frágil, qué acrobacias debe hacer para sobrevivir,

vivir, animar su vida, trabajar, soñar, conseguir hitos... La gente anda por la cuerda floja, que a la vez es un cable que sustenta la ciudad. La ciudad, pues, también necesita a los funámbulos, los habitantes –acróbatas-equilibristas, para no caer i derrumbarse ella misma. Ciudad Amontonada La primera experiencia de Cluj, poco tiempo después de aterrizar, fue la visita al campamento gitano de

Pata Rat. Hacía mucho frío, nevaba, y una familia nos invitó a entrar en su “apartamento”. El contraste de frío y calor empañaron mis gafas, no podía ver nada, pero poco a poco las gafas se fueron desempañando y pude ir apreciando que había varias


personas al fondo de la habitación, a los lados, sentados, de pie, en el suelo…: ¡me impresionó darme cuenta de golpe que tres familias vivían en aquella habitación de 15m2! ¡Qué rabia, qué vergüenza de ser humano, qué impotencia! Escuchamos sus relatos, nos empapamos de sus emociones, nos colmó la injusticia de su situación…

Ciudad Fragmentada Hablé con el secretario de una organización dedicada a la lucha ambiental y los derechos civiles, y comentamos las características de la ciudad de Cluj, qué no gusta, qué se debería cambiar, cómo se podría actuar. Comentamos la urbanización del espacio, el tipo de construcción, la actitud prepotente de los dirigentes con los habitantes de la ciudad y los barrios, la falta de imaginación, el deseo de una ciudad más

amable, de más confianza. Me imaginé arañas en el poder, pisoteando la ciudad y los intereses de sus conciudadanos, y diseñé una ciudad fragmentada, dividida por el tipo de urbanismo y construcción, inconexa, oscura por un lado y limpia y luminosa por otro, fría en la periferia, cálida en el centro… para mostrar la dualidad de opciones para el futuro de esa ciudad y lucha que debe tener lugar. Ciudad Nieve Para superar los horrores vividos en Pata Rat, para aportar un poco de poesía a las injusticias detectadas en Cluj, y a la vista del invierno que vivíamos en enero, me imaginé una ciudad de nieve, ciudades como copos de nieve que van cayendo, que finalmente se funden, ciudades efímeras y llenas de poesía. Dulce descenso de ciudades silenciosa, de mundos amables, suavidad… Luz, calma, puentes de unión vitales, sol, hielo, situaciones cómodas, familiares, en entornos más generosos llenos de serenidad. Nieve fundida en amistad, hilos equilibrados, efímeros.

Poèmes/poemas/poemes/ poezii: Ignasi Papell Garcia


A

partir dels detalls, les expressions, les olors, el color, la llum, els sentiments... desxifrar aquella “ciutat compartida”, apoderant-se de les emocions discretes dels “corresponents”. La ciutat com a xarxa de recorreguts dels seus habitants, que coincideixen, conscient o inconscientment, i tenen punts de trobada, vivències, actituds i relacions en comú dins la ciutat. La ciutat és el que es trepitja, la resta és el buit, de moment. Ciutats a la carta, al gust, a través d’experiències, crítiques o desitjos, punts bàsics per al disseny d’una nova ciutat ideal, crítica o imaginària. Ciutat Solitud Reflecteix el sentiment de solitud, una sensació que em va transmetre l’André, un habitant del barri amb qui vaig poder xerrar llargament sobre la ciutat, la seva visió sobre el tipus de vida que duu al Blosne, sobre els seus viatges d’arribada a casa al vespre, sobre les seves sensacions i reflexions gairebé filosòfiques sobre la vida i la vida al barri. Em va dir l’André: “la ciutat és buida, la gent s’aïlla dins les seves bombolles”. A partir d’aquí, vaig utilitzar aquesta descripció tan poètica i alhora dramàtica per dibuixar els primers traços d’una ciutat de perfils de filferro, que es transformen i es converteixen en bombolles. Ciutat Funàmbula Volia reflectir la idea de fragilitat i equilibri, reflexionar i fer reflexionar sobre els equilibris que fa l’habitant en una ciutat fràgil, quines acrobàcies ha de fer per sobreviure, viure, animar la seva vida, treballar, somiar, asssolir fites... La gent camina per la corda fluixa, que alhora

és un cable que sustenta la ciutat. La ciutat, doncs, també necessita els funàmbuls, els habitantsacròbates-equilibristes, per no caure i ensorrar-se ella mateixa.

Ciutad Amuntegada La primera experiència a Cluj, poc temps després d’aterrar, fou la visita al campament gitano de Pata

Rat. Feia molt de fred, nevava, i una família ens convidà a entrar al seu “apartament”. El contrast de fred i calor van entelar les meves ulleres, no hi veia, però poc a poc les ulleres es van anar desentelant i vaig poder anar veient que hi havia multitud de persones al fons de l’habitació, als costats, asseguts, drets, a terra... Em va impressionar


adonar-me de cop que tres famílies vivien en aquella habitació de 15m2! Quina ràbia, quina vergonya de ser humà, quina impotència! Vam escoltar les seves històries i relats, vam quedar xops de les seves emocions, ens omplírem a vessar de la injustícia de la seva situació… Ciutat Fragmentada Vaig parlar amb el secretari d’una organització dedicada

a la lluita ambiental i els drets civils, i vam comentar les característiques de la ciutat de Cluj, què no li agradava, què s’hauria de canviar, com s’hi podria actuar. Vam comentar la urbanització de l’espai, el tipus de construcció, l’actitud prepotent dels dirigents amb els habitants de la ciutat i els barris, la manca d’imaginació, el desig d’una ciutat més

amable, de més confiança. Em vaig imaginar aranyes al poder, trepitjant la ciutat i els interessos dels seus conciutadans, i vaig dissenyar una ciutat fragmentada, dividida pel tipus d’urbanisme i la construcció, inconnexa per una banda i neta i lluminosa per l’altra, freda a la perfièria, càlida al centre... per mostrar la dualitat d’opcions per al futur d’aquesta ciutat i la lluita que hi ha de tenir lloc. Ciutat Neu Per superar els horrors viscuts a Pata Rat, per aportar una mica de poesia a les injustícies detectades a Cluj, i en vista de l’hivern que vivíem al gener, em vaig imaginar una ciutat de neu, ciutats com flocs de neu que van caient, que finalment es fonen, ciutats efímeres i plenes de poesia. Dolç descens de ciutats silencioses, de móns amables, suavitat. Llum, calma, ponts d’unió vitals, sol, gel, situacions còmodes, familiars, en entorns generosos plensd e serenitat. Neu fosa en amistat, fils equilibrats, efímers.

Poèmes/poemas/poemes/ poezii: Ignasi Papell Garcia



Oraşul îngrămădit Prima experienţă în Cluj, la puţin timp după aterizare, am vizitat tabăra de ţigani din Pata Rât. Era foarte frig, ningea şi o familie ne-a invitat să intrăm în „apartamentul” lor. Contrastul dintre frig şi cald mi-a aburit ochelarii, nu vedeam nimic, dar au început să se limpezească treptat, până când am reuşit să văd că în capătul camerei şi pe margini mai erau câteva persoane, aşezate, în picioare, pe jos...: m-a şocat să îmi dau seama dintr-o dată că în acea cameră de 15 m2 locuiau trei familii! M-a scos din sărite, ce ruşine sa fii om, câtă neputinţă! Am ascultat relatările lor, ne-am îmbibat cu emoţiile lor, am fost cuprinşi de indignare pentru nedreptatea situaţiei lor... Oraşul Fragmentat

P

ornind de la detalii, expresii, mirosuri, culori, lumină, sentimente… descifrăm acel “oraş împărtăşit”, punând stăpânire pe emoţiile discrete ale “corespondenţilor”. Oraşul ca reţea de itinerarii ale locuitorilor săi, care coincid în mod conştient sau inconştient şi care au puncte de întâlnire, trăiri, atitudini şi relaţii în comun, în interiorul oraşului. Orașul este spațiul în care poți păși, restul este golul, deocamdată. Oraşe la cerere, pe gustul fiecăruia, prin experienţe, critici sau dorinţe, puncte esenţiale pentru crearea unui nou oraş ideal, critic sau imaginar. Oraşul Solitudine Exprimă sentimentul de solitudine, o senzaţie pe care mi-a transmis-o André, un locuitor din cartier, cu care am avut ocazia să vorbesc fără grabă despre oraş, despre viziunea sa asupra genului de viaţă pe care o duce în Blosne, despre călătoriile sale nocturne în drum spre casă, senzaţiile şi cugetările aproape filozofice despre viaţă şi viaţa din cartier. André mi-a spus: „oraşul este gol, oamenii se izolează în bulele lor”. Începând de atunci, am folosit această descriere atât de poetică şi dramatică în acelaşi timp, pentru a desena primele trăsături ale unui oraş cu contururi de sârmă, care se transformă treptat în bule.

Am vorbit cu secretarul unei organizaţii active în protecția mediului şi a drepturilor civile şi am comentat specificul oraşului Cluj, ce nu place, ce ar trebui schimbat, cum s-ar putea interveni. Am vorbit despre urbanizarea spaţiului, tipul construcţiei, atitudinea prepotentă a forţelor conducătoare faţă de locuitorii oraşului şi cartierelor, despre lipsa de imaginaţie şi dorinţa de a trăi întrun oraş mai amabil, mai de încredere. Mi-am închipuit păianjeni la putere, călcând oraşul şi interesele cetăţenilor în picioare şi am desenat un oraş fragmentat, împărţit în funcţie de genul de urbanism şi construcţie, dezarticulat, întunecat pe o parte şi curat şi luminos pe alta, rece la periferie şi cald în centru... pentru a arăta dualitatea opţiunilor de viitor ale acestui oraş și lupta care trebuie să se desfăşoare. Oraşul zăpada Pentru a depăşi ororile trăite în Pata Rât, pentru a aduce puţină poezie nedreptăţilor detectate în Cluj şi având în vedere iarna prin care treceam în luna ianuarie, mi-am imaginat un oraş zăpadă. Oraşe ca fulgii de zăpadă care cad, care se topesc în final, oraşe efemere şi pline de poezie. Dulce cădere silenţioasă a oraşelor, a lumilor amabile, delicateţe... Lumină, calm, punţi vitale de uniune, soare, gheaţă, situaţii comode, familii în ambianţe mai generoase, pline de seninătate.

Oraşul Funambul Doream să exprim ideea de fragilitate şi echilibru, să cuget şi să provoc la reflecție asupra echilibrelor stabilite de locuitori într-un oraş fragil, acrobaţiile pe care trebuie să le facă pentru a supravieţui, a trăi, pentru a-şi înveseli viaţa, pentru a lucra, a visa, a obţine lucruri importante... Oamenii umblă pe sârmă, care este în acelaşi timp un cablu care susţine oraşul. Aşadar, oraşul are nevoie şi de funambuli, de locuitori – acrobaţi-echilibrişti, pentru a nu se dărâma el însuşi.

Poèmes/poemas/poemes/ poezii: Ignasi Papell Garcia


Claire Lesacher


Correspondances Citoyennes en Europe, ou Le postulat de la rencontre et de l’expérimentation en terrains plurilingues et hétérogènes Claire Lesacher, doctorante en sociolinguistique, PREFics, Rennes

I

nterroger la cohésion d’ensemble des Correspondances Citoyennes en Europe, qui engagent des acteurs d’horizons divers, tel était l’enjeu de ma résidence d’une semaine dans les locaux de L’Age de la Tortue. Les lignes qui vont suivre proposent donc un aperçu de mes observations et réflexions menées sur cette question en tant que doctorante en sociolinguistique. Les analyses livrées ici ne sont pas à considérer comme totalement représentatives de la résidence rennaise, mais davantage comme une photographie dynamique d’un moment donné et selon un certain angle. Du point de vue méthodologique, une partie des données a été recueillie lors d’entretiens semi-directifs dont la règle était simple : six questions, toujours les mêmes, posées à toutes les personnes qui travaillaient, passaient ou résidaient à L’Age de la Tortue. Celles-ci abordaient les perceptions des uns et des autres sur les Correspondances Citoyennes, sur leur implication au sein du projet, sur le travail conjoint avec des personnes d’autres horizons professionnels et parlant d’autres langues, etc.

La rencontre, corollaire à l’expérimentation La notion de rencontre s’applique ici dans une perspective de confrontation des points de vue, d’enrichissement de soi par les perceptions des uns et des autres. Il ne s’agit donc pas seulement de « se rencontrer » mais bien d’échanger, de réinterroger ses propres représentations au contact des autres et dans le travail avec eux. « Cette dimension expérimentale pour moi repose sur la possibilité de chacun des artistes et des chercheurs en résidence d’inventer une façon bien à lui d’entrer en contact avec les habitants du quartier. Et au bout des 21 résidences qu’on a faites jusqu’ici, eh bien… chaque artiste a inventé sa ou ses façons d’entrer en relation avec des personnes qui leur étaient inconnues au préalable ». « Il faut commencer à assumer ces interactions entre art et sciences sociales. […] Là j’ai vraiment envie d’essayer, d’expérimenter un petit peu les choses ».

Pour de nombreux participants, les Correspondances Citoyennes en Europe invitent à contourner les facilités et à réfuter les modalités de travail habituelles. Il s’agit de se mettre soi-même en difficulté, professionnellement, voire personnellement, afin de stimuler ses propres compétences et d’avancer dans ses pratiques pour tenter de construire autrement de la connaissance. « I’m here to make an artistic project, and then I’ll see. […] It’s an opportunity for me to see what can I do, with a new… con tema, nuevo tema, es como un desafìo, un reto. […] It’s… I have never participated in a social project, this is the first time and I can see what I can do. For me this is good to see, […] to know me better, you know, a conocerme mejor ».

La réalisation des Correspondances Citoyennes en Europe postule l’expérimentation de nouvelles manières d’investir et de dire le politique : « C’est effectivement cette idée qu’il faut que la question du politique puisse être posée ailleurs qu’elle n’est posée aujourd’hui et donc qu’elle soit là où sont les gens, là où ils vivent, là où il s’interrogent quoi. Et je pense que Correspondances Citoyennes va y contribuer, il y a des formes à trouver, je pense les artistes ont vraiment un apport là-dessus, c’est-à-dire, faut que les formes permettent que ça passe, que ça tente… ».

L’enjeu du projet ne se limite pas à produire « une vision singulière du monde à deux » : il s’agit également de la diffuser dans l’espace public. En d’autres termes, de mettre en visibilité ce qui ne l’est pas habituellement. Le but est de donner à voir, à entendre, à sentir des points de vue qui, tant dans le fond que dans la forme, s’éloignent de l’idéologie dominante pour mettre en exergue d’autres formes de discours et de représentations du monde.


Celles-ci transmettent une complexité des trajectoires, des expériences, des rapports au monde, des identités, etc. et réprouvent ainsi toute forme de discours englobant ou catégorisant.

L’intrication de deux plans de langages multilingues

La question du dialogue et de l’expérimentation se pose inéluctablement en intrication avec celle des langues et des langages de la résidence rennaise. Selon les discours des acteurs interrogés, il apparaît que deux plans de langages, marqués par la pluralité, s’actualisent et se coproduisent. Le premier plan, immédiatement repérable, est relatif aux langues des participants à la résidence : langues maternelles, langues parlées, langues entendues, etc. Le caractère transnational du projet impulse inévitablement l’actualisation de multiples langues et la mise en relation de personnes aux parcours socio-langagiers distincts. Au-delà, un deuxième plan de langage est évoqué dans les discours, relatif à la diversité des acteurs impliqués et à la multiplicité des enjeux et visées que le projet postule. « Il y a les langues par nationalités, bien sûr, mais moi je penserais plus différencier le langage institutionnalisé et le langage intellectuel aussi, et le langage commun, et le langage poétique. Je poserais ces quatre langages ». « Il y a une langue presque d’ingénierie, […] il y a les langages artistiques. […] Peut-être que… ce qu’on avait à partager à l’intérieur des Correspondances Citoyennes, c’est un langage sensible, voilà. […] Et puis peut-être ce langage politique, qui soit pas le langage politique tel qu’on le conçoit habituellement mais qui soit le moment de réappropriation des questions de l’existence, de la vie assez simplement, etc. ».

Ainsi, les enjeux relatifs aux notions de dialogue et de rencontre ne se jouent pas uniquement au niveau de la disparité des codes linguistiques, mais aussi sur le plan de la diversité des modes d’expression liés aux domaines d’activité, dont les frontières, qui apparaissent poreuses, s’érigent différemment selon les participants. Il apparaît que les mouvements d’une langue à l’autre, d’un langage à l’autre, les parallèles, les traversées, les intrications et les confrontations entre les divers modes d’expression, relèvent ici d’exercices plus ou moins assumés selon les personnalités, les identités et les expériences de chacun. Cela relève aussi de la volonté ou possibilité de mise en péril de soi, de la conscience de l’expérimentation qui se joue au cours des résidences, de la visée perçue par chacun de son implication au sein des Correspondances Citoyennes en Europe.


Correspondencias Ciudadanas en Europa o El postulado del encuentro y la experimentación en territorios plurilingües y heterogéneos1 Claire Lesacher, doctoranda en sociolingüística, PREFics, Rennes

E

xaminar la cohesión del conjunto de las Correspondencias Ciudadanas en Europa, en las que participan actores de horizontes diversos: tal era el objetivo de mi residencia de una semana en los locales de l’Age de la Tortue. Las líneas que siguen proponen pues un resumen, como doctoranda y sociolingüista, de mis observaciones y reflexiones sobre esta cuestión. Los análisis presentados aquí no deben considerarse totalmente representativos de la residencia en Rennes, sino más bien como una fotografía dinámica de un momento dado y desde un cierto punto de vista. Desde el punto de vista metodológico, una parte de los datos se ha recogido en el curso de conversaciones semi-dirigidas cuya regla era sencilla: seis preguntas, siempre las mismas, planteadas a todas las personas que trabajaban, entraban o residían en l’Age de la Tortue. Dichas preguntas abordaban las percepciones de unos y otros sobre las Correspondencias Ciudadanas, sobre su implicación en el proyecto y sobre el trabajo conjunto con personas de otros horizontes profesionales y que hablaban lenguas diversas, etc.

El encuentro, corolario de la experimentación La noción de encuentro se aplica aquí desde una perspectiva de confrontación de puntos de vista, de enriquecimiento propio gracias a las percepciones de unos y otros. No se trata pues únicamente de “encontrarse” sino de establecer un intercambio, de interrogar de nuevo las propias representaciones en contacto con los otros y trabajando con ellos. “Esta dimensión experimental reposa, en mi opinión, en la posibilidad que tiene cada uno de los artistas e investigadores en residencia de inventarse una forma propia de establecer contacto con los habitantes del bario. Al término de las 21 residencias que se han hecho hasta ahora [en proyectos anteriores], cada artista ha inventado su propia manera de entrar en relación con personas que antes le eran desconocidas”. “Deben comenzarse a asumir realmente las interacciones entre el arte y las ciencias sociales. […] Tengo muchas ganas de probarlo, de experimentar un poco con las cosas”.

Para muchos de sus participantes, las Correspondencias Ciudadanas en Europa invitan a dejar de lado las facilidades y las modalidades habituales de trabajo. Se trata de ponerse a uno mismo en dificultades, a nivel profesional o incluso personal, para estimular las propias competencias, avanzar en nuevas prácticas y tratar de construir conocimiento de otro modo. “Estoy aquí para llevar a cabo un proyecto artístico, y luego ya se verá, […] Es una oportunidad para mí de ver lo que puedo hacer con un nuevo tema, es como un desafío, un reto. […] Nunca antes había participado en un proyecto social, esta es la primera vez y puedo comprobar lo que soy capaz de hacer. Para mí es bueno verlo […] para conocerme mejor”.

La realización de las Correspondencias Ciudadanas en Europa postula la experimentación de nuevas formas de implicarse y de expresarse políticamente. “Se trata, en efecto, de que la cuestión política pueda plantearse en lugares distintos de aquellos donde se plantea actualmente y que se sitúe por lo tanto allí donde está la gente, allí donde la gente vive, donde se plantean las preguntas. Y pienso que las Correspondencias Ciudadanas van a contribuir a ello, pueden encontrarse formas, pienso que los artistas tienen realmente una aportación que hacer en este terreno, esto es, es preciso que las formas permitan que esto ocurra, que atraiga....”. 1 77-78.

Las versiones originales de las citas utilizadas a continuación pueden consultarse en la versión francesa de este artículo, en las páginas


No se trata únicamente de producir “entre dos una visión singular del mundo”: se trata también de difundirla al espacio público. En otras palabras, de dar visibilidad a aquello que normalmente no la tiene. El objetivo es ofrecer a la vista, al oído y a los sentidos, puntos de vista que tanto por el fondo como por la forma se alejan de la ideología dominante, para poner de relieve otras formas de discurso y otras representaciones del mundo que transmiten una complejidad de trayectorias, experiencias, relaciones con el mundo, identidades, etc., y que rechazan de este modo cualquier forma de discurso globalizante o categorizante.

La imbricación de dos planos de lenguajes multilingües Inevitablemente, la cuestión del diálogo y de la experimentación se imbrica con la cuestión de las lenguas y los lenguajes de la residencia en Rennes. En los discursos de los actores entrevistados parece que se actualizan y coproducen dos planos de lenguaje distintos, ambos marcados por la pluralidad. El primer plano, inmediatamente reconocible, es el relativo a las lenguas de los participantes en la residencia: lenguas maternas, lenguas habladas, lenguas comprendidas, etc. El carácter transnacional del proyecto impulsa inevitablemente la actualización de múltiples lenguas y la puesta en relación de personas con recorridos sociolingüísticos específicos. Por otro lado, en los discursos se evoca un segundo plano de lenguaje, relativo a la diversidad de los actores implicados y a la multiplicidad de las apuestas y los enfoques que postula el proyecto. “Primero están las lenguas por nacionalidades, claro, pero en mi opinión también habría que diferenciar el lenguaje institucionalizado y el lenguaje intelectual, y también el lenguaje común, y el lenguaje poético. Diría que hay cuatro lenguajes”. “Hay una lengua casi de ingeniería, […] y lenguajes artísticos. […] Tal vez lo que… lo que había que compartir en estas Correspondencias Ciudadanas es un lenguaje sensible, eso es. […] Y después tal vez este lenguaje político, que no es el lenguaje político tal como se concibe habitualmente sino el momento de reapropiación de las cuestiones propias de la existencia, de la vida en sentido muy simple, etc.”.

Vemos pues que las cuestiones relativas a las nociones de diálogo y de encuentro no se resuelven únicamente al nivel de la disparidad de códigos lingüísticos, sino también en el plano de la diversidad de los modos de expresión ligados a los diversos dominios de actividad, cuyas fronteras, en principio porosas, toman un aspecto distinto para cada participante. Diré que todos estos movimientos de una lengua a otra, de un lenguaje a otro, los paralelismos, los entrecruzamientos, las imbricaciones y las confrontaciones entre los diversos modos de expresión, parecen remitir a ejercicios más o menos asumidos según las personalidades, las identidades y las experiencias de cada uno. También tiene que ver con la personalidad, con la voluntad o la capacidad de asunción de riesgos, con la perspectiva sobre la clase de experimentación que suponen las residencias, con la forma de implicación de cada cual en el seno de las Correspondencias Ciudadanas en Europa.


Correspondències Ciutadanes a Europa o El postulat de la trobada i l’experimentació en territoris plurilingües i heterogenis1 Claire Lesacher, doctoranda en sociolingüística, PREFics, Rennes

E

xaminar la cohesió del conjunt de les Correspondències Ciutadanes a Europa, en les que participen actors amb horitzons diversos: tal era l’objectiu de la meva residència d’una setmana als locals de l’Age de la Tortue. Les línies que segueixen proposen doncs un resum de les meves observacions i reflexions sobre aquesta qüestió, com a doctoranda i com a sociolingüista. Les anàlisis presentades aquí no s’han de considerar plenament representatives de la residència de Rennes, sinó més aviat com una fotografia dinàmica en un moment donat i des d’un cert punt de vista. Des del punt de vista metodològic, una part de les dades han estat recollides doncs en el curs de converses semi-dirigides que seguien una regla senzilla: sis preguntes, sempre les mateixes, plantejades a totes les persones que treballaven, entraven o residien a l’Age de la Tortue. Aquestes preguntes abordaven les percepcions d’uns i altres sobre les Correspondències Ciutadanes, sobre la seva implicació en el projecte, sobre el treball conjunt amb persones amb altres horitzons professionals i que parlaven llengües diferents, etc.

La trobada, corol·lari de l’experimentació La noció de trobada s’aplica aquí des d’una perspectiva de confrontació de punts de vista, d’enriquiment propi gràcies a les percepcions d’uns i d’altres. No es tracta doncs únicament de “trobar-se” sinó d’establir un intercanvi, d’interrogar de nou les pròpies representacions en contacte amb els altres i treballant amb ells. « Aquesta dimensió experimental descansa en la meva opinió en la possibilitat que té cadascun dels artistes i dels investigadors en residència d’inventar-se una forma pròpia d’establir contacte amb els habitants del barri. Després de les 21 residències que s’han fet fins ara [en projectes anteriors], cada artista s’ha inventat la seva pròpia manera d’entrar en relació amb persones que abans li eren desconegudes ». « S’han de començar a assumir realment les interaccions entre l’art i les ciències socials. [...] Tinc moltes ganes de provar-ho, d’experimentar una mica amb tot plegat ».

Per a molts dels seus participants, les Correspondències Ciutadanes a Europa conviden a deixar de banda les facilitats i les modalitats habituals de treball. Es tracta de posar-se un mateix en dificultats, a nivell professional o fins i tot personal, per estimular les pròpies competències, avançar en noves pràctiques i tractar de construir coneixement d’una altra manera. « Estic aquí per dur a terme un projecte artístic, després ja es veurà, [...] És una oportunitat per mi de veure el que puc fer amb un nou... tema, és com un desafiament, un repte. [...] Mai abans havia participat en un projecte social, aquesta és la primera vegada i puc comprovar el que sóc capaç de fer. Per mi és bo veure-ho [...] per conèixer-me millor ».

La realització de les Correspondències Ciutadanes a Europa postula l’experimentació de noves formes d’implicació i expressió política. « En efecte, cal que la qüestió política pugui plantejar-se en llocs diferents d’aquells on es planteja actualment i que s’emplaci allà o la gent és, on la gent viu, on es plantejen les preguntes, vaja. I penso que les Correspondències Ciutadanes contribuiran a aquest objectiu, poden trobar-se formes, penso que els artistes tenen realment una aportació per fer en aquest terreny, això és, cal que les formes permetin que això passi, que es torni atractiu... ».

No es tracta únicament de produir “entre dos una visió singular del món”: es tracta també de difondre-la a l’espai públic. En d’altres paraules, de donar visibilitat a allò que normalment no la té. L’objectiu és oferir a la vista, a 1

Les versions originals de les cites emprades a continuació es poden consultar a la versió francesa d’aquest article, a les pàgines 77-78.


l’oïda, als sentits, uns punts de vista que tant pel fons com per la forma s’allunyen de la ideologia dominant, posar de relleu altres formes de discurs i altres representacions del món que transmeten una complexitat de trajectòries, experiències, relacions amb el món, identitats, etc., i que refusen d’aquesta manera qualsevol forma de discurs globalitzador o categoritzador.

La imbricació de dos plans de llenguatges multilingües Inevitablement, la qüestió del diàleg i de l’experimentació s’imbrica amb la qüestió de les llengües i els llenguatges de la residència de Rennes. En els discursos dels actors entrevistats s’actualitzen i es coprodueixen dos plans de llenguatge diferents, ambdós marcats per la pluralitat. El primer pla, immediatament reconeixible, és el relatiu a les llengües dels participants a la residència: llengües maternes, llengües parlades, llengües compreses, etc. El caràcter transnacional del projecte impulsa inevitablement l’actualització de múltiples llengües i la posada en relació de les persones amb recorreguts sociolingüístics específics. D’altra banda, als discursos s’evoca un segon pla de llenguatge, relatiu a la diversitat dels actors implicats i a la multiplicitat de les apostes i els enfocaments que postula el projecte. « Primer hi ha les llengües per nacionalitats, és clar, però en la meva opinió també s’hauria de diferenciar el llenguatge institucionalitzat i el llenguatge intel·lectual, i també el llenguatge comú, i el llenguatge poètic. Diria que hi ha quatre llenguatges ». « Hi ha una llengua gairebé d’enginyeria, [...] i llenguatges artístics. [...] Tal vegada el que... el que s’havia de compartir en aquestes Correspondències Ciutadanes és un llenguatge sensible, aquí està. [...] I després potser aquest llenguatge polític, que no és el llenguatge polític tal com es concep habitualment sinó el moment de reapropiació de les qüestions pròpies de l’existència, de la vida en un sentit molt simple, etc.».

Veiem doncs que les qüestions relatives a les nocions de diàleg i de trobada no es resolen únicament al nivell de la disparitat de codis lingüístics, sinó també en el pla de la diversitat de formes d’expressió lligades als diversos dominis d’activitat, les fronteres dels quals, en principi poroses, prenen un aspecte diferent per a cada participant. Diré que tots aquests moviments d’una llengua a una altra, d’un llenguatge a un altre, els paral·lelismes, els encreuaments, les imbricacions i les confrontacions entre diversos modes d’expressió, semblen remetre a exercicis més o menys assumits segons les personalitats, les identitats i les experiències de cadascú. També té a veure amb la personalitat, amb la voluntat o la capacitat d’assumir riscos, amb la perspectiva sobre la classe d’experimentació que suposen les residències, amb la forma d’implicació de cadascú en el si de les Correspondències Ciutadanes a Europa.


Corespondenţe Cetăţeneşti în Europa sau Postulatul întâlnirii şi experimentării în teritorii plurilingve şi eterogene1 Claire Lesacher, doctorandă în sociolingvistică, PREFics, Rennes

E

xaminarea coeziunii de ansamblu a Corespondenţelor Cetăţeneşti în Europa, la care participă actori de diverse provenienţe: acesta era obiectivul rezidenţei mele de o săptămână în locațiile propuse de l’Age de la Tortue. Aşadar, aceste rânduri sunt rezumatul observaţiilor şi reflexiilor mele asupra acestui subiect, în calitate de doctorandă şi sociolingvistă. Analizele prezentate în acest document să nu fie considerate sută la sută reprezentative pentru rezidenţa din Rennes, ci mai curând o fotografie dinamică a unui anumit moment şi dintr-un anumit punct de vedere. Din punct de vedere metodologic, o parte din date au fost culese în timpul conversaţiilor semidirijate, a căror regulă era simplă: şase întrebări, mereu aceleaşi, formulate tuturor persoanelor care lucrau, intrau sau locuiau în l’Age de la Tortue. Întrebările acestea abordau percepţiile unora şi altora asupra Corespondenţelor Cetăţeneşti, asupra implicării lor în proiect şi asupra muncii comune cu persoane din medii profesionale diferite, vorbind limbi diferite, etc.

Întâlnirea ca şi corolar al experimentării Noţiunea de întâlnire se aplică, în cazul de faţă, dintr-o perspectivă de confruntare între puncte de vedere, de îmbogăţire reciprocă. Aşadar, nu e vorba doar de « a se întâlni», ci şi de a inter-acta, de a-şi chestiona propriile reprezentări în relație cu ceilalţi. « În opinia mea, această dimensiune experimentală este bazată pe posibilitatea fiecărui artist şi cercetător din rezidenţă de a inventa un mod propriu de a intra în contact cu locuitorii cartierului. La sfârşitul celor 21 de rezidenţe care s-au ţinut până acum [în proiecte precedente], fiecare artist a găsit un mod propriu de a se relaţiona cu persoane necunoscute până atunci ». « Cred că trebuie să începem să admitem cu adevărat interacţiunea între artă şi ştiinţe sociale. [...] Vreau să zic că am chef să încerc, să experimentez puţin cu lucrurile ».

Pentru mulţi dintre participanţi, Corespondenţele Cetăţeneşti în Europa invită la chestionarea facilităţilor şi modalităţilor obişnuite de lucru. Este vorba de a te pune în situaţii dificile la nivel profesional şi chiar personal, pentru a-ți stimula propriile competenţe, pentru a dezvolta practici noi şi noi cunoștinţe. « Mă aflu aici pentru a realiza un proiect artistic, mai târziu vom vedea cum este. […] Este o şansă pentru mine să văd ce reuşesc să fac cu un nou subiect, e o provocare, o încercare. […] Nu am mai participat niciodată la un proiect social, este prima oară şi pot să văd ce sunt în stare să fac. Pentru mine este bine să văd ce reuşesc […], ca să mă cunosc mai bine ».

Întocmirea Corespondenţelor Cetăţeneşti în Europa postulează experimentarea unor noi forme de implicare şi exprimare politică. « E vorba de faptul că aspectul politic se poate trata în locuri diferite de cele în care se tratează acum şi, ca atare, se poate situa acolo unde trăieşte lumea, unde se nasc întrebările. Şi cred că Corespondeţele Cetăţeneşti vor contribui la acest fapt, putem găsi forme, cred că artiştii pot într-adevăr să contribuie în acest domeniu, adică este necesar ca formatul să permită acest lucru... »

Nu este vorba doar de a crea „în doi o viziune singulară despre lume”: este vorba şi de a o răspândi în spaţiul public. Cu alte cuvinte, să se dăm vizibilitate acelor aspecte care de obicei nu sunt vizibile. Scopul este de a oferi vederii, auzului, simţurilor puncte de vedere care, atât datorită formei cât şi conţinutului, se abat de la 1

Versiunile originale ale citatelor folosite mai sus pot fi consultate în versiunea francezǎ a acestui articol, la pagina 77-78.


ideologia dominantă, pentru a scoate în relief alte forme de discurs şi alte reprezentări ale lumii, care să transmită o complexitate de traiectorii, de experienţe, de relaţii cu lumea, de identităţi, etc., şi care să respingă, astfel, orice fel de discurs globalizator sau de categorizare.

Suprapunerea a două planuri ale limbajului Aspectele legate de dialog şi experimentare se suprapun inevitabil cu chestiunea limbilor şi limbajelor din rezidenţa din Rennes. În discursurile actorilor intervievaţi s-ar părea că se actualizează şi se produc concomitent două planuri diferite de limbaj, fiecare din ele marcat de pluralitate. Primul plan, imediat sesizabil, este cel legat de limbile participanţilor la rezidenţă: limbi materne, limbi vorbite, limbi înţelese, etc. Caracterul transnaţional al proiectului favorizează inevitabil actualizarea mai multor limbi şi relaţia între persoane cu traiectorii sociolingvistice specifice. Pe de altă parte, în discursuri se menţionează un al doilea plan al limbajului, legat de diversitatea actorilor implicaţi şi de multiplicitatea scopurilor şi abordărilor postulate de proiect. « Mai întâi există limbile pe naţionalităţi, bineînţeles, dar după părerea mea ar trebui să facem diferenţa şi între limbajul instituţionalizat şi limbajul intelectual, şi între limbajul comun şi cel poetic. Eu aş zice că există patru limbaje ». « Există o limbă aproape de inginerie, […] şi limbaje artistice. […] Poate ceea ce... trebuia să împărtăşim în aceste Corespondenţe Cetăţeneşti este limbajul sensibil, da. […] Şi pe urmă, poate acest limbaj politic, care nu este limbajul politic aşa cum ni-l imaginăm de obicei, ci momentul re-însuşirii chestiunilor legate de existenţă, de viaţă, într-un sens foarte simplu, etc. »

Aşadar, observăm că aspectele legate de noţiunile de dialog şi întâlnire nu se rezolvă doar la nivelul disparităţilor dintre codurile lingvistice, ci şi la nivelul diverselor moduri de exprimare legate de domeniile diferite de activitate, ale căror frontiere – la început cu asperități – adoptă un aspect diferit pentru fiecare participant. Aş dori să spun că toate aceste transpuneri dintr-o limbă în alta, dintr-un limbaj în altul, paralelismele, intersectările, suprapunerile şi confruntările dintre diversele moduri de exprimare, par să aibă legătură cu exerciţii mai mult sau mai puţin acceptate, în funcţie de personalitatea, identitatea şi experienţa fiecăruia. Depind şi de personalitate, de voinţă şi de capacitatea de a-ți asuma riscuri, din perspectiva tipului de experimentare reprezentată de rezidenţe, de modul de implicare a fiecăruia în cadrul Corespondenţelor Cetăţeneşti în Europa.


̆ ̧̆ Andrei farcaSanu





Their new country éveloppé au cours de deux résidences photographiques dans le cadre des « Correspondances citoyennes en Europe » et mené à bien à Rennes et Tarragone (Espagne), ce projet a pour thème principal la question des migrations en Europe. Les séries de photographies réalisées pendant ces séjours de travail racontent chacune une histoire. L’objectif principal était de découvrir les modalités employées par les migrants pour s’intégrer ou pas à la « Nouvelle Europe », une Europe

sans frontières qui, en théorie, offre l’égalité des chances pour tous. J’ai souhaité suivre de près des histoires humaines de migrants, en utilisant les procédés de la photographie documentaire. En France, j’ai voulu illustrer par des images les histoires, plus ou moins heureuses, d’intégration des personnes que j’avais rencontrées, et leurs façons de préserver les identités spécifiques – tant religieuse que familiale – de la minorité ethnique à laquelle elles disaient appartenir. En Espagne, j’ai centré mon travail sur l’une des modalités

d’intégration des migrants que j’ai rencontrés : la cuisine. Pour cela, j’ai cherché à illustrer des histoires de personnes qui ont appris à cuisiner et sont devenues propriétaires de bars proposant des plats traditionnels espagnols. Selon moi, cela représente une modalité particulière d’intégration dans leur nouveau pays, car bien qu’elles conservent, dans le cercle familial, des habitudes culturelles de leur pays d’origine, elles construisent leur nouvelle vie en puisant notamment dans les ressources culturelles à leur disposition à Tarragona.

ste proyecto, desarrollado a lo largo de las dos residencias fotográficas en el marco del proyecto “Correspondencias ciudadanas en Europa” llevado a cabo en Rennes (Francia), Tarragona (España) y Cluj (Rumanía), tiene como tema principal el problema de las migraciones en Europa. Este booklet que he realizado durante las residencias presenta los problemas de los emigrantes a través de imágenes que cuentan una historia. El objetivo principal era descubrir modalidades que

emplean los emigrantes para integrarse o no en la “Nueva Europa”, una Europa sin fronteras que, en teoría, brinda igualdad de oportunidades a todos. Mi proceso fotográfico socio-documental sigue de cerca historias humanas de los emigrantes, desde un prisma personal, propio. En Francia pretendí ilustrar con imágenes historias felices de integración y modalidades de preservar la identidad específica, tanto religiosa como familiar, de la minoría en cuestión.

En España identifiqué una de las modalidades de integración de las minorías: la cocina. Por eso, he buscado ilustrar historias de los emigrantes que han aprendido a cocinar y son propietarios de bares que sirven platos tradicionales típicamente españoles. En mi opinión, esto representa una modalidad especial de integración en su nuevo país, pues aunque mantengan su identidad en familia, aprenden a seguir adelante en el nuevo mundo en el que viven.

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E


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quest projecte, realitzat al llarg de dues residències fotogràfiques integrades en el projecte “Correspondències ciutadanes a Europa” dut a terme a Rennes (França), Tarragona (Espanya) i Cluj (Romania), té com a tema principal el problema de les migracions a Europa. El booklet que he elaborat en el curs de les residències representa els problemes dels emigrants a través d’una sèrie d’imatges que expliquen una història. L’objectiu principal era descobrir les modalitats emprades pels emigrants per integrar-se o no a la “Nova Europa”, una Europa sense fronteres que, en teoria, ofereix igualtat d’oportunitats a tothom. El meu procés fotogràfic sociodocumental segueix de prop les històries humanes dels emigrants des d’un prisma personal, propi. A França vaig tractar d’il·lustrar amb imatges un seguit d’històries felices d’integració, així com diferents modalitats de preservació de la identitat específica, tant religiosa com familiar, de la minoria en qüestió. A Espanya vaig identificar una de les modalitats d’integració de les minories: la cuina. Per això he tractat d’il·lustrar històries d’emigrants que han après a cuinar i són propietaris de bars que serveixen plats tradicionals típicament espanyols. En la meva opinió, això representa una modalitat especial d’integració en el nou país ja que, tot i mantenir la seva identitat dins la família, aprenen a tirar endavant en el món nou on viuen.



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cest proiect derulat în cele 2 rezidențe foto în cadrul proiectului Corespondențe Citadine realizat în Rennes (Franța), Tarragona (Spania) și Cluj (România) are ca temă principală problema migrației în Europa. În acest pliant sunt prezentate problemele emigranților în povești în imagini, pe care le-am investigat și realizat în timpul rezidentelor in Franța și Spania. În demersul meu fotojurnalistic scopul principal a fost să descopăr modalități prin care emigranții se integrează sau nu în “Noua Europă”, o Europă fără granițe care teoretic și declarativ prezintă oportunități egale pentru toti cetățenii Europei. Investigatia foto - social - documentaristică urmărește povești umane ale emigranților dintr-o prismă personală, proprie, incărcată de semnificații. În Franța am urmărit să ilustrez în imagini poveștile fericite de integrare și modalitati de păstrare a identității specifice minorității respective, atât religioase cât și sociale. În Spania am identificat una din modalitățile de integrare a minorităților – bucătăria. De aceea am căutat și ilustrat povești ale emigranților care au asimilat și învățat să gatească în stil spaniol. Și fac aceasta în baruri de gustări specifice tradiționale spaniole, pe care le dețin. Pentru mine aceasta reprezintă o modalitate de integrare specială în noua lor țară prin faptul că deși își păstrează identitatea în familie, învață să meargă mai departe în noua lume în care trăiesc.



remus gabriel Anghel, tomas Burean


La nouvelle diversité ethnique de Cluj : les étudiants musulmans et moldaves

L

Par Burean Toma1, Remus Gabriel Anghel2

a ville de Cluj présente un nombre croissant d’étudiants étrangers. Ce phénomène en augmentation a trois causes principales. D’abord, il est dû au grand nombre de places réservées et de bourses attribuées aux étudiants de la République de Moldavie qui souhaitent étudier en Roumanie. Par exemple, à Iasi, six mille étudiants en sont originaires. À Cluj, environ mille étudiants bénéficient de ce type de bourses offertes par l’État roumain. Le deuxième facteur est lié au coût des études à l’Université de médecine et de pharmacie Iuliu Hatieganu, qui avoisine les six mille euros par an, le montant annuel le plus bas à verser dans une faculté de médecine de l’Union Européenne, pour un étudiant étranger. Ceux qui terminent leurs études dans cette faculté ont l’opportunité de décrocher un diplôme de médecine reconnu par l’Union Européenne. Les étudiants étrangers sont également attirés à Cluj par un autre programme : Erasmus, qui crée un cadre permettant aux étudiants de l’UE de venir à Cluj étudier dans les universités de la ville, pour six mois ou un an. Le nombre d’étudiants dans ce cas est encore réduit, une centaine environ, mais il est en augmentation. Il y a encore peu de temps, la Roumanie n’était pas un pays d’accueil de migrants, un fait perceptible aussi à Cluj. Pourtant, à la différence d’autres villes de la province, aujourd’hui le nombre d’étrangers y est supérieur, ce qui est particulièrement dû à l’attraction universitaire et, plus récemment, aux investisseurs étrangers, acteurs de ce que l’on nomme le phénomène migratoire des entreprises. Nous décrivons dans ce texte un phénomène naissant en Roumanie et à Cluj. Nous nous proposons de découvrir, à travers des entretiens, les modalités d’intégration sociale des étudiants étrangers. Nous présentons ci-après quelques données sur le phénomène migratoire en Roumanie, notamment la situation des étudiants musulmans et ceux issus de la République de Moldavie, qui représentent les groupes d’étudiants étrangers les plus nombreux de Cluj.

Les étudiants musulmans originaires du Maghreb et d’Asie Mineure et Centrale : perceptions sociales et sociabilité différenciée La majorité des étudiants étrangers venant à Cluj sont musulmans. Bien que seulement 500 musulmans résident officiellement à Cluj, il faut ajouter 1 000 étudiants de plus, au début de l’année universitaire. En 1997, fut inaugurée la première mosquée de la ville. Son imam était aussi étudiant en médecine. Il nous raconte que les étudiants ne viennent pas beaucoup à la mosquée et qu’ils s’éloignent du chemin enseigné par la religion. Les blogs et forums des musulmans de Roumanie transmettent la même impression. Il est parfois reproché aux étudiants de passer leurs nuits dans les clubs et les établissements de jeux de hasard au lieu d’étudier. Certains ne se rendent pas à la mosquée par peur d’être taxés de fondamentalistes par la population de Cluj. Dans une conversation sur Internet sur la relation entre étudiants musulmans et roumains, certains se plaignaient que les étrangers arrivaient toujours en retard ou tout simplement ne se présentaient pas en cours et qu’ils ignoraient les normes locales. Leur conclusion était qu’il était plus facile pour les étudiants étrangers d’étudier à Cluj, car les normes n’y étaient pas aussi strictes que dans leur propre pays, car leur non respect n’était pas pénalisé. Un étudiant étranger réagissait en disant qu’il était contre-productif de faire de telles généralités et que le principal problème entre les étudiants étrangers et roumains venait selon lui du manque de communication ou d’une mauvaise communication. Plus que les étudiantes, les jeunes étudiants semblent davantage curieux d’entrer en relation avec d’autres étudiants, ce qui est souvent considéré comme une libération sociale. Ils sortent souvent le soir dans les clubs de la ville, ils veulent côtoyer des filles roumaines et organiser des fêtes. Certains d’entre eux seraient disposés à rester à Cluj s’il y avait suffisamment d’opportunités de travail ou d’affaires, mais tous s’accordent à dire que cet espoir est peu réaliste. Pour cette raison, les relations avec les filles roumaines sont parfois considérées comme temporaires : si, au contraire, ils choisissaient de vivre durablement en couple après leur période d’études en Roumanie, ils rentreraient dans leurs pays où leur amie roumaine aurait à s’adapter à un autre système de valeurs beaucoup plus traditionaliste. Pour les étudiants, un mariage avec une Roumaine aurait besoin d’être approuvé par leurs parents, particulièrement par leur père, pour qui la différence culturelle et religieuse pourrait représenter, selon eux, un frein significatif. Malgré tout, la vie étudiante implique pour eux de nombreuses amitiés nouvelles, au moins pendant la période de leurs études. Pour les étudiantes, la situation est différente. Les filles semblent plus distantes, tandis que les garçons saisissent 1 Toma Burean est professeur à la faculté de sciences politiques de l’Université Babeş Bolyai de Cluj (Roumanie) et étudiant en doctorat à la Graduate School for Social Research, de l’Académie des Sciences de Pologne, à Varsovie (Pologne). 2 Remus Gabriel Anghel, docteur en sociologie, est chercheur à l’Institut roumain de recherche sur les minorités nationales, à Cluj (Roumanie).


plus fréquemment les opportunités de socialisation. Pour elles aussi, les relations avec les Roumains sont plutôt temporaires et se limitent à la durée des études.

Les étudiants de République de Moldavie : migration permanente et identification au contexte de la ville Le nombre d’étudiants moldaves a constamment augmenté depuis 1991, surtout à cause d’un programme spécial lancé par le gouvernement de Roumanie, qui offrait des places et des bourses aux étudiants originaires de la République de Moldavie. Les villes favorites de ces étudiants sont Iasi, suivie de Bucarest, Timisoara et Cluj. À la différence des étudiants musulmans, les étudiants moldaves ont une modalité totalement différente d’intégration sociale, surtout basée sur leur projet de migration. Si les étudiants musulmans semblent majoritairement avoir l’intention de rentrer dans leurs pays d’origine, il n’en va pas de même pour les étudiants moldaves. Pour eux, la migration est définitive et la période d’études en Roumanie est considérée comme décisive en ce sens : « Nous, nous ne souhaitons pas nécessairement rester en Roumanie, mais plutôt nous échapper, partir ailleurs ». Les étudiants considèrent que les différences culturelles entre eux et les Roumains sont minimes et se limitent à l’accent et à de légères variantes linguistiques. Être étudiant à l’université de Cluj est une question de prestige. Une partie des étudiants de Bessarabie consacre beaucoup de temps aux études et considère qu’obtenir de bons résultats les aidera aussi bien pour continuer à migrer que pour développer leur parcours professionnel en Roumanie. De plus, les étudiants de Bessarabie qui vivent à Cluj parlent roumain, ce qui leur facilite considérablement


La nueva diversidad étnica de Cluj: los estudiantes musulmanes y moldavos

C

por Burean Toma1, Remus Gabriel Anghel2

luj es una ciudad que presenta un número creciente de estudiantes extranjeros. Este fenómeno en aumento tiene tres causas. En primer lugar, se debe al gran número de plazas especiales y becas dirigidas a los estudiantes de la República de Moldavia que quieren estudiar en Rumanía. Por ejemplo, en Iasi hay seis mil estudiantes procedentes de la República de Moldavia. En Cluj hay alrededor de mil estudiantes que se benefician de este tipo de becas ofrecidas por el Estado rumano. El segundo factor tiene que ver con las tasas académicas de la Universidad de Medicina y Farmacia Iuliu Hatieganu, que rondan los seis mil euros anuales, la menor cuota anual que un estudiante extranjero paga en una facultad de medicina de la Unión Europea. Los que finalizan sus estudios en esta facultad tienen la oportunidad de obtener un diploma médico reconocido por la Unión Europea. Otro programa que atrae a los estudiantes extranjeros a Cluj es el Erasmus, que ha creado un marco por el que estudiantes de la UE pueden venir a Cluj durante seis meses o un año para estudiar en las universidades de la ciudad. El número de este tipo de estudiantes aún es reducido, alrededor de 100, pero va en aumento. Hasta hace poco tiempo, Rumanía no era un país receptor de inmigración, cosa perceptible también en Cluj. No obstante, a diferencia de otras ciudades de la provincia, el número de extranjeros es mayor y esto se debe especialmente al centro universitario y, más recientemente, a los inversores extranjeros en lo que se conoce como el fenómeno migratorio empresarial. En este texto describimos un fenómeno incipiente en Rumanía y en Cluj. Nos proponemos descubrir, a través de entrevistas, las modalidades de integración social de los estudiantes extranjeros. A continuación presentamos algunos datos sobre el fenómeno migratorio en Rumanía, con la situación de los estudiantes musulmanes y de la República de Moldavia, que representan los grupos más numerosos de estudiantes extranjeros en Cluj.

Los estudiantes procedentes del Magreb y de Asia Menor y Central: percepciones sociales y socialidad diferenciada La mayoría de los estudiantes extranjeros que vienen a Cluj son musulmanes. A pesar de que sólo 500 musulmanes residen oficialmente en Cluj, a estos se les suman 1.000 estudiantes más a principios de cada año universitario. En 1997 se inauguró la primera mezquita de la ciudad. Su imán fue también estudiante de medicina. Nos cuenta que los estudiantes no vienen mucho a la mezquita y que se alejan del camino que enseña la religión. Encontramos la misma impresión publicada en los blogs y foros de los musulmanes de Rumanía. A los estudiantes se les reprocha que en lugar de estudiar malgasten sus noches en clubes nocturnos y con juegos de azar. Algunos no acuden a la mezquita por miedo a que la población mayoritaria les tilde de fundamentalistas. En una conversación en internet sobre la relación entre los estudiantes musulmanes y rumanos, algunos se quejaban de que los extranjeros llegan siempre tarde o ni siquiera van a clase y que ignoran las normas. La conclusión era que es más fácil para los estudiantes extranjeros estudiar en Cluj porque las normas no son tan estrictas y no se penaliza su incumplimiento. Un estudiante extranjero reacciona diciendo que no se debe generalizar y que cree que el principal problema entre los estudiantes extranjeros y rumanos es la falta de comunicación o una mala comunicación. A los jóvenes estudiantes les interesa relacionarse con otros estudiantes, algo considerado muchas veces como una liberación social. Salen por la noche a menudo por los clubes de la ciudad, quieren relacionarse con chicas rumanas y organizar fiestas. Algunos de ellos estarían dispuestos a quedarse en Cluj si hubiera suficientes oportunidades de trabajo o negocios, pero todos coinciden en que este tipo de expectativas son poco realistas. Por esta razón, las relaciones con chicas rumanas se consideran temporales: tras el período de estudios en Rumanía, regresarán a sus países, donde las rumanas deberían adaptarse a otro sistema de valores mucho más tradicionalista. Para los chicos estudiantes, el matrimonio con una rumana debería contar con el consentimiento de sus progenitores, especialmente del padre, pero la diferencia cultural y religiosa parece representar un impedimento significativo. No obstante, para ellos la vida de estudiante significa muchas amistades nuevas, al menos durante la etapa de los estudios. Para las estudiantes, la situación es diferente. Las jóvenes parecen más distantes, mientras que los jóvenes aprovechan las oportunidades de socialización en discotecas y bares de la ciudad. A pesar de todo ello, las relaciones con los rumanos son más bien temporales y se limitan a la duración de los estudios. 1 Toma Burean es profesor en la Facultad de Ciencias Políticas de la Universidad Babeş Bolyai de Cluj-Napoca (Rumanía) y estudiante de doctorado en la Graduate School for Social Research, de la Academia de Ciencias de Polonia, de Varsovia (Polonia). 2 Remus Gabriel Anghel, doctor, es investigador en el Instituto Rumano de Investigación en materia de Minorías Nacionales, de Cluj (Rumanía).


Los estudiantes moldavos: migración permanente e identificación con el contexto de la ciudad El número de estudiantes de Moldavia ha crecido constantemente desde 1991, sobre todo debido a un programa especial lanzado por el Gobierno de Rumanía, que ofrecía plazas especiales y becas para estudiantes procedentes de la República de Moldavia. Las ciudades favoritas de los estudiantes moldavos son Iasi, seguida de Bucarest, Timisoara y Cluj. A diferencia de los estudiantes musulmanes, los estudiantes moldavos tienen una modalidad totalmente diferente de integración social, basada sobre todo en sus planes de migración. Así como los estudiantes musulmanes tienen la intención de volver a sus países de origen, no ocurre lo mismo con los estudiantes moldavos. Para estos, la migración es definitiva y el período de estudios en Rumanía se considera decisivo en este sentido: “nosotros no queremos necesariamente ir a Rumanía, sino escapar, ir a otra parte”. Los estudiantes consideran que las diferencias culturales son mínimas entre ellos y los rumanos, y las únicas diferencias son el acento y ligeras diferencias lingüísticas. Ser estudiante universitario en Cluj es una cuestión de prestigio. Una parte de los estudiantes de Besarabia invierte mucho tiempo en la educación y considera que obtener buenos resultados los ayuda tanto a la hora de seguir migrando (o de quedarse en Rumanía), como en su desarrollo profesional. Además, los estudiantes de Besarabia que vienen a Cluj hablan rumano, lo que les facilita considerablemente el acceso al proceso educativo, la integración social y la relación con las instituciones locales.


La nova diversitat ètnica de Cluj: els estudiants musulmans i moldaus

L

per Burean Toma1, Remus Gabriel Anghel2

a ciutat de Cluj acull a un nombre creixent d’estudiants estrangers. Aquest fenomen té tres causes. D’entrada, es deu al gran nombre de places especials i beques reservades als estudiants de la República de Moldàvia que desitgin estudiar a Romania. A Iasi, per exemple, sis mil estudiants són originaris de la República de Moldàvia. A Cluj, entorn de mil estudiants es beneficien d’aquestes beques que ofereix l’Estat romanès. El segon factor va lligat al cost dels estudis a la Universitat de Medicina i Farmàcia Iuliu Hatieganu, que s’acosta als sis mil euros anuals, el preu més baix per a un estudiant estranger en una universitat de medicina de la Unió Europea. Els que finalitzen els seus estudis a aquesta universitat tenen l’oportunitat d’obtenir un diploma de medicina reconegut per la Unió Europea. Hi ha també un altre programa que atreu estudiants estrangers a Cluj: Erasmus, en el marc del qual els estudiants de la UE poden venir a Cluj per períodes de sis mesos o un any per estudiar a les universitats de la ciutat. El nombre d’estudiants en aquesta situació és encara reduït, entorn d’un centenar, però va en augment. Fins fa poc, Romania no era un país d’acollida d’immigrants, un fet perceptible també a Cluj. Però el nombre d’estrangers aquí és superior al d’altres localitats de la província, fruit principalment de la influència del centre universitari i, més recentment, dels inversors estrangers, en el que es coneix com el fenomen migratori de les empreses. En aquest text es descriu un fenomen naixent a Romania i a Cluj. Ens proposem descobrir, a través d’un seguit d’entrevistes, les modalitats d’integració social dels estudiants estrangers. Posteriorment presentem algunes dades sobre el fenomen migratori a Romania, relatives a la situació dels estudiants musulmans i de la República de Moldàvia, que són els grups d’estudiants estrangers més nombrosos a Cluj.

Els estudiants originaris del Magrib i d’Àsia Menor i Central: percepcions socials i sociabilitat diferenciada La majoria dels estudiants estrangers que vénen a Cluj són musulmans. Per bé que només 500 musulmans resideixen oficialment a Cluj, cal afegir-hi 1.000 estudiants a principis de cada any universitari. L’any 1997 es va inaugurar la primera mesquita de la ciutat. El seu imam també era estudiant de medicina. Ens explica que els estudiants no van gaire a la mesquita i que s’allunyen del camí que ensenya la religió. Els blogs i els fòrums dels musulmans de Romania transmeten la mateixa impressió. Als estudiants se’ls critica que es passin les nits als clubs i a les sales de joc enlloc d’estudiar. Alguns no van a la mesquita per por que la població majoritària els titlli de fonamentalistes. En una conversa per Internet sobre la relació entre els estudiants musulmans i els romanesos, alguns es queixen que els estrangers sempre arriben tard o senzillament no es presenten i que ignoren les normes. La conclusió era que estudiar a Cluj era més fàcil per als estudiants estrangers perquè les normes no són tan estrictes amb ells i la seva inobservança no és castigada. Un estudiant estranger responia dient que no és cosa de fer generalitzacions i que el principal problema entre els estudiants estrangers i els romanesos ve de la manca de comunicació o de la mala comunicació. Els joves estudiants tenen més curiositat per establir relacions amb altres estudiants, i sovint ho veuen com una alliberació social. Surten de nit sovint als clubs de la ciutat, volen conèixer noies romaneses i organitzar festes. Alguns estarien disposats a quedar-se a Cluj si hi hagués suficients oportunitats de feina o de negoci, però tots estan d’acord a dir que aquestes expectatives són poc realistes. Per aquesta raó, les relacions amb les noies romaneses són vistes com a temporals: un cop acabat el període d’estudis a Romania, tornaran al seu país, on les romaneses s’haurien d’adaptar a un sistema de valors molt més tradicionalista. En el cas dels estudiants, un matrimoni amb una romanesa hauria de ser aprovat pels seus pares, en particular pel seu pare, però la diferència cultural i religiosa sembla constituir un fre significatiu. Malgrat tot, la vida estudiantil suposa per ells moltes amistats noves, almenys mentre duren els seus estudis. Per a les estudiants, la situació és diferent. Les noies semblen més distants, mentre que els nois aprofiten les oportunitats de socialització que ofereixen les discoteques i els bars de la ciutat. Malgrat tot, les relacions amb els romanesos són en general temporals i es limiten a la durada dels estudis.

1 Toma Burean és professor a la facultat de ciències polítiques de la Univesitat Babeş Bolyai de Cluj (Romania) i estudiant de doctorat a la Graduate School for Social Research, de l’Acadèmia de les Ciències de Polònia, a Varsòvia (Polònia). 2 Remus Gabriel Anghel, doctor, és investigador a l’Institut Romanés de Recerca sobre les Minories Nacionals, a Cluj (Romania).


Els estudiants moldaus: emigració permanent i identificació amb el context de la ciutat

El nombre d’estudiants originaris de Moldàvia ha augmentat de manera constant des de 1991, sobretot a causa d’un programa especial posat en marxa pel govern de Romania que ofereix places especials i beques als estudiants originaris de la República de Moldàvia. La localitat preferida pels estudiants moldaus és Iasi, seguida de Bucarest, Timisoara i Cluj. A diferència dels estudiants musulmans, els estudiants moldaus tenen una modalitat totalment diferent d’integració social, basada sobretot en els seus projectes d’emigració. Si els estudiants musulmans tenen intenció de tornar al seu país d’origen, no passa el mateix amb els estudiants moldaus. En el seu cas, l’emigració és definitiva i el període d’estudis a Romania és vist com a definitiu en un sentit: “nosaltres no desitgem necessàriament venir a Romania, sinó sobretot escapar, anar a un altre lloc”. Els estudiants consideren que les diferències culturals entre ells i els romanesos són mínimes i es limiten a l’accent i a lleugeres variacions lingüístiques. Ser estudiant a la universitat de Cluj és una qüestió de prestigi. Una part dels estudiants de Bessaràbia dedica molt de temps a l’educació i considera que obtenir bons resultats els ajudarà tant a prosseguir la seva emigració (o a romandre a Romania) com a avançar professionalment. A més, els estudiants de Bessaràbia que viuen a Cluj parlen romanès, cosa que facilita considerablement el seu accés al procés educatiu, la integració social i la relació amb les institucions locals.


Noua Diversitate Etnică din Cluj: Studenţii Musulmani şi Moldoveni

C

de, Burean Toma1, Remus Gabriel Anghel2

lujul este un oraş cu un număr crescând de studenţi străini. Creşterea acestui fenomen are trei cauze. În primul rând este vorba de numărul mare de locuri speciale şi burse oferite studenţilor din Republica Moldova care vor să studieze în România. De exemplu, în Iaşi sunt şase mii de studenţi veniţi la studii din Republica Moldova. În Cluj sunt în jur de 1000 de studenţi beneficiari ai unor astfel de burse oferite de statul român. Un al doilea factor ţine de taxele de şcolarizare de la Universitatea de Medicină şi Farmacie Iuliu Haţieganu. Acestea sunt în jur de şase mii de euro pe an, fiind cea mai mică sumă plătită pe an pentru o facultate de medicină din Uniunea Europeană. Cei care termină această facultate au şansa de a obţine o diplomă de medic recunoscută în Uniunea Europeană. Un alt program menit să atragă studenţi străini la Cluj este Erasmus care a creat un cadru prin care studenţi din UE pot să vină la Cluj pentru şase luni sau un an să studieze la universităţile din oraş. Numărul acestora încă este mic, în jur de 100, dar în creştere. România nu este o ţară către care se migrează şi acest lucru se poate simţi şi la Cluj. Însă spre deosebire de alte oraşe din provincie, numărul de străini este mai mare şi acest lucru se datorează mai ales centrului universitar şi mai recent, investitorilor străini supuşi fenomenului de migraţie corporatistă. În acest text descriem un fenomen aflat la început în România si în Cluj. Ne propunem ca prin utilizarea interviurilor să descoperim modalităţile de încorporare socială a studenţilor străini. În cele ce urmează vom prezenta unele date despre migraţia în România, cu situaţia studenţilor musulmani şi a celor din Republica Moldova, cele mai numeroase grupuri de studenţi străini din Cluj.

Studentii musulmani Majoritatea studenţilor străini care vin la Cluj sunt musulmani. Deşi oficial nu sunt mai mult de 500 de musulmani care au rezidenţă în Cluj acestora li se adaugă la începutul fiecărui an universitar încă o mie de studenţi. În 1997 a fost inaugurată prima moschee din oraş. Imamul a fost şi el student la medicină. Acesta a povestit că studenţii nu prea vin la moschee şi se abat de la calea arătată de religie. Aceeaşi impresie o regăsim publicată şi pe bloguri şi forumuri ale musulmanilor din România. Studenţilor li se impută că în loc să studieze îşi pierd nopţile în cluburi de noapte şi la jocuri de noroc. Unii nu vin la moschee de teamă ca populaţia majoritară să nu îi catalogheze ca fiind fundamentalişti. Pe o postare dedicată relaţiei dintre studenţii musulmani şi români unii se plângeau de studenţii străini că mereu întârzie la ore sau nu vin deloc şi că ignoră regulamentele. Concluzia era că este mai uşor pentru studenţii străini să studieze la Cluj pentru că aici regulamentele nu sunt stricte şi nu se urmăreşte respectarea lor. Reacţia unui student străin a fost că nu e bine să se generalizeze şi credea că problema principală dintre studenţii străini şi cei români este lipsa de comunicare sau comunicare proastă. Tinerii studenţi sunt interesaţi să aibe relaţii cu alţi studenţi, lucru pe care îl văd adesea ca pe o eliberare socială. Ies adesea seara în cluburile din oraş, vor să aibe relaţii cu fete românce şi să facă petreceri. Unii dintre ei ar fi dispuşi să rămână în Cluj dacă ar exista oportunităţi suficiente de angajare sau de afaceri, deşi toţi sunt de acord că astfel de aşteptări sunt mai degrabă nerealiste. De aceea relaţiile cu româncele sunt considerate temporare: după perioada de studiu în România ei se vor întoarce în ţările lor, unde româncele ar trebui să se adapteze unui alt sistem de valori mult mai tradiţionalist. Pentru studenţi căsătoria cu o româncă ar trebui să fie aprobată de către părinţi, în special de taţi, iar diferenţa culturală şi religioasă este un impediment major. Totuşi, viaţa de student pentru ei înseamnă o sumedenie de amiciţii noi, cel puţin pentru perioada de studii. Pentru studente situaţia este diferită. Tinerele sunt mult mai retrase, pe când tinerii profită de oportunităţile de socializare în cluburile şi pub-urile din oraş. Cu toate astea, relaţiile cu românii sunt mai degrabă temporare şi limitate la durata studiilor.

Studenţii din Republica Moldova Numărul studenţilor din Moldova a crescut constant începând cu 1991 mai ales din cauza unui program special, iniţiat de Guvernul României, care oferea locuri speciale şi burse pentru studenţii veniţi din Republica Moldova. Oraşele favorite pentru studenţii molodveni sunt Iaşiul, urmat de Bucureşti, Timişoara şi Cluj. Spre deosebire de studenţii musulmani, studenţii moldoveni au o modalitate complet diferită de încorporare 1 Toma Burean este cadru didactic în cadrul Facultăţii de Ştiinţe Politice al Universităţii Babeş Bolyai din Cluj Napoca şi student doctorand în cadrul Graduate School for Social Research, Polish Academy of Sciences, Varşovia, Polonia. 2 Remus Gabriel Anghel, dr., este cercetător în cadrul Institutului pentru Studierea Problemelor Minorităţilor Naţionale, Cluj Napoca.


socială care este generată în special de planurile lor de migraţie. Dacă studenţii musulmani au intenţia de a se întoarce în ţările lor de origine, nu acelaşi lucru este valabil pentru studenţii moldoveni. Pentru moldoveni, migraţia este definitivă iar perioada de studiu în România este privită ca hotărâtoare în acest sens: „noi nu vrem neapărat să mergem în România ci să scăpăm, să mergem în altă parte”. Studenţii consideră că diferenţele culturale sunt minime între ei şi români şi singurele diferenţe sunt accentul diferit şi uşoare diferenţe lingvistice. A fi student la Cluj este o chestiune de prestigiu. Parte dintre studenţii basarabeni investesc mult timp în educaţie şi consideră că obţinerea unor rezultate bune îi ajută atât pentru a migra mai departe (sau a rămâne în România) şi pentru a se dezvolta profesional. În plus studenţii basarabeni care vin la Cluj cunosc româna, ceea ce le face mult mai facil accesul la procesul educaţional, la încorporare socială şi relaţia cu instituţiile locale. Basarabenii au o imagine pozitivă despre Cluj.


Nani Blasco Moya


M

on objectif de départ était de recueillir la voix de différentes générations de migrants et d’enquêter pour savoir s’ils souhaitaient rentrer au pays. Mais mon projet de Correspondances a évolué à mesure que les résidences se sont déroulées. J’ai réalisé 2 types de vidéos. Celles qui représentent un collectif (Mustapha, Pata Rat), et celles qui racontent des histoires personnelles (Ana, Lidia).

M

i propósito inicial era recoger la voz de diferentes generaciones de emigrantes, e investigar si estos quieren volver a su país. Las correspondencias han evolucionado a medida que se han desarrollado las residencias. He realizado 2 tipos de vídeos. Los que representan a un colectivo (Mustapha, Pata Rat) y los que narran historias personales (Ana, Lidia).

E

l meu propòsit inicial era recollir la veu de diferents generacions d’emigrants i investigar si volien tornar al seu país. Les Correspondències han evolucionat a mesura que s’han desenvolupat les residències. He realitzat dos tipus de vídeos. Els que representen un col·lectiu (Mustapha, Pata Rat) i els que narren històries personals (Ana, Lidia).

I

ntenția mea a fost să culeg mărturiile diferitelor generaţii de emigranţi şi să aflu dacă aceştia doresc să se întoarcă în ţara lor. Corespondenţele au evoluat pe parcursul rezidenţelor. Am realizat două tipuri de filme video: cele care reprezintă un colectiv (Mustapha, Pata Rat) şi cele care narează povestiri personale (Ana, Lidia). În Cluj am întâlnit discriminarea brutală a ţiganilor, expulzaţi din centru într-o tabără, în apropierea gropii de gunoi de la Pata Rât.


AA

na témoigne de la façon dont na témoigne la façon dont elle a vécude la séparation elle parents. a vécu Ils la ont séparation de ses émigré de Espagne. ses parents. ont et émigré en Les Ils doutes les en Espagne. et les manques d’Ana Les à ce doutes sujet prennent manques prennent la envoie forme la forme d’Ana de mots, qu’elle àdesesmots, parents. qu’elle envoie à ses parents.

A

na es un ejemplo de cómo se vive la separación familiar. Sus padres han emigrado a España. Las incertidumbres y las carencias de Ana en palabras, que envía a sus padres.

A

na és un exemple de com es viu la separació familiar. Els pares han emigrat a Espanya. Les incerteses i les carències de l’Ana

expressades amb paraules, que envia als seus pares.

A

na este un exemplu despre ce înseamnă despărţirea de familie. Părinţii săi au emigrat în Spania. Incertitudinile şi lipsurile Anei sunt exprimate în cuvintele pe care le trimite părinţilor săi.


L

idia Altagracia raconte comment elle est arrivée en France, sa situation personnelle et son souhait de rentrer en République Dominicaine avec son mari breton. Mais : et sa fille ? C’est à elle que s’adresse notre Correspondance.

L

idia Altagracia habla de cómo llegó a Francia, su situación personal y sus deseos de volver a la República Dominicana con su marido bretón, pero ¿y su hija? A ella va dirigida la Correspondencia.

L

idia Altagracia parla de com va arribar a França, de la seva situació personal i dels seus desitjos de tornar a la República Dominicana

amb el seu marit bretó, però... i la seva filla? A ella va adreçada la Correspondència.

L

idia Altagracia povesteşte cum a ajuns în Franţa, situaţia sa personală şi dorinţa sa de a se întoarce în Republica Dominicană împreună cu soţul său breton. Dar ce se va întâmpla cu fiica sa? Acesteia i se adresează Corespondenţa.


À

Rennes, Mustapha Laabid explique comment un club de foot de quartier, Rennes Intermed, réalise un travail d’insertion sociale et professionnelle.

E

n Rennes, Mustapha Laabid explica como un club de fútbol de Barrio, el Rennes Intermed, realiza una labor de inserción social y laboral.

A

Rennes, Mustapha Laabid explica com un club de futbol del barri, el Rennes Intermed, duu a terme una tasca d’inserció social i laboral.

Î

n Rennes, Mustapha Laabid explică cum un club de fotbal de cartier, Rennes Intermed, desfăşoară o muncă de inserţie socială şi profesională.



À

Cluj (Roumanie), nous avons été confrontés à la brutale discrimination des gitans expulsés du CentreVille vers un campement, près d’une décharge, appeléePata Rat.



E

n Cluj (Rumanía) nos topamos con la brutal discriminación a los gitanos, expulsados del centro hacia un campamento junto al vertedero, llamado Pata Rat.

A

Cluj (Romania) ens vam trobar amb la brutal discriminació dels gitanos, expulsats del centre cap a un campament pròxim a l’abocador, anomenat Pata Rat.

Î

n Cluj am întâlnit discriminarea brutală a ţiganilor, expulzaţi din centru într-o tabără, alături de depozitul de gunoi numit Pata Rât.


Maria Pallarès Serena


Les voix de Tarragona Ponent

J

Maria Pallarès Serena, éducatrice de rue et anthropologue, Fundació Casal L’Amic, Tarragona

’ai apporté ma collaboration au projet uniquement sur le territoire espagnol, à partir d’une recherche menée dans les quartiers de la Zona Ponent de la ville de Tarragone (Catalogne, Espagne). Ce choix est dû à mon activité professionnelle, j’exerce le métier d’éducatrice sociale au sein de la Fondation Casal l’Amic, un organisme bien installé et reconnu sur ce territoire. Ma recherche concerne l’évolution des quartiers de la Zona Ponent comme territoire construit – et toujours en construction – par les migrations ; des migrations datant parfois d’il y a plus de cinquante ans en provenance du reste de l’Espagne et qui jouèrent un rôle clé dans la création de cette partie de la ville. Depuis cette époque, ces flux migratoires ont changé de caractéristiques ; on constate en particulier que les migrants d’aujourd’hui viennent, pour la plupart d’entre eux, d’autres pays.

Pour mener à bien cette analyse, j’ai utilisé comme principal outil de recherche le récit de vie, des récits de migrants qui vivent aujourd’hui dans la Zona Ponent, après avoir décidé de quitter leur pays natal, pour de multiples raisons. Tout en essayant de conserver une posture objective, j’ai tenu compte de l’expérience concrète et subjective que ces personnes possèdent de notre société (Pujadas, 1992). Dans notre cas, il s’agit de personnes qui ont bien voulu donner leur voix, leur témoignage, pour ce projet. En utilisant cette méthode biographique, j’ai souhaité mettre en relief des récits de migrations, expliqués à la première personne, par leurs protagonistes. Les récits de vie nous ouvrent en effet une fenêtre sur la complexité des liens qui unissent l’individu à ses semblables et nous montrent comment celui-ci interagit avec les structures sociales et les systèmes de valeurs d’une société donnée (Prat, 2004). Pour comprendre le cas de la Zona Ponent de Tarragone, il convient d’en connaître le contexte. Ce territoire est formé par différents quartiers (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar et Icomar), créés à partir du développement industriel de la ville, surtout les secteurs pétrochimique et touristique. Cette croissance a d’abord provoqué l’arrivée de plusieurs flux migratoires en provenance de différentes régions d’Espagne. L’accueil de ces populations influença fortement le développement de cette zone, en particulier, et de la Catalogne en général. Nous parlons ici des années 1960 et 1970. Plus tard, dans les années 1990, la Zona Ponent – tout comme le reste de l’Espagne – cessa d’être une terre uniquement d’émigration pour devenir aussi un territoire d’accueil. On y enregistre une entrée lente et soutenue de populations d’origines variées : Maroc, Amérique Latine, Sénégal, Gambie et Europe de l’Est. J’ai pris pour points de départ différents récits de vie, car ils constituent pour moi un instrument méthodologique d’analyse de la réalité qui permet, à partir de l’individuel, de déboucher sur des questions collectives, d’ordre social. J’ai voulu mettre en relief certains aspects qui ne peuvent être analysés qu’à partir de la voix de ceux qui vivent ces migrations. Je mets particulièrement l’accent sur la place qu’occupe le fait migratoire dans la globalité d’une histoire de vie. En racontant notre propre vie, nous nous souvenons, nous regardons vers le passé depuis un présent concret, peut-être même dans une perspective d’avenir. Nous transmettons également notre histoire en énumérant des situations et des expériences communiquées avec des sentiments concrets, et toujours en suivant un scénario qui raconte la vie, en insistant sur certains aspects et en en omettant d’autres. C’est une narration propre à ce moment, dans un espace et un temps concrets, une narration où la construction individuelle interagit avec la construction sociale. Une construction qui n’est ni rigide ni statique, ni semblable à une autre, bien qu’observable, définissable et pleine de significations. « Quand on est jeune, on ne pense à rien d’autre qu’à prospérer un peu dans la vie, non ? Alors j’ai émigré ici en Catalogne ».

« Je n’ai pas connu la faim, nous n’avions pas grand-chose, mais... je n’ai pas connu la faim, ni rien de ce genre. En fait, je suis très indépendant, pour moi, rester avec mes grands-parents et mes tantes… non merci ! Moi, je voulais que ma vie soit à moi, point. Alors je suis venu à Barcelone ».


Toutes les personnes ayant expliqué leur expérience dans leurs récits de vie ont mentionné ce changement comme un moment parmi d’autres de leur histoire. Sans insister particulièrement sur ce point, en comparaison avec d’autres moments racontés, sans en parler comme d’un moment décisif ni comme d’un point d’inflexion dans leur vie. « Nous sommes venus parce que j’avais de la famille ici. Nous sommes restés ici parce que nous avions du travail ». « De là-bas, je suis arrivé ici. Depuis 2007, l’été 2007. Mon frère m’a envoyé un contrat de travail, il a trois établissements ici ».

Chacune de ces deux citations correspond au seul moment, dans la narration de deux personnes interrogées, où le processus migratoire a été clairement évoqué. Au-delà de cette explication, elles n’ajoutent rien sur la façon dont la migration a changé leur vie. Par la suite, la narration de ces deux personnes (il en va de même avec les six autres personnes interrogées) se concentre sur l’explication de leurs conditions de vie à Tarragone, dans la Zona Ponent. Le travail sur le lieu de leur arrivée en Espagne a clairement été l’élément central de tous les récits analysés, de sorte que le parcours professionnel a constitué le fil rouge du témoignage de chacune des personnes interrogées. « À l’époque, eh bien... Pepito n’avait qu’à venir et il entrait ici chez Servi [entreprise de pneumatiques], sur la route de Valence. C’est là que j’ai commencé à travailler et après... j’habitais ici avec ma sœur. À 20 ans, je suis devenu ouvrier qualifié ici, chez Servi ».

L’analyse de ces entretiens permet de découvrir les éléments qui entrent en jeu dans la construction sociale de la migration. C’est de cette construction sociale que part la vision du fait migratoire, une vision qui s’énonce souvent en termes positifs par les migrants eux-mêmes pour que la distance avec l’autochtone puisse être dépassée.


Las voces de la Tarragona Ponent

M

Maria Pallarès Serena, educadora de calle y antropóloga, Fundació Casal L’Amic, Tarragona

i aportación al proyecto se ha realizado desde el territorio español y a partir de un conciso estudio de investigación en los barrios de la Zona Ponent de la ciudad de Tarragona (Cataluña, España). En concreto tiene su origen en una vinculación profesional, ya que es allí donde realizo mi tarea de educadora social con la Fundació Casal l’Amic, entidad más que establecida y reconocida en este territorio. La investigación gira alrededor de la construcción de los barrios de la Zona Ponent como territorio construido, y todavía en construcción, por las migraciones; migraciones que llegaron hace más de cincuenta años provenientes del resto del Estado español y que fueron claves en la creación de esta zona de la ciudad. No obstante, es una realidad que estos flujos migratorios han cambiado de características y pasan a ser actualmente migraciones procedentes de otros países. Para llevar a cabo este análisis he utilizado como herramienta principal de investigación el relato de vida, relatos de personas que viven en la Zona Ponent después de decidir, por múltiples razones, instalarse en ella. He buscado la objetividad en la elaboración del estudio, aunque sin dejar de lado la experiencia concreta y subjetiva que las personas poseen de la sociedad (Pujadas, 1992). En este caso, las personas que han querido dar su voz, su testimonio, para este proyecto. Mi apuesta por la utilización del método biográfico radica en el deseo de poner de relieve ciertos aspectos de las migraciones explicadas en primera persona, desde sus protagonistas. Y es que los relatos de vida revelan la complejidad de las relaciones que rodean al individuo y nos muestran cómo éste interacciona con la estructuras sociales y los sistemas de valores (Prat, 2004). Para comprender el caso de la Zona Ponent de Tarragona, conviene conocer su contexto. Este territorio está formado por diferentes barrios (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar i Icomar), creados a partir del crecimiento industrial de la ciudad, sobre todo del sector petroquímico y del turístico. Este crecimiento provocó la llegada de varios flujos migratorios procedentes de diferentes zonas del Estado español. La recepción de estas poblaciones fue un hecho que influyó fuertemente en el desarrollo tanto de esta zona en particular como de Cataluña en general. Hablamos de los años 60 y 70.

Posteriormente (en los años 90), la Zona Ponent, así como el resto del Estado español, dejan de ser tierra emisora de emigrantes para convertirse en un centro receptor de los mismos, y se registra una lenta y sostenida entrada de población de distintos orígenes: Marruecos, América Latina, Senegal, Gambia y Europa del Este.

Mis puntos de partida han sido diferentes relatos de vida, desde el convencimiento de que éstos constituyen un instrumento metodológico de análisis de la realidad que permite profundizar desde lo individual hasta emerger en cuestiones de ámbito social. En concreto, he querido poner de relieve unos aspectos que para ser analizados es imprescindible partir de la voz de quien lo vive. Incido en la idea de dónde se sitúa el hecho migratorio dentro del global de la propia historia de vida. Al relatar nuestra propia vida recordamos, nos dirigimos al pasado desde un presente concreto, tal vez incluso desde una perspectiva de futuro. También transmitimos nuestra historia enumerando situaciones y vivencias comunicadas con sentimientos concretos, y siempre a través de un guión que narra la vida, poniendo el énfasis en algunos aspectos y pasa por alto otros. Se trata de una narración propia de aquel momento, en un espacio y un tiempo concretos, una narración en la que interacciona la construcción individual con la construcción social, hecha a base de elementos de la mente humana, elementos sociales que se ponen en juego, que se ponen en movimiento para cuadrar y llegar a ser y acabar construyendo una parte de nosotros. Una construcción que no es rígida ni estática, ni igual a ninguna otra, aunque sí observable, definible y llena de significados.

« Cuando eres joven no piensas en nada más que en querer prosperar algo en la vida, ¿no? Entonces emigré aquí en Cataluña ». « No he pasado hambre, no teníamos tanto, pero... no he pasado hambre ni nada de eso. Yo lo que pasa es que soy muy independiente, a mí estar con mis abuelos y mis tías... como que no. Yo quería que lo mío fuese mío y punto. Entonces me vine a Barcelona ».


Todas las personas que han explicado su experiencia en sus relatos de vida han mencionado este cambio como un momento más de su historia. Un momento más, sin ponerle un énfasis especial en comparación con otros momentos narrados, sin plantearlo como un momento decisivo ni como un punto de inflexión en sus vidas. « Vinimos porqué tenía algún familiar aquí. Nos quedamos aquí porqué teníamos trabajo ». « De allí llegué acá. Desde el 2007, verano del 2007. Mi hermano me ha mandado un contrato de trabajo que tiene aquí tres locales».

Estas dos citas son los dos únicos momentos en los que se explica el proceso migratorio dentro de la narración, el momento del cambio de estas dos personas. Más allá de esta explicación, no plantean nada más a lo largo de todo el discurso en referencia al cambio. A partir de estas citas la narración de las dos personas (y lo mismo ocurre con los demás informantes) se centra en explicar la vida en el lugar de destino, en este caso la Zona Ponent de Tarragona. El trabajo en el lugar de destino ha sido claramente el elemento central de todos los relatos analizados, de manera que el recorrido definido por los trabajos ha sido el guión de la historia de vida de cada uno de los informantes.

« Entonces pues... que Pepito venga y se coloca aquí en la Servi [empresa neumáticos], en la carretera de Valencia. Allí empecé a trabajar y luego ya... aquí vivía con mi hermana. A los 20 ya me hicieron oficial de primera aquí en la Servi ».

La propuesta de analizar estos resultados es necesaria para conocer los elementos que entran en juego en la construcción social de la migración. Es desde esta construcción social que parte la visión del hecho migratorio, una visión que debe operar en positivo para que puedan recortarse las distancias entre el migrante y el autóctono.


Les veus de la Tarragona Ponent

L

Maria Pallarès Serena, educadora de carrer i antropòloga, Fundació Casal L’Amic, Tarragona

a meva aportació al projecte ha estat feta des del territori espanyol i a partir d’un concís estudi de recerca a la zona dels barris de Ponent de la ciutat de Tarragona (Catalunya, Espanya). En concret parteix de la meva vinculació amb aquesta zona a nivell professional, ja que és on desenvolupo la meva tasca com a educadora social amb la Fundació Casal l’Amic, entitat més que establerta i reconeguda en aquest territori. La recerca gira entorn de la construcció dels barris de la zona de Ponent en tant que territori construït, i encara en construcció, per les migracions; migracions que van venir fa més de cinquanta anys des de la resta de l’Estat Espanyol, i que van ser clau en la creació d’aquesta zona de la ciutat. No obstant això, és una realitat que aquests fluxos migratoris han canviat de característiques, passant a ser actualment migracions provinents d’altres països. Per dur a terme aquesta anàlisi he utilitzat com a eina principal de recerca el relat de vida, relats de persones que estan vivint a la zona de Ponent després de decidir, per múltiples raons, assentar-s’hi. He volgut realitzar l’estudi pretenent objectivitat, però sense deixar de banda l’experiència concreta i subjectiva que les persones posseeixen de la societat (Pujadas, 1992). En aquest cas, les persones que han volgut donar la seva veu, el seu testimoni, per a aquest projecte. La meva aposta per la utilització del mètode biogràfic rau en el desig de posar de relleu aspectes de les migracions explicades en primera persona, des dels seus protagonistes. I és que els relats de vida revelen la complexitat de les relacions que envolten l’individu i ens mostren com aquest interacciona amb les estructures socials i els sistemes de valors (Prat, 2004). Per comprendre el cas de la Zona Ponent de Tarragona, convé conèixer-ne el seu context. Aquest territori està format per diferents barris (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar i Icomar), creats a partir del creixement industrial de la ciutat, sobretot del sector petroquímic i el turístic. Aquest creixement provocà l’arribada de diferents fluxos migratoris provinents de diferents zones de l’Estat Espanyol. Fou la recepció d’aquestes poblacions un fet que va influir fortament en el seu desenvolupament futur, tant de la zona en particular com de Catalunya en general. Parlem dels anys 60 i 70. Posteriorment (anys 90), la Zona Ponent, així com també la resta de l’Estat Espanyol, deixen de ser terra emissora d’emigrants per convertir-se en un centre receptor dels mateixos, registrant-se una lenta i sostinguda entrada de població de diversos orígens: Marroc, Amèrica Llatina, Senegal, Gàmbia i Europa de l’Est. He partit de diferents relats de vida, valorant que aquest esdevé un instrument metodològic d’anàlisi de la realitat que permet endinsar-se des d’allò individual de cada subjecte fins a emergir en qüestions d’àmbit social. He volgut posar de relleu uns aspectes que per ser analitzats és imprescindible partir de la veu del qui ho viu. Incideixo en la idea d’on se situa el fet migratori dins del global de la pròpia història de vida. A l’hora de relatar la pròpia vida, recordem, adreçant-nos al passat, estant en un present concret, i fins i tot potser en perspectiva de futur. També transmetem la nostra història enumerant situacions i vivències, comunicades amb sentiments concrets, i sempre a través d’un guió que narra la vida, fent èmfasi en alguns aspectes i obviant-ne d’altres. Es tracta d’una narració pròpia d’aquell moment, en un espai i temps concrets, una narració en què interacciona la construcció individual amb la construcció social, feta a base d’elements de la ment humana, elements socials que es posen en joc, que es posen en moviment per quadrar i esdevenir i acabar construint una part de nosaltres. És una construcció ni rígida ni estàtica, ni igual a cap altra, però sí observable, definible i plena de significats. « Cuando eres joven no piensas en nada más que en querer prosperar algo en la vida, no? Entonces emigré aquí a Cataluña ». « No he pasado hambre, no teníamos tanto, pero... no he pasado hambre ni nada de eso. Yo lo que pasa es que soy muy independiente, a mí estar con mis abuelos y mis tías... como que no. Yo quería que lo mío fuese mío y punto. Entonces me vine a Barcelona ».


Totes les persones que han explicat la seva experiència en els seus relats de vida han esmentat aquest canvi com un moment més de la seva història. Un moment més, sense fer-hi especial èmfasi en comparació a altres moments narrats, sense plantejar-ho com un moment decisiu ni com un punt d’inflexió en les seves vides. « Vinimos porqué tenía algún familiar aquí. Nos quedamos aquí porqué teníamos trabajo ». « De allí llegué acá. Des del 2007, verano del 2007. Mi hermano me ha mandado un contrato de trabajo que tiene aquí tres locales ».

Aquestes dues cites són els dos únics moments en què dins la narració s’ha explicat el procés migratori, el moment de canvi que van dur a terme dues persones. Més enllà d’aquesta explicació, no plantegen res més al llarg de tot el discurs en referència al canvi. A partir d’aquestes cites la narració d’ambdues persones (el mateix passa amb els altres informants) se centra en explicar la vida al lloc de destí, en aquest cas la Zona de Ponent de Tarragona. La feina al lloc de destí ha estat clarament l’element central de tots els relats analitzats, de manera que el recorregut definit per les feines ha estat el guió de la història de vida de cadascun dels informants. « Entonces pues... que Pepito venga y se coloca aquí en la Servi [empresa pneumàtics], en la carretera de Valencia. Allí empecé a trabajar y luego ya... aquí vivía con mi hermana. A los 20 ya me hicieron oficial de primera aquí en la Servi ».

La proposta d’analitzar aquests resultats pretén posar de manifest la necessitat de conèixer els elements que es posen en joc en la construcció social de la migració. és des d’aquesta construcció social d’on s’inicia la visió del fenomen migratori, una visió que cal que operi en positiu per tal que es puguin escurçar distàncies entre migrant i autòcton.


Glasul Tarragonei Ponent

C

Maria Pallarès Serena, educatoare și antropoloagă, Fundació Casal L’Amic, Tarragona

ontribuţia mea la proiect s-a desfăşurat de pe teritoriul spaniol şi pe baza unui studiu concis de cercetare în cartierele din Zona Ponent din oraşul Tarragona (Catalonia, Spania). De fapt, motivul este relaţia profesională, având în vedere că acolo îmi desfăşor activitatea de educatoare socială cu Fundaţia Casal l’Amic, o entitate bine stabilită şi recunoscută în această zonă. Cercetarea se derulează în jurul construcţiei cartierelor din Zona Ponent ca şi spațiu construit şi încă în construcţie datorită migraţiei; migraţia sosită cu peste cincizeci de ani în urmă din restul Statului spaniol şi care a fost esenţială pentru crearea acestei zone din oraş. Cu toate acestea, adevărul este că fluxurile migratoare şi-au schimbat caracteristicile şi în prezent migraţiile sunt originare din alte ţări. Pentru realizarea acestei analize am folosit ca instrument principal de cercetare relatări de viață, istorisiri ale unor persoane care locuiesc în Zona Ponent după ce au decis să se stabilească acolo din diverse motive. Am încercat să fiu obiectivă în elaborarea studiului, ţinând cont totodată de viziunea concretă şi subiectivă pe care o au aceștia despre societate (Pujadas, 1992). În cazul de faţă este vorba despre persoanele care au acceptat să se exprime, să ne împărtăşească povestea lor pentru acest proiect. Faptul că am mizat pe folosirea metodei biografice se datorează dorinţei de a scoate în evidenţă anumite aspecte ale migraţiei, explicate la persoana întâi de către protagonişti. Relatările personale dezvăluie complexitatea relaţiilor din jurul unui individ şi ne arată cum interacţionează acesta cu structurile sociale şi sistemul de valori (Prat, 2004). Pentru a înţelege cazul din Zona Ponent din Tarragona, este important să îi înțelegem contextul. Acest teritoriu este alcătuit din diferite cartiere (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar şi Icomar), create datorită dezvoltării industriale a oraşului, mai ales a sectorului petrochimic şi turistic. Această dezvoltare a atras diverse fluxuri migratoare din diferite zone ale Spaniei. Acomodarea acestor populaţii a influenţat puternic dezvoltarea, atât în această zonă în concret cât şi în Catalonia în general. Ne referim la anii 60 şi 70. Ulterior (în anii 90), Zona Ponent şi restul Spaniei încetează să mai fie un teritoriu de emigrare, pentru a deveni centru receptor de imigranţi, moment în care se observă o intrare lentă şi constantă de populaţii de origini diverse: Maroc, America Latina, Senegal, Gambia şi Europa de Est. Punctele de la care am pornit au fost povestiri de viață, bazându-mă pe convingerea că acestea reprezintă un instrument metodologic de analiză a realităţii, care ne permite să aprofundăm de la nivel individual, până să ajungem la aspecte din domeniul social. Cu aceste povestiri de viaţă am dorit să scot în evidenţă unele aspecte care pot fi analizate doar de cine le-a trăit. Pun accentul special pe locul pe care îl ocupă migraţia în cadrul globalităţii unei relatări de viață. Când relatăm propria noastră viaţă, ne amintim, ne îndreptăm spre trecut dintr-un prezent concret, poate chiar dintr-o perspectivă de viitor. Ne transmitem povestea noastră enumerând situaţii şi trăiri comunicate cu sentimente specifice, mereu cu ajutorul unui scenariu care narează viaţa, punând accentul pe unele detalii şi omiţând altele. Este o naraţiune care aparţine momentului în cauză, într-un spaţiu şi un timp concret, o naraţiune în care interacţionează construcţia individuală cu cea socială, bazată pe elemente ale minţii umane, elemente sociale care intră în joc, care se pun în mişcare pentru a se potrivi între ele, pentru a se constitui şi a fi, în final, o parte din noi. O construcţie care nu este nici rigidă, nici statică, nici egală cu oricare alta, deşi este observabilă, definibilă şi plină de semnificaţii. „Când eşti tânăr nu te gândeşti la altceva decât să te realizezi puţin în viaţă, nu? Atunci am emigrat în Catalonia”.

„Nu am suferit de foame. Nu aveam atâtea, dar... nu am suferit de foame sau ceva de genul ăsta. Treaba e că sunt foarte independent, să rămân cu bunicii şi cu mătuşile mele... nu prea îmi plăcea. Eu vroiam ca ce e al meu să fie al meu şi gata. Atunci am venit în Barcelona”.


Toate persoanele care şi-au explicat experienţa în relatări au menţionat această schimbare ca pe un moment oarecare din viaţa lor. Un moment oarecare, fără să pună vreun accent special pe el în comparaţie cu alte momente narate, fără sa îl redea ca pe un moment hotărâtor sau un punct de inflexiune în viaţa lor. „Am venit pentru că aveam rude aici. Am rămas pentru că aveam de lucru”. „De acolo am ajuns aici. Din 2007, vara lui 2007. Fratele meu mi-a trimis un contract de muncă, că are aici trei localuri”.

Aceste două citate sunt singurele momente în care se explică procesul migrator în cadrul naraţiunii, momentul schimbării pentru cele două persoane. Dincolo de această explicaţie, nu menţionează nimic altceva de-a lungul întregului discurs referitor la schimbare. Pornind de la aceste citări, naraţiunile celor două persoane (ceea ce se întâmplă şi cu restul participanţilor) se bazează pe explicarea vieţii la locul de destinaţie, în cazul de faţă Zona Ponent din Tarragona. În mod clar, munca la locul de destinaţie a fost elementul central în toate relatările analizate, astfel încât traiectoria definită de locurile de muncă a reprezentat scenariul relatării de viaţă pentru toţi participanţii. „Atunci... să vină Cutare şi să intre aici la Cervi [firma de anvelope], pe şoseaua din Valencia. Acolo am început să lucrez şi pe urmă... locuiam aici cu sora mea. La 20 de ani deja eram muncitor calificat de categoria întâi aici la Cervi”.

Propunerea de a analiza aceste rezultate pretinde să ilustreze necesitatea de a cunoaşte elementele care intră în joc în construcţia socială a migraţiei. Pentru că de la această construcţie socială porneşte percepţia fenomenului migrator, o percepţie care trebuie să funcţioneze pozitiv pentru a reuşi să reducem distanţele dintre migrant şi autohton.


// Merci // Gracias // Gràcies // Mulţumiri // / Cristina López, Seidy Baeza (Versa, Madrid) / Mathieu Tremblin / Sylvain Leresteux / Alix Rolin / Sophie Renaud / Brik Qsiyer / Ahmed Lemligui / Jean-Michel Lucas / André Sauvage / Danièle Combes / Joseph Rio / Eva Tilly, Montserrat Casacuberta (département d’espagnol, Université Rennes 2), Thierry Bulot, Claire Lesacher, Thierry Deshayes, Philippe Blanchet, Mélanie Texier (PREFics, Université Rennes 2) / Marie-Pierre Bouchaudy / Alba Zamora González, Joan Marc Vendrell Ginés, Xavi Zaragoza Olivé, Albert “Chiki” Ortega Machin, Jordi Collado Álvarez, Daniel Romera Ortega, Maria Pallarès Serena (Fundació Casal L’Amic, Tarragona) / Romain Louvel / Pascal Nicolas-Le Strat / Andrei Fărcășanu/ Ignasi Papell Garcia, Xavier Trobat Escanellas, Nani Blasco Moya (Ariadna, Tarragona) / Remus Gabriel Anghel (ISPMN, Cluj), Toma Burean, Mara Timofe, Anatolie Coșciug (Université de Cluj) / Santiago Castellà Surribas, Jordi Navarro Lliberato, Ángel Belzunegui, Gaspar Maza Gutierrez, Olivier Klein Bosquet (Universidad Rovira i Virgili, Tarragona) / Rocio Guerrero / Elen Jézéquel / Arlette Gautier (Université de Bretagne Occidentale, Brest) / Armelle Mabon (Université de Bretagne Sud, Lorient) / Yuna Le Braz (Miettes de Baleine, Douarnenez) / Kerfi Trouguer / Nicolas Le Gac (festival de cinéma de Douarnenez) / Paloma Fernández Sobrino, Fanny Minetti, Nicolas Combes, Mehdi Mekdad (L’âge de la tortue, Rennes) / Anne Morillon (Topik, Rennes) / Jean-Pierre Sanchez / Michel Divay / Luigi Pascaud / Manuel, Marie-Christine, Jacques Combes / Alain Corbel et Ben / Bibi et Olivier L’Espagnol / Maïwenn Furic / Ángela Fernández Sobrino / Marc Canals, Agustina Sobrino, Montse Carrillo Olesti / Yves « lOurs » Koskas et Anne / Isabel Andreen (Spectacles Vivants en Bretagne, Rennes) / Alina Chisliack (CIDEM, Paris) / Silvia Cazacu (Banlieues d’Europ’Est, Bucarest) / Sophie Zeller / Alina Maistru / Laura Sandu / Andrada Dobocan / Pauline Solvihe / Teodora Suciu / Sanyi / Rariţa Zbranca, István Szakáts, Lavinia Jaba, Marius Bucea, Corina Bucea, Emilia Zbranca (AltArt & Fabrica de Pensule, Cluj) / Pierre Guiol (Institut Français de Bucarest) / Andreea Dejan / Felipe Sánchez Trajuelo, Juan José Baeza, Aicha, Xiao Qun Wu, José Pulido Novoa, Angelita Páez Maestre, Paco Vega García, Rachid Essaik, Paula González Granados, Anna Pallarès Serena, Josep Maria Pallarès Valls, Mercè Serena Cortiella, Jordi Llombart Prats / Maher, Alí, Mustapha, Rennes Intermed, Lidia, Ernest Greta şi vecinii de la Pata Rât, Aziz, Dr Ghazi, Ana, Flor, Emilia Cirila / Virginia Romera, Francesc Gibert, Carles Uriarte / Dominique Chrétien / Victor Deshayes, Livya Thabourin, Ermias Umbassa, Caroline Trieu / Hassan, Rocío, Mari, Lola, Julio, Yester, Rita, Nicolas, Aymen, Julien Baffert / Cosmina Codor / Association Rennaise des Centres Sociaux / P.A.T.R.I.R. / Viviane Girault (Bibliothèques de Rennes - Triangle) / Yvon Guillon (MSHB, Rennes) / Célia Penfornis, Laëtitia Foligné (Comptoir du Doc, Rennes) / Maison de l’Europe de Rennes et de Haute Bretagne / Union des Associations Interculturelles de Rennes / Centre Culturel Français de Cluj-Napoca / Maison Internationale de Rennes / Nicole Kiil-Nielsen / Frédéric Bourcier / Sylvie Robert / Valer Morar / Sandra Coloma / Collège de la Binquenais / Collège des Hautes Ourmes / Musée de Bretagne / Les Bistrots de l’Histoire (St Brieuc) / Cercle Paul Bert Blosne / Sonia Laoubi / Brigitte Leprêtre / Adrian, Ousmane, Packys, Sanyi, Guy, Daniel / Juan de Parc Riu Clar /…




Organisateurs / Organitzadors / Organizadores / Organizatori

Partenaires / Socis / Socios / Parteneri


L’âge de la tortue 10 bis, square de Nimègue 35 200 Rennes, France CORLET IMPRIMEUR S.A. Z.I. Maximilien-Vox - 14110 Condé-sur-Noireau Achevé d’imprimé: juillet 2011 l’ISBN : 978-2-9532459-4-3 Dépôt légal : Juillet 2011





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