PARTiR esguards...miradas...regards
Merci à... Nicolas Combes, Fanny Minetti, Brik Qsier, Hassan Sardi, Sylvine Isik, Nani Blasco Moya, Ignasi Papell i Garcia, Xavier Trobat Escanellas, Angela Fernández Sobrino, Miquel Àngel Artiol, Montserrat Casacuberta i Palmada, Jordi Collado, Alba Zamora González, Cristina López Jimenéz, Cristina Cubría Falla, Mybel Andino–Robin, Cristina Giner Leal, Lucía Bermúdez Carballo, Laëtitia Rault, Rodolphe Robin, Mariem Raïss, Elsa Le Mée, Silvana Guenand et Jul Baffert.
... et à nos partenaires
PARTiR esguards...miradas...regards
Un projet de... Paloma Fernández Sobrino Avec... Alix Rollin, André Sauvage, Bertrand Cousseau, Maria Serena Pallarès et Andrea Eidenhammer Pour... l’association "L’âge de la tortue" www.agedelatortue.org 20 square de Nimègue, 35200 RENNES et en collaboration avec... "Ariadna" et "Fundació Casal L’Amic"
Je vis
en France depuis cinq ans. Je suis espagnole. Un oiseau migrateur, comme tant d’autres... Je ne rencontre pas de problème majeur lié à mon statut "d’immigrée", mais je suis "immigrée" et je connais ce sentiment d’éloignement... Depuis mon arrivée, je n’ai cessé d’écrire des lettres à ma famille et à mes amis, avec l’espoir que la distance qui nous sépare ne soit que géographique... Des lettres que j’écris à la main, que je glisse dans la boîte-aux-lettres avec soin... En recevant mes mots j’espère chaque fois qu’un sourire illuminera leur visage, et j’attends une réponse aussi, bien sûr... C’est ici que se trouve l’origine de ce livre. À force d’écrire et d’écrire à l’étranger, j’ai pris conscience de ce que signifiait être étranger... étrange, différent, bizarre... et je me suis mise à la recherche d’autres personnes qui, comme moi, sont parties de quelque part... Le fruit de ces rencontres est une collection de lettres d’immigrés écrites dans leur langue maternelle et destinées à une personne chère, restée dans leur pays d’origine. Une série de lettres intimes, très personnelles, collectées sur deux territoires différents : Le quartier du Blosne, à Rennes (France) où je m’investis au sein de l’association "L’âge de la tortue", et Les quartiers de la Zona Ponent, à Tarragone (Espagne), en collaboration avec l’association "Ariadna" et la "Fondation Casal L’Amic". Chaque lettre est accompagnée d’un portrait réalisé par Bertrand Cousseau ou Andrea Eidenhammer, et d’un texte signé par le sociologue André Sauvage ou l’anthropologue et éducatrice sociale Maria Pallarès Serena. Tous les textes sont traduits en trois langues : français, catalan et espagnol, avec la ferme intention de rester fidèle aux originaux et de respecter le langage, l’expression et le registre de leurs auteurs. Je m’excuse par avance des possibles erreurs de traduction ; je me suis moi-même chargée de certaines traductions en présence des auteurs, avec lesquels je ne partageais parfois qu’une partie de l’une des langues citées. Mes rencontres avec ces personnes ont été, avant tout, des aventures humaines. Certaines simples, d’autres plus compliquées, fugitives ou durables, possibles ou impossibles dans certains cas... mais toujours d’une grande richesse... J’espère que cette lecture vous sera profitable et la réflexion… infinie...
Paloma.
Vivo
en Francia desde hace cinco años. Soy española. Un ave migratoria, como tantas... No tengo grandes problemas por el hecho de ser "inmigrante"... pero soy "inmigrante" y conozco el sentimiento de lejanía... Llevo todo este tiempo escribiendo cartas a mi familia y amigos, intentando que la distancia que nos separa sólo sea geográfica... cartas que escribo a mano, que tiro al buzón con decoro... esperando siempre la sonrisa que dibujarán al recibirla, y esperando respuesta...claro... Este es el sencillo origen de este libro. A costa de escribir y escribir al extranjero... tomé conciencia de lo que significa ser extranjero... forastero, extraño, raro... y emprendí la búsqueda de otros seres que partieron, como yo... de algún lugar en el mundo... El fruto de estos encuentros es una colección de cartas de inmigrantes, destinadas a una persona querida, a su país de origen, en su lengua materna. Una colección de cartas íntimas, muy personales, recogidas en dos territorios diferentes: En el barrio del "Blosne" de Rennes ( Francia), donde colaboro con la asociación "L’âge de la tortue" y... En los barrios de la "Zona Ponent" de Tarragona (España) en colaboración con la asociación "Ariadna" y la "Fundació Casal L’Amic". Cada carta está acompañada de un retrato de Bertrand Cousseau o de Andrea Eidenhammer y de un escrito del sociólogo André Sauvage y de la antropóloga y educadora social Maria Pallarès Serena. Todos los textos están traducidos a tres lenguas: francés, catalán y castellano, con la firme intención de ser fieles a los originales y respetar el lenguaje, la expresión y el registro de sus autores. (Me disculpo, de antemano, por cualquier error de traducción que se haya podido cometer. Algunas de las traducciones las he realizado yo misma con los remitentes, con quienes apenas tengo en común una de las lenguas). Los encuentros con cada persona han sido, ante todo, humanos. Algunos más sencillos, otros más complicados, fugitivos, duraderos, posibles e incluso imposibles en algunas ocasiones... pero todos repletos de una gran riqueza... Espero que la lectura les sea propicia... y la reflexión... infinita... Paloma
Visc
a França des de fa cinc anys. Sóc espanyola. Una au migratòria, com tantes... No tinc grans problemes pel fet de ser "immigrant", però sóc "immigrant" i conec el sentiment d’enyorament... Porto tot aquest temps escrivint cartes a la meva família i als meus amics, intentant que la distància que ens separa només sigui geogràfica... Cartes que escric a mà, que tiro a la bústia amb cura, esperant sempre el somriure que dibuixaran en rebre-la, i esperant resposta...és clar... Aquest és el senzill origen d’aquest llibre. A força d’escriure i escriure a l’estranger... vaig prendre consciència del que significa ser estrangera... forastera, estranya, rara... i vaig emprendre la recerca d’altres éssers que van partir, com jo... d’algun lloc al món... El fruit d’aquestes trobades és una col·lecció de cartes d’immigrants, adreçades a una persona estimada, al seu país d’origen, en la seva llengua materna. Una col·lecció de cartes íntimes, molt personals, recollides a dos territoris diferents: Al barri del "Blosne" de Rennes (França), on col·laboro amb l’associació "L’âge de la tortue" i... Als barris de "Zona Ponent" de Tarragona (Espanya), en col·laboració amb l’associació "Ariadna" i la "Fundació Casal L’Amic". Cada carta està acompanyada d’un retrat de Bertrand Cousseau o d’Andrea Eidenhammer i d’un escrit del sociòleg André Sauvage i de l’antropòloga i educadora social Maria Pallarès Serena. Tots els texts es troben traduïts a tres llengües: francès, català i castellà, amb el ferm propòsit de ser fidels als originals i respectar el llenguatge, l’expressió i el registre dels seus autors. Em disculpo, per endavant, per qualsevol error de traducció que s’hagi pogut cometre. Algunes de les traduccions les he realitzat jo mateixa amb el remitent, amb qui amb prou feines tinc en comú una de les llengües.
Les trobades amb cada persona han sigut, sobretot, humanes. Algunes de més senzilles, altres de més complicades, fugitives, possibles i fins i tot impossibles en algunes ocasions... però totes d’una gran riquesa... Desitjo que la lectura els sigui propícia... i la reflexió... infinita... Paloma
Photographie : Bertrand Cousseau
Le Blosne
rennes
Paloma Mevlut Medina Sokkhaing Indranee Aziz Cristina
Introduction
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ennes Le Blosne (nom d’un petit ruisseau), fut une Zone à Urbaniser en Priorité (ZUP), dont la décision de réalisation est intervenue en décembre 1958, sa réalisation s’est faite de 1966 à 1980. Les élus l’ont baptisée : quartier du Blosne en 1985, quartier 11 pour la démographie et l’action quartier de la ville. Sa surface totale de 330 hectares a été dimensionnée pour accueillir 60 000 habitants. Surface fractionnée en îlots de voisinage (Landrel, Torigné, Italie, Hautes Ourmes, Elisabeth, Prague Volga, Alma) délimitée par la trame de voieries qui constitue leurs frontières et la mesure de leurs unités (300 x 400 mètres). Ces îlots d’une dizaine d’hectares organisent une vie d’appartenance urbaine "introvertie" et segmentée sur le Blosne. Ces unités de voisinage accueillent une diversité de bâtis d’habitation : tours (16 étages dans l’arête centrale), bâtiments bas de quatre niveaux, habitat individuel, formes intermédiaires (plots, pavillons mitoyens...) avec services (scolaires, commerces, artisanat). L’ensemble, entre route de Vern et rue de Nantes, d’une longueur de 4 km propose deux parcs à ses extrémités (Hautes Ourmes, Bréquigny), reliés par des chemins pour piétons. Balade des migrants "Le lieu où vous vous sentez le plus heureux, c’est votre maison..." Citoyens du monde Les quartiers de la Zona Ponent et Le Blosne seraient-ils chacun à leur manière un local planétaire, fonctionnant à l’intégration autant qu’à la connexion ? Seraient-ils les derniers des quartiers protégeant des enracinés aux terroirs, frileux face aux migrants ou des quartiers hospitaliers inaugurant l’ouverture au monde des urbains cosmopolites ? Question essentielle : ces endroits ne seraient-il pas pionniers, lieux d’un double dépassement social, d’une invention de civilisation ? Proximité, promiscuité, côtoiement du proche et du lointain ? Les migrants nous font humer les odeurs du monde, nous surprennent par les couleurs : Marocains, Algériens, Turcs, Kurdes mais aussi Polonais, Lithuaniens, Tchétchènes, Libanais, Sri lankais, Pakistanais, Guatémaltèques, gens du Laos, du Cambodge, du Vietnam... Les quartiers deviennent des microcosmes mondialisés. Invention de civilisation encore par l’effet d’une seconde rupture. Hier, des personnes mobiles venait la menace. Nomades, chemineaux étaient au ban social. Maintenant, celui qui ne bouge pas au milieu des flux de biens, d’informations et de personnes frôle la marginalité ! Durables, ces mobilités, ces dynamiques migratoires constituent toujours plus notre avenir. Condition commune Avant-garde ordinaire, le monde des migrants incarnerait une situation en voie de généralisation. Notre carrière d’humain se déroulera de moins en moins sur le lieu de nos origines, de notre enfance. Parce que les
variations économiques, politiques, écologiques subies et qu’on nous prophétise amèneront sinon à la généralisation, au moins à la multiplication de telles situations. Ce qui nous préoccupe ici concerne le "gramme et le drame" de l’exil : qu’écrit le migrant, quelle posture personnelle prend-il sur son nouveau monde ? S’est imposée à lui cette rupture d’avec cette société privée et chaude du foyer, du village, du quartier, du pays pour basculer dans une société souvent froide, inconnue, incompréhensible qui fait appel à la rationalité fonctionnelle (des horaires, des calculs économiques, des suppliques pour accéder à un emploi, de l’application de lois d’intégration ou de refoulement insensible au drame) et renvoie les liens affectueux qui ordonnaient la vie privée dans des souvenirs eux aussi brouillés, lointains, inévitablement enjolivés. Aux rapports chaleureux succèdent les rapports anonymes ; les croisements d’humains multiples introduisent le hasard, l’inconnu, l’imprévu, la loterie dans les relations. Elles se font et se défont sans maîtrise, le migrant est enchaîné au destin qui l’entraîne. Parce que bon gré mal gré, on s’agrège à d’autres groupes, on multi-appartient à d’autres ensembles ; parce que le refoulement de la vie d’avant opère sans bloquer le retour du refoulé, des rêves de la vie d’avant qu’il devient difficile, aléatoire d’entretenir par le partage avec les riverains de son quotidien. Le migrant se sent renvoyé à la solitude d’un destin individuel où la convocation des ressources personnelles, des supports mobilisés, des rencontres réussies ou impossibles n’a d’égale que l’inquiétude de la survie : où vais-je me trouver, serai-je à l’abri, l’estomac noué, la fringale chevillée ? Comprendre plutôt qu’expliquer Il ne s’agit pas ici d’emboîter les pas des spécialistes qui expliquent les conditions de ces transitions mais d’écouter, d’évoquer de manière impressionniste tout en s’efforçant d’aller au-delà des apparences, pour comprendre les cheminements divers de ces présences, le fil du rasoir qu’ils suivent pour discerner leurs impasses, les vacuités abyssales où ils affleurent mais aussi
leurs puissances, leur noblesse. La diversité révélée par cette vingtaine de rencontres constitue, à nos yeux une richesse, plus un trésor fait de pépites dont le hasard des rencontres confiantes mais pourtant restreintes nous a permis de révéler une fraction. Etrangers intimes jamais, parfois régulièrement côtoyés dans les allées et venues ils se sont ouverts à nous. Ils n’imposent pas leurs histoires, ils ne vous racontent pas spontanément leurs vies, nous les avons priés de parler d’eux, nous leur avons prêté attention. La crainte, la peur les habitent et procèdent comme une forme d’autocensure pour se rendre invisibles, se faire oublier, déranger le moins possible. Ceux qui ont accepté de témoigner ont dépassé ces réticences. Qu’ils soient remerciés pour la confiance qu’ils nous ont faite, pour le combat intérieur que certains ont dû secrètement mener pour surmonter les angoisses que notre sollicitation a pu soulever. Challenge pour nous que de nous en montrer dignes afin d’honorer ce don qu’ils nous ont prodigué, nous faisons le haut parleur de ceux qui se taisent. Ensemble... Le sens de cette seconde publication reste toujours aussi vivant qu’actuel. Par toute sorte d’impensés pour nous, gens d’ici, certains nous montrent les chemins empruntés pour métamorphoser le lieu étranger des quartiers de la Zona Ponent ou du Blosne en leur pays. Tous n’y réussissent pas, la douleur de l’exil et l’incertitude réactivent toujours le manque pour d’autres. La question politique de l’identité française, espagnole nous interroge sous cet angle : sommes-nous attractifs, stimulants ou répulsifs,
toujours prêts à dégainer ? Sans en avoir le monopole, avons-nous du cœur pour accueillir, accompagner, se décentrer ? Dit autrement, disposons-nous de cette capacité politique apaisée (non pas partisane évidemment, mais sociale) pour rayonner vers l’étranger, l’inconnu, dissoudre l’hostilité pour la métamorphoser en hospitalité, faire preuve ainsi de forces morales, de volontés d’exception pour discerner les richesses potentielles et réelles des autres, nos hôtes. Il faut avec ces différences, ces conflits... construire et reconstruire cette cité protectrice et gardienne, mesurer les frontières entre nous pour s’en faire les (dé)-passeurs. Diverses cités Que l’on rêve à l’horizon de retrouver une sorte de pureté identitaire ou que l’on se sente frères prêts à accepter comme telles toutes ces différences, il faudra bien trouver les potentialités de "faire avec", établir des faisceaux de relations personnels positifs viables, faits de tacts, de rappels, d’exigences, de négociations et de concessions. Têtue, diverse notre identité locale l’est et le restera. Ni français, ni migrant moyen n’existe. Comme pour ce ressortissant de l’Asie du Sud Est à qui vous ne lui ferez jamais dire qu’il est Laotien, ou Vietnamien parce que, vivant au Blosne, il se sent pleinement breton ! D’autres se sentent surtout appartenir à des jeunes rappeurs, à des foules du centre ville, à des groupes de discussion ou de jeu sur le Net... Parfois aussi, quelques groupes peuvent se tenir dans un cercle exclusif nationaliste, cultuel... faisant enclos en se déliant de la cité. Cette dimension anthropologique (ce que certains di-
sent être les invariants universels) combinée à nos ancrages ethniques singuliers, nous nous efforçons en permanence de les combiner, de les négocier pour réinventer une cité à Tarragone, à Rennes ou ailleurs. Car, habiter ensemble ne signifie nullement que nous sommes identiques, que nous avons des affinités, cette proximité offre la possibilité d’ancrer dans des espaces bâtis à portée de main, des histoires métissées qui nous instaurent, bon gré mal gré, en payses, en prochains, pour peu qu’on échange un regard, un bonjour, une attention... Et si… "...Toute personne qui vous témoigne de l’amitié est votre famille..." Dicton tibétain Je renvoie à l’anthropologue Michel Agier (2002), Aux bords du monde, les réfugiés, Flammarion, ou à un psychiatre comme le docteur Philippe Le Ferrand, Les traumatismes psychiques des demandeurs d’asile, conférence, 2009.
André Sauvage
Introducción
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ennes Le Blosne (nombre de un pequeño arrollo), fue declarada Zona de Urbanización Prioritaria (ZUP) en diciembre de 1958; el desarrollo urbanístico se llevó a cabo entre 1966 y 1980. Las autoridades locales la bautizaron con el nombre de Barrio del Blosne en 1985, y pasó a ser el distrito 11 a efectos de información demográfica y acciones municipales. Ocupa una superficie de 330 hectáreas destinada a acoger 60.000 habitantes. Dicho espacio está dividido en manzanas (Landrel, Torigné, Italie, Hautes Ourmes, Elisabeth, Prague Volga, Alma) delimitadas por la red de vías públicas que se constituyen en frontera y unidad de medida (300x400 metros). En estas manzanas de diez hectáreas del Blosne se produce una forma de vida urbana "introvertida" y fragmentada. Estos vecindarios acogen diversos tipos de viviendas: bloques de 16 plantas en el eje central, edificios bajos de cuatro pisos, viviendas unifamiliares, formas intermedias (parcelas, adosados…) y sus respectivos servicios (colegios, comercios, polígonos industriales). Todo el conjunto, situado entre la carretera de Vern y la calle de Nantes, tiene una longitud de 4 kilómetros y ofrece dos parques situados a cada extremo, Hautes Ourmes y Bréquigny, unidos por zonas peatonales. Deambular emigrante "Allí donde seas más feliz, esa será tu casa…"
Condición compartida El mundo de los emigrantes, que siempre toma la delantera, ejemplifica una situación que tiene perspectivas de generalizarse. Nuestra experiencia vital transcurrirá cada vez menos en el lugar en el que hayamos nacido y haya transcurrido nuestra infancia. Los cambios económicos, políticos y ecológicos ya vividos y los que se han predicho generalizarán, o al menos multiplicarán, este tipo de situaciones. Pero lo que ahora nos ocupa es el peso y el drama del exilio: lo que escribe el emigrante, su opinión sobre su nuevo mundo. Se le ha impuesto la ruptura con la sociedad íntima y cálida de su hogar, su barrio, su ciudad, su país, para adaptarse a una sociedad muchas veces fría, desconocida e incomprensible que acude a la racionalidad funcional (a través de horarios, cálculos económicos, súplicas para acceder a un trabajo, aplicación de leyes de integración o insensible indiferencia ante el drama) y remite los vínculos afectivos que ordenan la vida privada a recuerdos difusos y lejanos que no se puede evitar adornar. A las relaciones cálidas les suceden relaciones anónimas. Cruzarse seres humanos tan diversos introduce factores como la casualidad, lo desconocido, lo imprevisto y la suerte en la ecuación de las relaciones, sobre las que se pierde el control. El inmigrante está encadenado a un destino que lo arrastra porque, a veces a nuestro pesar, siempre acabamos uniéndonos a otros grupos, multiplicando nuestra pertenencia a
Ciudadanos del mundo ¿Podría ser que los barrios de Ponent y Le Blosne acabasen siendo, a su manera, una especie de centro planetario que sirviese para integrar y conectar? ¿Serán barrios que protejan el arraigo al terruño (que va de la mano con la prudencia ante el emigrante)? ¿O barrios hospitalarios que faciliten la apertura al mundo de los cosmopolitas urbanos? Es importante que nos planteemos si no acabarán convirtiéndose en lugares pioneros, focos de un doble avance social, origen de una civilización inventada. Un ejemplo de proximidad, promiscuidad e intimidad entre lo cercano y lo lejano. Los inmigrantes nos permiten paladear los sabores del mundo, nos sorprenden con sus colores: marroquíes, argelinos, turcos, curdos y también polacos, lituanos, checos, libaneses, esrilanqueses, paquistaníes, guatemaltecos, gente de Laos, de Camboya y de Vietnam… Los barrios se convierten en microcosmos globalizados. La civilización se vuelve a reinventar a fuerza de romperse. Ayer las personas en constante mudanza representaban una amenaza. Los nómadas, los vagabundos quedaban excluidos de la sociedad. Hoy el que roza la marginalidad es el que permanece inmóvil en el imparable flujo de bienes, de información y de personas. Esta movilidad, estas dinámicas migratorias son duraderas y forman parte de nuestro futuro un poco más cada día.
otros conjuntos. Y es que el rechazo de la vida pasada se ejecuta sin impedir el regreso del rechazado a los sueños que tuvo en ella. Unos sueños que cuesta mantener compartiéndolos aleatoriamente con las personas con las que coincide en su día a día. El emigrante se siente abocado a la soledad de un destino individual para el que se hacen acopio de recursos personales, se movilizan apoyos y se producen (o se malogran) encuentros con un objetivo común, la supervivencia: esclarecer si habrá un techo que los cobije y si tendrán o no el hambre amarrada al estómago. Comprender antes que explicar Nuestra intención no es publicar opiniones de especialistas explicando las condiciones en las que se dan estos cambios sino escuchar, evocar sus historias de forma impresionista. Intentaremos esforzarnos para ver más allá de las apariencias y descubrir cómo evolucionan estos seres, el filo de navaja que recorren para superar los obstáculos que se encuentran, el abismo profundo del que afloran. Pero también su fuerza y su nobleza. La diversidad que emerge de esta veintena de historias se nos ha revelado como un tesoro compuesto de pepitas que la casualidad de encuentros confiados, a la vez que limitados, nos ha permitido mostrar al menos en parte. Puede ser que te los cruzases habitualmente, pero sin fraternizar, ahora se abren a nosotros. No imponen su historia, tampoco te cuentan su vida de forma espontánea, les hemos tenido que pedir que nos hablasen de sí mismos y les hemos prestado atención. El miedo está arraigado en ellos y utilizan la autocensura para hacerse invisibles, para molestar lo menos posible, para que los olvidemos. Los que han accedido a dejarnos su testimonio han superado estas reticencias. Tenemos que agradecerles la confianza que han depositado en nosotros, la lucha interior (para algunos de ellos secreta) que han librado por superar la angustia que ha podido provocar lo que les hemos pedido. El reto para nosotros era mostrarnos dignos de ese honor que nos han concedido convirtiéndonos en transmisores de lo que ellos callan.
dola en hospitalidad dejando clara la fuerza moral, la excepcional voluntad de los anfitriones (nosotros) para distinguir la riqueza potencial y real del otro. Las diferencias, los conflictos han de servir de cimientos para construir y reconstruir esta ciudad protectora y guardiana. Conocer las fronteras que existen entre nosotros y traspasarlas como contrabandistas. Ciudades distintas Ya seamos de los que sueñan con encontrar una identidad definida totalmente, o de los que se sienten preparados para aceptar las diferencias tal y como son, habrá que intentar descubrir herramientas con las que trabajar, establecer redes viables de relaciones personales hechas con tacto y un tira y afloja de exigencias, negociaciones y concesiones. Por muy diversa que se vuelva, nuestra identidad local no dejará de ser tenaz. El francés medio no existe… y tampoco el inmigrante medio: por mucho que lo intentes, nunca conseguirás que un emigrante del sudeste de Asia admita que viene de Laos porque ante todo él es bretón. Otros sienten que forman parte de un grupo de raperos, de la marabunta del centro de las ciudades, de un foro de Internet, o de un grupo de jugadores online. Algunas veces otros grupos se mantienen dentro de un círculo exclusivamente nacionalista, de culto… construyen un coto vedado a la ciudad. Nos estamos esforzando constantemente por combinar esta dimensión antropológica (que algunos consideran una constante universal) con nuestras singularidades étnicas más remotas, las renegociamos para reinventar una ciudad en Tarragona, en Rennes o en cualquier otro sitio. Vivir juntos no quiere decir que seamos iguales sino que tenemos cosas en común, y es esta cercanía lo que nos ofrece la posibilidad de echar raíces en las urbes que habitamos compartiendo historias mestizas que nos transportan, nos guste o no, a la realidad de otros países y de otras personas sólo con intercambiar una mirada, un saludo, un gesto amable… porque… "...Quien nos demuestra amistad es nuestra familia..."
Conjunto... El objetivo de esta segunda publicación se mantiene igual de vivo y actual. Algunos de ellos nos muestran el camino que han tomado para convertir en su país a este territorio extraño de los barrios de Ponent o del Blosne, de una manera que nosotros nunca hubiésemos imaginado. No todos lo consiguen, a algunos el dolor que produce el exilio y la incertidumbre no les permite deshacerse de la añoranza. La cuestión política de la identidad francesa o española debería hacer que nos preguntemos lo siguiente: ¿Resultamos agradables? ¿O más bien les rechazamos y estamos siempre en guardia? ¿Es nuestro corazón lo suficientemente grande para dejar de mirarnos el ombligo y acoger, acompañar? Dicho de otro modo, disponemos de suficiente serenidad política (que no toma partido, que generaliza) para irradiar hacia el extranjero, hacia lo desconocido, para deshacer la hostilidad transformán-
Proverbio tibetano Recomiendo la lectura de Aux bords du monde, les réfugiés del antropólogo Michel Agier (2002), Editorial Flammarion y la conferencia del 2009 Les traumatismes psychiques des demandeurs d’asile, del psiquiatra Philippe Le Ferrand.
André Sauvage
Introducció
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ennes Le Blosne (nom d’una petita riera) fou declarat Zona d’Urbanització Prioritària (ZUP) al desembre de 1958; el desenvolupament urbanístic va tenir lloc entre 1966 i 1980. Les autoritats locals el van batejar amb el nom de barri de Le Blosne al 1985 i va passar a ser el districte 11 a efectes d’informació demogràfica i d’accions municipals. Ocupa una superfície de 330 hectàrees destinada a acollir 60.000 habitants. Aquest espai està dividit en illes (Landrel, Torigné, Italie, Hautes Ourmes, Elisabeth, Prague Volga, Alma) delimitades per la xarxa de vies públiques que es fan de frontera i d’unitat de mesura (300x400 metros). En aquestes illes de deu hectàrees de Le Blosne hi ha una forma de vida urbana "introvertida" i fragmentada. Aquests veïnats acullen diversos tipus d’habitatges: blocs de 16 plantes a l’eix central, edificis baixos de quatre pisos, habitatges unifamiliars, edificacions intermèdies (parcel·les, cases aparellades…) i els seus serveis respectius (escoles, comerços, polígons industrials). Tot el conjunt, situat entre la carretera de Vern i la carretera de Nantes, té una longitud de 4 quilòmetres i disposa de dos parcs situats a cada extrem, Hautes Ourmes i Bréquigny, units por zones de vianants. Deambular emigrant "Allà on siguis més feliç, allà seràs a casa teva…" Ciutadans del món Podria ser que els barris de Ponent i Le Blosne acabessin essent, a la seva manera, una espècie de centre planetari que servís per integrar i connectar? Seran barris que protegeixin l’arrelament a la terra (que va de la mà de la prudència enfront de l’emigrant)? O barris que facilitin l’obertura al món dels cosmopolites urbans? És important que ens plantegem si no acabaran convertint-se en llocs pioners, focus d’un doble avanç social, origen d’una civilització inventada. Un exemple de proximitat, promiscuitat i intimitat entre allò proper i allò llunyà. Els immigrants ens permeten assaborir les aromes del món, ens soprenen amb els seus colors: marroquins, argelins, turcs, kurds, i també polonesos, lituans, txecs, libanesos, singalesos, paquistanesos, guatemalencs, gent de Laos, de Cambotja i del Vietnam… Els barris es converteixen en microcosmos globalitzats. La civilització es torna a reinventar a força d’esqueixar-se. Ahir les persones en constant mudança representaven una amenaça. Els nòmades, els rodamóns, quedaven exclosos de la societat. Avui el que frega la marginalitat és el que roman immòbil en l’imparable flux de béns, d’informació i de persones. Aquesta mobilitat, aquestes dinàmiques migratòries són duradores i formen part del nostre futur una mica més cada dia.
Condició compartida El món dels emigrants, que sempre pren avantatge, exemplifica una situació que té perspectives de generalitzar-se. La nostra experiència vital transcorrerà cada vegada menys en el lloc en el qual hàgim nascut i hagi transcorregut la nostra infància. Els canvis econòmics, polítics i ecològics que ja hem viscut i els que es preveuen generalitzaran, o almenys multiplicaran, aquest tipus de situacions. Però el que ara ens ocupa és el pes i el drama de l’exili: el que escriu l’emigrant, la seva opinió sobre el seu nou món. Se li ha imposat la ruptura amb la societat íntima i càlida de la seva llar, del seu barri, de la seva ciutat, del seu país, per demanar-li que s’adapti a una societat moltes vegades freda, desconeguda i incomprensible, que funciona des de la racionalitat dels horaris, dels càlculs econòmics, en la qual s’ha de suplicar per accedir a una feina, una societat que està subjecta a l’aplicació de lleis d’integració i és insensiblement indiferent davant del drama. Una societat que posterga els vincles afectius que ordenen la vida privada a records difusos i llunyans que no es pot evitar adornar. De relacions càlides, passem a relacions anònimes. En el fet que éssers humans tan diversos es creuin hi ha factors com la casualitat, allò desconegut i imprevist o la sort, que se sumen en una equació de relacions, sobre les quals es perd el control. L’immigrant està encadenat a un destí que l’arrossega perquè, a vegades, a pesar nostre, sempre acabem unint-nos a altres grups, multiplicant la nostra pertinença a altres conjunts. I és que el rebuig de la vida passada s’executa sense impedir el retorn del rebutjat als somnis que hi va tenir. Uns somnis que costa mantenir i que comparteix aleatòriament amb les persones amb les quals coincideix en el seu dia a dia. L’emigrant se sent abocat a la soledat d’un destí individual per al qual es fan servir tots els recursos personal, es mobilitzen suports i es produeixen (o es malmeten) trobades amb un objectiu comú, la supervivència: aclarir si hi haurà sostre que els aixoplugui i si tindran o no la gana aferrada a l’estómac.
Comprendre abans que explicar La nostra intenció no és publicar opinions d’especialistes explicant les condicions en les quals es donen aquests canvis sinó escoltar, evocar les seves històries
de forma impressionista. Intentarem esforçar-nos per veure-hi més enllà de les aparences i descobrir com evolucionen aquests éssers, la fulla de la navalla que recorren per superar els obstacles que troben, l’abisme profund del qual emergeixen. Però també la seva força i la seva noblesa. La diversitat que emergeix d’aquesta vintena d’històries se’ns ha revelat com un tresor compost de llavors que la casualitat de trobades confiades, alhora que limitades, ens ha permès mostrar, almenys en part. Pot ser que els hagis creuat habitualment, però sense fraternitzar-hi, ara se’ns obren. No imposen la seva història, tampoc t’expliquen la seva vida de manera espontània, els hem hagut de demanar que ens parlessin d’ells mateixos i els hem brindat atenció. Tenen la por arrelada i utilitzen l’autocensura per fer-se invisibles, per molestar com menys millor, perquè els oblidem. Els que han accedit a explicar-nos el seu testimoni han superat aquestes reticències. Hem d’agrairlos la confiança que han dipositat en nosaltres, la lluita interior (per a alguns d’ells secreta) que han lliurat per superar l’angúnia que els hagi pogut provocar el que els hem demanat. El repte per a nosaltres era mostrarnos dignes d’aquest honor que ens han concedit i que ens ha permès convertir-nos en transmissors del que ells callen. Conjunt… L’objectiu d’aquesta segona publicació es manté igual de viu i actual. Alguns ens mostren els camí que han emprès per convertir en el seu país aquest territori estrany dels barris de Ponent i Le Blosne, d’una manera que nosaltres mai no hauríem imaginat. No tothom ho aconsegueix, a alguns el dolor que els produeix l’exili i la incertesa no els permet desfer-se de l’enyorança. La qüestió política de la identitat francesa o espanyola hauria de fer que ens preguntéssim el següent: som amables? O més aviat els rebutgem i estem sempre en guàrdia? És el nostre cor suficientment gran per deixar de mirar-nos el llombrígol i acollir, acompanyar? Dit d’una altra manera, disposem de prou serenor política (de la que no pren partit, de la que no generalitza) per irradiar cap a l’estranger, cap al desconegut, per fondre l’hostilitat i transformar-la en hospitalitat, amb una força moral clara, d’excepcional voluntat dels amfitrions (nosaltres) per distingir la riquesa potencial i real de l’altre? Les diferències, els conflictes, han de servir de fonaments per construir i reconstruir aquesta ciutat protectora i guardiana. Conèixer les fronteres que hi ha entre nosaltres i traspassar-les com a contrabandistes.
no aconseguiràs que un emigrant del sud-est d’Àsia admeti que ve de Laos perquè per sobre de tot ell és bretó. Altres senten que formen part d’un grup de rapers, de la "marabunta" del centre de les ciutats, d’un fòrum d’Internet o d’un grup de jugadors en línia. Algunes vegades, altres grups es mantenen dins d’un cercle exclusivament nacionalista, de culte… construeixen una zona de veda a la ciutat. Ens estem esforçant constantment per combinar aquesta dimensió antropològica (que alguns consideren una constant universal) amb les nostres especificitats ètniques més remotes, les renegociem per reinventar una ciutat a Tarragona, a Rennes o a qualsevol altre lloc. Viure junts no vol dir que siguem iguals sinó que tenim coses en comú i és aquesta proximitat la que ens ofereix la possibilitat de fer arrels a les urbs on vivim compartint històries mestisses que ens transporten, ens agradi o no, a la realitat d’altres països i d’altres persones només intercanviant una mirada, una salutació, un gest amable…perquè… "Qui ens ofereix amistat és nostra família" Proverbi tibetà Recomano la lectura de Aux bords du monde, les réfugiés de l’antropòleg Michel Agier (2002), editorial Flammarion i la conferència de 2009 Les traumatismes psychiques des demandeurs d’asile, del psiquiatre Philippe Le Ferrand.
André Sauvage
Ciutats diferents Siguem dels que somnien trobar una identitat definida totalment o dels que ens sentim preparats per acceptar les diferències tal com són, haurem d’intentar descobrir eines amb les quals treballar, establir xarxes viables de relacions personals fetes amb tacte i amb un estira-i-arronsa d’exigències, negociacions i concessions. Per molt diversa que es torni la nostra identitat local no deixarà de ser tenaç. El francès mitjà no existeix… ni tampoc l’immigrant mitjà: per molt que ho intentis mai
Paloma ESPAGNE
M
on père adoré, Je me souviens parfaitement... je me souviens parfaitement du jour où nous sommes partis de la Mancha vers la Catalogne dans cette pittoresque SEAT 124 bleue... j’avais à peine quatre ans, mais je m’en souviens parfaitement. La voiture était encombrée de valises et d’autres accessoires destinés à accompagner une nouvelle vie pleine d’espoirs... un nouveau paysage nous accueillait, laissant derrière nous les champs assoiffés qui nous ont vu naître... J’aimerais tant savoir ce qui occupait ton esprit à ce moment-là. Je sais que ça n’a pas été facile et qu’aujourd’hui encore, vingt-neuf ans plus tard, ce n’est toujours pas facile pour toi. Une langue que tu ne comprenais pas, le catalan, une autre culture, d’autres gens, un autre tempérament... J’ai toujours eu du mal à te comprendre, tu m’as si peu parlé de toi en trente-trois ans... Mais je n’abandonne pas, j’ai toute la vie pour essayer de te connaître. Tu dis toujours qu’il est utopique de prétendre maintenir une relation d’amitié entre parents et enfants. Je ne sais pas si tu as raison, je n’ai pas encore trouvé ma propre réponse. Mais je crois sincèrement qu’un père et sa fille doivent se connaître. Dans notre cas, la distance nous a aidés, tous les deux, à mûrir, réfléchir, prendre le temps nécessaire... la distance a su nous rapprocher. Cela peut paraître contradictoire, mais que serions-nous sans nos contradictions... le doute et les imperfections sont ce qui nous rend humains. Aujourd’hui je me sens doublement expatriée, et je dis "je me sens" par conviction. On est migrant par obligation, sous la pression du monde et de ses lois absurdes... ou parce qu’on se sent étranger, même en étant européen en Europe. Ma première migration a été celle de toute notre famille, avec la SEAT 124 bleue. La seconde, je l’ai vécue seule, en route vers la France. Papa, nous avons tellement de chance... Nous sommes tellement condamnés à être libres... Comme un oiseau de passage, je vole entre le lointain et la proximité du monde, je m’adapte aux vents... à la recherche de ma place, comme nous tous... cherchant à comprendre ma propre géographie, ma propre histoire. Au cœur de ce nouveau paysage vert aux eaux froides qui m’accueille, j’ai appris le sens du mot "nostalgie"... mais c’est aussi ici que j’ai réalisé nombre de mes rêves.
Un jour je reviendrai, je le sais. Le vacarme des voix et la chaleur asphyxiante de l’été me manquent trop, tout ce que je critique là-bas, chez nous, les calamars frits, les voitures hurlant la musique de Camarón par leurs vitres ouvertes, la tortilla... une liste infinie de bagatelles auxquelles j’ai toujours été habituée... ... et vous... que dire... vous me manquez tellement... ... ... Jusqu’à ce que vienne ce jour, je poursuis mon voyage... profitant de la liberté que me donnent mes ailes de citoyenne européenne... essayant de comprendre ce monde malade et endormi... avec un sourire. Je t’aime. Paloma
Mi queridísimo padre, Me acuerdo perfectamente... me acuerdo perfectamente del día en que viajamos de la Mancha a Cataluña en aquel pintoresco SEAT 124 azul... yo tenía a penas cuatro años... pero me acuerdo perfectamente... El coche estaba cargado de maletas y accesorios múltiples para decorar una nueva vida llena de ilusiones... un nuevo paisaje nos acogía, dejando atrás los campos de sequía que nos vieron nacer... Me encantaría saber qué pasaba por tu mente en aquel momento. Sé que no fue fácil y que, aún hoy, veintinueve años después... sigue sin ser fácil para ti. Una lengua que no entendías: el catalán, otra cultura, otras gentes, otra idiosincrasia... Siempre me ha costado entenderte, me has hablado tan poco de ti en treinta y tres años... Pero no me rindo, me queda toda una vida para intentar conocerte. Siempre me dices que pretender tener una relación de amistad entre padres e hijos es utópico. No sé si tienes razón, aún no tengo mi propia respuesta. Pero lo que sí creo es que un padre y un hijo deben conocerse. En nuestro caso, la distancia nos ha ayudado a los dos a madurar, a reflexionar, a tomarnos el tiempo necesario... la distancia ha conseguido acercarnos. Parece contradictorio, pero qué sería de nosotros sin nuestras contradicciones... la duda y la imperfección nos hacen humanos.
Tan condenadamente libres... Como un ave de paso, vuelo entre la lejanía y la cercanía del mundo, adaptándome a los vientos... buscando mi lugar en el mundo, como todos... intentando entender mi propia geografía, mi propia historia. En este nuevo paisaje verde de aguas frescas, que me acoge, he aprendido el significado de la palabra "nostalgia"... pero es aquí también donde he realizado muchos de mis sueños. Un día volveré, lo sé. Echo demasiado de menos el griterío de la gente, el calor agobiante del verano, todo lo que critico estando allí, los chipirones, los coches con la música de Camarón a tope por la calle, la tortilla de patatas... una lista enorme de estupideces varias a las que he estado siempre acostumbrada... ... y a vosotros... qué voy a decirte... os echo tanto de menos... ... ... Hasta entonces, continúo con mi viaje... aprovechando la libertad que me dan mis alas de ciudadana europea... intentando entender este mundo enfermo y dormido... con una sonrisa... Te quiero. Paloma
Hoy me siento doblemente expatriada, y digo "me siento" por convicción. Inmigrante se es por obligación, porque el mundo y sus leyes absurdas te lo imponen... o porque uno se siente extranjero, aun siendo europeo en Europa. La primera migración la hicimos juntos en aquel SEAT 124 azul, toda la familia. La segunda la emprendí sola, caminito de Francia. Papá, somos tan afortunados...
Estimat, pare Recordo perfectament... recordo perfectament el dia en que vam viatjar de la Manxa a Catalunya en aquell pintoresc SEAT 124 blau... jo encara no tenia quatre anys... però recordo perfectament... El cotxe estava carregat de maletes i accessoris múltiples per decorar una nova vida plena d’il·lusions... un nou paisatge ens acollia, deixant enrere els camps de sequera que ens van veure néixer... M’encantaria saber què passava per la teva ment en aquell moment. Sé que no va ser fàcil i que, encara avui, vint-i-nou anys després... continua sense ser fàcil per a tu. Una llengua que no entenies: el català, una altra cultura, altra gent, una altra idiosincràsia... Sempre m’ha costat entendre’t, m’has parlat tan poc de tu en trenta-tres anys... Però no em rendeixo, em queda tota una vida per intentar-te conèixer. Sempre em dius que pretendre tenir una relació d’amistat entre pares i fills és utòpic. No sé si tens raó, encara no tinc la meva pròpia resposta. Però el que sí que crec és que un pare i un fill s’han de conèixer. En el nostre cas, la distància ens ha ajudat als dos a madurar, a reflexionar, a prendre’ns el temps necessari... la distància ha aconseguit apropar-nos. Sembla contradictori, però què seria de nosaltres sense les nostres contradiccions... el dubte i la imperfecció ens fan humans. Avui em sento doblement expatriada, i dic "em sento" per convicció. Immigrant s’és per obligació, perquè el món i les seves lleis absurdes t’ho imposen.... o perquè un se sent estranger, tot i ser europeu a Europa. La primera migració la vam fer junts en aquell SEAT 124 blau, tota la família. La segona la vaig emprendre sola, camí cap a França. Papa, som tan afortunats... Tan comdemnadament lliures... Com un ocell que va de pas, volo entre la llunyania i la proximitat del món, adaptant-me als vents... buscant el meu lloc al món, com tots... mirant d’entendre la meva pròpia geografia, la meva pròpia història. En aquest nou paisatge verd d’aigües fresques, que m’acull, he après el significat de la paraula "nostàlgia"... però és aquí també on he realitzat molts dels meus somnis. Un dia tornaré, ho sé. Trobo massa a faltar la cridòria de la gent, la calor aclaparadora de l’estiu, tot el que critico quan sóc allà, els xipirons, els cotxes amb la música de Camarón a tot drap pel carrer, la truita de patates... una llista enorme d’estupideses diverses a què he estat sempre acostumada... ... i a vosaltres... què et diré... us trobo a faltar tant... ... ... Fins llavors, continuo amb el meu viatge... aprofitant la llibertat que em donen les meves ales de ciutadana eu-
ropea... intentant entendre aquest món malalt i adormit... amb un somriure... T’estimo. Paloma
Paloma L’artiste médiatrice Paloma nous introduit dans un nouveau monde, celui de la possible fin des enclos nationaux, fin ponctuée d’hésitations, innervée de tours et de retours ; au-delà, elle nous délivre l’espérance d’une utopie concrète : l’apaisement de l’éloignement dans une vision émergente d’européenne. Mobile-analyse En s’adressant à son père, Paloma relie trois expériences de mouvement migratoire qu’elle installe comme des stations d’émergence à sa condition personnelle, peut-être propédeutique à un trait remarquable d’ellemême : sa disponibilité d’attachement/détachement à "ses pays". Laissons-nous guider par elle chez qui la langue de Cervantès laisse place à une écriture précise de la mémoire et des vécus à ces diverses étapes. Suivons les cailloux du petit Poucet... - la Mancha (Espagne), lieu d’arrivée sur cette terre, racines familiales, un paysage fait de "ces champs assoiffés qui nous ont vu naître" et qui imprègne définitivement les sens. Choses insignifiantes des premières années, formant le pendant d’un corps qui s’en dégage, choses vécues après comme indélébiles. Première petite patrie protectrice reléguée bientôt à l’état de souvenir. Migration vers le nord de l’Espagne, premier monde étrange-étranger auquel se heurte la petite Paloma encore et totalement inscrite dans l’histoire du père, premier choc d’un nouveau bain langagier (du Castillan au Catalan), première étrangeté de l’expatriation. - la Catalogne, le grand établissement industriel du nord, a imposé son emprise sur la famille ; celle-ci s’est arrachée de son sol, portée par l’espoir de lendemains améliorés ; à l’abord des confins de la métropole, l’excitation du départ s’alourdit des appréhensions face aux multiples équations inconnues de ce nouveau monde. Et c’est dans cette touffeur inquiète qui commence à oppresser la poitrine des passagers de la Seat 124 bleue, que la petite fille de 4 ans, sans voix, adresse une question existentielle en direction de celui qui a pesé dans la décision de partir : vis-tu père ? Douleur de sentir un monde amputé d’une moitié, la Mancha, et crispation sur le dernier rempart : le père. La petite Paloma attendait à ce moment un surplus d’attention, une manifestation consolante, rassurante du pilier parental ; déçue par son mutisme, elle vitupère le père. Pourquoi ce silence qu’elle ne comprit pas ? Vingt-neuf ans plus tard, "j’aimerais tant savoir ce qui occupait ton esprit à ce moment-là...", Paloma reste hantée par l’insondable réserve paternelle, désemparée. Tact et retenue, qualification d’un mode de relation d’un père à l’égard de sa fille qui fut reçu comme distance, comme mise à l’écart, peut-être creuset d’une disposition à rebondir, à repartir pour démontrer l’accès à une forme d’autonomie par cette épreuve passée sans la confidence,
la communion familiale, chacun renvoyé à soi. Moment d’affranchissement par la dissolution d’une "patrie" attachante. - la France, comme troisième temps de la construction personnelle, partance abordée seule pour croiser d’autres paysages (verts), l’attrait de ces inconnues dont Paloma a tiré des formules opérantes, puisqu’elle note que "j’y ai réalisé nombre de mes rêves". Pays d’adoption qui n’est pas une stase, mais bien plutôt un miroir au fond duquel elle cherche à dresser l’épure de son ontologie – "ma propre géographie, ma propre histoire". Arrêt provisoire pour une migrante curieuse du monde. Le sens de l’épreuve de la séparation Ne s’enfermant nullement dans le ressassement, Paloma, tel l’oiseau évoqué, emprunte les courants ascendants pour atteindre plus de hauteur. Elle tire de cette distance, vécue comme un retrait positif, l’occasion d’une méditation qui décante l’essence des évènements. Chacun a vécu sa vie, de part en part, de part et d’autre, la réflexion sereine laisse les impatiences, les attentes fulgurantes des "matins du monde de l’adolescence" au vestiaire. Le constat "du doute et des imperfections" qui nous font humains, trop humains peut-être n’a pas brisé l’aspiration à la compréhension réciproque, "la distance a su nous rapprocher". Sans doute est-ce le premier segment de la route vers une identité migrante européenne. Paix intérieure, peutêtre aussi conditionnée par la métamorphose d’une France étrangère en un grand intérieur pour Paloma. "Comme un oiseau de passage, je vole entre le lointain et la proximité du monde, je m’adapte aux vents... à la recherche de ma place, comme nous tous". Les frontières floues provisoires constituent cette part magique du monde, "nous avons tellement de chance... " Cette répétition des expériences de l’éloignement ne conduit pas à la déroute des sentiments mais à la domestication des émotions et des affects pour jouer sur le registre du proche et du lointain. "... Je m’adapte aux vents, libre..." Le retour bonifié "Un jour, je reviendrai, je le sais", mais ce n’est ni une supplique enfermée dans une bouteille à la mer, ni un cri tragique ou déchirant que ce rappel de la découverte du mot nostalgie. Paloma a pris les courants ascendants de la cérébralisation d’une condition migrante. Ce qui la met en mouvement, tient du manque mais, dans le champ banal de la bagatelle, "la clameur des gens et la chaleur asphyxiante de l’été me manquent trop, tout ce que je critique de là-bas, chez nous, les calamars frits, les voitures hurlant la musique de Camarón par leurs vitres ouvertes, l’omelette espagnole...", bref des ambiances qui n’envahissent pas la personne mais sont au contraire jugulées par une mise à échéance... "jusqu’à ce que vienne le jour".
Sur le divan, non point torturée par on ne saurait quelle douloureuse anamnèse, mais souriante, confiante, battante. Comme si la réémergence du souvenir l’emmenait dans une réédition d’un parcours commenté, occasion de renouer le dialogue avec la figure paternelle, mi-intérieure, mi-partagée. Tout y est dit avec un souffle retenu, mais qui atteint un monde d’équilibre et d’harmonie.
La artista mediadora Paloma nos lleva a un mundo nuevo, el de la posibilidad de poner fin a los encierros nacionales; un fin acentuado por la duda, definido por las idas y venidas. Pero más allá de ello, nos entrega la esperanza de una utopía concreta: el sosiego de la lejanía con una visión innovadora de europea. Un análisis móvil Al dirigirse a su padre, Paloma entrelaza tres experiencias de movimiento migratorio los cuales ejercen la función de estaciones emergentes de su condición personal. Esto es quizás propio de una característica remarcable en ella: su capacidad de apego/desapego a "sus países". Dejémonos pues llevar por Paloma, a la que la lengua de Cervantes le ofrece las herramientas que le permiten plasmar con precisión los recuerdos y las vivencias inherentes a estas diversas etapas. Sigamos pues sus huellas… - Castilla-La Mancha (España): Lugar en donde vino al mundo, raíces familiares, un paisaje constituido de "campos de sequía que nos vieron nacer" y que embriagan sin duda los sentidos. Las cosas insignificantes de los primeros años ayudan a formar la persona que de ellas se aleja, cosas vividas que resultan indelebles. Es también la primera patria protectora que pasa pronto a ser sólo un recuerdo. Es el punto de partida a la migración hacia el norte de España: primer contacto con un mundo extrañamente extranjero, con el que tropieza la entonces pequeña Paloma, totalmente inscrita en la historia del padre. Punto de partida también para el primer choque con un nuevo código lingüístico (transición del castellano al catalán), y el primer contacto con la extrañeza de la expatriación. - Cataluña: El gran establecimiento industrial del norte influenció a la familia. Ésta se desarraigó de su tierra con la fuerza de la esperanza de un mañana mejor. A orillas de los confines de la metrópolis, el entusiasmo del viaje se volvió pesado por las aprensiones sobre lo desconocido de ese nuevo mundo. Y es en esta madeja de inquietudes, que comienza a oprimir el pecho de los pasajeros del Seat 124 azul, que la niña de 4 años, sin hablar, hace una pregunta existencial al que carga con el peso de la decisión de partir: ¿tienes una vida, padre? Representación del dolor de sentir la casi amputación de un mundo, la Mancha, y la tensión ante el último amparo que le queda: el padre. La pequeña Paloma esperaba entonces más atención, un gesto consolador y tranquilizante de parte del pilar patriarcal. Decepcionada ante el mutismo, ésta cuestiona al padre: ¿Por qué ese silencio que nunca pudo entender? Veintinueve años después, "me encantaría saber qué pasaba por tu mente en aquel momento", la incomprensible reserva paternal deja todavía desconcertada y desamparada a Paloma. Tacto y prudencia, así se califica la estrategia utilizada en esta relación padre-hija que fue interpretada como distancia, reticencia, pero que quizás esté dotada de una predisposición para salir a flote, para recomenzar y así demostrar la posibilidad de una forma de autonomía facilitada por la prueba afrontada fuera de
la confidencia y la comunión familiar durante la que cada uno fue librado así mismo. Un momento de emancipación obtenida a través de la disolución de la "patria" como cordón umbilical. - Francia: Tercer movimiento de la construcción personal. Un viaje emprendido sólo para frecuentar otros paisajes (verdes), para rodearse del encanto de esas tierras desconocidas en las que Paloma se realiza plenamente como nos lo deja saber al señalar que "es aquí también donde he realizado muchos de mis sueños". País adoptivo que no es sinónimo de estasis, sino más bien un espejo en cuyo fondo espera trazar la versión depurada de su ontología –"…mi propia geografía, mi propia historia". Una parada pasajera para esta migrante curiosa del mundo.
terminado…"hasta entonces". Tendida en el diván, no hallamos a una Paloma torturada por quién sabe qué dolorosa anamnesia, sino a una sonriente, segura y luchadora. Como si el resurgir de los recuerdos la llevara a una reedición de un paseo comentado, una oportunidad de retomar contacto con la figura paterna, una parte interior, otra compartida. Paloma logra en esta carta, expresar y sacar todo con una ligera reserva que está a la altura de un mundo de equilibrio y de harmonía.
El significado de la prueba de la separación Paloma, sin querer encerrarse en la repetición, se deja llevar por las corrientes ascendentes, como el ave que evoca en su carta, para alcanzar nuevas alturas. Así pues, entiende esta distancia como algo positivo y ve en ella la ocasión de sumergirse en una meditación que aclare la esencia de lo vivido. Cada uno vivió su vida, segmentado, desde su punto de vista, la reflexión serena deja entonces encerradas en el baúl aquella impaciencia y las expectativas fulgurantes del ‘despertar al mundo de la adolescencia’. Además, la confirmación de que "la duda y la imperfección" que nos hacen humanos, demasiado humanos quizás, no fracturó la aspiración al entendimiento recíproco: "la distancia ha conseguido acercarnos". Esta es sin duda, la primera parte del camino que lleva hacia una identidad europea migratoria. También sentimos la paz interior, probablemente condicionada por la transformación de una Francia extranjera en un vasto interior para Paloma. "Como un ave de paso, vuelo entre la lejanía y la cercanía del mundo, adaptándome a los vientos... buscando mi lugar en el mundo, como todos..." Así, las fronteras permeables y transitorias componen esa parte mágica del mundo: "…somos tan afortunados". La repetición de la experiencia de la lejanía no desemboca en el desorden de los sentimientos, sino en el control de las emociones y del afecto para lograr utilizar el registro de lo cercano y lo lejano: "…adaptándome a los vientos…". El dulce regreso "Un día volveré, lo sé", pero esta muestra del aprendizaje de la palabra nostalgia, no lleva el sabor de una súplica encerrada en una botella que se tira al mar, ni el de un grito trágico o desgarrador. Paloma se ha dejado llevar por las corrientes ascendentes de la celebración de su condición migratoria. Lo que la lleva a moverse, tiene sus raíces en el echar de menos, pero sólo en el ámbito de las cosas banales, "el griterío de la gente, el calor agobiante del verano, todo lo que critico estando allí, los chipirones, los coches con la música de Camarón a tope por la calle, la tortilla de patatas...", en fin, atmósferas que no invaden a la persona, pero que están condenadas a un plazo de-
L’artista mediadora Paloma ens porta a un món nou, el de la possibilitat de posar fi als tancaments nacionals; un final accentuat pel dubte, definit per les anades i vingudes. Però més enllà d’això, ens lliura l’esperança d’una utopia concreta: l’assossec de la llunyania amb una visió innovadora d’Europa. Una anàlisi mòbil En dirigir-se al seu pare, Paloma entrellaça tres experiències de moviment migratori els quals exerceixen la funció d’estacions emergents de la seva condició personal. Això és potser propi d’una característica remarcable en ella: la seva capacitat d’afecció/desinterès a "els seus països". Deixem-nos doncs portar per Paloma, a qui la llengua de Cervantes li ofereix les eines que li permeten plasmar amb precisió els records i les vivències inherents a aquestes diverses etapes. Seguim doncs les seves empremtes... - Castella-la Manxa (Espanya): Lloc on va venir al món, arrels familiars, un paisatge constituït de "camps de sequera que ens van veure néixer" i que embriaguen sens dubte els sentits. Les coses insignificants dels primers anys ajuden a formar la persona que d’elles s’allunya, coses viscudes que resulten indelebles. És també la primera pàtria protectora que aviat passa a ser només un record. És el punt de partida a la migració cap al nord d’Espanya: primer contacte amb un món estranyament estranger, amb el que ensopega la llavors petita Paloma, totalment inscrita en la història del pare. Punt de partida també pel primer xoc amb un nou codi lingüístic (transició del castellà al català), i el primer contacte amb l’estranyesa de l’expatriació. - Catalunya: El gran establiment industrial del nord va influir la família. Aquesta es va desarrelar de la seva terra amb la força de l’esperança d’un demà millor. A vores dels confins de la metròpoli, l’entusiasme del viatge es va tornar pesat per les aprensions sobre el desconegut d’aquest nou món. I és en aquesta troca d’inquietuds, que comença a oprimir el pit dels passatgers del Seat 124 blau, que la nena de 4 anys, sense parlar, fa una pregunta existencial al que carrega amb el pes de la decisió de partir: tens una vida, pare? Representació del dolor de sentir la gairebé amputació d’un món, la Manxa, i la tensió davant de l’última empara que li queda: el pare. La petita Paloma esperava llavors més atenció, un gest consolador i tranquil·litzant de part del pilar patriarcal. Decebuda davant del mutisme, aquesta qüestiona el pare: Per què aquest silenci que mai no va poder entendre? Vint-i-nou anys després, "m’encantaria saber què passava per la teva ment en aquell moment", la incomprensible reserva paternal deixa encara desconcertada i desemparada a Paloma. Tacte i prudència, així es qualifica l’estratègia utilitzada en aquesta relació pare-filla que va ser interpretada com a distància, reticència, però que potser estigui dotada d’una predisposició per ressorgir, per tornar a començar i així demostrar la possibilitat d’una forma d’autonomia facilitada per la prova afrontada fora de la confidència i la comunió familiar durant la qual cada un va ser deslliurat
així mateix. Un moment d’emancipació obtinguda a través de la dissolució de la "pàtria" com a cordó umbilical. - França: Tercer moviment de la construcció personal. Un viatge emprès només per freqüentar altres paisatges (verds), per envoltar-se de l’encant d’aquestes terres desconegudes en les quals Paloma es realitza plenament com ens ho deixa saber en assenyalar que "és aquí també on he realitzat molts dels meus somnis". País adoptiu que no és sinònim d’estasis, sinó més aviat un mirall en el fons del qual espera traçar la versió depurada de la seva ontologia -"...mi pròpia geografia, la meva pròpia història." Una parada passatgera per a aquesta migrant curiosa del món. El significat de la prova de la separació Paloma, sense voler tancar-se en la repetició, es deixa portar pels corrents ascendents, com l’ocell que evoca a la seva carta, per arribar noves altures. Així doncs, entén aquesta distància com una cosa positiva i veu en ella l’ocasió de submergir-se en una meditació que aclareixi l’essència d’allò viscut. Cada un va viure la seva vida, segmentat, des del seu punt de vista, la reflexió serena deixa llavors tancades al bagul aquella impaciència i les expectatives fulgurants del "despertar al món de l’adolescència". A més, la confirmació de que "el dubte i la imperfecció" ens fan humans, massa humans potser, no va fracturar l’aspiració a l’entesa recíproca: "la distància ha aconseguit apropar-nos". Aquest és sens dubte, la primera part del camí que porta cap a una identitat europea migratòria. També sentim la pau interior, probablement condicionada per la transformació d’una França estrangera en un vast interior per Paloma. "Com un ocell que va de pas, volo entre la llunyania i la proximitat del món, adaptant-me als vents... buscant el meu lloc al món, com tots... "Així, les fronteres permeables i transitòries composen aquesta part màgica del món: "...som tan afortunats". La repetició de l’experiència de la llunyania no desemboca en el desordre dels sentiments, sinó en el control de les emocions i de l’afecte per aconseguir utilitzar el registre del proper i el llunyà: "...adaptant-me als vents...". La dolça tornada "Un dia tornaré, ho sé", però aquesta mostra de l’aprenentatge de la paraula nostàlgia, no porta el gust d’una súplica tancada en una ampolla que es llença al mar, ni el d’un crit tràgic o esquinçador. Paloma s’ha deixat portar pels corrents ascendents de la celebració de la seva condició migratòria. El que la porta a moure’s, té les seves arrels en el trobar en falta, però només en l’àmbit de les coses banals, "la cridòria de la gent, la calor aclaparadora de l’estiu, tot el que critico quan sóc allà, els xipirons, els cotxes amb la música de Camarón a tot drap pel carrer, la truita de patates...", en fi, atmosferes que no envaeixen la persona, però que estan condemnades a un termini determinat... "fins llavors".
Estesa al divan, no trobem a una Paloma torturada per qui sap quina dolorosa anamnèsia, sinó a una somrient, segura i lluitadora. Com si el ressorgir dels records la portés a una reedició d’un passeig comentat, una oportunitat de reprendre contacte amb la figura paterna, una part interior, una altra de compartida. Paloma aconsegueix en aquesta carta, expressar i treure tot amb una lleugera reserva que està a l’alçada d’un món d’equilibri i d’harmonia.
Mevlut TURQUIE
A
vant toute chose, comment vas-tu ma grande sœur chérie ! Et maman ? Tout le monde me manque énormément, notre village me manque. Si je pouvais, je viendrais tous les mois, mais trois enfants plus nous, ça fait cinq personnes, ça fait cher. Nous sommes en bonne santé et c’est bien la santé le plus important. Cela fait déjà sept ans que je suis arrivé en France, je n’ai rien compris, je suis resté une année sans papiers, sans me faire attraper. Comment ai-je fait ? Au moins maman n’est pas restée seule et moi mes yeux revoyaient toujours les routes de mon pays. Le français est une langue dure, je ne l’ai toujours pas apprise, mais bien sûr il faut dire que la moitié de ma tête est restée au village, je n’ai que la moitié de mon intelligence. Tout ce qui s’est passé au village, les jours de fête au village et tous les autres beaux jours, je ne les oublie pas et je ne veux pas les oublier. Ici, pour nous, il y a aussi le chantier, le travail et la maison, la maison et le travail, nous n’avons pas de vie sociale. Mais nous avons une mosquée, tous les vendredis et en fin de semaine nous sommes à la mosquée. Qu’Allah récompense ceux qui ont rendu cela possible. Ma grande sœur chérie, avez-vous fait du tabac cette année ? Comment sont les noisettes, est-ce qu’elles vont bien? Si je viens cette année, si Allah le veut, nous irons à la cueillette. Ici il y a des noisettes mais le goût n’y est pas ; les autres fruits secs sont bien. Les gens sont gentils mais ils nous regardent un peu de travers. Ce qui m’a le plus frappé, c’est que même quand tu es un petit, on t’aide. C’est donnant-donnant... Si tu fais quelque chose, les gens veulent te donner autre chose, te le rendre au centime près. Ils font les choses très bien, mais ils sont un peu lents. Les années s’écoulent, le temps passé loin du village passe trop vite. Je ne fume même plus une cigarette, cela fait deux ans que j’ai arrêté mais j’y pense toujours. Je dois m’arrêter à présent. Il est tard et je travaille demain, je dois me lever tôt. Maintenant tout me manque encore plus. Qu’Allah vous protège ! Mevlut
Antes que nada, ¿cómo está mi querida hermana mayor? ¿Y mamá? Todos me hacen mucha falta, nuestro pueblo me hace falta. Si fuera posible, iría todos los meses, pero tres niños, más nosotros, suman cinco personas y por lo tanto sale caro. Pero estamos saludables y eso es lo más importante. Ya hace siete años que estoy en Francia, y no sé ni cómo, me quedé un año entero sin papeles, sin que me atraparan. ¿Cómo me las apañé? Al menos, mamá no se quedó sola; y yo aquí, sin que mis ojos dejaran de visualizar las calles de mi país. La lengua francesa es complicada, difícil, todavía no la domino, pero por supuesto hay que admitir que la mitad de mi cabeza se quedó en mi pueblo; solo poseo la mitad de mi inteligencia. Todo mi pasado allí, los días de fiesta en el pueblo y el resto de los días de felicidad, no los olvido y no los quiero olvidar. Aquí, para nosotros, solo existe la construcción, del trabajo a casa, de casa al trabajo, no tenemos vida social. Pero tenemos una mezquita y todos los viernes y los fines de semana, allí estamos. Qué Alá recompense a aquellos que han contribuido a que esto sea posible.
Primer de tot, com està la meva estimada germana gran? I la mare? Tots em féu molta falta, el nostre poble em fa falta. Si fos possible,hi aniria tots els mesos, però tres nens, més nosaltres, som cinc persones, i per tant surt massa car. Però estem bé de salut, i això és el més important. Ja fa set anys que sóc a França, i no sé ni tant sols com m’hi vaig quedar un any sencer, sense papers, sense que m’atrapessin. Com me’n vaig saber sortir? Almenys, la mare no es va quedar sola; i jo aquí, sense que els meus ulls deixessin de veure els carrers del meu país. La llengua francesa és complicada, difícil, encara no la domino, però sens dubte és perquè la meitat del meu cap es va quedar al meu poble; només posseeixo la meitat de la meva intel·ligència. Tot el meu passat d’allà, els dies de festa al poble i la resta dels dies de felicitat, no els oblido i no els vull oblidar. Aquí, per a nosaltres, sols existeix l’obra, de la feina a casa, de casa a la feina, no tenim vida social. Però tenim una mesquita, i tots els divendres i els caps de setmana hi vaig. Alà recompensi aquells que han contribuït per a que això sigui possible.
Mi querida hermana mayor, ¿cultivaron tabaco este año? ¿Qué tal las avellanas? ¿Se dan bien? Si voy este año, si Alá así lo quiere, asistiré a la cosecha. Aquí se dan las avellanas, pero les falta sabor, sin embargo los otros frutos secos son buenos.
Estimada germana gran, van conrear tabac enguany? Què tal les avellanes? En surten bones? Si vaig aquest any, si Alà així ho vol, ajudaré a la collita. Aquí se’n fan d’avellanes, però els falta sabor, tanmateix els altres fruits secs són bons.
La gente no es mala, pero nos miran de reojo. Lo más que me impresionó es que aunque seas un niño, te quieren ayudar. Todo es dar y recibir… si haces algo, te quieren dar otra cosa a cambio, algo a su justo valor. Hacen las cosas muy bien, pero son un poco lentos.
La gent no és dolenta, però ens miren de reüll. El que més em va impressionar és que et volen ajudar, encara que siguis un nen. Tot és donar i rebre... si fas alguna cosa, et volen donar una altra a canvi, quelcom amb un valor semblant. Fan les coses molt bé, però són una mica lents.
Los años pasan, el tiempo que paso lejos de mi pueblo pasa volando. Ya no me fumo ni un cigarrillo, ya hace dos años que lo dejé, pero todavía me apetece. Ya debo dejarte. Es tarde y mañana trabajo, tengo que levantarme temprano. Ahora, todos y todo me hace aún más falta. ¡Qué Alá los proteja!
Els anys passen, el temps que sóc lluny del meu poble em passa volant. Ja no fumo ni un cigarret, ja en fa dos anys que ho vaig deixar, però encara em ve de gust. Ara t’haig de deixar. És tard i demà treballo, haig de llevar-me d’hora . Ara, tots i tot em féu encara més falta. Alà us protegeixi!
Mevlut Mevlut
Mevlut
Ouvrier dans la construction, sur les chantiers avec ses frères. Marié à une française convertie à l’Islam, ils ont eu deux enfants. Mevlut maîtrise difficilement le français. Ils se préparent à ouvrir une petite supérette sur le quartier, où ils y écouleront des produits d’import export. Mevlut ouvre sa porte ... Dans un appartement neuf, comme il en existe beaucoup au Blosne, standard... un endroit sans marque d’appropriation sur les murs, au sol. Habite-t-on ici ? Notre hôte n’y a déposé aucune marque visible de luimême ; ceci dit, on y perçoit des commodités. Et pourtant, en dépit des offres d’installation dont il dispose, notamment de moelleux et profonds canapés, Mevlut se présente ailleurs – le regard lointain, assis en tailleur sur un tapis, posture favorite du monde turc, de côté invitant à découvrir ce qui semble le cœur de l’espace : la table basse. Avec ses trois pieds solides, elle donne la sensation d’un objet stable, équilibré qui fait contraste avec la posture de notre hôte que l’on pressent en situation instable, figé l’instant du cliché. En dépit de l’apparence... Que propose cette table, véritable objet transitionnel, ce "tapis volant" qui, en catimini, nous expédie à quelques milliers de lieues d’ici... en Turquie ? Les produits des terroirs de Mevlut. La cafetière, les verres sont opérateurs d’ambiance et laissent voir les gâteaux et les cigarettes Samsun de la ville d’origine de l’hôte, produites avec du tabac cultivé sur la ferme parentale. Finie la fumée dont on peut se débarrasser après deux ans sans pouvoir refouler l’obsession du pays. Et puis, les noisettes du village aussi sont là. Elles portent l’espoir d’un plaisir rare, "si je viens cette année, si Allah le veut, nous irons à la cueillette. Ici il y a des noisettes, mais le goût n’y est pas". L’exploit de l’ubiquité... Mevlut reste prêt au départ chez lui, là-bas... La femme et l’enfant près de la porte, gardiens du seuil rappellent que le passage ne peut se projeter sans la figure imposée du retour. Vigilance, car elle le redoute, il n’a trouvé ni au Blosne, ni en lui-même la force ou le remède qui le guérirait du pays. "Tout le monde me manque énormément, notre village me manque. "Pourquoi vivre furtivement, se cacher ? Comment faire avec "une langue dure" si difficile à maîtriser ? Pourra-t-on jamais lier avec les gens ? Ou du dédoublement déchiré. En nous offrant l’hospitalité, Mevlut ne nous joue pas une scène, il nous fait partager son drame : la tension que deux mondes entretiennent en lui, alimentent un indépassable dilemme qui confine à la dislocation de soi. Non pas un jeu, mais un abîme où se mesure l’impossible vie ensemble de/dans deux mondes. Il en mesure pathétiquement la béance. "Il faut dire que la moi-
tié de ma tête est restée au village, je n’ai que la moitié de mon intelligence". Le salut personnel Sa femme d’origine française, a pris l’habit turc et rejoint son mari en religion sans doute pour capter ces songes, le détourner de ces attaches lancinantes... Elle est là sur la photo au titre de passeuse entre les deux mondes, quand leur petite fille témoigne d’un projet de vie commun. Contre cette menace extatique extrême issue de l’expatriation, au plus profond du monde froid de l’exil, Mevlut rend grâce au seul remède consolateur. "Nous avons une mosquée, tous les vendredis et fins de semaine nous sommes à la mosquée. Qu’Allah récompense ceux qui ont rendu cela possible" ! Ainsi, en ce lieu béni s’apaise la douleur traumatique, la présence physique se réconcilie avec la personne absente de Mevlut le migrant.
Trabaja como obrero de la construcción junto con sus hermanos. Está casado con una francesa que se ha convertido al Islam y con quien tiene tres hijos. Mevlut no domina del todo la lengua francesa. Pero se prepara para abrir un pequeño supermercado en su barrio, donde se venderán productos provenientes de la importación y exportación. Mevlut nos invita a entrar Un apartamento nuevo, como existen muchos en el Blosne. Un apartamento estándar, un lugar del cual no se han apropiado aún, ningún tipo de personalización, ni en las paredes, ni en el suelo. Podríamos incluso preguntarnos si alguien vive aquí. Nuestro anfitrión no ha puesto aquí ningún toque personal, aunque se distinguen ciertas comodidades. Sin embargo, a pesar de la calidad de las instalaciones que posee, en especial sus profundos y mullidos sofás, Mevlut nos parece lejos. La mirada perdida en la lejanía, con su vestimenta tradicional, está sentado de lado en la alfombra, posición predilecta del mundo turco, y nos invita a descubrir lo que parece ser el corazón de ese espacio: la mesa de centro. Las tres patas sólidas de esta mesa nos dan la sensación de que se trata de un objeto estable, equilibrado, que contrasta con la postura de nuestro anfitrión que nos da la impresión de estar en una situación inestable, y con esta imagen queda fijado el retrato de este hombre.
El desdoblamiento desgarrador Al ofrecernos su hospitalidad, Mevlut no nos miente, no se pone una máscara, sino que comparte con nosotros su drama: la tensión que dos mundos provocan en su interior y que nutre un "eterno" dilema que lo confina a la dislocación de sí. Lejos de un juego, se trata de un abismo donde se mide la imposibilidad de vivir en dos mundos a la vez. Él mismo sopesa patéticamente el abismo al decir: "…pero por supuesto hay que admitir que la mitad de mi cabeza se quedó en mi pueblo; solo poseo la mitad de mi inteligencia." La salvación personal Su esposa francesa ha adoptado la vestimenta turca y su religión, seguramente para encauzar sus anhelos, desviarlo de esas amarras lacerantes. Su papel aquí es el de intermediaria entre esos dos mundos, y su hija es la prueba viviente de un proyecto de vida común. Contra esa amenaza estática, producto extremo de la expatriación y de lo más profundo del frío exilio, Mevlut da gracias por el único remedio que sirve de consuelo: "Pero tenemos una mezquita y todos los viernes y los fines de semana, allí estamos. Qué Alá recompense a aquellos que han contribuido a que esto sea posible." Así pues, en ese lugar bendito, se apacigua el dolor traumático, y la presencia física se reconcilia con la persona ausente de Mevlut el inmigrante.
A pesar de las apariencias Quizás bebamos preguntarnos qué nos dice esa mesa, verdadero objeto transicional, o esa "alfombra voladora" que, a hurtadillas, nos transporta muy lejos de aquí, a Turquía. De la misma manera, los productos típicos de la tierra de Melvut nos hablan. La cafetera y los vasos construyen una atmósfera típica de ese lugar lejano y permiten que las galletas y los cigarrillos Samsun de la ciudad natal de nuestro anfitrión hagan su entrada en escena. Cigarrillos que además han sido producidos con el tabaco que se cultiva en el terreno de sus padres. Se deshizo del tabaco hace dos años pero no así de la obsesión por su país natal. Además, las avellanas también hacen su entrada y representan la esperanza de un deleite especial: "Si voy este año, si Alá así lo quiere, asistiré a la cosecha. Aquí se dan las avellanas, pero les falta sabor…" La ubicuidad en todo su esplendor Mevlut continúa dispuesto a partir rumbo a su país. Su esposa y su hijo permanecen pues cerca de la puerta, cual guardianes del umbral, para recordarle que no podrá atravesarla si el regreso no está garantizado. Una guardia constante de parte de la esposa, ya que teme este momento porque sabe que él no ha encontrado ni en el Blosne, ni en sí mismo, la fuerza o el remedio que cicatrice la nostalgia de su país. "Todos me hacen mucha falta, nuestro pueblo me hace falta." ¿Por qué entonces vivir como un fugitivo, a escondidas? ¿Cómo lidiar con una lengua "complicada", tan difícil de dominar? ¿Conseguiremos algún día entablar relaciones con los demás?
És obrer de la construcció juntament amb els seus germans. Està casat amb una francesa que s’ha convertit a l’Islam i amb qui té tres fills. Mevlut no domina bé la llengua francesa. Però es prepara per obrir un petit supermercat al seu barri, on vendran productes provinents de la importació i l’exportació. Mevlut ens convida a entrar Un pis nou, com tants d’altres n’hi ha al Blosne. Un pis estàndard, un lloc del qual encara no s’ha apropiat, sense cap tipus de personalització, ni a les parets, ni a terra. Podríem fins i tot preguntar-nos si hi viu algú. El nostre amfitrió no hi ha posat cap toc personal, encara que es distingeixen certes comoditats. No obstant això, a pesar de la qualitat de les instal·lacions que té, especialment els profunds i tous sofàs, Mevlut ens sembla llunyà. La mirada perduda en la llunyania, amb la seva vestimenta tradicional, està assegut de costat a l’estora, posició predilecta del món turc, i ens convida a descobrir el que sembla ser el cor d’aquest espai: la taula de centre. Les tres potes sòlides d’aquesta taula ens donen la sensació que es tracta d’un objecte estable, equilibrat, que contrasta amb la postura del nostre amfitrió que ens dóna la impressió que està en una situació inestable, i amb aquesta imatge queda fixat el retrat d’aquest home. A pesar de les aparences Potser hàgim de preguntar-nos què ens diu aquesta taula, veritable objecte de transició, o l’estora voladora que, d’amagat, ens transporta molt lluny, a Turquia. De la mateixa manera, els productes típics de la terra de Melvut ens parlen. La cafetera i els vasos construeixen una atmosfera típica d’aquest lloc llunyà i permeten que les galetes i els cigarrets Samsun de la ciutat natal del nostre amfitrió entrin en escena. Cigarrets que, a més, han estat fabricats amb el tabac que es cultiva al terreny del seus pares. Es va desfer del tabac fa dos anys, però no es va pas desfer de l’obsessió pel seu país natal. A més, les avellanes també fan la seva entrada i representen l’esperança d’un delit especial: "Si aquest any hi vaig, si Al·là ho vol, veuré la collita. Aquí hi ha avellanes, però els falta sabor…". La ubiqüitat en tota la seva esplendor Mevlut continua disposat a marxar cap al seu país. La seva esposa i el seu fill s’estan prop de la porta, com si fossin guardians del llindar, per tal de recordar-li que no podrà travessar-la si el retorn no està garantit. Una guàrdia constant de part de l’esposa, ja que tem aquest moment perquè sap que ell no ha trobat ni al Blosne, ni en si mateix la força o el remei que cicatritzi la nostàlgia del seu país. "Tothom em fa molta falta, el nostre poble em fa molta falta."Per què viure com un fugitiu, d’amagat, aleshores? Com bregar amb una llengua "complicada", tan difícil de dominar? Aconseguirem algun dia relacionar-nos amb els altres?
El desdoblament En oferir-nos la seva hospitalitat, Mevlut no ens menteix, no es posa una màscara, sinó que comparteix amb nosaltres el seu drama: la tensió que dos móns provoquen en el seu interior i que nodreix un etern dilema que el confina a la dislocació de si mateix. Lluny de ser un joc, es tracta d’un abisme on es mesura la impossibilitat de viure en dos móns a la vegada. Ell mateix sospesa patèticament l’abisme en dir: "però per suposat que he d’admetre que la meitat de la meva ment es va quedar al meu poble; només sóc mestre de la meitat de la meva intel·ligència". La salvació personal La seva esposa francesa ha adoptat la vestimenta turca i la seva religió, segurament per calmar els seus anhels, apaivagar les amarres doloroses. El seu paper és el d’intermediària entre aquests dos móns, i la seva filla és la prova vivent d’un projecte de vida en comú. Contra aquesta amenaça estàtica, producte extrem de l’expatriació i des del més profund del fred exili, Mevlut dóna gràcies per l’únic remei que serveix de consol: "Però tenim una mesquita i cada divendres i els caps de setmana hi anem. Que Al·là recompensi aquells que han contribuït a fer que això sigui possible". Així doncs, en aquest lloc beneït s’esmorteeix el dolor traumàtic i la presència física es reconcilia amb la persona absent de Mevlut, l’immigrant.
Medina TCHETCHENIE
P
apa, cher et aimé, Tu me manques beaucoup. J’écris cette lettre sans savoir si tu la liras ou non, mais j’espère que tu la liras ! Je sais que maman te manque beaucoup. Cela fait cinq ans qu’on ne s’est pas vus, j’espère que nous nous verrons bientôt. Tout au début, quand nous sommes venus ici je ne pensais qu’à vous. Après, ils nous ont donnés l’asile politique et nous nous sommes installés ici. Chez nous c’est très difficile. Depuis que je suis ici, notre famille a beaucoup changé; d’abord maman est morte, après grande mère, après tes deux frères et ta sœur. La vie n’était pas facile là-bas et nous avons quitté le pays. C’était un cauchemar pendant longtemps. Quand nous sommes arrivés à Paris, nous ne connaissions personne, nous n’avions personne à qui nous adresser. La première nuit a été très difficile, on a passé la nuit dans la rue. Le deuxième jour, on a rencontré une femme enceinte tchétchène. Elle nous a conduits là où il fallait. Merci à elle. Nous sommes arrivés à Rennes et un français nous a hébergés. On a vécu chez lui pendant une semaine, ensuite on a été accueillis une nuit dans un endroit pour les gens "sans domicile fixe". On a failli mourir une nuit à cause d’un incendie, mais heureusement nous nous sommes réveillés à temps, sinon on serait morts. Aujourd’hui on ne vit pas mal, je suis contente. Mais j’ai très peur qu’on nous oblige un jour à quitter la France. C’est pour cela que je ne peux pas penser au futur, je n’imagine pas re-partir en Tchétchénie et vivre là-bas. Ce sont les parents de mon mari qui ont décidé de nous faire venir en France, car ils avaient peur. Ils avaient déjà perdu un fils. On est arrivés en France cachés dans un camion, on aime la France et on a décidé avec mon mari que nous ne partirions pas d’ici. Nous aimons le quartier du Blosne et on ne veut pas s’en aller. Je finis ma lettre avec ça. Papa, je t’aime. Ta fille Medina
Queridísimo papá: Te echo mucho de menos. Te escribo esta carta sin saber si la leerás o no. ¡Espero que sí! Sé que extrañas mucho a mamá. Hace cinco años que no nos vemos y espero que nos encontremos pronto. Al principio, cuando nos vinimos, pensaba en vosotros. Luego nos dieron el asilo político y nos afincamos aquí. En nuestro hogar las cosas son muy difíciles. Desde que estoy aquí, nuestra patria ha cambiado mucho. Primero murió mamá, luego la abuela y después tus dos hermanos y tu hermana. La vida no era fácil allí y por eso nos marchamos del país. Fue una pesadilla durante mucho tiempo. Cuando llegamos a París, no conocíamos a nadie, no sabíamos a quién acudir. La primera noche que pasamos en la ciudad fue muy dura. Dormimos en la calle. Al segundo día, conocimos a una mujer chechena que estaba embarazada. Nos indicó dónde teníamos que ir. Bendita sea. Llegamos a Rennes y nos acogió un francés. Nos quedamos en su casa una semana y luego pasamos una noche en una casa para las personas sin techo. Un día estuvimos a punto de morir porque hubo un incendio, pero por suerte nos despertamos. Si no estaríamos muertos. Hoy no vivimos mal. Estoy contenta, pero me aterra que llegue el desgraciado día en que nos obliguen a marcharnos de Francia. Por eso no puedo pensar en el futuro. No me imagino volviendo a vivir en Chechenia. Los padres de mi marido fueron los que decidieron que debíamos venir a instalarnos a Francia, porque tenían miedo. Ya habían perdido a un hijo. Llegamos a Francia escondidos en un camión. Francia nos gusta y mi marido y yo hemos decidido que no vamos a marcharnos. Nos gusta el barrio de Le Blosne y no queremos dejarlo. Aquí termina mi carta. Papá, te quiero. Tu hija Medina
Estimat papa: Et trobo molt a faltar. T’escric aquesta carta sense saber si la llegiràs o no. Espero que sí! Sé que enyores molt a la mama. Fa cinc anys que no ens veiem i espero que ens trobem aviat. Al principi, quan ens vam venir, pensava en vosaltres. Després ens van donar l’asil polític i ens vam establir aquí. A la nostra llar les coses són molt difícils. Des que sóc aquí, la nostra pàtria ha canviat molt. Primer va morir la mama, després l’àvia i després els teus dos germans i la teva germana. La vida no era fàcil allà i per això vam marxar del país. Durant molt de temps va ser un malson. Quan vam arribar a París, no coneixíem ningú, no sabíem a qui acudir. La primera nit que vam passar a la ciutat va ser molt dura. Vam dormir al carrer. El segon dia, vam conèixer una dona txetxena que estava embarassada. Ens va indicar on havíem d’anar. Beneïda sigui. Vam arribar a Rennes i ens va acollir un francès. Ens vam quedar a casa seva una setmana i després vam passar una nit en una casa per a les persones sense sostre. Un dia vam estar a punt de morir perquè va haver-hi un incendi, però per sort ens vam despertar. Si no, estaríem morts. Avui no vivim malament. Estic contenta, però em fa pànic que arribi el desgraciat dia en què ens obliguin a marxar de França. Per això no puc pensar en el futur. No m’imagino tornant a viure a Txetxènia. Els pares del meu marit van ser els que van decidir que havíem de venir a instal·lar-nos a França, perquè tenien por. Ja havien perdut un fill. Vam arribar a França amagats en un camió. França ens agrada i el meu marit i jo hem decidit que no marxarem. Ens agrada el barri de Le Blosne i no volem deixar-lo. Aquí acaba la meva carta. Papa, t’estimo. La teva filla Medina
Medina Pâleur du visage qui s’apparente à celle de ses bijoux, de son foulard. Une part de son visage nous emmène dans un monde blafard. Médina échoue, venant de Tchetchénie, à Rennes au Blosne où elle se retrouve face à un destin incertain. Son regard est éloigné, plongé dans un abîme. Non pas d’effroi, mais de résignation, scrutant un monde tapissé d’incertains. Avec ses doigts, elle s’agrippe à cet album, peut être talisman passeur, elle s’accroche à ce fol espoir de retrouver, par sa médiation, un monde peuplé de figures proches. Plongée dans le livre, essai de traverser le miroir vers un ailleurs perceptible par un sourire qui se fige. Elle intègre le simulacre et le sourire ne s’épanouit pas. Par-delà l’écran de papier, elle mobilise son imagination pour néanmoins maintenir l’instant du cliché la fiction heureuse... l’enfant sur la couverture flotte, lointain inaccessible à ses yeux. Des yeux tendus mais qui restent à la porte du réel, maintenus dans le vide de l’imperceptible et du pressenti. Des yeux las, en répit, qui ne pleurent plus d’avoir tant pleuré, tant angoissé, tant frémi. Une tenue noire et blanche qui rappelle que le deuil est toujours lesté des absences de parents, d’amis si loin qu’elle peine à retrouver leur image. Un foulard qui témoigne discrètement qu’elle ne se cache pas, que son visage avance à découvert sans fard, discret écho d’une religion, qui reste avec le noir, le seul recours identitaire. Le canapé... solitude immense, béance insondable des places vides, d’à côté. Solitude d’après enterrements. Sortie de cimetière, elle se retrouve seule, tout est dépeuplé, le visage pétrifié, l’âme tuméfiée. L’espace n’est pas approprié, voire même pas occupé. Elle ne s’est placée là que pour la pause photographique, avant de repartir. Ne ressortent de l’ensemble que le visage et les mains diaphanes de Médina ; sinon s’impose la masse noire du corps. Flotte-t-elle sur son fauteuil ? Le sol semble se dérober, le canapé s’apprête à se fondre avec le ciel rayé de la tapisserie, absorbant Médina dont les ombres du visage, des mains et la couleur des pieds révèlent le travail avancé d’englobement de l’environnement. Vers le paradis d’Allah dont les citations du Coran au-dessus rappellent l’orientation, le pivot, le seul repère dans ce monde effondré.
Tiene una palidez en el rostro que se asemeja a la de sus joyas y su pañuelo. Parte de su cara nos lleva hasta un mundo desvaído. Medina se marchó de Chechenia y fue a dar con sus huesos en el Blosne, Rennes, donde le espera un destino incierto. Tiene la mirada perdida, inmersa en un abismo. No, no hay pavor en ella, sino resignación. Con sus ojos escruta un mundo plagado de incertidumbres. Se aferra con los dedos a un álbum, albergando la loca esperanza de poder conjurar por medio de ese talismán un mundo habitado por seres cercanos. Se sumerge en el libro, intentando pasar al otro lado del espejo y alcanzar ese otro lugar cuya existencia se adivina en el momento en que su sonrisa queda fija. Se da cuenta de que la visión es irreal y su sonrisa se congela. Más allá de la pantalla de papel, Medina pone en marcha su imaginación para al menos mantener el instante de la imagen esa feliz ficción… El niño tumbado sobre la manta flota lejos, inaccesible a sus ojos. Unos ojos tensos, pero que se mantienen a las puertas de la realidad, en el vacío de lo imperceptible y el presentimiento. Unos ojos fatigados, que se han tomado un respiro y no lloran más de tanto llorar, sufrir y estremecerse en el pasado. La ropa de Medina, negra y blanca, hace pensar que en su duelo sigue pesando la ausencia de los padres y los amigos que están tan lejos que su imagen se le desdibuja. Un pañuelo, la circunspecta prueba de que Medina no se esconde, que su rostro avanza descubierto y sin maquillaje, el discreto eco de una religión que, junto al negro, son los únicos elementos de identidad a los que ella recurre. El sofá, la inmensa soledad, el insondable hueco de las plazas vacías que tiene a su lado. La soledad que se siente después de un entierro. Medina ha salido del cementerio y está sola. No hay ni un alma. Tiene la cara petrificada, el alma entumecida. No ha hecho suyo el espacio. Ni siquiera lo ha ocupado. Sólo se ha quedado en él el tiempo de sacar una foto y luego ha vuelto a irse. Lo único que destaca en el conjunto son el rostro y las diáfanas manos de Medina. Por lo demás, se impone la masa negra de su cuerpo. ¿Está flotando sobre el sillón? El suelo parece huir, el sofá está a punto de fundirse con el cielo rayado de la tapicería, absorbiendo a Medina. Las sombras de su rostro y sus manos y el color de sus pies revelan lo avanzado de su consunción por el entorno hacia el paraíso de Alá, cuyos versos coránicos se encuentran en la parte superior y le recuerdan cuál es su orientación, su base, su único punto de referencia en un mundo que se ha venido abajo.
Té una palidesa al rostre que s’assembla a la de les seves joies i el seu mocador. Una part de la seva cara ens porta fins a un món esvaït. Medina va marxar de Txetxènia i va anar a espetegar al Blosne, Rennes, on l’esperava un destí incert. Té la mirada perduda, immersa en un abisme. No, no hi ha paüra en ella, sinó resignació. Amb els ulls escruta un món plagat d’incerteses. S’aferra amb els dits a un àlbum, alberga l’esperança esbojarrada de poder conjurar per mitjà d’aquest talismà un món habitat per éssers propers. Es submergeix en el llibre, intentant passar a l’altre costat del mirall i arribar a aquest altre lloc l’existència del qual s’endevina en el moment enquè el seu somriure es fixa. S’adona que la visió és irreal i el seu somriure es congela. Més enllà de la pantalla de paper, Medina posa en marxa la seva imaginació per retenir almenys l’instant de la imatge, una feliç ficció… El nen ajagut sobre la manta sura lluny, inaccessible als seus ulls. Uns ulls tensos, però que es mantenen a les portes de la realitat, en el buit de l’imperceptible i el pressentiment. Uns ulls cansats, que fan una pausa i no ja ploren de tant com han plorat, sofert i s’han estremut en el passat. La roba de Medina, negra i blanca, fa pensar que en el seu dol segueix havent-hi l’absència dels seus pares i dels amics, dels quals la imatge es desdibuixa perquè són tan lluny. Un mocador, la prova discreta que Medina no s’amaga, que el seu rostre avança descobert i sense maquillatge, el discret ressò d’una religió que, juntament amb el negre, són els únics elements d’identitat als quals recorre. El sofà, la immensa soledat, l’insondable forat dels llocs buits que té al seu costat. La soledat que se sent després d’un enterrament. Medina ha sortit del cementiri i està sola. No hi ha ni una ànima. Té la cara petrificada, l’ànima engarrotada. No s’ha fet seu l’espai. Ni tan sols l’ha ocupat. Només s’hi ha quedat l’estona de fer-se una foto i després se n’ha tornat a anar. L’única cosa que destaca en el conjunt és el seu rostre i les mans diàfanes. Per la resta, s’imposa la massa negra del seu cos. Sura sobre la butaca? El terra sembla fugir, el sofà està a punt de fondre’s amb el cel ratllat de la tapisseria i absorveix Medina. Les ombres del rostre i les mans i el color dels peus revelen l’estat avançat de consumpció per l’entorn cap al paradís d’Al·là, els versos corànics del qual són a la part superior i li recorden quina és la seva orientació, la seva base, el seu únic punt de referència en un món que s’ha esfondrat.
Sokkhaing CAMBODGE
R
ennes, le 22 octobre 2009 A mon cher ami PECH Bun et Madame, à Phnom Penh
Me voilà, déjà 38 ans que j’ai quitté notre cher pays pour continuer mes études en France. Je nourrissais, pendant tout ce temps, l’espoir de retourner vivre dans notre cher pays natal et de travailler pour aider notre pays et les gens qui en ont besoin. Malheureusement, chaque année, chaque mois, chaque jour qui passent, nous vieillissons aussi un petit peu, inexorablement ; et je me suis rendu compte que je suis pris dans le processus de "l’impossible retour", pour pleins de raisons... parmi lesquelles la santé est la plus importante, sans oublier les attaches au patrimoine constitué et aux problèmes socio-politiques du pays. A l’heure des gros avions porteurs, la distance qui nous sépare n’est rien, cependant les différences climatiques et culturelles sont très importantes; et la vie entre deux cultures peut être très enrichissante; l’éloignement permet de comprendre notre culture autrement. Je suis fait pour un climat subéquatorial où la température est autour de 37°C, exactement la température du corps humain, sans besoin de lutte, ni de se couvrir. On vit torse nu, on dort sans couverture, j’ai même souvent plaisanté avec des amis qui me voient au Cambodge "comme si je vivais dans la chaleur optimale de l’utérus de ma mère !"Alors qu’ici, il fait trop froid pour moi, et les variations saisonnières sont très importantes. Chaque personne doit posséder au minimum quatre sortes de vêtements, en fonction des saisons. Par ailleurs, dans notre pays sous-développé, vous le savez bien, nous appelons les pays développés, les "pays qui marchent vite". C’est vrai, les gens marchent vite, le pays aussi. On court même tout le temps, pour accomplir un devoir, pour gagner de l’argent, pour aller en vacances, pour atteindre le bonheur rêvé; et l’on pense que c’est cela la vie. Personne n’a le temps pour réfléchir en profondeur à ce qu’est la vie. On vit l’automatisme quotidien jusqu’au jour où le malheur arrive, la maladie, qui s’ajoute à la vieillesse, et alors il est trop tard. Cependant, si l’on aborde la question avec des gens plus jeunes, cela ne les intéresse pas : "La vieillesse, la maladie, ce sont les problèmes des autres ! Je m’occuperai de ça plus tard ! C’est le problème des vieux ! Pour l’instant, je me sens bien ! J’ai encore le temps !" Chers amis, sur les trente-huit ans de ma vie en France, j’ai été malade trente-sept ans; il n’y a que la première année que ma santé a pu résister au changement de vie et de climat. Cependant, cette maladie m’oblige à rechercher constamment une manière de vivre pour me sortir de la souffrance extrême. Une question me hante constamment : comment faire pour avoir une vie équilibrée et une vie active, malgré
ma maladie incurable. Par une observation minutieuse, une expérience constante, une volonté indéfectible et une compréhension juste du mécanisme, j’arrive à survivre depuis trente-sept ans et à mener une vie bien remplie et très active. C’est cette découverte que j’aimerais partager avec mes amis, avec les femmes et les hommes qui le souhaitent. Je vous assure que je n’ai rien inventé de nouveau, car tout ce que je découvre est écrit dans notre culture d’obédience bouddhiste. En un mot, "La maîtrise de l’Esprit et de la Santé", qui passe par la concentration de l’esprit, et l’observation "telles qu’elles sont" de la respiration et de toute sensation sur et dans son propre corps, aboutissent à l’acquisition de l’état d’équanimité. Pour ce faire, il est nécessaire de pratiquer cette thérapie en présence d’une personne expérimentée. Bien chers amis, à notre âge, il est important d’entreprendre l’investigation de notre propre vie pour, non pas éviter, mais soulager la souffrance causée par les imperfections de notre vie. A bientôt, Sokkhaing
Rennes, 22 de octubre del 2009 A mi querido amigo PECH Bun y su señora, en Phonm Penh Pues sí, ya hace 38 años que dejé nuestro querido país para continuar mis estudios en Francia. Durante todo ese tiempo, alimenté la idea, la esperanza de volver a vivir en nuestro querido país natal y trabajar para ayudar a nuestro país y a la gente que lo necesita. Desgraciadamente, cada año, cada día que pasa nosotros también vamos envejeciendo poco a poco, pero inexorablemente; y me he dado cuenta de que estoy preso en el proceso del "imposible retorno" por muchas razones, entre ellas la más importante es la salud, sin olvidar el apego al patrimonio y los problemas socio-políticos del país. En un mundo en el cual cada vez utilizamos más aviones para trasportarnos, la distancia que nos separa no es mucha, sin embargo las diferencias climáticas y culturales son grandes; y la vida entre dos culturas puede ser muy enriquecedora; la lejanía permite comprender nuestra cultura desde otro punto de vista. Yo estoy hecho para vivir en un clima subecuatorial donde la temperatura es de unos 37ºC, exactamente la temperatura del cuerpo humano, sin necesidad de luchar contra el frío, de taparse (allí vamos con el torso desnudo y dormimos sin taparnos; a menudo mis amigos me dicen bromeando que me ven en Camboya "como si viviese en el calor ideal del útero materno"), pero aquí, hace demasiado frío para mí y los cambios estacionales son muy bruscos. Todo el mundo tiene que tener cuatro tipos de ropa en función de la estación. Por otro lado, en nuestro país subdesarrollado, vosotros lo sabéis bien, llamamos a los países desarrollados o industrializados, los "países que van rápido". Es verdad que la gente anda rápido, el país también. Uno siempre va corriendo, para cumplir una obligación, para ganar dinero, para ir de vacaciones, para conseguir la felicidad soñada, y uno piensa que esa es la vida. ¿Nadie tiene tiempo de reflexionar en profundidad sobre qué es la
vida? Uno vive el automatismo de lo cotidiano hasta el día en que le toca la desgracia de caer enfermo, a lo que se une la vejez, y entonces es demasiado tarde para hacer algo. Sin embargo, si uno trata este tema con los más jóvenes no les interesa para nada: "¡La vejez, la enfermedad, esos problemas son de otros! ¡Ya me preocuparé más tarde! ¡Eso es problema de los viejos! ¡Por el momento, estoy bien, aún tengo tiempo!" Queridos amigos, en los treinta y ocho años de vida en Francia, llevo treinta y siete enfermo; mi salud sólo pudo resistir el primer año al cambio de vida y de clima. Sin embargo, esta enfermedad me obliga a buscar constantemente una forma de vivir que me ayude a escapar del sufrimiento extremo. Hay una pregunta que me atormenta: ¿cómo tener una vida equilibrada y una vida activa a pesar de padecer una enfermedad incurable? A través de la observación minuciosa, la experiencia constante, la voluntad indefectible y la compresión justa del mecanismo, he conseguido sobrevivir estos treinta y siete años con una vida plena y activa. Este descubrimiento es el que me gustaría compartir con mis amigos, con las mujeres, con los hombres y con todos los que lo deseen. Os aseguro que no he inventado nada nuevo, todo lo que he descubierto está escrito en nuestra cultura budista. En pocas palabras "El dominio del espíritu y la salud" que consiste en la concentración del espíritu en la observación de las cosas "tal y como son", la respiración y después la sensación en y sobre tu cuerpo para lograr alcanzar el estado de ecuanimidad. Para hacer esto es necesario practicar en presencia de una persona experimentada (un maestro cualificado o una persona que haya obtenido resultados mediante la experimentación). Bien, queridos amigos, a nuestra edad, es importante lanzarse a investigar sobre nuestra propia vida, si bien no para evitar el sufrimiento causado por las imperfecciones de nuestra vida, sí para aliviarlo. Hasta pronto, Sokkhaing
Rennes, 22 d’octubre del 2009 Al meu estimat amic PECH Bun i a la seva senyora, a Phonm Penh Doncs sí, ja fa 38 anys que vaig deixar el nostre estimat país per continuar els meus estudis a França. Durant tot aquell temps, vaig alimentar la idea, l’esperança de tornar a viure al nostre estimat país natal i treballar per ajudar el nostre país i la gent que ho necessita. Per desgràcia, cada any, cada dia que passa nosaltres també anem envellint a poc a poc, però inexorablement; i m’he adonat que sóc pres en el procés del "retorn impossible" per moltes raons, entre elles la més important és la salut, sense oblidar l’afecció al patrimoni i els problemes sociopolítics del país. En un món en el qual cada vegada utilitzem més avions per a transportar-nos, la distància que ens separa no és gaire, tanmateix les diferències climàtiques i culturals són grans; i la vida entre dues cultures pot ser molt enriquidora; la llunyania permet comprendre la nostra cultura des d’un altre punt de vista. Jo estic fet per viure en un clima subequatorial on la temperatura és d’uns 37ºC, exactament la temperatura del cos humà, sense necessitat de lluitar contra el fred, de tapar-se (allà anem amb el tors nu i dormim sense tapar-nos; sovint els meus amics em diuen fent broma que em veuen a Cambotja "com si visqués en l’escalfor ideal de l’úter matern"), però aquí, fa massa fred per a mi i els canvis estacionals són molt bruscos. Tot el món ha de tenir quatre tipus de roba en funció de l’estació. D’altra banda, al nostre país subdesenvolupat, vosaltres ho sabeu bé, anomenem els països desenvolupats o industrialitzats, els "països que van ràpids". És veritat que la gent camina ràpid, el país també. Un sempre va corrent, per complir una obligació, per guanyar diners, per anar de vacances, per aconseguir la felicitat somiada, i un pensa que aquesta és la vida. Ningú no té temps de reflexionar en profunditat sobre què és la vida? Un viu l’automatisme d’allò quotidià fins el dia en el qual li toca la desgràcia de caure malalt, al que s’uneix la vellesa, i llavors és massa tard per fer alguna cosa. Tanmateix, si un tracta aquest tema amb els més joves no els interessa en absolut: "La vellesa, la malaltia, aquests problemes són d’altres! Ja me’n preocuparé més endavant! Això és problema dels vells! De moment, estic bé, encara tinc temps!" Benvolguts amics, en els trenta-vuit anys de vida a França, en porto trenta-set malalt; la meva salut només va poder resistir el primer any al canvi de vida i de clima. Tanmateix, aquesta malaltia m’obliga a buscar constantment una forma de viure que m’ajudi a escapar del sofriment extrem. Hi ha una pregunta que em turmenta: com tenir una vida equilibrada i una vida activa malgrat patir una malaltia incurable? A través de l’observació minu-
ciosa, l’experiència constant, la voluntat indefectible i la compressió justa del mecanisme, he aconseguit sobreviure aquests trenta-set anys amb una vida plena i activa. Aquest descobriment és el que m’agradaria compartir amb els meus amics, amb les dones, amb els homes i amb tots els que ho desitgin. Us asseguro que no he inventat res de nou, tot el que he descobert està escrit en la nostra cultura budista. En poques paraules "El domini de l’esperit i la salut" que consisteix en la concentració de l’esperit en l’observació de les coses "tal i com són", la respiració i després la sensació en i sobre el teu cos per aconseguir assolir l’estat d’equanimitat. Per fer això és necessari practicar en presència d’una persona experimentada (un mestre qualificat o una persona que hagi obtingut resultats mitjançant l’experimentació). Bé, benvolguts amics, a la nostra edat, és important llançar-se a investigar sobre la nostra pròpia vida, si bé no per evitar el patiment causat per les imperfeccions de la nostra vida, sí per alleugerir-lo. Fins aviat, Sokkhaing
Sokkhaing
Sokkhaing nous entrouvre la porte de son intérieur, entrebâillement par lequel nous apercevons une richesse personnelle magistrale soutenue par une tension sublime : celle sculpturale d’un sage poli par la vie d’ici. Trois stations dans l’exploration de cet intérieur nous permettent d’ébaucher le chemin de ce polissage. La salle d’exposition de la déchirure. "Sur les trentehuit ans de vie en France, je suis malade depuis trente-sept ans" d’une maladie inguérissable. Fragilité de l’existence nourrie d’une nostalgie identifiée. Syndrome qui prend racine dans nostos, le retour, et algos qui désigne le mal, la souffrance. Sentiment de regret et de tristesse causé par l’éloignement, l’isolement et le détachement des contacts affectifs antérieurs qui rendent difficile l’adaptation à une existence et un milieu nouveau. "Mal du pays", qui ajoute aux conditions de déracinement et d’éloignement la séparation sentimentale d’avec les êtres chers. Le tonus moral peut s’affaiblir pour certains. Cafard, déprime furent d’abord repérés chez les jeunes soldats aux colonies. La guérison totale advenait rapidement avec le retour au pays. La salle d’examen, cabinet secret. Sokkhaing passe du constat de mal être au diagnostic de la cause de sa souffrance. "Je suis fait pour un climat subéquatorial où la température est autour de 37° C". Les ambiances humides, venteuses et fraîches de la Bretagne s’avèrent discordantes, inductrices d’atonie, fragilisant un corps qui, à l’image d’un lierre ne disposant plus d’un support rigide pour le tenir droit, menace de s’affaisser. Sokkhaing peut-il jamais accéder à un état de profonde quiétude compatible avec l’absence de tout trouble, à la tranquillité de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie de l’existence ? Si elle ne lui est pas donnée par les ressources de l’environnement, alors, il lui faut la conquérir par des exercices, une prise sur soi. Sokkhaing qui regimbe contre un état souffreteux en rappelle l’énigme : "Comment faire pour avoir une vie équilibrée et une vie active, malgré ma maladie incurable ?" Ce cabinet d’où l’on peut découvrir la charpente de l’édifice, recèle les cartes qui révèlent un passage secret entre les deux mondes de l’auteur. Forme de cheminement vers la liberté allié au détachement du déterminisme naturel, comme régulation, tempérance, renoncement aux envies auxquelles d’autres succombent : se laisser aller à la boisson, la dépression, le mythe du retour... D’une vulnérabilité identifiée, Sokkhaing s’efforce d’en tirer une force morale. D’abord, l’éloignement de sa propre culture qu’il vit comme une ascèse permettant de mieux l’appréhender, de découvrir les multiples ressources qu’elle enferme. Ensuite, cheminement en empruntant le véhicule bouddhique parce que cette référence propose des principes de maintenance, des exercices de réactivations et de ré-exploration de soi : "maîtrise de la respiration, des sensations dans et sur son corps". L’état d’équanimité qu’il s’efforce d’atteindre vise à concentrer les émotions positives arc-
boutées à cette persuasion que rien ne reste tel quel, tout change. Distance des agitations du monde alentour dont il se détache. "On court même tout le temps, pour accomplir un devoir, pour gagner de l’argent, pour aller en vacances, pour avoir le bonheur rêvé ; et l’on pense que cela est la vie. Personne n’a le temps pour réfléchir en profondeur sur ce qu’est la vie?" Paradoxe postulé : notre stabilité doit venir de l’acte de reconnaître ce fait que tout est en mouvement ; dans ce monde liquide, fluide, ces exercices sont autant d’apprentissages de la souplesse, d’entraînements au "lâcher prise", plutôt qu’ambitionner l’emprise, laisser se dissiper les problèmes en non-problèmes. La demeure y installe le séjour. Sokkhaing faible fort, a jeté les fondations de son habiter là, au Blosne. Il a substitué au climat un cadre qui le tient debout, solidement. Il y a transporté, reconstruit la part primordiale du monde de là-bas : photos, images, statuettes, dieux lares qui protègent, réconfortent, rassurent. Faire la place aux êtres divins en son logement, c’est le métamorphoser en un temple et le rendre vivable, habitable. S’insinue ainsi par un double déplacement de frontière un monde tiers ni vraiment choisi ni non plus totalement subi. Lieu d’accueil où, "je suis pris dans le processus de "l’impossible retour", pour plein de raisons... parmi lesquelles...les attaches au patrimoine". Affirmation d’avoir élu là sa demeure, horizon admis de son existence, lieu d’une postérité. Cette demeurance opère tel un écran pour stopper la partance. L’alliance chevillée au cadre d’habitation, lesté de sacré, débouche vers une permanence sereine. Pour les relations humaines, les espérances associatives, le Vat et le nouveau monde que tout cela a fertilisé, Sokkhaing a jeté son ancre au Blosne.
Sokkhaing nos abre la puerta de su interior, un resquicio por el que percibimos una riqueza personal magistral sustentada por una fuerza sublime: la de un sabio cuya existencia es como un monumento esculpido por la vida en este país. Tres etapas en la exploración de su interior nos permiten vislumbrar el camino de esta construcción: La sala de exposición del dolor. "De los treinta y ocho años de vida en Francia, llevo treinta y siete enfermo" de una enfermedad incurable. La fragilidad de la existencia se nutre de una nostalgia patente. El síndrome tiene su raíz en el nostos, el retorno, y en el Algos, que representa el mal y el sufrimiento. Los sentimientos de añoranza y tristeza, provocados por el alejamiento, el aislamiento y el desapego de las relaciones afectivas anteriores, hacen más difícil la adaptación a una nueva existencia y a un nuevo medio. También la nostalgia provocada por la separación sentimental de los seres queridos, que se suma al desarraigo y al alejamiento. Para algunos la fuerza moral puede verse debilitada. Lo primero que se les diagnosticó a los jóvenes soldados enviados a las colonias fue la depresión. Pero se curaban rápidamente cuando volvían a su país. La sala de pruebas, gabinete secreto. Sokkhaing pasa de constatar su malestar a detectar la causa de su sufrimiento. "Yo estoy hecho para un clima subecuatorial donde la temperatura es de unos 37ºC". Los ambientes húmedos, ventosos y fríos de Bretaña resultan discordantes, inductores de atonía, fragilizan un cuerpo que amenaza con derrumbarse, como si fuese una hiedra que ha perdido la vara que la mantiene erguida. ¿Acaso consigue Sokkahaig alguna vez llegar a un estado de profunda quietud y ausencia de toda turbación? ¿Alcanzar la tranquilidad de espíritu que la moderación y la armonía nos procuran? Como los recursos que le ofrece su entorno no bastan, tendrá que intentarlo mediante ejercicios, tomando las riendas de su existencia. Sokkhaing, que resiste contra ese estado de sufrimiento, nos recuerda el enigma: "¿Qué hacer para tener una vida equilibrada y activa, a pesar de padecer una enfermedad incurable?". Esta cuestión, en la que reposan los cimientos del edificio, nos revela el pasadizo secreto entre los dos mundos del autor. Una forma de evolución hacia la libertad unida a una desvinculación del determinismo natural mediante regulación, templanza y renuncia a los deseos a los que otros sucumben: caer en la bebida, la depresión, el mito del retorno… Sokkhaing, manifiestamente vulnerable, intenta encontrar la fuerza moral, primero, en el alejamiento de su propia cultura, que vive como una ascesis que le permite aprender y descubrir los múltiples recursos que atesora. Luego, la evolución para la cual, toma prestado el vehículo budista porque le ofrece los principios del mantenimiento, ejercicios de reactivación y de reexploración de sí mismo: "control de la respiración, sensaciones en y sobre su cuerpo". El estado de ecuanimidad, al que se esfue-
rza por llegar, pretende concentrar las emociones positivas contenidas en la idea de que nada permanece, todo cambia. Y así toma distancia de los vaivenes del mundo aledaño: "Uno siempre va corriendo, para una obligación, para ganar dinero, para ir de vacaciones, para conseguir la felicidad soñada, y uno piensa que esa es la vida. ¿Nadie tiene tiempo de reflexionar en profundidad sobre qué es la vida?" La paradoja es que para hallar la estabilidad hay que comprender que todo está en movimiento. En este mundo líquido, fluido, esos ejercicios le sirven para aprender a adaptarse, a dejarse llevar en lugar de luchar por tomar el control, y dejar que los problemas se disipen hasta convertirse en no-problemas. La residencia establece su permanencia. Sokkhaing, una persona entre débil y fuerte, ha puesto los cimientos de su residencia aquí en Le Blosne. Ha sustituido el clima por un contexto que le permite mantenerse en pie de forma sólida. Ha transportado y reconstruido la parte primordial de su mundo en Camboya mediante fotos, imágenes, estatuillas, dioses lares que le protegen, reconfortan y apaciguan. Hacer un hueco en su casa a los seres divinos es metamorfosearla en un templo y convertirla en un lugar habitable. Como consecuencia de este doble desplazamiento surge un tercer mundo, ni elegido, ni sufrido. El lugar de acogida donde está "preso en el proceso del "imposible retorno" por muchas razones, entre ellas (…) el apego al patrimonio". Esta afirmación demuestra que ha elegido este país para establecer su residencia, como el horizonte asumido de su existencia, un lugar para la posteridad. Ese lugar elegido como hogar actúa como una pantalla que tiene como fin detener la marcha. La alianza enclavijada al contexto de la vivienda, atiborrada de sacralidad, desemboca en la permanencia serena. Gracias a las relaciones humanas, a la perspectiva asociativa, al Vat (templo en camboyano) y al nuevo mundo que se nutre de todo ello, Sokkhaing ha echado su ancla en el Blosne.
Sokkhaing ens obre la porta del seu interior, una escletxa a través de la qual percebem una riquesa personal magistral sostinguda per una força sublim: la d’un savi l’existència de la qual és com un monument esculpit per la vida d’aquest país. Tres etapes en l’exploració del seu interior ens permeten entreveure el camí d’aquesta construcció: La sala d’exposició del dolor. "Dels trenta-vuit anys que fa que visc a França, en fa trenta-set que estic malalt" d’una malaltia incurable. La fragilitat de l’existència es nodreix d’una nostàlgia patent. La síndrome té la seva arrel en el Nostos, el retorn, i en el Algos, que representa el mal i el patiment. Els sentiments d’enyorança i de tristesa, provocats per la llunyania, l’aïllament i el desistiment de les relacions afectives anteriors, fan més difícil l’adaptació a una nova existència i a un nou medi. També la nostàlgia provocada per la separació sentimental dels éssers estimats, que se suma al desarrelament i a l’allunyament. Per a alguns la força moral pot debilitar-se. El primer que se’ls va diagnosticar als joves soldats enviats a les colònies fou la depressió. Però es curaven ràpidament quan tornaven al seu país. La sala de proves, gabinet secret. Sokkhaing passa de constatar el seu malestar a dectectar la causa del seu patiment. "Jo estic fet per a un clima subequatorial on la temperatura és d’uns 37ºC". Els ambients humits, ventosos i freds de la Bretanya són desavinents, inductors d’atonia, fragilitzen un cos que amenaça amb esfondrarse, com si fos una heura que hagués perdut la vara que la manté dreta. Aconsegueix alguna vegada Sokkahaig arribar a un estat de profunda quietud i d’absència de tot torbament? Aconsegueix la tranquil·litat d’esperit que la moderació i l’harmonia ens procuren? Com que els recursos que l’entorn li ofereix no són suficients, haurà d’intentar-ho mitjançant exercicis, prenent les regnes de la seva existència. Sokkhaing, que resisteix contra aquest estat de sofriment, ens recorda l’enigma: Què hem de fer per tenir una vida equilibrada i activa, malgrat patir una malaltia incurable? Aquesta qüestió, en la qual reposen els fonaments de l’edifici, ens revela el passadís secret entre els dos móns de l’autor. Una forma d’evolució cap a la llibertat unida a una desvinculació del determinisme natural mitjançant regulació, temprança i renúncia als desitjos als quals altres sucumbeixen: refugiar-se en la beguda, la depressió, el mite del retorn…
emocions positives contingudes en la idea que res no roman, tot canvia. I així pren distància dels vaivens del món que l’envolta: "Sempre es va corrent, per una obligació, per guanyar diners, per anar de vacances, per aconseguir la felicitat somniada, i es pensa que la vida és això. Ningú no té temps de reflexionar en profunditat sobre què és la vida? La paradoxa és que per trobar l’estabilitat s’ha de comprendre que tot està en moviment. En aquest món líquid, fluïd, aquestes exercicis li serveixen per aprendre a adaptar-se, a deixar-se portar en comptes de lluitar per prendre el control i deixar que els problemes es dissipin fins a convertir-se en no-problemes. La residència estableix la seva permanència. Sokkhaing, una persona entre dèbil i forta, ha posat els fonaments de la seva residència aquí, al Blosne. Ha substituït el clima per un context que li permet mantenir-se dempeus de manera sòlida. Ha transportat i reconstruït la part primordial del seu món a Cambotja mitjançant fotos, imatges, estatuetes, déus de la llar que el protegeixen, el reconforten i el calmen. Fer un espai a casa seva per als éssers divins és fer-ne un temple per metamorfosi i convertir la llar en un lloc habitable. Com a conseqüència d’aquest doble desplaçament sorgeix un tercer món, ni escollit ni sofert. El lloc d’acollida on està presoner "pres en el procés de l’impossible retorn per moltes raons, entre d’altres (...) l’afecció pel patrimoni". Aquesta afirmació demostra que ha escollit aquest país per establir-hi la seva residència, com a horitzó assumit de la seva existència, un lloc per a la posteritat. Aquest lloc escollit com a llar fa de pantalla que té per finalitat aturar la marxa. L’aliança enclavillada al context de l’habitatge, atapeïda de sacralitat, desemboca en la permanència serena. Gràcies a les relacions humanes, a la perspectiva associativa, al Vat (temple en cambotjà) i al nou món que es nodreix de tot això, Sokkhaing ha ancorat al Blosne.
Sokkhaing, manifestament vulnerable, intenta trobar la força moral, primer, en l’allunyament de la seva pròpia cultura, que viu com una ascesi que li permet aprendre i descobrir els múltiples recursos que atresora. Després, l’evolució per a la qual agafa en préstec el vehicle budista perquè li ofereix els principis del capteniment, exercicis de reactivació i de reexploració de si mateix: "control de la respiració, sensacions en i sobre el cos". L’estat d’equanimitat al qual s’esforça per arribar pretén concentrar les
Indranee SRI LANKA
C
hère soeur, Comment vas-tu ? Ici tout va bien. Mes enfants vont à l’école et travaillent bien. Ils apprennent le tamoul et font du judo. Je travaille à temps partiel et je cherche un emploi à temps plein. Aujourd’hui il a neigé. Comment vont les enfants? Est-ce qu’ils travaillent bien? Et notre père, comment va-t-il? Je t’appellerai prochainement. J’embrasse toute la famille. A bientôt ! Indranee
Querida hermana: ¿Qué tal estás? Por aquí todo bien. Mis hijos van al colegio y estudian mucho. Están aprendiendo tamil y van a clases de judo. Tengo un contrato a tiempo parcial y estoy buscando un trabajo de jornada completa. Hoy ha nevado. ¿Cómo están los niños? ¿Estudian mucho? Y nuestro padre, ¿qué tal? Te llamo dentro de poco. Un beso a todos. ¡Hasta pronto!
Estimada germana: Com estàs? Per aquí tot està bé. Els meu fills van a l’escola i estudien molt. Estan aprenent tamil i van a classes de judo. Tinc un contracte a temps parcial i estic buscant feina a jornada sencera. Avui ha nevat. Com estan els nens? Estudien molt? I el nostre pare, com està? Et truco aviat. Un petó a tots. Fins aviat! Indranee
Indranee
Indranee L’accueil Indranee épanouie dans le living, c’est d’abord la présence d’un corps qui se pose et s’impose dans l’espace, sereinement. Génie du lieu, elle vivifie son coin, donne à voir qu’elle se sent bien ici, chez elle. Les plis du tissu ambré qui recouvre le canapé ne semblent pas là pour l’effacer, l’absorber mais bien plutôt ils s’ordonnent en un écrin qui se conforme à elle. Elle imprime des rayons qui soulignent cette centralité, témoignent qu’elle constitue bien la source vitale, le sens du coin salon qu’elle habite. Plis et replis Mais plus encore, Indranee vous accueille par ce regard intensément concentré sur vous, sans dispersion aucune. C’est l’irradiation d’un visage, foyer lumineux, le centre du centre, un masque qui semble à la fois émettre des ondes et évoquer un monde. Au risque d’en anesthésier la grâce, disséquons : un front lisse encadré par une chevelure généreuse, soyeusement ténébreuse, un épiderme satiné, des pommettes toniques, des yeux rieurs, nichés sous des sourcils qui semblent trouver un reflet dans les soulignages inférieurs et en organisent comme deux écrins oblongs. Dans ces prunelles dardées sur vous siège la source de ces vibrations qui captent votre regard et irradient, présence d’une personnalité tonique ! En se déprenant de ce liant du regard, on croise deux parenthèses qui circonscrivent des lèvres vermillonnées déchirées par des dents à la blancheur éclatante. Face supérieure, au centre exact du visage une marque circulaire y est apposée. Clé de voûte de l’arcature rouge et noire des sourcils, une tache couleur sanguine, colorée au vermillon, à base de sulfure mercurique rouge lumineux finement en poudre, nous ouvre la voie vers un monde autre, étrange. Car le bindu saint est un maquillage protecteur porté par les jeunes filles et femmes hindoues sur leur front, symbole de la déesse Parvati qui représente la shakti ou l’énergie féminine. Considéré comme une marque bénie, il symbolise le mariage. Indranee en a fait la clé de voûte de cette démarcation entre la partie céleste du visage, domaine des idées qui se développent derrière l’écran du front, et la partie d’un monde bien matériel et sensible – les yeux pour la vue, le nez source d’olfaction et la bouche siège du goûter, faisant de cette mine qu’elle nous offre un concentré microcosmique. Tout cela compose un visage qui resplendit de force, énergique, dynamique, issu de quelque Panthéon hindou. Du reste notre hôte occupe une posture qui semble en faire la passerelle, le trait d’union entre l’endroit très banal du salon et ces statuettes, ces images pieuses qui dialoguent avec ce visage, rappelant quelque référence essentielle ; monde en arrière plan, pour partie mystérieux mais pour lequel le regard fulgurant peut aussi se faire relais, voire évocateur de la puissance et de l’énergie des divins.
Une condition tamoule La seconde source où puise Indranee nous renvoie à son histoire. D’origine tamoule, elle s’est trouvée convoyée vers ce pays inconnu, la France. Par un monde qui ne fait toujours pas du sentiment le mouvement légitime fondateur d’un couple. Elle a été actrice d’un mariage arrangé par deux familles. Lui avait quitté précocement le Sri Lanka, terre des Tigres où il se sentait en danger, pour arriver en France en 1983. Les négociations préalables pour traiter de l’affiliation matrimoniale se firent par téléphone, entre la famille du mari ici et les parents d’Indranee, là-bas. Mariage qui s’officialisa dans un pays tiers, Singapour. La bonne étoile arrangea aussi les sentiments et les jeunes mariés ont connu de surcroît l’amour. Depuis treize ans qu’Indranee s’est établie à Rennes, au Blosne, elle a donné naissance à trois garçons et l’affection ne s’est pas démentie, qui perce sous ce visage radieux. Cependant, l’aiguillon nostalgique chargé des limites linguistiques qui lui restreignent les échanges alentours, des venins de l’insécurité et des déchirements tamouls portés par les ondes maléfiques de l’actualité, réactive ces maux du pays. Que la nature généreuse d’Indranee, sans l’aide des mots, s’active à écarter d’un sourire et d’une disponibilité en faisant bonne mine.
El recibimiento La presencia de Indranee relajada en la sala de estar es ante todo la de un cuerpo que se posa y se impone en el espacio con serenidad. Su encanto anima el lugar, le da vida al rincón en que se encuentra. Se ve que está a gusto donde está, que se siente como en casa. Los pliegues de la tela de color ámbar que cubre el sofá no parecen estar ahí para borrarla o absorberla, sino que más bien son como un repujado que bordea su silueta. Indranee al apoyarse crea unos pliegues semejantes a rayos que subrayan su carácter central. Son la confirmación de que ella que es la fuente de la vida, lo que da sentido al lugar del salón en que se halla. Pliegues y repliegues Pero, además, Indranee nos recibe con esa mirada suya tan intensamente concentrada en uno que nada pueda distraerla. Es la irradiación de un rostro, una luminosa llama, el centro del centro, una máscara que parece a la vez provocar ondas y conjurar un mundo. A riesgo de quitarle la gracia a la cara de Indranee, procedamos a su disección: una frente lista enmarcada por una cabellera generosa, sedosa y tenebrosa, un cutis satinado, unos pómulos firmes, unos ojos risueños que se cobijan bajo dos cejas cuyo reflejo parecen ser las líneas inferiores de los párpados con las que diríase que forman dos molduras oblongas. ¡De esas pupilas que se clavan como dardos en el visitante manan las vibraciones que atrapan la mirada e irradian la presencia de una persona carismática! Al desprender nuestros ojos de los suyos, atravesamos los dos paréntesis que flanquean unos labios pintados entre los que se vislumbra el destello de la blancura de sus dientes. En la parte superior, en el centro mismo del rostro, Indranee está ungida con una marca circular. Es la piedra angular que sustenta los arcos negros de las cejas, un punto de un rojo luminoso hecho de fino polvo de sulfuro de mercurio a la que el bermellón da su color sanguino y que nos abre paso hacia un mundo distinto, extraño. Porque el bindu sagrado es un maquillaje protector que llevan las chicas y las mujeres hindúes en la frente y que simboliza a la diosa Parvati, la shakti o energía femenina. Está considerado como una marca bendita y representa el matrimonio. Indranee ha hecho de ese punto el elemento fundamental de la línea que separa la parte celeste de la cara, terreno de las ideas que se forman tras la pantalla de la frente, y la parte que pertenece a un mundo sumamente material y sensible (los ojos para ver, la nariz, principio del olfato, y la boca, donde mora el gusto), partes ambas que hacen de la cara que nos muestra un microcosmos concentrado. La combinación de todos estos elementos tiene como resultado un rostro desbordante de fuerza, energía y dinamismo que uno imagina salido de algún panteón hindú. Por lo demás, nuestra anfitriona adopta una postura que parece servir de pasarela, de puente entre el anodino salón y esas estatuillas, esas imágenes piadosas hermanadas con su cara que son una referencia esencial a un mundo en un segundo plano y en parte misterioso, al que sin embargo
también podemos acceder por medio del vínculo que nos ofrece esa mirada fulgurante y reminiscente incluso del poder y la energía divinas. De condición tamil La segunda fuente de la que bebe Indranee nos remite a su historia. De procedencia tamil, tuvo que venirse a ese país desconocido que para ella era Francia obligada por un mundo que no siempre hace del sentimiento el legítimo pilar fundacional de una pareja. Indranee tuvo que interpretar su papel femenino en una boda convenida por dos familias. Él se había marchado pronto de Sri Lanka, tierra de los Tigres, donde sentía que estaba en peligro, para llegar a Francia en 1983. Las negociaciones previas para sellar el pacto matrimonial se hicieron por teléfono entre la familia del marido, que vivía en Francia, y los padres de Indranee, que estaban allí. El matrimonio se hizo oficial en un tercer país, Singapur. La buena estrella de los jóvenes recién casados quiso que sus sentimientos se correspondieran e hizo que conocieran un desmesurado amor. En los trece años que Indranee lleva viviendo en Rennes, en el barrio del Blosne, ha dado a luz a tres niños. El afecto que siente por su marido se ha mantenido intacto y eso se trasluce en su rostro radiante. No obstante, la nostalgia la azuza con su aguijón cargado de venenos como los obstáculos lingüísticos que limitan los contactos que puede establecer con la gente que la rodea o la inseguridad y los infortunios tamiles que le llegan a través de las maléficas ondas de la actualidad. Una nostalgia que la naturaleza generosa de Indranee, sin necesidad de palabras, despeja determinada con una sonrisa, mostrándose dispuesta y poniendo buena cara.
La rebuda La presència d’Indranee relaxada a la sala d’estar és abans que res la d’un cos que posa i s’imposa en l’espai amb serenitat. El seu encant anima el lloc, li dóna vida al racó on s’està. Se sent que hi està a gust, que s’hi sent com a casa. Els plecs de la tela de color ambre que cobreix el sofà no semblen esborrar-la ni absorvir-la, sinó que més aviat són com una mena de repujat que li ressegueix la silueta. Indranee, en seure, crea uns plecs semblants a rajos de sol que subratllen el seu caràcter central. Són la confirmació que ella és la font de la vida, cosa que dóna sentit al lloc de la sala on és. Plecs i replecs Però, a més, Indranee ens rep amb aquella mirada seva tan intensament concentrada en el visitant que sembla que res no pugui distreure-la. És la irradiació d’un rostre, una lluminosa flama, el centre del centre, una màscara que sembla a la vegada provocar ones i conjurar un món.
Amb el risc de treure-li la gràcia a la cara d’Indranee, n’iniciem la dissecció: un front llis emmarcat per una cabellera generosa, sedosa i tenebrosa, un cutis satinat, uns pòmuls ferms, uns ulls riallers que s’aixopluguen sota dues celles el reflex dels quals semblen ser les línies inferiors de les parpelles que semblen formar dues motllures oblongues. D’aquestes pupil·les que es claven com dards en el visitant emanen les vibracions que atrapen la mirada i irradien la presència d’una persona carismàtica! Quan separem els nostres ulls dels seus, travessem els dos parèntesis que flanquegen uns llavis pintats entre els quals s’entreveu un llampec de la blancor de les seves dents. A la part superior, en el centre mateix del rostre, Indranee està ungida per una marca circular. És la pedra angular que sosté els arcs negres de les celles, un punt vermell lluminós, fet de fina pols de sulfur de mercuri; el vermelló confereix un color sanguini que ens obre pas cap a un món diferent, estrany. Perquè el bindu sagrat és un maquillatge protector que porten les noies i les dones hindús al front i simbolitza la deesa Parvati, la shakti o energia femenina. Està considerat una marca beneïda i representa el matrimoni. Indranee ha fet d’aquest punt l’element fonamental de la línia que separa la part celest de la cara, terreny de les idees que es formen rere la pantalla del front, i la part que pertany a aquest món sumament material i sensible (els ulls per veure-hi, el nas, principi de l’olfacte, i la boca, on sojorna el gust); ambdues parts fan de la cara que ens mostra un microcosmos concentrat. La combinació de tots els elements de la cara que té com a resultat un rostre desbordant de força, energia i dinamisme que hom imagina sortit d’algun panteó hindú. Per la resta, la nostra amfitriona adopta una postura que sembla servir de passarel·la, de pont entre la sala anodina i les estatuetes, imatges piadoses que s’agermanen amb el seu rostre i que són una referència essencial a un món en un segon pla i en part misteriós, al qual, però, també podem accedir per mitjà del vincle que ens ofereix la seva mirada fulgurant i amb reminiscències del poder i de l’energia divins.
famílies. Ell se n’havia anat aviat de Sri Lanka, terra dels Tigres, on sentia que estava en perill, per venir a França al 1983. Les negociacions prèvies per segellar el pacte matrimonial es van fer per telèfon entre la família del marit, que vivia a França, i els pares d’Indranee, que eren a Sri Lanka. El matrimoni es va fer oficial en un tercer país, a Singapur. La bona estrella dels joves acabats de casar va voler que els seus sentiments fossin mutus i va fer que s’enamoressin bojament. En els tretze anys que fa que Indranee viu a Rennes, al barri del Blosne, la donat a llum tres fills. L’afecte que sent pel seu marit s’ha mantingut intacte i això es translluu en el seu rostre radiant. No obstant això, la nostàlgia l’aborda com un fibló carregat de verí, en forma d’obstacles lingüístics que limiten els contactes que pot establir amb la gent que l’envolta o de la informació sobre la inseguretat i l’infortuni tàmils que li arriba a través de les ones malèfiques de l’actualitat. Una nostàlgia que la natura generosa d’Indranee, sense necessitat de paraules, manlleva amb determini amb un somriure, tot mostrant-se amb bona disposició i posant bona cara.
De condició tàmil La segona font de la qual beu Indranee ens remet a la seva història. D’origen tàmil, va haver de venir a aquest país desconegut que era per a ella França, obligada per un món que no sempre fa dels sentiments el pilar fundacional legítim d’una parella. Indranee va haver d’interpretar el paper de fèmina en un casament arranjat entre dues
Aziz KURDISTAN
A
mon frère Abdulah,
Mon cher frère, je t’embrasse sur les yeux Je souffre énormément de votre absence, vous me manquez. Comment vont mon père et ma mère ? Ils me manquent beaucoup, prenez soin d’eux, je vais bientôt revenir pour les vacances, pour essayer d’oublier à quel point ils me manquent... Mon cher frère, il m’est très difficile d’être loin, mon pays me manque tout le temps, on ne peut être libre qu’en son pays. Partout où je vais ici, j’ai des problèmes de communication. Inch Allah un jour les problèmes de notre pays se résoudront et nous pourrons y vivre heureux tous ensemble. Je ne suis pas heureux ici. Bref, mon frère, je vous aime. A très bientôt, portez-vous bien, Abeyin Aziz
A mi hermano Abdulah,
Al meu germà Abdulah,
Querido hermano, te beso los ojos. Sufro mucho por tu ausencia, te echo de menos. ¿Cómo están papá y mamá? A ellos también les echo mucho de menos. Os pido que les cuidéis. Dentro de poco volveré, durante las vacaciones, para intentar olvidar cuánto les echo de menos… Querido hermano, se me hace muy difícil estar tan lejos, echo de menos nuestro país continuamente. Sólo podemos ser libres en nuestro propio país. Aquí, a cualquier sitio donde voy, tengo problemas de comunicación. Inshallah un día los problemas de nuestro país se resolverán y podremos vivir allí todos juntos y felices. Aquí no soy feliz. Bueno, hermano, os quiero. Hasta muy pronto. Cuidaos, Abeyin Aziz
Estimat germà, et beso els ulls. Pateixo molt per la teva absència, et trobo a faltar. Com estan el papa i la mama? A ells també els trobo molt a faltar. Us demano que vetlleu per ells. D’aquí poc tornaré, a les vacances, per mirar d’oblidar quant els trobo a faltar... Estimat germà, se’m fa difícil estar tan lluny, constantment trobo a faltar el nostre país. Només podem ser lliures al nostre propi país. Aquí, a qualsevol lloc on vaig, tinc problemes de comunicació. Inshallah un dia els problemes del nostre país es resoldran i podrem viure allà feliços tots plegats. Aquí no soc feliç. Bé, germà, us estimo. Fins aviat. Cuideu-vos, Abeyin Aziz
Aziz
Aziz survit par le kebab ; ni passion, ni attachement à l’affaire, il n’est pas pris par cette histoire. La sienne se poursuit ailleurs. Dès la première phrase, lyrique, il déstabilise le lecteur... Etrange formule pour nous, "mon cher frère, je t’embrasse sur les yeux"... Sens culturel dont on peut approcher, peut-être, en resituant la formule sur l’écran de la culture arabo-musulmane. Le terme "Ayn" qui signifie l’œil, annonce beaucoup plus que ce qu’il énonce pour l’occidental, puisqu’il suggère aussi la source et l’objet de la passion amoureuse. Dire "mes yeux" : c’est parler de "mon trésor", embrasser sur les yeux revient à toucher de ses lèvres son trésor amoureux. Et en même temps, Aziz touche au cœur de ce qui pose sa différence identitaire : le confort vient pour lui comme les siens, de l’appareillage complexe fait de voiles et de moucharabieh, de portes et d’occultations que les espaces de sa civilisation proposent pour accéder au repos, au calme, à la sérénité. Confort que ne lui fournit nullement l’ici du quartier. Comprendre le regard d’Aziz, c’est apercevoir qu’il est seul au milieu de la foule. Il est dans son restaurant, sous le regard de tous, mais seul au milieu de ses compatriotes qui devisent et semblent l’ignorer comme s’il n’était plus là. Aziz, physiquement présent accoudé au formica offre un regard pensif, lointain, parti rejoindre un univers invisible pour nous mais qui l’habite et se projette sur l’écran des yeux. Regard triste et en même temps soumis, acceptant la loi du réel, écorché. Inch Allah, s’il plaît à Dieu, n’est pas la marque d’une méditation religieuse qui commence, mais le point de départ d’une espérance pour un horizon qui confine au ciel. "Un jour, les problèmes en notre pays se résoudront et nous pourrons y vivre heureux tous ensemble". Mais, pragmatique, réaliste et contraint Aziz se donne un horizon plus proche, celui des vacances pour soulager temporairement cette souffrance de la nostalgie, d’un monde qui l’étreint de partout, d’un monde qui l’éteint et ne le laisse jamais tranquille. "Mon pays me manque tout le temps, on ne peut être libre qu’en son pays... Je ne suis pas heureux ici."
La mirada de Aziz Aziz se gana la vida vendiendo kebabs, un negocio por el que no siente pasión, ni apego; no le atrae esa vida. Su vida transcurre en otra parte. Su primera frase llena de lirismo ya desestabiliza al lector: "Mi querido hermano, te beso los ojos". Una fórmula extraña para nosotros, pero que entendemos mejor si la situamos en el contexto de la cultura árabe-musulmana. El término "ayn", ojo, tiene un significado mucho más profundo en árabe de lo que lo tiene para un occidental. Para ellos significa la fuente y el objeto de la pasión amorosa. Cuando hablan de sus ojos hablan de su tesoro, "besar en los ojos" significa tocar con los labios un tesoro de amor. Además Aziz, nos revela la clave de su diferencia identitaria: el bienestar que, tanto para él como para los suyos, viene dado por un complejo mecanismo conformado de velos y celosías, de puertas y ocultaciones que los lugares de su civilización le ofrecen para acceder a la tranquilidad, a la calma, a la serenidad. Un bienestar que no encuentra, en absoluto, en su actual barrio.
mismo tiempo sumisa, que acepta la ley de lo real, la realidad desgarradora. Inch Allah, si Dios quiere, no es el inicio de una reflexión religiosa, sino el punto de partida de una esperanza hacia un horizonte cuyo límite es el cielo. "Un día, los problemas de nuestro país se resolverán y podremos vivir todos juntos y felices". Pero Aziz, pragmático, realista y constreñido, se marca un horizonte más cercano; las vacaciones que le aliviarán temporalmente de su sufrimiento de nostalgia, de un mundo que le asfixia y no le deja vivir tranquilo jamás. "Echo de menos mi país continuamente, sólo podemos ser libres en nuestro país… No soy feliz aquí".
Entender la mirada de Aziz significa percibir que se halla solo en medio de la multitud. Está en el restaurante, bajo la mirada de todo el mundo, pero solo en medio de sus compatriotas que se marchan y parecen ignorarle, como si él ya no estuviera allí. Aziz, físicamente presente, apoyado en la barra de formica del restaurante, ofrece una mirada pensativa, lejana, inmersa en un universo invisible para nosotros pero real para él, que proyecta a través de la pantalla de sus ojos. Una mirada triste y al
La mirada d’Aziz Aziz es guanya la vida venent kebabs, un negoci pel qual no sent passió, ni gaire tirada, no l’atreu aquesta vida. La seva vida transcorre en una altra banda. La seva primera frase plena de lirisme ja desestabilitzava al lector: "Estimat germà, et beso els ulls". Una fórmula estranya per nosaltres, però que entenem millor si la situem en el context de la cultura àrab-musulmana. El terme "ayn", ull, té un significat molt més profund en àrab del que té per a un occidental. Per a ells simbolitza la font i l’objecte de passió amorosa. Quan parlen dels seus ulls parlen del seu tresor, "besar els ulls" significa tocar amb els llavis un tresor d’amor. A més, Aziz ens revela la clau de la seva diferència identitària: el benestar que, tant per ell com pels seus, ve donat per un complex mecanisme conformat de vels i gelosies, de portes i ocultacions que els llocs de la seva civilització li ofereixen per accedir a la tranquil·litat, a la calma, a la serenor. Un benestar que no troba, en absolut, al seu actual barri. Comprendre la mirada d’Aziz significa percebre que es troba sol en mig d’una multitud. És al restaurant, sota la mirada de tot el món, però sol en mig dels seus compatriotes que se’n van i sembla que l’ignorin, com si ell ja no fos allà. Aziz, físicament present, recolzat en la barra de fòrmica del restaurant, ofereix una mirada pensativa, llunyana, immersa en un univers invisible per a nosaltres
però real per ell, que projecta a través de la pantalla dels seus ulls. Una mirada trista i al mateix temps sumisa, que accepta la llei d’allò que és real, la realitat desgarradora. Inch Allah, si Déu vol, no és l’inici d’una reflexió religiosa, si no el punt de partida d’una esperança cap a un horitzó el límit del qual és el cel. "Un dia, els problemes del nostre país es resoldran i podrem viure allà plegats i feliços". Però Aziz, pragmàtic, realista i consternit, es marca un horitzó més proper; les vacances que l‘alleujaran temporalment del seu patiment de nostàlgia, d’un món que l’asfixia i no el deixa viure tranquil mai més. "Constantment trobo a faltar el nostre país, només podem ser lliures al nostre propi país... No soc feliç aquí".
Cristina ESPAGNE
R
ennes, 13/12/09 Mon cher Acanio, Tu seras surpris de recevoir cette lettre… Cela fait maintenant 7 ans que je suis arrivée en Bretagne, sur la piste d’un amour (pourquoi ne pas le dire ?), suivant mon envie de changement, d’avancer dans la vie… Et c’est chose faite ! Loin dans mes souvenirs, mes premiers mois dans cette ville : la solitude, les heures passées à la recherche d’un emploi, à faire de la paperasse, à essayer de trouver ma place (mais il y a aussi eu la fête, la gueule de bois… la liberté !) Loin dans mes souvenirs, ma première année à l’agence de traduction, et mon combat pour que mon travail soit reconnu… et pour un salaire correct ! Lorsque je me souviens de tout cela, je me sens heureuse car mes efforts ont été récompensés. Loin dans mes souvenirs, la naissance de Lucia. Souviens-toi ! J’avais juste 26 ans… Nous avons "précipité" les choses, se sont dit certains en Espagne. Mais en France les choses ne sont pas pareilles : nous avons des allocations, des congés parentaux, des crèches municipales… c’est tellement plus simple qu’en Espagne. Loin dans mes souvenirs, mes jours de "métamorphose". Comme cela semble loin maintenant je peux dire que je me suis faite à ma vie actuelle, que je me suis intégrée dans cette société et habituée à la distance… Mais la nostalgie ne me quitte pas, ni l’envie pressante de rentrer un jour à Madrid (même si parfois la ville me semble étrangère). Un jour je me suis rendu compte que j’étais d’ici et de là-bas. J’ai compris que j’avais un pays de naissance et un pays d’adoption, et que j’ai changé… et que vous, vous avez aussi changé ! Vous me manquez. Madrid me manque. La distance me fait apprécier chaque instant que je passe avec vous, chaque conversation, chaque contact… Comme tu peux le voir, les 30 ans m’on apporté une bonne dose d’existentialisme… ainsi que l’illusion d’une nouvelle grossesse ! J’ai très envie de te voir à Noël et de t’embrasser très fort. Ta frangine Cristina… Catina.
Querido Acario: Te sorprenderá que te escriba... Siete años han pasado desde que me vine a Bretaña siguiendo el amor ( ¿por qué no decirlo? ), siguiendo mis ganas de cambio, de avanzar en la vida... ¡Y avancé! Qué lejos quedan ya mis primeros meses en esta ciudad: el desamparo, las horas muertas buscando trabajo, arreglando papeles, intentando hacerme un hueco (pero también las fiestas, las resacas...) ¡La independencia! Qué lejos queda ahora mi primer año en la agencia de traducción y lo mucho que luché por que se reconociera mi trabajo... ¡Y por un sueldo decente! Me siento afortunada al mirar atrás y ver tantos esfuerzos recompensados. Qué lejos queda también el nacimiento de Lucía, ¿te acuerdas? Con mis veintiséis años... "Qué prisa" nos dimos, pensaron muchos. Y es que las cosas en Francia son muy distintas: ayudas, excedencias, guarderías públicas... tantas facilidades que en España no nos dan. Qué lejos quedan mis días de "metamorfosis". Qué lejos queda todo eso ahora que puedo decir que me he adaptado a esta vida, a esta sociedad y a la distancia... Aunque la nostalgia no me ha abandonado, ni las ganas de volver algún día a Madrid ( a pesar de que por momentos la ciudad se me hace extraña ). Un día descubrí que ahora soy de aquí y de allá. Que tengo un país natal y un país de adopción. Que he cambiado. ¡Que habéis cambiado! Os echo de menos. Echo de menos Madrid. La distancia me hace apreciar intensamente cada momento que paso con vosotros, cada charla, cada abrazo... Como ves, los treinta han venido cargados de existencialismo... ¡Y la ilusión de un nuevo embarazo! Deseando achucharte estas navidades, Tu sister, Cristina... Catina.
Estimat Acario: Et sorprendrà que t’escrigui... Set anys han passat des que vaig venir a Bretanya seguint l’amor (per què no dir-ho?), seguint les meves ganes de canvi, d’avançar en la vida... I vaig avançar! Que lluny queden ja els meus primers mesos en aquesta ciutat: el desemparament, les hores mortes buscant feina, arranjant papers, intentant fer-me un lloc (però també les festes, les ressaques...) La independència! Que lluny queda ara el meu primer any en l’agència de traducció i els molt que vaig lluitar pels quals es reconegués la meva feina... I per un sou decent! Em sento afortunada en mirar enrere i veure tants esforços recompensats. Que lluny queda també el naixement de Lucía, te’n recordes? Amb els meus vint-i-sis anys... "Quina pressa" ens vam donar, en van pensar molts. I és que les coses a França són molt diferents: ajuts, excedències, guarderies públiques,... tantes facilitats que a Espanya no ens donen. Que lluny queden els meus dies de "metamorfosi". Que lluny queda tot això, ara que puc dir que m’he adaptat a aquesta vida, a aquesta societat i a la distància... Encara que la nostàlgia no m’ha abandonat, ni les ganes de tornar algun dia a Madrid ( malgrat que per moments la ciutat se’m fa estranya ). Un dia vaig descobrir que ara sóc d’aquí i d’allà. Que tinc un país natal i un país d’adopció. Que he canviat. Que heu canviat! Us trobo a faltar. Trobo a faltar Madrid. La distància em fa apreciar intensament cada moment que passo amb vosaltres, cada xerrada, cada abraçada... Com veus, els trenta han vingut carregats d’existencialisme... I la il.lusió d’un nou embaràs! Estic desitjant abraonar-te aquest Nadal, La teva "sister", Cristina... Catina.
Cristina Pavane pour une infante migrante Cristina est arrivée ici avec un amour qui a clos le cycle de l’enfance. Une vie, "la vraie vie" prenait racine quelque part en France, puis au Blosne. Et pourtant, impossible de faire l’impasse du monde d’avant, d’ailleurs. Fugue Allegro... Partir de là-bas participe de sa réalisation : ne rappelle-t-elle pas l’amour qui l’a ravie au double sens de "la détournant du chemin attendu" et de "la joie qu’il procure" ; le bonheur affirmé : "je me sens heureuse", transpire dans le portrait de Cristina. Le grand témoin, la grande raison de ce bonheur c’est Lucia l’infans toujours là, joie créative qui a rallumé le rêve d’une autre grossesse de maman... La conception de cet autre, l’enfant, garantit l’émergence d’un soi autre. "J’ai changé" énonce Cristina. Se retourner sur la trajectoire et mesurer le chemin parcouru dans la vie, elle s’y adonne en s’adressant à son frère, et en organisant le propos au-delà de ce qui est l’aventure merveilleuse de toute maman, avoir fait sa place, s’être établie : avoir su mener un projet familial en exploitant les possibilités différentes offertes par le système social d’ici, accéder à un poste de travail digne et valorisé, s’intégrer dans une société et un quartier de ville lointains. Sentiment d’avoir réalisé un projet de vie en s’étant donné une âme, participé à sa propre création humaine, toute chose qui amplifie cette joie intérieure rayonnante. Plus que "j’ai changé", "je me suis changé" annonce-t-elle, mezzo voce. Contre point Des tranches de vie qui enfouissent l’histoire d’avant ? Ce temps chrysalide ou s’est opéré la métamorphose de soi se serait-il effacé ? L’affirmation d’une biographie tissée de ce monde adopté se balafre néanmoins d’un lancinant rappel, "loin dans mes souvenirs". Merveille des fulgurances originelles qui re-soudent autrement les faisceaux de relations sociales et la configuration personnelle, faisant advenir de nouveaux mondes, mais dont la lumière au fur et à mesure du temps qui passe, rend les contours des souvenirs éloignés, moins précis... Cette mémoire qui flanche ressuscite l’émotion, le saisissement de l’être qui tout à coup prend peur de l’audace qu’il a eue, cette coupure s’est-elle refermée sur de vains souvenirs ? Mélopée Surgit au détour de la confidence, le retour de la déchirure, de l’être déplacé, une douleur qu’on avait crue trop superficiellement et à jamais éteinte, cicatrisée. "La nostalgie ne me quitte pas, ni l’envie pressante de rentrer un jour à Madrid. Vous me manquez. Madrid me manque. La distance me fait apprécier intensément chaque instant que je passe avec vous, chaque conversation, chaque contact…" L’infante madrilène s’est originée de cet écartèlement, attachée ici et là-bas, une identité désirée mais indissociée de la cicatrice, bref une identité pour toujours (é)-tendue.
Pavana para una niña migrante Cristina llegó hasta aquí con un amor que vino a concluir el ciclo de la infancia. Una vida, "la real", echaba sus raíces en algún lugar en Francia, y luego en el Blosne. Aun así, es imposible obviar el mundo de antes, el que se quedó allá. Fuga, Allegro Partir para encaminar su realización personal: ella misma evoca ese amor que la encantó en todos los sentidos, hasta desviarla del camino esperado, y la felicidad que le brinda. Una felicidad confirmada: un "soy feliz" resuena en el retrato de Cristina. El gran testigo, la gran razón de esa felicidad, es Lucía de nuevo la infancia -, alegría creativa que ha reavivado la ilusión de otro embarazo. La concepción de esa otredad, una hija, garantiza el nacimiento de otro ‘yo’. "He cambiado" enuncia Cristina. Trazar la trayectoria y sopesar el camino recorrido en la vida, mientras le habla a su hermano, organizando el relato de una manera que va más allá de lo que es la aventura maravillosa de toda madre. Constatar que ha encontrado su lugar, que se ha establecido, que supo llevar un proyecto familiar aprovechando las diferentes posibilidades que le ofrece el sistema social francés. Haber accedido a un puesto de trabajo digno y valorado; haberse integrado en una sociedad y en un barrio de una ciudad lejana. Abrazar el sentimiento de haber realizado un proyecto de vida dándose una identidad,
participando a su propio desarrollo humano, hechos que amplifican la alegría interior que se desprende de ella. Más allá de "cambié’" nos dice entre líneas ‘he tenido que cambiar’. Contrapunto ¿Extractos de vida que ocultan la historia de antes? ¿Se habrá esfumado ese momento en el que se sale de la oruga donde se produce la metamorfosis del ser? La afirmación de una biografía hilvanada con ese mundo adoptado queda sin embargo herida con una letanía: "qué lejos quedan [en mi memoria]". La magia del fulgor original vuelve a tejer de otra manera el conjunto de relaciones sociales y la construcción personal, invitando a nuevos mundos, pero su luz, con el pasar del tiempo, difumina el contorno de los recuerdos lejanos. La memoria que envuelve el todo resucita la emoción, el sobrecogimiento del ser que de repente se sorprende de la audacia que tuvo, ¿se habrá sanado esta herida con vanos recuerdos? Melopea nostálgica En forma de confidencia, resurge el desgarro del ser desplazado, un dolor que creíamos, de una manera demasiado superficial, para siempre apagado y cicatrizado. "Aunque la nostalgia no me ha abandonado, ni las ganas de volver algún día a Madrid. […] Os echo de menos. Echo de menos Madrid. La distancia me hace apreciar intensamente cada momento que paso con vosotros, cada charla, cada abrazo…" La niña madrileña nace de este dilema, apegada al aquí y al allá, una identidad deseada pero indisociable de la cicatriz. En resumen, una identidad para siempre en (ex) tensión.
Pavana per a una nena migrant Cristina va arribar fins aquí amb un amor que va vindre a concloure el cicle de la infància. Una vida, "la real", arrelava en algun lloc de França, i després al Blosne. Tot i així, és impossible obviar el món d’abans, el que es va quedar allà. Fuga, Allegro Partir per encarrilar la seva realització personal: ella mateixa evoca aquell amor que la va encisar en tots els sentits, fins desviar-la del camí esperat, i la felicitat que li aporta. Una felicitat confirmada: un "sóc feliç" ressona al retrat de Cristina. El gran testimoni, la gran raó d’aquesta felicitat, és Lucía - de nou la infància -, alegria creadora que ha revifat la il·lusió d’un altre embaràs. La concepció d’aquesta "alteritat", una filla, garanteix el naixement d’un altre ‘jo’. "He canviat" enuncia Cristina. Traçar la trajectòria, sospesar el camí recorregut a la vida, mentre li parla el seu germà, organitzant el relat d’una manera que va més enllà del que és l’aventura meravellosa de tota mare. Constatar que ha trobat el seu lloc, que s’ha establert, que va saber portar un projecte familiar aprofitant les diferents possibilitats que li ofereix el sistema social francès. Haver accedit a un lloc de treball digne i valorat; haver-se integrat a una societat i en un barri d’una ciutat llunyana. Abraçar el sentiment d’haver realitzat un projecte de vida donant-se una identitat, participant en el seu propi desenvolupament humà, fets que amplifiquen l’alegria interior que es desprèn d’ella. Més enllà de "vaig canviar" ens diu entre línies "he tingut que canviar". Contrapunt Extractes de vida que amaguen la història d’abans? S’haurà esfumat aquell moment al quan es surt de l’eruga on es produeix la metamorfosi? L’afirmació d’una biografia filada amb aquest món adoptat queda tanmateix ferida amb una lletania: "què lluny queden [a la meva memòria]". La màgia del fulgor original torna a teixir d’una altra manera el conjunt de relacions socials i la construcció personal, convidant a nous móns, però la seva llum, amb el pas del temps, difumina el contorn de record llunyans. La memòria que embolcalla el tot fa renéixer l’emoció, la tremolor de l’ésser que de sobte es sorprèn de la seva audàcia haurà sanat aquesta ferida amb vans records? Melopea nostàlgica Com una confidència, sorgeix l’estrip de l’ésser desplaçat, un dolor que crèiem, de manera massa superficial, per sempre apagat i cicatritzat. "Encara que la nostàlgia no m’ha abandonat, ni les ganes de tornar algun dia a Madrid [...] us trobo a faltar. Trobo a faltar Madrid. La distància em fa apreciar intensament cada moment que passo amb vosaltres, cada xerrada, cada abraçada...". La nena madrilenya neix d’aquest dilema, arrelada a l’aquí i al més enllà, una identitat desitjada però indissociable de la cicatriu. En resum, una identitat per sempre en (ex)tensió.
Un chœur plus large.... De cesser de dévisager notre quête s’est arrêtée... non point d’avoir épuisé notre vivier de rencontres étonnantes, mais pour avoir buté sur le temps, la résistance à l’égard de certaines exigences éditoriales que nous formulions pour la publication. En guise d’esquisse des veines entrevues que cette mine d’or recèle, nous esquissons en forme de fugue quelques croquis de ces gens qui nous ont frôlé, avec lesquels nous avons engagé une bribe de relation qui ne laissera pas, hélas, les empreintes espérées dans l’ouvrage, quelques figures furtives, une liste à la Prévert de rencontres qui font l’écho d’un chœur en creux. Marocain, la cinquantaine, présent ici depuis 35 ans, prestance intellectuelle qui lui a permis d’assumer une école de commerce, président de l’association L’âge de la tortue. Fondu de livres, sensible au monde, attentif à l’actualité, il enseigne l’arabe sur le quartier. Il s’est d’emblée déclaré partant pour Partir, mais quand la règle du jeu relative à la rédaction d’une lettre à un parent, un ami sur son lieu de jeunesse a été posée, il nous a opposé une autre idée : écrire à ses amis marocains dans le monde... Même s’il se déclare français, la plongée permanente dans la culture de là-bas par les liens nombreux avec ses compatriotes, les lectures d’ouvrages du monde arabo-musulman, il représente à nos yeux un témoin riche, proche, privilégié. Négocier une autre règle dans la démarche, un statut autre dans le livre n’entrait pas dans notre orientation éditoriale ; cette discordance nous a conduit, avant la séance des portraits, d’un commun accord, à surseoir à sa participation dans une telle parution. Ce gualtémaltèque s’est approché de nous, touché qu’il avait été par la citation du "Che" produite dans le premier Partir, parce que nous partagions la langue espagnole – une complicité supplémentaire, bien que ce sud américain parlât aussi le Maya. En même temps, le fait de s’intéresser essentiellement aux émigrés maintenait chez lui un halo de questions inquiètes à notre égard. L’étonnant pour nous tenait dans la présence d’un univers Maya au cœur du Blosne. Oscar représente un authentique exilé pour la cause familiale. Un brave tendre, sentimental, bon et généreux, qui aurait pu écrire de belles lettres, en langue maternelle. Des yeux noirs, un visage sur lequel tu lis toutes les marques de la vie. Premières années ici très dures consacrée au travail. Neuf années qu’il trime maintenant, prêt à tous les sacrifices pour nourrir sa grande famille, voire adopter une petite fille en plus, restée là-bas. Solitaire au Blosne, il envoie tout l’argent gagné. Il se présente lui-même comme un indigène, qui survit avec ses fragilités dans l’univers blosnien. Occupant un appartement avec deux chambres, très bien tenu, il l’a transformé en un univers surprenant. Sur les murs, des tissus très colorés de chez lui nous font plonger dans le Guatemala ; le Quetzal, Couroucou royal, oiseau resplendissant et mythique, dont le nom, tiré du dieu maya "Quetzalcoatl", signifiant "Serpent à plumes" suspend son vol sur un papier d’amaté accroché au mur. Présence et réminiscence des origines. Et puis des photos de son village, et toute sa chambre tapissée de femmes nues, pin-up issues du magazine Playboy. Disséminées sur le balcon, beaucoup de boîtes accueillent de petites plantes tropicales complétant l’insinuation de cette ambiance singulière d’Amérique Latine au sein du quartier. Ruptures affichées perçues quand on passe de la scène aux coulisses. On le ressent, ce n’est pas rose moralement de vivre si loin... De bar en bar, en compagnie de quelques compagnons de boisson, il noie ses accès de cafard dans l’alcool. Quelques jours avant de clore notre projet, il se préparait à revoir son pays, et en réponse au rappel de notre attente il avouait "trois jours que je picole, je suis cassé" ! Joies et larmes polonaises Une complice du pôle social, une animatrice espagnole, nous a mis en contact avec cette femme d’une quarantaine d’années. L’exposé du sens et de l’histoire de Partir a, au fur et à mesure de la présentation, allumé dans ses yeux des étoiles. Elle s’est dite honorée de cette attention. Mais le lendemain, elle me fit savoir qu’elle avait rencontré un gros problème de papier. Deux jours plus tard, repassant au même centre, je l’aperçus à nouveau, ses yeux brillaient encore, mais cette fois remplis de larmes. Il a fallu couper et ne pas confondre notre démarche avec ceux qui ont charge de traiter du drame.
Sœur fantôme Marocaine, sœur d’un de nos passeurs blosnien, a participé à plusieurs actions proposées par L’Âge de la Tortue. Musulmane, pratiquante, elle se montre libre et non voilée. Son frère a beaucoup insisté pour que la rencontre se fasse, mais ce fut toujours impossible, le moment s’avérant toujours inopportun. Non voilée son visage nous reste à jamais mystérieux, telle l’arlésienne toujours annoncée, jamais présente. La Syrienne informaticienne Elle fait partie de la rédaction du journal local pour lequel elle met à disposition sa maîtrise de l’informatique ; femme très douce, très discrète et très intéressante, mais elle a refusé de partir avec nous dans l’aventure de cette seconde édition. Pour le temps qui lui restait pour rédiger la lettre ? Pour la photo à faire ? Malchance des rencontres ? Nous avons eu une entrevue à trois, avec un des responsables du journal Le Ruisseau. Discussion passionnante, mais lui n’a pas permis par l’orientation de la discussion, par sa présence d’instaurer cette proximité empathique, d’installer cette intimité nécessaire avec chaque migrant, avec elle pour créer les conditions de la confiance et de la confidence. Lituanienne comédienne Jeune beauté slave, la trentaine, mariée, comédienne au Théâtre National de Vilnius, maîtrise plutôt bien la langue française qu’elle travaille en se rendant à l’université. Rencontrée déjà lors du premier Partir, à l’école Léon Grimault ; dans ce groupe scolaire, se déroule un atelier appelé Papotages où les parents peuvent échanger entre eux. A cette école des parents, elle passait ; mais alors qu’elle souhaitait que l’on travaille avec elle, l’obstacle de la langue constituait un mur incontournable. Avec cette seconde opportunité et les progrès en langue française, tout semblait possible. Elle avait compris qu’il ne fallait pas d’abord parler négativement de notre pays, mais écrire ce qu’elle ressentait elle-même de la France. Collecter des histoires de vie migrantes, elle en avait saisit rapidement l’intérêt. Femme très simple, elle se montre très souriante, cultivée aussi... Nous sommes allés au spectacle ensemble ; là, elle nous a parlé des grands metteurs en scène, de son métier de comédienne... Ne pouvant le poursuivre immédiatement, elle s’est embauchée comme mannequin. Partante pour la démarche, avant la remise de la lettre, elle se place dans l’expectative, avec pour argument "qu’il me faut en parler à mon mari" ; quelques jours plus tard, elle appelait pour indiquer qu’elle n’avait pas le temps... Questions multiples sur le renoncement : besoin de se situer dans une classe sociale supérieure ? De prendre ses distances à l’égard d’un monde modeste, populaire ? De ne pas brouiller son image dans la perspective d’un métier qui fonctionne aussi dans les univers médiatiques ? Doutes sur les avantages à tirer d’une parution dans les questions d’identité migrante ? Insondables supputations sur la mystérieuse lituanienne... La Turque Elle assume son statut de femme du suppléant de l’imam à la mosquée du Hil. Issu d’une grande famille de Turquie, elle l’a fait venir en France, au moment où la loi relative au regroupement familial le permettait. Ce mari, lettré aime écrire ; très généreux, il bouge pour la mosquée, pour les travailleurs, très engagé, très occupé. Président de l’association des travailleurs turcs du quartier, il a été dénoncé, injustement accusé de couvrir des trafics de travailleurs illégaux autour de la mosquée ; il a été brutalement menotté, embarqué par la police avant d’être rapidement libéré... mais révolté. Liée pour le meilleur et pour le pire, elle assume ces avatars et ces statuts, en femme libre, sans hijab ni voile, allume cigarettes sur cigarettes et fait toujours part à ceux qu’elle fréquente de ce qui lui trotte dans la tête. Arrivée très jeune en France, elle a fait ses études avec Sylvine la femme de Mevlut ; elle a tissé de larges réseaux de complicité avec ses compatriotes du Blosne, ce qui lui a valu d’être promue présidente des femmes turques du quartier. Famille passionnante, mais lui trop pris, elle refuse de témoigner ici, sous prétexte que son mari détient le vrai statut du témoin informé de la galère des migrants turcs affrontés aux exigences françaises de l’émigration...
Déconvenue Par l’intermédiaire de Sylvine Isik, et les enfants scolarisés à Léon Grimault, nous avons entrouvert une porte sur le Portugal. Enchantée par le projet mené avec l’école, nous sommes allés chez elle très tôt, comme elle l’avait demandé. Elle nous a "reçu" en nous gardant à la porte parce que toute la famille était atteinte d’une maladie qui donnait une fièvre de 40°C ! Malentendus... Somalie, Iran Réfugiée politique, analphabète, parle très difficilement le français ; son drame s’avère trop lourd à porter pour lui demander de se reporter vers son pays alors qu’elle n’a pas l’assurance de se sauver ici. Larmes... La piste d’une adolescente iranienne débouche sur une impasse similaire. Elle avait apprécié le premier Partir, souhaitait contribuer au second. Fréquente beaucoup un équipement du quartier, la Maison des Squares, étudie studieusement. Mais la permission des parents, indispensable, n’est jamais arrivée... Souffrance indienne Elle et lui, militaire, sont arrivés de là-bas et établis au Blosne, depuis quelques années. Chez elle on ressent la solitude, la tristesse. Elle s’habille en sari la fin de semaine, comme pour réenchanter un temps par l’évocation indienne et dénier la grisaille morale qui diffuse. Mari malade ? En tout cas, forte réticence pour le voir contribuer à cette aventure de Partir, projet qui l’intéressait, en dehors de la photo ressentie comme inconvenante. Mais, un profond soupçon s’est bientôt installé que l’on peut ainsi résumer : une Espagnole ne saurait s’intéresser, sans hypocrisie, aux étrangers ! Suspicion qui allait bientôt s’éclairer par ce qu’elle nous raconta. Au début de leur séjour en France, sa famille est partie en voyage découverte de l’Espagne. Elle a dû écourter son périple tant l’hostilité, les rejets explicites à l’égard de tous ont transformé ce qui devait être un plaisir de touristes en un invraisemblable supplice pour intouchables ! Epreuves d’Afrique Femme engagée dans l’association Bretagne Congo. Elle est partie en croisade pour la défense des femmes violées, torturées du Kivu ; elle a témoigné de ces situations dramatiques à l’occasion du festival "Fête comme chez vous". Mue par des raisons humanitaires et familiales, elle a rejoint le Congo pour trois mois ; elle y a été témoin de choses dures, affectivement très éprouvantes. Secouée durement, elle nous est revenue incapable de retrouver cette paix intérieure nécessaire pour l’écriture, tant les démons qu’elle s’efforce d’exorciser reviennent sans répit torturer sa mémoire... Et d’autres encore venus du Chili, du Vietnam, du Kerala... Intéressés à prendre la parole, ils ont été déroutés par l’exercice d’écriture qui suppose le détachement nécessaire pour s’adresser à un proche, sur commande et livrer la lettre à un public large ; réveil de souffrances trop douloureux et parfois impossible ? Peut-être. Ceux qui nous ont fait l’amitié et la confiance de nous livrer une lettre se trouvent pour partie dans une situation stabilisée qui ne veut nullement dire sereine, tandis que ceux qui n’y parviennent pas connaissent parfois des situations de crises difficiles qu’ils tentent d’enfermer dans le silence et l’invisible intime...
Un corazón todavía más grande… Nuestra búsqueda se detuvo porque dejamos de indagar, no porque se agotase la fuente de historias sorprendentes. Se nos acabó el tiempo, nos vencieron las exigencias editoriales que habíamos impuesto a la publicación. A continuación hacemos un breve bosquejo de las vetas que esconde esta mina de oro, delineamos el perfil de la gente que se ha cruzado en nuestro camino y con quienes hemos entablado una relación que lamentablemente no llegará a dejar la huella esperada en nuestro libro, figuras furtivas que componen un inventario desordenado de encuentros que resuenan como una letanía esquiva. Marroquí, cincuenta años, lleva 35 aquí, cuenta con una gran prestancia intelectual que le ha hecho posible hacerse cargo de una escuela de negocios y presidir la asociación L’âge de la tortue. Amasijo de literatura, gran sensibilidad a lo que le rodea, atento a la actualidad, entre otras cosas dedica parte de su tiempo a enseñar árabe en el barrio. Desde el primer momento estuvo dispuesto a emprender el viaje propuesto por Partir, pero cuando le planteamos las reglas del juego: escribir una carta a un pariente o a un amigo de su ciudad natal, él nos respondió con otra idea: escribir a los amigos marroquíes que están dispersos por el mundo… Aunque se considera francés, está permanentemente inmerso en su cultura de origen a través de innumerables relaciones con compatriotas y de la lectura de obras arabo musulmanas. Es un testigo valioso, cercano y privilegiado. No entraba en nuestros planes editoriales negociar sobre la marcha una nueva regla, un cambio en las bases de participación y esta diferencia de criterio nos hizo optar por posponer su colaboración y aprovecharla en otra obra inspirada en su propuesta. Este guatemalteca acudió a nosotros conmovido por la mención al Che en el primer Partir. Otro detalle más que facilita la complicidad: también nosotros hablamos español. Aunque el hecho de que nos interesásemos fundamentalmente en historias de emigrantes dio lugar a algunos recelos por su parte. A nosotros lo que nos sorprendió fue la existencia de un universo maya, otro de los idiomas que conoce este sudamericano, en el corazón mismo del Blosne. Oscar es el paradigma del exiliado por razones familiares. Un hombre afable, sentimental, bueno y generoso que hubiese podido escribir unas cartas enternecedoras en su lengua materna. Un par de ojos negros y un rostro sobre el que se leen las marcas que ha ido dejando la vida. Los primeros y difíciles años que pasó aquí dedicado al trabajo. Nueve años dispuesto a hacer cualquier sacrificio para mantener a su gran familia y poder adoptar a otra niña en Guatemala. Solo en el Blosne, les envía todo el dinero que gana. Se ha presentado a sí mismo como un indígena que se sobrepone a su fragilidad para sobrevivir en el universo del Blosne. Vive en un apartamento de dos habitaciones, ordenado y transformado en un espacio sorprendente. Las coloridas telas de su tierra que adornan las paredes nos sumergen en Guatemala. El quetzal, ave resplandeciente y mítica cuyo nombre, en maya, "quetzalcoal", significa "serpiente con plumas", suspende el vuelo en un papel amate colgado de la pared. Presencia y recuerdo de sus orígenes. Fotos de su pueblo y un dormitorio empapelado con fotos de mujeres desnudas sacadas de la revista Playboy. El balcón repleto con botes en los que crecen plantitas tropicales que completan la singular evocación a América Latina en pleno centro del barrio. Pero entre los bastidores de este escenario se aprecia una gran brecha en el ánimo, no es fácil vivir tan lejos… De bar en bar, junto a algún compañero de borrachera, ahoga sus penas en alcohol. Un par de días antes de que finalizase nuestro proyecto se estaba preparando para volver a ver su tierra. Como respuesta a nuestra espera nos hace una confesión: "hace tres días que no paro de beber, ¡estoy hecho polvo!". Alegría y lágrimas polacas Una cómplice del concejo vecinal, una animadora española, nos puso en contacto con una mujer de unos cuarenta años. Mientras le contábamos cuál era el sentido y la historia de Partir le iban apareciendo estrellas en los ojos. Es un honor para ella que le ofrezcamos colaborar en el proyecto. Al día siguiente recibimos una llamada: un problema con sus papeles. Dos días más tarde la volví a ver de lejos en el mismo centro, los ojos también le brillaban, pero con lágrimas. Tuvimos que dar por finalizada la colaboración y no interferir en el trabajo de los que se estaban encargando de solucionar su delicada situación.
La hermana fantasma Marroquí, hermana de uno de nuestros mediadores culturales. Ya había participado en varias acciones de la asociación. Musulmana, practicante, independiente, no lleva velo. Su hermano insistió mucho para que se produjese el encuentro, pero nunca fue posible, ningún momento parecía oportuno. A pesar de no llevar velo su rostro sigue siendo un enigma para nosotros, como La arlesiana de Daudet, que advierte de su llegada y al final nunca llega. La joven informática siria Trabaja en la redacción del diario local, donde aplica sus conocimientos de informática. Una mujer dulce, discreta e interesante que finalmente desestimó la posibilidad de participar con nosotros en esta segunda edición. ¿A causa del tiempo que le iba a llevar escribir la carta? ¿Por la foto? ¿Por qué nunca conseguimos reunirnos? En realidad lo que sucedió fue que en su entrevista participó otra persona: vino acompañada de uno de los responsables del Ruisseau. La conversación fue apasionante, pero la presencia de esta tercera persona y la forma en la que llevó conversación impidió que se estableciesen la intimidad y empatía necesarias para tender un puente de confianza y confidencia con ella. La actriz lituana Joven belleza eslava, unos treinta años, casada, actriz del Teatro Nacional de Vilnius, habla bastante bien francés y lo está mejorando yendo a la universidad. La habíamos conocido ya durante la preparación del primer Partir, en el colegio Léon Grimault. En este colegio hay un taller llamado Papotages (Parloteo) donde los padres se pueden reunir para hablar. Coincidimos con ella allí, pero al principio la lengua fue un obstáculo insalvable que impidió su participación en el primer libro. Con la forma en la que había mejorado su dominio del idioma parecía que lo íbamos a lograr en esta ocasión. Comprendió perfectamente que no se trataba de hablar de nuestro país desde un punto de vista negativo, sino de sus propios sentimientos hacia Francia. De recabar historias de vidas inmigrantes, entendió perfectamente por qué el tema suscitaba interés. Una mujer sencilla, siempre sonriente, culta. Fuimos juntos a ver una obra, nos habló de grandes directores de cine, del trabajo de actriz… de cómo empezó trabajando de modelo porque no encontraba trabajo de lo suyo. Al acercarse la fecha de entrega de las cartas nos dio largas con el pretexto de que tenía que comentárselo a su marido. Unos días después nos llamó para decirnos que ya no tenía tiempo… Puede haber muchas razones para no participar: quizás necesitaba sentirse posicionada en una esfera social más alta, distanciarse de un mundo modesto, humilde. Tal vez no quería contaminar su imagen, tan importante en una profesión mediática. Puede que empezase a tener dudas sobre las ventajas de aparecer relacionada con temas sobre la identidad inmigrante. De la misteriosa lituana solo nos quedaron conjeturas… La turca Mujer del segundo imán de la mezquita de Hil. Proviene de una gran familia turca que se trajo a Francia cuando las leyes de reagrupación familiar todavía lo permitían. Su marido, culto, adora escribir, es un hombre generoso. Promueve iniciativas de ayuda a la mezquita y a los trabajadores, es una persona comprometida, siempre ajetreado. Es el presidente de la Asociación de Trabajadores Turcos del barrio. Fue denunciado y acusado injustamente de encubrir el tráfico de trabajadores ilegales cerca de la mezquita. Fue arrestado violentamente, esposado y puesto en libertad poco después. En ningún momento se revolvió contra los que le apresaron. Unida a él en lo bueno y en lo malo, ella asume sus circunstancias y su posición. Es una mujer libre, no lleva ni hiyab ni velo, fuma un cigarro detrás de otro y hace saber a todo el mundo lo que le pasa por la cabeza. Llegó a Francia siendo muy joven y estudió con Sylvine, la mujer de Mevlut. Ha tejido lazos de complicidad muy firmes con sus compatriotas del Blosne, lo que ha valido que la nombrasen presidenta de la Asociación de Mujeres Turcas del barrio. La historia de su familia es apasionante, pero él está demasiado ocupado y ella considera que el verdadero testigo y conocedor de todo a lo que los emigrantes turcos se tienen que enfrentan en Francia es él.
Una contrariedad Gracias a Sylvine Isik y a los niños escolarizados en el Léon Grimault, hemos entreabierto una puerta hacia Portugal. Encantada con la idea del proyecto nos pide que vayamos pronto a su casa. Nos "recibe" sin dejarnos entrar… toda la familia está afectada de una enfermedad que provoca ¡40º de fiebre! Malentendidos… Somalia, Irán Refugiada política, analfabeta, apenas habla francés. Su dramática historia pesa demasiado como para pedir que eche la vista atrás cuando sus miedos todavía persisten incluso aquí. Lágrimas… Nos hacemos una idea de lo que ha pasado escuchando a otra adolescente iraní con una historia que intuimos similar. Le gustó mucho el primer Partir y le hubiese gustado participar en el segundo. Va mucho a una de las asociaciones del barrio, la Maison des Squares, se aplica en los estudios. Pero el permiso de los padres, requisito imprescindible, nunca llega… Sufrimiento hindú Ella y su marido, militar, llevan varios años en el Blosne. En ella no pasan desapercibidas la soledad y la tristeza. Los fines de semana se viste con un sari para evocar su tierra natal y renegar del desconsuelo que la envuelve. ¿Su marido está enfermo? En cualquier caso se resiste demasiado a participar en la aventura de Partir, aunque el proyecto le interesa, salvo por la foto, que le parece un inconveniente. Nos sumimos en una sospecha que se resume de la siguiente manera: ¿una española que se interesa por los extranjeros? ¡Menuda hipócrita! Nos explica que al poco tiempo de llegar a Francia su familia y ella decidieron hacer un viaje organizado por España. El viaje duró menos de lo previsto debido a la hostilidad y el rechazo a los que fueron sometidos delante de todos los demás. Lo que tenía que haber sido un placentero viaje turístico se transformo en el infierno de los parias. Pesadumbre africana Comprometida con la asociación Bretagne Congo. Ha emprendido una cruzada para defender a las mujeres violadas y torturadas de Khivu. Ha sido testigo de situaciones dramáticas. Volvió al Congo durante tres meses movida por razones humanitarias y familiares y presenció situaciones durísimas, emocionalmente agotadoras. Profundamente conmovida, tras su regreso no ha sido capaz de encontrar la paz interior necesaria para escribir, porque los demonios que se esfuerza en exorcizar siempre regresan a torturar sus recuerdos. Y muchos otros llegados de Chile, Vietnam, Kerala… a los que les hubiese gustado tomar la palabra. Les descorazonó el esfuerzo de distanciamiento que hace falta para escribir a una persona cercana, pero por encargo, y después tener que exponer la carta al público. También puede ser que evocar sufrimientos tan profundos les resultase imposible. Los que nos han confiado sus cartas generalmente se encuentran en una situación más o menos estable (lo que no quiere decir que lleven una vida sosegada) y aquellos que no lo han logrado muchas veces se encuentran en situaciones críticas que intentan encerrar en la intimidad del silencio y de lo invisible.
Un cor encara més gran ... La nostra recerca es va aturar perquè vam deixar d’indagar, no perquè s’exhaurís la font d’històries sorprenents. Se’ns va acabar el temps, ens van vèncer les exigències editorials que havíem imposat a la publicació. A continuació fem un breu esbós de les vetes que amaga aquesta mina d’or, dibuixem el perfil de la gent que s’ha creuat en el nostre camí i amb qui hem entaulat una relació que lamentablement no arribarà a deixar l’empremta esperada en el nostre llibre, figures furtives que componen un inventari desordenat de trobades que ressonen com una lletania esquiva. Marroquí, cinquanta anys, en fa 35 que és aquí, compta amb una gran elegància intel·lectual que li ha permès fer-se càrrec d’una escola de negocis i presidir l’associació L’âge de la tortue. Garbuix de literatura, gran sensibilitat al que l’envolta, atent a l’actualitat, entre altres coses dedica part del seu temps a ensenyar àrab al barri. Des del primer moment va estar disposat a emprendre el viatge proposat per Partir, però quan li vam plantejar les regles del joc -escriure una carta a un parent o un amic de la seva ciutat natal-, ell ens va respondre amb una altra idea: escriure als amics marroquins que estan dispersos pel món... Encara que es considera francès, està permanentment immers en la seva cultura d’origen a través d’innombrables relacions amb compatriotes i de la lectura d’obres àrabomusulmanes. És un testimoni valuós, proper i privilegiat. No entrava en els nostres plans editorials negociar sobre la marxa una nova regla, un canvi en les bases de participació i aquesta diferència de criteri ens va fer optar per posposar la seva col·laboració i aprofitar-la en una altra obra inspirada en la seva proposta. Aquest guatemalenc va acudir a nosaltres commogut per la menció al Che en el primer Partir. Un altre detall més que facilita la complicitat: també nosaltres parlem espanyol. Encara que el fet que ens interesséssim fonamentalment en històries d’emigrants va donar lloc a alguns recels per part seva. A nosaltres el que ens va sorprendre va ser l’existència d’un univers maia, un altre dels idiomes que coneix aquest sud-americà, al cor mateix del Blosne. L’Oscar és el paradigma de l’exiliat per raons familiars. Un home afable, sentimental, bo i generós que hagués pogut escriure unes cartes entendridores en la seva llengua materna. Un parell d’ulls negres i un rostre sobre el qual es llegeixen les marques que hi ha anat deixant la vida. Els primers i difícils anys que va passar aquí dedicat a la feina. Nou anys disposat a fer qualsevol sacrifici per mantenir la seva gran família i poder adoptar a una altra nena a Guatemala. Sol al Blosne, els envia tots els diners que guanya. S’ha presentat a si mateix com un indígena que se sobreposa a la seva fragilitat per sobreviure en l’univers del Blosne. Viu en un apartament de dues habitacions, ordenat i transformat en un espai sorprenent. Les acolorides teles de la seva terra que adornen les parets ens submergeixen a Guatemala. El quetzal, au resplendent i mítica el nom en maia de la qual, "quetzalcoal", significa "serp amb plomes", suspèn el vol en un paper amate penjat de la paret. Presència i record dels seus orígens. Fotos del seu poble i un dormitori empaperat amb fotos de dones nues tretes de la revista Playboy. El balcó ple de pots en què creixen plantetes tropicals que completen la singular evocació d’Amèrica Llatina en ple centre del barri. Però entre els bastidors d’aquest escenari s’aprecia una gran bretxa en els ànims, no és fàcil viure tan lluny ... De bar en bar, al costat d’algun company de borratxera, ofega les seves penes en alcohol. Un parell de dies abans que finalitzés el nostre projecte s’estava preparant per tornar a veure la seva terra. Com a resposta a la nostra espera ens fa una confessió: "fa tres dies que no paro de beure, estic fet pols!". Alegria i llàgrimes poloneses Una còmplice del consell de veïns, una animadora espanyola, ens va posar en contacte amb una dona d’uns quaranta anys. Mentre li explicàvem quin era el sentit i la història de Partir se li anaven encenent els ulls. És un honor per a ella que li oferim col·laborar en el projecte. L’endemà vam rebre una trucada: un problema amb els seus papers. Dos dies més tard la vaig tornar a veure de lluny al mateix centre, els ulls també li brillaven, però de llàgrimes. Vam haver de donar per finalitzada la col·laboració i no interferir en la feina dels que s’encarregaven de solucionar la seva delicada situació.
La germana fantasma Marroquina, germana d’un dels nostres mediadors culturals. Ja havia participat en diverses accions de l’associació. Musulmana, practicant, independent, no porta vel. El seu germà va insistir molt perquè es produís la trobada, però va ser impossible, cap estona semblava oportuna. Tot i no portar vel, la seva cara segueix sent un enigma per a nosaltres, com L’Arlesiana de Daudet, que adverteix de la seva arribada i al final no arriba mai. La jove informàtica siriana Treballa a la redacció del diari local, on aplica els seus coneixements d’informàtica. Una dona dolça, discreta i interessant que finalment va desestimar la possibilitat de participar amb nosaltres en aquesta segona edició. A causa del temps que li hauria costat escriure la carta? Per la foto? Per què mai aconseguim reunir-nos? En realitat el que va passar va ser que en la seva entrevista hi va participar una altra persona: va venir acompanyada d’un dels responsables del Ruisseau. La conversa fou apassionant, però la presència d’aquesta tercera persona i la manera com va portar la conversa va impedir que establíssim la intimitat i empatia necessàries per a tendir un pont de confiança i confidència amb ella. L’actriu lituana Una jove bellesa eslava, uns trenta anys, casada, actriu del Teatre Nacional de Vilnius, parla força bé el francès i l’està millorant anant a la universitat. L’havíem conegut ja durant la preparació del primer Partir, a l’escola Léon Grimault. En aquest col·legi hi ha un taller anomenat Papotages (xerrameca) on els pares es poden reunir per parlar. Vam coincidir allà amb ella, però al principi la llengua va ser un obstacle insalvable que va impedir-li participar en el primer llibre. Amb tot el que havia millorat el seu domini de l’idioma, semblava que ho aconseguiríem en aquesta ocasió. Va comprendre perfectament que no es tractava de parlar del nostre país des d’un punt de vista negatiu, sinó dels seus propis sentiments cap a França. De recollir històries de vides immigrants, va entendre perfectament per què el tema suscitava interès. Una dona senzilla, sempre somrient, culta. Vam anar junts a veure una obra, ens va parlar de grans directors de cinema, de la feina d’actriu... de com va començar treballant de model perquè no trobava feina d’actriu. En acostar-se la data de lliurament de les cartes, ens va donar llargues amb el pretext que havia de comentar-ho al seu marit. Uns dies després ens va trucar per dir-nos que ja no tenia temps... Pot haver-hi moltes raons per no participar-hi: potser necessitava sentir-se posicionada en una esfera social més alta, distanciar-se d’un món modest, humil. Potser no volia contaminar la seva imatge, tan important en una professió mediàtica. Pot ser que comencés a tenir dubtes sobre els avantatges d’aparèixer relacionada amb temes sobre la identitat immigrant. De la misteriosa lituana només ens en van quedar conjectures... La turca Dona del segon imam de la mesquita de Hil. Prové d’una gran família turca, que es va emportar a França quan les lleis de reagrupació familiar encara ho permetien. El seu marit, culte, adora escriure, és un home generós. Promou iniciatives d’ajuda a la mesquita i als treballadors, és una persona compromesa, sempre atrafegat. És el president de l’Associació de Treballadors Turcs del barri. Va ser denunciat i acusat injustament d’encobrir el tràfic de treballadors il·legals prop de la mesquita. Va ser arrestat violentament, emmanillat i posat en llibertat poc després. En cap moment es va regirar contra els que el van capturar. Unida a ell en la bondat i la maldat, ella assumeix les seves circumstàncies i la seva posició. És una dona lliure, no porta ni hijab ni vel, fuma un cigarret rere l’altre i fa saber a tothom el que li passa pel cap. Va arribar a França sent molt jove i va estudiar amb la Sylvine, la dona d’en Mevlut. Ha teixit llaços de complicitat molt ferms amb els seus compatriotes del Blosne, cosa que ha valgut que la nomenessin presidenta de l’Associació de Dones Turques del barri. La història de la seva família és apassionant, però ell està massa ocupat i ella considera que el veritable testimoni i coneixedor de tot el que els emigrants turcs han d’afrontar a França és ell.
Una contrarietat Gràcies a la Sylvine Isik i als nens escolaritzats al Léon Grimault, hem entreobert una porta cap a Portugal. Encantada amb la idea del projecte ens demana que anem aviat a casa seva. Ens "rep" sense deixar-nos entrar... tota la família està afectada d’una malaltia que provoca 40 graus de febre! Malentesos... Somàlia, Iran Refugiada política, analfabeta, gairebé no parla francès. La seva dramàtica història pesa massa com per demanar que miri enrere quan les seves pors encara persisteixen fins i tot aquí. Llàgrimes ... Ens fem una idea del que ha passat escoltant una altra adolescent iraniana amb una història que intuïm similar. Li va agradar molt el primer Partir i li hagués agradat participar en el segon. Va molt a una de les associacions del barri, la Maison des Squares, s’aplica en els estudis. Però el permís dels pares, requisit imprescindible, mai no arriba... Patiment hindú Ella i el seu marit, militar, porten diversos anys al Blosne. En ella no passen desapercebudes la soledat i la tristesa. Els caps de setmana es vesteix amb un sari per evocar la seva terra natal i renegar del desconsol que l’envolta. El seu marit està malalt? En qualsevol cas es resisteix massa a participar en l’aventura de Partir, tot i que el projecte li interessa, excepte per la foto, que li sembla un inconvenient. Ens submergim en sospites que es resumeixen de la següent manera: una espanyola que s’interessa pels estrangers? Quina hipòcrita! Ens explica que al poc temps d’arribar a França la seva família i ella van decidir fer un viatge organitzat per Espanya. El viatge va durar menys del previst a causa de l’hostilitat i el rebuig als que van ser sotmesos davant de tothom. El que havia d’haver estat un agradable viatge turístic es va transformar en l’infern dels pàries. Pena africana Compromesa amb l’associació Bretagne Congo. Ha emprès una croada per defensar les dones violades i torturades de Khivu. Ha estat testimoni de situacions dramàtiques. Va tornar al Congo durant tres mesos moguda per raons humanitàries i familiars i va presenciar situacions duríssimes, emocionalment esgotadores. Profundament commoguda, després del seu retorn no ha estat capaç de trobar la pau interior necessària per escriure, perquè els dimonis que s’esforça a exorcitzar sempre tornen a torturar els seus records. I molts altres, vinguts de Xile, Vietnam, Kerala ... als que els hagués agradat prendre la paraula. Els va descoratjar l’esforç de distanciament que cal per escriure a una persona propera però per encàrrec, i després haver d’exposar la carta al públic. També pot ser que evocar sofriments tan profunds els resultés impossible. Els que ens han confiat les seves cartes generalment es troben en una situació més o menys estable (el que no vol dir que portin una vida assossegada) i aquells que no ho han aconseguit moltes vegades es troben en situacions crítiques que intenten recloure en la intimitat del silenci i de l’invisible.
FotografĂa : Andrea Eidenhammer
Zona Ponent
tarragona
AnĂbal y Jacqueline Faiaz Maria Ali Zohra Daniel Mamadou Paola Sajjad Corvo Andrea
Introducción
E
ste proyecto es el fruto de una colaboración a tres bandas y el trabajo conjunto de tres entidades: l’Âge de la Tortue (Rennes), la Asociación Ariadna (Tarragona) y la Fundación Casal l’Amic (Tarragona). Una iniciativa nacida en Francia que emigra hasta España con el objetivo de desarrollar en los barrios de la Zona Ponent de la ciudad catalana de Tarragona, la misma experiencia llevada a cabo anteriormente en el barrio del Blosne, en Rennes, y de esta manera, poder ejecutar en paralelo, en el Blosne y en los barrios de Ponent, un proyecto artístico y a la vez plenamente social. Un equipo de tres mujeres para desarrollar conjuntamente la iniciativa: Paloma Fernández, artista, Andrea Eidenhammer, fotógrafa (también participante del proyecto) y Maria Pallarès, antropóloga sociocultural y educadora social. El proyecto nos brinda la oportunidad de dar voz a personas con trayectorias migratorias para plasmarla en diferentes retratos y mensajes. A través de estas cartas, destinadas a personas que están lejos, descubrimos sentimientos, experiencias y anécdotas que explican más explícita o implícitamente la historia de vida de cada uno. Se me plantea también la oportunidad de trabajar en el proyecto desde el punto de vista antropológico. Bajo esta orientación, voy a abordar toda una serie de elementos constitutivos de una realidad próxima. Eso sí, en un formato desconocido para mí hasta ahora y por lo tanto, con algún que otro cuestionamiento. No obstante, asumo el reto de aventurarme con el resto del equipo. Y es que el discurso antropológico puede ofrecer un abanico amplio de ópticas a través de las cuales poder observar y conocer el hecho migratorio. Pero no sólo como fenómeno social aislado sino desde el punto de vista de lo concreto, lo propio de cada individuo. Es en cada uno y en las propias acciones dónde se ponen en juego toda una serie de elementos sociales y culturales que nos permiten explicar y comprender en gran medida el fenómeno de forma integral. Personas, habitantes de un país que han dejado su país de origen para ir a otro Personas que tienen en común el destino escogido: Europa, España, Cataluña, Tarragona y la Zona Ponent. Esta última engloba diferentes barrios (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar i Icomar) que fueron creados a partir del crecimiento industrial de la ciudad, sobre todo del sector petroquímico, por una parte, y el turístico, por otra. Cataluña sería entonces una de las zonas receptoras de esas poblaciones, lo que influiría enormemente en su desarrollo futuro. Hablamos de los años 60 y 70. Sin embargo, no podemos entender el crecimiento de Tarragona como un movimiento ordenado en que primero se implantan las industrias para dejar paso a la población en busca de trabajo, sino que observamos una primera llegada de personas provenientes en su mayoría de Andalucía y Extremadura. Encontraríamos aquí, "els altres catalans" (los otros catalanes) de los cuales habló Paco Candel.
La formación de la zona Ponent se produjo de manera gradual y diversificada, con el tiempo fueron apareciendo los diferentes barrios que existen hoy en día. Encontramos bloques construidos a partir de la iniciativa de las propias empresas, que respondían a la necesidad de vivienda de sus trabajadores (bloque Bic o bloque Butano son un par de ejemplos); otros de iniciativa privada, potenciados por empresas inmobiliarias; también encontramos el fenómeno de la autoconstrucción de viviendas; y, finalmente, la iniciativa del Gobierno, con la promoción de vivienda social, concentrada en su mayoría en esta zona de la ciudad. Se podría pensar que un aumento tal de la población vino acompañado por una respuesta efectiva por parte de las autoridades políticas, en lo que a instalación de viviendas y servicios se refiere. Pero esto no fue así en el caso de Tarragona. Los comienzos de este crecimiento fueron entonces problemáticos para las poblaciones que llegaron a la ciudad en busca de mejores condiciones de vida. La pésima planificación urbanística, el aislamiento acentuado por la falta de transportes eficientes, la carencia de servicios y recursos básicos (sanitarios, educativos) y la presencia de situaciones sociales precarias acentuaron el aislamiento con respecto a la Tarragona central. Esto provocó una estigmatización que ha ido perpetuándose en el imaginario de los habitantes de Tarragona. Llegó el momento (años 90) en el que el Estado español dejó de ser tierra emisora de emigrantes, para convertirse en un centro receptor de los mismos, registrándose una lenta y sostenida entrada de inmigrantes marroquíes, latinoamericanos, senegaleses y de Europa del Este. Así pues, con el territorio conocido solo quedaba ponerse en acción. Primer paso, zambullirse en la zona para encontrar vidas anónimas dispuestas a dar su voz. En el curso de esta búsqueda nos toca encarar situaciones de lo más inverosímiles. Enredos que acaban muy bien, miedos, intereses económicos de algunos de los posibles participantes. Y a la hora de reivindicar un mundo mejor, hallamos un escepticismo bastante generalizado, vinculado a una considerable resignación. Dificultades de comunicación dadas por el idioma, pero también resultantes de las diferencias culturales. Obstáculos atribuidos a relaciones de género desiguales. Pero también, personas dispuestas a
entregarse, a hacer públicas sus vidas reales y a narrar toda una serie de hechos emergentes que urge dar a conocer. Vidas hasta ahora desconocidas que explican la ambivalencia de su biografía por el hecho de haber dejado lejos sus orígenes. Entre el allí y el aquí. El allí, su lugar de origen y una pieza clave en su trayectoria. Un allí, a menudo, caracterizado por graves diferencias socioeconómicas. Un aquí con la creencia de que existen oportunidades para todo el mundo. Un aquí en forma de paraíso que puede acabar convirtiéndose en un infierno. Aunque, por suerte, no siempre sea así. En la existencia de todo migrante la construcción de la identidad se convierte en un desafío en toda regla. El aquí y el allí están siempre presentes. La reflexión, sin embargo, no sólo se puede centrar en aquellas personas que en algún momento de su vida decidieron dejar su lugar de origen contraponiéndolo con el de su lugar de destino. Y no sólo son de aquí para dejar de ser de allí. El planteamiento no es tan simple. Un discurso que merece la pena citar es el de Manouff, que concibe la identidad como un producto de todos los elementos que lo han configurado mediante una dosificación singular que nunca es la misma en dos personas. Partimos, pues, de identidades individuales, construidas socialmente, pero con carácter propio. Ésta es la peculiaridad que comparten todos los participantes del proyecto. Se presentan, pues, historias de personas con pasados, presentes y futuros particulares. El trabajo resultante de este proyecto tan enriquecedor es una muestra de personas que han querido mostrar con sus palabras, parte de sus vidas y de sus identidades. No obstante, no pretendemos homogeneizar ningún colectivo sino evidenciar elementos que nos puedan servir como herramientas para comprender la multiplicidad de caras del hecho migratorio, y en concreto en todos estos y otros ciudadanos. Los protagonistas ofrecen sus narraciones para que todo aquél que las lea pueda sumergirse en un viaje a la vida de cada uno de ellos. Maria Pallarès Serena
Introduction
C
e projet est le fruit d’une triple collaboration, du travail conjugué de trois entités : l’Âge de la Tortue (Rennes), l’Association Ariadna (Tarragone) et la Fondation Casal l’Amic (Tarragone). Une initiative née en France qui a émigré jusqu’en Espagne afin de mener dans les quartiers de la Zona Ponent de la ville catalane de Tarragone la même expérience précédemment dirigée dans le quartier du Blosne à Rennes, pour développer un projet à la fois artistique et entièrement social. Une équipe de trois femmes s’est appliquée à conduire, ensemble, cette initiative : Paloma Fernández Sobrino, artiste, Andrea Eidenhammer, photographe (qui participe aussi au projet) et Maria Pallarès Serena, anthropologue socioculturelle et éducatrice sociale. Le projet nous offre l’opportunité de donner la parole à des personnes aux trajectoires migratoires diverses reflétant différents portraits et messages. À travers ces lettres adressées à ceux qui sont loin, nous découvrons des sentiments, des expériences et des anecdotes qui expliquent de façon plus ou moins explicite l’histoire de vie de chacun. Personnellement, j’ai aussi envisagé de travailler sur le projet en adoptant le point de vue anthropologique. Suivant cette orientation, j’ai abordé une série d’éléments constitutifs d’une réalité toute proche, mais dans un format qui m’était jusqu’à maintenant entièrement étranger, et qui a donné lieu à de nombreuses questions. Cependant, j’ai relevé le défi pour m’aventurer aux côtés du reste de l’équipe. Car le discours anthropologique peut offrir un vaste éventail de points de vue à travers lesquels observer et découvrir la réalité migratoire. Et non seulement en tant que phénomène social isolé, mais d’un point de vue concret, personnel à chaque individu. Chacun porte en soi et transmet via ses propres actions toute une série d’éléments sociaux et culturels qui permettent d’expliquer et de comprendre l’intégralité du phénomène. Des habitants d’un pays qui quittent leur pays d’origine pour en choisir un autre. Des personnes qui ont en commun la destination choisie : l’Europe, l’Espagne, la Catalogne, Tarragone et la Zona Ponent. Cette dernière réunit différents quartiers (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar et Icomar) créés en réponse à la croissance industrielle de la ville, principalement des secteurs pétrochimique, d’une part, et touristique, d’autre part. La Catalogne est alors parmi les régions qui reçoivent ces populations, ce qui influencera grandement son développement futur. Nous parlons là des années 60 et 70. Cependant, il est impossible de considérer la croissance de Tarragone comme un mouvement ordonné où les industries commencent à s’implanter avant d’attirer les populations à la recherche d’un emploi. On a au contraire d’abord observé l’arrivée d’un flux migratoire venu principalement d’Andalousie et d’Estrémadure. Et c’est là que l’on rencontre "els altres cata-
lans", (les autres Catalans) dont parlait Paco Candel. La formation de la Zona Ponent a été progressive et diversifiée, les différents quartiers qui existent aujourd’hui ayant vu le jour avec le temps. On y trouve des ensembles construits à partir de l’initiative des entreprises elles-mêmes, pour faire face au besoin de loger leurs travailleurs (les ensembles Bic et Butano, par exemple) ; d’autres sont le fruit de l’initiative privée, encouragée par les entreprises immobilières ; on trouve aussi le phénomène de l’auto-construction immobilière ; et pour finir, l’initiative gouvernementale avec la promotion de logements sociaux principalement concentrés dans ces quartiers de la ville. On peut effectivement penser qu’une telle croissance démographique a été accompagnée d’une réponse efficace de la part des autorités publiques en termes de logements et de services. Mais cela n’a pas été le cas de Tarragone. Les débuts de cette croissance ont donc été problématiques pour ces populations qui venaient chercher de meilleures conditions de vie. La désastreuse planification urbanistique, l’isolement accentué par l’absence de transports efficaces, les carences des services et ressources de base (santé, éducation) et la présence de situations sociales précaires ont creusé l’écart avec le centre de Tarragone. Cette situation est à l’origine de la stigmatisation qui marque encore l’imaginaire des habitants de Tarragone. Dans les années 90, l’Espagne a cessé d’être un territoire d’émigration pour commencer à recevoir les migrants, enregistrant une augmentation lente mais progressive des arrivées d’immigrés marocains, latino-américains, sénégalais et de l’Europe de l’Est. Ainsi, en territoire connu, il ne restait plus qu’à passer à l’action. Première étape, se plonger dans les quartiers pour trouver des vies anonymes résolues à prêter leur voix. Au cours de nos recherches, nous faisons face aux situations les plus invraisemblables. Imbroglios qui finissent bien, peurs, intérêts économiques de certains des participants possibles. Et au moment de revendiquer un monde meilleur, nous découvrons un scepticisme assez généralisé, associé à une considérable résignation. Aux difficultés de communication issues de la langue s’ajoutent aussi les différences culturelles et les obstacles provoqués par
l’inégalité des relations homme-femme. Mais nous rencontrons aussi des personnes prêtes à se livrer, à rendre publiques leurs vraies vies et à raconter une série de faits émergents qu’il est urgent de faire connaître. Des vies jusqu’alors inconnues qui expliquent l’ambivalence de leur biographie, pour avoir laissé leurs origines loin derrière eux. Partagées entre ici et là-bas. Là-bas, leurs origines et une pièce clé de leur histoire. Un làbas souvent caractérisé par de graves différences socio-économiques. Et un ici marqué par la croyance que tout le monde a sa chance. Un ici en forme de paradis qui peut se transformer en enfer. Bien que, heureusement, ce ne soit pas toujours le cas. Dans l’existence de tout migrant, la construction de l’identité devient un réel défi. La dichotomie entre ici et là-bas reste toujours présente. La réflexion, néanmoins, ne peut se centrer uniquement sur ces personnes qui ont décidé à un moment de leur vie de quitter leur lieu d’origine en l’opposant à leur destination. Ils ne choisissent pas d’être ici simplement pour cesser d’être de là-bas. L’approche n’est pas si simple. Le discours de Manouff, par exemple, mérite d’être cité. Il conçoit l’identité comme le produit de tous les éléments qui la forment, via un dosage particulier, unique à chaque personne. Nous partons donc d’identités individuelles, construites socialement, mais uniques. C’est la particularité que partagent tous les participants au projet. Ils présentent des histoires personnelles aux passés, présents et futurs particuliers. Le résultat de ce projet si enrichissant est un échantillon de personnes qui ont voulu montrer, avec leurs mots, une partie de leur vie et de leur identité. Nous ne prétendons homogénéiser aucun collectif, mais plutôt souligner les éléments qui peuvent nous servir à comprendre la multiplicité des visages de la réalité migratoire, et plus particulièrement pour tous ces citoyens, et pour les autres. Les participants offrent leurs récits pour permettre à tous leurs lecteurs de se plonger dans la vie de chacun d’entre eux. Maria Pallarès Serena
Introducció
E
l perquè de tot plegat és fruit d’una col·laboració a tres bandes a partir del treball conjunt entre tres entitats posades en contacte. Per una banda, l’Âge de la Tortue (Rennes), enmig l’Associació Ariadna (Tarragona) i per altra banda, la Fundació Casal l’Amic (Tarragona). Una iniciativa nascuda a França que emigra fins Espanya amb l’objectiu de fer allò ja dut a terme al barri del Blosne de la ciutat francesa però ara per aplicar-ho als Barris de la Zona Ponent de la ciutat catalana de Tarragona. D’aquesta manera, es pot dur a terme en paral·lel, al Blosne i als barris de Ponent de Tarragona, un projecte artístic i a la vegada plenament social. A més a més, un equip de tres dones per a executar conjuntament la iniciativa: la Paloma Fernández Sobrino, una artista, l’Andrea Eidenhammer, una fotògrafa (també participant del projecte) i la Maria Pallarès, una antropòloga sociocultural i educadora social. Iniciativa consistent en oferir una oportunitat per donar veu a persones amb trajectòries migratòries. Així doncs, la idea es veuria plasmada en diferents retrats i missatges. Cartes destinades a persones que no estan a prop seu, plenes de sentiments, experiències, anècdotes que expliquen més explícitament o implícita la història de vida de cadascú. Des del punt de vista antropològic se’m planteja també l’oportunitat de treballar en el projecte sota aquesta orientació. Poder parlar de tot un seguit de continguts existents d’una realitat propera. Això sí, en un format desconegut per mi fins ara i, per tant, amb alguns qüestionaments. No obstant, assumeixo el repte d’aventurarm’hi amb la resta de l’equip. I és que el discurs antropològic pot oferir un ventall ampli d’òptiques a través de les quals poder observar i conèixer el fet migratori. Però no només com a fenomen social aïllat. El plantejament pretén també aproximar-s’hi des d’allò concret, propi de cada individu. És en cadascú i en les pròpies accions on es posen en joc tot un seguit d’elements socials i culturals que ens permeten explicar i comprendre en gran mesura el fenomen de forma integral. Persones habitants d’un país que han deixat el seu país d’origen per anar-se’n a un altre. Tenen en comú el destí escollit. Europa, Espanya, Catalunya, Tarragona, els barris de la zona de Ponent. Aquesta zona de Ponent a Tarragona engloba diversos barris (Bonavista, Campclar, Torreforta, El Pilar, La Granja, Riuclar, La Floresta, L’Albada, Parc Riuclar i Icomar) creats a partir del creixement industrial de la ciutat, sobretot del sector petroquímic i el turístic. Catalunya va ser llavors una de les zones receptores d’aquesta població, fet que influiria fortament en el seu desenvolupament futur. Parlem dels anys 60 i 70. No obstant això, no podem entendre el creixement de Tarragona com un moviment ordenat on primer s’implanten les indústries per deixar pas a la població a la recerca de feina, sinó que observem una primera arribada de persones provinents en la seva majoria d’Andalusia i Extremadura.
Hi trobaríem aquí, doncs, "els altres catalans" dels quals va parlar Paco Candel. La formació de la zona de Ponent ha estat històricament esglaonada i diversificada, i s’hi han anat formant els diferents barris que existeixen avui dia. Trobem blocs construïts per iniciativa de les pròpies empreses, que responien a la necessitat d’habitatge dels seus treballadors ("Bloc Bic" o "Bloc Butano" en són un parell d’exemples). Uns altres d’iniciativa privada, potenciats per empreses immobiliàries. I també trobem el fenomen de l’autoconstrucció d’habitatges. Finalment, la iniciativa del govern, amb la promoció d’habitatge social, concentrada en la seva majoria en aquesta zona de la ciutat. Es podria pensar que un augment tan considerable de la població va venir acompanyat per una resposta efectiva per part de les autoritats polítiques, especialment en la instal·lació d’habitatges i serveis. Això no va ser així en el cas de Tarragona. Els inicis d’aquest creixement van ser llavors problemàtics per la gent que va arribar a la ciutat a la recerca de millors condicions de vida. Hi va haver una pèssima planificació urbanística, un aïllament accentuat per la falta de transports públics eficients, una falta de serveis i recursos bàsics (sanitaris i educatius) i la presència de situacions socials precàries que accentuaren l’aïllament vers el centre de Tarragona. Això provoca una estigma que s’ha perpetuat en l’imaginari dels habitants de Tarragona. Arriba un moment (anys 90) que l’Estat espanyol deixa de ser terra emissora d’emigrants per a convertir-se en centre receptor. Es registra una lenta i sostinguda entrada d’immigrants de diversos orígens: Marroc, Amèrica Llatina, Senegal, Gàmbia i Europa de l’Est. Així doncs, amb el territori delimitat, començava la posada en acció. Primer pas, capbussar-se a la zona per trobar vides anònimes disposades a cedir la seva veu. Pel camí de la recerca toca encarar situacions d’allò més inversemblants. Embolics que acaben d’allò més bé, pors, interessos econòmics d’alguns dels possibles participants. Escepticisme força generalitzat a l’hora de reivindicar un món millor vinculada a una considerada resignació. Dificultats de comunicació donades per l’idioma, però també per les diferències culturals. Obstacles atribuïts a relacions de gènere desiguals. També, però, persones disposades a entregar-se, a fer
públiques les seves vides reals i a narrar tot un seguit de fets emergents que urgeix donar a conèixer. Vides fins ara desconegudes que expliquen l’ambivalència de la seva biografia pel fet d’haver deixat lluny d’on són ara l’origen on van néixer. Entre l’allà i l’aquí. L’allà, el seu lloc d’origen i una peça clau en la seva trajectòria. Un allà sovint caracteritzat per unes greus diferències socioeconòmiqes. Un aquí amb la creença de l’existència d’oportunitats per a tothom. Un aquí en forma de paradís el qual pot acabar convertint-se en un infern. Sortosament, però, no sempre. En l’existència simultània de tot migrant, la construcció de la identitat esdevé un desafiament en tota regla. L’aquí i l’allà hi són a diari. La reflexió, però, no només es pot centrar en aquelles persones que en algun moment de la seva vida van decidir deixar el seu lloc d’origen contraposant-lo amb el del seu lloc de destí. I no només són d’aquí per a deixar de ser d’allà. El plantejament no és tan simple. Un discurs pel que es mereix apostar és el que concep la identitat tal i com assenyala Manouff, un producte de tots els elements que l’han configurat mitjançant una dosificació singular que mai és la mateixa en dues persones. Partint, doncs, d’identitats individuals, construïdes socialment, però de caràcter propi. Des d’aquesta peculiaritat parlen tots els participants en el projecte. Es presenten, doncs, històries de persones amb passats, presents i futurs particulars. El treball resultant d’aquest projecte tan enriquidor és una mostra de persones que han volgut participar en el procés i d’aquesta manera mostrar, amb les seves paraules, part de les seves vides i de les seves identitats. No obstant, sense afany d’homogeneïtzar cap col·lectiu. Però sí amb el desig de fer visibles elements que ens puguin servir d’eina per a comprendre la multiplicitats de cares del fet migratori, i en concret a tots aquests i a d’altres ciutadans. Els protagonistes ofereixen les seves narracions perquè tot aquell que ho llegeixi s’hi pugui submergir, amb l’oportunitat també de fer un viatge a la vida de cadascú d’ells. Maria Pallarès Serena
Aníbal y Jacqueline COLOMBIA
Q
ueridos familiares, Esperamos se encuentren bien, pues nosotros estamos felices porque tenemos trabajo y salud, pero siempre les estamos añorando, y añorando nuestro país y nuestra gente y nuestra forma de ser, tan diferente a nuestro país. Aquí la gente es muy seca, muy pocos saludan y hay mucho racismo. Te miran como a un bicho raro, aunque no todos son así, hay gente muy buena y te ayudan sin pedir nada a cambio, como en todas partes; hay gente buena y mala, pero el racismo siempre lo sientes en las miradas de unos cuantos. Hay muchos que te lo dicen en tu cara: -Soy racista, y ¿qué? Vete a tu país. Y eso te duele, porque cuando a Colombia llega un extranjero, es bien recibido y te sientes bien andando con esta persona. También les cuento que hemos puesto una tienda y distribuidora de productos latinos, el mismo negocio que tuve en Colombia tantos años, pero aquí te sientes que vendiendo los productos de tu país, estás ayudando a que las empresas de Colombia y toda Sur América empleen gente y hasta trabajo. Tengo trabajo independiente, como en Colombia, y eso te da tranquilidad ya que no tienes que estar buscando trabajo, así que sólo te sacas lo del sueldo y nadie te está mandando, porque aquí la forma de mandar de algunos jefes te hace llorar de falta de respeto a los demás. Otra cosa que se nota mucho aquí es la falta de creencia en Dios, muchos dicen: -¡Me cago en Dios! Y eso escucharlo de un país que nos llevó la religión católica.... Otra cosa que un latino extraña es que no hay la ley de rebusque: si no tienes trabajo o la ayuda del gobierno, te jodes, porque lo pasas muy mal. Pero la cara buena la ves si puedes salir a pasear. Hay ciudades muy bonitas, con infraestructuras muy buenas como Valencia, ciudad hermosa, la llaman La Ciudad de las Artes y Ciencias, es muy bonito estar allí, lo mismo Zaragoza, Barcelona. Y, si puedes, te das un paseo por países como Francia, Holanda. Todo está muy cerca y los pasajes en avión son muy baratos. Bueno, otro día les cuento algo más. Saludos de Jairo, Khaterine y Brayan. Les queremos mucho. Aníbal y Jacqueline
Chère famille, Nous espérons que vous allez bien. Nous, nous sommes heureux car nous avons du travail et la santé va bien. Mais, vous nous manquez toujours autant et nous sommes nostalgiques de notre pays, de nos compatriotes, de notre manière d’être. Ici tout est si différent de notre pays. Les gens sont très secs, ceux qui nous saluent sont peu nombreux, et il y a beaucoup de racisme. On te regarde comme une bête étrange, même si ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y a en effet des personnes très serviables, qui t’aident sans rien demander en retour. Comme partout, il y a des bons et des mauvais, mais le racisme est quelque chose que tu perçois constamment dans le regard de certains. Nombreux sont ceux qui te le disent en face : "Je suis raciste. Et alors ? Rentre chez toi." Et ça, ça fait mal, d’autant plus qu’en Colombie un étranger est bien accueilli. Là-bas, le fait de marcher aux côtés d’un étranger ne met personne mal à l’aise. Je vous raconte également que nous avons ouvert un magasin au travers duquel nous distribuons des produits latino-américains. Le même genre de magasin que celui que j’ai eu en Colombie pendant des années, à la différence près qu’ici c’est une fierté de vendre les produits de ton pays. Tu as le sentiment, d’aider les entreprises de Colombie et de toute l’Amérique du Sud et je dirais même, de contribuer à créer des emplois. J’ai un statut d’indépendant, tout comme en Colombie, et ceci m’apporte beaucoup de tranquillité car je n’ai pas à chercher de travail. C’est toi qui te fais ton propre salaire et, personne n’est là pour venir te donner des ordres. Ici certains chefs utilisent des méthodes tellement irrespectueuses à l’égard des employés qu’on en viendrait à pleurer. L’absence de foi en Dieu, est ici une autre chose très répandue. Beaucoup disent même : "Me cago en Dios !" Et dire qu’on entend ça dans le pays qui nous a apporté la religion catholique… Autre chose qui est difficile pour un latino-américain, c’est le fait qu’ici la "loi de la débrouille" n’existe pas : si tu n’as ni travail, ni aide gouvernementale, t’es foutu, et tu ne t’en sors pas. Les bons côtés, on les voit lorsque l’on va se promener. Il y a de très jolies villes, avec des infrastructures remarquables, comme c’est le cas de Valence. C’est une ville magnifique, connue comme étant la ville des Arts et des Sciences. C’est très agréable d’être là-bas, et il en va de même pour Saragosse, pour Barcelone. Si tu veux, tu peux même aller faire un tour dans des pays comme la France, ou la Hollande. Les distances sont courtes et les billets d’avions sont très bon marché. Bon, je vous en raconterai plus la prochaine fois. Je vous transmets le bonjour de Jairo, Khaterine et Brayan. On vous aime. Aníbal et Jacqueline
Estimats familiars, Esperem que estigueu bé, nosaltres som feliços perquè tenim feina i salut, però sempre us enyorem i enyorem el nostre país i la nostra gent i la nostra manera de ser, tan diferent al nostre país. Aquí la gent és molt seca, molt pocs saluden i hi ha molt racisme. Et miren com un bitxo raro, encara que no tots són així, hi ha gent molt bona i t’ajuden sense demanar res a canvi, com a tot arreu, hi ha gent bona i dolenta, però el racisme sempre el notes en les mirades d’uns quants . N’hi ha molts que t’ho diuen a la teva cara:- Sóc racista, i què? Vés-te’n al teu país. I això et fa mal perquè quan a Colòmbia hi arriba un estranger, és ben rebut i et sents bé caminant amb aquesta persona. També us explico que hem muntat una botiga i distribuïdora de productes llatins, el mateix negoci que vaig tenir a Colòmbia tants anys, però aquí et sents que venent els productes del teu país estàs ajudant a que les empreses de Colòmbia i tota Sud Amèrica donin feina a la gent. Tinc una feina independent, com a Colòmbia, i això et dóna tranquil·litat, ja que no has d’estar buscant feina, així que només en treus prou per al sou i ningú t’està manant, perquè aquí la manera de manar d’alguns caps et fa plorar de manca de respecte als altres. Una altra cosa que es nota molt aquí és la falta de creença en Déu, molts diuen: - Me cago en Déu! I això sentir-ho d’un país que ens va portar la religió catòlica. Una altra cosa que un llatí troba a faltar és que no hi ha la llei de rebusques, si no tens feina o l’ajuda del govern ... et fots perquè ho passes molt malament. Però la cara bona la veus si pots sortir a passejar. Hi ha ciutats molt boniques, amb infraestructures molt bones com València, bella ciutat, l’anomenen La Ciutat de les Arts i Ciències, és molt bonic ser-hi, el mateix a Saragossa, Barcelona. I, si pots, fas un passeig per països com França, Holanda. Tot està molt a prop i els bitllets d’avió són molt barats. Bé, un altre dia us explico alguna cosa més. Salutacions d’en Jairo, Khaterine i Brayan. Us estimem molt. Aníbal i Jacqueline
Aníbal y Jacqueline
Un local grande y espacioso con mesas distribuidas como para poder sentarse y tomar algo, ya sea de beber o picotear, algún plato sencillo de preparar. Con frigoríficos llenos de bebidas y con comida congelada. Un mostrador de género fresco escasamente lleno. En el fondo, unas estanterías llenas de productos para cocinar, unas cuantas variedades de ron y utensilios para cocinar colocados encima de todo. Casi nada de productos provenientes de España. En el fondo de todo, sin que se vea, una pequeña cocina y una oficina. Estamos en la tienda de productos latinos que regentan Jacqueline y Aníbal. Él, el propietario, ella la dependienta. "Super Mundial": uno de los frutos obtenidos por haber emigrado de Colombia. Un fruto, sin embargo, muy costoso de sostener y parcialmente estropeado por la situación económica actual. Sin embargo, aporta cierta convicción al hecho de haber sacado adelante la idea de alzar el vuelo del país. Y todavía más, cuando de rebote se puede dar apoyo y ayuda a tu tierra de origen. El paso, sin embargo, no siempre se vive con seguridad. La añoranza no siempre acompaña a favor y las diferencias sociales y culturales tienen su proceso para ir colocándose y así poder convivir con ellas. La ambivalencia es de forma constante y las comparaciones entre aquello de allí y aquello de aquí inevitables. El gran reto es encontrar el equilibrio. Disfrutar de la felicidad es posible, a pesar de no estar físicamente donde uno desea.
Un grand local spacieux avec des tables placées de telle manière que l’on puisse s’assoir et consommer quelque chose, que ce soit une boisson ou un petit plat tout simple à préparer. Avec des réfrigérateurs remplis de boissons et de plats congelés. Un comptoir plein de produits frais. Au fond, des étagères pleines de produits pour faire la cuisine, plusieurs variétés de rhum et des ustensiles pour faire la cuisine placés encore au-dessus. Presqu’aucun produit ne vient d’Espagne. Bien au fond, sans qu’on la voie, il y a une petite cuisine et un bureau. Nous sommes dans le magasin de produits originaires d’Amérique Latine qu’administrent Jacqueline et Aníbal. Lui, c’est le propriétaire, elle la gérante. "Super Mundial " est l’un des fruits de leur émigration depuis la Colombie. Un fruit qui est cependant très couteux à entretenir et qui se trouve en partie abîmé par la situation économique actuelle. Toutefois, il illustre une certaine conviction de la nécessité de franchir le pas et de s’être envolé du pays. Et encore plus, si par la même occasion, on peut apporter un soutien et une aide à son pays. Cependant, ce grand pas ne se vit pas toujours dans la sécurité. La nostalgie du pays n’aide pas toujours, et les différences sociales et culturelles mettent du temps à s’accommoder afin de pouvoir vivre avec. L’ambivalence est toujours présente et les comparaisons entre ce qu’il y a là-bas et ce qu’il y a ici sont inévitables. Le grand défi est de trouver l’équilibre. Et c’est à ce moment-là que jouir du bonheur est possible, bien que l’on ne soit pas physiquement où on le souhaite.
Un local gran i espaiós amb taules distribuïdes per poder seure i prendre alguna cosa, ja sigui de beure o picotejar algun plat senzill de preparar. Amb frigorífics plens de begudes i amb menjar congelat. Un mostrador de gènere fresc escassament ple. Al fons, unes prestatgeries plenes de productes per cuinar, unes quantes varietats de rom i utensilis per a cuinar col·locats dalt de tot. Gairebé cap producte d’Espanya. Al fons de tot, sense que es vegi, una petita cuina i una oficina. Som a la botiga de productes llatins que regenten la Jacqueline i l’Aníbal. Ell propietari, ella dependenta. El Mundial: un dels fruits obtinguts per haver emigrat de Colòmbia. Un fruit, però, molt costós de sostenir i malmès per la situació econòmica actual. Tot i això, aporta certa convicció al fet d’haver tirat endavant la idea de partir del país. I encara més, quan de retruc es pot donar suport i ajut a la teva terra d’origen. El pas, però, no sempre es viu amb seguretat. L’enyorança no sempre acompanya i les diferències socials i culturals tenen el seu procés per anar-s’hi col·locant i poder conviure-hi. L’ambivalència hi és de forma constant i les comparacions entre allò d’allà i allò d’aquí, inevitables. En trobar l’equilibri és el gran repte. És llavors, també, quan gaudir de la felicitat és possible, tot i no estar físicament on un desitja.
Faiaz PAKISTÁN
E
sta carta es para mis hermanos. Quiero hablaros del problema de los extranjeros que viven en Europa. Cuando un extranjero viene a Europa piensa que va a vivir mucho mejor aquí que en su país, pero cuando llega aquí, tiene muchos problemas que él no esperaba. Y no es fácil venir a Europa. Lo primero que busca es una casa para vivir. Si tiene a alguien de su familia, bien, pero si no, tendrá que pasar meses o años en la calle hasta que encuentre un lugar donde vivir. El segundo problema es el trabajo. Y sin papeles, no hay trabajo. En España, para tener los papeles, hay que esperar tres años y medio, según la ley actual. Si tienes suerte, tendrás los papeles y después podrás buscar trabajo. Si no encuentras trabajo (y los pakistaníes no hacen nada malo, como robar), tendrás que irte a dormir sin comer. Es muy difícil vivir fuera de nuestro país porque si pasa algo, no tenemos a nuestras familias. Los que vivimos aquí, pasamos más tiempo en España que en Pakistán. Para mí, España es mi segundo país. Lo respeto y lo quiero como a mí propio país. Ningún extranjero viene a amargar la vida de la gente de Europa, sólo venimos a buscar una vida mejor, porque todo el mundo tiene derecho a vivir mejor. Faiaz
Je dédie cette lettre à mes frères. À propos des étrangers qui souhaitent s’installer en Europe : lorsqu’un étranger vient en Europe, il pense qu’il va y vivre beaucoup mieux que dans son pays d’origine, mais à son arrivée il est confronté à de nombreux problèmes auxquels il ne s’attendait pas. Sans compter que ce n’est pas simple d’arriver jusqu’en Europe. La première chose qu’il cherche, c’est une maison pour s’installer. S’il peut compter sur des membres de sa famille, ça va. Mais dans le cas contraire, il va devoir passer des mois, voir des années dans la rue, jusqu’à ce qu’il trouve un toit sous lequel s’installer. Le deuxième problème, c’est le travail. Car sans papiers, il n’y a pas de travail qui vaille. En Espagne, selon la loi actuellement en vigueur, il faut attendre trois ans et demi pour obtenir des papiers. Si tu as de la chance, tu obtiendras des papiers et ensuite, tu pourras chercher du travail. Si tu ne trouves pas de travail (ce qui arrive, et pourtant les pakistanais ne font rien de mal, ils ne volent pas, par exemple), il te faudra aller te coucher sans manger. C’est très difficile d’être à l’étranger car, s’il arrive quelque chose, on ne peut pas compter sur le soutien de la famille. Ceux qui vivent ici ont passé plus de temps en Espagne qu’au Pakistan. Pour moi, l’Espagne est ma seconde patrie. Je l’aime et je la respecte comme mon propre pays. Les étrangers ne viennent pas pour embêter les Européens. Nous sommes simplement à la recherche d’une vie meilleure, car tout le monde a le droit de prétendre à vivre mieux. Faiaz
Aquesta carta és per als meus germans. Els estrangers tenen problemes per viure a Europa; quan un estranger ve a Europa pensa que viurà molt millor aquí que al seu país, però quan arriba aquí, té molts problemes que no s’esperava. I no és fàcil arribar a Europa. La primera cosa que busca és una casa per viure. Si hi té algú de la família, bé, però si no, ha de passar mesos o anys al carrer fins que no troba un lloc on viure. El segon problema és la feina. I, sense papers, no hi ha feina. A Espanya, per tenir els papers, s’ha d’esperar tres anys i mig, segons la llei actual. Amb sort, obtindràs els papers i després podràs buscar feina. Si no hi ha feina (i els pakistanesos no fan res dolent, com robar), has de dormir sense menjar. És molt difícil fora del nostre país, perquè, si passa alguna cosa, no tenim les nostres famílies. Els que vivim aquí, passem més temps a Espanya que al Pakistan. Per a mi, Espanya és el meu segon país. El respecto i l’estimo com el meu país. Cap estranger ve a amargar la vida de la gent d’Europa, només venim a buscar una vida millor, perquè tothom té dret a viure millor. Faiaz
Faiaz
Palabras pronunciadas en nombre de Dios; que éste otorgue bienestar a todos los hermanos. Alegato de un embajador. Palabras llenas de experiencias que permiten lanzar un mensaje con total conocimiento de causa. Palabras vividas y sensibilizadas. Palabras comunicadoras de una realidad bien cierta. En conjunto, una circular para todos los hermanos y hermanas, para todas aquellas personas dispuestas a marcharse de su país para ir a Europa. Una Europa quizás mejor que el país que se dejará. Pero sólo quizás. La paloma mensajera quiere manifestar que aquello esperado no es nada fácil de conseguir en el deseado paraíso. Asume la misión de hacer saber a todos sus paisanos las dificultades de poder cumplir el sueño. Él lo está realizando, a paso de tortuga, poco a poco, con perseverancia y desde hace años. La paloma mensajera pretende que la población de Europa también quede enterada de las situaciones por las cuales tienen que pasar algunas personas. Es duro abandonar la propia tierra, porque todo aquello que esta nueva tierra te puede ofrecer está lleno de dificultades. Y es que el sueño anhelado pasa por conseguir vivir de una manera digna. Y el poder vivir dignamente es un derecho universal. El embajador, ciudadano en su país natal, no pierde de vista el lugar de donde partió. Y también, el embajador, ciudadano en el país en donde reside, sabe respetar y amar el nuevo lugar donde se encuentra.
Des mots prononcés au nom de Dieu, pour que celui-ci accorde un peu de bien-être à tous ses frères. Plaidoyer d’un ambassadeur. Des mots emplis d’expériences qui permettent de transmettre un message en toute connaissance de cause. Des mots vécus et pleins d’émotions. Des mots qui expriment une réalité authentique. Dans le fond, c’est une lettre pour tous ces frères et ces sœurs, pour tous ceux qui sont prêts à quitter leur pays pour l’Europe. Une Europe peut-être mieux que le pays qu’ils laissent derrière eux. Enfin, peut-être seulement. La colombe messagère veut exprimer qu’il n’est pas si facile d’atteindre ce qui était tant attendu dans ce paradis désiré. Elle a pour mission de faire connaître à tous ses compatriotes les difficultés qui freinent la réalisation de son rêve. Lui, il parvient à le réaliser, à pas de tortue, petit à petit, avec persévérance et depuis plusieurs années maintenant. La colombe messagère prétend que la population européenne aussi est consciente des situations que certaines personnes doivent subir. Il est difficile d’abandonner sa terre d’origine, car tout ce que cette nouvelle terre peut t’offrir est parsemé de difficultés. Et c’est ainsi que ce rêve ardemment désiré tente de vivre avec dignité. Or, vivre dignement est un droit universel. Cet ambassadeur, citoyen de son pays natal, ne perd pas de vue la terre qu’il a quittée. De plus, l’ambassadeur, citoyen du pays où il vit maintenant, sait respecter et aimer cette nouvelle terre où il se trouve.
Paraules lliurades en nom de Déu; que aquest atorgui benaurança a tots els germans. Escrit d’un ambaixador. Mots plens d’experiències que permeten llençar un missatge amb total coneixement de causa. Paraules viscudes i sensibilitzades. Paraules comunicadores d’una realitat ben certa. En conjunt, una circular per a tots els germans i germanes, per a totes aquelles persones en disposició de marxar del seu país per anar a Europa. Una Europa potser millor que el país que es deixarà. Però només potser. El colom missatger vol manifestar que allò esperat no és gens fàcil d’aconseguir en el desitjat paradís. Assumeix la missió de fer saber a tots els seus paisans les dificultats de poder complir el somni. Ell l’està realitzant, a pas de tortuga, poc a poc, amb perseverança i des de fa anys. El colom missatger pretén que la població d’Europa també quedi assabentada de la situacions per les quals han de passar algunes persones. És dur abandonar la pròpia terra, perquè tot allò que aquesta et pot oferir és ple de dificultats. I és que el somni a complir passa per aconseguir viure d’una manera digna. I el poder viure dignament és un dret universal. L’ambaixador, ciutadà d’on ve, no perd de vista el lloc d’on va partir. I també, l’ambaixador, ciutadà d’on és, sap respectar i estimar el nou indret on es troba.
Maria RUMANIA
Mon cœur de grand-mère, C’est avec les larmes aux yeux que je t’écris ces quelques lignes, parce que j’ai quitté mon pays et j’y ai laissé ma grand-mère, en pensant ne jamais pouvoir la revoir. Je suis venue en Espagne à la recherche d’une vie meilleure, mais je me suis trompée, je n’y suis pas parvenue. Je suis partie de mon pays pour travailler et gagner de l’argent, pour mener une vie satisfaisante.
Àvia del meu cor, Amb llàgrimes als ulls t’escric aquestes línies, perquè me n’he anat de la meva terra i he deixat enrere la meva àvia, partint amb el pensament que mai més tornarem a veure’ns. He vingut a Espanya per tenir una vida millor, però m’he equivocat perquè no ho he aconseguit. He sortit per treballar i guanyar diners, per tenir una bona vida.
Je me sens seule en Espagne, la tristesse marque mon visage, car j’ai quitté ma famille et ma grand-mère, que j’aime tant. J’avais onze ans lorsque j’ai perdu mon père, et ma grand-mère a été pour moi une seconde mère. Je ne peux pas dire que je vais rester indéfiniment en Espagne, car j’aimerais vivre dans mon village avec ma famille qui est restée là-bas... avec ma mère et ma grandmère. Dans ce pays il n’y a pas de travail, et c’est quelque chose qui m’inquiète beaucoup. De Roumanie en Espagne, le chemin a été très long. Je pensais à ce que j’allais y trouver, je m’imaginais comment serait ce pays. À l’arrivée j’étais perdue et je me disais à moi-même : "Mon Dieu, que vais-je faire ? Où aller ?" Mais finalement une personne au cœur d’or m’a recueillie dans un parking après deux nuits de voyage.
A Espanya em sento sola, amb molta tristesa al rostre, perquè he deixat la meva família i la meva àvia, que m’estimo molt. Em vaig quedar òrfena del meu pare amb 11 anys i per a mi la meva àvia va ser com una altra mare. No puc dir que em quedo definitivament a Espanya, perquè m’agradaria viure al meu poble amb la meva família, que es va quedar... amb la meva mare i amb la meva àvia. En aquest país, em preocupa molt la feina, perquè no se’n troba. Venint de Romania a Espanya, el camí va ser molt llarg, pensant en què em trobaria i el lloc on arribaria. Quan vaig arribar, vaig donar un tomb i em deia a mi mateixa:-Déu meu! Què faig? On vaig? Però, al final, una persona amb una gran ànima em va recollir a l’aparcament després de dues nits de viatge.
Je suis arrivée seule, sans ma famille, mais deux ans plus tard, j’ai pu faire venir mes enfants. Nous sommes des étrangers, les gens nous lancent des regards mauvais et personne ne veut rien savoir de nous. Ils ne savent pas que j’ai quitté mon pays dans l’espoir d’une vie meilleure. Je pense toujours à la Roumanie, à mon village, à mon pays et à son herbe verte, à ses fleurs, à ma maison aux pieds des montagnes d’où je peux voir le mouvement des arbres et écouter le chant des oiseaux. Et vivre avec mes voisins.
Vaig arribar sola, sense la meva família, però després de dos anys, he pogut portar els meus fills. Nosaltres som estrangers, la gent ens mira malament i ningú vol saber res de nosaltres. I no saben que vaig deixar la meva terra per tenir una vida millor. Penso sempre en Romania, en el meu poble, en la meva terra amb l’herba verda, amb flors i amb casa meva sota les muntanyes... mirant com es mouen els arbres i escoltant com canten els ocells. I conviure amb els meus veïns.
Mon village me manque beaucoup, et sa délicieuse cuisine aussi. J’adore mon pays et ma grand-mère, et je demande à Dieu de m’aider à les retrouver, à pouvoir l’accompagner le jour de sa mort, à la conduire le long de son dernier chemin. Je t’aime.
Trobo molt a faltar el meu poble i el bon menjar d’allà. Estimo molt la meva terra i la meva àvia, i vull que Déu m’ajudi a retrobar-nos, i poder acompanyar-la el dia que es mori, conduint-la pel seu últim camí. T’estimo molt. Maria
Maria
C
orazón de abuela, con lágrimas en los ojos escribo estas líneas, porque me he ido de mi tierra y he dejado atrás a mi abuela, partiendo con el pensamiento de que nunca más volveremos a vernos. He venido a España para tener una vida mejor, pero me he equivocado porque no lo he conseguido. He salido de mi país para trabajar y ganar dinero, para tener una buena vida. Me siento sola en España, con mucha tristeza en el rostro, porque he dejado a mi familia y a mi abuela, a los que quiero mucho. Me quedé huérfana de mi padre con 11 años y para mí mi abuela fue como otra madre. No puedo decir que me quedo definitivamente en España, porque me gustaría vivir en mi pueblo con mi familia, que se quedó allí... con mi madre y con mi abuela. En este país no hay trabajo y es algo que me preocupa mucho. Viniendo de Rumania a España, el camino fue muy largo. Iba pensando en lo que me iba a encontrar y en cómo sería el lugar al que iba. Cuando llegué, di muchas vueltas y me decía a mí misma: - Dios ¿Qué hago? ¿Dónde voy? Pero, al final, una persona con un gran corazón me recogió en un aparcamiento después de dos noches de viaje. Llegué sola, sin mi familia, pero después de dos años, he podido traer a mis hijos. Nosotros somos extranjeros, la gente nos mira mal y nadie quiere saber nada de nosotros. Y no saben que dejé mi tierra para tener una vida mejor. Yo siempre pienso en Rumania, en mi pueblo, en mi tierra con la hierba verde, con flores y con mi casa al pie de las montañas... mirando cómo se mueven los árboles y escuchando cómo cantan los pájaros. Y vivir con mis vecinos. Echo mucho de menos mi pueblo y la buena comida de allí. Quiero mucho a mi tierra, a mi abuela y quiero que Dios me ayude a volver a encontrarnos, y a poder acompañarla el día en que se muera, conduciéndola por su último camino. Te quiero mucho. Maria
Maria
Una vida mejor. Una vida mejor para una misma y para sus hijos: motivo para dejar la tierra que verdaderamente quieres. Gran tristeza e intenso amor se desprenden de las palabras de María. Y una mirada llena de nostalgia. Añoranza de todo lo que dejó en su pueblo de Rumania. Desde su abuela (como una madre), pasando por las flores y los cantos de los pájaros, hasta su casa en las montañas que tuvo que dejar. A pesar del gran pesar, el coraje le permitió hacer el gran esfuerzo para emprender el trayecto hacia otra vida. Le quedan los recuerdos de todo lo que decidió dejar de forma más o menos voluntaria. Y todo, con grandes dificultades para poder pensarlo sin que la añoranza se vea cubierta de profunda tristeza. El sufrimiento que tuvo que pasar en su camino migratorio y la resignación que le pesa día tras día le privan de no hacerlo de ninguna otra manera. ¿Una vida mejor? Llegar al objetivo está siendo muy complicado. El destino escogido no está recibiendo a María tal como soñaba unos kilómetros hacia allá. Emerge constantemente la reflexión de haber cometido un error. El temor de no poder volver a ver nunca más a la queridísima abuela. María, con el corazón dividido, procura convivir con las dos historias de su vida. Sin saber cuál le pesa más. Una vida en Rumania y una vida en España. Allí, su madre, su apreciada abuela, el resto de su familia, sus vecinos, su pueblo, parte de los elementos que hacen que la vida tenga sentido vivirla. Aquí, sujeta a la fuerza que le dan sus hijos e imaginando la vida que pueden proyectar. Imaginárselo le da fuerza. Sus hijos, por quien vive, de quien vela y cuida. María, una fortaleza con lágrimas en los ojos con todo el derecho a ser feliz.
Une vie meilleure. Une vie meilleure pour soi et ses enfants : un motif de poids pour quitter la terre que l’on aime véritablement. Une grande tristesse et un amour intense se dégagent des paroles de María. Et un regard plein de nostalgie. La nostalgie de tout ce qu’elle a laissé dans son village de Roumanie. De sa grand-mère (comme une mère), en passant par les fleurs et les chants des oiseaux, à sa maison dans les montagnes. Malgré ce poids, le courage lui a permis de faire l’effort nécessaire pour commencer le trajet vers une nouvelle vie. Restent les souvenirs de tout ce qu’elle a décidé de quitter de façon plus ou moins volontaire. Et tout cela avec de grandes difficultés pour l’évoquer sans que la nostalgie ne se double d’une profonde tristesse. La souffrance de ce qu’elle a vécu sur le chemin de la migration et la résignation qui lui pèse jour après jour empêchent tout autre sentiment. Une vie meilleure ? Atteindre cet objectif s’avère très difficile. La destination choisie n’accueille pas María comme elle le rêvait à des kilomètres de là. La pensée d’avoir commis une erreur émerge constamment, tout comme la crainte de ne jamais revoir la grand-mère tant aimée. María, au cœur divisé, tente de faire cohabiter les deux histoires de sa vie, sans savoir laquelle lui pèse le plus. Une vie en Roumanie et une vie en Espagne. Là-bas, sa mère, sa grand-mère chérie, le reste de sa famille, ses voisins, son village, une partie des éléments qui donnent un sens à sa vie. Ici, soutenue par la force que lui donnent ses enfants et imaginant la vie qu’ils peuvent projeter. Ces rêves lui donnent la force nécessaire. Ses enfants, pour qui elle vit, qu’elle soigne et protège. María, la force aux yeux mouillés de larmes, mérite de trouver le bonheur.
Una vida millor. Una vida millor per a una mateixa i els seus fills: motiu per a deixar la terra que veritablement estimes. Gran tristesa i intens amor es desprenen de les paraules de la Maria. I una mirada plena de nostàlgia. Enyorança de tot el que va deixar al seu poble de Romania. Des de la seva àvia (com una mare), passant per les flors i els cants dels ocells, fins la seva casa a les muntanyes. Tot i el gran pesar, el coratge li va permetre fer el gran esforç per a emprendre el trajecte cap a una altra vida. Li queden els records de tot el que va decidir deixar de forma més o menys voluntària. I amb grans dificultats per poder-hi pensar sense que l’enyor es vegi cobert de profunda tristesa. El patiment que va haver de passar en el seu camí migratori i la resignació que li pesa dia rere dia li priven de fer-ho de cap altra manera. Una vida millor? Arribar a l’objectiu està essent molt complicat. El destí escollit no està rebent la Maria tal i com somiava uns quilòmetres enllà. Emergeix constantment la reflexió d’haver comès un error. La temença de no poder tornar a veure mai més l’estimadíssima àvia. La Maria, amb el cor dividit, procura conviure amb les dues històries de la seva vida. Sense saber quina li pesa més. Una vida a Romania i una vida a Espanya. Allà, la seva mare, la seva apreciada àvia, la resta de la seva família, els seus veïns, el seu poble, part dels elements que fan que la vida tingui sentit viure-la. Aquí, subjecta a la força que li donen els seus fills i imaginant la vida que poden projectar-hi. Imaginar-s’ho li dóna força. Els seus fills, per qui viu, de qui vetlla i té cura. La Maria, una fortalesa amb llàgrimes als ulls amb tot el dret de ser feliç.
ALI SENEGAL
Q
uerido hermano, hace tres años que estoy aquí, en España. En este país la gente es muy buena. Vivo en la provincia de Tarragona, donde todo el mundo habla catalán. Es una lengua difícil, hay que aprender en la escuela. Europa no es como yo creía. Es muy difícil, sobre todo si no tienes papeles. Encontrar trabajo es muy difícil. Nos ganamos la vida con la ayuda del gran Dios. Yo quiero volver a mi país con trabajo. En Europa la vida es muy difícil, sobre todo encontrar dónde dormir los últimos meses. Por últimas palabras, no te aconsejo emigrar: correrás el riesgo de perder tu vida para nada. De tu hermano, Ali
Cher frère, Voilà trois ans que je suis ici, en Espagne. C’est un pays où les gens sont très gentils. Je vis dans la province de Tarragone, un endroit où tout le monde parle le Catalan. C’est une langue difficile, qu’il faut apprendre à l’école pour pouvoir la manier. Mais l’Europe n’est pas comme je me l’imaginais. C’est très difficile, surtout si tu n’as pas de papiers. Pour trouver du travail, c’est très difficile. Nous parvenons à gagner notre vie, avec l’aide du Dieu tout puissant. Mais je souhaite rentrer au pays, avec du travail. En Europe, ces derniers mois ont été très difficiles, surtout pour trouver un endroit où dormir. Je terminerai en te conseillant de ne pas émigrer : tu mettrais ta vie en péril pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine. Ton frère, Ali
Estimat germà, Fa tres anys que sóc aquí, a Espanya, en aquest país la gent és molt bona. Visc a la província de Tarragona, on tothom parla català. És una llengua difícil, cal aprendre-la a l’escola. Europa no és com jo creia. És molt difícil, sobretot si no tens papers. Per trobar feina: molt difícil. Ens guanyem la vida amb l’ajuda del gran Déu. Vull tornar al meu país amb feina. A Europa és molt difícil, sobretot trobar on dormir els últims mesos. Per últim, no t’aconsello emigrar; correràs el risc de perdre-hi la vida per no res. Del teu germà, Ali
ALI
Pocas palabras dirigidas a un hermano. Pocas pero sensatas. Palabras duras. Palabras reales. El desencanto de Alí tendría que poder servirle de ejemplo a su hermano, quién desde la distancia quizás va alimentando el sueño de emigrar de su país, Senegal. Emigrar: un proyecto que cuenta con toda una serie de adeptos no siempre plenamente conocedores ni conscientes de aquello que les deparará el viaje. No vale la pena arriesgar tanto "para perder la vida para nada". Vida sólo hay una y no se puede dilapidar. Un Alí desanimado y cansado. La falta de vitalidad no le permite escoger un camino que le aporte aquello que vino a buscar a España. Por el camino encuentra piedra tras piedra. La ruta está resultando un sinfín de peripecias para encontrar trabajo, para encontrar casa, para hacerse entender y entender la lengua del lugar de destino. Doble dificultad cuando en un sitio se habla más de una lengua. Doble dificultad cuando vives en una situación adversa. No obstante, doble oportunidad cuando la situación te ha sido favorable. Alí se enfrenta a una dura situación. Alí ha gastado gran parte de la energía que tenía preparada y que puso en la maleta en su Senegal natal. El senegalés tiene la mirada fatigada, no en vano. Ahora proyecta su futuro fuera de España, y para ser más precisos, allí de donde se marchó. Volvería al punto de partida después de haber estado viajando y consumiendo fuerzas por diferentes lugares de Europa. Pero "no se puede seguir perdiendo la vida para nada".
Peu de mots ici adressés à un frère. Peu mais si sensés. Des mots durs. Des mots vrais. La désillusion d’Ali devrait pouvoir servir d’exemple à son frère, qui depuis la distance est peut-être en train d’alimenter le rêve d’émigrer de son pays, le Sénégal. Emigrer : un projet qui regroupe toute une série d’adeptes, qui ne sont pas toujours connaisseurs ni conscients de ce que le voyage leur réservera. Ça ne vaut pas la peine de risquer tant "pour perdre la vie pour rien". On n’a qu’une vie et on ne peut pas la gâcher. Un Ali sans motivation et fatigué. Le manque de vitalité ne lui permet pas de prendre un chemin qui lui apporte ce qu’il est venu chercher en Espagne. Sur son chemin, il trouve des pierres les unes après les autres. C’est une route semée d’embûches pour trouver du travail, une maison, pour se faire comprendre et comprendre la langue du lieu d’arrivée. C’est doublement plus difficile quand on parle plus d’une langue dans un endroit. C’est doublement plus difficile quand nous vivons en terrain hostile. Cependant, c’est une double opportunité quand la situation nous a été favorable. Ali est confronté à une situation très dure. Ali a usé une grande partie de l’énergie qu’il avait préparée et qu’il a mise dans sa valise, dans son Sénégal natal. Le sénégalais a le regard fatigué, et ce n’est pas en vain. Maintenant, il projette son futur en dehors de l’Espagne, et pour être plus précis, là-bas, d’où il est parti. Il retournerait au point de départ, après avoir voyagé et épuisé ses forces dans différents endroits d’Europe. Mais "on ne peut pas continuer à perdre la vie pour rien".
Poques paraules dirigides a un germà. Poques però sensates. Paraules dures. Paraules reals. El desencís de l’Alí hauria de poder servir-li d’exemple al seu germà, qui des de la distància potser va alimentant el somni d’emigrar del seu país, Senegal. Emigrar: projecte amb tot un seguit d’adeptes no sempre plenament coneixedors ni conscients d’allò que els depararà el viatge. No val la pena arriscar tant com per perdre-hi la vida per res. De vida només n’hi ha una i no es pot dilapidar. Un Alí desanimat i cansat. Amb una manca de vitalitat que no li permet escollir un camí que li aporti allò que va venir a buscar a Espanya. Pel camí ensopega amb una pedra rere l’altra. La ruta està sent un seguit de grans peripècies per trobar feina, grans peripècies per trobar casa, grans peripècies per fer-se entendre i entendre la llengua del lloc de destí. Doble dificultat quan en un lloc s’hi parla més d’una llengua. Doble dificultat quan vius en una situació adversa. No obstant, doble oportunitat quan la situació t’ha estat favorable. L’Alí té una situació dura. L’Alí ha gastat gran part de l’energia que tenia preparada i que va posar a la maleta al seu Senegal natal. El senegalès té no en va la mirada fatigada. Ara projecta el seu futur fora d’Espanya, i per ser més precisos, el projecta a allà d’on va marxar. Tornaria al punt des d’on va partir després d’haver estat repartint i consumint forces per diferents indrets d’Europa. Però no es pot seguir perdent la vida per res.
Zhora ALGERIA
M
i querida abuela que no llegué a conocer: Me llamo Zohra Lagrouh Chenquiti, tengo 48 años, nací en Mascara, en Argelia. Llegué a España el 18 de diciembre de 1980 para pasar 15 días de vacaciones. El problema empieza a los tres meses de mi estancia en España por parte de la familia de mi ex marido, después él, por los celos hacia mí, los malos tratos… Lo pasé muy mal, sufría mucho, etc... Tenía tres hijos muy pequeños, luché mucho y he aprendido mucho, estaba sola, sin familia, pero gracias a Dios, he salido adelante sin parar de luchar y trabajar mucho para sacar a mis hijos adelante. Muchas veces he mirado al cielo o al mar para pedirles ayuda a mis padres, para que me ayuden porque lo estoy pasando muy mal. Sobre todo a mi madre, que no la tenía a mi lado cuando estaba embarazada o también cuando estaba enferma en cama, la necesitaba. Al cabo de once años con él, llegó la separación. Entonces la mayor tenía diez años, la mediana nueve y el pequeño tenía siete. Yo siempre he luchado mucho para sacar a mis tres hijos adelante, y sola, de madrugada, de mañana, de día, de tarde, de noche,... sin parar. Al cabo de dos años separada, conocí a mi marido, con quien vivo hoy en día. Se llama Juan, me quiere mucho, me da vida, me da confianza, me hace feliz, me respeta, me trata como a una persona, me trata bien, me hace reír, me hace olvidar todo lo que pasé antes. Tengo dos hijas preciosas con él, una tiene trece años y la pequeña tiene seis años. La de trece años se llama Catherine y la pequeña Magnia. A la pequeña le puse Magnia como su abuela materna, mi madre. Fue idea de mi marido, de ponerle este nombre en su honor. Fueron sus palabras y yo, cada vez que llamo a mi hija Magnia, me acuerdo de mi mamá, pobrecita. Cada noche hablo con ellos (mis padres), aunque no puedo tocarlos, sé que están conmigo, miro al cielo y veo estrellas que brillan, son ellos que están en el cielo. Dios me ha enseñado cómo luchar y valorar la vida. Firmado, Zohra
Ma chère grand-mère que je n’ai jamais connue, Je m’appelle Zohra Lagrouh Chenquiti, j’ai 48 ans, et je suis née en Algérie, à Mascara. Je suis arrivée en Espagne le 18 décembre 1980 pour y passer 15 jours de vacances. Le problème a commencé trois mois après mon arrivée en Espagne, de la part de la famille de mon ex-mari, puis de mon ex-mari lui-même, avec ses crises de jalousie, la maltraitance... Ça a été très dur, j’ai beaucoup souffert. J’avais trois jeunes enfants, je me suis beaucoup battue et j’ai beaucoup appris. J’étais seule, sans famille, mais grâce à Dieu je m’en suis sortie sans cesser de me battre et de travailler dur pour mes enfants. Je me suis souvent adressée au ciel ou à la mer pour demander l’aide de mes parents, car j’ai traversé des moments très difficiles. Surtout l’aide de ma mère, qui n’était pas à mes côtés lorsque j’étais enceinte ou alitée, et que j’avais besoin d’elle. Après onze ans avec lui, je me suis séparée. L’aînée avait alors dix ans, la cadette neuf ans et le plus petit, sept ans. Je me suis toujours battue pour que mes enfants s’en sortent, seule, au petit matin, toute la journée, le soir, la nuit... sans arrêt. Deux ans après ma séparation, j’ai rencontré mon mari, avec qui je vis aujourd’hui. Il s’appelle Juan, il m’aime énormément, il me redonne goût à la vie, il me donne confiance en moi, il me rend heureuse, il me respecte, il me traite comme une personne, il s’occupe bien de moi, il me fait rire, il me fait oublier ce qui s’est passé avant. J’ai deux superbes filles avec lui, l’une a treize ans et la plus petite, six ans. Celle de treize ans s’appelle Catherine, et la petite, Magnia. La petite Magnia porte le nom de sa grand-mère maternelle, ma mère. C’était l’idée de mon mari, de lui donner ce nom en son honneur. C’est ce qu’il a dit, et moi, chaque fois que j’appelle ma fille Magnia, je me souviens de ma pauvre maman. Tous les soirs je parle à mes parents, même si je ne peux pas les toucher je sais qu’ils sont avec moi, je regarde le ciel et je vois briller les étoiles, ce sont eux qui sont dans le ciel. Dieu m’a appris à me battre et à apprécier la vie. Signé, Zohra
Estimada àvia que no vaig arribar a conèixer, Em dic Zohra Lagrouh Chenquiti, tinc 48 anys, sóc nascuda a Algèria "màscara". Vaig arribar a Espanya el 18 de desembre de 1980 per passar 15 dies de vacances. El problema va començar als cap de tres mesos de ser a Espanya, per part de la família del meu ex marit, després per part d’ell, per la seva gelosia, els maltractaments, ho vaig passar molt malament, patia molt,.. Tenia tres fills molt petits, vaig lluitar molt i he après molt, estava sola, sense família, però gràcies a Déu, he tirat endavant sense parar de lluitar i treballar molt per tirar els meus fills endavant. Moltes vegades he mirat al cel o al mar per demanar ajuda als meus pares, perquè m’ajudin perquè ho estic passant molt malament. Sobretot a la meva mare, que no la tenia al meu costat quan estava embarassada o també quan estava malalta al llit, la necessitava. Al cap d’onze anys amb ell, va arribar la separació, llavors la gran tenia deu anys, la mitjana nou i el petit tenia 7 anys. Jo sempre lluitant molt per tirar els tres fills endavant, i sola, de matinada, de matí, de dia, de tarda, de nit, ... sense parar. Després de dos anys separada, vaig conèixer el meu actual marit, amb qui convisc fins a dia d’avui. Es diu Juan, m’estima molt, em dóna vida, confiança, em fa feliç, em respecta, em tracta com una persona, em tracta bé, em fa riure, em fa oblidar tot el que vaig passar abans. Tinc dues filles precioses amb ell, una té tretze anys i la petita en té sis. La de tretze anys es diu Catherine i la petita Magnia. A la petita li vam posar Magnia com la seva àvia materna, ma mare. Va ser idea del meu marit, de posar-li aquest nom en honor seu. Van ser les seves paraules i jo, cada vegada que crido la meva filla Magnia, recordo la meva mare, pobreta. Cada nit parlo amb ells (els meus pares), no puc tocar-los, però estan amb mi, miro al cel i veig estrelles que brillen, són ells que estan al cel. Déu m’ha ensenyat com lluitar i valorar la vida. Signat, Zohra
Zohra Esta mujer de orígenes argelinos dejó el país marcado por un pasado histórico difícil, fuertemente maltratado por toda una serie de duras represiones.Y aunque parte de la población argelina apostaba y apostaría más adelante por marcharse del país escogiendo como posible destino Francia, no fue el caso de Zohra. Dejó atrás su país de origen, Argelia, y más concretamente, Mascara, una región del nordeste, viniendo a España por sólo 15 días y con intenciones de pasar sólo unas vacaciones. De todo eso ya hará casi 30 años. Sería a partir de entonces cuando, sin haberlo planificado, empezaría a poner en marcha una nueva historia de vida. Historia marcada por grandes dificultades. La trayectoria de Zohra en España se caracteriza, en gran parte, por su lucha por una vida que la trate bien, con afecto. Y es que para poder recoger los frutos de este camino abrupto ha tenido que pasar por situaciones llenas de sufrimiento. Además, haciendo el camino sola. No obstante, la motivación para sacar adelante a sus hijos y la de saber que tenía como referente su familia, a quién dejó en la otra orilla del Mediterráneo, le dieron el empuje que necesitaba para salir. Mirando el cielo, las estrellas o el mar podía sentirse, y todavía se siente, cerca de su padre y su madre. Y incluso cerca de su abuela, a quién no conoció y a quién dirige las palabras de su carta. Zohra ha mostrado las dificultades en que se ha encontrado, pero también puede hablar de la serie de aprendizajes que estas dificultades le han ofrecido. Al fin y al cabo todo son vivencias, y como tales te enseñan a vivir. Ha estado así como desde ya hace unos años, y hoy por hoy, parece que ya por fin ha encontrado un espacio hecho a su medida, habiendo formado a una familia y teniendo un trabajo en la Administración Pública Local. Es así como se muestra en las imágenes, rodeada de los frutos que ha cultivado poco a poco. Muestra orgullosa su familia, delante de su lugar de trabajo y luciéndose a ella misma: Zohra, la protagonista de su propia historia. Por fin ha encontrado un espacio donde está rodeada de personas dispuestas a amarla, a hacerla reír, a tratarla bien, a darle confianza, a hacerla feliz. Al fin y al cabo, a darle vida. Argelia, el país que la vio nacer, queda totalmente atrás para ella, sin tener casi ningún vínculo que la haga plantear "el retorno" algún día.
Cette femme d’origine algérienne a quitté un pays marqué par un passé historique difficile, qui a durement souffert d’une série de fortes répressions. Et bien qu’une partie de la population algérienne comptait, et compterait encore, sur la France pour quitter le pays, ce n’a pas été le cas de Zohra. Elle a quitté son pays d’origine, l’Algérie, et plus concrètement la Mascara, une région du nord-est, en venant en Espagne pour quinze jours dans l’unique intention d’y passer des vacances. Presque 30 ans ont passé depuis. C’est à partir de ce moment, sans avoir rien planifié, qu’a commencé une nouvelle histoire de sa vie. Une histoire marquée par de grandes difficultés. La trajectoire de Zohra en Espagne se caractérise en grande partie par sa lutte pour se faire respecter par la vie. Car pour recueillir les fruits de ce chemin abrupt elle a dû traverser des situations d’intense souffrance. De plus, elle faisait le chemin seule. Cependant, grâce à sa motivation pour que ses enfants s’en sortent et à la référence que constituait pour elle sa famille, laissée sur l’autre rive de la Méditerranée, elle a trouvé la force de se battre. En regardant le ciel, les étoiles ou la mer, elle pouvait se sentir, et elle se sent encore, proche de ses parents, et même de sa grand-mère, qu’elle n’a pas connue mais à qui elle adresse sa lettre. Zohra mentionne les difficultés qu’elle a rencontrées, mais elle est aussi capable de parler des apprentissages que ses difficultés ont permis. Ce sont finalement des expériences, de celles qui nous apprennent à vivre. Elle a dépassé tout cela depuis quelques années déjà et aujourd’hui, elle semble avoir enfin trouvé un espace à sa mesure : elle a formé une famille et travaille dans l’administration publique locale. C’est ainsi qu’on la voit sur les images, entourée des fruits qu’elle a récoltés peu à peu. Elle montre fièrement sa famille et son lieu de travail, se distinguant elle-même : Zohra, héroïne de sa propre histoire. Elle a enfin trouvé un espace où elle est entourée de personnes prêtes à l’aimer, à la faire rire, à prendre soin d’elle, à lui donner confiance, à la rendre heureuse. En un mot, à la faire vivre. L’Algérie, le pays qui l’a vue naître, est resté totalement derrière elle, sans presque aucun lien qui la pousse à envisager un "retour", un jour.
Aquesta dona d’orígens algerians va deixar el país marcat per un passat històric difícil, fortament maltractat per tot un seguit de dures repressions. I tot i que part de la població algeriana apostava i apostaria més endavant per marxar del país escollint com a possible destinació França, no va ser el cas de la Zohra. La Zohra va deixar enrere el seu país d’origen, Algèria, i més concretament una regió del nord-est anomenada Mascara, venint a Espanya per només 15 dies i amb intencions de passar-hi només unes vacances. De tot això ja farà gairebé 30 anys. Seria a partir de llavors quan, sense haver-ho planificat, començaria a engegar una nova història de vida. Història marcada per grans dificultats. La trajectòria de la Zohra a Espanya es caracteritza, en gran part, per la seva lluita per una vida que la tracti bé, amb afecte. I és que per a poder recollir els fruits d’aquest camí abrupte ha hagut de passar per situacions dures i plenes de patiment. A més, fent el camí tota sola. No obstant, la motivació per tirar endavant els seus fills i la de saber que tenia com a referent la seva família, a qui va deixar a l’altra banda del Mediterrani, li van donar l’empenta que necessitava per sortir-se’n. Mirant el cel, les estrelles o el mar podia sentir-se, i encara se sent, a prop del seu pare i la seva mare. I fins i tot a prop de la seva àvia, a qui no va conèixer i a qui dirigeix les paraules de la seva carta. La Zohra ha mostrat les dificultats en què s’ha trobat, però també pot parlar del seguit d’aprenentatges que aquestes dificultats li han ofert. Al cap i a la fi tot són vivències, i com a tals t’ensenyen a viure. Ha estat així com des de ja fa uns anys, i ara per ara, sembla que per fi ha trobat un lloc fet a la seva mida, havent format una família i tenint una feina a l’Administració Pública Local. És així com es mostra a les imatges, envoltada dels fruits que ha conreat poc a poc. Mostra orgullosa la seva família, davant del seu lloc de feina i lluint-se a ella mateixa: la Zohra, la protagonista de la seva pròpia història. Per fi ha trobat un espai on està envoltada de persones disposades a estimar-la, a fer-la riure, a tractar-la bé, a donar-li confiança, a fer-la feliç. Al cap i a la fi, a donar-li vida, la vida que es mereix. Algèria, el país que la veure néixer, queda totalment enrere per ella, sense tenir-hi gairebé cap lligam que la faci plantejar tornar algun dia.
Daniel ARGENTINA
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Hola Joaquín!! Te escribo estas líneas y así recordar buenos momentos. Después de despedirme de mi familia en Argentina, después de muchas horas de vuelo y estrés, llegué a Barcelona, donde me esperaba familia de mi padre. Fue un momento muy grato, ya que sin conocernos, nos reconocimos mutuamente, fue una vivencia muy especial, ya sabes, esas situaciones que se explican rápidamente pero que siempre las tendrás en la memoria y el corazón. Ya sabes que todo empezó en aquel bar con una simple conversación, idea o desvarío, o como le quieras llamar, de hacer un viaje al país de mis orígenes paternos. La cuestión es que, sin ningún motivo concreto, me encontré viviendo en España, con Susana y Agustín. El destino o la casualidad nos trajo a Tarragona, y aquí estamos viviendo, en un barrio llamado Torreforta, barrio que desde sus orígenes está habitado por gente trabajadora (obreros) en su gran mayoría. No es un barrio típico de Argentina, sino todo lo contrario, son mini-ciudades con todos los servicios, haciendo innecesario frecuentar el centro de la ciudad, lo cual, te facilita el día a día. Haciéndote un resumen de estos siete años que llevamos en España, te puedo decir que nació FRANCISCO en enero del 2004 "LO MAS IMPORTANTE", ya sabes, una experiencia única y llena de alegría, el nacimiento de un hijo, pero, al mismo tiempo, tenía la sensación de que no estaba lleno del todo.... obvio, faltaba el cariño de mi gente de Argentina. Fíjate vos que aprendí una lección muy importante de la vida: yo solamente creía que podía recordar o necesitar de los tuyos en los malos momentos, principalmente en la enfermedad o muerte, porque ya he pasado por esa experiencia, pero aquí todo lo contrario, una nueva vida, con todo lo que ella trae, me hizo recordar y necesitar el calor de mi gente... Hermano, es difícil explicarte la cantidad de cosas que me gustaría compartir y hablar con vos, es por ello que me gustaría estar en otro bar compartiendo una simple conversación, idea o desvarío o como le quieras llamar, de hacer un viaje al país de mis orígenes. Un abrazo, Daniel
Salut Joaquín !! Je t’écris cette lettre et, par là même, me remémore de bons moments. Après avoir dit au revoir à ma famille en Argentine, après de nombreuses heures de vol et de stress, je suis arrivé à Barcelone, où m’attendait la famille de mon père. Ce fut un moment très agréable, puisque sans nous connaître, nous nous sommes mutuellement reconnus. Ce fut une expérience très particulière. Tu sais, c’est comme toutes ces situations que l’on explique brièvement mais qui en réalité restent profondément ancrées dans notre mémoire et dans notre cœur. Comme tu le sais, tout a commencé dans ce bar, à l’occasion d’une simple conversation. J’ai eu l’idée ou la folie – je te laisse le choix des mots – de réaliser un voyage dans le pays de mes origines paternelles. Le fait est que, sans aucune raison particulière, je me suis retrouvé à vivre en Espagne avec Susana et Agustín. Le destin, ou le hasard, nous a conduits à Tarragone, et c’est ici que nous vivons, dans un quartier que l’on appelle Torreforta, un quartier qui a toujours été habité dans sa grande majorité par des populations de travailleurs (des ouvriers). Ce n’est pas un quartier caractéristique de ceux que l’on peut trouver en Argentine, bien au contraire. Les quartiers ici sont plutôt des mini-villes qui disposent de tous les services nécessaires. Ainsi, il n’est même plus nécessaire de fréquenter le centre-ville, ce qui te facilite la vie quotidienne. Pour te faire un résumé des sept années que nous venons de passer en Espagne, je peux te dire que FRANCISCO est né en janvier 2004. C’est la chose LA PLUS IMPORTANTE. Tu sais, la naissance d’un fils est une expérience unique qui te remplit de joie. Même si par ailleurs, j’ai toujours eu la sensation qu’il manquait quelque chose à mon bonheur… Évidemment, il me manquait l’affection de mes compatriotes argentins. Figure-toi que la vie m’a enseigné une leçon très importante : moi je pensais qu’on ne pouvait se souvenir ou avoir besoin des siens, que dans les mauvais moments, notamment face à la maladie ou à la mort, car j’ai été confronté à ce type d’expérience. Mais, ici, c’est tout le contraire, une nouvelle vie – malgré toutes les bonnes choses que cela implique – suffit à me rappeler combien j’ai besoin de la chaleur des gens de mon pays. Mon frère, c’est difficile de t’expliquer tout ce que je souhaiterais partager et discuter avec toi. C’est pour ça que j’aimerais être dans un autre bar, pour avoir avec toi une simple conversation, une idée, ou une folie – je te laisse le choix des mots – et faire un voyage au pays de mes origines. Je t’embrasse, Daniel
Hola Joaquín!! T’escric aquestes línies per així recordar bons moments. Després d’acomiadar-me de la meva família a l’Argentina, després de moltes hores de vol i estrès, vaig arribar a Barcelona, on m’esperaven familiars del meu pare, va ser un moment molt bonic, ja que sense conèixer-nos, ens vam reconèixer mútuament, va ser una vivència molt especial , ja saps, aquestes situacions que s’expliquen ràpidament però que sempre les tindràs a la memòria i al cor. Ja saps que tot va començar en aquell bar amb una simple conversa, idea o desvari o com li vulguis dir, de fer un viatge al país dels meus orígens paterns, la qüestió és que sense cap motiu concret, em vaig trobar vivint a Espanya amb la Susanna i l’Agustí, el destí o la casualitat ens va portar a Tarragona, i aquí estem vivint, en un barri anomenat Torreforta, barri que des dels seus orígens està habitat per gent treballadora (obrers) en la seva gran majoria, no és un barri típic de l’Argentina, sinó tot el contrari, són mini-ciutats amb tots els serveis, el que fa innecessari freqüentar el centre de la ciutat, la qual cosa et facilita el dia a dia. Fent un resum d’aquests set anys que portem a Espanya, et puc dir que va néixer en FRANCISCO el gener del 2004 "EL MÉS IMPORTANT", ja saps, una experiència única i plena d’alegria, el naixement d’un fill, però, al mateix temps, tenia la sensació que no estava ple del tot ... és obvi, em mancava l’afecte de la meva gent d’Argentina, fixa’t que vaig aprendre una lliçó molt important de la vida: jo creia que hom només pot recordar-se de o necessitar els seus en els moments dolents, principalment en la malaltia o la mort, perquè ja he passat per aquesta experiència, però aquí em va passar tot el contrari, una nova vida, amb tot el que comporta, em va fer recordar i necessitar el caliu de la meva gent... Germà, és difícil explicar la quantitat de coses que m’agradaria compartir i parlar amb tu, és per això que m’agradaria estar en un altre bar compartint una simple conversa, idea o desvari o com li vulguis dir, de fer un viatge al país de les meves arrels. Una abraçada, Daniel
Daniel
Las líneas que relatan parte del viaje de Daniel son como una canción que trae buenos recuerdos. Daniel tararea canción tras canción y el acento argentino lo acompaña sin duda. Si se hace memoria, uno se puede transportar a los inicios de la aventura cuando ésta sólo tenía forma de idea. En el otro lado del Atlántico, en un bar, con un amigo. Movido por reencontrar parte de sus orígenes, el "pibe", junto con la familia que estaba creando en aquellos momentos en Argentina, decide marcharse hacia España. Fue desde aquí, ya hace unos cuantos años, desde donde algunos miembros de su familia hicieron el viaje a la inversa. Algunos, sin embargo, se quedaron en España. Fue al encuentro de estas personas, tanto tiempo separadas, pero tanto tiempo esperadas, cuando las palabras sobraban y la emoción hablaba por sí misma. Sin conocerse, había un reconocimiento mutuo manifiesto. La aventura empezaba. Venido a España y emplazado en el barrio tarraconense de Torreforta, Daniel vive el viaje cada vez con más estabilidad. Con ganas de quedarse en el país y sin intenciones de moverse, más allá de escapadas esporádicas cuando le sea posible y sabiendo que es para volver al sitio de donde "es" ahora. El argentino disfruta su historia, bien acompañado. No obstante, los recuerdos instalados en el país de donde vino "existen", porque todavía quedan en Argentina personas a las que ama. Las tiene y las tendrá. Las personas amadas están siempre, independientemente de la distancia que exista entre ellas. Y la necesidad de proximidad de éstas se hace necesaria cuando el viaje es pesado, pero también y, en gran medida, cuando es próspero. Porque no sólo hay que compartir los momentos desafortunados, sino también los que son más satisfactorios. La nostalgia en este sentido también emerge, de hecho, difícilmente se elimina del todo algún día.
Les quelques lignes où Daniel raconte son voyage sont comme une chanson qui amène avec elle de bons souvenirs. Daniel fredonne des mélodies, l’une après l’autre, accompagnées sans doute de son accent argentin. Si l’on plonge dans la mémoire, on peut être transporté jusqu’aux prémices de l’aventure, quand celle-ci n’était alors qu’une simple idée… De l’autre côté de l’Atlantique, dans un bar, avec un ami. Poussé par le désir de retrouver une partie de ses origines, et avec l’aide de la famille qu’il avait commencé à fonder à ce moment-là en Argentine, le "gamin" a décidé de partir pour l’Espagne. C’était de là qu’il y a quelques années, plusieurs membres de sa famille avaient fait le trajet inverse. Certains, pourtant, étaient restés en Espagne. Il est allé à la rencontre de ces personnes ; après une séparation aussi longue, après une si longue attente, les mots étaient superflus et l’émotion parlait d’elle-même. Sans même se connaître, la reconnaissance mutuelle était évidente. C’est ainsi que débuta l’aventure. Maintenant qu’il est en Espagne et qu’il est installé dans le quartier tarragonais de Torreforta, Daniel vit ce voyage avec de plus en plus de sérénité. Il a l’envie de rester dans ce pays et aucune intention de bouger, sauf pour quelques petites escapades sporadiques quand ça lui est possible, et en sachant que c’est toujours pour revenir dans le lieu d’où "il est" maintenant. L’Argentin profite de son histoire en bonne compagnie. Pourtant, les souvenirs issus du pays d’où il est venu "existent" bel et bien, car il reste encore en Argentine des personnes qu’il aime. Elles sont là et le seront toujours. Les personnes aimées sont toujours là, quelle que soit la distance. Et ce besoin de se rapprocher d’elles se fait plus fort quand le voyage est pénible, mais également, dans la plupart des cas, quand le voyage se passe bien. Parce qu’il n’est pas nécessaire de partager uniquement les mauvais moments, on peut aussi partager les belles choses. La nostalgie, en ce sens, se manifeste également et de ce fait, il est difficile de réussir à l’effacer complètement un jour.
Les línies que relaten part del viatge del Daniel són com una cançó que porta bons records. El Daniel taral·leja cançó rere cançó i l’accent argentí l’acompanya sens dubte. Si un fa memòria, es pot traslladar als inicis de l’aventura quan aquesta només tenia forma d’idea. A l’altra banda de l’Atlàntic, en un bar, amb un amic. Mogut per retrobar part dels seus orígens, el pibe, juntament amb la família que estava creant en aquells moments a l’Argentina, decideix marxar cap a Espanya. Va ser des d’aquí, ja fa uns quants anys, des d’on alguns membres de la seva família van fer el viatge a l’inversa. Alguns, però, es van quedar a Espanya. Va ser en la trobada amb aquestes persones, tant de temps separades però tant de temps esperades, que les paraules sobraven i l’emoció parlava per sí mateixa. Sense conèixer-se hi havia un reconeixement mutu manifest. L’aventura, doncs, començava. Vingut a Espanya i emplaçat al barri tarragoní de Torreforta, el Daniel viu el viatge cada cop amb més estabilitat. Amb ganes de quedar-se al país i sense intencions de moure’s, més enllà d’escapades esporàdiques quan li sigui possible i per tornar al lloc d’on és ara. L’argentí gaudeix la seva història mentre està ben acompanyat. No obstant, els records instal·lats al país d’on va venir hi són, perquè encara hi té persones que estima. Les té i les tindrà. Les persones estimades hi són sempre, independentment de la distància que hi hagi entre elles. I la necessitat de la proximitat d’aquestes es fa necessària quan el viatge esdevé costerut i feixuc, però també i en gran mesura, quan és pròsper. Perquè no només ens cal compartir els moments desafortunats, sinó també els que són més satisfactoris. La nostàlgia en aquest sentit també emergeix, de fet, difícilment s’elimina del tot algun dia.
Mamadou SENEGAL
Q
uerida mamá, Hola mamá, tengo muchas ganas de verte, te echo de menos. Perdona todo este tiempo sin verme. Pero yo pienso siempre en ti, de día y de noche. En cada momento cuando estoy solo. Eres mi vida, mamá. Te amo muchísimo. Saluda a mis amigos, los que viven detrás de la casa y a la niña Aïcha, que pienso que estará grande. Diles que me acuerdo de ellos. También saluda a mi padre, mis hermanos, mis primos. Estoy aquí, aguantando todo lo que hay. El frío, la policía, los racistas. Como dos veces al día, pero tengo mucha suerte porque tengo muchos amigos y amigas que siempre me ayudan. No te preocupes, todo va bien, tengo buena salud. Mis amigas siempre se preocupan de mí, de mi salud. Bueno, un día nos vemos. Te mando mil besos. De parte de tu hijo, El Chulo. Mamadou Chère Maman, Salut Maman, j’ai très envie de te voir, tu me manques. Pardonne-moi pour tout ce temps passé sans nous voir. Mais sache que je pense toujours à toi, jour et nuit. Je pense à toi à chaque instant, chaque fois que je suis seul. Maman, tu es toute ma vie. Je t’aime énormément. Passe le bonjour à mes amis, ceux qui vivent derrière chez nous, ainsi qu’à la petite Aïcha, qui à mon avis doit déjà être grande. Dis-leur que je pense bien à eux. Salue également pour moi mon père, mes frères, mes cousins. Je suis là, je supporte tout ce qui se présente à moi : le froid, la police, les racistes. Je mange deux fois par jour, mais je dois dire que j’ai beaucoup de chance car je peux compter sur de nombreux amis et amies qui sont toujours là pour m’aider. Ne t’inquiète pas, tout va bien, je suis en bonne santé. Mes amis s’occupent toujours de moi, et s’inquiètent toujours de ma santé. Bon, on se voit un de ces jours. Je t’envoie des milliers de bisous. De la part de ton fils, el chulo. Mamadou
Estimada mare, Hola, mare. Tinc moltes ganes de veure’t, et trobo a faltar. Perdona tot aquest temps sense veure’m. Però jo sempre penso en tu, de dia i de nit. Tothora quan estic sol. Ets la meva vida, mare. T’estimo moltíssim. Saluda els meus amics, els que viuen darrere de casa i la nena Aïcha, deu estar ben gran ja. Digue’ls que penso en ells. També saluda el meu pare, els meus germans, els meus cosins. Sóc aquí, aguanto tot el que hi ha. El fred, la policia, els racistes. Menjo dues vegades al dia, però tinc molta sort perquè m’ajuden sempre molts amics i amigues. No et preocupis, tot va bé, tinc bona salut. Les meves amigues sempre es preocupen per mi, per la meva salut. Bé, un dia ens veiem. T’envio mil petons. De part del teu fill, El Chulo. Mamadou
Mamadou
Mamadou "El Chulo", Mamadou de la gran sonrisa, Mamadou el alto, Mamadou el que se da a conocer. La situación de este joven puede ser la de cualquier otro chico del Senegal. La de un joven que sueña en hacer realidad un proyecto migratorio que le permita alejarse de las necesidades sociales y económicas de su país. Proyecto que comparte con su hermana con quien vive en Torreforta y aparece en la imagen de matices marrones. El salto a Europa tendría que permitir a Mamadou ir echando una mano, desde la distancia, a parte de la familia que dejó en su país de origen. Una mezcla evidente de francés y español muestra parte de la trayectoria de Mamadou, quien ha estado viviendo en Francia, y hoy vive en España. Mamadou explica cómo echa de menos a su madre con un tono lleno de añoranza. Una añoranza esencialmente focalizada en ella. "Maman", con quien piensa día a día, momento por momento y que es su vida. "Maman", con quien se disculpa por tener que estar tanto tiempo con tanta distancia de por medio. La pena que puede sentir Mamadou es grande, pero la situación de una madre que no tiene todos sus hijos cerca puede llegar a ser totalmente dolorosa. A la vez, su vitalidad le permite dar un mensaje serenando a su madre. Un mensaje positivo y esperanzador, diciéndole que se encuentra en buenas condiciones y que se ve con fuerzas para salir adelante en el trayecto y soportar todo aquello que le depare el viaje. Incluso, se siente afortunado por como le van las cosas y por poder estar donde está. A pesar del conjunto de adversidades con las que tiene que convivir y el "carpe diem" al que está sometido, ve cómo compañeros suyos no han tenido la "oportunidad" de poner en marcha el viaje. Eso para él es muy valioso. Además, cuando uno viaja acompañado no se siente tan solo y se puede permitir disfrutar más del camino. Mamadou no se siente solo, sino que está rodeado de personas, a menudo con historias de vida similares, que le permiten encontrar un lugar en todo el entramado donde sentirse cómodo. Recibiendo de la gente lo que él da.
Mamadou "le fier", Mamadou au large sourire, Mamadou le grand, Mamadou qui se fait connaître. La situation de ce jeune pourrait être celle de n’importe quel autre garçon du Sénégal. Celle d’un jeune qui souhaite que son projet de migration devienne réalité et qu’il lui permette de s’éloigner des difficultés sociales et économiques de son pays. Ce projet, il le partage avec sa sœur, avec qui il vit à Torreforta et qui apparaît sur la photo en nuances marron. Ce bond en Europe devrait permettre à Mamadou de donner un coup de main, à distance, à une partie de sa famille qu’il a laissée dans son pays d’origine. Un mélange évident de français et d’espagnol dans son texte illustre une partie de l’itinéraire emprunté par Mamadou, qui a d’abord vécu en France et qui est maintenant en Espagne. Mamadou exprime combien sa mère lui manque, sur un ton rempli de nostalgie. Cette nostalgie est particulièrement tournée vers elle ; cette "Maman", à qui il pense chaque jour, à chaque instant et qui est toute sa vie ; cette "Maman" auprès de qui il s’excuse de devoir vivre pendant tant de temps séparé d’elle par une telle distance. La peine que ressent Mamadou est immense, mais le fait qu’une mère n’ait pas tous ses enfants proches d’elle peut également être une situation extrêmement douloureuse. En même temps, grâce à son dynamisme, il peut rassurer sa mère dans son message. C’est un message positif et plein d’espoir qu’il lui envoie, en lui disant qu’il vit dans de bonnes conditions et qu’il a assez de forces pour continuer sa route et pour supporter tous les événements de son voyage. Il se sent même plutôt chanceux de la situation dans laquelle il est et chanceux de pouvoir être là où il se trouve. Malgré toutes les difficultés auxquelles il doit faire face et cette vie "au jour le jour" qu’il subit, il est conscient du fait que certains de ses amis n’ont pas eu l’opportunité de réaliser ce voyage. Et ça, pour lui, c’est très précieux. De plus, quand on voyage accompagné, on ressent moins la solitude et on profite mieux du trajet. Mamadou ne se sent pas seul, mais il est entouré de personnes ayant souvent des parcours similaires, et qui lui permettent de trouver, au milieu de ce labyrinthe, un lieu où il peut se sentir à l’aise. Il donne, et reçoit des autres en retour.
Mamadou "El Chulo", Mamadou del gran somriure, Mamadou l’alt, Mamadou el que es fa conèixer. La situació d’aquest jove pot ser la de qualsevol altre noi del Senegal. La d’un jove que somia en fer realitat un projecte migratori que li aporti allunyar-se de les necessitats socials i econòmiques del seu país. Projecte que comparteix amb la seva germana, amb qui viu a Torreforta i apareix a la imatge de matisos marrons. El salt a Europa hauria de permetre al Mamadou anar donant un cop de mà, des de la distància, a part de la família que deixa al seu país d’origen. Una barreja evident de francès i espanyol mostra part de la trajectòria del Mamadou, que ha estat vivint a França i ara per ara és a Espanya. El Mamadou explica com troba a faltar la seva mare amb un to ple d’enyorança. Un enyor essencialment focalitzat en ella. La Maman, en qui pensa cada dia, cada moment i que és la seva vida. La Maman, amb qui es disculpa per haver d’estar tant de temps amb tanta distància entremig. La pena que pot sentir el Mamadou és gran, però la situació d’una mare que no té tots els seus fills a la vora pot arribar a ser ben àrdua. A la vegada, la seva vitalitat li permet donar un missatge asserenat a la seva mare. Un missatge positiu i esperançador que comunica que es troba en bones condicions i que es veu amb forces per anar endavant en el trajecte i suportar tot allò que li depari el viatge. Fins i tot, se sent un afortunat per com li van les coses i per poder ser on és. Tot i el reguitzell d’adversitats amb les que ha de conviure i el carpe diem al que està sotmès, veu com companys seus no han tingut la "oportunitat" d’emprendre el viatge. Això per ell és molt valuós. A més, quan un viatja acompanyat no se sent tant sol i es pot permetre gaudir més del camí. El Mamadou no se sent sol, sinó que està envoltat de persones, sovint amb històries de vida similars, que li permeten trobar un lloc en tot l’entramat on sentir-se còmode. Rep de la gent el que ell dóna.
Paola ARGENTINA
K
ris, ¿Cómo estás?, ¿Qué es de tu vida por Zapala? Cómo pasa el tiempo, ¿no?, parece que fue ayer cuando nos conocimos hace nueve años atrás... yo, con mi acento español haciendo los papeles para volverme a mi España querida, donde viví gran parte de mi niñez y adolescencia. Y, mirá, el amor me llevó con vos a la hermosa Patagonia. Pasó el tiempo y pasaron muchas cosas, sabe Dios qué sucedió en el medio, pero me desperté un día sabiéndome infeliz... decidí volverme y ¡bue!, ¿qué te puedo contar?, creo que no hay nadie que pueda entender mejor que vos lo que me pasa. Hago recopilación de todas las opciones que hacía la gente respecto a mi cambio de vida, y era simpático saber con la facilidad que creían que todo se iría desarrollando aquí, pero, la verdad, es que fue algo decepcionante. No te imaginas lo agotador de los trámites y lo difícil que fue todo, parece que cada vez que abro la boca, un abismo me separa de la gente, sólo por el hecho de ser extranjera. Hasta me llegaron a decir que había perdido mi nacionalidad por no haber manifestado en el consulado, mientras vivía allá, mi deseo de ser española!!! ¿Podés imaginarte eso? SE ME VINO EL MUNDO ABAJO, no podía creer lo que me estaba sucediendo. Además de todo eso, me encuentro de nuevo teniendo que demostrar que soy capaz de arreglar dientes. ¡Qué loco! ¿No? Tantos años de mi vida estudiando para encontrarme que aquí, no soy lo que era allá, que me expongo otra vez a un sistema cruel que decidirá si después de años de estudio y nueve años como profesional, puedo también acá arreglar dientes... la verdad es que resulta ridículo, ¿o es que los dientes son distintos en España? A todo esto, no puedo explicarte el profundo dolor que siento al haberte separado de Elías...¡nuestro cholito! ¡Qué hermoso que es, por Dios! Sé que piensas en cómo pude haber dejado toda "mi vida tranquila y casi resuelta" para volver a empezar de nuevo en un mundo cruel, que diferencia a la gente por el lugar donde nació. Sé que no hay nada más hermoso que podamos dejarle a nuestro hijo, que es crecer sabiendo que nosotros, sus padres, somos FELICES. Para eso vine yo aquí, ojalá te suceda lo mismo. Tengo esperanzas que las cosas irán bien, a pesar de las piedras que encuentro en el camino, aunque confieso que a veces tengo miedo y me cuesta conciliar el sueño... pero como alguna vez me dijeron: el sol siempre está detrás de las nubes. Ojalá que el tiempo nos reencuentre felices de ver al otro ser pleno y podamos compartir unos mates, que alguna vez, supimos disfrutar. Paola
Kris, Comment vas-tu ? Comment va la vie à Zapala ? Comme le temps passe vite, tu ne trouves pas ? Je me souviens de notre rencontre, il y a neuf ans déjà, comme si c’était hier... Moi avec mon accent espagnol, remplissant les papiers pour repartir vers ma chère Espagne, où j’ai vécu la majeure partie de mon enfance et de mon adolescence. Et tu vois, l’amour m’a menée auprès de toi, dans la belle Patagonie. Puis le temps a passé, les choses ont changé, et Dieu sait comment, je me suis réveillée un matin en sachant que je n’étais pas heureuse... et j’ai décidé de rentrer ! Enfin, que te dire de plus, je crois que personne ne peut me comprendre mieux que toi ! Je repense à tout ce que disaient les gens sur ma nouvelle vie, et c’était très sympathique de voir avec quelle facilité ils pensaient que tout allait se passer ici, mais la vérité a été un peu décevante. Tu n’imagines pas combien les démarches sont épuisantes, combien tout est difficile. Il semble qu’à chaque fois que j’ouvre la bouche, un abîme me sépare des autres, du simple fait d’être étrangère. Ils ont même été jusqu’à me dire que j’avais perdu ma nationalité pour ne pas avoir manifesté au consulat mon désir d’être espagnole pendant que je vivais là-bas !!! Peux-tu imaginer une chose pareille ? LE MONDE POUR MOI S’EST ÉCROULÉ, je ne pouvais pas croire à ce qui se passait. En plus de tout cela, je dois de nouveau démontrer que je suis capable de soigner des dents. C’est incroyable, non ? Tant d’années de ma vie consacrées à mes études pour comprendre qu’ici je ne suis plus celle que j’étais là-bas, exposée une fois encore à un système cruel qui décidera si après des années d’étude et neuf ans d’expérience professionnelle, je peux aussi soigner les dents ici... C’est tout simplement ridicule, ou bien est-ce que les dents sont différentes en Espagne ? En dehors de tout cela, je ne peux exprimer la profonde douleur que je ressens de t’avoir séparé d’Elías... notre petit fils ! Mon dieu, comme il est beau ! Je sais que tu te demandes comment j’ai pu abandonner "ma vie tranquille et presque assurée" pour tout recommencer à zéro dans un monde cruel qui distingue les gens suivant le lieu où ils sont nés. Je sais aussi que nous n’avons rien de plus beau à offrir à notre fils que de grandir en sachant que nous, ses parents, sommes HEUREUX. C’est pour ça que je suis venue ici, et je te souhaite la même chose. J’ai toujours l’espoir que tout se passe bien, malgré les obstacles que je rencontre sur mon chemin, bien que j’avoue avoir peur parfois, et avoir du mal à trouver le sommeil... Mais comme on m’a dit un jour : le soleil se trouve toujours derrière les nuages. J’espère que le temps nous rendra heureux de nous revoir, épanouis, et j’attends de partager avec toi quelques matés comme ceux qui nous avons su apprécier autrefois. Paola
Kris, Com estàs? Què és de la teva vida per Zapala? Com passa el temps, no?, sembla que va ser ahir quan ens vam conèixer nou anys enrere... jo, amb el meu accent espanyol fent els papers per tornar a la meva Espanya estimada, on vaig viure gran part de la meva infantesa i adolescència. I, mira, l’amor em va portar amb tu a la bonica Patagònia. Va passar el temps i van passar moltes coses, només Déu sap què va passar entremig, però em vaig despertar un dia sabent-me infeliç... vaig decidir tornar i uf!, què et puc explicar?, crec que no hi ha ningú que pugui entendre millor que tu el que em passa. Faig recopilació de totes les opcions que feia la gent respecte el meu canvi de vida, i era graciós veure amb quina facilitat creien que aniria tot per aquí, però, la veritat és que va ser una mica decebedor. No t’imagines com d’esgotador és fer els tràmits i el difícil que va ser tot, sembla que cada vegada que obro la boca, un abisme em separa de la gent, només pel fet de ser estrangera. Fins i tot em van arribar a dir que havia perdut la meva nacionalitat per no haver manifestat al consolat, mentre vivia allà, el meu desig de ser espanyola!!! T’ho pots imaginar? EL MÓN EM VA CAURE ALS PEUS, no podia creure el que m’estava passant. A més de tot això, em trobo novament havent de demostrar que sóc capaç d’arreglar dents. Quina bogeria, no?! Tants anys de la meva vida estudiant per trobar-me que aquí no sóc el que era allà, que m’exposo altra vegada a un sistema cruel que decidirà si després d’anys d’estudi i nou anys com a professional, puc arreglar dents també aquí... la veritat és que resulta ridícul, o és que les dents són diferents a Espanya? A tot això, no puc explicar el profund dolor que sento en haver-te separat de l’Elías... el nostre cholito! Què maco que és, per Déu! Sé que penses com vaig poder deixar tota "la meva vida tranquil·la i gairebé resolta" per tornar a començar de nou en un món cruel, que diferencia la gent pel lloc on va néixer. Sé que no hi ha res més bonic que puguem deixar-li el nostre fill que créixer sabent que nosaltres, els seus pares, som FELIÇOS. Per això jo vaig venir aquí, tant de bo et passi el mateix. Tinc l’esperança que les coses aniran bé, tot i les pedres que em trobo pel camí, encara que confesso que a vegades tinc por i em costa agafar el son... però com alguna vegada em van dir: el sol sempre és darrere els núvols. Tant de bo el temps ens retrobi feliços de veure l’altre ser ple i puguem compartir uns mates que, algun cop, vam saber gaudir. Paola
Paola
Dicen que el amor da paso a los sueños. Los sueños son los que cada uno desea en diferentes momentos de la vida. Éstos, difícilmente se pueden planear. De Argentina a España, de España a Argentina y de Argentina a España. Paola ha vuelto, después de muchos años, al lugar donde la vieron crecer. Estancia que le hace emplazar un habla español por un deje argentino muy marcado. Sin pensárselo, además de las personas amadas que un día dejó en la Península, han sido toda una serie de importantes trabas burocráticas las que le han dado la "bienvenida". Éstas le harán recordar el retorno. Un retorno que deseaba dulce, pero al cual se le añade una buena dosis de sabor amargo. Dificultades que no preveía y ni se podía imaginar. Con una destacada renuncia cargada en la espalda, llega a España llena de emoción, pero también temerosa. Miedo agravado por la indignación causada al llegar. Una cuidadora de esmaltes, de piel clara, intentando cumplir una ilusión. La meta parece tenerla bastante clara. Empezando de nuevo, en busca de la felicidad y con una firme decisión de haberla encontrado. Felicidad para ella, pero no sola, sino también para poder emitirla a todas aquellas personas que la rodean. Porque la felicidad es amor. El que sabe amar es feliz.
On dit que l’amour ouvre la voie aux rêves. Les rêves sont les désirs de chacun aux différents moments de la vie. Ils sont difficilement prévisibles. D’Argentine en Espagne, d’Espagne en Argentine, puis de nouveau d’Argentine en Espagne. Paola est revenue, de nombreuses années plus tard, là où elle a grandi, après un séjour qui marque son parler espagnol d’un accent argentin très marqué. En dehors des personnes aimées qu’elle a un jour laissées en Espagne, c’est avant tout une série d’importants obstacles administratifs qui lui a souhaité la bienvenue. C’est ce qu’évoque son retour. Un retour qu’elle espérait doux, mais qui s’avère plus amer que prévu. Des difficultés qu’elle n’avait pas prévues, et qu’elle ne pouvait même pas imaginer. Accablée par un renoncement marqué, elle arrive en Espagne pleine d’émotion, mais aussi d’appréhension. Une peur accentuée par l’indignation ressentie à son arrivée. Un médecin de l’émail dentaire, à la peau claire, qui tente de vivre ses rêves. L’objectif était explicite. Recommencer à zéro à la recherche du bonheur, fermement décidée à le trouver. Son bonheur à elle, mais pas seulement, elle veut aussi irradier de bonheur les personnes qui l’entourent. Parce que le bonheur est amour. Et que celui qui sait aimer sait être heureux.
Diuen que l’amor dóna pas als somnis. Els somnis són els que cadascú desitja en diferents moments de la vida. Són difícilment planificables. De l’Argentina a Espanya, d’Espanya a l’Argentina i de l’Argentina a Espanya. La Paola ha tornat, després de molts anys, al lloc on la van veure créixer. Estada que li fa emplaçar un parlar espanyol per un deix argentí ben marcat. Sense pensar-s’ho, a més de les persones estimades que un dia va deixar a la Península, han estat tot un seguit d’importants traves burocràtiques les que li han donat la "benvinguda". Aquestes de ben segur que li faran recordar el retorn. Un retorn que havia de ser dolç però al qual se li ha d’afegir una bona dosi de regust agre. Dificultats que no preveia i ni es podia imaginar. Amb una destacada renúncia a carregada a l’esquena, arriba a Espanya plena d’emoció, però també temorosa. Por agreujada per la indignació causada en arribar. Una cuidadora d’esmalts, de pell ben clara, al darrera de poder acomplir una il·lusió. La meta sembla tenir-la força clara. Començant de nou, a la recerca de la felicitat i amb una ferma decisió d’haver-la trobat. Felicitat per a ella, però no només, sinó també per a poder-la emetre a totes aquelles persones amb les que s’envolta i s’envoltarà. Perquè la felicitat és amor. El que sap estimar és feliç.
Sajjad PAKISTÁN
S
eñor Mohammad Riaz: Vine a España a buscarme la vida, en España tengo tranquilidad. Vivo en Torreforta desde el 2006 para trabajar. Me llamaron para trabajar en un restaurante y antes trabajaba en Reus, en otro restaurante. A mí me gusta Torreforta, tengo muchos amigos aquí y también tengo tranquilidad. Torreforta me ha dado trabajo, mucha gente me conoce y soy el primer pakistaní que llegó a este barrio. Entre España y Pakistán hay diferencias de seguridad, tranquilidad y transporte público. Y quiero vivir en España toda la vida. También quiero formar una familia. Ahora tengo problemas en el trabajo con mi jefe. Yo quiero mucho a mis amigos. Llegué a Suiza con un visado, luego me fui a Italia, después a Francia y, al final, me quedé en España. En Pakistán, tengo armas, para la seguridad. Mi jefe me ha echado del trabajo, no tengo casa donde vivir, así que me vuelvo a Pakistán, pero cuando regrese a España, buscaré de nuevo trabajo y casa para quedarme. Sajjad
Monsieur Mohammad Riaz, Je suis venu en Espagne pour construire ma vie, en Espagne la vie est tranquille. Je vis à Torreforta depuis 2006, pour travailler. Un restaurant m’a appelé pour y travailler, et avant je travaillais à Reus, dans un autre restaurant. Torreforta me plaît, j’y ai beaucoup d’amis et c’est calme. Torreforta m’a donné du travail, presque tout le monde me connaît et je suis le premier Pakistanais du quartier. Entre l’Espagne et le Pakistan il existe des différences de sécurité, de tranquillité et de transport public. Et je veux vivre toute ma vie en Espagne. Je veux aussi former une famille. Maintenant j’ai des problèmes au travail, avec mon chef. J’aime beaucoup mes amis. Je suis arrivé en Suisse avec un visa, puis je suis allé en Italie, ensuite en France, et finalement je suis resté en Espagne. Au Pakistan j’ai des armes, pour la sécurité. Mon chef m’a renvoyé de mon travail, je n’ai pas de maison où vivre, alors je rentre au Pakistan, mais quand je reviendrai en Espagne, je chercherai un nouveau travail et une nouvelle maison pour pouvoir m’installer. Sajjad
Senyor Mohammad Riaz, Vaig venir a Espanya a buscar-me la vida, a Espanya hi tinc tranquil·litat. Visc a Torreforta des del 2006, per feina. Em van cridar per treballar en un restaurant i abans treballava a Reus, en un altre restaurant. A mi m’agrada Torreforta, aquí tinc molts amics i també tranquil·litat. Torreforta m’ha donat feina, molta gent em coneix; sóc el primer pakistanès que va arribar a aquest barri. Entre Espanya i el Pakistan hi ha diferències de seguretat, tranquil·litat i transport públic. Vull viure a Espanya tota la vida. També vull formar una família. Ara tinc problemes a la feina amb el meu cap. Jo m’estimo molt els meus amics. Vaig venir a Suïssa amb un visat, després a Itàlia, després França i, al final, em vaig quedar a Espanya. Al Pakistan, tinc armes, per a la seguretat. El meu cap m’ha fet fora de la feina, no tinc casa on viure, així que me’n torno al Pakistan, però quan torni a Espanya, buscaré un altre cop feina i casa per quedarm’hi. Sajjad
Sajjad
Un chico del Pakistán viviendo en Torreforta. Sajjad: la extraversión y la valentía en forma de persona. Más allá del diferencial económico entre España y Pakistán, motivo por el cual muchas personas optan para emigrar del lugar donde han nacido y han vivido buena parte de su vida, ha sido la ausencia de seguridad ciudadana que se vive en Pakistán, lo que ha impulsado en Sajjad a poner en marcha un viaje. El destino estaba bastante claro: un sitio donde poder sentirse tranquilo, aunque éste fuera desconocido y donde no tuviera ningún vínculo en principio. Es por eso que está aquí. Lugar donde quiere trabajar, vivir y formar a una familia, aunque llegar a esta meta le sea difícil. Este pakistaní, instalado en Torreforta desde hace unos tres de años, ha dado la vuelta a Europa antes de llegar donde está ahora. No obstante, en estos momentos, la inestabilidad laboral y la falta de vivienda lo hacen volver a su país de origen durante unos meses con la firme intención de volver. Sajjad, el chico de las ideas claras, quien no tiene miedo de nada, ha encontrado en el barrio tarraconense la serenidad y el confort que deseaba. Y es así como se expresa, seguro de los pasos que va haciendo y que quiere hacer, como también está bien seguro de dónde proviene, seguro de sus orígenes. El talante extrovertido y firme característico de Sajjad le abre puertas a este destino tan lejano del punto de donde partió. La hospitalidad de Sajjad hacia sus conocidos de donde está afincado temporalmente, es proporcional a la hospitalidad que recibe. Sabe a quién recurrir y sabe que puede hacerlo porque muchas veces ha sido él quien ha tendido una mano. Y no la ha brindado a medias, sino que la ha ofrecido en su totalidad. Cree que es así como se tiene que actuar y como tiene que ser la sensibilidad hacia las otras personas. Por eso lo hace, porque simplemente no se plantea hacerlo de ninguna otra manera.
Un homme venu du Pakistan vivant à Torreforta. Sajjad : l’extraversion et le courage personnifiés. Au-delà de l’écart économique entre l’Espagne et le Pakistan, raison pour laquelle de nombreuses personnes décident de quitter le lieu où elles sont nées et ont vécu une grande partie de leur vie, c’est le manque de sécurité au quotidien, au Pakistan, qui a poussé Sajjad à partir. La destination était claire : un lieu où se sentir à l’abri, bien qu’il y soit étranger et qu’il n’y ait priori aucun lien. C’est pour cela qu’il est là. Là où il veut travailler, vivre et fonder une famille, même si ce sont des objectifs difficiles. Ce Pakistanais installé à Torreforta depuis trois ans environ a fait le tour de l’Europe avant d’arriver ici. Néanmoins, aujourd’hui, l’instabilité professionnelle et l’absence de logement l’obligent à regagner son pays d’origine pour quelques mois, avec la ferme intention de revenir. Sajjad, l’homme aux idées claires, celui qui n’a peur de rien, a trouvé dans son quartier de Tarragone la sérénité et le confort qu’il recherchait. C’est ainsi qu’il l’exprime, sûr des pas effectués et de ceux qui restent à faire, tout comme il est sûr de ses origines, d’où il vient. Le caractère extraverti et solide de Sajjad lui ouvre les portes de cette destination si éloignée de son point de départ. L’hospitalité de Sajjad envers ses amis sur son lieu de résidence temporaire est semblable à celle qu’il reçoit d’eux. Il sait à qui faire appel et n’hésite pas à le faire car il a souvent été celui qui tendait la main. Il a toujours fait preuve d’une convivialité totale, sans demi-mesure. Il pense que c’est ainsi qu’il faut agir, et que doit s’exprimer la sensibilité envers les autres. Pour cette raison, il n’envisage simplement pas d’agir différemment.
Un noi del Pakistan vivint a Torreforta. El Sajjad: l’extraversió i la valentia en forma de persona. Més enllà del diferencial econòmic entre Espanya i Pakistan, motiu pel qual moltes persones opten per emigrar del lloc on han nascut i han viscut bona part de la seva vida, ha estat l’absència de seguretat ciutadana que es viu al Pakistan el que ha impulsat al Sajjad a iniciar el viatge. El destí estava força clar: un lloc on poder sentir-se segur i tranquil, encara que aquest lloc fos desconegut i on no hi tingués cap lligam de bon principi. És per això que és aquí on vol treballar, viure i formar una família, encara que arribar a aquesta meta li sigui difícil. Aquest pakistanès, aterrat a Torreforta des de fa uns tres d’anys, ha donat la volta a Europa abans d’arribar on és ara. No obstant, en aquests moments, la inestabilitat laboral i la manca d’habitatge el fan tornar al seu país d’origen durant uns mesos, amb la ferma intenció de tornar. El Sajjad, el noi de les idees clares, qui no té por de res, ha trobat al barri tarragoní la serenitat i el confort que desitjava. I és així com s’expressa, segur dels passos que va fent i que vol fer, com també està ben segur d’on prové, segur dels seus orígens. El tarannà extravertit i ferm característic del Sajjad li obre portes a aquesta destinació tan llunyana del punt d’on va partir. L’hospitalitat del Sajjad cap als seus coneguts d’on està afincat temporalment és proporcional a l’hospitalitat que rep. Sap a qui recórrer i sap que pot fer-ho perquè molts cops ha estat ell qui ha donat la mà. I no l’ha brindat a mitges, sinó que l’ha ofert tota. Creu que és així com s’ha d’actuar i com ha de ser la sensibilitat cap als altres. És per això que ho fa, perquè simplement no es planteja fer-ho de cap altra manera.
Corvo BRASIL
P
ara mis padres, Hola queridos, Hoy paso por aquellos momentos de reencuentro entre el presente y el pasado. Y yo no podría dejar de haceros saber sobre estos momentos aun sabiendo que todo tenía que pasar así. Hoy daré una clase de capoeira en la universidad y en mi local; ya sabéis lo mucho que significa la capoeira para mí. Además, trabajo en el casino como "croupier" de póquer. Una forma más de ganar dinero. Hay una gran diferencia cultural entre estos dos países, allí, en Brasil, las personas son más humanas, están más cerca los unos de los otros; aunque existe un alto nivel de marginalidad. Mientras que aquí, como no hay tanta proximidad entre las personas, el nivel de criminalidad es más bajo. Vivo en Tarragona con la gran esperanza de poder volver un día a mi hogar, donde, desde siempre, me han transmitido amor, pero no de lo que está abajo, sino del que está arriba de todo. Esa casa donde vivís, en mi país… es allí a donde quiero volver tarde o temprano. Queopius "CORVO"
À mes parents. Chers parents, Je vis aujourd’hui un de ces moments où convergent le présent et le passé. Et je ne peux manquer de partager ces moments avec vous, même si je sais que tout devait se passer de cette façon. Aujourd’hui je vais donner un cours de capoeira à l’université et dans mon local ; et vous savez tout ce que représente la capoeira pour moi. En plus, je travaille au casino comme croupier de poker. C’est une façon de gagner de l’argent. Il existe une grande différence culturelle entre ces deux pays. Là-bas, au Brésil, les gens sont plus humains, plus proches les uns des autres, même s’il existe un niveau élevé de marginalité. Alors qu’ici, comme il n’y a pas tant de promiscuité entre les personnes, le taux de criminalité est plus bas. Je vis à Tarragone en espérant pouvoir rentrer un jour chez moi, où j’ai toujours reçu de l’amour, le plus pur qui soit. Cette maison où vous vivez, dans mon pays... c’est là que je veux revenir, tôt ou tard.
Per als meus pares. Hola estimats, Avui passo un d’aquells moments de retrobament entre el present i el passat. I no podria deixar de fer-vos-ho saber, tot i ser conscient que tot havia de passar així. Avui faré una classe de capoeira a la universitat i al meu local, sabeu el que significa la capoeira per a mi. A més, treballo al casino com a croupier de pòquer. Una manera com una altra de guanyar diners. Hi ha una gran diferència cultural entre aquests dos països, allà, al Brasil, pel que fa a les persones... són més humanes, més properes les unes amb les altres; com a contrapartida, hi ha un alt nivell de marginalitat. Aquí, en canvi, com que no hi ha tanta proximitat entre les persones, el nivell de criminalitat és més baix. Visc a Tarragona amb la gran esperança de poder tornar un dia a la meva llar, on, des de sempre, m’han transmès amor, però no del que està a baix, sinó del que és a dalt de tot. A aquesta casa on viuen, al meu país, aquí vull tornar tard o d’hora. Queopius "CORVO"
Queopius "CORVO"
Corvo
El animal alado vuela de un sitio a otro. Dejando un hábitat para residir en otro nuevo, uno más adecuado para poder volar en más libertad. Las diferencias entre un espacio y el otro le recordarán en cada momento que está viajando. Diferencias y similitudes. Algunas positivas, algunas no tanto. Diferencias en las relaciones que le harán dar un gran valor a aquello que ha dejado. Pero diferencias en el entorno donde restará durante un tiempo que le darán a conocer un mundo no tan hostil. Corvo, el cuervo, el nombre que le ha sido otorgado y con el cual se proyecta en su mundo. Expresándose como esta ave en un mundo que ha escogido: la Capoeira. El cuervo, animal mítico y legendario. De carácter inteligente, intuitivo y con fuerte presencia. Incluso un cuervo, sin embargo, con su majestuosidad y tenacidad puede tener momentos de debilidad. Cuando un pájaro está fuera de su hábitat puede estar desorientado. Pero sabe que será momentáneo, es seguro que se encontrará y sabrá qué dirección tendrá que coger para ir hacia su destino. En los momentos de desorientación sabe que se reencontrará. Asume que el camino no será llano, pero que voloteando bien fuerte irá haciendo recorrido para llegar allí donde quiere. No obstante, también sabe que siempre quedará aquella residencia a la que renunció y en la que, volando, volando... algún día volverá.
L’animal ailé vole d’un lieu à l’autre. Il quitte un habitat pour en choisir un autre, plus adapté pour voler en toute liberté. Les différences entre un espace et l’autre lui rappellent à chaque instant qu’il est en voyage. Des différences, et des similitudes. Certaines positives, et d’autres moins. Des différences dans les relations qui le poussent à donner une grande valeur à ce qu’il a quitté. Mais des différences de l’environnement qu’il a choisi qui lui permettent aussi de découvrir un monde pas si hostile. Corvo, le corbeau, est le nom qui lui a été attribué, celui avec lequel il se projette dans son monde, s’exprimant comme cet oiseau dans un monde qu’il a choisi : la Capoeira. Le corbeau, animal mythique et légendaire au caractère intelligent, intuitif et bénéficiant d’une présence forte. Mais même un corbeau, malgré sa majesté et sa ténacité, peut connaître des moments de faiblesse. Lorsqu’un oiseau quitte son habitat il peut se sentir désorienté. Mais il sait que ce n’est que temporaire, il est sûr de retrouver son chemin et de la direction à suivre pour arriver à destination. Dans les moments de désorientation, il garde confiance. Il sait aussi que la route ne sera pas facile, mais qu’en volant avec force il suivra le parcours nécessaire pour arriver où il le veut. Néanmoins, il sait aussi que la résidence qu’il a quittée existera toujours, et que, à force de voler, il y reviendra un jour...
L’animal alat vola d’un lloc a un altre. Deixant un hàbitat per raure en un altre de nou, un de més adequat per poder volar amb més llibertat. Les diferències entre un espai i l’altre li recordaran a cada moment que està viatjant. Diferències i similituds. Algunes positives, d’altres no tant. Diferències en les relacions que li faran donar un gran valor a allò que ha deixat. Però diferències en l’entorn on restarà durant un temps que li donaran a conèixer un món no tant hostil. Corvo, el corb, el nom que li ha estat atorgat i amb el qual es projecta en el seu món. Expressant-se com aquesta au en un món que ha escollit: la Capoeira. El corb, animal mític i llegendari. De caràcter intel·ligent, intuïtiu i amb forta presència. Fins i tot un corb, però, amb la seva majestuositat i tenacitat pot tenir moments de feblesa. Quan un ocell està fora del seu hàbitat pot estar desorientat. Però sap que serà momentani, de ben segur que es trobarà i sabrà quina direcció haurà d’agafar per anar cap al seu destí. En els moments de desorientació sap que es retrobarà. Assumeix que el camí no serà planer, però que volant ben fort anirà fent recorregut per arribar allà on vol. No obstant, també sap que sempre quedarà aquella residència a la que va renunciar i a la que, volant volant, algun dia tornarà.
Andrea AUSTRÍA
M
i querida Christina: Hace mucho tiempo que tengo estas palabras en mi cabeza, ahora que ya tienes 15 años, estás experimentando el mundo a tu manera y te haces tu propia imagen. Cuando me fui de casa tenías sólo 10 años y te prometí que iba a volver después de 5 meses. Luego os dije a todos que me iba a quedar en España y que iba a vivir de una vez como fotógrafa autónoma, todos se asustaron, pero lo que realmente me rompió el corazón era tu mirada decepcionada, tus lágrimas…. En ese momento no te podía explicar por qué me tenía que ir. Que quería ser libre, quería vivir mis sueños con coraje y sin miedo. Sin peso, sólo con una maleta y la cámara. Eso no era posible en Austria, donde hay demasiadas reglas hasta para realizar un sueño, uno siempre quiere vivir el ejemplo. Aparte de la melancolía de la gente a mi alrededor… Junto a Ricardo, el barco de piratas podía marcharse, las aventuras cogían formas y colores. Desde entonces he viajado mucho, he ampliado mis horizontes, he compartido realidades sin palabras. He aprendido a escuchar, sin juzgar, a expresarme en imágenes, así como tú con tu música. He aprendido a aceptar cosas que no puedo cambiar, en eso, las niñas abusadas de Nicaragua me enseñaron muchísimo, ellas consiguieron vivir con su trauma, sonreír y tener esperanzas sin negar lo que pasó. He luchado mucho, a veces en contra de circunstancias absurdas, en contra de prejuicios de otros, en contra de mi propia ignorancia. Hoy me siento feliz, amada, e independiente. Tengo amigos de todas partes del mundo, trabajo en proyectos artísticos, cada uno un mundo diferente. Tengo claro que el arte sin contacto social se queda vacío, elitista. He aprendido que el miedo nos hace prisioneros de la costumbre. Ahora sólo me faltaría juntar mis dos mundos. Amo a nuestras montañas, lagos, la cultura, y nuestra manera de disfrutar la vida. Pero todavía hay tanto que hacer, hay tanto desnivel e injusticia que tengo la sensación de estar solo empezando. El poder disfrutar es un lujo que muchísima gente no tiene. Quiero que sepas que estoy muy orgullosa de ti, no sólo porque eres una gran música, sino porque eres una luchadora, una persona inquieta. Por eso, no tengas miedo si las burbujas se rompen, el mundo gira más rápido cada día… Empieza tu propia búsqueda, te va a sorprender, cuántas cosas vas a descubrir… Perdona que en estos últimos años esté tanto tiempo fuera, pero mi corazón siempre estará contigo. Te quiero, tu hermana mayor, Andrea
Ma chère Christina, Voilà bien longtemps que je garde pour moi les quelques mots que voici. Désormais tu as 15 ans et tu découvres le monde à ta manière, tu t’en fais ta propre image. Lorsque j’ai quitté la maison, tu n’avais que 10 ans et je t’ai promis de rentrer 5 mois plus tard. Puis, j’ai annoncé à tout le monde que je restais en Espagne et que j’allais m’installer comme photographe indépendante. Cette décision a effrayé tout le monde, mais la déception que j’ai pu lire dans ton regard à cet instant, tes larmes, m’ont littéralement brisé le cœur… À ce moment là, je ne pouvais pas t’expliquer pourquoi je devais partir. Je voulais être libre, je voulais vivre mes rêves avec courage, sans peur aucune. Je ne voulais traîner aucun poids, si ce n’est une valise et un appareil photo. Ceci n’était pas possible en Autriche. Là-bas, il y a trop de règles qui t’empêchent de réaliser tes rêves. On aspire toujours à vivre un idéal, même si la mélancolie de mon entourage m’a toujours accompagnée… Avec Ricardo, le bateau de pirate pouvait voguer, les aventures prenaient formes et couleurs. À partir de là, j’ai beaucoup voyagé, j’ai élargi mes horizons, j’ai partagé des réalités indescriptibles. J’ai appris à écouter, sans juger, à m’exprimer à travers des images, comme tu le fais avec ta musique. J’ai appris à accepter ce que l’on ne peut pas changer, comme par exemple les abus sur les petites filles du Nicaragua. Elles m’ont beaucoup appris. Elles parviennent aujourd’hui à vivre avec ce traumatisme, à sourire et à avoir de l’espoir, sans pour autant oublier ce qui s’est passé. J’ai beaucoup lutté, parfois même contre des circonstances absurdes, contre les préjugés des autres, contre ma propre ignorance. Aujourd’hui je suis heureuse, je me sens aimée et indépendante. J’ai des amis dans le monde entier, je travaille sur des projets artistiques tous différents les uns des autres. Je suis tout à fait consciente que l’art sans contact avec la société donne quelque chose de vide et d’élitiste. J’ai appris que la peur nous convertit en prisonnier de notre propre routine. Désormais, rapprocher mes deux mondes est la seule chose qui me manque. J’aime nos montagnes, nos lacs, notre culture, et notre manière de profiter de la vie. Mais il y a encore tellement à faire, il y a tant de clivages et d’injustice que j’ai l’impression de n’en être qu’au début. Pouvoir jouir et profiter de la vie est un luxe qui n’est pas donné à tout le monde. Je veux que tu saches que je suis très fière de toi, pas simplement parce que tu es une grande musicienne, mais parce que tu es également une battante, une personne curieuse. Ne prends pas peur lorsque tes illusions se brisent, c’est que chaque jour le monde tourne un peu plus vite… Effectue tes propres recherches, tu te surprendras toi-même, tu verras tout ce que tu découvriras… Je m’excuse d’avoir été aussi souvent loin de toi au cours de ces dernières années, mais tu resteras dans mon cœur
à jamais. Je t’aime, Ta grande sœur, Andrea Estimada Christina meva, Fa molt de temps que tinc aquestes paraules al cap, ara que ja tens 15 anys estàs experimentant el món a la teva manera i te’n fas una imatge pròpia. Quan me’n vaig anar de casa tenies només 10 anys i et vaig prometre que tornaria en 5 mesos. Després us vaig dir a tots que em quedaria a Espanya i que viuria d’una vegada com a fotògrafa autònoma, tots es van espantar, però el que realment em va trencar el cor era la teva mirada decebuda, les teves llàgrimes... En aquell moment no et podia explicar per què me n’havia d’anar. Que volia ser lliure, volia viure els meus somnis amb coratge i sense por. Sense pes, només amb una maleta i la càmera. Això no era possible a Àustria, massa regles fins i tot per realitzar un somni, un sempre vol viure l’exemple.A part de la malenconia de la gent al meu voltant... Al costat de Ricardo, el vaixell de pirates podia salpar, les aventures agafaven formes i colors. Des de llavors he viatjat molt, he ampliat horitzons, he compartit realitats sense paraules. He après a escoltar, sense jutjar, expressar-me a través d’imatges, com tu amb la teva música. He après a acceptar coses que no puc canviar; en això, les nenes abusades de Nicaragua em van ensenyar moltíssim, elles aconsegueixen viure amb el seu trauma, somriure i tenir esperances sense negar el que va passar. He lluitat molt, de vegades en contra de circumstàncies absurdes, en contra de prejudicis d’altres, en contra de la meva pròpia ignorància. Avui em sento feliç, estimada, i independent. Tinc amics d’arreu del món, feina en projectes artístics, cadascun un món diferent. Tinc clar que l’art sense contacte social roman buit, elitista. He après que la por ens fa presoners del costum. Ara només em faltaria unir els meus dos móns. Estimo les nostres muntanyes, els llacs, la cultura, i la nostra manera de gaudir la vida. Però encara hi ha tant per fer, hi ha tanta desigualtat i injustícia que tinc la sensació només d’haver començat, perquè el poder gaudir és un luxe que moltíssima gent no té. Vull que sàpigues que estic molt orgullosa de tu, no només perquè ets una gran músic, sinó perquè ets una lluitadora, amb moltes preguntes. Per això, no tinguis por si les bombolles es trenquen, si el món gira més de pressa cada dia.... Inicia la teva pròpia recerca, et sorprendrà quantes coses descobriràs... Perdona que aquests últims anys hagi estat tant de temps fora, però sàpigues que el meu cor sempre estarà amb tu. T’estimo. La teva germana gran, Andrea
Andrea
Dos ojos azules observan atentamente. Unos dedos pulsan el botón en el momento oportuno, cuando toca. Ni antes ni después. Clic. Imagen tomada. Son acciones que forman parte del día a día de la austríaca, fotógrafa de profesión y de vocación. Soñadora de sueños, esta joven vino a España como una estudiante más con la pretensión de hacer una breve estancia en el país. Dejaba, por un tiempo, la tierra donde nació y creció. Hizo las maletas sin ser consciente de que le quedaba mucho por aprender y que no sería cerca de su familia donde lo haría. Pasado un tiempo, andando a buen paso, la joven tropezó con una puerta que le obligaba a frenar su buen ritmo.. En un primer momento, le asaltaron todas las dudas del mundo: ¿abrir la puerta y continuar, o bien cerrarla y volver? Pensándolo, se cambió las gafas para ver mejor. Allí no había ninguna puerta que estuviera cerrada del todo. Estaba decidido: franquearía la puerta que le ofrecía dar el salto definitivo a la aventura. Una aventura donde ella y sólo ella sería el capitán del barco. El viaje empezaba de nuevo, con una maleta casi vacía y sólo con aquello indispensable. Entre pocas cosas, el objetivo que captaría sus experiencias para plasmarlas en el cuaderno de bitácora. Todo un recorrido por llenar de vivencias y de sueños cumplidos.
Deux yeux bleus qui observent attentivement. Des doigts qui appuient sur le bouton au moment opportun, juste quand il faut. Ni avant ni après. Clic. La photo est prise. Ce sont des actions qui font partie du quotidien de l’autrichienne, photographe de profession et de vocation. Rêveuse de rêve à réaliser, cette jeune femme est venue en Espagne en tant qu’étudiante avec l’idée de faire un bref séjour dans le pays. Elle laissait, pour un temps seulement, la terre qui l’avait vu naître et où elle avait grandi. Elle a fait ses valises, sans être consciente qu’il lui restait tant à apprendre et que ça ne serait pas près de sa famille qu’elle le ferait. Après un certain temps, à marcher d’un bon pas, la jeune femme s’est retrouvée face à une porte qui l’obligeait à freiner son rythme soutenu. Dans un premier temps, tous les doutes de la terre l’assaillirent. Fallait-il ouvrir la porte et continuer, ou fallait-il la refermer et rentrer ? En y réfléchissant, elle décida de changer de lunettes pour y voir plus clair. Là, il n’y avait aucune porte qui fût complètement fermée. C’était décidé : elle franchirait la porte qui lui permettait de faire le saut définitif dans l’aventure. Une aventure où elle, et elle seule, serait le capitaine du navire. Le voyage commençait à nouveau, avec une valise presque vide et seulement ce qui lui était indispensable. Entre autre, l’objectif qui capturerait les témoignages tout au long de sa feuille de route. Tout un parcours à remplir d’expériences et de rêves vécus.
Dos ulls blaus observen atentament. Uns dits premen el botó en el moment oportú, quan toca. Ni abans ni després. Clic. Imatge presa. Són accions que formen part del dia a dia de l’austríaca, fotògrafa de professió i de vocació. Somiadora de somnis a realitzar, aquesta jove va venir a Espanya com una estudiant més amb la pretensió de fer una breu estada al país. Deixava, durant només una estona, la terra on va néixer i es va fer gran. Va fer les maletes, però, sense ser conscient que li quedava tant per créixer i que no seria prop de la seva família on ho faria. Passada la breu estona, caminant a bon pas, la jove es va topar amb una porta que semblava que l’obligava a frenar el bon ritme del full de ruta que havia agafat. En un primer moment, tota ella quedava envoltada de dubtes: obrir la porta i continuar, o bé tancar-la i girar cua? Rumiant-ho, va canviar-se les ulleres per veure-hi millor. Allí no hi havia cap porta que estigués tancada del tot. Decisió presa: franquejar la porta que li oferia donar el pas real a l’aventura. Una aventura on ella i només ella seria la cap de tripulació. El viatge començava de nou, amb una maleta gairebé buida i només amb allò indispensable. Entre poques coses, l’objectiu capturador que aniria guardant testimoni del full de ruta. Tot un recorregut a omplir de vivències i de somnis complerts.
Réalisation : L’Âge de la Tortue - Rennes Achevé d’imprimer par Corlet Dépôt légal : Imprimé en France isbn - 978-2-9532459-2-9