la Lettre de l'opinion

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la Lettre de l’opinion hor s - s é r i e • m a r s 2 0 1 5

lec tions

é p a r te m e nt a l e s

1/ l’abstention 2/ le profil des candidats 3/ la France des départements 1994 - 2011 4/ les évolutions électorales de 2012 à 2014 5/ les sondages 6/ un scrutin local aux enjeux nationaux

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épar tementales

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Départementales 2015 :

rendez-vous en terre inconnue Repères Les conseillers généraux deviennent les conseillers départementaux Le nombre de cantons est passé de 4035 à 2054 Deux élus (ticket homme/femme) par canton et non plus un seul Le nombre d’élus départementaux augmente : de 4 035 à 4 108

2

Certes, chaque élection est une équation à plusieurs inconnues, mais celles des élections départementales des 22 et 29 mars prochains sont plus nombreuses que d’habitude. Cela tient d’abord à la réforme du mode de scrutin, entérinée en avril 2013 : finies les élections cantonales, places aux départementales. Jusqu’ici, le renouvellement des conseillers généraux avait lieu par moitié et tous les trois ans. Le scrutin qui devait avoir lieu en 2014 a été reporté et, première nouveauté, ces départementales se tiendront dans la totalité des cantons français, donnant ainsi au scrutin un caractère national. Autre changement, la diminution par deux du nombre de cantons qui passent de 4 035 à 2 054, soit la plus grande modification depuis la création des cantons à la suite de celle des départements pendant la Révolution. Ce faisant, les cantons ont été rééquilibrés démographiquement et il n’y a plus d’écart de population supérieur à 20% entre deux cantons. Mais surtout, la nouveauté réside dans le changement du mode de scrutin, désormais unique au monde : le scrutin binominal mixte majoritaire à deux tours.

Chaque canton sera représenté par un binôme paritaire, l’homme et la femme de chaque canton exerçant leur mandat indépendamment l’un de l’autre, adoptant chacun les positions de leur choix. L’objectif – atteint - était de forcer la parité dans les assemblées départementales, les moins paritaires de toutes, qui ne comptent actuellement que 14% de femmes. Dernier élément, et non des moindres, qui n’ajoute pas de visibilité à un scrutin déjà entouré d’inconnues, le vote définitif du texte portant « nouvelle organisation territoriale de la République » (dit NOTRe), qui doit répartir les compétences entre les régions, départements et communes, n’interviendra qu’après l’installation des nouveaux exécutifs départementaux. Autrement dit, les citoyens doivent voter pour des élus dont les compétences sont en train d’évoluer et ne seront connues qu’après leur élection.

Tour d’horizon des enjeux du scrutin


Élec tions dépar tementales

1/ L’abstention Comme l’illustre la courbe ci-contre, le record d’abstention pour un premier tour d’élections cantonales date de 2011 où plus de 55% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Le pic d’abstention remarqué en 1988 s’explique par une année où eurent lieu de nombreux scrutins : présidentielle en avril, législatives en juin et cantonales, isolées, en septembre. En 2011, c’était la première fois depuis 1994 que les cantonales n’étaient pas couplées avec une autre élection, ce qui, logiquement, tire la participation vers le bas. En 1992, 1998 et 2004, on votait les mêmes jours pour les cantonales et les régionales, en 2001 et en 2008 c’était avec les municipales. Ainsi jumelés, pour les trois scrutins cantonaux précédant 2011, la participation avoisinait les 65%. A une semaine du premier tour, l’Ifop1 estimait à 57% l’abstention du 22 mars prochain pour le premier tour. L’institut a interrogé un échantillon d’électeurs qui comptent s’abstenir. Ils citent 3 raisons principales qui motivent leur choix de ne pas aller voter. 38% considèrent que « ces élections ne changeront rien à leur situation » (53% des ouvriers et 54% des électeurs de Marine Le Pen de 2012 le pensent). Ensuite, c’est l’argument protestataire, mentionné par 32% des abstentionnistes potentiels qui souhaitent ainsi « manifester leur mécontentement à l’égard des partis politiques ».

la Lettre de l ’opinion • hors-série • mars 2015

Enfin, l’abstention se nourrit d’un déficit d’information sur l’élection, alors que les binômes et le redécoupage des cantons « sont venus brouiller des repères établis de longue date ». 31% des abstentionnistes invoquent une méconnaissance des candidats et 25% une méconnaissance des compétences des conseils départementaux. 1

Ifop / Sud Ouest Dimanche, 14 mars

Taux d’abstention aux premiers tours des élections cantonales depuis 1982 - en pourcentage des inscrits 55,7 50,9

39,6 31,5

33,3

1982

1985

?

39,6 34,5

36,2

35,1

29,8

1988

1992

1994

1998

2001

2004

2008

2011

2015 3


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épar tementales

2/ Le profil des candidats

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Profil sociologique des candidats FG

PS

EE-LV

UMP

FN 13,7

moyenne 9,9

12,1% 6,5

Le profil des différents candidats fournis par le Ministère de l’Intérieur et étudiés par l’Ifop, permet de dresser un portait sociologique des candidats des grandes formations et fait apparaître les tropismes sociologiques de chaque famille politique : la gauche et la fonction publique, l’UMP et les CSP+ et le FN et les catégories populaires du privé. Ainsi, la tripartition du paysage politique entre trois blocs : gauche, droite et FN renvoie également à une tripartition de l’espace social. Il existe tout d’abord une forte présence des cadres (du privé et du public), qui représentent 17,7% de l’ensemble des candidats, et des enseignants : 8,3%. Mais cadres et enseignants sont proportionnellement plus nombreux parmi les candidats écologistes, tandis que l’UMP se distingue par une légère sous-représentation des enseignants. Le FN se singularise nettement avec seulement 9,5% de cadres ou d’enseignants contre 26% en moyenne. Ce déficit en CSP+ est comblé par une très nette sur-représentation des ouvriers et employés du privé. 22,6% des candidats frontistes appartiennent à l’une de ces deux catégories soit 10 points de plus que la moyenne. 4

Ceci démontre une nouvelle fois l’ancrage de ce parti dans ces milieux (le FN y obtenant ses meilleurs résultats électoraux), ancrage faisant aujourd’hui défaut aux autres principales formations politiques (à l’exception du Front de Gauche). C’est au PS que la proportion d’employés et d’ouvriers du privé est la plus faible : 6,5%, soit une proportion équivalente à ce que pèsent les chefs d’entreprise et les professions libérales (7,2%) parmi les candidats du PS, tandis que les petits indépendants (agriculteurs, commerçants et artisans), y sont, eux, sous-représentés.

La tripartition du paysage politique entre trois blocs : gauche, droite et FN correspond à la tripartition de l’espace social.

22,6

Ouvriers ou employés

A ce clivage, vient s’en ajouter un autre, celui opposant le privé au public. L’ensemble des salariés et des retraités de la fonction publique représente en effet un gros tiers (35,3%) de l’ensemble des candidats mais cette proportion y est nettement supérieure (plus de 50%) au Front de Gauche et au PS alors qu’elle n’atteint que 26,7% à l’UMP et seulement 16,6% au FN. Données Ifop / ministère de l’Intérieur

7,4

16,5

professions libérales ou chefs d’entreprise moyenne 9%

6

7,2

7,8

2,5

Enseignants

15,4 11,9 9,4

moyenne 8,3%

5,9 2

salariés ou retraités du public

43,7

moyenne 35,3%

26,7 16,6

50,8

51,5


Élec tions dépar tementales

3/ La France des départements de 1994 à 2011 Repères La gauche gagne des départements sans discontinuer depuis 1994 30 à 40 départements pourraient basculer de gauche à droite à l’issue de ces élections, qui renouvellent 100% des cantons Le FN pourait conquérir au moins 1 département

Si l’on jette un coup d’œil dans le rétroviseur sur l’histoire des élections cantonales en France, on s’aperçoit rapidement que la gauche est en progression constante depuis près de vingt ans : à la tête de 24 départements en 1994, elle en détient 60 depuis 2011. Aussi, au regard de sa domination actuelle, elle ne peut que reculer, alors qu’on sait que les élections intermédiaires sont toujours difficiles pour la majorité en place et favorables à l’opposition. Pour autant, ce constat ne doit pas dissimuler l’ampleur de la vague bleue qui est attendue : on peut estimer que 30 à 40 départements sont susceptibles de basculer à droite. C’est-à-dire que le rapport de force entre gauche et droite pourrait tout bonnement s’inverser après les troisièmes tours qui élisent les présidents des Conseils généraux, avec la droite et le centre qui se retrouveraient à la tête d’une soixantaine de départements et la gauche, qui n’en conserverait qu’entre 30 et 40. Surtout, la gauche n’apparaît pas en mesure de gagner un seul département : du jamais vu depuis 1994 où, la droite qui reculait en solde net, avait toujours emporté un département – certes qu’un seul à chaque fois : le Val d’Oise en 2011, les Hautes-Alpes en 2008, la Corse-du-Sud en 2004, l’Allier en 2001, la Réunion en 1998 ou la Creuse en 1994.

Enfin, pour la première fois sous la Vème République, le Front National paraît en capacité de conquérir un département, ou plus. 4 seront particulièrement scrutés par les observateurs : le Pas-de-Calais et l’Aisne, le Vaucluse et le Var. Un sondage réalisé dans le département de l’Aisne1 confirme les bonnes chances du parti frontiste de l’emporter : il totalise en moyenne 41% des intentions de vote au premier tour, devançant de 17 points l’UMP et de 21 points le Parti socialiste, actuel détenteur de l’exécutif. Il faut préciser que cette mesure a été réalisée à l’échelle du département et non pas dans chaque canton, ce qui signifie qu’un parti peut très bien être majoritaire (de peu) sur un département et ne pas l’emporter parce qu’il faut pour cela gagner au second dans 11 des 21 cantons. Et Gaël Sliman de préciser que « le FN devrait être présent au second tour dans la quasi-totalité des 21 cantons ». Pour mesurer le poids du FN dans ce département, il faut préciser que c’est dans l’Aisne (cf. page 8) que Marine Le Pen a réalisé son deuxième meilleur score à la présidentielle (avec 26,33%, juste derrière le Vaucluse et ses 27%) et que, surtout, ce département est celui où le FN a le plus progressé entre 2012 et 2014, avec un gain de plus de 13 points entre la présidentielle et les européennes. De quoi nourrir le suspens jusqu’au bout... 1

la Lettre de l ’opinion • hors-série • mars 2015

Odoxa / Le Parisien, Aujourd’hui en France, 16 mars

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épar tementales

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Pas-deCalais

DROITE

Somme

60 ∕ 40

Seineet-Marne Essonne

Meurtheet-Moselle

P P

Ille-etVilaine

P

P

P

Isère

P

Vaucluse

P Hérault

Var

P

Tarn

P

Élections cantonales marquées par un fort taux d’abstention et une percée du FN.

P

P

P

HauteGaronne

P

Gard

P

P

Drôme

Ardèche

Lot-etGaronne

Pyrénées Atlantiques

P

P

P Corrèze

La Martinique et la Guyane ne votent pas, en raison de la mise en place des collectivités uniques en décembre 2015.

Pyrénées Orientales

P

La gauche remporte les départements du Jura et des Pyrénées-Atlantiques, tandis que la droite gagne celui du Val-d’Oise. Dans la France d’outre-mer, la gauche devient majoritaire à La Réunion et à Mayotte.

Ain

HauteVienne

La métropole de Lyon ne vote pas, exerçant les compétences départementales depuis janvier 2015. Le reste du département du Rhône élira 23 conseillers départementaux.

La gauche obtient 1 213 sièges sur 2 026 cantons – dont 871 pour le PS-PRG, 121 pour le Front de gauche et 27 pour Europe Écologie-les Verts –, la majorité présidentielle 753 sièges – dont 431 pour l’UMP et 58 pour le Nouveau Centre –, le MoDem 16 et le FN 2.

P

P

Allier

Jura

P

Saône-et-Loire

DeuxSèvres

Doubs

P

au FN

2011

P

Indreet-Loire

P

PP

Haute- Territoire Saône de Belfort

À DROITE (UMP- UDI- DVD)

Paris ne vote pas : la ville étant à la fois une commune et un département, c’est le Conseil de Paris qui fait office de Conseil municipal et de Conseil général.

6

P

P

Eure

Val-de-Marne

Aisne

P

Potentiel de bascules

Oise

Seine-St-Denis

P

P P P

Gauche

PP

Couleur politique des conseils généraux sortants

Guadeloupe

Guyane

Martinique

La Réunion

Mayotte


R

Élec tions dépar tementales

étro.

1994

1998

2001

2004

2008

24 ∕ 75

36 ∕ 63

40 ∕ 59

50 ∕ 49

57 ∕ 43

Ces élections se déroulent un an après les législatives et un an avant la présidentielle, qui écrase l’enjeu de ce scrutin.

Progrès de la gauche et principalement du Parti socialiste qui compte 647 élus contre 312 sortants. Le PS possède désormais 1 140 sièges de conseillers généraux sur 3 857 en métropole. Le PC en gagne 36. L’UDF en perd 213, le RPR, 181, et les divers droite, 17.

Ces élections cantonales ont lieu en même temps que les municipales (victoire de la gauche à Paris et à Lyon).

Premières élections depuis 2002, cantonales et régionales ont lieu le même jour. Aux régionales, carton plein pour le PS qui enlève 12 Régions à la droite et se retrouve à la tête de 20 exécutifs régionaux sur 22.

Les élections cantonales se tenaient aux mêmes dates que les municipales, pour renouveler la série sortante des conseillers généraux élus en 2001.

Succès de la majorité de droite RPR-UDF et redressement de l’opposition de gauche : alors qu’elle craignait de perdre la majorité dans une dizaine de départements, la gauche ne cède que la Creuse et gagne la Dordogne, la Réunion.

13 départements basculent à gauche : 10 au PS, 1 au Parti communiste et 2 au Parti radical de gauche. La droite ne conquiert que la présidence du conseil général de la Réunion.

la Lettre de l ’opinion • hors-série • mars 2015

Malgré un contexte peu porteur après 4 ans de cohabitation, la gauche gagne cinq départements (Corse-du-Sud, Creuse, Eure, Isère, Vaucluse) et n’en perd qu’un (Allier).

Les cantonales accentuent la tendance de la progression de la gauche : gain de 11 départements par rapport à 2001 et perte d’un seul. Résultat, c’est la première fois que la gauche est majoritaire dans le pays en nombre de départements, depuis la création de ceux-ci en 1790.

Elles voient s’accroître encore la domination de la gauche sur les exécutifs départementaux : la gauche en gagne 8 tandis que la droite ne parvient à l’emporter que dans les Hautes-Alpes.

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épar tementales

4/ Évolutions électorales depuis 2012 Focus en cartes et en tableaux sur les évolutions les plus marquantes du quinquennat de François Hollande. Les reculs de la gauche sont particulièrement prononcés en Ile-deFrance, région où la droite qui détient 3 des 7 départements nourrit l’espoir d’un grand chelem et peut escompter conquérir l’Essonne, la Seine-SaintDenis, la Seine-et-Marne et le Val-deMarne. Les plus fortes progressions du FN dessinent les lignes de force électorales du parti de Marine Le Pen. Autrement dit, c’est dans les zones où le FN réalisait déjà ses meilleurs scores qu’il progresse le plus : Nord du pays et pourtour méditerrannéen.

Données CSA / ministère de l’Intérieur

8

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Le recul de la gauche

La progression du FN

de -7 à -2,67

de +8 à +13,7

de -10 à -7

de 6 à 8

de -13 à -10

de 4 à 6

de -18,5 à -13

de 0 à 4 recul de -1,2

Les 10 départements où le PS a le plus regressé entre 2012 et 2014

Les 10 départements où le FN a le plus progressé entre 2012 et 2014

% de F. Hollande en 2012 (t1)

% du PS aux européennes

recul

Seine-Saint- Denis

57,88

39,38

-18,5

1

2

Val- d'Oise

46,41

30,51

-15,9

3

Haute- Corse

38,32

22,42

-15,89

4

Somme

40,6

24,74

5

Pas- de- Calais

42,19

27,29

6

Corse- du -Sud

34,21

7

Aisne

38,45

8

Nord

42,34

9

Seine- et- Marne

10

Ardennes

1

% de Marine Le Pen en 2012 (t1)

% du FN aux européennes

progression

Aisne

26,33

40,02

13,69

2

Somme

23,77

37,15

13,38

3

Pas - de- Calais

25,53

38,89

13,37

-15,86

4

Oise

25,08

38,26

13,18

-14,9

5

Eure

22,75

34,77

12,01

19,45

-14,76

6

Pyrénées- Orientales

24,23

35,27

11,04

23,77

-14,68

7

Nord

21,91

32,8

10,89

27,94

-14,39

8

Seine- Maritime

18,9

29,45

10,56

40,62

26,25

-14,37

9

Orne

20

30,33

10,32

39,43

25,5

-13,93

10

Var

24,83

34,96

10,13


5/ Les sondages 11 intentions de vote nationales ont été réalisées depuis décembre (cf. graphique). Si le FN sort en tête dans 10 d’entre elles, il faut nuancer ce résultat, variable selon que l’on additionne l’UMP avec l’UDI, les Divers droite et le MoDem (qui ne présente pas de binôme avec la gauche), parfois testés séparément. Il faut également avoir à l’esprit que seules les mesures les plus récentes (CSA, Harris Interactive et Ifop de mars) prennent en compte l’offre réelle des cantons. La moyenne du bloc de gauche (extrême gauche, FG, PS, EE-LV, DVG) dans ces intentions de vote se situe à 34,7%, devant celui de la droite, à 33,1%. Ces moyennes ne sont pas contradictoires avec les résultats attendus : elles ignorent l’éclatement de l’offre politique à gauche au premier tour et les règles électorales du seuil de qualification qui vont probablement conduire à l’élimination du PS dès le premier tour dans de très nombreux cantons, étant donné le niveau des candidats d’union de la droite mais surtout, du FN… En moyenne, sur ces 11 intentions de vote, le FN est crédité de 29,2% des voix, ce qui constituerait une véritable percée par rapport à son score de 2011 : 15% au niveau national, 19% en moyenne là où il était présent. L’issue de ces élections va certainement conduire à une recomposition de l’espace politique vers une tripartition, comme l’illustrent de façon éloquente les courbes ci-contre. Reste que les conséquences de cette partition en trois blocs demeurent, elles, tout à fait inconnues…

Intentions de vote départementales

28 Autres

26

29

26

30

FN

33

DVD

29

30 31

30

5 25

UMP-UDI

27

UDI MoDem

7

EE-LV

5 7

PS

17

DVG

5

25

23 7

7

6 7 20

8

6

7

6

18

25

28

27

7

4

5 2 21

21

20

19

7

6

9

29

5 29

28

29

4

4

3

20

21

19

32

3 26

FG

4

9

10

16 dec. Odoxa

27 janv.

31 janv.

20 fev.

22 fev.

2 mars

4 mars

Odoxa

BVA

IFOP

IFOP

Odoxa

CSA

Ext. Gauche

9

6

8

5 6

9 mars

9 mars

16 mars

16 mars

Odoxa

Harris Int.

IFOP

Harris Int.

Historique des résultats des élections cantonales 1988-2011

Moyenne des intentions de vote 34,7 33,1 29,2

bloc de gauche bloc de droite FN

1988

1992

1994

1998

2001

7

6

2004

2008

2011

2015


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6/ Un scrutin local aux enjeux nationaux Plus que jamais, ces départementales constituent un scrutin local au retentissement national. Pour le PS, qui joue sa survie nationale. C’est sa capacité à se maintenir aux seconds tours qui sera particulièrement révélatrice. Sachant que le seuil de qualification est, depuis 2011, établi à 12,5% des inscrits, compte-tenu de la faible participation attendue, les situations de triangulaires (et a fortiori de quadrangulaires) seront, comme en 2011, très faibles (cf. tableau ci-contre). Le PS, systématiquement donné en troisième position dans les sondages, loin derrière le FN et l’UMP, est parti pour en faire les frais et l’on s’attend à ce qu’il soit éliminé dès le premier tour dans un certain nombre de cantons. Reste à savoir combien : dans un quart, un tiers, la moitié des cantons ? Quoiqu’il arrive, la proportion s’annonce déjà sans précédent… Pour le FN qui poursuit son processus de normalisation avec l’émergence d’un « Front local », alors que sa capacité à gagner – puis à gérer – à l’échelon local, constituait la principale faiblesse de cette formation et le principal argument de ses adversaires. Rappelons que, depuis 2012, le FN a obtenu deux sièges de députés à l’Assemblée, conquis 11 mairies (dont

10

le 7e secteur de Marseille qui compte 150 000 habitants), envoyé le plus gros contingent de représentants Français à Strasbourg (24 députés européens pour le FN, 20 pour l’UMP et 13 pour le PS) et fait son entrée (historique) au Palais du Luxembourg avec l’élection de deux sénateurs. Plus que la bataille sémantique autour du « premier parti de France » qui s’apparente à une guerre picrocholine d’étiquettes politiques et de nuances attribuées par le ministère de l’Intérieur - mais surtout, quel crédit accorder à la première place d’une élection qui ne mobilise même pas la moitié du corps électoral ? -, c’est la capacité du FN à gagner un département qui devra être observée. D’où l’importance que revêtent les troisièmes tours, qui n’en avaient pas pris autant depuis les régionales de 1998… Pour l’UMP, qui devra convaincre que sa victoire tient à elle-même, à sa capacité à rassembler, à proposer une véritable politique alternative et à sa bonne gestion locale. Et non pas qu’il s’agit d’une victoire par défaut, se nourrissant à la fois de la déception engendrée par le quinquennat de François Hollande et par la crainte du FN. Tout un programme pour cette première épreuve électorale à grande échelle depuis le retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP.

La présence du FN au second tour 2004

2011

quadrangulaire

4

0

triangulaire

215

5

Duel FN / gauche

41

266

Duel FN / droite

16

128

TOTAL

276

399

2015

?

Le FN risque d’être le vainqueur symbolique du premier tour mais, compte tenu des réserves de voix dont dispose la droite, c’est sans doute l’UMP qui emportera très nettement la mise le 29 mars prochain. Frédéric Dabi, IFOP


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