BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°1- NOVEMBRE 2017 Je salue l’initiative prise par Claude Reynaert de créer un véritable Bulletin historique de la ville de Lambersart couplé à une rubrique sur le portail de la ville. De nombreuses demandes de renseignements portent souvent sur l’origine des noms des rues par exemple et le souvenir des anciens n’est pas suffisant. Certes Lambersart n’est devenue une ville de plus de 2000 habitants qu’en 1870 mais le passé du village recèle des moments de plaisir liés à la découverte. L’historien lit souvent les documents à la lumière de ses propres interrogations et des commentaires anciens, et ses interprétations sont susceptibles d’évoluer au fur et à mesure que la recherche progresse. La vérité historique n’est donc jamais définitive. Les documents sont donc indispensables. Vérifier l’authenticité de ses sources, les peser est indispensable. C’est pourtant parce que l’histoire raconte que cette matière intéresse. L’histoire fait intervenir une multiplicité de facteurs, le hasard, les causes matérielles, la liberté et les fins poursuivies. Il faut donc évoquer le monde vécu et tenter de restituer ces moments de la vie qui donnent un sens à l’humanité. Claude Reynaert a pu fédérer les bonnes volontés sans que cela soit restrictif autour du service culture-patrimoine-tourisme, les archivistes du SIVOM et de la ville, le syndicat d’initiative, le service urbanisme, le service état-civil et enfin le service informatique afin de développer la connaissance du passé de notre ville car c’est souvent à la lumière du passé que l’on peut inventer le futur d’une ville.
Marc Philippe DAUBRESSE Sénateur-Maire de Lambersart
SOMMAIRE : p. 2 et 3, dossier historique : La Motte Raineval, un château féodal à Lambersart p.4, Histoire actualisée des maires de Lambersart : la réunion des états généraux
La Motte Raineval, un château féodal à Lambersart Symbole de protection et d’autorité, le château est souvent d’origine médiévale et se situe dans un lieu stratégique, carrefour commercial, voie de communication importante ou site défensif remarquable. A proximité de l’actuelle avenue de Dunkerque une motte féodale existe nommée « Motte Raineval » attestée dès le XIV° siècle, elle constitue le seul exemple de château féodal connu à Lambersart alors. Ce n’est qu’en 1326 que nous constatons authentiquement l’existence de la seigneurie et du château. Jean, seigneur de Raineval (seigneur également d’un château fort en Picardie, maintenant en ruines sur la commune de Mailly-Raineval), possédait une maison que l’on dit à la motte séant à la rue du bois. C’est le manoir de la motte de Lambersart que l’on dit à Raineval. Pour construire le château féodal, aucune éminence propice n’existait et il fallut en créer une artificiellement pour lui donner plus d’apparence et faciliter la défense. On éleva donc une motte comme en bien d’autres endroits de notre plat pays. La terre enlevée pour creuser les fossés fut rejetée au centre, et du haut de quelques pieds, il put dominer les champs environnants. Un plan de 1776 ci-dessus, document annoté de 1751 permet de fixer exactement l’emplacement et la configuration de la motte. De forme ovale régulière, longue de 85 mètres et large de 70, elle couvrait donc une superficie de près d’un hectare. Le grand axe était parallèle à l’avenue de l’hippodrome qu’elle longeait côté Canteleu entre les avenues de l’amiral Courbet et Gabrielle Groulois. A notre connaissance, lors de la création de ces avenues et la construction des villas qui la bordent, aucun reste du château ne fut découvert. On ne saurait s’en étonner, car comme tous ceux de l’époque, ils furent construits d’abord en bois. C’est en effet un ou deux siècles plus tard et seulement dans le pays où la pierre abonde que s’élevèrent les premières bâtisses de ce genre de maçonnerie. Ainsi longtemps, les seigneurs de Raineval habitèrent le château. Ils y résidaient déjà en 1326 puisque l’acte qui nous le fait connaître, enregistre la fondation d’une chapellenie (chapelle Saint-Pierre) dans le testament de Jean de Raineval, par son fils Jean II et l’obligation pour le bénéficiaire de célébrer la messe trois fois par semaine en leur manoir. Mais une destinée plus haute leur était réservée. Déjà son petit-fils Raoul de Raineval était grand panetier de France, chambellan du Roi, époux de la fille du châtelain de Lille. Son fils Valéran (Wallerand) commandant la troupe de réserve du roi, conduisit le dernier assaut, mourant avec ses frères à la bataille d’Azincourt (1415), éteignant la lignée.
Armoiries des de Raineval et D’Ailly Par mariage, les d’Ailly (issus d’Ailly-le-HautClocher en Picardie) succédèrent aux Raineval et devinrent vassaux du duc de Bourgogne. Le dernier d’Ailly éclissa en 1517 la seigneurie collective de « la Motte de Lambersart & Mouvaux » en trois seigneuries : Lambersart, la Motte Raineval et Mouvaux. Il vendit la Motte Raineval à François de Hocron mari de l’héritière des Du Chastel de la Howarderie. Enfin ce fut la famille de Rodoan, qui par mariage fut seigneurs de ce fief. Charles de Rodoan figure sur le plan de 1776 (à retrouver sur notre page internet). A une époque imprécise, peut-être à la fin de l’occupation française de la Châtellenie de Lille (1300 à 1369, illustrée par le « château de Courtrai » dont la garnison surveillait Lille), ou après la vente de 1517, la maison seigneuriale fut abandonnée au fermier qui cultivait le fief. Le vieux donjon de bois fut démoli et la maison transformée en ferme fortifiée. Quand en 1670, après la prise de Lille par Louis XIV, il fallut dégager les abords de la citadelle de Vauban, la cense de la motte fut « ruinez et demoliz par ordre du roi ». Elle est indiquée comme suit dans les héritages condamnés « une cense contenant 12 bonniers appelée la cense de Raineval dit de la motte reportée sur Martin Brasme ». Puis la charrue passa sur la motte, comblant peu à peu les douves. En dernier souvenir du château de Raineval, le plan établi en 1776 du « gros fief et seigneurie vicomtière de Raineval » mentionne encore la parcelle de deux bonniers quatre cens et deux verges, la motte prairie et labours et marque d’un pointillé discret la double enceinte de fossés en cours de nivellement. Le premier plan cadastral de Lambersart établi en 1829 ne porte plus d’indication. Tout souvenir du château avait alors disparu ! Le manoir de Composterne joignait à l’est la cense de Raineval. Il est connu depuis 1328 par les archives de la Collégiale de Lille et appartenait alors à Etienne de Bourgogne, chanoine de saint Pierre, le premier desservant de la chapelle. Il relevait de la seigneurie de la Motte. Son propriétaire Jean de Raineval le donna « pour Dieu et l’exaucement du divin office » en vue d’une chapellenie perpétuelle. Un chapelain, bénéficiaire du revenu, célébrerait la messe tous les jours aux intentions du donateur. La cense de Composterne survécut encore jusqu’au début du XX° siècle avant de disparaître. Une photo retrouvée dans nos archives municipales atteste de son existence. Manoir de Composterne devenu ici villa de Monsieur Schoutteten (ensuite pavillon du pesage de l’hippodrome). Photo hiver 1889, archives de Lambersart
La réunion des Etats Généraux 1789 La convocation des États Généraux le 27 décembre 1788 se fait dans un climat de tension palpable et le Roi, conscient de l’évolution de l’opinion, consent au principe du doublement du Tiers État (équivalent ainsi à l’ordre de la noblesse et du clergé) et détermine la circonscription électorale, le bailliage. Le 24 janvier 1789 la lettre de convocation et le règlement électoral pour les États généraux sont envoyés. Le 19 février la lettre pour la Flandre est diffusée. Tous les nobles âgés de plus de 25 ans et domiciliés dans le bailliage sont électeurs. Dans le clergé, sont électeurs directs les évêques et les curés. Dans le Tiers État, tous les habitants âgés de 25 ans et compris au rôle des impositions sont électeurs. Cependant les communautés rurales rédigent leurs doléances et élisent des députés qui se rendent à l’assemblée de bailliage où ils retrouvent les députés des villes. Ils rédigent alors un cahier commun et choisissent leurs représentants pour le porter à Versailles. Le mode de désignation des députés du Tiers État reste sélectif sur la base de la richesse, les non imposés ne votent pas. Ce système pyramidal favorise incontestablement une sélection par le talent et la richesse. Le lieutenant général François Joseph Marie Dusart, écuyer, seigneur du Sart, Popuelle, Lannoy …, conseiller du roi est désigné pour présider l’assemblée bailliagère de Lille. Pour la gouvernance de Lille, 4 députés du Tiers Etat pour 2 députés de la noblesse et 2 députés du clergé dont la désignation doit se faire en l’église Saint Étienne du 25 mars au 3 avril. 384 députés sont présents à Lille et le Tiers État constitue le bataillon le plus important. Après la nomination d’un secrétaire de séance, les représentants du Tiers État élisent une commission chargée de rédiger le cahier bailliager. A Lille, les 19 commissaires ne comprennent que deux paysans très aisés. Le monde du négoce, de la manufacture et les hommes de loi l’emportent. La place des revendications paysannes est donc limitée. Le cahier du bailliage de Lille frappe par sa modération. Il évoque cependant la possibilité du rachat des droits seigneuriaux, la nécessité d’établir un règlement pour la perception de la dîme et la suppression des banalités sur les moulins et le droit de plantis. Nous connaissons l’identité des élus de la gouvernance de Lille. Pour le Tiers État, les 4 délégués sont Pierre Joseph Marie Chombart propriétaire et maire à Herlies, Lepoutre Pierre François fermier à Linselles, Scheppers Louis Joseph négociant à Lille et Jean Baptiste Wartel avocat à Lille. Le clergé désigne l’évêque de Tournai et le curé de Tourcoing. La noblesse désigne Charles François comte de Lannoy et Louis Séraphin du Chambge, baron de Noyelles. Ont participé aux recherches : Eric Parize, Gilbert Pattou, Didier Delval, Catherine Meersdam, Soizic Léger, Dominique Pagliaro, Claude Reynaert. Pour nous contacter : Bulletin-historique@ville-lambersart.fr Mairie de Lambersart 19, avenue Clemenceau 59130 Lambersart
Responsable de publication : Claude REYNAERT Secrétaire de publication : Eric PARIZE