Bulletin historique n°5 mars 2018

Page 1

Enquête sur le 2e maire de la commune, Noël Joseph Deleplanque Les successeurs de PJ Duribreux se recrutent dans la même classe de censiers. Un problème se pose quant à la suite de deux maires : Noël Planque et A.J. Delplanque cités dans les ouvrages jusque 2010. La consultation des registres de l’état-civil laïc créés en 1793 fut vaine, ce sont des copies bien postérieures et les actes sont rédigés par Louis Joseph Leplat, officier public de la commune et non maire. Rien non plus dans les rares registres de catholicité. A cela s’ajoute l’orthographe des noms très voisins. Dans le livre de Giard et Grimonprez « Histoire de Lambersart » de 1911, le greffier Jacques Joseph Piérard note Noël J. Deleplanque. Une lettre du 21 juillet 1792 relative au curé Duhaut y fait état de AJ Delplanque, maire; JB Herbau, JP Bonenfant, officiers municipaux ; LJ Leplat, procureur. Erreur de lecture fatale de ce document retrouvé * : De plus, les deux auteurs citent bien Noël Deleplanque, maire en 1793. Aussi la succession de ces 2e et 3e maires, reprise pendant 100 ans, est impossible. Noël Deleplanque emporte la décision pour les 3 ans et demi lors de cette période trouble de 1792 à 1795 (après la chute de la monarchie constitutionnelle à l’été 1792 commence la 1ère République, sous le régime de la Convention Nationale et comprenant la période dite de La Terreur jusque l’été 1794). En consultant les baux des censiers de Lambersart aux Archives du Nord, nous retrouvons enfin sa trace. Il est né vers 1737 à Phalempin (par soustraction de son âge à la date), il s’est marié le 6 juin 1775 à Deûlémont avec Jeanne Françoise Dassonville. Il est alors censier du Grand Croquet (la ferme actuelle du Croquet est occupée par les Masschelein depuis 1919, rue de Lompret). Dans les registres d’état-civil le dernier acte du 1er mandat de Deleplanque est signé le 26 pluviôse an 2 soit le 14 février 1794. Le suspens est levé pour son second mandat grâce aux archives de Lambersart sous la Révolution Française* et l’Ancien Régime, déposées aux Archives du Nord en 1877 par le maire Richard

Bailly. N.J. Deleplanque est à nouveau maire en mars 1794. Cependant l’officier municipal Floris Colpart assure l’interim de maire en février-mars 1795, probablement pendant la période d’élection devenue annuelle alors : Noël Deleplanque redevient maire jusqu’en octobre, quand avec le nouveau régime du Directoire le canton de Quesnoy-s/Deûle prend le pouvoir et désigne un agent municipal pour Lambersart, FJ Roussel (voir prochain n°). Enfin, nous avons retrouvé l’acte de décès de Noël Joseph Deleplanque à Lomme le 11 vendémiaire de l’an VII, soit le 2 octobre 1798. Il est cultivateur et meunier et habite Lomme. Il est veuf à deux reprises, d’abord de Yolande Werquin puis de Séverine Dassonville. Il est le fils de Nicolas Deleplanque et de Marie Laby. Nous avons établi l’unique Noël Joseph Deleplanque comme maire de Lambersart de mars 1792 à octobre 1795. Recherches du Comité Historique de Lambersart : Didier Delval (état-civil ville), Dominique Pagliaro (archives ville), Gilbert Pattou (Syndicat d’Initiatives), Soizic Léger et Catherine Meersdam (archives SIVOM), Eric Parize (culture-patrimoine-tourisme ville) et Claude Reynaert (historien, adjoint au maire culture-patrimoine-archives). Textes et photos : Claude Reynaert et Eric Parize Pour nous contacter : Bulletin-historique@ville-lambersart.fr Mairie de Lambersart 19, avenue Clemenceau 59130 Lambersart www.lambersart.fr/bulletin-historique Parution chaque mois sauf juillet-août. Versions numériques disponibles dans la rubrique « retour sur notre histoire ». Responsable de publication : Claude REYNAERT Secrétaire de publication : Eric PARIZE Impression ville de Lambersart

BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°5- MARS 2018 Un fait divers en 1907

Le journal « L’Aurore » évoque dans son article « Mauvaise herbe à Lille » : « La bande du Colysée est une bande de jeunes cambrioleurs, ainsi nommée par les affiliés parce qu’ils se réunissaient dans l’avenue du Colysée à Lambersart. Son chef, Denis Klervais, a 13 ans. C’est lui qui réunissait et écoulait le produit des vols. Il vient d’être arrêté avec cinq de ses sujets : Robert Houriez, 10 ans, Julien Staignier, 14 ans, Gustave Sauter, 15 ans, Edouard Vanderoden, 14 ans et François Deprimer, 13 ans. Denis Klervais a déclaré que lorsqu’on le mettrait en liberté, il tenterait un grand coup pour être envoyé en Nouvelle-Calédonie (lieu de bagne), où il compte faire fortune. » Ce fait divers révèle les difficultés sociales de l’agglomération de Canteleu (Lille, Lomme et Lambersart). Les usines textiles et autres assuraient un travail pour les ouvriers qui résidaient dans la quarantaine de courées de Canteleu. Les enfants pouvaient travailler à partir de 13 ans (moins avant 1881, 16 ans en 1959) pendant 10 heures tout comme les adultes. Le chômage était endémique et lié aux débouchés de l’entreprise. Un livret ouvrier fichait les ouvriers en écartant les contestataires qui étaient marqués au rouge et retrouvaient difficilement un emploi. Les estaminets (30 à Canteleu-Lambersart) sauvait ces travailleurs marginalisés mais l’alcoolisme était latent. La délinquance touchait toutes les tranches de la population. Ce fait divers souligne la misère de certains jeunes livrés alors à eux-mêmes très tôt, trop tôt. L’espérance de vie était faible, les mauvaises conditions d’hygiène des courées et le peu de scrupules de certains propriétaires entraînaient des vagues d’épidémies. Grâce à Pasteur, l’école obligatoire et la vaccination massive dans le bureau de bienfaisance et d’hygiène sociale de Canteleu (1927), la situation s’améliora...

SOMMAIRE : p.1 : fait divers en 1907 - dossier « la première mairie (1790-1833) » en pages centrales p.4 : le deuxième maire de Lambersart, Noël Joseph Deleplanque (1792-1795)


DOSSIER

LA PREMIÈRE MAIRIE (1790-1833) Les communautés villageoises trouvent leur place et leurs représentants au sein du lieu géographique principal qui est l’église, seul lieu assez vaste pour recevoir la communauté. Cependant on paie ses impôts à l’estaminet et

somme de « 13 livres et 4 sous pour la bière, qui a été donnée aux tenanciers les jours de siège de rente ». Là aussi se réunissaient les échevins sous la présidence du bailli. Là enfin, qu’en chambre échevinale eurent lieu les

officier de Napoléon Ier à la retraite. L’imprimeur Charles Marlier et Jean Baptiste Masurel y exercent leur fonction sous la Restauration et la Monarchie de Juillet jusqu’en 1833.

rue du Bourg est actuellement une simple maison d’habitation. On doit d’ailleurs aux Lambrette la chapelle rue de Verlinghem devant la ferme du Mont-Garin, consacrée à Notre Dame des Champs (1951).

Devenu après 1865 le cabaret « Au Sapeur Pompier » (voir le dépliant du SIVOM sur les pompiers

L’alignement des maisons rue du Bourg ne se fera qu’en 1987. L’aile gauche avancée disparaît, lisible sur la façade contemporaine à la couleur différente des briques.

de Lambersart) et derrière la porte cochère de droite, le siège de l’entreprise des couvreurs de toit Lambrette sur un terrain en L, le n°55

En 1930 : à droite le cabaret du Sapeur Pompier, à gauche la placette devenue parking

il n’est pas étonnant que ceux installés au débouché de l’église soient également les centres du pouvoir et des décisions. C’est là, dans une salle louée au cabaret Saint-Calixte, que les baillis et receveurs des différents fiefs de Lambersart descendaient dans leur tournée pour encaisser les redevances avant la Révolution. On ne manquait pas de donner à boire aux débiteurs qui venaient payer. En 1790 encore, le receveur de la seigneurie de Lambersart inscrit dans les comptes une

premières élections municipales en 1790 puis les suivantes jusque 1833. L’estaminet accueillait le conseil municipal dans la pièce en marteau qui débordait sur le trottoir de la rue du Bourg. Dans cette première mairie se succèdent Pierre Duribreux, Noël Deleplanque avec un court intérim de Floris Colpart, puis François Roussel censier de la Carnoy, Jean-Baptiste Montagne, Charles Liénart censier du Mont-Garin, Adrien Dumont, Philippe Meurisse et Athanase Dusautoir,

Plan cadastral d’assemblage de 1829 avec les lieux-dits d’alors portés sur les deux feuilles, repris en violet. Le bourg et son église occupent la position centrale de la paroisse et commune ( les archives communales papier sont versées aux archives de la MEL à Sequedin. Ce plan et ses deux feuilles plus détaillées sont numérisées et consultables sur le site des archives du Nord, comme le cadastre de 1905 en 24 feuilles).


DOSSIER

LA PREMIÈRE MAIRIE (1790-1833) Les communautés villageoises trouvent leur place et leurs représentants au sein du lieu géographique principal qui est l’église, seul lieu assez vaste pour recevoir la communauté. Cependant on paie ses impôts à l’estaminet et

somme de « 13 livres et 4 sous pour la bière, qui a été donnée aux tenanciers les jours de siège de rente ». Là aussi se réunissaient les échevins sous la présidence du bailli. Là enfin, qu’en chambre échevinale eurent lieu les

officier de Napoléon Ier à la retraite. L’imprimeur Charles Marlier et Jean Baptiste Masurel y exercent leur fonction sous la Restauration et la Monarchie de Juillet jusqu’en 1833.

rue du Bourg est actuellement une simple maison d’habitation. On doit d’ailleurs aux Lambrette la chapelle rue de Verlinghem devant la ferme du Mont-Garin, consacrée à Notre Dame des Champs (1951).

Devenu après 1865 le cabaret « Au Sapeur Pompier » (voir le dépliant du SIVOM sur les pompiers

L’alignement des maisons rue du Bourg ne se fera qu’en 1987. L’aile gauche avancée disparaît, lisible sur la façade contemporaine à la couleur différente des briques.

de Lambersart) et derrière la porte cochère de droite, le siège de l’entreprise des couvreurs de toit Lambrette sur un terrain en L, le n°55

En 1930 : à droite le cabaret du Sapeur Pompier, à gauche la placette devenue parking

il n’est pas étonnant que ceux installés au débouché de l’église soient également les centres du pouvoir et des décisions. C’est là, dans une salle louée au cabaret Saint-Calixte, que les baillis et receveurs des différents fiefs de Lambersart descendaient dans leur tournée pour encaisser les redevances avant la Révolution. On ne manquait pas de donner à boire aux débiteurs qui venaient payer. En 1790 encore, le receveur de la seigneurie de Lambersart inscrit dans les comptes une

premières élections municipales en 1790 puis les suivantes jusque 1833. L’estaminet accueillait le conseil municipal dans la pièce en marteau qui débordait sur le trottoir de la rue du Bourg. Dans cette première mairie se succèdent Pierre Duribreux, Noël Deleplanque avec un court intérim de Floris Colpart, puis François Roussel censier de la Carnoy, Jean-Baptiste Montagne, Charles Liénart censier du Mont-Garin, Adrien Dumont, Philippe Meurisse et Athanase Dusautoir,

Plan cadastral d’assemblage de 1829 avec les lieux-dits d’alors portés sur les deux feuilles, repris en violet. Le bourg et son église occupent la position centrale de la paroisse et commune ( les archives communales papier sont versées aux archives de la MEL à Sequedin. Ce plan et ses deux feuilles plus détaillées sont numérisées et consultables sur le site des archives du Nord, comme le cadastre de 1905 en 24 feuilles).


Enquête sur le 2e maire de la commune, Noël Joseph Deleplanque Les successeurs de PJ Duribreux se recrutent dans la même classe de censiers. Un problème se pose quant à la suite de deux maires : Noël Planque et A.J. Delplanque cités dans les ouvrages jusque 2010. La consultation des registres de l’état-civil laïc créés en 1793 fut vaine, ce sont des copies bien postérieures et les actes sont rédigés par Louis Joseph Leplat, officier public de la commune et non maire. Rien non plus dans les rares registres de catholicité. A cela s’ajoute l’orthographe des noms très voisins. Dans le livre de Giard et Grimonprez « Histoire de Lambersart » de 1911, le greffier Jacques Joseph Piérard note Noël J. Deleplanque. Une lettre du 21 juillet 1792 relative au curé Duhaut y fait état de AJ Delplanque, maire; JB Herbau, JP Bonenfant, officiers municipaux ; LJ Leplat, procureur. Erreur de lecture fatale de ce document retrouvé * : De plus, les deux auteurs citent bien Noël Deleplanque, maire en 1793. Aussi la succession de ces 2e et 3e maires, reprise pendant 100 ans, est impossible. Noël Deleplanque emporte la décision pour les 3 ans et demi lors de cette période trouble de 1792 à 1795 (après la chute de la monarchie constitutionnelle à l’été 1792 commence la 1ère République, sous le régime de la Convention Nationale et comprenant la période dite de La Terreur jusque l’été 1794). En consultant les baux des censiers de Lambersart aux Archives du Nord, nous retrouvons enfin sa trace. Il est né vers 1737 à Phalempin (par soustraction de son âge à la date), il s’est marié le 6 juin 1775 à Deûlémont avec Jeanne Françoise Dassonville. Il est alors censier du Grand Croquet (la ferme actuelle du Croquet est occupée par les Masschelein depuis 1919, rue de Lompret). Dans les registres d’état-civil le dernier acte du 1er mandat de Deleplanque est signé le 26 pluviôse an 2 soit le 14 février 1794. Le suspens est levé pour son second mandat grâce aux archives de Lambersart sous la Révolution Française* et l’Ancien Régime, déposées aux Archives du Nord en 1877 par le maire Richard

Bailly. N.J. Deleplanque est à nouveau maire en mars 1794. Cependant l’officier municipal Floris Colpart assure l’interim de maire en février-mars 1795, probablement pendant la période d’élection devenue annuelle alors : Noël Deleplanque redevient maire jusqu’en octobre, quand avec le nouveau régime du Directoire le canton de Quesnoy-s/Deûle prend le pouvoir et désigne un agent municipal pour Lambersart, FJ Roussel (voir prochain n°). Enfin, nous avons retrouvé l’acte de décès de Noël Joseph Deleplanque à Lomme le 11 vendémiaire de l’an VII, soit le 2 octobre 1798. Il est cultivateur et meunier et habite Lomme. Il est veuf à deux reprises, d’abord de Yolande Werquin puis de Séverine Dassonville. Il est le fils de Nicolas Deleplanque et de Marie Laby. Nous avons établi l’unique Noël Joseph Deleplanque comme maire de Lambersart de mars 1792 à octobre 1795. Recherches du Comité Historique de Lambersart : Didier Delval (état-civil ville), Dominique Pagliaro (archives ville), Gilbert Pattou (Syndicat d’Initiatives), Soizic Léger et Catherine Meersdam (archives SIVOM), Eric Parize (culture-patrimoine-tourisme ville) et Claude Reynaert (historien, adjoint au maire culture-patrimoine-archives). Textes et photos : Claude Reynaert et Eric Parize Pour nous contacter : Bulletin-historique@ville-lambersart.fr Mairie de Lambersart 19, avenue Clemenceau 59130 Lambersart www.lambersart.fr/bulletin-historique Parution chaque mois sauf juillet-août. Versions numériques disponibles dans la rubrique « retour sur notre histoire ». Responsable de publication : Claude REYNAERT Secrétaire de publication : Eric PARIZE Impression ville de Lambersart

BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°5- MARS 2018 Un fait divers en 1907

Le journal « L’Aurore » évoque dans son article « Mauvaise herbe à Lille » : « La bande du Colysée est une bande de jeunes cambrioleurs, ainsi nommée par les affiliés parce qu’ils se réunissaient dans l’avenue du Colysée à Lambersart. Son chef, Denis Klervais, a 13 ans. C’est lui qui réunissait et écoulait le produit des vols. Il vient d’être arrêté avec cinq de ses sujets : Robert Houriez, 10 ans, Julien Staignier, 14 ans, Gustave Sauter, 15 ans, Edouard Vanderoden, 14 ans et François Deprimer, 13 ans. Denis Klervais a déclaré que lorsqu’on le mettrait en liberté, il tenterait un grand coup pour être envoyé en Nouvelle-Calédonie (lieu de bagne), où il compte faire fortune. » Ce fait divers révèle les difficultés sociales de l’agglomération de Canteleu (Lille, Lomme et Lambersart). Les usines textiles et autres assuraient un travail pour les ouvriers qui résidaient dans la quarantaine de courées de Canteleu. Les enfants pouvaient travailler à partir de 13 ans (moins avant 1881, 16 ans en 1959) pendant 10 heures tout comme les adultes. Le chômage était endémique et lié aux débouchés de l’entreprise. Un livret ouvrier fichait les ouvriers en écartant les contestataires qui étaient marqués au rouge et retrouvaient difficilement un emploi. Les estaminets (30 à Canteleu-Lambersart) sauvait ces travailleurs marginalisés mais l’alcoolisme était latent. La délinquance touchait toutes les tranches de la population. Ce fait divers souligne la misère de certains jeunes livrés alors à eux-mêmes très tôt, trop tôt. L’espérance de vie était faible, les mauvaises conditions d’hygiène des courées et le peu de scrupules de certains propriétaires entraînaient des vagues d’épidémies. Grâce à Pasteur, l’école obligatoire et la vaccination massive dans le bureau de bienfaisance et d’hygiène sociale de Canteleu (1927), la situation s’améliora...

SOMMAIRE : p.1 : fait divers en 1907 - dossier « la première mairie (1790-1833) » en pages centrales p.4 : le deuxième maire de Lambersart, Noël Joseph Deleplanque (1792-1795)


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