Bulletin historique n°8 été 2018

Page 1

Charles Liénart, 5e maire (1797-1798)

Dans les registres de l’état civil, nous trouvons son premier acte le 5e jour complémentaire de l’an V soit le 19 septembre 1797 et son dernier acte le 27 germinal de l’an VI soit le 16 avril 1798 et Balthazar Delobelle est son adjoint. Ce dernier est remplacé le 1er vendémiaire de l’an VI par Louis Watrelos, fermier. En 1790, Charles Liénart est le second élu après le maire Paul Joseph Duribreux. De même il est cité comme officier (conseiller) municipal en 1793 sous l’autorité du maire Noël Deleplanque. Son père, Charles François Liénart (1731-1765) est échevin de Lambersart. Celui-ci se marie le 22 avril 1755 à Quesnoy sur Deûle avec Anne Françoise Hovelacque. Ils sont les censiers de la ferme du Mont Garin appelée autrefois Maugarni ou de Flines (car appartenant à cette abbaye). La photo montre la tour porche à pigeonnier femme est Marie Catherine Joseph Descamps. conservée, vue depuis la rue de Verlinghem. La mention de cultivateur montre la continuité C’était un droit d’église ou de noblesse de possé- du recrutement des maires dans le monde des der des pigeons. riches paysans : les censiers. Nous avons égale-

Charles Joseph naît le 17 mars 1762 à Lamber- ment retrouvé sa signature, ainsi que son acte sart. Il apparaît dans l’acte de baptême de son de décès à Warneton (Belgique) : le 31 octobre fils Henri Joseph Liénart du 23 octobre 1803. Sa 1832 à l’âge de 70 ans.

Recherches du Comité Historique de Lambersart : Didier Delval (état-civil ville), Dominique Pagliaro (archives ville), Gilbert Pattou (Syndicat d’Initiatives), Soizic Léger, Catherine Meersdam et Sylvain Leroy (archives SIVOM), Éric Parize (culture-patrimoine-tourisme ville) et Claude Reynaert (historien, adjoint au maire culture-patrimoine-archives). Textes et photos : Claude Reynaert et Éric Parize Pour nous contacter : Bulletin-historique@ville-lambersart.fr Mairie de Lambersart 19, avenue Clemenceau 59130 Lambersart www.lambersart.fr/bulletin-historique Parution chaque mois sauf juillet-août. Versions numériques disponibles dans la rubrique « retour sur notre histoire ». Responsable de publication : Claude REYNAERT Secrétaire de publication : Éric PARIZE Impression ville de Lambersart

BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°8 - Été 2018 Un attentat contre l’Empereur Napoléon III au nord de Lambersart Le 11 septembre 1855, deux cantonniers découvrent sur la voie ferrée de Lille à Calais, inaugurée en 1848, une boite en tôle de fer placée sous la traverse et dont le disque supérieur présentait deux petites ouvertures qui donnaient passage à deux fils métalliques qui suivaient la voie pendant environ 35 mètres. Ces fils communiquaient avec une pile de Bunsen (grosse pile électrique chimique). La machine infernale placée sur le chemin de fer entre Pérenchies et Lambersart, était destinée à faire sauter le convoi qui devait conduire l’Empereur aux fêtes de Tournai du 12 septembre via Lille… Ce fait divers illustre l’hostilité d’une partie de la population française face au régime autoritaire de Napoléon III, après son coup d’état du 2 décembre 1851 ruinant la IIè république. En dépit d’un contrôle policier sur la presse, l’opinion publique républicaine résiste au régime à l’image de Victor Hugo en exil à Bruxelles puis dans les îles anglo-normandes. La seconde partie du règne de Napoléon III marquera cependant une inflexion libérale réelle de 1859 à 1870. Le courant anarchiste se développe alors en Europe pour culminer avec l’attentat spectaculaire du président de la république française Sadi Carnot le 24 juin 1894 à Lyon. S’en suivra la loi contre la propagande anarchiste, en vigueur jusque 1992.

SOMMAIRE :

p.1 : un attentat anarchiste - dossier central : la 5e mairie, premier hôtel de ville p.4 : Charles Liénart, 5e maire de Lambersart


DOSSIER LA

e 5

MAIRIE

1er Hôtel de Ville de Lambersart ! La 4e mairie installée dans l’ancienne école du

essentiel mais l’arrivée du colonel à la retraite

Bourg (voir bulletin 7) va durer 20 ans en dépit

Félix Clouët des Pesruches (voir photos) au

de son inconfort et son inadaptation à une ville

poste de maire en 1892 est d’une importance

qui dépasse les 10.000 habitants à la veille du

capitale. Cet officier de carrière bonapartiste

XXe siècle. On peut l’expliquer à la faiblesse des

vient résider dès 1878 à Lambersart dans le

ressources de la commune à l’époque et à la

château Saint Louis de son oncle décédé, le

charge provoquée par la construction de la

colonel Eudoxe Poulle, rue de la Carnoy (sa

nouvelle église Saint Calixte (1894 à 1896) et

façade donnant actuellement sur le parc du

l’agrandissement de l’église Saint Sépulcre

Ginkgo). Ce maire contribue par un gros don à

(1890), ainsi que d’écoles publiques de garçons

la reconstruction de Saint Calixte et à la

tant au Bourg qu’à Canteleu. Les efforts finan-

construction en 1880 des écoles catholiques

ciers pour arrimer à la commune le hameau

Jeanne d’Arc et St-Joseph au Bourg. Il est vrai

industriel et ouvrier de Canteleu depuis sa

qu’il hérite d’une fortune familiale considé-

tentative de sécession en 1876, sont réels. Un

rable.

hôtel de ville prestigieux au milieu de l’avenue

Le prolongement de l’avenue de l’Hippodrome

de l’Hippodrome, à mi-distance du Bourg de

de Canteleu vers le Bourg en 1890 décidé par le

Lambersart et de Canteleu, est-il l’aboutisse-

maire précédent Alfred Becquart, son adjoint

ment de cette politique ?

Félix Clouët et le conseiller municipal Edmond

Le facteur démographique est un paramètre

Ory instigateur de la première moitié de l’ave-

L’hôtel de ville en 1898 (photo en page une : en 1896 avec villa Nelly à droite) vu depuis l’avenue de l’Hippodrome.

nue, se fait dans l’idée de vendre les terres

de style éclectique. L’angle est marqué par

agricoles des frères Becquart, censiers de la

une tour imposante avec deux ailes en retour

ferme de l’Anglée (site actuel de la place Félix

pour la mairie et la poste. La tour à étage noble

Clouët), en parcelles de terrain à bâtir. Dans

avec attique a sa couverture conique surmon-

l’opposition municipale, Richard Bailly, ancien

tée d’un lanternon, rappelant la guette com-

maire, s’oppose en vain au projet Becquart,

munale d’un beffroi Renaissance. Les ailes

proposant une grande avenue entre Canteleu

sont de trois travées d’expression classique.

et les terres de sa pépinière du Canon d’or

Devenue trop petite malgré le départ de la

(c’est l’axe actuel des avenues de Bouf-

poste vers son nouvel hôtel des PTT (en 1929

flers-Verdun-Foch-Doumer achevé en 1935).

en bas de l’avenue Derville devenue Maréchal

Les prescriptions du cahier des charges impo-

Leclerc), elle sera siège d’associations et de la

sées aux acquéreurs des terrains Ory-Grou-

recette municipale après 1937. Ce bel ouvrage

lois s’appliquent aussi au prolongement de

sera détruit en février 1965 pour faire place en

l’avenue, en particulier le recul imposé de 10

1966 à un immeuble privé (banque et apparte-

mètres des constructions par rapport à

ments de nos jours), peu soucieux d’affirmer

l’alignement du trottoir. Le maire Félix Clouët

l’angle des avenues comme sut le faire Henri

décide de construire un hôtel de ville presti-

Boudin. Félix Clouët profita peu de sa nouvelle

gieux sur un terrain offert par Edmond Ory à

mairie, décédant de maladie en 1897. Ce

l’angle de l’avenue du Bois (Delécaux depuis).

seront son adjoint devenu maire Auguste

Edifié de 1894 à 1898 et dessiné par l’archi-

Bonte, puis Henri Delécaux, Georges Petit,

tecte lillois Henri Boudin (déjà auteur pour

Albert Mabille de Poncheville et Charles Van-

Clouët de St-Calixte, St-Sépulcre, etc…), sa

cauwenberghe au début de son mandat...

composition académique en angle de rue est Félix Clouët

Edmond Ory

Henri Boudin

En 1900, vu depuis l’avenue du Bois (rue Auguste Bonte ici) avec café de la Mairie à droite (restaurant maintenant). L’horloge de la mairie est un bon indicateur.


DOSSIER LA

e 5

MAIRIE

1er Hôtel de Ville de Lambersart ! La 4e mairie installée dans l’ancienne école du

essentiel mais l’arrivée du colonel à la retraite

Bourg (voir bulletin 7) va durer 20 ans en dépit

Félix Clouët des Pesruches (voir photos) au

de son inconfort et son inadaptation à une ville

poste de maire en 1892 est d’une importance

qui dépasse les 10.000 habitants à la veille du

capitale. Cet officier de carrière bonapartiste

XXe siècle. On peut l’expliquer à la faiblesse des

vient résider dès 1878 à Lambersart dans le

ressources de la commune à l’époque et à la

château Saint Louis de son oncle décédé, le

charge provoquée par la construction de la

colonel Eudoxe Poulle, rue de la Carnoy (sa

nouvelle église Saint Calixte (1894 à 1896) et

façade donnant actuellement sur le parc du

l’agrandissement de l’église Saint Sépulcre

Ginkgo). Ce maire contribue par un gros don à

(1890), ainsi que d’écoles publiques de garçons

la reconstruction de Saint Calixte et à la

tant au Bourg qu’à Canteleu. Les efforts finan-

construction en 1880 des écoles catholiques

ciers pour arrimer à la commune le hameau

Jeanne d’Arc et St-Joseph au Bourg. Il est vrai

industriel et ouvrier de Canteleu depuis sa

qu’il hérite d’une fortune familiale considé-

tentative de sécession en 1876, sont réels. Un

rable.

hôtel de ville prestigieux au milieu de l’avenue

Le prolongement de l’avenue de l’Hippodrome

de l’Hippodrome, à mi-distance du Bourg de

de Canteleu vers le Bourg en 1890 décidé par le

Lambersart et de Canteleu, est-il l’aboutisse-

maire précédent Alfred Becquart, son adjoint

ment de cette politique ?

Félix Clouët et le conseiller municipal Edmond

Le facteur démographique est un paramètre

Ory instigateur de la première moitié de l’ave-

L’hôtel de ville en 1898 (photo en page une : en 1896 avec villa Nelly à droite) vu depuis l’avenue de l’Hippodrome.

nue, se fait dans l’idée de vendre les terres

de style éclectique. L’angle est marqué par

agricoles des frères Becquart, censiers de la

une tour imposante avec deux ailes en retour

ferme de l’Anglée (site actuel de la place Félix

pour la mairie et la poste. La tour à étage noble

Clouët), en parcelles de terrain à bâtir. Dans

avec attique a sa couverture conique surmon-

l’opposition municipale, Richard Bailly, ancien

tée d’un lanternon, rappelant la guette com-

maire, s’oppose en vain au projet Becquart,

munale d’un beffroi Renaissance. Les ailes

proposant une grande avenue entre Canteleu

sont de trois travées d’expression classique.

et les terres de sa pépinière du Canon d’or

Devenue trop petite malgré le départ de la

(c’est l’axe actuel des avenues de Bouf-

poste vers son nouvel hôtel des PTT (en 1929

flers-Verdun-Foch-Doumer achevé en 1935).

en bas de l’avenue Derville devenue Maréchal

Les prescriptions du cahier des charges impo-

Leclerc), elle sera siège d’associations et de la

sées aux acquéreurs des terrains Ory-Grou-

recette municipale après 1937. Ce bel ouvrage

lois s’appliquent aussi au prolongement de

sera détruit en février 1965 pour faire place en

l’avenue, en particulier le recul imposé de 10

1966 à un immeuble privé (banque et apparte-

mètres des constructions par rapport à

ments de nos jours), peu soucieux d’affirmer

l’alignement du trottoir. Le maire Félix Clouët

l’angle des avenues comme sut le faire Henri

décide de construire un hôtel de ville presti-

Boudin. Félix Clouët profita peu de sa nouvelle

gieux sur un terrain offert par Edmond Ory à

mairie, décédant de maladie en 1897. Ce

l’angle de l’avenue du Bois (Delécaux depuis).

seront son adjoint devenu maire Auguste

Edifié de 1894 à 1898 et dessiné par l’archi-

Bonte, puis Henri Delécaux, Georges Petit,

tecte lillois Henri Boudin (déjà auteur pour

Albert Mabille de Poncheville et Charles Van-

Clouët de St-Calixte, St-Sépulcre, etc…), sa

cauwenberghe au début de son mandat...

composition académique en angle de rue est Félix Clouët

Edmond Ory

Henri Boudin

En 1900, vu depuis l’avenue du Bois (rue Auguste Bonte ici) avec café de la Mairie à droite (restaurant maintenant). L’horloge de la mairie est un bon indicateur.


Charles Liénart, 5e maire (1797-1798)

Dans les registres de l’état civil, nous trouvons son premier acte le 5e jour complémentaire de l’an V soit le 19 septembre 1797 et son dernier acte le 27 germinal de l’an VI soit le 16 avril 1798 et Balthazar Delobelle est son adjoint. Ce dernier est remplacé le 1er vendémiaire de l’an VI par Louis Watrelos, fermier. En 1790, Charles Liénart est le second élu après le maire Paul Joseph Duribreux. De même il est cité comme officier (conseiller) municipal en 1793 sous l’autorité du maire Noël Deleplanque. Son père, Charles François Liénart (1731-1765) est échevin de Lambersart. Celui-ci se marie le 22 avril 1755 à Quesnoy sur Deûle avec Anne Françoise Hovelacque. Ils sont les censiers de la ferme du Mont Garin appelée autrefois Maugarni ou de Flines (car appartenant à cette abbaye). La photo montre la tour porche à pigeonnier femme est Marie Catherine Joseph Descamps. conservée, vue depuis la rue de Verlinghem. La mention de cultivateur montre la continuité C’était un droit d’église ou de noblesse de possé- du recrutement des maires dans le monde des der des pigeons. riches paysans : les censiers. Nous avons égale-

Charles Joseph naît le 17 mars 1762 à Lamber- ment retrouvé sa signature, ainsi que son acte sart. Il apparaît dans l’acte de baptême de son de décès à Warneton (Belgique) : le 31 octobre fils Henri Joseph Liénart du 23 octobre 1803. Sa 1832 à l’âge de 70 ans.

Recherches du Comité Historique de Lambersart : Didier Delval (état-civil ville), Dominique Pagliaro (archives ville), Gilbert Pattou (Syndicat d’Initiatives), Soizic Léger, Catherine Meersdam et Sylvain Leroy (archives SIVOM), Éric Parize (culture-patrimoine-tourisme ville) et Claude Reynaert (historien, adjoint au maire culture-patrimoine-archives). Textes et photos : Claude Reynaert et Éric Parize Pour nous contacter : Bulletin-historique@ville-lambersart.fr Mairie de Lambersart 19, avenue Clemenceau 59130 Lambersart www.lambersart.fr/bulletin-historique Parution chaque mois sauf juillet-août. Versions numériques disponibles dans la rubrique « retour sur notre histoire ». Responsable de publication : Claude REYNAERT Secrétaire de publication : Éric PARIZE Impression ville de Lambersart

BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°8 - Été 2018 Un attentat contre l’Empereur Napoléon III au nord de Lambersart Le 11 septembre 1855, deux cantonniers découvrent sur la voie ferrée de Lille à Calais, inaugurée en 1848, une boite en tôle de fer placée sous la traverse et dont le disque supérieur présentait deux petites ouvertures qui donnaient passage à deux fils métalliques qui suivaient la voie pendant environ 35 mètres. Ces fils communiquaient avec une pile de Bunsen (grosse pile électrique chimique). La machine infernale placée sur le chemin de fer entre Pérenchies et Lambersart, était destinée à faire sauter le convoi qui devait conduire l’Empereur aux fêtes de Tournai du 12 septembre via Lille… Ce fait divers illustre l’hostilité d’une partie de la population française face au régime autoritaire de Napoléon III, après son coup d’état du 2 décembre 1851 ruinant la IIè république. En dépit d’un contrôle policier sur la presse, l’opinion publique républicaine résiste au régime à l’image de Victor Hugo en exil à Bruxelles puis dans les îles anglo-normandes. La seconde partie du règne de Napoléon III marquera cependant une inflexion libérale réelle de 1859 à 1870. Le courant anarchiste se développe alors en Europe pour culminer avec l’attentat spectaculaire du président de la république française Sadi Carnot le 24 juin 1894 à Lyon. S’en suivra la loi contre la propagande anarchiste, en vigueur jusque 1992.

SOMMAIRE :

p.1 : un attentat anarchiste - dossier central : la 5e mairie, premier hôtel de ville p.4 : Charles Liénart, 5e maire de Lambersart


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