Rapport PFE

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SUPERPOSITION(s) Paysage projeté ZAC Clichy-Batignolles

PARIS VAL-DE-SEINE Juillet 2014


Merci à l’ensemble des personnes qui m’ont accompagnées pendant cette année. Merci à mes professeurs, Messieurs Philippe Gazeau et Stéphane Maupin pour l’enseignement qu’ils ont pu apporter. Merci aux enseignants et professionnels que j’ai pu croiser durant mon parcours : Denis Lenglart, Marc Bigarnet, Philippe Zourgane, Brigit de Kosmi, Jacques Boucheton, Björn Gross, Ana Betancourt ... Merci à mes proches qui m’auront soutenus et supportés tout au long de mes études. Merci aux membres du calbo, Mélanie, Marie, Jordi, Pierre, Arthur, Delphine, Margot, Dianne pour les échanges enrichissants tout au long de l’année. Merci à Tamara M, pour son soutient indéfectible.


Du projet urbain au paysage construit Rapport de Projet de Fin d’Études


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AVANT PROPOS La cinquième année et le Projet de Fin d’Etudes (PFE) en particulier se veulent la conclusion d’un parcours très personnel au sein de l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris-Val de Seine. Après 3 ans dans le groupe 1, véritable structure d’apprentissage et d’échange, une première année de master en Suède et la participation au Solar Decathlon en Chine, le PFE représente l’étape charnière entre un parcours d’étudiant et le début d’une vie professionnelle. Cette année se présente donc comme le moment opportun pour expérimenter de nouvelles formes d’architecture et d’urbanisme que je n’ai pu aborder durant mon parcours. Initié par les enseignants, Philippe Gazeau et Stéphane Maupin, le projet consiste à explorer de nouvelles manières d’appréhender la conception de bâtiments de très grandes dimensions. L’objectif ici est de critiquer un modèle urbain contemporain : la Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) et le « projet urbain » qu’elle produit en France depuis plusieurs années. Le site retenu est la ZAC de Clichy-Batignolles, dans le Nord-Ouest parisien, soit la zone se situant entre le faisceau ferroviaire de la gare Saint-Lazare et le nouveau parc Martin Luther King. Ces parcelles sont actuellement en phase d’études par des concepteurs désignés par la Ville de Paris et ses promoteurs. L’objectif est donc d’imaginer un nouveau projet urbain visant à démontrer qu’il est possible de proposer un urbanisme et une architecture différents de ceux produits par les ZAC depuis plus de 20 ans. La seconde phase du projet porte sur le développement personnel d’une partie en explorant les thèmes de la Bigness, théorie développée par Rem Koolhaas. Je présenterai ce rapport de PFE tout d’abord comme un carnet de bord présentant le site et les différentes expérimentations urbaines effectuées en groupe, puis je m’attarderai sur le travail du premier semestre, à mi-chemin entre architecture et urbanisme. La dernière partie traitera, quant à elle, des questionnements découlant de ces expérimentations liées à la conception de «méga bâtiments» et présentera les lignes directrices du Projet de Fin d’Étude.

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1 - Site

2 - Projet Urbain

1.1 - Présentation p.9 1.2 - ZAC p.11

2.1 - Références p.15 2.2 - Expérimentations p.17 2.3 - Projet Final p.31


SOMMAIRE

3 - Prémices

4 - PFE

3.1 - Thèmes p.37 3.2 - Zone à traiter p.39 3.3 - Évolutions p.41 3.4 - Le projet p.47

4.1 - Bilan 4.2 - Retour 4.3 - Questions 4.4 - Recherches 4.5 - Maquettes

p.55 p.56 p.58 p.60 p.64


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Paris, plan de situation


1 - SITE 9


1.1 - Présentation 17e arr

Plan de situation

Le 17e arrondissement a un profil contrasté qui s’explique par le fait qu’il se trouve à la jonction des quartiers ouest et nord de Paris, de la Plaine Monceau aux Epinettes. Le projet urbain Clichy-Batignolles s’insère à l’articulation de ces deux quartiers anciens, bourgeois et tertiaires à l’ouest. Au milieu du XVIIIe siècle, le développement des chemins de fer va sceller le destin des Batignolles notamment avec la construction de la gare Saint-Lazare en 1837 et celle de la gare de marchandise des Batignolles en 1844. Son activité a fortement marqué le quartier avant de décliner à partir de 1970. La Ville de Paris initie, au début des années 2000, la définition d’un projet urbain sur ce site devenu sous-utilisé. Plus de la moitié des 54 hectares concernés restait pour une partie liée à l’activité ferroviaire. L’emprise du projet, située entre la rue de Saussure, le boulevard périphérique, les avenues de Clichy, de la Porte de Clichy et la rue Cardinet, est traversée par trois faisceaux ferrés : • Le faisceau Saint-Lazare rattaché à la gare du même nom • La petite ceinture, construite autour de 1845 pour relier les gares parisiennes, qui n’est utilisée aujourd’hui que très partiellement • La branche du RER C reliant Paris-Austerlitz à Ermont-Eaubonne Ces infrastructures, la barrière du périphérique et la fonction presque exclusivement ferroviaire et logistique du site, en ont fait une enclave infranchissable au cœur du 17e arrondissement.

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Photographie aérienne de la Gare des Batignolles dans les années 70. Plan des quartiers du 17e arrondissements. Quartier des Epinettes

18e Quartier des Batignolles Quartier de la Plaine Monceau Quartier des Ternes

9e 8e

16e

Gare Saint Lazare

Le terrain naturel descendant depuis la butte de la place de Clichy vers la Seine à Clichy-la-Garenne, soit un dénivelé de 11 mètres environ qui sépare l’altitude du pont Cardinet sur le faisceau Saint-Lazare (43 m) de celle du boulevard Berthier (32 m). Au XIXe siècle, afin de permettre la construction des voies ferrées, un plateau a été construit entre la rue Cardinet et le boulevard Berthier, à l’altitude intermédiaire de 37 m, où la voie de la petite ceinture continue de passer. Cette topographie ainsi que les ruptures engendrées par les infrastructures de transports ont fortement conditionné l’aménagement urbain du secteur.

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1.2 - Zone d'Aménagement Concertée

Perspective du projet d'aménagement

Le projet urbain de la ZAC, dont la planification a été confié à l’urbaniste François Grether, a pour volonté de renouveler en profondeur l’ancienne «arrière-gare» des Batignolles. Le projet se base sur 4 éléments fondateurs : • un grand parc urbain de 10 hectares ouvert sur la ville, d’une superficie comparable à celle du parc Monceau. • Le futur Tribunal de Grand Instance, dont le concours a été remporté par Renzo Piano, qui culminera à 160 mètres. • Un programme dense de plus de 400 000m2 comprenant bureaux, logements, équipements... • La création de la «butte des Batignolles» correspondant à la dalle recouvrant des installations de la SNCF, comprise dans le secteur d’intervention ouest. C’est sur cette dernière que se situe notre zone d’intervention, surélevée de 10 mètres et d’une longueur de 600 mètres comparables aux 525 mètres de l’île Saint-Louis. Ce secteur sera donc construit sur une dalle au-dessus d’un garage à locomotives et d’espaces techniques de la SNCF. Il accueillera une vingtaine d’immeubles, dont certains s’élèveront jusqu’à 50 mètres de hauteur, altitude permise par la levée du plafond parisien de 37 mètres.

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La ZAC produit le même type de « projet urbain » depuis plusieurs année. Le découpe parcellaire s’effectue en fonction des tracés historiques de la ville sans necessairement prendre en compte les flux qui la traversent. Ce découpage permet ensuite une répartition en îlot, unité élémentaire de l’espace urbain, ou en macro-lot. D’après Jacques Lucan dans Où va la ville aujourd’hui?, le macrolot se distingue de l’îlot par le fait qu’il « associe plusieurs maîtres d’ouvrage pour la réalisation d’un même ensemble composé de plusieurs programmes de nature différentes, avec ou non plusieurs architectes ». Plan d'aménagement de la ZAC Clichy-Batignolles

Cet urbanisme a de plus tendance à entrainer la recherche d’une dimension sculpturale qui transforme les bâtiments en des sortes de totems. Ce phénomène est encore accentué par la plus forte indépendance des projets entre eux et la disparition de la mitoyenneté, comme en témoigne plusieurs réalisations du quartier Masséna de la ZAC Paris-Rive gauche. La traduction typologique de ce phénomène est le plot qui entraine quand à lui un effet de collection d’architecture. Le plot découle de la généralisation des programmes et des typologies, en particulier de logements, d’un maître d’ouvrage à l’autre. Les différence ne peuvent presque plus se matérialiser que par la nature de l’enveloppe (matériaux, motifs, couleurs, ...) La ZAC Clichy-Batignolles en général et le secteur ouest en particulier découlent de cette mécanique de fabrication de la ville. Les contours des macrolots sont définis par les tracés du parc découlant du tracé des voies du quartier. La répartition programmatique est quant à elle déterminée par la présence des voies ferrées. Ces dernières sont ici vues comme une nuisance, les bureaux sont installés aux abords des rails faisant office de dispositif antibruit pour les logements disposés le long du parc. Bien qu’intelligente, cette réponse à pour inconvénient de minimiser la mixité programmatique et scinde la zone en deux. La séparation est de plus matérialisée par une rue de 23 mètres de large, peu propice à la traversée piétonne bien que la vitesse de circulation y soit limité à 30 km/h. Les gabarits sont quand à eux tous très proches, venant jouer avec les limites autorisées par le Plan Local d’Urbanisme ils rentrent complètement dans la logique des macro-lots en présentant une typologie de plot, mutualisant les places de stationnements et parfois les espaces verts.

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Faisceau Saint-Lazare depuis le Boulevard des Batignolles


2 - PROJET URBAIN 15


2.1 - Références A l’image de la Seine, les faisceaux ferroviaires desservant Paris constituent des éléments structurant du paysage qui se mesurent à l’échelle territoriale. Le faisceau Saint Lazare représente donc un élément d’envergure à l’échelle urbaine.

Si l’on compare la Seine et le tronçon de voies ferroviaires de Saint-Lazare, on observe que leur dimensionnement est similaire. Le trafic fluvial pouvant être rapproché du trafic ferroviaire, on constate alors qu’il existe un lien fort entre ces deux tranchées urbaines. Se pose alors la question du traitement du faisceau ferroviaire à l’image d’un flux majeur dans la ville. Transformer 110m un élément séparateur en élément fédérateur à l’échelle urbaine.

35m 35m

110m

100m 100m

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Coupe urbaine et plan sur la Seine

Coupe urbaine et plan sur le faisceau ferroviaire


Pier - New York, USA

Barcode, MVRDV - Oslo, Norvège

Grand Canyon - USA

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2.2 - ExpĂŠrimentations

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Maquettes d’études urbaines, expérimentations rapides de diverses implantations suivant différentes logiques : canyon, fleuve, franchissement etc. 3 seulement seront retenues.

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Semaine 1 - Essai 1 Canyon

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Rails, dalle et parc

Implantation

Tracé des voies

Axes d'ouverture sur le parc

Fragmentation du volume

Découpage résultant


Cette proposition envisage le projet comme un seul volume unique accueillant tous les programmes. Ce volume est traversé par deux voies afin d’assurer la connexion entre le quartier des Batignolles et le futur Tribunal de Grande Instance (TGI). Monumental côté rails, il se décompose/désagrège progressivement vers le parc Martin Luther King. La fragmentation du volume permet la création d’espaces publics au sein du projet ainsi que la gestion des différentes épaisseurs nécessaires à chaque programme.

Avantages + Forme urbaine puissante + Accentuation de la « faille » + Apparence remarquable

Inconvénients - Mauvaises orientations - Rues trop marquées

Plan général 1.2000e

#1

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Semaine 1 - Essai 2 Code Bar

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Rails et berges

Segmentation suivant trame

Pénétration du parc

Implantation du bâtit en fonction des épaisseur de programme

Connexions

Différenciation des espaces


Deux volontés se traduisent dans cette proposition. D’une part celle d’utiliser une trame dans laquelle viennent se glisser les programmes de différentes épaisseurs alternés par des espaces pouvant être publiques, semi-privé ou privé. Cet urbanisme lamellaire permet de fabriquer des ensembles volontairement différents en associant différentes typologies de bâtiments. D’autre part la volonté de franchissement des voies, coloniser l’autre rive et ainsi travailler la typologie des ponts habités très parisiens. Plutôt que de couvrir complètement les rails ils sont ici imagé comme un fleuve a franchir Le parc s’insère dans la trame du code bar afin de le lier avec le projet.

Avantages + Rythme urbain généré par la trame + Fantasme du pont habité

Inconvénients - Difficultés constructives - Coupe la perspective sur les rails depuis la gare

Plan général 1.2000e Coupe générale 1.2000e

#2

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Semaine 1 - Essai 3 Nappe

Connexions entre les rives

Implantation de la nappe

Colonisation du site

Émergences aux points de rencontre Espaces sous les Êmergences pour mettre les programmes en relation avec l'espace public

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Travail sur les polarités du site: le parc, la gare, le square et l’autre rive. On retrouve la volonté de franchissement précédemment explorée mais ici dans une expression plus organique. Le projet est envisagé comme un organisme vivant venant conquérir une nappe préalablement installée sur l’ensemble du site, franchissant les rails. Le projet vient coloniser la nappe de manière organique, lorsque les éléments colonisateurs se rencontrent, des émergences se créent, et le vide résultant vient mettre les programmes en relation les uns avec les autres et avec l’espace public.

Avantages

Inconvénients

+ Forme urbaine différente + Projet traité comme un seul bâtiment unique + Connexions avec les programmes environnants

- Difficultés constructives - Forme pas adaptée au contexte - Gros problèmes d’épaisseur et d’éclairement de certaines parties du projet.

Plan toiture général 1.2000e

Coupe générale 1.2000e

#3

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Nous ne retiendrons aucune de ces trois propositions, aucune n’étant viable en l’état, ce dont nous avions conscience depuis le départ. En effet, l’objectif de cette première semaine de travail était d’expérimenter des propositions radicales afin d’en tirer des notions intéressantes et exploitables par la suite. La question du franchissement et le fantasme du pont habité présentent des difficultés constructives qui viennent dé-crédibiliser le projet. Bien que cette option ait généré des désirs au sein du groupe, l’intérêt urbain qu’elle suscite n’est pas suffisant pour justifier la poursuite de son développement. Ainsi, la proposition du « Canyon » est celle qui présente les bases les plus intéressantes pour la poursuite du travail. De ce fait, l’idée de penser le projet urbain comme un seul bâtiment morcelé nous a paru intéressante, de même que le rapport massif aux rails qu’elle génère. Du projet « code bar » nous conserveront également le principe d’urbanisme lamellaire qui permet une bonne perméabilité de l’ensemble ainsi que la création d’une diversité typologique importante. Un travail sur la rue nous parait nécessaire afin qu’elle ne soit plus vue comme une rupture au sein du projet. La suite du travail se fera donc à partir de ces derniers principes, en tentant de rendre la proposition crédible.

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Semaine 2

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Site

Analyse des polarités du site: - le square des Batignolles au Sud - le futur TGI au Nord.

Les parcelles sont ensuite définies par la créations de rues transversales dans le but de lier parc et voies ferrées. Les marqueurs urbains viennent appuyer les entrées du site.

Travail des bâtiments dans la transversale Est /Ouest pour favoriser : - l’orientation - les vues - les connexions.


Les échelles et les densités sont hiérarchisées en fonction des éléments structurants du site.

La rue suit un axe nord/sud afin d’établir la connexion entre Clichy et le quartier des Batignolles. Création de marqueurs urbains aux extrémités du site.

Les hauteurs et la densité augmentent graduellement pour créer une transition du square des Batignolles vers la futur tour du TGI (160 mètres). Les hauteurs sont également travaillées en fonction des vues et de l’ensoleillement.

La répartition des programmes s’effectue en fonction de la logique suivante : - bâtiments de grande hauteur = bureaux + équipement - équipements vus comme des éléments dynamiques implantés le long des voies et du parc en pied de bâtiments - logements à l’échelle humaine - Silos de parking aux extrémités

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La géométrie brisée et la diversité des géométries sont intéressantes, de même que le travail de transversalité et la gradation des hauteurs qui permettent de lier deux quartiers d’échelles différentes. Cependant, il ne sera pas retenu car il manque encore de force sur plusieurs points : - certaines échelles sont incohérentes et incompatibles avec le site - la rue, toujours présente, et crée à nouveau une division du projet, entre un côté en relation avec le parc, l’autre avec les voies - le rapport envisagé à la dalle ferroviaire est trop proche de celui du projet actuel. Il faut envisager le projet urbain comme un ensemble, un seul méga-bâtiment fracturé en fonction des flux et des programmes et non pas par des tracés déjà existants.

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2.3 - Projet Final

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Mise en avant de la dalle

Implantation en retrait afin de créer une esplanade, grande place urbaine/quai urbain Recul côté parc suivant axe Nord/ Sud Concentration des bâtiments

Redécoupage « parcellaire » pour répartition entre différentes personnes du groupe

Redécoupage « parcellaire » pour répartition entre différentes personnes du groupe


Les échelles et les densités sont hiérarchisées en fonction des éléments structurants du site.

La rue suit un axe Nord/Sud afin d’établir la connexion entre Clichy et le quartier des Batignolles. Création de marqueurs urbains aux extrémités du site.

Gradation des hauteurs, rapport au TGI

Le programme est réparti à la fois horizontalement et verticalement afin d’augmenter la mixité.

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Le retrait par rapport à la dalle permet au projet de profiter de cette situation urbaine très particulière. Toutes les parties du projet profitent de vues dégagées et l’ensemble apparait comme une île entre voies ferrées et parc. La rue, bien que toujours présente voit son importance réduite de part ses proportions et sa situation urbaine. Le recul par rapport à la dalle ferroviaire assure également de réduire l’emprise au sol du projet et induit une augmentation de la densité pour pouvoir répondre au programme. Le projet urbain continuera d’évoluer parallèlement aux projets personnels suivant des lignes directrices préalablement posées. Le traitement de sol est envisagé plus minéral afin de ne pas reproduire un parc en plus du square des Batignolles et du parc Martin Luther King.

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Dalle ferroviaire de la ZAC Clichy-Batignolles


3 - PRÉMICES 37


3.1 - Thèmes La superposition programmatique « Superposer les fonctions est-ce renouer avec l’urbanisme sur dalle des années 1960 - 1970 ? »

Il parait en effet logique de penser que la superposition verticale des programmes peut mener, à nouveau, à des opérations présentant les mêmes inconvénients que ceux des quartiers des Olympiades ou du Front de Seine. Or, il y a aujourd’hui deux différences notables concernant le rapport à la rue. La première est que les surfaces commerciales ou d’activités situées au rez-dechaussée donnent directement sur l’espace public de la rue en offrant de larges vitrines et non des murs aveugles. La recherche de continuité de l’espace public dans l’accès aux logements est la seconde différence majeure. La superposition ne se fait plus de manière aussi systématique que ce qui a été réalisé dans les années 6070, comme en témoignent des projets récents tels que l’opération De Rotterdam aux Pays-Bas par l’OMA ou encore Linked Hybrid par l’architecte Steven Holl à Beijing où les activités d’habitude liées à la rue sont ici transposé au 18e étage.

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OMA - De Rotterman Rotterdam, Pays-Bas

Steven Holl Architects - Linked Hybrid Beijing, Chine


Mixité Le besoin de mixité programmatique est aujourd’hui évident. Mélanger bureaux, logements, équipements, commerces etc., permet de créer de nouveaux quartiers urbains qui ne soient pas mono-fonctionnels et qui puissent échapper aux syndromes des quartiers exclusivement de bureaux ou de logements, animés uniquement certains jours ou à certaines heures la journée, et par conséquent déserts à d’autres moments. La mixité permettrai donc de créer des quartiers vivants à chaque moment de la journée et tout au court de l’année. La mixité sociale, quant à elle, a différentes vocations et se matérialise différemment. L’objectif aujourd’hui est d’assurer un mélange des classes sociales pour éviter la ghettoïsation de certaines zones d’habitations. Ainsi la mixité incite aux contacts et aux échanges.

Densité

Le thème de la densité est aujourd’hui indissociable de toute discussion sur la fabrication de la ville. La « lutte » contre l’étalement urbain est au cœur du développement durable. Mais la densité souffre aujourd’hui des essais des grands ensembles considérés comme un échec social, Il faut donc réconcilier densité et qualités, De plus, il n’existe pas qu’un seul « type » de densité. Paris, par exemple, est une ville relativement dense avec environ 21 000 habitants par km2 et offre de nombreuses qualités urbaines. Le projet Linked Hybrid de Steven Holl organise quant à lui 300 000 m2 de programme (comprenant 750 appartements, un cinéma, une galerie d’art, un hôtel, une école) sur un terrain de 200 000 m2. Un exemple de densité extrême à garder en mémoire est celui de Koowloon Walled City, quartier de Hong-Kong aujourd’hui détruit, qui fut le plus dense du monde avec plus de 1 923 076 habitants au km2.

Photographie aérienne de Kowloon Walled City

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3.2 - Zone à traiter Dans un premier temps, le projet urbain sera divisé en 4 « parcelles » égales, non pas en superficie au sol mais en superficie de programme, sur lesquelles des projets personnels seront développés. Cette division aboutit a la création de 4 zones d’environ 60 000 m2 de programme comprenant à la fois logements, bureaux, commerces et parfois équipements. La répartition, afin d’être la plus équitable possible, se fera par tirage au sort.

La parcelle qui m’a été attribué se situe au centre du projet urbain. La volumétrie, définie lors du travail de groupe apparaît au premier abord comme relativement complexe. Elle est l’association de différents éléments de hauteurs et d’épaisseurs variables. La lecture du plan permet de distinguer deux « groupes » de bâtiments connectés entre eux. Ces volumes hétéroclites apparaissent comme un ensemble lorsque l’on regarde l’axonométrie programmatique. C’est cette idée d’ensemble qui sera un des fils directeur du travail du premier semestre de même que l’interconnexion des différents éléments composant la zone sur laquelle j’interviens. Le premier travail sera de revoir les différentes épaisseurs afin d’y insérer le programme souhaité et de revoir éventuellement sa répartition en fonction de l’ensoleillement.

Plan masse sur calque

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Logements

Bureaux

Commerces

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3.3 - Évolutions Dans cette première hypothèse, un « ruban » de bureaux, posé sur le programme de commerces du rez-de-chaussée, vient lier l’ensemble des bâtiments du projet afin de conférer à l’ensemble une impression d’unité. Les épaisseurs des bâtiments de logements ont été revu de façon à ce que chaque appartement bénéficie de plusieurs orientations possibles. Leur distribution se fait par coursive, via une circulation commune aux deux tours, dans le but de mettre en scène les flux et de proposer des logements traversants.

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La distribution centrale par coursive est abandonné car elle venait obstruer l’espace entre deux tours. Le concept de tours «doubles» est intéressant à travailler. L’idée est que les logements viennent se positionner « devant » les bureaux afin de leur apporter une protection solaire. Les appartements peuvent ainsi bénéficier d’un ensoleillement direct et portent ombre sur les bureaux pour éviter leur échauffement et l’usage intensif de la climatisation. Les bureaux et les logements ayant une hauteur de dalle à dalle différentes, il m’est paru intéressant de jouer sur cette différence. Lorsque deux plateaux de bureau et de logements se correspondent, on y insère un programme commun ou un équipement (salle de sport, cinéma, crèche, etc.) La partie triangulaire du projet, devant les deux tours principales, recevra un traitement différent du reste pour lui donner un aspect singulier.

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Les épaisseurs des bâtiments ont encore été revues, en particulier pour les logements, afin de distribuer le maximum d’appartement via une seule cage d’ascenseurs. Le jeux de correspondance des plateaux de logements et de bureaux est accentué. En plus d’insérer des programmes communs, je rajoute un jeu de décalage des volumes qui vient encore complexifier la géométrie globale du projet. Les volumes se frôlent, se poussent, s’évitent et créent ainsi une skyline plus radicale. Le ruban de bureau, toujours présent comme lien de l’ensemble, se développe désormais dans plusieurs dimensions. Il se soulève pour laisser place à des places de stationnements posées sur les rez-de-chaussée et se fait comprimer par la masse des tours qui viennent se « brancher » dessus.

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3.4 - Le Projet

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Plan masse

Le rendu de février était l’occasion de «figer» le projet à un temps donné, d’en tirer les points négatifs et positifs afin qu’ils servent de base de réflexion pour le futur PFE.

Le projet semble tourner le dos au parc et adopter une posture dominatrice vis à vis de l’espace créé sur la dalle.

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Coupe transversale


La géométrie complexe du projet vient créer une skyline novatrice pour la ville de Paris. Les ruptures de géométries permettent de réduire l’échelle des tours.

Vue axonométrique

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Étage courant

Maquette 1/500e

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R+18 - Étage équipement

Axonométrie d'un logement Principe de façade

Pièce flexible, Chambre d'enfant ou extension du séjour.

Double eau Absorption des apports thermiques en hiver. Ventilation naturelle en été

Loggia Circulation supplémentaire pour les pièces en été

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4 - PFE 55


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4.1 - Bilan à mi-parcours

Le début du travail sur le projet de fin d’étude marque un tournant dans le développement du projet, il est donc temps de faire un choix. Continuer à développer le principe de tours doubles ou tester de nouvelles idée en gardant les bases du travail effectué au premier semestre. Il ne s’agit pas de tout recommencer. Il parait essentiel de revoir la relation au site au travers du projet urbain, afin de mieux connecter les bâtiments à l’existant. La relation à la ville passe en partie par le travail de la volumétrie. Le principe de la tour double, intéressant en théorie, est-il réellement pertinent dans ce contexte? Peut-on aller plus loin avec pourquoi pas un système de tours triples où le programme commun occuperait la partie centrale? Une autre question me parait importante a ce moment là. Comment instaurer un dialogue pertinent entre une construction de grande hauteur et la ville qui l’entoure? Ce dialogue passe tout d’abord par le travail de la volumétrie et de la façade, premier élément que l’on perçoit depuis la rue. La géométrie brisée et complexe permet de casser l’effet écrasant que peut avoir une tour de plus de 50 mètres de haut en donnant la possibilité d’identifier les différents éléments qui la compose. La façade quand a elle est un éléments particulier qui doit répondre à différentes problématiques d’ordre esthétique et technique.

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4.2 - Retour sur le projet urbain Le semestre dédié au PFE débute par une réflexion sur le projet urbain portant sur deux points : • La dalle, dont l’occupation est laissée libre volontairement, puisque cette dernière doit recevoir un traitement de sol afin de qualifier cet espace urbain aux proportions singulières. • La relation au parc et la gestion des différences d’altimétrie avec la dalle. Comment peut-on passer du parc à la rue, puis au projet?

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Concernant la gestion de la topographie, l’objectif n’était pas de donner une réponse systématique mais, au contraire, de s’adapter en fonction de la situation de chaque zone d’intervention. Ainsi, la route se retrouve parfois à mi-niveau entre le parc et la dalle, ou bien complètement en contrebas, ou encore au même niveau.

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4.3 - Questionnements On sait que les bâtiments bas (R+7 maximum) procurent d’avantage d’intimité et facilitent les échanges. Mais comment concilier l’échelle humaine avec les besoins de densité contemporains? Une réponse se trouve peut-être dans la recherche de mixité morphologique en associant des bâtiments hauts et bas au sein d’un même projet. Jacques Lucan parle d’îlot façon OMA - Breda, projet de l’agence Néerlandaise faisant partie de l’opération Chassé Terrain réalisée entre 1996 et 2002. On constate que le projet entretient un dialogue avec la rue en utilisant deux registres : le registre bas « urbain » de 4 étages et le registre haut, « paysager », allant ici jusqu’à 8 niveaux. On pourrait cependant, dans un contexte de densité plus importante, considérer que le registre bas serait compris entre R+4 et R+8 et que le registre haut pourrait atteindre 50 mètres, voir plus. Ce travail de géométries brisées des volumes aide à l’identification personnelle et contribue à diminuer le sentiment d’anonymat qu’entraîne la vie dans les immeubles de grande hauteur.

Vue aérienne OMA - Chassé Parc Breda, Pays-Bas, 2000

OMA - Breda Carré Building Breda, Pays-Bas, 2000

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H > 70m

R+4 < H < R+8

Concernant les bureaux, le principe du « ruban » sera conservé mais replié sur luimême afin de créer une cour urbaine à l’échelle du projet. Ce ruban, qui repose sur les programmes typiques des rez-de-chaussées, va servir de socle pour les logements. Ainsi, tous les programmes se voient à travers le vide généré par la cour. La gestion des composants d’un programme de bureau est également un élément à prendre en compte. Aujourd’hui, la journée d’un employé de bureau fonctionne en circuit fermé et l’espace public des pieds de tours ne sont plus que des lieux de passages ou des fumoirs. Les lieux tels que les salles de réunions, les circulations verticales et/ou les sanitaires, qui ne servent que ponctuellement devraient pouvoir être mutualisés et être tourner vers le centre du projet. La façade est le dernier point qui sera important d’aborder lors de l’élaboration de ce PFE puisqu’elle va conditionner l’aspect esthétique du projet ainsi que son appréhension par le public. Lors du semestre précédent j’ai fait le choix de différencier les façades en fonction du programme qu’elles habillaient. Ce travail, quelque peu en demi-teinte, ne me paru pas satisfaisant. Deux choix s’offraient alors à moi: • D ’une part, tout différencier en fonction du programme et des typologies, mais au risque d’arriver à un effet de collections et de me retrouver confronter à la difficulté d’articuler différentes écritures esthétiques. • D’autre part d’adopter un traitement identique pour l’ensemble du projet quelque soit le programme que la façade habille. Ce choix viendrait renforcer le travail géométrique effectué sur le projet.

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4.4 - Recherches typologiques sur le logement « le commun ce n’est pas le collectif. Le collectif, c’est la superposition de la même chose, de l’identique. Le commun, c’est justement l’introduction de la différence » Rolland Castro Un travail important sur les typologies de logements a également été effectué. Il me paraissait illogique de réaliser un seul type d’appartement qui serait ensuite répété et décliné. Ayant fait le choix de deux typologies distinctes, la tour et la « barre », je me suis attardé à développer différents plans pouvant répondre aux multiples problématiques que posent ces deux typologies urbaines. Dans les deux cas, le choix a été fait de proposer une composition de plans simples, appropriables par tous. Le choix structurel se portera vraisemblablement vers un système poteau/dalle ou poteau/poutre, plus flexible que le traditionnel voile porteur. Ces solutions permettent d’envisager la mutation des usages et d’ouvrir des perspectives de renouvellement typologiques et programmatiques plus larges. Les pages suivantes présentent une sélection des recherches que j’ai pu effectuer.

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4.5 - Maquettes

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Conclusion A maintenant un mois de ma soutenance, comment conclure ce rapport? Peut-être en commençant par dire que la majorité des questions soulevées dans les pages précédentes auront leurs réponses révélées lors de la présentation de ce PFE. Cette année n’aura pas été facile puisque c’était la première fois qu’il m’était donné d’aborder seul, un projet de cette envergure. J’ai tenté de rendre ma proposition la plus crédible possible, en remettant en questions tous les points du projet semaines après semaines. Il n’est bien sur pas parfait ni tout à fait abouti, car je pense qu’aucun projet ne l’est réellement, puisqu’il peut toujours évolué ou être repris. Ce PFE symbolise une pensée qui m’est propre à cet instant de mon développement intellectuel. Ce diplôme m’a permis de tester mes limites et m’aura préparé, peut-être mieux que tout les autres projets, au métier que j’ai choisi, celui d’architecte.

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Bibliographie LUCAN Jacques (2013), Où va la ville aujourd’hui? Formes urbaines et mixités Éditions de la Villette

KOOLHAAS Rem (2002), New York Délire (titre original, Delirious New York, 1978) Parenthèses

KOOLHAAS Rem (1997), S, M, L, XL The Monacelli Press

FROMONOT Françoise (2012), Manière de classer l’urbanisme Revue Criticat n°8

BIG (2010), YES IS MORE Une bande dessinée sur l’évolution architecturale Taschen

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Rapport de PFE - Lambert LEMPEREUR - ENSAPVS 2014

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