ENQUÊTE LES « HÉRITIERS » AU POUVOIR
TECHNOCRATIQUE, DÉCONNECTÉE DES RÉALITÉS, ADEPTE DU COPINAGE... LA NOUVELLE GÉNÉRATION AU POUVOIR À RENNES ESSUIE DE NOMBREUSES CRITIQUES. SONT-ELLES JUSTIFIÉES ?
Décembre 2014/ 4,40€/ lemensuel.com Magazine indépendant / Numéro 64 /
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du bilan
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E D A C O R LE CASSE-TÊTE RENNAIS GNOLE », LE PÉRIPHÉRIQUE CONSTRUIT À L’ÈRE DU « TOUT BA ULTÉS DE CIRCULATION. ÉTAIT CENSÉ RÉSOUDRE LES DIFFIC S’EST MUÉE EN PROBLÈME. 50 ANS PLUS TARD, LA SOLUTION HABITUDES... AUX USAGERS DE CHANGER LEURS
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Finalement, le Palais Saint-Georges n’accueillera pas d’hôtel cinq étoiles.
Un hôtel de luxe devait ouvrir au Palais Saint-Georges en 2018. Le déménagement de la caserne des pompiers se faisant attendre, la mairie a préféré abandonner le projet, au profit de la réalisation d’un autre programme privé aux Lices. était un des grands projets lancés par Daniel Delaveau, l’ancien maire de Rennes. Le Palais SaintGeorges devait accueillir un hôtel de luxe. Avant de tirer sa révérence, l’élu n’avait cependant pas souhaité arbitrer la question de qui aurait le droit d’exploiter le bijou patrimonial. Quatre projets étaient en lice. Et la décision de la Ville attendue à la rentrée. Pourtant, depuis son élection en mars,
C’
IL Y A DES INCERTITUDES SUR LE CALENDRIER DU DÉPLACEMENT DE LA CASERNE DE POMPIERS SÉBASTIEN SÉMERIL, adjoint à l’urbanisme
14 Le Mensuel N°64 / Décembre 2014
Nathalie Appéré, la nouvelle édile, a toujours évité le sujet. Avant d’annoncer son abandon, début novembre. Les raisons de ce brutal changement de plan sont multiples. Pour que l’hôtel cinq étoiles s’installe, il fallait que la caserne des pompiers, la direction des sports et la police municipale, qui occupent le bâtiment, soient transférées. Autant de sujets épineux pour les deux collectivités concernées : la Ville et le Département. Déménager la direction des sports et la police municipale aurait posé des problèmes budgétaires à la première. « En cette période de restriction, il n’était pas facile de trouver de nouveaux locaux », reconnaît aujourd’hui Sébastien Séméril, premier adjoint. De son côté, le conseil général souhaite, depuis 2011, transférer l’actuelle caserne des pompiers, fort décrépie, vers le site du Moulin-de-Joué, où sont installés les
bureaux de la Direction départementale des services d’incendie et de secours (lire page suivante). Prévu pour 2018, le déménagement connaît cependant des « incertitudes de calendrier », selon Sébastien Sémeril. « Cela posait problème aux investisseurs du futur hôtel. Ils souhaitaient des garanties avant de s’engager dans une rénovation très coûteuse. » Faut-il comprendre que le transfert de la caserne Saint-Georges est ajourné ? « Non », assure-t-on au conseil général où l’on maintient le calendrier annoncé : le déménagement devrait bien avoir lieu « fin 2017, début 2018 ». Un calendrier jugé optimiste, par les élus de Rennes, qui ne tablent pas sur une libération des locaux « avant 2020 ». Qu’adviendra-t-il alors du Palais Saint-Georges ? « On pourrait imaginer un autre projet, avance Sébastien Sémeril. Pourquoi ne pas en faire un centre administratif pour la ville avec des bureaux, des salles de réunions ? » Moins « blingbling » que l’hôtel cinq étoiles, qui, lui, se fera dans l’hôtel particulier occupé par la Banque Populaire de l’Ouest, entre la place des Lices, la rue de la Monnaie et la place de la Trinité. Ce projet privé, porté par les promoteurs Blot et Legendre, devrait ouvrir en 2018, en même temps que le centre des congrès du Couvent des Jacobins. Claire Staes claire.staes@lemensuel.com
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LES RAISONS DE L’ABANDON DU PROJET SAINT-GEORGES
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Conçue pour produire 240 000 véhicules par an, La Janais n’en a usiné que 65 000 en 2014.
POMPIERS DU PALAIS SAINT-GEORGES À CELUI DES « MILLE ET UNE NUITS » A quelle date sera transférée l’actuelle caserne des pompiers du Palais SaintGeorges vers le futur centre de secours, rue du Moulin-de-Joué ? « Pas avant 2020 », avance-t-on à la Ville. « 2018 », assure-t-on au conseil général (lire p.16). « 2018, si tout va très bien », tempère Umberto Napolitano, l’architecte du cabinet Lan qui a remporté l’appel d’offres de la future caserne.
PSA LA JANAIS
LE « PLAN SOCIAL VOLONTAIRE » SE POURSUIT
En 2013, la direction de PSA La Janais avait supprimé 1 400 postes avec un plan social. Depuis, les départs, via le Dispositif d’adéquation des emplois et des compétences, sont volontaires, massifs et continus. arlos Tavares m’a assuré vouloir conserver l’usine de La Janais. » Voilà ce que déclarait au Mensuel JeanLouis Tourenne, sénateur et président (PS) du conseil général d’Ille-et-Vilaine, au sortir de son entrevue avec Carlos Tavares, PDG du groupe PSA Peugeot Citroën, lundi 3 novembre à Paris. Cette déclaration d’intention a laissé les salariés de l’usine de La Janais dubitatifs. Car le grand patron n’a fait que répéter ce qui était déjà annoncé depuis des années. A savoir la production, fin 2016, d’un nouveau véhicule (nom de code industriel P 87), pour remplacer la 5008. Quinze jours plus tard, le comité central d’entreprise annonçait qu’en 2015, 394 salariés de l’usine de Chartres-de-Bretagne devront quitter l’entreprise dans le cadre du Dispositif d’adéquation des emplois et des compétences (Daec). « Ce chiffre ne veut rien dire, car le dispositif est ouvert à tous ceux qui réunissent les conditions pour partir », explique JeanMarie Bertho, syndicaliste CFE-CGC. « En 2014, la direction avait annoncé un chiffre similaire. » Au final, plus de 600 personnes ont adhéré au dispositif qui regroupe les congés
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séniors, congés de transition professionnelle et congés de reclassement. Le site de Rennes ne comptera donc plus que 3 900 salariés en janvier 2015. « On pensait que le plan social de 1 400 personnes annoncé en juillet 2012 et achevé en décembre 2013 était terminé, confie un salarié présent dans l’entreprise depuis une trentaine d’années. Mais depuis, PSA multiplie les plans de départ volontaire. En fait, le plan social ne s’est jamais arrêté. » Calibré pour produire 240 000 véhicules par an, le site de Chartres-de-Bretagne n’a usiné que 65 000 unités en 2014. Les estimations pour 2015 prévoient l’assemblage d’environ 57 000 autos. « Le tout petit volume de production annoncé pour 2015 laisse penser que nous serons encore en sureffectif », confie Lionel Maillard, représentant CGT. « Le plan de départ volontaire sera reconduit en 2016 », approuve Didier Picard (CFE-CGC). « La plupart des syndicats ont accepté de signer le contrat social en 2013 pour éviter un nouveau plan social. Mais ces départs volontaires, notamment le congé sénior, sont appréciés. Les gens qui quittent l’usine sont ravis. » Claire Staes claire.staes@lemensuel.com
D’après le calendrier, les travaux devraient démarrer début 2016. Coût estimé : 18 millions d’euros. La phase de conception n’est pas totalement achevée. « Cela ne compromet ni le calendrier, ni le budget », assure Umberto Napolitano. « Nous devrons être très stricts sur les coûts de réalisation, poursuit l’architecte. Ce n’est pas propre à Rennes. En France, les collectivités ont des marges de manœuvres restreintes. Nous sommes habitués. » Le budget sera d’autant plus serré que la future caserne doit, selon l’architecte, devenir un « symbole fort » et « baliser » ce quartier en pleine mutation. « Nous nous sommes inspirés des moucharabieh des pays arabes. Chaque étage du bâtiment possédera trois rangées de petites fenêtres qui la nuit, quand certaines pièces seront éclairées, sculpteront la lumière. » En attendant, il faudra démolir les bâtiments existants du Service d’incendie et de secours et les reloger à Beauregard. Entre temps, les élections départementales seront aussi passées par là. La nouvelle majorité devra renouveler son approbation au projet. Restera alors la construction et ses probables aléas. 2018 ou 2020 ? Quoi qu’il arrive, le calendrier s’annonce déjà serré. Décembre 2014 / N°64 Le Mensuel
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