• P 402014 • Trimestriel • No 4 • octobre – décembre 2012 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •
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de la Compagnie de Jésus
Province Belge méridionale et du Luxembourg
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• No 4 • OCTOBRE – DÉCEMBRE 2012 •
Sommaire Edito Roland Francart, s.j.
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Belgique méridionale & Luxembourg 90 jours dans la Province, Roland Francart, s.j.
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Nos défunts
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Rencontre avec Tommy Scholtes,
p. 4
Lettre des Anciens du collège d’Erpent Identité, vocation, Bernard Peeters, s.j.
p. 6
Année nouvelle au Réseau Jeunesse, érèse Davio et Eric Vollen, s.j.
p. 9
Initiatives & Evénements Prier en prison, collectif
p. 13
Prononcer des vœux ? Jean-Louis Van Wymeersch, s.j.
p. 15
Histoire des Jésuites à Bruxelles, Alain Deneef et Xavier Rousseaux
p. 17
Vie & Partenariat La rubrique de Lumen vitae, Florence Noël
p. 18
La Compagnie en Europe et dans le Monde L’adieu au cardinal Martini, Jean-Louis Ska, s.j.
p. 21
Le P. Pierre Ceyrac, Pascal André, Yann Vagneux
p. 24
Un mois à Compostelle, Paul Dehove, s.j.
p. 27
Nota bene
p. 29
Le billet d’humeur Claude Robinet, s.j.
p. 32
Le dossier Pédagogie ignatienne, Marc Bourdoux
p. A à D
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Editorial
A
près les changements importants survenus en juillet (sept nouveaux supérieurs, par exemple), le trimestre paraît plus calme. Le décès d’un seul membre de la Province (encore jeune) fait place au départ de deux grands jésuites, un Français et un Italien, assez âgés tous deux. Des jeunes Belges s’expriment sur les vœux, sur la vocation, sur la prière en prison, sur Compostelle. Des laïcs nous parlent de pédagogie ignatienne. Au total, un numéro équilibré qui vous tentera pour le parcourir, le lire partiellement ou en entier. N’hésitez pas à nous faire part de vos impressions. Il est de tradition en ce numéro de décembre que l’on vous rappelle que vous pouvez, sans obligation, participer aux frais de cette publication en versant ce que vous souhaitez au compte Missions-Œuvres des Jésuites, 1150 Bruxelles, au compte IBAN BE81 2100 9051 7624 (BIC GEBABEBB). Déjà merci pour votre soutien et pour la diffusion de cette revue autour de vous. Par la prière, vous pouvez aussi encourager les vocations religieuses et sacerdotales. Voici un texte qui reprend les saints d’octobre 2012 : « Dieu notre Père, nous te rendons grâce pour saint François de Borgia qui a su tout quitter pour devenir compagnon de Jésus. Nous te bénissons pour les martyrs canadiens qui ont donné jusqu’à leur vie pour évangéliser les Amérindiens, et spécialement Kateri Tekakwitha, modèle pour les jeunes, déclarée sainte à Rome le 21 octobre dernier. Nous te louons pour saint Alphonse Rodriguez qui a accueilli au jour le jour tous ceux qui se présentaient à la porte de son collège. Donne aussi aux jeunes d’aujourd’hui d’entendre ton appel et d’y répondre généreusement. » ? Roland Francart, s.j.
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Belgique méridionale & Luxembourg
90 jours dans la Province Quentin Coppieters ’t Wallant, entré au noviciat de Lyon en septembre 2010, aux études à Paris, a prononcé ses premiers vœux en la chapelle de la maison Saint-Michel, le 10 novembre 2012. Depuis le 1er septembre, le P. André Roberti est membre de la communauté SaintClaude-La-Colombière. Le P. Martin Ekwa (Afrique Centrale), y est en convalescence. Le P. Jacques Delooz (de la communauté Alberto Hurtado, Bruxelles) a été victime d’une fracture « spontanée » de la jambe au début juillet. Après un séjour à la clinique SainteAnne et au Centre hospitalier Valida, il est arrivé le 24 septembre à la maison Saint-Claude La Colombière pour la poursuite des soins. A la communauté Saint-Robert-Bellarmin à Bruxelles, le P. René Lafontaine, professeur de théologie dogmatique à l’IET, est collaborateur au centre spirituel La Pairelle pour la formation à la spiritualité ignatienne et aux exercices. Le P. Georges eunis, ministre, est aussi préfet de santé de la communauté du Bellarminum. Le Réseau Jeunesse est devenu membre du Conseil de la Jeunesse catholique en septembre 2012. Un nouveau secrétariat vient de s’ouvrir au Parc Parmentier, à Bruxelles. Deux journées (septembre et novembre) et un weekend en novembre ont permis à plus de 40 jeunes de se former dans l’animation de jeunes. Une nouvelle coordination du festival
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Choose Life prépare activement la douzième édition de Pâques, à Soignies. Le RJ s’est engagé activement dans l’animation des jeunes à Rivespérance en novembre. Le P. Eric Vollen a déménagé de Wépion pour venir à Bruxelles à la communauté Pierre Favre. Il est nommé coordinateur du Réseau Jeunesse. A Louvain-la-Neuve, aux côtés du P. Philippe Nzoimbengene, de la République Démocratique du Congo, doctorant en linguistique générale, le F. ierry Manirambona, scolastique de la Région Rwanda-Burundi, commence une première année de maîtrise en Information et Communication (ils sont 150 étudiants, répartis en 4 spécialités : journalisme, communication socio-éducative, recherche et relations publiques). Le P. Alain N’Kisi, jésuite congolais, prépare un doctorat en histoire. Le P. Etienne Ganty est professeur de philosophie à l’Institut de philosophie Francesco Boño, à Saint-Domingue. A Rome, le P. Etienne Degrez (province de Calcutta), adjoint au délégué du P. Général pour les maisons romaines internationales, sera remplacé à la fin de l’année 2012 par le P. Ambrose Vedam, originaire de la province du Gujarat (Inde). A Bruxelles, le 13 octobre 2012, la Communauté de vie chrétienne (CVX) de Belgique francophone s’est retrouvée pour une assemblée générale extraordinaire qui avait pour ob-
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Belgique méridionale & Luxembourg jectif d’élire le nouveau président des C.V.X. de Belgique francophone et une nouvelle équipe de service national (ESN) pour un mandat de 3 ans. En effet, Denis Dobbelstein a terminé son 2e mandat de Président. C’est maintenant Philippe Lemaître qui assurera ce service. A ses côtés, l’AG a élu 6 membres : Alain Biron, Anne Brisbois, Alix Crassaert, Marie-Paule Grifnée, Jean-Philippe de Limbourg et AnneSophie Locht. Daniel Sonveaux, assistant ecclésiastique national, fait également partie de cette ESN. Il s’agit donc d’une équipe de huit membres, quatre femmes et quatre hommes, quatre de moins de cinquante ans et quatre de plus de cinquante ans, d’expérience professionnelle dans le secteur marchand et non marchand, de différentes régions de la Belgique francophone. L’AG s’est terminée par une prière d’envoi en mission de cette nouvelle équipe qui aura à continuer de maintenir le charisme propre de la CVX dans l’Eglise et dans le monde, et aussi de préparer sa participation à l’assemblée mondiale CVX qui rassemblera les soixante communautés nationales à Beyrouth en 2013. Contact : contact@cvx-belgique.org ou 081 22 99 28. www.cvx-belgique.org Etats-Unis : colloque international sur l’école secondaire jésuite. Pour la première fois dans l’histoire, les responsables de l’éducation secondaire jésuite du monde entier ont été invités à un colloque international sur l’éducation secondaire jésuite (ICJSE) à Boston. Pendant cinq jours, du 29 juillet au 2 août, plus de 300 responsables d’autant d’écoles ont échangé leurs idées et examiné leur mission et leur identité comme jésuites. Leur attention s’est portée spécialement sur deux objectifs : 1) la formation d’un réseau mondial pour répondre ensemble aux défis que la dernière Congrégation Générale et le P. Général luimême nous ont demandé d’affronter, notamment celui de devenir un réseau apostolique
LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX ◆ Le P. Guy De Grox s.j. de la communauté Al-
berto Hurtado à Anderlecht, né le 23 janvier 1936 à Frameries, décédé le 1er octobre 2012 à Bruxelles. Il était entré dans la Compagnie le 14 septembre 1955 et avait été ordonné prêtre le 28 juin 1969. ◆ Mme Marie-Jeanne Wilmart Balon-Perin, décé-
dée le 16 juillet 2012, belle-sœur du P. Philippe Balon-Perin. ◆ M. Guy de Borggraef, décédé le 27 juillet 2012, beau-frère du P. Emmanuel Servais. ◆ M. Jean Mies, décédé le 10 septembre 2012, père de Mlle Françoise Mies, laïque associée. ◆ M. Jacques Dax, décédé le 23 septembre 2012, beau-frère du P. Charles Pollet. ◆ Mme Mathilde de Beer de Laer, décédée le 27 septembre, sœur du P. Richard Erpicum.
plus efficace ; 2) une réflexion d’ensemble sur notre identité et notre mission comme jésuites aujourd’hui, pour que grâce à une vision commune nous puissions être plus efficaces et plus créatifs dans notre travail apostolique. Le colloque a été accueilli par la Boston College High School, les travaux se déroulant au Boston College. A la fin, une « déclaration d’intention » (vision statement) a été adoptée à l’unanimité. www.icjse.org ? Roland Francart, s.j.
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Rencontre avec Tommy Scholtes Il y a un an, le P. Tommy Scholtes a été choisi par les évêques de Belgique pour être leur nouveau responsable de la communication et de la presse. Depuis de nombreuses années, Tommy est l’un des plus fins observateurs de la vie religieuse en Belgique et, à ce titre, un habitué des plateaux de télévision et des colonnes de la presse écrite. C’est dans son bureau situé dans le complexe du collège Saint-Michel, à Bruxelles, que nous avons rencontré cet ancien de la rhéto 1972 du collège Notre-Dame de la Paix (la première cuvée erpentoise). Tommy Scholtes, vous fêtez en 2012 vos 40 ans de sortie de rhéto. Comment vous êtes-vous retrouvé au collège de Namur alors que vous êtes d’origine néerlandaise ? En 1960, mon père a quitté son travail en Hollande pour venir travailler chez Materne, à Jambes. Il souhaitait nous inscrire, mon frère et moi, au collège dès notre arrivée à Namur, mais nous avons été refusés parce que nous ne parlions pas un mot de français. On nous a suggéré donc de nous inscrire dans un internat en Flandres, mais c’est finalement à l’école Saint-Joseph à Jambes que nous avons fait nos primaires. Un an et demi plus tard, mon frère a pu entrer en secondaire au collège et je l’ai suivi quelques années après. A part la rhéto, vous avez passé toutes vos années dans les bâtiments de la rue de Bruxelles. Quelles images gardez-vous de l’ancien collège ?
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L’ancien collège avait quelque chose de très sympathique, entre autres grâce au voisinage des facultés. Je me souviens de la petite et de la grande cour, reliées par un tunnel. Après la récréation, les surveillants postés au-dessus des escaliers nous faisaient taire, faute de quoi nous recevions deux heures de retenue… Et d’autres souvenirs encore. Quand apparut l’idée de construire un nouveau collège et de déménager à Erpent, quelle fut votre réaction en tant qu’élève ? La nouveauté la plus frappante était la perspective de la mixité… Nous avions déjà eu quelques expériences, avec par exemple une chorale, « Les Sauverdias », que nous avions créée conjointement avec les sœurs de NotreDame. Nous allions répéter là-bas toutes les semaines, sous la surveillance de sœur Suzanne, qui vérifiait que ses élèves se comportaient bien… À part cela, le fait de s’éloigner du centre-ville inquiétait certains parents pour des raisons pratiques, mais quand nous avons appris qu’un service de bus serait assuré, ces craintes se sont apaisées. Avez-vous un souvenir de la première rentrée à Erpent ? Dans les jours qui ont précédé la rentrée, on nous avait sollicités pour installer le mobilier dans les nouvelles classes. Chacun était heureux de découvrir le collège, ses vastes espaces, la grande visibilité intérieure grâce aux
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nombreuses vitres… Seulement, nous n’avons jamais compris pourquoi on avait installé à l’étage du tapis plain de teinte claire car au début, comme les alentours de l’école étaient encore en chantier, tout le monde rentrait avec les pieds boueux, ce qui a certainement dû chagriner madame Calonne, notre surveillante, qui contrôlait notre arrivée dans les classes… Y a-t-il une personne en particulier qui vous a marqué dans votre parcours au collège ? Le P. Daiche, sans hésiter. Je le revois encore dans l’ancien collège traverser la cour au deuxième coup de cloche pour vérifier que le silence était parfait, sans quoi il nous faisait un petit signe de la main qui signifiait « sortez des rangs et allez m’attendre devant mon bureau », ce qui pouvait être très long… Il était un « monument » et nous a tous marqués. Nous le voyions en permanence et nous le craignions à certains moments, en cas d’affaire disciplinaire. En effet, même s’il était d’une justice parfaite, cette justice pouvait impliquer une sanction… En tant que jésuite, quel regard portez-vous sur les collèges jésuites d’aujourd’hui ? Ici, à Saint-Michel comme ailleurs, les directeurs demeurent soucieux de continuer à travailler dans un certain esprit, et de perpé-
tuer les bons aspects du projet d’enseignement des jésuites. Je pense par exemple à l’art de « cheminer avec », d’amener les élèves le plus loin possible, d’éveiller leur esprit critique. A mes yeux, mon titulaire de rhéto, le P. Manu André, a très bien incarné cet idéal : pour lui, l’essentiel n’était pas dans la connaissance et les examens mais il recherchait une convivialité, un esprit d’écoute, une proximité. Il avait par exemple à cœur de connaître les parents et faisait le tour de toutes les familles… Mais les études restaient les études. Depuis quelques mois, vous êtes « responsable presse » pour les évêques ? Je suis de très près les travaux des évêques, qui se rencontrent tous les mois. Je garde également les yeux rivés sur l’actualité : l’actualité religieuse, mais générale et politique. Mon rôle est d’être l’interlocuteur des médias de l’ensemble du pays dans leurs contacts avec les évêques. Du côté francophone, j’ai beaucoup de contacts et d’expérience, car j’ai été journaliste durant plus de 25 ans, mais je n’avais jusqu’à présent que peu de contacts avec la partie flamande. Dans votre fonction, vous côtoyez fréquemment Mgr Léonard. Avez-vous déjà eu l’occasion d’évoquer avec lui le fait que vous étiez tous les deux anciens du collège ? Absolument, il a gardé lui-même un excellent souvenir du collège de Namur. Je l’avais déjà connu quand il était jeune prêtre à la cathédrale de Namur. Cela contribue aux relations cordiales et assez familières que nous entretenons, ce qui nous aide évidemment quand nous sommes confrontés à des éléments très délicats dans notre travail.
Lettre des Anciens du collège d’Erpent
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Identité, vocation « Que ta volonté soit faite » Que de fois n’avons-nous pas prononcé cette demande, sans y porter la moindre attention ! « Que ta volonté soit faite ! » Ma vocation et ma mission, mon identité seraient-elles alors simple soumission à la volonté d’un autre ou acceptation d’un projet de vie pré-déterminé ? C’est bien ce que nous reprochent certains : « vous n’avez pas de pensée libre, obéissants que vous êtes à des commandements, des lois, des dogmes ou à une autorité divine ». Cette inacceptable atteinte à notre dignité, à notre liberté, nous aurons vite fait de la démentir cela au nom de Jésus venu « annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres » (Lc 4, 18). Pourtant n’est-ce pas quelque chose du même ordre que nous entendons parfois chez certains jeunes ou moins jeunes, impatients ou déçus, quand malgré leur bonne volonté et leur prière, Dieu, disent-ils, ne leur dit pas ce qu’ils doivent faire, ne leur dicte pas le chemin à suivre. Et que penser d’expressions de ce type : « L’Esprit m’a dit ceci ou cela et donc je dois faire ceci ou cela sans plus me poser de question ». Quelle anthropologie et quelle théologie, quel regard sur Dieu et sur l’homme sont ici sous-jacents ?
« Qui suis-je ? Pour quoi faire ? Avec qui ? » Dans les Exercices spirituels, la contemplation pour obtenir l’amour peut nous servir de guide.
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Dans ses remarques préliminaires, cette contemplation situe l’agir humain au cœur d’une relation d’alliance, où l’aimé et l’amant se donnent mutuellement l’un à l’autre. Il n’est donc pas question d’effacement de l’un au service de l’autre, ou encore de soumission, mais bien d’échange. Pourtant, dans la relation entre Dieu et l’homme il y a bien une priorité : l’homme est créé par Dieu. C’est pour faire droit à cette priorité que la demande exprimée au début de la contemplation est celle d’une connaissance intérieure du don reçu (vocation) pour entrer alors dans un agir, une mission de reconnaissance, un rendre grâces. Notre identité se situe dans la conjonction de cette réceptivité fondamentale et de cette activité en réponse. Je suis donc cet « autre » de Dieu, appelé par Lui à vivre une relation d’alliance avec Lui. Dans un monde où existe le mal, cette relation est toujours réconciliation avec Dieu, et avec mon semblable : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25). Et si nous prenons en considération notre insertion, notre participation à tout l’univers créé, cette relation d’alliance est réconciliation aussi avec toute la nature. Dans le souffle de l’Esprit du ressuscité nous sommes récepteurs et acteurs responsables de cette réconciliation.
Qui suis-je ? Reprenons à présent le fil de la contemplation. « Me remettre en mémoire les bienfaits reçus. » Je suis un être situé. Situé par le moment
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Belgique méridionale & Luxembourg historique, la culture, le contexte familial, environnemental… Situé corporellement, génétiquement aussi. Je reçois la vie d’étape en étape, je suis façonné par elle, passant progressivement d’un désordre de non-coordination, de non-articulation à une participation de plus en plus active et articulée, parlée. C’est là tout l’espace du champ éducatif, espace de parole et de silence, espace de maîtrise de soi et d’émerveillement où passivité et activité s’entrecroisent pour construire qui je suis dans une interaction constante avec un environnement qui me façonne autant que je le façonne. L’espace de liberté, de mémoire, d’intelligence et de volonté, que je suis, est appelé à sans cesse s’élargir dans la conscience du Dieu qui, à la fois, donne la vie pour que je vive, et qui aussi se donne à moi, établissant en moi sa demeure. Comme Marie je suis comblé de grâces.
Pour quoi faire et avec qui ? De la prise de conscience de ce qui me fonde va jaillir et se structurer pas à pas la réponse qui est ma réponse, mon entrée dans la réciprocité, dans la reconnaissance : « Prends et reçois tout ce que je suis ». Dans l’échange d’amour avec Dieu, dans la relation d’alliance, j’apporte tout ce que je suis en le mettant en œuvre. Ma mémoire, je la développe et je l’exerce : elle m’aide à me situer dans la vérité de mon histoire, mais aussi de l’histoire du monde et de l’histoire sainte, sans oublier la large part d’inconscient. Mon intelligence, je la développe et l’exerce pour lire et construire le monde dans ses appels et ses défis, pour accompagner l’Eglise dans la construction du Royaume. Ma volonté, je la développe et l’exerce, dans l’engagement de ma personne, corps et âme, au service aimant des autres.
Ma liberté, qui grandit avec et à travers les trois précédentes facultés (mémoire, intelligence, volonté), je la développe et l’exerce dans une écoute et un discernement qui aboutit à des décisions, des choix de vie.
« Devenir des hommes pour et avec les autres » L’expression proposée par le P. Pedro Arrupe et développée ensuite en y ajoutant le « avec », dit bien notre identité dans ses composantes de vocation et de mission. Vocation d’abord à la vie, en tant qu’homme ou femme. L’enfant que nous sommes est appelé à atteindre sa taille adulte à travers le développement progressif de toutes les dimensions de son être corporel autant que psychologique, intellectuel, spirituel et affectif, individuel autant que social. Il le fait essentiellement à travers la parole : parole d’homme, de femme, parole de mère, de père, d’éducateur, mais aussi Parole de Dieu qui les traverse ou qui surgit au cœur d’un « buisson ardent » dans le silence de la prière et de la contemplation. Cette parole reçue appelle notre parole, la fait surgir de telle sorte que nous devenons partenaires : partenaires de Dieu et partenaires de nos semblables. Peu à peu, le plus souvent, mais parfois dans la soudaineté de l’éclair, le chemin de vie se dévoile. Volonté et intelligence trouvent leur voie, comme le ruisseau son parcours. Libre alors, parce pleinement accordé à son être profond, l’homme, la femme peut s’engager dans ce « pour et avec les autres » qui réalise au cœur de l’humanité sa mission de bâtisseur du Royaume. ? Bernard Peeters, s.j. (extrait de la Lettre de La Pairelle, juillet-août-septembre 2012)
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« Un jeune sur cinq vit dans la précarité » L’Avent : temps d’espérance pour un avenir meilleur En Belgique, un jeune sur cinq vit avec un revenu en-dessous du seuil de pauvreté ! Et de nombreux autres jeunes ont bien du mal à trouver leur place dans la société. Ils entament leur vie d’adulte avec un sac à dos rempli bien plus souvent de cailloux que d’atouts. Bon nombre des projets soutenus cette année par Vivre Ensemble s’adressent à des jeunes. En appuyant Vivre Ensemble, nous offrons aux jeunes un regard de confiance, de bienveillance, nous les aidons à révéler le meilleur qui est en eux, les atouts qu’ils possèdent et qui sont parfois enfouis tout au fond du sac, sous des kilos de cailloux. Action Vivre Ensemble est mandatée par les évêques de Belgique pour susciter la solidarité, durant l’Avent, avec les personnes démunies. Les sommes recueillies sont destinées à soutenir cette année 89 projets de lutte contre l’exclusion sociale en Wallonie et à Bruxelles. Par un don, témoignons de la Bonne Nouvelle pour les jeunes précarisés.
Collecte au profit de Vivre Ensemble le week-end des 15 et 16 décembre !
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Initiatives & Evénements
Année nouvelle au Réseau Jeunesse L
e Réseau Jeunesse bouge, à l’instar des jeunes qui le forment et du monde autour de nous. Nous voulons être à l’écoute des « bruits du monde » et des changements qu’ils répercutent, en particulier des déplacements liés aux jeunes et aux interrogations qu’ils portent. Il s’agit d’être on the move, en mouvement. Pas à la mode. De la même façon qu’Inigo de Loyola fut toute sa vie un homme pèlerin qui ne s’est jamais installé, un chercheur de Dieu, un chercheur de Vie. « Chercher et trouver Dieu en toutes choses » met sans cesse en mouvement. Après un exercice de relecture et d’évalua-
tion de nos activités entrepris en 2011, nous avons retenu deux lignes de conduite directrices pour les années à venir : un développement en Réseau avec : 1. une attention portée à la spiritualité ignatienne ; et 2. fondé sur la solidarité et l’amitié. « Tous en mouvement ! » Il s’agit de faire « mouvement » : s’organiser et se structurer. En marche depuis plus de 20 ans, le Réseau Jeunesse, devenu ASBL depuis deux ans, est aujourd’hui membre du CJC (Conseil de la Jeunesse catholique). Le mouvement s’est structuré. Les organes de l’association sont majoritairement pris en charge par des jeunes
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Initiatives & Evénements de moins de 35 ans. Assemblée générale, conseil d’administration, équipes d’animation, groupes de travail sont les lieux de prise de responsabilité et de formation de jeunes qui s’engagent. Animateurs et animés ont entre 7 et 35 ans et les activités proposées sont variées et originales. Le Réseau met en relation différentes associations qui en sont membres, il coordonne leurs actions par une mise en réseau et donne un nouvel espace de résonance. Le 2 octobre 2012 à Bruxelles, les représentants des activités du RJ se sont retrouvés pour une soirée d’échanges. « Tous en mouvement ! » Il s’agit de prêter attention à nos « mouvements intérieurs ». Apprendre à être à l’écoute de nos motivations et de nos questions de sens. Etre à l’écoute de ce qui nous émeut et nous meut. Rien d’autre que l’expérience d’Ignace de Loyola en 2012 ! « Tous en mouvement ! » Il s’agit bien de « se mouvoir » : marcher, traverser. Les traversées ne sont pas toujours faciles : déserts,
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tempêtes… Il s’agit de s’engager, prendre des responsabilités, se former, évaluer, s’interroger, recommencer, parfois autrement. Faire mieux. Faire plus. Tels sont les piliers de la spiritualité ignatienne vécus par les jeunes. Nous avons retenu quatre axes pour décrire l’action menée par les membres de notre association : Un premier axe vise à mettre les jeunes dans des situations de formation. La méthode appliquée d’éducation permanente permet aux jeunes et aux jeunes adultes d’acquérir et d’entretenir les compétences, les aptitudes et les dispositions nécessaires pour s’adapter à un environnement en mutation constante. Les jeunes se forment dans l’action, de façon non formelle, dans toutes les activités menées dans le Réseau. Deux week-ends de formations durant l’année permettent à une quarantaine de jeunes animateurs du festival Choose Life de se former. En septembre 2012, 25 personnes sont venues à Namur pour se former à l’ani-
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Initiatives & Evénements mation et découvrir le Mouvement eucharistique des Jeunes (MEJ) qui regroupe en équipes d’une dizaine de jeunes, par tranches d’âge, les jeunes de 7 à 25 ans. En Wallonie (dans tous les diocèses) et à Bruxelles, ainsi qu’au Luxembourg, on compte environ 35 équipes du MEJ. Le RJ met en œuvre des outils de formation pour soutenir les apprentissages et développer la réflexivité. Le RJ met en place des activités de formation variées au sein des organisations membres et tend à organiser de plus en plus des formations communes pour toutes les associations membres. Les jeunes deviennent eux-mêmes acteurs de formation pour les autres. C’est ainsi que le samedi 17 novembre 2012, une quarantaine de jeunes de 16 à 25 ans, animateurs et futurs animateurs du RJ, sont venus se former à La Pairelle, animés par des formateurs jeunes du RJ. Le deuxième axe traite du besoin ressenti de formation aux questions de motivations et de sens soulevées par les jeunes. Le RJ vient en appui à ces questions et propose d’y répondre au départ d’une vision de l’homme et du monde, qui donne une place prépondérante au respect et à la dignité de chacun. Cette vision est inspirée de valeurs universelles portées par l’Evangile. Le RJ invite ainsi ses membres à vivre les valeurs universelles de respect de chacun, de tolérance, d’écoute, de solidarité, de partage, de justice, etc Dans un troisième axe, nous mettons l’accent sur des occasions de prise de responsabilités que le RJ et ses membres déploient à tous les niveaux. Le RJ encourage les engagements et prises de responsabilités des jeunes qu’elles soient individuelles ou collectives. Il favorise le développement de la citoyenneté responsable, active, critique et solidaire chez les jeunes. Toutes les activités du Réseau encouragent la prise de responsabilité par les
jeunes et pour les jeunes, ceci dans le respect de l’autre. Elles leur donnent les outils pour les évaluer et éventuellement les ajuster. C‘est là aussi le sens de notre engagement au sein du CJC (Conseil de la Jeunesse catholique) avec une vingtaine d’autres organisations de jeunesse. Dans le RJ, les jeunes sont pleinement acteurs et prennent des responsabilités chacun à leur niveau comme animés (jeux, tâches quotidiennes, etc.) et comme animateurs et organisateurs d’activités telles que des camps, des séjours et des activités régulières sur toute l’année, en Belgique et l’étranger. Ils sont amenés à élaborer des activités, prendre des décisions, les mettre en œuvre et les évaluer. Les temps d’échanges et de discussions permettent à chacun de réfléchir à sa place et à ses responsabilités dans les groupes dont il fait partie et, plus largement, dans le monde. Cette année, nous développerons notre équipe d’animation du RJ à travers divers groupes de travail. Le quatrième axe de développement de nos finalités est la mise en relation. Le RJ met en relation des partenaires qui partagent une vision de l’homme positive, attentifs à la richesse de la différence et artisans de solidarité. Par sa vocation, le Réseau est un lieu d’échanges et de communication. Le Réseau entretient des relations avec tous les membres tant en Belgique qu’à l’étranger. Ceci fait de son public un public varié de jeunes de toutes convictions et d’origines sociales variées. Elle apporte aussi son soutien à d’autres personnes ou associations organisant des activités dont les objectifs sont compatibles avec l’objet de l’association. C’est le sens de notre insertion dans le Parc Parmentier à Bruxelles et les « Stations de plein air » créées par l’Abbé Froidure. Nous avons ouvert là un nouveau bureau, en vue de créer des synergies permettant de vivre ce quatrième
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Initiatives & Evénements axe. C’est aussi dans ce cadre que nous avons participé activement à Rivespérance en novembre dernier par un atelier sur « Comment faire des choix » et à l’animation de la soirée du samedi pour les jeunes de 15 à 35 ans. Le RJ s’inscrit dans une perspective de mise en relation solidaire : permettant à chacun de travailler en équipe et de s’engager activement dans la société comme citoyen, dans un esprit de tolérance et de respect, au-delà des différences personnelles, culturelles et sociales. En fin janvier 2013, la brochure « Horizons pour tes vacances » sortira avec plus de 35 propositions pour les jeunes durant l’année et les vacances. Dès à présent, nous vous invitons à consulter régulièrement notre site et à vous abonner à notre News Letter. Enfin, nous avons besoin de vous pour nous aider à financer deux projets importants en 2013 : le Festival Choose Life du 9 au 13 avril 2013 à Soignies (rencontre de 150 jeunes pour partager et approfondir leur foi et leurs choix) et les JMJ 2013 (à Rio ou en France). En outre,
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votre aide permet aussi à des jeunes de se former pour être à leur tour animateurs de jeunes. Sans vous, nous ne pouvons pas continuer notre action. ? érèse Davio et Eric Vollen, s.j. Aidez-nous au service des jeunes et de l’Evangile : 20 € : un week-end de formation, 30 € : une journée de camp, 100 € : un jeune au festival Choose Life. Réseau Jeunesse ASBL 25, rue Marcel Lecomte 5100 Wépion IBAN : BE 45 0016 5525 5789 BIC : GEBABEBB Secrétariat : Réseau Jeunesse ASBL 19, avenue Parmentier, bte 9 1150 Bruxelles tél. : 0474 45 24 46 info@reseaujeunesse.be www.reseaujeunesse.be
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Initiatives & Evénements
Prier en prison Depuis deux ans, l’équipe d’animation de « Prier avec l’Evangile » du centre sprituel Ignatien de Charleroi propose aux détenus de la prison de Jamioulx un temps de prière selon la manière ignatienne de contempler. Témoignage.
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hocs des grilles qui s’ouvrent et se referment. Crachotements des talkies-walkies des gardiens au milieu des détenus qui conversent entre eux et s’avancent par de longs couloirs. Ce soir, ils sont 23 à pénétrer dans la chapelle, au cœur de la prison, pour un temps de prière et de partage. Pas facile de rentrer dans le calme intérieur quand on attend la lettre de son avocat, la visite d’une compagne ou que l’on « encaisse » la décision prise quelques heures plus tôt par le tribunal. Une démarche toute simple nous y aide : chacun de nous, détenus, aumôniers, animateurs, inscrit en quelques mots ou un dessin le souci, l’angoisse qui pèse pour le moment. Pour avoir le cœur plus libre, chacun choisit de confier son souci en déposant son message auprès de la statuette de Marie, au pied de la croix ou près du poupon emmailloté qui, ce soir de l’Avent, nous tend les bras. Ce soir, l’une de nous raconte le récit de la Nativité. Chacun est invité à se laisser toucher par Jésus nouveauné, couché dans un bac qui sert à mettre la nourriture des animaux. Des souvenirs
remontent : des vies d’errance, la naissance d’enfants, l’émotion de celui qui a coupé le cordon ombilical de son enfant, leur joie, leur fierté, leur crainte aussi. Des souvenirs de leur propre enfance resurgissent… C’est parfois un détail qui les éveille… « Couché dans la paille » évoque un souvenir heureux de camp louveteaux pour l’un. Le « bac qui sert de mangeoire pour les animaux » rappelle un épisode douloureux de maltraitance à un autre… Nous l’éprouvons pour nous-mêmes : quels que soient les chemins de traverse que nous avons pris, nous sommes intimement touchés quand nous pressentons que le Seigneur n’éprouve aucun dégoût, aucune colère envers nous. Et c’est bien vers cette découverte que nous sommes entraînés, vers Son regard qui nous recouvre de paix. Comment se laisser apprivoiser autrement ? La prière nous guide un pas plus loin, à partir du rappel de rencontres qui nous ont fait du bien : « Chaque fois que mon cœur s’apaise,
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Initiatives & Evénements c’est signe, Jésus, que Tu es tout proche de moi. C’est signe que l’Esprit Saint a ouvert la porte de mon cœur, que le courant passe entre nous. Je peux Te parler à cœur ouvert, Seigneur : Tu m’écoutes. Et je peux T’entendre me parler tout au fond de moi. Mon cœur réagit à ce que Tu me dis. » Et certains regards de détenus en disent long. Par un enchaînement de coïncidences, d’opportunités - dont l’Esprit Saint a le secret nous animons depuis deux ans un temps de prière mensuel à la prison de Jamioulx, épaulées par les aumôniers. « Ma présence à la prison est en lien avec la parole de l’évangile ‘j’étais prisonnier, et vous m’avez visité », té-
moigne l’une de nous. Etre en prière avec des prisonniers, c’est être en présence de personnes dont nous ne connaissons rien – ce qui évite les jugements – qui partagent le même désir que nous : être ensemble en chemin vers Dieu. Prier ensemble, partager ce que nous avons découvert, reçu à partir d’un texte biblique est source de réconfort et d’apaisement pour nos quotidiens, qu’ils se déroulent hors ou dans le milieu carcéral » Témoigner de ce que nous voyons, de ce que nous recevons, est-ce possible dans un article ? Serons-nous, vous et nous, sur la bonne longueur d’ondes : celle de la bénédiction, de l’humilité et du respect inconditionnel ? ? Anne-Marie Blondeau, Pierre Depelchin, s.j., Josée Ledoux, érèse Crispin
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Initiatives & Evénements (suite
Prononcer des vœux ? Le grand « oui » du Christ « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté. » Quel est le sens profond des vœux, si ce n’est d’entrer dans le grand oui du Christ au Père ? Un oui qu’ont repris Marie et tant de saints à sa suite… Le Christ a façonné ce oui par toute sa vie. Le Christ a été tout entier écoute du Père, recherche de sa volonté, joie de faire cette volonté. Ce oui renvoie donc à l’obéissance du Christ, qui a voulu se recevoir tout entier du Père. Entrer dans la joie de ce oui du Christ est le grand cadeau de ce jour. Un oui à redire quotidiennement. Un oui qui doit grandir, tant nos oui sont habituellement mélangés de mais et de peut-être. Un oui qui soit prière, car même ce oui est un cadeau de Dieu, que Lui seul peut donner de dire avec plus de vérité. Un oui humble, mais plein d’espérance, car nos contradictions et incohérences n’empêchent pas Dieu d’agir si on le lui « permet »… le oui du Christ en nous se montre le plus fort !
La joie du Christ de donner sa vie La grande joie du Christ, c’est d’aimer. Et « il n’y a pas de plus grand amour que de don-
ner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). La Croix est le lieu où le Christ aime jusqu’au bout. Elle est le lieu de la plus grande joie du Christ, joie mystique (mais réelle) qui n’enlève rien à toute la souffrance qu’elle a été. C’est pour cela que l’Eglise aime représenter aussi la Croix de façon glorieuse. La souffrance réelle est signifiée par la Croix, mais la gloire de la résurrection apparaît déjà : l’immense joie du Christ de nous donner une Vie nouvelle. Cette joie du Christ de nous donner sa Vie de ressuscité est la continuité directe de la joie d’avoir donné sa vie pour nous, sa propre vie, jusqu’à en mourir. A la résurrection éclate cette joie du Christ qui déjà l’habitait pendant sa Passion : se donner tout entier lui-même. La Croix et la Résurrection sont inséparables. Le religieux est invité à pointer sur la Croix du Christ, en voyant bien tout l’appel à la joie qu’elle contient. Et il pourra donner quelque chose de la vie nouvelle du Ressuscité en donnant de sa propre vie, en suivant le chemin du Christ : chemin d’abaissement, d’humilité, de don de soi jusqu’au bout. C’est donc bien cette logique de la Croix que le religieux est invité à actualiser dans sa propre vie, hum-
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Initiatives & Evénements
blement. Il manifeste ainsi que cette Vie est déjà donnée pleinement dès aujourd’hui. Cela le dépasse totalement.
Les trois vœux Les conseils évangéliques, pauvreté, chasteté, obéissance, donnent un cadre concret. Ils recouvrent les grandes dimensions de la vie, et aident ainsi à suivre le Christ en choisissant l’opposé de la possession égoïste, de la main mise sur l’autre et de la volonté de toute-puissance. Ces « conseils » sont valables pour tous, car chaque état de vie est invité à les déployer de façon différente. Pour le religieux, ces vœux
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signifieront aussi le célibat et l’obéissance au supérieur. Mais plus qu’un cadre, ces vœuxpromesses seront surtout un appel à la sainteté où le religieux trouve des balises pour grandir et pour suivre le Christ, Lui seul qui a été vraiment pauvre, chaste et obéissant. ? Jean-Louis Van Wymeersch, s.j.
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LE DOSSIER
Pédagogie ignatienne DOSSIER RÉALISÉ PAR MARC BOURDOUX, COORDINATION DES ÉCOLES JÉSUITES
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a Coordination des collèges et instituts jésuites de la Province a la mission de garder et de développer la vision éducative ignatienne des écoles qui lui sont confiées. Elle organise la mise en réseau de ces établissements : pour traduire une tradition séculaire, pour faire circuler un esprit commun, et pour permettre un enrichissement des pratiques. Elle assure, dans les écoles dont elle a la charge, le respect et la mise en œuvre de la convention d’engagement réciproque entre la Compagnie de Jésus et les établissements scolaires. Initialement assurée par une seule personne jusque dans les années 1990, la coordination compte aujourd’hui quatre membres tant les tâches se sont diversifiées : Marc Bourdoux, inspecteur principal, Benoît De Clerck, responsable pour l’enseignement fondamental, Bernard Peeters, s.j., attaché, et Stéphanie Medina, responsable administrative. Ce centre mobilisateur rassemble plus de 1 200 membres du personnel, 4 000 élèves dans l’enseignement fondamental (maternelles et pri-
maires) et quelques 10 500 élèves dans l’enseignement secondaire. Pour mieux appréhender, de façon originale, quelques facettes du travail de cette équipe, nous allons vous entraîner dans une semaine un peu chargée… Lundi : Cap sur Namur vers notre centre névralgique au rempart de la Vierge. Comme toutes les deux semaines, nous avons une réunion de bureau en matinée. Il s’agit d’un moment privilégié pour notre travail d’équipe : partage d’informations, nouvelles des écoles, préparations d’activités futures ou de dossiers, échange sur des questions délicates, demande de conseils, etc. L’un de nous aura la redoutable tâche de faire le rapport de la réunion pour la quinzaine suivante. Après un repas frugal partagé parfois avec l’un ou l’autre chercheur du Centre Interfaces, chacun retournera aux incontournables et indispensables activités de bureau : appels téléphoniques, rédaction d’un article, lecture d’un dossier ou finalisation d’un document sans compter les envois et les réponses à de multiples courriels !
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Si la journée se termine vers 17 h 00 pour deux d’entre nous, ce n’est pas le cas pour Bernard qui va se rendre à Verviers afin de participer à 17 h 30 au conseil d’administration du collège Saint-François Xavier (SFX1). Notre présence comme délégué du Père Provincial dans les différents pouvoirs organisateurs des écoles est un des aspects importants de notre mission. En tant que représentant du Provincial et de la Compagnie de Jésus, le délégué est le garant de la perspective et de l’esprit que la Compagnie a mis et veut poursuivre dans les écoles qui lui sont liées. Il veille à garder en vie cette tradition en développant l’« esprit de famille » qui circule dans les établissements. Il assure, dans chaque école dont il a la charge, le respect et la mise en œuvre de la convention d’engagement réciproque entre la Compagnie de Jésus et les établissements scolaires. Bernard est délégué à Verviers (SFX1 et SFX2), Charleroi (Sacré-Cœur et IET Notre-Dame) et Bruxelles (Saint-Michel).
Cœur accueille ses homologues, sous l’égide de la coordination, pour une des six réunions annuelles. Cette fois, c’est Benoît qui aura envoyé la convocation avec l’ordre du jour. Il lui reviendra également de mener les débats et d’assurer l’animation de la réunion. Mettre en réseau ceux qui exercent une responsabilité institutionnelle, pédagogique ou pastorale constitue un deuxième aspect de notre mission. Il s’agit bien de faire circuler une vision éducative commune, de partager des expériences, de proposer des temps de formation. Nous réunissons systématiquement les présidents de pouvoir organisateur, les directions fondamentales et secondaires, les animateurs pastoraux, les préfets des études et d’éducation, les économes-gestionnaires, les personnes ressources en informatique et, depuis peu, les secrétaires de direction. La réunion se termine vers 16 h 00. Cette fois, Marc a de la chance. Il doit assister à l’assemblée générale du PO de Mons ; la route ne sera pas trop longue. Début des débats à 19 h 15, fin souvent incertaine… Officiellement délégué du Père Provincial pour toutes les écoles, il est plus particulièrement en charge à Mons (Saint-Stanislas SaintJoseph), à Liège (Saint-Benoît SaintServais) et à Godinne-Burnot (SaintPaul Sacré-Cœur).
Mardi : En route pour Charleroi où le directeur de l’école primaire du Sacré-
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LE DOSSIER Mercredi : L’équipe de la coordination descend (ou monte c’est selon…) sur la capitale. Benoît s’en va présider une réunion d’entité des écoles fondamentales (rassemblement de vingt écoles maternelles et primaires). A peu près au même moment, Bernard participe au Secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC) à une réunion de la Commission interdiocésaine de pastorale scolaire pendant que, dans une salle voisine, Marc assiste au conseil d’administration de l’Institut de formation des cadres de l’enseignement catholique. Les collèges et instituts jésuites s’insèrent dans le système scolaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles et participent aux politiques éducatives de celle-ci. Ils sont subsidiés parce qu’ils remplissent un service public. Ils le font en poursuivant les objectifs généraux de l’enseignement définis dans le décret « Missions » (24 juillet 1997), selon la perspective ouverte par le réseau de l’Enseignement libre catholique (Mission de l’école chrétienne). Ils participent ainsi à ses diverses structures et collaborent avec les autres écoles, tout en développant une approche éducative spécifique, parmi d’autres.
mation est offert aux enseignants des écoles primaires et maternelles. Stéphanie aura minutieusement préparé les documents préparatoires. L’objectif poursuivi est multiple. Leur permettre de prendre du recul pour mieux relire leur parcours et en dégager les lignes de force. Leur offrir l’occasion d’enraciner leur pratique dans la tradition pédagogique qui trouve son origine dans l’expérience d’Ignace de Loyola. Leur faire découvrir la vie du fondateur de la Compagnie de Jésus ainsi que l’histoire des collèges et, ce faisant, initier un sentiment d’appartenance. Leur donner modestement les moyens de recevoir le patrimoine spirituel et pédagogique transmis par les pères jésuites. Il importe de mentionner que le cheminement d’une telle journée s’inspire du schéma des Exercices spirituels de saint Ignace. Après le départ des enseignants, ce sera au tour de Benoît de ne pas avoir terminé sa journée. Il assistera à 18 h 00 au conseil d’administration du Collège Notre-Dame de la Paix d’Erpent. Il est également délégué au collège du Christ-Roi à Ottignies qui a rejoint le réseau jésuite en 2005.
Jeudi : Retour dans nos locaux à Namur. Ce matin, nous accueillons toute la journée une douzaine de professeurs du secondaire de quatre écoles différentes pour une formation au projet pédagogique ignatien. Envoyés par leurs directions, il s’agit d’enseignants en début de carrière (en général, ils sont dans leur deuxième année d’enseignement) qui, pour la plupart, ne connaissent pas grand-chose de la tradition des collèges de la Compagnie. Le même type de for-
Vendredi : Arrivée à la gare du Midi à 7 h 45 pour embarquer dans le Thalys à destination de Paris. Nous y avons rendez-vous avec nos homologues du Centre d’études pédagogiques ignatien. Les deux équipes préparent ensemble une session pour les chefs d’établissement franco-belges. Tous les trois ans, un temps commun est proposé à toutes les directrices et directeurs des réseaux jésuites belges et français. La prochaine édition prévue en janvier
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2013 aura pour thème : « Conduire les changements à la lumière d’une tradition vivante ». Regroupant plus de quatre-vingts personnes, elle se déroulera pour la première fois en Belgique. Outre les liens privilégiés avec la France tout comme avec nos collègues de la Province Septentrionale, c’est avec toute l’Europe que nous collaborons au sein du Jesuit European Committee for primary and Secondary Education (JECSE). Cette organisation poursuit trois objectifs : promouvoir les idéaux et les pratiques de l’éducation jésuite en Europe, encourager la coopération ainsi que les échanges entre institutions et soutenir les délégués à l’éducation dans leur mission. Cet ensemble regroupe 157 écoles et compte plus de 160 000 élèves. Au niveau européen, notre Province est la troisième en ordre d’importance par rapport au nombre d’élèves après l’Espagne et la France.
L’accompagnement de proximité : une création « maison » En mars 2007, le vote d’un décret sur l’inspection a institué un corps de conseillers pédagogiques propre à l’enseignement catholique et, ce faisant, a mis un terme à l’inspection congréganiste. Soucieux de conserver des personnes ressources susceptibles d’aider leurs collègues à mettre en œuvre l’optique éducative ignatienne, les inspecteurs jésuites en charge des matières disciplinaires furent remplacés par des accompagnateurs de proximité. Il s’agit de professeurs ou d’éducateurs détachés pour quelques heures en vue d’accompagner les corps professoraux dans des
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domaines transversaux tels que : - l’a priori favorable qui a débouché sur la création d’un jeu de société dénommé « En jeu… d’école ». Destiné autant aux adultes qu’aux jeunes, il incite à une réflexion sur les pratiques pédagogiques et éducatives ; - le projet pédagogique ignatien qui a abouti à la rédaction d’un canevas pour conduire une journée pédagogique type ; - l’accompagnement et la coordination des professeurs de religion ; - l’animation pastorale ; - le travail avec les éducateurs. En réalisant ce dossier, notre objectif était bien de rendre plus concrets différents aspects d’un travail qui se construit autant dans l’action que dans le discernement. Il n’était pas possible — et ce n’était d’ailleurs pas notre intention — d’y reprendre l’ensemble des missions assurées par l’équipe de la coordination. Structure sur laquelle les écoles peuvent s’arc-bouter, elle a pour vocation d’être à leur service avec le souci constant de voir offrir aux jeunes une formation de qualité : formation du cœur, du corps et de l’esprit. Dans un monde en perpétuelle évolution, il est capital de se tenir informé, de prendre du recul et de s’adapter le cas échéant. Les écoles, rivées sur la gestion du quotidien, n’ont pas toujours l’opportunité de le faire et délèguent ce rôle à la coordination.
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Initiatives & Evénements
Histoire des Jésuites à Bruxelles N
ous nous adressons aux lecteurs des Echos pour leur signaler la parution d’un beau livre relatant l’histoire des Jésuites à Bruxelles, Quatre siècles de présence jésuite à Bruxelles, dont nous avons eu le plaisir de coordonner la parution comme éditeur et directeur scientifique. Si les lecteurs des Echos connaissent le collège Saint-Michel d’Etterbeek, ils ne savent peut-être pas que ce ne fut pas — loin s’en faut — le premier collège jésuite dans l’histoire de Bruxelles. En effet, arrivés chez nous en 1589, les Jésuites ouvrirent un collège dès 1604 qui fonctionna jusqu’en 1773, date de la suppression de la Compagnie. Revenus à Bruxelles en 1832, ils rouvrirent un collège en 1835 : le collège Saint-Michel, sis rue des Ursulines. Celui-ci se dédoubla en 1905 quand fut inauguré à Etterbeek le « nouveau » Saint-Michel, c’est-à-dire le nôtre… L’« ancien » Saint-Michel fut rebaptisé SaintJean-Berchmans en 1921, puis Sint-JanBerchmans quand il ouvrit des classes néerlandophones en 1938 alors que sa section francophone s’éteignait en 1953. La Compagnie de Jésus eut dans le cours des XIXe et XXe siècles d’autres résidences dans notre capitale, comme celle du Gesù en haut du boulevard Botanique. A partir de ces bastions, les Jésuites de l’ancienne et de la nouvelle Compagnie ont développé à Bruxelles une surprenante diversité d’apostolats. Le livre que nous proposons évoque cette activité foisonnante en présentant les quarante contributions d’un colloque tenu à Bruxelles en no-
vembre 2006. Ses 720 pages et ses 500 illustrations en font un beau livre qui propose de nombreux articles touchant entre autres au collège Saint-Michel d’aujourd’hui. Son prix de vente est normalement de 95,00 € TTC. En tant que lecteur des Echos et jusqu’au 31 décembre 2012, vous pouvez bénéficier du prix exceptionnel de souscription de 59,00 € (frais de port en sus de 10,00 € pour la Belgique ou de 20,00 € pour l’Europe). Vous trouverez plus d’informations sur notre ouvrage en vous rendant sur www.actesjesuites.be. Vous pouvez commander le livre au prix spécial de souscription, exclusivement en envoyant un courriel à l’adresse suivante : actesjesuites@prosopon.be ? Alain Deneef et Xavier Rousseaux, Anciens élèves du collège Saint-Michel
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Vie & Partenariat
La rubrique de Lumen vitae L
’année 2012 a vu l’éclosion et le rapide enrichissement de la collection « Soins et Spiritualité » dont nous présentons ici les deux dernières parutions. Stéfanie Monod-Zordi, forte de son vécu de médecin gériatre au CHU de Lausanne, aborde la difficile question de la prise en compte de la spiritualité dans les Soins aux personnes âgées. Aujourd’hui, face à une médecine « déshumanisante », réapparaît l’importance de rendre sa dimension au patient par une vision holistique qui intègre notamment la spiritualité de la personne. Le propos de l’auteur se déploie en trois volets : quels enjeux éthiques de la prise en charge des personnes âgées vulnérables ? Quelle prise en compte de la spiritualité du patient en institution de soin au travers d’une évaluation des besoins de sens, de transcendance, de valeurs du patient ainsi que des aspects psychosociaux de son environnement et de son identité ? Comment repérer la détresse spirituelle fréquente parmi les personnes âgées hospitalisées et orienter l’action des équipe interdisciplinaires (aumônier, mé-
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decins, infirmiers,.) dans l’intérêt du bien-être mais aussi de l’amélioration de la santé du patient ? Dans un langage clair, fourmillant d’exemples, cet ouvrage livre des outils pour repérer, analyser, et répondre à ces besoins primordiaux des patients. (104 p. 15,00 €) Guy Jobin, titulaire de la chaire Religion, Spiritualité et Santé à l’Université de Laval, aborde dans son ouvrage Une approche biomédicale du religieux dans l’hôpital l’intérêt relativement récent de la biomédecine pour la spiritualité. Cet ouvrage vise trois objectifs : rendre compte de la manière dont la biomédecine définit de manière propre la spiritualité, identifier les sources de ce style de définition et proposer un modèle de collaboration interprofessionnelle qui tienne compte des questions éthiques et cliniques que soulève l’intégration de la spiritualité dans les soins médicaux. (112 p., 15,00 €) Au chapitre de méditation des Ecritures, deux beaux livres se sont ajoutés à nos collections. Dans son ouvrage de commentaires d’Evangiles, Un sentier dans le jardin. Saveurs
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Vie & Partenariat d’Évangile, José Reding, théologien et animateur de groupes de lecture biblique dans le diocèse de Namur, nous introduit à la saveur des textes clés de l’année liturgique tout en déposant quelques touches de lumière pour en élucider la lecture. En effet, l’auteur désire, loin du dogmatisme et des sermons moralisateurs, rendre les Ecritures accessibles afin qu’elles nous livrent des surprises de joie au cœur du temps. Il nous ramène, à la manière de Jésus, aux lignes de fracture de nos propres existences comme aux zones frontières de nos sociétés, là où l’Evangile peut venir faire œuvre d’ouverture et de renouvellement pour un monde autre. Ces textes longuement mûris inspireront autant un groupe de partage biblique que la méditation de tout chrétien en dialogue avec la Parole. (144 p., 18,00 €) A la suite de cinq passages du Nouveau Testament où la question « Que dois-je faire ? » est posée, le théologien Michel Istas nous renvoie à toutes ces situations où la routine cesse de nous guider et nous oblige à nous questionner sur nos choix et notre engagement. Selon les cas, ces moments de réflexion sont passionnants ou angoissants, et souvent cruciaux, parce qu’ils déterminent notre avenir et nous-mêmes. Ces cinq moments de l’Evangile sont décrits, tels qu’ils ont été vécus par des personnages divers, puis analysés selon leur contexte. Chaque fois la réponse donnée appelle à un autre engagement. Ces récits reflètent quelque chose de notre situation, quand nous cherchons à savoir ce que nous devons faire. Si les réponses données dans les évangiles n’offrent aucun raccourci — car personne ne peut faire l’économie du discernement — elles ouvrent des perspectives qui nous aident à donner notre propre réponse à la question qui nous interpelle. (232 p., 23,00 €) Au rayon de la pastorale, la Commission interdiocésaine de catéchèse, sous la présiden-
NOMMINATIONS Le Père Général a nommé les Pères Severin Leitner (Autriche) et Fratern Masawe (Tanzanie) respectivement Assistant d’Europe Centrale et Orientale et Assistant d’Afrique ainsi que Conseillers Généraux, en remplacement des Pères Adam Zak (Pologne) et Roger Ndombi (Congo Brazzaville). Les nouveaux assistants ont pris leur charge en septembre 2012. Entre autres missions, le P. Leitner a été Provincial d’Autriche. Au moment de la présente nomination il était recteur du collège à Innsbruck et Délégué du Président de la Conférence des Provinciaux Européens pour les centres de formation européens. De son côté, le P. Masawe a lui aussi exercé diverses responsabilités, les plus récentes étant celles de Provincial d’Afrique Orientale et de Président de la Conférence des Supérieurs Majeurs d’Afrique et de Madagascar. Le P. Zak a commencé sa charge comme Assistant d’Europe Orientale et Conseiller Général en 2003, et il est devenu Assistant de la nouvelle Assistance d’Europe Centrale et Orientale après la dernière Congrégation Générale. Lors de cette même Congrégation le P. Ndombi a été nommé Assistant régional d’Afrique et Conseiller Général. Les Pères Ndombi et Zak retrouveront leurs Provinces d’origine. UN PROVINCIAL COMMUN Depuis le 15 août 2012, les Provinces jésuites de Flandre et des Pays-Bas ont un provincial commun en la personne du P. Johan Verschueren, né en Belgique en 1960. Il était directeur du Xaveriuscollege à Borgerhout. Il réside à Anvers dans la communauté Romero (Prinsstraat), alors que ses deux adjoints, les Pères Frans Mistiaen (Flandre) et Chris Swüste (Pays-Bas) résident respectivement à Bruxelles (Koninginnelaan) et à Nijmegen (Houtlaan). Les deux provinces avaient déjà un catalogue commun en 2002. Depuis 2011, leur catalogue « Europe du Nord-Ouest » est commun avec la Grande-Bretagne et l’Irlande.
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Vie & Partenariat ce de Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, propose un nouvel ensemble d’outils catéchétiques à destination des communautés locales : Nous sommes en Eglise constitue le premier volume d’une série de cinq à paraître dans les deux années à venir. Basé sur la conviction que la catéchèse concerne tout un chacun dans les communautés paroissiales, ces cahiers développent une pastorale catéchétique intergénérationnelle et permanente pour les quatre diocèses francophones belges. L’ouvrage propose deux parcours à vivre en communauté, le premier basé sur l’Eglise comme corps du Christ selon la première lettre de saint Paul aux Corinthiens, le second sur les quatre temps qui rythment la vie de l’Eglise : foi, prière, liturgie et engagement. En annexe, des fiches détachables proposent photos, puzzles de textes, chants, photomontages pour animer ces rencontres pastorales. (80 p., 17,50 €) Avec Scènes d’alliance. Catéchèse et homélies théâtrales pour les fêtes de l’année liturgique, Luc Aerens, diacre, pédagogue et directeur de la compagnie de théâtre CatéCado nous propose un livre très concret au service des communautés chrétiennes paroissiales, scolaires ou autres. L’auteur rappelle quelques jalons marquants de l’utilisation du théâtre pour enrichir et compléter les activités liturgiques et catéchétiques de l’Eglise : jeux de la Passion, crèches vivantes, récits bibliques mis en scène, réflexions scénarisées… L’auteur, lui-même metteur en scène, comédien et célébrant, offre ici un apport pédagogique substantiel en proposant des textes au contenu rigoureux dont la mise en scène fut largement expérimentée dans de nombreuses communautés chrétiennes. Il invite chaque responsable de communauté à reprendre telles quelles les pièces proposées ou à les adapter aux possibilités et surtout au service de l’assemblée. (208 p., 20,00 €) Enfin, la revue internationale de catéchèse
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et de pastorale Lumen Vitae aborde dans ses trois derniers numéros des questions cruciales de la vie de nos églises européennes : « La nouvelle Evangélisation » d’abord, dont le concept, né en 1979 lors d’un discours de Jean-Paul II à Nowa Huta, a fait prendre conscience de la nécessaire réactualisation de l’évangélisation au regard des mutations culturelles et sociales contemporaines. A l’heure où un synode des évêques se réunit à Rome sur la promotion de la foi chrétienne (octobre 2012), ces contributions posent les fondements du vaste chantier qui sera de plus en plus au cœur des pratiques pastorales de nos communautés. Autre mutation de l’Eglise, le manque de prêtres et le souci de regrouper les forces pastorales ont amené le remodelage des paroisses dans de nouvelles entités plus vastes. Avec « Les regroupements paroissiaux. Bilan et perspectives », la revue aborde les enjeux ecclésiologiques, canoniques et pastoraux qui ressortent de ces nouveaux modèles dans plusieurs pays (Canada, France, Belgique, Allemagne, Autriche, Italie, Suisse Alémanique et Romande) et dégage des perspectives d’avenir sur les potentialités évangélisatrices des « unités pastorales » dans notre monde d’indifférence. Le dernier numéro paru sur le thème « Catéchèse et diaconie », explore les liens étroits qui unissent la catéchèse et la mise en œuvre concrète des béatitudes et du service à l’être humain, dans toutes ses dimensions, ses limites matérielles, physiques et spirituelles. Que ce soit dans nos paroisses, nos vies familiales ou au sein de la société contemporaine, ce numéro explore selon les paroles d’André Fossion comment faire de l’annonce de la Bonne Nouvelle « un acte de charité dans le déploiement gracieux de la diaconie pour que la joie soit complète ». (120 p., 15,00 €) ? Florence Noël
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La Compagnie en Europe et dans le monde
L’adieu au cardinal Martini Les petites histoires d’un grand homme
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ous avons vécu, ces dernières années, de nombreuses célébrations. Le 75e, le 80e, le 90e et le 100e anniversaire de la fondation de l’Institut biblique, dont la bulle de fondation porte la date du 7 mai 1909. En 1989, les étudiants de notre Institut avaient organisé une table ronde. Ils avaient invité le cardinal Martini à venir s’exprimer sur un sujet bien précis : de tout ce que vous avez étudié lorsque vous suiviez les cours de l’Institut biblique, qu’est-ce qui s’est révélé utile pour votre travail d’archevêque, et qu’est-ce qui, au
contraire, s’est révélé inutile ? Le cardinal Martini a réussi à nous tenir en haleine pendant près d’une heure en décrivant les cours qu’il avait suivis et les méthodes d’exégèse qu’il avait pratiquées. Il expliqua ensuite comment il s’en était servi dans son ministère. Il termina cet entretien en reposant la seconde partie de la question : « Et qu’est-ce qui n’a pas été utile dans toutes les matières enseignées ? Je pense, dit-il, que c’est seulement ce que je n’ai pas eu l’occasion d’étudier. » Il ajouta ceci à propos des traductions : « Il
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La Compagnie en Europe et dans le monde est question de revoir et de corriger les traductions liturgiques en italien. Je le regrette un peu. Car lorsque je prépare une homélie, je vérifie toujours le texte original. Je me rends souvent compte que la traduction n’est pas toujours heureuse. Mon homélie est toute trouvée dans ce cas, car je commence par expliquer que le texte qui a été lu est une façon de traduire. Il y en a sans doute d’autres et il faut choisir entre plusieurs traductions et interprétations possibles du même texte. En général, les fidèles sont très attentifs lorsque je pose des questions de ce type. Mais, si les traductions sont meilleures, il me faudra trouver autre chose. » Selon le cardinal Martini, il y a trois façons principales de lire la Bible. La première est celle du prédicateur qui lit son texte et se pose la question : « Qu’est-ce que je vais dire ? » Lorsqu’il a trouvé quelque chose à dire, il referme sa Bible et prépare son homélie. La seconde façon de lire les Ecritures est celle de tous ceux qui méditent la Parole de Dieu. Ils ouvrent la Bible et se demandent : « Qu’estce que le texte me dit ? » Lorsque la personne a trouvé une pensée intéressante, elle s’arrête et ne cherche pas plus loin. Mais il y a une troisième façon de lire la Bible, sans doute plus fructueuse encore, parce qu’elle laisse parler l’Écriture. C’est de se poser une question toute simple : « Que dit le texte ? » Le chauffeur du cardinal Martini a confié au journal Il Corriere della Sera une série d’anecdotes sur son expérience qui dura vingtdeux ans. Le cardinal Martini, en effet, a souvent changé de secrétaire — il en a eu sept —, il a changé ses auxiliaires, mais il a toujours conservé le même chauffeur. Il aimait s’asseoir à sa droite et non sur le siège arrière comme le font en général les grands personnages. Il voulait une voiture avec des vitres transparentes pour voir les gens. Et il remplissait le
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dessus du tableau de bord avec un certain nombre de livres. Il ne manquait jamais de prendre avec lui une édition du Nouveau Testament en grec. En général, il passait son temps à travailler, à étudier, à prier. C’est pourquoi il faisait ajouter une petite lampe au plafond de la voiture pour pouvoir lire en tout temps. Lorsqu’il fallait aller à Rome en empruntant l’autoroute du soleil, le cardinal Martini demandait à son chauffeur de s’arrêter peu après Bologne. Il lui proposait alors de prendre luimême le volant qu’il lui restituait fidèlement un peu avant d’arriver à Florence. La cardinal Martini adorait négocier les nombreux tournants de cette partie de l’autoroute qui traverse les Apennins. Il trouvait au contraire les longues lignes droites plutôt ennuyeuses. Le président Francesco Cossiga tenait absolument à ce que le cardinal Martini, à chacun de ses passages à Rome, vienne célébrer la messe au palais du Quirinal. Il n’y avait pas moyen d’y échapper. Une fois, même, le président voulut que la messe soit célébrée non pas dans la petite chapelle de l’Annonciation, mais bien dans la grande chapelle Pauline, celle où furent d’ailleurs élus plusieurs papes, entre autres Clément XIV et Pie IX. Ce matin-là, à sept heures, il n’y avait que trois personnes dans cette immense chapelle : le cardinal Martini, le président Cossiga et Sandro, le chauffeur du cardinal. Chaque fois qu’ils se rendaient de Milan à Venegono, siège du grand séminaire de son diocèse, le cardinal insistait pour que son chauffeur prenne la route qui traverse les bois. « Plus didici in silvis quam in libris » (« J’ai plus appris dans les bois que dans les livres »), avait dit un jour Bernard de Clairvaux. Un jour, un pneu creva en plein centre de Milan. Le chauffeur proposa aussitôt à son illustre passager d’appeler une autre voiture.
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La Compagnie en Europe et dans le monde Mais le cardinal Martini s’y refusa énergiquement. « Je veux voir comment tu fais, Sandro, dit-il, parce que si je suis seul, je veux savoir comment m’y prendre. » Il assistait à l’opération lorsque les passants reconnurent bien vite sa haute et hiératique silhouette. Une petite foule s’attroupait, les voitures freinaient en passant, et cela risquait de bloquer le trafic. Il fallut demander au cardinal de bien vouloir rentrer dans une pharmacie toute proche avec ses interlocuteurs. Le pharmacien se souvient encore de cette histoire de pneu crevé et il montre le livre qu’il a demandé au cardinal de lui dédicacer avant que son illustre hôte d’un moment ne reparte pour l’archevêché. Chaque année, le jour de l’an, il allait prendre le repas de midi avec la famille de son chauffeur qui habitait à l’archevêché. Il passait de temps à autre, d’ailleurs, pour offrir une crème à la glace à ses enfants. Pour fêter leur trentième anniversaire de mariage, Sandro et sa femme sont venus retrouver le cardinal Martini, émérite, dans sa résidence italienne de Galloro, à une trentaine de kilomètres au sud de Rome, sur la Via Appia. Le cardinal les invite au restaurant, un beau petit restaurant avec vue sur le lac de Nemi, célèbre pour ses cultures de fraises et ses jardins fleuris. Il leur dit, en souriant : « J’espère que ce restaurant est digne de vous parce que j’y ai amené aussi le maire de Milan, Gabriele Albertini. » La dernière fois que Sandro alla visiter son cher passager fut en mai dernier, à Gallarate,
l’infirmerie des jésuites au nord de Milan. Le cardinal était de plus en plus affecté par la maladie de Parkinson. Il avait les larmes aux yeux — « Lascia che io pianga » (« Laisse-moi pleurer »), semblait-il dire, comme dans un oratorio de Haendel. Il tenait la main de Sandro, son chauffeur, et lui répétait : « Reste assis ! » Le cardinal Martini aurait dû prendre ses médicaments, il était donc temps de se séparer, de se dire adieu. Mais le cardinal ne voulait pas se séparer de son chauffeur. Il savait qu’il allait entreprendre un long et dernier voyage. Il aurait tant aimé ne pas devoir le faire tout seul. ? Jean-Louis Ska, s.j.
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Le P. Pierre Ceyrac Une vie donnée « Nous sommes faits pour donner, nous sommes des êtres pour les autres. »
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écédé le 30 mai dernier à Madras, à l’âge de 98 ans, le P. Pierre Ceyrac était presque aussi célèbre et adulé en Inde que Mère Teresa. Arrivé dans ce vaste et merveilleux pays en 1936, il n’a jamais dévié de sa ligne : le service des plus pauvres. Ce qui en fait l’une des grandes figures spirituelles de notre ère. Né le 4 février 1914 à Meyssac, en Corrèze (France), dans une famille bourgeoise catholique, Pierre Ceyrac n’avait que dix-sept ans quand il décida d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Il souhaitait en effet marcher sur les traces de son oncle jésuite, Charles Ceyrac, dont il entendait beaucoup parler lorsqu’il était enfant. « La figure de cet oncle inconnu fit naître en moi la vocation missionnaire qui signifiait deux choses à mes yeux : partir sans espoir de retour, mais aussi aller vers un pays de grande misère, car, dès l’enfance, j’ai ressenti le désir de secourir les plus pauvres. » Sa décision d’entrer dans la Compagnie de Jésus s’accompagnait d’ailleurs d’une condition : être envoyé en Inde. Une requête un peu inhabituelle, mais qui fut finalement acceptée, même s’il dut attendre six ans avant de pouvoir partir.
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C’est ainsi qu’en 1937, il débarqua au Loyola College, la grande université jésuite de Madras, où il apprit le tamoul et le sanskrit, et s’initia à la culture et aux religions de l’Inde qu’il considérait comme autant de « chemins vers Dieu ». « De la même manière que le Christ s’est vidé de lui-même pour devenir l’un de nous à jamais », expliquait-il, « le missionnaire doit renaître pour devenir éternellement un avec son nouveau peuple. »
Un don total aux plus pauvres « Ma vie de jésuite, résumait-il, s’est déroulée par tranche de quinze ans. Quinze ans de formation intellectuelle et d’immersion profonde dans la culture indienne. Quinze ans comme aumônier national des universités de l’Inde. Quinze ans dans les bidonvilles de Madras et de développement rural dans le Talminadou. Et enfin, quinze ans au service des
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La Compagnie en Europe et dans le monde réfugiés, dans les camps de aïlande et du Cambodge, et dans le camp de Méhéba en Zambie. » Durant toutes ces années, son objectif ne fut pas de « faire grandir l’Église », mais de sauver l’homme, quel qu’il soit. Mal à l’aise avec une institution qui, sur place, présentait à ses yeux un visage encore trop riche, notamment à cause du pouvoir que lui conférait son important réseau sanitaire et éducatif, il préféra s’engager pour la justice, auprès des enfants des rues, des lépreux et des intouchables. Suivant les traces du Mahatma Gandhi, qu’il avait bien connu, il se mit en effet à dénoncer le système des castes et à manifester en faveur de l’intégration des dalits. « Notre combat est un combat non pour les droits de l’homme », expliquait-il, « mais pour le droit d’être un homme, ce qui est très différent. »
Jusqu’au bout Jusqu’à sa mort, le P. Ceyrac est resté fidèle à sa mission et n’a cessé de révéler l’amour de Dieu envers les plus pauvres. « Il ne peut garder la moindre roupie plus de quelques mi-
nutes », disait d’ailleurs de lui un de ses frères jésuites. Pour le religieux, en effet, « tout ce qui n’est pas donné est perdu ». Cette phrase, qui a servi de titre à l’un de ses livres, « dit quelque chose d’essentiel sur ce que nous sommes en profondeur, expliquait-il. En effet, nous sommes faits pour donner, nous sommes des êtres pour les autres. C’est le don aux autres qui nous libère et nous permet d’être nousmêmes. Et quand je dis cela, je ne parle pas d’autre chose que d’amour. Aimer, c’est tout donner, c’est se donner. » ? Pascal André (Cathobel)
Toute sa vie était don Le P. Ceyrac, qui avait eu un grave accident en 2005, perdant progressivement de son autonomie et vivant quasi reclus au Loyola College de Madras, avait réalisé le dépouillement ultime auquel il aspirait, vivant presque comme l’ermite qu’il avait souhaité devenir. Son obsession était de tout mesurer à l’aune de l’amour et de l’accueil. Plus il avançait dans la vie, plus il se simplifiait pour laisser toute
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La Compagnie en Europe et dans le monde la place à l’amour et à l’accueil de l’autre. Il était l’intelligence qui se réduit à la simplicité de l’amour. Son visage n’a jamais été aussi bouleversant qu’à la fin de sa vie : plus dépouillé mais plus lumineux, un visage buriné et marqué, mais avec des yeux d’enfant émerveillé.
Intellectuel et homme d’action Le P. Ceyrac était un intellectuel puissant, lisant beaucoup, annotant les ouvrages. Bien que titulaire d’un doctorat, il n’a jamais enseigné. Héritier de « l’école de Fourvière », il avait eu des maîtres et confrères impressionnants : Henri de Lubac, Jean Danielou… Mais c’est l’Inde qui a éveillé puis façonné son intelligence avant de la passer à l’épreuve de son humanité. Cependant, le P. Ceyrac était aussi un homme d’action, prêt à soulever des montagnes pour ses pauvres. Il n’aurait jamais pu accomplir cette œuvre immense en faveur des plus pauvres, s’il n’avait pas été ancré dans une vie spirituelle profonde.
Consacré aux hindous Il était persuadé que l’Inde était profondé-
ment en quête et en attente de Dieu. Il répétait souvent que son sacerdoce devait être consacré d’une manière particulière aux hindous. Tout comme le Père Monchanin, il avait rejoint l’Inde dans sa quête la plus intime, la plus spirituelle. Il voulut épouser l’Inde, et renaître indien, plongé dans la culture indienne. Le P. Ceyrac voulait d’ailleurs mourir en Inde. Pour lui, le grain destiné à donner du fruit, devait mourir sur la terre où il avait été semé, dans cette Inde à laquelle il avait tout donné, dont il avait tout reçu, qui l’avait fait renaître une seconde fois.
Un héritage Ainsi, l’héritage du P. Ceyrac, c’est une aventure qui se transmet, en particulier le regard particulier qu’il posait sur le monde, un regard double : un œil ouvert sur la douleur et plongeant dans la souffrance du monde et l’autre voyant la beauté et l’espérance du monde et des personnes. ? Yann Vagneux
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Un mois à Compostelle E
n juillet dernier, la Providence m’a envoyé un mois à Saint-Jacques pour écouter les pèlerins, aider les pères âgés de la Communauté de la « Vergen de la Cerca » à Compostelle. Le « soin des âmes » (« cura animarum ») dans ce contexte de pèlerinage à cette époque où les jeunes d’Europe sont plus libres pour voyager à pieds : quelle expérience fabuleuse… en langues diverses ! Pas seulement pour confesser dans la cathédrale dans une vingtaine de confessionnaux — parfois, il y a plus de prêtres que de pénitents —, mais aussi dans la rue ! Le scénario spirituel, dans le meilleur des cas, est souvent de ce type : on quitte son pays découragé par les problèmes
de chômage, les impasses relationnelles, la recherche d’un sens à sa vie. La marche, peu à peu, décape la personne, la rend à elle-même. La foi en la vie d’abord — entre par les pieds, par les imprévus des rencontres sur le chemin. Et à l’arrivée, les pèlerins sont souvent en demande d’une écoute pastorale, d’un « vis-àvis de l’Église » qui les comprend, pose l’une ou l’autre bonne question, confesse si nécessaire, propose un autre rendez-vous. La vraie difficulté reste : comment préparer « le retour chez soi » car la situation d’origine n’a pas changé ? Seuls le cœur du pèlerin, son regard,
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La Compagnie en Europe et dans le monde se sont modifiés et l’espérance s’est réveillée comme une aurore toute jeune. Pour moi, que de joies subtiles de voir l’Esprit au travail dans le cœur des gens, en acceptant de les écouter, devant une bière en pleine rue aussi… ou dans un parloir de la Communauté ! Une rencontre importante : celle de Mme Adeline Rucquoy, historienne du moyen-âge, présidente de Amitiés Franco-espagnoles pour Saint-Jacques de Compostelle. Elle m’engage avec les autorités locales à passer deux mois, juillet et août 2013 (plus seulement un mois) pour l’accueil des Francophones. En ce domaine, les jésuites allemands sont en tête pour les germanophones. Sursum corda ! À Saint-Jacques comme dans d’autres lieux de pèlerinage (cf. revue Geo) l’Esprit Saint souffle et beaucoup font une expérience spirituelle certaine, ils avancent, sans reculer, ni piétiner, en chantant. Ainsi, au lieu
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de passer deux mois an Amérique latine, comme les années précédentes, je suis bien heureux de vivre à Compostelle, pour ces demandes indéniablement spirituelles, purifications, recherche de sens, attrait des béatitudes, expiation parfois, simplification, et désir d’aimer en vérité. Que saint Jacques, frère de saint Jean l’évangéliste, fils de Zébédée, accompagne (cum pane) le voyageur du pèlerinage (mot du XIIe siècle) homo viator, un étranger en marche vers la vraie Vie. Le botafumeiro, l’encensoir géant destiné à purifier l’air vicié des dormeurs dans la cathédrale au XIIIe siècle, symbolise aussi aujourd’hui la rénovation intérieure. De l’air frais ! Une nouvelle respiration de l’âme qui, passant par le cœur, mobilise les mains ! ? Paul Dehove, s.j.
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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene LA PAIRELLE Centre spirituel ignatien 25, rue Marcel Lecomte 5100 Wépion 081 46 81 45 & 081 46 81 11 centre.spirituel@lapairelle.be www.lapairelle.be ◆ « Il les conduisit jusqu’au port de leur
désir. » (Ps 107, 30) du V. 14 (18 h 30) au D. 16 décembre (17 h 00) 2012 avec Rita Dobbelstein, Sr Alice Tholence, r.s.a. ◆ Relire l’année, reconnaître le vécu, re-
naître… du 3 (18 h 30) au 6 (17 h 00) janvier avec le P. Jean Charlier, s.j., Ann Gilles ◆ Parcours biblique « Balaam » (20 - 39 ans) -
Lire la Bible avec d’autres les dimanches 6 janvier, 10 février, 17 mars, 21 avril, 12 mai avec Sr Françoise Belpaire rscj, P. Eric Vollen, s.j. ◆ Exercices contemplatifs avec le nom de
Jésus. Week-end d’initiation du 11 (18 h 30) au 13 (20 h 00) janvier avec possibilité de prolonger jusqu’au 14 janvier (14 h 00) avec Isabel Lemaître-Coelho, Rita Dobbelstein ◆ Nous préparer au mariage : « Aimer, c’est
choisir » du 11 (20 h 00) au 13 janvier (17 h 00) avec le P. Charles Delhez, s.j. ; du 25 au 27 janvier avec le P. Eric Vollen, s.j., Bénédicte et Didier Tierens ; du 22 au 24 février avec le P. Xavier Léonard, s.j., Baudouin et Bernadette van Derton ; du 8 au 10 mars avec le P. Eric Vollen, s.j., Bénédicte et Jean-Yves Lejeune.
(9 h 30) au 13 (17 h 00) janvier 2013. Pour toute personne ayant fait les Exercices complets, soit les 30 jours, soit le parcours dans la vie quotidienne. ◆ « Etoile du matin » : Évangile selon saint
Jean, parcours biblique de 10 h 00 à 15 h 30, les dimanches 13 janvier, 10 février, 17 mars ◆ Formation à l’accompagnement
spirituel ignatien, du 18 (9 h 30) au 20 (17 h 00 janvier avec une équipe de La Pairelle. Pré-requis : avoir fait les Exercices spirituels ; être accompagné ; être envoyé par un responsable ecclésial ou une communauté. Renseignements et inscription auprès du directeur : etienne.vandeputte@lapairelle.be. ◆ Week-end pour les familles : « Aimer et
donner sa vie » du 19 (9 h 30) au 20 (14 h 00) janvier avec Sr Pascal-Marie Promme snd, Sr Odile Remy sdc. ◆ Journée de La Pairelle : La simplicité volon-
taire. Moins de biens, plus de liens ? le samedi 19 janvier de 9 h 30 à 17 h 00 avec Emeline de Bouver, auteure de « Moins de biens, plus de liens » ◆ Journée de formation pour les assistants pa-
roissiaux et animateurs pastoraux : « Discernement spirituel chez saint Ignace » le lundi 21 janvier de 9 h 30 à 16 h 30. ◆ Avec Moïse, de la servitude au service. Le
Livre de l’Exode, du 25 (18 h 30) au 27 (17 h 00) janvier avec Didier Luciani, bibliste, Professeur à l’Université Catholique de Louvain ; P. Etienne Vandeputte, s.j. ◆ Atelier d’écriture : Ecrire en continu suivant
◆ Chant et travail vocal, un chemin du 12
(9 h 30) au 13 (17 h 00) janvier avec Elisabeth Goethals, soprano, Professeur de chant diplômée du Conservatoire Royal de Bruxelles.
un projet personnel du 25 (18 h 30) au 27 (17 h 00) janvier 2013 avec Jeannine Bonnefoy (Paris), Professeur de lettres, animatrice d’ateliers d’écriture
◆ « Mange le livre que je te donne » (Ez3, Ap
◆ Journée de La Pairelle : « Quels ministères
10), parcours biblique de 9 h 00 à 11 h 30, les samedis 12 janvier, 9 février, 9 mars, 13 avril avec Sr Marie-Adèle Verheecke, r.s.a., le P. Pierre Ferrière, s.j.
(ordonnés ou laïcs) au service de l’Église de demain ? », le samedi 26 janvier de 9 h 30 à 17 h 00 avec le P. Joseph Famerée scj, thélogien, Professeur à l’Université Catholique de Louvain, auteur de plusieurs ouvrages
◆ Découvrir la dynamique des Exercices Spiri-
tuels de saint Ignace. Formation interactive à partir du texte des Exercices, de commentaires et de la relecture. 1er week-end : du 12
◆ « Je mettrai mon souffle en vous pour que
vous viviez » (Ez 37, 14) du 28 (9 h 30) janvier au
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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene 1er (17 h 00) février 2013 avec le P. Daniel de Combrugghe, s.j., Cécile Gillet, Chris Peloquin
Conservatoire Royal de Bruxelles ; Sr Sigrun Gross, r.s.a.
◆ Devenir disciple avec Pierre du 11 (18 h 30)
◆ Brûler le Bonhomme Hiver, grande fête de
au 17 (9 h 30) février avec Frère Dominique, bibliste, moine de la Famille de Saint Joseph ; Natalie Lacroix
printemps pour tous, petits et grands, jeunes et moins jeunes le mardi 5 mars 2013 à 18 h 30
◆ Cheminer au long terme en couple - Pour
propre croire, du 8 (18 h 30) au 10 (17 h 00) mars avec le P. Bernard Sesboüé, s.j., théologien, Professeur au Centre Sèvres, Paris.
couples de moins de 10 ans de mariage (avec enfants) du 1er (18 h 30) au 3 (17 h 00) février avec le P. Tommy Scholtes, s.j., spécialisé en communication et Conseiller spirituel national des équipes Notre-Dame, avec l’aide de couples des équipes Notre-Dame. ◆ Le récit du Pèlerin. Quand l’histoire d’Ignace
devient notre histoire…, du 1er (18 h 30) au 3 (17 h 00) février 2013 avec Cécile Gillet et P. Pierre Ferrière, s.j. ◆ A-Dieu la culpabilité ! du 8 (18 h 30) au 10
◆ De la foi au Christ des apôtres à notre
◆ « Vers moi… vers Lui » du 15 (18 h 30) au 17
(17 h 00) mars, avec une équipe de Fondacio ◆ Après-midi « Pause arc-en-ciel » : les mardis
de 14 h 00 à 17 h 30 : 19 mars, 16 avril, 14 mai avec Dominique Bokor-Rocq (aquarelliste) ; Sr Renée Parent ssmn. Possibilité de participer à 1, 2 ou 3 après-midi. ◆ WE Ados « Let’s go » du 22 (18 h 30) au 24
(17 h 00) février 2013 avec Dominique et Michèle de Lovinfosse
(17 h 00) mars avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Sophie Materne, Sr Françoise Schuermans ssmn
◆ Journée de La Pairelle : « Fin du monde et ju-
◆ Célébrer les Jours Saints du 27 (18 h 30) au 31
gement dernier. Au-delà des dérives imaginaires, une Bonne Nouvelle à entendre », le samedi 23 février 2013 de 9 h 30 à 17 h 00 avec le P. André Fossion, s.j., théologien, Professeur à l’Institut Lumen Vitae, auteur de nombreux ouvrages dont « Dieu désirable »
(9 h 00) mars avec le P. Guy Vanhoomissen, s.j., Sr Marie-Adèle Verheecke, r.s.a.
◆ Week-end pour les familles : « Celui-ci est
mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » du 23 (9 h 30) au 24 (14 h 00) février avec Ann Gilles, Françoise Uylenbroeck ◆ Passer de l’Âge de Glace à l’Âge de Grâce,
du 1er (18 h 30) au 3 (17 h 00) mars 2013 avec Luc Aerens, diacre permanent, Professeur à l’Institut Lumen Vitae
◆ Surprenante jeunesse de l’Évangile du 2
(18 h 30) au 7 (9 h 00) avril avec le P. Jean Meeûs, s.j. et une équipe de l’Annonciation ◆ L’art du conte biblique : l’acquérir ou l’ap-
profondir, du 5 (18 h 30) au 7 (17 h 00) avril avec Martine Millet, Pasteure de l’Église Réformée de France, créatrice de l’Association « Chacun-e Raconte » et Odile Lafaurie, formatrice et conteuse de l’Association ◆ Textes bibliques et chemins de vie du 12
(18 h 30) au 14 (17 h 00) avril 2013 avec Jeannine Bonnefoy
◆ Comment faire des choix dans sa vie ? À
partir de 18 ans. Du 1er (20 h 00) au 3 (17 h 00) mars 2013 avec Marie-Pierre et Denis Latour, P. Eric Vollen, s.j. ◆ Journée de formation pour les assistants pa-
roissiaux et animateurs pastoraux : « Discernement et prise de décisions dans le travail pastoral » le lundi 4 mars de 9 h 30 à 16 h 30. ◆ Laisser passer le souffle du 4 (9 h 30) au 8
(17 h 00) mars avec Elisabeth Goethals, soprano, Professeur de chant diplômée du
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NOTRE-DAME DE JUSTICE 9, avenue Pré-au-Bois 1640 Rhode-Saint-Genèse 023582460 info@ndjrhode.be ◆ Exercices spirituels de 8 jours individuellement
accompagnés. P. Jean-Marie Glorieux, s.j., du samedi 9 (19h) au dimanche 17 février 2013 (9h)
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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene ◆ Exercices spirituels de 5 jours selon la péda-
gogie de saint Ignace de Loyola. Abbé Christian Tricot, diocèse de Malines-Bruxelles du lundi 11 (10h) au samedi 16 mars 2013 (16h) WEEK-END DE PRIÈRE
Sœurs Cécile-Marie Raths et Odile Lambert, s.c.m., Père Paul Smolders, s.J. : une journée par mois de ressourcement : lire, prier, partager la Parole pour en vivre. Possibilité d’accompagnement, les mardis 11 décembre, 15 janvier, 5 et 26 février, 19 mars de 9h à 15h.
◆ Père Dirk Leenman s.j. et Sr Odile Lambert,
s.c.m. : « se préparer au mystère de Noël… Veiller », temps fraternel de louange, partage, prière, du samedi 15 (16h) au dimanche 16 décembre 2011 (16h) ADORATION
MARCHER ET PRIER EN FORÊT DE SOIGNES ◆ Béatrice Petit, Cécile Cazin, Christine
Gaisse, Sr Paule Berghmans, s.c.m. « Marcher dans la beauté et le silence de la forêt, méditer, prier, chercher Dieu. », le dimanche 10 mars, de 9 h 30 à 17 h 30.
◆ Sœur Marie-Gabrielle Istas, s.c.m. et Ma-
dame Chantal Melotte, tous les lundis et tous les jeudis de 14h à 15h CHAPELET ◆ Sœur Marie-Gabrielle Istas, s.c.m. et l’Abbé
Guy De Ryckel, aux fêtes mariales, à la grotte, 8 décembre 2012, 2 février, 25 mars, de 14h à 16h. TRIDUUM PASCAL ◆ P. Xavier Dijon, s.j., Sr Odile Lambert, s.c.m.,
Marie-Thérèse Puissant-Bayens et Dominique Dubbelman : introduction à la prière et la liturgie en matinée, partage de la Parole de Dieu prolongé par un moment artistique dans l’après-midi, offices du Triduum à 20h et chemin de croix à 15h le Vendredi saint, du jeudi 28 (10h) au dimanche 31 mars (12h). CHEMIN DE PRIÈRE CONTEMPLATIVE ◆ Joëlle Desmarets-Mariage, Yvan de Menten,
formés à l’école de prière contemplative à La Pairelle et Sr Cécile-Marie Raths, s.c.m., une merveilleuse façon d’entrer dans la prière : contempler comment à travers sa Parole Dieu nous rejoint chacun là où nous sommes, 6 décembre, 10 et 31 janvier, 21 février, 21 mars, de 19 h 15 à 21 h 30.
RÉVEILLON DIFFÉRENT : NUIT DE PRIÈRE ◆ L’Abbé Jean-Luc Maroy, diocèse de Malines-
Bruxelles, Marie-Paule Raigoso, Béatrice Petit, Caroline Van Mellaerts, Sœurs Odile Lambert et Paule Berghmans, s.c.m. : « Commencer l’année avec le Seigneur » : repas fraternel, louange et action de grâces, réconciliation, prière pour les vocations, Eucharistie (vers minuit), adoration silencieuse, intercession, chapelet, Laudes, petit déjeuner festif, du lundi 31 décembre 2012 (18h) au mardi 1er janvier 2013 (9h). FAMILLES ◆ « La maison des familles », Bénédicte Ligot-
Morimont, Marie-Thérèse Puissant-Baeyens, P. Alain Mattheeuws, s.j., P. Etienne Masquelier, Patrick et Anne de Mahieu, Pour fonder la vie de notre couple ou la préparation de notre mariage dans la Parole d’Alliance, avec enseignement, prière personnelle, partage en couple et en groupe, les dimanches 20 janvier et 3 mars, de 9 h 15 à 17 h 30. ◆ « La prière des mères », Marie-Thérèse Puis-
sant-Baeyens, pour celles qui souhaitent prier pour leurs enfants et petits-enfants, avec d’autres mères, tous les mercredis de 9h à 10h LES SAINTES ECRITURES ◆ Dominique van Wessem « Lecture du Livre
REPARTIR DU CHRIST ◆ Bénédicte Ligot-Morimont, Marie-Thérèse
Puissant-Baeyens, Annalisa Orsini-Cannoni,
de la Genèse (2e année) » les mercredis 5 et 12 décembre, 9 et 23 janvier, 6 et 20 février, 6 et 20 et 27 mars, de 9 h 30 à 12 h 30.
Echos • no 4 • octobre - décembre 2012 •
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Le billet d’humeur
TON ACCENT TE TRAHIT Voilà plus de quarante ans, au Noviciat de Wépion, nous étions à la messe du matin, dans la crypte. Arrive le moment de la première lecture. Je suis devant le pupitre, et je lis d’une voix forte : « Moïse leva la main et, de son bââââton, frappa le rocher par deux fois. » Après la messe, au petit-déjeûner, un de mes co-novices (nous n’étions pas nombreux !) me dit : « On entend quand même bien que tu viens de la province ! » (de Luxembourg, évidemment !). « TON ACCENT TE TRAHIT »
Il n’y a pas longtemps, après la messe, une dame m’attend à la sortie et me dit : « Dans vos homélies, vous parlez souvent de l’Orient. De fait, j’ai remarqué que vous aviez un petit accent… orthodoxe ! » J’ai répondu : « Madame, mon accent est tout simplement l’accent ardennais ! » CLAUDE ROBINET
« TON ACCENT TE TRAHIT »
Me trouvant en Biélorussie, je parlais russe, bien sûr, et souvent on me demandait : « Mais de quelle république balte venez-vous ? » Je répondais : « Du royaume de Belgique » ! « TON ACCENT TE TRAHIT »
En ministère au carmel byzantin de Saint-Rémy-les-Montbard, en Bourgogne, on me disait souvent : « Vous n’êtes pas d’ici ! » Ma réponse, toujours la même : « Non, je viens du Nord » ! « TON ACCENT TE TRAHIT »
Un certain Pierre de Galilée reçut ce compliment : « A coup sûr, toi aussi tu es des leurs ! Et puis, ton accent te trahit. » « TON ACCENT TE TRAHIT »
Oui, bien sûûûr ! Mais que ce ne soit pas, j’espère, pour trahir mon « Seigneur et le Maître de ma vie » (saint Ephrem le Syrien). Ou alors, que retentisse un vibrant « cocorico » ! Décidément, encore du wallon ! Claude Robinet, s.j.
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• P 402014 • Trimestriel • No 4 • octobre – décembre 2012 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •
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