Echos juillet-août-septembre 2013

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• P 402014 • Trimestriel • No 3 • juillet – septembre 2013 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •

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de la Compagnie de Jésus

Province Belge méridionale et du Luxembourg


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• No 3 • JUILLET – SEPTEMBRE 2013 •

Sommaire Edito Tommy Scholtes, s.j.

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Belgique méridionale & Luxembourg 90 jours dans la Province, Roland Francart, s.j.

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Nos défunts

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Journée de Province, Pierre Hupez, s.j.

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Régence au JRS Belgique, Wouter Blesgraaf, s.j.

p. 10

Un saint belge toujours jeune, Josy Birsens, s.j.

p. 12

Initiatives & Evénements Lampedusa, Homélie du pape François

p. 15

Vie & Partenariat La rubrique des éditions Lumen vitae, Florence Noël

p. 18

La Compagnie en Europe et dans le Monde Elèves d’écoles jésuites à la rencontre du pape

p. 21

Jésuites chez les musulmans, Jean-Marc Balhan, s.j.

p. 22

Nota bene

p. 24

Le billet d’humeur Robert Myle, s.j.

p. 28

Le dossier Portraits de jésuites

p. A à D


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Editorial

Reprendre le collier Q

uand j’étais petit, je croyais qu’il fallait comprendre « reprendre l’écolier », et je croyais qu’il fallait se remettre en route vers l’école… alors qu’l s’agissait de donner un collier au chien qui était de sortie ! Bref, nous reprenons le collier et savons déjà plein de choses… Il y aura au mois de novembre une journée de la famille ignatienne au collège Notre-Dame de la Paix à Erpent : ce sera une journée où jésuites, congrégations religieuses féminines et laïcs vivant de la spiritualité ignatienne mettront en commun leurs apports et expériences. On fait mémoire de saint Jean Berchmans d’une manière particulière cette année. A Diest, les festivités autour de sa maison natale sont nombreuses, et le cardinal Danneels préside les anniversaires. Une manière nouvelle de reprendre la spiritualité ignatienne. Les Médias catholiques y avaient consacré un dossier important publié dans le journal Dimanche. Nous avons pu le reprendre. Merci aux Médias catholiques. Et nous revenons aussi sur la journée de Province ! Il y a quelques semaines, le pape François se rendait à Lampedusa, sa première sortie hors de Rome ! C’était pour y rencontrer les nombreux réfugiés qui y abordent dans des conditions tragiques venant de leur pays d’origine à la limite du désespoir. Et un de nos compagnons revient pour nous sur sa régence à Bruxelles dans le cadre du JRS (Jesuit Refugee Service)… Cette réalité multiculturelle se retrouve aussi dans l’analyse de Jean-Marc Balhan, notre compagnon en Turquie… Bref, reprendre le collier, c’est reprendre la route pour de nouvelles aventures, envoyés par le Seigneur à sa moisson ou à sa vigne… selon les missions reçues, pour partager ce qui nous donne vie ! ? Tommy Scholtes, s.j. Rédacteur en chef des Echos

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90 jours dans la Province L

e P. Franck Janin, provincial, était en Chine la première quinzaine de juillet : séminaire des provinciaux à Bejing (Pékin) et rencontre de deux jésuites originaires de la province et travaillant à Taïwan, les Pères Corneille Hermans et Olivier Lardinois. La Chine est, au même titre que l’Afrique, une des priorités apostoliques de la Compagnie dans son ensemble. La communauté Pierre Favre (Bruxelles Centre) accueille le P. Kenel Sénatus, Haïtien de la Province du Canada français. Il est inscrit en maîtrise complémentaire en droits de l’homme aux Facultés Universitaires SaintLouis. Le P. Wouter Bleesgraf, de la Province des Pays-Bas, après ses deux années de régence au Service Jésuite des Réfugiés (JRS-Belgium), rejoint Londres pour ses études de théologie. La communauté du Bellarminum (Etterbeek) accueille le P. Jean Burton qui achève sa mission de supérieur de la communauté Saint-François Régis. Le P. Burton garde ses attributions comme bibliothécaire de l’Institut d’Etudes théologiques (IET). Il continuera à garder des liens avec la Communion de la Viale. A la communauté Saint-Michel (Etterbeek) le mercredi 31 juillet, la fête de saint Ignace de Loyola et de la famille ignatienne a été célébrée en l’église Saint-Jean-Berchmans, à 18 h 00. C’est le P. Philippe Marbaix qui devient le

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nouveau supérieur de la communauté Saint-François Régis (Uccle). Celleci accueille le F. Gonzague Jolly et le P. Alban Massie. Le premier, après seize ans à la Poudrière, prend une année sabbatique. Tout en P. Philippe Marbaix, s.j. étant au service de La Viale, il suivra des cours à Lumen Vitae. Le second intégrera la mission de la communion de la Viale et poursuivra ses activités professorales au sein de l’IET et la direction de la Nouvelle Revue théologique. Le P. ierry Monfils ira, d’octobre à janvier, passer trois mois en Hongrie pour rendre service au collège de Miskolc et approfondir sa connaissance de la langue. L’abbé Benoît Bouchard a été ordonné prêtre par Mgr A-J. Léonard, le dimanche 23 juin à la cathédrale de Bruxelles. Benoît Bouchard vit à La Viale en Lozère depuis quatre ans. De nationalité française, après des études de droit, il est entré à la chartreuse de la Valsainte où il a vécu pendant cinq ans en étudiant la théologie en vue du sacerdoce. Il a quitté le monastère pour raisons de santé. En cherchant où il était appelé à vivre sa vocation d’ermite, il a rencontré La Viale, en Lozère. Actuellement, il est responsable de La


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Belgique méridionale & Luxembourg Viale Lozère où il anime les retraites de jeunes et reconstruit avec eux son ermitage de La Bergerie. Il a célébré sa première messe le dimanche 30 juin à 10 h 00 à l’église du SaintSacrement, La Viale Europe, chaussée de Wavre. La communauté Hurtado (Anderlecht) a connu cette année de grands bouleversements avec le brusque décès du P. Guy de Grox et l’arrivée dans la communauté Claude La Colombière du P. Jacques Delooz qui souffre d’une fracture définitive à la jambe. Les Pères Alain Delville et Paul Detienne qui restaient seuls dans la maison vont donc la quitter. Un projet nouveau est en cours de discernement afin que se poursuive une présence de la Compagnie dans un quartier populaire dont P. Alain Delville, s.j. la localisation est encore à déterminer. À la maison Saint-Ignace (Ixelles), le P. Philippe Landenne, qui a rejoint cette communauté depuis quelques mois, est engagé à temps plein au Service Jésuite des Réfugiés (JRS-Belgium). Dans cette communauté arrive le P. Alain Delville comme sous-ministre. Quant au P. Jean Beckers, qui est arrivé à l’âge de la pension, il cessera d’enseigner aux Écoles Européennes. Son service pastoral dans le diocèse change de forme puisqu’il lui a été demandé d’entrer dans la pastorale des funérailles au crématorium d’Uccle. D’autres engagements sont en cours d’élaboration. En ce qui concerne les prêtres diocésains, étudiants à Lumen Vitae et accueillis en communauté, plusieurs changements : Elie Abanda du Ca-

LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX ◆ Le Père Marcel Gérard s.j. de la communauté

St Claude La Colombière à Woluwe-SaintPierre, né le 21 janvier 1922 à Châtelineau, est décédé à Woluwe-Saint-Lambert le 8 juillet 2013. Il était entré dans la Compagnie le 7 septembre 1939 et avait été ordonné prêtre le 15 août 1951. ◆ M. Jean Bouillot, décédé le 17 avril 2013, frère

du Père André Bouillot. ◆ M. François Boute, décédé le 22 avril 2013,

frère du Père Joseph Boute. ◆ Mme Catherine Smets-Haas, décédée le 26

mars 2013, sœur du Père Alexis Smets. ◆ M. Georg Schöpf, décédé le 17 juin 2013, père

du Frère Michael Schöpf. ◆ M. Etienne Jadot, décédé le 4 juillet 2013, frère

du Père Eddy Jadot. ◆ M. Philippe Charles Godding, décédé le 11

juillet 2013, père du Père Robert Godding.

meroun, Jean-Chrysostome Niyongoma du Rwanda, Gérard Habumugabe du Burundi, Jacques Nawej et Pierre Dunia du Congo (RDC) sont parvenus au terme de leurs études. Deux prêtres chinois, les abbés Song Xianqiu, et Zhao Xiangliang, un abbé colombien Abel Martinez Herrera, un abbé burundais Eugène Nsanze et un jésuite congolais, Hervé Kanziama Mbiki, sont attendus à la rentrée de septembre. À la communauté Saint-Claude-La-Colombière (Woluwe-Saint-Pierre), le P. Jean Legros a achevé sa mission de ministre. Lui succède le P. Marc De Clercq qui quitte donc

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Belgique méridionale & Luxembourg la communauté Saint-Michel où il résidait depuis quarante-cinq ans. Rejoignent la communauté : le P. Philippe Balon Perin (après vingt-quatre ans à Liège), le P. André de Jaer (après douze ans à P. Marc De Clercq, s.j. La Pairelle), le P. Paul Detienne (qui arrive de la communauté Hurtado) et, récemment arrivé, le frère François Lehaire (après cinquante et un ans à La Pairelle). Chacun accomplira divers ministères selon ses possibilités. Fr. François Lehaire, s.j. Le Père Marcel Hondermarcq a fêté son jubilé de cent ans le lundi 15 juillet : le bourgmestre Benoît Cérexhe lui a remis un cadeau du roi. Pas d’arrivée nouvelle dans la communauté Saint-Servais (Liège). Signalons simplement que le P. ierry Dobbelstein prend une pause carrière comme enseignant. Cela lui permettra de dégager du temps pour se consacrer davantage à sa mission de supérieur, de membre de l’équipe d’animation pastorale du collège et à son insertion dans l’équipe en charge de l’unité Saint-Martin. Par ailleurs, le projet de kot étudiant dans la maison de la rue Trappé en coanimation avec les Dominicains est en route. Les travaux nécessaires à l’accueil des jeunes ont été réalisés. Du côté de la Compagnie, c’est le P. Paul Malvaux qui assure l’accompagnement des jeunes.

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Le P. Conrad-Aurélien Folifack, originaire du Cameroun, arrive à la maison Saint-Pierre (Louvain-la-Neuve) pour un doctorat en exégèse (Ancien Testament) à l’UCL. En mai, le P. Jean-Marie Birsens a rejoint la communauté du Christ-Roi (Luxembourg) pour un temps sabbatique. Le P. Guy Delage (Province de France) quitte la communauté de Nancy pour renforcer celle du Grand-Duché. Celle-ci verra donc sa mission s’étendre aux réseaux ignatiens de l’Est de la France. Un autre jésuite de la Province de France, le P. Philippe Demeestère sera rattaché à la communauté. Il a été chargé par l’évêque de Nancy de présider à la fondation d’une « Maison de la diaconie ». Dans la communauté Saint-Jean-Berchmans (Namur), arrive le P. Justin Hagabimana de la région Rwanda-Burundi pour une année préparatoire à la maîtrise en biologie. A la communauté Notre-Dame-de-la-Paix (Namur), le P. Provincial a demandé au P. Pierre Sauvage, qui termine son mandat de supérieur, de le prolonger d’un an. Il semble opportun d’assurer cette continuité alors que de nombreux discernements sont en cours sur Namur. Citons en particulier le travail de regroupement demandé il y a un an aux maisons d’éditions. Celui-ci devrait aboutir cette année. Namur s’annonce comme le lieu de cette nouvelle entité. Autre dossier important à Namur, il y a ce qu’on a appelé le « Projet Saint-Loup ». Il y a un an, un petit groupe formé des Pères Michel Hermans, Marcel Rémon et Daniel Sonveaux devaient explorer l’opportunité et la faisabilité de ce projet pastoral et culturel autour de l’église Saint-Loup. Les multiples contacts qui ont été pris durant cette première année avec les partenaires possibles ont permis de mieux prendre la mesure à la fois des potentialités et des difficultés de l’entreprise. Cette seconde année sera l’occasion d’aller plus en


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Belgique méridionale & Luxembourg profondeur et d’affiner l’analyse. A la communauté Saint-Robert-Bellarmin (Wépion), le P. Pierre Depelchin succède au P. Jean-Marie Birsens comme ministre. Il est secondé par le P. JeanMarie Glorieux qui devient également économe. Le P. Christophe Renders rejoint la communauté afin d’aider le directeur pour la direction et P. Pierre Depelchin, s.j. l’animation du centre spirituel de La Pairelle. Il collaborera à la mise en œuvre des orientations que le centre s’est données, particulièrement dans le développement de la recherche en spiritualité pratique et l’ouverture de la spiritualité ignatienne aux chercheurs de sens et aux enjeux de société. À l’intérieur de cette mission il gardera des liens avec le monde des migrants. En outre, il devient le délégué du P. Provincial au sein du Réseau Jeunesse ignatien. A Paris, le P. Benoît Willemaers, commence sa quatrième année dans le cycle intégré (philosophie et théologie) au Centre Sèvres. Il quitte la communauté de la rue Blomet pour intégrer une communauté plus petite à Vanves. De son côté, le P. Quentin P. Benoît Willemaers, s.j. Coppieters, qui entre en deuxième année du cycle intégré, de-

meure à la rue Blomet. Le P. Albert Evrard, récemment ordonné diacre, s’envolera pour

P. Albert Evrard, s.j., (le premier à partir de la droite) récemment ordonné diacre

deux années au Canada afin d’y faire un master en théologie au Regis College, faculté de théologie de la Compagnie intégrée à l’université de Toronto. Il y approfondira ses recherches sur le vieillissement du point de vue théologique. ? Roland Francart s.j.

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Journée de Province D

ans l’esprit de ce qui avait été vécu à Liège le 26 mai 2012, 121 membres des communautés de la Province se sont rassemblés à l’Arsenal, à Namur, sous le soleil printanier du 1er mai. Les laïques associées et le P. Frans Mistiaen, socius de la Province du Nord, deux scolastiques de Sèvres étudiant avec Quentin Coppieters en repos à La Diglette, le Fr. Walter de Vreese (ACE) et le P. Albert Huart se sont joints à cette assemblée. Les trois communautés de Namur avaient pris en charge la préparation et l’animation de cette journée autour du thème : « La communauté, une dimension de la vie jésuite ».

La cathédrale Saint-Aubain, à Namur

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Le P. Nader Michel, maître des novices de la Province du Proche-Orient, supérieur de la résidence du Caire et médecin, a introduit la journée en reprenant des éléments de sa communication à la dernière congrégation des procureurs. La vie communautaire jésuite ne peut être réfléchie indépendamment de l’identité apostolique jésuite et de la vie apostolique. Étant au service de l’identité et de la mission, elle ne peut se penser comme une fin en soi. Pour cela, il faut comprendre ce qui fait le caractère ou le type jésuite, la culture jésuite dans ses dimensions affectives-spirituelles et apostoliques.


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Belgique méridionale & Luxembourg En fait, nous sommes attachés personnellement au Christ et nous sommes mus par une culture du travail et de l’efficacité. Nous trouvons ainsi notre valeur personnelle dans ce que nous faisons. Jaloux de notre liberté de penser, nous n’aimons pas être bousculés. Dès lors, nous avons besoin d’être soutenus et reçus dans notre chemin vers Dieu et vers les autres. Nous trouvons ce soutien et cette reconnaissance dans un lien fraternel à travers lequel s’expriment la confiance et l’estime mutuelle. La préparation et la formation des supérieurs au leadership ignatien, comme une vie spirituelle profonde qui se marque dans l’eucharistie et la retraite annuelle sont les conditions de réalisation de cette vie fraternelle. Cela vaut donc la peine de réfléchir à la qualité de notre vie communautaire sous ses trois dimensions : identité jésuite, communauté et mission (35e CG, Décret 2, no 19). C’est en ce sens qu’elle est mission et signe pour ceux qui nous côtoient et nous regardent vivre. Des questions et réponses, il ressort : - Il y a une manière d’être présent gratuitement aux membres d’une communauté qui est aussi une mission et un status. - La congrégation des procureurs n’a pas donné d’orientations pour la vie communautaire. La mise en œuvre du triptyque identité jésuite-communauté- mission est à présent à l’œuvre. Il s’agit de procéder par essais et mise en commun d’expériences. Comment atteindre une forme de vie communautaire en intégrant ce que nous sommes ? Comment l’expérience personnelle des Exercices spirituels peut-elle être mise en œuvre pour et en vue des autres ? - La culture jésuite intègre la vie fraternelle et la collaboration avec les autres. La difficulté de collaborer réside dans le souci de s’affirmer par ce que l’on produit et par la peur d’être jugé. Comment vivre autrement

que sur le mode de la production ? Comment nous convertir à être autrement pour nos frères ? - Notre lieu d’appartenance, c’est la Compagnie à partir duquel nous nous rapportons à d’autres lieux. - Les musulmans nous regardent comme des témoins de Dieu, même s’ils ne comprennent pas notre célibat. En début d’après-midi, le P. Nader Michel a brossé un tableau de la situation en Égypte et au Proche-Orient, après un rappel historique des cinquante dernière années. En 2011, un vent de liberté, d’ouverture et de sens du bien commun a rassemblé le peuple égyptien. Cela a duré deux semaines. Depuis lors, on assiste à une déconstruction qui se marque notamment par le fait que l’autorité est bravée partout. Dans un tel climat, en plus du déclin de l’économie, la joie de vivre s’en est allée, les jeunes ont commencé à quitter le pays et des pressions sont faites sur les chrétiens qui vivent dans les milieux populaires (en deux ans il y a eu autant de tueries de chrétiens que durant les trente dernières années). Aujourd’hui l’Égypte est au cœur d’enjeux internationaux où les Etats-Unis mènent une guerre à l’islamisme. Sur ce fond de crise, il y a des signes positifs : une graine de liberté a été semée, les différentes communautés chrétiennes se rapprochent, un débat se fait jour à l’intérieur de l’islam. Pour que tout cela réussisse, il faut du temps. Le P. Provincial a ensuite actualisé les options apostoliques et communautaires de la province : rassembler, P. Frank Janin, Provincial

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décloisonner, se rapprocher. Dans tous les lieux actuels, qu’ils soient prioritaires ou pas, chacun et les communautés sont appelés à ce que la vie communautaire soit de qualité et que les engagements apostoliques soient porteurs. Ainsi en est-il du projet SaintMartin à Liège et de celui de Saint-Loup à Namur. Le rapprochement avec la Province de France avance dans cet esprit. La rencontre des supérieurs au Châtelard et des directeurs d’établissements scolaires à Wavre en témoignent tout comme la collaboration dans les éditions, les liens entre les centres spirituels, les Réseaux Jeunesse… En août 2014, les jésuites des deux provinces sont conviés à une retraite commune à Drongen ou à Wépion (du 6 au 15 août), et les 15, 16 et 17 août à Bruxelles à une rencontre de ceux avec lesquels ils sont en collaboration. Le 23 novembre prochain aura lieu à Erpent

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une journée fondatrice de la famille ignatienne en Belgique francophone et au Luxembourg. Quand le P. Général parle de la qualité de notre présence, il privilégie la profondeur dans la prise en considération des questions actuelles et dans nos relations. Aujourd’hui, nous pouvons tous nous réjouir en considérant le travail et les changements en cours à partir de notre créativité et de nos insertions apostoliques qui signifient notre charisme. Patience, bienveillance, réconciliation sont autant d’attitudes rencontrées lors des visites de communautés et dont nous pouvons nous réjouir. Avant l’eucharistie, le P. Marcel Rémon a donné un aperçu de la réflexion en cours sur le projet Saint-Loup. Tout d’abord, ce projet concerne non seulement les jésuites de Namur, mais aussi l’Église locale, l’université et les groupes qui animent les lieux. C’est dans cet esprit que l’évêque de


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Belgique méridionale & Luxembourg Namur a demandé à Michel Hermans de devenir curé de Saint-Jean et Saint-Loup. Petit à petit germe l’idée de développer une pastorale du seuil à partir de Saint-Loup : lieu culturel, cultuel, artistique et social. Le groupe de réflexion (Michel Hermans, Marcel Rémon, Daniel Sonveaux) a reçu la mission de vérifier en deux ans la faisabilité du projet qui concerne le clergé local, les laïcs et les jésuites. Les jésuites sont-ils les bienvenus ? Pouvons-nous remplir cette mission avec nos spécificités ? La journée s’est clôturée par la célébration

de l’eucharistie à la chapelle Notre-Dame de la Paix avec le P. Provincial, assisté d’Albert Evrard récemment ordonné diacre, la visite de l’église Saint-Loup et par un restaurant de la place Saint-Aubain. Tous ont apprécié l’ambiance chaleureuse et fraternelle de cette journée et remercient ceux qui l’ont préparée et organisée. Rendezvous est déjà pris le jeudi 1er mai 2014 pour la prochaine journée de Province. ? Pierre Hupez, s.j. (à partir de notes d’Albert Schmitz, s.j.)

L’église Saint-Loup, joyau baroque de la capitale wallonne, monument classé

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Régence au JRS Belgique Q

u’est-ce que je fais comme jésuite néerlandais à Bruxelles, en Belgique, habitant dans une communauté francophone, Pierre Favre ? Comment je vis cela ? En fait, depuis septembre 2011, je suis en régence en travaillant (à temps plein) pour le JRS-Belgium, Service Jésuite des Réfugiés en Belgique. Quand j’ai commencé, Christophe Renders en était encore le capitaine. Christophe ayant beaucoup de rayonnement, aussi bien par son charisme personnel que par sa connaissance vaste de la législation et du monde associatif. Le JRD est un lieu propice pour

apprendre à travailler avec des réfugiés. En quoi consiste mon travail ? D’abord et surtout, c’est de visiter les « centres fermés ». Cet euphémisme cache une réalité, celle d’une série de prisons pour des gens qui n’ont pas commis de crime. Des centres de détention administrative — pas pénale ! — essentiellement pour trois catégories de personnes : les demandeurs d’asile à la frontière, d’autres personnes qui se voient refuser l’accès sur le territoire belge ou européen, et des personnes « sans papiers ». Le plus grand nombre des gens que je rencontre sont des sans-papiers :

l’équipe JRS-Belgium, Wouter est le troisième à partir de la gauche.

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Belgique méridionale & Luxembourg des personnes qui ont vécu pendant trois, cinq, dix ou même parfois vingt ans en Belgique et qui ont tissé des liens et bâti leur vie ici mais qui n’ont pas, ou plus, de permis de séjour. Ils viennent du monde entier : les Congo, l’Afghanistan, la Guinée, le Maroc, l’ex-URSS mais surtout d’Anvers et de Bruxelles. Qu’est-ce que je fais là-bas ? Comme un visiteur de prison, je visite des gens dans un parloir ou, depuis quelques temps, dans les salles communes durant une journée par semaine. Je les écoute et discute avec une bonne dizaine d’entre eux. N’étant pas avocat, ni assistant social, ni médecin, il n’y a souvent pas grandchose que je peux leur apporter. D’ailleurs, même amener de quoi manger ou une fleur est strictement interdit, pour des raisons de sécurité. On arrive très démuni dans un environnement carcéral où les « résidents » qui régulièrement n’arrivent pas à parler des langues communes, se trouvent dans une promiscuité. On partage le sentiment d’impuissance des détenus, ce qui n’est pas facile. Cependant, le regard des représentants du monde associatif dans les centres fermés est important, parce que les journalistes ne peuvent pas y entrer. Le JRS-Belgium se sent appelé à raconter cette réalité difficile à présenter au grand public. Voilà pourquoi on donne des témoignages dans les écoles (la plupart d’entre elles sont des collèges jésuites). Ces activités m’ont permis d’élargir mes compétences en matière de pédagogie. Le simple fait de vivre en Belgique et à Bruxelles en tant que néerlandais est aussi une découverte. Comme la Belgique et les PaysBas ont tellement d’histoire commune, comme Bruxelles était autrefois la capitale des Pays-Bas des Habsbourg et comme il y a souvent plus de mémoire préservée dans le paysage architectural et infrastructurel d’une capitale que dans les régions plus éloignées du

pouvoir, j’ai découvert pas mal des choses sur ‘mon’propre passé. Même chose au niveau régional : avant que le Belgique ou les Pays-Bas unis n’existent, Bruxelles était aussi la capitale du duché de Brabant. Étant originaire de la province de Brabant septentrionale, qui a fait partie de la même entité que Bruxelles, Louvain, Anvers… je découvre de nombreuses ressemblances entre le dialecte « Brusseleer » et celui de ma région natale. Comme les identités sont multiples et complexes ! Je crois être devenu plus belge à cet égard. Le fait de vivre dans une communauté de confrères belges où nous prenons beaucoup de temps ensemble m’a énormément aidé. À ma surprise, j’apprécie maintenant beaucoup plus la spécificité de la langue néerlandaise. J’ai appris qu’une langue n’est pas neutre mais apporte aussi une mentalité. Alors que le néerlandais est très concret, avec les deux pieds sur terre, j’ai découvert avec beaucoup de plaisir la mentalité francophone plus poétique et abstraite. En fin du compte, ce sont surtout mes contacts avec des réfugiés qui m’ont permis d’approfondir ma foi. Justice, jugement, résurrection, enfer, royaume des ombres, pèlerinage, exil et Annonciation : je ne les vois plus et je ne prie plus de la même manière qu’avant. Je ne peux plus imaginer une foi sans justice. En faisant une relecture de ma régence jusqu’à maintenant, je ne peux qu’être reconnaissant envers Dieu et envers tous les hommes et femmes que le Seigneur m’a fait rencontrer. ? Wouter Blesgraaf, s.j. Scolastique de la Province des Pays-Bas, né le 24 décembre 1981 à Oisterwijk (Tilburg), entré dans la Compagnie le 5 septembre 2006. Depuis septembre 2011, il effectue sa régence au JRS Belgique.

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Un saint belge toujours jeune Jean Berchmans (1599-1621)

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e 125e anniversaire de la canonisation de Jean Berchmans le 15 janvier 1888 remet à l’avant-plan une figure de saint attachante et sympathique. Trop longtemps, la figure de ce jeune jésuite belge du début du xviie siècle a souffert d’une image doucereuse, « à l’eau de rose ». Or le patron de la jeunesse belge a du caractère et du tempérament, il brille par bien d’autres éclats que ceux d’un garçon sage, très pieux et soucieux de respecter la règle religieuse jusque dans ses moindres détails. Il a donc à nous apprendre quelque chose encore en ce début du xxie siècle et peut servir de source d’inspiration à des jeunes d’aujourd’hui qui sont à la recherche de leur place dans la société et le monde.

Un caractère trempé et déterminé Tout d’abord, le jeune Jan est loin d’avoir eu une enfance et une adolescence faciles. Il a côtoyé encore petit les suites des guerres de religion et des épidémies de peste dans sa ville natale de Diest. Quand il a dix ans, sa mère tombe gravement malade, ce qui oblige l’aîné de cinq enfants à quitter le foyer familial pour entrer en pension chez des prêtres. Il pourra y étudier, mais devra aussi gagner sa vie en rendant des services de domestique et de répétiteur à côté de ses études. Quand son père

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veut lui faire arrêter les études qui doivent l’amener à la prêtrise pour qu’il l’aide à subvenir aux besoins matériels de sa famille, Jean s’oppose à lui avec courage et ténacité. Il remplit à merveille sa charge pour réussir brillamment ses études tout en se faisant respecter et aimer par les enfants turbulents dont il a la charge. Sa vie pauvre ne le rend pas amer et il se fait même remarquer comme acteur dans une pièce religieuse en fin d’année – un jeune de son époque tout à fait normal et épanoui ! Sa ligne de vie essentielle, il la découvre très tôt et s’y attache avec toute la fougue dont un adolescent est capable. Il mène une vie religieuse intense (prière quotidienne, confession hebdomadaire, communion bimensuelle, chemin de croix pieds nus chaque vendredi, jour de récollection mensuel, relecture de vie, lecture spirituelle, méditation) selon les canons de l’après-concile de Trente. Il est un des premiers à s’inscrire dans la nouvelle congrégation mariale fondée par les jésuites à Malines — sa dévotion à la Vierge Marie sera la charnière de toute sa vie spirituelle. Jean suit avec détermination le chemin d’intériorité qui s’offre à lui et qui est la source de son bonheur, de son égalité d’âme et de son affabilité. C’est la lecture de la vie du premier jeune saint de la Compagnie, Louis de Gonzague, qui le décide à rejoindre l’ordre des jésuites. De nouveau, il doit vaincre les résistances de


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Belgique méridionale & Luxembourg son père qui rêvait de voir son aîné embrasser une carrière ecclésiastique qui aurait profité à toute la famille. La détermination de son aîné amènera même le père Berchmans à se faire prêtre lui-même après le décès de son épouse début décembre 1616 !

Un novice extraordinaire dans les choses ordinaires Entré au noviciat de Malines en même temps qu’une centaine (!) de jeunes Flamands et Hollandais, Jean Berchmans se signale par son idéalisme toujours allègre et vraiment contagieux. Son maître des novices, le P. Sucquet, lui apprend à placer la perfection dans les actions ordinaires accomplies avec un soin extraordinaire. Jean devient ainsi capable d’exécuter avec sérénité et constance des pratiques de dévotion minutieuses et multiples,

recherchant en toutes choses la présence de Dieu et son inspiration. Contemplatif dans l’action, il n’en est pas moins un compagnon agréable et attentif, particulièrement à l’égard des pères plus âgés ou malades et des frères coadjuteurs dont il recherche la compagnie. En même temps, il se laisse enthousiasmer par l’attrait de la mission de Chine et de l’aumônerie des soldats en Hollande, tâche à la fois difficile et dangereuse. Nommé en 2e année au poste de « janitor », c’est-à-dire intermédiaire entre les novices et le père-maître, il accomplit cette charge délicate à la satisfaction de tous, faisant preuve de beaucoup de compréhension et d’humanité. Quand il est envoyé catéchiser les enfants des campagnes, il sait les gagner par sa foi profonde et sa simplicité. Avec la même fougue, il se met à apprendre le français pour éviter de se retrouver plus tard dans l’impossibilité

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Belgique méridionale & Luxembourg de gagner des hommes au Christ parce qu’il ne connaîtrait pas leur langue. Envoyé au collège d’Anvers, puis rapidement à Rome pour y étudier la philosophie, Jean conclut un pacte d’assistance spirituelle mutuelle avec trois de ses conovices : « nous demanderons les uns pour les autres trois grâces : la persévérance dans notre vocation, une pureté angélique, la faveur de devenir des travailleurs courageux dans la Compagnie. » Un bel exemple d’amitié spirituelle tel que saint Ignace l’avait vécu lui-même avec les premiers jésuites, forgeant avec eux l’expression d’« amis dans le Seigneur ».

Un étudiant brillant aimé de tous Arrivé à Rome au bout d’un voyage de trois mois à pied, Jean a deux mois de cours à rattraper, mais le souvenir de saint Louis de Gonzague qui continue d’habiter les murs du collège le stimule ; plus d’un confrère, en voyant son recueillement profond et son affabilité à l’égard de tous, reconnaît en lui un nouveau Gonzague. Ainsi le P. Piccolomini, son professeur et confident, futur supérieur général témoigne : « Jamais je n’ai rencontré une âme aussi pénétrée des choses de Dieu et de la présence divine. En même temps, chose plus étonnante, il était toujours tout entier à ce qu’il faisait et extraordinairement prévenant pour les autres. » Il est vrai que Jean, loin de se laisser dessécher par les études philosophiques, affirme ne jamais connaître de distractions dans la prière et être habité par une paix profonde. Cette paix, il aime la partager particulièrement avec les malades de l’infirmerie du collège qu’il visite régulièrement. « Chevalier de Notre-Dame », Jean Berchmans se fait aussi le champion de la cause de l’Immaculée Conception, sujet très débattu

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à l’époque. Il forme même le projet d’écrire un livre sur le sujet et un autre sur les bienfaits accordés à la Compagnie de Jésus par l’intercession de la Vierge Marie. Ce projet ne l’empêche pas de réussir brillamment ses études, au point d’être désigné pour une dispute publique le 8 juillet 1621, défense qu’il fera avec brio, épatant l’assistance par sa science autant que par sa modestie. Mais ce succès a été acquis par une épreuve sérieuse d’aridité spirituelle et la santé de Jean est minée par les efforts consentis et la chaleur des deux étés romains qu’il vient de vivre. Alité le 5 août suite à une crise de dysenterie, la santé de Jean se dégrade rapidement. Alors que tous se désolent, lui-même rayonne d’une joie profonde dans l’attente de rencontrer son Seigneur. Il accueille tous les visiteurs avec un large sourire et d’une voix joyeuse leur souhaite la bienvenue. Même l’assistant pour la Germanie et le Père Général se déplacent à son chevet. Au terme d’un ultime combat spirituel, le jeune jésuite belge s’éteint paisiblement le matin du 13 août 1621. Saint Jean Berchmans nous donne l’exemple d’une vie entièrement donnée à Dieu et qui puise dans ce don des forces extraordinaires pour accomplir sa tâche de tous les jours. Sa sainteté n’a rien d’éthéré, elle coule de source. Sa présence attentionnée aux autres et son engagement missionnaire en sont les fruits les plus visibles. A l’heure où tant de jeunes et de moins jeunes ne trouvent pas le vrai bonheur dans les multiples divertissements que propose la société et peinent à donner un sens à leur vie, la figure toute joyeuse parce que remplie de Dieu du jeune saint de Diest n’offre-t-elle pas une alternative précieuse ? ? Josy Birsens, s.j.


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LE DOSSIER

Les jésuites, entre excellence et souci des plus pauvres DOSSIER RÉALISÉ PAR LES MÉDIAS CATHOLIQUES

TROUVER DIEU EN TOUTES CHOSES Dimanche Express, no 19, 26 mai 2013

On les croit manipulateurs, politiciens et proches des élites. Et pourtant, s’ils ont bien le souci de l’excellence, ils ont fait de la justice sociale, de la défense des pauvres, du dialogue avec la culture et entre les religions, leurs options

prioritaires. Plongée dans le monde des jésuites avec le père Franck Janin, supérieur provincial de Belgique méridionale et du Luxembourg, depuis le 31 juillet 2011. • En quoi la Compagnie de Jésus se distingue-t-elle des autres ordres religieux ? Tous les ordres religieux trouvent

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leur originalité dans l’expérience de leur fondateur. En ce qui concerne le nôtre, c’est-à-dire saint Ignace de Loyola (1491-1556), tout a commencé à Pampelune, lorsqu’un boulet de canon lui a brisé la jambe et l’a contraint à une retraite forcée. Durant sa convalescence, il lit la Vie de Jésus de Ludolphe le Chartreux, ainsi que la Légende dorée de Jacques de Voragine, qui narre les faits et gestes de divers saints. Au cours de ces lectures, il va faire une véritable expérience de Dieu, découvrir que celui-ci agit et parle à travers notre humanité. Cette intuition profonde est vraiment spécifique à notre spiritualité. Saint Ignace ne cessera d’ailleurs d’inviter celles et ceux qu’il rencontre à « trouver Dieu en toutes choses ». Cette vision positive du monde va entrainer toute une série de missions apostoliques, puisque dans tous les domaines de la vie, Dieu peut être découvert. • Est-ce cette approche très particulière qui a permis à votre ordre de traverser les siècles ? Sans doute, car contrairement à certaines congrégations qui se sont investies dans des domaines très précis, comme l’enseignement ou les soins hospitaliers, chez nous, le service peut être rendu partout. Nous nous donnons toutefois des priorités, qui évoluent au fil du temps. Aujourd’hui, nous veillons à rejoindre ceux qui sont aux frontières, à aller là où les autres ne vont pas forcément. C’est ainsi que nous avons lancé le Service Jésuite des Réfugiés (JRS), afin de venir en aide aux personnes déplacées de force. Nous avons également un service qui, en Afrique, s’occupe des malades du Sida (African

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Jesuit AIDS Network). En fait, être aux frontières, c’est surtout un état d’esprit que nous essayons d’avoir tant au niveau de l’action que de la réflexion. C’est pour cette raison que certains jésuites n’hésitent pas à prendre des risques et à s’attaquer à des questions d’ecclésiologie ou de morale particulièrement délicates. En général, nous sommes plutôt vus comme des religieux ouverts à la différence, des hommes tout-terrain, qui prennent les gens là où ils sont et qui cheminent avec eux. L’inculturation fait d’ailleurs partie intégrante de notre spiritualité. Quand saint Ignace envoyait au loin des membres de la Compagnie, il leur demandait d’apprendre la langue du pays qui les accueillait, ce qui était assez nouveau pour l’époque. • On dit très souvent des jésuites qu’ils sont les spécialistes du discernement et de l’accompagnement spirituels. Est-ce exact ? Il est vrai que l’on reconnaît ce charisme aux jésuites, mais nous sommes loin d’avoir une exclusivité dans ce domaine. Notre expertise repose en fait sur les « Exercices spirituels », ce petit livret mis au point par saint Ignace sur la base de son expérience personnelle, mais aussi de ce qu’il a découvert chez d’autres spirituels. Pendant une dizaine d’années, il va noter ce qui aide ou ce qui n’aide pas pour croître dans la vie intérieure, puis en tirer des règles communes. Et c’est là que réside en grande partie son génie. Il va concevoir un instrument de portée universelle — et toujours actuel — pour aider à discerner la volonté de Dieu.

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LE DOSSIER • En quoi l’accompagnement jésuite est-il particulier ? Il est original dans le sens où il porte son attention sur la personne et sur son développement intégral. Il s’agit de prendre la personne là où elle est et de la faire grandir, le but étant de développer autant que possible ses potentialités humaines et spirituelles. C’est dans ce sens que nous pouvons parler de recherche d’excellence. En effet, selon saint Ignace, c’est rendre gloire à Dieu que de développer au maximum les dons qui viennent de Lui. Cela nous a parfois valu d’être taxés d’élitisme, mais je n’aime pas trop ce terme, car il laisse à penser qu’on ne s’intéresserait qu’aux riches ou aux plus doués. Or,

l’aspect social a toujours été présent dans la Compagnie de Jésus. Notre fondateur était effectivement convaincu que l’on ne peut faire une véritable expérience spirituelle que si l’on est soimême humble et pauvre, à l’image du Christ. Lorsqu’il a envoyé ses théologiens au concile de Trente, il leur a demandé d’aller loger à l’hôpital et de servir les malades. Le père Pedro Arrupe, qui fut général de l’Ordre de 1965 à 1983, a remis ce point à l’honneur. Pour lui, on ne peut dissocier le service de la foi de la promotion de la justice. Une préoccupation que l’on retrouve chez notre nouveau pape. Propos recueillis par Pascal André

AVOIR SOIN

en Amérique latine, en lien avec la théologie de la libération, on voulait faire quelque chose de semblable chez nous. En 1980, avec cinq, six autres jésuites, j’ai créé le Centre Avec à Schaerbeek, qui avait alors comme bourgmestre M. Nols, bien connu pour ses prises de positions racistes. » Son inspiration ? Une certaine vision du monde. Un certain regard sur Jésus qui a ouvert le chemin. Une certaine espérance qui le fait vivre, mais qui n’est pas mise au premier plan, car le pluralisme est primordial aujourd’hui. Et puis, cette capacité de discernement qui caractérise la Compagnie de Jésus et qui se rapproche du « voir, juger, agir » du cardinal Cardijn. Etre présent dans le monde et surtout, surtout, être proche des gens. S. B.

Avoir soin des autres, du monde et de soi-même… « Ces premières paroles prononcées par le pape François lors de son intronisation le 19 mars dernier conviennent parfaitement au père JeanMarie Faux. Ancien Secrétaire général du MRAX (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie), ce jésuite est le cofondateur du Centre Avec, un centre de recherche et d’action sociales implanté à Schaerbeek. « La présence dans la société et l’effort pour la justice ont toujours été deux préoccupations très jésuites, souligne JeanMarie Faux. Je me souviens de la 32e Congrégation générale des Jésuites. C’était dans les années 1970. Le décret 4 de la 32e a mis en relief la promotion de la justice comme partie intégrante de notre apostolat. Dans le prolongement de centres d’action sociale fondés

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JÉSUITE AU SERVICE DES REFUGIÉS Michael Schöpf est le responsable du JRS-Europe. Après avoir travaillé au Kenya, en Tanzanie, au Rwanda puis en Allemagne, ce frère jésuite a pris les rênes du JRS-Europe il y a huit ans. Le JRS (Jesuit Refugee Service) est né en 1980, avec l’exode des Vietnamiens qui fuyaient leur pays, les fameux boatpeople. Pour Pedro Arrupe, Supérieur général de l’époque, il fallait aussi aider tous ces gens dans les camps (notamment aux Philippines) par un mi-

nistère de consolation. C’est la grande spécificité du JRS qui naissait alors. « Il n’est pas motivé par des raisons humanitaires basiques, mais plutôt par des enjeux de charité et d’espérance », explique Michael Schöpf. Au service de tous les déplacés de force (dans une conception très large), le JRS a beaucoup œuvré en Asie, puis en Afrique, dans les années 90. Mais il est aussi actif en Europe, en particulier dans les centres fermés pour demandeurs d’asile ou ceux qui sont en attente d’expulsion. « Nous allons dans les lieux où les autres ne voulaient pas être présents », explique le frère jésuite, qui indique en passant que le JRS-Belgique constitue l’équipe la plus importante en Europe à intervenir dans ces centres. Une expérience de foi L’esprit qui anime ces JRS est donc bien en harmonie avec sa source ignatienne. On n’y vient pas pour le café ou le repas que l’on offre, mais pour vider sa tête, pour être accueilli comme une personne, pour regagner l’accès à sa dignité. « C’est une expérience humaine, pas humanitaire, qui mène à une expérience de foi », insiste Michaël Schöpf. L’origine du JRS-Eu-

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LE DOSSIER rope est, quant à elle, liée au travail de plaidoyer qu’effectue aussi ce service auprès des politiques. « La législation appliquée par les pays européens en matière de droit d’asile est en effet essentiellement décidée à Bruxelles », explique Michael Schöpf. Mais ce plaidoyer ne porte pas seulement sur le sort de ces réfugiés en Europe. « Il y a

d’autres lieux cachés, notamment au Maroc et en Ukraine, c’est-à-dire là où les réfugiés sont renvoyés et que les politiques européens ne veulent pas voir. Les enjeux se sont déplacés. Mais nous devons rester dans l’accompagnement à cause de nos politiques européennes. » P. G.

ACCOMPAGNER LE CHEMIN DE CHACUN

centre spirituel, un lieu où est mise en œuvre une pédagogie respectueuse de l’homme, initiée il y a cinq cents ans déjà par Ignace de Loyola. « Il ne faut pas nécessairement être prêtre pour accompagner les gens », observe le père Ferrière. Dans le centre namurois, des laïcs ont été formés pour « accueillir, écouter et accompagner les retraitants ». Un petit bout de chemin sera fait avec ceux-ci, à partir de leur propre demande et quelle que soit la

Après deux décennies passées en Afrique, le père Pierre Ferrière est désormais aéffecté au centre spirituel la Pairelle, où il anime diverses retraites et sessions. A la Pairelle, l’appellation initiale de maison de retraite a été bannie, pour sa trop grande ressemblance avec maison pour les vieux ! Elle a fait place à

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durée de leur séjour. Néanmoins, on ne peut venir à la Pairelle « sans une dimension de profondeur dans son cœur ». C’est pourquoi des séances individuelles sont organisées avec les participants. « Il n’y a pas de pédagogie ignatienne sans de telles rencontres personnalisées, car si Dieu nous aime, ce n’est pas de manière collective. » Une vie qui se parle devant vous Aujourd’hui, l’exhibition romantique des blessures est à la mode. Pourtant, « les arbres ne guérissent pas de leurs plaies, mais vivent avec des trous çà et là ». Il ne s’agit pas de simplement colmater les blessures, les psychismes cassés. « Toute retraite qui refuse les com-

RENCONTRER L’AUTRE SUR SON TERRAIN Thierry Dobbelstein est professeur au Collège Saint-Benoît Saint-Servais de Liège. A quarante-cinq ans et après avoir passé treize années dans les classes, ce père jésuite éprouve toujours autant de plaisir à participer à la formation et à l’éducation de la jeunesse. Un enseignement jésuite qu’il résume en cinq mots-clés. La « cura personalis » L’école ne forme pas seulement intellectuellement, mais prend soin de la personne tout entière, dans ses dimensions physique, artistique, sociale… Il n’y a rien à rejeter ; toutes ces dimensions mènent à la découverte de Dieu. L’homme est une armoire à plusieurs tiroirs.

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bats avec la vérité serait un emplâtre sur une jambe de bois. La question qui se pose est de savoir comment aider dans une vie qui se parle devant vous », souligne encore le père Ferrière. Afin d’éviter que la Pairelle n’atteigne sans cesse les mêmes personnes, des « semaines de prière accompagnée » ont été conçues à l’attention des gens moins disponibles. Ces retraitants extra muros sont invités à prier une demi-heure par jour à partir de quelques lignes de l’Evangile, là où ils se trouvent. Ensuite, le même jour, ils parlent leur prière et disent ce qui les a touchés. Une manière concrète de retrouver son humanité et son christianisme. A. T.

Le « plus » Ne jamais se satisfaire du niveau où l’on est arrivé ! Certains prétendent que l’enseignement jésuite est élitiste, mais il est plutôt régi par le principe d’excellence qui vise à ne pas se contenter d’être médiocre. « Toi, tu es capable de plus. » L’engagement pour la justice et le service « On réussit une année ensemble. » L’enseignant jésuite forme des personnes pour les autres, leur apprend à s’intéresser aux besoins des autres. C’est une formation à l’altruisme où se vivent des expériences de pardon, de réconciliation. La relecture Il faut être capable de revenir sur les expériences que l’on a vécues en se posant ces questions : « Qu’est-ce qui m’a

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LE DOSSIER permis de réussir ? » ou « J’ai raté, qu’est-ce qui s’est passé ? » L’exercice Le meilleur enseignement est celui où l’élève est acteur ; où il s’exercera lui-même. Dans les collèges jésuites, la

vie continue après l’école afin de toucher les différentes dimensions de la personne. C’est pourquoi, beaucoup d’écoles jésuites possèdent des salles de spectacle et de sport ou sont liées à des mouvements de jeunesse. S. B.

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Initiatives & Evénements

Lampedusa «I

mmigrés morts en mer, dans ces bateaux qui au lieu d’être un chemin d’espérance ont été un chemin de mort ». Ainsi titrent des journaux. Il y a quelques semaines, quand j’ai appris cette nouvelle, qui malheureusement s’est répétée tant de fois, ma pensée y est revenue continuellement comme une épine dans le cœur qui apporte de la souffrance. Et alors j’ai senti que je devais venir ici aujourd’hui pour prier, pour poser un geste de proximité, mais aussi pour réveiller nos consciences pour que ce qui est arrivé ne se répète pas. Que cela ne se répète pas, s’il vous plaît ! Mais tout d’abord, je voudrais dire une parole de sincère gratitude et d’encouragement à vous, habitants de Lampedusa et Linosa, aux associations, aux volontaires et aux forces de sécurité, qui avez montré et montrez de l’attention aux personnes dans leur voyage vers quelque chose de meilleur. Vous êtes une petite réalité, mais vous offrez un exemple de solidarité ! Merci ! Merci aussi à l’archevêque Mgr Francesco Montenegro pour son aide, son travail et sa proximité pastorale. Je salue cordialement le maire, Mme Giusi Nicolini, merci beaucoup pour ce qu’elle a fait et fait. Je désire me tourner en pensée vers les chers immigrés musulmans qui commencent, ce soir, le jeune du Ramadan, avec le vœu d’abondants fruits spirituels. L’Église

vous est proche dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles. A vous : (oshià) ! Ce matin, à la lumière de la Parole de Dieu que nous avons écoutée, je voudrais proposer des paroles qui surtout provoquent la conscience de tous, poussent à réfléchir et à changer concrètement certaines attitudes. « Adam, où es-tu ? » : c’est la première demande que Dieu adresse à l’homme après le péché. « Où es-tu, Adam ? » Et Adam est un homme désorienté qui a perdu sa place dans la création parce qu’il croit devenir puissant, pouvoir tout dominer, être Dieu. Et l’harmonie se rompt, l’homme se trompe et cela se répète aussi dans la relation avec l’autre qui n’est plus le frère à aimer, mais simplement l’autre qui dérange ma vie, mon bien-être. Et Dieu pose la seconde question : « Caïn, où est ton frère ? » Le rêve d’être puissant, d’être grand comme Dieu, ou plutôt d’être Dieu, génère une chaîne d’erreurs, qui est une chaîne de mort, porte à verser le sang du frère ! Ces deux questions de Dieu résonnent aussi

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Initiatives & Evénements aujourd’hui, avec toute leur force ! Beaucoup de nous, je m’y inclus aussi, nous sommes désorientés, nous ne sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons, nous ne soignons pas, nous ne gardons pas ce que Dieu a créé pour tous et nous ne sommes plus capables non plus de nous garder les uns les autres. Et quand cette désorientation assume les dimensions du monde, on arrive à des tragédies comme celle à laquelle nous avons assisté. « Où est ton frère ? », la voix de son sang crie vers moi, dit Dieu. Ce n’est pas une question adressée aux autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous. Ceux-ci parmi nos frères et sœurs cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix ; ils cherchaient un rang meilleur pour eux et pour leurs familles, mais ils ont trouvé la mort. Combien de fois ceux qui cherchent cela ne trouvent pas compréhension, ne trouvent pas accueil, ne trouvent pas solidarité ! Et leurs voix montent jusqu’à Dieu ! Une fois encore, je vous remercie vous habitants de Lampedusa de votre solidarité. J’ai récemment écouté un de ces frères. Avant d’arriver ici, ils ont passé par les mains des trafiquants, ceux qui exploitent la pauvreté des autres, ces personnes pour qui la pauvreté des autres est une source de revenu. Quelle souffrance ! Et certains n’ont pas pu arriver à destination. « Où est ton frère ? » Qui est le responsable de ce sang ? Dans la littérature espagnole, il y a une comédie de Lope de Vega qui raconte comment les habitants de la ville de Fuente Ovejuna tuèrent le Gouverneur parce que c’est un tyran, et le font de façon à ce qu’on ne sache pas qui l’a exécuté. Et quand le juge du roi demande : « Qui a tué le Gouverneur ? », tous répondent : « Fuente Ovejuna, Monsieur ». Tous et personne ! Aujourd’hui aussi cette question émerge avec force : qui est le responsable du sang de ces frères et sœurs ? Person-

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ne ! Tous nous répondons ainsi : ce n’est pas moi, moi je ne suis pas d’ici, ce sont d’autres, certainement pas moi. Mais Dieu demande à chacun de nous : « Où est le sang de ton frère qui crie vers moi ? » Aujourd’hui personne dans le monde ne se sent responsable de cela ; nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle ; nous sommes tombés dans l’attitude hypocrite du prêtre et du serviteur de l’autel, dont parlait Jésus dans la parabole du Bon Samaritain : nous regardons le frère à demi mort sur le bord de la route, peut-être pensons-nous « le pauvre », et continuons notre route, ce n’est pas notre affaire ; et avec cela nous nous mettons l’âme en paix, nous nous sentons en règle. La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais ne sont rien ; elles sont l’illusion du futile, du provisoire, illusion qui porte à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence. Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, cela ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire ! Revient la figure de l’Innommé de Manzoni. La mondialisation de l’indifférence nous rend tous « innommés », responsables sans nom et sans visage. « Adam où es-tu ? », « Où est ton frère ? » sont les deux questions que Dieu pose au début de l’histoire de l’humanité et qu’il adresse aussi à tous les hommes de notre temps, à nous aussi. Mais je voudrais que nous nous posions une troisième question : « Qui de nous a pleuré pour ce fait et pour les faits comme celui-ci ? » Qui a pleuré pour la mort de ces frères et sœurs ? Qui a pleuré pour ces personnes qui étaient sur le bateau ? Pour les jeunes mamans


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Initiatives & Evénements qui portaient leurs enfants ? Pour ces hommes qui désiraient quelque chose pour soutenir leurs propres familles ? Nous sommes une société qui a oublié l’expérience des pleurs, du « souffrir avec » : la mondialisation de l’indifférence nous a ôté la capacité de pleurer ! Dans l’Évangile nous avons écouté le cri, les pleurs, la longue plainte : « Rachel pleure ses enfants… parce qu’ils ne sont plus ». Hérode a semé la mort pour défendre son propre bien-être, sa propre bulle de savon. Et cela continue à se répéter… Demandons au Seigneur d’effacer ce qui d’Hérode est resté également dans notre cœur ; demandons au Seigneur la grâce de pleurer sur notre indifférence, de pleurer sur la cruauté qui est dans le monde, en nous, aussi en ceux qui dans l’anonymat prennent les décisions socio-économiques qui ouvrent la voie à des drames comme celui-ci. « Qui a pleuré ? » Qui a pleuré aujourd’hui dans le monde ? Seigneur, en cette Liturgie, qui est une Liturgie de pénitence, nous demandons pardon pour l’indifférence envers beaucoup de frères et sœurs ; Père, nous te demandons pardon pour celui qui s’est accommodé et s’est enfermé dans son propre bien-être qui porte à l’anesthésie du cœur, nous te demandons pardon pour ceux qui par leurs décisions au niveau mondial ont créé des situations qui conduisent à ces drames. Pardon Seigneur ! Seigneur, que nous entendions aujourd’hui aussi tes questions : « Adam où es-tu ? », « Où est le sang de ton frère ? »

SAINT FRANÇOIS XAVIER Les responsables de la basilique du Bom Jesus de Goa songent à inviter le pape François à l’occasion de l’exposition du corps de saint François Xavier. Les possibilités que le premier pape jésuite accepte de visiter la région fameuse pour ses plages qui attirent de nombreux touristes sont bonnes, dit le Père Savio Barretto, recteur de la basilique où repose la dépouille mortelle du grand saint missionnaire. L’exposition du corps du saint a lieu tous les dix ans. La dernière était en décembre 2004 ; la prochaine sera donc en novembre 2014. Lors d’une telle occasion, l’urne qui contient le corps de Xavier quitte l’autel où elle se trouve habituellement et est portée dans la cathédrale pour la vénération des fidèles pendant environ un mois. « La possibilité que le pape François vienne pour l’exposition est bonne, dit le recteur, et le pape n’a même pas besoin d’une invitation explicite pour visiter le lieu où repose son compagnon jésuite. » Saint François Xavier, né en Navarre, en Espagne, a prêché la foi chrétienne dans de nombreux pays d’Asie après son arrivée à Goa, alors colonie portugaise, en 1542. Après sa mort en 1552 à Shangchuan, en Chine, son corps fut transporté d’abord à Malacca, en Malaisie, puis en 1553 à Goa, où il fut enseveli dans la basilique du Bom Jesus. Chaque année, plus d’un million de fidèles visitent sa tombe.

? Homélie du pape François auprès des migrants de Lampedusa, le 8 juillet 2013

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Vie & Partenariat

La rubrique des éditions Lumen vitae P

uissance de la Parole ! Ainsi s’intitule le second ouvrage du Père Philipe Bacq, s.j. et d’Odile Ribadeau-Dumas consacré à la lecture en pastorale de l’Evangile de Luc (Luc 4, 14 – 24, 3, tome II.) Écrit dans un langage simple, évitant tout vocabulaire technique, ce commentaire du récit de Luc s’adresse à tout public ainsi qu’aux groupes de lectures d’Evangile ou à leurs animateurs. Les auteurs commentent dans une perspective exégétique et narrative l’itinéraire de Jésus depuis les débuts de sa vie publique, à Nazareth, jusqu’à sa manifestation aux disciples le jour de Pâques, en finale du récit. Le texte riche et toujours en quête d’un sens renouvelé, invite chaque lecteur à laisser résonner en lui ce cheminement de Jésus, dans sa manière si personnelle d’être en relation avec ceux et celles qu’il rencontre ; sa parole est puissante, incisive, insaisissable, traçant les voies du « Royaume de Dieu » pour tous ceux et celles qui se laissent travailler par elle. (420 p. 29 €) Nouvellement paru dans la collection Soins & Spiritualité, l’ouvrage de ierry Collaud, Démence et résilience, aborde la question de l’accompagnement et de l’évolution de la relation des personnes atteintes d’Alzheimer. Certes, le terme démence fait référence au mal-

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heur qui s'abat sur une existence. Mais en abordant cette douloureuse épreuve sous l’angle de la résilience, l’auteur ouvre la voie d’une croissance possible. Car, malgré la maladie qui détruit peu à peu toutes les ressources préexistantes, la vie continue, en dépit de la démence, avec ses difficultés, ses impossibilités, mais aussi avec ses moments de joie, fugaces, inattendus et insaisissables. Fort de son expérience comme médecin et théologien, l’auteur nous indique une voie où peuvent avancer malades ou proches confrontés à cette maladie, par l'ouverture à une dimension spirituelle renouvelée par le déplacement même des repères propre à la maladie d’Alzheimer. (104 p. 15 €) Les éditions Lumen Vitae ne pouvaient passer à côté de l’anniversaire du dernier Concile sans le marquer par deux recueils, l’un réflexif, l’autre pratique. Dans le premier numéro 2013 de la revue Lumen Vitae — 50 ans après Vatican II, une catéchèse renouvelée ? — le concile Vatican II est relu à partir de l’influence qu’il eut sur la catéchèse. En effet, si le concile a peu traité explicitement de cette question, il n'en a pas moins marqué profondément son évolution. Prenant au sérieux l'invitation lancée aux Pères par Jean XXIII, le concile s'était donné


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Vie & Partenariat comme tâche principale d'exprimer l'Évangile d'une manière qui corresponde aux exigences de notre époque. Les collaborateurs de la revue y abordent tour à tour les questions de l’influence sur le renouvellement de la catéchèse du vocabulaire de la révélation et de la foi, de l'Église comme peuple de Dieu, sacrement du salut ou encore germe du Royaume de Dieu. Mais aussi la réception que l’Amérique latine et les Caraïbes réservèrent aux textes conciliaires malgré des contextes historiques difficiles. La genèse et le développement de la catéchèse entre les Conférences de Medellin (1968) et d'Aparecida (2007), en passant par les conférences de Puebla et de Saint-Domingue y sont approchés comme exem ples des enjeux de la catéchèse pour une évangélisation du monde. (15€) C’est aussi en résonnance avec le jubilé de l’ouverture du concile Vatican II, que Luis Martinez nous invite à relire les Actes des Apôtres. Ce parcours propose la lecture communautaire de plusieurs textes majeurs du concile Vatican II à la lumière du livre des Actes des Apôtres. La force de cette démarche de lecture réside dans sa pertinence : que d’analogies entre les enjeux et les options vécus par l'Église naissante et ce que le concile a mis en évidence pour que l'Église entre en dialogue avec la société contemporaine ! Le livre propose une douzaine de rencontres, chacune structurée en deux moments. Un premier temps de lecture et de questionnement sur le texte choisi des Actes éclairé par un second temps d'actualisation du texte dans la vie d'aujourd'hui par une

LUMEN VITAE Le 19 avril, le P. André Fossion a donné une conférence à l’Assemblée générale du Comité européen de l’Enseignement catholique sur « La formation chrétienne des professeurs de l’enseignement catholique ». Le public avait été préparé par M. Herman Van Rompuy dont l’exposé précédait : « L’Education, un défi pour l’avenir de l’Europe ».

Du 19 au 21 avril, le P. Richard Erpicum a animé à Bujumbura, avec Alain Deneef, une rencontre d’anciens élèves des collèges jésuites des pays des Grands Lacs sur la réconciliation.

Le 2 mai, le P. André Fossion en compagnie du chanoine Armand Beauduin, du P. Philippe Cochinaux, o.p. et de l’abbé Eric de Beukelaer, a participé à un échange avec la Ministre Simonet sur les cours de religion. Sur cette lancée, il a proposé une carte blanche dans la Libre Belgique du 14 mai. Dans la Libre Belgique du 4 juin, le P. André Fossion a publié une page « Opinion » sur « Face à la mort, m’est-il possible d’espérer encore ? » suite à la déclaration du professeur de Duve. Le 30 mai à 18 h 30 à la librairie religieuse UOPC, le P. Albert Lorent a présenté son livre Management et structure d’Eglise.

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Vie & Partenariat lecture de deux passages choisis du concile qui interpellent la vie de la communauté ecclésiale. (Les Actes des Apôtres en dialogue avec Vatican II, 92 p. 15 €) Avec Management et structures d’Église. Vers un sens pastoral de la gestion, le Père Albert Lorent, s.j. ouvre une réflexion sur la gestion des structures d'Église perçue dans sa finalité première d’annoncer et d’instaurer le Royaume de Dieu en notre monde. Ce livre ne manquera pas de rencontrer les préoccupations de tous les responsables d’institutions d’essence catholique (hôpitaux, centres de formation, institutions caritatives…). L’auteur, fort de son expérience au Tchad et dans des organisations de coopération internationale, nous introduit à sept situations vécues dans des institutions de l'Église en Europe et en Afrique. Sa démarche développe dans un premier temps cinq thèmes, du plus extérieur au plus intérieur : la structure, le pouvoir, le conflit, les relations et l'écoute du vécu. Elle élargit et précise ensuite ces perspectives à l'aide d'outils empruntés à la sociologie des organisations. Pour enfin rechercher les critères pastoraux de la conduite des structures d'Église. Cette partie incite le lecteur à discerner si l’engagement de l'Église, au travers tant d'institutions diverses, répond bien aujourd’hui à sa mission première. (370 p. 24€) Père, pardonne-leur… ainsi s’intitule le second livret de catéchèse intergénérationnelle que la Commission interdiocésaine de catéchèse, sous la présidence de Mgr Guy Harpigny, propose à toutes les paroisses et communautés locales. Le pardon, c'est tout ensemble une expérience et une question qui nous habitent depuis notre enfance, depuis notre première souffrance, notre premier échec, notre premier péché. Il est

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au cœur de nos relations humaines, qu'on le veuille ou non. Les communautés trouveront ici deux parcours à vivre avec des variations par groupe d’âges, pour inviter à entrer dans une démarche de pardon à la suite de Jésus Christ. Fiches d’animation, jeux, chansons, moments de prière et d’intériorité complètent ce dossier didactique. (80 p. 17,50 €) C’est aussi la pastorale de la réconciliation qui fait l’objet du no 2 de la revue Lumen Vitae 2013, dans un très important dossier pluridisciplinaire. Comment proposer les trésors de la miséricorde à nos contemporains si souvent meurtris, blessés ou emprisonnés dans la culpabilité ? Comment envisager les enjeux de vivre ensemble dans des lieux marqués par les conflits, les haines inter ou intracommunautaires ? Quelle perspective cosmique de la réconciliation dans cette libération et cette guérison intérieure que le pardon apporte à celui qui l’accorde autant qu’à celui qui le demande ? Quelle démarche pour les groupes et les collectifs ? Comment initier les enfants ou les adolescents ? Quelle place donner à la Bonne Nouvelle dans les réconciliations communautaires ? Autant de thématiques qui redonnent une actualité centrale à ce quatrième sacrement, souvent boudé par nos contemporains et pourtant si constitutif de notre foi en la gratuité des dons que Dieu prodigue à ses enfants. (Revue Lumen Vitae, 2013, no 2, Pardon, guérison et solidarité. La pastorale de la réconciliation, 15 €) ? Florence Noël


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La Compagnie en Europe et dans le monde

Elèves d’écoles jésuites à la rencontre du pape L

e pape François a rencontré le 7 juin au Vatican des représentants des écoles jésuites d’Italie et d’Albanie ainsi que les membres des mouvements de jeunesse ignacienne, soit quelque neuf mille personnes. Au terme d’une matinée festive dans la salle Paul VI, le pontife s’est joint aux jeunes et a répondu de façon improvisée aux questions de certains d’entre eux. L’événement a alterné moments musicaux, présentation de vidéos et témoignages sur l’éducation reçue grâce à la Compagnie de Jésus, dont fait partie le pape François. Un chœur de deux cents personnes a animé la rencontre. Aux alentours de midi, le pontife a rejoint les participants pour un temps d’échange avec les jeunes. « As-tu déjà eu des doutes dans ta foi ? », « Comment faire aujourd’hui pour espérer et croire en l’avenir ? » sont certaines des questions posées au pape François à cette occasion. C’est ce qu’a révélé le Père Vitangelo Denora, délégué pour les écoles de la province d’Italie de la Compagnie de Jésus. Elles ont été extraites de quelque trois mille lettres présentées par les élèves. Des cadeaux les plus divers ont été offerts au pape François : un tableau de la maison de la famille du pape dans le Piémont, une icône de la Vierge, des produits gastronomiques ty-

piques, ainsi que des fonds recueillis pour les œuvres de charité du pape.

Retransmission sur Internet La rencontre a été retransmise en streaming sur un site internet spécial. Elle a compté sur la participation d’anciens élèves prestigieux, nourris de l’esprit jésuite, tel que le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura, le maire de Turin Piero Fassino, ou encore la nièce du cardinal Carlo Maria Martini, Giulia Facchini. Il n’est pas rare que le pape François fasse allusion à sa provenance jésuite lors de ses interventions publiques, se défendant souvent avec humour de faire de la publicité pour saint Ignace de Loyola (1491 – 1556) et ses disciples. Par ailleurs, certains éléments de la spiritualité ignacienne sont présents dans ses homélies et réflexions, notamment l’importance accordée à la recherche de la liberté intérieure, le discernement ou encore la lutte contre le diable. ? Cathobel

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La Compagnie en Europe et dans le monde

Jésuites chez les musulmans D

ébut avril 2013, vingt-cinq compagnons venus de seize pays et dix-sept provinces, travaillant de différentes manières en lien avec l’islam ou les musulmans, se sont retrouvés à New Delhi pour partager leur expérience. Ce groupe existe depuis plusieurs dizaines d’années maintenant (avec des renouvellements) et essaie de se réunir plus ou moins tous les deux ans. Nous avions choisi l’Inde pour la rencontre de cette année, à la fin de la précédente qui s’était tenue à Rome en 2011, une grande première qui nous a fait quitter le bassin méditerranéen, lieu habituel de nos retrouvailles.

Dialogue interreligieux à la cathédrale de Bruxelles

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Nos engagements couvrant le monde entier (il n’y avait cependant pas d’Africain pour cause de problèmes de visa !) s’étendent également à de très nombreux secteurs d’activité, qu’il s’agisse du travail intellectuel, de l’éducation, de la société civile, du travail avec migrants et réfugiés, du travail pastoral, de l’édition ou de la formation. Nos expériences et nos approches très diverses se sont remarquablement équilibrées et ont été une grande source d’enrichissement. Notre première journée fut « indienne » : après une introduction, nous nous sommes mis à l’écoute d’un pasteur qui nous a fait le portrait de l’état actuel des relations islamo-


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La Compagnie en Europe et dans le monde chrétiennes en Inde ; ensuite, nous avons entendu deux universitaires musulmans liés à l’ordre soufi des Chishtis, particulièrement bien représenté dans cette région de l’Inde. Ils nous ont fait un beau portrait de l’islam « spirituel » (thème majeur de notre rencontre cette année), avec quelques expressions savoureuses. L’un d’entre eux a par exemple comparé les musulmans traditionalistes (liés en Inde au Tabligh) à des « représentants d’assurance vie » (c’est-à-dire basant toute leur prédication sur la peur du jugement dernier), déclarant que, comme soufis, ils préféraient s’intéresser à la vie présente. Le soir nous nous sommes rendus au Centre culturel islamique pour écouter un ancien haut fonctionnaire nous présenter l’étude faite par son comité en vue d’étendre aux non-hindous défavorisés (musulmans et chrétiens) les privilèges accordés aux sans castes dans le cadre de la discrimination positive mise en place. Les jours suivants nous nous sommes partagé la parole. Résumer toutes les contributions serait un peu fastidieux et faire des choix serait arbitraire : cela allait du JRS en Afghanistan aux recherches Qur’aniques à Georgetown University, d’un récit sur un jeu d’ombre javanais à des réflexions sur le printemps arabe, sans oublier d’autres contributions sur l’Inde telle qu’une étude passionnante sur l’adoration commune par des hindous et des musulmans de saints dont les sanctuaires s’hindouisent de plus en plus sous la pression sociale et politique. Pour ma part, après avoir esquissé rapidement l’endroit où nous en étions à Ankara, j’ai présenté une réflexion sur une conférence que j’avais faite quelques mois auparavant à Istanbul sur « Etre un autre en Turquie » à l’occasion d’un symposium inter-religieux et sur sa réception. Les soirées nous avons eu des invités, tels que des jésuites locaux, des étudiants de l’université islamique voisine ou des col-

lègues musulmans de nos hôtes. J’y ai même rencontré des Turcs travaillant au service d’une fondation mise en place par le mouvement de Fethullah Gülen, présent maintenant dans le monde entier (et qui avait coorganisé le symposium à Istanbul !) A la fin de notre rencontre, après avoir décidé de nous revoir dans deux ans en Afrique, probablement à Nairobi, l’un d’entre nous a été choisi pour rédiger une déclaration à l’intention du P. Général, présentant le besoin d’une plus grande coordination pour le travail de la Compagnie avec les musulmans, après la réorganisation de la curie qui a suivi le départ du P. Kolvenbach, et attirant l’attention sur le besoin que, plus spécialement dans certaines régions du monde, les supérieurs envoient l’un ou l’autre scolastique se spécialiser dans ce domaine, continuant ainsi la tradition d’excellence que la Compagnie y a acquise. Le lendemain, la moitié d’entre nous sommes allés passer une journée à Agra, ancienne capitale moghole, siège de la tombe de l’empereur Akbar et du fameux Taj Mahal. Pour ma part, je suis resté trois jours de plus après ce voyage, pour prendre un peu le pouls de la foule, de la ville, de ses temples et de ses sanctuaires après une semaine très intense, et faire connaissance avec la compagnie locale, spécialement la Saint Xavier School et le Vidyajyoti College of eology, où j’ai eu la surprise de rencontrer un ancien condisciple de Rome. ? J-Marc Balhan, s.j.

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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene LUMEN VITAE Cours école supérieure 186, rue Whashington 1050 Ixelles 02 349 03 77 (ma, me, je) secretariat.es@lumenvitae.be www.lumenvitae.be

théologies différentes. Comme pour une statue dont on ferait le tour afin d’en saisir toute la beauté, plusieurs angles de vue sont nécessaires pour approcher le mystère de Dieu. Cette complémentarité d’approche est une chance pour grandir dans la foi ! Mardi (19 h 1521 h 15) : 24 sept. – 1, 8, 15, 22 oct. – 5, 12 nov. (56 EUR). ◆ « Les prophètes », Chantal van der Plancke.

Elie et Elisée, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel : vocations et mission. L’influence de leurs écrits sur le NT et leur actualité. Mercredi (17 h 0019 h 00) : 25 sept. – 2, 9, 16, 23 oct. – 6, 13, 20 nov. (64 EUR). ◆ « Agir en chrétien, en humain » : clés pour

l’engagement, Michel Kesteman. Pour quoi faire ? Et comment le faire bien ? Agir… avec quelle éthique et quelle expérience de l’action. Registres individuels et collectifs. Entre loi et conscience, décision, discernement et réalisations. Mercredi (19 h 15-21 h 15) : 25 sept. – 2, 9, 16, 23 oct. – 6, 13 nov. (56 EUR). LA PAIRELLE RENTRÉE ACADÉMIQUE ◆ Conférence : « Les défis du chrétien dans

notre monde multiculturel », Dom Armand Veilleux, mercredi 18 sept. (17 h 30). COURS ◆ « Dieu et l’athéisme » : André Fossion, s.j.,

Approche de figures de l’athéisme : Dieu incroyable, insupportable, indéchiffrable, inclassable ; des incidences pratiques et de leurs justifications théoriques. Analyse d’œuvres récentes. Pistes pédagogiques. Mardi (17 h 0019 h 00) : 24 sept. – 1, 8, 15, 22 oct. – 5, 12 nov. (56 EUR). ◆ « Matthieu, Marc et Luc : présentation des

évangiles synoptiques », Jean-Louis Van Wymeersch, s.j. Matthieu, Marc, Luc semblent avoir été écrits pour être lus en parallèle, vu leurs nombreux récits communs. Pourtant les tournures de style, les insistances, les façons de présenter le visage du Christ révèlent des

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Centre spirituel ignatien 25, rue Marcel Lecomte 5100 Wépion 081 46 81 45 & 081 46 81 11 centre.spirituel@lapairelle.be www.lapairelle.be

No


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ne

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene ◆ Week-end adolescents « Let’s go », de 12 à

◆ « Ecoute la Parolež! » du 4 (18 h 30) au 11

17 ans, du 27 (18 h 30) au 29 (17 h 00) septembre 2013 avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Sophie Materne, sœur Françoise Schuermans, s.s.m.n.

(10 h 00) novembre 2013 avec le P. Paul Lammerant, s.j., sœur Anne-Marie Jacquet.

◆ « Lire les Actes des Apôtres aujourd’hui » du

27 (18 h 30) au 29 (17 h 00) septembre 2013 avec le P. Guy Vanhoomissen, s.j., professeur de théologie biblique à l’Institut Lumen Vitae. ◆ « Éduquer, c’est faire œuvre de création »

du 4 (18 h 30) au 6 (17 h 00) avec le P. Bernard Peeters, s.j., attaché à la coordination des Collèges et instituts jésuites. ◆ « Ce combat n’est pas le tien », le 5 octobre

de 9 h 30 à 11 h 30 avec le P. Pierre Ferrière, s.j., sœur Marie-Adèle Verheecke, r.s.a.

◆ « École de prière contemplative » les 9 et 30

novembre de 13 h 45 à 16 h 30 avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Cécile Gillet, Chantal Héroufosse. ◆ « Ce combat n’est pas le tien », le 9 no-

vembre de 9 h 30 à 11 h 30 avec le P. Pierre Ferrière, s.j., sœur Marie-Adèle Verheecke, r.s.a. ◆ « Pourquoi restez-vous là à regarder le

ciel ? » (Actes 1), du 12 (18 h 30) au 21 (9 h 00) novembre 2013 avec le P. Pierre Ferrière, s.j., Cécile Gillet, sœur Marie-Adèle Verheecke, r.s.a. ◆ « Dans le tourbillon de la vie », autour des

(18 h 00) octobre avec Lode Keustermans, artiste peintre ; P. Eric Vollen, s.j.

10-20 ans de mariage du 16 (9 h 30) au 17 (17 h 00) novembre avec Bernadette et Baudouin van Derton, P. Eric Vollen, s.j.

◆ « École de prière contemplative » les 12 et

◆ « Le travail : à la recherche de sens ? » du 16

26 octobre de 13 h 45 à 16 h 30 avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Cécile Gillet, Chantal Héroufosse.

(9 h 30) au 17 (17 h 00) novembre avec Eddy Vangansbek, directeur du CFIP (Centre pour la formation et l’intervention psychosociologiques) ; Etienne Vandeputte, s.j., théologien, directeur de La Pairelle et Philippe Lemaître, ancien administrateur de société.

◆ « La Parole et l’aquarelle » du 7 (9 h 30) au 11

◆ « Exercices contemplatifs avec le nom de

Jésus » du 14 (18 h 30) au 23 (9 h 00) octobre 2013 avec Isabel Lemaître-Coelho, Rita Dobbelstein. ◆ « Journée de formation pour les assistants

paroissiaux et animateurs pastoraux » le lundi 14 octobre de 9 h 30 à 16 h 30 avec Brigitte Cantineau, formatrice et animatrice pastorale ; Sr Alice Tholence, r.s.a., animatrice et accompagnatrice à la Pairelle. ◆ « Écouter la Parole à la suite du Christ. Ini-

tiation aux Exercices spirituels de saint Ignace » du 16 au 20 octobre 2013 avec Michel Danckaert, sœur Alice Tholence, r.s.a., P. Etienne Vandeputte, s.j., Bernadette van Derton. ◆ Week-end en famille « Jonas » : du 25 au 27

octobre avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., sœur Françoise Schuermans, s.s.m.n., Bertille Duval. ◆ « Quand il est temps d’aimer vraiment »,

pour les 18 - 30 ans. Du 1er (9 h 30) au 2 (17 h 00) novembre 2013, avec le P. Charles Delhez, s.j.

◆ Week-end en famille « Jonas » : « Il me faut

aujourd’hui demeurer chez toi » du 22 (20 h 00) au 24 (14 h 00) novembre avec Elisabeth et Jacques Fremiot, Geneviève Boyer. ◆ « Je cultive mon jardin intérieur » du 23

(9 h 30) au 24 (17 h 00) novembre 2013 avec Didier Tierens, ingénieur horticole ; animateur à La Pairelle. ◆ « Journée de formation pour les assistants

paroissiaux et animateurs pastoraux » le lundi 25 novembre 2013 de 9 h 30 à 16 h 30 avec Brigitte Cantineau, formatrice et animatrice pastorale ; sœur Alice Tholence, r.s.a., animatrice et accompagnatrice à la Pairelle. ◆ Nous préparer au mariage : « Aimer, c’est

choisir », du 29 (20 h 00) novembre au 1er (17 h 00) décembre avec le P. Charles Delhez, s.j. ◆ « Avec Etty Hillesum (1914–1943), explora-

trice des terres sacrées de l’intime » du 29 no-

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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene vembre au 1er (17 h 00) décembre 2013 avec le P. Pierre Ferrière, s.j., Isabelle Meeus-Michiels. ◆ Journée de La Pairelle « Le concile

Vatican II, de l’inédit pour aujourd’hui… », le samedi 30 novembre de 9 h 30 à 17 h 00 avec Marie-Hélène Lavianne, théologienne et professeur émérite de l’Institut catholique de Lille.

LOUVAIN-LA-NEUVE Chapelle des Bruyères 14, rue René Magritte 1348 Louvain-la-Neuve 0472 435 425 www.chemin-neuf.be

◆ « Mes racines en Dieu » du 6 (18 h 30) au 8

(17 h 00) décembre 2013 avec le P. Pierre Ferrière, s.j., Christine Chomé-Fouarge, bio-ingénieure. ◆ « Où en est ma foi ? » du 7 (9 h 30) au 8

(17 h 00) décembre 2013 avec Bernadette van Derton, P. Stany Simon, s.j. ◆ « École de prière contemplative » le samedi

7 décembre de 13 h 45 à 16 h 30 avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Cécile Gillet, Chantal Héroufosse. ◆ « On ne naît pas chrétien, on le devient »

(Tertullien) du 13 (18 h 30) au 15 (17 h 00) décembre avec Mgr Albert Rouet, archevêque émérite. ◆ « Ce combat n’est pas le tien », le samedi 14

décembre 2013 de 9 h 30 à 11 h 30 avec le P. Pierre Ferrière, s.j., sœur Marie-Adèle Verheecke, r.s.a. ◆ Blocus entre le 20 et le 31 décembre 2013

avec une équipe de La Pairelle. COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF LIÈGE Carmel de Mehagne 27, chemin du Carmel 4053 Embourg 04 365 10 81 carmelmehagne@chemin-neuf.be BRUXELLES Communauté du Chemin Neuf 3, avenue Arthur Dezangré 1950 Kraainem 0472 435 425 info@chemin-neuf.be

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GROUPES DE PRIÈRE ◆ LG + BXL : Tous les mardis à 20 h 30 pour

tous (à partir du 17 septembre 2013). Une heure de prière et de louange, à l’écoute de la Parole et de l’Esprit Saint, afin d’accueillir Dieu dans notre quotidien. ◆ LG : Mardi de désert « Huit personnes de la

Bible qui nous montrent un chemin », mardis 1er octobre, 5 novembre, 3 décembre 2013 de 9 h 30 à 15 h 00. Journée de ressourcement à l’écoute de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint. Prendre le temps de s’arrêter et se laisser rejoindre par Dieu dans le silence. Enseignement, prière silencieuse, eucharistie, repas simplifié, écoute spirituelle. ◆ LG : Week-end jeunes, vendredi 11 octobre

(19 h 00) au di. 13 octobre (15 h 00) 2013. Avec la Communauté du Chemin Neuf. Un weekend pour les 18–30 ans : « Est-il raisonnable de croire aujourd’hui ? » ◆ LG + BXL + LLN : « Soirée Net for God ». Mar-

dis 22 octobre, 26 novembre, 17 décembre 2013 (LG et Bxl à 20 h 30, LLN à 20 h 15). Avec la Communauté du Chemin Neuf. Rencontre, prière et formation à partir d’un film vidéo,

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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene diffusé dans 70 pays. Le thème du film nous aide à reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde, œuvre de paix et d’unité (thème annoncé sur www.chemin-neuf.be). ◆ BXL : « Matinée Net for God », vendredis 18

octobre, 22 novembre, 13 décembre 2013 à 10 h 00. Avec la Communauté du Chemin Neuf. Rencontre, prière et formation à partir d’un film vidéo, diffusé dans 70 pays. Le thème du film nous aide à reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde, œuvre de paix et d’unité (thème annoncé sur www.cheminneuf.be). ◆ LG : Week-end CANA pour couples « Le bon

vin est pour maintenant ! » Samedi 23 novembre au dimanche 24 novembre 2013. Avec la Communauté du Chemin Neuf. Week-end pour les couples avec accueil des enfants de 0 à 12 ans. Alternance d’enseignements, de moments en couple, dans un climat d’écoute, de confiance et de prière. Un week-end pour faire grandir l’amour. NOTRE-DAME DE JUSTICE 9, avenue Pré-au-Bois 1640 Rhode-Saint-Genèse 023582460 info@ndjrhode.be

s.j., du dimanche 20 (19 h 00) au mardi 29 (9 h 00) octobre 2013. ◆ Retraite de 8 jours. Frère Marc, bénédictin

de l’abbaye Saint-Wandrille, « L’Amour Trinitaire dans la vie du chrétien », du dimanche 20 (19 h 00) au mardi 29 (9 h 00) octobre 2013. ◆ Chemin de prière contemplative selon saint

Ignace. Joëlle Desmarets-Mariage, Yvan de Menten, formés à l’école de prière contemplative à La Pairelle et sœur Cécile-Marie Raths, s.c.m., une merveilleuse façon d’entrer dans la prière : contempler comment à travers sa Parole Dieu nous rejoint chacun là où nous sommes, les jeudis 3 octobre, 7 novembre et 5 décembre, de 19 h 15 à 21 h 30. ◆ Repartir du Christ. Bénédicte Ligot, Annalisa

Orsini, Isabelle Prost, Marie-Thérèse PuissantBaeyens, sœurs Cécile-Marie Raths et Odile Lambert, s.c.m., Père Gabriel Gérard omi : une journée par mois de ressourcement : lire, prier, partager la Parole pour en vivre. Possibilité d’accompagnement, les mardis 24 septembre, 15 octobre, 10 décembre de 9 h 00 à 15 h 00. Exceptionnellement, la journée du 10 décembre aura lieu au 65 rue Gaston Bary à La Hulpe (Tél 02 653 59 53). ◆ Marcher et prier en forêt de Soignes. Béa-

trice Petit, Cécile Cazin, Christine Gaisse, Sr Paule Berghmans, s.c.m. « Marcher dans la beauté et le silence de la forêt, méditer, prier, chercher Dieu. », les dimanches 22 septembre et 13 octobre de 9 h 30 à 17 h 30. ◆ Les Saintes Ecritures. Dominique van Wes-

sem « Lecture du Livre de la Genèse (suite) » les mercredis 11 et 25 septembre, 9 et 23 octobre, 6 et 20 novembre, 4 décembre, de 9 h 30 à 12 h 30. ◆ Véronique de Stexhe « Lecture de l’Evangile

selon St Marc (suite) » les jeudis 19 septembre, 17 octobre, 14 novembre, 12 décembre, de 9 h 30 à 11 h 00.

◆ Exercices Spirituels de 8 jours individuelle-

ment accompagnés. P. Jean-Marie Glorieux,

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Le billet d’humeur

RAS-LE-BOL Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître renard, par l’odeur alléché, lui tint à peu près ce langage : « Eh bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli, en fait ! Qu’en fait vous me semblez beau ! Sans mentir en fait, si votre ramage se rapporte en fait à votre plumage, vous êtes en fait le phénix des hôtes de ces bois. »

ROBERT MYLE, S.J.

A ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie ; et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le renard s’en saisit, et dit : « Mon bon monsieur, apprenez en fait qu’en fait tout flatteur vit en fait aux dépens de celui qui l’écoute en fait. Cette leçon, en fait, vaut bien un fromage sans doute. » Le corbeau honteux et confus, jura, mais un peu tard qu’en fait, on ne l’y prendrait plus.

Jean de La Fontaine, arrangé au goût du jour par Robert Myle, s.j., en fait

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Echos • no 3 • juillet – septembre 2013 •


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• P 402014 • Trimestriel • No 3 • juillet – septembre 2013 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •

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