• P 402014 • Trimestriel • No 1 • janvier – mars 2015 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •
Echos
de la Compagnie de Jésus
Province Belge méridionale et du Luxembourg
Echos
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No 1
Sommaire Edito François écrit aux consacrés, Tommy Scholtes, s.j.
p. 1
Belgique méridionale & Luxembourg 90 jours dans la Province, Roland Francart s.j.
p. 2
Nos défunts
p. 5
La Colombière : 20e anniversaire, Jean-Marie Faux, s.j.
p. 8
Henri Tihon, Robert De Coster, s.j.
p. 10
Initiatives & Evénements RivEspérance 2014, Diocèse de Namur
p. 13
Martyrs pour la foi et la justice, Martin Maier, s.j.
p. 15
Vie & Partenariat Les Editions jésuites, Pierre Sauvage, s.j.
p. 16
L’Ecole supérieure de catéchèse de Lumen Vitae, Richard Erpicum, s.j.
p. 18
Aux Editions jésuites, Jean Hanotte
p. 19
La Compagnie en Europe et dans le Monde Le JECSE à Strasbourg, Marie-érèse Michel
p. 22
Le P. Provincial en Inde, Franck Janin, s.j.
p. 24
Rencontre des frères à Rome, ierry Dobbelstein, s.j.
p. 27
Nota bene
p. 28
Le billet d’humeur Jean Burton, s.j.
p. 32
Le dossier Bicentenaire du rétablissement des Jésuites, Kristien Suenens
p. A à D
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JANVIER
–
MARS
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Editorial
François écrit aux consacrés «L
e Père nous a appelés à suivre Jésus dans la pleine adhésion à son Evangile et dans le service de l’Eglise, et il répandu en nos cœurs l’Esprit Saint qui nous donne la joie et nous fait rendre témoignage au monde entier de son amour et de sa miséricorde. » Voilà notre vie de « consacrés ». Déjà tout un programme à méditer et à vivre ! Le pape invite à regarder le passé avec reconnaissance et « à vivre le présent avec passion »… et nous questionne : « Jésus est-il vraiment notre premier et unique amour, comme nous nous le sommes proposé quand nous avons professé nos vœux ? » Et de nous inviter « à être des hommes de communion, en vivant avec courage là où il y a des disparités, et des signes crédibles de la présence de l’Esprit ». L’avenir est à « embrasser avec espérance ». Le pape redit avec force : « Ne crains pas… car je suis avec toi » (Jr 1, 8), et « notre espérance ne se fonde pas sur des chiffres, mais sur Celui en qui nous avons mis notre confiance » (2 Tm 1, 12) ! François conclut par quelques attentes. Nous les recevons comme des défis : - Que soit toujours vrai ce que j’ai dit un jour : « Là où il y a des religieux, il y a de la joie. » - J’attends que vous « réveilliez le monde, parce que la note qui caractérise la vie consacrée est la prophétie ». - J’attends encore de vous ce que je demande à tous les membres de l’Eglise : sortir de soi-même pour aller aux périphéries existentielles. Enfin, le pape s’adresse aux laïcs qui partagent avec les personnes consacrées leurs idéaux, leur esprit et leur mission, en les invitant à célébrer « en famille », pour « croître et répondre ensemble aux appels de l’Esprit dans la société contemporaine ». Tout est dit, et tout est à faire ! Tommy Scholtes, s.j.
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Belgique méridionale & Luxembourg
90 jours dans la Province D
u 22 décembre 2014 au 9 janvier 2015, le P. Provincial a visité les Provinces de Calcutta, d’Andhra Pradesh et la Région du Bangladesh. La maison Saint-Pierre Favre de Bruxelles (rue du Grand Hospice) fonctionne pour le moment de manière plus réduite, suite à plusieurs départs : celui du P. Benoît Malvaux à Rome pour y être Procureur général de la Compagnie ; du P. Kénel Sénatus, jésuite haïtien qui, ayant réussi à Bruxelles une maîtrise complémentaire en droit international (droits de l’homme), est parti à Séville pour un doctorat ; du F. Michaël Schöpf qui, après dix ans au JRS Europe (Service jésuite des réfugiés), dont il fut un directeur très apprécié, a rejoint sa Province à Munich où il collabore au centre de recherches sociales de la Compagnie. Par ailleurs, la communauté a accueilli durant trois mois Jean-Baptiste Roy, novice français qui était en « expériment » à ATD QuartMonde et au JRS Belgium. A Bruxelles, la communauté Saint-Claude la Colombière a accueilli deux nouveaux membres : le P. Jacques Misson, venant de SaintMichel et le P. Etienne Laroche, P. Jacques Misson
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venant de Saint-Ignace. Le P. Paul Detienne a été invité à Dakha au Bangladesh, par l’académie de langue bengalie. Le 3 janvier, la communauté Saint-Ignace, à Ixelles, a reçu les communautés jésuites de Bruxelles et de Louvain-la-Neuve à l’occasion de l’échange des vœux de 2015. Du 26 au 30 décembre, le Fr. Roland Francart a participé, avec le P. Pierre Ferrière de la Pairelle et le P. Etienne de Ghellinck en temps sabbatique à Saint-Denis-La Plaine, à l’Assemblée de la Province de France au Châtelard (Francheville, Lyon), consacrée à l’amitié avec les pauvres. La coordination de cette assemblée de 110 jésuites et quelques laïcs était assurée par le F. Jérome Gué, de Toulouse, délégué du Provincial à l’apostolat social. Le 15 février, la communauté à reçu un nouveau membre, le P. Philippe Grégoire, venant de Ciply, communauté de Haine-Saint-Paul. A la communauté du Sacré-Cœur à Charleroi, avec l’aide efficace du Conseil Local de Pastorale, la veillée de Noël a pris cette année la forme d’une crèche vivante, avec présentation d’un conte : « Les Sabots de Noël ». Une quinzaine d’enfants et la lectrice du conte ont aidé à entrer dans la célébration de Noël, non comme spectacle, mais comme intériorisation de la joie de cette fête. Le soir de Noël, la communauté a accueilli les compagnons de Namur, Saint-Jean Berchmans, pour un moment de détente et de partage, autour d’un bon buffet, puis d’un feu de bois ! Enfin, le jour de l’An
Belgique méridionale & Luxembourg Neuf, la communauté fut invitée à HaineSaint-Paul, le midi, pour un apéro et une visite des lieux, avant un repas au restaurant « la Cantine des Italiens ». Suite à son 17e ouvrage, cette fois sur les personnes homosexuelles, le P. José Davin a assumé diverses animations. Ainsi à Bruxelles lors d’une journée sur » Religions et homosexualité », et prochainement à Liège sur son livre. Dans le cadre du synode romain sur la famille, il a donné plusieurs conférences sur la variété des couples actuels. La communauté Notre-Dame della Strada à Haine-Saint-Paul a fêté le 29 septembre 2014 les 50 ans d’ordination sacerdotale du P. Philippe Grégoire et les 75 ans du P. François iry. Le 11 décembre, elle accueillait le P. José Davin pour une conférence à l’Unité pastorale des Prieurés sur le thème : « La diversité des familles, un défi pour l’Eglise ». A Liège, la communauté SaintServais accueille comme nouveau membre le P. Yves Duquenne, qui a passé pratiquement 50 ans dans la Province d’Afrique Centrale. Le 31 octobre 2014, en la fête de Saint-Al- P. Yves Duquenne phonse Rodrigues, quatre frères de Bruxelles (membres de quatre communautés différentes !) — René Hansen, Roland Francart, Gonzague Jolly et Joseph de Pierpont — ont pris le train pour rejoindre leurs trois confrères de la Cité Ardente — Pierre Lambotte, François-Xavier Evrard et François Delperdange. Après une rapide visite des lieux, eucharistie dans la chapelle publique de la maison Saint-Servais ; puis apéritif et repas, avant un long moment de partage et de
Sept frères à Liège
convivialité. Ce fut l’occasion de rappeler certains souvenirs : l’importance de l’école apostolique dans la vie des plus âgés, le récit de certains frères qui ont fait la richesse de la vie communautaire en bien des lieux… Mais nous avons aussi réagi sur les perspectives d’union avec la Province de France. Enfin FrançoisXavier Evrard a présenté quelques échos - et quelques images - de la rencontre européenne des frères, à Rome en septembre dernier. L’après-midi s’est terminée à la maison de repos Saint-Joseph en Coronmeuse par une joyeuse visite chez le Fr. François Delperdange. De fin septembre jusque fin janvier, un novice de Lyon, Paul Catherinot, est venu vivre son « expériment long » dans le cadre de l’ASJ (Aide sociale aux justiciables) à la prison de Lantin et au Centre de Prévention Sociale de Paifve. Cette présence rajeunissante n’était pas la seule expérience de rapprochement avec la France : les 17-19 janvier, trois jésuites de Lyon — Dominique L’Ebraly, Pascal Gauderon et Gabriel Pigache — sont venus découvrir les apostolats jésuites en terres liégeoises. Ils ont visité le collège Saint-Benoît Saint-Servais, l’Institut Gramme et ont traversé l’Unité pastorale Saint-Martin. En soirée, ils ont participé à la réunion de communauté, précisément consacrée au rapprochement de la BML et de la Province de France. La communauté Saint-Pierre à Louvain-
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Belgique méridionale & Luxembourg la-Neuve a accueilli de la mi-novembre au 20 décembre 2014, le P. Geraldo de Mori, brésilien et professeur de théologie à notre faculté de théologie de Belo Horizonte. Il a donné un cours en rapport avec la théologie de la libération. Ce fut pour la communauté de l’entendre nous présenter, successivement, son beau pays avec ses problèmes et ses espérances, l’Eglise brésilienne et, enfin, la Compagnie A Namur, à la communauté Notre-Dame de La Paix, le P. Jean-Marie Van Parys (Province d’Afrique Centrale) prend un temps de repos. Le P. Pierre Devos, a été nommé directeur de l’UTAN, P. PIerre Devos l’Université des aînés. Depuis la fin du mois de septembre 2014 et jusqu’à la fin janvier 2015, la communauté du Christ Roi à Luxembourg accueille le novice français Florian Cazenave pour son expériment long auprès des réfugiés au foyer Don Bosco à Luxembourg. Les 17 et 18 janvier 2015, la communauté a reçu la visite de la communauté de la rue d’Assas, à Paris. Jésuites belges en France : le P. Dominique Lagneau est accompagnateur spirituel à la maison Charles-de-Foucauld (propédeutique), vicaire de la paroisse Sainte-Anne en Pays de Janzé, prêtre référent pour l’établissement scolaire Saint-Vincent à Rennes, aumônier scout (Lonescouts en Belgique) et il donne les Exercices spirituels. Le P. Jean-Pierre Millard a quitté Paray-le-Monial pour exercer divers ministères à Foncouverte, en dépendance de la communauté de Montpellier. Le
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P. Paul Lammerant, qui était aussi à Paray-leMonial, est revenu dans la communauté du Sacré-Cœur à Charleroi.
Nos défunts depuis octobre 2014 Le 4 décembre 2014, à la communauté Saint-Claude la Colombière, est décédé le P. Joseph Boute, né à Uccle, en 1928. Pendant la guerre, il a fait de nombreuses fois le chemin entre l’avenue de Saturne près P. Joseph Boute de l’Observatoire et le collège Saint-Jean Berchmans au cœur de Bruxelles. Il appartenait aux dernières générations d’élèves francophones de ce collège. En 1946, il est entré au noviciat des jésuites à Arlon puis a suivi la formation philosophique de la Compagnie. En 1952, il a commencé les sciences sociales et coloniales à Louvain, puis vécu l’année suivante sa première expérience africaine à Kikwit. En 1954, il reprend ses études universitaires à Louvain. En 1956, il commence la théologie à Eegenhoven et il est ordonné prêtre en 1959. De 1960 à 2011, pendant 51 ans, il a vécu hors de Belgique ; quel ques années aux Etats-Unis, puis très longtemps dans plusieurs pays d’Afrique. En 1966, il arrive à Kinshasa, à la maison Saint-Ignace. Il rejoint l’équipe du CEPAS (le Centre d’études pour l’action sociale). Il enseigne la démographie à Lovanium, puis à l’Unikin. On apprécie son enseignement. Il devient responsable du département de démographie. Dès 1966, il dirige aussi la bibliothèque du CEPAS. En 1985,
Belgique méridionale & Luxembourg il est nommé PDG de l’Institut national de la statistique. En 1990, il quitte Kinshasa pour Yaoundé, au Cameroun. On lui demande d’enseigner les sciences sociales, mais surtout de mettre en place la bibliothèque de la jeune université catholique d’Afrique centrale. 20 ans plus tard, il repart pour Bangui en Centrafrique pour diriger la bibliothèque du Centre catholique universitaire. En 2012, il revient en Belgique. Beaucoup ont été frappés par sa volonté de s’insérer comme prêtre dans les pays où il avait été envoyé. La messe en lingala à Saint-Antoine de Kinshasa était un moment fort de sa semaine Ce fut la même chose à Yaoundé en langue ewondo. Sa vie durant, il a toujours pu compter sur la miséricorde du Seigneur pour répondre en fidèle serviteur à sa belle vocation de Compagnon de Jésus. Le 5 décembre 2014, à la communauté Saint-Claude la Colombière, est décédé le P. Jacques Paulus, né à Schaerbeek le 3 mars 1932. Il avait une sœur aînée. Après ses études secondaires en latinmaths à l’Athénée de Schaerbeek. Il fait P. Jacques Paulus une candidature en biologie, d’abord à l’ULB, puis aux Facultés Notre-Dame de la Paix de Namur. Le 26 septembre 1951, il entre au noviciat à Arlon. Il passe ensuite au juvénat à Wépion pendant lequel il fait la 2e candidature en zoologie à Namur. De 1954 à 1957, il étudie la philosophie à Eegenhoven (Louvain). En 1957, il part au Congo où il continue à Kimwenza-Lovanium ses études en zoologie. De retour en Belgique, il étudie la théologie. Il est ordonné prêtre le 6 août 1965 à Bruxelles. Dès 1966, il retourne à Kimwenza et devient pro-
LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX ◆ Le P. Jean Hontoy, s.j. de la communauté Saint-
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Claude La Colombière, né le 29 juillet 1925 à Anvers, est décédé le 15 octobre 2014 à Woluwe-SaintPierre. Il est entré dans la Compagnie le 20 septembre 1952 et a été ordonné prêtre le 6 août 1959. Le P. Joseph Boute, s.j. de la communauté SaintIgnace à Ixelles, né le 4 mars 1928 à Uccle, est décédé le 4 décembre 2014 à Woluwe-Saint-Pierre. Il est entré dans la Compagnie le 14 septembre 1946 et il a été ordonné le 6 août 1959. Le P. Jacques Paulus, s.j. de la résidence Sainte-Marie à Kimwenza (RDC), né le 6 mars 1932 à Schaerbeek, est décédé le 5 décembre 2014 à Woluwe-SaintPierre. Il est entré dans la Compagnie le 26 septembre 1951 et il a été ordonné prêtre le 6 août 1965. Le P. Marcel Bogaert, s.j. de la communauté SaintClaude La Colombière, né le 24 avril 1930 à Merksem Laeken, est décédé le 3 janvier 2015 à Woluwe-SaintPierre. Il est entré dans la Compagnie le 24 octobre 1949 et il a été ordonné prêtre le 6 août 1962. Le P. Émile Gales, s.j. de la communauté du ChristRoi, Luxembourg, né le 16 octobre 1914 à Bech-Kleinmacher (Luxembourg), est décédé le 14 janvier 2015 à la Seniorie Saint-Jean de la Croix, à Luxembourg. Il est entré dans la Compagnie le 23 septembre 1936 et il a été ordonné prêtre le 24 août 1945. Mme Julinana Rouwez, décédée le 1er octobre 2014, sœur du P. Jacques Rouwez. M. Pierre Mignon, le 2 octobre 2014, frère du P. Christian Mignon (Province de Calcutta). Mme Suzette de Beer de Laer, décédée le 7 octobre2014, sœur du P. André de Jaer. Mme Faux-Piret, décédée le 14 octobre2014, sœur du P. Jean-Marie Faux et maman du P. Pierre Piret. Mme Marie-Christine Duquenne, décédée le 8 novembre 2014, sœur du P. Yves Duquenne (Province d’Afrique Centrale). Mme Maria del Angels Roig Olivella, décédée le 20 novembre 2014, belle-sœur du P. Jorge Puig Ruiz. M. Pierre Gennar, décédé le 29 novembre 2014, beau-frère du P. Philippe Balon Perin. M. Frédéric Hermans, décédé le 15 décembre 2014, frère des P. Corneille et Michel Hermans. M. Pierre Delooz, décédé le 19 décembre 2014, frère du P. Jacques Delooz.
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Belgique méridionale & Luxembourg fesseur de zoologie à Lovanium, devenu en 1971, Université nationale du Zaïre (UNAZA). Après un an d’interruption pour le troisième an (1972– 1973), il joint à son enseignement la direction du « Centre interdisciplinaire pour le développement et l’éducation permanente », charge qu’il remplira jusqu’en 1979. En 1980, il fait construire au campus universitaire de l’UNIKIN (Université de Kinshasa) un home, le « Village universitaire Kinduku ». Ce village rassemble des professeurs, des membres du personnel administratif et des étudiants de l’Université. Il y vécut jusqu’en 1992. En 1988, Il enseigne la biologie de l’environnement à l’UNIKIN. De 1992 à 2014, il continuera d’enseigner la biologie, l’écologie et développement à l’UNIKIN ainsi qu’aux facultés catholiques de Kinshasa et à l’Institut supérieur agrovétérinaire (ISAV). À partir de 1996, il vit à la résidence Sainte-Marie de Kimwenza. En 2000, il devient Directeur de l’ONG J.E.E.P. (Jardins et élevages de parcelles). En 2002 il est chef du département de l’Environnement à l’UNIKIN et titulaire de la chaire de l’UNESCO, professeur d’écodéveloppement et directeur du laboratoire à l’lSAV. Il gardera toutes ces activités jusqu’à son retour forcé en Belgique, pour raison de santé, le 16 octobre 2014. Il est accueilli à la communauté Saint-Claude la Colombière où il s’est éteint à l’âge de 82 ans, après soixante-trois ans de vie religieuse et près de cinquante ans de sacerdoce dans la Compagnie, dont cinquante-quatre ans de vie missionnaire et quarante-huit ans d’enseignement supérieur à Kimwenza. Il a légué son corps à la faculté de médecine de l’Université de Namur. Le 26 décembre 2014, à la communauté de la maison Loyola à Tokyo, s’est éteint Mgr Giuseppe Pittau. Né à Villacidro (Sardaigne, Italie) le 20 octobre 1928, il est entré dans la Compagnie le 18 avril 1945 à Cuneo. Il se consacra à l’enseignement à la Faculté de droit de l’Université Sophia. Il émit ses vœux solennels le 15 août
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1964. Il devint recteur de la même université (1975) et Provincial du Japon (1980). En 1981, le pape Jean-Paul II l’appela à Rome comme coadjuteur du P. Paolo Dezza, qu’il avait désigné Délégué pontifical Mgr Giuseppe Pittau pour la Compagnie de Jésus au moment de la maladie du P. Pedro Arrupe. Il commença ainsi sa période « romaine » qui devait se poursuivre jusqu’en 2003 et au cours de laquelle il assuma diverses responsabilités en lien avec la mission du gouvernement. Au cours de la 33e Congrégation Générale, le P. Peter-Hans Kolvenbach le nomma Conseiller général (27 septembre 1983). Il assuma aussi la mission d’Assistant régional de l’Asie orientale (1983-1987) et d’Italie (1983– 1991), et de Délégué pour les maisons interprovinciales de Rome (1988-1992). Le Saint-Père le nomma recteur de l’Université pontificale grégorienne (1992–1998), poste qu’il combina avec le service de Conseiller général et de Délégué pour la Civiltà Cattolica (1995–1998), nommé par le Père Général. A la fin de son service comme secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, le 25 novembre 2003, il retourna dans sa province du Japon, où il continua à exercer divers ministères pastoraux et à assurer des enseignements. Le 3 janvier 2015, le P. Marcel Bogaertdécède paisiblement au soir de la fête du Saint-Nom de Jésus, fête titulaire de la Compagnie. à la Communauté Saint-Claude la Colombière. Il est né à Laeken, le 24 avril 1930, cadet de 5 enfants. Après ses humanités au collège Saint-Jean Berchmans et un an de philosophie à Saint-Louis, il entre au noviciat d’Arlon, le 24 octobre 1949. Il
Belgique méridionale & Luxembourg suit le cursus habituel de la formation : noviciat, juvénat et service militaire, philosophie. Pour la régence, il est envoyé à Léopoldville, au collège Albert Ier. Il fait la théologie à Eegenhoven, de 1959 à 1963 et est ordonné P. Marcel Bogaert prêtre le 6 août 1962. Après le 3e an à Wépion, sa vie sera partagée entre le service interne de la Compagnie et de la vie religieuse et le ministère spirituel. De 1965 à 1970, il est secrétaire du Père Provincial, de 1974 à 1980, adjoint au secrétaire de la Compagnie à Rome et, plus tard, de 1996 à 2003, il sera secrétaire général de l’Association des supérieurs majeurs de Belgique. Dans les intervalles, il donne les Exercices en divers endroits et, surtout, de 1987 à 1996, il est attaché à l’École de la foi à Fribourg (Suisse). À travers tous ces services, il a pu aider beaucoup de religieux et de religieuses. Il rejoint la Communauté Saint-Claude la Colombière en 2008 : dans la longue épreuve d’une diminution progressive de ses facultés, il y a donné jusqu’au bout le témoignage d’une profonde vie spirituelle. Le 14 janvier 2015, à la séniorie Saint-Jean de la Croix, à Luxembourg, le P. Emile Gales est entré dans la maison du Père. A cent ans bien sonnés, il a fourni une longue carrière au service du Seigneur, à qui il s’était donné totalement dès sa jeunesse. Enfant de la Moselle, c’est à peine s’il connut les affres de la Première Guerre mondiale. Aîné de cinq, il passa son enfance à Bech, au bord de l’eau. Puis il partit pour le collège de Virton, où il apprit non seulement le français, mais aussi la musique. À 19 ans, il entre au séminaire de Luxembourg, mais deux ans plus tard, en 1936, c’est dans la Com-
pagnie de Jésus qu’il servira désormais le Seigneur. En janvier 1947, sa formation de jésuite terminée, il quitte son pays, sa famille et tous ses amis pour l’Inde. Il y passera quarante et un ans. Il parle désormais un an- P. Emile Gales glais oxfordien, apprend le bengali et s’inculture progressivement. Le poète Tagore l’enchantera toute sa vie. Ses supérieurs ont remarqué son don de chef. Il est donc tout d’abord recteur du collège de Darjeeling, au pied de l’Himalaya, puis, alors qu’il ne connaissait pas cette maison, la plus grande de toute la Compagnie, le voilà recteur du collège philosophique et théologique De Nobili à Pune, près de Bombay. C’est là qu’il rencontre le jeune Anthony De Mello, qui deviendra un maître spirituel de renommée internationale. Emile faisait confiance à ces jeunes jésuites, et ils le lui rendirent bien. De retour dans la Province de Calcutta, il dirige tout d’abord le collège de Burdwan, dans le delta du Gange, mais deux ans plus tard, il crée le collège de Haldia, aux portes de Calcutta, et le dirige pendant près de dix-huit ans. Jusqu’au jour, où, âgé de 73 ans, il rentre au pays. Il a encore vingt-sept ans à vivre, toujours au service du Seigneur, dans l’Apostolat de la prière, par exemple. Beaucoup d’entre nous l’ont alors bien connu. Son accueil et son humour, son amabilité, son amitié surtout et sa discrétion faisaient le bonheur de tous. Nous rendons grâce au Seigneur d’avoir donné à l’Église du Luxembourg et de l’Inde un tel homme, et si longtemps. ? Roland Francart s.j. avec l’aide des supérieurs de communauté
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Belgique méridionale & Luxembourg
La Colombière : 20e anniversaire C
’est en 1994 que la Communauté SaintClaude la Colombière fut fondée « pour accueillir des jésuites âgés et moins valides et les aider à vivre jusqu’au bout, dans la sérénité leur vocation de contemplatifs dans l’action ». Le 5 novembre de cette année, se retrouvèrent pour la première fois, sous la houlette du P. Jean Bouvy, premier supérieur, les quelques premiers membres de la communauté, tous aujourd’hui décédés. La communauté a fêté dignement cet anniversaire. Tout d’abord dans l’intimité, le jour anniversaire même, 5 novembre, fête de tous les saints de la Compagnie de Jésus. Le Père Provincial a célébré l’eucharistie d’action de grâces et rappelé le sens et la vocation de la communauté. L’apéritif et le gâteau qui terminait le repas de fête ont été dégustés en compagnie de toutes les personnes qui, quotidiennement, assurent le bon fonctionnement de la communauté et grâce auxquels, selon un mot du Père Provincial dans le mémorial de sa dernière visite, « nous bénéficions d’une formidable qualité de vie ». Mais le grand jour, ce fut le samedi suivant, le 8 novembre où la maison a ouvert toutes ses portes pour accueillir parents et amis. On aurait pu rappeler l’histoire de la maison, de sa
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création disputée, rappeler la mémoire des nombreux confrères qui y ont terminé leur vie terrestre. Ils étaient présents à notre prière certes et nous les avons évoqués dans l’eucharistie. Mais nous avons voulu mettre l’accent sur le présent, sur la vie, nous avons surtout voulu montrer que la communauté SaintClaude la Colombière était une maison ouverte, accueillante, au cœur d’un réseau d’amitié. Comme le disait le très beau folder d’invitation, notre communauté « souhaite célébrer ses vingt ans avec nos familles et nos amis que nous portons toujours dans nos cœurs et nos prières ». Cette communion s’est exprimée dans la très belle eucharistie, premier grand moment de la journée. La foule (autour de 180 personnes) débordait de la chapelle aux portes
Belgique méridionale & Luxembourg grand ouvertes jusqu’à l’infirmerie à l’autre extrémité du bâtiment. (Il y avait même, comme l’un d’entre nous ne put s’empêcher de le dire tout haut, le bourgmestre de WoluweSaint-Pierre). La messe, présidée par le Père Provincial, concélébrée par les supérieurs des trois communautés du site Saint-Michel, était celle de la Vierge Marie le samedi. On avait choisi comme évangile le récit de la Visitation, démarche de Marie, accueil d’Elisabeth, rencontre d’où jaillit le Magnificat. Dans son homélie, le Père supérieur, Robert Huet en fit ressortir tout le sens pour éclairer cette journée de multiples rencontres. « En vous invitant, chers parents, chers amis de la communauté, nous voulons vous dire que nous avons besoin de vous pour être fidèles à notre vocation et qu’à notre tour nous voulons vous aider à garder le cap de ce que l’Esprit Saint fait grandir en vous. » Ce fut ensuite la rencontre, au rez-dechaussée, pour le verre de l’amitié. Le temps de se mélanger, de se découvrir joyeusement, d’admirer par exemple dans leurs plus beaux atours ceux et celles que nous côtoyons d’ordinaire en costume de travail, de reconnaître tous les liens qui se tissent autour de la communauté : familles, amis et amies de longue date, relations diverses qui se sont nouées depuis vingt ans autour de la communauté, avec notamment une bonne présence de membres d’équipes CVX dont nous sommes « parrains priants ». S’il y avait un regret à émettre sur la journée, ce serait que la relative exiguïté des locaux, pour une telle foule, n’a pas permis autant de mélange et de rencontres qu’on aurait sûrement souhaité. En montant ensuite au premier étage, en découvrant l’enfilade des tables, de la salle à manger à un bout à la salle de communauté à l’autre, tout au long du couloir, la réaction ne
pouvait être qu’un « oh ! » admiratif : tables parfaitement dressées, magnifiquement garnies de fleurs, savamment conçues pour permettre le regroupement des familles et amis, sans oublier personne et surtout bientôt chargées d’un repas simple mais savoureux : potage, sandwiches, tartelettes, le tout dûment arrosé. C’est le moment de remercier ici chaleureusement tous celles et ceux qui ont préparé et rendu possible l’événement : membres de la communauté et collaborateurs habituels mais aussi la belle équipe de bénévoles qui a assuré la préparation immédiate, préparé les quatre cents sandwiches, créé la décoration florale… Tout cela sous l’impulsion du grand organisateur de la manœuvre, notre ministre, le P. Marc Declercq qui y a déployé tout son talent et son dévouement. Après ce repas agréable, paisible et fraternel, la journée s’est terminée par les deux récitals entre lesquels malheureusement il fallait choisir : celui de Mme Betty Bruylants, au clavecin, celui du P. Bernard Pottier au violon. Les échos de part et d’autre n’étaient que vif éloge. Maintenant reposez-vous, nous a dit le Père supérieur, le lendemain. La vie ordinaire reprend, continue. Mais la mémoire de tant d’amitié partagée l’éclaire, lui donne du sens. Nous espérons surtout, non, nous sommes sûrs qu’au terme de cette journée, tous celles et ceux qui y ont participé garderont de la communauté Saint-Claude la Colombière l’image d’une maison accueillante et ouverte sur le monde. ? Jean-Marie Faux, s.j.
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Belgique méridionale & Luxembourg
Henri Tihon (14 mars 1920–8 novembre 2013) « Une vie réussie, c’est un rêve d’adolescent réalisé dans l’âge mûr »
Une vie toute de foi et de droiture, une vie de grand honnête homme
H
enri, né à Bruxelles, dans une famille profondément chrétienne, entreprit le cycle des humanités gréco-latines, en 1930, au collège Saint-Michel. Excellent élève, toujours en tête de la classe, il était particulièrement doué en mathématiques, dont il garda toujours le souci de minutieuse précision. Congréganiste de la Sainte Vierge, il s’affilia aussi à la JEC (Jeunesse étudiante catholique), section de l’ACJB (Association catholique de la jeunesse belge). C’était la grande époque de l’Action catholique. Ces groupements de jeunes voulaient faire connaître et aimer Jésus Christ, cherchant à favoriser, à la fois, prière et souci apostolique, avec aussi un début de souci social, dû à l’encyclique, alors toute récente, Quadragesimo anno de Pie XI. Cette JEC a enthousiasmé bien des jeunes et en amena plus d’un à vouloir se consacrer à Dieu. A l’exposition universelle de 1935, fut organisé un congrès de près de 2500 « jécistes », où, dans un montage théâtral, au « Pavillon de la vie catholique », les quatre solistes se trouvèrent être quatre rhétoriciens du collège SaintMichel, dont Henri qui avait 16 ans, décidés
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à demander leur admission dans la Compagnie. Ces quatre amis entrèrent au noviciat d’Arlon, le 23 septembre 1936 avec quatre autres rhétoriciens du collège ! C’est là que naquit, lors des « grandes promenades », cette passion de la marche, qu’il garda jusqu’à sa dernière chute, à 93 ans, sur la route, devant La Diglette. Après le noviciat, les premiers, ce fut une année de philosophie et lettres, au Juvénat de La Pairelle. Mais Henri, sans avoir une mauvaise santé, était fragile. Toute sa vie, il se sentit fatigué. Alors que ses conovices partaient au service militaire, Henri fut réformé et resta, pour ses deux premières années de philoso-
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phie, à La Pairelle, où le P. Clément Plaquet s’ingéniait à assurer la santé des « jeunes pères » plus faibles. Henri acheva, souvent en chaise longue, sa troisième année de philosophie, à Godinne. De 1945 à 1947, « régent », il est professeur de quatrième latine, au collège de Mons. Le 24 août 1949, il est ordonné prêtre par le Cardinal Van Roey, dans la chapelle d’Eegenhoven avec quinze compagnons jésuites. Pendant son « troisième an », il est « Socius » du Maitre des novices. Il devient, en 1952, secrétaire du P. Clément Plaquet, Provincial, puis en 1954, socius du nouveau Provincial, le P. Louis Renard. Il le reste jusqu’en 1959. Ce fut plus qu’une collaboration de cinq ans : ce fut une vraie amitié. Le P. Renard, d’une intelligence et d’une humanité exceptionelles, se montrait parfois hésitant et trouvait dans son « compagnon », un autre esprit clair, capable de le soutenir dans les décisions à prendre. Libéré de l’administration, il redevient professeur de troisième latine, pour deux ans, au collège du Sacré-Cœur, à Charleroi. En 1962, il est nommé ministre du collège Saint-Stanislas, à Mons. Il y est vice-recteur, en 1964, puis, recteur en même temps que directeur.
Il y entreprend de refaire les bâtiments de la communauté. En 1971, il redevient professeur (3e latinsciences), au collège SaintPaul, à Godinne, pour deux ans encore, qu’il dira avoir été parmi les plus belles de son apostolat. Il part ensuite au collège Saint-Servais de Liège, comme titulaire de troisième et préfet des études, devient directeur, de 1974 jusqu’au mois de juin 1983, lorsqu’un cancer de l’estomac le force à précipiter sa retraite. Parfaitement rétabli, il est nommé supérieur de la petite communauté Pierre-Favre, rue de Bruxelles, à Namur, jusqu’en 1994, où, archiviste-adjoint de la Province, il collabore au CDRR (Centre de documentation et de recherche religieuses) de l’Université de Namur, en se spécialisant dans la classification des images pieuses (il en recensera plus de 20 000 !), travail qu’il continuera, à NotreDame de la Paix, jusqu’à son décès. Avec un intermède de quatre ans, à Godinne, où il collabora à établir le catalogue des œuvres de notre céramiste le P. Pierre Defoux. Son hobby, la marche. Marcher des heures, dans la nature. Pendant ses dernières années, il passait volontiers des séjours dans le calme des grands bois de La Diglette, qu’il avait déjà connue, lors de ses vacances d’élève. Il y fit une première chute, le 19 octobre 2002. Se promenant, dans la nuit, sur une route sans accotement, près de la maison, il fut renversé par une voiture. Sans grand mal. Il fait une seconde chute, plus grave déjà, lors de son séjour à Godinne, ce qui exigea un repos d’un mois à La Colombière. Le jeudi 27 juin 2013, déjà plus faible, en séjour à La Diglette, il voulut,
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Belgique méridionale & Luxembourg dans la matinée, se promener. Il glissa et tomba sur la route devant la maison, sans pouvoir se relever. Heureusement, une auto s’arrêta. Une ambulance put l’emmener, le visage ensanglanté, les vertèbres du cou froissées. Après plus d’un mois de clinique à Libramont, puis à Namur, où il demanda le sacrement des malades, Il put enfin rejoindre La Colombière. Il s’affaiblit progressivement, tout en restant très lucide, répétant parfois cette phrase qui lui était familière, en s’adressant à son Dieu : « Si tu le veux, quand tu le veux, comme tu le veux. » Il s’éteignit doucement, le vendredi 8 novembre, vers 10 h 00 du matin. C’était d’abord un homme de foi, de prière et d’obéissance. Consacrée à l’éducation. Il bourlingua dans toute la Province, changeant dix-huit fois de maison, jusqu’à « parcourir bien des régions » pour le règne de Dieu. Il fut même chargé par le Provincial Renard d’une mission, dans la République Démocratique du Congo. Il ne se plaignait jamais, même lors de l’état de faiblesse de ses dernières semaines. Esprit très précis, il était homme de peu de paroles. Ses coups de téléphone étaient très brefs. Son tempérament de mathématicien lui permettait d’émettre des opinions claires. Il avait soin de se documenter avant d’affirmer. S’il évoquait un point d’histoire ou répétait un avis, chacun pouvait être assuré qu’il l’avait bien vérifié. Il ne « trichait » jamais. Son souci de précision s’accompagnait d’une grande honnêteté qui l’empêchait, devant un argument valable, de s’entêter. Sous une apparence réservée, voire un peu froide, c’était aussi un homme de cœur et d’amitié. Très fidèle à sa
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famille et à ses compagnons de collège et de noviciat, il aimait échanger avec eux ce qu’il appelait ses « souvenirs d’anciens combattants ». Alors, il pouvait rire et être intarissable. Interrogé sur sa vie, Henri aurait répondu : « J’ai fait simplement ce qui m’a été demandé « et il aurait répété, après son Maître Jésus : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». Henri a vraiment réalisé son rêve d’adolescent et réussi sa vie de jésuite. ? Robert De Coster, s.j.
Initiatives & Evénements
RivEspérance 2014 a tenu toutes ses promesses !
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ous les avez peut-être croisés, le weekend dernier dans les rues de Namur, un sac orange à la main. Pour sa deuxième édition, RivEspérance a rassemblé plus de 2 000 participants, venus des quatre coins de Belgique. Des chrétiens, des non-chrétiens, jeunes ou moins jeunes, qui avaient fait le chemin afin d’explorer les lieux de dialogue qui étaient proposés. A travers des conférences, des ateliers, des temps de convivialité ou de recueillement, chacun s’est vu proposer des clefs pour mieux comprendre le monde actuel, et préparer celui de demain. En 2012, les participants avaient profité de la première édition de RivEspérance pour venir y chercher un peu de ce souffle et de cet optimisme tellement nécessaires. Fidèles à leurs intuitions fondamentales, les organisateurs ont donc fait le pari de ce deuxième acte, dont la couleur était annoncée : « Dépasser nos peurs. Oser le dialogue ». De dialogue, Jésus lui-même en a fait preuve. « Il était maître en la matière ». Daniel Marguerat, exégète et bibliste de renommée internationale, en a parlé lors de la grande conférence d’ouverture du vendredi soir. Le samedi et le dimanche, d’autres intervenants ont pris la parole sur d’autres thèmes. Dominique Lambert a parlé de foi et de science, Gabriel Ringlet et Jean-Paul Dessy ont dialogué sur le thème de l’art et de la foi, Charles Picqué et Mgr Jean Kockerols ont évoqué le brassage des cultures et des religions à Bruxelles, tandis que Mahinur Ozdemir, Julien Klener et Mgr Jean-Pierre Delville parlaient du dialogue interreligieux.
Politique et foi, un lieu de dialogue jamais épuisé Sur le thème » Y a-t-il une politique sans foi ? », Jean-Michel Javaux (ECOLO), Steven Vanackerer (CD&V) et Marie-Christine Marghem (MR) ont prouvé que les politiciens pouvaient afficher leurs convictions. Avec des nuances toutefois. Steven Vanackere : « Certains de mes collègues hésitent à parler de leur foi, de peur qu’on ne pense qu’ils vont agir exclusivement dans l’intérêt des chrétiens. » Marie-Christine Marghem : « Je préfère être peu bavarde à propos de ma foi, mais mettre celle-ci au service de mes actions. Elle est une force personnelle qui me motive. » Jean-Michel Javaux, quant à lui, a évoqué ces communions
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Initiatives & Evénements de pensée qui se créent parfois, entre politiciens croyants, au-delà des clivages politiques. Herman Van Rompuy, président sortant du Conseil européen, a clôturé ce cycle de grandes conférences, le dimanche matin, en présentant le dialogue, comme fondement de l’Union européenne.
Entre ateliers et temps de prière Cette fois encore, l’Université de Namur et l’institut Sainte-Ursule avaient mis leurs locaux à la disposition de l’événement. À l’arsenal, les mouvements partenaires de RivEspérance (Vivre Ensemble, le CDD, Catéveil, les Pèlerinages namurois, les visiteurs de malades…) ont pu présenter leurs actions, à travers les stands qui leur étaient réservés. Les médias catholiques belges francophones étaient représentés, de même que RCF, la radio chrétienne qui a retransmis en direct un grand nombre d’émissions spéciales. Autres temps forts : les quatre-vingts ateliers du samedi après-midi, dont certains ont connu un franc succès, comme ceux consacrés au dialogue avec l’islam, ou au pape François. Pour ceux qui le souhaitaient, il était possible aussi de prier à RivEspérance : à la chapelle du CRU (Centre religieux universitaire) ou à l’église Saint-Loup. Dans cette dernière, trois communautés se sont succédé pour animer les temps de recueillement : les bénédictines d’Hurtebise, le kot à projet l’Auberge des Bruyères de Louvain-la-Neuve, ou encore la communauté de Tibériade de Lavaux-Sainte-Anne.
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« Nous espérons être devenus plus humains » Samedi soir, la cathédrale Saint-Aubain a vibré au son du gospel, avec « e Brussels international Gospel Choir » – sous la direction de Lionnel Sonna — et les musiciens de Didier Likeng. RivEspérance 2014 s’est terminée le dimanche après-midi par la célébration eucharistique de clôture, toujours à la cathédrale Saint-Aubain. Une cathédrale bien remplie, décorée de banderoles colorées qui lui donnaient un air de fête. La messe était présidée par le frère Alain Arnould, dominicain et aumônier des artistes. Le P. Charles Delhez, membre de l’équipe porteuse de RivEspérance, a assuré l’homélie et a dialogué avec les enfants, placés à l’avant. Les chants ont évidemment rythmé cette grande célébration d’envoi, dont la messe brève de l’Espérance — pour chœur, orgue et assemblée —, composée spécialement pour l’occasion par David Miller, compositeur et chef d’orchestre d’origine américaine. Peter Annegarn, président du CIL (Conseil interdiocésain des laïcs) prononcera le message d’envoi : « Cette célébration marque le sommet de 48 heures dont on ne sort pas indemne. Nous espérons être devenus plus humains, plus “levain de la pâte”. Faisons Eglise dans le monde d’aujourd’hui et au service du monde d’aujourd’hui. » ? A.S. – C.B. Texte du Diocèse de Namur
Initiatives & Evénements
Martyrs pour la foi et la justice L
es 25 ans de l’assassinat des six jésuites et de leurs deux collaboratrices au Salvador ont été célébrés dans de nombreux pays du monde. Cinq jours après la chute du mur de Berlin dans la nuit du 15 au 16 novembre 1989, les Pères Ignacio Ellacuría, Segundo Montes, Ignacio Martín-Baró, Joaquín López y López, Juan Ramón Moreno et Amando López ont été cruellement tués par des soldats de l’armée salvadorienne à cause de leur engagement pour la justice et la paix. Elba Ramos et sa fille Celina de 15 ans devaient mourir parce que les soldats avaient reçu l’ordre de ne pas laisser de témoins de ce crime abominable. Jusqu’aujourd’hui les acteurs et les commanditaires responsables n’ont pas encore été condamnés. L’Université Centraméricaine (UCA) de San Salvador a consacré toute une série d’événements à la commémoration de ceux qui sont appelés aujourd’hui les martyrs de l’UCA. La célébration la plus importante est la traditionnelle vigilia du 15 au 16 novembre où des milliers de gens viennent surtout des communautés pauvres de la campagne. Une procession de cierges transforme le campus en une mer de lumière. L’an dernier une pièce de théatre intitulée la Dernière Heure a présenté les événements et touché profondément les spectateurs. James McGovern, membre du Congrès des Etats-Unis, a parlé des conséquences de l’assassinat des jésuites et des deux femmes sur la politique américaine au Salvador. Au moins temporairement l’aide militaire américaine a été arretée.
A Bruxelles le 28 novembre 2014, la Chapelle de la Résurrection, en plein centre du quartier européen, était bien remplie pour une soirée de commémoration. Le P. Gabriel Ignacio García, jésuite colombien et conseiller du Père Général pour l’Amérique latine septentrionale, a évoqué dans un conférence impressionnante, les martyrs et leur héritage. L’eucharistie qui a suivi la conférence était présidée par le P. John Dardis, président de la conférence des provinciaux de l’Europe. Les deux provinciaux belges, le P. Franck Janin et le P. Johan Verschueren, étaient parmi les concélébrants. Le P. Martin Maier, nommé récemment secrétaire pour les affaires européennes au JESC (Jesuit European Social Centre), a développé dans son homélie la mémoire des martyrs de l’UCA qu’il avait tous connus personnellement. Avec leur vie et leur mort, ils ont rendu témoignage qu’une université peut réellement se mettre au service de la foi et la justice. ? Martin Maier, s.j.
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Vie & Partenariat
Les Editions jésuites L
e 25 septembre à Bruxelles et le 9 octobre à Paris étaient organisées deux soirées de présentation des éditions jésuites. À cette occasion, Pierre Sauvage, directeur général, a présenté la nouvelle entité franco-belge. D’emblée, il convient de souligner que la constitution des Editions jésuites résulte d’une convergence de volontés. Depuis un certain temps, les responsables de trois maisons éditoriales, Fidélité, Lessius et Lumen Vitae, avaient pris conscience de l’intérêt d’un rapprochement. Outre l’avantage d’unir les forces du point de vue des hommes et des moyens matériels, ils savaient que les objectifs des trois maisons étaient complémentaires dans le champ religieux. Pour faire bref, Fidélité vise le grand public, depuis les enfants jusqu’aux adultes ; Lessius a une production universitaire sans être de nature académique ; Lumen Vitae est spécialisé en pastorale et en catéchèse. Mis au courant de cette prise de conscience, Franck Janin, le Père Provincial de la province de la Belgique méridionale et du Luxembourg, a vigoureusement encouragé cette volonté de rapprochement. Pour ce faire, il a désigné un groupe composé de deux représentants de chaque maison pour réfléchir aux possibilités d’un regroupement. Une singularité dans la composition de groupe, la présence d’un représentant français désigné par le Provincial de France. Signe évident que l’initiative de regrouper les trois maisons d’édition belges intéressait de près la Province de France qui ne
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dispose pas de maisons d’éditions d’ouvrages de ce type. Bien sûr, elle n’est pas absente du monde de l’édition : elle publie des revues bien connues telles que Études, Christus et Projet et les jésuites français ont créé et dirigé des éditions universitaires et des collections prestigieuses chez différents éditeurs. Le chantier était ouvert. La progression fut lente mais régulière. Le travail de réflexion a débuté en septembre 2012 et s’est terminé en octobre 2013 par la signature d’un protocole d’accord. Plus d’un an au rythme d’environ une réunion tous les deux mois. Le temps de se connaître, d’identifier les cultures différentes de chaque maison, de mettre au point des principes de base, afin d’arriver à construire un projet commun suffisamment détaillé auquel on a donné le nom d’Editions jésuites. Le protocole d’accord a été approuvé par les Provinciaux de Belgique et de France. Les Editions jésuites sont devenues une œuvre commune des deux provinces. En témoigne cet extrait du protocole d’accord : « La nouvelle institution est une œuvre jésuite commune aux deux provinces jésuites, animée par l’esprit ignatien de discernement, capable d’analyser le contexte du monde en vue de l’action. Elle est liée de manière claire et définie avec la Compagnie de Jésus dont elle partage la mission de service de la foi qui promeut la justice dans un dialogue avec les autres traditions religieuses et une relation créatrice avec la culture. » En prenant cette décision,
LE DOSSIER
Bicentenaire du rétablissement des jésuites Dossier réalisé par Kristien suenens (KaDoC, leuven) (traDuCtion JaCques Weisshaupt) ’année 2014 a connu de nombreuses commémorations de la Première Guerre Mondiale. Sans commune mesure avec ces événements, on a aussi fait mémoire du bicentenaire du rétablissement de la Compagnie de Jésus. En 1814, par la bulle Sollicitudo omnium ecclesiarum, le pape Pie VII rétablit l’ordre des jésuites, qui avait été supprimé en 1773 par l’un de ses prédécesseurs. Du 23 au 25 octobre, le KADOC a organisé un colloque international sur le rétablissement des jésuites dans le Benelux. Ceci en collaboration avec la Faculté de théologie de la KULeuven, l’Université de Namur, la Ruusbroecbenootschap (UA), l’Algemeen Rijksarchief, les provinces jésuites flamande, néerlandaise et de Belgique méridionale-Luxembourg, ainsi que le Nederlands Instituut voor Jezuïetenstudies, Durant quarante ans l’ordre des jésuites — sans nul doute l’un des instituts
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religieux internationaux influents — s’est retrouvé durant l’ancien régime entre la vie et la mort. Les recherches relatives à la manière dont les (ex-)jésuites ont traversé cette époque — dans un conteste de changements sociaux radicaux — et posé les fondements du rétablissement de la Compagnie n’en sont qu’à leurs tout débuts. Le colloque s’est ouvert par un débat sur le sort réservé à la Compagnie dans nos régions. Des récits concernant des (ex-)jésuites et des partisans aussi bien de l’ancienne que de la nouvelle Compagnie ont été confrontés aux développements structurels intervenus lors des diverses étapes de la suppression, de la dispersion et du rétablissement, le fil conducteur étant la question du maintien d’une « identité jésuite » inchangée et l’importance de l’identité du corps dans la survie de la Compagnie. Partant de ces problématiques, Pierre-
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Antoine Fabre (EHESS, Paris) ouvrit le colloque en plaidant pour une contextualisation systématique de toutes les données importantes tirées du récit de la suppression et de la restauration de la Compagnie de Jésus. À l’aide d’un certain nombre d’écrits de l’époque, il illustra également la manière avec laquelle des (ex-)jésuites se démenaient pour interpréter leur propre histoire au cours de ces quatre décennies turbulentes.
Suppression et dispersion L’« ancienne » Compagnie sombra en 1773 à cause des querelles intra ecclésiales, des jeux de pouvoir politiques des puissances catholiques et de l’influence grandissante de la pensée des Lumières. Joep van Gennip (Archives provinciales jésuites des Pays Bas), Michel Hermans (Université de Namur), André De Winter et Reimund Haas (Archidiocèse de Cologne) esquissèrent également, respectivement pour la province jésuite flamande, la province jésuite francophone, le diocèse de Gand et l’archidiocèse de Cologne, esquissèrent l’image d’une Compagnie en proie à des problèmes internes spécifiques à la veille de sa suppression. On peut trouver des parallélismes frappant entre la diminution du nombre des jésuites et des élèves des collèges — apostolat central de la Compagnie — et une situation financière problématique. Comme aussi l’intervention musclée et parfois opportuniste d’autorités civiles et de certaines autorités d’Eglise. Les biens de la Compagnie furent confisqués avec une évidente avidité, alors que les pères et les frères — qui protestaient d’ailleurs à peine — furent forcés de gagner la diaspora. Une recherche approfondie du sort de ces ex-jésuites se fait toujours attendre,
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mais les intervenants cités mentionnèrent déjà le rôle important des réseaux existants dans la survie des individus. Chassés du cœur de leurs lieux de vie — le monde latin, les Pays-Bas méridionaux et les régions catholiques allemandes — ils trouvèrent étonnamment refuge en dehors de l’Europe catholique ainsi que dans un certain nombre d’enclaves. Michel Hermans mentionna l’hospitalité relative accordée par le princeévêque de Liège, qui engagea volontiers les ex-jésuites pour développer l’enseignement supérieur dans son évêché. Le P. Frans Chanterie confirmait ce constat, en décrivant le périple de survie de la communauté jésuite anglaise de Saint-Omer qui passa entre autres par Bruges, Liège et l’Angleterre. Haas, quant à lui, parla à nouveau des possibilités d’exode des ex-jésuites allemands vers la Prusse, où les décrets papaux de suppression ne furent jamais promilgués. Tel fut aussi le cas, comme le montra Joep van Gennip, de la « mission hollandaise », où les jésuites travaillaient déjà clandestinement depuis le XVIIe siècle et où les anciens membres de la Compagnie purent survivre.
Survivre à la périphérie Depuis ces refuges, les ex-jésuites de nos régions réussirent à consolider un réseau international et à maintenir vivants certains aspects de leur identité et de leur influence. À Liège, et à partir de 1794 en Angleterre, ils continuèrent leurs activités d’enseignement. Frank Judo a fait remarquer l’influence possible du réseau con servateur autour de l’ex-jésuite FrançoisXavier de Feller (1735–1802) résidant à Liège sur la pensée de Balthazar de Villegas. Ce dernier qui était chancelier du Com-
LE DOSSIER té de Brabant durant la Révolution Brabançonne (1789-1790), participa à ce soulèvement conservateur contre la politique de l’empereur autrichien Joseph II (1780– 1790). Paul Begheyn (Archives jésuites des Pays-Bas) a attiré l’attention sur la figure du père Adam Beckers (1744–1806). Il se révéla à Amsterdam comme une figure centrale de la communication entre les jésuites dispersés dans d’autres pays et il joua un rôle de premier plan dans la survie de la mission jésuite hollandaise. En République des Pays-Bas, les jésuites purent en effet, à partir de la fin du XVIIIe siècle, faire évoluer leurs stations précédemment clandestines en Eglises reconnues. Peter van Dael, historien de l’art, montra comment les jésuites néerlandais, par le biais de leur architecture d’église classique et souvent avec l’apport d’artistes flamands — témoignèrent à nouveau leur présence au cours de la première moitié du XIXe siècle. Le cœur de l’activité des jésuites exilés durant le temps de la suppression ne se situait cependant pas à Liège, aux PaysBas, en Angleterre ou en Prusse, mais en lointaine Russie. Dans l’empire orthodoxe russe, la suppression de l’ordre des jésuites en 1773 ne fut jamais promulguée. Marek Inglot (Université pontificale grégorienne) décrivit comment la Compagnie réussit à survivre en Russie. Des ex-jésuites et de nouvelles recrues venues de toute l’Europe gagnèrent la Russie. La première génération de jésuites de la future « nouvelle » Compagnie fut formée au noviciat jésuite de Dünaburg (Daugavpils, Lettonie). Parmi eux se trouvait le néerlandais Jan-Philip Roothaan (1785–1853), qui avait été recruté à Amsterdam par Beckers et qui devint plus tard général de la Compagnie rétablie.
Pierre-Antoine Malou-Riga (1753– 1827), une vocation tardive, fabricant de produits textilesen Flandre occidentale, fut aussi formé à Dünaburg. Vincent Verbrugge raconta l’histoire de ce jésuite aventureux qui fut envoyé en 1811 de Russie aux Etats-Unis, mais qui y subit le choc frontal des structures hiérarchiques rénovées de la nouvelle Compagnie.
Les Pères de la foi : jésuites « déguisés » ? Le prêtre belge Joannes Vrindts (1781– 1862), décrit par Jo Luyten (KADOC), fut également convaicu par le charisme des jésuites. Il rejoignit en 1814 le noviciat français de la Compagnie, mais il renonça à cause de la politique de ses supérieurs français fortement axée sur l’enseignement. Ce qui est important, c’est son passé en tant que membre des Pères de la foi français (Pères de la foi). Les Pères de la foi furent fondés en 1799. Fusion de deux associations de prêtres qui trouvaient leur inspiration dans la Compagnie de Jésus supprimée. Méfiantes, les autorités françaises, les appelaient les jésuites « déguisés ». Jo Luyten et Kristien Suenens (KADOC) ont retracé les réseaux étendus des Pères de la Foi en France et aux Pays-Bas. Ils ont entre autres montré leur solide attachement au groupe de prêtres proches du président du séminaire, Jean-Hubert Devenise (1754–1814), qui séjournait à Louvain et à Namur, et dont Vrindts faisait également partie. Le réseau des Pères de la foi joua un grand rôle dans le rétablissement de la Compagnie dans les Pays-Bas méridionaux, en lui apportant aussi bien des bienfaiteurs, des refuges et des nouvelles recrues. Les Pères de la foi étaient, de plus, très zélés dans la fondation de
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congrégations de femmes à orientation apostolique ignatienne. Sous leur impulsion naquirent entre autres les Dames du Sacré-Cœur (1800), fondées par Sophie Barat, les Sœurs de Notre Dame (1803) de Namur, et les Filles de Maria-Paridaens (1805) de Louvain.
Une nouvelle identité ? Même si de nombreux Pères de la foi rejoignirent la nouvelle Compagnie après 1814, leur forte ‘cura monialium’ne fut guère reprise, ou seulement de façon mitigée, dans la politique du nouvel ordre jésuite. Il y eut aussi des heurts entre les anciens Pères de la foi et les autres membres de la nouvelle Compagnie, notamment lorsque les généraux successifs Luigi Fortis (1820–1829) et le précité Roothaan (1829–1853) définirent le projet de la nouvelle Compagnie. Le P. Mark Lindeijer se pencha en détail sur la figure de Roothaan et sur sa formation de bon administrateur jésuite lorsqu’il était supérieur du collège de Turin (1826–1829). Son prédécesseur Fortis lui inculqua des principes ignatiens éprouvés comme une grande foi en Dieu et en ses propres capacités, une forte solidarité avec le monde et la disposition à la flexibilité. Le charisme de Roothaan et son enthousiasme spirituel donnèrent un élan décisif à la nouvelle Compagnie. À l’intérieur de la Compagnie, Roothaan devint un héros, auquel on donna parfois le titre honorifique de « second fondateur de la Compagnie ». En dehors de la Compagnie — et non le moins aux Pays-Bas, comme l’a montré Joep van Gennip dans un second exposé - sa désignation se heurta à de nombreuses critiques. On vit à nouveau apparaître des théories de complots anti-jésuites provenant
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de l’ancien régime ainsi que des images de fin du monde. Le caractère militant, international et fort ultramontain de la Compagnie se heurta au nationalisme du XIXe siècle et de nombreux protestants y voyaient une grande menace. La question est bien de savoir si la Compagnie de Jésus est aussi indestructible et aussi inchangeable que ne le propageaient ses ennemis dans leurs campagnes anti-jésuites. À en croire de nombreux exposés du colloque, les jésuites se trouvaient bien effectivement au bord du précipice en 1773. La dispersion des ex-jésuites, la survie de l’ordre dans des régions non catholiques et dans des enclaves, ainsi que la naissance de groupements de « pseudo » jésuites ou de jésuites « déguisés » ont lourdement pesé sur l’identité de corps de l’ancienne Compagnie et de ses anciens membres. Un certain nombre d’éléments allaient également marquer la nouvelle Compagnie, comme l’accent mis sur un esprit apostolique puissant, un modèle d’organisation efficace et une spiritualité militante. Cependant, une véritable « restauration » de la Compagnie de l’ancien régime n’était évidemment pas possible dans le contexte de 1814, qui avait changé fondamentalement. Au cours du présent colloque, on n’a pas pu déterminer définitivement de quel côté penchait la balance entre la continuité et la discontinuité. Cela reste une question problème importante pour les nombreuses autres initiatives internationales prises cet automne autour de l’anniversaire du rétablissement de la Compagnie. •
Vie & Partenariat les Editions jésuites répondent à une des priorités de la Compagnie actuelle qui est celle de l’apostolat intellectuel. La suite de cet extrait est importante : « Dans la nouvelle institution, les marques des différentes éditions sont maintenues. Chacune a un directeur éditorial et un comité éditorial propre qui assurent la continuité de la ligne éditoriale et des collections des anciennes marques. » En clair, cela signifie que pour les professionnels de l’édition comme pour le public, Fidélité, Lessius et Lumen Vitae continuent d’exister. Si nous les avions supprimées, vous comprendrez aisément, nous aurions fait beau jeu de l’identité propre de chaque maison qui s’est construite au cours des années, et commis en outre une grave erreur commerciale. Les Editions jésuites sont franco-belges. Cette double « nationalité » se traduit par deux implantations géographiques. À Namur, où se trouve la direction générale et la direction administrative ainsi que tous les services indispensables à l’édition. A Paris, un bureau où travaille le collaborateur éditorial pour la France. Il a comme mission d’assurer le lien avec le milieu culturel français, de rechercher des auteurs et de favoriser la diffusion des ouvrages. Si le Protocole d’accord a été signé le 10 octobre 2013 et que les statuts des Editions jésuites sont parus au Moniteur le 25 mars 2014, les Editions jésuites n’existent officiellement que depuis le 8 juillet 2014. C’est donc une toute jeune maison. Elle commence à faire ses premiers pas. C’est pourquoi, au sortir des vacances, nous vous avons convié à célébrer sa naissance et nous vous remercions de votre présence. Je remercie tout particulièrement le P. Antonio Allende, directeur des éditions Sal Terrae et de José Manuel Díaz, directeur des éditions Mensajero, deux maisons d’édition jésuites d’Espagne qui se sont regroupées
il y a un an sous l’appellation « Grupo de comunicación Loyola ». Ils nous ont beaucoup aidés de leurs conseils pour notre propre regroupement, et ils ont fait le déplacement pour assister à cette présentation. Si on la compare à un navire, la maison n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Toutefois je peux témoigner que l’équipage est soudé et compétent. Il est composé d’hommes est de femmes rompus aux différents métiers de l’édition. Il comprend différents services : le secrétariat d’édition, la mise en page, la promotion, le secrétariat et l’expédition. Le personnel des trois anciennes « maisons » a mis d’emblée ses qualités humaines et professionnelles au service de ce projet commun. Dès lors, le navire ne craint pas la haute mer et les difficultés inévitables qui surgiront pour se faire une place, même modeste, dans le monde difficile de l’édition religieuse et des sciences humaines. ? Pierre Sauvage, s.j.
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Vie & Partenariat
L’Ecole supérieure de catéchèse de Lumen Vitae N
ous savons que la question de l’avenir de l’Ecole supérieure de catéchèse est posée. La nécessité de former des professeurs de religion compétents et motivés est plus que jamais évidente ; mais Lumen Vitae n’a plus les ressources humaines et financières pour continuer en maintenant le degré d’excellence reconnu à l’ESC. Cette réflexion est menée en concertation avec le diocèse de MalinesBruxelles. Plusieurs pistes ont été explorées en tenant compte notamment des interrogations suscitées par le monde politique concernant l’enseignement de la religion. Aussi, nous n’avons pas été surpris d’entendre dire lors de l’ouverture de l’année académique : « Il est probable que la rentrée 2015 ne se fasse plus ici, rue Washington ; mais ce qui est certain, c’est qu’il y aura une rentrée. ». Depuis lors, les choix se sont précisés et ont été entérinés par les différentes autorités : Mgr l’Archevêque, le Provincial des jésuites et l’Assemblée générale de Lumen Vitae. L’Ecole supérieure se déplacera rue Saint-Julien, à Auderghem, à la Maison de l’Enseignement du diocèse, récemment inaugurée. Il reste encore à préciser un certain nombre de questions importantes sur l’organisation de la nouvelle institution, mais le travail avance. Le Centre Lumen Vitae mettra tout en œuvre pour soutenir la nouvelle initiative.
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Un tel changement ne se fait pas sans bousculer des personnes qui se sont données sans réserve pendant de nombreuses années pour faire de l’ESC un lieu de formation intégrale. Elles comprennent qu’il faut mettre en place des solutions pour l’avenir, mais la disparition de la forme actuelle de l’ESC est pour elles un « crève-cœur ». Leur peine est à la mesure de leur engagement. Nous tenons à leur dire un immense merci pour le merveilleux service d’Eglise qu’elles ont accompli. Leur expérience sera d’une grande aide pour le nouveau projet. « Si le grain de blé, tombé en terre… » Nous voulons nous mettre dans une logique d’espérance. ? Richard Erpicum, s.j.
Vie & Partenariat
Dernières parutions des Editions jésuites P
renant leur rythme de croisière, les Éditions jésuites ont poursuivi leurs publications fin 2014 et en ce début d’année. Aux éditions Fidélité, le P. José Davin a publié Les personnes homosexuelles, un ouvrage dans lequel il répond aux nombreuses interrogations qui se posent sur l’homosexualité : son origine, ses pratiques, ses valeurs, son impact familial. Les côtoyant régulièrement, l’auteur s’intéresse aux difficultés auxquelles ces personnes sont confrontées : le regard des autres, l’acceptation de leur particularité, la rencontre amoureuse, la fondation d’une famille… Un ouvrage qui vient à point nommé entre les deux synodes sur la famille. Deux nouveaux volumes sont venus enrichir la collection « Que penser de… ? ». Ils sont respectivement consacrés au créationnisme et aux évangéliques. Dans le premier,
le P. Maldamé s’attache à critiquer le créationnisme afin de mieux manifester la richesse de la notion de création qui est à comprendre comme le don que Dieu adresse à tous. Le volume sur les évangéliques, du P. Mallèvre, dominicain lui aussi, fait le point sur ces communautés qui attirent désormais l’attention des médias. Ceux-ci pointent souvent du doigt l’impressionnante progression du nombre de leurs adeptes, tout en dénonçant les dérives qui les affectent. Mais qu’en est-il réellement ? Le P. Fornos est l’actuel directeur général délégué du réseau de prière du pape. Qui, mieux que lui, pouvait proposer un b.a.ba de la prière, abondamment illustré de dessins en couleur d’Anne Fioc ? Un outil idéal pour ceux qui commencent dans la vie de prière. Dans Quel homme pour demain ? le P. Charles Delhez s’interroge sur l’avenir de l’humanisme au vu de l’évolution des sciences et de la technique. Un essai de rapprochement entre science et foi pour que l’avenir soit digne de l’homme !
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Vie & Partenariat Le livre de Dominique Jacquemin, Vers une éthique pour la famille, qui paraît aux éditions Lessius, vient bien à son heure. En prise directe avec les synodes, l’auteur consacre une partie importante de son livre à l’approche anthropologique, psychologique et éthique de la famille, sans oublier la référence aux enseignements de l’Église. Plutôt que de donner des réponses définitives, il préfère fournir des repères et ouvrir des perspectives. Deux nouveautés dans la collection « Petite bibliothèque jésuite » : Suppression et rétablissement de la Compagnie de Jésus (1773– 1814), de Pierre-Antoine Fabre et Patrick Goujon, dans le cadre du 200e anniversaire du rétablissement de la Compagnie, et Consolation et désolation, qui traite, sous la plume de Nicolas Rousselot, de l’expérience de la résurrection dans la spiritualité jésuite.
Chantal Reynier propose une biographie magistrale du Père de Clorivière (1735–1820). À cha que étape de la vie de ce jésuite, elle met en lumière les principaux traits de sa personnalité, notamment
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en décrivant son rôle d’accompagnateur spirituel, d’auteur prolifique et de restaurateur des Jésuites en France. Citons également Lors que ton fils te demandera, du P. Jean-Pierre Sonnet ; les Philippines, archipel asiatique et catholique, du P. de Charentenay ; ainsi que deux ouvrages autour du P. Raguin : l’édition de deux textes inédits, les Déserts de Dieu suivi de Dans l’attente de la vision et une biographie que lui consacre Isabelle Pommel sous le titre Yves Raguin 1912– 1998. L’expérience missionnaire et spirituelle d’un jésuite en Asie.
Les éditions Lumen Vitae prêtent régulièrement attention à l’initiation spirituelle et religieuse des enfants. Anne-Dominique Derroitte, dans J’apprends à prier. Prier avec les 5–8 ans, propose un parcours bâti sur dix activités très concrètes sur dix thèmes relatifs à la prière. Un guide de l’animateur accompagne le cahier de l’enfant. Au niveau international, Enzo Biemmi (Ita-
Vie & Partenariat lie) et Henri Derroitte (Belgique) sont deux auteurs parmi les plus reconnus dans le domaine de la catéchèse catholique. Dans l’ouvrage Catéchèse, communauté et seconde annonce, ils suggèrent des pistes pour rencontrer, avec une proposition bienfaisante, tous ceux qui ont été baptisés dans leur enfance mais n’ont jamais vraiment rencontré personnellement la Parole du Christ. La collection « Soins et spiritualité » s’enrichit d’un nouveau titre. Dans son livre Vivre la gestion hospitalière. Une question spirituelle ? le P. Marc Desmet donne la parole aux soignants qui sont quotidiennement confrontés à des changements incessants, à des contrôles et à une administration croissante qui les éloignent de l’essentiel de leur mission. En tant que médecin et jésuite, l’auteur aide les soignants à mieux se situer dans leur hôpital et suggère des moyens spirituels pour se tenir à l’écart de la tempête des développements organisationnels. Enfin, épinglons les deux derniers numéros de la revue Lumen Vitae, l’un consacré au Catéchisme de l’Église catholique et l’autre qui s’intéresse à l’Église en sortie, celle envoyée aux périphéries. Ce numéro s’attache à clarifier ce que signifient exactement ces périphéries, géographiques et existentielles, évoquées par le pape François. ? Jean Hanotte
INDE Le P. Felix Raj, doyen du Saint-Francis Xavier College de Kolkatta, en Inde, à l’agence Fides : « A travers l’éducation et la recherche, a-t-il dit, les jésuites jouent encore un rôle crucial dans la formation du caractère des nations asiatiques : leur vision, leur mission, a formé des hommes et des femmes, des leaders, des philosophes, penseurs, éducateurs et hommes politiques qui ont consacré leur vie au bien commun de leur pays. » Il a rappelé ensuite que la première institution d’éducation des jésuites dans le monde s’est ouverte précisément en Asie méridionale, avec le collège Saint-Paul de Goa, en 1544. Aujourd’hui, le réseau éducatif dans cette région compte 387 écoles élémentaires et secondaires, 16 écoles supérieures et cinquante collèges universitaires. « L’éducation est le principal instrument pour le développement intégral de la famille humaine. Les jésuites d’Asie méridionale ont été des pionniers dans l’éducation des pauvres des zones rurales, des dalit (opprimés) et des “tribaux”. En ouvrant leurs institutions à tous, indépendamment de la caste, du credo, de la langue et du sexe, ils ont exercé une influence salutaire et harmonieuse dans les nations de ce subcontinent. » CANADA La revue Jésuites canadiens 2015 fait état de plus de 200 jésuites (152 anglophones et 132 francophones dont une quarantaine en Haïti). Les jeunes jésuites en formation sont respectivement 22 (dont 6 novices) et 35 (dont 8 novices). D’ici quelques années, les deux Provinces du Canada formeront une Province bilingue. Le rapprochement était déjà amorcé avec l’ouverture d’un noviciat commun à Montréal en 2008. Présents en terre canadienne depuis 1611, les jésuites poursuivent leur mission, à l’instar des saints martyrs canadiens, pour la plus grande gloire de Dieu.
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La Compagnie en Europe et dans le monde
Le JECSE à Strasbourg Octobre 2014
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e dernier congrès du JECSE (Jesuit European Committee for Primary and Secondary Education) s’est tenu à Strasbourg du 7 au 10 octobre 2014. Il a rassemblé 136 chefs d’établissements parmi lesquels 22 jésuites, venant de 17 provinces différentes. « Restaurer la confiance — l’éducation jésuite au service de l’idéal européen » tel était le thème du congrès.
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Pourquoi Strasbourg ? Et pourquoi un tel thème ? C’était comme un rêve, comme une obsession qu’un jour nous parlerions d’une seul voix, qu’un jour nos enfants se sentiraient européens parce que cela signifierait quelque chose pour eux. L’éducation dans les établissements jésuites pouvait-elle servir un tel
La Compagnie en Europe et dans le monde idéal ? Strasbourg est le lieu même où les mots comme « réconciliation » « coopération » « confiance » résonnent particulièrement, symbolisés par le Parlement européen et le Conseil de l’Europe. Des intervenants tels que le P. Henri Madelin, s.j., ancien provincial de France et travaillant actuellement à Strasbourg et Laurent Grégoire, président de l’OCIPE ont abordé le rôle des jésuites après la guerre, et le rôle des citoyens dans le projet européen. Pierre Defraigne, économiste belge et directeur de la fondation Madariaga, collège d’Europe, a donné une analyse brillante des enjeux actuels pour l’Europe et du rôle que pourrait jouer l’éducation dans la construction d’une communauté de destin (voir sa conférence sur www.jecse.org). Le dernier jour le P. Michael Paul Gallagher, jésuite irlandais et professeur émérite à la Grégorienne, a pu conclure en développant le rôle de l’imagination et de la créativité pour éviter les stéréotypes et ainsi œuvrer à la réconciliation et à la paix. Comme durant chaque congrès du JECSE, un temps spirituel fut proposé lors d’une »promenade méditative’’ au Mont Ste Odile : un temps pour relire sa mission de directeur, guidé par le P. Bernard Peeters, s.j., qui s’est appuyé à la fois sur saint Pierre Favre et sainte Odile. Enfin, des ateliers, le jeudi matin, ont permis la découverte d’autres initiatives citoyennes existant dans le réseau européen, comme le parlement européen des jeunes ou un parlement des jeunes des écoles jésuites… Ce congrès n’aurait pu avoir lieu sans la précieuse coopération de l’établissement jésuite de Saint-Blasien, en Allemagne, dont le directeur a mis à la disposition du JECSE des enseignants pour aider à la traduction et des
étudiants pour l’accueil, sans oublier Georg Leber, préfet de niveau, qui a porté la logistique et la préparation de ce congrès, avec l’équipe du comité de pilotage du JECSE. Aurons-nous réussi à restaurer un peu de cette confiance qui manque encore aujourd’hui dans les institutions européennes et dans le projet européen ? Certes le pari était risqué, et il reste encore bien des pas à faire vers les autres cultures et les autres réalités, même au sein de notre réseau. Mais pour rappeler ce qu’a écrit le Père Général Adolfo Nicolas : « Œuvrer à la Réconciliation et à la Paix est très étroitement lié à notre spiritualité ignatienne ». Alors gardons en nous cette idée que l’éducation jésuite peut aussi apporter sa pierre à la construction d’un projet commun tel que l’Europe nous y appelle. ? Marie-érèse Michel Directrice du JECSE
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La Compagnie en Europe et dans le monde
Le P. Provincial à Kolkata, Hyderabad et Dhaka Carnet de voyage
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u 23 décembre au 10 janvier, j’ai eu la joie de rendre visite à nos provinces jumelées de Calcutta — ainsi que sa mission du Bengladesh — et d’Andhra Pradesh. Je remercie les provinciaux qui n’ont pas compté leur temps et qui m’ont accompagné dans tous mes déplacements. Impossible évidemment de rendre compte de tous les lieux visités et des multiples rencontres faites à cette occasion. Quelques flashs, simplement imprimés dans ma mémoire et dans mon cœur.
Calcutta Accueilli la veille par le P. Provincial Jeyharaj Veluswany, je me retrouve dès le 24 décembre au matin à Gurap, une des quatre « missions » des jésuites dans une région où vivent de nombreux Santals. Ils font partie de ces « tribus » (tribals) autochtones de l’Inde qui sont parmi les populations les plus exclues de la société. Trois jésuites sont en charge
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d’un internat pour des enfants très pauvres de 6 à 12 ans. Une équipe de jeunes professeurs m’invite à m’asseoir et m’accueille selon leur tradition : lavement des pieds et onction d’huile. Très émouvant d’ouvrir ainsi mon voyage par ce geste au parfum d’Évangile. À quelques encablures, la petite ville de Kalna : autre internat et une paroisse qui porte un nom familier « La Vierge des pauvres ». Messe de minuit précédée par deux heures de procession dans les rues. La foule compacte suit une crèche vivante juchée sur un camion. Témoignage pour tous les curieux massés sur
La Compagnie en Europe et dans le monde les trottoirs. Un groupe de sept jeunes (16-18 ans ?) se tient à l’entrée de l’église. La conversation s’engage : « Je viens de Belgique, je suis prêtre, catholique ». « Et vous, chrétiens ? » « Non, mais on est intéressé ». Après la messe, la foule danse jusqu’à l’aube. Un peu difficile de s’endormir. Retour à Kolkata. Visite des différentes communautés et soirée organisée par les anciens du « St. Xavier’s College », collège qui ayant acquis son autonomie pourra bientôt revendiquer le titre d’université. Contraste frappant avec les missions santals. Immense chapiteau, estrade lumineuse, sono digne des plus grands concerts, écran géant… On honore pour l’occasion un ancien qui a réussi dans l’industrie et qui soutient l’université. Les anciens sont très actifs et très reconnaissants vis-à-vis de la Compagnie pour l’éducation reçue dans ces murs. Je suis sur le devant de la scène comme « Honour Guest ». L’œuvre des missionnaires belges n’est pas oubliée. J’en serai témoin dans tous mes déplacements. Mon dernier jour dans la Province me verra ainsi monter d’un grade comme « Chief Guest » lors de la célébration finale du jubilé des 50 ans de l’école secondaire de Burdwan. On y lit les mots envoyés par le P. Emile Gales et le P. Louis Hincq, fondateurs et premiers « headmasters », dont la mémoire reste vivante. « Dhyan Ashram », centre spirituel et noviciat, accueille l’assemblée de Province à laquelle je participe. Je rencontre ainsi un bon nombre de compagnons. L’état de la Province communiqué par le Provincial et par l’économe est éclairant. La jeunesse et le dynamisme de la Province, les besoins de la population font naître des projets multiples et ambitieux. Ainsi, souvent, la construction d’une école secondaire entraîne quelques années plus tard sur le même site celle d’un établissement d’enseignement
supérieur, appelé lui-même à grandir. Je ne peux terminer mon parcours de la Province de Calcutta sans mentionner les compagnons issus de nos contrées : Christian Mignon, Mathieu Schillings, Jean Englebert, Pierre Jacobs, Etienne Degrez venu du Népal pour quelques jours. À chaque fois, pour moi, des rencontres émouvantes car derrière chaque visage, c’est aussi ceux de beaucoup d’autres qui ont quitté notre pays et qui ont donné toute leur énergie et leur savoir-faire afin que naisse cette province de Calcutta maintenant en plein développement. Je mentionne ici les quelques jours passé dans la mission du Bengladesh. Charles Pollet et Pradeep Perez (qui a étudié à Bruxelles) me pilotent dans une ville de Dhaka où la densité de circulation, le niveau sonore des klaxons et les numéros d’équilibristes des conducteurs surpassent encore tout ce que j’ai vu ailleurs. Arrivé en pleine période de grève, avec séquestration de la chef de l’opposition (quelques morts et des bus incendiés…), je n’ai pas pu circuler autant que prévu. Les entrées régulières de Bangladeshis au noviciat pourraient donner un avenir différent à cette mission. Région indépendante ? Province à part entière ? Il est encore difficile de le dire mais on sent un désir de prendre son envol en moindre dépendance du grand frère indien sachant aussi que le passage entre les deux états (visas) est extrêmement difficile.
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Andhra 31 décembre. Atterrissage à Hyderabad– Secunderabad capitale de l’état d’Andhra Pradesh bientôt scindé en deux pour former un état supplémentaire. La Province devra se doter d’un nouveau nom. Accueil chaleureux par le nouveau Provincial, Amal Raj bientôt rejoint par Francis-Xavier Antonysamy avec qui j’ai vécu un an au théologat en… 1983. Retrouvailles émouvantes. Il m’accompagnera avec le Provincial durant tout mon séjour. Mes déplacements me conduiront d’ailleurs dans des lieux où je reverrai certains de ceux qui sont passés par notre Province. À Secunderabad je retrouve Philomin Raj, supérieur d’une communauté en charge d’une école secondaire. Non loin, un jésuite a fondé il y a plus de quinze ans une maison qui recueille les enfants de la rue. L’accueil de ces enfants avec leur chant de Noël fut très touchant. Joji Kunduru m’a reçu dans la communauté d’Hindipur dont il est le supérieur. Dans cette mission se côtoient deux écoles secondaires : l’une en Télougou, l’autre en anglais. En plusieurs endroits, on trouve ainsi sur le même terrain une école pour des familles plus modestes où la maîtrise de la langue locale est déjà un défi et une autre, où les enfants ont la possibilité de miser également sur l’apprentissage de l’anglais. Ce qui, bien sûr, leur ouvrira d’autres portes pour le futur. Un institut d’éducation, un internat et le prénoviciat complètent les œuvres sur place. Joachimainese m’a entraîné sur le campus de l’Andhra Loyola Institute of Engineering and Technology dont il est le directeur et qui est situé à Vijayawada. De nouveaux bâtiments splendides viennent d’être construits. Comme dans la Province de Calcutta et sans doute dans l’ensemble de l’Inde, j’ai pu constater à quel point l’éducation tient une place de choix. J’ai partout été extrê-
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mement impressionné par l’ampleur des constructions et des projets en cours sur d’immenses terrains. Les entrées au noviciat nombreuses et régulières permettent d’oser ainsi l’avenir. Nos « anciens » de l’IET ne chôment donc pas et leur français tient toujours la route malgré les années. Les nombreux kilomètres accomplis avec deux voyages en train de nuit m’ont permis de toucher à beaucoup de réalités. Mais pour terminer je ne peux pas ne pas mentionner ma visite au sanctuaire de Krishnapuram situé au sud de la Province dans une région où l’eau est rare. Un magnifique mausolée abrite les tombes des trois compagnons français qui sont considérés comme les fondateurs du christianisme en Andhra et qui ont commencé à missionner dans la région au début du xviiie siècle. Retenons simplement le nom du plus vénéré d’entre eux, Etienne Le Cac né à Brest. Dans la crypte, lieu de prière pour les habitants du village, chrétiens ou hindous, nous nous sommes recueillis et avons célébré l’Eucharistie en action de grâce pour ces hommes qui n’ont pas eu peur de se lancer dans des missions difficiles pour l’annonce de l’Évangile. Une grande force se dégage de ce lieu. Que retenir de ce voyage ? L’immense reconnaissance manifestée à notre Province, sûrement. L’invitation aussi à entretenir davantage les liens. Que nos visites ne se résument pas à celles des Provinciaux une fois tous les six ans. Pourquoi ne pas envisager ces régions pour un temps sabbatique, pour emmener des jeunes faire une expérience auprès des plus pauvres ? Les possibilités sont multiples. Peuton envisager que des jésuites indiens viennent à leur tour participer à la mission de notre Province ? Des idées, des projets mûrissent. ? Franck Janin, s.j.
La Compagnie en Europe et dans le monde
Rencontre des frères à Rome L
e frère Xavier Evrard, de la communauté Saint-Servais à Liège, a participé pendant trois jours à une rencontre européenne de frères jésuites à Rome, du vendredi 26 au lundi 30 septembre 2014, sur le thème « Aux frontières de la mission aujourd’hui ». Trentequatre frères jésuites participaient à la rencontre, représentant vingt-trois provinces différentes. En introduction à cette rencontre, trois frères ont présenté de manière très personnelle leur insertion apostolique particulière. Parmi eux, Michaël Schöpf, qui fut membre de la communauté Pierre Favre de Bruxelles et directeur du JRS-Europe. Ces présentations furent suivies par un travail en groupe : identité propre à la vocation des frères dans la Compagnie, et leur participation aux différentes missions, en ce compris le service des vocations. Cette rencontre engloba un des sommets de la célébration du 200e anniversaire du rétablissement de la Compagnie de Jésus : le 27 septembre les frères participaient aux vêpres solennelles dans l’église du Gesù en présence du pape François. Chacun eut la chance de serrer la main de l’évêque de Rome. Beaucoup de chaleur, d’émotions et de fraternité ! Lors de la journée du dimanche, le P. John Dardis, président de la conférence des provinciaux européens, a présenté les priorités pour
la Compagnie en Europe, tout comme il l’avait fait à Bruxelles lors du rassemblement « Quid Agendum ». Ce fut suivi d’une présentation, par un des participants, de l’enracinement historique de la vocation de frère et de son lien avec les Exercices spirituels. Enfin le lundi matin, c’est le P. Général qui prit la parole. On peut noter qu’il participa à quasiment toutes les séances plénières. Le dernier travail de groupe permit de rassembler questions et priorités (au sujet de la vocation de frère dans la Compagnie) ; elles ont été soumises au P. Général, notamment en vue de la préparation de la prochaine congrégation générale. La rencontre fut clôturée par une messe présidée par le P. Adolfo Nicolás. Tout au long de ces journées beaucoup de connivence entre les participants et un accueil chaleureux de la part des assistants romains. ? ierry Dobbelstein, s.j.
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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene LA PAIRELLE
◆ Laisser passer le souffle. Retraite alternant
Centre spirituel ignatien 25, rue Marcel Lecomte 5100 Wépion 081 46 81 45 & 081 46 81 11 centre.spirituel@lapairelle.be www.lapairelle.be
travail de la voix et contemplation biblique. Ouvrir sa voix et laisser passer le souffle en nous, le nôtre et celui de l’Esprit Saint du L. 20 au V. 24 avril 2015 avec Elisabeth Goethals, soprano, Professeure de chant diplômée du Conservatoire Royal de Bruxelles, formée en Anatomie pour la voix et Cinétique respiratoire et P. Christophe Renders, s.j. ◆ « Trouver Dieu en toute chose » : retraite
selon la pédagogie de l’École de Prière Contemplative du V. 24 au D. 26 avril 2015 avec Thérèse Crispin et Cécile Gillet. ◆ « Entre rêves et réalités ». Week-end pour
les personnes ayant moins de 10 ans de vie en couple du S. 25 au D. 26 avril 2015 avec P. Eric Vollen, s.j. et un couple. ◆ « Le défi d’un nouveau souffle ». Week-end
pour les personnes ayant autour de 25 ans de vie de couple du S. 25 au D. 26 avril avec Bernadette et Baudouin van Derton, et un jésuite ◆ Écouter la Parole à la suite du Christ. Initia-
◆ Triduum pascal : célébrer les jours saints :
« Ils partirent pour le mont des Oliviers » (Mt 26, 30). Le mont des Oliviers : lieu de veille et de prière, d’angoisse et d’abandon, mais aussi de proximité et de séparation entre Jésus et ses disciples. C’est là que nous joindrons notre histoire à la leur pour nous laisser rejoindre par le Christ et toucher par sa résurrection du Me. 1er au D. 5 avril 2015 avec P. Paul Malvaux, s.j. et une équipe. ◆ Pour apprécier le Don de Dieu, se laisser
d’abord aimer. Retraite suivant les Exercices spirituels de saint Ignace du V. 10 au D. 19 avril 2015 avec P. Jean-Marie Schiltz, s.j. et Rita Dobbelstein. ◆ « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide notre
message, vide votre foi » (1 Co 15, 14). Journée de La Pairelle, samedi 18 avril 2015 avec P. Bernard Pottier, s.j., Professeur de théologie (IET), curieux de philosophie et de psychologie, curé d’une paroisse portugaise bruxelloise durant 20 ans.
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tion aux Exercices spirituels de saint Ignace. Vivre une expérience spirituelle fondée sur l’apprentissage de la pédagogie d’Ignace de Loyola : prier l’Écriture, relire sa prière et sa vie, entrer dans le discernement spirituel du V. 1er au D. 3 mai avec Michel Danckaert, P. Christophe Renders, s.j., Sr Alice Tholence, r.s.a., P. Etienne Vandeputte, s.j. et Bernadette van Derton. ◆ Mieux gérer nos conflits de tous les jours. À
partir d’outils de communication, nous travaillerons des situations concrètes et ferons des exercices directement applicables dans notre quotidien pour de meilleures relations. Nous conjuguerons méthode, psychologie et spiritualité chrétienne du V. 1er au D. 3 mai 2015 avec Etienne et Christine Chomé, époux et parents. Christine est bio-ingénieure. Auteur de la méthode C-R-I-T-E-R-E, Etienne est le fondateur de l’Ecole CommunicActions. Il est aussi chercheur à l’UCL et Professeur à l’Institut International Lumen Vitae. ◆ Oser la vie. Comme les disciples d’Emmaüs,
se laisser rejoindre et ressaisir par le Christ
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota ben ressuscité du L. 4 au S. 9 mai 2015 avec P. Jean Meeûs, s.j. et une équipe. ◆ « Aimer, c’est choisir ». Week-end de prépa-
ration au mariage du V. 8 au D. 10 mai 2015 avec P. Charles Delhez, s.j. ◆ Quel rapport entre le sacerdoce commun
des fidèles et le sacerdoce ministériel ? Tous prêtres ? du V. 15 au D. 17 avec Dominique Martens, père de famille, Professeur de théologie biblique à l’Institut International Lumen Vitae. ◆ Je leur donnerai un cœur de chair. Comme
les disciples, réunis avec Marie au Cénacle, nous nous préparerons à accueillir le don de l’Esprit Saint du MA. 19 au D. 24 mai 2015 avec P. Pierre Depelchin, s.j. et Thérèse Crispin. ◆ « Choisis donc la vie ! ». Chasteté, pauvreté,
obéissance : vœux réservés à quelques-uns ou attitudes fondamentales propres à tout chrétien ? À l’aide de l’Écriture, nous approfondirons ce que peut signifier cette qualité de relation appelée « chasteté », cette liberté intérieure appelée « pauvreté » et ce consentement au réel appelé « obéissance » du Me. 20 au L. 25 mai 2015 avec le cardinal Godfried Danneels et Natalie Lacroix. ◆ Dietrich Bonhoeffer : « Mais Toi, tu connais
le chemin pour moi ». Faire connaissance avec ce jeune pasteur luthérien, symbole de la résistance allemande contre le nazisme. Sa vie et ses réflexions peuvent nous soutenir sur notre chemin de la foi dans un monde qui « n’a plus besoin de Dieu ». Du V. 29 au D. 31 mai 2015 avec Sr Sigrun Gross, r.s.a., animatrice à La Pairelle.
◆ Retraites selon la pédagogie de l’École de
Prière Contemplative. « Ephata ! Ouvre-toi ! » (Mc 7, 34) « Ils étaient frappés au-delà de toute mesure et disaient : ‘Il a bien fait toutes choses… » » . Entrer dans la prière contemplative telle qu’elle est proposée par saint Ignace dans les Exercices spirituels de 2ème semaine : mettre en jeu tous nos sens pour entrer en relation avec Dieu du Ma. 7 au V. 10 juillet 2015 avec P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Joëlle et Michel Desmarets et Cécile Gillet. ◆ Formation à l’animation d’Ecole de Prière
Contemplative du Ma. 7 (18 h 15) au L. 13 (17 h 00) juillet 2015 avec P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Joëlle et Michel Desmarets et Cécile Gillet. ◆ Écouter la Parole à la suite du Christ. Initia-
tion aux Exercices spirituels de saint Ignace du L. 13 au S. 18 juillet 2015 avec Michel Danckaert, P. Christophe Renders, s.j., Sr Alice Tholence, r.s.a., P. Etienne Vandeputte, s.j. et Bernadette van Derton. ◆ Marcher et prier. Une expérience de re-
traite : 3 jours de marche entrecoupés de 2 jours à La Pairelle. Après une mise en route commune, nous marchons en silence et seuls jusqu’à la célébration et au partage qui clôturent la journée du L. 13 au V. 18 juillet 2015 avec P. Paul Malvaux, s.j., Alix Crassaert et Geneviève Materne.
◆ Dimanche des familles : « Je
ferai passer devant toi ma beauté » (Exode 33, 19). Avec Chagall, partons à la découverte de la beauté de Dieu. En main : pinceaux, couleurs et papiers colorés ; dimanche 31 mai de 10 h 00 à 17 h 00 avec Sandrine de Liedekerke et Nathalie Schul.
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Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF Carmel de Mehagne 27, chemin du Carmel 4053 Embourg 04 365 10 81 carmelmehagne@chemin-neuf.be
2015. Animé par la Communauté du Chemin Neuf. Soirée pour prier ensemble et vivre la vie fraternelle. ACTIVITES ◆ LG : Mardi de désert « Ta Parole est la lu-
mière de mes pas, la lampe de ma route » Ps 118. Mardis 3 mars, 5 mai et 2 juin 2015 de 9 h 30 à 15 h 00. Animé par la Communauté du Chemin Neuf et l’abbé José Gierkens en mars, l’abbé Pierre Hannosset en mai, le P. Bernardin Kamwanga en juin. Journée de ressourcement à l’écoute de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint. Prendre le temps de s’arrêter et se laisser rejoindre par Dieu dans le silence. Enseignement, prière silencieuse, adoration, sacrement de réconciliation, eucharistie à 12 h 00, repas simplifié, écoute spirituelle. ◆ LG : Week-end CANA pour couples « Être
3, avenue Arthur Dezangré 1950 Kraainem 0472 435 425 info@chemin-neuf.be www.chemin-neuf.be Klooster Heilig Hart De Merodelei 12 2600 Berchem 03 230 81 70 heilighart@chemin-neuf.be GROUPES DE PRIERE ◆ LG + BXL : Groupe de prière pour tous. Tous
les mardis à 20 h 30 (sf vacances scolaires). Animé par la Communauté du Chemin Neuf. Une heure de prière et de louange, à l’écoute de la Parole et de l’Esprit Saint, afin d’accueillir Dieu dans notre quotidien. ◆ BXL (oratoire de l’église Saint-Michel,
Montgomery – 0483 39 18 93) : Groupe de prière jeunes. Tous les 3es mardis du mois à 20 h 30 – les 17 mars, 21 avril, 19 mai et 16 juin
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parents aujourd’hui ». Du samedi 7 (14 h 30) au dimanche 8 mars 2015 (16 h 30). Animé par la Communauté du Chemin Neuf. « Comment accompagner nos enfants dans le monde d’aujourd’hui ? » Week-end pour les couples avec accueil des enfants de 0 à 12 ans. Alternance d’enseignements, de moments en couple, dans un climat d’écoute, de confiance et de prière. Un week-end pour faire grandir l’amour. ◆ LG + BXL + Louvain-la-Neuve (chapelle des
Bruyères, 14, rue René Magritte) + Namur (126, rue Henri Lecoq) + Anvers. « Soirée Net for God », mardis 24 mars, 28 avril et 23 juin 2015 à 20 h 30 (LLN à 20 h 15, Anvers à 20 h 00 en néerlandais). ◆ Auderghem (23 avenue Charles Schaller)
« Matinée Net for God », vendredis 20 mars, 24 avril, 29 mai et 19 juin 2015 à 10 h 00. ◆ Rencontres animées par la Communauté du
Chemin Neuf. Partages, prière, formation à partir d’un film vidéo, diffusé dans 70 pays. Le thème du film nous aide à reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde, œuvre de paix et d’unité. Voir les précédents films sur www.netforgod.tv. ◆ Pays-Bas (abbaye Saint-Paul d’Oosterhout,
Breda, +32 4 365 10 81) : Week-end jeunes international pour fêter ensemble le Christ res-
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota ben suscité du samedi 4 (15 h 00) au lundi 6 avril 2015 (14 h 00). Animé par la Communauté du Chemin Neuf. Pour les 18–30 ans venant de Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas…
beaucoup de nos contemporains sont en quête de sens, les écrits johanniques nous ouvrent un chemin de vie ! Inscription souhaitée.
◆ LG : Samedi de formation « Devenez mes
(18 h 00) au dimanche 3 mai 2015 (15 h 00). Animé par la Communauté du Chemin Neuf. Retraite en silence de 4 jours pour accueillir la lumière de Dieu sur son histoire. Enseignements, prière personnelle et communautaire, ateliers, accompagnements quotidiens. Lettre de motivation pour l’inscription.
disciples » - Vivre en plénitude, introduction à saint Jean. Le 25 avril 2015 à partir de 15 h 00 avec Jean-Pierre Nave et la Cté du Chemin Neuf. L’Evangile selon saint Jean témoigne d’une authentique expérience spirituelle qui rejoint l’aspiration profonde de tout être humain : vivre en plénitude. En ce temps où
◆ LG : Anamnèse, du mercredi 29 avril
Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
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Le billet d’humeur
JEAN BURTON, S.J.
ÊTES-VOUS TRANS- ? Il y a peu, si vous étiez « in », on vous demandait : « Etes-vous zen ? » ! Mais cela n’est plus « tendance », par le temps qui court, de rester calme. Il est plus « mode » d’examiner notre soif du Trans-. Non, non pas transi- ! Bien qu’en hiver ce ne serait pas étonnant… Non ! Trans-. Préfixe du lat. trans « par-delà », prép. et pré-verbe qui a, en français (mais pas seulement) le sens de « au-delà de » (transalpin) et qui marque le passage ou le changement… les exemples sont aisés à trouver (14 colonnes dans le Petit Robert)… Nous serions donc plutôt pressés d’« aller voir ailleurs »… Faut-il s’en réjouir ou entrer en trance (sic) ? Mais pour aller où ? Il est vrai que la sonde Rosetta n’a pas lésiné sur les kilomètres pour nous transporter à des vitesses trans-soniques. Et, sans beaucoup de prudence, au grand dam des écologistes qui respectent la lenteur des évolutions, nos bactéries étaient transformées depuis belle lurette pour être trans-géniques. Nous avions déjà, heureuses thérapie, les trans-plantations d’organes. Voila qu’il nous fallait encore être attentifs à cette surprenante possibilité d’un genre trans-sexué… Déplacement des frontières ? Trans-gression des limites ? Quel est ce dynamisme, comme congénital, qui nous trans-porte ? Aurions-nous peur de notre vie qui passe… et trans-ite. On peut se le demander quant le nouveau venu de la tribu des trans- s’impose comme l’avenir de notre humanité : le trans-humanisme (s’agit-il encore de nous ?). A en croire l’entrefilet du tabloïd « Metro - 4-12-14 » notre espèce sera bientôt supplantée grâce aux Cyborgs (humanoïdes implantés de puces électroniques « intelligentes »). Ainsi donc sommes-nous, et cela est notre grandeur, traversés par une étonnante aspiration, une trans-figuration, une trans-cendance. Savons-nous Laquelle nous trans-perce la chair et le cœur, l’esprit même… Lui trans-mettrons-nous notre avenir en Lui laissant notre dernière trans-subtantiation en sa Faiblesse.
Jean Burton, s.j.
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Echos • no 1 • janvier – mars 2015 •
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Venez en pèlerinage à Rome du 6 au 12 avril 2015 Un pèlerinage à Rome est organisé par l’Apostolat de la Prière. C’est durant la semaine de Pâques — un moment propice à libérer du temps. Bienvenue ! ierry Monfils présente quatre raisons d’aller prier plus près du pape François. • DÉCOUVRIR L’APOSTOLAT DE LA PRIÈRE L’Apostolat de la Prière est le réseau de prière du pape. Il connaît une recréation. En effet, les techniques connaissent un développement exponentiellement rapide. Vous aussi vous êtes peut-être au courant de ce que François a dit le matin même dans son homélie à Sainte-Marthe. Ces progrès rendent la prière d’autant plus vitale : pour accompagner la communication, prendre soin des relations humaines, réparer les brèches dans la fraternité et préparer la civilisation de l’amour toujours en chantier. Autant de raisons pour redoubler de prière : Dieu seul sait nous rendre capables d’aimer vraiment. Ayant fêté ses 170 ans le 2 décembre de l’an dernier, l’Apostolat de la Prière se découvre un nouvel horizon spirituel et communicationnel : prier au cœur du monde avec le pape. François souvent reporte l’affection qui lui est témoignée vers le ciel, vers Jésus Christ. Ce pèlerinage veut offrir une occasion de découvrir l’Apostolat de la Prière : nous allons le confier à Dieu. • FRANÇOIS Tous nous éprouvons de la sympathie, de l’affection ou de l’enthousiasme pour François qui ranime l’espérance. Ses paroles vigoureuses, son témoignage en paroles et en actes, ont un retentissement au-delà des limites de l’Église. A fortiori nous autres baptisés nous sommes renouvelés par son enseignement et sa joie. Venez puiser à la fontaine jaillissante de Saint-Pierre : la joie de Dieu ! Nous aurons vécu l’effort de conversion du Carême ; la semaine de Pâques sera le moment de célébrer le Christ ressuscité, cause indéfectible de notre joie. Lui seul est capable de revivre et faire revivre après la mort. Lui seul sait retisser les liens de l’humanité déchirée par l’irrespect et la violence. • PRIER AU CŒUR DU MONDE Le pèlerinage est l’occasion de confier Dieu les besoins spirituels et matériels de ceux que nous connaissons et du monde entier. Dieu veille sur nous : à lui parler de ceux que nous aimons, cela change quelque chose ; c’est l’amorce d’une réponse. Parfois Dieu donne ce que nous demandons, parfois Il donne autre chose, mais c’est toujours un bien. À travers tout, il donne son amour, et c’est cela qui compte par-dessus tout. « Prier au cœur du monde » est l’expression par laquelle l’Apostolat de la Prière exprime aujourd’hui la démarche d’intercession proposée à l’offrande de soi : nous prions au cœur du monde, avec l’aide du pape et autour de lui, afin que là où nous sommes et partout grandisse le Royaume du Christ. Le mois d’avril sera le moment de prier pour le respect de la création : « Notre maison planétaire va mal. Ô Esprit Saint, aide-nous à oser la justice sociale et écologique » (Piotr Barczak). Nous pourrons aussi témoigner en Église notre solidarité envers les chrétiens persécutés : ici aussi, la prière conduit à l’action. Nous ferons à Rome tout un chemin de rencontres et d’intercession, avec une présentation de différentes formes de prière. • « LA JOIE D’ÊTRE PEUPLE » Si nous allons à Rome, c’est surtout pour nous laisser aimer par Dieu. C’est la grande tâche de la vie, se laisser aimer par Dieu. Puiser à la source de son amour. Tout découle de lui, tout bien rayonne de lui. Pour bien assumer notre mission, il est important d’aller chercher auprès de Dieu la force et la joie. « Parfois, nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. Quand nous le faisons, notre vie devient toujours merveilleuse et nous vivons l’expérience intense d’être un peuple, l’expérience d’appartenir à un peuple » (Evangelii gaudium 270). Le pèlerinage est une façon de demander cette grâce de manière plus instante. Nous vivrons cette démarche ; du temps sera prévu aussi pour nous reposer ou visiter des édifices religieux. • S’Y PRÉPARER Pour bien vivre ce pèlerinage, je vous invite à venir si possible prier ensemble dès à présent : le vendredi à 17 h 30 nous vivons une heure sainte à la chapelle de La Viale Europe − Saint-Sacrement (chez moi, 205 chaussée de Wavre à 1050 Ixelles) ; un temps d’adoration eucharistique soutenue par l’enseignement de François, puis la messe suivie d’un partage convivial. Le pèlerinage coûte environ 200 EUR + l’aller-retour vers Rome. Le logement est organisé chez l’habitant. Enfin, vous pouvez nous confier une intention. ierry Monfils s.j.