Projet Urbain - Permaculture

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PROJET URBAIN PERMACULTUREL EN QUOI LA PERMACULTURE PEUT CHANGER LE PROCESSUS DE CONCEPTION ET LES OBJECTIFS DU PROJET URBAIN ?

ÉTUD. DISSARD Julia UNIT E0932 - MÉMOIRE 3 - MÉMOIRE INITIATION RECHERCHE

SRC

DE.MEM TUT.SEP

D’EMILIO L. MONNOT S.

MARCH ARCH

S09 DEM AMTH 18-19 Promo

© ENSAL


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

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Remerciements

REMERCIEMENTS Je remercie Luna d’Emilio, ma directrice de mémoire, qui m’a permis de dépasser mes à priori et le cadre théorique que je m’étais fixée au début de mes recherches. Je remercie Florian, pour son écoute, sa curiosité, son soutien et pour m’avoir accompagnée jusqu’au Pays Bas. Je remercie Oscar pour son aide précieuse de traduction de textes néerlandais. Je remercie mes colocataires, qui sont à mes côtés chaque jour : Sydney, Hugo, Pauline. Je remercie mes parents pour m’avoir permis d’aller jusqu’au bout dans ma recherche, ne limitant jamais mes pas que ce soit en Ardèche ou au Pays-Bas. Et tout particulièrement ma maman pour son écoute et ses conseils. Je remercie la Messicole pour la formation CCP qui fut pour moi dix jours de bonheur et de découvertes. Et je remercie l’ensemble des participants et formateurs avec lesquels j’ai pu échanger sur leur vision de la permaculture, je pense particulièrement à : Robin, Damien et Julie qui m’ont éclairés de leurs savoirs. Je remercie Marleen, Alexander, Florence pour m’avoir permis de découvrir leur quartier de l’intérieur. Je remercie l’ensemble des personnes qui m’ont ouvert leur porte pour parler de la permaculture : Héloïse Marie, Cathie, Hélène Berger, Anais Jeunehomme, Audrey Brantonne, David Delangh.

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0Marchand de drame et pointeurs de tragédie « Trop souvent devant l’horreur nous fermons les yeux et nous crions « assez ! » En exigent des mesures pour résoudre le mal. Or certains problèmes demeurent sans solution, en tout cas sans solution unique. Voilà ce qu’on appelle le tragique. L’opposition de deux forces qui ne sont pas d’accord et qui pourtant ont raison toutes les deux. Ainsi au XIXeme siècle, on peut trouver légitime de fuir la misère et la violence mais aussi légitime la figure du pays accueillant qui se fragilise. Choix tragique entre se montrer humain et se montrer prudent. On comprend la nécessité d’enrayer le réchauffement mais on ne veut pas stopper la croissance. Choix tragique entre ne plus vivre demain ou ne plus vivre aujourd’hui. On compatit avec ceux qui ont peu mais on craint de vider les poches de ceux qui ont plus. Choix tragique entre enrichir les pauvres et conserver des faiseurs de richesse. Or à la tragédie nous préférons tous le drame. Avec son schéma élémentaire, le bon et le méchant. Les marchands de drame prolifèrent en politique, les présidents qui aident à construire des murs pour en finir avec les migrants, des climato-sceptiques, des ultralibéraux, des anti-entreprises, des ultra-nationaux, et c’est ça le démagogue. Celui qui refuse la tragédie et aime le drame. Niant la complexité il brandit une solution unique. Même s’il nous déplaît, nous devons apprivoiser le tragique, le reconnaître, le mesurer, puis repousser le menteur qui l’oublie. Notre horreur des tragédies ensanglante le monde. C’est inconfortable d’être un homme, un homme lucide, mais le confort c’est la mort de l’autre. » Eric-Emmanuel Schmitt


0 INTRODUCTION


Introduction

1.INTRODUCTION Thème La permaculture fait aujourd’hui la Une des médias mais la définition même de la permaculture est souvent mal comprise par le grand public. Pour certains c’est une technique de jardinage, pour d’autres c’est une philosophie. Dans ce mémoire, je définis la permaculture comme une méthode de conception. Initialement elle a été créée pour concevoir des aménagements productifs et respectueux de l’environnement rivalisant avec le système de production agroalimentaire d’après guerre. La permaculture s’est progressivement enrichie pour concevoir des projets touchant à des domaines variés. Cette méthode de conception s’appuie à la fois sur une philosophie, une éthique, une vision systémique et un socle de connaissances dans le domaine de l’écologie. La permaculture a fait ses preuves dans de multiples projets (économiques, architecturaux, agricoles, …). Malgré sa reconnaissance naissante, elle reste une méthode de conception marginale encore peu connue des experts de l’aménagement du territoire. En parallèle, la méthode de conception du Projet Urbain est née dans les années 70 en réaction à l’urbanisme planificateur d’après guerre. Les maîtres mots du Projet Urbain étaient de faire avec l’existant et de créer un débat sociétal. Aujourd’hui, cette méthode de conception s’est standardisée et a été détournée de ses objectifs pour répondre aux logiques de la ville entrepreneuriale. Bien loin de créer un débat sociétal, le Projet Urbain crée des quartiers rentables et efficaces. Pourquoi s’intéresser aujourd’hui à deux méthodes de conception conçues dans les années 70 ? Chacune de ces théories est née à l’aube de la crise écologique et sociale que nous vivons aujourd’hui, qui était annoncée par le premier choc pétrolier de 1971. Pour cette raison, les problématiques qu’elles soulèvent sont les mêmes que celles que nous connaissons aujourd’hui : Comment aménager l’espace de manière démocratique et écologique ? Comment créer des débats faisant intervenir l’ensemble des acteurs du territoire pour créer ces nouveaux espaces ? Elles proposent différentes manières d’y répondre. C’est en ce sens que ces deux méthodes de conception sont d’actualité. Tandis que la permaculture s’attachait aux questions environnementales et

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agricoles, le Projet Urbain centrait ses réflexions autour des villes et du débat sociétal qu’elles engendraient. Alors que cette dernière méthode a été vidée de son éthique, la permaculture a quant à elle étendue sa réflexion et ses outils à l’espace urbain.

Pourquoi s’intéresser à des méthodes de conception ? Derrière chaque méthode de conception sous-tend une vision du monde et une éthique. La manière de conduire un projet impact le projet final. Questionner les méthodes de conception c’est questionner le monde qu’on veut créer pour demain. Avec qui on le construit ? Pour qui ? Pourquoi ? Pour quoi ? Comment ? Se réapproprier les méthodes de conception, les repenser c’est l’opportunité de choisir la trajectoire vers laquelle on souhaite que la société tende.

Situer la recherche par rapport aux précédents : La permaculture fait actuellement l’objet de plusieurs études. La plus connue est celle de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). De 2011-2015, cette recherche scientifique prouve la viabilité économique du modèle agricole permaculturel de la ferme du Bec Hellouin en Normandie. Cette étude a validé la permaculture comme un mode de production rentable. D’autres recherches font le lien entre permaculture et urbanisme. Emmanuel Pezrès (Architecte DPLG. Docteur en urbanisme et aménagement de l’espace, Chercheur associé à l’Institut de Géoarchitecture) et Adrien Krauz (architecte-urbaniste, doctorant à l’université Paris-Ouest Nanterre La Défense au sein de l’équipe Mosaïques – LAVUE) se sont tous deux intéressés à la permaculture dans le domaine de l’urbanisme au travers des villes en transition. Les villes en transition est un sujet que j’ai abordé dans mon rapport d’étude. Le mouvement des villes en transition a été créé en 2004 par Rob Hopkins, enseignant de la permaculture pendant 10 ans à l’université de Kinsale (Irlande). Ce mouvement ne s’affiche pas comme un mouvement permaculturel. Cependant, les outils proposés aux membres des villes en transition se rapprochent très nettement des outils permaculturels. La démarche de conception est la même qu’en permaculture. Ce mouvement donne aux habitants les clés pour concevoir des projets, pour faire évoluer leur ville et village. En s’emparant de ces sujets les citoyens recréent de la démocratie dans leur ville.

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Introduction

1. A.KRAUZ, Les villes en transition, 2014

2. E.PEZRES, La permaculture au sein de l’agriculture urbain, 2010

3. Ibid

4. S.MAROT, Propos liminaire : de l’art de la mémoire à l’art d’espérer, 2017, [00:1:015;00:1:40].

5. In Ibild, [1:01:15;1:01:38].

Adrien Krauz interroge les visions du monde sous-tendues par les discours sur la Transition et les acteurs qui les portent. Pour lui, la Transition ne propose pas de modèle urbain. Elle nous interroge sur notre capacité à construire notre futur de manière collective et délibérée, en proposant des alternatives qui se veulent à la fois radicales et concrètes.1 Emmanuel Pezrès ajoute que l’initiative des villes en transition cherche à faire de la « communauté » le moteur des actions de transition. Emmanuel Pezrès considère la permaculture comme outil parmi d’autres, [elle] n’apporte pas de solutions toutes faites à la réforme de la structure urbaine. Par contre, elle ouvre de nouvelles pistes et signale la nécessité d’abandonner les techniques et idéologies issues d’un mode de production […] replaçant le questionnement au niveau de la continuité de l’humanité, redéfinit l’urbain comme étant un biotope, là où il avait été retenu comme une juxtaposition de modèles mécaniques, économiques, écologiques, sociaux ou encore législatifs.3 Les recherches d’Adrien Krauz et Emmanuel Pezrès positionnent la permaculture comme une méthode à l’usage des habitants afin qu’ils se réapproprient l’aménagement de leur territoire. L’exemple des villes en transition en est un bel exemple. Il montre que la permaculture donne les outils aux habitants pour qu’ils s’impliquent d’avantage dans la conception et le fonctionnement de leur territoire. Sébastien Marot, (philosophe, docteur en histoire, maître de conférences HDR, chercheur au laboratoire OCS, EAVT Marnela-Vallée) dirige lui aussi sa recherche sur la thématique de la permaculture et de l’urbain mais en prenant un autre point de vue. Dans sa conférence à l’école polytechnique fédérale de Lausanne, intitulée « De l’art de la mémoire à l’art d’espérer », il fait l’état de l’avancement de son étude. Alors que sa recherche initiale portait sur l’alternative du paysage, c’est à dire l’inversion de perspective entre site et programme, qui était à l’oeuvre dans les projets d’un certain nombre de paysagistes et dans un certain nombre d’autres maîtres d’oeuvre.4 L’objectif de cette recherche devait permettre de dégager une morale provisoire sur laquelle les autres disciplines de projet qui sont l’architecture et l’urbanisme pourraient s’appuyer. Pour Sébastien Marot, la permaculture synthétise cette morale provisoire qu’il esquisse depuis plus de vingt ans. Sa conférence se conclut par l’injonction suivante : Maintenant on peut entreprendre de transposer, pas de faire de l’agri-tech-ture. De coller et de faire un hybride. Non ! On regarde attentivement ce que racontent ces gens là et on se demande dans quelle mesure ça [la permaculture] se transpose en architecture et en urbanisme.5

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Dans mon mémoire, je ne souhaite pas questionner la permaculture comme un outil destiné aux habitants, comme le font Adrien Krauz et Emmanuel Pezrès. En tant que futur aménageur du territoire, je veux porter mon regard sur l’application de la permaculture aux méthodes de conception utilisées dans les futurs métiers auxquelles je pourrais prétendre à la sortie de l’école d’architecture. Je désire comprendre en quoi la permaculture peut être pertinente dans mon futur professionnel. De même que Sébastien Marot, je cherche à comprendre comment la permaculture peut se transposer à l’architecture et à l’urbanisme. Plus précisément, il me semblait intéressant de transposer la permaculture à la méthode de conception du Projet Urbain. Un Projet Urbain impacte la trajectoire sociale et économique d’un quartier et plus largement, il impacte la trajectoire de la ville à laquelle le quartier se relie. Questionner la méthode de conception du Projet Urbain actuel, c’est repenser les villes de demain et la société qu’elles promettent. La problématique de mémoire est donc la suivante : En quoi la permaculture peut changer le processus de conception et les objectifs du Projet Urbain ?

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Méthodologie

2. MÉTHODOLOGIE La méthode de recherche de ce mémoire se décompose en trois temps. La première phase fut le temps de l’état des lieux durant lequel j’ai défini la permaculture et le Projet Urbain. Cette recherche s’est appuyée dans les deux cas sur une analyse théorique des livres fondateurs de ces méthodes de conception. L’objectif étaient de définir ces deux théories, comprendre leurs origines et leurs filiations. Dans le cas de la permaculture, cette analyse s’est aussi construite sur des entretiens avec des permaculteurs. Ces entretiens, ainsi que la participation au Cours Certifié en Permaculture à la Messicole, m’ont permis d’entrevoir les manières dont la permaculture était enseignée et traduite en pratique. En parallèle de ces recherches théoriques et appliquées, je construisais la problématique. Elle fut affinée et approfondie tout au long de l’étude. La deuxième phase fut le croisement de l’ensemble de ces données pour tenter de répondre à la problématique provisoire. L’analyse de l’ensemble des documents permirent de dégager des récurrences et des contradictions. Celles-ci servirent à poser des hypothèses et à affiner la problématique. La troisième phase repose sur une étude de cas du quartier d’EvaLanxmeer à Culemborg au Pays-bas. Cette étude de cas a permis de tester les hypothèses et proposer une première conclusion à la problématique du mémoire.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Transposition PROJET URBAIN

PERMACULTURE

En quoi la permaculture peut changer le processus de conception et les objectifs du Projet Urbain ? ETAT DES LIEUX THEORIQUE :

THEORIQUE :

THEORIQUE :

David Holmgren, Bill Mollisson, ...

Emmanuel Pezrès, Adrien Krauz, le mouvement des villes en transitions, ...

Ecole de Versailles : David Mandin et Philippe Panerai, Projet Urbain.

TERRAIN :

Entretiens avec des permaculteurs

TERRAIN :

Participation aux Cours Certifiés de Permaculture (72h)

Entretiens avec des architectes, paysagistes, urbanistes connaissants et/ou pratiquant la permaculture.

Ecole de Strasbourg : René Tabouret, Fondement du Projet Urbain

FORMULATION D’HYPOTHÉSES

Entretiens

Théorie

Formation

Théorie

Récurrences et oppositions

Problématique Hypothéses

ÉTUDE DE CAS CHOIX DE L’ÉTUDE DE CAS:

ANALYSE D’EVA-LANXMEER :

OBJECTIFS:

Définit selon les critères suivants : - Un Projet Urbain - Les experts du territoires et élus sont mobilisés dans le projet - Un projet à l’échelle d’un quartier - Une démarche permaculturelle durant la conception du projet

Etude du projet physique réalisé

Tester les hypothéses

Etude du projet sous l’angle du processus de conception.

Reformuler la problématique

Etude du paradigme sous-jacent au projet. QU’EST CE QUE JE CHERCHE ?

Dans quel contexte politique, économique et social a été créée la permaculture ? Comment se définit elle? Comment la permaculture est elle réappropriée par les permaculteurs ?

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En quoi la permaculture questionne les Projet Urbain ? En quoi est-il pertinent de transposer la permaculture au Projet Urbain ?

Dans quel contexte politique, économique et social a été créé le Projet Urbain ? Comment se définit il ? Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés le Projet Urbain aujourd’hui ?


Méthodologie

Quelques précisions sur le sommaire L’organisation de ce mémoire propose de retracer le fil de ma réflexion. Dans la première partie, mes recherches sur le Projet Urbain et la permaculture sont présentées. De l’étude de ces deux méthodes de conception découle une confrontation qui me permet de tirer des points communs entre le Projet Urbain et la permaculture et de proposer des hypothèses. La seconde partie correspond à l’étude de cas. Elle regroupe la méthode d’analyse d’Eva-Lanxmeer, l’étude du site, l’étude de son processus de conception et l’analyse de son paradigme.

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0 SOMMAIRE


Sommaire

6P.

0-INTRODUCTION

16P.

1-GENÈSE ET HISTOIRE DE DEUX MÉTHODES DE CONCEPTION

7p. 11p. 14p.

17p. 27p. 47p.

50P. 51p. 53p. 68p. 92p.

1. Introduction 2. Méthodologie 3. Sommaire

1. Projet Urbain 2. Permaculture 3. Deux méthodes de conception

2-ETUDE DE CAS : EVA-LANXMEER 1. Méthodologie 2. Analyse du site 3. Paradigme, processus et objectifs 4. Eva-Lanxmeer en image

100P. 0-CONCLUSION-BIBLIOGRAPHIE 101p. 105p.

1. Conclusion 2. Bibliographie

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1 GENÈSE ET HISTOIRE DE DEUX MÉTHODES DE CONCEPTION : LE PROJET URBAIN ET LA PERMACULTURE


Projet Urbain

1. PROJET URBAIN L’après guerre : l’apogée de la ville progressiste

Le Corbusier. 1910-1929. «Ville contemporaine de 3 millions d’habitants». Perspective. http:// www.

Dessin :

L’urbanisme d’après guerre fut confronté à la nécessité de reconstruire rapidement et massivement. Ce contexte laissa le champ libre au mouvement moderne qui prit une place prépondérante dans les pratiques urbanistiques et architecturales. La Charte d’Athènes, écrite en 1933, pose les fondements théoriques de ce mouvement. Cette charte propose un urbanisme répondant à quatre fonctions nécessaires : habiter, travailler, circuler, et bénéficier de loisir. Les logements sont conçus comme des machines à habiter, et la production de la ville est standardisée pour répondre fonctionnellement aux besoins des habitants.

B.HUET, L’architecture contre la ville, in AMC, n°14, 1986, 12 p.

Citation :

Le mouvement moderniste bénéficiera d’une influence considérable et d’une ampleur mondiale, mais l’émergence de la critique fut néanmoins rapide et virulente. La ville fonctionnaliste et hygiéniste qu’elle propose est conçue et construite en suivant des grands plans planificateurs décontextualisés et faisant table rase du passé. Les modernes veulent créer un modèle reproductible faisant fi des typologies existantes qui cristallisent la culture et les conventions sociales d’une société.

«A l’idée de ville, organisme complexe et non reproductible que l’histoire de l’Occident nous avait léguée, se substitue la représentation abstraite d’un système détaché de toute contingence historique et culturelle.»

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

L’urbanisme moderne est pour Bernard Huet la coupure entre la ville et l’architecture.6 Afin de produire une architecture reproductible, les modernes en oublient la morphologie de la ville dans laquelle vient s’encastrer des architectures types. L’architecture devient la ville, à l’image de l’unité d’habitation de Marseille de le Corbusier. La disparition de la ville engendre des architectures isolées sans connexions, ni cohérences. Pour Bernard Huet, la réconciliation de la ville et de l’architecture doit passer par la capacité de recréer des types architecturaux, qui définissent une morphologie urbaine pour que la ville s’efface devant l’évidence de l’architecture et l’architecte devant la nécessité de la ville.7

6. Idib

7. B.HUET, L’architecture contre la ville, in AMC, n°14, 1986, 13 p.

«Le droit à la ville se manifeste comme forme supérieure des droits : droit à la liberté, à l’individualisation dans la socialisation, à l’habitat et à l’habiter. Le droit à l’oeuvre (à l’activité participante) et le droit à l’appropriation (bien distinct du droit à la propriété) s’impliquent dans le droit à la ville. »

Citation :

D’autre part, l’urbanisme fonctionnaliste est critiqué pour son aspect autoritaire. La planification des villes menée à distance par des élites déconnectées du terrain semble faire du tort au droit à la ville de Lefebvre. La planification ne laisse pas la place aux débats, elle impose une ville aux règles figées et dénuées d’encrage culturel.

H.LEFEBVRE, Droit à la ville,1968, 155p.

Genèse et ambition du Projet Urbain 8. R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 58p.

« Cette approche du projet urbain veut surtout rompre avec la planification, des fonctionnaires qui appliquent des directives et des « recettes » sans temps se soucier ni des habitants, ni du lieu, ni de son histoire. A cet urbanisme autoritaire qui ne refuse pas la pratique de dérogation, il convient de substituer un débat collectif (élus, administrations, territoriales, forces économiques, monde associatif, architectes, urbanistes et paysagistes …), qui devra déboucher sur une proposition ouverte évolutive, réversible, qu’on nomme « projet urbain » »

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Citation :

C’est dans ce contexte que voit éclore dans les années 1975, la notion de Projet Urbain. Il propose une nouvelle réflexion sur l’urbanisme. Il se positionne comme une alternative à l’urbanisme lié à la planification.8

D.PUMAIN, T.PAQUOT et R.KLEINSCHMAGER, Dictionnaire de la ville et de l’urbain, 2006, 234p.


Projet Urbain

Les pionniers du Projet Urbain ont la volonté de s’éloigner d’une posture dogmatique, voire doctrinale, souvent reprochée au mouvement moderne. Ils proposent une méthode de conception s’appuyant sur la compréhension de la morphologie de la ville. Cette méthodologie doit permettre de s’adapter à la complexité de la ville tout en apportant des réponses spécifiquement adaptées aux nouvelles situations de projet. En France, cette nouvelle approche sera très vite adoptée. Suite à la décentralisation dans les années 1960, les communes se voient attribuer l’aménagement de leur territoire. Le Projet Urbain sera l’un des outils privilégiés pour remanier et dessiner les villes.

R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 20p.

Citation :

René Tabouret est l’une des figures à l’origine de cette approche. Le Projet Urbain est une réponse critique à l’urbanisme moderne et plus largement à l’ensemble des théories urbaines.

« L’urbanisme et ses formes a donné lieu à des propositions utopiques, à des politiques publiques, entrepreneuriales, à des doctrines normatives. »

R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 10p.

Citation :

Tabouret au lieu de chercher à définir une nouvelle doctrine universelle, propose une méthode de conception qui s’adapte selon les contextes de projets. La première étape de cette méthode est l’observation de l’existant. Il s’appuiera sur les travaux engagés par l’école d’architecture italienne qui se base sur une compréhension des tissus urbains et leur processus de création. L’histoire sociale et urbaine du site permet de construire les fondations du Projet Urbain et lui donne un sens, une symbolique.

« On veut éviter que ce recours au passé soit justificatif au sens d’annexion (le Projet Urbain a toujours existé) ou à son contraire (le Projet Urbain est tout autre que les pratiques précédentes). Il s’agit alors de reconstituer un passé à la lumière des problématiques actuelles du Projet Urbain. »

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Projet de forme : analyse typo-morphologique Le Projet Urbain est conçu en s’appuyant sur le site existant. Le tissu urbain qui le compose doit être la matière première pour concevoir le projet futur. Pour comprendre le passé de chaque tissu urbain, un ensemble de connaissances sur les formes urbaines vont être formalisées. Philippe Panerai et David Mangin vont au travers de leur livre Projet Urbain proposer une lecture presque scientifique de la ville. Leur travail est dans la lignée du courant italien, institué par Saverio Muratori dans les années 50. Il avait, selon leurs mots, engagé une définition des outils de l’analyse urbaine avec la notion de croissance, de typomorphologie et de morphologie.9 Ils vont donc poser les bases de l’analyse typo-morphologique qui fait le lien entre deux disciplines : la typologie et la morphologie. La typologie s’intéresse à l’étude et la classification des édifices selon différents éléments (dimensions, fonctions, distributions, systèmes constructif,...). La morphologie s’intéresse à l’étude de la forme urbaine et à son histoire selon des éléments la constituant (site d’implantation, le plan de la ville, le tracé des voies...).

9. P.Panerai et D.Mangin, Projet urbain, 1999, 13p.

Schéma :

Philippe Panerai et David Mangin veulent reconstruire une discipline urbaine. Ils jouent entre ces deux échelles pour constituer un ensemble de savoirs sur la ville. La définition des termes (parcellaire, découpages, densités, typologies, espaces publiques, places, rue, ruelles, passages...) crée un socle solide pour mieux lire la ville et comprendre son histoire.

Aujourd’hui l’analyse typo-morphologique est encore enseignées dans les écoles d’architecture. La compréhension des formes urbaines doit permettre de concevoir un projet cohérent avec le tissu existant et répondant aux habitudes de vie des habitants.

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P.Panerai et D.Mangin. 1999. «Différentes occupations d’un lot de 1080m2» Projet urbain. Schéma. 34p.


Projet Urbain

Projet politique et économique Mais le projet urbain ne se limite pas à un projet de forme sur une partie de la ville10. René Tabouret le définit aussi comme un lieu d’élaboration de stratégies partagées11. Le projet morphologique proposé par les urbanistes et/ou les architectes est en quelque sorte l’outil pour ouvrir le débat entre les différents acteurs de la ville. Son aspect prospectif permet de dégager une stratégie commune et de transposer les attentes politiques et sociales sous la forme d’un projet palpable morphologiquement, administrativement et financièrement. Le projet urbain est donc une méthode pour atteindre un objectif commun.

10. R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 7p. 11. In ibid

Bien que René Tabouret se garde de définir précisément le Projet Urbain, il tente de donner une démarche de référence12 : Projet de forme et de programmation sur une partie de la ville, prenant en acte l’existant (morphologie et sociale) et les différentes échelles. Émergence de stratégies partagées : dès la conception, le projet urbain conduit à négocier entre les investisseurs et la collectivité locale. Réalisation qui solidarise les intervenants et fixe des règles pour la définition des opérations. Projet situé prenant en compte les ressources et acteurs du site. Scénarios prospectifs qui doivent être producteurs de sens et d’une identité pour que les acteurs s’approprient le projet.

12. R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 36p.

R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 7p.

Citation :

Cette démarche montre que le projet urbain, au-delà de créer des formes urbaines, est une réelle mise en lien entre les acteurs de la ville. A la fois les financiers, les communautés de communes, et les experts (architectes, urbanistes, ingénieurs, …).

« Son origine semblait liée à la mise à jour des potentialités morphologiques de transformation de l’espace urbain comme support de production de valeur économique et symbolique. »

D’autre part le projet urbain dans ses fondements se voulait apporter une vision globale de la ville, contextualisée, transversale aux différentes disciplines et jouant sur différentes échelles. Le Projet Urbain a une portée globale. Il ne propose pas de schéma strict mais

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

une finalité économique, sociale et culturelle.

Une définition volontairement floue Cependant dès sa conception le Projet Urbain n’a pas de définition figée. Ce qui en fait son succès car il s’adapte aux différents contextes, économiques et sociale. Mais c’est aussi sa faiblesse car il peut être ré-interprété au point de parfois perdre ses principes fondamentaux : projet contextualisé (morphologiquement et socialement), concertation des différents acteurs, projet prenant en compte différentes échelles. D’autre part, le Projet Urbain a très rapidement été adopté dans les milieux professionnels mais il a souvent été mal employé.

Citation :

D.PUMAIN, T.PAQUOT et R.KLEINSCHMAGER, Dictionnaire de la ville et de l’urbain, 2009, 235p.

Citation :

Dans cette citation, seule la vision du Projet Urbain comme projet de forme ressort, alors même que c’est la démarche du Projet Urbain qui est innovante. Le projet formel est un outil à débats qui font partie du processus qui vise à créer une stratégie partagée entre les différents acteurs.

R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 38p.

« Tout est devenu « projet urbain », le moindre opération urbaine, la plus petite restructuration d’un îlot, le remodelage d’une barre, le traitement d’un parvis... Souvent assimilé au projet architectural, le projet urbain serait du même ordre mais d’une autre échelle, ce qui est particulièrement discutable. » Le succès du Projet Urbain a aussi eu pour conséquence son institutionnalisation, au travers des ZAC, qui n’était pas souhaité par son concepteur.

« L’intérêt de la démarche Projet Urbain tient à son caractère polymorphe et laisse entier le caractère problématique de chaque projet et incite à définir le processus créatif adapté à chaque situation. Ce serait un contresens de vouloir enfermer le Projet urbain dans une définition normative, encore pire de le transformer en procédure réglementée »

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Projet Urbain

Le Projet Urbain au service de la ville entrepreneuriale L’institutionnalisation du Projet Urbain lui ont fait perdre ses principes éthiques. Les ZAC doivent porter des projets politiques de tous bords. Alors même que le Projet Urbain était pensé pour ne pas donner lieu à des politiques publiques, entrepreneuriales13 et créer un débat collectif 14. Paradoxalement, l’ensemble des valeurs du Projet Urbain (politique, économique et architecturale) sont au service d’une idéologie pragmatique contextualisée libérale15 de notre société, comme le démontre Patrizia Inglezia dans son livre Projet Urbain. Tout d’abord, la valeur politique du Projet Urbain répond à une logique de concurrence. Les villes doivent être attractives pour rayonner à l’échelle internationale et pour faire de l’ombre à leur voisines. Dans le livre du politique à l’ouvrage, les auteurs parlent de villes entrepreneuriales16. Ils s’appuient pour cela sur trois grands Projets Urbains (Bilbao, Bordeaux, San Sebastien)

13. R.TABOURET, Fondement du projet urbain, 1989, 20p.

14. In ibid 15. P.INGALLINA, Le Projet Urbain, 2010, 14p.

O.CHADOIN, P.GODIER et G.TAPIE, Du politique à l’oeuvre, 2000, 34 p.

Citation :

Fig 01 : «Jardins de la soie». Perspective. carredesoie. grandlyon.com

Photos :

16. O.CHADOIN, P.GODIER et G.TAPIE, Du politique à l’oeuvre, 2000, 28 p.

Fig 02 : «Centre commercial». Perspective grandlyon.com

« Le grand projet est quelque chose qui sort de l’ordinaire, auquel on associe l’idée d’innovation. Le grand projet propose une image, une technique, une démarche hors du commun. C’est une expérience destinée à attiser la curiosité à servir de modèles à des maîtres d’ouvrages. »4

Fig 01

Fig 02

Fig 03 : «Vue aérienne du futur Carré de Soie». Perspective. ©Asylum Fig 04 : «Le projet Sky Avenue», Perspective. ©Asylum

Fig 03

Fig 04

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Les projets de plus petite ampleur traduisent aussi ces mêmes intentions. Le Projet Urbain est un outil politique pour se démarquer. Il devient une image marketing pour rendre ses quartiers et donc sa ville attractive.

Un Macrolot « associe plusieurs maîtres d’ouvrage pour la réalisation d’un même ensemble composé de plusieurs programmes de nature différente, avec ou non plusieurs architectes. »

Citation :

Cette concurrence politique sonne à l’unisson avec la concurrence économique qui existe entre les villes. Elles deviennent des produits à commercialiser17 . Elles doivent attirer les investisseurs, les entreprises et les habitants qui les financent. Antoine Guironnet démontre l’intérêt de prendre en compte les logiques financières qui participent à la construction de la ville. Il prend l’exemple du projet du Carré de Soie à Lyon et du Schéma d’accueil des entreprises du Grand Lyon. Il démontre que la politique de développement urbain du Grand Lyon s’appuie en partie sur l’investissement dans l’immobilier tertiaire. Le Grand Lyon construit régulièrement et de façon répartie des bureaux pour que les entreprises s’installent durablement sur son territoire. Cette filière d’investissement contribue en ce sens à la standardisation d’une partie de l’environnement urbain bâtit à travers la production d’immeubles dont les caractéristiques garantissent des rendements ajustés du risque18 Les programmes implantés sont pensés pour être rentables. La place des acteurs de la filière d’investissement immobilier (gestionnaires d’actifs, promoteurs, marketing, ...) est prépondérante. Les Projets Urbains sont devenus des montages financiers complexes, à l’image des macrolots.

Le montage financier et opérationnel des macrolots permet une rapidité d’exécution19 et ainsi une diminution des coups de construction. La ville d’aujourd’hui doit être efficace comme le rappelle à plusieurs reprises Jacques Lucan dans son livre Où va la ville aujourd’hui. Ainsi projet programmatique et financier ne semble plus être du ressort des architectes et des urbanistes. Leur place dans les Projets Urbains est limitée face aux décisions des investisseurs. Patrizia Inglezia va jusqu’à dire que le rôle des architectes est « décalé » face aux enjeux qui se dessinent. A quoi bon chercher la forme idéale si le fond du projet est mauvais ? Alors que le Projet de forme devait être l’outil de la négociation, il devient une image de marketing au service des villes.

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17. P.INGALLINA, Le Projet Urbain, 2010, 14p.

18. A.GUIRONNET, Une financiarisation si discrète, 2016.

J.LUCAN, Où va la ville aujourd’hui ?, 2012, 75 p.

19. J.LUCAN, Où va la ville aujourd’hui ?, 2012, 100 p.


Projet Urbain

Critique du Projet Urbain Le Projet Urbain, sous sa forme actuelle, est aujourd’hui remis en question dans le monde universitaire où il a été conceptualisé. Le colloque Ville, territoire, paysage est révélateur des enjeux qui sont soulevés.

D.PUMAIN, T.PAQUOT et R.KLEINSCHMAGER, Dictionnaire de la ville et de l’urbain, 2009, 235 p.

20. X.GUILLOT, Ville, territoire, paysage, 2016, 202 p.

Citation :

Le Projet Urbain ne crée plus le débat collectif. Le processus ouvert qu’il proposait de mettre en place initialement a été annihilé par le phasage imposé par la temporalité des ZAC. Ce phasage ne permet pas d’itération. Cette temporalité linéaire cherche à minimiser les coûts d’exécution. La place pour débat de fond rentre difficilement dans ce calendrier. D’autant que la loi SRU initie officiellement un nouvel acteur dans le débat : les habitants. Face à cette nécessité de débat collectif, la place des architectes est remise en question. Jean Rémy : « le projet urbain est médiation apte à faire émerger une forme de vie collective dans la mesure où elle articule une représentation mentale, à une appropriation signifiante du monde matériel. »

Les architectes ne doivent ils pas être médiateurs avant d’être concepteurs ? Le projet de forme ne doit-il pas retrouver son aspect de médiation qui lui était initialement attribué ? Le Projet Urbain redevenu projet de société, la politisation des architectes semble indispensable, c’est du moins ce que défend François Nowakowski. Il souhaite voir naître dans les écoles d’architecture un pédagogie politique17 afin que les futurs architectes soient conscients de la parole politique que véhiculent les projets qu’ils conçoivent. D’autant plus, que pour concevoir des projets à contresens du paradigme des villes entrepreneuriales, penser le projet de forme ne suffit pas. Il faut trouver d’autres façons de faire le projet.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Conclusion Pour René Tabouret, le Projet Urbain devait proposer une mise en débat des différents acteurs pour définir un projet collectif, situé et complexe. Aujourd’hui, le Projet Urbain, tel qu’il est mis en œuvre dans les ZAC, permet certes de matérialiser un projet politique, économique et sociale mais il n’est plus le fruit d’un débat collectif. Le format institutionnel et temporellement figé des ZAC impose un cadre économique et concurrentiel fort qui oriente les projets. Il donne beaucoup de pouvoir aux acteurs économiques et implique une construction rapide et efficace de la ville. Le projet de forme n’est plus l’outil prospectif de mise en débat de la stratégie globale entre les différents acteurs. Il a été relégué a une transcription littérale et économique d’une stratégie économique et politique. Le projet de forme devient l’image marketing qui se soustrait au débat collectif. La conception et la construction des villes contemporaine, interroge bien plus que la méthode de conception des architectes et des urbanistes. Elle questionne le paradigme dans lequel la ville est construite et les jeux d’acteurs qui en découlent. Ainsi en requestionnant le Projet Urbain , on interroge plus largement la société dans laquelle il est mis en œuvre. Le Projet Urbain n’est pas la seule méthode de conception qui existe. Ainsi, je propose de faire un pas de côté et d’analyser une autre méthode de conception conçue dans les années 70 : la permaculture. Cette méthode propose une autre vision de la société, non institutionnelle et laisse imaginer d’autres trajectoires possibles pour nos villes de demain.

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Permaculture

2- PERMACULTURE : Contexte et Objectifs initiaux :

B.MOLLISON et D.HOLMGREN, Perma-culture 1, 2017, 15p.

Citation :

Pour définir la permaculture, revenons à sa genèse. La permaculture a été conçue en Australie par deux chercheurs en écologie des écosystèmes : Bill Mollison et David Holmgren. La permaculture fut définie et développée à la suite d’une collaboration courte mais intense, qui donna lieu à la parution d’un premier livre en 1978, Permaculture 1. Ce livre pose une première définition de la permaculture qui est la suivante : «« Permaculture » est un mot que nous avons forgé pour désigner un système évolutif, intégré, d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme. C’est, dans son essence, un écosystème agricole complet, façonné sur des existants, mais plus simples. […] il peut convenir à n’importe quel climat, et a été conçu aussi pour s’adapter à des conditions urbaines. »

B.MOLLISON et D.HOLMGREN, Perma-culture 1, 2017, 16p.

21. J.M. POWELL, L’idéal du « yeoman » en Australie, 2015.

Citation :

Cet écosystème agricole est pensé en premier lieu pour répondre au besoin de communautés en Tasmanie. « Une fraction assez nombreuse de population, […] a acheté de la terre, en Tasmanie, et dans d’autres régions d’Australie, dans l’intention de développer une agriculture vivrière, souvent en exerçant un travail extérieur à temps partiel, en attendant que le système se développe. […] C’est à ces gens que cette étude s’adresse en premier lieu »

Les auteurs font ici référence au mouvement australien retour à la terre très important dans ce pays. Ce mouvement a d’abord eu des fondements coloniaux. Les terrains étaient donnés aux citoyens modestes pour coloniser physiquement l’espace. Ce mouvement a ensuite évolué pour répondre au souci agrarien – parfois exprimé de façon délibérément romantique – tout autant que par les contraintes, les besoins et les opportunités liées à l’économie et à l’environnement. »21

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« Les mouvements de « retour à la terre » persistent, avec des fluctuations, durant tout le XXe siècle. Le goût qui pousse à obtenir, pour soi-même ou pour sa famille, une implantation dans l’Australie rurale prend bien des formes. L’explosion de l’agriculture menée comme un hobby autour de chaque grande ville ou chaque bourg rural témoigne, depuis les années 1970 par exemple, de l’attrait permanent de l’image romantique de la « vie à la terre », même si d’importantes différences économiques et émotionnelles la distinguent des expériences du XIXe siècle. »

Citation :

Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

J.M. POWELL, L’idéal du « yeoman » en Australie, 2015.

Après une année à parcourir le pays en auto-stop, David Holmgren, jeune étudiant en paysagisme (landscape design) prend conscience de l’ampleur de ce mouvement en Australie. Bill Mollison, maître de conférence en écologie des écosystèmes, va lui même s’installer dans l’espace rural et créer en 1978 la communauté Tagari à Stanley. Leur objectif est donc de donner les moyens à ces populations de vivre en autonomie malgré une terre peu fertile.

Une définition en évolution :

« Je considère la permaculture comme un écosystème énergétique complet, sûr et durable. La permaculture, telle qu’elle est ici définie, se veut une méthode d’agriculture planifiée, dont les choix, la disposition sur le terrain et la conduite des plantes et des animaux constituent la base. Dans ce sens, cet ouvrage n’est pas un livre de « jardinage » »

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Citation :

Cependant, ce premier livre ne s’appuie pas uniquement sur des techniques de jardinage et c’est en ce sens que la permaculture va évoluer. Elle cherche a donner une vision plus large au projet que le simple aspect agricole. Le projet de ferme se pense dans sa globalité (environnement bâti, gestion de l’énergie, ...) et en interaction avec ce qui l’entoure. On parlera par la suite d’une vision systémique. Bien que les deux fondateurs réaliseront par la suite une bibliographie séparée, on retrouvera toujours ce lien commun. Pour comprendre les similarités et différences entre les deux concepteurs, citons tout d’abord deux définitions, l’une de B.Mollison et une de D.Holmgren :

B.MOLLISON, Permaculture 2, 2018, 17p.


D.HOLMGREN, Permaculture, 2014, 37p.

22. M.FUKUOKA, La Révolution d’un seul brin de paille, 1978, 12p.

Citation :

Permaculture

« La permaculture est « Le recours à un mode de pensée systémique et à des principes de conception, qui fournissent un cadre organisationnel au sein duquel il est possible de concrétiser le concept [d’une culture permanente (et soutenable)]».

La première définition date de 1978, elle reste centrée autour de la conception de systèmes agricoles, tandis que la dernière définition de 2002, élargie le concept à la conception de l’ensemble d’une culture permanente. Le terme qui était d’abord pensé comme permanent agriculture est devenu la permanente culture. Elle ne vise plus uniquement à changer le système agricole, elle cherche à changer la société qui a conduit à ce système agricole. Comme M.Fukuoka dont ils s’inspirent, ils ont su percevoir que quand nous changeons la manière de faire pousser notre nourriture, nous changeons notre nourriture, nous changeons notre société, nous changeons nos valeurs ...22. Cependant, la vision de B.Mollison restera d’avantage tournée autour de la production agricole, tandis que D.Holmgreen cherchera à généraliser la permaculture à l’ensemble des disciplines. C’est pourquoi dans ce mémoire, je parlerai de projet permaculturel et non de projet permacole, qui fait référence à un système agricole. En repartant de ces définitions, notons aussi que dans les deux cas on parle de conception. B.Mollison parle d’une méthode d’agriculture planifiée tandis que D.Holmgreen évoque un mode de pensée qui permet de concevoir. En ce sens, la permaculture doit être comprise, au même titre que le Projet Urbain, comme une méthode de conception. Au travers des différentes sources et études, je définirai dans ce mémoire la permaculture comme une méthode de conception qui s’appuie sur quatre éléments : Une philosophie qui se base sur une éthique (prendre soin de l’homme, prendre soin de la terre et partager les surplus). Cette philosophie se fonde aussi sur une volonté de créer un monde nouveau pour faire face à la crise écologique et sociale que nous préparons. Des patterns, qui guident chaque conception. Une base de connaissances théoriques des écosystèmes naturels et humains (qui donne des notions sur l’eau, le sol, l’énergie et les interactions sociales). Ces savoirs sont tirées des fondamentaux des sciences de l’écologie. Une boite à outils qui rassemble des outils et techniques

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Dessin :

venues de diverses disciplines (agriculture, architecture, relation humaine, ingénierie, …)

J.Dissard. 2019. «Permaculture : philosophie, patterns, connaissances, boite à outils». Schéma.

Permaculture

Cette méthodologie permaculturelle permet de rassembler les outils et techniques utiles à un projet dans un contexte donné, tout en ayant une vision globale et éthique du projet à plus grande échelle.

Philosophie et filiations

Théorie de l’effondrement

«En présentant la permaculture comme autant de principes et de pistes d’actions permettant d’aller au-delà de la soutenabilité, je laisse entendre que nous devons dépasser les notions naïves et simplistes de la soutenabilité vues comme un futur accessible pour nous et nos petits enfants, et accepter notre rôle c’est à dire utiliser notre habitude du changement permanent pour nous adapter à la descente énergétique. »

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Citation :

B.Mollison présente la permaculture comme une réponse positivante à la crise environnementale. Le terme positivant de Mollison renvoie au sens de positivisme logique en philosophie et l’attitude positive des individus. La crise environnementale est vue comme un danger si notre société n’évolue pas, mais aussi comme une opportunité d’évoluer vers une société sobre, résiliente et juste.

D.HOLMGREN, Permaculture, 2014, 58p.


Permaculture

D.Holmgren. 2012. «Descente énergétique et permaculture», Permaculture, Diagramme. 57p.

23. E.F.SCHUMACHER, Small is beautiful, 1973, 20p. 24. Ibid

« The way down can be properous is the exciting viewpoint whose time has come. The goal is to keep the economy adapted to its global biophysical basis. »

Le chemin de la décroissance peut être appréhendé de façon passionnante et le temps est venu de le parcourir. L’objectif est d’adapter l’économie au monde biophysique globale.

Diagramme :

H.ODUM, E.ODUM, A properous way down, 2001, 16p.

Citation :

La nécessité de créer un monde meilleur pour répondre à la crise est ancrée dans L’ADN de la permaculture. Howard Odum, qui est cité dans la bibliographie de Permaculture 1, annonce lui aussi la descente énergétique comme une opportunité.

Cette crise est apparentée à un changement de régime énergétique et économique. E.F.Schumacher soulève la nécessité de changer de système énergétique. Nous considérons les combustibles fossiles comme un revenu et non comme un capital23 comme s’il s’agissait d’un produit que nous avons nous même fabriqué.24 La permaculture a la prétention de créer des systèmes pouvant se passer d’énergie fossile tout en économisant l’énergie manuelle de l’homme. Ainsi, face au changement de système énergétique et économique inévitable qui se profile, la permaculture propose d’agir. Et elle donne une base pour que n’importe qui puisse créer un projet participant à construire une société post-pétrole. C’est en suivant cette logique que

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Filiation non exhaustive

H.Odum

H.Odum est écologue, il est un des précurseurs à travailler sur l’écologie des écosystèmes.Il fait de nombreux travaux sur l’analyse systémique. Il fait figure de référence centrale avec son livre Environment, Power and Society de 1971, déjà cité dans Permaculture 1.

M.Fukuoka

M.Fukuoka est un ancien chercheur qui s’est reconverti dans l’agriculture. Il chercha toute sa vie à développer l’agriculture du non agir. Dans son livre manifeste, La révolution d’un seul brin de paille, il développe à la fois sa philosophie et ses savoirs agricoles.

E.F.Schumacher

E.F.Schumacher, économiste et statisticien, fut connu pour son livre Small Is Beautiful: A Study of Economics As If People Mattered de 1973. Il y propose de repenser les logiques économiques en abordant des sujets transversaux : la prodution, l’économie, agriculture, l’industrie, l’énergie ...

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Permaculture

ses concepteurs ont conçu une méthode de conception accessible au plus grand nombre.

25. M.FUKUOKA, La Révolution d’un seul brin de paille, 1978, 101p.

Penser le monde différemment

Cependant, de même que Fukuoka disait avant que le chercheur devienne chercheur, il devrait être philosophe25, avant de concevoir une méthode de conception il faut savoir sur quel paradigme la fonder. Cette vision du monde s’est construire en réaction à la pensée occidentale dominant. La vision de la permaculture s’appuie sur une compréhension systémique du monde. La pensée systémique propose de travailler avec des systèmes ouverts qui sont déterminés par leurs interactions avec l’extérieur. Je pense que cette façon d’aborder le monde est en opposition ou du moins en décalage avec notre mode de pensée européen dominant, rationnel, réductionniste.

M.FUKUOKA, La Révolution d’un seul brin de paille, 1978, 112p.

Citation :

Cette pensée s’est d’abord exprimée au travers de la maxime le tout est plus que la somme des parties écrit par le philosophe chinois Lao –Tseu, en 600 av. J.C.. Mais c’est seulement en 1926 que pensée systémique est théorisée par Ludwig von Bertalanffy. Lors de la première révolution industrielle, la pensée scientifique s’est éloignée d’une pensée holistique pour privilégier une pensée cartésienne, qui étudie un élément complexe en le décomposant en des éléments plus petits, et en travaillant par causes et conséquences. Mais plus les mécanismes et les technologies évoluent, plus ils se complexifient rendant la méthode de l’analyse par élément inefficace. Ce systéme en place est dans l’incapacité de répondre aux crises qu’il engendre. C’est ce qu’explique Fukuoka : «Quand on prend une décision pour faire face aux symptômes d’une crise, les mesures correctives sont censées devoir résoudre cette crise. Elles le font rarement. Les mesures ou les contre-mesures humaines procèdent d’une vérité scientifique et d’un jugement limité. Mes modestes solutions, sont efficaces car elles éliminent la source du problème. La pollution ne fera qu’empirer jusqu’à ce que la foi dans les grosses solutions technologiques soient renversées. »

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

La Fleur permaculturelle D.Holmgren. 2012. «La Fleur permaculturelle». Permaculture. Diagramme. 38p.

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Permaculture

L.VON BERTALANFFY, Théorie générale des systèmes, 1993, 6p.

Citation :

L’objectif de la théorie générale des systèmes est de formuler des principes valables pour tout système indépendamment de la nature des éléments qui le composent et des relations qui les relient.

« La pertinence de cette théorie s’explique dans une large mesure par son orientation scientifiquement (plutôt que métaphysique) « holiste ». » La recherche de principes valables pour l’ensemble des systèmes va se traduire en permaculture par l’énoncé de patterns qu’on définira plus loin. Au-delà de la vision systémique, le rejet de la pensée réductionniste s’exprime par une recherche de la complexité et non plus de la simplification à l’extrême des systèmes.

« On peut considérer, avec Michel Serres, que la complexité est un concept flou et mal défini. Néanmoins, il présente l’intérêt de créer une rupture avec le réductionnisme qui laisse entrevoir un monde fonctionnant sur le modèle des horloges. Un monde programmé (par une main invisible, par un créateur?) qui laisse la porte ouverte aux idéologies... A l’inverse admettre la complexité c’est reconnaître qu’il y a une part d’indétermination dans la nature. »

Citation :

C.LEVEQUE, L’écologie est-elle encore scientifique ? , 2003, 68p.

Les projets permaculturels portent dans leur gènes une vision systémique et complexe du monde mais ce ne sont pas leurs seules caractéristiques. Les projets permaculturels s’appuient sur une éthique qui se résume en trois points : Prendre soin des humains, Prendre soin de la terre et Partager les surplus. Ces trois principes éthiques portent en eux plusieurs significations.

Prendre soin des humains

Partons du premier qui est Prendre soin des humains. Ce principe indique que les systèmes qu’on conçoit doivent permettre de prendre soin de soi d’abord puis de ceux qui nous entourent. Cette prérogative est indispensable pour concevoir des systèmes stables. Le facteur humain dans la réussite d’un projet, d’une société ne peut pas être mis de côté. Ce facteur implique la recherche d’une d’épanouissement individuel et collectif au travers de la construction de liens sociaux

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

sains et stables. Prendre soin des humains s’appuie sur deux niveaux : individuel et sociétal.

« Une société conviviale est une société qui donne à l’homme la possibilité d’exercer l’action la plus autonome et la plus créative, à l’aide d’outils moins contrôlables par autrui. »

Citation :

A ces deux niveaux, la place de la liberté et de l’épanouissement sont centrales. Le système libérale et machiniste d’après guerre a libéré l’homme d’une partie des travaux manuels et des structures sociales qui l’opprimaient. Cette société a mené à un asservissement d’un genre nouveau. Le citoyen est devenu un consommateurs démuni de créativité, il doit travailler pour le système dont il est dépendant afin d’espérer bénéficier des richesses qui en découlent. Un courant de pensée représenté par le penseur Ivan Illich cherche à construire une autre société : une société conviviale. I.ILLICH, La convivialité, 1973, 43p.

« une technologie d’un genre différent, une technologie à visage humain qui au lieu de rendre superflus les mains et le cerveau de l’homme, les aides à devenir bien plus féconds qu’ils ne l’ont jamais été auparavant »

Citation :

La permaculture ne s’inspirera pas directement des propos d’Illich, mais cette pensée sera transmise à D.Holmgreen au travers du livre Small is beautiful de E.F.Schumacher. E.F.SCHUMACHER, Small is beautiful, 1973, 160p.

Ainsi Prendre soin de l’homme, c’est penser une société conviviale qui s’appuie sur des outils et des technologie d’un genre nouveau, c’est créer une société où les citoyens sont maîtres de leur trajectoire.

Prendre soin de la terre

J’utilise ici le terme trajectoire en référence à l’écologie des écosystèmes. Le terme trajectoire est une métaphore empruntée à la physique. C’est la courbe décrite par un point d’un corps lors de ses positions successives au cours du temps. La trajectoire possède à la fois un passé et un futur.26 Les êtres humains, en se réappropriant leur trajectoire se réapproprient la trajectoire des lieux dans lesquels ils vivent. L’écologie des écosystèmes, base théorique de la permaculture, invite à considérer à la fois les êtres vivants et le milieu physico-chimique dans lequel ils évoluent.27 Cette vision globale

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26. C.LEVEQUE, L’écologie est-elle encore scientifique ?, 2003, 61p. 27. Ibid


Permaculture

permet de comprendre la maxime Prendre soin de la terre comme une facette indissociable de Prendre soin de l’homme. Dans l’essai récent de l’écologue Christian Lévêque, il met en perspective l’évolution permanente des écosystèmes naturels sous l’effet conjugué des paramètres climatiques et anthropiques.28 L’influence de l’humain sur la nature n’est pas forcement néfaste mais il faut conscientiser notre influence sur les écosystèmes en place. Admettre que l’on peut piloter les trajectoires, c’est aussi admettre qu’il doit y avoir débat et concertation puisque la science écologique ne peut plus se prétendre détentrice d’un état de nature « modèle » (Bouleau et al., 2009).29 La permaculture a conscience de cette nécessité de penser la nature comme partie prenante des sociétés humaines. Prendre soin de la terre, ce n’est pas la patrimonialiser les écosystèmes naturels actuels, c’est penser ces écosystème en coévolution avec les sociétés humaines.

28. Ibid

29. C.LEVEQUE, L’écologie est-elle encore scientifique ?, 2003, 62p.

E.F.SCHUMACHER, Small is beautiful, 1973,103p.

Citation :

Prendre soin de la terre doit aussi être compris au premier sens du terme, prendre soin du sol. La permaculture vise à agrader les sols, pour les rendre plus riches et plus productifs. Tome Dale et Vernon Carter : « De toutes les ressources matérielles, la plus importante est incontestablement la terre. Étudiez quel traitement une société fait subir à sa terre, et vous arriverez à des conclusions relativement dignes de foi quant à l’avenir qu’elle se réserve» Cette citation des écologistes Tome Dale et Vernon Carter est symptomatique du lien entre permaculture et agriculture. Bien que la permaculture ne permet pas de créer uniquement un système agricole, les systèmes qu’il conçoit sont néanmoins liés au sol. La société permaculturelle ne peut se penser sans un respect et une attention toute particulière à la richesse des sols et au vivant qui les compose. Partager les surplus ou Fixer des limites à la consommation et à la démographie, et redistribuer les surplus. Les deux concepteurs de la permaculture proposent deux énoncés différents pour le dernier principe éthique. B.Mollison parle de Partager les surplus, là où D.Holmgren dit qu’il faut fixer des limites à la consommation et à la démographie, et redistribuer les surplus. Ici, je vais me concentrer sur le principe qu’énonce D.Holmgreen qui est pour moi plus complet et plus proche de ma vision de la permaculture.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Principes de conception Prendre soin de la Terre

Ne produire aucun déchet

Prendre soin des humains

La conception, des motifs aux détails

Fixer des limites redistribuer les surplus.

et

Interagir Capter et stoker l’énergie Obtenir une production Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction Utiliser et ressources

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valoriser

les

Intégrer au lieu de ségréguer Utiliser des solutions lentes et à petite échelle Se servir de la diversité et la valoriser Utiliser les bordures et valoriser la marge Face au changement être inventif

D.Holmgren. 2012. «Principes de conception». permacultureprinciples.com. Diagramme.


M.FUKUOKA, La Révolution d’un seul brin de paille, 1978,130p.

Citation :

Permaculture

Fukuoka insiste sur la nécessité de fixer les limites à la consommation humaine, dans un monde fini. La prospérité universelle n’est possible que si on fixe une limite à celle-ci. La recherche d’un mode de vie frugale, économe en énergie fait partie intégrante des systèmes permaculturels. De même que l’économie bouddhiste, elle cherche la voie du milieu entre l’insouciance matérialiste et l’immobilité traditionnaliste ; en résumé, de trouver comment « gagner son pain honnêtement »30.

30. E.F.SCHUMACHER, Small is beautiful, 1973,62p.

Pattern : La conception permaculturelle s’appuie sur des patterns.

Définition :

cnrtl.fr

« Si nous avons une crise alimentaire elle ne sera pas due à l’insuffisance du pouvoir productif de la nature, mais à l’extravagance du désir humain. »

Un pattern est un « modèle simplifié d’une structure de comportement individuel ou collectif (d’ordre psychologique, sociologique, linguistique), établi à partir des réponses à une série homogène d’épreuves et se présentant sous forme schématique. »

H.ODUM, E.ODUM, A properous way down, 2001, 16p.

Citation :

Ces modèles schématiques représentent la philosophie de la permaculture et donne des clés pour la retranscrire dans un projet. Les patterns sont liés à l’analyse systémique. Cette analyse systémique cherche a définir des lois qui régissent l’ensemble des systèmes peu importe leur échelle. Elle a beaucoup été théorisée par H.Odum. « Theory and research now suggest that many, if not all, of the systems of the planet (and the universe) have common properties, organize in similar ways, have similar oscillations over time, have similar patterns spatially, and operate within universal energy laws. If so, it is possible to use these principales in advance to select policies that will succeed. »

Aujourd’hui, la théorie et la recherche suggèrent que beaucoup, sinon tous, les systèmes de la planète (et de l’univers) ont des propriétés communes, s’organisent de manière similaire, ont des oscillations similaires dans le temps, ont des modèles similaires dans l’espace et fonctionnent dans le cadre de lois énergétiques universelles. Si tel est le cas, il est possible d’utiliser ces principes pour choisir les stratégies les plus adaptées.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

La permaculture appelle ces patterns principes de conception. Ces principes ont d’abord été formalisés par B.Mollison dans son livre Permaculture : a designers’manual de 1988. Ces principes de conceptions varient selon les différentes approches de la permaculture. Ceux de D.Holmgren (représentés sur le diagramme page 38) proposent des principes plus théoriques et moins orientés vers l’agriculture ou un autre domaine que ceux de B.Mollison. Je ne détaillerai pas l’ensemble de ces patterns dans ce mémoire. Chacun d’entre eux peut être compris à plusieurs échelles et dans plusieurs domaines. Ces patterns permettent à tout un chacun d’avoir une démarche permaculturelle avant même d’en comprendre tous les tenants et les aboutissants. Ils sont comme des repères sur lesquels on s’appuie lors de la conception pour être sûr de ne rien oublier.

Connaissances des écosystèmes

Les patterns permettent de cerner rapidement la philosophie permaculturelle mais ils ne sont pas suffisants pour concevoir des projets concrets. La permaculture délivre donc des connaissances théoriques et pratiques sur les écosystèmes naturels. Ce sont des bases, qui selon chaque projet, seront nécessaires de compléter et d’adapter. Ces connaissances sur les écosystèmes naturels se fondent sur trois grandes thématiques : Le sol, l’eau et l’énergie auxquels vient s’ajouter un quatrième, les relations humaines. Je ne donnerai ici qu’un aperçu de ces connaissances, en donnant les principales notions que la permaculture essaie de transmettre. Le sol est défini par sa composition (micro-organismes, minéraux et phases gazeuses) et les interactions entre ces différents constituants. La roche mère, sur laquelle est posée le sol, permet de déterminer le PH, la texture (c’est à dire son comportement à l’eau) et ses nutriments. Ces nutriments sont eux même transformés par les organismes qui se trouvent dans le sol. Ces même organismes ont besoin de respirer et ainsi rentrent en interactions avec les gazs présents dans les sols. La compréhension des écosystèmes du sol et la connaissance des différents types de sols donnent aux permaculteurs les clés pour comprendre à quel sol ils ont a faire sur leur site. Ainsi ils pourront l’agrader et associer les espèces animales et végétales appropriées. Le fonctionnement du sol et des espèces animales et végétales sont directement liés au cycle de l’eau. Cet élément est indispensable pour le bon fonctionnement d’un projet. Là encore, la permaculture redéfini

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Permaculture

J.Dissard. 2019. «Composition du sol». Schéma

Dessin :

l’eau, les propriétés et ses différentes formes qu’elle peut prendre. Ces savoirs permettent à la fois de gérer l’eau, soit en trouvant les moyens de la conserver ou dans d’autres situation de limiter ses ravages.

Mineraux

SOL Gaz

Micro-organismes

Le troisième thème est celui des énergies qui sont indispensables pour concevoir un système global. L’enseignement donne les clés pour comprendre les différents moyens de produire de l’énergie de façon durable, de comprendre les flux d’énergie et les manières les plus économes pour la consommer. L’analyse des écosystèmes humains et plus précisément des relations humaines se développe progressivement en permaculture, certains parlent même de permaculture humaine. Comprendre les interactions entre individus c’est être apte à les améliorer. Ainsi nombre de permacultures donne les bases pour définir le mode de gouvernance nécessaire pour créer et réaliser une vision commune pour mener à bien un projet. Différents types de gouvernances existent : vote, consentement, consensus. Aucune n’est appropriée à toutes les situations. Cependant plusieurs prérogatives sont indispensables : l’écoute, l’observation et ne pas prendre les choses personnellement. Pour conclure sur cet aperçu des connaissances théoriques, précisons que l’ensemble de ces connaissances s’entrecroisent ce qui permet de comprendre les interactions qui existent entre ses différents éléments de conception.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Boite à outil

Ces connaissances théoriques ne sont pas suffisantes pour concevoir un projet concret. Une connaissance pratique est nécessaire pour analyser chaque site et le faire évoluer. La permaculture est en ce sens une grande boîte à outil qui regroupe une multitude d’outils, de techniques et de processus qui vont permettre de construire un projet. Tous ces outils ne sont pas adaptés à tous les projets. La philosophie, les patterns et les connaissances théoriques doivent permettre aux concepteurs de choisir dans cette boîte à outil ce qui leur semble le plus pertinent. Je vais ici donner une liste non exhaustive des outils, techniques et processus qu’on peut retrouver en permaculture. Nous définirons ici un outil comme ce qui permet d’obtenir un résultat, d’agir sur quelque chose.31 L’un des outils vedette de la permaculture est la grelinette. Cette outil de jardinage permet d’aérer le sol, sans le labourer. Alors que le labour retourne la terre et modifie l’équilibre des micro-organismes qui y vivent, la grelinette quant à elle permet, sur de petites surface, d’aérer la terre. Elle ne pertube pas l’équilibre des écosystèmes du sols. Il permet simplement d’aérer le sol pour qu’il puisse respirer et accueillir une faune plus abondante.

31. cnrtl.fr

Dessin :

D’autres outils sont plus communs pour les architectes comme l’utilisation du site géoportail. Cet outil respecte la philosophie de la permaculture dans le sens ou il permet d’améliorer ses connaissance et ainsi de booster sa créativité.

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«Grelinette». www. rustica.fr. Photo.


Permaculture

Quant aux techniques c’est ce qui est relatif aux procédés utilisés pour la réalisation d’une activité particulière, au savoir-faire requis pour la maîtrise d’une tâche, d’une activité.32 Les techniques regroupent à la fois un ensemble de techniques agricoles mais aussi de techniques constructives et de savoirsfaire divers. On peut par exemple parler de tutoriels pour construire un Rocket stove. Cet outil nécessite un technique de construction accessible mais qu’il faut maîtriser pour le réaliser correctement. Cet outil une fois réaliser permet de créer un poêle pouvant servir de cuiseur, très efficace ne demandant que très peu de bois.

Fig 01 : O.Verbruggen. 2018. «Formation Rocket Stove», Photo.

Photos :

32. cnrtl.fr

Fig 02 : O.Verbruggen. 2018. «Rocket Stove réalisé», Photo.

Fig 01

Fig 02

La listes des autres techniques pourrait être longue comme savoir construire une buttes, une baissière, un drain à la française, un chauffe-eau solaire, ... Mais toutes ne sont pas indiquées pour tous les projets. Savoir cartographier un site est aussi une technique que découvre tout jeune permaculteur. Afin de visualiser les interactions positives ou négatives, savoir cartographier est indispensable. Cartographier l’ensemble des éléments du site et du projet à venir sur différents calques est une des techniques proposées.

33. cnrtl.fr

Et pour terminer, un processus est un ensemble d’opérations successives, organisées en vue d’un résultat déterminé.33 Les processus donnent les clés pour conduire une réflexion point par point. L’utilisation des principes de conception comme guide est un des processus. Pour créer un projet dans un cas particulier, il faut d’abord définir ce que l’on veut concevoir selon ses capacités et

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

les opportunités qui s’offrent à nous. Afin d’améliorer ce système, ce processus propose de passer par les différents principes successivement. Chacun vont apporter un point de vue différent au problème posé et ainsi s’équilibrer pour permettre d’aboutir à une synthèse. Ces principes peuvent être compris à différents niveaux, sur différents thèmes. Ainsi ce processus n’est pas linéaire, il faut d’avantage le penser comme un cercle qu’on parcourt plusieurs fois et qu’on réajuste avant de trouver la solution idéale. On peut aussi citer le processus de conception OBREDIME très apprécié par les permaculteurs. Il propose de concevoir en respectant les huits points suivant : Observation, Besoins (Bordures), Ressources, Evaluer, Design, Implantation, Maintenance, Evaluation. Au travers de ces cours exemples, on remarque très vite que la boite à outils de la permaculture regroupe un ensemble de pratiques, d’astuces qui ne sont pas propre à la permaculture. La cartographie est très utilisée en permaculture, mais de nombreuses techniques proviennent d’autres disciplines. Cependant l’ensemble de ces connaissances pratiques sont toutes « conviviales », c’est à dire qu’elles sont appropriables facilement, libres de droit et ne contraignent pas l’imagination des permaculteurs. Néanmoins elles respectent l’éthique de la permaculture. D’autre part les outils, techniques et processus que j’ai cité sont pensés pour réaliser des projets individuels ou de petits groupes. On trouvera rarement des outils permaculturels visant à concevoir un quartier ou une ville.

Une méthode de conception non institutionnalisée

La permaculture souvent associée au bon sens

L’aspect polymorphe de la permaculture la rend difficile à cerner. Quand elle n’est pas associée à une technique de jardinage, elle est souvent associée au bon sens, en référence au bon sens paysan. Bon sens Capacité de bien juger, de prendre une décision, sans à priori, raisonnablement (à propos de choses qui ne relèvent pas du raisonnement scientifique, d’une méthodologie ou d’une théorie)34 Définir la permaculture comme du bon sens c’est dire que la permaculture est une évidence, comme le bon sens paysan. Alors même que le bon sens paysan n’est lui non plus pas raisonnable. C’est

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34. cnrtl.fr


Permaculture

une logique qui s’apprend au fil du temps, qui fait intervenir des savoirs (connaissance de la faune et de la flore, repérer les sources...) et des savoirs-faire divers (tenir une pelle, faucher...). On fait l’amalgame entre permaculture ou pratiques paysannes avec du bon sens. C’est en quelque sorte en réduire leur intérêts. Deux facteurs de la permaculture peuvent expliquer cet amalgame. L’aspect boîte à outils de la permaculture est parfois la seule patie comprise de la permaculture. Alors même que ces outils ne sont pas propres à la permaculture. D’autre part, les patterns peuvent parfois ressembler à des dictons ou des maximes qu’on associe au bon sens. Ils permettent à la permaculture d’être comprise par le plus grand nombre mais ils appauvrissent aussi la philosophie sous-jacente. Un second point est à relever, c’est la compréhension souvent partielle de ces patterns. Sur les douze principes de conceptions que propose D.Holmgren seulement deux ont été cités lors des six entretiens avec des apprentis permaculteurs. La multifonctionnalité a été cité trois fois, observer deux fois. Les autres principes de conception de la permaculture semblent être absents. Le principe de productivité n’est même pas assimiler à la permaculture, alors même qu’un projet permaculturel et plus particulièrement un projet permacole doit être viable et doit donc être productif. Cela est significatif de ce que représente la permaculture aujourd’hui : c’est un truc, pas très bien défini qui s’oppose au système matérialiste, mono-fonctionnaliste et réductionniste. Cette vision de la permaculture la réduit à une réponse bisounourse qui s’oppose frontalement au système matérialiste et libéral dominant. Cette tendance fait disparaître la subtilité de la permaculture qui la rend justement intéressante. La permaculture ne dit pas qu’il ne faut pas produire, au contraire elle cherche à agrader les sols pour améliorer leur rendement. Elle dit qu’il faut mieux produire et réfléchir à une consommation plus frugale.

Par qui et comment la permaculture se diffuse ?

La permaculture a connu une forte médiatisation, souvent incomplète. Le film Demain présente par exemple la permaculture au travers de la ferme du bec Hellouin, comme une méthode de jardinage productive, sans en expliquer la philosophie. D’autre part nombreuses sont les personnes se disant permaculteur après avoir fait une butte ou une spirale. Or ces techniques de jardinage souvent associées à la permaculture ne sont pas forcement adaptées à leur projet. Elles ne sont pas permaculturelles si elles ne sont pas pensées dans un système plus global.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Pour s’initier à la permaculture, deux écoles sont possibles. Certains lisent et pratiquent d’eux même la permaculture et d’autres suivent un Cours Certifié en Permaculture de 72h. Ce format de cours a été mis en place par B.Mollison, et il est encadré par des permaculteurs diplômés. Ce cours certifié, qui fait foi sur l’ensemble du globe, connaît néanmoins des variantes. Il s’appuie sur les fondements de B.Mollison, mais le contenu et la forme sont adaptés par les permaculteurs qui conçoivent la formation. Ces permaculteurs ont eux même une formation atypique. Elle consiste à concevoir un ou des designs concrets pendant au minimum un an. Ce travail est accompagné par un père permaculteur. La conception doit être complétée par des recherches théoriques que l’étudiant va chercher lui même. La présentation de ce travail de conceptions et de recherches est présenté devant des pères permaculteurs qui décideront l’obtention ou non du diplôme de permaculteur.

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Deux méthodes de conception

3. DEUX MÉTHODES DE CONCEPTION Le Projet Urbain et la permaculture ont tous deux étaient été conçus en réaction à la société mondialisée et libérale des trente glorieuses. L’un en re-inventant les pratiques des urbanistes, l’autre en donnant les moyens aux communanutés de Tasmanie de concevoir un aménagement productif et indépendant du système global. L’un en cherchant à changer le système de l’intérieur, l’autre en créant un autre modèle de société. En étudiant ces deux méthodes de conception, il est intéressant de voir que leur pensées initiales peuvent se rapprocher sur certains points. Chacune de ces méthodes cherche à concevoir un projet situé, qui se construit avec l’existant. Les deux méthodes ont développé une base de connaissances théoriques pour analyser et appréhender le site de projet. On voit que ces connaissances du territoire sont complémentaires. Tandis que le Projet Urbain s’appuie sur une connaissance typo-morphologique, la permaculture s’appuie sur une connaissance des écosystèmes naturels intégrant l’homme. D’autre part, le Projet Urbain et la Permaculture traduisent un besoin de transversalité entre les disciplines. Tandis que le Projet Urbain pense le projet comme le lieux d’échange entre les experts, la permaculture s’applique à penser le projet de façon systémique, pensant les différentes disciplines comme interconnectées. Un second point commun est la place du « faire » dans les deux méthodes. Pour le Projet Urbain, il faut dessiner un plan masse, une coupe, une maquette pour ensuite pouvoir discuter du projet entre les acteurs du territoire. En permaculture la place du « faire » est encore plus importante. Il faut concevoir le projet puis le construire tout en procédant à une évaluation constante de ce qui est réalisé. Le dernier point commun qu’on pourra noter c’est la volonté de ces deux méthode de conception de créer un projet de société. Alors que le Projet Urbain doit être le lieu d’un débat sociétal, la permaculture est le lieu où chacun peut construire un bout d’une société alternative. Les traits communs entre ces deux méthodes de conception posent la question suivante : pourquoi aboutissent elles à des projets aux paradigmes si différents. Alors que le Projet Urbain reflète la vision de la ville entrepreneuriale, la permaculture continue de proposer une alternative à la société mondialisée et libérale. Au travers des villes en transition, elle propose une autre façon de construire la ville et de la gouverner. Cependant, le Projet Urbain est institutionnalisé, tandis que la permaculture reste marginale malgré sa nouvelle popularité, elle est

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Grille d’analyse

Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

J.Dissard. 2019. «Grille d’analyse». Tableau.

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Permaculture

invisible aux yeux des professionnels de l’urbain. En quoi la permaculture peut changer le processus de conception et les objectifs du Projet Urbain ?

35. cnrtl.fr

Pour répondre à cette problématique, il faut d’abord se pencher sur la définition d’une méthode de conception. On retiendra que la méthode est « une manière de faire quelque chose suivant [...] une certaine conception ou avec certaines applications. »35 . Ainsi, la méthode de conception est une manière de concevoir un projet selon une certaine vision du monde et certains objectifs. Ce qui définit trois niveaux de lecture : Tout d’abord, le paradigme, c’est à dire la vision du monde qui fonde la méthode de conception. Ensuite, le processus de conception qu’engendre ce paradigme. Et pour terminer, les objectifs que doit atteindre le projet final. Ces trois niveaux d’analyse regroupent un ensemble d’hypothèses auxquelles on essaiera de répondre avec l’étude de cas du quartier d’Eva-Lanxmeer au Pays-Bas

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3 ETUDE DE CAS D’EVA-LANXMEER


Méthodologie

1. MÉTHODOLOGIE Hypothèses : La permaculture n’apporte rien de nouveau à la méthode de conception du Projet Urbain. La permaculture peut changer le Projet Urbain sur : le fond (paradigme, principes) et/ou le processus (méthode de conception, outils) et/ou la forme (projet final réalisé)

Choix de l’étude de cas Le choix de l’étude de cas s’est appuyé sur deux critères. L’étude de cas devait à la fois être un projet permaculturel et à la fois un Projet Urbain. Par Projet Urbain j’entends qu’il vise à concevoir un quartier qui est le résultat d’un processus de conception mené par des experts de l’aménagement du territoire et des politiques élus. Le choix d’un tel projet s’inscrit dans la problématique que je propose d’étudier « en quoi la permaculture peut changer le processus de conception et les objectifs du Projet Urbain ». Une telle étude de cas me permet de confronter mes hypothèses à un cas réel. Plusieurs projets font intervenir la notion de permaculture et d’urbain. La première phase de mon travail à été de choisir l’étude de cas qui correspondait aux critères que j’avais fixé. Les projets qui m’ont d’abord interpellée sont les suivants : Le projet d’étudiant en permaculture à Kinsale. Il proposait une trajectoire future pour améliorer l’avenir de la ville en travaillant sur plusieurs thèmes (habitat, commerce, agriculture, …). Ce projet propose une stratégie de mise en réseau à l’échelle de la ville, et non pas la conception d’un quartier. Le mouvement des villes en transition est le « cheval de Troie » de la permaculture selon Rob Hopkins. Les villes en transition est un réseau qui s’est développé dans plusieurs villes à travers le monde. Il invite les habitants à se réapproprier leur ville en étant à l’initiative de projets pour l’améliorer. Ce réseau donne aux citoyens la méthode de conception de la permaculture pour mener à bien leurs projets. Ce projet fait intervenir les citoyens dans la construction de la ville et vise à faire réagir les politiques. Cependant, il ne met pas en jeux les experts de l’aménagement du territoire et ne remet pas en question la construction de la ville. Les PFE permaculturels qui touchent à l’urbain posaient

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

deux problèmes majeurs. Tout d’abord, la plus part des PFEs traitant de la permaculture posait une définition partielle ou erronée de la permaculture (souvent vu comme technique agricole). Et le second point est que ces projets restaient théoriques. Le projet d’Eva Lanxmeer conçu au pays-bas entre 1996 et 2003 menant à la réalisation de 300 logements sur 24 hectares. Ce projet regroupe les différents critères énoncés plus haut. En effet dès le début de la conception le projet s’est basé sur la permaculture et le quartier a été conçu par des experts de l’aménagement du territoire.

Corpus L’étude d’Eva Lanxmeer se base sur le corpus suivant : Le livre blanc qui a été publié après la première réunion avec les futurs habitants. Il regroupe les références théoriques du projet et plusieurs dessins concepts des habitants qui symbolisent l’ambition initiale du projet. Dynamique du processus de conception Document de base pour les présentations de la Fondation Eva : Le projet Eva à Culemborg, Principes et réflexion pour un plan d’aménagement paysager dans le quartier d’Eva-Lanxmeer. Les plans de masse successifs du projet. Analyse typo-morphologique du site Entretien avec l’initiatrice de ce Projet : Marleen Kaptain Entretien avec deux habitants du quartier (un habitant fondateur et un habitant de la seconde vague) Photos et dessins pris sur le site

Analyse L’analyse de ce corpus s’appuie sur une grille d’analyse (vu précédement) qui se divise en trois grandes problématiques : A Eva-Lanxmeer, à quel niveau la permaculture s’oppose au paradigme actuel du Projet Urbain ? Comment le changement de paradigme s’est traduit-il concrètement dans le processus de conception d’Eva-Lanxmeer ? Comment l’influence de la permaculture se traduit-il dans le quartier d’Eva-Lanxmeer une fois réalisé ? Ces trois thématiques questionnent les trois points sur lesquels la permaculture pourrait se transposer au Projet Urbain. Cette grille d’analyse est transversale à l’ensemble du corpus.

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Analyse du site

2. ANALYSE DU SITE Eva-Lanxmeer est un quartier d’environ 300 logements situé à Culemborg, ville de 27 071 habitants au Pays-Bas. Ce quartier réalisé entre 1997 et 2015 a attiré mon attention car la permaculture y a joué un grand rôle lors de sa conception. L’étude de ce quartier va se diviser en deux parties. Tout d’abord, la présentation du quartier et de ses caractéristiques. Pour dans un second temps poser la question suivante : En quoi la permaculture a permis d’obtenir de tels résultats à Eva-Lanxmeer ?

Plan de situation J.Dissard. 2019. «Plan de situation». Plan de masse.

N

0

20

40

Voie ferrée - Gare

1000m Lycée

Quartiers :

Centre historique

Zone industrielle

Quartier résidentiel construit avant 1996

Quartier résidentiel construit aprés 1996

Eva-Lanxmeer

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N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Surface construite : 337,000 m² SHON Logements: 67 200 m² Commerces : 36 900 m² Bureaux : 117 600 m² Équipements: 5 200 m² Université : 110 000 m² Parc et jardins publics : 11,2 ha

Fig 01

Sur une superficie totale de 25ha environ : 10 ha sont réservés à la construction résidentielle (incluant la ferme urbaine) à raison d’une densité de 25 logements/ha et 60 habitants/ha ; 7,5 ha de zones d’activités économiques ; 7,5 pour les équipements communautaires.

Fig 02 Comparaison morphologique N N 0 20 20 0 Voie ferrée - Gare Voie ferrée - Gare

0

40 40

40 80

1000m 1000m

200 m

Lycée Lycée

Quartiers : Quartiers :

Culemborg, au centre des Pays-Bas, est une ville située à la frontière nord de la province de Gueldre. S’étendant sur une superficie de 31,23 km2, elle compte 27 290 habitants, répartis dans huit quartiers, à raison d’une densité de 867 hab. /km2 environ. Le parc de logement comprend 60 % de propriétaires et 32 % de logements sociaux concentrés dans le quartier de Terwijde.

Centre historique Centre historique

Zone industrielle Zone industrielle

Quartier résidentiel construitrésidentiel avant 1996 Quartier construit avant 1996 N N

Quartier résidentiel construitrésidentiel aprés 1996 Quartier construit aprés 1996

0 10 20 50m 0 10 20 Bâtiment présents avant la construction50m du quartier Bâtiment présents avant la construction du quartier

Fig 03

Activité économique et équipement publique du quartier Eva-Lanxmeer Activité économique et équipement publique du quartier Eva-Lanxmeer Logements par phase de construction : Logements par phase de construction : Phase 1 Phase 1

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Eva-Lanxmeer Eva-Lanxmeer

Phase 2 Phase 2

Phase 3 Phase 3

Phase 4 Phase 4

N N 0 10 20 50m 0 10 20 Bâtiment présents avant la construction50m du quartier

J.Dissard. 2019. «Plan de masse du quartier de Massena». Plan de masse. J.Dissard. 2019. «Plan de masse du quartier EvaLanxmeer». Plan de masse. J.Dissard. 2019. «Plan de masse du centre-bourg de Culemborg». Plan de masse.


Analyse du site

Situation Le quartier se situe en continuité du centre bourg de Culemborg, il fait le lien entre les écoles publiques au Nord et le centre historique au Sud. Eva-Lanxmeer jouit de la proximité de la gare permettant une connexion directe avec Utrecht, grand pôle économique du pays.

Programmation Le quartier regroupe plusieurs programmes : Des logements individuels et collectifs, d’accession, Des écoles Des emplois (bureaux et activités) Une ferme urbaine de Caetshage

locatifs

et

Le quartier révèle une certaine mixité de programmation même s’il reste très résidentiel et les commerces sont absents en raison de sa proximité avec le centre ville. Le projet Lanxmeer a également intégré un petit complexe de bureaux qui se trouve sur sa frontière nord et au Sud un ensemble d’activités s’est développé autour du lycée. De plus, certains logements bénéficient d’un espace pensé pour le travail à domicile.

Analyse typo-morphologique Le quartier est peu dense et laisse une grande place à la végétation. En effet, Eva-Lanxmeer est réparti sur 24 hectares, et accueille 300 logements, 15 hectares d’activités économiques et d’équipements publiques (dont 4 hectare de ferme) et environ 10 hectares d’espace vert. A titre de comparaison, le quartier Masséna Nord, conçu et construit à Paris entre 1995 et 2012 par Christian Portzamparc, compte seulement 12 hectares qui accueillent plus de 1000 logements, 31 hectares d’activités économiques et d’équipements et environ 2 hectares de d’espaces verts. Malgré sa surface deux fois plus importante, Eva-Lanxmeer est bien en-dessous de la densité de Massena. Cette grande différence de densité d’activité s’explique tout d’abord par la grande place faite aux espaces verts (10 hectares sur 24), mais aussi par la typologie des bâtiments.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Fig 01

Fig 02

Fig 03

Fig 04

Fig 05

Fig 06

56


Analyse du site

Fig 07

Fig 08

Fig 09

Fig 10

Fig 11 Analyse séquentielle J.Dissard. 2019. «Analyse séquentielle du quartier d’EvaLanxmeer». Analyse séquentielle.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

3 2

7

1

8

N

6 4

5

0

20

40

1000m

Voie ferrée - Gare

Lycée

9 Quartiers :

11

Centre historique

Zone industrielle

Quartier résidentiel construit avant 1996

Quartier résidentiel construit aprés 1996

Eva-Lanxmeer

10

N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier Activité économique et équipement publique du quartier Eva-Lanxmeer Logements par phase de construction :

Phase 1

Phase 2

Phase 3

Phase 4

Parcours de l’analyse séquentielle N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier Bâtiments du quartier Eva-Lanxmeer Espace végétal cultivé / non cultivé zones humides de traitement des eaux / cours d’eau

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N

0

10

20

Routes bordés par des trottoires

50m

J.Dissard. 2019. «Parcours de l’analyse séquentielle». Plan de masse.


Analyse du site

Les parcelles des logements sont très fines (environ 7 mètres de large), les bâtiments sont de faibles hauteurs (R+2, R+3) et les logements sont mitoyens comme dans le centre bourg de Culemborg. Cette spécificité morphologique est propre aux PaysBas. Cependant Eva-Lanxmeer est beaucoup moins dense que le quartier historique et s’organise autour d’îlots. Chaque îlot regroupe une trentaine de logements. Le coeur d’îlot accueille un jardin co-géré par ses habitants. Cet espace collectif est séparé des logements par un petit jardin privatif. La morphologie du quartier lui permet d’être ouvert, visuellement, et traversant, physiquement. Aucune barrière autre que végétale n’est tolérée. En dehors des petits jardins privatifs le long des maisons, l’ensemble du quartier peut être parcouru par tous, même les espaces semiprivés sont accessibles. Cependant la morphologie du quartier invite les visiteurs à d’avantage pratiquer les espaces publiques comme le montre l’analyse séquentielle suivante. En effet, les figures 5-6-11, qui sont en coeur d’îlot montrent un espace clôt, le paysage est fermé par les bâtiments qui l’entoure et par la végétation. Les entrées et les sorties de l’îlot ne sont pas tout de suite lisibles. On hésite avant de s’y aventurer et une fois rentré on ne sait plus si on est dans une propriété privé ou non. Les figures 1-2-3-7-8, indiquent des espaces de circulation publique qui donnent un accès direct ou indirect aux espaces semi-privés. Ces ruelles ou chemins sont bornés latéralement, soit par une végétation dense, soit par les bâtiments de faible niveau. A la différence des première figures, ces espaces sont des espaces de passage. Ils nous invitent à circuler. Ces cheminements sont droits et laissent apercevoir au bout, l’ouverture du paysage. C’est d’ailleurs le paysage ouvert que les séquences 4-8-10 illustrent. Ces espaces naturelles, offrent un horizon dégagé ponctué par quelques arbres. La figure 4 bien que fermée par la végétation de second plan, laisse entrevoir le château d’eau au loin, architecture historique et iconique du quartier. Ces espaces publiques ouverts sur le paysage sont traversés par les élèves de Culemborg pour se rendre à l’école. Ils font partie du quartier tout en étant davantage poreux. La lecture séquentielle de l’espace coïncide avec le zonage de l’espace paysager, dessiné par ses concepteurs. La zone 1 (non représentée dans l’analyse séquentielle) et la zone 2 qui représentent l’espace privé et semi-privé sont fermées sur elles-mêmes et correspondent aux coeurs d’îlots. Tandis que les chemins et sentiers

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Plan :

publiques correspondent à la zone 3. L’espace naturel, ouvert sur le grand paysage correspond à la zone 5.

Zone 1 : espace privé Zone 2 : espace semi-privé Zone 3 : espace publique Zone 4 : ferme Zone 5 : espace natuel protégé

Faune Flore

« Juste le fait de voir les oiseaux, ce qui se passe dans le jardin, d’être en contact avec la nature. Ça fait comprendre les choses. » Florence La vie du quartier est rythmée par le cycle de la nature. A chaque saison correspond une fête de voisinage. D’autres événements attirent les habitants de l’ensemble du quartier, comme la fête de la

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Entretien :

La typo-morphologie de ce quartier laisse une grande place à la végétation. Lorsqu’on s’y promène, on se prend à rêver au jardin d’Éden. Cette sensation est palpable dans les logements. Les habitants jouissent de maisons transversales qui profitent de la vue sur leur jardin privé d’un côté et sur l’espace publique de l’autre. Ils sont en contact direct avec la nature, ce qui apporte à la fois apaisement et compréhension de la faune et de la flore.

« Plan de conception de l’aménagement paysager ». Plan schématique. www. maisondelurbanite. org/sites/default/ files/activites/2011/ visite-culemborget-breda/fichierspour-description/ evalanxmeer.pdf


Analyse du site

Fig 1

Fig 2 Place de la faune et de la Flore Fig 1 : J.Dissard. 2018. «Vue depuis un balcon». photo. Fig 2 : J.Dissard. 2018. «Vue depuis le salon ». Photo.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

pomme à l’automne. Les habitants se rassemblent pour profiter du jus des pommiers publiques qui sont au centre des habitations. La ferme, située à l’Est est elle aussi un espace ouvert sur le quartier et plus largement sur la ville. Cette ferme produit environ 200 paniers par semaine, et organise de nombreuses activités tout au long de l’année. Certains habitants sont bénévoles et des écoliers viennent aider tous les jeudis. Pour l’anecdote, les agriculteurs ont pu prendre une semaine de congé cette année grâce aux bénévoles qui ont veillés au bon fonctionnement de la ferme en leur absence. Ainsi, les habitants, au-delà d’être au contact de la faune et de la flore, sont aussi en interaction avec elles.

« le jardin privé constitue un terrain d’entraînement pour une interaction durable entre la terre et l’individu »

Communauté Ces jardins collectifs créent à la fois une interaction entre nature et individu, mais aussi une interaction d’individu à individu. En effet, un jardin collectif appartient à l’ensemble des habitants de l’îlot. Tous les habitants de l’îlot ne s’impliquent pas au même niveau dans l’entretien du jardin collectif. Cependant ils décident ensemble, lors de réunions annuels ce qu’ils veulent faire pour le jardin : Est ce qu’ils vont prendre des poules, est ce qu’ils vont planter des légumes ou plutôt laisser l’espace libre pour que les enfants s’amusent, … Ainsi tous les cœurs d’îlot sont différents, à l’image des habitants qui participent à sa conception.

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Citation :

C’est d’ailleurs grâce à une association habitante, Terra-bella, que l’espace publique du quartier est entretenu. Elle reçoit des financements de la mairie en contrepartie. L’entretien d’un espace publique si grand reviendrait trop cher à la mairie sans la participation active des habitants. Terra-bella gère l’ensemble des travaux d’entretien et fait appel à des entreprises extérieures uniquement lors de gros travaux (coupes d’arbres, …). L’association ne se limite pas à l’entretien, puisqu’elle remodèle le paysage comme bon lui semble. Ils ont par exemple créer une plage le long des cours d’eau avec l’accord de la mairie. L’aménagement des cœurs d’îlot est aussi de la responsabilité des habitants qui vivent autour. FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 7p.


Entretien :

Analyse du site

« When you walk around you see they are more or less differents [communales garden]. They represent the different concepts. » Alexander

Entretien :

Le jardin collectif, mais aussi la morphologie des îlots participent à la création d’un esprit de communauté. « Here every body know each other, between here and our line it’s not the community. That is the size, 80 or 70 people, social-psychologie, that people can handle. Bigger it has to be formised because you can not handle bigger. So I know hundreds of people but this one is my neighbour [en montrant l’îlot] and maybe this one is my neighbour [en indiquant d’autres maison sur la cartes sur d’autres ilots]. But these are by choose and these are by nature. So these are the building blocks. » Alexander

cnrtl.fr

Définition :

Ici Alexander parle de community, ce terme très utilisé en anglais se traduit en français par communauté. En France ce terme est très connoté, souvent rattaché à l’idée de communauté religieuse. Communauté religieuse : « Groupe de religieux, de religieuses vivants dans un cloître ou un couvent et partageant le même mode de vie et le même idéal codifiés dans une règle »

P.BOUCHAIN, Simone & Lucien Kroll une architecture habitée, 58 p.

Définition :

A Eva-Lanxmeer les habitants jouissent d’une vie associative riche dans le quartier, mais ils restent ouverts sur l’extérieur. Le sens du terme community peut se traduire dans ce cas par le neologisme vicinitude inventé par Lucien Kroll. Lucien Kroll : « Cette « vicinitude » n’étant aucunement une communauté ni un groupe fermé d’amis, séparés de leur contexte, une action religieuse, une copropriété classique, ni une gated community étouffante à la façon étasunienne. Elle n’était qu’un jeu encore virtuel de relations basées uniquement sur une distance qui ne devient sensible et responsable que dans des circonstances tragiques : en attendant elles somnolent ou se préparent ... »

63


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

« Tu es libre de choisir d’habiter ici comme tu veux. Le seul truc c’est que tu peux aussi venir aux activités et connaître tes voisins, avoir une vie un peu sociable. Mais il n’y a pas besoin, il y a là des gens que je connais à peine parce que c’est pas leur truc. » Florence

Entretien :

A Eva-Lanxmeer, ces relations basées sur la distance ne somnolent pas. Elles sont au contraire sollicité en permanence.

Dessins :

La vingtaine d’associations liées à la vie du quartier sollicite les habitent régulièrement. Le journal semestriel B.E.L nieuws, informe les habitants des différents événements, initiatives du quartier. Tous les habitants ne sont pas investis dans la vie du quartier mais ils ont l’opportunité de le faire dès qu’ils le souhaitent. Fig 1 : J.Dissard. 2018. «Objets présents dans l’espace public». Dessin Fig 2 : J.Dissard. 2018. «Objets en limite de propriété public privé». Dessin

64


Analyse du site

Le sentiment d’appartenir au quartier est très présent. L’appropriation du lieu par ses habitant est forte. Dans certaines ruelles publiques les habitants laissent leur vélos, les jouets des enfants, ...

Transport / Gestion de l’énergie

Entretien :

L’appropriation de l’espace publique est aussi possible grâce à l’absence de véhicules motorisés dans le quartier. « Vivre ici avec des enfants c’est génial. Parce que les enfants, il n’y a pas beaucoup de voiture, ils peuvent faire des tours en vélo, des patins à roulette, ils sont chez leurs amis, tu ne sais même pas où ils sont «Sam et Antoine vous êtes où, on mange ! «. Alors tu sonnes chez tous les amis pour chercher ou tu téléphones à tout le monde. »» Florence Le site est à proximité de la gare qui emmène à Utrecht en 10min et à Amsterdam et Rotterdam en environ 40-50min. Les parkings sont situés en bordure du quartier et des voitures partagées sont mises à disposition. Ces aménagements ont permis de diminuer l’utilisation de la voiture. Aujourd’hui le quartier compte 0,7 voiture par habitation. Les rues sont ainsi aménagées pour les piétons et les vélos. La diminution de l’utilisation la voiture permet de réduire l’impact énergétique des habitants. L’impact énergétique a été pensé plus largement avec la production d’énergie pour les logements du quartier in situ. À l’échelle du bâtiment, les panneaux solaires thermiques et photovoltaïques pourvoient à une partie de l’énergie des habitations. À l’échelle du quartier a été mis en place une unité de production de biogaz, où les eaux noires et les déchets végétaux permettent de produire du gaz pour les besoins énergétiques. Ainsi la production d’énergie est assurée au sein même du quartier. C’est une entreprise crée et régie par des habitants, Thermobelo en assure la gestion.

Gestion de l’eau La gestion de l’énergie est directement liée à la gestion de l’eau puis que l’énergie est produite à partir des eaux noires. Elles constituent la matière première pour créer du biogaz. L’eau noire est séparée

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

N

0

20

40

1000m

Voie ferrée - Gare

Lycée

Quartiers :

Centre historique

Zone industrielle

Quartier résidentiel construit avant 1996

Quartier résidentiel construit aprés 1996

Eva-Lanxmeer

N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier Activité économique et équipement publique du quartier Eva-Lanxmeer Logements par phase de construction :

Phase 1

Phase 2

Phase 3

Phase 4

N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier Bâtiments du quartier Eva-Lanxmeer Espace végétal cultivé / non cultivé zones humides de traitement des eaux / cours d’eau

Voies et modes de transport N

0

10

20

Routes bordés par des trottoires Parkings Gare Voies partagées / Voies piétonnes

66

50m

J.Dissard. 2019. «Voies et modes de transport». Plan de masse.


Analyse du site

de l’eau grise à la source. Dans les logements l’eau noire (toilette) et l’eau grise (douche, éviers, ...) sont dans des canalisations différentes. Ainsi l’eau grise est traitée sur le site dans la station d’épuration situé au Nord-Est. Cette zone constituée de lits de roseaux (hélophytes) reçoit l’eau usagée et la purifie. Ce système fonctionne grâce à la participation des habitants qui n’utilisent pas de produit toxiques dans leurs éviers. L’eau de pluie fait elle aussi l’objet d’une organisation particulière.L’eau pluviale des toits est stockée dans des petits étangs réservoirs.Cette eau peut ensuite servir pendant les périodes de sécheresse ou être utilisé d’une autre manière. Ainsi le quartier n’a pas besoin d’égout. En cas d’inondation, des bassins supplémentaires de rétention de l’eau ont été aménagés dans l’ancien lit de la rivière. L’eau est un élément fondamental du quartier. En effet, Eva-Lanxmeer est situé sur une zone protégée de captage de l’eau potable. Ainsi, le système d’épuration décrit ci-dessus est entièrement fermé afin de protéger la nappe phréatique.

67


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

4. PARADIGME, PROCESSUS ET OBJECTIFS Après cette présentation du quartier, revenons à sa genèse. Marleen Kaptein est l’initiatrice de ce projet. Elle fut à la tête de deux fondations à partir de 1990 : une fondation néerlandaise de l’architecture organique et une association regroupant des architectes sur la thématique de la construction écologique et saine. En parallèle, elle suivit une formation de permaculture pendant 9 mois. Son expérience professionnelle lui a permis de construire un réseau solide d’experts investis dans les domaines de l’écologie et du bâtiment. En 1992 le projet VINEX est lancé par le gouvernement néerlandais. Ce projet urbain était pilote pour la construction de villes durables et écologiques. Il proposait de construire 800.000 logements en 20 ans. Pour Marleen, les exigences écologiques de ce quartier n’étaient pas suffisantes et il portait une vision d’une société écologique erronée. En 1993, en réaction au projet VINEX, Marleen Kaptain proposa le EVA-concept qui s’appuie sur trois théories : L’architecture écologique et saine : utilise des matériaux écologiques et une énergie durable. La conception organique du paysage : respect du « Genius Loci ». Les principes de conception de la permaculture : pour améliorer les cycles naturels et créer de nouveaux écosystèmes. Je m’arrête un instant sur la définition de la permaculture sur laquelle s’appuie le projet. Marleen a découvert la permaculture 1992. Ce concept ne connaît pas encore la notoriété qu’il a aujourd’hui. Declan Kennedy, architecte irlandais permaculteur, fut le formateur de Marleen. Il est proche de la pensée de Bill Mollison. En raison de sa profession, la formation qu’il propose à cette époque mettait l’accent sur la permaculture appliquée à l’architecture. La vision de la permaculture de Marleen se résume en ces mots dans son diaporama de présentation du quartier : Rapprochement entre l’homme et le milieu naturel Autonomie: recycler localement et développer des systèmes autonomes Utiliser des ressources durables en eau et en énergie Révéler la diversité, la stabilité et l’élasticité des systèmes naturels écologiques

68


Paradigme, Processus et Objectifs

Créer les conditions pour un meilleur tissu social avec une vraie conscience environnementale35

36. diapo

Entretien :

Revenons à Eva-concept. Une fois rédigé, Marleen le transmis à l’ensemble de son réseau professionnel. « There is one architect office, ORTA they said « at well this is a really good proposal that you wrote but it need to be more specific. And we offer you vision building process, some experts, to make a real program. » Marleen Kaptein

Entretien :

De 1994 à 1996, un groupe d’experts (architecte, urbaniste, ingénieur hydrolique, ingénieurs énégétiques, permaculteurs...), se regroupent autour de la fondation EVA (Ecological Centre for Education, Information and Advice) crée par Marleen Kaptain, pour approfondir cette base théorique et philosophique. Cette réflexion leur permis de rédiger un document regroupant les exigences nécessaires pour réaliser un projet urbain durable et écologique. Ce modèle de conception s’appuie avant tout sur les particularités du lieu et sur une compréhension systémique de celui-ci. « We could make this programs of requirement to make a really official document, that people can use depending their site. Because every site have differents opportunities. » Marleen Kaptein

Entretien :

Un fois le concept développé, Marleen regroupa des habitants intéressés pour vivre dans un quartier portant de tels valeurs. Environ 90 personnes se portèrent volontaires avant même de connaître le site. Il faut cependant préciser qu’au Pays-Bas, il est plus fréquent qu’en France de voir des projets naître à l’initiative de projets citoyens.

«We had the concept […] and then we need a place to find where we can build it. » Marleen Kaptein

Il ne restait plus qu’à trouver le site. Cela pris peu de temps puisqu’une semaine après avoir lancé les recherches, la mairie de Culemborg fit part de son intérêt pour le projet. Dans la foulée,

69


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Marleen visita pour la première fois le site qui n’était en 1996 qu’un champ de maïs. Ces 24 hectares avaient été achetés à un faible coût par la mairie qui ne savait pas encore quel programme y installer. Ainsi, les terres étaient mises à disposition par la mairie. Fait rare au Pays-Bas, la mairie se proposa de payer l’ensemble du processus de conception du quartier. L’aménagement du quartier est le résultat d’une coproduction entre la fondation privée EVA (qui regroupe les spécialistes) et la mairie de Culemborg. Ces deux partenaires ont réalisé le montage et le suivi du projet en jouant un rôle de médiateur entre les différents acteurs. Ils permirent une grande diversité dans la maîtrise d’ouvrage. Dans certain cas la maîtrise d’ouvrage est assurée par la mairie, tandis que dans d’autres cas ce sont des constructions individuelles, collectives ou à l’initiative de bailleurs sociaux. Comme le montre cet historique, le paradigme sous-jacent au projet a été pensé et co-construit entre les experts, la ville de Culemborg et les futurs habitants. Le paradigme a donc été théorisé et conscientisé par l’ensemble des parties prenantes du projet. Il est donc intéressant de commencer par comparer cette vision au paradigme actuel du Projet Urbain pour ensuite comprendre en quoi ces différences ont influencé le processus de conception et ses objectifs.

«Permaculture matrice it that you look for all, all seems necessary. » Marleen Kaptein

La permaculture, comme le rappelle Marleen, propose une compréhension systémique du monde. La permaculture permet de comprendre le projet qu’on conçoit comme un système ouvert, en perpétuelle interaction avec l’extérieur. Les éléments qui le composent ne sont pas des éléments qui se juxtaposent. Ils sont en interaction les uns avec les autres. Ce paradigme induit une interaction entre les différents domaines d’étude qui sont à l’œuvre dans sa conception. Il y a une volonté de comprendre le site dans sa globalité. Contrairement aux hypothèses faites au début de la recherche, la pensée systémique ne s’oppose pas à la pensée rationaliste. Elles

70

Entretien :

Pensée systémique : Rationalisme VS systémique


Paradigme, Processus et Objectifs

Fondation EVA. 1997. Wit papier (Livre blanc). « Permaculture is … this ans more », schéma. 5 p.

Schéma :

se complètent.

Processus Dans le processus de conception, cette pensée se traduit de plusieurs manières. Les experts de chaque domaine travaillent en interaction constante les uns avec les autre afin de prendre conscience de leur impact sur les autres domaines et de concevoir des systèmes croisant les différentes disciplines. C’est par exemple le cas du système d’énergie de bio-masse qui fonctionne en réutilisant les eaux noires, provenant d’un réseau séparé des eaux grises. Pour aboutir à de tels résultats, le travail croisé entre les experts a été pensé dès le début du processus de conception. La première phase de conception organisée entre mars et juin 1997, proposa d’organiser des groupes de travail sur cinq thématiques (l’eau, l’énergie, les habitants, la nature, cadre de vie) qui regroupaient des experts de différents domaines connexes à ce sujet. Ces cinq groupes travaillaient séparément pendant quatre semaines. Puis ils se regroupèrent pendant une semaine pour construire un premier concept global prenant en compte l’ensemble des cinq concepts partiels. Pour terminer, ils ont itérer cette opération une seconde fois, en réajustant les concepts partiels en fonction du concept global. A la suite de cette premier phase de mise en commun, un premier plan masse fut dessiné en comité réduit pour la masterclass du 3 octobre 1997. Cependant, cette deuxième partie de la conception ne collait pas avec l’idée de co-conception initialement mis en place.

71


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

1 Semaine

Premiere reunion

4 Semaine

groupes de recherche

1 Semaine

1 Semaine

groupes de recherche

Eau

Eau

Energie

Energie

Résidents

Ecologie

Qualité de vie

Partages des visions Construction d’une vision commune

Résidents

Ecologie

Qualité de vie

Planning de la première phase de conception D.Martin. 1997. « Planning ». Schéma.

72


Paradigme, Processus et Objectifs

Projet non retenu Fondation EVA et Commune de Culemborg. 2003. Dynamique du processus de conception. ÂŤ Projet non retenu Âť. Plan masse. 13 p.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Ecole

Thermobelo

Centre d’épuration des eaux grises

N Lycée 0

20

40

1000m

Voie ferrée - Gare

Lycée

Quartiers :

Centre historique

Zone industrielle

Quartier résidentiel construit avant 1996

Quartier résidentiel construit aprés 1996

Eva-Lanxmeer

Différentes phases de construction N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier Activité économique et équipement publique du quartier Eva-Lanxmeer Logements par phase de construction :

Phase 1

74

Phase 2

Phase 3

Phase 4

N

0

10

20

50m

Bâtiment présents avant la construction du quartier

J.Dissard. 2019. «Différentes phases de construction». Plan de masse.


Entretien :

Paradigme, Processus et Objectifs

« And then he had already an urban plan. So we came there, such a big plan on the wall, and «this it». So before we started our participation, not with inhabitants, but with experts.[...] It is ridiculous, if you say «I look for work with others and then say it is impossible with so many people. It doesn’t work. So then we said ok, we don’t accept it.» Marleen Kaptein Ce plan masse fut présenté à la mairie et à trois intervenants extérieurs : Joachim Eble (urbaniste), Margritte et Declan Kennedy (permaculteurs). Les résultats obtenus ne firent pas l’unanimité.

FONDATION EVA et COMMUNE DE CULEMBORG, 2003, Dynamique du processus de conception, 13p.

Citation :

Les principales critiques de ce premier projet tournèrent toutes autour du manque d’une vision systémique. Plusieurs points n’étaient pas assez intégrés (concept de l’eau et de l’énergie, principe de l’écologie, les valeurs sociales). C’était d’avantage un plan de compromis qu’un plan de consensus entre les disciplines. « Dans la conception, une meilleure intégration de l’eau, l’énergie et le regroupement des maisons doit se refléter dans des noyaux plus petits. En fait, les principes de la permaculture n’ont pas été correctement utilisés »

Une fois ce premier projet critiqué, la conception du quartier d’EvaLanxmeer fut reprise à zéro et Joachim Eble en fut le nouveau représentant. La mairie accepta de financer le processus de conception une seconde fois, malgré la première proposition insuffisante. Reprendre à zéro un projet d’une tel ampleur n’est pas chose facile. La pensée rationaliste a tendance à approfondir un projet dont les bases ne sont pas suffisamment solides plutôt que de remettre en question ce qui a déjà été fait. Plus largement, la vision systémique a un impact sur la temporalité du projet. Dans le processus de conception et de construction, l’itéraction fut le maître mot. Pas question de tout construire lors d’un seul et unique chantier. La répétition de l’opération permettait ainsi d’améliorer la conception progressivement. Le quartier d’Eva-Lanxmeer fut donc réalisé en quatre phases distinctes. La première phase fut réalisé en 2000, la seconde en 2002. La phase 3 fut achevée en 2005, et la phase 4 est celle de l’achèvement du quartier en 2015. La volonté d’aller doucement

75


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

et de concevoir le projet en plusieurs phases a permis d’instaurer l’esprit de communauté décrit plus haut. Nous verrons cela par la suite. Objectif

« L’ensemble du quartier peut communiquer avec l’environnement au sens large : physique, spatial, écologique, social, économique, pédagogique. » Cette citation rappelle que l’aménagement du territoire n’est jamais pensée selon un seul critère. C’est aussi pour cela que dès le démarrage du projet, la diversité sous toutes ses formes a été au centre des préoccupations.36 pour assurer la réalisation d’un projet complet et varié. Cela se traduit aussi bien par la programmation variée, que par la diversité des paysages et des architectures que propose Eva-Lanxmeer.

Economie La vision de l’économie que propose Eva-Lanxmeer se différencie aussi grandement de la vision traditionnelle. L’hypothèse de cette partie était que la permaculture contrairement à la ville entrepreneuriale, représentée par les Projets Urbains actuels, n’est pas au service de l’économie. La ville permaculturelle conçoit l’économie d’avantage comme outil et non comme une fin en soi. Cette hypothèse a été confirmée par Marleen dont tout le projet d’Eva-Lanxmeer s’est construit en opposition au projet VINEX. Celui-ci s’appuyait sur une earning vision, c’est à dire que la vente du quartier devait engendrer un profit important. Eva-Lanxmeer a profité du financement de la mairie de Culemborg qui, sans construire à perte, ne cherchait pas non plus à faire de gros profit avec la vente des logements.

76

Citation :

Le vision systémique de la permaculture a aussi influencé les caractéristiques recherchées par le quartier. Cette vision globale s’est traduite par la volonté de rendre le quartier traversant, comme on le voit aujourd’hui avec l’analyse morphologique du quartier. FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 11p.

37. T.SCHECK, Eva Lanxmeer, 2012, 5p.


Paradigme, Processus et Objectifs

PARADIGME

PROCESSUS

Vision systémique

OBJECTIF

Forme urbaine

Gestion de l’eau Observation Gestion de l’énergie Transport Programmation Rôle des experts Faune et Flore Outils de conception

Communauté

Diagramme Pensée systémique J.Dissard. 2019. « Vision systémique ». Diagramme.

77


Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Processus

« They [municipality] never said that the first plan have been a failure, you know « because you lost money », because of course it was paid for it. We start it all over in fact. » Marleen Kaptein

Entretien :

Durant le processus de conception, cette posture économique a elle aussi influencé la temporalité de conception du projet. Afin d’aboutir à une conception globale, respectant les objectifs fixés, la mairie accepta de prolonger le temps de conception de presque une année.

Diagramme :

Le processus itératif des constructions, pris lui aussi plus de temps que si tout le quartier avait été construit en un seul bloc. Ici, la qualité du bâtiment a été privilégiée à l’efficacité constructive des macrolots.

Objectif Ce choix économique a permis de créer des logements écologiques à faible coût accessibles au plus grand nombre. Même si, il faut préciser qu’aujourd’hui ces logements ont vu leur prix augmenter en raison de la côte du quartier. Une seconde hypothèse était posée : la permaculture implique la création de systèmes dans lesquels l’économie s’appuie sur les ressources du site et le moins possible sur les produits résultant d’une concurrence mondialisée. En effet, cette recherche d’autonomie en eau, en énergie, en aliment est présente dès le début de la conception du quartier d’Eva-Lanxmeer.

78

Fondation EVA et Commune de Culemborg. 2003. Dynamique du processus de conception, Diagramme. 5p.


Paradigme, Processus et Objectifs

PARADIGME

PROCESSUS

OBJECTIF

Temporalité

Forme urbaine

Gestion de l’eau Ecolonomie Gestion de l’énergie Rôle des habitants

Transport Programmation

Faune et Flore

Communauté

Diagramme Economie J.Dissard. 2019. « Economie ». Diagramme.

79


Citation :

« économique : production et ventes locales, économies d’énergie et de matières premières »

FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 11p.

Citation :

Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 11p.

La ferme urbaine devait produire une partie des aliments d’EvaLanxmeer. Le quartier devait traiter l’ensemble des eaux usées sur site, et produire son énergie. Ces objectifs ont été dans l’ensemble atteints grâce à l’investissement des habitants dans leur quartier.

Rôle des habitants Cette vision économique est directement liée au rôle des habitants. Alors que les habitants sont dans une ville traditionnelle des consommateurs de l’espace et des services, ici les habitants deviennent des acteurs de leur territoire. La permaculture « désigne en particulier les actions des individus pour prendre soin de ce qui se situe sur leur propre milieu de vie c’est-à-dire le terrain sur lequel ils ont une responsabilité active. » Le choix d’impliquer les habitants dans leur quartier est directement lié à la permaculture qui cherche à redonner aux citoyens les clés pour aménager leur environnement. Processus

« The project have started gathered people who said « ok I want to live here, I want to support this initiative and I want to discuss the concept.» Alexander Une fois Culemborg choisi comme site de projet, Marleen organisa avec le soutien de la mairie des workshop sur trois week-end d’affilé.

80

Entretien:

Dans le processus de conception la place des habitants est déjà omniprésente, bien qu’ils ne sont pas concepteurs et ne remplacent pas les experts. 90 futurs habitants soutenaient déjà le projet avant d’avoir trouvé le site.


Paradigme, Processus et Objectifs

PARADIGME

PROCESSUS

OBJECTIF

Forme urbaine

Gestion de l’eau

Gestion de l’énergie Habitants acteurs

Rôle des habitants

Transport Programmation

Rôle des experts Faune et Flore

Communauté

Diagramme Rôle des habitants J.Dissard. 2019. « Rôle des habitants ». Diagramme.

81


«Organised workshop before this process started to make people ready to be part of it. They really know what they are talking about. » Marleen Kaptein

Entretien :

Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Dessins :

Ces workshops devaient permettre de donner les clés aux habitants pour débattre d’égal à égal avec les concepteurs. Lors du premier week-end les experts donnèrent aux habitants les informations sur leurs différents domaines d’études et ils visitèrent le site. Le second week-end fut un temps d’expression pour donner à chacun la possibilité de s’exprimer sur ce qu’il imaginait et souhaitait pour ce site. Marleen synthétisa ces différents souhaits et références dans un livre blanc.

Ces deux premiers workshops furent organisés en amont des premiers ateliers transversaux entre experts. Durant le troisième workshop en mars 1997, les habitants furent invités à rejoindre la première réunion de conception avec les experts. Un groupe d’habitant se constitua pour participer aux réflexions. Ils désignèrent trois représentants qui prirent part de façon régulière aux ateliers de conception. Les habitants influencèrent directement le concept initial.

82

Fondation EVA. 1997. Wit papier (Livre blanc). « We want it all », Dessin d’une future habitante. 4 p.


Entretien:

Paradigme, Processus et Objectifs

« The development of the concept has been with project group and people take initiatives. And they have influence on the concept. And they actually develop the whole concept with experts. » Alexander

Entretien:

Cependant, tous les futurs habitants ne furent pas impliqués dans ce processus, comme le rappelle Alexander. Par la suite, l’ensemble des futurs habitants fut sollicité pour donner leur avis sur l’avancement de la conception. Certaines de leurs remarques furent prises en compte, d’autres non. « We had several moments where inhabitants put their comments on the process. » « They had opportunity to give comments but this doesn’t mean they were part of the design process. » Marleen Kaptein

Entretien:

Ils donnèrent des indications précieuses pour permettre aux concepteurs d’améliorer le projet. Comme le montre l’anecdote suivante : « You can see there are long streets, so an inhabitant said « It is not really social, only this long street. So we want more this shape» » Marleen Kaptein Objectif

Entretien:

En ce sens l’objectif du projet était de créer un lieu que les habitants puissent s’approprier et réinventer au fil du temps. «So that I really like about this project, it inspires people to go further. It’s a kind of base. Healthy and sustainable base and then you can do whatever you like.» Marleen Kaptein L’ensemble des associations habitantes présentes dans le quartier, comme Thermo-belo, Terra-bella, sont des initiatives habitantes. Les concepteurs-experts ne sont pas à l’origine de ces démarches citoyennes. Cependant dans la façon dont le processus de conception a été mené et dont l’espace a été pensé, il y a eu la

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

« First, I represented these people, and from the moment they have their own association, they were invited to join us. And after some years the contact between the municipality and the association became stronger and they were growing in their role.» Marleen Kaptein

Entretien :

volonté de créer des lieux conviviaux, et de donner les clés pour que les habitants s’affirment dans leur nouveau rôle d’acteur du territoire.

Organisation de la cité

«Church have felt to creat a community, we have an other base. For us it was really important to build a place where there is a good chance for community. » Alexander Processus Les différentes phases de construction ont permis de créer progressivement un esprit de communauté. A chaque nouvelle phase de construction les nouveaux habitants étaient accueillis lors d’une fête de quartier organisée par les anciens habitants. Ces festivités ont renforcé l’esprit de communauté. Aujourd’hui l’accueil des nouveaux arrivants fait encore partie des habitudes du quartier. Objectif L’espace proposé par les concepteurs d’Eva-Lanxmeer avait pour but d’amplifier le lien qui avait été créé entre les habitants lors du processus de conception. L’organisation des logements autour d’un jardin collectif renforce ce sentiment. Alexander identifie d’ailleurs ses voisins par nature comme l’ensemble des résidents de son îlot. Au-delà de la forme urbaine, le principe des jardins co-gérés par les habitants d’un même îlot, donne un projet autour duquel les habitants se rencontrent. Comme le rappelle le texte de la fondation EVA sur la conception de

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Entretien :

Le rôle individuel de chaque habitant ne va pas sans une vision plus globale de la vie de quartier. La permaculture oppose au système libérale où chaque individu est autonome de toute structure sociale, un système communautaire qui s’appuie sur l’entraide et la vicinitude.


Paradigme, Processus et Objectifs

PARADIGME

PROCESSUS

OBJECTIF

Temporalité

Forme urbaine

Gestion de l’eau

Gestion de l’énergie Rôle des habitants

Transport

Communauté Faune et Flore

Communauté

Diagramme Organisation de la société J.Dissard. 2019. « Organisation de la société ». Diagramme.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

« Une conception ouverte et conviviale de toute une rue ou de tout un quartier invite les gens à être plus à l’extérieur, ceux-ci s’appropriant immédiatement leur environnement(/ cadre) de vie en s’engageant activement dessus. » L’ensemble du quartier conserve une unité (forme morphologique, couleur, végétation, …) et invite ainsi les habitants à naviguer sur l’ensemble du site. Les espaces publiques sont pensés pour offrir des aires de loisir, aménagés pour les résidents et les visiteurs. Pour les concepteurs, ces élèments constituent la condition spatiale pour avoir une communauté de quartier dynamique telle que celle qui s’est créée.37 Il faut ajouter que les transitions entre espace publique et espace semi-privé ont aussi été pensées en ce sens. L’impression est que même “ceux qui restent à la maison”, passant leur temps principalement dans les zones 1) et 2), sont d’autant plus impliqués dans vie collective dans leur rue ou quartier au fur et à mesure que les transitions de l’espace privé vers l’espace public sont plus progressives.38

Faune Flore La nature est d’une certaine manière, l’élément de cohésion entre les habitants. La faune et la flore prennent une place prépondérante dans ce quartier. En début de l’analyse, deux hypothèses sur la place de la faune et la flore dans le paradigme de la permaculture sont avancées : Le sol n’est plus pensé uniquement comme le support sur lequel on se pose pour bâtir. Le sol est vivant, il est le support de la vie. La faune et la flore ne sont pas pensées séparément des activités de l’homme. Il n’y a pas de patrimoine naturel à protéger mais d’avantage une co-évolution entre nature et humain à construire. Ces deux hypothèses ont été confortées mais un élément

86

Citation :

l’aménagement paysager, l’ensemble de l’aménagement extérieur a lui aussi été conçu pour que les habitants se sentent partie prenante de son entretien. Les jardins privés sont petits pour inviter les habitants à investir l’espace publique et semi-publique. La porosité de l’espace comme décrite dans l’analyse séquentielle fait aussi partie de cette réflexion. FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 6p.

38. FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 5 p.

39. FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 8 p.


Paradigme, Processus et Objectifs

Entretien:

supplémentaire est venu les compléter. La faune, la flore, et les systèmes d’interaction qu’elles supposent, sont aussi vu comme des modèles pour les concepteurs. «Try to create a copy, the diversity, the stability and resilience of natural systemes and to build environment. » Marleen Kaptein Processus

Entretien:

Dans le processus, ce paradigme se traduit par une attention toute particulière à l’observation de la nature. D’ailleurs, l’une des critiques faite au premier plan masse fut sa faible prise en compte de l’existant. Joachim Eble (urbaniste) et Declan Kennedy (permaculteur) conseillèrent alors de faire une analyse des sols pour en comprendre sa richesse et les potentiels de vie qui se cachaient sous ce champ de maïs. «We need to do research for the history of this space because that is part of this organic view to keep the existing quality as good as possible. » Marleen Kaptein La connaissance du sol fut le point de départ pour le nouveau projet. La découverte d’un ancien lit de rivière permit de dessiner le cours d’eau qui traverse aujourd’hui le quartier. L’idée n’était pas de reproduire à l’identique la rivière d’antan, mais de concevoir un projet qui s’appuie sur les caractéristiques du site. La culture néerlandaise n’hésite pas à modeler les paysages et c’est ce qui a été fait en partie dans ce projet. Ici, le sol a été observé avant d’être modifié car il regorge de nombreuses richesses. Cependant, il n’est pas sacralisé, il a évolué en même temps que l’aménagement du quartier. Objectif Dès le début du projet le sol devait accueillir d’avantage de biodiversité qu’il n’en accueillait jusqu’alors. C’est d’ailleurs une réussite de ce point de vue. La faune et la flore devaient être des éléments multi-fonctionnels dont la diversité promettait une meilleur résilience du quartier.

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« Les étangs et les cours d’eau sont, au même titre que les haies et les espaces verts, des éléments essentiels qui peuvent relier écologiquement des parties d’un lieu : l’unité dans la diversité. Dans ce contexte ils méritent une attention particulière. Non seulement la fonction environnementale des bassins biologiques de purification des étangs et leurs canaux mutuels [qui les relient] est importante pour l’ensemble du site, mais leur présence dans l’espace public a également une valeur pédagogique/éducative puisqu’ils sont visibles par tous (la population locale et les étrangers). » La faune et la flore fant ainsi partie intégrante du projet. Cet élément est pensé en lien avec l’ensemble des autres thématiques (économie, participation citoyenne, …) dans une logique systémique.

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Citation :

Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

FONDATION EVA, Le projet EVA à Culemborg, 2009, 8p.


Paradigme, Processus et Objectifs

PARADIGME

PROCESSUS

OBJECTIF

Forme urbaine

Gestion de l’eau Observation Gestion de l’énergie Rôle des habitants

Transport

Faune et Flore Faune et Flore

Outils de conception

Communauté

Diagramme Faune et Flore J.Dissard. 2019. « Faune et Flore ». Diagramme.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Interprétation des résultats Ainsi, la permaculture en modifiant le paradigme de conception a eu une influence sur le processus de conception et ses objectifs. L’analyse linéaire et thématisée ci-dessus n’explique que maladroitement les connexions qu’il existe entre ces trois grands niveaux de lecture. En effet, l’ensemble des thématiques sont liées et interdépendantes. La conception d’un Projet Urbain est un processus complexe, le moindre changement a des répercussions multiples sur le processus. Il serait risqué d’essayer de comprendre quel micro-facteur a conduit à tel ou tel choix. En effet, la permaculture appliquée à Eva-Lanxmeer a donné des résultats et un processus qui n’aurait pas été applicables sur un autre site. L’enjeu dans cette analyse a été de mettre en évidence la trajectoire globale que la permaculture a contribué à tracer. Cette analyse permet de montrer que le paradigme de la permaculture influence le projet à la fois dans le processus de conception et dans les objectifs.

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Paradigme, Processus et Objectifs

PARADIGME

PROCESSUS

OBJECTIF

Vision systémique

Temporalité

Forme urbaine

Gestion de l’eau Ecolonomie

Observation Gestion de l’énergie

Habitants acteurs

Rôle des habitants

Communauté

Rôle des experts

Transport Programmation

Faune et Flore Faune et Flore

Outils de conception

Communauté

Diagramme Paradigme, Processus et Objectif J.Dissard. 2019. « Paradigme, Processus, Objectif ». Diagramme.

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Fondation EVA et Commune de Culemborg. 2003. Dynamique du processus de conception, ÂŤProjetÂť. Plan masse 19p.


Eva-Lanxmeer

Fondation EVA et Commune de Culemborg. 2003. Dynamique du processus de conception, «Façade 1». Elévation 19p.

Fondation EVA et Commune de Culemborg. 2003. Dynamique du processus de conception, «Façade 2». Elévation 19p.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

J.Dissard. 2019. «Chemin public». Photo.

J.Dissard. 2019. «Plage». Photo.

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Eva-Lanxmeer

J.Dissard. 2019. «Vue à de l’entrée Sud-Est». Photo.

J.Dissard. 2019. «Chemin public». Photo.

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J.Dissard. 2019. «Cour semiprivée». Photo.

J.Dissard. 2019. «Ferme d’EvaLanxmeer». Photo.

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Eva-Lanxmeer

J.Dissard. 2019. «Maison sur l’eau». Photo.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

J.Dissard. 2019. «Sentier public». Photo.

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Eva-Lanxmeer

J.Dissard. 2019. «Entrée Sud-Est». Dessin.

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0 CONCLUSION - BIBLIOGRAPHIE


Conclusion

1. CONCLUSION Au début de ce mémoire nous avons vu les limites qu’avait le Projet Urbain pour repenser nos villes. Le Projet Urbain a été vampirisé par le système de ville entrepreneuriale. Il n’est plus qu’une image marketing des quartiers, renforçant les jeux de concurrence entre métropoles. Le Projet Urbain, à l’image de la société actuelle, cristallise l’omnipotence des pouvoirs économiques et l’absence d’un réel débat de société, alors même qu’il devait être le médiateur entre les acteurs du territoire pour créer ce débat sociétal. Aujourd’hui, le Projet Urbain se limite à concevoir une forme urbaine répondant à un programme politique et social défini par des élus et par les lois du marché. Cette méthode de conception ancrée dans le système est devenue impuissante pour requestionner les villes, qu’elle a ellemême conçut depuis près de 50 ans. Parallèlement, la permaculture propose des alternatives à ce système dominant. Les projets qu’elle permet de concevoir sont sur de nombreux points en contradiction avec ceux que propose le Projet Urbain. Pourtant, ces deux méthodes de conception ont initialement de nombreux points communs : compréhension systémique et complexe du territoire, prise en compte de l’existant, création d’une vision commune pour l’avenir. Ce qui pose la question suivante : en quoi ces deux méthodes de conception conduisent à des projets radicalement opposés. Certaines différences viennent de divergences sur le fondement même de ces méthodes de conception, et d’autres viennent de la récupération du Projet Urbain par le système actuel. Sur le fond la permaculture est une méthode de conception transversale et évolutive alors que le Projet Urbain se destine uniquement à la conception de morceaux de ville. La permaculture s’applique à toutes les disciplines : agriculture, économie, architecture, … En ce sens, la vision systémique qu’elle propose est globale et s’ouvre à plus de domaines. D’ailleurs les fondements de la permaculture s’appuie sur l’enseignement de l’écologie des systèmes. Ses connaissances sur les écosystèmes naturels sont indissociables de la conception permaculturelle. Ils sont à la fois des modèles et à la fois des partenaires indispensables pour construire des aménagements permaculturels. Ces écosystèmes naturels incluent également l’humain et son implication est au cœur des systèmes conçus. La permaculture est pensée comme une alternative au monde actuel à laquelle tout un chacun est invité à

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

contribuer, tandis que le Projet Urbain veut changer les pratiques de l’aménagement du territoire de l’intérieur en s’appuyant sur les experts. La permaculture propose de concevoir et de construire une société nouvelle qui puisse remplacer celle qui est en train de s’effondrer. Le Projet Urbain regroupe une nébuleuse d’experts du territoire dont les savoirs sont précieux pour construire les villes de demain. C’est en ce sens que le Projet Urbain garde tout son sens aujourd’hui même si la méthode de conception demande à être repensée. Ce qui emmène à la question suivante : En quoi la permaculture peut changer le processus de conception et les objectifs du Projet Urbain ?

Résultat de l’analyse L’étude de cas du quartier d’Eva-Lanxmeer à Culemborg au Paysbas a permis de tester les hypothèses posées pour répondre à cette problématique. Les résultats obtenus mettent en évidence que le paradigme permaculturel a insufflé au projet un nouveau processus et de nouveaux objectifs. Revenons ici point par point sur cette vision permaculturelle et son implication dans le projet. Un Projet Urbain permaculturel sous-tend un nouveau paradigme qui s’oppose à celui porté par les Projets Urbains actuels. Tout d’abord, la pensée systémique transmise par la permaculture a influencé le processus de conception d’Eva-Lanxmeer. Les experts ont d’avantage été sollicités pour travailler ensemble et avec les différents acteurs du projet. Ce travail de co-conception a permis d’atteindre l’objectif que cherche à atteindre tout projet permaculturel, c’est à dire créer un système global. Les différents systémes ne sont plus pensés séparément, ils sont pensés comme un tout, ou chaque élèment est en interaction avec les autres. Le système d’énergie ne peut pas être pensée sans le système d’eau qui ne peut lui même pas fonctionner sans les habitants, etc ... Le second point est la vision économique du projet. L’objectif n’est pas de créer un quartier qui rapporte un profit financier direct, ni un quartier qui attire les investisseurs. L’objectif d’un quartier permaculturel est de créer une économie propre au quartier, issue de ses ressources endogènes. Cet objectif peut avoir une influence

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Conclusion

sur le processus de conception, qui nécessite d’une temporalité plus longue. On peut ajouter à ces deux points, la vision que portent les experts sur les habitants. Tandis que les habitants étaient perçus comme des consommateurs de l’espace, ils deviennent des acteurs du processus et ce dès la conception. Leur place dans la conception peut être diverse mais elle implique une formation des habitants pour qu’ils aient les bases pour comprendre les tenants et les aboutissants du projet et pour qu’ils puissent prendre part au débat au même titre que les experts. L’objectif de leur implication dans le processus est à la fois qu’ils s’approprient le quartier pour qu’ils deviennent progressivement les gestionnaires et les concepteurs du lieu. Cette nouvelle économie et le rôle central des habitants dans le quartier permaculturel implique une organisation de la société nouvelle. Les habitants gardent leur individualité mais ils font aussi partie d’un groupe social plus grand qui intégre les relations de voisinages. Ainsi la vicinitude est amplifiée pour créer un esprit de communauté propre à chaque quartier. Pour atteindre cet objectif l’aménagement du quartier, sa typo-morphologie et la place du végétal se sont révélés indispensables à Eva-Lanxmeer. Impliquer les habitants dans le processus de conception, concevoir des espaces où ils ont une co-responsabilité c’est les rassembler autour d’un projet commun. La création de ces micro-sociétés permet de redonner aux habitants du pouvoir sur l’espace qu’ils habitent. Il deviennent des acteurs du territoire et non plus de simples consommateurs. A l’inverse de la maxime « séparer pour mieux régner », on rassemble pour mieux gouverner la société. Le dernier point qui compléte la vision permaculturelle, c’est la prise en compte de la place de la faune flore dans un projet et la recherche d’optimisation des énergies. La prise en compte de la valeur du sol comme ressource du territoire vise à créer des aménagements paysagés et construits qui permettent d’agrader la qualité du sol. L’analyse environnementale que propose la permaculture complète l’analyse typo-morphologique fondamentale dans le Projet Urbain et cherche à limiter l’empreinte environnementale. D’autre part les écosystèmes naturels ne sont plus compris comme des systèmes séparés des société humaines. Ils sont à la fois des modèles et des partenaires indispensables pour construire les villes de demain.

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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

Ouverture du débat Alors même que ce mémoire s’attachait à chercher des pistes pour améliorer les pratiques des experts du territoire, il semble ouvrir à une réflexion plus large qui questionne le rôle de la maîtrise d’ouvrage dans le Projet Urbain. En effet, la maîtrise d’ouvrage finance et oriente le processus de conception et ses objectifs. Sans la remise en question de la maîtrise d’ouvrage privée et publique, la vision économique des villes a peu de chance d’évoluer. Sans une nouvelle vision économique cherchant à créer une économie locale et non pas attractive, le processus et les objectifs du Projet Urbain resteront figés afin de répondre au système concurrentiel des villes entrepreneuriales. Une autre question se pose à la suite de ce mémoire. L’objectif du Projet Urbain comme il est compris aujourd’hui, c’est à dire créer un nouveau morceau de ville, est-il légitime ? Doit-on encore agrandir les villes ? Alors même qu’il y a 2.640.000 logements vacants39 en France et que l’étalement urbain est décrié ? Comme le rappelle Sébastien Marot, le siécle n’est plus à l’extension des villes mais à l’approfondissement des territoires 40. Le Projet Urbain permaculturel de demain doit-il servir la création de nouveaux quartiers comme EVA-Lanxmeer ? Ne doit-il pas être un projet de mise en connexion avant d’être un projet de construction ? Ne doit-il pas prioritairement chercher d’avantage à solidifier les écosystèmes urbains sous-jacents plutôt que d’en créer de nouveaux de toutes pièces ?

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40. Donnée INSEE 2014 41. S.MAROT, Propos liminaire : de l’art de la mémoire à l’art d’espérer, 2017, [1:01:57-1:02:30]


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Qu’est ce que la permaculture peut apporter au processus de projet urbain ?

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Résumé La permaculture fait aujourd’hui la Une des médias mais la définition même de la permaculture est souvent mal comprise par le grand public. Pour certains c’est une technique de jardinage, pour d’autres c’est une philosophie. Dans ce mémoire, je définis la permaculture comme une méthode de conception. Initialement elle a été créée pour concevoir des aménagements productifs et respectueux de l’environnement rivalisant avec le système de production agroalimentaire d’après guerre. La permaculture s’est progressivement enrichie pour concevoir des projets touchant à des domaines variés. En parallèle, la méthode de conception du Projet Urbain est née dans les années 70 en réaction à l’urbanisme planificateur d’après guerre. Le Projet Urbain devait créer un débat sociétal qui s’appuyait sur la morphologie urbaine. Aujourd’hui, cette méthode de conception a été détournée de ses objectifs pour répondre aux logiques de la ville entrepreneuriale. Ce mémoire cherche à transposer la permaculture à la méthode de conception du Projet Urbain. Un Projet Urbain impact la trajectoire sociale et économique d’un quartier et plus largement, il impact la trajectoire de la ville à laquelle le quartier se relie. Questionner la méthode de conception du Projet Urbain actuel, c’est repenser les villes de demain et la société qu’elles promettent. La problématique de mémoire est donc la suivante : En quoi la permaculture peut changer le processus de conception et les objectifs du Projet Urbain ?

Abstract Today, permaculture makes the headlines but permaculture’s definition is often misunderstood by public opinion. For some, it is a gardening technique, for others it is a philosophy. In this thesis, we define permaculture as a design method. Initially it was created to design productive and ecological planning competing with the post-war agri-food production system. Permaculture has gradually been enriched to design projects in various fields. At the same time, the design method of the Urban Project was born in response to post-war urbanism. An Urban Project has to create a societal debate that is based on urban morphology. Today, this design method has been diverted from its goals to fit in with the entrepreneurial cities. This thesis seeks to transpose permaculture to the design method of the Urban Project. An Urban Project impacts the social and economic trajectory of the city. To question the design method of the current Urban Project is to think about the cities of tomorrow and where they are driving us.


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