Livret Bicentenaire Arche 1

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L'Arche Musée et Archives de la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon

DEUX SIÈCLES D'HISTOIRE

À SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON 1816-2016 Bicentenaire de la rétrocession de l'archipel à la France

Prix : 25 €


1er de couverture : « Panorama de la ville et de la rade de Saint-Pierre », huile sur toile de Joseph Lemoine, 1873. Coll. l'Arche. Édition : L'Arche Musée et Archives de la Collectivité Territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon rue du Onze novembre – BP 4208 97500 Saint-Pierre-et-Miquelon Téléphone : 05 08 41 04 35 Courriel : arche@cheznoo.net Site internet : www.arche-musee-et-archives.net Facebook : L'Arche Musée et Archives

Plaquette publiée sous la direction de : Rosiane Artur de Lizarraga Conception graphique : Azimuts SARL BP 1664 97500 Saint-Pierre-et-Miquelon Téléphone : 05 08 41 04 54 Télécopie : 05 08 41 31 65 Courriel : contact@azimut975.com www.azimut975.com Co-auteurs : Rosiane ARTUR de LIZARRAGA Lauriane DETCHEVERRY Rodrigue GIRARDIN Remerciements : Marc CORMIER Romane DÉRIBLE Janick DETCHEVERRY ISBN : 978-2-9526744-1-8 EAN : 9782952674416


Deux siècles d'histoire à Saint-Pierre-et-Miquelon 1816-2016 Bicentenaire de la rétrocession de l'archipel à la France

L'Arche, Musée et Archives de la Collectivité Territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, 2016 1


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PRÉFACE « Ici, c’est la France, aux avant-postes de l’Amérique du Nord », affirmait le général de GAULLE, rappelant ainsi la prise de possession de Saint-Pierre-et-Miquelon en 1536 par Jacques CARTIER. L’Archipel est devenu définitivement Français depuis 1816. On y « cause » avec l’accent français et l’étendard tricolore claque au vent, sur la Place du Général de Gaulle et tutoie fièrement l’Amérique avec son identité basque, bretonne, normande, acadienne, sa fête basque et ses traditions locales "Oh, so french !". À Saint-Pierre-et-Miquelon, chacun trouve son bonheur, c’est une destination colorée, une halte rafraîchissante et des escapades romantiques. Le Caillou, balayé d’un souffle parfois capricieux, offre aux visiteurs un séjour entre terre et mer, marqué par l’authenticité, la chaleur de l’accueil ainsi qu’une flore, une faune et un espace naturel protégés. Un endroit idéal pour faire une pause. Dans ce carrefour de l’Atlantique Nord, l’histoire qui nous a précédés nous aide à inventer l’avenir et nous conduit à lancer une stratégie de développement pour consolider notre présence dans la péninsule de Burin. Pour répondre aux défis de demain, nous devons engager le désenclavement de Saint-Pierre-et-Miquelon et donner ainsi une chance aux générations futures d’écrire une nouvelle page de l’Archipel. Ouvrir nos îles, qui nous donnent des ailes, est le chantier prioritaire de la Collectivité territoriale. Grâce à l’arrivée du très haut débit, avec le câble numérique sous-marin, des nouveaux ferries et de la marque territoriale « SPM, des îles d’exception », nous inventons demain, fortifions nos possibles et parions sur la force de notre Archipel qui a toujours puisé dans son histoire pour imaginer son destin. L’Archipel brandit fièrement son exception culturelle pour accueillir le voyageur en sincérité et l’initier à son art de vivre. Venez à Saint-Pierre-et-Miquelon, Chez nous, c’est chez vous !

Stéphane ARTANO Président de la Collectivité Territoriale

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« Port de Saint-Pierre », gravure de Taylor, 1870, Coll. R. Girardin.

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SOMMAIRE 3 Préface 5 Introduction Histoire 9 Saint-Pierre-et-Miquelon avant 1816 10 Saint-Pierre-et-Miquelon après 1816 Économie 13 1816 - 1900 - Le développement de l’économie liée à la pêche 15 1900 - 1923 - Le déclin de la pêche 17 1922 - 1933 - Le temps de la fraude 19 1933 - Aujourd’hui - Les difficultés économiques Pêche 21 La morue 23 La grande pêche 25 Les graviers 27 La petite pêche Architecture 29 L’architecture locale 31 Les bâtiments liés à la pêche 33 Les matériaux de construction Localité 35 Saint-Pierre 37 Ile-aux-Marins (Île-aux-Chiens)) 39 Miquelon (La grande Miquelon) 41 Langlade (La petite Miquelon)

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Certificat d’origine de la propriété Douville établi par le commandant Danseville en décembre 1790. Document conservé dans la minute de notaire n°26 du 3 novembre 1840. Coll. l’Arche.

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Saint-Pierre-et-Miquelon avant 1816

Vue de Saint-Pierre, Cassini, 1778. Coll. l’Arche.

Les îles furent officiellement découvertes le 21 octobre 1520, par l’explorateur portugais, João Alvares Fagundes. Lorsque Jacques Cartier s’y arrêta le 5 juin 1536, le nom Saint-Pierre était déjà en usage et le port était utilisé par des pêcheurs français. Au 16e et au 17e siècle, ceux-ci fréquentaient saisonnièrement la côte de Terre-Neuve, incluant Saint-Pierre-et-Miquelon. La pêche en Amérique du Nord sera entravée pendant deux siècles et demi par les guerres entre la France et l’Angleterre. Les îles Saint-Pierre-et-Miquelon furent prises et reprises neuf fois par les Anglais et les Français jusqu’en 1816, date du retour définitif des Français. En mai et juin 1816, environ 700 colons, marins et marchands, rescapés des déportations de 1793-1794, arrivent dans un archipel désert, à l’exception de quelques installations de pêche provisoires. Le nouveau noyau de la population s’attela d’abord à la reconstruction des bâtiments détruits, réinstallant la ville de Saint-Pierre et le village de Miquelon sur les sites qu’ils avaient occupés avant la dernière invasion anglaise. Les changements de possession et l’évolution de la population : 1536

Jacques Cartier s’arrête à Saint-Pierre.

1604

Premières traces d’établissements sédentaires (une trentaine de Bretons, Normands et Basques).

1690

Installation d’un Gouverneur et d’une troupe sous l’autorité du Commandant de Plaisance (Terre-Neuve).

1693

200 habitants.

1713

Le Traité d’Utrecht (fin de la Guerre de Succession d’Espagne) donne Saint-Pierre-et-Miquelon, la côte sud de Terre-Neuve et l’Acadie aux Anglais. Il donne à la France des droits de pêche saisonniers sur le Treaty/French Shore (Terre-Neuve) et lui laisse l’Île Royale (Île du Cap Breton). La population de l’archipel part pour Louisbourg.

1763

Traité de Paris (fin de la Guerre de Sept Ans) : la France perd le Canada, les Îles Royale et Saint-Jean (Île du Prince Edouard). Elle reçoit Saint-Pierre-et-Miquelon (repeuplé de 350 personnes, essentiellement des colons de Nouvelle-Ecosse) et le droit exclusif de pêche sur le French Shore.

1764-68 Des réfugiés acadiens de Nouvelle-Angleterre et de Saint-Malo arrivent dans l’archipel. Ils s’établissent d’abord à Miquelon puis à Saint-Pierre. 1768

En raison du manque de nourriture 551 colons sont renvoyés en Métropole.

1778

Guerre d’Indépendance Américaine : les Anglais attaquent l’archipel, déportent les 1250 habitants en France et rasent la ville.

1783

Traité de Versailles : la population de 1778 revient à Saint-Pierre-et-Miquelon (1200 personnes) et les limites du French Shore sont modifiées.

1792

1233 habitants. Environ 200 habitants de Miquelon, conduits par l’Abbé Allain, émigrent aux Îles de la Madeleine plutôt que de prêter serment au nouveau gouvernement issu de la Révolution Française.

1793

En raison de la Révolution Française les anglais attaquent Saint-Pierre-et-Miquelon. 450 habitants sur les 1502 sont déportés. Au cours de l’été 1794 le reste de la population est envoyé en France et aux Etats-Unis. Les Anglais s’établissent dans l’archipel.

1802

Le Traité d’Amiens rend Saint-Pierre-et-Miquelon à la France.

1803

Les Anglais reprennent l’archipel et déportent 220 hommes de la colonie. Aucun habitant n’est trouvé sur Miquelon.

1814

Des pêcheurs anglais de Terre-Neuve sont établis à Saint-Pierre-et-Miquelon alors que le Traité de Paris rend les îles à la France.

1815

Sans que les Français aient pu revenir dans les îles, l’Angleterre s’en empare de nouveau suite au retour de Napoléon (les Cent-Jours) puis le 2e traité de Paris est signé. Il rend Saint-Pierre-et-Miquelon à la France et rétablit la pêche française dans ses limites de 1792.

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Saint-Pierre : calfats (vers 1890). A. Bréhier. Fonds P. Mahey. Coll. l’Arche.

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1816-1900 Le développement de l’économie liée à la pêche

Saint-Pierre : arrivée des graviers et des pêcheurs métropolitains (vers 1890). A. Bréhier. Fonds P. Mahey. Coll. l’Arche.

La prospérité grandissante de la pêche française dans la région se traduisait par un plus grand nombre d’hommes en mer et à terre. Les escales des morutiers dans le port de Saint-Pierre engendraient une vie économique intense avec une variété de métiers parfois insoupçonnés.

Saint-Pierre : fabrique de doris Ledreney (1893). A. H. Bannerman. Coll l’Arche.

Saint-Pierre : le Barachois et les goélettes de pêche (date inconnue). A. Bréhier. Coll. l’Arche.

Au cours du 19e siècle, le gouvernement français mit en place deux primes pour favoriser la pêche : une était versée aux armateurs pour chaque membre d’équipage métropolitain embarqué (ils constituaient une réserve d’hommes qualifiés pour la Marine Nationale) et une autre pour l’exportation du poisson, afin de favoriser le commerce français. Les exportations de morue de l’archipel alimentaient les ports français de l’Atlantique et de la Méditerranée, les colonies françaises des Antilles, de l’Océan Indien et l’Amérique Centrale. Ces aides permirent à beaucoup d’hommes et de navires, saint-pierrais et métropolitains, d’exercer la pêche et de réaliser d’importantes captures. Dans l’archipel la pêche culmina du milieu des années 1870 au milieu des années 1880. A la fin du 19e siècle une série d’entreprises et de petites usines ravitaillaient et entretenaient les bateaux. Voiliers, poulieurs, calfats et charpentiers travaillaient aussi bien sur les grands navires que sur les petites embarcations. Plusieurs constructeurs de doris et de petites goélettes exerçaient sur l’ensemble de l’archipel, ainsi que des forgerons et des tonneliers. Une manufacture de vêtements cirés débuta en 1896. L’année suivante, une fonderie et un atelier mécanique ouvrirent leurs portes. En 1898 une usine de biscuits de mer démarra ses activités, produisant 2,5 tonnes par jour. La même année, une usine fabriquait de la peinture marine à base de cuivre. Les habitants de la péninsule de Burin à Terre-Neuve alimentaient le marché local en produits de la région : saumon, truite, volaille, boëtte (capelan, hareng…), bois de chauffage et s’approvisionnaient en diverses marchandises importées disponibles à Saint-Pierre : mélasse, tabac, textile, alcool…

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« Île et bancs de Terre-Neuve », 1780. Coll. l’Arche.

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Chapitre La Grande pêche

« Le travail des graves à Saint-Pierre », huile de Gaston Roullet, fin 19e siècle. Coll. l’Arche.

La pêche au large a joué un très grand rôle dans la prospérité de l’archipel en exploitant les riches zones de pêche de la région. De niveau industriel, elle nécessitait l’emploi de grands navires et d’équipages conséquents, qui remplissaient les cales de poisson salé.

La Grande Pêche sur les Bancs de Terre-Neuve : trois-mâts et doris sur le Banquereau (date inconnue). Edition M. Guérin. Coll. l’Arche.

Elle se développa dans trois régions : les bancs de Terre-Neuve, le Golfe du SaintLaurent et le French Shore. Le Grand Banc était le plus grand et le plus éloigné de l’archipel ; au sud le Banquereau était de plus petite taille, tout comme le Banc de Saint-Pierre, plus proche et fréquenté généralement par les petites goélettes et les chaloupes basées à Saint-Pierre. Pour la pêche du Golfe, les navires pêchaient près des côtes de Terre-Neuve et changeaient de mouillage en fonction du poisson. Une fois les cales pleines les navires revenaient à Saint-Pierre où la morue était débarquée. La pêche dite du French Shore exigeait des installations de séchage à terre (sur la côte Ouest de Terre-Neuve). Jusqu’à la fin 18e siècle, la pêche se pratiquait depuis le bord même des navires. Les hommes utilisaient des lignes à main, c’està-dire de simples lignes munies d’hameçons appâtés. Les navires pouvaient être basés à Saint-Pierre ou en Métropole.

« Le saleur », huile sur bois d’Aristide Ollivier, milieu du 20e siècle. Coll. l’Arche.

À partir de 1789 la ligne de fond fut adoptée sur les bancs. Les hommes quittaient le

navire-mère à bord de chaloupes pour aller poser et relever les lignes de fond, puis revenaient à bord pour la transformation du poisson. Vers 1873, une innovation majeure mena à un accroissement des captures. Les lourdes et encombrantes chaloupes furent remplacées par les doris, montés de seulement deux hommes. Si les lignes de fond étaient plus courtes, elles étaient également plus nombreuses. La capacité de capture de chaque navire s’en trouva donc considérablement accrue. Quotidiennement, juste avant la tombée de la nuit, les doris partaient pendant environ deux heures afin de dérouler leur ligne de fond. Avec les brouillards fréquents, la grosse mer, la surcharge de poisson et le trafic des paquebots transatlantiques, les tragédies étaient fréquentes. Au petit jour, vers cinq heures, les doris relevaient les lignes mouillées la veille et revenaient à leur base flottante. L’ensemble du trajet durait en moyenne cinq heures. L’équipage du doris débarquait ensuite sa prise sous l’œil vigilant du capitaine ou du maître de pêche qui comptabilisait les apports. La morue était vidée, étêtée, tranchée, lavée et balancée à fond de cale où elle était empilée et salée avec minutie. Après cela, chaque pêcheur devait boëtter1 les 1500 hameçons de la ligne de fond qu’il irait déposer plus tard. La grande pêche était une industrie saisonnière (de début avril à fin septembre) qui employait principalement des travailleurs arrivant des ports de Normandie et de Bretagne. Une partie de la maind’œuvre restait pêcher sur les navires, alors que la seconde était débarquée à SaintPierre ou au French Shore pour sécher le poisson.

« Les trancheurs à l’intérieur d’un chaffaud » extrait de « Le Monde Illustré », 2 avril 1859. Coll. R. Girardin.

1- Appâter.

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« Les tambours », huile sur toile, polyptique de Raphaële Goineau, 2000. Coll. l’Arche.

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L’architecture locale

Saint-Pierre : Rue Beaussant (début 20e). Fonds Y. Andrieux. Coll. l’Arche.

La maison traditionnelle de Saint-Pierre et de Miquelon est une maison en bois d’un ou deux étages, recouverte de bardeaux ou de clapboard1 de bois. De forme plutôt simple ses particularités s’expriment à travers des éléments tels les fenêtres, le tambour ou la couleur.

Section architecture du musée. Photo L. Claireaux. Coll. l’Arche.

Au centre-ville de Saint-Pierre les maisons sont construites au ras de la rue, avec un rez-de-chaussée légèrement surélevé. Beaucoup ont un tambour afin d’empêcher le vent froid et la neige d’entrer. Les habitations anciennes ont souvent un sous-sol non-fini qui servait d’espace de travail et de rangement et une petite cour bien abritée à l’arrière. La plupart ont de simples toitures à pignons sous lesquelles on installait fréquemment des chambres d’enfants. Les maisons les plus anciennes datent de la seconde moitié du 19e siècle. Dans le centre-ville de Saint-Pierre on employait la brique pour lutter contre les risques d’incendies. Le village de Miquelon est moins densément construit que Saint-Pierre et les terrains sont souvent plus grands. On y construisait des maisons plus longues et sans étage. L’usage du bois y fut exclusif jusqu’à récemment. Dans l’archipel le plus ancien type de fenêtre est connu sous le nom de fenêtre

française, c’est-à-dire à deux battants. Les fenêtres à guillotine, ou châssis américain, se retrouvent sur des photographies de la fin du 19e siècle, notamment sur des maisons éloignées du centre-ville, donc plus récentes. La tabatière était également commune autrefois : encastrée à même le toit elle permettait d’éclairer les combles (sur les toitures à pignons ou à quatre pans). Le tambour est un élément architectural traditionnel dans l’archipel. Il est déjà cité dans un acte notarié en 1839. En 1851, un texte précisait que les tambours ne pourraient être installés avant le 1er novembre et qu’ils devaient être enlevés pour le 15 avril. A partir de 1929, ils pouvaient être permanents, à condition qu’ils soient suffisamment vitrés. Les visiteurs du 18e siècle décrivent les maisons sans couleurs. En 1902, la ville de Saint-Pierre semble être une étude de gris et marron. Cependant, l’utilisation de jaune et de rouge a été rapportée : probablement de l’ocre, dont on trouve des gisements localement, mélangée à de l’huile de foie de morue (tel que cela se pratiquait aussi à Terre-Neuve). Les bâtiments administratifs étaient souvent blanchis à la chaux en attendant la peinture blanche. Les couleurs vives et les contrastes que l’on observe actuellement sont issus d’une tradition plus récente, apparue à partir des années 1950 et 60, lorsque la peinture est devenue plus abordable. Les maisons furent d’abord peintes dans des tons plutôt neutres ou foncés puis, avec les années, les couleurs devinrent de plus en plus audacieuses. Cette tendance est aujourd’hui valorisée et encouragée par les pouvoirs publics locaux et la variété des couleurs utilisées a atteint une ampleur inégalée jusqu’à présent.

Fenêtre française d’une maison de Saint-Pierre (2002). Levée par B. Herman, dessinée par J. Klee. Saint-Pierre : tambour et fenêtres à guillotine (2001). Coll. G. Pocius.

1- Prononcer « clabor ». Terme anglais utilisé localement pour le bardage avec lames horizontales posées à clin. Il peut aussi être utilisé sous forme de verbe : on « claborde » sa maison.

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« Mairie de l’Île-aux-Marins », huile sur toile de Raphaële Goineau, 2004. Coll. l’Arche.

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Île-aux-Chiens Île-aux-Marins

Vue de l’Île-aux-Chiens en hiver (avant 1925). Fonds Y. Andrieux. Coll. l’Arche.

Jusqu’au milieu du 19e siècle l’Île-aux-Marins fut aménagée et utilisée presque exclusivement comme grande grave pour le séchage du poisson. Avec l’augmentation de sa population elle fut par la suite érigée en commune. Dans les années 1850, la plupart des habitants possédaient deux maisons, une sur l’île pour l’été, une autre à Saint-Pierre pour l’hiver. Durant la saison de pêche, près de 400 pêcheurs métropolitains (qui pêchaient à leur compte) venaient à l’Îleaux-Marins et l’utilisaient comme base de pêche. Ils vivaient dans des petites cabanes et préparaient le poisson sur des graves qu’ils louaient.

Île-aux-Marins : route principale de l’île, vue vers le nord-est. On remarque les graves destinées à sécher les morues (mai 1942). Coll. l’Arche.

Dans les années 1860, les grandes graves commencèrent à être morcelées et vendues en plus petites parcelles. Les propriétés devinrent longues et étroites (comme à Miquelon), avec un espace pour la maison,

le jardin, la grave, la saline et l’échouage des embarcations. Ces parcelles et leurs bâtiments forment la base de ce qui est visible aujourd’hui à l’Île-aux-Marins. Pendant le dernier quart du 19e siècle, la pêche devint de plus en plus lucrative et l’émigration depuis la Métropole augmenta. La croissance engendrée mena à une amélioration des infrastructures publiques et l’établissement d’une population à l’année. En 1892 683 personnes résidaient de façon permanente sur l’île. Cette même année elle devint une commune. Comme dans tout l’archipel, la prospérité de l’Île-aux-Marins atteignit son apogée à la fin du 19e siècle. Tandis qu’il y avait eu jusqu’alors un afflux régulier de population celle-ci commença à diminuer doucement, suivant le déclin de la pêche. En 1907 il y avait 500 habitants, contre 363 en 1911. Dans les années 1920, la baisse de la population continua malgré des tentatives de relance économique : la construction d’un petit frigorifique et la mise en fonctionnement d’une usine d’huile de foie de morue ; la transformation d’un entrepôt en séchoir à morue… En 1926, seules 50 familles restèrent à l’Île-auxMarins durant l’hiver. L’île était redevenue une station de pêche d’été : les familles hivernaient à Saint-Pierre ou en Métropole et revenaient au printemps. En 1931, le nom « Île-aux-Chiens » fut remplacé par le nom actuel de l’île. En 1944, il ne restait plus que 250 habitants puis, en 1967, le dernier résident permanent venait s’établir à Saint-Pierre. Lorsque les communes furent réinstallées en 1945 (elles avaient été supprimées en 1936) l’Îleaux-Marins réintégra celle de Saint-Pierre.

Île-aux-Chiens : plans de propriétés (dessus 1863, à droite 1865). Chacune est divisée afin d’inclure un jardin, une maison, une grave et une saline au bord de mer. Coll. l’Arche.

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