La NouvelleAquitaine et l’Aragon poussent aux coopérations transfrontalières
Rendons à César ce qui lui revient. L’idée d’une coopération entre Pyrénées Presse, qui édite « La République des Pyrénées » et « L’Eclair », et le groupe HENNEO qui édite le «Diario Del Alto Aragon» et le «Heraldo de Aragon», est née… au Pays basque.
C’est en effet une coopération entre «Sud Ouest» et le «Diario Vasco» autour du Forum Bidassoa qui a donné l’idée d’aller voir de l’autre côté des Pyrénées comment les journaux étaient fabriqués…
En 2019 déjà, des ponts sont jetés entre les deux groupes, mais la pandémie vient mettre un brutal coup d’arrêt au projet. En 2021, la machine est relancée : réaliser un supplément éditorial commun aux deux rédactions autour de problématiques communes : on parlera de la PauCanfranc au départ, puis de tourisme durable, un impératif avec le changement climatique dans les Pyrénées.
Il faudra du temps, de la patience, des dossiers faits et refaits pour trouver la bonne formule : fin 2021, les deux groupes de presse répondent à un appel à projet trans
frontalier de la NouvelleAquitaine et de l’Aragon avec les deux entités. D’autres microprojets dont on ne parle pas forcément se dessinent
chaque année entre les deux territoires, dans les domaines de la gastronomie, du développement durable ou encore dans la recherche et
Supplément spécial aux éditions de La République des Pyrénées et de L’Eclair du 10 novembre 2022.
l’éducation.
Pour ce supplément commun entre des rédactions béarnaises et aragonaises, le premier du genre à notre
connaissance, chaque groupe de presse a touché 15 000 euros de fonds communs, soit 50 % du coût du projet, le reste étant supporté par les groupes de presse euxmêmes et par les publicités que vous trouverez au fil de ces 20 pages qui ont demandé de nombreux échanges en visioconférence, et de multiples voyages entre Pau, Huesca et Saragosse.
Au bout du travail, on se rend surtout compte que la barrière de la langue peut paraître plus difficile à franchir que les cols du Somport et du Pourtalet ! Mais aussi que le journalisme de proximité est fait des mêmes enjeux et des mêmes contraintes de part et d’autre des Pyrénées.
Il nous reste ici à remercier les services du Pôle Europe et international de la Région NouvelleAquitaine (en particulier Jérémy Moreau) et ceux du Gouvernement d’Aragon. Et remercier tout aussi chaleureusement nos confrères du « Diario Del Alto Aragón », en particulier sa directrice éditoriale Elena Puerolas, et du « Heraldo de Aragón », pour leur patience et leur engagement.
NICOLAS REBIÈRE I
C’est un pays à part, l’autre pays des Pyrénées : l’Aragon depuis des siècles a tissé des liens avec le Béarn. Il y a eu le traité de la Vesiau, ce bon voisinage que signèrent au XVIIIe siècle Urdos CetteEygun, Etsaut d’un côté, et Jaca de l’autre. Il s’agissait alors d’un accord pour régler les règles de pacage à Astun. Mais les liens sont bien plus anciens, et il faut citer ici le rôle de Gaston IV de Béarn, qui à la charnière des XI et XIIe siècles participa à la reconquête de l’Aragon, et fonda les bases d’une amitié solide entre la vicomté et le royaume espagnol. Las, les liens semblent s’être distendus au point que bien des Béarnais ont davantage l’habitude de viser SaintSébastien lorsqu’ils franchissent la frontière pour un weekend, plutôt que Jaca ou Huesca, qui valent chacune le détour.
Comme si les Pyrénées, de trait d’union naturel étaient devenues barrière. C’est un peu pour cela, et pour renforcer des liens qui nous paraissent naturels, que nous avons décidé de nous lancer dans ce supplément inédit et transfrontalier. De l’ours au pastoralisme, de la ligne PauCanfranc au changement climatique qui impacte nos montagnes, les sujets communs sont légion pour nos rédactions respectives. C’est d’ailleurs autour des solutions d’un tourisme durable que les rédactions de Pyrénées Presse d’un côté, du « Diario Del Alto Aragon » et de l’« Heraldo » de l’autre, ont décidé de travailler. Pour mettre en valeur les exemples de part et d’autre de la frontière, et tracer, peutêtre, un avenir plus commun entre deux territoires qui ont tant à partager.
Directeur de la publication et rédacteur en chef Nicolas Rebière
Coordination Mathieu Sanchez
Ont participé à ce numéro Laurence Fleury, Gérard Cayron, Olivier Darrioumerle, Nicolas Rebière, Elena Puertolas, Maria José Lacasta, Nacho Pràdanos, Elena Fortuño, Ricardo Grasa, Ana Esteban.
Imprimerie
Imprimé à Morlaàs/Berlanne par Pyrénées Presse SA.
Réalisation
Ce supplément a pu être réalisé grâce au soutien du Fonds transfrontalier de la Région NouvelleAquitaine et du Gouvernement d’Aragon.
Ne peut être vendu séparément, ne pas jeter sur la voie publique.
Nous sommes séparés par des pics de 3 000 mètres, mais nous sommes unis face aux défis du développement durable. Avec le pic du Midi d’Ossau à l’horizon, emblème du département des PyrénéesAtlantiques, visible depuis l’Aragon par sa proximité frontalière, les points de vue de part et d’autre des Pyrénées sont différents, mais aussi complémentaires.
De cette idée est née une collaboration entre les journaux présents des deux côtés de la frontière : le « Diario Del Alto Aragón » et le « Heraldo de Aragón », leaders dans la province de Huesca et dans la Communauté autonome d’Aragon, membres du groupe HENNEO ; et « La République des Pyrénées » et « L’Éclair ». Notre intention est claire : que ces actions communes se poursuivent pour informer toujours mieux des deux côtés des Pyrénées.
DE CHAQUE CÔTÉ DES PYRÉNÉES, IL Y A UN MONDE À DÉCOUVRIR.
Le tourisme durable sera le fil conducteur de cette première collaboration. On vous emmènera ici à la découverte d’idées et formules qui peuvent s’adapter à nos territoires aux caractéristiques communes. Dans ce domaine, et avec le lancement de la très proche saison des sports d’hiver, nous avons voulu avec ce supplément mettre en lumière les stations de ski, mais aussi les parcs nationaux et d’autres beaux lieux touristiques, sans oublier de parler du potentiel agroalimentaire et gastronomique des deux territoires.
La suppression de la frontière physique et mentale entre nos régions est un des objectifs de ce projet collectif. Cette collaboration en appellera certainement d’autres. De chaque côté des Pyrénées, il y a un monde à découvrir. Un monde qui peut se visiter sans avaler beaucoup de kilomètres. Ce n’est donc qu’un début.
Une union sans frontières pour atteindre les sommets
Une beauté naturelle sous PROTECTION
La province de Huesca ne manque pas de beaux espaces naturels protégés. Un plan directeur, le PRUG, a été mis en place pour préserver ces lieux. Chaque zone concernée doit l’appliquer pour éviter les effets néfastes du tourisme sur leur environnement.
Conserver, préserver et vulgariser la beauté naturelle de la province de Huesca, tels sont les maîtres mots de la protection que compte mettre en place l’administration de la province. Cette volonté va de pair avec des actions et moyens orientés pour permettre aux milliers de visiteurs de ces espaces naturels protégés de profiter de l’environnement en laissant la plus petite empreinte possible de leur passage.
Le Parc national d’Ordesa et Mont Perdu, le Parc naturel de la Sierra et des gorges de Guara, et celui du PosetsMaladeta, les paysages protégés de San Juan de la Peña et du Mont Oroel, près de Jaca, et de la Foces de Fago y Biniés, la Réserve de la biosphère OrdesaVignemale ainsi que les monuments naturels des glaciers pyrénéens dont les Mallos de Riglos, Agüero y Peña Rueba, sont les principaux espaces naturels protégés de Huesca.
Que l’humain n’empiète pas sur la nature
Le Plan directeur d’utilisation et de gestion (PRUG) est le document de planification et de régulation le plus important des parcs. Y sont définis les principaux axes de gestion de ces beaux espaces. Ses objec
tifs sont d’assurer la conservation du processus naturel et des valeurs culturelles des lieux. Et bien sûr, que le tourisme soit durable et écologique dans ces espaces. Par exemple, le Parc national d’Ordesa et Mont Perdu a mis en œuvre, il y a plus d’une décennie, un système de transport de visiteurs depuis la proche localité de Torla jusqu’à la Prairie d’Ordesa lors des périodes de forte affluence, afin de minimiser l’impact humain sur le milieu concerné.
C’est précisément le Plan directeur d’utilisation et de gestion (PRUG) du Parc d’Ordesa qui a fixé un maximum de 1 800 visiteurs en simultané dans la vallée d’Ordesa. Ils se sont basés sur une étude préalable sur l’affluence dans chacune des vallées du parc. Lorsque fonctionne le service d’autobus (les mois d’été, pendant la Semaine sainte et les weekends du mois d’octobre), l’accès se ferme lorsque l’affluence atteint les 1 800 visiteurs et quand il n’y a pas de navettes. On interdit également le passage des véhicules particuliers quand le parking de la Prairie est plein. La directrice du Parc national, Elena Villagrasa, explique que ce système d’autobusnavette est « intégré », ajoutant que la durée de son application s’est amplifiée ces
dernières années. Cependant, elle précise que c’est un système « vivant » qu’il faut « peaufiner et améliorer » pour, par exemple, réduire les queues de visiteurs qui se forment à certains moments de la journée.
Apprendre pour mieux apprécier Cette année dans la vallée d’Ordesa a aussi été limité, pour la première fois, le camping nocturne sous tentes autour du refuge de Góriz à 2 160 m d’altitude, sur le versant sud du Mont Perdu, en haut du canyon d’Ordesa.
Les visites guidées gratuites par des experts font partie d’une autre initiative du PRUG. L’idée ici est de sensibiliser les visiteurs sur l’importance de respecter la nature et la nécessité de sa conservation, car un touriste ayant une plus grande connaissance de la faune et la flore pourra ainsi bien plus apprécier cette richesse.
Dans le Réseau naturel d’Aragon, dont font partie les 18 espaces naturels protégés et ses plus de 20 centres d’interprétation, ont été organisées ce dernier été plus de 300 activités et expériences gratuites pour que ces magnifiques zones soient connues du plus grand nombre, et restent propres malgré tout.
MARÍA JOSÉ LACASTA I
Parc des Pyrénées: «Mieux
En charge de la communication du Parc national des Pyrénées, Marie Hervieu est aussi responsable du service valorisant les patrimoines et travaille sur le sujet du tourisme durable.
Depuis la crise sanitaire, de nouveaux visiteurs fréquentent les zones de montagne, dont le Parc national des Pyrénées. Cet afflux estil préjudiciable à l’environnement ?
Effectivement, tous les professionnels partagent ce constat depuis 2020 : il y a une volonté de se mettre au vert, de fréquenter de grands espaces. On voit donc arriver des profils très différents, issus du milieu urbain mais pas que. Disons que, sans être obligatoirement là pour nuire, tous n’ont pas les bons codes. Il y va donc de notre responsabilité de se mettre en branle pour mieux communiquer, tout en ayant un regard bienveillant, d’autant que le parc est un espace protégé.
Pouvezvous, dans ce contexte, rappeler les grands principes de la pratique d’un tourisme durable ?
Il s’agit à la fois de privilégier les transports en commun, les hébergements écoconstruits ou encore la consommation de produits locaux, nombreux sur notre territoire, tout en se tournant aussi vers les professionnels de la montagne pour avoir les clés. Voilà pourquoi au Parc national des Pyrénées (PNP), nous avons d’ailleurs développé une marque qui s’appelle « Esprit PNP ».
On connaît les préoccupations environnementales du moment. Mais, en matière de tourisme, la prise de conscience n’estelle pas un peu tardive ?
Non. Le timing est même plutôt bon car cela fait longtemps que les gestionnaires de grands sites réfléchissent à ces questions. Pour autant, il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière d’aménagements. Comment mieux accueillir tout en préservant ? C’est La question.
Estce que le tourisme durable induit des pratiques économiquement viables ?
Je le crois. D’ailleurs, on voit bien, ici, que le territoire continue à vivre de la fréquentation touristique. Mais il y a des réflexions à avoir. Fautil faire payer partout, tout le temps, ou juste pour une place de parking par exemple ?
Teruel, une province débordante d’idées touristiques
accueillir tout en préservant »
Quels sont les grands chantiers devant vous ?
Des sites doivent s’améliorer sur la capacité et la qualité d’accueil. Après, il faut savoir comment sensibiliser mais, làdessus, nous avons davantage de marges de manœuvre. Un exemple : l’an dernier, après avoir constaté que seulement 10% des visiteurs vont dans un office de tourisme, l’agence touristique des vallées de Gavarnie a délocalisé du personnel a l’entrée des sites. La même chose a été faite devant le Pont d’Espagne et on voit que cette médiation porte ses fruits.
Dans les PyrénéesAtlantiques, il y a aussi eu, en partenariat avec le Département, la campagne « Comment réussir ma rando ». Car il est important d’être sur le terrain, y compris auprès de la population pastorale. Toute une éducation est à faire, je dis cela en pensant par exemple aux selfies avec des animaux parfois malvenus.
Ne seraitil pas judicieux, sur certains sujets, d’avoir aussi une cohérence par rapport au cadre légal en vigueur côté espagnol ?
Il y a des sujets, comme la pratique du bivouac. Tolérée côté français, dans le parc des Pyrénées à partir de 19h (et jusqu’à 9h
le matin), elle est interdite en Espagne. On sait aussi que les animaux de compagnie ne sont pas autorisés ici et tolérés chez nos voisins.
Rencontrezvous encore des résistances sur tous ces sujets ?
Disons que, aujourd’hui, il y a un seuil de maturité au sein de la population. Mais des freins, des incompréhensions existent encore, surtout pendant les grands pics de fréquentation. Il faut donc continuer à expliquer que, à la montagne, on ne peut pas reproduire certaines comportements. Nous l’avons vu cet été avec, les jours de grande chaleur, des gens qui montaient avec leur paddle, non pas pour randonner mais pour se mettre au frais au bord de l’eau. Il faut aussi parler de l’utilisation des drones, utilisés désormais comme nos appareils photos avant ou les téléphones portables aujourd’hui. Ces engins nuisent à la quiétude de la faune, des rapaces peuvent quitter leur nid. Autre exemple : lors de l’hiver 2021, au Pont d’Espagne, une horde d’isards, qui se trouvaient dans un couloir enneigé, a pris peur et déclenché une avalanche. Sans faire de blessé, heureusement.
PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRARD CAYRON I
Les sources du fleuve Pitarque, dans la région du Maestrazgo. ©
La province de Teruel peut compter sur une offre touristique naturelle et culturelle d’une grande richesse, fruit d’un passé et d’un environnement uniques.
Quand un individu visite Teruel, il embarque pour un voyage dans le temps qui commence il y a plus de 4 000 ans. Le touriste pourra en effet ici profiter d’une série de propositions touristiques qui nourrissent l‘identité du territoire et, à la fois, protègent son leg historique, culturel et naturel. De plus, sous la marque « Teruel Siente », la province fut la seconde d’Espagne à adhérer au Pacte mondial de l’ONU pour impulser un tourisme responsable en accord avec les objectifs du développement durable.
Un environnement unique
Teruel peut compter sur de spectaculaires monuments naturels, comme les grottes de Cristal, le massif des Órganos de Montoro, les sources du fleuve Pitarque ou le pont naturel de la Fonseca.
En outre, on y retrouve aussi de grands espaces protégés, comme le parc géologique d’Aliaga, une référence à l’échelle nationale dans la vulgarisation et la mise en valeur du patrimoine géologique, les Pinares de Rodeno, une magnifique forêt de pins, dans le massif de la Sierra d’Alabarracin, ou encore la réserve de la Laguna (étang) de Gallocanta, point essentiel d’une des routes migratoires des oiseaux les plus importantes du sud de l’Europe.
Diversité culturelle
Dans son patrimoine culturel, la beauté de localités comme Calaceite, Valderrobres, Albarracín (magnifique cité aux remparts rouges millénaires) ou Rubielos de Mora n’est plus à prouver. Ces lieux sont également sublimés par l’art mudéjar qui inonde toute la province. Un style architectural unique de la péninsule ibérique qui eut sa période de splendeur entre les XIIe et XVIe siècles et qui fut déclaré « Patrimoine de l’humanité » par l’Unesco en 1986.
La capitale, Teruel, est le lieu parfait pour découvrir ce courant artistique et aussi pour se laisser captiver par une des plus grandes légendes d’amour de l’histoire, celle des «Amants de Teruel», qui n’a rien à envier au «Roméo et Juliette» de William Shakespeare. Autant dans la cité comme en n’importe lequel autre coin de la province, tout le monde peut se laisser séduire par la gastronomie locale, basée sur des produits d’excellente qualité, comme le fameux jambon de Teruel, l’huile d’olive ou la truffe.
Incontournable est aussi sa richesse paléontologique, car Teruel est un des territoires archéologiques les plus importants à l’échelle nationale et internationale. C’est ici qu’ont été faites des découvertes plus qu’éminentes comme celle du « Turiasaurusriodevensis », un dinosaure d’une hauteur estimée de 37 mètres, considéré jusqu’à aujourd’hui comme le plus grand découvert en Europe. TerritorioDinópolis, le complexe paléontologique et de loisirs le plus grand d’Europe,
devient un passage obligé pour tout fan de dinosaures.
Contempler les étoiles
La province de Teruel est aussi une des meilleures destinations de l’astrotourisme d’Espagne. La qualité de ses ciels, la rare contamination lumineuse et l’excellent niveau de conservation environnemental de son territoire, la transforme en lieu unique pour contempler l’immensité du ciel. Il existe différents sites dans la province, dans des espaces protégés, pour cette activité sous la certification « Starlight ».
Par ailleurs, dans la région de GúdarJavalambre, à plus de 1 900 mètres d’altitude, se trouve l’observatoire astrophysique de Javalambre, une des meilleures installations scientifiques d’Espagne de ce domaine. En 2023, cet espace sera doté du centre « Galáctica », Centre de diffusion et de pratique de l’astronomie, qui permettra au visiteur d’avoir son premier contact avec le cosmos et profiter de sa beauté infinie.
Bref, partout où le regard se pose dans la province de Teruel, ciel, terre, horizon, ville, se dégage un sentiment de beauté conservé dans le temps. B. S.
« TOUT LE MONDE PEUT SE LAISSER SÉDUIRE PAR LA GASTRONOMIE LOCALE, BASÉE SUR DES PRODUITS D’EXCELLENTE QUALITÉ, COMME LE FAMEUX JAMBON DE TERUEL, L’HUILE D’OLIVE OU LA TRUFFE »
Quatre saisons, sobriété… : la montagne béarnaise s’implique
behety, nouveau directeur de l’EPSA (qui gère aussi le train de La Rhune) arrivé en juillet de la station de LuzSaintSauveur, ne l’ignore pas.
Il parle d’ailleurs d’un « marché d’été qui est à construire car, avec le Covid, il y a un phénomène de (re)découverte des sites d’altitude, même si nous avons, cette fois, eu un peu moins de monde en juillet dernier ». Gourette a drainé 8 500 visiteurs – « ce qui correspond à l’objectif du moment » – mais ce chiffre reste évidemment sans commune mesure avec la fréquentation hivernale (290 000 journées ski).
teur qui, sans écarter d’un revers de la main le concept « quatre saisons », croit « davantage à un allongement de la période estivale ». Lui aussi.
Contraintes de réfléchir à un changement de modèle tout en étant plus sobres, les stations de Gourette, Artouste et La PierreSaintMartin se montrent volontaristes.
En juillet et août, la station ossaloise a vécu sur une offre essentiellement « destinée à un public familial, avec des activités faciles à faire (randonnées, descentes en VTT) et une offre locale de restauration », rappelle Arnaud Libilbehety qui, en quelques mots, résume aussi la posture du Département : « En tant qu’exploitant, et sans dénaturer un site classé comme Gourette, nous avons une obligation : celle d’amener de l’attractivité, de proposer une montagne multiactivités ». La volonté est là.
Une gestion « plus fine »
En matière de sobriété énergétique, et en attendant la réouverture du domaine skiable (le 3 décembre, comme à Gourette), la station barétounaise se montre également volontariste. Elle n’a, en tout cas, pas attendu les récentes injonctions du gouvernement pour échafauder un plan.
Rousseu rappelle par ailleurs « qu’un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2035 » a été fixé par la fédération des domaines skiables. A La Pierre, diverses pistes – installation de moteurs à hydrogène, stockage des ressources en eau… – sont étudiées. Mais, dès le prochain hiver, des modes de gestion plus fins s’appliqueront au quotidien, sans réel impact pour les skieurs.
« La montagne, ça vous gagne ! » Utilisé pour la première fois en 1989, ce slogan résonnera à nouveau l’hiver prochain. Facile à retenir, il a aussi eu un écho particulier en raison de la crise sanitaire, les stations d’altitude béarnaises voyant arriver de nouveaux publics hors saison hivernale. Il s’agit maintenant de capitaliser làdessus.
« Le problème est pris à braslecorps », assure JeanPierre Mirande, en charge des politiques liées à la montagne via notamment le plan dédié porté
par le conseil départemental, qui croit plutôt à un modèle deux saisons hiverété.
« Un marché d’été à construire » Président de fait de l’établissement public gestionnaire, l’EPSA (350 salariés dont 80 permanents), l’élu se veut pragmatique : « Il faut s’efforcer de bâtir au moins deux saisons par an, d’autant qu’il y a un nouvel attrait pour la montagne. Mais, comme on sait qu’il n’est pas envisageable d’abandonner l’activité liée au ski, tout ce qui est désormais investi dans les stations doit être valorisé pour
une utilisation estivale ».
Ce schéma vaut particulièrement pour Gourette, menacé par le réchauffement climatique avec un cœur de station qui plafonne à 1 500 mètres d’altitude. Des travaux, conséquents, ont déjà permis de relever le front de neige à plus de 1 700 mètres. « Mais on sait qu’il faut réorganiser cette station pour lui donner des raisons d’exister », consent JeanPierre Mirande.
Cette nécessaire adaptation passe, bien sûr, par une exploitation plus optimale de la séquence estivale. Arnaud Libil
Artouste se veut vertueuse et élargit son offre
La station ossaloise, qui veut s’affirmer sur le marché estival, active par ailleurs plusieurs leviers pour alléger sa facture.
Désireuse de surfer sur le regain d’intérêt du public pour la montagne en été, la station d’Artouste est en train de bâtir son propre modèle. Bien aidée, il est vrai, par l’infatigable locomotive que reste le petit train touristique (plus de 100 000 passagers). Ainsi, pas plus tard que l’été dernier, et outre les activités de mountain kart ou de VTT déjà existantes, elle a inauguré une offre complémentaire d’animations centrées autour du lac de Fabrèges, situé au pied de la station. Ici, pas de plage
« mais une nouvelle façon, ludique, de vivre la montagne », aime rappeler le directeur JeanChristophe Lalanne.
Paddle, pédalos ou bulles gonflables à tester sur le lac, trottinettes électriques pour se déplacer, en attendant une grande tyrolienne : bref, Artouste élargit sensiblement son offre estivale. Mais sans rien concéder à une démarche vertueuse que le site, désormais géré en régie par la mairie de Laruns, veut promouvoir.
On retrouve d’ailleurs cette même préoccupation sur la question désormais brûlante de la sobriété énergétique à laquelle les décideurs locaux ont beaucoup réfléchi. Mais « en essayant quand même de ne pas trop pénaliser notre équilibre
budgétaire », disait miseptembre le maire, Robert Casadebaig, également président de la régie.
Jusqu’à 80 000 euros d’économies
Concrètement, et tous types d’énergie confondus, la réalisation du plan de sobriété mis en place pourrait déboucher « sur un gain de 17 %, soit une économie pouvant aller jusqu’à 80 000 euros », a calculé JeanChristophe Lalanne.
Le dispositif prend, à Artouste, plusieurs formes, au nom d’une exploitation qui se veut « raisonnée » avec, par exemple, une jauge quotidienne maximale de 2 500 personnes sur un domaine où la production de neige artificielle est proscrite. Autres dispositions : la ré
Du côté de La PierreSaintMartin aussi, on s’est vraiment emparé de ces sujets. « On y réfléchit même depuis 10 ans et le niveau de notre activité estivale commence d’ailleurs à être conséquent », se félicite le directeur du site, Dominique Rousseu, en évoquant le chiffre de « 4 500 à 7 000 visiteurs» par an (160 000 l’hiver).
Cette offre prend ici diverses formes : « On fait fonctionner un télésiège permettant des randonnées vers l’Arlas, nous avons sept pistes de VTT, des luges, du tir, une activité golf, etc. », détaille notre interlocu
On parle là « de formation à l’écoconduite pour les dameurs », ou encore d’un système plus efficient pour l’entretien du manteau neigeux. Comme ailleurs, le tempo des remontées mécaniques sera (légèrement) ralenti, sans exclure des arrêts ponctuels d’installations en fonction de l’affluence. Des gains, « jusqu’à 18 % en matière de consommation électrique », sont espérés.
L’affaire n’est pas neutre quand on sait que ce poste de dépenses pourrait grimper à 260 000 euros, selon le budget prévisionnel de la station. G. C. I
En proposant de nouvelles activités d’été, Artouste veut affirmer son positionnement de station «quatre saisons». © NICOLAS SABATHIER
duction à 3 mètres/seconde (au lieu de 4 m/s) de la vitesse de rotation des remontées mécaniques, ou encore des opérations de damage moins systématiques (hors secteur débutants) afin d’économiser du carbu
rant. Enfin, la station s’imposera cet hiver (1) de fermer plus tôt (hors vacances scolaires) en semaine, dès 15 h parfois. G.C. I (1) Début de la saison de ski le 17 décembre.
En Aragon, les stations de ski ont redonné vie à la montagne
Les stations de ski aragonaises, présentes depuis plus d’un demisiècle dans le paysage pyrénéen espagnol, ont été un des principaux vecteurs du développement et de la dynamisation de la vallée.
Avec presque 400 kilomètres de pistes pour ceux qui aiment glisser et profiter de la montagne, les stations de ski sont une des forteresses des Pyrénées aragonaises et de la « sierra » de la région de Teruel de GúdarJavalambre. Ce secteur représente 7 % du produit intérieur brut en Aragon et contribue à mettre en valeur le patrimoine de ce territoire.
Les sept stations de la région parient, jour après jour, sur l’innovation pour réduire leur impact sur un secteur sensible qui, grâce à elles, est devenu un des principaux moteurs économiques de ces vallées de montagne. Elles ont permis l’installation de nouveaux arrivants dans des territoires qui étaient confrontés à
la dépopulation. L’ouverture des pistes, certaines il y a plus de 50 ans, les a aidés à se développer.
Innover pour persister
L’Aragon peut compter sur sept stations de ski. Deux d’entre elles se trouvent dans la « sierra » de Teruel, Javalambre et Valdelinares, les cinq autres dans les Pyrénées : Astún, Candanchú, Cerler, Formigal et Panticosa. Astún et Candanchú sont privées. Les cinq autres appartiennent au groupe Aramón, financé à 50 % par le Gouvernement d’Aragon et la banque Ibercaja. Mais toutes ont quelque chose en commun : un pari sur l’innovation afin de continuer à améliorer la longévité du milieu naturel.
De nouvelles dameuses plus performantes sont incorporées chaque année au parc de véhicules des stations. Des machines acquises avec la toute dernière innovation technologique pour réduire au maximum leurs émissions de CO2. Moins de dépenses de combustible, des machines réutilisables, moins de passages pour laisser les versants aux skieurs, en définitive, moins de CO2.
Aussi, il est habituel ici de voir des améliorations en matière d’enneigement, avec des canons à neige plus efficients. Dans ce domaine, le réensemencement, réalisé chaque année dans les zones les plus érodées, est un des chantiers qui attire le plus l’attention des professionnels du
secteur. Au point que, dans certains cas comme celui du groupe Aramón, les stations étrangères s’y intéressent. Y sont utilisés des semences locales, un manteau végétal qui s’adapte mieux, qui aide à garder la neige en hiver et qui sert de pâturage aux centaines de brebis, de vaches et de chevaux qui y pâturent en été. Il y a aussi eu des plantations comme celles réalisées, il y a quelques années, à Formigal où 5 000 arbres ont pris possession des lieux.
Des vallées plus vivantes
Le pari d’ouvrir des restaurants dans lesquels les produits locaux sont mis en avant pour favoriser l’économie circulaire est un autre exemples de mise en lumière du territoire. Les stations de ski aragonaises ont également misé sur le transport public, comme avec les bus Blanco, qui proposent des départs depuis Saragosse, Huesca, Pampelune ou Lérida vers les pistes de ski d’Astún, Candanchú, Formigal, Panticosa ou Cerler. Une manière accessible de voyager, en une
journée, vers les stations de ski. Sans nul doute, la principale conséquence de l’arrivée des stations est d’avoir redonné vie à certaines vallées, en maintenant les zones rurales vivantes et en évitant les départs de la population locale. En découlent une meilleure conservation de la montagne et de l’environnement, et une dynamisation de son économie. Les montagnes sont devenues un mode de vie, mais aussi un domicile, un endroit où vivre. Les données le démontrent. Le village de Benasque, où se trouve la station de Cerler, a triplé sa population pendant le demisiècle d’histoire de la station. Des villages comme Canfranc, Castiello de Jaca ou Villanúa, dans la vallée du fleuve Aragon où se trouvent Astún et Candanchú, ont su aussi maintenir leur population. Dans la vallée de Tena, où se tiennent Formigal et Panticosa, des villages comme ceuxci ont considérablement augmenté leur population, passant de 530 habitants en 1970 à près de 1 500 aujourd’hui. Les stations aragonaises font travailler 1 500 personnes à chaque saison hivernale, sans compter les travaux indirects qu’elles peuvent générer.
Le paradis des skieurs
Les premières neiges ont déjà teinté de blanc les pentes des Pyrénées aragonaises. Les professionnels espèrent y voir ici prélude à une passionnante saison de ski qui, si les conditions le permettent, démarrera début décembre.
Astún et Candanchú, toutes deux dans la vallée du fleuve Aragon, près de la frontière du Somport, ont de nouveau entériné leur « pacte de 100 km » avec un abonnement commun pour cette nouvelle saison et des bus quotidiens qui permettent de se déplacer d’une station à l’autre. Candanchú (50 km de pistes), née en 1928 et pionnière en son temps, est la doyenne des stations espagnoles. Astún (50 km) est plus récente mais tout aussi pleine de charme.
Dans la vallée voisine de Tena, près de la frontière du Portalet, se tient la grande station de Formigal (143 km) qui est également reliée par bus à Panticosa (39 km), un paradis pour ceux qui cherchent à glisser entre les lacs. La vallée de Bénasque a sa station, Cerler (80 km), la plus haute et la plus alpine des stations aragonaises, entourée de plus de 60 sommets de 3 000 m d’altitude qui lui confèrent un caractère spécial.
Dans la région de Teruel se tiennent les petites stations de Javalambre (15 km) et Valdelinares (17 km), idéales pour faire les premiers pas dans la neige, même si elles possèdent aussi des pistes rouges. Deux stations proches de Teruel, territoire gastronomique de la truffe et du jambon de Teruel.
Zone Zéro Pyrénées, un projet cycliste transfrontalier en pleine ascension
Le programme de randonnées cyclistes de la région du Sobrarbe, « Zone Zéro Pyrénées », continue de se développer en s’appuyant sur la collaboration des territoires frontaliers pour proposer une offre toujours plus riche.
Zéro » d’informations précises pour être bien guidés.
En outre, la zone offre des services plus complets, avec des hébergements spécialement pensés pour les cyclistes, comprenant parking pour les vélos, ateliers et autres facilités.
Le projet « Zone Zéro Pyrénées » offre une destination cyclisme et nature avec de multiples parcours, mais toujours avec un but commun : le respect du milieu ambiant et la récupération de sentiers et chemins traditionnels pour profiter du vélo.
Depuis nombre d’années, ce projet maintient une étroite relation transfrontalière en vue d’élaborer une « destination unique » avec les vallées d’Aure et de Louron ainsi qu’avec le programme européen « Poctefa Dusal ». L’idée directrice ici est de faire du tunnel de Bielsa non pas une barrière, mais un lien entre les deux pays.
« Zone Zéro » propose, dans la région du Sobrarbe, mais aussi dans quelques endroits de la région du Somontano, une offre de 150 parcours balisés d’enduro. C’est son projet phare. Il représente plus de 2 500 kilomètres de sentiers.
Ce genre d’initiatives sont en développement constant depuis le lancement de « Zone Zéro Pyrénées » . Récemment
par exemple, la Sierra de Arbe a été une des dernières zones dans laquelle « Zone Zéro » a ouvert des routes. Preuve d’une volonté absolue de proposer une offre toujours plus étoffée à des touristes toujours plus demandeurs.
Un attrait évident
D’ailleurs, beaucoup de touristes qui rejoignent la zone, attirés par le cyclisme, sont Français. Ils y viennent précisément pour l’environnement naturel que proposent ces parcours, qui sont très cyclables et qui ont un aspect distinct de ceux qui se trouvent du côté bleublancrouge des Pyrénées, où il est plus habituel de pratiquer ascensions et descentes.
« Zone Zéro » a pu récupérer des chemins et sentiers toujours emplis de charme et d’authenticité. Entre les murs de pierre, les endroits naturels très variés et de grande beauté, ou encore les lieux abandonnés et, dans quelques cas, inhospitaliers, tout a l’air prévu pour charmer le visiteur.
Les offres ne manquent pas
pour les autres formes de cyclisme, comme le cyclisme sur route. Avec dixsept cols balisés de la même manière qu’en France, les cyclotouristes disposent également avec « Zone
Étoffer l’offre
La volonté de toujours améliorer l’offre a poussé « Zone Zéro » à lancer aussi le pumptrack d’Aínsa, un parcours en boucle fermée, constitué de
plusieurs bosses consécutives et de virages relevés, utilisés par les VTT et BMX. Ce qui amène à un autre aspect de « Zone Zéro », de grande importance, car ce circuit peut servir de centre d’attraction avec notamment des compétitions de cyclisme dans plusieurs catégories et niveaux. La récente Coupe d’Espagne de pumptrack ou les épreuves classificatrices pour le Mondial d’enduro (VTT) ont été une des dernières preuves de son importance. Prochainement est aussi prévue une épreuve de cyclocross de la Coupe d’Aragon.
La course trail running « Contrebandiers », lancée cette année, a été une réussite et un exemple de coopération transfrontalière. L’épreuve réunissait deux pratiques sportives, course à pied et vélo de montagne. Cette foisci, elle unissait la région du Sobrarbe avec les vallées françaises d’Aure et du Louron.
« Zone Zéro » a l’espoir de continuer à lancer des projets communs aux deux pays dans les années à venir. Et continuer aussi à promouvoir les territoires d’Aragon avec le programme « MTBKingdoms Pyrenees », qui promeut les territoires de « Zone Zéro », « Puro Pirineo », « BGuara », « Reino de los Mallos Bike » et « Espacio BTTalto Gállego », avec un savoirfaire commun et partagé.
Les PyrénéesAtlantiques, le royaume du vélo
La belle et longue histoire d’amour qui lie le département au Tour de France démontre à quel point le cyclisme est ici un atout majeur pour l’attractivité du territoire.
Au départ, il y avait le Tour de France. Avec 72 passages au compteur, Pau est la seconde ville de France la plus traversée par la Grande Boucle derrière Paris, où le Tour arrive toujours… Il faut dire que les infrastructures hôtelières et la situation privilégiée de la ville qui s’offre comme un balcon sur les Pyrénées lui permettent de servir de départ ou d’arrivée pour les étapes englobant des cols fameux comme l’Aubisque, MarieBlanque et même le Tourmalet.
Le Tour, la meilleure des vitrines Depuis plusieurs années maintenant, la ville que dirige François Bayrou a une conseillère municipale déléguée au cyclisme, Josy Poueyto, qui a tissé des liens très étroits avec ASO, l’organisateur du Tour de France. Et elle le dit chaque année : « Pau est candidate permanente aux départs ou arrivées ». Au point que, pour le retour du Tour de France cycliste féminin l’an prochain, c’est Pau qui accueillera l’arrivée de cette épreuve abandonnée un temps
C’est que l’intérêt du Tour de France n’a pas échappé aux politiques : des millions de téléspectateurs de par le monde peuvent découvrir les charmes des régions françaises via leur télévision. Au point aussi que, depuis six ans, le Béarn a ses propres véhicules dans la caravane publicitaire, qui vantent autant Pau que le petit train
d’Artouste ou encore la garbure et le roi Henri IV, monarque du XVIe siècle très connu en France et justement né… à Pau.
C’est l’Agence de l’attractivité et de développement touristiques qui a pris l’initiative, il y a quelques années, pour défendre la destination « Béarn » de cette manière. Elle vient d’ailleurs de signer pour trois
années supplémentaires dans la Caravane du Tour. De son côté le Département des PyrénéesAtlantiques (qui comprend à la fois le Béarn et le Pays basque) appuie lui aussi pour que les grands événements cyclistes s’arrêtent sur ses terres.
Il n’est pas pour rien dans l’étape qui reliera l’an prochain le Pays basque espagnol au fran
çais avec AmorebietaEtxanoBayonne tout début juillet ou encore dans cette étape PauLaruns, la petite commune de la vallée d’Ossau ayant pris ses habitudes avec le Tour elle aussi. Plus globalement, le Conseil départemental des PyrénéesAtlantiques a bien vu l’attrait des cyclotouristes du monde entier pour les cols mythiques des Pyrénées. Au point que chaque année désormais, plusieurs dimanches durant la belle saison, la collectivité qui est gestionnaire des routes de montagne notamment les ferme aux voitures pour permettre aux amoureux de vélo de grimper les cols d’Aubisque ou de La PierreSaintMartin comme les champions qu’ils vénèrent. L’opération « On s’y col », un jeu de mots très français, rencontre chaque année plus de succès ! Au point que le Département a prévu un plan d’aménagement spécifique des cols aux cyclotouristes et améliorer ainsi leur accueil à l’arrivée.
NICOLAS REBIÈRE I
Max Brisson, sénateur et conseiller départemental de Biarritz, a pris la tête de l’Agence d’attractivité et de développement touristiques BéarnPays basque (AaDT) depuis la rentrée 2021. Il travaille à l’amélioration de l’offre, pour un tourisme de qualité, en accompagnant les professionnels.
En quoi le tourisme durable est un enjeu pour les Pyrénées ?
C’est un enjeu majeur. Il fait partie de la feuille de route de l’AaDT et du nouveau schéma voté par le Conseil départemental en juin dernier. Les Pyrénées se conjuguent naturellement avec le tourisme durable. Nous avons cette belle image à préserver : culture, authenticité, convivialité, hospitalité, qui sont des valeurs pyrénéennes. Notre souci premier doit donc être d’apporter une réponse à la haute exigence de la clientèle. Ainsi, les Pyrénées ont vocation à concilier les attentes des touristes et les attentes des populations locales, qu’il ne faut pas opposer, mais faire converger, grâce à une bonne gestion des mobilités, de la fréquentation et de l’accueil. Le tourisme est une bonne raison d’améliorer les capacités d’accueil d’un site, la fréquentation des voitures, ou encore la gestion des déchets.
Comment aidezvous concrètement les professionnels du tourisme ? Nous sommes un opérateur du fonds tourisme durable qui sou
tient les entreprises par un plan d’investissement et d’aide dans leurs démarches de transition. L’année dernière, la moitié des 28 dossiers ont été financés par l’AaDT. On instruit les dossiers, et on les accompagne sur les certifications, dont la valeur est suivie par les touristes et amplifiée par les réseaux sociaux. Nous ne sommes pas décideur, mais instructeur. Alors, nous portons leur dossier jusqu’aux comités qui décernent ces labels. L’année dernière, huit de ces entreprises ont obtenu l’écolabel européen. Deux ont été certifiées NF environnement. Toutes ont décroché la Clé verte.
Et les touristes ?
La commune et les intercommunalités sont des gestionnaires de destination qui agissent directe
ment auprès des touristes. Ils peuvent informer le public, à travers les offices de tourisme ou les guides. Par exemple, la Communauté d’agglomération Pays basque a recruté des jeunes saisonniers qui approchent les touristes. Ils apportent des informations sur le patrimoine, le pastoralisme, les bons gestes.
Les Pyrénées ont souffert de surfréquentation durant la période Covid. Pouvezvous agir sur les flux ?
Désormais on a des outils numériques, comme reussirmarandocom, une application, que les randonneurs peuvent utiliser pour éviter les sites saturés. J’aimerais le dupliquer sur les spots de surf sur la Côte basque.
Si l’on vous suit, il s’agit moins de promouvoir une destination à vendre que de donner les moyens de proposer un tourisme de qualité ?
L’AaDT a succédé aux comités départementaux du tourisme (CDT), dont la mission était essentiellement marketing : vendre la destination Pays basqueBéarn. Il ne faut pas arrêter de la promouvoir, mais nous nous déployons davantage sur l’ingénierie : hébergement, restauration, activité. Il s’agit de renforcer l’offre. Un seul exemple : la destination vélo. Estce que nos sites sont adaptés pour les accueillir ? Existetil suffisamment de loueurs ? de réparateurs de vélos ? La qualité de l’offre estelle en adéquation avec le marketing ? On a construit les itinéraires, mais il faut reconnaître que la gestion logistique et l’offre sont défaillantes. Les gîtes, par exemple, peuvent aller vers le label « destination vélo ». Nous devons les accompagner. C’est l’axe principal de notre mission : accompagner les professionnels, renforcer l’offre produit. Tout cela entre en résonance avec la destination tourisme durable.
Les professionnels sontils inquiets par le réchauffement climatique ?
Le réchauffement climatique pose effectivement un problème d’enneigement, qui nous conduit à penser l’activité pyrénéenne à l’année, notamment autour du thermalisme, comme en vallée d’Ossau, Laruns et les EauxBonnes. La montagne en été est un havre de fraîcheur. En vallée d’Ossau, le petit train ou le lac d’Artouste ont fait une très belle saison. Mais, on s’est aperçu que la canicule a li
mité les déplacements, enfermé les touristes où ils se trouvaient, souvent près des plages. Par exemple, il y a eu moins de déplacements entre la Côte basque et l’intérieur des terres. Moins d’excursions, aussi. Les inquiétudes existent, mais il faut éviter d’être sous l’emprise de l’émotion. L’important pour nous et les professionnels du tourisme est d’entrer dans la logique durable, car les hommes et les femmes auront toujours envie de voyage, de dépaysement et de rencontres. D’un côté, les Pyrénées offrent cette possibilité. De l’autre, son écosystème fragile doit être protégé.
Existetil un antagonisme entre tourisme et préservation de l’environnement ?
Les Pyrénées n’ont jamais été des territoires d’usine à tourisme, nous n’avons jamais construit des hôtels à 350 chambres, comme ailleurs. L’histoire nous a préservés. Il faut voir comment les professionnels sont entrés pleinement dans ces thématiques du tourisme durable : l’art de vivre, le label qualité tourisme, tourisme et handicap, slow tourisme. Ils ont bien compris l’attente des touristes qui veulent de l’authentique, ce ne sont pas des gogos qui veulent de la pacotille. Nous ne voulons pas non plus un tourisme élitiste, car la démarche qualité doit rester accessible. Nous voulons un tourisme fidèle. Les professionnels sont déjà entrés dans cette logique sociale et environnementale, sinon ils ne seraient pas acceptés par la population locale, mais surtout les clients ne viendraient plus.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER DARRIOU
Situé au beau milieu de la zone prépyrénéenne, le ravin de San Julián est un lieu magique, le point névralgique d’une excursion pour toute la famille. Facile à faire et très attrayante, avec les impressionnantes gorges de San Julián, c’est pourtant un lieu fort éloigné du tourisme « soleil et plage ».
Ce petit coin de paradis est une des nombreuses idées qu’on peut trouver sur huescalamagia.es, la meilleure vitrine du département de Huesca et une source essentielle d’information pour savoir quoi visiter, où manger et quelles activités pratiquer dans toute la province de Huesca.
Sur cette vitrine numérique, les excursions se détaillent en
fonction de leur difficulté respective, des plus simples aux grandes ascensions. Même les personnes handicapées peuvent trouvent ainsi des sentiers accessibles en quelques clics.
De nombreuses idées originales En outre, ce site très accessible et dynamique offre un bel accès à un large panel d’activi
tés. On pourra ainsi découvrir et visiter une fermeécole à Sariñena, dans laquelle les enfants peuvent appréhender l’environnement naturel, ou bien jouir de l’offre des « Villages contés », un programme de visites guidées de fin juin jusqu’en octobre dans différents lieux du département pour connaître l’histoire, l’art, les légendes et
l’ethnographie des localités peu connues mais possédant nombre de secrets à dévoiler. Pourquoi pas également dénicher un parcours découverte à la hutte des bergers ou s’inviter dans un parc d’initiation à l’élevage traditionnel avec son riche patrimoine culturel.
Car s’il y a bien une chose qui caractérise la province de Hues
ca, c’est le grand nombre de trésors qu’elle recèle. Ses spectaculaires chaînes de montagnes et ses monuments comme le monastère de San Juan de la Peña, mais aussi la citadelle de Jaca et son patrimoine roman, sont de véritables pépites touristiques à découvrir.
La vie montagnarde et la persistance de ces petits et secrets villages ont dépendu maintes fois de la capacité de ses habitants à se réinventer et transformer leur mode de vie traditionnel en propositions attrayantes, centrées sur le tourisme durable. Des expériences diverses dont on peut profiter à n’importe quel moment de l’année.
La plupart des destinations de vacances de la province de Huesca proposent une excellente gastronomie, une ample offre d’activités de loisirs et d’aventures, des hébergements remarquables par leur charme et, surtout, par leur engagement en faveur du tourisme familial et professionnel. Dans la province de Huesca, tout est à (re)découvrir, et pour cela, « huescalamagia.es » est un formidable outil.
Saragosse, la province
aux mille et une découvertes
La ville de Belchite fait partie de ces lieux touristiques chargés d’histoire dans la province de Saragosse.
La province de Saragosse compte une grande variété d’offres de tourisme culturel, naturel et de loisirs durables et respectueux de l’environnement.
Se perdre dans des lieux uniques dont la nature et le patrimoine culturel, artistique, humain sont les acteurs : c’est ce que recherchent ceux qui pérégrinent jusqu’à la province de Saragosse pour connaître tout qu’elle peut leur offrir. De plus, maintenant, ils peuvent le faire d’une manière durable.
En 2022, le gouvernement d’Espagne a investi à Saragosse 6,5 millions d’euros dans l’impulsion d’actions touristiques qui incitent au respect du milieu ambiant et promeuvent l’installation de nouveaux habitants dans une des provinces des plus dépeuplées du pays.
La culture sous ses nombreuses coutures
Les amoureux de la nature pourront profiter de cette région dans sa plus grande magnificence, au Parc naturel du Moncayo (1), où ils trouveront une large offre de propositions
sportives pour connaître cet environnement d’une manière active, dans la région de l’étang de Gallocanta, ou en admirant le grandiose ensemble que forment les barrages de Caspe et de Mequinenza. Les visiteurs pourront aussi être surpris par l’aspect des canyons du fleuve Mesa, les gorges du fleuve Piedra ou les grottes des Maravillas de Ibdes (Merveilles d’Ibdes), entre autres propositions touristiques.
Ceux qui préfèrent une promenade dans l’histoire et le patrimoine pourront voyager dans le temps grâce aux monastères de Piedra, Rueda y Veruela ; aux imposantes et monumentales localités de Sos del Rey Católico, Tarazona et Calatayud ou aux témoins des événements espagnols plus récents comme la municipalité de Belchite (haut lieu d’une bataille célèbre de la Guerre d’Espagne). L’art mudejar a aussi laissé sa trace dans les églises de Tobed, Cervera de la Cañada, Torralba de Ribota, ou encore à Muel ou dans les villages qui parsèment la région de Valdejalón. Par ailleurs, Jaraba, Alhama de Aragón et Paracuellos del Jiloca, remarquables stations thermales, sont les haltes
parfaites pour déconnecter.
Même les amateurs de vin pourront en profiter, il existe une vraie tradition viticole dans cette terre aragonaise grâce aux routes du vin de Cariñena, de Calatayud ou de la Garnacha, dans la région de Campo de Borja.
La capitale
S’il y a quelque chose qui caractérise la ville de Saragosse c’est bien son histoire. Plus de 2 000 ans de vie dont les traces se retrouvent dans les multiples cultures qui l’ont habitée. Les bons exemples de la haute valeur patrimoniale et artistique de la ville sont la basilique du Pilar, la Seo et le Palais de la Aljafería (siège par ailleurs du gouvernement aragonais), trois monuments incontournables pour n’importe quel voyageur qui visite la capitale aragonaise. De plus, les vestiges de l’antique cité romaine peuvent s’admirer à travers la route des musées de Caesaraugusta.
L’art, et les artistes aragonais, sont une autre attraction de la cité. L’ampleur du cachet artistique de la ville est à découvrir aux musées de Zaragoza, Goya, Alma Mater Museum, Pablo Gargallo et Pablo Serrano.
Actuellement, la cité est investie dans l’élaboration d’un nouveau plan de développement du tourisme. Celuici prolonge celui promulgué antérieurement. Le dessein principal est clair : faire de la visite de la grande ville une expérience durable, économique, environnementale et sociale. Cela passera par le biais de la désaisonnalisation de la demande et la décentralisation de l’offre touristique.
(1) Le Moncayo est une montagne du système ibérique située entre la province de Saragosse et la province de Soria. Avec ses 2 314,3 m d’altitude, c’est le plus haut sommet du système ibérique et l’un des pics les plus importants de la péninsule Ibérique.
Quasi centenaire, le train touristique de La Rhune, l’une des quatre lignes à crémaillère de France, est à l’arrêt. Depuis début septembre. Et, normalement, jusqu’à fin juin 2023, pour cause de (lourds) travaux d’aménagements – voir aussi le Chiffre – menés par le Conseil départemental, autorité de tutelle via l’établissement public EPSA qui gère aussi La PierreSaintMartin et Gourette.
Cette attraction majeure du Pays basque a donc tout juste dépassé les 250 000 passagers en 2022, soit un bon tiers de moins que sa moyenne annuelle. Mais c’est pour la bonne cause. « On peut penser que, potentiellement, tout cela va permettre ensuite une exploitation plus échelonnée sur l’année, au moins des vacances de février jusqu’aux fêtes de Noël », explique Arnaud Libilbehety, le directeur général de l’EPSA. Actuellement, la saison s’étire seulement de Pâques à la Toussaint, environ. Le progrès en termes de saisonnalité serait donc sensible.
« Un chantier de deux ans »
Afin d’y parvenir, et s’aligner ainsi sur le nouveau rythme recherché par les stations d’altitude, le train de La Rhune – qui a eu droit à un répit entre miavril et fin août dernier – « s’offre » donc « un chantier de deux ans », rappelle le Département.
Avec une voie en fin de vie (sur 4,5 kilomètres), ce passage obligé était nécessaire alors même que le train de La Rhume tient « un rôle de moteur économique pour le territoire de la montagne basque ».
Vieillissant, on l’a dit, cet « outil patrimonial «, soumis à une réglementation complexe,
et qui fait travailler 70 personnes, va être doté d’ouvrages d’art rénovés et d’un locotracteur spécialement conçu par un opérateur spécialisé. Il s’agit de la société suisse Stadler, qui fait référence depuis 80 ans.
« Un train pas comme les autres»
Riche de nouveaux atouts, le train de La Rhune reprendra ensuite du service « pour au moins un siècle de plus », espère Arnaud Libilbehety, et ce en toutes saisons… ou presque.
Ce qui fait, depuis longtemps, le charme de cette attraction, située en zone protégée (Natura 2000), n’est en tout cas plus à démontrer. Assurément, « ce n’est pas un train comme les autres », aime dire le responsable de l’EPSA. « L’outil, en luimême, renvoie un peu aux aventures de Harry Potter ! Et puis, à chaque fois, le voyage se révèle merveilleux, surtout pour les familles, en pleine nature, au milieu des animaux. Sans parler de la vue exceptionnelle une fois arrivé au sommet… »
Avec le Parc’Ours, la faune pyrénéenne se retrouve à portée de main
Le Gouvernement d’Aragon est opposé à la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées, d’une manière unilatérale en ce qui concerne la partie française et catalane. La raison : le préjudice qu’il implique pour l’élevage extensif est supérieur à son possible bénéfice. Cependant, l’Aragon assume son obligation de protéger l’ours comme espèce protégée, tout en répondant aux plaintes des éleveurs avec des aides qui, depuis 2013, se montent à 9 000 euros par an pour les attaques, ou celle créée en 2018 pour les élevages en zones où sont présents l’ours et le loup, entre autres.
Ces dernières années, le Gouvernement d’Aragon estime possible que le nombre d’ursidés constatés dans la zone concernée se chiffre à 2 ou 3. Après la mort de Sarousse, reste Claverina qui circule entre Navarre, France et Aragon, et Neré, dans les Vallées occidentales. De manière épisodique, il y a des incursions de 6 ou 7 bêtes supplémentaires : Sorita et un autre ours non identifié dans les Pyrénées Occidentales, ainsi que Goiat et Cannelito (qui sont arrivés comme Neré depuis les Pyrénées Occidentales) dans la région orientale de RibagorzaSobrarbe. Il a été aussi détecté des indices d’un jeune ourson et d’un ou deux adultes sans les identifier.
Chacun sait que l’ours vit dans les Pyrénées à l’état sauvage. On en oublierait presque l’existence de deux spécimens, Ségolène et Diego, chouchoutés dans le parc animalier de Borce, en vallée d’Aspe, dans leur environnement, au milieu d’autres espèces endémiques.
Au parc animalier de Borce, il ne faut pas s’attendre à voir jongler les ours. Ici, personne ne rentre les écureuils en fin de journée. « On a pris la montagne comme elle est : on y a installé les espèces. Les enclos n’ont pas été façonnés, à part quelques jeux pour certaines espèces », explique Rémi Roca, 28 ans, soigneur animalier.
À l’entrée du parc, Jojo, la mascotte de Borce, repose empaillé. La « boule de poils » de 3 kg avait été recueillie en 1971 par les jeunes pensionnaires d’un foyer des pupilles de l’enseignement public. Il vécut en captivité dans une cage de 10 mètres carrés jusqu’à sa mort en 1991. « Aujourd’hui, ce serait impossible. Un ourson découvert dans la montagne, on ne le mettrait plus en cage au centre du village. Les parcs animaliers tendent vers le bienêtre animal. Ce ne sont plus des animaux de cirque. »
Des visiteurs à retrouver
Après « l’ère Jojo », en 2004, le parc de Borce est créé, avec des espèces locales, dont deux nou
veaux ours, mêlés à des animaux exotiques. En 2010, les anciens employés se constituent en associationrefuge. Ils se concentrent sur l’essentiel de la faune pyrénéenne, qu’ils rassemblent dans la boucle d’une petite randonnée. Le changement de mentalité opère, mais les conditions d’exploitation du parc sont difficiles.
« Un parc en pleine nature, c’est un atout et un problème, reconnaît Laura Trusas, 27 ans, soigneuse animalière. C’est difficile àla fois pour se faire connaître des visiteurs et pour fidéliser des adhérents et des bénévoles. Inévitablement, il y a beaucoup de roulement, mais je crois que nous avons trouvé des gens qui ont envie de rester. »
L’association se resserre après la crise Covid. Cet été 2022, les chiffres au guichet ont bloqué sous la barre des 70 % de fréquentation. 320 personnes par jour, contre 400 avant Covid, dont un tiers d’Espagnols, souvent frontaliers. La chaleur excessive a profité aux stations balnéaires plutôt qu’aux activités touristiques de montagne. Le Parc’Ours espère
un redressement l’année prochaine. L’espoir est permis : dimanche 31 octobre, par une météo estivale, 300 visiteurs ont poussé jusqu’à Borce, pour découvrir la faune et la flore des Pyrénées. Un chiffre du mois d’août.
Des ours au calme
Le dérèglement climatique joueraitil en faveur du tourisme ? Ségolène et Diego en ont cure. Quand ils entrent en hivernation, le spectacle est terminé. Théoriquement, la chaleur devrait les maintenir éveillés. Et, inversement, les ours dormiraient plus longtemps lorsqu’ils ont froid. Mais le changement météorologique, observé durant l’été et l’automne 2022, n’a pas modifié leur comportement. Ségolène, réglée comme une horloge suisse, a cessé de boire et de manger, au mois d’octobre, à une semaine près. Elle dort et se déplace légèrement tous les quinze jours ; un état de léthargie censé répondre au manque de nourriture durant l’hiver.
Au parc, les ours en captivité ont accès à l’eau et la nourriture à l’envi, mais ils continuent de trier
l’alimentation et entrent en hivernation lorsqu’ils ont accumulé suffisamment de réserve, comme s’ils étaient en liberté. Fin février, ils se réveilleront. Lorsqu’ils brouteront, les employés leur donneront de la salade et des endives, puis un régime pommecarotte jusqu’à manger de tout durant l’été, période durant laquelle l’ours mange de tout. En automne, plus gras et sucré, pour hiverner. « Naturellement, ils ne demandent plus », conclut Rémi Roca.
Quand certains parcs maintiennent éveillés des « animaux visibles », sous perfusion alimentaire toute l’année, Parc’Ours respecte leur rythme biologique. « On reproduit l’environnement naturel pour que les animaux soient au mieux. Nous n’opérons pas de nourrissage à heures précises. S’il a besoin de manger, on lui donne. S’il n’a pas envie, il ne se montrera pas. Alors, certains visiteurs disent : « c’est nul, on n’a pas vu l’ours ». On leur répond : «faîtes un tour, repassez dans une heure. »
Flâneries naturelles
Le Parc’Ours invite à flâner jusqu’aux impasses, au risque d’y perdre la journée, le temps d’observer les animaux, avec les jumelles louées à l’entrée. Certes, la vitrine, ce sont les ours, mais le point de vue offre une fenêtre sur les rapaces, gypaète barbu, percnoptères d’Égypte, vautour fauve, qui impressionne avec ses 2,8 m d’envergure. « Il y a aussi les plan
tes, les arbres, les insectes, les salamandres », insiste Laura Trusas. L’enclos des mouflons est très grand. Puis, un, deux, trois, dix mouflons. « Daims, isards, biches. Les gens connaissent mal les animaux qui vivent autour d’eux. Ce sont pourtant des animaux endémiques, des espèces locales, rien d’exotique », ajoutetelle. La découverte des Pyrénées se fait, aussi, par la faune et la flore.
Au retour du Parc’Ours, avec un peu de chance, Ségolène ou Diego se dévoileront. La question brûle les lèvres : « vous êtes pour ou contre la réintroduction de l’ours en milieu naturel ? » Le débat est très actif dans la vallée. Mais, du côté de Parc’Ours, on tape en touche. « On ne veut braquer personne, nous sommes là pour informer les gens, sans les influencer. On a rencontré les deux extrêmes, il y a des choses intéressantes des deux côtés. » Laura Trusas se borne à expliquer le régime alimentaire de l’ours, qu’il ne mange pas que de la viande, qu’il y en a 70 dans les Pyrénées, qu’il ne s’attaque pas à l’homme. « Notre rôle est pédagogique, nous ne faisons pas de propagande. »
La boucle s’achève par le refuge des animaux domestiques, Même si l’ours ne montre pas le bout de son nez, ce parcours dans la faune pyrénéenne, sauvage et domestique, est l’occasion unique de s’enrichir d’un milieu trop souvent ignoré.
ZOOM
L’Aragon cohabite comme il peut avec les ours
Le glacier du Mont Perdu disparaîtratil avant 2050 ? Le risque est grand selon l’Unesco
L’Unesco a alerté la communauté internationale de la disparition de certains glaciers iconiques du Patrimoine mondial d’ici à 2050, parmi lesquels on trouve le glacier du Mont Perdu, situé dans le Parc national d’Ordesa et Mont Perdu.
De nouvelles données de l’Unesco posent comme manifeste « l’accélération de la fonte » des glaciers des sites du Patrimoine mondial, puisqu’un tiers d’entre eux n’auront plus de glace en 2050. En outre, l’organisation mondiale note qu’il est encore possible de sauver les deux autres tiers si l’augmentation de la température globale ne dépasse pas les 1,5°C par rapport à la période préindustrielle. « Ce sera un important défi pour le sommet climatique COP27 », signale l’Unesco.
Au total, 50 sites du Patrimoine mondial de l’Unesco hébergent des glaciers. Concrètement, ce sont 18 600 glaciers qui recouvrent approximativement 66 000 kilomètres carrés, ce qui représente quasiment 10 % de la superficie « glaciaire » totale de la Terre. Parmi eux, on trouve le plus haut (près du mont Everest), le plus long (en
Alaska), les derniers glaciers qui restent en Afrique, et bien sûr, le glacier du Mont Perdu en Aragon.
Une fonte qui s’accélère
La nouvelle étude de l’Unesco, en collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), montre que ces glaciers reculent à un rythme accéléré depuis l’an 2000. La cause est désormais connue de
tous : l’augmentation des émissions de CO2, qui réchauffent les températures. Actuellement, ces géants blancs perdent chaque année 58 milliards
de tonnes de glace – ce qui équivaut à la consommation conjointe d’eau en France et en Espagne – et sont responsables de quasiment 5 % de l’augmentation du niveau de la mer observée dans le monde.
Le rapport conclut que les glaciers d’un tiers des 50 sites du Patrimoine mondial sont condamnés à disparaître d’ici à 2050, indépendamment des efforts qu’on fera pour limiter l’augmentation de la température.
EN CHIFFRES ■
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PARMI LES 50 SITES CLASSÉS AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO HÉBERGEANT DES GLACIERS, UN TIERS SONT DÉJÀ CONDAMNÉS À DISPARAÎTRE AVANT 2050
En plus de réduire drastiquement les émissions de carbone, l’Unesco plaide pour la création d’un fonds international pour la surveillance et la préservation des glaciers. Ledit fonds soutiendrait la recherche exhaustive, promouvrait des réseaux d’échanges entre toutes les parties intéressées et appliquerait, par avance, des mesures d’alerte et de réduction du risque de catastrophes.
L’Unesco avertit que la moitié de l’humanité dépend directement ou indirectement des glaciers comme source d’eau pour la consommation domestique, agricole et énergétique. Les glaciers sont aussi les piliers de la biodiversité, puisqu’ils alimentent beaucoup d’écosystèmes. Leur disparition entraînerait donc de nombreux bouleversement écologique. Le glacier du Mont Perdu, monument naturel de la province aragonaise, ne sera donc peutêtre plus si ces changements climatiques se confirment.
MARIA JOSÉ LACASTA I
Un été de feu où des records de températures sont tombés, un mois d’octobre le plus chaud dans les PyrénéesAtlantiques depuis le début des relevés qui ne peut même plus s’appeler « l’été indien »... Le réchauffement climatique est à l’œuvre et tout le monde a pu le constater cette année notamment dans les Pyrénées.
Un problème qui ne date pas d’hier
Mais les experts n’ont pas attendu 2022 pour annoncer la fin des glaciers dans les Pyrénées. En 2019 déjà, Yvan Caballero, chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’annonçait déjà, rappelionsnous dans notre édition du 3 novembre de cette année : « On a déjà observé la disparition de 50 % des glaciers py
rénéens au cours des 35 dernières années. Cela ne va pas s’arranger car le réchauffement, estimé à 0,28°C par décennie depuis 1959, va se poursuivre. À la fin du siècle, cela sera réglé »,
tranchait alors cet expert, annonçant la fin des glaciers pyrénéens qui se rapproche désormais pour 2050.
En mai dernier encore à Bilbao, en marge du 4e Colloque
international sur le changement climatique en montagne, l’OPCC, l’Observatoire du changement climatique dans les Pyrénées rappelait que plus de la moitié des glaciers pyré
néens s’étaient évaporés depuis 1983. Précisant que la vingtaine encore actifs étaient « dans un état d’équilibre délicat et clairement dans un processus de retrait ».
Les Pyrénées bientôt sans glacier ?
Sur les 23 glaciers des Pyrénées encore recensés par l’association Moraine en 2020, deux ont disparu en 2022, ceux du Portillon d’Oô et de Boum dans les HautesPyrénées. L’été a provoqué un morcellement de ces étendues de glace formées durant l’ère glaciaire et les deux derniers cités mesurent désormais moins de 2 hectares.
Le 3 novembre encore, notre journal rappelait qu’en Béarn, plus aucun glacier ne subsiste : le dernier était celui de l’Arirel, disparu il y a plus de cinquante ans au moins. Il était celui le plus à l’ouest de la chaîne, le dernier de NouvelleAquitaine. En 2019, des élus écologistes de la Région avaient même symboliquement déposé une plaque, funéraire diraton, au refuge d’Arrémoulit pour alerter sur la situation de ces glaciers.
Depuis, la situation ne s’est guère améliorée.
Le ski de randonnée, une jeune pratique à la conquête des sommets
La fermeture des remontées mécaniques pendant la crise sanitaire a fait du ski de randonnée le grand gagnant des sports d’hiver ces deux dernières années. Une tendance qui devrait se confirmer avec la hausse des prix de l’énergie qui va se répercuter sur les forfaits.
Pour dévaler les pistes cet hiver, il faut s’attendre à payer son forfait plus cher. Car pour amortir leur facture d’électricité, les stations de ski n’ont d’autre choix que d’augmenter leurs tarifs. Mais une discipline tire son épingle du jeu : le ski de randonnée, qui connaît un fort engouement depuis deux ans. On constate un rajeunissement de la pratique. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes adultes de 18 à 25 ans s’y sont mis.
Sensation de liberté intense
Le ski de randonnée consiste à remonter les pentes à la force des cuisses, les skis aux pieds équipés de peaux de phoque pour ne pas glisser. Des heures d’effort pour le plaisir d’une descente, une seule, qui se savoure pleinement ! Et surtout la sensation d’une liberté intense au cœur de la montagne, loin de la foule. Il est l’alternance entre de longs moments d’effort à la montée, et le plaisir de la glisse.
Si tant est que l’on ait encore des forces dans les jambes pour descendre hors piste, dans une neige tantôt lourde, tantôt croutée, tôlée, plâtrée, trafolée ou encore verglacée. Mais parfois aussi idéale à skier ! Et quand c’est le cas, alors le plaisir de signer le
manteau neigeux immaculé vaut tout l’acharnement déployé pour arriver làhaut.
Écologique, durable mais onéreux
Cette discipline estelle écologique et durable ? Elle ne nécessite que l’énergie physique du randonneur pour atteindre les cimes. Mais tout le monde n’a pas la chance de vivre au pied des montagnes. « Avec le gasoil à deux euros le litre, il va falloir prendre l’habitude du covoiturage systématique, à trois ou quatre personnes par voiture » assure Jean
Paul Labiste, responsable du magasin Alpy’Rando spécialiste en équipement de montagne à Pau qui s’apprête à déménager sur la zone Polaris à Pau, à côté de la salle d’escalade BetaBloc.
« Faire 1h30 de route pour 500 mètres de dénivelé à ski de rando, le ratio est peutêtre à reconsidérer, tempèretil, d’autant que, même s’il est vite amorti, faute de forfait à payer, l’équipement coûte plus cher à l’achat que pour le ski de piste. Compter 900 à 1 500 euros le pack : skichaussuresfixationspeaux de phoque. À cela, rajouter l’équipement de sécurité pellesondeDVA (détecteur de victimes d’avalanche). Le premier prix est à 300 euros. »
Il n’en reste pas moins que le
ski de randonnée est le meilleur moyen de s’immerger en montagne. Une plongée dans la beauté des paysages nécessaire, indispensable même à l’équilibre psychologique de certains. « Le climat est tellement anxiogène que les gens ont besoin de s’aérer ! Quel que soit le prix, ils ne renonceront pas à cette bouffée d’oxygène. » poursuit JeanPaul Labiste. Or pour ne plus « consommer » la montagne, l’idéal serait de prendre son temps sur place et rester plusieurs jours. « Pour s’immerger làhaut, il faut
s’en donner les moyens, ne seraitce qu’en ouvrant les refuges de février à avril, et c’est sûr, les gens monteront ! » assure Florian Lahargue, guide de haute montagne, membre du bureau des guides de Pau qui prévoit de proposer des raids à ski de deux à cinq jours partout où cela sera possible. Et de poursuivre : «Créer des pistes dédiées à la rando en station, pourquoi pas ? Car tout le monde n’a pas l’expertise d’aller seul en montagne l’hiver. Ce genre de piste balisée peut susciter des vocations pour ensuite tenter d’aller plus loin. »
Reste à trouver le modèle économique pour que les stations s’y retrouvent. Florian Lahargue proposera aussi des journées d’initiation au ski de randonnée dès les premières chutes de neige et dès que les conditions le permettront. « Voilà plusieurs années que l’on passe l’hiver avec deux, trois chutes de neige tout
au plus. Il va falloir s’habituer à ce que le ski soit quelque chose d’épisodique, sur des créneaux à saisir dans la saison. Je m’attends même à connaître des hivers noirs, sans ski. »
Le ski de randonnée semble répondre aux besoins du moment de se reconnecter à la nature, dans l’effort et en respectant l’environnement. Mais pour rendre l’activité 100 % durable et dépourvue de toute énergie, il reste à trouver des alternatives à la voiture individuelle. « Relancer le train là où il n’arrive plus, par exemple, ou des navettes collectives » suggère JeanPaul Labiste. « N’y avaitil pas une gare à Laruns, une ligne ToulouseLuchon, une autre jusqu’à Canfranc ? » Et de conclure : « On n’est pas encore tout à fait au pied du mur, mais on s’en rapproche. Et à ce momentlà, on n’aura plus le choix. »
LAURENCE FLEURY I
L’engouement pour le ski de randonnée a atteint des sommets : 20 % d’augmentation du volume des ventes chaque année ces deux dernières années, contre 7 à 8 % d’augmentation par an depuis 10 ans. Les fabricants, pris d’assaut, font face à une pénurie d’approvisionnement en matériaux et ont du mal à répondre à la demande. Les magasins attendent d’être livrés pour la saison à venir. Le marché de l’occasion est peu actif, les gens préférant garder leur équipement en cas de nouvelle fermeture des stations.
Les sports de montagne vivent une époque dorée. Les habitants de la province de Huesca ont la chance de pouvoir pratiquer chez eux des randonnées, du rappel, de l’escalade, du trekking, du pyrénéisme et du cyclisme. Mais ce qui est de plus en plus demandé, c’est le ski de montagne, appelé ski de randonnée en France.
Les associations « Peña Guara » et « Montañeros de Aragón » ont conçu pour cette saison un programme sportif « très complet », indique Jairo Lanau, représentant de « Montañeros de Aragón », autant pour les débutants que pour les sportifs membres d’une fédération.
Des passionnés respectueux de la nature
« Nous aimons jouir de la montagne et la laisser telle que nous l’avons trouvée. Nous avons notre propre code et ceci implique le respect intégral de la nature et du milieu ambiant », ajoute Manolo Bara, président de
« Peña Guara ».
Pour cela, avec leurs associations, ils insistent particulièrement, dans les programmes de cette campagne de janvier prochain, sur l’attention portée à leur environnement dans chaque pratique sportive.
Le programme d’activités de ski de montagne de la « Peña Guara » inclut : un cours d’initiationformation, un programme des randonnées, des sorties de grande difficulté « hauts parcours » et, finalement, une traversée pendant deux jours dans les Pyrénées.
Pour ce qui les concerne, les « Montañeros de
Aragón » sont chargés d’organiser le Championnat d’Aragon de ski de montagne, qui se disputera du 21 au 23 janvier prochain. Ils organisent également des cours d’initiation pendant trois weekends, incluant théorie, pratique et montée de grands sommets. Dernière étape : des sorties « cadeaux » avec différentes difficultés. « Les places disponibles s’amenuisent d’heure en heure », avertit Jairo Lanau. Alors, prêts à chausser les skis (de randonnée) pour grimper les sommets ?
NACHO PRÁDANOS I
Cinq incontournables de la gastronomie béarnaise
La gastronomie béarnaise, qui épouse celle du SudOuest de la France, est très riche. Mais voici cinq produits et plats que tout bon Béarnais ne peut s’empêcher de déguster.
X Le fromage d’estives
Chaque année la petite commune de Laruns située en vallée d’Ossau multiplie par 10 sa population le temps d’un weekend. Tout ceci grâce aux fromages d’estives, tout juste sortis des saloirs et dont les meilleurs sont départagés par un très sérieux concours.
Chaque vallée béarnaise a ses fromages et si tous ne sont pas d’estives, ceux qui sortent à l’automne après affinage sont les plus courus. On raconte que, selon les endroits où elles paissent en montagne, le goût du lait des brebis n’est pas le même. Les Béarnais savent que c’est à l’automne et en hiver que « l’estive » se déguste, quand les brebis taries sont redescendues et que les tommes fabriquées durant l’été dans la montagne par les bergers sortent des saloirs. Ici, pas besoin de mettre de la confiture de cerise noire, le fromage issu des estives se suffit à luimême, avec ses goûts de fleurs de montagne, de réglisse et surtout d’authentique.
X Le cèpe
En Béarn comme dans bien des régions du SudOuest de la France, le cèpe fait l’objet d’un véritable culte. On est fier de dire qu’on en a trouvé, on exagère parfois un peu sur le nombre de kilos, mais surtout, surtout, on ne donne jamais les coins.
Boletus aestivalis ou edulis, tête noire ou cèpe des pins, on le mange d’abord en omelette baveuse mais pas trop, avec des pommes de terre sautées, en veloutés lorsqu’ils sont trop vieux ou simplement en fricassée avec ail et persil. Les plus gourmets les farcissent, et certains ont même volé la recette dans un bar de Jaca : découpés en lamelles et passés en allerretour à la plancha avec un soupçon de gros sel.
La saison 2022 fut belle, surtout en montagne, les photos envoyées par les lecteurs de « La République des Pyrénées » en font foi. Sur notre site internet, les diaporamas de récoltes miraculeuses sont parmi les articles les plus lus. Un culte, on vous dit !
X Le jambon de Bayonne
Ce n’est pas faire injure à des lecteurs espagnols dans un supplément transfrontalier que de dire que de l’autre côté des Pyrénées aussi, on sait faire le jambon.
Certes, le jambon de Bayonne n’a pas le goût ni la texture des meilleurs ibericos et c’est d’ailleurs normal. Le climat, s’il veut bien ne pas trop changer, vient en partie expliquer que ces jambons fabriqués de tout temps sur le piémont pyrénéen français soient légèrement plus secs que ceux des voisins espagnols soumis à des températures plus élevées lors du séchage.
Le jambon de Bayonne a gagné ses lettres de noblesse depuis plus de 25 ans avec la création d’une Indication géographique protégée qui fixe les règles drastiques d’élevage des porcs et de salaison. S’il est dit « de Bayonne » c’est que les jambons séchés aussi bien en Bigorre qu’en Béarn ou au Pays basque, partaient ensuite via le port de Bayonne. Mais c’est en Béarn qu’est installé le Consortium du Jambon de Bayonne, sorte de gardien du temple de l’appellation, et les produits qui veulent s’enorgueillir de la mar
que doivent les saler au sel… de SaliesdeBéarn.
X La garbure
C’est une soupe, mais pas seulement. C’est aussi un monument du patrimoine béarnais. Si les Landais la font presque solide et y mettent du canard, en Béarn, c’est le talon du jambon (de Bayonne bien sûr) qui doit donner le goût.
Pour le reste, du chou, des haricotsmaïs (ou lingots), des carottes, des pommes de terre, des poireaux, du laurier ou pas… Chacun a sa recette, l’important, c’est que ça cuise longtemps, que l’équilibre soit subtil, et que le plat tienne au corps. Car la garbure n’est pas n’importe quel potage, c’est un plat en soi, qui tient au corps et doit faire tenir les longues journées d’hiver.
Le plat est tellement emblématique qu’on trouve des touristes prêts à la déguster en plein mois d’août, ajoutant sans doute leur transpiration à la dégustation. Voilà des années qu’à Oloron, les foules se pressent pour le championnat du monde de garbure qui se déroule début septembre. L’an
passé, ce sont même des restaurateurs de Jaca qui ont décroché la médaille !
X Le canard gras
Il y a bien sûr le foie gras qui peut se manger poêlé, cuit ou micuit avec ou sans chestnut. Mais il n’y a pas que ça… Le canard gras est un des emblèmes de la gastronomie du sudouest et donc du Béarn. Jadis, on servait filets et manchons confits et puis un beau jour le Gersois André Daguin inventa… le magret. Les filets cuits au four, à la plancha ou au barbecue sont devenus le plat préféré des Béarnais, accompagnés de pommes de terre aux cèpes c’est encore mieux…
Cette propension au canard, qui fait même cuisiner à sa graisse, ne vient pas de nulle part. C’est dans les pays de maïs, en gros l’Aquitaine, que l’on gave les canards pour leurs foies, mais aussi leurs abats et le reste. Certains, dans les landes, mangent même la langue, et en Périgord, on en farcit le cou. Tout est bon dans le canard !
N. R. I
Les « bordas », meilleures vitrines de la cuisine montagnarde aragonaise
La province de Huesca possède un patrimoine gastronomique capable de conquérir même les palais les plus difficiles. Au sein des « bordas », granges isolées remises au goût du jour par leurs propriétaires, de nombreux plats typiques sont à découvrir... et à déguster !
La province de Huesca, tout particulièrement dans ses régions pyrénéennes de la Jacetania, de la haute vallée du Gállego, du Sobrarbe et de la Ribagorza, est parsemée de granges. Auparavant, cellesci servaient à protéger les troupeaux ou à emmagasiner les produits agricoles. Aujourd’hui, leurs propriétaires ont fait leur le dicton « rénover ou mourir », en reconvertissant ces granges en singuliers espaces gastronomiques, les « bordas ».
Ici est offert le meilleur de la cuisine de montagne, mettant en exergue par exemple les célèbres « migas » (très fines tranches de pain sec frottées à l’ail dans de la graisse de mouton ou de porc ou encore dans de l’huile d’olive) et le « ternasco » d’Aragon (agneau d’un an au four accompagné de pommes de terre sautées).
Du local dans l’assiette et autour de soi
Huesca regorge d’une infinité de délices locaux, parmi lesquels figurent les viandes (joues, côtelettes, entrecôtes, épaules d’agneau, palette de porc, côtes de veau et de bœuf) et la charcuterie à la braise (saucisse, chorizo, jambon), ainsi que les fromages des Pyrénées et les champignons de la période, sans oublier les « boliches », haricots très célèbres à Embún (village de la vallée
d’Hecho, au nordouest de Huesca), que dégustaient dans le temps les bergers au petitdéjeuner.
Nombre de bordas du HautAragon sont prêtes à héberger leurs clients une bonne partie de l’année. L’identité des lieux se retrouve dans la beauté qui entoure ces enclaves naturelles. L’occasion pour le public de vivre une expérience unique.
À chaque « bordas » sa spécialité
La Jacetania, terre symbole de ces bordas, dispose d’une offre remarquable aux portes du Parc naturel des Vallées Occidentales. Les bordas Arracona, Nadal et Chiquín sont une halte obligatoire lors de la visite d’Ansó. Il y a aussi la borda Bisaltico à Hecho. Une cuisine plus traditionnelle peut se déguster dans d’autres lieux de la région comme la borda Juan Ramón à Aísa et la borda Chaca à Ulle (Jaca).
Dans la région du Haut Gállego, les visiteurs auront aussi l’occasion de profiter des goûts montagnards dans la Grange des Bergers, une grande maison d’éleveurs des Pyrénées, qui tient lieu d’hébergement du tourisme rural dans l’enclos d’Ayés (Sabiñánigo).
Un des meilleurs ambassadeurs gastronomiques de la région du Sobrarbe est le Bistro Kanguro Truchero, situé dans la
vallée Pineta. L’établissement de Bielsa, distingué l’été dernier par un « solete » (distinction du Guide Repsol dans la catégorie Terrasses), fêtera son dixième anniversaire en 2023. Il a réussi à séduire le public avec ses « migas mozarabes », son fromage séché des Pyrénées ou son riz de Cantabrie.
Dans la région de Ribagorza, il est hautement recommandé de visiter la Borda del Mastín, située à Cerler (Bénasque). Lieu attractif pour les amoureux du ski, l’établissement dispose à l’étage d’un accueillant restaurant. Les pieds de porc, la côte de bœuf ou la salade de fromage de chèvre sont quelquesunes de ses propositions.
RICARDO GRASA I