3 minute read

rencontres

Next Article
EN VRAC

EN VRAC

©SIMON VANRIE

# album # 25 ans de carrière

Advertisement

Françoiz Breut

TEXTE: NICOLAS ALSTEEN En mouvement sur des sonorités synthétiques, les mots de Françoiz Breut entrevoient l’avenir sur un album radieux. Après ses collaborations avec Dominique A, Calexico, Yann Tiersen et tant d’autres, la chanteuse bruxelloise rénove les codes de son univers en compagnie de nouveaux amis. Vingt-cinq ans de carrière et toujours pas l’ombre d’une ride, pas un seul signe d’essoufflement dans les rangs d’une discographie qui, au fil du temps, s’embellit. Inexorablement.

Du port de Cherbourg aux abords du canal bruxellois, la vie de Françoiz Breut est tout sauf un long fleuve tranquille. Illustratrice de formation, chanteuse de confession(s), l’artiste s’est inventée un monde à part en brodant de précieux refrains aux bras de personnalités croisées sur le chemin. De Katerine à Louise Attaque, de Calexico à Adrian Utley (Portishead), les mélodies de Françoiz Breut entretiennent toujours un rapport aux autres. Son septième album studio confirme d’ailleurs la tendance. Conçu aux côtés de Marc Mélia, Roméo Poirier et François Schulz, ce disque met la langue française au contact de l’électro. Avec élégance et sensibilité, la chanteuse embrasse l’époque, ses tares, ses torts. Tout ce qui ne tourne plus rond sur la planète sert ici à embellir un intérieur habité et ultra sophistiqué. La Fissure, par exemple, est une chanson anti-nucléaire en duo avec Jawhar qui, pour l’occasion, délaisse la langue arabe pour chanter comme Bertrand Belin. Ailleurs, les titres Métamorphose ou La Chute des Damnés se dandinent sur des sons cosmiques. Signée sur le label 30 Février (Saule, Suarez), Françoiz Breut ne se planque plus derrière ses dessins. Désormais, elle apparaît clairement sur la pochette de l’album. Ses chansons, en revanche, se cachent sous un titre en forme de trompe-oreilles.

Pas très loin des chaussettes de l’archiduchesse, la locution “Le Flux Flou de la Foule” est facile à lire, mais pas à dire. Pourquoi un tel intitulé pour ce disque?

Ces mots résument bien la pagaille génrale dans laquelle nous vivons pour l’instant. À l’origine, ce titre découle de mon rapport à Bruxelles. C’est un endroit où j’aime vivre. Mais il faut bien avouer que la gestion de l’espace urbain et des organes sociaux laisse parfois à désirer. Les politiciens réfléchissent d’abord la ville pour ceux qui consomment et dépensent de l’argent. Pas pour celles et ceux qui y vivent. Le Flux Fou de la

Foule, c’est aussi un clin d’œil à la mise en œuvre du disque: un chantier assez compliqué, voire chaotique.

Françoiz Breut «J’aime encore la guitare et les sonorités acoustiques. Mais j’avais envie d’essayer autre chose.»

Quels obstacles avez-vous rencontrés?

Au départ, j’imaginais m’enfermer plusieurs jours dans un local avec mes musiciens pour composer les chansons. Sauf que rien ne s’est passé comme ça. Tout s’est dessiné dans un va-et-vient de fichiers informatiques. La fabrication du disque s’apparente à de la broderie. Au début, c’était très décousu. Puis, de fil en aiguille, les idées se sont assemblées.

L’album est né pendant le confinement. Comment occupez-vous vos journées sans la scène?

Pour l’instant, je devrais être en tournée… avec une compagnie de théâtre. Je devais jouer un rôle dans une pièce inspirée par l’univers fantastique de Little Nemo in Slumberland, une BD créée en 1905 par l’auteur américain Winsor McCay. Je suis arrivée là-dedans après avoir donné une interview radio dans laquelle je citais cet ouvrage comme l’une de mes références graphiques. L’info est tombée dans l’oreille de la metteuse en scène Émilie Capliez. Voilà deux ans que nous travaillons d’arrache-pied sur cette pièce. Ce sont mes premiers pas (officiels) dans le monde du théâtre…

This article is from: