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L’ANECDOTE Dan Lacksman

L’anecdote

Florian Schneider (1947-2020) est l’un des deux membres fondateurs de Kraftwerk, groupe emblématique et pionnier de la musique électronique.

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Dan Lacksman

©DR

Après la réédition de trois de ses albums solo publiés au début des années 70, Dan Lacksman annonce une compilation de son groupe Telex sur le label Mute (Depeche Mode, Nick Cave) pour le 30 avril. Elle sera suivie de la sortie du back-catalogue remastérisé. Œil vif et moustache espiègle, tonton Dan revient sur une autre aventure synthétique inoubliable.

TEXTE: LUC LORFÈVRE «Avant de fonder Telex en 1976, j’avais déjà acquis plusieurs synthés et je m’intéressais à tout ce qui se faisait d’original en musique électronique. J’ai été très impressionné par Autobahn, premier album officiel de Kraftwerk, paru en 1974. J’admirais leur approche minimaliste et le côté pop de leurs mélodies. Même si les albums de Telex étaient distribués par la même major (EMI) qui s’occupait de Kraftwerk, je n’ai rencontré les membres du groupe allemand qu’en 2002. Cette année-là, Kraftwerk jouait au Vooruit à Gand. Avec Marc Moulin et Michel Moers, nous avons retrouvé Florian Schneider et Ralf Hütter dans un bar après le concert. Nous avons échangé nos numéros de téléphone. Florian et moi sommes restés en contact. Nous avions pris l’habitude de nous voir à chacune de ses visites en Belgique. Il adorait Bruxelles. Il venait souvent en week-end. C’était un bon vivant, pas un robot (Florian Schneider est décédé le 21 avril 2020, –ndlr). On allait au resto, dans des brasseries de la Grand-Place parce qu’il aimait boire une trappiste Chimay. On parlait de tout, pas seulement de musique. En 2015, alors qu’il avait quitté Kraftwerk, il m’a appelé. Il voulait venir dans mon studio SynSound, à Jette, pour que je l’aide à composer un morceau sur le thème de la pollution dans les océans pour le projet caritatif Parley for the Oceans. Florian avait l’idée de lancer le titre avec le bruit d’une goutte d’eau. J’ai branché un micro dans la salle de bains du studio et tiré un câble jusqu’à la console. Florian ouvrait le robinet et moi j’enregistrais à vingt mètres de là. Je devais me pincer pour y croire. Le reste est allé très vite. Florian était venu avec des synthés miniatures, j’ai assemblé le son des gouttes d’eau dans une boucle que nous avons samplée et il a ajouté des paroles très simples: «Save the fish, Save the fish, Stop pollution.» C’est ainsi qu’est née Stop Plastic Pollution, notre seule et unique collaboration. Stop Plastic Pollution est disponible sur Soundcloud. Dan Lacksman revient sur les chansons qui ont marqué sa carrière dans le podcast Soundtrack Of My Life surwww.radiorectangle.be

J’adore ce que vous faites

©VICTOR PATTYN

Noé Preszow

Après des années d’apprentissage, des dizaines de chansons écrites, des fausses promesses mais aussi de vrais encouragements, les planètes s’alignent pour le Bruxellois au prénom biblique. Signé sur le label français Tôt au Tard et nommé aux Victoires de la Musique, catégorie “Révélations” sur foi de son hymne générationnel À nous, il publie un premier album qui réconcilie chanson française traditionnelle et modernité pop. Il nous parle des artistes qui ont forgé son identité.

TEXTE: LUC LORFÈVRE «Oh Mercy de Bob Dylan est mon disque de chevet. Il a été produit par Daniel Lanois et est sorti en 1989. Oh Mercy va relancer Dylan qui n’intéressait plus grand-monde à cette époque. Dans Oh Mercy, il y a une vraie recherche sonore, un humour très fin et une écriture touchée par la grâce. L’ambiguïté lyrique de Dylan y est très palpable. On ne sait jamais si c’est du premier degré ou non. J’ai traduit plusieurs chansons de Dylan pour les adapter sur scène lors de mes premiers concerts, notamment Most Of The Time, qui est l’un des joyaux de cet album. Pour la scène, le déclic se fait pour moi à l’âge de douze ans. J’assiste à un concert de Jean-Louis Aubert à Forest National, dans le cadre de sa tournée Idéal Standard et je me dis: «C’est exactement ça que je veux faire.» Avant ça, j’ai littéralement “absorbé” plusieurs artistes que mon père écoutait: Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Bernard Lavilliers, Barbara bien sûr, mais aussi Catherine Ribeiro et Maxime Le Forestier. Je les cite dans la chanson Les Poches Vides qui figure sur mon album À Nous parce que c’est lié à des souvenirs très précis de mon enfance. Je revois mon père complètement hypnotisé qui me raconte en détail les concerts marathon de Lavilliers où des femmes s’évanouissaient ou cette prestation de Catherine Ribeiro à la Cathédrale SaintsMichel-et-Gudule qui l’avait transcendé. Du coup, le panthéon musical de mon père est devenu mon propre panthéon.»

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