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RENCONTRE

MONIQUE PLAS

60 ans à la tête de sa fabrique d’abat-jour

En ce mois de mars où l’on célèbre les femmes, l’histoire de Monique Plas est un bel exemple de femme libre qui a conduit sa vie avec passion.

onique Plas a 14 ans. Son père a une fabrique de luminaires

M“Paris Éclair”. Il crée des pieds de lampes, des lustres, des appliques... Nous sommes en 1945. De retour du front, il enjoint Monique de venir travailler dans l’entreprise familiale. Après des cours de comptabilité chez Pigier, Monique se montre particulièrement douée malgré sa grande timidité…

Une rapide ascension « Papa m’a tout de suite donné des responsabilités » se souvient Monique, notre ravissante nonagénaire saint-mandéenne qui n’a rien perdu de son énergie et dont le visage rayonne à l’évocation de ses souvenirs. Ravissante en effet… Miss Paris 1951 tout de même ! Son père l’avait inscrite au concours pour lui faire vaincre cette maudite timidité ! Les commandes sont nombreuses mais les fabricants d’abat-jour ne parviennent pas à approvisionner la boutique, alors Monique se lance. Elle utilise les locaux de son père, fermés le samedi, embauche une première ouvrière et se met à confectionner des abat-jour. Le succès est immédiat. Elle quitte l’entreprise familiale pour vivre avec celui qui devient son époux, Guy. Ils habitent un tout petit appartement « qui suffisait largement à notre bonheur » précise Monique qui, en plus de son activité, s’occupe de sa fille Martine. 1955, notre entrepreneuse achète son premier atelier, un 60 m2 rue Titon dans le 11e . « Il y a une grande table que nous recouvrons d’une plaque de zinc dans lequel le cutteur s’enfonce pour couper le papier paraffiné ou les cartes laquées ». Le partenariat avec son père est fructueux. Monique embauche et sillonne l’Île-de-France, à la recherche de nouveaux clients, elle effectue des livraisons avec sa petite camionnette noire, distribue des prospectus dans les nouveaux immeubles… Ses semaines font 60 heures mais elle est heureuse. Le succès Monique est avisée, économe et a un goût exquis… sa beauté lui ouvre aussi des portes, notamment celles des grands magasins : Les Trois-quartiers, les Galeries Lafayette, Le Bon Marché, Les Magasins réunis… et celles des hôtels : Concorde Lafayette, le Louvre, Le Crillon… et même le Musée du quai Branly. Le recrutement de nouvelles ouvrières est parfois compliqué mais certaines d’entre elles deviennent des amies. Le nombre d’ateliers se multiplie rue de Picpus, rue Dagorno, rue Santerre… et il y a à présent une boutique. Gilles, le fils de Guy et Monique se lancera lui aussi dans cette branche mais les méthodes de travail de la mère et du fils divergent parfois ! « Il y a eu des moments difficiles par exemple quand il a fallu faire face aux faillites de certains de mes clients… mais je garde de toutes ces années un souvenir merveilleux !» dit en souriant Monique qui a arrêté de travailler et vendu son affaire il y a 8 ans. Elle avait 83 ans !

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