LE RELOGEMENT SUITE À UNE CATASTROPHE NATURELLE : VERS UNE RECONSTRUCTION AUTONOME DU PAYS ? Laura Mayhew
Master en architecture ENSA Paris - Val de Seine 2016 - 2017 Sous la direction de : Bruno Thomas Jean-François Coignoux Pierre Léger
SOMMAIRE 3
• Les catastrophes en quelques mots
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• Le relogement suite à une catastrophe naturelle
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A
I - GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
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• Les premières actions
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SOMMAIRE
INTRODUCTION
• Les abris de premier secours
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• Les abris temporaires
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• Les abris transitionnels
29
• Les risques engendrés par le système d’abri transitionnel
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II - LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
41
• Le choix des sites de relogement temporaire ou permanent
43
• Le séisme de 2010 en Haïti
51
• Le séisme de 2015 au Népal
69
• Bilan de l’organisation des opérations en Haïti et au Népal
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III - LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
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• Une meilleure appréhension de la culture locale
85
• Les apports d’un système de recyclage efficace
93
• La participation des sinistrés dans la reconstruction des édifices
103
CONCLUSION
109
GLOSSAIRE
113
BIBLIOGRAPHIE
121
REMERCIEMENTS
127
* : Mot présent dans le glossaire
1
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INTRODUCTION Au cours de mes études, le travail humanitaire en architecture a attiré mon attention. Les séminaires des semestres 7 et 8 sur le thème des risques majeurs
J’ai eu l’occasion de voyager au Japon et de découvrir sa population et ses systèmes constructifs. En effet, ce pays est fortement touché par divers aléas naturels ou technologiques comme, par exemple, le tsunami et le désastre
A INTRODUCTION
n’ont fait qu’accroître cet intérêt.
nucléaire de Fukushima en 2011. Les architectes et ingénieurs locaux ont développé des systèmes constructifs de refuges, de fondations, de murs pour pallier à ces évènements soudains. J’ai découvert là-bas de nouveaux horizons et un mode de vie marqué par la conscience permanente du risque. Ces nouvelles connaissances m’ont amenée à me questionner sur le « post-catastrophe » et notamment sur la construction des abris temporaires. Je souhaitais explorer ce thème dans l’optique de vivre, après mes études, une expérience à l’étranger portant sur le sujet. En débutant mes recherches, j’avais déjà conscience que l’élaboration des abris temporaires était le cadre d’expériences architecturales. Puis, en parcourant des ouvrages d’étudiants sur le thème du risque, j’ai pris connaissance d’un mémoire qui traitait déjà des abris temporaires : « Temporary Shelter : Usages, abus et alternatives »1 écrit par Fiona Rajasundram et dirigé par Marilena Kourniati en 2016. Cet ouvrage m’a démontré que l’idéal, en réaction à une catastrophe, est de limiter la durée de l’habitation précaire. Mais on constate que cette étape se prolonge, en général, et ne permet pas d’entamer la phase de reconstruction. A la fin de ce mémoire, l’auteure proposait ce questionnement : « L’optimisation des capacités techniques des abris de première urgence, peut-elle accélérer la reconstruction et éviter une phase temporaire supplémentaire ? »1
RAJASUNDRAM Fiona, sous la direction de KOURNIATI Marilena, 2016, Temporary Shelter : Usages, abus et alternatives, Mémoire de Master d’Architecture pour l’ENSAPVS, 155 p.
1
3
Cela m’a amenée à m’intéresser de plus près à la transition vers la reconstruction des édifices à partir des villes détruites et des nouveaux campements d’abris établis après la catastrophe.
Quelle organisation voit-on se mettre en place après un tel évènement ? Le
ou les pays concernés font face à de grands mouvements de population dus à la destruction de leurs logements, souvent la catégorie d’édifice la plus touchée. Le mode d’habiter change radicalement. Alors comment s’organise le relogement des sinistrés ? Cela dépend du cas étudié, mais je chercherai à formuler certains aspects récurrents du processus.
Aujourd’hui, les architectes de l’urgence font évoluer leurs interventions
vers des abris qui semblent plus adaptés aux besoins des individus. Mais, par leurs travaux, les concepteurs peuvent aussi ralentir ou retarder la reconstruction de bâtiments pérennes. En temps qu’architectes ou futurs architectes, nous avons une place importante dans ce système qui nécessite une réflexion appliquée concernant les facteurs en jeu et la durabilité de nos constructions. Bien que chacun tente d’apporter une aide adéquate, certaines interventions peuvent avoir des conséquences désastreuses.
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La place prépondérante du relogement dans les actions qui suivent un
aléa naturel m’amène à ce questionnement : Dans quelle mesure la reconstruction des logements après une catastrophe naturelle peut-elle réengager une activité économique dans le pays ?
En premier lieu, je souhaite aborder les différentes étapes, à périodes
variables, qui suivent la catastrophe naturelle. Nous verrons quelles phases de relogement sont mises en place et quels acteurs entrent en jeu, tant financièrement
A INTRODUCTION
qu’humainement.
Je souhaite ensuite développer le thème de la réorganisation du territoire
et de la population. Cela fait partie des défis majeurs que l’on rencontre en temps de crise. Alors qui sont les décisionnaires ? Comment les interventions urbanistiques urgentes se profilent-elles ? Je prendrai comme exemples les cas récents d’Haïti et du Népal, tous deux touchés par des séismes de haute magnitude.
Enfin, j’aborderai les solutions déjà mises en place ou pouvant contribuer à
un changement de méthode. Nous verrons comment il est possible de s’appuyer sur les valeurs locales pour une reconstruction efficace.
Avant cela, il me semble utile de définir quelques généralités sur les
catastrophes naturelles et sur les types d’abris que l’on peut rencontrer en temps de crise.
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Carte mondiale des risques majeures - Munich RE SĂŠismes : intensitĂŠ maximum probable Magnitude 5 et moins Magnitude 6 Magnitude 7 Magnitude 8 Magnitude 9 et plus
Cyclones tropicaux : vitesse maximum des vents probable 76-141 142-184 185-212 213-251 252-299 300 et plus
Faille dĂŠcrochante ou transformante Faille convergente ou inverse
Types de faille possible - Laura Mayhew
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Faille divergente ou normale
• LES CATASTROPHES EN QUELQUES MOTS On distingue globalement 3 types de catastrophes : - Les catastrophes de conflits (guerres, révoltes etc) - Les catastrophes naturelles (séismes, glissements de terrain, inondations, cyclones etc) Dans mon développement, je me concentrerai uniquement sur les
INTRODUCTION
A
- Les catastrophes technologiques (explosions industrielles etc)
catastrophes d’origines naturelles ce qui me conduira vers des cas plus spécifiques. Voici quelques explications concernant les principales catastrophes naturelles : Les séismes Les séismes sont dus aux mouvements des plaques tectoniques, océaniques ou continentales, qui divisent le globe. Il existe plusieurs types de failles les séparant les unes des autres et créant des schémas variables : - Les failles divergentes ou normales : deux plaques s’éloignent et engendrent des effondrements. Elles subissent des contraintes de traction. - Les failles convergentes ou inverses : deux plaques se rapprochent créant des contraintes de compression et provoquant des surrections ou montagnes. - Les failles décrochantes ou transformantes : deux plaques glissent horizontalement le long d’une ligne de faille. Les
plaques
bougent
plus
ou
moins
rapidement
et
génèrent
progressivement une contrainte de plus en plus forte. Lorsqu’il y a un relâchement soudain de cette contrainte, on appelle cela un séisme. Ce phénomène peut entraîner ensuite une série de répliques ou d’événements liés comme des inondations, des glissements de terrain, des tsunamis (mouvement de plaques dans les océans), des éruptions volcaniques etc. 7
OCÉAN PACIFIQUE
Failles de la ceinture de feu autour de l’océan Pacifique - D-Maps et Laura Mayhew
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On observe que certaines zones de la planète sont sujettes à des séismes plus fréquents, comme l’Asie ou la côte ouest des Amériques. Les pays sur la ceinture de feu sont particulièrement touchés. Elle trace les contours d’un groupe de plaques englobant tout l’océan Pacifique : la plaque Pacifique, la zones volcaniques pouvant aggraver les effets des potentiels séismes. Les cyclones Ils se forment à partir des latitudes de 5 à 10 degrés, surtout autour des
A INTRODUCTION
Philippine, la Nazca et la plaque des Cocos. Sur cet anneau se situent aussi des
tropiques et dans le Pacifique pour se prolonger dans l’océan Indien et Atlantique. Ces vents dévastateurs peuvent être précédés par de la grêle ou de violentes tempêtes. Les cyclones sont des zones où l’air est en rotation autour d’un centre de basse pression atmosphérique. Plus la différence de pression est grande, plus les vents sont forts. Le sens de rotation est déterminé par l’hémisphère dans lequel il se trouve : dans le sens antihoraire pour l’hémisphère nord et dans le sens horaire pour l’hémisphère sud. Il existe plusieurs types de cyclones : - Les cyclones tropicaux : ils se forment au-dessus des eaux chaudes des mers tropicales et sont caractérisés par leur « noyau chaud ». Le centre possède une température plus élevée de 15 à 20° C par rapport à la troposphère alentour. - Les cyclones extra-tropicaux : ils se forment entre la ligne des tropiques et le cercle polaire et possèdent un « noyau froid ». La colonne centrale est donc plus froide que la troposphère alentour. Ce sont des dépressions météorologiques qui évoluent quotidiennement sur une majorité de la planète. - Les cyclones subtropicaux : il s’agit de cyclones extra-tropicaux mais avec un cœur tendant à être chaud et se formant au-delà de la ligne des tropiques. On trouve une activité orageuse autour de leur centre. Ils peuvent évoluer pour devenir des cyclones tropicaux. 9
L’ouragan Matthew ayant frappé Haïti en octobre 2016 - NASA Goddard Space Flight Center
Dégâts de l’ouragan Matthew en Haïti, 2016 - Brandon Burke & Danielle Dreis
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- Les cyclones polaires : ils se forment dans les zones arctiques et antarctiques dans les hautes latitudes où les contrastes thermiques sont très forts. Ce sont des systèmes extrêmement étendus.
d’éléments de construction. Les débris emportés par les vents sont ensuite projetés parfois à des kilomètres, ce qui cause d’autant plus de dégâts. Les catastrophes naturelles sont, pour certaines, prévisibles. Il est donc parfois possible d’évacuer les régions concernées par prévention ou de mettre
A INTRODUCTION
Ces phénomènes détruisent notamment sur leur passage un grand nombre
à l’abri la population. Mais ces évènements causent tout de même des dégâts matériels considérables.
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•
LE RELOGEMENT SUITE À UNE CATASTROPHE NATURELLE Après un désastre, différentes phases de relogement se succèdent, chacune
correspondant à une temporalité et une situation particulière. Nous allons donc se déroule le relogement de la population. L’abri de premier secours Il s’agit d’une construction dans laquelle les sinistrés seront relogés quelques heures après la catastrophe. Les abris de premier secours se divisent en
A INTRODUCTION
définir ces étapes qui permettront de mieux comprendre, par la suite, comment
deux catégories : les équipements ayant survécu au désastre (gymnases, écoles etc) et les structures à montage rapide, généralement en toile. Ils ne sont conçus que pour durer quelques semaines au maximum. L’abri temporaire Cette structure constituée de matériaux plus solides remplace peu à peu l’abri de premier secours. On observe que la plupart sont conçues par des organisations pour durer au maximum 3 ans, après quoi l’abri sera détruit ou récupéré pour une future utilisation. L’abri transitionnel Cette construction a pour but de fluidifier la transition entre le logement de premier secours et le logement durable. Les abris transitionnels sont classés en deux catégories : les abris pouvant être améliorés et consolidés jusqu’à devenir un habitat permanent et les abris dont les matériaux peuvent être utilisés dans la construction d’un habitat pérenne. Ces structures sont mises en place après l‘étape de l’abri de premier secours. La reconstruction Dans le dictionnaire Larousse, la définition est la suivante : « action de rétablir dans son état premier ». Dans le cas d’une catastrophe naturelle, ce terme définit l’action de rebâtir et de réorganiser le pays pour arriver à une situation dite « normale » où les traces du désastre ne seront plus visibles.
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Temples de la place Durbar, NĂŠpal, 2014 - Rein Coppens
Place Durbar, NĂŠpal, 2015 - Kishor Rana
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GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE LES PREMIÈRES ACTIONS Lors d’une catastrophe naturelle, le construit est à l’origine de la plupart des dégâts dans une ville. L’instabilité initiale des bâtiments entraîne des effondrements, les murs s’évident et se brisent, les fenêtres explosent, les planchers s’écroulent. Les villes sont alors dans un état chaotique, laissant des centaines, voir des milliers, de morts et de blessés sous les décombres. L’État doit réagir rapidement. Comment intervenir auprès de toutes les personnes sans-abri ? Et comment faciliter cette intervention ? Dans cette première partie, j’aimerais expliquer ce qui est considéré comme le mode opératoire « traditionnel » suivant un désastre. Il sera adapté à chaque cas pour que le pays sorte de la situation de crise engendrée par la destruction des biens appartenant à la population.
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
•
Quelques heures après la catastrophe Dans les 72 premières heures après la catastrophe, les organismes internationaux sont informés de l’évènement et font un appel aux dons pour collecter des fonds d’aide pour le pays touché. Ils proposent alors une intervention selon leur spécialisation. Des Organisations Non Gouvernementales (ONG*) comme Médecins Sans Frontières* apporteront des soins médicaux tandis que les Architectes de l’Urgence*, par exemple, aideront à la reconstruction des bâtiments. Les organisations locales apportent aussi leur soutien en fonction de leurs moyens et de leurs effectifs affaiblis après le désastre. Mais l’État joue un rôle décisif : il choisira à quelles propositions il veut donner suite. Il décidera des domaines d’interventions, architecturaux, médicaux ou autres, et de la répartition des rôles dans la situation de crise. Parfois, les zones d’actions seront très restreintes pour des raisons politiques ou économiques. Les organisations internationales doivent tendre vers un objectif commun fixé par l’État. Leurs actions seront coordonnées par ce dernier ou une équipe déléguée faisant partie d’une ONG présente sur place. 15
DÊchargement de l’aide humanitaire aux Philippines, novembre 2013 Agency
Livraison de Shelter Box par bateau au Bangladesh, 2007 - Shelterbox USA
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AFP Photo / Taiwan Military News
Les aides sont apportées sous forme de sommes d’argent ou de ressources de différents types. Ces dernières sont principalement l’eau potable, la nourriture, les soins, les vêtements et divers éléments pour se protéger du climat. Elles sont d’abord préparées dans l’entrepôt de stockage de l’ONG avant d’être
Le critère du transport est aussi déterminant quant au choix des organismes qui vont intervenir. Ils doivent être capables de livrer rapidement le matériel nécessaire dans un site donné qui sera probablement ravagé par la catastrophe. La première partie de l’acheminement se fait en général par avion car il peut importer rapidement des quantités raisonnables. Puis, on empruntera d’autres moyens de transport comme des camions, des hélicoptères ou même des barques selon ce qui est disponible sur place. Évaluation des dégâts
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
acheminées par des modes de transport variables selon la destination.
Dans un second temps, des équipes spécialisées arrivent sur le lieu de la catastrophe pour évaluer les dégâts, dresser un plan et élaborer leurs stratégies d’intervention toujours sous le contrôle de l’État. Les ONG n’envoient qu’un minimum de représentants pour ne pas générer de dépenses inutiles. Pour certaines zones dévastées, une intervention immédiate n’est pas toujours nécessaire. Selon les diagnostics établis par ces représentants, certains secteurs sont déterminées comme prioritaires au vu de leur état. Une partie des constructions restantes est fortement endommagée. Deux solutions s’offrent alors à l’État : la destruction de celles-ci de manière sécurisée ou leur réparation, qui leur redonnera une utilité. La démolition est assistée par des organismes spécialisés car une action improvisée pourrait entraîner d’autres pertes humaines et matérielles considérables. Dépendant de l’état de l’édifice, l’une ou l’autre solution peut être plus avantageuse ou plus rapide. Ces désastres génèrent en effet une grande quantité de déchets provenant des constructions. Il faudra donc rapidement organiser le déblayage des villes en particulier. Cette étape est souvent longue et difficile au vu de la quantité et du poids des déchets, elle sera donc effectuée en parallèle d’autres interventions. 17
Etat des routes après le séisme à Jama, Equateur, avril 2016 - Dolores Ochoa/AP
Tentes mises en place après le séisme à Katmandou au Népal, avril 2015 - PRAKASH MATHEMA
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Les réseaux de la ville sont aussi affectés : les routes, les égouts, s’ils existent, l’électricité, l’eau etc. L’état déplorable de ces réseaux complique la distribution des ressources. Ces systèmes parfois souterrains prendront beaucoup de temps avant d’être rénovés et à nouveau opérationnels. De plus, il est parfois impossible d’accès. Il faudra alors engager une main d’œuvre conséquente pour réaliser ces travaux, bien que ce mode opératoire soit plus lent. Un des enjeux majeurs de cette situation reste la population. Certains sont blessés, d’autres en bonne santé, mais la plupart sont privés de leurs biens et de leur logement. Alors quelle aide immédiate les ONG peuvent-elles apporter pour reloger la population ? • LES ABRIS DE PREMIER SECOURS En général, le relogement des sinistrés se déroule en 3 étapes : l’abri de
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
d’utiliser des machines pour déblayer certaines voies car elles sont trop difficiles
premier secours, l’abri temporaire et la reconstruction. L’abri de premier secours, auquel nous allons nous intéresser maintenant, semble inévitable. En effet, la population doit être protégée des intempéries et autres risques auxquels elle est exposée dans les plus brefs délais. Les abris de premier secours se présentent sous différentes formes chacun ayant des caractéristiques qui lui sont propres. Ce sont des structures qui doivent se déployer ou être préparées rapidement. Comme mentionné précédemment, ils se divisent en deux catégories : les équipements ayant survécu au désastre et les structures à montage rapide. Première typologie : les équipements Les équipements sont généralement soumis à des normes de construction plus strictes, ce qui leur permet de résister à la plupart des contraintes générées par les désastres. Après la catastrophe, ils doivent tout d’abord être sécurisés structurellement. Ensuite, ils peuvent être utilisés comme base de travail pour les ONG, comme hôpitaux ou comme refuges de premier secours pour une
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partie des sinistrés en attendant la répartition dans les abris de premier secours individuels. Parfois, ces bâtiments garderont leur fonction de logement jusqu’à la ils assumeront une autre fonction. Après un temps indéterminé, ils reprendront leur fonction initiale. Seconde typologie : les structures à montage rapide En amont de la catastrophe, chaque organisation internationale étant concernée par le logement conçoit un abri de premier secours standard. Ne sachant pas où aura lieu la prochaine catastrophe, cet abri doit pouvoir s’adapter à divers environnements et sera, au moment venu, déployé par centaines, voir par milliers dans le pays affecté par le désastre. Mais les ONG évaluent d’abord si ces refuges sont compatibles avec les besoins et le climat du pays victime du
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
reconstruction des habitats permanents ou, lorsque les abris seront mis en place,
désastre. S’ils ne sont pas adaptés, elles n’en enverront pas. Certains organismes laissent alors la place à d’autres ONG ou proposent un autre mode d’intervention. Nous pouvons observer quelques critères de conception des abris de premier secours, selon l’IFRC* (International Federation of Red Cross and Red Crescent societies) : « Au-delà de la survie, les considérations majeures dont il faut tenir compte sont : - protéger du climat - garantir l’intimité et la dignité - assurer la sécurité des individus. »1 Les priorités se trouvent être tout d’abord la sécurité des occupants, face au climat, aux agressions, aux vols etc, et la préservation d’une certaine intimité. Ces abris sont conçus alors comme un moyen d’isoler un minimum chaque individu avec sa famille pour les protéger d’éventuels aléas. Ils se présenteront souvent sous forme de tente en kit montable par la famille en question. Le transport 1
IFRC, What we do in shelter, traduit de l’anglais par Joanne Mayhew, www.ifrc.org
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Création d’un abri avec une bâche UNHCR à Nyumanzi, Uganda, 2013 - HCR/Frederic Noy
Tente UNHCR pour les réfugiés en Jordanie, 2015 - UNHCR
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est une contrainte importante dans la conception du produit. Il demande à être compact, léger, parfois empilable, tout en gardant les qualités nécessaires pour les futurs occupants. Beaucoup d’organisations choisissent de le concevoir sous forme de sac contenant les composants, d’autres encore optent pour une caisse.
personne. On cherche à faciliter un maximum le montage pour permettre aux sinistrés de participer aux actions de relogement. Quant aux représentants des ONG, ils ont pour mission d’expliquer le montage du kit et son utilisation sur place. Certains organismes envisagent déjà dans la conception des abris de premier secours la réutilisation de plusieurs matériaux dans la phase de reconstruction. Il est important de s’inscrire dans l’optique de la reconstruction des villes dès la première phase d’intervention. Les abris de premier secours risquent de devenir permanents s’ils ne tiennent pas compte d’une logique de développement, ce
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
Les abris sont livrés avec un mode d’emploi accessible à tout type de
qui pourrait aggraver l’état du pays. Après la conception de l’abri par une ONG vient l’étape de la production. Elle se déroule dans une entreprise bien établie qui dépend de l’organisation conceptrice. Tout d’abord, la quantité produite avant la catastrophe est gardée en stock dans un entrepôt par prévention. Cette méthode supprime le temps d’attente généré par la production des abris. Mais la durée de stockage reste limitée, les matériaux s’altèrent et deviennent moins solides au fil du temps. La quantité produite en amont doit donc rester modérée car si elle n’est pas utilisée durant la période prévue, les conséquences seront de grandes pertes financières. Ce stock peut être réparti dans divers entrepôts dispersés sur le globe pour pouvoir intervenir depuis l’endroit le plus proche et le plus rapidement possible. L’UNHCR* (United Nations High Commissioner for Refugees), un programme de l’ONU très présent dans le domaine de l’intervention post-catastrophe, possède 3 centres de stockage : un à Dubaï, un à Copenhague et un à Durban (Afrique du Sud). Chacun de ces centres abrite un stock de 50 000 tentes pour une intervention massive et rapide. Cela équivaut à loger provisoirement environ 250 000 personnes touchées par un désastre.1 1
Selon www.unhcr.org/fr
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Arrivage de Shelter Box à Arunachalum, Sri Lanka, 2009 - Mike Greenslade
Eléments du Shelter Kit - Shelterbox International
Tente Shelterbox déployée au Nigeria, 2012 - Shelterbox International
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L’organisation fabrique deux types de tentes : - Une tente légère et compacte fabriquée rapidement mais avec une durée de vie et de stockage limitée pour un prix de 393 euros l’unité - Une tente renforcée qui est plus durable et coûteuse, utilisée notamment
L’UNHCR distribue aussi des bâches qui permettent d’isoler ou de couvrir certains bâtiments endommagés. Shelter Box*, une autre organisation humanitaire, est aussi impliquée dans ces deux types d’actions : l’abri en kit et la protection de bâtiments affectés par le désastre. Comme son nom l’indique, les ressources arrivent sous forme de caisses en PVC dont le contenu varie selon le lieu d’intervention. Mais elles contiennent systématiquement une tente familiale, des lampes solaires, du stockage pour l’eau, un kit de purification, des couvertures et des ustensiles de cuisines, tout cela pour un prix approximatif de 840 euros l’unité. Ces objets permettront à une
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
en Inde et au Pakistan, pour un prix de 655 euros l’unité
famille de reprendre peu à peu une activité normale. Cette organisation a aussi conçu un Shelter Kit en plus de la Shelter Box qui pour 100 euros contient une sélection de matériaux pour créer un abri ou protéger un édifice endommagé. Il s’adapte aux besoins rencontrés sur place. Après le séisme au Népal en 2015, ces deux systèmes ont déjà pourvu un abri pour 68 000 personnes.1 Les abris de premier secours, comme nous avons pu le voir, sont conçus avec des matériaux de faible durabilité dans l’optique d’une utilisation éphémère. Malheureusement, dans certains cas, leur utilisation se prolonge alors que leur efficacité diminue. Les occupants font face à des fuites d’eau, des brèches, les rendant vulnérables au climat. Les agressions et les vols ne font qu’aggraver la situation. Mais il est difficile de combattre ces problèmes ponctuels entre les occupants étant donné la fragilité de ces abris. Certaines personnes tentent de consolider par eux-mêmes ces structures pour qu’elles durent jusqu’à l’arrivée d’un meilleur logement. Elles doivent au fur et à mesure investir toutes leurs économies dans la réparation de l’abri. 1
Selon www.shelterbox.org et www.shelterboxusa.org
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ElĂŠments du Better Shelter - Ikea Foundation
Better Shelter - Ikea Foundation
IntĂŠrieur du Better Shelter - Ikea Foundation
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Cela donne naissance à ce qu’on peut appeler un bidonville : une agglomération de baraques légales ou non, construites avec des matériaux récupérés. L’évolution de ces abris vient à poser des problèmes d’hygiène causés par l’humidité et le manque de réseau d’eau et d’évacuation. La santé des habitants se détériore et
• LES ABRIS TEMPORAIRES Quelques semaines après avoir déployé les abris de premier secours, émergent les abris temporaires qui les remplaceront. Cette solution est élaborée avec des matériaux plus solides et est prévue comme une phase intermédiaire entre l’abri de premier secours et la reconstruction de l’habitat en dur. On peut prendre pour exemple le Better Shelter. Cet abri temporaire est conçu par l’entreprise suédoise Ikea* en partenariat avec le HCR* (High Comissioner for Refugees) pour venir en aide aux réfugiés. Il est livré en kit et
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
cause d’autres pertes humaines.
peut être monté en 4 heures sans outils. Son prix unitaire s’élève à 1075 euros et sa durée de vie est estimée à 3 ans. Ses parois sont constituées de plaques de polyoléfine* interchangeables reposant sur un châssis en acier. L’abri possède une lampe et un port USB qui permet de recharger un téléphone, fonctionnant grâce à l’énergie d’un petit panneau solaire, quatre petites fenêtres et des rideaux de séparation. On peut y accueillir une famille de 5 personnes.1 Les abris temporaires présentent des inconvénients dans le processus de restauration du pays. La plupart de ces constructions sont à usage unique. Quand ceux-ci seront arrivés en fin de vie, il ne sera pas possible de les réutiliser tels quels. Certains matériaux pourront éventuellement être recyclés mais le processus peut être très lent. Une grande partie des fonds aura été investie dans cette phase. Il ne reste alors que peu de ressources financières pour la reconstruction pérenne de la ville.
1
Selon www.bettershelter.org
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Montage d’un abri transitionnel en bois en Haïti - Habitat for Humanity Japan
Abri transitionnel en bois en HaĂŻti - Habitat for Humanity Japan
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• LES ABRIS TRANSITIONNELS Pour pallier aux inconvénients des abris temporaires, on voit maintenant se développer des solutions d’abris transitionnels conçus pour éviter le gaspillage de comme une transition vers la reconstruction en permettant aux propriétaires de les transformer, quand le financement est disponible, pour arriver à une construction « dure ». Les deux types de structures sont les abris améliorables et les abris recyclables. Ces systèmes semblent être la solution aux abris temporaires qui s’éternisent et à l’épuisement de nos ressources. Ainsi de nombreuses ONG tentent d’apporter leurs innovations à la question de la transition « douce » entre l’abri de premier secours et la reconstruction. Je propose d’analyser quelques exemples d’abris transitionnels qui ont été mis à l’essai lors de catastrophes naturelles.
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
matériaux et de fonds dans la phase passagère. Pour cela, ces abris sont pensés
Habitat for Humanity Transitional Shelters Après le séisme survenu à Haïti en 2010, l’organisation Habitat for Humanity* a pourvu un système d’abri transitionnel pour se préparer à la saison des pluies. Certains composants sont fixés pour résister à d’éventuels cyclones ou séismes. La superficie couverte est similaire à d’autres abris mis en place : 18 m². Elle est déterminée selon la famille type haïtienne. En moyenne, ces familles sont composées de 5 personnes et pour chacune d’elle il faut disposer de 3,5 m². Il est possible d’agrandir le logement en y ajoutant d’autres modules. L’unité coûte approximativement 290 euros. Habitat for Humanity propose deux variantes de matériaux : la structure bois ou la structure acier. Elles possèdent toutes deux des contreventements métalliques et une toiture en tôle ondulée galvanisée avec des fixations résistantes en cas de catastrophe. Des seaux remplis de béton auxquels sont fixées des platines métalliques joignent la structure au sol. Ces modules pourront évoluer de plusieurs façons. La structure en bois peut être recyclée et les matériaux réutilisés dans d’autres constructions. Tandis que 29
Vue extérieure de la Casa Elemental Tecnopanel - Elemental
Logements conçus par Alejandro Aravena en 2001 à Iquique, Chili - Cristóbal Palma
Modules améliorés, 2011 - Elemental
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la structure métallique peut être consolidée et devenir celle d’une maison permanente. Chaque élément peut être démonté et déplacé vers un autre terrain.1
à être agrandi rapidement pour que la famille puisse retrouver un mode de vie correct. Un atout majeur est sa mobilité car le terrain sur lequel il est d’abord installé ne sera pas toujours adéquat à long terme. Par contre, la structure et les matériaux utilisés ne semblent pas assez solides pour subir les aléas climatiques d’Haïti. Les occupants ne pourront pas améliorer assez rapidement leur abri pour qu’il n’ait pas à subir de telles contraintes. Casa Elemental Tecnopanel
L’agence Elemental* a conçu pour le Chili une unité de logement
transitionnel disponible en plusieurs tailles, 24 m², 30 m² et 36 m². Elle s’adapte
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
Ce modèle est un abri transitionnel basique. L’espace est réduit et demande
donc au type de famille concerné. Le plus petit modèle est vendu 1860 euros. Les éléments sont montables en un jour avec une main d’œuvre de 3 personnes. Les différentes parties s’imbriquent les unes dans les autres ce qui permet un montage rapide et accessible à tous. L’abri est constitué de panneaux « sandwich » de deux planches OSB d’une épaisseur de 11,1 mm tenant une isolation en polystyrène de 53 mm. Il comprend deux fenêtres en polycarbonate alvéolaire et une porte d’entrée. Le tout est posé sur des pieux liés au plancher en panneaux « sandwich » lui aussi. Un revêtement extérieur imperméabilise le tout. Le module de base peut être consolidé au fur et à mesure grâce à d’autres matériaux. Les habitants peuvent ajouter à leur logement des revêtements, des meubles, des séparations ou même d’autres unités du même type. Mais les panneaux peuvent aussi être réutilisés pour la construction d’un logement permanent. Alejandro Aravena*, fondateur d’Elemental, en donne un exemple dans son complexe de « demi-maisons » à Iquique au Chili. Son concept est de proposer des habitations à bas prix dont les occupants pourront ensuite construire la seconde moitié par eux-mêmes.2 1 2
Selon www.habitatjp.org Selon www.elementalchile.cl
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Montage du Uber Shelter - Uber Shelter
Le Uber Shelter en HaĂŻti, avril 2011 - Laurel Cummings
Quelques configurations du Uber Shelter - Uber Shelter
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Cette solution me semble intéressante car l’enveloppe est plus solide que d’autres abris transitionnels ce qui la rend plus sécurisée. Les habitants auront probablement plus de facilité à réutiliser ou consolider les composants qui sont moins complexes à transformer que dans l’exemple précédent. Ces forme, la couleur et l’organisation de leur construction. Mais les panneaux OSB nécessitent d’être bien étanchéifiés car l’eau peut pénétrer facilement dans le matériau et le détériorer. De plus, la structure initiale du module semble peu résistante en cas de séisme. Uber Shelter Ce projet, initié par des étudiants du Maryland Institute College of Art (MICA), propose une alternative aux structures en bois que suggèrent d’autres ONG dans le domaine des abris transitionnels. Le modèle s’élève sur 3 plateformes à des niveaux différents et propose 18 m² intérieurs avec 6 m² d’extérieur couvert.
A GESTION DES URGENCES APRÈS LE DÉSASTRE
transformations permettent aux occupants de retranscrire leur identité par la
Un module basique coûte environ 1400 euros. Différentes configurations sont possibles selon les besoins. Il est composé d’une structure métallique supportant une enveloppe en acrylique cellulaire. Il dispose d’une bonne ventilation et d’une bonne étanchéité bien que l’enveloppe ne soit pas épaisse. Les planchers sont constitués de plaques de bois supportés par la structure métallique. Une de ses particularités est l’usage de pieds télescopiques qui peuvent s’adapter au dénivelé du terrain. Après une première visite à Haïti pour tester ce nouveau modèle, les concepteurs ont réalisé qu’il n’était pas toujours adapté aux risques ou aux besoins des occupants dans son organisation et sa matérialité. Le module a donc subi certaines modifications. Ils ont ajouté des planches de bois derrière les plaques d’acrylique pour plus de sécurité face aux agressions. Le toit en toile a été remplacé par de la tôle en acier. Ils ont aussi ajouté des étagères à l’intérieur et un porche devant.1 Le budget du projet n’étant pas très élevé, il semble que l’abri n’ait pas été déployé en grande quantité. Mais dans un projet de masse, on peut étendre ces 1
Selon www.ubershelter.blogspot.fr et www.archdaily.com
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modules à volonté ou en créer des communautaires. Ils peuvent être améliorés par les habitants pour un budget relativement faible. Ce projet est innovant par sa forme et son organisation. Mais on peut voir présents à Haïti. Les composants peuvent être difficiles à améliorer ou à réutiliser étant donné leur fragilité. Un point positif est l’écoute des concepteurs face aux remarques des occupants pour retravailler leur modèle. Cela permet d’améliorer progressivement leur confort. Contraintes de conception d’un abri transitionnel Ce nouveau type d’abri, intéressant pour les architectes comme pour les étudiants, se décline sous diverses formes et laisse place à des innovations architecturales. Après avoir observé ces 3 cas nous pouvons énumérer certaines contraintes dans la conception d’un tel module.
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qu’il n’est pas adapté dans sa matérialité aux risques cycloniques et sismiques
Premièrement, l’abri transitionnel doit être résistant en vue de son utilisation à long terme, ce qui n’est pas toujours le cas. Ses composants et leurs matériaux demandent tout de même à être recyclables et proposer diverses évolutions aux occupants. Ces améliorations doivent être aisément opérables pour que les habitants puissent s’en charger eux-mêmes et s’entraider. Il est nécessaire que l’abri soit adapté aux besoins de la population dans son organisation et sa forme. Pour cela, les ONG responsables d’un tel projet feront une étude plus approfondie des habitudes pratiquées dans la ville ou la région dans laquelle sera implanté le module. Contrairement aux abris de premier secours, il sera conçu en fonction du pays d’implantation. On ne pourra donc pas préfabriquer bien à l’avance les éléments le composant. Le délai de conception sera donc plus long qu’un abri temporaire standard, ce qui me pousse en effet à confirmer que la première phase d’abri de premier secours est inévitable. La prise en compte des avis des occupants est essentiel pour apporter les améliorations nécessaires. Les concepteurs du Uber Shelter, à titre d’exemple, ont su réadapter leur modèle en analysant les réponses des habitants. Cela 35
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contribue à la durabilité de l’abri. En effet, certains abris seront abandonnés car ils ne correspondent pas à la façon de vivre des sinistrés. Enfin, nous pouvons observer que les abris transitionnels et leurs situation économique complexe, il n’est pas toujours possible de pourvoir aux fonds nécessaires pour les sinistrés. Ces logements seront alors éventuellement financés par les futurs occupants eux-mêmes et c’est pour cela qu’ils doivent être à faible coût tout en gardant une qualité de construction optimale. Selon les cas, d’autres contraintes sont susceptibles d’émerger dans le processus de conception. Ces critères ne sont pas toujours respectés par les concepteurs et cela engendre divers risques pour la population et pour le pays entier. • LES RISQUES ENGENDRÉS PAR LE SYSTÈME D’ABRI TRANSITIONNEL
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améliorations doivent être financièrement accessibles. L’État étant alors dans une
Le choix du site pour la construction d’un groupe d’abris transitionnels à améliorer est primordial. Il deviendra l’habitat permanent des familles qui occupent ces modules. Malheureusement, un terrain n’est pas toujours disponible dans l’immédiat et peut demander une longue période d’attente avant d’être constructible. Mais bien que l’État choisisse généralement le lieu d’implantation, la population a son regard propre sur le lieu et, de ce fait, a son mot à dire. Si le site est inadapté, il risque alors d’y avoir abandon des abris transitionnels. Ce phénomène est aggravé si ces derniers ne sont pas démontables ou mobiles pour pouvoir, au bout d’un certain temps, être déplacés vers un terrain adéquat. Un second risque à prendre en compte est lié à la gestion économique de la crise. Le relogement paraît être la priorité des sinistrés. Mais ils accordent aussi une grande importance à retrouver un emploi pour générer un revenu et subvenir aux besoins de leur famille. Cela permettra notamment d’améliorer l’abri transitionnel et de scolariser à nouveau les enfants. Mais parfois, les fonds sont dirigés vers le relogement sans apporter de possibilité d’emploi pour les individus qui ne peuvent que rester passifs.
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La vie économique du pays doit reprendre pour que chacun puisse subvenir à ses besoins par lui-même et que les abris ne soient pas bloqués à un stade précaire. Pour leur production, une grande partie du financement des opérations, au lieu de rester dans le pays sinistré, sera versé à des entreprises étrangères. Les locales qui pourraient relancer ce cycle économique. On peut donc observer que, sous certaines contraintes géographiques ou financières, l’abri transitionnel prend beaucoup de temps à devenir un véritable logement. La population risque d’être continuellement déplacée d’un site inadéquat pour une occupation à long terme à un autre sans pouvoir retrouver une stabilité économique. Cette solution ne répond pas toujours aux difficultés économiques et climatiques à la suite d’une catastrophe naturelle. Comment le pays se réorganise-t-il pour subvenir aux divers besoins des sinistrés dans une telle situation ?
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fonds sont donc redistribués à l’international au lieu de favoriser des entreprises
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LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE Les catastrophes naturelles bouleversent l’organisation matérielle du pays mais aussi sa structure sociale, économique et politique. Pour un bon déroulement humaines, matérielles et financières. Plusieurs organisations extérieures au pays vont travailler en collaboration et en relation avec des organisations locales et l’État. Ce dernier joue le rôle de coordinateur des intervenants sur le site du désastre. Il s’occupe des procédures administratives, décide de quelles opérations sont engagées et s’assure de leur légalité. Ce rôle sera plus ou moins tenu par l’administration du pays selon ses capacités après la catastrophe. Mais il est primordial de maintenir l’ordre pour ne pas s’engager dans une reconstruction chaotique. L’État pourra aussi faire appel a une organisation étrangère, comme UNHCR* (United Nations High Commissioner for Refugees) ou IOM* (International Organization for Migration), pour assurer la coordination entre les différentes interventions.
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
des opérations, il est indispensable de mettre en place une gestion des ressources
Afin d’organiser le relogement temporaire de la population il est nécessaire de trouver des terrains d’accueil où seront ensuite déployés les abris. Je souhaite premièrement évoquer quelques généralités sur le processus habituellement utilisé pour choisir les lieux de nouvelles implantations.
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Camp d’abris de premier secours après le typhon Hayian aux Philippines, décembre 2013 - Ted Aljibe
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• LE CHOIX DES SITES DE RELOGEMENT TEMPORAIRE OU PERMANENT Bien que les acteurs de la reconstruction s’organisent et se hiérarchisent peu à peu, la population reste en attente d’un lieu de vie durable. Elle se retrouve rapidement les mouvements de population, qui peuvent être handicapants pour retrouver un emploi et une vie familiale, en leur offrant notamment un habitat qui puisse devenir permanent. Quels critères permettent de choisir le nouveau lieu d’implantation temporaire et permanent ? Quelles démarches sont nécessaires ? Le site de campement pour les abris de premier secours Après que les ONG* sont intervenues pour sécuriser les bâtiments encore sur pied, une partie de la population est déjà abritée dans ces refuges. Mais il reste encore des milliers de personnes à reloger de manière temporaire. Les abris de premier secours sont tout d’abord montés de manière spontanée par les habitants eux-mêmes. Ils se rassemblent après la catastrophe
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dans une situation précaire et parfois nomade. Il est nécessaire de stabiliser
pour former des groupes de familles et établissent un campement improvisé où l’espace est disponible, que ce soit en ville ou en milieu rural.1 Quelques heures après la catastrophe les ONG prennent possessions de certains sites pour établir des campements organisés où seront rigoureusement mis en place les abris de premier secours. Ces terrains appartiennent à l’État ou à des propriétaires privés. Ils peuvent être réquisitionnés en cas d’urgence comme des biens d’utilité publique et dans ce cas les occupants sont obligés de les laisser aux mains des organisations de relogement. Les sites envisagés peuvent nécessiter un achat ou sont mis à disposition gratuitement dans la situation d’urgence pour une durée limitée. Les informations concernant les démarches administratives effectuées par ces organisations pour investir les terrains sont peu accessibles et nécessiteraient des recherches plus approfondies. Il convient en tout cas de nous poser la question Selon CTEGAP (Comité Thématique Evacuation et Gestion des Abris Provisoires), avril 2014, Réponse aux désastres : Abris d’urgence, habitat et regroupements, 108 p., www.iom.int
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de l’appartenance de ces terres et de la façon dont elles seront redistribuées quand l’état d’urgence sera terminé. Les ONG établissent aussi des points d’approvisionnement où seront nécessaire que les organisations internationales prennent connaissance des camps spontanés mis en place par les sinistrés, et les incluent dans leurs distributions. Sans quoi les habitants ne pourront que difficilement survivre. Les sites de camps organisés se trouvent en majorité dans la ville, où se concentre une grande partie de la population. Les terrains d’athlétisme, de golf ou encore les places publiques, qui n’ont pas besoin d’être déblayés, sont investis par les sinistrés comme nouveaux lieux de vie. A l’écart des villes, d’autres campements sont établis mais nécessitent un temps de transport des ressources plus long. Le site de campement pour les abris temporaires
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
distribuées les différentes ressources utiles à la vie des camps. Il est donc
Certains camps d’abris de premier secours évoluent pour devenir des camps d’abris temporaires pour un certain nombre d’années. Les tentes sont remplacées par des structures aux composants plus solides. D’autres sites ont été déblayés et deviendront alors de nouveaux campements temporaires dont la procédure d’acquisition sera similaire à celle des campements d’abris de premier secours. Mais l’abri temporaire a une durée de vie plus longue, il est donc nécessaire de prendre en compte ces trois critères de choix du terrain : le prix, s’il y en a un, la localisation et la sécurité. Le site doit être à l’abri de futures catastrophes telles que les répliques de séisme, les inondations ou encore les glissements de terrain. Le campement se dégradera s’il est exposé à ce genre d’événements. La vie de camp qui n’est normalement que temporaire se prolonge de plus en plus et devient même permanente. Les sinistrés sont bloqués dans ces campements qui durent parfois plusieurs années sans avoir accès à un vrai logement. Nous essaierons de déterminer quelle est la cause de ce problème devenu récurrent. 45
Campement d’abris transitionnels USAID/OFDA à Haïti - Chuck Setchell, USAID/OFDA
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Le site d’installation pour les abris transitionnels à améliorer Une reconstruction matérielle mais aussi un rétablissement psychologique est indispensable à chaque individu qui a besoin de retrouver des repères qui lui cette nécessité, l’idéal est que chacun puisse être relogé sur son emplacement d’origine même si son habitat n’est plus le même. Mais parfois les dégâts causés par le désastre rendent cette solution physiquement impossible ou, du moins, la repousse de plusieurs années. L’enjeu de retrouver sa communauté, ses habitudes, est un critère important pour déterminer l’emplacement des terrains d’abris transitionnels à améliorer, car il deviendra un lieu de résidence permanent. Le site peut se trouver en ville ou en milieu rural dépendant des lieux disponibles, il devrait répondre aux demandes liées au mode de vie des futurs occupants. Mais l’État n’a pas toujours les mêmes critères de choix que la population et risque de sélectionner un site qui ne convient pas pour des logements
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sont propres : sa famille, sa communauté, son lieu de vie etc. Pour répondre à
pérennes selon les habitants. Leurs exigences peuvent être liées à des croyances religieuses,des conditions climatiques ou encore la réputation du lieu. Cela nécessite donc une période d’étude des sites potentiels au préalable et une consultation des futurs occupants pour définir quel terrain sera choisi. A ce stade, une grande partie des fonds ont déjà été utilisés dans des solutions temporaires ce qui rend difficile l’achat de nouveau matériel ou de terres. De plus, le site du futur campement nécessite une préparation avant de pouvoir y installer les abris transitionnels. Par exemple, la terre devra être nivelée puis être couverte d’un gravier ou autre, une partie de la végétation sera défrichée, il faudra ensuite créer des routes et des dalles qui supporteront les abris. Notamment en raison de la rapidité de l’opération, ce qui peut être considéré comme un nouveau village est dénué de toute identité culturelle. Le choix délicat du terrain et sa préparation repoussent la construction de ce nouveau type d’abri et prolongent l’abri de premier secours qui n’est pas adapté à un usage de longue durée. Ce système mis en place il y a peu est donc fragilisé par divers facteurs. 47
Projet de logements Lumane Casimir en construction à Croix-les-Bouquets, Haïti, juillet 2012 - Anonyme
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Le site de reconstruction de l’habitat permanent Le terrain de reconstruction de logements permanents est choisi selon les trois mêmes critères que les terrains de campement longue durée : le prix, la compatible avec les types de structures qu’il va accueillir étant donné qu’il ne s’agira plus de constructions légères. Certains projets se situent en ville et consistent à planifier des îlots préalablement détruits par la catastrophe. Ils permettront, la plupart du temps, aux propriétaires du terrain avant le désastre de retrouver un logement permanent. D’autres projets se construisent en milieu rural. Si possible, les habitants reconstruisent leur maison à leur emplacement d’origine ou sur un terrain proche. Mais pour la population qui ne peut pas mettre en œuvre cette solution, des projets de logements neufs forment alors de nouvelles villes à l’écart des grandes agglomérations. En Haïti, par exemple, la ville Lumane Casimir a été construite à proximité de
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localisation et la sécurité. On peut y ajouter aussi la géologie du site qui doit être
Croix-les-Bouquets. Elle s’organise selon un plan orthogonal simple regroupant des maisonnettes en béton reproduites par centaines. Encore une fois, la question de la place pour l’identité des occupants est bien présente. Et comme pour l’acquisition des terrains d’abris transitionnels, les démarches administratives peuvent retarder énormément le processus de reconstruction des logements permanents. C’est une autre raison pour laquelle les campements se prolongent autant. La transition entre les phases de relogement précaire et solide peine à se faire et pendant ce temps l’état des abris s’aggrave ainsi que l’état sanitaire de la population. Il n’y a pas toujours de dialogue entre l’État et les sinistrés, cela peut créer des conflits dans cette tentative de reconstruction progressive et conduire à des projets dénués d’identité culturelle.
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Port-au-Prince après le séisme de 2010 en Haïti - www.rfi.fr
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De plus, le pays fait face à des retards de procédures administratives et de financement et parfois à un manque de terrains disponibles. Je vais tenter de comprendre ce qui peut causer ces défaillances du processus allant de la catastrophe vers la reconstruction à travers deux exemples : Haïti et le Népal. A des propositions, pour fluidifier cette transition d’un type d’habitat éphémère à un autre solide. • LE SÉISME DE 2010 EN HAÏTI J’ai souhaité prendre l’exemple d’Haïti car ce pays, un PMA* (Pays les Moins Avancés) a été le théâtre d’une des catastrophes majeures de notre époque. Il a été frappé, le 12 janvier 2010, par un séisme de magnitude 7,3 dont l’épicentre se trouvait à seulement 25 km de Port-au-Prince, la capitale. Haïti n’avait pas connu un tel séisme depuis le XVIII ème siècle. Dans les heures qui ont suivi, les habitants ont ressenti plusieurs répliques de magnitude 5,0 à 5,9. Puis le 20 janvier 2010, un second séisme est survenu de magnitude 6,1.
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partir de ces études de cas, je pourrai envisager certaines solutions, ou du moins
Ces séismes sont dus au mouvement de deux plaques en décrochement, mouvement horizontal, celle des Antilles et la plaque Nord-Américaine. Les répliques proviennent des réajustements des plaques après cette grande libération d’énergie. Le bilan humain est de 300 000 morts et de plus de 300 000 blessés. Heureusement, aucun tsunami ne s’est déclenché après le mouvement de plaques mais cette catastrophe a laissé 1,5 millions de sans-abris dans le pays. Impact de l’organisation foncière élaborée avant le séisme Le pays se trouvait déjà dans une situation sociale particulière avant le séisme : « En Haiti, toujours selon nos enquêtes, 68 % des citadins et 97 % des ruraux vivent dans des logements sur lesquels personne ne détient de titre juridique certain. »1 DE SOTO Hernando, 2010, Le Mystère du Capital : Pourquoi le capitalisme triomphe en occident et échoue partout ailleurs, traduction de LE SEAC’H Michel, Paris, Flammarion, p.42
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Bidonville à Morne Calvaire en Haïti, 2007 - Ricardo LOPEZ PINTOS
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Bidonville à côté d’un cartier en damier à Morne Calvaire en Haïti, 2007 - Google Earth
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Une grande partie de la forme urbaine découle de l’occupation informelle des sols et de l’auto-construction, particulièrement en zone rurale. Les habitants sont souvent des propriétaires illégaux aspirant à être régularisés après une vingtaine d’année d’occupation. La propriété foncière était déjà source de
Les grandes agglomérations comme Port-au-Prince sont tout de même plus réglementée d’un point de vue foncier. Bien que les édifices ne soient pas toujours de qualité, on remarque tout de même un découpage parcellaire en damier répandu dans plusieurs secteurs. Mais à certains endroits, comme à Morne Calvaire à Port-au-Prince, cette organisation côtoie l’implantation chaotique des bidonvilles. Dans l’ouvrage « Le Mystère du Capital », Hernando de Soto nous met face à un constat surprenant : « Dans le pays le plus pauvre d’Amérique latine, Haïti, la valeur totale des biens appartenant aux pauvres est cent cinquante fois supérieure à la totalité
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dysfonctionnement social.
des investissements étrangers reçus depuis 1804, date de l’accession à l’indépendance de cette ancienne colonie française. »1 Les édifices illégaux sont en réalité des richesses matérielles du pays rassemblées par les individus. Mais ces biens ne sont registrés dans le système administratif d’aucune façon. Cette situation a créé des difficultés majeures après le séisme. L’État était dans l’incapacité de savoir à qui appartenait certains terrains. Comment distribuer ces parcelles acquises illégalement à la population après le séisme ? Peut-on considérer maintenant que ces biens territoriaux appartiennent aux occupants de longue date ? Pour répondre à ces questions, il serait intéressant d’amorcer d’autres recherches et réflexions sur ce sujet, car c’est un débat que l’on retrouve dans diverses situations post-catastrophe mais auquel on ne peut pas répondre globalement. DE SOTO Hernando, 2010, Le Mystère du Capital : Pourquoi le capitalisme triomphe en occident et échoue partout ailleurs, traduction de LE SEAC’H Michel, Paris, Flammarion, p.14
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Zones de bâtiments endommagés à Port-au-Prince observés le 13 janvier 2010
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On remarque que tous les foyers ne peuvent espérer retrouver leur niveau de vie d’avant la catastrophe. Tous ont le droit d’accéder à un minimum de services pour subvenir à leurs besoins par le biais des associations humanitaires. Mais la désorganisation foncière existante avant le séisme peut amorcer des inégalités
Les premières aides apportées après la catastrophe ont été les ressources alimentaires et médicales. On a aussi procédé à l’évacuation puis l’évaluation d’édifices publics, un travail effectué par la FAU* (Fondation des Architectes de l’Urgence) : « En effet, tous les bâtiments ont été évacués: les médecins opéraient à même la rue, les habitants dormaient sur les trottoirs, les ONG travaillaient à l’extérieur… Les bâtiments évalués en priorité ont été les hôpitaux et les centres de santé, les bureaux administratifs de la fonction publique, les sièges logistiques des ONG d’urgence et les principales industries. Lors de cette première phase qui s’est étalée sur 2 mois, 138 bâtiments
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dans la répartition des aides auprès des sinistrés.
ont été expertisés et plusieurs lieux stratégiques ont pu être sécurisés ou ré-ouverts pour organiser au mieux l’aide et les soins aux populations. »1 On remarque que les actions ont donc d’abord été de nature collective pour ensuite se recentrer sur une aide individuelle. Les architectes humanitaires ont évalué l’état des habitations secouées par le séisme pour pouvoir comprendre quels quartiers ou secteurs nécessitaient une intervention rapide en vue du relogement. La stratégie envisagée est de réparer des édifices dans le centre de Port-au-Prince pour pouvoir loger les anciens occupants dans leur maison d’origine.
Fondation Architectes de l’Urgence, Projets mis en œuvre en Haïti depuis 2010, www.archi-urgent.com
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Projets de répartition des ports et aéroports et mise en place d’une « boucle routière » desservant tout le pays, mars 2010 - CIAT
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La stratégie de reconstruction globale pour Haïti1 La reconstruction est une opportunité de transformer le fonctionnement foncier du pays, qui, comme nous l’avons vu est sous certains aspects défectueux. Territoire) a mis en place un plan de réaménagement global. Le projet comporte 3 objectifs principaux : « - Réduire les inégalités sociales (éducation, habitat) - Rééquilibrer le territoire national en diminuant le poids de la région de Port-au-Prince - Enrayer le processus de dégradation environnementale pour sortir le pays de son état d’extrême vulnérabilité aux aléas naturels »2 Pour établir le plan de restructuration du pays, il était nécessaire d’évaluer les risques et avantages de chaque zone. De manière synthétique : - Zone Nord : risques d’inondation et moins de risques de cyclone - Zone Capitale : grand afflux de population à cause de la détérioration du reste du pays
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A l’échelle du territoire, le CIAT* (Comité International d’Aménagement du
- Zone Sud : risques cycloniques, hydrauliques, sismiques et haut potentiel touristique, agricole et environnemental Hormis ces aléas climatiques, le pays souffre globalement de déforestation causée par l’utilisation du charbon de bois comme source d’énergie domestique. Il faudra porter attention à la manière de reconstruire les édifices d’un point de vue thermique, structurel et matériel et y installer des réseaux adaptés. Pour que ce problème disparaisse, la population sera d’abord sensibilisée au respect de la nature. Puis, il faudra mettre en place la reforestation et trouver un substitut au bois et au charbon dans leurs utilisations domestiques. La question de l’énergie domestique est pour Haïti un enjeu majeur de la reconstruction.
Selon CIAT (Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire), REICHEN Bernard (avec l’appui de), SETEC (avec l’appui de), mai 2010, Haiti Demain : Objectifs et stratégies territoriales pour la reconstruction, République d’Haiti, 69 p., www.ciat.gouv.ht 1
CIAT (Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire), REICHEN Bernard (avec l’appui de), SETEC (avec l’appui de), mai 2010, Haiti Demain : Objectifs et stratégies territoriales pour la reconstruction, République d’Haiti, www.ciat.gouv.ht, p.5 2
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Nouvelle école de Bongnotte à Léogâne, mars 2013 - Société Nationale de la Croix Rouge Haïtienne
Occupation des îlots en damier de Port-au-Prince et leur dédensification schématique, mars 2010 - CIAT
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Ce diagnostic, permettant de saisir les principaux enjeux, mène à l’élaboration d’un plan des équipements et infrastructures qui seront répartis dans le pays, comme les aéroports, les ports, le réseau routier etc. La zone Capitale regroupe la majorité de la population. Il est donc prévu de mettre en les services. Une série de projets déclencheurs seront aussi mis en place pour donner de la visibilité à l’État dans cette phase de reconstruction. Ce sont en général des projets d’équipements publics ou de parcs. Par exemple, les écoles constituent une grande préoccupation pour les familles, leurs enfants doivent avoir accès à l’éducation pour assurer l’avenir du foyer et du pays. Depuis 2010, la nouvelle école de Léogâne a été construite ainsi que d’autres édifices publics. Concernant les quartiers d’habitations, l’État a mis en place différentes stratégies selon le type de logement. Pour les quartiers en damier à Port-auPrince, par exemple, des directives d’urbanisme sont imposées et les propriétaires prennent l’initiative de reconstruire selon le plan mis en place. Certains îlots
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
place un réseau de villes importantes pour désengorger ce secteur et mutualiser
vont donc s’évider pour laisser place à des parcs ou autres espaces publics de façon à faciliter l’accès des secours lors d’une future catastrophe. Pour des projets plus conséquents et de longue durée, l’État pilote l’opération publique d’aménagement. Les propriétaires des terrains concernés peuvent choisir de rester dans cette opération pour ensuite bénéficier de droits de construction ou d’en sortir avec une compensation monétaire pour leur terrain. Mais on remarque que le réaménagement du territoire ne s’est pas enclenché directement après la catastrophe et que certaines opérations se sont déroulées de manière désorganisée. Il a d’abord fallu faire face à une demande immédiate de logements et, pour cela, des abris de différents types ont été installés.
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Image © 2016 DigitalGlobe Image © 2016 DigitalGlobe
Vue aérienne du camp Corail, Haïti, 2010 / 2016 - Google Earth
Abris transitionnels au camp Corail, Haïti - Michael Seager
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Le relogement temporaire comme réponse à une population sans-abri Bien que seulement deux mois après le séisme un plan d’intervention territorial ait été établi, différentes associations ont tout d’abord amorcé des ou transitionnels. Prenons comme exemple le camp Corail au nord de Port-auPrince. « L’État haïtien a réquisitionné des propriétés appartenant soit à son domaine privé et dont la gestion a été confiée à des particuliers, soit des propriétés légalement détenues par des particuliers mais que la loi permet de déclarer d’utilité publique en cas de grande urgence. Par arrêté présidentiel en date du lundi 22 mars 2010, sont déclarées d’utilité publique environ 8 propriétés totalisant quelque 150 carreaux de terre et situées dans un polygone au nord de la capitale »1 Une partie des terres agricoles de la population a donc été réquisitionnée pour l’installation d’un camp d’abris de premier secours. Ces terres auraient pu constituer une opportunité de reconstruction à long terme pour les propriétaires
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
programmes de construction d’abris de premier secours puis d’abris temporaires
mais l’État a souhaité y établir d’abord un projet à court terme. A partir d’octobre 2010, les abris de premier secours ont été peu à peu remplacés par des abris transitionnels. Le camp ne dispose pas d’eau courante ni d’électricité, il doit donc être approvisionné régulièrement pour diverses ressources. Mais cette tâche s’avère compliquée car le site est à l’écart de la ville. Cette localisation isole les occupants du reste de la population ce qui peut avoir des effets négatifs. Le camp Corail s’est tout de même étendu peu à peu par l’arrivée d’une population qui s’est installée de manière aléatoire à l’extérieur de celui-ci. On remarque un fort contraste entre l’organisation du camp orchestré par les ONG et l’installation « naturelle » des nouveaux habitants aux alentours. Ces observations me conduisent à penser que l’organisation des campements ne correspond pas réellement au mode de vie des sinistrés.
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Timoun d’Haïti, Les Camps : ma nouvelle adresse en Haïti !, www.timoundhaiti.blogspot.fr
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Evolution du camp La Piste, Port-au-Prince, Haïti, 2010 / 2013 - Google Earth
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Après avoir pourvu des milliers d’abris aux Haïtiens, on constate que certaines opérations ont été des échecs. Les sinistrés refusaient parfois d’abandonner leur maison détruite pour occuper l’abri, car il ne convenait pas à leur manière de vivre d’un point de vue formel ou géographique et par peur de ne pas
D’autres opérations d’abri de premier secours se sont éternisées et ont mené à des conditions de vie regrettables. Ces structures précaires sont devenues permanentes et malgré l’installation d’abris transitionnels, deux ans après le séisme, la reconstruction n’a guerre avancé. « Les stratégies d’abris du type cabanes améliorées sont proprement et scandaleusement inadaptées au contexte pour les raisons suivantes : - On peut tout à fait construire des maisons permanentes dans les mois qui suivent une catastrophe, du reste depuis le séisme on estime que les Haïtiens ont reconstruit près de 50,000 logements sans l’aide de personne (soit 10 fois plus que les maisons construites par la communauté internationale). »1
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retrouver leur propriété à leur retour.
Le système de distribution d’abris par les ONG a aussi été l’objet de nombreux abus. On peut lire : « Une enquête de deux mois menée par Haiti Grassroots Watch (HGW), une collaboration journalistique d’investigation, dans les hameaux de Fonds d’Oies et de Cormiers, les sections dix et douze de Léogâne, a révélé que 34 des 84 familles à qui l’on a attribué des maisons temporaires ne les ont pas habitées, et que 11 familles se sont vues attribuer deux maisons provenant de deux organisations différentes. »2
COULOMBEL Patrick, Haïti : Stratégie de reconstruction scandaleuse : Des cabanes à la place de constructions définitives pour les Haïtiens, Communiqué de presse du 14 mars 2012, www. archi-urgent.com
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IPS / Haiti Grassroots Watch, Shelters don’t shelter Haiti’s needy, traduit de l’anglais par Joanne Mayhew, 15 mars 2012, www.ipsnews.net 2
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Dans cet extrait, une partie des familles situées à Fonds d’Oies et Cormiers, ne vit pas dans les abris temporaires ou transitionnels qui leur avaient été attribués et certaines ont reçu deux abris. Nous pouvons donc constater dans le cas d’Haïti un manque de coordination entre les équipes d’aides. Les rôles et les secteurs
De nombreux sinistrés ont aussi menti pour obtenir un second abri. Ceux-ci ne sont pas toujours utilisés pour agrandir le premier mais afin de le louer à une autre famille. Cette stratégie leur crée une source de revenus. Certaines familles, après de nombreuses distributions d’abris, sont donc encore logées dans leur maison détruite. Alors comment en sommes-nous arrivés là ? Il semblait que la meilleure option pour pallier au manque de logements après le séisme était l’abri transitionnel. Mais bien qu’il puisse être amélioré au fil du temps, il n’est pas pour autant déplaçable vers un terrain mieux situé. La localisation des habitats est bien un enjeu majeur qui influencera l’acceptation des structures proposées par les ONG. L’individu a tendance à privilégier la proximité de son entourage
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ne sont pas clairement distribués pour que les interventions soient équitables.
dans de telles conditions et souhaite retrouver un milieu qui lui est familier. Certaines stratégies des habitants pour générer du revenu nous amènent à poser la question du financement des opérations. La répartition du budget dans les projets de relogement Après de nombreux investissements dans des ressources temporaires, comme des abris, des bâches, de la nourriture, il ne reste que peu de fonds pour la reconstruction. L’installation d’abris temporaires et transitionnels a absorbé une part importante de l’aide financière apportée à Haïti. Ils sont pour la plupart fabriqués par des entreprises étrangères. L’aide financière apportée au pays est donc en grande partie redirigée vers des industries de fabrication à l’international.
«Il semble que les ONG et les entrepreneurs privés soient les principaux bénéficiaires intermédiaires de l’assistance en vue de l’aide humanitaire et la reconstruction et que le gouvernement haïtien n’ait reçu directement que très peu d’argent. Les fonds sont répartis en deux catégories: l’argent 65
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versé pour apporter une aide humanitaire immédiate, et celui dédié au redressement du pays à plus long terme dirigé vers la reconstruction et le développement. Les associations humanitaires, les ONG, les entrepreneurs privés et autres fournisseurs de services non-gouvernementaux ont reçu 99 d’un pour-cent. »1 En effet, moins de 1% de l’aide humanitaire est arrivé entre les mains du gouvernement haïtien. Les 99 % restant sont allés à des organisations internationales qui ont majoritairement investi dans des solutions de relogement temporaire. La pauvreté ne fait alors que s’accroître et l’on peine à relancer l’économie du pays. Le retard dû au manque de fonds pour la reconstruction peut engendrer des conséquences désastreuses dans le cas d’une nouvelle catastrophe naturelle. Les sinistrés n’ont pas accès à un nombre suffisant d’emplois ou à un salaire adéquat pour améliorer leurs habitations.
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
pour-cent de l’aide humanitaire, le gouvernement haïtien en a reçu moins
Bien qu’un plan d’intervention ait été mis en place rapidement par le CIAT, le pays se voit envahir par des ONG proposant chacune des solutions mais parfois sans coordination. Au lieu de travailler en étroite collaboration avec les institutions existantes du pays, certains projets sont développés de manière indépendante. Les Haïtiens semblent « subir » les interventions humanitaires plutôt que d’y participer activement pour reconstruire le pays. Les dépassements budgétaires ont conduit à l’exploitation de la population qui travaille aujourd’hui dans des conditions révoltantes. Beaucoup de sinistrés habitent encore dans des lieux non-sécurisés. L’ouragan Matthew, en octobre 2016, a encore aggravé la situation alors qu’une grande partie de la population vit encore dans des abris. Des solutions pourraient émerger si l’État haïtien reprend le contrôle de la reconstruction du pays.
RAMACHANDRAN Vijaya, WALZ Julie, mai 2012, Haiti : Where has all the money gone ?, traduit de l’anglais par Joanne Mayhew, CGD Policy Paper 004, Washington DC, Center for Global Development, www.cgdev.org, p.8
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Temple détruit par le séisme, Népal, avril 2015 - Two Circles
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• LE SÉISME DE 2015 AU NÉPAL Le Népal fait, tout comme Haïti, partie des PMA* (Pays les Moins Avancés). Cette région a été frappée par un séisme de magnitude 7,8 le 25 avril 2015. km de Pokhara, une autre grande ville. C’est le plus puissant séisme survenu dans le pays depuis 1934. Les jours qui ont suivi, plusieurs répliques de magnitude supérieure à 5 se sont manifestées. Puis le 12 mai 2015, est survenue une autre réplique majeure de magnitude 7,3. Le Népal est situé dans une zone instable de la planète où la plaque tectonique indienne s’enfonce sous la plaque eurasienne provoquant l’élévation de la chaîne montagneuse de l’Himalaya. Le mouvement de la plaque indienne est d’environ 2 cm par an mais c’est un mouvement soudain qui a provoqué la secousse. Cet évènement a aussi déclenché des avalanches sur le mont Everest et des glissements de terrain qui ont causé d’autres dégâts collatéraux. Le bilan humain est de plus de 8000 morts et près de 16 000 blessés. Selon
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
L’épicentre se situait à 77 km au nord-ouest de Katmandou, sa capitale, et à 68
l’ONU le 2 mai 2015, déjà 160 786 maisons ont été détruites et 143 673 ont été partiellement démolies. Après ces évènements, le pays doit faire face à la demande de centaines de milliers de sans-abris. Le Népal avant le séisme Avant le tremblement de terre, la situation politique du pays était en phase de remaniement. Le Népal s’apprêtait, en septembre 2015, à adopter une nouvelle constitution. Le séisme a eu lieu durant cette période de transition. Six mois après le tremblement de terre, certains partis politiques se sentant marginalisés ont alors bloqué la frontière avec l’Inde et ont coupé les relations avec le pays1. Nous verrons que cet évènement a eu des conséquences néfastes sur les interventions humanitaires.
AREFI Armin, Népal : Un an après le séisme, la reconstruction n’a pas commencé, 25 avril 2016, www.lepoint.fr
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Village de Langtang, Népal, décembre 2014 - Tararua1
Village de Chitre, Népal, février 1998 - East Med Wanderer
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D’un point de vue constructif, Katmandou semble avoir un parcellaire organisé, bien que peu d’informations soient accessibles sur ce point. Malheureusement, cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’une ville bien bâtie, c’està-dire adaptée aux risques du territoire. Les normes parasismiques ne sont pas les monuments historiques datant de plusieurs siècles. Le Népal est un pays au relief prononcé. Beaucoup de petits villages viennent se lover dans les montagnes et leurs vallées, ce qui les rend presque inaccessibles. Les habitants construisent avec des méthodes traditionnelles en utilisant ce dont ils disposent sur le site et probablement quelques éléments venant de la ville. La mise en place d’une stratégie claire Rapidement après le séisme, l’État népalais a pris position sur les types d’interventions opérés par les organisations humanitaires prêtes à se rendre sur place. La stratégie adoptée est d’exclure les ONG des problématiques de
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
toujours intégrées aux constructions en particulier pour les bâtiments illégaux ou
logement et de refuser aussi la construction d’abris transitionnels pour éviter la prolongation du stade précaire de ces abris. Les intervenants se concentrent donc sur la construction ou la reconstruction d’hôpitaux et d’écoles qui permettront aux enfants de réintégrer le plus rapidement possible le système d’éducation. La première étape était de pourvoir aux besoins médicaux et alimentaires des sinistrés. Certains villages ont été détruits entièrement, il a donc fallu déplacer les villageois vers un lieu de vie temporaire relativement proche de leur ancienne habitation. Ce site peut se situer dans la montagne dans un endroit plus facile d’accès ou dans une agglomération proche. Les habitants ne veulent souvent pas abandonner leur maison, il n’est pas garanti qu’à leur retour ils en disposent toujours. Certains profitent de cette situation pour prendre possession d’autres terres car, dans beaucoup de villages, il n’existe pas de trace administrative associant un individu à son unité foncière. Personne n’est donc sûr de retrouver ses biens à son retour, mais les besoins médicaux et alimentaires forcent les sinistrés à rejoindre un point de rassemblement rapidement. 71
Vue aérienne du camp de Chuchepati à Katmandou, entretenu par MSF, mai 2015 - Universidad Adolfo Ibáñez
Camp de Tundikhel à Katmandou, août 2015 - Zacharie Rabehi
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Plusieurs campements d’abris de premier secours se sont établis dans la ville de Katmandou et dans les zones rurales alentours touchées par le séisme, tout d’abord à l’initiative des sinistrés puis ordonnés par des organismes internationaux. La population s’est impliquée dans leur organisation en désignant les demandes des habitants. Cela permet aux ONG responsables des camps de leur venir en aide de la meilleure façon possible et d’amener la population à se prendre en charge petit à petit. L’aménagement de ces lieux de vie temporaires peut être spontané comme le camp Chuchepati à Katmandou ou organisé rigoureusement à l’exemple du camp Tundikhel lui aussi dans la capitale. Mais dans les deux cas, Les familles vivent dans l’insécurité et sont sujettes aux agressions et aux intempéries. Des programmes ont été mis en place pour les sensibiliser à ces risques. Cet état d’inquiétude constant ne leur permet malheureusement pas de se rétablir psychologiquement. L’impact des dégâts sur le transport
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
un responsable parmi les occupants. Sa tâche est de recueillir les remarques et
Le tremblement de terre a causé des dégâts en ville comme à la campagne. Les rues croulent sous les débris des bâtiments effondrés tandis que dans les montagnes, des voies d’accès sont bloquées par des éboulements ou des glissements de terrain. L’encombrement des infrastructures a considérablement compliqué l’acheminement des ressources en particulier dans les villages isolés et a empêché une réelle évaluation de la situation. L’eau, l’alimentation et d’autres matériaux de survie ont donc été transportés à pied jusqu’à certains villages en attendant le réaménagement des voies. En complément des débris déjà dans la ville, la démolition sécurisée des édifices instables a été engagée peu de temps après la catastrophe. Il a fallu rapidement évacuer les déchets pour ne pas aggraver l’état de la circulation. Le déblaiement s’est fait à la main sur la plupart des chantiers ne pouvant pas accueillir des machines, ce qui a créé des emplois pour les sinistrés souhaitant financer la scolarité de leurs enfants. Cette approche est intéressante d’un point de vue économique bien qu’elle ne prenne énormément de temps. 73
Déblaiement d’une place dans la vallée de Katmandou par des civiles et des soldats, avril 2015 - Laxmi Prasad Ngakhusi / UNDP Nepal
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Mais comme je l’ai mentionné précédemment, six mois après le séisme, la frontière avec l’Inde a été bloquée et cet évènement a eu aussi un impact direct sur l’acheminement de l’aide. Le Népal est très dépendant de son voisin pour les livraisons de fuel. Une pénurie de carburant a donc immobilisé pendant un qu’en février 2016, que les partis politiques concernés ont trouvé un compromis, mais les coupures d’électricité restent régulières. Ces obstacles, débris et problèmes politiques, retardent la reconstruction du pays. Les personnes ayant déjà reçu une assistance médicale auraient dû être ramenées à leur village d’origine pour rebâtir leur logement. Certains hameaux inaccessibles sont laissés pour compte et doivent réagir à la crise par leurs propres moyens. Bien que les ONG ne puissent pas intervenir dans la reconstruction de logements pérennes, ils y contribuent par d’autres moyens. L’aide limitée des ONG dans le relogement de la population Le Népal a reçu une aide financière venant de l’international, entre autres
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
temps un grand nombre de véhicules utiles à diverses interventions. Ce n’est
de l’Union Européenne et des pays comme les Etats-Unis ou la Chine. Une partie des fonds devait être redistribuée aux sinistrés pour la reconstruction de leur logement. Une fois que les habitants sont rapatriés sur leurs terres, ils peinent tout de même à se relever de la catastrophe. Beaucoup sont encore sous tente en attendant l’aide promise par l’État. Ce dernier doit pourvoir une somme approximative de 2000 $, soit 1850 euros, par foyer pour reconstruire les maisons démolies par le séisme. Seulement, cette aide tarde à arriver.1 La population se trouve dans une impasse car si l’État découvre que les maisons ont déjà été reconstruites, même si elles sont instables, il estime qu’une aide financière n’est pas nécessaire. Les sinistrés sont donc dans la problématique d’un choix entre reconstruire sans la somme versée par l’État ou patienter dans une situation précaire. BHAT B., GEIGER P., HERBER E., SCHORIES S., 24 avril 2016, Népal : où en est la reconstruction ?, Arte Journal, info.arte.tv/fr
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Formation des habitants d’un village par IOM pour une reconstruction résistante aux séismes, mai 2016 - IOM
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Les ONG se rendent utiles par d’autres moyens que la construction durant cette période délicate. Tout d’abord, elles proposent de former si besoin la population, hommes et femmes, pour qu’elle puisse reconstruire les maisons de manière durable en mettant en œuvre des normes parasismiques1. Peu à tranche de la population en respectant les méthodes de construction népalaises. Un plus grand nombre de familles pourront ainsi rebâtir leur habitat de manière autonome, sécurisée et durable. Le partage des connaissances constructives entre les acteurs de la reconstruction, habitants et humanitaires, procure à la population des avantages intéressants. Les futurs occupants peuvent rebâtir selon leurs besoins fonctionnels, formels et spatiaux en conservant leurs traditions. Tandis que les humanitaires apportent le recours aux techniques pour une construction pérenne afin de compléter, si nécessaire, les savoirs déjà acquis dans chaque région. Certaines organisations ont aussi conçu des projets de maisons-modèles en utilisant des techniques parasismiques, comme des maisons avec des murs
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
peu, les formateurs transmettent un savoir-faire parasismique à une plus grande
en gabions par exemple. Elles ont pour but d’aider la population à visualiser ce que pourrait être leur nouvel habitat. La diversité des traditions amène à créer un prototype selon chaque ethnie. Il est donc nécessaire d’étudier et de réutiliser des techniques de construction déjà en place. L’aide limitée des ONG dans le cas du Népal donne aux sinistrés une plus grande liberté dans la reconstruction et l’organisation de leurs maisons. Elle permet aussi de mettre en valeur les savoir-faire locaux qui sont une richesse à ne pas négliger. Parfois ce sont les matériaux qui limitent la durabilité de l’édifice. Au vu de ces avantages, ne devrait-on pas minimiser l’intervention des organismes internationaux pour la reconstruction des logements ? Ou du moins mitiger leur fonction sur le terrain ? Cette proposition nécessite tout d’abord que chaque foyer regagne une autonomie financière.
PANDAY Ganesh, 5 avril 2016, Foundation of Hope : Year one of relief, recovery and reconstruction in Nepal, The International Organization for Migration, 29min 12s, www.iom.int
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Avant / Après place Durbar à Katmandou, Népal - sandstoneandamber.com et EPA / NarendraShrestha
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L’importance de réengager l’activité économique du pays Il est nécessaire que les sinistrés retrouvent un emploi qui permettra de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches. Les hôpitaux et les écoles travail. L’histoire, la culture et les monuments historiques jouent un rôle important dans la vie économique du pays. Le tourisme est une partie essentielle du revenu de beaucoup de Népalais. Après la catastrophe, l’activité s’est rapidement réduite et cela est dû à l’atmosphère d’insécurité qui règne encore à Katmandou. La restauration de ces édifices n’est pas définie comme une priorité dans la reconstruction mais elle influence grandement l’économie du pays. Pour les communautés isolées vivant dans des villages, l’agriculture est la source principale de revenus. Rétablir cette activité agraire et un lien commercial avec les villes importantes est un point clé de la reconstruction. Des champs se sont déformés ou sont partiellement ensevelis sous les décombres. Il est donc
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
ne sont pas les seules structures publiques permettant à certains de trouver un
nécessaire de déblayer ces espaces et de restaurer les systèmes d’irrigation pour pouvoir à nouveau cultiver les produits. Ces cultures pourvoient aussi les ressources nécessaires à l’alimentation du village, les logements ne sont alors qu’une préoccupation secondaire. Bien que les estimations soient optimistes, la période de reconstruction peut se prolonger indéfiniment. « Elle [Bidhya Devi Bhandari, nouvelle présidente du Népal] sait que le pays vit du tourisme et que la reconstruction est urgente : « Nous avons besoin de deux ans pour rebâtir notre pays. » Kai Weise, l’architecte coordinateur pour l’Unesco et le gouvernement, est plus réaliste : « Il faudra dix ans pour effacer les traces du séisme. Et encore ! Le pays garde toujours celles de 1934… » »1
TRIERWEILER Valérie, Le Népal toujours sous les ruines, 17 décembre 2015, www.parismatch.com
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Avant / Après du village de Langtang - Lynda Paju et Mal Haskins
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Dans le cas du Népal, limiter l’intervention extérieure dans le domaine du logement a eu des effets positifs. La reconstruction a débuté peu de temps après la catastrophe. Une grande partie de l’action de restauration consiste à former la population et à leur donner les outils nécessaires pour agir sur le bâti. Les agissent en arrière-plan. • BILAN DE L’ORGANISATION DES OPÉRATIONS EN HAÏTI ET AU NÉPAL On peut observer que l’organisation politique et économique du pays avant le désastre est importante et l’organisation foncière l’est tout autant. Le manque de données sur les propriétés et le parcellaire avant la catastrophe aura un impact dans la répartition des biens. Si aucun registre des propriétés n’est mis en place, chaque habitant pourra à ce moment-là s’approprier des biens ne lui appartenant pas sans craindre de représailles de l’État. Il est alors primordial qu’un nouveau fonctionnement des propriétés soit développé avant une prochaine catastrophe. Les pays peuvent tirer parti de la situation post-catastrophe pour créer un système foncier adapté au fonctionnement économique.
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
sinistrés sont les acteurs prépondérants de la reconstruction et les humanitaires
Ce critère est d’autant plus important que les sinistrés souhaitent souvent reconstruire sur leur terrain d’origine. L’idéal est de recréer leur communauté et leur cadre de vie pour leur donner des repères et leur permettre de se rétablir après le désastre. La reconstruction sur site peut en effet dans ce cas-là être bénéfique. Malheureusement, ce n’est pas toujours la solution la plus rapide ni la plus viable. Cette possibilité est affaiblie par le manque d’accessibilité aux endroits les plus reculés. L’acheminement des ressources est en effet déterminant lors de la reconstruction si bien que certains villages devront fonctionner de manière indépendante. Pour mettre en pratique le savoir local dans la reconstruction, l’implication des habitants est une piste intéressante à exploiter. Ils peuvent ainsi avoir une part active dans la conception et la construction de leur maison pour créer des espaces qui leur sont réellement adaptés. On remarque que l’intervention massive d’organisations internationales peut défavoriser le pays et le rendre dépendant de leurs aides bien qu’elles ne proposent pas toujours des logements 81
En un an, les villageois de Laprak au Népal ont reconstruit 80 % des maisons par eux-mêmes, mai 2016 - Jérôme Decoster
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adaptés. Nous devrions donc rechercher une meilleure répartition des rôles dans la reconstruction. A travers ces deux exemples, on relève enfin un enjeu majeur de cette les individus ou pour le pays en lui-même. Le manque de fonds est une des raisons pour lesquelles la construction de logements permanents ou d’équipements est souvent retardée. L’aide financière est en grande partie utilisée pour des besoins immédiats tel que l’alimentation, les abris de premier secours ou la mise en place de réseaux provisoires. Les dons provenant des communautés internationales se réduisent peu à peu et ne peuvent pas être considérés comme apport durable. Alors comment recréer un fonctionnement économique global et individuel qui permettrait une progression constante de la reconstruction sans arriver à l’épuisement financier ? A l’échelle du territoire, rapidement chercher à renouer des liens avec les pays alentours et en créer de nouveaux permettrait de réenclencher des échanges
A LA RÉORGANISATION DE LA POPULATION ET DE LA VILLE
phase de reconstruction : avoir une source de revenus stables, que ce soit pour
commerciaux. En utilisant les ressources disponibles en temps de crise, sans pénaliser les sinistrés, un nouveau marché bénéfique au pays pourrait être créé. Un réseau commercial remis en marche le plus tôt possible assurerait le financement de la suite des travaux à effectuer. A une échelle locale, les architectes et constructeurs peuvent tirer parti de la culture locale, des matériaux et des savoirs constructifs. Au lieu d’importer des ressources de construction depuis d’autres pays développés, une autosuffisance du pays concerné pourrait être envisageable. Cette démarche aiderait à recréer de l’emploi et réduirait les pertes liées au transport de marchandises. Alors comment, de manière pratique, peut-on favoriser cette autosuffisance du pays touché par la catastrophe ?
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Village Lumane Casimir, des habitants ont installÊs des draps pour former une pièce entre les maisons, juillet 2014 - Corentin Fohlen
Village Lumane Casimir, juillet 2014 - Corentin Fohlen
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LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION Pour transformer peu à peu le processus de reconstruction des logements et compte les ressources disponibles sur place après la catastrophe. Ces dernières se présentent sous différentes formes concrètes ou plus théoriques et permettront de développer une nouvelle organisation du relogement de la population. Je propose donc quelques pistes qui favoriseraient un fonctionnement plus indépendant du pays à la suite d’un désastre. • UNE MEILLEURE APPRÉHENSION DE LA CULTURE LOCALE Certains logements permanents construits après la catastrophe naturelle ne sont pas adaptés à la manière de vivre des occupants que ce soit par leur forme ou leur organisation urbaine. Une partie des projets de relogement permanent est proposée par des organisations internationales basées dans un pays plus développé. Elles suggèrent des solutions innovantes mais qui ne sont parfois pas accessibles financièrement aux pays en voie de développement ou adaptées au mode de vie local. Le village Lumane Casimir à Haïti, par exemple, a été construit en 2012
A LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
l’amener à devenir un développement interne au pays, nous pouvons prendre en
par la firme dominicaine Hadom. Les maisons de 32 m² sont reproduites par centaines sur un terrain nivelé et dépourvu de toute végétation. Les postulants pour ces habitats doivent fournir une preuve qu’ils sont engagés dans une activité rémunérée afin de payer le loyer qui s’élève à 2500 gourdes par mois, soit environ 35 euros. Mais dans la situation d’Haïti, très peu de personnes ont accès à un travail et elles ne peuvent pas envisager de location. De plus, la construction de ces maisonnettes standardisées s’éloigne d’un mode d’habiter représentatif du pays.1
RITZAMARUM Zétrenne, Une visite au village Lumane Casimir, 11 février 2016, www.lenational.org
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Plan d’une maison traditionnelle rurale à 4 pièces - Li’nCS
Maison traditionnelle rurale construite en béton et en bois à Petit-Goâve, Haïti, 2013 - Li’nCS
Maison traditionnelle en bois déformée par le séisme de 2010, Haïti, 2013 - Li’nCS
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Les habitations inadaptées doivent alors subir de nombreux changements financés par les occupants eux-mêmes pour réadapter les constructions à leurs besoins. Comment leur créer un environnement adapté qui ne nécessitera pas de tels travaux ? L’architecture vernaculaire peut être une source d’inspiration logement sur plusieurs siècles et il est donc possible d’en retirer des principes de construction. Observons l’exemple des deux cas étudiés précédemment : Haïti et le Népal. La maison traditionnelle rurale haïtienne1 En Haïti, selon la région, les techniques de construction et les matériaux varient. Dans les zones sèches, les maisons sont construites de roche ou de torchis de boue ou de chaux. Dans le sud du pays, elles sont faites de pins Hispaniola et de feuillus locaux. Les familles utilisent les matériaux à disposition dans la zone où elles s’implantent. Mais le béton est de plus en plus présent dans la construction de ces maisons rurales et les structures en bois sont délaissées. Dans les différentes régions, on retrouve pourtant une organisation similaire. Les habitations sont souvent construites de plain pied, parfois sur une base en béton. Le nombre de pièces dépend de la situation familiale, les plus petites n’en auront que deux : l’une réservée au sommeil et l’autre au stockage. Chaque
A LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
dans l’élaboration de ces projets. Certains pays préservent leur patrimoine du
pièce peut en général s’ouvrir vers l’extérieur ou, du moins, est ventilée par une plaque de bois ajouré. Les activités, comme la cuisine, prennent place à l’extérieur de la maison, dans un espace appelé « lakou ». Il s’agit d’une cour commune partagée entre les voisins, souvent d’une même famille. D’autres activités ont lieu dans la galerie de la maison située sur sa face avant. Cette façade est comme « l’image » de la famille et reflète sa condition sociale. On observe que l’espace extérieur a donc une part importante dans la vie des haïtiens et l’intérieur de la maison est surtout utilisé durant la nuit. En cas de cyclone ou de séisme, les structures en bois sont moins dangereuses que celles en béton. Ces constructions légères ne feront que se déformer au lieu de s ‘effondrer sur les habitants.
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Selon www.lincs-asso.com
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RDC
R+1
Foyer
Espace principal
Galerie
Espace nuit
Plans d’une maison traditionnelle simple, à Salme au nordouest de Katmandou, composée d’une pièce au rez-de-chaussée et d’une autre au premier étage - Laura Mayhew
Balcon
Maison traditionnelle rurale à Kaski Ridge en pierres enduites, Népal, février 2009 East Med Wanderer
Maison traditionnelle rurale près de Changgu Narayan, Népal, mars 2013 - Gerben of the Lake
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La maison traditionnelle rurale népalaise1 Dans les zones rurales au Népal, les villages s’implantent en général dans des vallées fluviales ou le long des crêtes. Les maisons comportent un ou deux humides, ou des pierres parfois enduites, dans les régions sèches. Le toit est une structure en bois couverte de chaume, de tuiles ou de tôle. Les murs sont peints par les familles plus aisées. Les cabanes en bambou et en roseaux sont aussi très répandues. Les plus petites habitations sont constituées d’une chambre et d’une pièce pour la cuisine. Contrairement à Haïti les activités culinaires prennent place à l’intérieur. Le foyer, où sont cuisinés les plats, est une partie importante qui structure la vie familiale. L’avant de la maison est constitué d’un porche ou d’une galerie, similaire aux maisons haïtiennes, où se situe l’entrée. Par convictions religieuses, les maisons sont généralement orientées vers l’est qui est associé à la vie et sont organisées selon la topographie du site. Ces deux exemples nous montrent que selon les pays et même selon les régions, les résidents peuvent avoir une conception très différente de l’« habiter ». L’organisation de la maison est liée à des formes de traditions, d’habitudes et au climat qui resteront les mêmes après le séisme.
A LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
étages et sont construites avec des briques d’argile cuites, dans les régions
La solution pour construire de nouveaux logements adéquats ne se trouverait donc pas dans la création d’un nouveau type d’habitat mais dans une réinterprétation de l’habitat traditionnel de la région. Ce modèle est déjà adapté au climat et intègre les valeurs des familles locales. Préserver cette organisation permettrait aux sinistrés de retrouver plus rapidement une vie similaire à celle qui précédait la catastrophe et de valoriser leur culture.
Selon www.maison-monde.com et NEVERRE Thierry, TOFFIN Gérard, Un habitat de montagne au Népal : La maison des Tamang du massif du Ganesh Himal, Revue de géographie alpine, tome 73, n°4, 1985, p. 411-437
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La mise en place de ce processus de conception post-catastrophe L’architecture vernaculaire peut être un point de référence quant à l’organisation de la maison. En complément, la méthode de construction devra reconstruire leurs habitations par eux-mêmes. Mais les organisations humanitaires pourraient apporter une aide à la construction dans le cas d’une incapacité à mettre en place une structure solide. Cela demande tout d’abord à ce que les ONG recensent et analysent les différents types d’habitats dans la région touchée par la catastrophe pour pouvoir produire un modèle de maison. Un travail en amont pourrait être effectué par chaque pays soumis à des risques pour créer une base de données de l’habitat. Cela ferait partie d’un travail de prévention qui donnerait ensuite un accès plus facile aux informations pour les ONG en charge de la reconstruction. La récolte préventive de ces données de l’habitat serait un gain de temps considérable dans ce processus de relogement des sinistrés. Quant aux techniques de construction, les organisations humanitaires internes ou externes au pays peuvent apporter de nouvelles idées et méthodes qui aideront à reconstituer ces espaces de vie de manière plus solide. Mais une question se pose : comment peut-on envisager l’apport de matériaux de
A LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
toujours être dictée par les dangers propres à la région. Les sinistrés peuvent
reconstruction en prenant en compte des moyens financiers réduits et des réseaux de transports affaiblis ?
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Déchets générés par le séisme et le tsunami à Fukushima, Japon, mars 2011 - REUTERS/Aly Song
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• LES APPORTS D’UN SYSTÈME DE RECYCLAGE EFFICACE Une catastrophe naturelle génère une quantité énorme de déchets qu’il est indispensable d’évacuer pour rétablir les réseaux de transport. On évalue dégager les routes pour emmener les débris dans des décharges à l’extérieur des villes. Certains sont triés et recyclés pour créer des logements ou de nouvelles routes mais ce mode opératoire n’est pas utilisé systématiquement. On discerne 3 types de déchets principaux après un désastre : - Les déchets de construction (béton, acier, bois, briques, verre, PVC etc) - Les déchets ménagers (plastique, papier, carton, électroménager etc) - Les déchets biologiques (nourriture, plantes etc) Comment éviter la création de dizaines de décharges qui encombrent et figent une grande partie du territoire ? William McDonough* et Michael Braungart*, dans leur livre « Cradle to Cradle »1, explorent la possibilité de recycler les objets et les matériaux qui nous entourent. L’idéal évoqué dans cet ouvrage est de pouvoir tout recycler sans que le matériau ne perde de sa qualité. Cette dégradation est causée par l’ajout et le mélange d’éléments toxiques et qui ne sont pas de la même nature que le produit de base. Mais comme l’indique le titre de ce livre, la nature est l’exemple
A LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
ces matériaux en millions de tonnes. Les ONG et parfois les sinistrés travaillent à
d’un vrai processus de recyclage positif où tout revient au berceau (cradle). Les « déchets » de certaines plantes deviennent la nourriture des autres. Ce concept de « berceau à berceau » est transposable dans le domaine de la construction et de la production d’objets. Cela nécessiterait un changement de méthode de la part des industries et des entreprises de construction pour que les matières soient moins mélangées pour faciliter leur réutilisation. Le tri est donc une étape de base pour s’inscrire dans ce système de recyclage lors de la reconstruction. La création d’une base de données pourrait guider les moyens de recyclage pour chaque matériau. Cela nécessite que les architectes aussi développent un nouveau processus de conception des édifices en prenant en compte ces matériaux laissés à l’abandon. BRAUNGART Michael, MCDONOUGH William, 2009, Cradle to Cradle : Remaking the way we make things, Londres, Vintage Books, 192 p.
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Wang Shu sur le chantier pour son installation à la Biennale de Venise, 2010 - Lu Wenyu
Musée d’histoire de Ningbo conçu par Wang Shu, 2008 - Lv Hengzhong
Musée d’histoire de Ningbo conçu par Wang Shu, 2008 - Lv Hengzhong
Académie d’art de Hangzhou conçu par Wang Shu, 2007 - Zeng Han Photography
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La mise en œuvre des matériaux recyclés par l’architecte Wang Shu « Un tel processus ne ressemble en rien à ce qu’on voit sur des plans d’architecte. Il s’agit bien là de cette philosophie dont nous parlons : qu’un ensemble donné, avec ses normes déterminées, soit compatible avec des matériaux qui n’en sont pas ? Ce procédé, tous les artisans, même illettrés, le dominent parfaitement et cela aussi est remarquable. »1 Wang Shu* est un architecte chinois, basé à Hangzhou, qui explore les possibilités d’intégrer la culture chinoise à des bâtiments modernes. Il nous fait part de son point de vue dans cette conférence à l’école de Chaillot. Dans un monde de normes architecturales et constructives, comment intégrer des matériaux aléatoires à un nouvel édifice ? Il relève que cela nécessite une présence active de l’architecte sur le chantier et un apprentissage avec des artisans. En effet, ils maîtrisent chacun des matériaux spécifiques et deviennent des formateurs dans leur domaine. Le partage de ces connaissances durant le projet permet à l’architecte de concevoir un édifice dont la construction découle des éléments à disposition sur place. Wang Shu en fait la démonstration dans la conception du musée à
A LES RICHESSES DU PAYS INTÉGRÉES AU PROCESSUS DE RECONSTRUCTION
comment élaborer un tel système, imaginer une procédure qui permette
Ningbo, construit en 2008. En Chine le patrimoine historique bâti n’a que peu d’importance, il est systématiquement remplacé par de nouveaux quartiers. Cet architecte a donc pris le parti de réinterpréter d’anciennes constructions en utilisant la technique du « wapan ». Elle consiste à agglomérer une grande quantité d’éléments hétérogènes pour constituer une structure solide et des façades uniques. Wang Shu a donc utilisé les débris de la trentaine de villages détruits pour élaborer son bâtiment en les alliant avec des matériaux neufs comme le béton. Il constitue comme un cadre autour des éléments aléatoires formant la façade.
SHU Wang, DE MAZIÈRES François (Préface), GRUBERT Mireille (Préface), 2013, Wang Shu : Construire un monde différent conforme aux principes de la nature : leçon inaugurale de l’Ecole de Chaillot le 31 janvier 2012, traduction de GED Françoise, HORKO Krystyna et PÉCHENART Emmanuelle, Paris, Cité de l’Architecture et du Patrimoine : Ecole de Chaillot, 128 p.
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Construction Super Adobe en Iran après le séisme de 2005 - Cal-Earth Institute
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L’architecte reprend ce mode constructif dans un autre de ses projets : l’académie d’art de Hangzhou. Il explore aussi par ces techniques de recyclage le rapport du bâtiment avec le paysage. Les textures, les formes et les couleurs intègrent l’édifice à son environnement. Ces exemples nous conduisent à la et rapide dans une situation d’urgence ? Le recyclage ou la réutilisation des déchets de construction Le terme « déchet de construction » est très vaste et regroupe une grande diversité de matériaux chacun avec des caractéristiques qui lui sont propres. Beaucoup de ces déchets sont très lourds ou volumineux et il est nécessaire de trouver une alternative qui n’engage pas beaucoup de transport. Des frais supplémentaires seraient engagés et le travail serait ralenti par l’encombrement des routes. Les débris devraient majoritairement être transformés sur place. L’usage qu’on veut en faire déterminera le processus à engager. Mais il est indispensable d’avoir des connaissances solides dans le domaine de la réutilisation et du recyclage pour assurer la sécurité des futurs occupants d’une construction en débris. Il faudra donc envisager l’intervention de spécialistes.
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question : comment pratiquer un tel processus de conception de manière efficace
La solidité des déchets de construction nous permet de constituer des structures ou des enveloppes de bâtiments. Certains architectes ont déjà tenté de construire de nouveaux logements avec des produits locaux et recyclés. Nader Khalili*, architecte irano-américain, a développé un nouveau type de logement qu’il appelle « Super Adobe ». Il utilise des sacs de sables, de terre ou de gravier liés avec du fil barbelé pour constituer des murs et des voûtes solides. Ils sont ensuite couverts de terre et d’enduit. La construction est extrêmement solide et résistante aux aléas naturels. Il est donc possible de construire une maison de 22 m² avec ce système pour une somme d’environ 575 euros incluant tous les matériaux. C’est un logement permanent à faible coût et rapidement constructible. La quantité de matériaux 97
Confection des matelas en sac plastique, septembre 2016 - Anonyme
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neufs est très faible : ce ne sont que les sacs de polypropylène* et l’enduit servant de pare-pluie. Ce système permet de mettre à profit les éléments disponibles sur le site.
structure nécessaire et de son lieu d’implantation. Ils pourront être utilisés tant pour créer des routes que des bâtiments. Le savoir-faire local peut déjà donner des pistes pour transformer ces matériaux. Il serait envisageable de mettre en place des ateliers de réparations et de recyclage pour certains éléments pouvant être transformés par les sinistrés. Cela permettrait de créer une nouvelle activité économique faisant progresser la reconstruction. Le recyclage des déchets ménagers Ces éléments sont souvent moins solides que ceux de la catégorie précédente. Ils seront donc utilisés pour une autre fonction que la structure. Selon les matériaux, on peut envisager divers reconditionnements : un combustible, de l’isolation thermique, des objets d’utilité quotidienne etc. Les procédés de transformation sont aussi variés. Certains éléments seront fondus, comme le plastique, d’autres démontés comme les objets électroniques etc. Mais à cause de la variété des produits dont ils sont constitués, il est plus
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En conclusion, le recyclage des débris de construction dépendra du type de
difficile de les trier selon le matériau. Cela nécessite un travail rigoureux qui se prolongera dans la durée. Mais une autre possibilité consiste simplement à réparer ces objets. Certains projets peuvent être amorcés pour répondre à des besoins basiques de la population. Par exemple, dans le Tennessee aux Etats-Unis, un groupe du Second Baptist Church nommé les Bag Ladies a utilisé environ 52 000 sacs plastiques recyclés pour fabriquer des matelas pour les sans-abris. Ces nattes les protègent de l’humidité et leur apporte du confort supplémentaire1. Bien qu’il s’agisse d’un projet à petite échelle, il peut participer à réduire le nombre de déchets gaspillés et à améliorer les conditions de vie pour certaines communautés. 1
Selon www.abcnews.go.com
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Une habitante du village Lumane Casimir en HaĂŻti commence Ă cultiver la terre entre deux maisons, 2014 - Corentin Fohlen
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Le recyclage des déchets biologiques Les déchets biologiques peuvent être rassemblés pour former des compostes dont le produit serait disponible en tant qu’engrais. Il faut que ces toxiques. Cette procédure favoriserait une activité agraire après la catastrophe pour que l’alimentation des habitants soit de plus en plus indépendante des organisations humanitaires. Un terrain acquis par une communauté pourrait être réparti entre les habitants concernés afin que la culture subvienne aux besoins alimentaires de chaque foyer. Dans le village Lumane Casismir, les résidents essayent tant bien que mal de cultiver la terre aride entre les maisons. Il y a un manque de végétation sur le site, ce qui rend le climat dur à supporter pour les habitants. L’alimentation en eau par les citernes sur la toiture n’est pas non plus suffisante et réduit encore la possibilité de cultiver. Les diverses mises en œuvre des débris sont plus ou moins dépendantes de l’aide financière apportée au pays. La participation des habitants dans ce processus est précieuse. Le recyclage des déchets sera probablement lent dans certains domaines. Il se déroulera donc sur plusieurs années après le désastre et selon les besoins de la population. Toutefois, cette solution peut initier un nouvel
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détritus soient soigneusement triés et entreposés dans un lieu à l’abri de déchets
élan économique pour le pays et fournir de l’emploi aux sinistrés. Après avoir proposé une participation au recyclage, dans quelles proportions les habitants peuvent-ils intervenir dans la reconstruction de la ville et des logements ?
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Formation en Haïti par un membre des Architectes de l’Urgence - www.archi-urgent.com
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• LA PARTICIPATION DES SINISTRÉS DANS LA RECONSTRUCTION DES ÉDIFICES Pendant longtemps, la construction des nouveaux édifices était réalisée par changement de stratégie s’est opéré ces dernières années. Les organismes internationaux impliquent de plus en plus les habitants dans la reconstruction, ce qui procure de nouveaux avantages au pays touché par la catastrophe. Mais bien que la population travaille en partenariat avec les ONG dans la construction des édifices, la collaboration s’arrête souvent là. On ne peut qu’émettre des hypothèses quant à la raison de leur rôle réduit. Il peut s’agir d’un manque de confiance de la part de l’État ou des organisations internationales à l’égard des sinistrés. En général, ces derniers n’ont pas de pouvoir sur le choix de l’esthétique du bâtiment, le financement, ou la gestion des ressources. Les organisations mettent tout de même en place un apprentissage pour que les maisons soient auto-construites. Les formations à la construction Des formations sont mises en place, au Népal par exemple, pour l’apprentissage de techniques de construction par des associations comme
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les ONG avec une très faible participation des sinistrés. Mais il semble qu’un
les Architectes de l’Urgence*, Architectes Sans Frontière* etc. Cela permet de partager entre cultures des connaissances pouvant être utiles pour la conception de futurs bâtiments. Dans certaines régions, les techniques parasismiques n’ont pas encore été intégrées à la manière de construire des habitants. Cette phase d’apprentissage est bénéfique à la population locale et aux architectes de l’urgence. Les connaissances pourront se transmettre aux générations futures soumises elles aussi aux risques. Ces formations, qui sont maintenant courantes dans le cadre du travail humanitaire, ne peuvent être mises en place que si l’État accepte cette aide. Les futurs occupants des logements ou équipements doivent avoir un impact sur l’aspect et l’organisation du bâtiment. Dans cette optique, un système
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Les habitants reconstruisent le stupa Boudhanath Ă Katmandou, janvier 2016 Jazeera
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Niranjan Shresthto/Al
participatif pourrait amener les habitants à collaborer ensemble dans la création de logements adaptés aux besoins. La participation des sinistrés dans la conception des habitations reste tout Sliwinski sur un projet de logements d’entraide après un séisme à El Salvador. « Selon Dr Sliwinski , contrairement aux idées reçues et aux discours, le projet de participation de la communauté expérimenté à La Hermandad par différents organismes de la Croix Rouge était bien loin de créer cette atmosphère de bon voisinage que nous aurions pu théoriquement espérer. Elle a plutôt détecté des tensions sociales et des comportements hostiles dans la communauté, en contradiction avec le point de vue préalable (publié dans Shelter After Disaster) qui liait directement la réalisation du projet à la participation de la communauté. »1 En effet, bien qu’être associés au projet de reconstruction soit un avantage, les participants peuvent avoir des comportements hostiles. Des tensions sociales peuvent alors compromettre le bon fonctionnement de ce système coopératif. La réussite de la reconstruction ne dépend pas seulement de la participation de la population. Elle dépend aussi de la gestion et de la coordination de chaque membre ou chaque équipe du processus.
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de même difficile à concrétiser. Une étude anthropologique a été faite par Alicia
Dans un premier temps, des représentants pourraient chacun se faire porte-parole d’un groupe d’habitants ce qui permettrait de synthétiser les idées émises. Puis, peu à peu chaque individu spécifierait ses besoins pour son logement et influencerait directement la construction de son propre logement. Si les habitants endossaient effectivement ce rôle, alors les organisations internationales prendraient une fonction de consultants et de conseillers quant à la planification de la reconstruction. On a vu par exemple se développer le « user-driven approach » : une approche déterminée par l’utilisateur. DAVIDSON Colin H., JOHNSON Cassidy, LIZARRALDE Gonzalo, DE SOTO Hernando (Préface), 2010, Rebuilding After Disasters : From emergency to sustainability, Londres, New York, Spon Press, 283 p.
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Les agences extérieures au pays apportent les finances et l’expertise technique. Le reste est sous le contrôle des futurs utilisateurs ou, dans notre cas, des futurs habitants.
pour lesquelles on ne devrait pas chercher à éliminer toute aide extérieure au pays. Mais les nations touchées par une catastrophe pourraient tendre de plus en plus vers une auto-planification avec, à leur disposition, des techniciens extérieurs. Cela permettrait d’établir un plan de reconstruction qui répondrait réellement aux besoins des habitants. Mais ce système demande une excellente collaboration des acteurs qui peut commencer par la création de groupes de représentants et de comités.
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Le partage de savoir-faire technique et l’aide financière sont des raisons
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CONCLUSION L’aide apportée par les communautés internationales dépasse souvent le simple financement des projets. Elles introduisent dans le pays touché par la inadaptées au mode de vie de la population. Ces incohérences peuvent bloquer le processus de reconstruction des habitations à un stade précaire et empêcher la restauration d’un système économique efficace.
A CONCLUSION
catastrophe de nouvelles manières d’habiter et de construire qui sont parfois
Dans ce cas, les sinistrés ne retrouvent pas de source de revenus et vivent dans des conditions désastreuses comme en Haïti encore aujourd’hui. Mais durant mes recherches, j’ai éprouvé des difficultés à trouver des informations sur l’avis des occupants concernant les abris transitionnels ou les relogements permanents. Les problèmes d’inadaptation de ces nouvelles maisons semblent être dissimulés pour ne retenir que des retours positifs, ou ils sont simplement ignorés. Aucune solution de relogement permanent standard ne peut être mise en place indépendamment de son environnement. La réponse à la crise causée par la catastrophe dépend de chaque cas, des dégâts, de la façon de vivre, de la culture du pays etc. Dans ces situations, les habitants touchés par le désastre sont ceux qui peuvent au mieux définir leurs besoins. Les solutions adéquates se trouvent dans le pays dévasté mais en temps de crise, les organismes internationaux prennent le dessus pour tenter de reconstruire le pays. Pour prévenir cet état de crise, il est nécessaire d’instaurer, en amont de la catastrophe, un système foncier cohérent et efficace pour que chacun puisse être relogé sur une parcelle suffisante pour son foyer. Un programme de prévention à l’échelle du pays, des régions et des villes doit aussi être mis en place. Il consisterait à ce que chaque région génère un modèle d’habitation adapté à ses besoins selon les matériaux et les outils disponibles sur le site. Une organisation locale prendrait en charge la préparation de matériel d’urgence stocké sur place pour une intervention plus rapide et qui dépendrait des habitants seulement.
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La gestion du pays sera alors autonome pour reloger les sinistrés en générant une activité économique suffisante pour leur offrir un emploi. Ils seront engagés, à l’exemple du Népal, pour travailler à des formations, du recyclage, de la construction etc. Le rôle des organisations internationales est alors de aide financière à l’heure du désastre. La prévention passe aussi par la formation des architectes et constructeurs locaux. La prise en compte du climat et des risques liés au site doit être
A CONCLUSION
participer à la mise en place de ce programme de prévention et d’apporter une
la préoccupation première lors de la conception d’un édifice. Ces savoirs parasismiques, paracycloniques ou autres devraient être enseignés de manière plus appuyée dans les écoles d’architectures, y compris celles en France. Le Japon est un bon exemple dans ce domaine. La plupart des architectes sont préparés à concevoir des édifices résistants aux contraintes qu’ils subiront. La formation des architectes locaux et le partage du savoir-faire sont des conditions indispensables pour des constructions pérennes. Les recherches que j’ai effectuées ont changé mon regard sur ces situations post-catastrophe. Elles m’ont permis de déterminer un domaine, celui de la prévention, où je pourrai à l’avenir contribuer de manière efficace en prenant en compte la globalité du pays concerné. L’auto-construction peut devenir par la suite un système de reconstruction fondamental et programmé dans le relogement des sinistrés après un désastre. Chaque foyer, avec l’aide de la ville ou du village et guidé par les normes constructives établies avant la catastrophe, reconstruira son propre logement lui permettant de l’améliorer et d’arriver à un résultat plus solide, résistant aux contraintes climatiques. Pour définir la faisabilité de cette proposition, j’aurais souhaité approfondir mes recherches sur les méthodes de construction en Haïti et au Népal et comprendre quelle proportion de la population serait susceptible de reconstruire son logement par elle-même. Ces données permettrait de mieux définir le rôle attribué aux autorités du pays, aux habitants eux-mêmes et aux Organisations Non Gouvernementales.
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GLOSSAIRE • TERMES SPÉCIFIQUES
Construction par quelqu’un de sa propre maison. Bidonville :
A ANNEXES
Auto-construction :
Agglomération de logements précaires faits de matériaux de récupération et accueillant les populations défavorisées à la périphérie des grandes zones urbaines. Campement : Installation provisoire et rudimentaire. Épicentre : Point de surface terrestre où le séisme a été le plus intense. Il est situé au-dessus et à la verticale de l’hypocentre (point souterrain représentant la zone origine du séisme). ONG : Organisation Non Gouvernementale financée essentiellement par des dons privés et qui se voue à l’aide humanitaire sous une ou plusieurs de ses formes. Ce terme apparaît en 1946 dans la charte de l’ONU (Organisation des Nations Unies). PMA : Les Pays les Moins Avancés sont une catégorie regroupant les pays les moins développés socio-économiquement de la planète. Ils présentent les Indices de Développement Humain (IDH) les plus faibles. Ce qualificatif est créé en 1971 par l’ONU (Organisation des Nations Unies).
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Polycarbonate alvéolaire : Verre organique de la famille des polyesters, caractérisé par une excellente transparence et une grande résistance aux chocs, mis en œuvre en plaques rigides à double peau. Polyoléfine : Résine thermoplastique obtenue par la polymérisation des oléfines. Polypropylène : Résine thermoplastique obtenue par la polymérisation du propylène offrant une bonne résistance aux acides et aux alcalins. Elle peut être recyclée et est utilisée notamment pour les emballages alimentaires, les pièces techniques pour automobile, la moquette etc. Recyclage : Ensemble de techniques ayant pour objectif de récupérer des déchets et de les réintroduire dans le cycle de production dont ils sont issus. Travail humanitaire : Travail d’organisations pour le bien-être et le bonheur de l’humanité, l’amélioration de la condition des hommes ou le respect de l’être humain. Aide aux plus défavorisés au nom de la solidarité humaine.
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• ORGANISATIONS ASF : L’association Architectes Sans Frontières, fondée par Pierre Allard en 1979, qui respectent la diversité culturelle et sociale des populations et préservent leur héritage historique. Elle met en place des projets à l’international pour le relogement de personnes vivant dans la pauvreté, l’assainissement de leur lieu
A ANNEXES
a pour but de promouvoir une architecture et des méthodes de construction
de vie, l’installation de réseaux d’eau etc. L’organisation intervient aussi dans la mitigation des risques liés aux catastrophes naturelles et propose une aide après ce type d’évènements. Site internet : www.asfint.org Cal-Earth Institute : Le California Institute of Earth Art and Architecture est une organisation humanitaire qui s’applique à trouver des solutions d’abris grâce à la recherche, le développement et l’éducation dans le domaine de l’architecture en terre. Leur vision, guidée par l’architecte fondateur Nader Khalili, est que chaque individu peut construire sa propre habitation durable et sécurisée en utilisant la terre sous ses pieds. Leur rôle consiste alors à former les personnes afin qu’elles puissent construire ces édifices en SuperAdobe (technique de construction). Site internet : www.calearth.org CIAT : Le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire est chargé de définir la politique du gouvernement en matière d’aménagement du territoire, de gestion des bassins versants, de l’eau, de l’assainissement, de l’urbanisme et de l’équipement à Haïti. Il coordonne des actions qui permettront une réhabilitation de l’environnement haïtien, qui pour l’instant se détériore peu à peu. Site internet : www.ciat.gouv.ht ECHO : L’European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations est une commission qui vise à intervenir auprès des populations affectées par les catastrophes. Elle apporte les secours d’urgence de la part de l’Union Européenne dans le 115
monde entier à travers l’aide humanitaire et la protection civile. Site internet : www.ec.europa.eu/echo Elemental : Elemental est une agence d’architecture fondée en 2001 sous la direction de cinq partenaires : Alejandro Aravena, Gonzalo Arteaga, Juan Cerda, Victor Oddó et Diego Torres. Son approche est basée sur la participation du public et des utilisateurs dans le processus de conception. Après le séisme et le tsunami au Chili en 2010, l’agence s’est impliquée dans la reconstruction de la ville de Constitución.Site internet : www.elementalchile.cl FAU ou Architectes de l’Urgence : La Fondation des Architectes de l’Urgence, fondée en 2001 par Patrick Coulombel, est une organisation non gouvernementale qui a pour but de redonner aux personnes démunies après une catastrophe des conditions de vie décentes. Elle intervient à l’international auprès de la population après le désastre et dans des missions de sauvegarde du patrimoine culturel. De plus elle participe aux réflexions pour la reconstruction du pays. Site internet : www.archi-urgent.com Habitat for Humanity : Habitat for Humanity fut fondée en 1976 par un couple américain, Millard et Lynda Fuller. L’organisation vise à montrer l’amour de Dieu aux plus démunis en les aidant à construire ou améliorer leur maison. Elle mène donc des actions de relogement dans le monde entier notamment après des catastrophes naturelles. Site internet : www.habitat.org IFRC : L’International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies est la plus grande organisation humanitaire du monde avec des dizaines de millions de volontaires à travers le monde. Elle a été fondée en 1919 après la première guerre mondiale et intervient avant, pendant et après des catastrophes naturelles pour venir en aide notamment dans le domaine de la santé et du relogement temporaire. Site internet : www.ifrc.org 116
IKEA Foundation : Ikea Foundation a été fondé en 1982 par Ingvar Kamprad. Cette organisation, découlant de la célèbre compagnie de meubles, met en place des programmes répondant aux besoins fondamentaux des enfants dans les communautés un avenir hors de la pauvreté. La fondation mène des actions dans le domaine du logement, de l’éducation ou encore de la santé. Site internet : www.ikeafoundation.org
A ANNEXES
démunies. Elle souhaite créer des opportunités pour qu’ils puissent se construire
IOM : Fondée en 1951, l’International Organization for Migration est la principale organisation intergouvernementale dans le domaine de la migration avec des bureaux dans plus de 100 pays. Elle travaille à assurer la gestion humaine et ordonnée des migrations et à promouvoir la coopération internationale sur ces questions afin d’apporter des solutions et fournir une assistance humanitaire aux migrants dans le besoin. Site internet : www.iom.int Li’nCS : L’association Local Improvement & Construction Sustainability a été fondée en 2012 par trois jeunes diplômés en architecture et a pour but de répondre aux besoins des victimes de catastrophes naturelles et de travailler sur de nouvelles stratégies de développement à long terme. Leur mission consiste tout d’abord à analyser le contexte d’intervention, Haïti, et à comprendre la culture locale. Viennent ensuite des projets de construction adaptés, la formation des intervenants dans la reconstruction et la sensibilisation des habitants. Site internet : www.lincs-asso.com MSF : Médecins Sans Frontières est une association internationale créée en 1971 par des journalistes et des médecins. Son action consiste à apporter des soins aux individus dans des situations de conflits armés, d’épidémies, de pandémies, de catastrophes naturelles ou encore d’exclusion des soins. Site internet : www.msf.fr
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ShelterBox : ShelterBox est une association fondée en 2000 au Royaume-Uni. Elle pourvoit des abris et les outils nécessaires aux familles victimes d’une catastrophe pour qu’elles reconstruisent un habitat. Ces éléments sont envoyés sous forme de caisses dont le contenu est adapté à la situation. Site internet : www.shelterbox.org Tecnopanel : Tecnopanel est une entreprise chilienne fabriquant des panneaux « sandwich » constitués de planches d’OSB et de polystyrène à haute densité. Ces produits sont utilisés pour diverses constructions dont le logement d’urgence. Site internet : www.tecnopanel.cl UNDP : Le United Nations Development Programme travaille à l’éradication de la pauvreté et à la réduction des inégalités et des exclusions. Leurs actions consistent à aider les pays à développer des politiques et des partenariats dans ce but et à réduire les risques liés aux catastrophes et au climat. Site internet : www.undp.org UNHCR (HCR) : Le United Nations High Comissioner for Refugees, depuis 1950, a pour mission de protéger et d’assister les réfugiés à travers le monde. Ce programme de l’ONU s’implique dans les domaines de la santé, du logement, de l’environnement, de l’éducation… et intervient notamment lors de catastrophes naturelles bien que ce ne soit pas son seul terrain d’action. Site internet : www.unhcr.org USAID : L’U.S. Agency for International Development est la principale agence aux EtatsUnis, fondée en 1961, qui travaille pour l’éradication de la pauvreté dans le monde et aide les pays à réaliser leur potentiel. Elle agit pour la protection des droits de l’homme, l’amélioration de la qualité de vie, la sécurité alimentaire, l’éducation, l’assistance humanitaire et bien d’autres enjeux. Site internet : www.usaid.gov 118
• PERSONNALITÉS Alejandro Aravena : Alejandro Aravena est un architecte né au Chili en 1967. Après avoir été diplômé histoire de l’art à l’IUAV de Venise. En 1994, il crée son agence Alejandro Aravena Architects et de 2000 à 2005 il enseigne à l’université de Harvard où il fonde Elemental. En 2016, il a obtenu le Pritzker Price.
A ANNEXES
de l’Université Catholique du Chili en 1992, il a poursuivi ses études de théorie et
Michael Braungart : Michael Braungart est un chimiste allemand ayant fondé la section « chimie » de l’organisation Greenpeace. En 1987, il fonde l’EPEA (Environmental Protection Encouragement Agency) qui travaille sur la base du concept du « cradle to cradle ». Après avoir rencontré William McDonough, le duo fonde leur société MBDC (McDonough Braungart Design Chemistry) et cherche à concevoir des produits respectant le cycle « cradle to cradle ». Durant toute sa vie, il a enseigné dans diverses universités dans le monde entier et continue à publier des ouvrages en temps que chimiste. Nader Khalili : Nader Khalili, né en 1936 et décédé en 2008, est un architecte d’origine iranienne ayant fondé le Cal-Earth Institute. Il était tout d’abord architecte de gratte-ciel puis a créé le concept des super adobes, maisons fabriquées en terre. En 1985, il est approché par la NASA dans l’optique de construire ces prototypes sur la lune. Cette technique a été utilisée pour des constructions après des tremblements de terre en Iran et au Pakistan. Wang Shu : Wang Shu est un architecte né en Chine en 1963 qui a fondé Amateur Architecture Studio avec sa femme Lu Wenyu en 1997. Leur parti-pris est de réutiliser le savoirfaire traditionnel chinois pour le transposer dans une architecture contemporaine. Ils explorent le recyclage de certains matériaux et apportent de nouvelles textures à l’architecture chinoise. En 2012, il reçoit le Pritzker Price.
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William McDonough : William McDonough est un architecte américain, partenaire fondateur de William McDonough + Partners. L’agence cherche à laisser une empreinte positive par ses projets qui continuent de s’améliorer après la construction. En 1996, il reçoit le « Présidentiel Award for Sustainable Development ». Il est membre du comité de management pour le programme de « Business and Environment » à l’Université de Cambridge.
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BIBLIOGRAPHIE • OUVRAGES ET RAPPORTS
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A ANNEXES
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REMERCIEMENTS Je souhaite remercier mes 3 directeurs de mémoire, Bruno Thomas, JeanFrançois Coignoux et Pierre Léger, pour leur aide et leur patience. C’était un bon
Je remercie ma famille, Philippe, Joanne, Adrien et Jérémy, de m’avoir soutenue durant ce long processus. Merci en particulier à ma mère qui a été
A ANNEXES
apprentissage pour moi et il s’est déroulé dans la bonne humeur.
d’une grande aide pour la correction de cet ouvrage. Et enfin je veux remercier Dieu, sans qui je n’aurais pas pu faire tout mon travail.
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Après une catastrophe naturelle, certains pays se trouvent démunis face à des milliers de sans-abris. Mais alors que le relogement paraît être l’urgence dominante, on voit rapidement émerger des dysfonctionnements économiques qui empêchent le rétablissement de la population. Pour répondre à la demande de logement, des solutions d’abris temporaires et transitionnels se développent mais elles sont déconnectées des problématiques socio-économiques du pays. Ces propositions précaires empêchent la reconstruction d’habitations pérennes et laissent les sinistrés sans possibilité d’accéder à un meilleur mode de vie. Nous allons observer les exemples d’Haïti (2010) et du Népal (2015), deux pays en voie de développement. Alors dans quelle mesure la reconstruction des logements après une catastrophe naturelle peut-elle réengager une activité économique dans le pays ?
Photo : Syamsul Ardiansyah