Projet de fin d'étude de Laura Mayhew

Page 1

PAYSAGE REVISITÉ UNE FABRIQUE DE THÉ

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE PARIS - VAL DE SEINE

Directeurs d’étude : Stéphanie Boufflet - Pierre Vincent - Grégoire Bignier - Martine Bouchier

LAURA MAYHEW

DE 5 Territoire

JUIN 2017

Aux Confins de la Chine Urbaine


- Croquis et photos sans auteur réalisés par Laura Mayhew -


SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

3

INTRODUCTION Le workshop à Wuhan La visite de 3 villages dans le comté du Hong’an Observations & problématiques Aperçu sur l’agriculture et l’exode rural en Chine Le thé dans la province du Hubei

4 4 6 8 10 11

ANALYSE CARTOGRAPHIQUE La zone des 3 villages La zone de projet

12 12 15

LES VILLAGES : ORGANISATIONS ET TYPOLOGIES Songjiacang Hua Jia La liaison des deux villages

22 22 26 30

32 LE PARCOURS 32 Objectifs du projet : Redynamiser et valoriser le territoire 32 Concept : Parcours séquencé autour du thé 34 Lieux d’intervention LA FABRIQUE DE THÉ Fabrication artisanale du thé Le programme : Une fabrique de thé artisanal Choix du site : Entre thé et eau Matérialité et installations Intentions de projet CONCLUSION ANNEXES Les légendes du thé Références architecturales

47 48 50 52 53 56 64 66 66 67

BIBLIOGRAPHIE

68

REMERCIEMENTS

70

1


2


AVANT-PROPOS

Après avoir obtenu une licence en architecture me permettant d’acquérir des connaissances générales, j’ai suivi deux séminaires sur le thème des risques majeurs et des systèmes constructifs qui y sont liés car je m’intéresse à travailler dans le domaine de l’architecture d’urgence. Ils m’ont apporté une base de connaissances pour développer mon mémoire portant sur la reconstruction des villes à la suite de catastrophes naturelles. Je me suis intéressée plus particulièrement aux cas d’Haïti (2010) et du Népal (2015) en développant les thématiques de l’organisation urbaine, du rôle de la population, du recyclage et de la matérialité. Mon projet de fin d’études est alimenté par la réflexion que j’ai mené sur ces facettes de l’architecture d’urgence et de la reconstruction. J’ai eu l’occasion, durant ma première année de master, de participer à un workshop au Japon portant sur la restructuration d’un espace public. Ce voyage m’a fait découvrir une partie de la culture asiatique et des systèmes constructifs japonais. Mon intérêt pour l’Asie m’a guidée vers la structure de projet « Aux confins de la Chine urbaine » (DE 5 Territoires) dans laquelle s’inscrit mon projet de fin d’études. Nous avons alors effectué un voyage de 12 jours à Wuhan qui m’a donné un aperçu des problématiques propres à la culture chinoise.

3


A COTÉ DE L’UNIVERSITÉ HUAZHONG

4

LOGEMENTS À TANHUALIN

RUE MARCHANDE À TANHUALIN

MARCHÉ À TANHUALIN


INTRODUCTION

Le workshop à Wuhan Le but de notre voyage à Wuhan était tout d’abord de participer à un workshop en coopération avec les étudiants du Huazhong University of Science and Technology. Ce travail portant sur le réaménagement urbain d’un ancien quartier au coeur de Wuhan, Tanhualin, nous a permis de mieux comprendre le contexte historique de la ville.

WORKSHOP SINO-FRENCH

J’ai pu observer les différents modes d’habiter dans ce contexte, ceux-ci varient grandement en fonction des quartiers. Cette ville ayant subi un développement soudain, certains décalages se sont manifestés entre le quotidien des Wuhanais et leurs formes d’habitat. Entre deux buildings de plus de 20 étages, on découvre de petits marchés improvisés. Les habitants sont à la recherche d’une proximité et d’une appropriation de l’espace urbain qui disparaît peu à peu du centre de Wuhan. Les constructions deviennent impersonnelles et délaissent l’histoire de l’habitat chinois traditionnel. La population chinoise est moins sensible à la question du patrimoine matériel, tel que nous l’appréhendons en Occident. Pourtant, il y a beaucoup à apprendre de la culture traditionnelle, notamment des systèmes constructifs ancestraux et des matériaux utilisés en milieu rural. J’ai eu l’occasion à la suite du workshop de découvrir la réalité de la campagne chinoise aux abords de Wuhan.

5


SONGJIACANG

HUA JIA

ZHANGZHAICUN

6

JULIEN GUERINEAU

STÉPHANIE BOUFFLET

MANON LOUP-HADAMARD & JULIEN GUERINEAU


La visite de 3 villages dans le comté du Hong’an Nous avons quitté la ville pour deux jours à la découverte de villages situés dans le comté du Hong’an au nord de Wuhan. Après 3h de route nous sommes arrivés dans un premier village, Songjiacang, situé au pied des collines du Yangtai Reservoir. Il est traversé par une route nationale, un axe commercial important, le long duquel s’implantent des logements de deux ou trois étages. Ce village dont l’activité principale est l’agriculture loge aussi un hôtel dans lequel sont tenues des réunions administratives. La production de thé et d’huile de thé occupe une place importante dans la vie du village. Deux bâtiments sont dédiés à leur fabrication à proximité de l’hôtel. Cependant, cette bourgade reste peu fréquentée. Ensuite, nous avons visité le vieux village de Hua Jia au fond de la vallée. Il est accessible depuis Songjiacang mais est très peu visité. Une douzaine de maisons datant d’une centaine d’années sont presque abandonnées. Ces édifices se situent le long d’une rivière qui alimente en eau un lac artificiel d’où provient l’eau potable d’une grande partie de la vallée. La construction de petits barrages a permis la formation d’un étang à quelques mètres du village. En troisième lieu, nous nous sommes arrêtés à Zhangzhaicun. C’est un village se situant à proximité d’une agglomération plus importante, Huajiahezhen, regroupant quelques activités commerciales. Des groupes de touristes viennent parfois visiter les maisons traditionnelles organisées comme un labyrinthe autour d’un point d’eau. Nous sommes ensuite retournés à Songjiacang pour loger à l’hôtel du village faisant aussi office de restaurant. Nous avons donc pu explorer ce village un peu plus en profondeur.

7


Observations & Problématiques

Dans ces villages, la population est majoritairement constituée de personnes âgées et de jeunes enfants. Les adultes en âge de travailler rejoignent la ville qui propose plus d’opportunités d’emploi. Nous nous retrouvons alors avec une partie de la population obligée d’abandonner le milieu rural, souvent leur village d’origine, pour trouver du travail. Il est donc nécessaire de développer de nouvelles solutions pour répondre à cette demande importante d’emplois. Lors de notre séjour à la campagne, nous avons assisté à une pièce d’ombres chinoises traditionnelle et découvert par la suite d’autres arts comme la broderie sur semelle ou le tissage. Malheureusement, certaines activités présentes en milieu rural disparaissent peu à peu. Ce phénomène fait partie des conséquences de l’exode rural mentionné précédemment, les savoirs ancestraux ne sont pas transmis à la plus jeune génération. Le patrimoine artisanal doit être revalorisé aux yeux de la population et non pas être un choix par dépit. Se pose alors la question de la « modernisation » des savoir-faire, quelle influence peuvent-ils avoir sur la Chine actuelle ? Les habitants de ces villages possèdent aussi un savoir constructif concernant divers matériaux comme la pierre, la terre, le bois etc. Hua Jia en est la démonstration à travers ses maisons typiques de la région. Cependant, ce hameau peu accessible est laissé à l’abandon par les propriétaires allant s’installer dans d’autres villages plus grands. Comment revaloriser ces constructions aux yeux des habitants et des visiteurs ? Quelle serait sa valeur ajoutée pour la région d’un point de vue économique ? L’axe commercial qui traverse Songjiacang présente un atout majeur pour ce territoire en amenant un flux de population provenant de Wuhan. Mais la liaison entre Songjiacang et Hua Jia passe inaperçue. Le manque d’aménagements et d’activités dans les villages et leurs faibles liens ne font pas de cet endroit une destination ou un arrêt très intéressant pour la population passante. Une approche globale de ce territoire permettrait d’évoquer de nouveaux moyens pour le dynamiser et créer de nouvelles relations entre les villages.

8


Comme je l’ai évoqué précédemment, l’agriculture, dont celle du thé, est la principale source de revenus dans la région. Actuellement, une entreprise produit du thé récolté localement puis transformé à l’aide de machines industrielles. Pendant la période maoïste, le thé chinois avait perdu de sa popularité mais cette boisson reprend une place prépondérante dans le quotidien des Chinois. Comment pouvons-nous donc nous inscrire dans ce nouvel essor que prend le thé à l’échelle de la Chine et à l’échelle du Hubei ? Ces problématiques émergentes et le paysage qu’offre la campagne chinoise m’ont amenée à développer mon projet de fin d’étude sur ce territoire. J’ai donc tout d’abord exploré ce qui constitue en grande partie son identité : l’agriculture.

DEUX PERSONNES ÂGÉES SE REPOSANT AU BORD DE L’EAU

JULIEN GUERINEAU

9


Aperçu sur l’agriculture et l’exode rural en Chine La Chine regroupe plusieurs types d’agriculture avec en majorité des plantations céréalières. Les zones fertiles se situent dans l’est du pays, l’ouest étant désertique, où se concentrent les grandes villes et la quasitotalité de la population chinoise. Ce pays ne disposant que de 7 % des terres arables mondiales doit néanmoins nourrir 20 % de la population planétaire, soit 1,4 milliards d’habitants. Ces surfaces cultivables se réduisent face à l’accroissement des villes ou la détérioration des terres due à l’industrie. Pourtant, la demande alimentaire continue de grandir.

Wuhan Soja Riz Canne à sucre Blé Maïs Thé

10

En 2015, près de 50 % de la population chinoise vivait à la campagne, l’activité principale étant l’agriculture. Cependant, les paysans ne sont pas considérés assez productifs par rapport à la demande grandissante. La pollution et l’excès d’intrants agricoles détériorent leur environnement de travail, les terres et les produits qui en sont issus. Les ouvriers ne bénéficient que d’un faible revenu et pour la plupart vivent dans la pauvreté. Ce facteur est déclencheur d’un exode rural conduisant une partie majeure des habitants de la campagne à trouver un emploi en ville, où les revenus sont bien plus élevés.


Le thé dans la province du Hubei La province du Hubei se situe au centre de la zone fertile chinoise et est traversée par l’un des deux grands fleuves de Chine : le Yangtze ou fleuve bleu. La capitale de la province est Wuhan, une ville de plus de 10 millions d’habitants. Elle est aussi appelée « ville aux mille lacs » et se trouve être le plus grand port fluvial de Chine. Le Hubei est la province d’origine de Lu Yu, le célèbre Sage du Thé, à qui l’on doit l’ouvrage « le Classique du Thé » encore très populaire aujourd’hui. On y cultive le thé depuis le 8ème siècle sur les flancs de collines bordant les plaines fluviales et les lacs. Plusieurs thés sont devenus très célèbres au fil du temps comme le Qing Zhuan Cha, brique de thé sombre, ou encore le Enshi Yu Lu, un thé vert très fin. Environ 184 200 tonnes de thé ont été récoltées dans la provinces en 2014 pour produire en majorité des thés verts.

Wuhan Hubei Eau

11


ANALYSE CARTOGRAPHIQUE : La zone des 3 villages

400m

ZHANGZHAICUN

200m

300m

HUA JIA 100m

SONGJIACANG

Eau Forêt Relief

12

100 0

1000 m

N

RESSOURCES NATURELLES Les trois villages évoqués précédemment, Songjiacang, Hua Jia et Zhangzhaicun, se situent à proximité du Yangtai Mountain Reservoir. Il est constitué d’un groupe de collines, couvertes de forêts, allant jusqu’à 450 mètres d’altitude. Les vallées alentours sont quant à elles plus déboisées. Elles laissent place aux cultures de riz, alimentées par des cours d’eau plus ou moins importants, et à l’installation de grands axes routiers. De petits lacs ou étangs sont répartis sur ce territoire et encouragent la création de nouveaux hameaux.


ZHANGZHAICUN HUA JIA

SONGJIACANG

Eau Villages Routes

100 0

1000 m

N

INSTALLATIONS HUMAINES Une voie importante passe par le village de Songjiacang et le lie à la région de Wuhan. Cet axe dessert plusieurs petits villages et leurs chemins de terre menant dans les collines Yangtai. Une bourgade plus importante, Huajiahezhen, regroupe quelques services tels qu’un supermarché, un restaurant ou encore un bureau de poste. Les autres hameaux sont principalement constitués de logements familiaux modestes.

13


ZHANGZHAICUN HUA JIA 100m

SONGJIACANG

Eau Zones agricoles principales

14

100 0

1000 m

N

AGRICULTURE LOCALE Les deux axes principaux du territoire, la rivière et la nationale, sont bordés de cultures. Les vallées sont des lieux propices pour aménager les plantations qui s’agglutinent autour des villages. Les produits récoltés sont redistribués aux villages alentours par le biais des commerces ou sont acheminés vers la ville pour être revendus.


ANALYSE CARTOGRAPHIQUE : La zone de projet

HUA JIA

SONGJIACANG

0 100

500 m

N

LES VILLAGES DE SONGJIACANG ET HUA JIA DANS LE TERRITOIRE Zhangzhaicun est déjà un village populaire par sa proximité avec Huajiahezhen et ses habitations typiques. J’ai donc souhaité m’intéresser aux deux autres hameaux, peu fréquentés, que j’ai visité : Songjiacang et Hua Jia.

15


RESSOURCES NATURELLES ET RELIEFS

HUA JIA

SONGJIACANG

Eau Forêt Niveaux de 5m 0 100

16

500 m

N


RESSOURCES NATURELLES ET RELIEFS Hua Jia se trouve au creux des collines et est entourée de forêts. On y trouve majoritairement des feuillus comme le gingko biloba ou le châtaignier. Les ressources sont variées et cela se ressent dans la manière de bâtir. L’utilisation courante de la pierre et de l’argile suppose la présence de carrières et de fours à briques à proximité. Le vieux village se trouve à la confluence de plusieurs rivières provenant des sommets. Elles se rejoignent en un bassin qui conduit ces eaux jusqu’au lac artificiel. Ce lac alimente les villages alentours en eau potable par des aqueducs c’est pourquoi il est nécessaire que les points d’eau restent propres.

17


INSTALLATIONS HUMAINES

HUA JIA

SONGJIACANG

Eau Bâti Barrage Routes et chemins 0 100

18

500 m

N


INSTALLATIONS HUMAINES Le lac artificiel est retenu par un grand barrage à proximité de Songjiacang. Cette installation permet de réguler le niveau du lac. Cependant, la création de ces barrages engendre des problèmes d’écoulement des eaux dans ces petites rivières et bouche certains cours d’eau. Les plus grands villages se situent à proximité de l’axe routier principal. Mais les collines abritent encore beaucoup de maisons isolées. Elles sont liées à cette voie par des chemins de terre étroits. Ces habitations appartiennent en général aux paysans qui cultivent les champs alentours. Les villes s’organisent selon la volonté des habitants venant s’installer et construire leur maison au fur et à mesure. Souvent, on observe une organisation en strates autour d’un point central comme une place ou un point d’eau.

19


AGRICULTURE LOCALE

HUA JIA

SONGJIACANG

Eau Forêt Riz Thé 0 100

20

500 m

N


AGRICULTURE LOCALE Dans cette région se trouve trois types d’agriculture principaux : la châtaigne, le riz et le thé. Les cultures de châtaignes se situent en haut des collines, isolées des villages. Le riz se cultive principalement dans la vallée et prend la forme de grands champs humides à l’extérieur des villages. Pour les hameaux isolés dans les collines, comme Hua Jia, les champs s’implantent en terrasses souvent alimentées par un petit cours d’eau. Cette configuration rend la récolte plus difficile mais permet aux habitants de se procurer leur aliment de base. Les champs de thé se situent sur les flancs de collines et se développent en bandes le long des courbes de niveau. Cette implantation en pente permet à l’eau de s’écouler facilement et ne pénalise pas cette plante qui supporte mal l’eau stagnante. Les cueilleuses parcourent ces bandes d’arbustes pour ensuite apporter la récolte à la fabrique de Songjiacang. Une entreprise déjà installée dans le secteur produit du thé Laojun vendu sur place.

21


LES VILLAGES : ORGANISATIONS ET TYPOLOGIES Songjiacang

Songjiacang s’organise en strates le long du grand axe routier qui le traverse. Le village est distribué autour d’une place centrale où ont lieu les rassemblements occasionnels des habitants. Les rues paraissent abandonnées durant la journée, il n’y a que peu d’activités qui s’y déroulent. Nous avons séjourné dans l’hôtel qui domine le village. Il sert aussi de lieu de réunion à l’échelle du comté. Autour de la même place, une fabrique de thé industrielle est installée dans un grand hangar. Les contours de la place sont utilisés pour sécher les graines de thé issues de la fabrique. Ce sont les deux activités principales du village. On observe quelques maisons anciennes qui devaient probablement être les premières construites. Elles ont peu à peu disparu pour laisser place à des constructions plus modernes communes dans la région. Ces habitations standardisées définissent le nouveau paysage de cette bourgade peu développée. Les habitants cultivent les champs de riz qui entourent le village. Ils sont desservis par de petits chemins de terre menant vers d’autres hameaux. La route principale facilite les échanges commerciaux entre les villages et les villes. Les rivières qui alimentent les cultures rejoignent cette route où la qualité de l’eau est affectée par les déchets des habitants. Ces facteurs font de la rue principale un endroit peu accueillant et parfois très bruyant.

UNE ANCIENNE MAISON ENTRE DEUX CONSTRUCTION MODERNES

22

STÉPHANIE BOUFFLET


Hôtel

Fabrique de thé

Eau Forêt Riz Thé Édifices anciens (typologie de Hua Jia) Niveaux de 5m

0

50 m

N

23


1

2

3 4

5 6

7

24


Songjiacang

TYPOLOGIE D’HABITAT

1 2 3 4 5 6 7

Toiture de tuiles rouges neuves Pièces sous combles avec balcon Avancée abritant une loggia souvent utilisée pour suspendre le linge Grillages anti-vol Porte d’accès au garage ou à l’espace de stockage Soubassement en faïence Mur pignon aveugle

La typologie d’habitat principale de Songjiacang se développe sur 3 étages. Au rez-de-chaussée se trouve un espace de stockage pouvant se transformer en commerce, il reste souvent ouvert durant la journée. Puis, dans les deux étages supérieurs se situent les pièces plus intimes de la famille. Ces unités standardisées sont accolées les unes aux autres pour former de longues bandes d’habitations. La structure est constituée de poteaux et de poutres en béton armés avec un remplissage en parpaings ou en briques. Ces murs sont ensuite couverts d’un enduit blanc simple avec un soubassement en faïence d’une autre couleur. L’avancée du premier étage permet d’abriter les membres de la famille installés à la porte durant la journée.

JULIEN GUERINEAU

Ces logements modernes se trouvent être très différents des maisons traditionnellement construites dans la région. Ce changement est dû à l’influence de la ville, à des besoins fonctionnels et à une optimisation du terrain à disposition.

25


Hua Jia

Le point d’attraction principal du village est le point d’eau se situant au sud-ouest des habitations. Il s’est formé sous l’effet d’un barrage aménagé en 2014 ou 2015 et recueille les eaux provenant des sommets des collines. Le paysage est radicalement différent de celui de Songjiacang notamment par les matériaux utilisés et l’implantation des maisons au creux des collines. Les champs de thé qui entourent le village sont peu visibles, ils sont accessibles par de petits chemins de terre. Cependant, on aperçoit quelques plantations sur les collines au sud-ouest du village. Les champs de riz sont disposés en terrasses sur le flanc des collines. Ces cultures permettent de subvenir aux besoins alimentaires des habitants. On découvre les maisons petit à petit en s’approchant du hameau. Elles s’implantent le long des courbes de niveaux, adossées à la colline au nord et faisant face au ruisseau au sud. Chacune d’elles a une épaisseur similaire mais la longueur est variable. On remarque que les habitants ont construit aussi de petites annexes de stockage sur la même terrasse que leur habitat. Certaines de ces maisons datant d’une centaine d’années sont totalement en ruines et il ne reste que quelques habitants dans le village.

ANNEXE EN BRIQUES DE TERRE CRUE

26

STÉPHANIE BOUFFLET


Eau Riz Thé Édifices anciens (typologie de Hua Jia) Niveaux de 1m

0

20 m

N

27


1

2

3

4 5 6 7 8

9

28


Hua Jia

TYPOLOGIE D’HABITAT

MANON LOUP-HADAMARD

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Mur pignon en briques de terre crue Emplacement d’une structure de charpente en attente Toiture en tuiles brunes serrées Corniche blanche enduite Façade en briques de terre cuite Linteau en pierre Briques couchées utilisées comme séparation entre deux matériaux Soubassement en pierre Porte d’entrée inclinée

Ces habitations se développent sur un étage. Les combles peuvent être aménagés comme espace de stockage mais le lieu de vie se situe au rez-de-chaussée. Il s’étend sur les terrasses qui nivellent le terrain. Les maisons s’ouvrent principalement vers le sud où se trouve l’entrée. Les portes sont inclinées en fonction de la date d’anniversaire du propriétaire initial pour que le soleil pénètre à l’intérieur de la maison ce jour-là. D’un point de vue constructif, les murs séparatifs sont en briques de terre crue tandis que les faces nord et sud sont en briques de terre cuite et retiennent la charpente du toit. Ces unités peuvent être accolées et prolongées par de petites annexes servant autrefois pour le bétail. Le soubassement en pierre permet d’éviter le contact de la brique avec l’eau et donne une base solide au bâtiment. L’utilisation de matériaux locaux donne tout son caractère à cette typologie et la laisse se fondre dans le paysage par ses couleurs et ses textures. On observe que certains motifs de briques spécifiques à ces constructions sont réutilisés pour des constructions modernes à Songjiacang.

29


VUES DURANT LE TRAJET VERS HUA JIA

STÉPHANIE BOUFFLET

30


La liaison des deux villages

L’une des routes de Songjiacang nous amène dans les collines qui s’étendent au nord-est. Lors de notre visite, nous sommes partis en voiture sur une route de terre pour découvrir le village de Hua Jia. Durant le trajet qui n’a duré qu’une dizaine de minutes, nous avons contemplé la vue sur le lac artificiel qui s’étend au nord-est de Songjiacang. La route passe sur ce barrage puis s’éloigne du lac en s’enfonçant dans une épaisse forêt. Le chemin est étroit et sinueux pour arriver au vieux village. Après avoir traversé le bois, on arrive dans un espace plus dégagé où se trouve le point d’eau de Hua Jia mentionné précédemment. Ce cheminement existant rend difficile la cohabitation d’un flux routier et d’un flux piéton. Il existe une réelle coupure entre ces deux villages tant dans la manière de construire que par l’accès.

31


LE PARCOURS Objectifs du projet : Redynamiser et valoriser le territoire

L’objectif de ce projet est de créer de nouvelles opportunités de travail pour les jeunes en revalorisant le patrimoine actuel du territoire. Cela concerne autant le patrimoine intellectuel que bâti. Pour cela, le village de Hua Jia peut être utilisé comme tremplin d’une nouvelle vie économique et touristique pour d’autres hameaux. Les ressources présentes sur le site créeront une nouvelle identité pour ces villages délaissés et laisseront place à une activité touristique en usant de cet axe routier provenant de Wuhan. Ainsi, des savoir-faire traditionnels pourront être perpétués et enseignés à d’autres types de population provenant de zones urbanisées.

Concept : Parcours séquencé autour du thé

Durant notre visite, j’ai observé différents types d’artisanat dans la région comme la broderie sur semelle ou le tissage. Après avoir exploré l’idée d’un centre de formation des artisanats traditionnels, je me suis recentrée sur la filière du thé déjà en place. Elle constitue une partie importante de la vie locale et mérite d’être mise en avant comme activité principale du lieu. Pour redorer l’image de ce produit, je propose de constituer un parcours de découverte sur la thématique du thé accessible à différents types de population. Hua Jia étant un lieu attrayant et historique, ce village fera partie du cheminement mis en place. Cela permettra de donner une seconde vie à ce lieu abandonné et de faire profiter les visiteurs des champs de thé à proximité. Pour l’instant, le village est peu accessible. Pour le rejoindre, on utilise généralement la voiture en passant par le chemin de terre dans la forêt, ce qui ne laisse pas le temps de profiter de la beauté du paysage. Je propose donc de tracer un parcours piéton pour un cheminement lent de Songjiacang à Hua Jia qui permettra de découvrir le paysage par séquences. Pour guider les visiteurs le long de ce voyage, le chemin sera ponctué d’évé nements de différents types. Ils attireront leur attention sur certains aspects du thé ou de la nature environnante. Pour choisir

32


les emplacements de ces évènements, j’ai tout d’abord recherché des points de vue ou des points d’intérêt entre les deux villages ce qui a permis de tracer le parcours. J’en suis venue ensuite à choisir le type d’intervention à réaliser dans ces lieux. Ils se regroupent en 3 catégories : - Les rénovations - Les nouvelles installations à caractère commercial - Les aménagements paysagers Pour le bon fonctionnement de ce parcours séquencé, on devra aménager des lieux de résidence pour un séjour long ou court, des points de restauration et des points d’arrêt (avec des assises ou un belvédère). La mise en place de ce projet doit permettre aux habitants de s’impliquer d’un point de vue constructif et fonctionnel. Plusieurs types d’emplois seront créés dans le secteur tant pour la mise en place des équipements que pour leur gestion en fin de construction. Le but du projet est l’implication des habitants dans ces nouvelles activités.

33


Lieux d’intervention Longueur du parcours : 6,6 km

Thé Eau Parcours Routes

Interventions principales Interventions secondaires 0 100

34

500 m

N


Le parcours est ponctué d’interventions de grande ampleur mais aussi de plus petits aménagements. L’emplacement de ces événements correspond à des lieux aux caractéristiques ou aux vues intéressantes contribuant à la valorisation du paysage. Pour mieux définir les interventions importantes, j’ai conçu des fiches définissant les ressources disponibles, les caractéristiques du lieu, l’intervention et l’impact sur le territoire. Celles-ci sont présentées selon leur ordre le long du parcours.

35


Une boutique de thé

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Riz - Béton - Métal - Vieilles briques et pierres - Gravier - Terre CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Bonne visibilité depuis la route 101 du comté - Espace délaissé entre deux habitations en R+2

VUE DEPUIS LA ROUTE PRINCIPALE

STÉPHANIE BOUFFLET

INTERVENTION Création d’une boutique de thé provenant de Hua Jia

36

IMPACT - Point d’accroche sur l’axe routier qui interpellera les passants et les amènera à s’arrêter dans le village - Nouvelles opportunités d’emploi pour les habitants

LE CANAL DEVANT LES HABITATIONS

MANON LOUP-HADAMARD


Un marché

RESSOURCES DISPONIBLES - Végétation (arbres et arbustes) - Riz - Béton - Métal - Vieilles briques et pierres - Gravier - Terre

PROLONGEMENT DE LA PLACE PRINCIPALE

STÉPHANIE BOUFFLET

CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Accès facile depuis la route 101 du comté - Espace peu entretenu entre deux rangées d’habitations INTERVENTION Création d’une galerie couverte polyvalente accueillant principalement un marché

PROLONGEMENT DE LA PLACE PRINCIPALE

MANON LOUP-HADAMARD

IMPACT - Point d’intérêt pour les passants - Nouvelles opportunités d’emploi pour les habitants 37


Rénovation de l’hôtel

RESSOURCES DISPONIBLES - Hôtel actuel - Terre - Gravier - Noix de thé - Végétation (arbres et arbustes) CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Domine le village - Extérieur déjà en partie aménagé - Grands espaces de séchage - A côté de l’usine de thé

HÔTEL DU VILLAGE

STÉPHANIE BOUFFLET

PLACE DEVANT L’HÔTEL

STÉPHANIE BOUFFLET

INTERVENTION Rénovation intérieure et extérieure de l’hôtel pour des séjours longs pour la population urbaine. IMPACT - Meilleure fréquentation de l’équipement - Attire l’attention sur la fabrique existante FABRIQUE DE THÉ A CÔTÉ DE L’HÔTEL

38

MANON LOUP-HADAMARD


Un belvédère

VUE SUR LES CHAMPS DE THÉ

STÉPHANIE BOUFFLET

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Thé

VUE SUR LE LAC ARTIFICIEL

STÉPHANIE BOUFFLET

CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Accès depuis Songjiacang par un chemin de terre - Situé sur un point élevé dans un champ de thé - Vue sur le lac, un champ de thé, la vallée et les collines INTERVENTION Création d’un point de vue sur le paysage IMPACT - Donne un aperçu aux visiteurs des activités du territoire et du chemin à parcourir 39


Extension du ponton

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Pierres - Pavillon technique et ponton existant CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - A côté du barrage avec vue sur le grand lac - Situé à l’entrée de la forêt sur le lac

PAVILLON TECHNIQUE SUR LE LAC

JULIEN GUERINEAU

VUE SUR LE LAC

JULIEN GUERINEAU

INTERVENTION Extension du ponton existant pour un point de vue sur le lac et les collines. IMPACT - Point d’observation du paysage pour les visiteurs - Dirige les visiteurs vers le chemin de forêt 40


Une zone de camping

RESSOURCES DISPONIBLES - Bois - Gravier - Terre CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Accès à une clairière existante - Exposition sud au milieu de la forêt - Espace d’environ 2400 m2 libre

LA CIME DES ARBRES AU LEVÉ DU JOUR

LA CIME DES ARBRES AU LEVÉ DU JOUR

JULIEN GUERINEAU

JULIEN GUERINEAU

INTERVENTION Aménagement d’un espace de camping pour des séjours courts. Mise à disposition de sanitaires, douches et d’une zone de campement. IMPACT - Permet à une population extérieure de séjourner dans un environnement naturel - Création d’emplois pour la population locale à travers l’entretien du lieu 41


Une maison de thé

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Riz CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Accès piéton à travers la forêt - Rivière à proximité qui rejoint le lac - Terrain pentu INTERVENTION Construction d’une maison de thé avec un espace extérieur de dégustation. IMPACT - Donne un aperçu du produit fabriqué à Hua Jia - Attire l’attention sur les sons et l’atmosphère naturelle du lieu NATURE AU BORD DE LA RIVIÈRE

42

JULIEN GUERINEAU


Le bord d’étang

PONT AU-DESSUS DE L’ÉTANG

ROUTE VERS HUA JIA

JULIEN GUERINEAU

JULIEN GUERINEAU

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Thé - Pierres - Ruines de Hua Jia CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Au bord de l’étang et à proximité du village Hua Jia - Accès en voiture et à pied avec parking à proximité - Vue sur un champ de thé INTERVENTION Aménagement des berges et création d’un point de repos. IMPACT - Les visiteurs s’attardent sur le paysage environnant 43


Une fabrique de thé

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Thé - Pierres - Ruines de Hua Jia

POINT DÉVELOPPÉ COMME PROJET DE FIN D’ÉTUDE

VUE SUR L’ARRIVÉE DE LA ROUTE ET LA PLANTATION DE THÉ

CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Au bord de l’étang et à proximité du village Hua Jia - Accès en voiture et à pied avec parking à proximité - Exposition sud-est INTERVENTION Création d’une fabrique de thé artisanale

44

IMPACT - Nouveaux emplois pour les habitants - Regain d’intérêt pour le thé et dynamisation du village Hua Jia

VUE SUR L’ARRIVÉE DE LA RIVIÈRE

JULIEN GUERINEAU


Rénovation de Hua Jia

COUVERTURE DE PAILLE ENTRE DEUX MAISONS

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Thé - Pierres - Ruines de Hua Jia CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Village en ruine avec quelques habitants restants - Adossé à une colline, exposé sud - En bord de rivière

MAISON EN RUINE

INTERVENTION Nouveaux logements et échoppe.

MAISON EN RUINE

MANON LOUP-HADAMARD

IMPACT - Nouveaux habitants dans le village, provenant de la campagne ou de la ville - Préservation du patrimoine architectural 45


Un restaurant

RESSOURCES DISPONIBLES - Eau - Bois - Gravier - Terre - Thé - Pierres - Ruines de Hua Jia

PLATS CHINOIS SERVIS A L’HÔTEL

CARACTÉRISTIQUES DU LIEU - Vue sur Hua Jia, à proximité d’une rivière - Accès piéton INTERVENTION Construction d’un restaurant et d’un point de vente alimentaire. IMPACT - Service accessible aux nouveaux habitants du village - Nouveaux emplois - Point de restauration au milieu du parcours pour les visiteurs 46

NATURE EN BORD DE RIVIÈRE

JULIEN GUERINEAU


LA FABRIQUE DE THÉ

47


Fabrication artisanale du thé La fabrique de Songjiacang produit actuellement du thé à partir de machines qui permettent de sécher, rouler, emballer etc, les feuilles cueillies dans les champs alentours. La variété produite se nomme Laojun Mei ce qui se traduit par « les sourcils du vieil homme ». Cette appellation vient probablement d’une des nombreuses légendes sur le thé.

GRAINES DE THÉ

STÉPHANIE BOUFFLET

L’objectif du projet n’est pas de développer un nouveau type de thé, car cela nécessiterait des connaissances plus approfondies sur ce produit et sur le terrain, mais de développer la filière déjà présente en proposant un thé purement artisanal. Le développement de l’entreprise vers une nouvelle filière plus luxueuse doit être accompagné d’une action de communication qui peut être portée par le projet du parcours séquencé. Ce thé de qualité invitera la population urbaine à replonger dans une dégustation traditionnelle de cette boisson qui se perd peu à peu avec l’arrivée des machines en zone rurale. Le processus de fabrication varie d’un thé à l’autre. Mais en me basant sur quelques lectures, les étapes indispensables à la fabrication se sont dessinées plus clairement. Chacune d’elles demande une extrême précision et peut altérer le goût de ce produit. Les ouvriers doivent porter une grande attention à l’état du thé durant la transformation.

PLANTE DE THÉ

CUEILLETTE

48

STÉPHANIE BOUFFLET

REUTERS/CARLOS BARRIA

LA CUEILLETTE La cueillette se fait au début du printemps par jours de beau temps. Les cueilleurs parcours les couloirs des champs de thé pour cueillir les feuilles « neuves » qui viennent de sortir. Celles-ci sont encore souples et sont triées avec précision. Les paniers remplis de feuilles sont ensuite ramenés à la fabrique. La deuxième cueillette, plus tardive au cours du printemps, est souvent jugée moins qualitative. LE FLÉTRISSAGE Les feuilles sont immédiatement exposées au soleil en extérieur pour retirer une partie de l’eau qu’elles retiennent. Le flétrissage se fait traditionnellement en plein air sur des tamis en bambous inclinés ce qui rend la récolte plus facile à déplacer. Cette étape permet que la feuille soit plus malléable.


LE REFROIDISSEMENT Après avoir été réchauffées et flétries au soleil, les feuilles doivent être refroidies. Elles sont donc placées dans une salle, étalées sur des tamis pour reposer jusqu’à être à bonne température. LE ROULAGE Le roulage est une partie importante du processus car il libère les huiles essentielles et va donner la forme définitive de la feuille. Celle-ci peut prendre une forme torsadée, en boule ou autre. Les ouvriers roulent le thé dans des cuves avec leurs mains puis le thé est étendu à nouveau. Ces deux étapes sont répétées 3 ou 4 fois.

ENTREPÔT

ZHANG GUOJ

ROULAGE

ZHANG GUOJ

LA TORRÉFACTION Les feuilles sont maintenant plus souples et foncées. On les torréfie alors dans des poêles sur de petits fourneaux maçonnés dans lesquels brûle le bois. Le thé effectue parfois des aller-retours entre la torréfaction et le roulage pour qu’il ait la forme voulue. LE SÉCHAGE On expose encore une fois les feuilles au soleil pour arrêter l’oxydation, à nouveau sur des tamis. Toute l’eau restante est ainsi évacuée. LE TRIAGE On procède alors au triage des feuilles qui peuvent être plus ou moins oxydées. Cette partie du travail est effectuée à la main par les ouvriers de la fabrique. L’EMBALLAGE Le thé est alors emballé pour être vendu ou dégusté sur place. L’emballage varie beaucoup d’une industrie à l’autre et dépend aussi de la forme qu’ont prise les feuilles. De plus en plus de fabriques emballent le thé sous vide et le place dans des réfrigérateurs pour conserver sa qualité.

TRIAGE

LEAVESANDBUDS.BLOGSPOT.FR

49


Le programme : Une fabrique de thé artisanal

FONCTIONS Accueil Sanitaires visiteurs

50 30

Vestiaires employés Salle de repos employés Sanitaires employés

15 15 10

Salle de repos du thé Salle de roulage Salle de torréfaction

40 150 70

Salle de triage Salle d’emballage Stockage des emballages Entrepôt des produits finis

100 100 20 50

Boutique de thé Maison de thé

50

M2

50 50

TOTAL INTÉRIEUR

750

Aire de séchage extérieure Point d’expédition

200 30

TOTAL EXTÉRIEUR

230


J’ai choisi de travailler plus précisément sur la nouvelle fabrique de thé artisanale car elle constitue l’élément central du développement du vieux village. Le parcours se prolongera jusque dans la fabrique pour que le visiteur prenne conscience du processus grâce auquel ce produit est élaboré. Le complexe permet aussi de créer de nouveaux emplois et une nouvelle dynamique à ce village. Ce programme est particulier par les ambiances, les espaces et les ustensiles qu’il nécessite. Ces différents points constituent des contraintes majeures dans la conception de l’édifice. Basé sur mes lectures et mes observations sur une fabrique d’huile de thé dans le Jiangxi en Chine, par Imagine Architects, j’ai défini les surfaces nécessaires. Cette référence présente des similitudes avec le projet de fabrique de thé présenté ici. L’édifice est ouvert aux personnes extérieures qui empruntent une galerie parallèle aux espaces de transformation. Quant aux matériaux, ce sont des briques et des tuiles recyclées provenant des villages alentours. L’activité permet de redynamiser les petits villages environnants et de leur donner un nouvel essor économique. La fabrique de thé regroupe deux types d’utilisateurs : les employés et les visiteurs. Ces derniers devront cohabiter dans chaque espace sans impacter négativement les activités de l’un et de l’autre. Les visiteurs devront donc être correctement guidés et régulés dans l’édifice en restant observateurs du travail effectué. Tandis que les déplacements des employés devront être facilités au maximum.

51


Choix du site : Entre thé et eau

Après avoir observé l’implantation des villages sur ce territoire, j’ai choisi d’encourager le développement de Hua Jia autour de son point d’eau. Cela permettra un aperçu de l’édifice directement en arrivant par le parcours depuis Songjiacang. Le site profite d’une bonne exposition sudest pour le séchage des feuilles de thé. Il bénéficie aussi de la proximité du champ de thé principal du village et se situe sur le même flanc de colline. La circulation entre la plantation et la fabrique sera ainsi facilitée pour les visiteurs et les ouvriers. La pente du site nécessitera d’aménager des terrasses.

Eau Riz Thé Site

52

Niveaux de 5m

0

20 m

N


Matérialité & installations

La matérialité du projet doit impacter positivement l’économie du territoire. Pour cela, on favorisera des matériaux locaux, extraits et transformés, dans la mesure du possible, par les habitants des villages en demande d’emploi. Ces matériaux permettront une insertion du projet dans le site en accord avec les écosystèmes déjà présents et la manière de vivre des individus. Pour un apprentissage progressif des techniques de mise en œuvre, les travaux commenceront par des structures plus petites du parcours pour terminer avec des ouvrages plus imposants comme la fabrique de thé. L’identité matérielle du parcours sera similaire à celle du vieux village de Hua Jia. L’étude de ces maisons m’a permis de mieux appréhender leur logique d’implantation et l’utilisation de ces matériaux. Le travail de la brique, du bois et de la tuile est un point central de cette typologie que je souhaite explorer dans le parcours et dans la fabrique de thé. Ces trois éléments offrent de nombreuses possibilités de mise en œuvre. L’objectif sera alors de valoriser ce savoir-faire local en le remettant au goût du jour pour répondre aux besoins des utilisateurs. Il existe aussi la possibilité de réutiliser certains matériaux du village en ruine, mais ceux-ci sont tout de même en quantité limitée et ne peuvent pas constituer l’intégralité des constructions. Un traitement local des matériaux nécessite aussi l’installation de structures adaptées, en particulier pour la brique de terre cuite, le bois et la tuile. S’il n’existe pas encore d’entreprise pour cela, leur installation fera aussi partie du projet économique de ce territoire. Ensuite, l’acheminement des matériaux ne pourra se faire que par la route carrossable existante. Il faudra donc que les gabarits des pièces permettent le transport de celles-ci à travers la forêt Yangtai. Le châtaignier est une essence commune sur le site et présente une bonne résistance aux éléments. C’est un bois multi-usage pouvant servir de structure, parement ou autre. C’est pourquoi je souhaite l’associer à la brique de terre cuite et à la tuile dans la conception de l’édifice.

53


ESSAIS DE MOTIFS

54


55


Intentions de projet

- Implantation de la fabrique de thé sur la pente, le long des courbes de niveaux en créant des terrasses qui amènent vers le point d’eau (Référence d’implantation : village de Hua Jia) - Fragmentation du programme en plusieurs unités respectant le cycle de production et épousant la forme du site - Échelle des unités analogue aux habitations de Hua Jia pour rester à l’échelle du site. Épaisseur de construction : 8 mètres Longueur variable avec une trame de 4 mètres - Création d’un parcours séquencé matérialisé par des murs structurants en appareillage de briques et un chemin de brique - Définition d’un vocabulaire architectural de murs pleins, murs filtres, portes, fenêtres, toits et sols

56

G


GSEducationalVersion

PLAN D’ESQUISSE 北

0

10 m

N

57


ESSAIS DE VOCABULAIRE ARCHITECTURAL

58


59


60


61


CROQUIS POUR UNE MAISON DE THÉ

62


CROQUIS POUR UN MUR FILTRE

63


MUR DE BRIQUES ET DE PIERRES A HUA JIA

64

STÉPHANIE BOUFFLET


CONCLUSION

Ce projet de fin d’études m’a amenée à approfondir mes connaissances dans le mode de fabrication et de transformation des matériaux. Il m’a sensibilisée quant à la manière de s’insérer dans le territoire tant dans le choix des formes que dans les matériaux. Cet intérêt pour l’architecture vernaculaire a été le lien entre mon mémoire et le projet de fin d’étude. Mes recherches pour ces deux travaux ont alimenté mes réflexions dans divers domaines de l’architecture. Le développement proposé pour ce territoire s’étend sur une longue période. Il demande de définir des étapes et des priorités selon les besoins des habitants en raison de l’objectif de formation à des métiers de construction et de gestion des installations. La valorisation du travail agricole et du patrimoine rural restent des objectifs primordiaux, l’idée étant d’utiliser les ressources et les savoir-faire présents et propres au territoire. Ce projet d’architecture m’a apporté des connaissances sur les problématiques chinoises et m’a poussée à réfléchir sur l’utilisation des ressources locales. L’intérêt que j’ai découvert pour les projets dans des zones reculées m’incite à découvrir d’autres pays, d’autres types de ruralité, où je pourrai apprendre et réinterpréter les techniques constructives anciennes au contact des habitants et de leur réalité.

65


ANNEXES Les légendes du thé : Un extrait du «Classique du Thé» de Lu Yu « L’origine du thé du thé nous est rapportée à travers trois légendes aussi populaires l’une que l’autre. La première fait remonter son origine au troisième millénaire avant notre ère, au temps d’un souverain civilisateur de la Chine : Shennong ou le Divin Laboureur. L’histoire mythique prête à ce personnage nombre de bienfaits, dont ceux d’avoir inventé l’agriculture et d’avoir goûté les plantes. La plus ancienne matière médicale connue lui est attribuée, alors qu’elle a été rédigée aux alentours du début de notre ère. Elle a pour titre Materia medica du Divin Laboureur. Elle mentionne une plante du nom de tu, très amère, à laquelle le thé fut identifié. Telle est l’origine du thé selon Lu Yu. Cependant, le terme de tu est définit par les plus anciens dictionnaires chinois comme un légume amère qui était consommé dans les campagnes, et non comme le thé. De plus, à supposer qu’il s’agisse bien du thé, cette plante y est mentionnée pour ses vertus thérapeutique et non comme boisson. Aussi, pour que la boisson du thé puisse remonter au Divin Laboureur, a-t-on brodé autour de lui la légende suivante : un jour, des feuilles de thé se sont détachées d’un théier et sont tombées dans le bol d’eau chaude du souverain. Ainsi naquit la boisson du thé, il y a très, très longtemps ! La deuxième légende, peut-être fondée, fait remonter l’origine du thé au IVe siècle avant notre ère. Dans le sud-ouest du Sichuan, des montagnards qui appartenaient à une ethnie étrangère faisaient un usage 66

alimentaire du thé. Quand la région fut conquise par les Chinois Han en 316 avant notre ère, ces montagnards apprirent aux conquérants comment préparer les feuilles du théier sauvage. La troisième légende rattache l’origine du thé au milieu des monastères, et plus précisément au bouddhisme Chan/Zen et au premier patriarche de la lignée chinoise de cette école : Bodhidharma. Ce dernier serait arrivé en Chine au début du VIe siècle et resté neuf ans à méditer face à un mur près du temple Shaolin (Henan). Il avait fait vœu de rester éveillé pendant tout ce temps. Pour éviter de s’endormir, il se coupa les paupières. En tombant au sol, celles-ci devinrent des feuilles de thé, avec lesquelles on prépara une boisson. Celle-ci fut très appréciée des moines, car elle les maintenait réveillés alors qu’ils devaient se lever tôt le matin, s’asseoir en méditation sans succomber à la somnolence, et s’adonner à leur tâches religieuses jusqu’à tard le soir. Qu’en est-il alors de l’histoire réelle du thé comme boisson ? Seules des hypothèses peuvent être émises, en raison notamment de la diversité de termes chinois qui désigneraient le thé mais dont la signification reste incertaine. » YU Lu, DESPEUX Catherine (traduction et notes), 2015, Le Classique du Thé, Paris, Editions Payot & Rivages, 17-19 p.


Références architecturales Academy of Art in Hangzhou – Wang Shu - Récupération de matériaux - Lien au paysage - Motifs - Réinterprétation de techniques anciennes

Tea Seed Oil Plant – Imagine Architects – 2014 - Visite d’une usine par une galerie - Matériaux recyclés - Redynamisation de villages chinois - Forme s’adaptant au paysage

Three Shadows Photography Art Centre – Ai Weiwei - 2007 - Travail de la brique en relief - Brique comme sol et comme mobilier - Association avec le bois

Tudela-Culip Restoration Project – EMF – 2010 - Insertion respectueuse du paysage - Cheminement dirigé - Couleur des matériaux dans l’environnement

67


BIBLIOGRAPHIE LIVRES : BRAUNGART Michael, MCDONOUGH William, 2009, Cradle to Cradle : Remaking the way we make things, Londres, Vintage Books, 192 p. CHOPPIN Julien, DELON Nicola, 2014, Matière Grise : Matériaux Réemploi Architecture, conception scientifique de l’ouvrage et de l’exposition Encore Heureux, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 365 p. LIU Dunzhen, CLEMENT Pierre (traduction), CLEMENT Sophie (traduction), 1980, La Maison Chinoise, Paris, Berger-Levrault, 233 p. POUILLON Fernand, 1964, Les Pierres Sauvages, Paris, Points, 271 p. SHU Wang, DE MAZIÈRES François (Préface), GRUBERT Mireille (Préface), 2013, Wang Shu : Construire un monde différent conforme aux principes de la nature : leçon inaugurale de l’Ecole de Chaillot le 31 janvier 2012, traduction de GED Françoise, HORKO Krystyna et PÉCHENART Emmanuelle, Paris, Cité de l’Architecture et du Patrimoine : Ecole de Chaillot, 128 p. YU Lu, DESPEUX Catherine (traduction et notes), 2015, Le Classique du Thé, Paris, Editions Payot & Rivages, 189 p. DOCUMENTAIRE : SHIRAI Erik, 2015, The Birth of Saké, www.netflix.com

68


SITES INTERNET : www.pleinchamp.com/elevage/actualites/les-tournants-de-l-agricultureen-chine-ou-les-voies-de-la-securite-alimentaire www.nouvellepresseduthe.blogspot.fr/2015/12/la-province-du-hubei-etses-thes.html www.aricia.fr/jura-patrimoine/briques_tuiles_chine.htm www.leavesandbuds.blogspot.fr/2015/01/les-standards-traditionnelsdu-2.html www.ouest-france.fr/insolite/un-artiste-chinois-fabrique-une-brique-avecde-lair-pollue-3884890 en.hubei.gov.cn www.chine.in/actualite/photos-fabrication-traditionnelle-the_65923.html

69


70

AVEC LES PERSONNES ÂGÉES DE ZHANGZHAICUN

STÉPHANIE BOUFFLET

AVEC UNE PETITE FILLE DE SONGJIACANG AUTOUR DU FEU

STÉPHANIE BOUFFLET


REMERCIEMENTS

Je souhaite remercier mes directeurs de projet Stéphanie Boufflet, Pierre Vincent, Grégoire Bignier et Martine Bouchier pour leur accompagnement tout au long du projet, pour le superbe voyage à Wuhan et pour le temps qu’ils ont passé à discuter avec moi. Je remercie les étudiants et les professeurs de l’école d’architecture de Wuhan pour le workshop suivi du séjour à la campagne et les habitants de Songjiacang qui nous ont réservé un magnifique accueil. Merci à mes chers compagnons depuis la première année Audrey Marty, Camille Lair, Florian Berthier et Edern Audrain. Merci aussi à ma sœur Karis Balôck. Vous êtes des amis géniaux et je vous souhaite un magnifique avenir. Je remercie ma famille pour leur soutien dans les moments de doutes, leur amour et leur aide précieuse dans mes travaux. Et enfin je remercie Dieu qui m’a porté tout au long de ces études sans me laisser tomber une seule fois et sans qui je ne serais rien.

71


Dans la campagne chinoise, aux abords de Wuhan, deux villages souffrent de l’exode rural. Pour dynamiser et valoriser ce territoire, un parcours sur le thème du thé est mis en place. Ce parcours séquencé propose aux visiteurs de redécouvrir le paysage sous un autre angle, celui du thé, et permet de nouvelles opportunités d’emplois pour la population en âge de travailler.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.