Réhabilitons hier, habitons demain.

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REHABILITONS HIER, HABITONS DEMAIN //ENJEUX ARCHITECTURAUX ET RECONQUËTE DU Bâti existant en milieu rural

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Laura SCHERMESSER - Archtecte DE- Soutenance HMONP 26 Septembre 2016


Grange à Chanaz Photo Laura Schermesser Laura SCHERMESSER - Archtecte DE- Soutenance HMONP 26 Septembre 2016


REHABILITONS HIER, HABITONS DEMAIN //ENJEUX ARCHITECTURAUX ET RECONQUËTE DU Bâti existant en milieu rural

Membres du jury : V.Cargnel N.Ben Salem A.Kilian F.Galloo F.Prugnaud Tuteur: Yoann Gerboud Directeur d’études : Patrick Thépot


SOMMAIRE

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LEXIQUE INTRODUCTION I- Planter le décor 1) Historique professionnel 2) Une première expérience professionnelle : la HMONP 3) Portrait d’une très petite agence dans un très petit hameau qui imagine des projets pas si petits 4) Un travail en autonomie

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II- Révéler le bâtit existant comme alternative à une perte certaine de qualité architecturale 1) Un constat actuel alarmant : le mitage et la perte de la qualité architecturale / Vers une prise de conscience des enjeux architecturaux et du paysage 2) Le bâti existant comme ressource : enjeux et leviers de la réhabilitation 3) Une réhabilitation essentiellement thermique ? 4) La question patrimoniale et l’identité du Bugey


III- La pratique de l’architecte en milieu rural

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1) Construire un projet avec une maîtrise d’ouvrage privée - La pédagogie en architecture // l’éveil à l’architecture - Lorsque la MOA ne croit pas en l’architecte - écoute, disponibilité et réactivité - La gestion du coût global comme ciment du projet - Penser intergénérationnel et tranversalité des usages dans le temps - Le permis de construire, une fin en soi? 2) Des entreprises locales, un chantier qui se vit et se partage - Le choix des entreprises à la consultation- le jeu de la négociation - Habiter le chantier - Un suivi de chantier particulier – une mise en œuvre et des matériaux durables

3) Vers une pratique soutenable et économique - Le contre exemple : concevoir un habitat neuf, durable et atypique - Bilan personnel de la HMONP et perspectives

CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE remerciements ANNEXES

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LEXIQUE

DURABLE

De nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance: une influence durable. Penser à des solutions « alternatives » pour éviter leur obsolescence dès leur programmation, penser à des astuces de conversion, de modularité pour les rendre évolutifs dans le temps et plus durables.

HABITER

On habite par la relation de l’homme à l’espace, par son activité, et la transformation qu’il fait de son environnement.

PéDAGOGIE DE L’ARCHITECTURE

Moyen par lequel on transmet ce qu’est l’architecture. Apprendre à voir l’architecture, communiquer sur ses outils, son vocabulaire, sa finalité. L’architecture est d’intérêt général et participative.

RéHABILITATION

En tant qu’action sur l’habitat, elle renvoie à un processus sélectif qui vise à requalifier certaines valeurs d’usage obsolètes dans la hiérarchie du marché. Elle se concrétise par la diversité des niveaux de prestation fournies (grosœuvre, restructuration interne, adjonction d’équipements de confort, rénovation des parties communes, mises aux normes…).1

RéNOVATION

Se différencie de la réhabilitation car elle implique une démolition, et une reconstruction à neuf.

RESSOURCES

Ensemble des qualités dont quelqu’un ou quelque chose dispose. Il s’agit des possibilités, des moyens intellectuels et humains, en local.

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- COLLOQUE FRANCE, La réhabilitation, à quel prix? Actes de colloques, plan construction; compte-rendu de la journée d’étude du 2 février 1979 à Chambéry

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Qui se rapporte à l’espace rural, par opposition à l’urbanité. Le milieu rural représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine.

RURAL

La temporalité est le temps vécu par la conscience, celui dont elle fait l’expérience et qui déploie à partir du présent, un passé considéré comme acquis et comme appoint pour l’action. Et un futur qui est fait de projets, de possibilités nouvelles. On parle de « temps propre », par opposition au temps du sens commun ; admettant une pluralité des temps propres, par impossibilité de rapporter tous les phénomènes de l’univers à un seul et même temps. On oppose dans ce mémoire deux conceptions de la temporalité: la temporalité cyclique, et la temporalité linéaire.

TEMPORALITé

Fait de se servir de quelque chose, d’appliquer un procédé, une technique, de faire agir un objet, une matière selon leur nature, leur fonction propre afin d’obtenir un effet qui permette de satisfaire un besoin. Habitude, pratique établie, propre à un groupe, à un individu.

USAGE

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introduction

La ville est une matière en continuel essor et renouveau, une matière vivante en transformation. Le projet d’architecture s’inscrit dans ce processus : il est à la fois le futur et le passé. Il projette autant qu’il génère. Il est l’après et l’avant. C’est un maillon dans la chaine de l’édification des villes. Ainsi, un projet réussi est un projet qui se base sur les traces de l’existant tout en insufflant une dynamique à la ville. Créer de tels projets est la finalité de l’architecte, et c’est aussi ce à quoi j’aspire. Cependant, la place des architectes est compliquée à situer car le métier peut s’exercer de différentes manières. Ainsi, c’est pour être capable de soutenir le titre d’architecte, et pour définir quelle pratique du métier je veux avoir, que j’ai entamé ma mise en situation professionnelle. De plus, avec la loi CAP qui vient d’être votée, le rôle de l’architecte et sa vision sont enfin remis en question. L’architecte doit en effet, prendre son rôle à bras le corps, et également considérer 8


le périurbain, ainsi que le milieu rural comme des priorités. Cependant, il faut à la fois éveiller les hommes sur le rôle de l’architecte et éveiller l’architecte sur le rôle qu’il peut avoir sur de grands enjeux actuels, notamment dans un contexte actuel de crise écologique, et d’une perte certaine de la qualité architecturale. Ainsi, plusieurs points me paraissent essentiels dans le métier d’architecte : prendre en compte les habitants, ce qui passe par la communication et l’échange à toutes les phases du projet, et intégrer l’esprit du lieu dans la conception du projet en termes autant programmatiques que techniques. Et cela me paraît d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’une intervention sur le bâti existant, comme j’y ai été confrontée lors de mon habilitation à la maîtrise d’oeuvre en son nom propre. Dès lors, il s’agira de déterminer comment révéler le bâti existant comme alternative à une certaine perte de qualité architecturale? Et quel rôle spécifique l’architecte peut-il jouer en milieu rural? Ainsi, après avoir défini mon parcours professionnel, la philosophie de l’agence, et mes responsabilités, nous verrons quels leviers d’action propose la réhabilitation face à un mitage croissant et une perte de la qualité architecturale à travers la question du patrimoine et du bâti existant comme ressource. Enfin, nous nous attacherons à définir la pratique de l’architecte en milieu rural, face à une maitrise d’ouvrage non professionnelle, soulevant le problème de l’éveil à l’architecture et de la vision même de l’architecte. Nous aborderons également l’économie du projet, le chantier, et la mise en œuvre d’une architecture durable et économique à travers divers exemples de projets. 9


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L’agence .G architecture Photo Yoann Gerboud


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Planter le decor 11


1) Historique professionnel (tiré du protocole) Mes études à l’ENSAG, ainsi que les stages que j’ai effectués, m’ont permis d’acquérir des savoir-faire et des connaissances variés. Ce que je considère comme un début dans l’apprentissage du métier d’architecte, et que l’insertion en milieu professionnel ainsi que l’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre devait me permettre de compléter. Dès mes premières années à l’école, j’ai appris à ressentir l’esprit du lieu, à arpenter un espace ou un territoire, à l’analyser de manière sensible et à le cartographier. De même à partir de cette matière, et des contraintes constructives, j’ai pu concevoir et réaliser l’esquisse du projet d’un édifice selon la commande et les besoins identifiés. Puis, grâce au master « Aedification, grands territoires, villes », j’ai pu acquérir la capacité de problématiser, de diagnostiquer et de projeter le territoire et les villes grâce à l’outil du SCOT. En effet, j’apprécie de travailler à l’interrelation des échelles, ce qui selon moi permet d’ancrer un projet et de le justifier. Il s’agit en soi d’une manière de penser le projet d’architecture comme un processus qui modifie le territoire en continuelle transformation. Penser au plus grand permet ainsi de justifier une intervention en micro local. De plus, le travail que j’ai effectué pour mon projet de fin d’études s’est fait en contact avec d’autres acteurs du projet comme des élus, des habitants, et des représentants de la Métro grenobloise par exemple. J’ai par ailleurs effectué trois stages sur des chantiers et projets à l’ampleur variable qui m’ont permis de saisir l’enjeu des relations entre les différents acteurs du projet, dans ses différentes phases : 12


- un stage ouvrier auprès de la maîtrise d’œuvre en phase maçonnerie- gros œuvre sur le chantier du Musée des Confluences à Lyon en 2011- qui m’a permis d’appréhender le projet d’architecture par la construction et le jeu des différents acteurs. Mais aussi de me confronter encore aujourd’hui aux polémiques soulevées par ce projet pharamineux. - Puis un second stage, au sein de l’agence AIA Architectes à Lyon en 2013, m’a permis d’aborder les questions de respect patrimonial et les enjeux de la réhabilitation en travaillant sur le projet de reconversion de l’Hôtel Dieu. - Enfin, mon stage de master dans une plus petite agence cette fois, chez Y.architectes à Lyon, m’a fait acquérir plus d’autonomie et de polyvalence. J’ai aussi pu participer aux différentes phases d’élaboration du projet jusqu’au suivi de chantier en phases APD, PC, DCE et DET. J’ai appris à réaliser un Permis de Construire et Permis de Construire Modificatif, à suivre les réunions de chantier, ainsi qu’à communiquer les travaux de l’agence pour répondre aux appels d’offre, et à transmettre un projet d’architecture à des habitants.

2) Une première expérience professionnelle : la HMONP Il m’a paru primordial, pour m’ouvrir des perspectives en tant qu’architecte, d’effectuer cette habilitation dès mon cursus achevé. En effet, je pense que cela m’a donné la possibilité tout d’abord d’effectuer une transition entre la pratique de l’architecture en milieu universitaire et celle qui caractérise une agence, et ensuite cela m’a donné les moyens d’étendre le champ des possibles dans la perspective d’ouvrir moi-même une agence à terme, ou pour avoir une pratique du métier d’architecte en toute indépendance. 13


Je pense que cette année avait pour but de perfectionner mes outils de travail en tant qu’architecte et d’entrer au mieux dans la pratique et dans la vie d’une agence. De participer à toutes les phases de conception et de réalisation du projet d’architecture, jusqu’au suivi de chantier. Cette dernière phase très concrète est certainement ce qui manquait le plus à ma formation jusque là. Mais aussi, cette habilitation m’a permis d’entrer enfin dans la pratique du métier d’architecte. Par ailleurs la HMONP, basée sur une mise en situation professionnelle couplée à des cours théoriques m’a paru être le gage d’une première pratique de qualité. En effet, c’est un contrat qui établit clairement le fait que le jeune architecte DE doit apprendre. Il a le droit à l’erreur, tout en étant acteur de toutes les phases du travail d’architecte. Le principe de la mise en situation professionnelle a ainsi apporté un cadre rassurant et de qualité à ma première pratique d’architecte.

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Enfin, la HMONP parait être le passage obligé de tout architecte qui veut s’accomplir. En effet, c’est un sentiment d’inachevé à la fin des cinq années d’études à l’ENSAG qui malgré un diplôme en architecture ne permet pas vraiment d’en porter le titre, laissant comme un goût d’inachevé. En effet, un amalgame est fait entre le métier d’architecte et le titre d’architecte. Ce dernier, que l’on ne peut porter sans être habilité à la maîtrise d’œuvre, inscrit à l’Ordre des architectes, et avoir souscrit une assurance, fait sentir les jeunes architectes un peu comme illégitimes. Illégitimes car ne pouvant pas réellement se revendiquer Architecte. En effet, notre métier est une profession réglementée. Aussi, pour l’exercer, nous avons l’obligation d’adhérer à un ordre créé par les architectes et pour les architectes, comme gage de déontologie. Une obligation qui


participe au prestige de la profession. Et j’ai pris conscience de sa nécessité.

3) Portrait d’une très petite agence dans un très petit hameau qui imagine des projets pas si petits Je pense que l’agence .G architecture, dans laquelle j’ai effectué ma HMONP, est assez atypique. En tous cas je n’avais jamais effectué de stage dans une agence similaire. Son effectif est très réduit: il se compose de Yoann Gerboud, l’architecte qui a fondé l’agence, une autre architecte DE en HMONP et moi-même. L’agence, créée il y a quelques années à peine, se situe dans l’Ain, dans un hameau proche de Belley, au cadre assez bucolique. Elle prend place dans une vieille grange que mon tuteur a luimême réhabilitée en testant différentes techniques constructives : murs en terre ou encore isolation avec de la paille. Cette vieille grange est également le lieu où il vit. Le local de l’agence est donc polyvalent : il rassemble le lieu de vie de Yoann, les bureaux de l’agence et les espaces communs qui représentent l’agence lors des rendez-vous client. Petit à petit chacun a pris sa place et les usages se sont mélangés pour en faire un peu ma deuxième maison : une agence où l’on écoute France Inter le matin et Radio meuh l’après-midi. J’ai découvert l’agence .G Architecture alors que je cherchais des références pour mon projet de fin d’études. Ce qui m’a intéressée de prime abord est que chaque projet témoigne d’une attention portée au lieu et au patrimoine (notamment pour les projets individuels) à laquelle je suis sensible. Une richesse apparente dans la diversité des projets pour une petite et jeune agence, m’a également 15


attirée. Cependant l’agence est encore récente, et fonctionne essentiellement sur le réseau que Yoann Gerboud a pu se créer principalement en marché privé, sur des réhabilitations de granges ou bâtisses au caractère bugiste. L’agence intervient sur un rayon de quarante kilomètres, majoritairement dans des petites villes ou hameaux. Bien que nous travaillions principalement en marchés privés, nous nous basons sur les phases de travail décrites dans la loi MOP. Cependant, l’agence a commencé cette année à se diversifier vers un marché public avec une école, et vers des programmes tertiaires avec la réhabilitation de l’ancienne usine CIAT à l’entrée de la ville. Un enjeu économique à l’échelle de la commune de Belley et même de la région. Cependant, malgré nos envies, nous n’avons encore fait aucun concours. L’agence a pris de l’ampleur cette dernière année, et mon tuteur tend à se faire un nom dans la commune où nous travaillons. Je crois aussi qu’il est plus facile de développer une agence dans une région rurale où la concurrence est moins grande. Ainsi, cela permet d’accéder plus facilement à la commande, et de réaliser plus rapidement des programmes complexes et stimulants.

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La philosophie de l’agence: Yoann Gerboud essaie de développer une démarche éco-responsable mettant en avant le réemploi des matériaux présents sur place ou l’apport de matériaux locaux, mais en utilisant une mise en œuvre et des associations modernes. Dans la même idée de respect du lieu et de l’existant, nous préconisons l’emploi de matériaux naturels ou écologiques. Par ailleurs, en milieu rural, il y a une sensibilité acquise à l’emploi de matériaux durables, et dans une esthétique traditionnelle à prendre en compte. Ainsi, même si nous souhaitons nous inscrire dans une continuité de l’existant, les rénovations que nous réalisons contiennent toujours


L’agence lors des portes ouvertes Photo Yoann Gerboud

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une rénovation thermique intégrale de l’habitation. Mon tuteur donne aussi la priorité à l’échange aussi bien avec les clients, qu’avec les artisans et les entreprises. J’ai réalisé qu’être architecte est un mode de vie auquel on doit se dédier lorsque l’on exerce en libéral. C’est un état de représentation et de séduction constant, même avec nos proches, amis et familles. Cette agence, je l’ai volontairement choisie pour sa taille réduite, plus propice à développer mes compétences et mon autonomie dans la pratique du métier d’architecte. C’est déjà le sentiment que j’en avais eu lors de mes différents stages. Et je n’ai pas été déçue quant à l’autonomie chez .G architecture, car c’est un mode de fonctionnement ! Ce qui au tout début m’a un peu effrayée, ce fut d’avoir beaucoup de responsabilités avec si peu d’expérience. Ces responsabilités seront développées par la suite dans ce mémoire, car c’est une facette primordiale dans la pratique de l’architecte. Cependant, en travaillant avec une autre jeune diplômée, nous avons pu nous entraider et avoir plus de recul sur notre pratique ainsi que sur les cours donnés à l’ENSAG. Je crois vraiment que cela a rendu ma mise en situation particulière, et forcément bénéfique. Tout au long de ma mise en situation, il y a eu une grande transparence de mon tuteur sur les maillons et le fonctionnement de la structure. J’ai ainsi abattu tous les tabous d’argent, de rentabilité, ou de gestion d’agence.

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Par ailleurs, l’agence évolue constamment, et elle a évolué avec nous cette année. Sur le découpage des missions par exemple : nous proposons une simple esquisse ou une faisabilité économique en amont,


avant de signer un devis pour une mission d’études ou pour une mission complète. Ainsi chacun sait à quoi il s’engage : le client prend conscience qu’il doit faire des choix (ce qui est envisageable ou non) et l’architecte ne perd pas de temps à faire des propositions trop onéreuses.

4) Un travail en autonomie Mon tuteur a monté son agence très rapidement une fois diplômé. Il n’a donc eu que relativement peu d’expérience en agence. Aussi il a appris en faisant, et c’est un mode de fonctionnement qui s’est répercuté sur toute l’agence et donc sur mon propre travail. Chacun gère ses propres projets dont il est également responsable. Ce qui permet de traiter un projet dans sa continuité et de construire une vraie relation avec les maîtres d’ouvrage et les artisans. Yoann Gerboud a un rôle de contrôle et de validation à chaque phase de travail. Cependant, il m’a laissé beaucoup d’autonomie : j’étais libre dans la conception d’imaginer un projet répondant au programme mais qui me corresponde aussi. J’étais moi-même en relation directe avec les clients et entreprises pour expliquer le projet et nos méthodes de travail. Je devais à la fois être architecte, secrétaire en charge de répondre au téléphone, économiste sur mes projets, chargée de lancer l’appel d’offre d’un projet dont nous étions OPC, rédactrice des comptes-rendus de chantier, et même chargée d’effectuer les factures, contrats, et devis des dossiers dont j’étais responsable. Un travail auquel on est peu habitué lorsque l’on sort des études et que l’on a juste l’expérience d’un stagiaire ! Mais cela m’a rapidement donné la possibilité d’être polyvalente et de savoir jongler avec plusieurs projets et plusieurs interlocuteurs en même temps. 19


Je pense que c’est le lot de toute petite agence de devoir se dédoubler et de courir après le temps. Une bonne partie de la gestion est ainsi déléguée à chaque architecte. Parfois, cependant, il était difficile de répondre à certaines questions techniques ou même à propos de démarches administratives. Le mauvais effet de cette autonomie est certainement le stress généré par la conscience de nos propres responsabilités, et le manque de rigueur ou de cadre, du fait d’apprendre en faisant. De plus, la nature privée de nos projets qui nous met en relation avec une maîtrise d’ouvrage non sachante, et de marchés intimistes avec des artisans ruraux, a eu tendance à ne pas être assez exigeante sur la rigueur de nos pièces administratives et contractuelles notamment. Ainsi, j’ai traité une trentaine de projets au cours de ma mise en situation professionnelle. Les projets allant de la simple véranda à la conception d’une habitation écologique en mission complète, en passant par du suivi de chantier et de l’aménagement intérieur. Je ne suis pas arrivée à l’agence au « bon moment » pour me permettre de suivre totalement un projet de l’esquisse à la réception de chantier, cependant j’ai pu travailler sur toutes les phases d’un projet à travers des opérations différentes. J’ai tout de même géré trois projets en mission complète depuis l’esquisse, mais je ne les verrai cependant pas se concrétiser par un chantier car alors ma mise en situation sera terminée.

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Au cours des deux premiers mois, ces responsabilités et le grand nombre de dossiers à traiter m’ont empêchée de m’investir totalement dans la conception des projets. Happée par la charge de travail et les enjeux de productivité de l’agence dont j’étais bien consciente, la conception se limitait bien souvent à la phase d’esquisse et n’était plus dans


les phases suivantes que le détail de ce qui avait été validé par la maîtrise d’ouvrage, sans remettre en question la proposition, ni l’enrichir. Cependant, grâce aux moments de cours théoriques chaque mois, j’ai pu prendre du recul sur le travail que je faisais à l’agence, en le confrontant aux expériences décrites par les intervenants. C’est pourquoi, par la suite, j’ai essayé de pousser la conception un peu plus loin. Malheureusement, les projets que nous avons sont souvent de petite taille ou avec des budgets limités, comme nos honoraires… Aussi, nous ne pouvons pas toujours nous permettre de pousser le détail comme je l’aurais souhaité. FAISA ESQ

APS APD PC

PRO DCE ACT EXE DET OPC AOR

Maison.Prsc Maison.Jcqt Maison.Gnn Maison.Dht Maison.Cllmb Maison.Myf Maison.Vnhrsl Maison.Azr Maison.Tpdz Véranda.Chvrn Maison.Mnfr Maison.Bttnt Maison.Drnd Maison yourte Véranda.Lndll Maison.Smmfld Véranda.Dtrz Maison.F-J Maison.Fllpll Maison.Dch Maison.Dvll Maison.Vrnn Maison.Drmzn Maison.Grngr Cure Murs Café Nt Maison.Stvz Collectif.Vnhrsl Maison.Drnd fils

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Grange à réhabiliter Photo Yoann Gerboud

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Réception Photo Laura Schermesser


2 r e v e l e r

le bati existant

c o m m e a l t e r n at i v e a u n e p e r t e c e r t a i n e d e q u a l i t e a r c h i t e c t u r a l e


Pour constituer le patrimoine de demain, il ne faut pas seulement accepter la nature de la société actuelle, mais également penser en termes de pérennité, d’écologie et d’économie des ressources. L’architecture et la construction doivent s’orienter vers une architecture plus soutenable, et je pense, plus en accord avec la nature. Les projets doivent s’inscrire in situ dans des environnements tous différents. Leur mise en œuvre doit perpétuer les savoir-faire locaux et utiliser les matériaux disponibles sur place. C’est pourquoi les enjeux d’aujourd’hui résident dans la création de nouvelles formes d’habitat répondant aux nouveaux critères environnementaux. Enfin, un autre enjeu réside dans la pensée d’un territoire diffus. Le processus de mitage entamé, et donc l’étalement croissant des villes sur la campagne, risque d’abolir toute nature. Faut-il l’accepter ou bien développer un schéma directeur capable de restructurer durablement le territoire ? Le patrimoine futur sera déterminé par les réponses que les architectes, paysagistes et urbanistes apportent aujourd’hui à ces questions.

1) Un constat actuel alarmant : le mitage et la perte de la qualité architecturale / Vers une prise de conscience des enjeux architecturaux et du paysage On peut constater, lorsque l’on s’éloigne des centres bourgs, une perte de plus en plus alarmante de la qualité architecturale dans l’expansion des villes, par le mitage des terres et la diffusion des lotissements. Aussi l’architecte est de plus en plus confronté aux problématiques actuelles du devenir des zones périurbaines et du phénomène d’urbanisation croissante jusque dans les zones pavillonnaires 24


Usage commercial du bâti existant Chazey-Bons Photo Laura Schermesser

Lotissement zone pĂŠriurbaine ZI Belley Photo Laura Schermesser

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et dans les campagnes. Il est peu engageant au premier abord de travailler sur ce type de projet, et de parcelle plate, nue, entourée par des pavés de tôle sans âme. Cependant, c’est là que se situe tout l’enjeu de l’entrée en scène de l’architecte. Même s’il n’est pas urbaniste. Que proposer pour les zones industrielles et péri-urbaines ? Comment réinventer l’architecture du hangar ? Et celle de la maison individuelle à bas coût ? Les cacher ? Y mêler les architectes ? Il est urgent de se confronter aux problématiques réelles d’aujourd’hui et ne pas se cacher derrière des projets pharamineux ou à gros budget réservés à une élite.

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En réalité, l’architecte y est déjà mêlé de par son « monopole » du dépôt de permis de construire. A l’agence, j’ai constaté que nous étions confrontés à des projets de réalisation de permis « rapides ». Des clients particuliers, qui ont déjà esquissé leurs plans, veulent leur maison simple, standardisée et pas chère, sans se soucier de l’impact écologique ou visuel de la construction, de ce qu’il y a eu avant, ni de ce que cela deviendra dans le futur. Ces permis sont très peu valorisants pour l’architecte dont le rôle est réduit à celui de dessinateur ou presque, face à des interlocuteurs non désireux d’écouter ce que nous pouvons et même devons leur apporter. L’architecte est donc vu comme une contrainte plutôt que par ce qu’il peut apporter. Aussi il est urgent de changer le regard sur la profession. Les architectes, pris à la gorge par leur propre nécessité de travailler, et espérant tout de même limiter les dégâts que pourrait faire un promoteur à la même place, sont forcés d’accepter ces conditions. Je ne souhaite pas faire partie de ces architectes qui sont obligés de taire leur déontologie, de baisser toujours plus les honoraires et qui sont obligés de déposer des permis sur les plans de promoteurs ou les gribouillages d’un client. Je ne souhaite pas être


une architecte qui n’habiterait pas dans ce qu’elle dessine. Un travail doit également être fait sur l’image de la maison individuelle, fortement ancrée dans les esprits français. Il faut apporter de nouvelles typologies d’habitat, plus compactes et écologiques apportant le confort, l’intimité et la végétation d’un habitat individuel. Dans ce contexte de crise de la construction et d’une mauvaise information sur le métier de l’architecte, nous avons un rôle certain à jouer : celui de l’éveil à l’architecture et au paysage. Actuellement, une prise de conscience se fait sur la question du patrimoine et du paysage, à différentes échelles : par une révision des POS et PLU, mais également par l’élaboration des SCOT. Dans le cas de ma région d’activité, la création d’un SCOT du Bugey est en marche : regroupant 6 communautés de communes: Belley Bas-Bugey, Bugey Arêne Furans, Colombier, Bugey Sud, Plateau de Hauteville et Valromey. Nous avons également participé aux conférences d’ouverture d’un projet basé sur ce SCOT intitulé « L’année des paysages animés ». Le projet, mené par une paysagiste consiste en plusieurs ateliers mêlant habitants et professionnels de l’architecture et du paysage. Il vise à ouvrir le regard sur notre environnement pour déterminer les axes d’action ou de préservation à adopter. J’espère que ce genre d’action pourra mener à une prise de conscience sur ce que nous construisons, en termes d’esthétique autant que d’impact écologique. Il faut amener les habitants à penser le cycle de vie de ce qu’ils construisent, de l’énergie dépensée pour la construction jusqu’à leur réemploi ou à leur destruction. De même, je compte beaucoup sur la nouvelle loi CAP « liberté de création, architecture et

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Paysage du Bugey Photo Laura Schermesser


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patrimoine », première grande loi sur l’architecture promulguée depuis 1977. Elle pourrait poser les bases d’une nouvelle pratique de l’architecte: elle prévoit parmi ses plus importantes mesures, de fixer le recours obligatoire à un architecte pour toute construction dont la surface de plancher est supérieure à 150m2, l’obligation d’avoir recours à un architecte dans la maîtrise d’œuvre pour des projets d’urbanisme, elle permettrait aux collectivités d’abaisser le délai d’instruction des permis, d’étendre au logement social la possibilité de dérogations expérimentales à certaines règles de construction pour les établissements publics, et l’obligation d’avoir recours à un architecte dans les secteurs classés. Je pense que la loi CAP qui vient d’être votée peut engager une nouvelle ère pour la pratique de l’architecture et enclencher un mécanisme par lequel les architectes décideront d’améliorer leurs conditions de travail en même temps qu’ils ouvriront le regard de tous sur la nécessité de considérer notre patrimoine bâti et paysager, et ce vers la postérité.

2) Le bâti existant comme ressource : enjeux et leviers de la réhabilitation Le bâti existant est un réservoir inexploité. Pourquoi construire du neuf et étendre les villes alors que de nombreux espaces délaissés s’offrent à nous? La réhabilitation parait donc être le meilleur moyen de faire de l’architecture respectueuse de l’environnement, sans étendre la ville, et en révélant l’esprit du lieu. Cependant, la réhabilitation peut prendre des formes et une ampleur très variable. Aussi dans La réhabilitation, à quel prix? Actes de colloques, plan construction; compte-rendu de la journée d’étude du 2 février 1979 à Chambéry, 30


la réhabilitation est définie comme « une notion fluctuante dans son seul contenu technique de travaux. En tant qu’action sur l’habitat, elle renvoie à un processus sélectif qui vise à requalifier certaines valeurs d’usage obsolètes dans la hiérarchie du marché ». De plus, « la variété des interventions est une constante de la réhabilitation. Elle se concrétise par la diversité des niveaux de prestation fournies (gros-œuvre, restructuration interne, adjonction d’équipements de confort, rénovation des parties communes, mises aux normes…) » Ainsi, le marché du parc ancien est une superposition de sousmarchés hétéroclites. Bien sûr, la question du coût est primordiale. C’est pourquoi longtemps la réponse a été de raser les quartiers anciens pour construire du neuf. C’est l’inverse aujourd’hui, il vaut mieux réhabiliter, restaurer. Cependant, le coût de la réhabilitation (comme sa nature) est très variable. En effet, réhabiliter un hôtel historique coûte plus cher qu’installer une douche dans un coin de cuisine. De plus, comme cela est souligné dans ce même ouvrage « un logement réhabilité (…) change de positionnement dans la hiérarchie des marchés de logement. Cela entraîne, comme pour la construction neuve, la possibilité de récupérer un surprofit de localisation au bénéfice des intervenants de l’opération (maitre d’ouvrage, entreprises, maitre d’œuvre, propriétaires immobiliers) ». Un surprofit qui ne pouvait être récupéré tant que le logement ancien n’offrait pas les qualités du neuf, notamment en termes de confort. Par ailleurs, ces restaurations et réhabilitations dépendent des aides de l’Etat. Ainsi les maitres d’ouvrage souhaitant réaliser des travaux de réhabilitation et de rénovation thermique bénéficient

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d’une tva à taux réduit : 10% pour la réhabilitation et 5,5% pour la rénovation thermique. Ils bénéficient aussi de crédits d’impôts qui encouragent les travaux sur l’existant. On estime que pour un maitre d’ouvrage privé qui restaure et revend, le coût de réhabilitation est assez proche du prix de revente. De plus, l’intervention publique est assez réduite sur l’habitat ancien. Les bailleurs sociaux se retrouvent cependant aujourd’hui dans une situation où ils ne peuvent plus ignorer l’état de délabrement de leur parc datant des années 60-70, et essaient de se constituer un patrimoine plus pérenne. C’est ainsi qu’à la Villeneuve de Grenoble, un grand processus de co-construction est en marche, dans le but d’améliorer à la fois le confort, notamment thermique, des logements mais aussi l’amélioration des dispositifs d’entrée et des espaces communs, en prenant en compte l’avis de l’habitant (du moins en façade). La réhabilitation ne se fait par ailleurs pas forcément en une seule intervention, il faut prendre en compte la notion de temps : parfois la réhabilitation se fait par à-coups et sur plusieurs années en ayant conscience que de nouvelles améliorations seront à nouveau à prévoir au bout de 20 à 30 ans. Enfin, il y a conflit entre sauvegarder à l’identique du passé, ou le modifier par rapport aux nouveaux usages car il faut aussi se demander pour qui nous concevons.

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PercĂŠe du 50 - La Villeneuve de Grenoble Photo Laura Schermesser

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3) Une thermique?

réhabilitation

essentiellement

Le défi des prochaines années est de rénover des bâtiments (et notamment les logements) pour parvenir à une réduction drastique de leur consommation énergétique et diminuer leur empreinte CO2. L’objectif 2020 étant les bâtiments à énergie positive ! Cela implique une réduction des consommations énergétiques et donc du coût des charges. Les labels se multiplient: Effinergie, Maison passive ou encore Minergie. Cette révolution dans la construction neuve va peu à peu influer sur le bâti ancien puisque plusieurs centaines de milliers de logements sont à rénover selon les normes ! Un important marché pour les entreprises du bâtiment, mais aussi pour les architectes, qui doivent envisager des constructions durables et plus saines. Cependant, les compétences ne sont pas toujours à la hauteur car il est difficile de trouver le bon savoirfaire dans les entreprises. Nous avons hérité d’un vaste parc immobilier qui comprend des types de bâtiments très variés : logements sociaux, quartiers urbains, reconstruction d’après guerre, logements ouvriers, lotissements néo-ruraux, etc. Des typologies de logements qui ne correspondent plus aux aspirations actuelles d’espaces, aux nouveaux modes de vie, aux normes de sécurité, d’assainissement, ou simplement de confort thermique. Or on ne peut plus aujourd’hui concevoir des bâtiments sans tenir compte de la diminution des combustibles fossiles. Et la facture énergétique est parfois plus élevée que le coût du loyer lui-même ! Il tient à l’architecte de concilier les arguments 34


économiques, écologiques, et culturels (esthétique) pour une rénovation raisonnée sur le long terme. De plus, l’énergie grise nécessaire à ces travaux de rénovation sera bien vite compensée par la réduction des besoins en chauffage. Aussi, à l’agence, nous effectuons nous même les règlementations thermiques RT2012, ce qui nous permet de tester nos projets sur leurs performances en termes de compacité, de chauffage et de composition des parois grâce au logiciel Oscar couplé à Cype mis à disposition par l’Ordre des architectes. Par ailleurs, lorsque l’on travaille en réhabilitation, un certain nombre de critères sont donnés, contrairement à la construction neuve : - une situation existante : orientation, implantation, structure du bâtiment - une difficulté relative de prévision des dépenses des travaux - un nécessaire étalement des décisions et du phasage des travaux - la nécessité de prendre en compte la présence des occupants et du voisinage pendant les travaux - la considération des règlementations thermiques et urbanistiques Critères qui rendent les labels énergie positive presque impossibles à atteindre lorsque l’on travaille sur l’existant ! Ainsi, j’ai pu ressentir une certaine frustration en tant qu’architecte, dans les possibilités de conception offertes par le cadre de la réhabilitation. Etre limité au volume intérieur comme champ d’action, et conserver les éléments existants qui donnent l’âme au lieu, laissent parfois peu de place à un travail autre que celui de l’aménagement intérieur. 35


4) La question patrimoniale et l’identité du Bugey La commune de Belley, est située dans l’Ain, presque à équidistance de Lyon, Grenoble et Chambéry. Malgré sa proximité avec ces grandes villes, notamment Lyon qui aurait pu l’aspirer dans son agglomération, la commune a su conserver une grande partie de son patrimoine Bugiste. La commune, haut lieu du Bugey, est constituée en grappe avec une grande ville et une multitude de hameaux. L’identité paysagère du Bugey est donc très forte, avec la proximité des montagnes et le Rhône qui le parcourt. C’est un paysage verdoyant et rural, où des groupes de maisons organisées en hameaux ponctuent le voyage. Un paysage complet, fait de végétation, de terre, et d’eau avec la présence de nombreux petits lacs. Ce paysage est cependant de plus en plus marqué par les zones industrielles périurbaines autour de Belley, et les nouvelles habitations construites sans qualité architecturale décrites plus haut. Ainsi, la commune n’échappe pas à la règle, même si de nombreux lieux patrimoniaux non exploités peuvent être réinvestis, et les constructions récentes améliorées, au moins en renouant avec l’identité paysagère. Quant au patrimoine bâti à préserver, il y a du patrimoine classé bien sûr, mais aussi de nombreux petits châteaux à l’abandon, et d’anciens moulins. Les caractéristiques du bâti local se retrouvent dans la plupart des granges et bâtisses, par leurs éléments de construction. Notamment par l’emploi des matériaux locaux : l’utilisation de la pierre extraite dans le Bugey, de texture assez friable et de teintes variables; beige, ocre, ou gris clair. Ces pierres ne sont pas réservées aux habitations ou bâtiments aisés, bien au contraire, c’est un matériau courant 36


Château abandonnÊ- Virignin Photo Laura Schermesser

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dans l’édification même des granges, créant donc souvent des murs très épais, constitués de pierres assemblées au mortier, et rarement enduites. Le matériau pierre se retrouve également dans les pierres plates, aux contours irréguliers, qui sont généralement utilisées comme clôtures, pouvant s’élever facilement jusqu’à 1 mètre de haut. Enfin, le plus caractéristique de l’identité du Bugey réside dans les toitures. Les pentes de toit sont très importantes, aussi les PLU imposent souvent de respecter une pente minimale de 45%, et cela peut aller jusqu’à 100%. Des toitures greniers, aux larges débords (1,5 m pour les granges), soutenus par des encorbellements de bois. Ces toitures sont couramment percées de chiens assis, de jacobines, ou d’outeaux, témoignant de la réappropriation des combles en habitation. Une autre particularité des toitures du Bugey est la croupette qui se retrouve très fréquemment sur les toitures des habitations et des granges. Un refus du pignon, ancré dans les esprits de ses habitants qui continuent de reproduire ce modèle. Avec des toitures aussi particulières, la charpente traditionnelle en bois n’en est que plus imposante et impressionnante. La couverture, quant à elle, reste assez « rustique », même lors des rénovations, présentant le plus souvent des rives laissées nues. Ainsi il est primordial pour le projet architectural de prendre en compte ces données pour faire émerger le projet. Il faut conserver les codes traditionnels et s’insérer dans un paysage sans pour autant reproduire à l’identique. Le projet peut amorcer une dynamique pour le futur, et c’est cette trace que nous laissons qu’il faut imaginer.

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Moulin à noix Photo Laura Schermesser

Toiture à croupette Photo Yoann Gerboud

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Chantier - Maison Jcqt- St Martin de Bavelt Photo Laura Schermesser


3 e n Lma i l iperua tri qu ru ae l d e

l’architecte


1) Construire un projet avec une maîtrise d’ouvrage privée Nous travaillons essentiellement avec des maîtres d’ouvrage non professionnels de différents profils : des artisans ou ouvriers du bâtiment qui nous contactent principalement pour les études (des contacts créés lors de chantiers), des personnes de classe moyenne souhaitant réhabiliter leur habitation ou l’étendre, et d’autres souhaitant réaliser leur résidence secondaire, en mission d’études ou en mission complète. Tous ont un point commun : un fort attachement à la région et à ses caractéristiques architecturales. Ces différents profils ont cependant des attentes et une vision différentes quant à notre rôle d’architecte. - La pédagogie en architecture // l’éveil à l’architecture Le premier rendez-vous client est primordial, il va déterminer les bases de la relation entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre. Il permet de déterminer les attentes du maitre d’ouvrage envers l’architecte, de définir son projet en termes programmatiques, et d’effectuer le diagnostique : quel budget rénovation ? Quelle durée de vie des éléments constructifs de la maison ? Quels travaux indispensables ou facultatifs à réaliser ? Quelle consommation énergétique existante ? Quelle valeur de la maison une fois réhabilitée ? Sur cette base, l’architecte peut proposer une mission adaptée, puis fixer des honoraires en fonction de l’enveloppe budgétaire. Au cours de ce rendez-vous, nous faisons remplir une fiche pour consigner les attentes et informations relatives au client. Ce n’est que postérieurement que nous transmettons une proposition d’honoraires. 42


Lors de ce rendez-vous, l’architecte doit développer tout son pouvoir de séduction pour gagner le marché, et convaincre le client de ce qu’il peut apporter même à un simple projet de rénovation. La plupart des maitres d’ouvrage privés ne savent pas en quoi consiste le travail de l’architecte. Il est donc nécessaire de décrire nos compétences et le travail que nous réalisons : chaque mission et chaque phase. En effet, le devis que nous leur transmettons comme proposition d’honoraires se base également sur ces phases, aussi le client doit être en mesure de le comprendre. Une autre part de cette relation consiste à informer le maitre d’ouvrage sur son propre rôle. Ceci peut paraitre paradoxal, mais il est important de lui signifier sa propre fonction. Celle de validation du projet que nous lui soumettons, de choix final des couleurs, modèles et matériaux, et le choix des entreprises à l’appel d’offre. Il est également primordial de définir clairement le rapport qu’il peut avoir ou non à l’entreprise. Un rapport qui est, en fait, plein de nuances : le marché est signé entre le maître d’ouvrage et l’entreprise, or le maitre d’ouvrage n’a pas le droit de lui donner des ordres. De plus, les factures doivent passer par le maître d’œuvre avant d’être payées, et les acomptes avant réalisation sont interdits. Ce que les maîtres d’œuvre peu expérimentés ne savent pas. Aussi nous nous sommes retrouvés dans ce cas sur l’un de nos chantiers : un client ayant payé un acompte à la signature du marché à une entreprise qui a fait faillite avant la réalisation de son lot et qui se trouve maintenant dans l’incapacité de récupérer son argent. De plus, l’architecte doit faire un travail d’éveil sensible à l’architecture : nous utilisons un vocabulaire architectural particulier, qui ne fait

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pas écho chez certains clients. Il faut ainsi pouvoir transmettre comment nos propositions génèrent une qualité spatiale, thermique, acoustique, un mode de vie particulier et des usages adaptés à ses habitants. Le plan et la coupe n’étant pas lisibles de tous, il faut souvent travailler avec des images ou des textures pour rendre compte de nos intentions. - Lorsque la MOA ne croit pas en l’architecte (Maison Drnd- Réhabilitation et extension d’une maison avec vue sur le lac de Pollieu)

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Le plus souvent, nous sommes face à une maîtrise d’ouvrage qui est double, puisque généralement, c’est un couple qui nous contacte. Aussi ces deux individus peuvent être deux usagers différents, qui n’ont pas la même vision de l’habitat. Nous y avons été confrontés lors d’un projet de réhabilitation et d’extension d’une maison construite dans les années 70. Cette maison bénéficie d’une situation particulièrement privilégiée au bord d’un lac, avec vue sur celui-ci. Un environnement, qui éveillait particulièrement nos sens d’architectes. Cependant, les clients n’étant pas précis sur leurs souhaits, nous avons d’abord voulu tester leur limites quant à l’intervention sur leur maison existante en leur proposant deux esquisses. Un premier projet tout à fait respectueux de l’habitation existante et impactant peu l’esthétique actuelle, et un projet d’extension très radical avec une extension venant percuter le toit. Cette dernière fut très mal accueillie, par des propos tels que « nous ne souhaitons pas une maison d’architecte ». Des propos difficiles à entendre, et qui remettent en question le rôle que nous avons à jouer. Doit-on faire exactement ce que le client demande, ou proposer des innovations ? Peut-on changer une habitation tout en la préservant? Nous avons donc persévéré avec une nouvelle esquisse. Elle a cette fois permis de poser des


ESQ 1 : radicalitĂŠ

Maison Drnd- Existant Photo Laura Schermesser ESQ 2 : prolongements extĂŠrieurs doux

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vraies questions sur l’intervention au lieu de braquer les clients. Cependant, il s’est avéré que nos deux interlocuteurs n’avaient pas vraiment la même vision du projet que nous essayions de construire. L’un deux ne considérant sa maison que comme un abri primitif constitué de quatre murs et un toit, ne sachant finalement pas ce que nous pouvions lui apporter car nos propositions ne faisaient écho à rien en lui. Cela révèle, je pense, un vrai problème sur la relation qui s’est construite entre les maitres d’ouvrage et le maitre d’œuvre. Yoann Gerboud est un proche de ces clients, cependant la relation qu’ils ont construite dans le cadre du projet d’architecture n’a pas été établie sur de bonnes bases. Le protocole du premier rendez-vous n’a certainement pas été bien respecté, et les maitres d’ouvrages n’ont pas joué leur rôle en toute honnêteté. J’avoue que face à cette situation, où le client ne croit pas en l’architecte et fait appel à lui sans véritable motivation, cela ne m’a pas donné envie de m’investir pleinement dans leur projet. L’éveil à l’architecture est donc primordial mais devrait être effectué en amont, car alors notre travail de multiples esquisses devient laborieux et laisse le sentiment d’être effectué en vain. - Ecoute, disponibilité et réactivité (Maison Cllmb- Réhabilitation et extension d’une maison existante)

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Nous effectuons toujours deux esquisses pour que l’habitant puisse se questionner sur son mode de vie et ses véritables aspirations si bien que le plus souvent, c’est un mélange des deux que nous devons finalement trouver. Parfois, lorsque la commande n’est pas très claire, nous effectuons un projet librement, dans lequel nous pouvons nous faire plaisir en tant qu’architecte. En effet, il est parfois difficile de trouver sa place


en tant qu’architecte entre ce que l’on voudrait faire et les choix des clients qui vont habiter les lieux. L’architecte doit avant tout être l’avocat de celui qui habite. Aussi lorsque l’on a l’opportunité de s’exprimer pleinement, nous la saisissons pleinement aussi. De plus, nous effectuons autant d’esquisses que nécessaire. Il m’est arrivé de faire jusqu’à cinq propositions pour trouver l’aménagement qui corresponde vraiment à ce que souhaitaient nos clients. Ainsi, l’architecte se doit d’être à l’écoute, disponible et réactif face à ses interlocuteurs. De plus, le temps de l’esquisse est primordial dans l’amorce du travail de l’architecte. Bien qu’elle ne fixe que des grands principes spatiaux, programmatiques, et esthétiques, c’est la base du projet qui donne l’orientation. C’est pourquoi rien ne doit gêner l’habitant dans ce que nous validons à ce moment là. Nous sommes toujours ouverts à la discussion et à la justification de nos propositions lorsque cela est nécessaire. Cependant, nous n’essayons pas d’imposer nos idées, et préférons trouver des « compromis », ou faire prendre conscience au client de la justesse de nos idées par la manière douce. - La gestion du coût global comme ciment du projet (Maison Vrnn - réaménagement d’une portion de grange en habitation à Ruffieu + Cure de Murs et Gélignieux + Maison yourte à Belley) Il est souvent difficile de concilier les attentes du client sur le plan programmatique avec son enveloppe budgétaire. Aussi, il est possible, avec des ratios, de donner un ordre de grandeur des mètres carrés que l’on peut construire ou réhabiliter. Cependant, les prix sont variables suivant chaque

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projet, et suivant la qualité des matériaux employés. Aussi pour éviter les « surprises », lors du chiffrage à l’avant-projet sommaire ou à l’avant-projet définitif, qui conduisent à réduire la qualité des matériaux et parfois même à enlever de la surface ou des éléments du projet, et qui finalement font perdre du sens au projet, nous avons petit à petit instauré une anticipation de ces coûts. Nous testons l’adéquation avec le programme dès le démarrage des études par une faisabilité économique. Cette phase de faisabilité est rassurante pour le client, qui sait alors à quoi il s’engage, et permet à l’architecte de ne pas s’aventurer sur un projet trop ambitieux en surface ou en programmation. Cela peut également permettre de décider une maîtrise d’ouvrage un peu frileuse en lui montrant les possibilités qui s’offrent à elle. Aussi lorsque nous effectuons une faisabilité économique, le projet implicitement s’esquisse avec elle, et nous proposons des options ou variantes qui peuvent enrichir le projet, mais nécessitent un apport budgétaire plus important. Par ailleurs, il y a une limite à la faisabilité économique : elle fige le projet avant même de l’avoir commencé, et limite en cela la conception. Il faut alors s’obliger à repenser le projet et à le questionner à nouveau dans les phases suivantes pour aboutir à la meilleure réponse architecturale et ne pas tomber dans une simple réhabilitation.

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De plus, nous essayons d’être les plus accessibles possibles dans notre calcul en réfléchissant au coût global pour le maître d’ouvrage. Aussi nous intégrons à nos estimatifs et chiffrages les frais d’études de sols, études structurelles, étude thermique, la tva, les voiries (réseaux qui ne sont pas toujours pris en compte par les constructeurs notamment), le mobilier et l’équipement de la cuisine, les équipements sanitaires et électriques ainsi qu’un pourcentage d’aléas et nos frais d’honoraires.


Exemple Estimation économique Projet Cllmb

Des plus-values qu’il faut absolument prendre en compte lorsque l’on raisonne du point de vue du client. Nous insistons toujours sur le pourcentage d’aléas car nous effectuons nos chiffrages sur la base de moyennes constatées dans les devis de nos précédents chantiers, donc sur des coûts pratiqués en local, par des entreprises que nous connaissons le plus souvent, et que nous consultons également fréquemment. Cependant, ces moyennes ne sont pas les prix exacts que nous recevrons lors de l’appel d’offre. De plus, des éléments ont pu être oubliés lors de la réalisation du DPGF, ou devront être ajoutés en cours de chantier par avenant. Il est par conséquent primordial de réaliser une faisabilité économique en amont du projet. Car sinon comment faire concorder les rêves des clients avec la réalité de leur budget ? Il sera alors plus 49


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Faisabilité économique projet Vrnn

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facile pour l’architecte de proposer un projet bien pensé mais plus modeste. D’autant plus que le coût d’une réhabilitation (avec gros travaux isolation/ toiture) revient presque à un coût de construction. Ainsi la question de tout détruire pour imaginer une nouvelle maison contemporaine peut parfois se poser lorsque l’on ne garde que « quelques murs » et que ces éléments ne présentent pas de qualité architecturale ni patrimoniale. De plus, ce coût des travaux étant la base du calcul des honoraires de l’architecte, il y a parfois une méfiance des maitres d’ouvrages quant aux prix que nous avançons. Ceux-ci peuvent nous soupçonner de les gonfler pour calculer des honoraires plus élevés, ou bien ils refusent de donner autant à l’architecte qui représente un vrai budget dans leurs travaux. Aussi les clients sont parfois tentés de retirer des lots à l’architecte lors de l’appel d’offre, comme les équipements et les finitions intérieures (peintures, carrelages), pour faire diminuer la facture et réduire nos honoraires. Malheureusement, nous n’avons pas d’autre choix que de faire avec. Cela ne diminuant pour autant pas le travail de l’architecte, qui est donc payé moins pour le même travail, et en ajoutant une complexité lors de la coordination du chantier avec des intervenants extérieurs. - Penser intergénérationnel et tranversalité des usages dans le temps (Maison Bttnt- Murs-et-Gélignieux- Réhabilitation d’une maison familiale)

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Penser la réhabilitation, c’est aussi agir sur un patrimoine qui se transmet par la famille. Nous y avons été confrontés lors d’un projet pour une bâtisse au caractère Bugiste qui a été partagée en deux pour que deux générations puissent habiter en toute indépendance. Ce patrimoine familial a dû faire


Projet Bttnt- Murs-et-Gélignieux

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l’objet d’une réhabilitation et d’une réorganisation lors du décès de la grand-mère. Notre projet devait alors réunir les deux parties de la maison tout en projetant la possibilité future d’une nouvelle cohabitation avec la génération des enfants. Le projet a pour but de recréer un fonctionnement global de la maison autour d’un centre : les espaces de vie communs tels que le séjour ou la cuisine / salle à manger. Ainsi, pour unifier les deux parties de la maison et créer cette centralité, nous avons proposé «d’évider» le volume en son centre, créant une double hauteur sur la nouvelle pièce de vie et un apport de lumière. A l’étage, on aura donc une mezzanine reliant les deux parties de la maison. La mezzanine est un espace qui revient souvent dans nos projets, car elle offre une qualité d’usage particulière puisqu’elle est ouverte mais mise à l’écart par la hauteur. La mezzanine est propice aux appropriations multiples, ce qui permet la modification du projet dans le futur. Aussi nous sommes principalement intervenus sur le logement de la grand-mère, et avons conservé deux espaces de vie avec cuisine distincts, de manière à permettre une nouvelle division de l’espace dans la postérité. - Le permis de construire, une fin en soi?

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Le dépôt du permis de construire - et son acceptation- sont vus par les clients comme un examen d’école que l’on fait passer à son projet de vie. Il doit rentrer dans les cases du PLU, des normes d’assainissement, d’intégration paysagère, et parfois passer la validation des Architectes des Bâtiments de France. Cependant, les règlementations sont variables en milieu rural : certaines communes n’ont pas de PLU, ni de POS, et ne sont soumises qu’au règlement national d’urbanisme. Dans d’autres cas, le règlement est très difficile à obtenir de la mairie et dans son


contenu peu ouvert à l’innovation architecturale. Les communes pensant préserver leur identité en instaurant de fortes pentes de toit ou des nuanciers particuliers, ne font que légitimer la production d’architecture banale dans le respect de ces règles traditionnelles, mais sans aucune qualité spatiale ni d’intégration. Il serait parfois plus harmonieux d’oser implanter une maison aux volumes contemporains, qui s’intègre dans une trame bâtie et paysagère. Le permis de construire est un acte d’autant plus important qu’il fige le projet. Cela signifie que les études sont terminées: d’où l’importance de pousser au maximum les phases d’avant-projet. Il ne sera plus alors possible de modifier les ouvertures, matériaux, enduits, gabarits, ni espaces intérieurs car les façades seront alors figées. De même pour le Cerfa qui renseigne les surfaces de plancher et surfaces taxables et qui ne pourront plus être modifiées. Il est bien sûr possible d’effectuer des permis de construire modificatifs ou de mise en conformité, cependant nous essayons de les éviter au maximum. De plus, les compositions des parois, les systèmes d’isolation, de chauffage doivent être choisis pour réaliser l’attestation de respect de la règlementation thermique 2012 jointe au Permis de construire. Ce document accepté est finalement intégré aux données urbanistiques gouvernementales, et modifie le cadastre pour la postérité.

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2) Des entreprises locales, un chantier qui se vit et se partage Réaliser un projet de la première esquisse à la livraison de fin de chantier constitue pour l’ego de l’architecte un véritable accomplissement ! Voir et contrôler la réalisation à échelle une de ce que l’on a imaginé ne peut que procurer un intense sentiment d’achèvement autant personnel que professionnel. Ainsi à l’agence nous avons constamment entre cinq et huit projets en suivi de chantier. Yoann Gerboud, mon tuteur, assiste à toutes les réunions de chantier, qui se tiennent en moyenne une fois par semaine. On peut dire que c’est un travail que nous faisons en équipe, avec les entreprises. De plus, suivre le chantier à deux permet d’avoir un meilleur regard, de ne rien oublier, et de se compléter. Mon rôle plus particulièrement était celui de rédiger les comptesrendus, de mettre à jour les plans et de contacter les entreprises. - Le choix des entreprises à la consultation- le jeu de la négociation Yoann Gerboud privilégie le travail avec les artisans qu’il connait, avec lesquels il noue une relation de confiance et même d’amitié. Certains sont des amis d’enfance, ou des proches qu’il connaît depuis longtemps. Il peut ainsi les recommander à des clients en toute sérénité. Nous constituons donc sur cette base, et au fil des chantiers, notre répertoire d’artisans, de bureaux d’études, géomètres, et autres spécialistes du bâtiment, comme base de nos consultations. Ce lien de proximité et de confiance permet de suivre un chantier en toute tranquillité ou presque. Par ailleurs, nous ne travaillons jamais avec de grosses entreprises ou des macro lots sur plus de 56


deux ou trois lots maximum. En effet, il peut être appréciable de diminuer le nombre d’interlocuteurs et donc de coordination dans les intervenants du chantier. De plus, signer plusieurs marchés avec un même artisan permet de négocier les prix plus facilement. L’entreprise sera également plus conciliante lors du chantier lorsque le maitre d’ouvrage demandera des modifications. Mais cela signifie aussi déléguer une part de notre travail de suivi à l’entreprise. Une entreprise ayant le monopole risque donc de s’affranchir de l’architecte, qui n’a plus alors de pouvoir sur la conformité de la réalisation avec le projet. Ceci remettant en question le rôle même de l’architecte. Parfois cependant, le jeu de la négociation peut aller un peu trop loin. Nous avons été mandatés opérateur pilote de chantier pour un projet, réalisé par un architecte parisien, qui ne pouvait être sur place. J’ai trouvé presque indécent la manière d’imposer des remises client de plusieurs milliers d’euros à presque toutes les entreprises retenues sur un même marché. Bien sûr, je réalise qu’un certain jeu de la négociation est d’usage lors de signatures de marchés, cependant je pense que la pratique de l’architecture à Paris est plus offensive dans ses relations. Ceci a beaucoup déstabilisé nos artisans locaux, qui n’ont eu d’autre choix que de plier. Cependant, nous avons constaté qu’un tel démarrage entre maître d’ouvrage et les entreprises engendre rapidement des tensions à chaque problème survenu sur le chantier. - Habiter le chantier Il est plus aisé de faire des travaux sur une maison secondaire que lorsque l’on se trouve dans un cas de réhabilitation d’une habitation principale. Dans ce cas, le planning de chantier, et si nécessaire le phasage des travaux, sont des données

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primordiales à intégrer. En effet, la réalisation doit se faire sur un temps le plus court possible, avec un enchainement parfait des entreprises. Il peut être judicieux d’intervenir lors de longues vacances pour gêner au minimum les habitants, ou de découper les interventions par secteur. De plus, privilégier des chantiers propres, et avec des éléments préassemblés permet de diminuer les nuisances. Il faut également prendre en compte les saisonnalités pendant lesquelles s’effectuent les travaux et prévoir un cantonnement de l’habitation existante lorsque les travaux s’effectuent l’hiver pour éviter les déperditions. Par ailleurs, lorsque le client habite sur les lieux du chantier, il ne peut s’empêcher de garder un œil sur les entreprises, bien qu’il n’en ait pas « le droit ». En effet, le client n’est pas autorisé à être présent sur le chantier sauf si l’architecte l’a convoqué à une réunion. De plus, il n’a pas le droit de donner d’ordre aux entreprises. Aussi il est plus confortable pour l’architecte de pouvoir gérer le chantier sans les inquiétudes du client qu’il faut sans cesse rassurer. Pendant le chantier, le propriétaire cède le lieu à l’entreprise qui en a désormais la responsabilité. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le chantier est également habité par chaque ouvrier. Les ouvriers se l’approprient de manière précaire et réinventent des usages. Le chantier se transforme par moments en une sorte de camping improvisé où l’on mange sur le vieux réfrigérateur, et où l’on improvise un barbecue dans la terre, au fond du jardin. Le lieu désossé, presque déshumanisé, vit en fait d’une nouvelle manière.

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- Un suivi de chantier particulier – une mise en œuvre et des matériaux durables (Maison J- Saint Martin de Bavel – Réhabilitation d’une maison de famille typique du Bugey) J’ai pu suivre deux chantiers durant l’année de mon Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre : un premier chantier que j’ai déjà mentionné, dont nous avions la mission OPC seulement, et un second projet, en mission complète, de réhabilitation d’une maison familiale en pierre du Bugey. Un exemple sur lequel je vais donc m’appuyer car il est plus représentatif de ce que l’on fait à l’agence. Lorsque je suis arrivée chez .G architecture, seule la démolition avait commencé. Aujourd’hui nous sommes proches de la livraison. J’ai ainsi pu suivre toute l’évolution du chantier, et la métamorphose de la bâtisse. Sur ce projet, nous avions une vraie relation de confiance avec le maitre d’ouvrage qui de surcroit n’habitait pas sur place, ce qui nous a permis de

Chantier Jcqt Photo Laura Schermesser

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gérer le chantier sans réelle contrainte de planning. En effet, il n’y avait pas d’impératifs de rentabilité ou d’ouverture des locaux à une date précise. Cela laisse plus de temps pour le chantier, les clients préférant que la réalisation prenne le temps nécessaire pour aboutir à une concrétisation à la hauteur de leurs souhaits. De plus, ils ont eu conscience que le chantier est soumis à des contretemps tels que les intempéries et les saisonnalités.

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° La contrainte de l’existant Malgré la contrainte de l’existant, et donc de « faire avec », la volonté sur ce projet était de réaménager une vieille maison de famille vers un mode de vie plus actuel, des mises aux normes thermiques, et de plus grands espaces. En conséquence, nous avons créé une extension qui rééquilibre le gabarit de la maison ancienne et étroite, permettant de réduire l’effet de hauteur de la maison se déployant sur trois étages avec une faible emprise au sol, tout en gardant une simplicité. De manière à s’intégrer parfaitement à l’existant par l’utilisation des mêmes pierres et de la même mise en œuvre, nous avons eu la volonté de préserver les caractéristiques existantes pour s’intégrer à l’environnement immédiat constitué d’habitations modestes et de bâtiments agricoles, comme si elle avait toujours été là. Aussi, le projet a dû intégrer les ouvertures existantes en façade. Un jeu a donc été trouvé entre la fenêtre existante et le toit de l’extension, créant une faille dans celui-ci. C’est ce qui va faire la particularité de la bâtisse et contribuer à son charme imparfait. De plus, des questionnements se sont formés lors du chantier autour de la solution à adopter pour les planchers. Initialement, le propriétaire souhaitait conserver ces vieilles poutres visibles au plafond. Yoann Gerboud avait prévu de créer un deuxième solivage avec complexe isolant sur le plancher existant pour soutenir le nouveau plancher et


récupérer les différences de niveau. Cependant, nous nous sommes rendu compte que cette grande épaisseur des planchers diminuait considérablement les hauteurs sous plafonds, réduisant les volumes créés. Nous avons donc finalement opté pour une dépose du plancher existant, et un tout nouveau plancher sur solivage juste sablé et traité en incolore. Il faut bien comprendre que le projet ne subissait pas les contraintes existantes, mais qu’il s’agissait bien d’une volonté de conserver les traits et donc l’identité de la bâtisse. ° La relation privilégiée avec des artisans de proximité Sur ce projet, nous avons développé avec les artisans une relation simple et arrangeante, qui ne ressemble pas à l’image que j’en ai pour des chantiers de grande ampleur dans les grandes villes. Ici, on n’hésite pas à changer des éléments de lot et à les ré-attribuer à une autre entreprise si cela est plus cohérent. C’est une relation spontanée et intelligente qui s’est créée autour d’un même but fédérateur : le projet que l’agence a conçu. De plus, chaque artisan est dans une optique de collaboration, et même de transmission. En effet, pour la jeune architecte que je suis, le vocabulaire de chaque corps de métier ne m’est pas forcément accessible. Or les artisans ont toujours été à l’écoute de mes questions et prêts à m’expliquer leur jargon. Un savoir que l’architecte doit apprendre petit à petit, par lui-même et au contact des artisans sur le chantier. Car même si ce n’est pas l’architecte qui construit le projet de ses propres mains, il doit être capable de le faire en théorie, pour l’expliquer à l’artisan et le diriger comme il le veut. L’architecte, chef d’orchestre sur le chantier, doit contrôler la concrétisation du projet dans toute la finesse de ce qu’il avait imaginé. 61


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Maison Jcqt Photo Yoann Gerboud

Maison Jcqt Photo Laura Schermesser

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Maison Jcqt Photo Yoann Gerboud

Maison Jcqt Photo Laura Schermesser

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° Mise en œuvre de matériaux écologiques et réemploi Nous avons privilégié une isolation naturelle avec de la chaux chanvre, et de la laine de bois, ainsi que l’utilisation de produits naturels et écologiques dans les peintures et lasures du bois. Nous avons réemployé les volets, les portes des chambres, et intégré des meubles existants dans l’architecture. Chaque meuble que le client souhaite conserver, et qui va avec l’esprit de la maison, est conservé et intégré dans un espace dédié. Nous avons utilisé les matériaux naturels et locaux, tels que le bois pour les planchers plutôt que des dalles, les menuiseries extérieures et intérieures bois, et une charpente traditionnelle dans l’avancée de toiture abritant la terrasse. Le matériau pierre a été mis en valeur, par un choix de doublage intérieur dans le but de conserver l’aspect extérieur de la bâtisse mais qui, en contrepartie, réduit l’espace de vie sur plus de trente centimètres. Les murs de refends intérieurs ont été traités en joints de pierre, et des enduits naturels frottés fins appliqués sur certains murs. Le système de chauffage, quant à lui, a été privilégié par convection grâce à un plancher chauffant hydraulique branché sur une pompe à chaleur, avec un complément traditionnel et écologique: le poêle à bois.

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° Anticiper le chantier par le détail Ce n’est qu’en faisant du chantier que l’on se pose les bonnes questions lors de la conception : quel positionnement de la menuiserie, en applique ou en tapée ? Par rapport à la maçonnerie ? Quel positionnement du coffre de volet roulant ? Comment le visite-t-on ? A quel point de repère démarre-t-on le calpinage de la faïence ? Comment conserve-t-on une continuité entre intérieur et extérieur tout en gérant les eaux


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de pluie ? Faut-il poser le carrelage autour du bac à douche, ou bien qu’il vienne mourir dessus ? Ce sont autant de questions qui ne m’avaient pas réellement interpellée jusqu’à ce que j’aille sur le terrain de la construction en cours de réalisation. Toutes ces interrogations doivent cependant être anticipées au maximum au moment de la phase PRO de manière à réaliser les détails, même les plus simples, d’assemblage, de gabarit, ou de seuil. Ce sont autant de nuances qui vont guider l’artisan lors de l’appel d’offre et induire des coûts en conséquence. Il arrive parfois que de telles questions ne soient soulevées qu’au moment de la réalisation, c’est alors à l’architecte de fournir le détail nécessaire. ° La poétique du chantier J’ai été émue lors d’une visite de chantier à la nuit tombée. Le toit ayant été évacué pour être remplacé, il ne restait plus que la carcasse des murs porteurs, et quelques éléments de charpente bringuebalants. Des encadrements de fenêtre irréguliers, cadrant l’église du hameau sur fond d’horizon bleu foncé. J’ai trouvé beaucoup de beauté et d’harmonie dans ce tableau, assez inhabituel pour moi. De plus, j’ai été émue par le sens même du chantier. Car l’habiter est une notion profondément ancrée chez l’homme : l’habitat est son abri, son monde à lui. Il renferme des éléments de la vie et on y rattache des souvenirs. Aussi je trouve courageux d’oser désosser un lieu fort, où l’on a passé son enfance puis vu grandir sa propre progéniture. Et j’ai ressenti beaucoup de noblesse dans ce geste à la postérité. Il est rare que les grands-parents entreprennent de si grands travaux, dans l’optique de laisser un habitat sain, et en cohérence avec les normes actuelles de confort et de mode de vie. C’est presque un geste pour la planète… 68


Maison Jcqt Photo Yoann Gerboud

69


3) VERS UNE PRATIQUE SOUTENABLE ET ECONOMIQUE

- Le contre exemple : concevoir un habitat neuf, durable et atypique- Maison Yourte- Belley Nous ne travaillons cependant pas exclusivement sur l’existant, et nous nous confrontons ponctuellement à la réalisation de logements neufs. Aussi j’ai eu l’opportunité de concevoir un habitat plutôt atypique pour une personne d’un certain âge voulant réaliser un petit rêve : celui d’habiter dans une maison d’inspiration yourte. Notre cliente est venue avec des références très traditionnelles en tête, comme celles des constructeurs « maison cèdre ». Des maisons-type conçues sur un plan circulaire, avec une charpente traditionnelle très massive, et des cloisonnements concentriques créant des espaces difficilement aménageables. ° Gérer la densification : vues et accès Le projet s’implante dans une dent creuse en plein centre ville de Belley. Aussi il s’insère dans une politique générale de densification plutôt que d’extension des villes. Les divisions parcellaires sont en effet de plus en plus courantes comme c’est le cas sur le terrain en question qui accueille déjà la maison de la fille de notre cliente. La même propriété doit donc permettre de faire cohabiter deux générations. La parcelle est étroite et comporte une large zone inconstructible en fin de propriété, classée en zone naturelle car fortement arborée. De plus, le terrain est légèrement en pente. Aussi, le projet s’implante à demi encaissé, à demi en surplomb sur pilotis. L’accès se fait par un chemin de servitude au Nord. Concernant l’agencement du projet nous avons organisé le plan de manière à orienter la pièce à vivre qui se prolonge en terrasse au Sud-Est pour bénéficier des apports lumineux.

70


La morphologie du projet s’est façonnée en conjuguant l’idée de la yourte avec le terrain, les vues et les orientations. De manière à s’éloigner de la maison existante et de multiplier les orientations à 360°. Pour ce qui est de la forme des ouvertures, nous avons privilégié leur étroitesse sur la façade Nord, et de grandes ouvertures trapézoïdales sur la façade Sud-Est pour suivre la pente du toit. ° Un nouveau mode de vie inspiré de la yourte Nous sommes partis des caractéristiques que nous évoque l’habitat de la yourte pour constituer notre projet. C’est-à-dire un mode d’habiter à la fois concentré sur un point central à l’intérieur, qui est la pièce de vie, et ouvert sur l’extérieur par toutes les orientations possibles. Un cocon rond, souvent constitué d’une pièce unique où l’on fait tout. Nous l’avons réinterprété de manière non littérale en une grande pièce de vie dont la paroi extérieure est à facettes, avec une large mezzanine et une double hauteur participant de cet effet de grand volume continu, appropriable de multiples manières. Le lien avec l’extérieur a été poussé dans le projet par une terrasse continue qui permet de faire le tour de la réalisation. Sa morphologie avec une paroi à facettes et son toit pentu reprend la poétique de la cabane ou de la tente. C’est presque un habitat minimal avec une grande pièce sur deux niveaux, une chambre, une salle d’eau et buanderie. Penser un habitat au volume continu nécessite de penser à l’intégration des rangements et des meubles familiaux que notre cliente souhaitait conserver. Nous avons pensé au maximum à l’usage des espaces et aux rangements : penderie à l’entrée, penderie dans la chambre, étagères dans le séjour, et rangements sous combles sur la mezzanine.

71


Plan R+1 projet

GSPublisherVersion 0.0.100.100

R

SE

1/200

Projet Yourte Belley

R

7 x 17 = 120

R

ML

ML

7 x 17 = 120

R

Les plans du present dossier sont exclusivement destinés à la demande de permis de construire. ils ne sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser l permis de construire. ils ne sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser la construction

72

SE LV

.G A R C

91 rue des artisan TEL: 07.77.93.20 Conception d'une

LV


Pièce de vie aux usages multiples

Mezzanie appropriable - postérité

73


sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser la construction

74

Projet Yourte Belley

Coupe B1 Limite de propriété

Les plans du present dossier sont exclusivement destinés à la demande de permis de construire. ils ne sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser la con

Coupe B1

Coupe A1

1/200

GSPublisherVersion 0.0.100.100

Coup


Transversalité des orientations

Un mobilier poreux intégré

75


Nous avons fait un travail particulier sur le mobilier dans la transition entre l’entrée et la pièce à vivre par un meuble qui fait paroi et se prolonge en bar filant vers la pièce à vivre. De plus, nous n’avons pas conçu cette habitation pour le présent uniquement, nous avons pensé à la postérité. Cette maison pourra facilement être habitée par une famille par exemple, car nous avons prévu des attentes d’eau et d’évacuations à l’étage pour créer une seconde salle de bain, et la mezzanine peut être cloisonnée pour recréer jusqu’à deux chambres. ° La construction bois : une ressource renouvelable, un chantier propre Nous avons privilégié la filière bois pour réaliser le projet. Cela va dans le sens de l’esprit de la yourte et nous permet de travailler avec une ressource renouvelable, et une mise en œuvre qui se limite à de l’assemblage pour la structure porteuse. Les éléments sont préfabriqués pour un chantier plus propre, plus court, et moins bruyant. Au niveau constructif, la structure se compose donc de 4 portiques en lamellé collé pris dans les murs périphériques en ossature bois isolés en laine de bois. Le plancher de la mezzanine repose sur des poutres apparentes en bois clair, du sapin. Dans la double hauteur les forces doivent cependant être reprises par un câble horizontal. Le revêtement extérieur des murs sera majoritairement en bardage mélèze pour s’intégrer à l’environnement végétalisé. Par ailleurs, nous avons fait un travail sur la toiture : elle se retourne et devient la façade Nord. Cela se traduit également dans la matérialité : la couverture de la toiture en bac acier vient recouvrir la façade Nord. Ce jeu de matériaux vient contraster avec le bois naturel et le mettre en valeur. 76


Omniprésene du matériau bois

Un ancrage doux dans la pente

77


Bilan personnel de la HMONP et perspectives

78

Cette pratique de treize mois dans une même structure m’a donné la possibilité de développer une certaine autonomie. J’ai ainsi pu être actrice dans toutes les phases du projet : conception, estimatif, consultation des entreprises, suivi et livraison de chantier. Mais aussi au niveau de la gestion d’agence, l’économie du projet, la communication au cours de rendez-vous clients et le contact direct avec les artisans et entreprises. J’ai également mesuré l’importance et les enjeux du respect du lieu et du patrimoine en travaillant sur des projets de réhabilitation, d’extension, et aussi d’architecture d’intérieur. J’ai également travaillé sur des projets neufs qui tendaient à utiliser des matériaux et des mises en œuvre écologiques. Au cours de cette année d’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre, j’ai été à la fois mise à l’épreuve et protégée. Mise à l’épreuve par le travail d’architecte qui m’a été demandé. Celui d’un architecte complet qui fait face aux clients, aux entreprises, et à ses responsabilités. J’ai vraiment été actrice, lors de cette année, de toutes les tâches qui peuvent être confiées à un architecte ou presque. J’ai également, et paradoxalement, été protégée par un environnement bienveillant que constitue l’agence où j’ai fait ma première expérience par des maitres d’ouvrages relativement conciliants, et des artisans fiables avec lesquels j’ai toujours été en confiance. Une première expérience qui a duré plus d’un an, grâce à laquelle j’ai pu constituer une base solide pour ma pratique d’architecte. Une expérience qui n’aurait pas pu être plus riche je crois, car la toute petite taille de l’agence a été déterminante dans mon travail au quotidien. Par ailleurs, je souhaiterais diversifier ma pratique


vers des marchés publiques et des programmes tertiaires, et travailler sur des concours. Un travail de l’architecte que je n’ai pas vu lors de ma mise en situation professionnelle, mais seulement lors de mes précédents stages. J’ai réalisé que le métier d’architecte est exigeant sur le plan personnel. Il nécessite un engagement total. De plus, je n’avais pas mesuré toute l’importance du côté relationnel ou commercial. Cependant, je pense que le professionnalisme et les bonnes idées peuvent largement compenser. On peut aussi s’associer avec des personnes complémentaires. De plus, j’ai essayé de prendre régulièrement du recul sur ma pratique à l’agence et de me questionner autant que possible. De même, les moments de cours m’ont beaucoup aidée à avancer dans la réflexion et à ne pas me laisser prendre par le flot de l’agence. Qui plus est, séparer les sessions permet de laisser reposer les idées et les informations pour mieux les intégrer. En effet, il est courant qu’au cours de la mise en situation en agence, un dossier ou une tâche fasse écho à ce qu’on a pu entendre en cours. Signe que le contenu est adapté. Bien sûr, je changerai plusieurs choses pour ma pratique future de l’architecture car cette année m’a fait prendre conscience de l’architecte que je veux être. Mon tuteur est lui-même encore un jeune architecte, il n’a pas pris le temps de se former dans plusieurs agences car il avait déjà développé son réseau en parallèle de ses études. Il est donc lui-même parfois encore en train de se chercher et de tâtonner. Je souhaiterais à contrario prendre le temps de faire plusieurs expériences, dans diverses agences pour trouver la pratique qui me correspond le mieux, et acquérir cette rigueur qui peut faire défaut dans

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un apprentissage sur le terrain. Un chemin vers l’autonomie, afin de pouvoir m’établir en mon nom propre seule ou accompagnée. Je ne souhaite plus travailler dans l’urgence et la rentabilité, je voudrais privilégier la qualité, la rigueur et le sens du projet. En effet, j’ai par moments ressenti que l’on n’accordait pas assez de place à la conception en agence. Je trouve dommage que l’on cantonne l’apprentissage de la conception aux études. Comme si cinq années à l’école avaient suffit à tout explorer, et que la conception était devenue automatique. Il faut la réintégrer totalement à la pratique : refaire des maquettes d’études, ou des concours d’idées internes à l’agence. Car c’est finalement là que l’architecte se fait le plus plaisir. Et quel intérêt du métier sans plaisir ? Je souhaite exercer avec plus d’exigence tout en ayant conscience des réalités économiques et du marché. Je veux croire que les architectes ont un pouvoir, celui d’imaginer des habitats en cohérence avec la société actuelle et celle de demain. Une société de plus en plus concernée par des enjeux environnementaux que notre pratique doit encourager.

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Sur le terrain Photo Yoann Gerboud

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conclusion

La ville est le siège de modifications, parfois subies, parfois planifiées, qui font émerger des éléments du patrimoine. Constater que la norme d’une époque ou des villes méprisées en leur temps deviennent patrimoine protégé aujourd’hui est une situation bien ironique mais légitime dans le processus de conservation des traces. Il faut, je le crois, apprendre à accepter la réalité et ne pas toujours faire table rase de ce qui pourrait être considéré comme mauvais. Ainsi, à différentes échelles, le projet devient, avec l’écoulement du temps, un composant du patrimoine architectural. A l’échelle du bâtiment qui devient monument mis en valeur ou protégé, ou bien à l’échelle de l’édification des villes. C’est à l’architecte d’aujourd’hui de proposer des projets pour demain, en s’inscrivant dans le site, dans l’existant ou dans le respect des traces du passé et en les réinterprétant. 82


De plus, pour constituer le patrimoine de demain, il ne faut pas seulement accepter la nature de la société actuelle, mais également penser en termes de pérennité, d’écologie et d’économie des ressources. Certaines innovations pourraient se faire avec des matériaux très simples, mais que peu d’entreprises acceptent mettre en œuvre. C’est le cas des matériaux tels que la terre ou la paille. Des matériaux simples et peu chers, puisque leur coût est essentiellement celui de la main d’œuvre. Il s’agirait donc de réactiver des savoir-faire anciens, le respect des matériaux locaux, l’inscription paysagère et historique pour justifier le projet et l’ancrer durablement, en imaginant des usages futurs ou en laissant des vides, pour laisser à la postérité la possibilité de modeler le projet. La rédaction de ce mémoire m’a permis de faire un point sur moi-même et sur mes attentes. Je suis capable de qualifier l’architecte idéale que je voudrais devenir : une architecte engagée, qui contribue à façonner la société et s’émancipe des règles pour pousser ses idées jusqu’au bout. Une architecte qui ne répète pas un schéma, mais qui s’inspire du lieu, et en tire l’essence de ses projets. D’autre part, je crois qu’un architecte n’est pas sans son équipe, et que les habitants doivent être au cœur du processus de projet. Le projet doit être établi pour eux, à l’échelle de l’homme et pour ses usages. Mais également en faisant participer autant que possible les habitants à l’élaboration du projet. C’est la clé de son acceptation. De plus, cet architecte modèle s’inquiète de ce qu’il laisse derrière lui. Un lieu à vivre, à habiter, et qui constituera peut-être le patrimoine architectural de demain. Ceci serait mon image de l’architecte idéale, ce à quoi j’aspire. 83


bibliographie - BOURGEOIS MATTHIEU, SOPHIE BRONCHART, JEANFRANCOIS RIXEN,Rénover en basse consommation, 2ème édition l’Inédite, collection Hommes, habitat, environnement - BURIE MYRIAM, Le guide de la restauration écologique, Editions Eyrolles 2010, février 2009 - COLLOQUE FRANCE, La réhabilitation, à quel prix? Actes de colloques, plan construction; compte-rendu de la journée d’étude du 2 février 1979 à Chambéry - CORBOZ André, Le territoire comme palimpseste et autres essais, Ed. de l’imprimeur, Paris, 2001, p. 209-229 - DE BOTTON Alain, L’architecture du bonheur, Mercure de France, 2007 - HUET MICHEL, L’architecte maître d’oeuvre- Cadre et outils juridiques, Le moniteur Editions, 2006 - NORBERG-SCHULZ Christian (1979), Genius Loci : Paysage, Ambiance, Architecture, Liège : Mardaga, 1981 - VENTURI Robert, SCOTT BROWN Denise, IZENOUR Steven (1972), L’enseignement de Las Vegas, ou le Symbolisme oublié de la forme architecturale, Liège : Mardaga, 1987 84


remerciements Je remercie toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction de ce mémoire, par leurs conseils, leur bienveillance et leur tutorat : Yoann Gerboud en premier lieu, pour m’avoir transmis sa pratique du métier d’architecte; Patrick Thépot pour ses relectures consciencieuses en plein mois d’Août; mais surtout Anne-Claire Dury pour nos échanges sincères.

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annexes

86


87


88


89


11,78

4,79

4,49

4,04 limite de propriété

limite de propriété

3,19 2,50

architecture

206 206

3095

1 239

9295

2505

785

5345

Coupe A1 existant 11,78

6,25

4,90

4,49

5,10 4,47

4,15

limite de propriété

4,04

2,50

0,75 0,00 206 206

Coupe A1 projet

90

.G

0,75 0,00

limite de propriété

PROJET.Vrnn- Ruffieu

Réhabilitation et extension d’une grange

6,25

GSPublisherEngine 0.23.100.99

3095

1 239

9295

2505

785

5345


91


92

Réhabilitation et extension d’une grange

PROJET.Vrnn- Ruffieu


93


Pièces

m2 sols

Rez-de-chaussée atelier brico

11,20

Buanderie

6,41

Cave

9,92

cave fuel

10,90

Cellier Cuisine salle à manger Dgmt

39,16

Garage

32,15

élément supprimé

5,31 6,45

Niche

limite h1.80

7,17

Nouvelle cuisine

40,57

Salon

23,70

Stockage

19,91

S:

33,0 m2

16

11

15

10

14

1,89 216,29 m2

13

1,55

wc douche

12

wc

Séjour secondaire

9 8

Etage 1er Chambre 1

22,41

Chambre 2

18,72

Chambre 3

12,43

Chambre 4

11,38

dgmt

10,04

rgmt

1,29

SDB 1

1

2

4

3

7

7,99

5

16 x 0,2 = 2,8

Bureau

6

Les plans du present dossier sont exclusivement destinés à la demande de permis de construire. ils ne sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser Les plans la construction du present dossier sont exclusivement destinés à la demande de permis de construire. ils ne sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser l

Etages

Bureau

wc

SDB 2

1,58

wc 2

1,74 130,10 m

15 x 0,2 = 2,7

dgmt

S: 10,0 m2

2

Chambre 4

Etage 2

S:

Combles

22,4 m2

S: 1,6 m2

S: 4,7 m2

32,95

wc

S:

wc 2

S: 1,7 m2

4,70

Séjour secondaire

Chambre 1

S: 1,3 m2

S: 4,9 m2

4,87

SDB 2

rgmt

SDB 1

S: 8,0 m2

Chambre 2

Chambre 3

11,4 m2

S:

S:

12,4 m2

18,7 m2

108,16 108,16 m2

454,55 m2

Total

163.84 m²

Dont projet

Surfaces projet

Plan R+1 projet

Extensions et modifications sur une habitation existante

Plan surface projet R+1

638, Route du Valromey 01300 CUZIEU

MAITRÎSE D'OEUVRE :

NUMERO

MAITRÎSE D'OUVRAGE : Sylvie et Bernard COLLOMB Yoann GERBOUD

Affaire 15111

Echelle : 1/100

mardi 28 juin 2016 Date : 07.77.93.20.96 yoanngerboud@gmail.com

APS

04.0 2

GSPublisherEngine 0.23.100.100

cave fuel

PROJET.Cllmb- Cuzieu

Cellier Cuisine salle à manger Dgmt

Surfaces projet

Garage Niche

Nouvelle cuisine Salon

Stockage wc

wc douche

40,6

wc

S: 1,5 m2

Cave

S: 9,9 m2 16 x 0,2 = 2,8

6,6

wc douche S:

11,2 m2

1,9 m2

94

S: 6,4 m2

15 x 0,2 = 2,7

9,92

10,90

Stockage S:

5,31

Cuisine salle à manger

19,9 m2

S:

39,16 6,45

cave fuel

1,8 S: 10,9 m2

32,15

39,2 m2

Abri voiture S:

A1

34,7 m2

7,17 40,57 23,70

TN=TF

19,91 1,55 1,89 216,29 m2

4,4

2,2

15,9

MAITRÎSE D'OEUVRE :

Yoann GERBOUD

1,0

Plan RDC projet NUMERO

Affaire 15111

Echelle : 1/100

10,9

mardi 28 juin 2016 Date : 07.77.93.20.96 yoanngerboud@gmail.com

APS

04.0 1

3,1

TN=TF

0,2

6,4

Coupe B2 projet

GSPublisherEngine 0.23.100.100

Limite de propriété

6,6

Limite de propriété

GSPublisherEngine 0.23.100.100

Dgmt

6,41

Extensions et modifications sur une Coupe B2 existantPlan surface projet RDC MAITRÎSE D'OUVRAGE : Sylvie et Bernard COLLOMB habitation existante 638, Route du Valromey 01300 CUZIEU

S: 23,7 m2

6,4 m2

B1

S:

32,2 m2

atelier brico S:

11,20

Salon

Buanderie

Garage

m2 sols

B1

Cave

S: 5,3 m2

0,5

0,4

5,3

10,2

1,0

638, Route du Valromey 01300 CUZIEU

Buanderie

Cellier

Extensions et modifications sur une habitation existante

atelier brico

S: 7,2 m2

Limite de propriété

Rez-de-chaussée

S:

Niche

m2

cuve fuel 3000l

Pièces

10,9 Nouvelle cuisine

Limite de propriété

Réhabilitation et extension d’une bâtisse

Etages

Les plans du present dossier sont exclusivement destinés à la demande de permis de construire. ils ne sont en aucun cas des plans d'exécution et ne peuvent donc pas être directement utilisés pour réaliser la construction

élément supprimé


95


96

Réhabilitation et extension d’une bâtisse

PROJET.Cllmb- Cuzieu


97


98

Réaméngament de l’espace de vie

PROJET.Smfld- Belley


99


100

Réaméngament de l’espace de vie

PROJET.Smfld- Belley


101


PROTOCOLE POUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA FORMATION DE L’ARCHITECTE DIPLOME D’ETAT A L’EXERCICE DE LA Maîtrise D’ŒUVRE EN SON NOM PROPRE Directeur d’études : Patrick Thépot Tuteur au sein de l’entreprise : Yoann Gerboud Organisme d’accueil : .G architecture 16 rue des Rossignols à Billignin 01300 BELLEY yoanngerboud@gmail.com 1. État synthétique des acquis en matière de maîtrise d’œuvre (connaissances, savoir-faires …) et sur les principaux débats qui ont eu lieu à ce sujet en termes d’enjeux et de défis. Mes études à l’ENSAG ainsi que les stages que j’ai effectués m’ont permis d’acquérir des savoir-faires et des connaissances variés. Ce que je considère comme un début dans l’apprentissage du métier d’architecte, et que l’insertion en milieu professionnel ainsi que l’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre devraient me permettre de compléter. Dès mes premières années à l’école, j’ai appris à ressentir l’esprit du lieu, à arpenter un espace ou un territoire, à analyser de manière sensible et à cartographier. De même à partir de cette matière, et des contraintes constructives, j’ai pu concevoir et réaliser l’esquisse du projet de création d’un édifice selon la commande et les besoins identifiés. 102


Puis, grâce au master « Aedification, grands territoires, villes », j’ai pu acquérir la capacité de problématiser, de diagnostiquer et de projeter le territoire et les villes grâce à l’outil du SCOT. En effet, j’affectionne travailler à l’interrelation des échelles, ce qui selon moi permet d’ancrer un projet et de le justifier. Il s’agit en soi d’une manière de penser le projet d’architecture comme un processus qui modifie le territoire en continuelle transformation. Penser au plus grand, permet ainsi de justifier une intervention en micro local. De plus, le travail que j’ai effectué pour le PFE s’est fait en contact avec d’autres acteurs du projet comme des élus, des habitants, et des représentants de la Métro grenobloise par exemple. J’ai par ailleurs effectué trois stages sur des chantiers et projets de différentes ampleurs qui m’ont permis de saisir l’enjeu des relations entre les différents acteurs du projet, dans ses différentes phases : - un stage ouvrier auprès de la maîtrise d’œuvre en phase maçonnerie- gros oeuvre sur le chantier du Musée des Confluences à Lyon en 2011 qui m’a permis d’appréhender le projet d’architecture par la construction et le jeu des différents acteurs. Ainsi que de me confronter encore aujourd’hui aux polémiques soulevées par ce projet pharamineux. - Puis, un second stage au sein de l’agence AIA Architectes à Lyon en 2013, m’a permis d’aborder les questions de respect patrimonial et les enjeux de la réhabilitation en travaillant sur le projet de reconversion de l’Hôtel Dieu. - Enfin, mon stage de master dans une petite agence, cette fois, chez Y.architectes à Lyon, m’a permis d’acquérir plus d’autonomie et de polyvalence. Mais aussi de participer aux différentes phases d’élaboration du projet jusqu’au suivi de chantier en phase APD, PC, DCE et DET. J’ai appris à réaliser un Permis de Construire et Permis de Construire Modificatif, à suivre les réunions de chantier, ainsi qu’à communiquer les travaux de l’agence pour répondre aux appels d’offre, mais aussi à transmettre un projet d’architecture à des habitants.

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2. Énoncé d’un point de vue sur la place particulière des architectes en général et énoncé personnel comme postulant La place des architectes est à la fois compliquée à situer – car le métier peut s’exercer de différentes manières- et essentielle dans la construction et l’évolution des villes, des lieux de vie, et jusque dans les manières d’habiter. Plusieurs points me paraissaient essentiels dans le métier d’architecte : prendre en compte les habitants, ce qui passe par la communication et l’échange à toutes les phases du projet, et prendre en compte l’esprit du lieu dans la conception du projet en termes autant programmatiques que physiques. Et cela me paraît d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’une réhabilitation. De plus, le stage de master dans une petite agence et les projets sur lesquels j’ai travaillé ont soulevé selon moi la problématique des limites et des perspectives d’une valorisation des compétences de l’architecte dans l’architecture économique. En effet, chez Y.architectes, ce qui m’a frappée c’est la volonté ou souvent la nécessité de faire la meilleure architecture mais de manière économique, en exploitant au mieux les matériaux simples. C’est-à-dire des matériaux industriels, peu coûteux, et souvent préfabriqués. Ainsi leur manière de concevoir et leur esthétique ne porte pas sur le symbole et la plasticité mais plutôt sur la fonctionnalité et sur la sobriété élégante. Une distinction franche entre l’architecture souvent produite par les grosses agences et celle produite par des petites agences qui sont obligées d’inventer des bâtiments toujours plus optimisés et justes, rendant leur architecture finalement supérieure. Par ailleurs, l’architecte est de plus en plus confronté aux problématiques actuelles du devenir des zones périurbaines et du phénomène d’urbanisation croissante jusque dans les zones pavillonnaires et jusqu’aux campagnes. Il est peu engageant au premier abord de travailler sur ce type de projet et de parcelle plate, nue, 104


entourée par des pavés de tôle sans âme. Cependant, c’est là que ce situe tout l’enjeu de l’entrée en scène de l’architecte. Même s’il n’est pas urbaniste. Car que proposer pour les zones industrielles et péri-urbaines? Comment réinventer l’architecture du hangar ? Les cacher ? Y mêler les architectes ? Il est urgent de se confronter aux problématiques réelles d’aujourd’hui et ne pas se cacher derrière des projets pharamineux ou à gros budget réservés à une élite. Le décalage est important entre ce que l’on est habitué à travailler dans le cadre scolaire et ce qui est demandé à un jeune architecte. Bien que la quantité de choses à savoir et à appréhender est certainement trop conséquente pour y parvenir en 5 ans. J’ai ainsi pris conscience du chemin qu’il me reste à parcourir pour commencer à soutenir le titre d’architecte. 3. Explicitation des aspirations et attentes particulières à l’égard de la formation et de la mise en situation professionnelle pour se sensibiliser, connaître et approfondir les différents domaines de connaissances qui paraissent nécessaires pour une maîtrise satisfaisante des expertises et des responsabilités. Il me paraît primordial, pour m’ouvrir des perspectives en tant qu’architecte, d’effectuer cette habilitation dès mon cursus achevé. En effet, je pense que cela me permettra d’abord d’effectuer une transition entre la pratique de l’architecture en milieu universitaire, et celle qui caractérise une agence. Et ensuite cela me donnera les moyens pour étendre le champ des possibles quant à ouvrir moi-même une agence à terme, ou à avoir une pratique du métier d’architecte en toute indépendance. Je pense que cette année doit me permettre de perfectionner mes outils de travail en tant qu’architecte et d’entrer au mieux dans le travail et dans la vie d’une agence. De participer à toutes les phases de conception et de réalisation du projet d’architecture, jusqu’au suivi de chantier. Cette dernière phase très concrète est certainement ce qui manque le plus à ma formation 105


jusque là. Enfin, cette habilitation me permettra d’entrer enfin dans la réelle pratique du métier d’architecte. J’envisage donc l’année de HMO en alternance dans une petite agence avec laquelle je peux partager une vision de l’architecture et du projet et en complémentarité avec les cours donnés à mon école, l’ENSAG. Ces derniers me permettront de prendre conscience des responsabilités et de la gestion administrative qu’implique le fonctionnement d’une agence, très peu abordée à l’école jusqu’ici et essentielle pour à terme pour exercer en mon nom propre. 4. Exposé des critères de choix du lieu de mise en situation professionnelle J’ai découvert l’agence .G Architecture alors que je cherchais des références pour mon projet de fin d’études. Par ailleurs, ce qui m’a intéressé plus largement dans l’agence c’est la diversité des projets et des échelles abordées : aussi bien du collectif sur concours que de l’individuel ; du projet urbain à la réhabilitation d’une maison de caractère. De plus, chaque projet témoigne d’une attention portée au lieu et au patrimoine notamment pour les projets individuels- à laquelle je suis sensible. Une richesse donc dans la diversité des projets pour une petite et jeune agence, qui m’a attirée. D’autant plus qu’une petite agence me paraît plus propice à développer mes compétences et une autonomie au cours d’une HMONP. J’ai en effet eu l’opportunité d’effectuer des stages dans une grande puis dans une petite agence, et c’est le sentiment que j’en ai eu. Enfin développer une démarche éco-responsable et donner la priorité à l’échange comme .G architecture le fait me paraît important à intégrer au processus de projet. D’autant plus que je vais découvrir le fonctionnement du marché privé, où le dialogue avec le client et donc l’habitant me paraît primordial.

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5. Travail personnel envisagé parallèlement aux enseignements spécifiques et à la mise en situation professionnelle. Parallèlement à la mise en situation professionnelle et sur la base de celle-ci, je souhaite constituer un mémoire professionnel visant à approfondir l’enjeu des réhabilitations et de l’insertion en milieu rural. J’envisage également de participer à des concours étudiants, concours à projet, d’idées, ou de photo si j’en ai l’opportunité. 6. Mise en évidence des apports à faire valoir au sein de la structure d’accueil sollicitée pour s’insérer et collaborer à la bonne marche de l’entreprise. Ce que je vais essayer d’apporter à l’agence c’est la « fraicheur » étudiante. Je ferais de mon mieux pour m’intégrer, remplir les tâches qui me seront confiées rapidement et en fournissant un travail soigné. J’ai par ailleurs l’habitude de travailler en équipe, et cela me paraît toujours bénéfique à un projet qui évolue ainsi plus vite, et vers une proposition toujours plus adaptée au contexte. 7. Suivi choisi à mettre en place pendant la période de MSP Pendant toute la période de mise en situation professionnelle, le suivi se fera avec Patrick Thépot. Sur la base de six rendez-vous réguliers correspondant à des jours de formation à l’ENSAG, mais également par des échanges de mails fréquents

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REHABILITONS HIER, HABITONS DEMAIN //ENJEUX ARCHITECTURAUX ET RECONQUËTE DU Bâti existant en milieu rural


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