PRATIQUES ET TRAVAUX GRAPHISTE LYRIQUE Le travail de Michal Batory est majoritairement, voir entièrement, ancré dans le champ culturel puisque ses clients sont des théâtres ou des salles de spectacles. Ses créations visuelles sont essentiellement destinées la rue et ont pour but de promouvoir un spectacle ou un événement particulier. Comme tout graphiste, il répond principalement à une commande, devant prendre en compte un cahier des charges et n'a pas de controôle total sur ce qu'il fait. Ses principaux clients sont l'Arsenal de Metz, le Théâtre National de Chaillot et le Teatr Polski de Poznan en Pologne, pour qui il cré une vingtaine d'affiches par an, ainsi qu'une multitude de catalogues, brochures, cartons d'invitations. Michal Batory est connu pour son lyrisme et ses créations métaphoriques où l'hybridation vient faire naitre une sorte de poésie visuelle laquelle personne ne peut rester insensible. Il a à coeur de donner du sens à ce qu'il fait et ne supporte pas la création gratuite et superficielle. Mais pour mieux comprendre cela, commençons par le commencement... UNE DOUBLE IDENTITE CULTURELLE Dans un premier lieu et pour mieux comprendre son travail, il est nécessaire de s'intéresser de près à l'histoire de l'affiche polonaise. Lui-même ressortissant de cet état d'Europe centrale, son travail poursuit celui des graphistes de son pays : il est directement influencé par le travail de Roman Cieslewicz (1930-1996) qui était à la tête d'une très originale école d'affichistes. L'affiche polonaise a toujours existé mais lorsque l'on en parle en tant que mouvement, on fait principalement référence la période 1946-1985. Elle eut un fort impact, un impact international, sur le monde de graphisme -- au même titre que l' école du Bauhaus -puisque les jeunes graphistes s'inspiraient tous plus ou moins d'elle. L'interrogation principale qui survient est alors la suivante : pourquoi la Pologne s'est imposée comme la patrie où tout a véritablement commencé pour l'affiche moderne ? La réponse est la fois artistique et politique. On parle souvent tort d'un style de l'Affiche polonaise , alors que le style de Cieslewicz ne pouvait pas être confondu avec celui de Swierzy ou Starowieyski. L'unique point commun entre ces artistes tait une volonté créative et une facilité à s'affranchir des codes aussi bien typographiques que graphiques. Cette liberté confère aux affiches une puissance visuelle telle que des années après elles paraissent toujours aussi contemporaines. une poque où le capitalisme était vu comme le Bien absolu et que le communisme était, selon Reagan, l'empire du Mal , l'Ouest caricaturait le régime des pays dirigés par Moscou. Si la manipulation des médias était effectivement monnaie courante, cela n'a en réalité pas empéché la Pologne de développer son art de rue, bien au contraire. Il faut savoir qu'à cette époque le pays était ravagé , presque rayé de la carte, car ruiné et vidé par l'Allemagne et la Russie. Pour continuer d'exister la Pologne essaya de survivre au travers sa culture et sa langue, notamment par le biais de la littérature et des images. II n'y avait pas de publicités poussant la consommation pour un quelconque nouveau produit exceptionnel puisque seules les affiches culturelles pour le cinéma, les pièces de théâtre, ou pour la propagande communiste étaient autorisées. Pour exprimer leurs opinions sans risque de représailles ou de voir leur travail jeté aux oubliettes, les artistes affichistes devaient coder visuellement ce qui ne pouvaient pas être dit verbalement. La difficulté était de mettre en place des images que tout le monde pouvait comprendre, tout en évitant d'attirer l'attention des autorités. Ce jeu de cache cache donna naissance aux premières métaphores visuelles et contribua petit petit créer une vraie culture indépendante de l'image. C'est ainsi que naquit le paradoxe des affiches Polonaises qui témoignaient d'une grande liberté par le biais d'un média hyper-censuré . Michal Batory n'est pas resté insensible à cette culture visuelle qui est celle de son pays d'origine. Voir dans la rue ces affiches était pour lui un pur Affiche polonaise pour le film Tootsie Cieslewicz, Platonow, 1962 12 Waldemar Swierzy, Chicago