Stradella, ange ou démon

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stradella ange ou dÊmon? festival musical de namur dimanche 7 juillet 2013 brasserie françois NAMUR

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programme

Marina Venant, soprano Luc Gaugler, viole Etienne Galletier, théorbe et guitare Franck-Emmanuel Comte, clavecin, récit & direction En 1715, l’Abbé Bourdelot publie la première Histoire de la Musique en langue française, dans laquelle il narre la vie mouvementée de Stradella. Selon cette biographie loufoque, Stradella fuit Rome avec la maîtresse du noble Contarini, qui lance deux sbires à sa poursuite. Emus par la musique du compositeur, les deux assassins renoncent à leur forfait à Venise, et c’est à Turin qu’Alessandro est poignardé par le père de sa maîtresse. Il se remet de ses blessures, profite de la protection de Madame la Duchesse, et va même jusqu’à épouser la belle Ortensia. Mais un an plus tard, alors qu’il se rend à Gênes, il tombe sous les coups des spadassins de Contarini, qui, lui, n’a pas oublié… « Cruel destin! Ainsi périt le plus excellent musicien de toute l’Italie, environ l’an 1682 » conclut Bourdelot. Ainsi naquit la légende d’Alessandro Stradella, musicien fantasque et Casanova tragique. Sur les pas de ce compositeur génial et un peu oublié, c’est l’Italie musicale du 17ème siècle que nous découvrons : Rome, Naples et Venise sont autant d’étapes où l’exubérance du baroque italien trouve milles façons d’exprimer en musique la joie, le désir, la peine,… sous la plume de Stradella et de quelques unes des compositrices, admiratrices peut-être, de ce séducteur invétéré. En contrepoint du récit de la vie tumultueuse d’Alessandro, récit concocté par le truculent Abbé Bourdelot, les plus belles mélodies du Seicento italien sont ainsi assemblées dans ce voyage musical original et émouvant.

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Stradella ange ou démon ? Concert-récit de la vie d’Alessandro Stradella Tamai gran tempo - soprano, Stefano Landi L’eraclito amoroso, Barbara Strozzi Tarentelles instrumentales, La cicerenella La Ciaccona - soprano, Juan Aranies Usurpator Tirano - soprano, Giovanni Felice Sances Da chi spero – Alessandro Stradella La tra’l le sangue, Sigismondo d’India Su, Su, Su – soprano, Alessandro Stradella La Passacaglia della vita - soprano Anonyme Texte de l’Abbé Bourdelot, extraits de Histoire de la musique et de ses effets. Intention artistique : La forme concert-lecture que nous proposons de ce programme permet d’offrir à des publics divers des clés d’écoute facilitant l’entrée dans ce répertoire exigeant. En format chambriste, ce programme a pour vocation de proposer un moment d’intimité, au travers de la vie d’un compositeur peu connu, facilité par la proximité entre le public et les musiciens.

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Amour et musique chemins d’Italie…

sur

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Que peuvent bien avoir en commun Marchi, Niedermeyer, von Flotow et notre Liégeois César Franck ? Tous des compositeurs du XIXème siècle, direz-vous ! Bien sûr, mais encore… ? Eh bien, pardi, c’est de s’être tous laissé dire que, vraiment, la vie d’Alessandro Stradella valait bien la peine d’écrire un opéra !

Qui sait ? Peut-être étiez vous de la partie, en septembre, lors de la résurrection de Stradella, l’œuvre de Franck choisie pour la réouverture récente de la grande salle de l’opéra de Liège ? Las…. Personne ne cria vraiment au chef-d’œuvre devant cette œuvre de jeunesse de l’auteur des Variations Symphoniques. Par contre, les spectateurs présents dans la salle à nouveau couverte d’or et de pourpre n’eurent guère de peine à reconnaître que, effectivement, Alessandro Stradellla avait vécu une vie des plus mouvementée ! Jugez plutôt : Stradella naît dans le Latium en 1644. Sa famille, noble, le laisse orphelin à 12 ans. Il rejoint Rome, la ville aux trois cents églises et quasi autant d’orgues, de chœurs et de brigades d’enfants de chœur. Doué pour le chant, le petit intègre le chœur de la belle église de San Marcello del Crocifisso. Quoi de plus rassurant, pour ses tuteurs, de voir Alessandro s’occuper de rendre gloire à Dieu par la beauté de son chant ? Bien sûr, être chantre, c’est un métier d’attente. Stradella se fait rapidement remarquer par Christine de Suède - reine qui déménage autant qu’elle règne - et intègre sa chapelle musicale à Rome. Mais les richesses toute proches de l’Eglise

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sont opulentes et font tourner la tête au jeune musicien : il choisit mal ses amis et tente d’escroquer la Curie. Démasqué, il est prié de quitter la ville au plus vite, surtout qu’il fait tout autant parler de lui dans les appartements des dames, et d’une manière qui ne plaît guère à la très chrétienne société romaine. Qu’importe l’exil : l’Italie ne manque pas de jolies filles ! Après avoir enlevé au passage une novice dans un couvent de Florence, Alessando arrive à Venise et y trouve un poste de professeur de musique au service privé d’une belle et riche aristocrate. Le mari de celle-ci, fou de musique, connaissait les dons musicaux de Stradella (point les autres, sans doute) et avait consenti aux moyens nécessaires pour convaincre le musicien. Il ne faut pas longtemps pour qu’une liaison amoureuse ne survienne entre le professeur et l’élève. Stradella a juste le temps d’échapper aux tueurs à gage recrutés par le mari trompé. Heureusement, Gênes n’est pas trop loin…. Dans cette effervescente ville portuaire, les jours de gloire musicale sont immédiats, les idylles interdites tout autant. Et survient l’intrigue de trop : un mari jaloux, le dernier d’une longue liste, recrute le meilleur tueur de la ville, un as du poignard. Sur la Piazza Bianchi de Gênes, à sa manière, celui-ci, persuade à jamais Stradella du risque encouru par celui qui vole la femme de son prochain. C’était le 25 février 1682 et Stradella avait 43 ans. Sa vie trépidante méritait bien de se retrouver au centre d’opéras …écrits par d’autres, plus sages que lui ! Jusqu’à son dernier souffle, Stradella conjugue inspiration musicale de haut vol et élans amoureux irrépressibles. Une dualité apparente, diraient les psys, car si on le perçoit aisément pour la vie amoureuse, ne peut-on imaginer, pour la création artistique, le même élan donjuanesque, la même et invincible envie de remplir la page encore blanche, de prétendre déjà dominer l’encore inconnu, de savourer par avance les délices du succès ? Mais du point de vue des mélomanes d’aujourd’hui, sans vraiment le décider – décide-t-on de se faire assassiner ? - le pauvre Alessandro fit somme toute passer l’aventure de l’amour avant celle de la musique. Car ses fuites successives et l’organisation continuelle de ses esquives - on la devine complexe - ont laissé au compositeur peu

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de disponibilité de temps et d’esprit pour songer à se faire éditer. On se trouve donc devant une majorité de manuscrits, dispersés dans des bibliothèques. La redécouverte des œuvres par le grand public est dépendante du travail de remise au jour par les musicologues. Ainsi, avec le temps qui passe, ci et là, au hasard des salles de concert ou des enregistrements, des bulles fraîches du génie d’Alessandro Stradella éclosent à la surface de ce monde des musiques anciennes qui nous touche et nous interpelle encore aujourd’hui par sa manière si vraie de dire les mystères humains. L’Italie chantante du 17ème siècle Lorsque naît Stradella, Stefano Landi (15861639) est mort depuis 5 ans et Barbara Strozzi (1619-1677), remarquable compositrice, a 25 ans. C’est dire que le programme de ce concert-lecture de l’Hostel-Dieu couvre la plus grande partie du 17ème siècle italien.

La compositrice Barbara Strozzi Que retenir de cette période, si ce n’est qu’elle voit la naissance et le développement de l’opéra, cet art total qui, de l’Italie, partira envahir l’Europe tout entière sans jamais passer de mode ? Et si l’opéra n’est pas toute la musique, il est certainement, à cette époque, le genre qui détermine le plus la manière de composer pour la voix. Oubliées, les polyphonies vocales denses et tortueuses de la Renaissance, qui empêchent quasi de comprendre le sens des paroles. Terminées, les harmonies ventilées sur des pupitres instrumentaux qui noient la voix lorsqu’elle se veut discrète ou craintive. Ce que l’on vise, dans la nueva musica

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qui fait fureur dès les premières années 1600, c’est la mise en évidence du texte, la projection au premier plan du sens et des couleurs du poème, une éloquence immédiate et riche des ficelles expressives de la rhétorique musicale, au rang desquelles figure le chromatisme et des dissonances efficacement opposées au chant par la basse continue, toujours efficace, jamais envahissante. Tout cela ne restera pas confiné dans les limites de la péninsule italienne. Intellectuel et savant français, NicolasClaude de Peiresc est aussi amateur de musique. En juillet 1635, il écrit une lettre à Marin Mersenne, curieux parmi les curieux, lui aussi, toujours à l’affût des nouveautés musicales et en pleine rédaction de la suite de son Harmonie Universelle dont le premier volume vient de paraître. « Je voulais prendre la plume pour vous escripte et accompagner un livre de nouvelle musique des comédies chantees à l’antique en Italie que l’Emme Cardinnal Barberin m’a envoyé, pour voir si vous y trouveriez pas de subject d’en faire quelque petit chapitre dans votre grand oeuvre, n’ayant pas encore appris que ceste mode ayt esté pratticquée en France, comme elle l’est en Italie, où je vis la première introduction et restauration, faicte par Giacopo Peri lors des noces de la Royne-Mere à Florence, l’an 1600 [l’opéra Eurydice]. Car c’est un chant qui n’est quasi qu’un simple parler en certaine cadance, accompagnée de l’harmonie des instruments qui delecte sans couvrir et confondre la parolle. Ce qui n’est pas de mesme en nos airs et aultres façons de chanter, où la parole ne peut quasi pas estre entendue ou discernee. Et puisque les anciens chantoient tous leurs vers et consequemment leures comedies et tragedies et y trouvoient tant de goust, je pense que nous en serions bientost prins l’accoustumance et la friandise pour peu d’exercice que l’on eusse faict » Pierre Bourdelot l’érudition…

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les

joies

de

Les noms de Peiresc et de Mersenne ont déjà été cités. En voici un autre, guère connu en dehors du cercle restreint des historiens de la médecine ! Avant tout, évitons la fréquente confusion avec son neveu homonyme, médecin ordinaire du roi et né en 1648 : Pierre Bourdelot, né en 1610, est

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abbé. Mais un abbé médecin (à Paris auprès de Christine de Suède - on la sait grande voyageuse !), curieux de sciences et amateur de musique.

« Quantité d’Historiens & de Relations de Voyageurs nous apprennent que la Musique est en usage par-tout l’Univers, mais fort peu nous instruisent de son Origine. » Ses avis et observations sur la musique de son temps sont sans doute ce qui nous intéressera le plus dans cette brève plongée musicale au cœur de la nuova musica qui fait courir l’Europe. Ecoutons-les comme les légendes érudites des arias donnés par les musiciens de l’Hostel-Dieu. _ Marc Maréchal le concert de l’hostel dieu

Histoire de la musique… de P. Bourdelot Chercheur infatigable, brillant en société, un brin opportuniste quand il s’agit de solliciter une fonction dans une cour princière, Bourdelot crée sa propre académie et invite à y parler savants et beaux parleurs, inventeurs géniaux ou fantaisistes, penseurs et philosophes …au nombre desquels le grand Blaise Pascal dont la sagesse offrait sans doute un parfum de sérieux au vu de cette assemblée pour le moins bigarrée. Avec de nombreux ouvrages médicaux, dont ceux sur la transfusion sanguine sont sans doute dignes d’intérêt pour cette période de la médecine, Bourdelot laisse des titres pointus, comme Observations sur la vipère et ses morsures, mais surtout, en parution posthume grâce à l’éditeur Jacques Bonnet, une Histoire générale de la Danse sacrée et profane et, ce qui nous occupe aujourd’hui, une Histoire de la musique et de ses effets, depuis son origine jusqu’à présent, complétée et éditée en 1725 par son neveu Pierre Bonnet, fils de l’éditeur. A défaut de proposer une analyse cohérente de l’évolution musicale, Bourdelot a le mérite d’être un des premiers à compiler les sources existantes, bien conscient qu’il œuvre davantage comme pionnier que comme véritable encyclopédiste. Il dit luimême en préface, un peu naïvement :

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Constitué d’un choeur de chambre, d’un ensemble de solistes et d’un orchestre sur instruments anciens, le Concert de l’Hostel Dieu donne environ 60 concerts par saison, dédiés principalement à l’interprétation du répertoire vocal baroque. L’ensemble fait référence dans ce domaine. Régulièrement invité dans les festivals de renom, le Concert de l’Hostel Dieu questionne toutes certitudes musicologiques, au service d’un répertoire bien vivant. Ce positionnement artistique, emblème de la « griffe » de l’ensemble, l’inscrit dans une approche résolument contemporaine: interprétation dynamique et engagée des grandes pages du répertoire, dialogue des cultures, formes innovantes et interdisciplinaires, passerelles entre les traditions orales et la musique savante… En parallèle de son travail de création et de diffusion, le Concert de l’Hostel Dieu soutient l’émergence de jeunes talents, les aidant à s’insérer dans le réseau professionnel (stages, master class, académies…). L’ensemble est également moteur dans la sensibilisation du jeune public et du public éloigné de l’offre culturelle, à travers de nombreuses actions culturelles (Culture et Santé, Musique en EHPAD et en foyer de vie, membre de Culture pour tous etc.). Les projets du Concert de l’Hostel Dieu sont soutenus par la DRAC Rhône-Alpes, la Région Rhône-Alpes, la Ville de Lyon, l’ADAMI et la SPEDIDAM.

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Franck-Emmanuel Comte, clavecin et recit Chef d’orchestre et claveciniste, FranckEmmanuel Comte dirige le Concert de l’Hostel Dieu depuis sa création en 1992. Spécialisé dans le répertoire baroque, il a dirigé le Concert de l’Hostel Dieu sur plus de 1 000 concerts en France et en Europe. Il est également invité à diriger diverses formations telles que l’Orchestre de l’Université d’Auckland, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Ensemble Orchestral Contemporain, le Centre de formation lyrique de l’Opéra de Paris, divers choeurs et maîtrises française. Il est également directeur musical du festival Musical en Auxois et du Centre Musical International JS Bach de Saint-Donat. Il collabore régulièrement avec diverses institutions musicales (Opéra de Lyon, CNSMD de Lyon, Festival d’ Ambronay, festival de la Chaise Dieu…). Marina Venant, soprano Après une formation de pianiste au Conservatoire national de région de Tours, puis au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, Marina Venant, Soprano, s’oriente vers une carrière de chanteuse. Sa rencontre avec Franck-Emmanuel Comte l’amène à rejoindre l’équipe de soliste du Concert de l’Hostel Dieu avec qui les collaborations se multiplient : que ce soit en récitals baroques ou en musique d’oratorio Marina Venant est aussi membre du choeur Britten (Nicole Corti), et participe également à des productions avec l’Orchestre des Pays de Savoie.

en tant que soliste ou continuiste avec différents ensembles spécialisés dans la musique renaissance et baroque tels que Le Concert de l¹Hostel Dieu, La Stavaganza, Le Jardin de Courtoisie, Le Concert Spirituel, Doulce Mémoire et se consacre à l’ensemble La Serenissima. Etienne GALLETIER, théorbe et guitare Il débute la guitare au Conservatoire de Chalon-sur-Saône dans la classe de Gérard Reyne. En juin 2000, il obtient le premier prix du C.N.R de Paris à l’unanimité avec les félicitations du jury. Il choisit ensuite de se perfectionner auprès de Pablo Marquez au C.N.R de Strasbourg. Après une année ERASMUS au Conservatoire Supérieur de Barcelone avec le soliste croate Zoran Dukic, il obtient le diplôme de spécialisation en février 2005. Il est également titulaire depuis 2002 du Diplôme d’Etat de professeur de guitare. Actuellement, il prépare un Master de musique ancienne avec le théorbe au CNSMD de Lyon. Il participe à la tournée 2009 de l’OFJBaroque. Alliant répertoires renaissance, baroque et contemporain, Etienne pratique avec un même bonheur la guitare, le théorbe, la vihuela et la guitare baroque : on le retrouve avec le duo de guitares Cybèle, avec les ensembles baroques Energueia, Il délirio fantastico, le concert des plaisirs, l’éphémère et le quatuor vocal Epsilon. Il se produit régulièrement avec le Concert de l’Hostel Dieu et l’ensemble les Boréades au sein desquels il développe les principes d’expression de la basse continue.

Luc GAUGLER, viole de gambe Luc Gaugler commence ses études musicales à l¹Ecole Nationale de Musique d¹Aix en Provence en 1986 où il entreprend l¹étude de la viole de gambe dans la classe de Sylvie Moquet. Il entre ensuite au département de musique ancienne du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon pour y suivre les cours de viole dans la classe de Marianne Muller puis poursuit ses études auprès de Wieland Kuijken au Koninklijk Conservatorium Brussel. Titulaire du D.E. de Musique Ancienne, il enseigne actuellement la viole de gambe et la musique d¹ensemble à l¹Ecole Municipale de Musique d’Arles et au Conservatoire National de Région de Saint-Etienne. Il a enregistré et se produit régulièrement

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Tamai gran tempo, Stefano Landi T’amai gran tempo sospirai mercede. Tu m’hai tradito ogn’hor, priva di fede. Hor và con novi amanti a far tue prove, Ch’io son già stufo e m’ho provvisto alrove. Hor vanne mò Ch’io non ti vuò, Ch’io son gia stufo E m’ho provvisto altrove. Che già di là, Di là dal Po, passato è ‘l Merlo... Corri, corri a vederlo ! Mille volte io piangeva, e tu ridevi. Mille volte io rideva, e tu piangevi. Così cortese, i più felici amanti Schernisti cruda in giochi, in risi, in pianti. Hor grida mò, Ch’iosordo stò, Ch’io son già stufo E m’ho provvisto altrove. Chegià di là, Di là dal Po, passato è ‘l Merlo... Corri, corri a vederlo ! Ti fui fedele allor che fui gradito. E qui lasciar ti vuò, se m’hai tradito. Hor vanne a porre a nuovi amanti il vischio, Ch’io son già sciolto, e più non sent il fischio, Hor crepa mò, Ch’io non ti vuò, Ch’io son già stufo E m’ho provvisto altrove. Chegià di là, Di là dal Po, passato è ‘l Merlo... Corri, corri a vederlo ! Se talento ti vien di dar martello, Guardati il volto, che non è più quello : Hor le tue labra d’oro e ‘l crin d’argento Ricco mi fanno sol di pentimento. Hor non più no, Tadorerò, Ch’io son già stufo E m’ho provvisto altrove. Chegià di là, Di là dal Po, passato è ‘l Merlo... Corri, corri a vederlo !

L’eraclito amoroso, Barbara Strozzi Udite amanti la cagione, oh Dio ! Ch’a lagrimar mi porta : Nell’adorato e bello idolo mio, Che si fido credei, la fede è morta. Vaghezza ho sol di piangere, Mi pasco sol di lagrime Il duolo è mia delizia E son miei gioie i gemiti. Ogni martire aggradami Ogni dolor dilettami, I singulti mi sanano, I sospir mi consolano. Ma se la fede negami

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Longtemps je t’ai aimée et j’ai demandé pitié. Tu m’as toujours trahi, femme infidèle. Va avec des nouveaux amants faire tes preuves, Car je suis fatigué et j’ai trouvé ailleurs. Va maintenant Je ne te veux plus, Car je suis fatigué Et j’ai trouvé ailleurs. Déjà par là, Au delà du Pô, le Merle est passé… Cours, cours le voir ! Mille fois je pleurais et tu riais. Mille fois je riais et tu pleurais. Ainsi, gracieuse, les amants les plus heureux Tu moquais par tes jeux, tes rires et tes pleurs. Crie maintenant, Je reste sourd, Car je suis fatigué Et j’ai trouvé ailleurs. Déjà par là, Au-delà du Pô le Merle est passé… Cours, cours le voir ! Je t’ai été fidèle lorsque j’étais aimé. Je veux te quitter ici, si tu m’as trompé. Va poser tes pièges pour des nouveaux amants, Je suis déjà libre et je n’entends pas le sifflet, Crève, maintenant, Je ne te veux pas, Car je suis fatigué Et j’ai trouvé ailleurs. Déjà par là, Au-delà du Pô le Merle est passé… Cours, cours le voir ! Si tu as envie de te poser des questions, Regarde ton visage qui n’est plus le même. Maintenant tes lèvres dorées et tes cheveux d’argent Me remplissent uniquement de repentir. Maintenant, non, Je ne t’adorerai plus, Car je suis fatigué Et j’ai trouvé ailleurs. Déjà par là, Au delà du Pô le Merle est passé… Cours, cours le voir ! Écoutez, amants, la raison, O Dieu ! Qui me pousse à pleurer : La confiance que je portais en mon bel amour tant adoré Est morte. Pleurer est mon seul passe-temps Les larmes sont ma seule nourriture Et la douleur, mon seul plaisir, Et mes joies ne sont que soupirs. Tout martyre me plaît Toute douleur me divertit, me soigne Les soupirs me consolent. Mais sa fidélité mon inconstante et perfide amie

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Quell’ incostante e perfido, almen fede serbatemi Sino alla morte, O lagrime ! Ogni tristezza assalgami, Ogni cordoglio eternisi, Tanto ogni male affligami Che m’uccida e sotterrimi.

La Ciaccona Juan Aranies Un sarao de la Chacona Se hizo lo mes de las rosas, Huvo millares de cosas, Y la fama lo pregona. A la vida vidita, bona, Vida vámonos a Chacona. Porque se casò Almadán Se hizo un bravo sarao, Dançaron hijas de Anao Con los nietos de Milán. Un suegro de Don Beltrán Y una cuñada de Orfeo Commençaron un guineo Y acabólo una amaçona Y la fama le pregona. A la vida vidita bona, Vida vámonos a Chacona.

Usurpator Tirano, Giovanni Felice Sances Usurpator tiranno della tua libertà sia Lilla altrui, Che da gl’imperi sui non riceve il mio amor perdita o danno. Faccia’l geloso amante che non t’oda, Ben mio che non ti miri. Saranno i miei sospiri a suo dispetto d’amator costante. Procuri pur ch’io sia esule dal tuo affetto e dal tuo core, Che non farà ch’amore abandoni già mai l’anima mia. Di sdegno in frà gl’ardori armi la voce a stratii miei rivolto ; Non potrà far il stolto che se ben tù non m’ami io non t’adori. Ma che val ch’il rival non mi possa impedir ch’io non ti brami, Se per far ch’io non a mi l’adorar giova poco amar non vale. Meta de tuoi diloetti fatto e novo amator vago e felice, A cui concede e lice il tuo voler del cor, gl’ulti mi accenti. Seguane ciò che vuole ; adorerò com’adorai l’tuo nome, Le luci tue, le chiome saranno del moi cor catena e Sole. Sii pur Lilla crudele ; tenti per tormentarmi angosce e affanni ; non mi darano gl’anni altro titolo mai che di fedele.

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Dénigre la force de mon amour Du moins servez-moi fidèlement Jusqu’à la mort ! O larmes Que la tristesse m’assaille. Que la douleur soit éternelle Que le mal m’afflige Qu’elle me tue et m’enterre.

Une soirée de Chaconne A eu lieu au mois des roses, Il se fit un milliard de choses, La renommée le proclame. A la vie, bonne petite vie, Vie, allons à la chaconne. Pour le mariage d’Almadan On a fait une grande fête, Les filles d’Anao ont dansé Avec les petits fils de Milan. Un beau-père de Don Beltran Et une belle-sœur d’Orfeo Ont commencé un pas de « guineo » Qu’une amazone a fini La renommée le proclame. A la vie, bonne petite vie, Vie, allons à la chaconne.

Que le tyran usurpateur de ta liberté soit Lilla ou un autre, Sa domination n’entache ni ne détruit en rien cet amour pieux. Qu’il fasse l’amant jaloux, qu’il ne t’entende point, Ma bien-aimée, qu’il ne te regarde point. Mes soupirs seront ceux d’un amoureux fidèle, quelque dépit qu’il en ait. Il peut bien faire en sorte que je sois banni de ton cœur, Mon âme ne renoncera pas à son amour pour autant. Il peut bien, dans son ardeur, mépriser les traits de mon amour ; Il ne pourra pas faire semblant de rien car si tu ne m’aimes pas, je ne t’en adore pas moins. Mais qu’importe que mon rival ne puisse m’empêcher de te désirer, Ni sa passion ni son amour ne m’empêcheront de t’aimer. Ton nouvel et bel amant, le bienheureux, À qui ta volonté accorde les derniers accents de ton cœur, est devenu l’objet de tes plaisirs. Advienne que pourra ; j’adorerai tes yeux comme j’ai adoré ton nom, Et ta chevelure sera la chaîne et le Soleil de mon cœur. Lilla peut bien être cruel ; qu’il tente de m’infliger tourments et peines ; Les années n’entameront jamais ma fidélité.

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Da chi spero, Alessandro Stradella

Da chi spero aita, o cieli Se crudeli mi son gli amanti ! I miei pianti, no, non tropvan fede Se con nuova crudelta Mi convince d’error lamia belta Ohi me lassa e perche tremo S’io son pur casta di che temo Cio non bastan per liberarmi Se con nuova crudelta Mi condanna a morir la mia belta

« Là, gisant, agonisant au milieu du carnage et des morts Alors, l’infâme guerrier, tu me paieras ta cruauté. Souvent tu invoqueras le nom d’Armide Dans tes dernier sanglots : c’est tout ce que j’espère.» Mais le souffle venant à lui manquer, la misérable Put à peine prononcer ces derniers mots : Elle perdit les sens et s’effondra, inondée D’une sueur glacée, puis elle ferma les yeux.

De qui puis-je espérer de l’aide, o ciel Si les amants mesont cruels ! Mespleurs, non, ne peuvent être fidèles Si à chaque nouvelle cruauté Ma beauté me convainc de mon erreur. Pauvre de moi, et pourquoi je tremblerai, Si je suis vraiment chaste, de quoi airaije peur ? Si à chaque nouvelle cruauté Ma beauté me condamne à mourir.

Su, Su, coronate mi – soprano, Alessandro Stradella

Là tra’l sangue e le mort, Sigismondo D’India

Allez, allez, vite couronnez moi Pour la victoire qui me fit roi. Vite, entourez-moi De cette gloire qui me pare. Allez, allez, vite, les soucis sont gelés. De mon palais, débarrassez le plancher Allez, allez, allez, vite, les désirs De vous on apprécie, ma grandeur.

« Là tra’l sangue e le morti egro giacente Mi pagherai le pene, empio guerriero. Per nome Armida chiamerai sovente Ne gli ultimi singulti : udir ciò spero.» Or qui mancò lo spirto a la dolente, Né quest’ultimo suono espresse intero : E cadde tramortita, e si diffuse Di gelato sudor, e i lumi chiuse. La Passacaglia della vita soprano Anonyme

O come t’inganni Se pensi che gl’anni Non hann’da finire, Bisogna rnorire. E’un sogno la vita Che par si gradita, È breve il gioire, Bisogna morire. Non val medicina, Non giova la China, Non si può guarire, Bisogna morire. Non vaglion sberate. Ninarie, bravate Che caglia l’ardire, Bisogna morire. Dottrina che giova, Parola non trova Che plachi l’ardire, Bisogna morire. Non si trova modo Di scoglier ‘sto nodo,

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Su, su, su coronate mi Per la vittoria che mi feo Su circondatemi Di quella gloria che m’adorno. Su, su, su, cure gelide Dalla mia reggia sgombrate il piè. Su, su, su, voglie legide Di voi si pregia, l’alta mia fé.

Tu te trompes En pensant que les années Ne vont jamais finir. Il faut bien mourir. La vie est un songe Elle semble si douce, Mais la joie est courte, Il faut bien mourir. A rien ne sert la médecine, Inutile est la quinine, L’on ne peut pas guérir, Il faut bien mourir. Rien ne valent les jérémiades, Les menaces, les bravades, Que le courage sait bien bâtir, Il faut bien mourir. Aucune bonne science, Ne trouve les paroles Pour calmer le désir, Il faut bien mourir. Il n’y a pas d’astuce Pour défaire ce nœud, À rien ne sert de fuir,

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Non val il fuggire, Bisogna morire. Commun’é il statuto. Non vale l’astuto ‘Sto colpo schermire, Bisogna morire. Si more cantando, Si more sonando La Cetra, o Sampogna, Morire bisogna. Si more danzando, Bevendo, rnangiando ; Con quella carogna Morire bisogna. La Morte crudele A tutti è infedele, Ogn’uno svergogna, Morire bisogna. E’ pur ò pazzia O gran frenesia, Par dirsi menzogna, Morire bisogna. I Giovani, i Putti E gl’Huomini tutti S’hann’a incenerire, Bisogna morire. I sani, gl’infermi, I bravi, gl’inermi, Tutt’hann’a finire Bisogna morire. E quando che meno Ti pensi, nel seno Ti vien a finire, Bisogna morire. Se tu non vi pensi Hai persi li sensi, Sei morto e puoi dire : Bisogna morire.

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Il faut bien mourir. C’est ainsi pour tout le monde, Le malin ne sait pas Éviter ce coup bas, Il faut bien mourir. L’on meurt en chantant, L’on meurt en jouant La Cithare, ou la Musette, Mourir, il le faut. On meurt en dansant, En buvant, en mangeant ; Avec cette charogne Mourir, il le faut. La Mort cruelle N’est fidèle à personne, Et fait honte à tous, Mourir. il le faut. Pourtant, ô délire Ô grande folie, On croirait mentir, Mourir, il le faut. Jeunes enfants, Et tous les hommes En cendres doivent finir, Il faut bien mourir. Les sains, les malades, Les courageux, les doux, Ils doivent tous finir Il faut bien mourir. Et lorsque tu N’y penses pas, dans ton sein Tout se termine, Il faut bien mourir. Si tu n’y songes pas Tu as perdu ta raison, Tu es mort et tu peux dire : Il faut bien mourir.

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DEs co po grat ncer ur ts u de les mits 16 o an ins s!*

festival musical de namur 2013

prochains concerts

ATTENTION CHANGEMENT DE LIEU Jeudi 11 juillet 12h Théâtre Royal, Foyer Kantes de boda (chants de mariage) La Roza Enflorese

Mardi 9 juillet 12h / Salle Plénière du Parlement Wallon Récital de piano : œuvres de Haydn, Jeudi 11 juillet 20h Saint-Loup Beethoven (« Appassionata ») et Liszt Le Cantique des Cantiques Young-Choon Park Œuvres de Schütz, Buxtehude, JC Bach… Ricercar Consort Mardi 9 juillet 20h Saint-Loup Introduction au concert à 19h30, Cour de l’Athénée Il Festino L’art d’aimer. oeuvres de Purcell, Vendredi 12 juillet 12h Saint-Loup Frescobaldi, Cavalli, Moulinié... Raquel Andueza (s), La Galania Introduction au concert à 19h30, Cour de l’Athénée Amore & Tormenti Mercredi 10 juillet 12h / Chapelle du Séminaire le chant sur les lèvres Poèmes, chants d’amour, prières et danses de la Sardaigne Sergio Ladu, Chœur de Chambre de Namur - les Solistes Mercredi 10 juillet 20h Théâtre Royal Les Cris de Paris, Karaoké Le mythe d’Orphée revisité, d’Henry Purcell à Withney Houston… !

Vendredi 12 juillet 18h Théâtre Royal Petit Poucet, la Belle... Ravel, Prokofiev, Tchaïkovski Vendredi 12 juillet 21h30 Théâtre Royal burlesque follies Samedi 13 juillet 18h30 Saint-Loup chœur de chambre ishango Splendeurs du Baroque Allemand Samedi 13 juillet 21h30 Bal du Gouverneur One night of madness Eric Mathot et le Tivoli Band

www.festivaldenamur.be www.festivaldewallonie.be 081 226 026

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