Les Clés pour s'élever - Toolbook - Intégrale

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Cette version de l’Intégrale des Toolbooks a été réalisée uniquement dans le but d’être consultée en ligne. Cette version, mise gratuitement à votre disposition par Quasys Consult, n’est donc ni téléchargeable, ni copiable. Nous n’avons également pas pu y insérer de table des matières. Cela est dû aux contraintes techniques liées à ce support qui vous permet avant tout le monde de consulter l’intégralité des Toolbooks. Nous vous souhaitons une bonne lecture !

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Clés pour s’élever 1er toolbook

La Puce Electronique « Nulle société ne peut exister sans morale ». Napoléon Bonaparte

Eduquer ? Former ? Informer ? Sensibiliser ? Le Compagnonnage permet à de jeunes apprentis d’accéder à un niveau de maîtrise optimal à la suite d’une démarche d’éducation professionnelle. Entendons-nous sur le sens du terme « éducation » et comparons-le à la sensibilisation, à l’information et à la formation. Sensibiliser une personne consiste à l’amener à une prise de conscience de l’importance d’une information, d’un comportement à adopter… Pour arriver à cet objectif, la créativité et le recours à des moyens souvent très puissants sont parfois nécessaires. Les campagnes de sensibilisation au respect du code de la route ou aux dangers liés à la consommation de tabac ou d’alcools peuvent provoquer des réactions allant du dégoût au rire en passant par la peur. Si elles conduisent à l’indifférence ou à un désintérêt immédiat ou progressif, elles perdent leur efficacité. Informer, pour faire court, c’est la transmission par n’importe qui de n’importe quoi à n’importe qui qui en fera n’importe quoi. Les médias d’information répondent tout à fait à cette définition. Informer n’a pas pour but premier de conduire à un apprentissage et à un progrès, mais à des réactions. Former, par contre, c’est tout le contraire. La matière, le contenu des sujets présentés sont sélectionnés pour leur qualité. Le niveau de compétence de la personne chargée de la formation doit être démontré et le public cible est choisi et clairement identifié. L’objectif de la formation doit être l’acquisition d’un savoir et/ou d’un savoir-faire. Celle-ci est d’autant plus efficiente que les connaissances sont mémorisées à très long terme au point d’induire des automatismes. Eduquer intègre la transmission du sens (ou de la raison d’être des connaissances à assimiler) et des valeurs, des règles, des codes, des principes, des référentiels… pour acquérir un savoir-être. L’objectif principal est de conduire la personne éduquée vers la capacité à assumer au mieux les responsabilités de ses actes, de ses comportements et de ses paroles. Les Compagnons font appel pour cela à des images, des comparaisons, des métaphores, des symboles. Ils racontent des anecdotes. Ils présentent certains messages sous la forme de parabole (par exemple : la parabole du tailleur de pierre. Le visiteur d’un chantier pose la question suivante à trois ouvriers : « Que faites-vous ? » Le premier répond : « Je taille des pierres pour gagner ma vie. » Le deuxième répond à son tour : « Je taille des pierres le mieux possible pour satisfaire les exigences. » Le troisième se contente de dire : « Je bâtis des cathédrales. » Le premier n’est pas heureux. Le deuxième fait de son mieux. Le troisième est le seul à donner du sens à ses tâches et à atteindre l’excellence). Les outils présentés dans ce livre électronique ont tous une histoire liée à l’accompagnement d’une personne dans son développement personnel.

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La puce électronique a été imaginée pour présenter à une cliente l’origine et les effets du « formatage » du cerveau par les proches dans les choix et décisions de l’existence. Cette dame, cadre supérieur dans une industrie alimentaire, désirait avoir un enfant avant l’âge de trente cinq ans. Après son divorce, très mal accepté par sa famille très catholique, elle avait emménagé dans le loft de son amant. Lorsqu’elle exprima son désir d’avoir un enfant, son nouveau compagnon lui dit qu’elle devrait faire une croix sur ses ambitions professionnelles et peut être même sur sa carrière. Pour lui, la priorité d’une mère était d’élever son enfant. Choquée par la réaction de son partenaire, elle se confia à sa mère. Même si elle s’attendait plus ou moins consciemment à sa réaction, elle fut profondément troublée par ses propos agressifs. Non seulement sa mère abondait dans le sens de son compagnon, mais elle la menaça de la renier si elle n’épousait pas au plus vite l’homme qui partageait actuellement sa vie. Concevoir un enfant sans être marié est un péché. Une petite voix disait à la fille : « C’est ta vie, c’est ton choix ! Fais ce que tu veux et n’écoute pas ta mère ! » tandis qu’une autre lui criait plus fort : « Que vont penser les autres, ta famille… ? As-tu le droit de faire un enfant qui ne verra jamais ses grands-parents parce qu’ils le considèrent comme le fruit du péché et qu’ils m’ont reniée ?... » Elle réalisa que son cerveau était formaté et qu’elle avait les plus grandes difficultés à se libérer des modèles ou référentiels transmis tout au long de sa vie par ses parents, ses proches et peut être même par la société. Elle chercha à comprendre ce mécanisme de « conditionnement » mental et, surtout, le moyen de s’en défaire. Comment poursuivre sa carrière professionnelle, avoir et élever un enfant et partager la vie de l’homme qu’on aime sans se sentir écartelée et arriver à s’épanouir au mieux ? L’image de la puce électronique permit à cette femme de comprendre la raison d’être de son trouble et les mécanismes mis en œuvre. Cette étape fut capitale dans son cheminement vers une pleine prise en main de sa vie et son épanouissement.

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Eduquer un être humain, c’est éduquer son cerveau Découvrir, mettre en œuvre et maîtriser de nouveaux outils et de nouvelles approches pour éduquer et développer le potentiel d’autrui nécessite une base solide. Les premiers pas dans l’acquisition d’un nouveau savoir-faire sont souvent hésitants, difficiles, voire même décourageants. Il est pourtant essentiel de persévérer et de faire les efforts nécessaires afin de passer ces premiers moments pour découvrir toutes les possibilités qu’offrent ces nouvelles connaissances. Afin de permettre une compréhension optimale des outils présentés dans les cahiers de cette collection (ou toolbooks) et de la puce électronique en particulier, il est indispensable de comprendre les bases de l’organisation cérébrale, de ses fonctionnalités et de ses modes d’actions. Le cerveau du nouveau-né contient les différentes structures essentielles à sa survie et à son développement futur. Celles-ci sont présentées ci-dessous :

Le cerveau le plus primitif est composé du cervelet et du tronc cérébral. Il intervient dans la coordination de nos mouvements, dans la mise en œuvre des réactions nécessaires en vue d’assurer notre survie et celle de l’espèce humaine. Le système limbique permet de ressentir les émotions. Cette partie du cerveau permet également de reconnaître et de comprendre les émotions d’autrui. Il associe des émotions à des informations pour les ancrer dans notre mémoire. Il participe à l’apprentissage, à l’acquisition de connaissances. Le plaisir, ressenti par la libération de dopamine au niveau de certains neurones dans cette zone, nous encourage à essayer de reproduire l’action qui nous a conduits à le ressentir. Ce circuit de la récompense et de la gratification est essentiel à l’apprentissage et aux progrès de l’individu.

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Le cortex, composé des hémisphères gauche et droit, nous permet de concevoir, d’imaginer, de créer, de structurer, d’associer, de parler. La construction du système nerveux central progresse pendant le développement du fœtus, de la moelle épinière vers le cortex cérébral. La zone cérébrale qui nous élève au statut d’être humain et qui nous différencie des grands singes, nos plus proches parents au niveau des espèces animales est le cortex préfrontal, composé des lobes préfrontaux gauches et droit. Cette aire se situe juste derrière notre front dans la partie antérieure du cortex. Les lobes préfrontaux constituent le système de commande et de contrôle supérieur de notre cerveau. Le schéma ci-dessous situe la position du cortex préfrontal et présente les fonctionnalités des lobes préfrontaux.

Les lobes préfrontaux sont donc essentiels pour la prise de décisions réfléchies et surtout pour le contrôle de nos instincts (comme l’attirance sexuelle pour un(e) partenaire potentiel(le)), de nos émotions (comme la colère ou l’envie) et de nos pensées plus ou moins négatives ou destructrices. Cette zone cérébrale amène la personne à respecter des limites définies, notamment pour l’empêcher de se nuire et de nuire à autrui. Comme les lobes préfrontaux ne sont opérationnels qu’aux environs de la fin de l’enfance et du début de l’adolescence, les parents font office de lobes préfrontaux externes pour le compte de leurs enfants. Une « sous-traitance » en quelque sorte des fonctionnalités préfrontales est assurée afin de les protéger au mieux et de les aider à se développer. Demander à des enfants âgés de moins de onze - douze ans d’assumer des responsabilités qui ne sont pas de leur âge et de se maîtriser en toutes circonstances aura des conséquences très graves sur le plan psychique à l’âge adulte. Pourtant, ils revendiquent très tôt le droit de ne plus respecter les limites imposées, de jouir d’une totale liberté, de faire leurs propres choix et de se comporter comme ils l’entendent. La recherche du plaisir et l’évitement de tout ce qui les en éloigne ou les en empêche constituent leur principale préoccupation.

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Comme il est dans l’ordre des choses de leur donner une autonomie progressive et la possibilité de s’essayer à la liberté de choix (et au fait d’en assumer les conséquences éventuelles) pour les amener petit à petit vers l’âge adulte, les parents s’effacent par moment et de plus en plus tout au long de l’évolution de leurs enfants. Lorsque ces derniers ont (enfin) l’impression d’être libérés du contrôle parental (ou préfrontal externe), ils se lâchent le plus souvent à l’excès. Comme ils disposent de toutes les fonctionnalités cérébrales, ils ont par conséquent la possibilité d’imaginer les pires bêtises et d’inventer les activités les plus folles, les plus risquées, les plus débiles et les plus dangereuses (comme mettre le chat dans la machine à laver le linge avant de lancer un programme de rinçage, couper les cheveux de leur sœur après lui avoir attaché les mains dans le dos, se lancer des défis ayant pour but par exemple de tenter de se maintenir debout sur le toit d’un train en déplacement…). Très rapidement, après cette pré-émancipation, les jeunes se rendent compte des conséquences de leurs actes et de leurs paroles. Cette prise de conscience est alors suivie d’un auto-jugement, le plus souvent extrêmement sévère. Bref, ils se rendent compte qu’ils ont en eux un système de surveillance et de contrôle. Quel choc ! Eux qui se croyaient enfin libérés de l’autorité parentale ! Les parents auraient-ils implantés dans leur cerveau, on ne sait quel dispositif chargé de les contrôler et de les sanctionner ? Une sorte d’« empêcheur de tourner en rond » (ou plus vulgairement, d’« empêcheur de déconner un max ») piloté à distance pour leur gâcher la vie. Si c’est bien le cas, ils réalisent tout aussi rapidement l’effet extraordinairement efficace de quelques substances sur la désactivation partielle ou totale de ce système. L’alcool est le plus souvent utilisé. Certaines drogues mais aussi certains produits pharmaceutiques (comme les produits anesthésiants par exemple) déconnectent également les lobes préfrontaux. Cela permet de comprendre les comportements et les propos déplacés, agressifs, violents des êtres humains sous l’emprise de ces substances. Lorsqu’une personne déclare : « Ce soir, je vais me saouler un bon coup ! », il faut l’interpréter de la façon suivante : « Ce soir, je libère la bête qui est en moi ! » Ce recours à l’alcool pour désinhiber une conquête féminine est connu depuis la nuit des temps : « Tu prendras bien une petite coupe de champagne (ou un petit verre d’alcool)… ! » D’autres, par contre, réalisent, après leurs excès, l’importance de l’intégration des limites dans leur système de contrôle et de décision. Si les conséquences de leurs excès sont sérieuses ou catastrophiques (comme le fait de se retrouver en prison ou à l’hôpital, d’être enceinte…), ils leur arrivent le plus souvent d’en vouloir aux adultes de ne pas les avoir assez mis en garde ou protégés d’eux-mêmes, bref de ne pas les avoir éduqués adéquatement.

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La programmation des lobes préfrontaux prépare le futur adulte à gérer son existence Ce qui précède m’a donné l’idée de comparer les lobes préfrontaux à une puce ou à une carte électronique. Celle-ci est alimentée, tout au long de l’éducation du futur adulte responsable, en programmes et en données par un ou plusieurs référent(s) par une connexion à l’aide d’un port USB placé dans le cou (en réalité les informations transmises passent par les canaux visuels et auditifs). Ces référents sont assez logiquement les parents en premier lieu, viennent ensuite les grands-parents, les membres de la famille, professeurs, éducateurs…

Le référentiel construit contiendra : ! valeurs morales (maîtrise de soi, respect de soi, des autres et de ses engagements, sens de l’effort, intégrité, honnêteté…) ! règles et limites à respecter (respect de l’autorité, des lois et des règlements ; respect des règles en famille ou dans la pratique d’une activité sportive ou autre ; respect des limites de la liberté individuelle…) ! principes (ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne, ne jamais acheter pour compenser un mal-être, commencer par les activités désagréables pour terminer par les plus agréables ou par les plus difficiles pour finir par les plus aisées…) mais aussi ! ce qui est bien ou mal (fermer le robinet systématiquement après usage, se laver les dents deux fois par jour, réaliser ses devoirs avant d’aller jouer…) ! les rites, coutumes, exigences culturelles imposés (en Belgique ou en France : serrer la main pour dire bonjour ; se lever pour céder sa place à une dame, à une personne âgée ou handicapée ; laisser ses mains au-dessus de la table pendant le repas…)

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! les jugements restrictifs, voire inadéquats sur les personnes et les situations (« ces gens-là ne sont pas de notre milieu, ne sont pas fréquentables », « tu ne peux compter que sur les membres de notre famille, de notre communauté »…) Le référentiel intervient, consciemment ou non, dans l’analyse et l’interprétation des informations ou des situations et dans la prise de décision. Il conditionne le contrôle de nos actes et de nos paroles. Il oriente nos choix. Il nous conduit vers la sérénité mais il peut aussi nous mener vers l’insatisfaction, la culpabilité, l’agressivité, le perfectionnisme…

L’approche de transmission des référentiels conditionnera durablement les décisions et les actes de la personne éduquée Il existe deux approches pour alimenter les lobes préfrontaux en programmes et données de référence : ! l’approche fermée ou convergente : une seule source se connecte au « port USB » et interdit tout accès à toute personne en désaccord avec les référentiels à transmettre ; ! l’approche ouverte ou divergente : la connexion au port USB et l’alimentation en référentiels peuvent être réalisés par n’importe qui et sont donc libres d’accès. La première approche, dite « convergente », est très puissante et persistante. Elle est choisie par les gourous de sectes (qui prennent la précaution élémentaire d’extraire les enfants de la surveillance et du contrôle parental), par les extrémistes (qui utilisent des programmes d’éducation très étudiés pour amener les enfants à devenir de bons petits soldats ou des martyrs), par des dictateurs (qui endoctrinent les jeunes, comme le IIIième Reich l’a organisé avec les jeunesses hitlériennes). Les connaissances actuelles permettent de confirmer l’extrême réceptivité des cerveaux des enfants entre la naissance et l’âge de six ans. S’ils sont alimentés de manière convergente, l’imprégnation des référentiels dans les lobes préfrontaux sera très profonde et durable. Dans certains cas, ces données peuvent être indélébiles. L’approche convergente est très difficile à appliquer dans nos sociétés. En effet, le père et la mère peuvent déjà avoir deux référentiels très différents voire opposés. Sans oublier les grands-parents, qui ont également leurs propres modèles et leur propre conception de la manière d’éduquer leurs petits-enfants. Une fois en âge scolaire, les professeurs ne sont pas forcément sur la même longueur d’ondes que les parents. A cela s’ajoutent l’influence des médias et des nouvelles connaissances rencontrées dans le cadre de diverses activités.

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Les deux approches présentent les principaux avantages et inconvénients suivants : Approche « fermée » ou « convergente » Avantages

Inconvénients

Approche « ouverte » ou « divergente » Avantages

Inconvénients

Persistance très importante des référentiels tout au long de la vie de la personne

Perte de l’esprit critique

Grande ouverture d’esprit (développement de l’esprit critique)

Coexistence de référentiels opposés, contradictoires dans les lobes préfrontaux

Grande facilité dans l’analyse et la prise de décision

Perte de la créativité

Créativité stimulée par la richesse et la diversité des approches et des données disponibles

Difficultés lors de l’analyse des données et de la prise de décisions avant la maturité

Perte de contrôle personnel de sa propre existence (perte de son libre arbitre)

Capacité à construire son propre référentiel au passage à la maturité Possibilité de diriger sa vie, de faire ses choix librement

Certains parents choisissent parfois de se rapprocher de l’option convergente. Celle-ci peut être le résultat d’une démarche de facilité (car ils ne devront pas ou moins justifier certains modèles) ou d’une réaction à la peur de voir s’installer dans le cerveau de leurs enfants des référentiels avec lesquels ils sont en désaccord. Ces parents sont souvent très engagés dans une cause ou un mouvement bien déterminé. Par leurs comportements, certains fanatiques de telle ou telle mouvance politique ou idéologique, par exemple, montrent très clairement à leurs enfants dès leur plus jeune âge les gestes à faire et ceux qui sont interdits. Par leurs choix, ils orientent clairement l’alimentation des données dans la puce électronique de l’enfant. Ils décident assez rapidement de couper les liens avec les membres de la famille qui ne partagent pas leurs analyses, leurs visions, leurs croyances, leurs paradigmes. Leurs enfants sont priés de réaliser des activités avec des enfants issus de parents tout aussi fanatiques qu’eux. Ils sélectionnent l’établissement scolaire le plus en accord avec leurs opinions quand ils n’instruisent pas eux-mêmes leurs enfants ou les font prendre en charge par une structure reconnue par eux comme « saine » au regard de leurs convictions. La télévision est généralement proscrite. L’accès Internet, plus tard, le sera également ou sera strictement limité.

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Il n’est pas nécessaire d’être fortement engagé au sein de telle ou telle organisation, ou d’être un extrémiste pour ancrer profondément et durablement les référentiels dans les lobes préfrontaux des futurs adultes. Un père ou une mère très autoritaire et/ou très possessif(ve), un membre de la famille proche très riche, très charismatique et profondément immoral, un démarrage de vie très difficile (tel qu’un abandon à la naissance suivi d’un séjour prolongé en orphelinat ou en institution)… sont en mesure d’imprimer profondément dans la « carte électronique » de l’enfant des données qui influenceront de façons limitatives son analyse, ses choix, ses actions et ses propos toute sa vie. Cette approche convergente est d’autant plus puissante qu’elle se limite à la transmission de référentiels simples et peu nombreux. En effet, la prise de décision future sera d’autant plus simple pour l’enfant, l’adolescent ou l’adulte qu’il ne doit prendre en considération qu’un nombre limité de règles ou de principes : « Si tu n’es pas mon ami, tu es mon ennemi », « Ce qui n’est pas permis par les textes sacrés (ou leurs interprétations) est formellement interdit », « Si un candidat pour un emploi n’a pas un besoin impérieux d’argent, il ne sera jamais un excellent collaborateur »… Comme l’écrivait Woody Allen dans « Destins tordus » : « Ah, Dieu, comme l’esprit peut hésiter dès qu’il se préoccupe de considérations morales ou éthiques ! » L’approche la plus saine et la plus positive est, de mon point de vue, l’approche ouverte ou divergente. Cependant, elle suppose l’accompagnement de l’enfant par les parents, à la fois dans la transmission progressive des référentiels et dans l’analyse des référentiels reçus par l’enfant tout au long de son éducation. Le but est de développer son sens critique, son esprit d’analyse, sa capacité à évaluer les conséquences de l’intégration de ces données, les domaines et moments d’application de celles-ci. Prenons un exemple : « Mamy ne m’oblige pas à me laver les mains avant de passer à table ». Le parent devrait alors dire à l’enfant : « Ce n’est pas parce que Mamy ne t’oblige pas à le faire qu’il n’est pas souhaitable et nécessaire de se laver les mains avant et après avoir mangé. Avant de manger, pour éviter d’avaler des microbes qui se déposent sur tes mains quand tu touches des objets ou des surfaces, et ainsi d’attraper des maladies en mangeant ta tartine ou un fruit, par exemple. Et après avoir mangé, pour ne pas salir tes vêtements ou tout ce que tu pourrais toucher avec tes mains qui ont été en contact avec la nourriture ». Il en va de même dans l’analyse des domaines et des moments d’application des données de référence. Il est nécessaire d’amener l’enfant à comprendre l’importance du champ d’application d’un référentiel. Par exemple, à la maison il est autorisé de quitter la table sans demander la permission au préalable. Par contre, lorsque l’enfant partage le repas avec des personnes étrangères à la famille, il doit demander l’autorisation à la maîtresse de maison et à ses parents de quitter la table en précisant ses intentions ou ses motivations. « Même si ces personnes sont vos amis ? » pourrait demander l’enfant. « Même dans ce cas-là », devra répondre son père ou sa mère. « Même si je m’ennuie ? » pourrait insister l’enfant. « Même si tu t’ennuies », répondront en cœur ses parents.

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L’éducation a pour but de transmettre ces référentiels qui vont, assurément, un jour ou l’autre, se trouver en opposition avec d’autres. Les adolescents, après leurs quelques années d’existence et de réception de données, commencent à douter de la pertinence de celles-ci. Il leur arrive alors souvent de rejeter tout ou partie de ces référentiels pour ne prendre ou ne garder que ceux qui leur paraissent les plus intéressants à court terme. Prenons le cas de ce jeune garçon de quatorze ans qui dit à son père : « Dis papa, lorsqu’un Président dit à ses concitoyens : « N’exagérez pas avec le respect des droits de l’homme. Cet homme d’Etat vous a-t-il permis d’avoir des emplois ? Oui ? Alors… Retournez travailler et ne vous préoccupez plus de la manière dont cet homme dirige son pays. » C’est immoral, non ? » Le père, profondément honnête et éthique, répond : « Effectivement, ses propos sont immoraux. La fin ne justifie pas les moyens, mon fils. » Le fils ajoute alors : « Oui, mais lui, il est Président et toi tu n’es qu’un simple employé. Alors, ne vaut-il mieux pas se préoccuper un peu moins du respect des valeurs morales pour se donner les meilleures chances de devenir Président ? » Refuser de poursuivre la conversation serait très certainement interprété comme un encouragement à choisir la voie de l’immoralité.

Guider un enfant ou une personne immature est préférable à lui imposer des limites d’autonomie Pour les enfants à caractère dominant absolu, il est recommandé de présenter les limites davantage comme des « couloirs » de progression que comme des « cadres » limitant celle-ci. Les « couloirs » lui montrent les chemins à respecter pour arriver à un but déterminé. Le dominant absolu, même s’il reconnaît l’intérêt réel ou potentiel d’un but, aura beaucoup de mal à accepter d’être contraint de suivre des balises ou de respecter des limites latérales. Cependant, il préférera toujours cela à un cadre strict, rigide, fermé dans lequel il est prié de se maintenir. Les « couloirs » ne l’empêchent pas d’avancer vers un avenir ou un but meilleur. Le recours au « NON » systématique sera perçu par ce(ou cette) dominant(e) comme un « cadre » restrictif et non comme une assistance visant à l’aider à progresser sans se nuire et nuire à autrui. Cet enfant dominant répondra plus positivement à une suggestion qu’à une sommation. Quoi qu’il en soit, l’amener à accepter le respect des limites s’avérera toujours extrêmement difficile et épuisant. Cela réclamera une persévérance et une patience exceptionnelles de la part des parents et des éducateurs. La démission, l’abandon des efforts à réaliser, le laisser-faire, plus ou moins total, peuvent certes apporter un soulagement temporaire, mais il sera de courte durée. D’une manière générale, les limites transmises sont, la plupart du temps, perçues comme autant d’obstacles à l’autonomie et à la liberté d’action des individus. Si, effectivement, le nouveau-né se trouve cantonné dans son berceau et puis, enfant, dans son parc installé dans le salon puis à sa chambre et à la maison, les limites s’élargissent progressivement pour lui permettre d’aller à l’école, de jouer en dehors de la maison. Après sa ville, il pourra découvrir progressivement sa région, son pays puis enfin le monde. Cette vision basée sur des bornes que la personne essaye sans cesse de repousser n’est pas celle que je recommande.

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Je préfère celle du chemin qui s’élargit au fur et à mesure du développement de la maturité de l’enfant. Au début, il est fortement guidé par des limites très serrées qui vont s’écarter au fil de sa progression. Plus il avance dans l’existence, plus la route s’élargit et les cloisons latérales s’écartent. Mais, quoiqu’il fasse, cette route possèdera toujours des limites sur ses côtés. Se marier, c’est accepter de cheminer côte à côte dans le respect des limites du conjoint et non pas s’autoriser à circuler sur d’autres voies ou en prendre possession pour élargir la sienne. L’essentiel dans la vie n’est pas d’élargir sa zone de liberté mais de progresser vers un but choisi ou vers un rêve, et de bâtir des projets qui ont un sens.

Le principe du tunnel peut constituer une aide appréciable pour les parents d’enfants dominants Imaginons une course au trésor un peu particulière. Le trésor représente le but ultime à atteindre. Cette course a pour environnement un tunnel. Il est composé de suites de segments susceptibles de tourner autour d’un axe horizontal. La personne ignore, au moment où elle pose son pied avant sur le segment, s’il va tourner ou non, son sens et sa vitesse de rotation. Le principe de la course consiste en une succession d’épreuves (représentées par les segments mis en mouvement) à surmonter pour atteindre le trésor, en l’occurrence la transmission optimale des référentiels.

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Lorsque la personne, par son déplacement, se trouve confrontée à un segment mis en rotation, elle a le choix entre les possibilités suivantes : ! elle abandonne le trésor et quitte définitivement le tunnel (c’est-à-dire abandonne l’éducation de son enfant, démissionne de son rôle d’éducateur, éventuellement avec l’espoir qu’une autre personne prenne le relai et soit assez forte pour surmonter toutes les épreuves) ; ! elle tente de rester debout et lutte fièrement pour ne pas chuter (malgré les nombreuses chutes passées et certainement à venir) en maintenant sa position, en refusant de remettre en question son mode de progression vers le trésor ; ! elle décide de s’opposer au sens de la rotation du segment en se transformant en une sorte de hamster ou de cobaye imprimant une rotation à une roue d’exercice dans sa cage (au risque de s’épuiser et de toute façon avec la certitude de ne pas avancer d’un millimètre vers le trésor) ; ! ou alors elle choisit de progresser coûte que coûte, en rampant, en marchant à quatre pattes, en courant vers le trésor (elle ne perd jamais de vue son objectif, elle ne se laisse pas démonter par les difficultés, elle relativise l’importance des épreuves et surtout elle avance vers son but quoiqu’il arrive). Les enfants dominants ont tendance à générer des peurs chez leur éducateur. Ils essayent également de le déstabiliser par tous les moyens nécessaires et de le détourner de ses objectifs qu’ils ne partagent pas. Ces peurs ou ces tentatives de déstabilisation peuvent être comparées à des segments mis en rotation. L’éducateur se doit de continuer sans tenir compte de celles-ci.

Pour être efficace, la programmation de la puce électronique doit respecter certaines règles La transmission des référentiels peut ne pas atteindre les résultats espérés. Les propriétaires des puces électroniques ne restent pas passifs tout au long du processus de programmation et d’alimentation en données. Le parent ou l’éducateur se doit de veiller au respect de règles essentielles : ! il doit s’être approprié les référentiels à transmettre et les respecter systématiquement (ex. : le respect de sa parole, de ses engagements) ; ! il doit constamment veiller à la cohérence entre ses déclarations et ses comportements (entre ses paroles et ses actes) ; ! il doit faire preuve de constance et veiller à ne pas changer en permanence ses référentiels. Le respect de ces règles de base a pour but d’assurer une imprégnation ou une acquisition durable et profonde des données transmises. Lorsque les changements sont très fréquents, voire permanents, la personne à éduquer éprouve des difficultés à enregistrer les référentiels et l’éducateur perd progressivement sa confiance. Si le changement est effectivement nécessaire, l’explication du sens de celui-ci à la personne éduquée est indispensable pour lui permettre de l’intégrer au mieux.

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Clés pour s’élever 2ième toolbook

L’effet Piston

« Il n'y a pas de maîtrise à la fois plus grande et plus humble que celle que l'on exerce sur soi». Léonard de Vinci L’effet piston permet d’imager les mécanismes de fonctionnement de la maîtrise de soi, les méthodes de développement et les conditions de maintien de cette compétence émotionnelle essentielle.

Éduquer, c’est transmettre la maîtrise de soi Amener un être humain à un niveau optimal de maîtrise de soi constitue un des objectifs majeurs de l’éducation. En effet, cette compétence émotionnelle représente un atout capital pour réussir ses études, réaliser ses projets et atteindre le plus haut niveau d’épanouissement tant personnel que professionnel. Comment atteindre cette maîtrise de soi ? Quels sont les mécanismes et les structures cérébrales impliqués dans cet autocontrôle ? Quels sont les effets de la peur sur le fonctionnement du cerveau humain ? Que se passe-t-il lorsqu’une personne lutte contre son impatience, contre une tentation, contre la colère… ? Que faut-il faire pour développer cette aptitude à faire face à ces pressions ? Certaines conditions facilitent-elles la maîtrise de soi ? D’autres questions viennent spontanément à l’esprit. Faut-il rester constamment maître de soi ? La vie ne risque-t-elle pas d’être moins passionnante, moins drôle, moins palpitante s’il faut en permanence se contrôler ? Tout enfant réalise très tôt qu’il est beaucoup plus facile de manger des sucreries que d’y résister. Une force en nous nous pousse à les consommer, alors qu’une autre tente de nous en dissuader. Devenus adultes, ces forces opposées continuent à exister et nous observons qu’il est effectivement plus aisé de se précipiter dans la réalisation d’une tâche que de prendre le temps de la planifier, de laisser exploser sa colère plutôt que de se calmer. Autrement dit, il faut faire beaucoup plus d’efforts et mobiliser davantage de ressources pour résister que pour succomber à la tentation. En 1960, Michael Mischel et son équipe ont soumis les enfants de l’école maternelle de l’Université Stanford à un test de résistance à la tentation. Chaque enfant était invité à entrer dans une pièce meublée d’une table et d’une chaise. Un Marshmallow était déposé sur une petite assiette devant lui. Il pouvait soit le manger immédiatement soit résister à cette tentation jusqu’au retour de la personne adulte et, dans ce cas, il en recevait un second. Aucun jouet, aucune bande dessinée, aucune source de distraction ou de plaisir alternatif n’était disponible pour aider l’enfant dans l’hypothèse où il choisirait de faire les efforts nécessaires en vue

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d’en recevoir deux au lieu d’un seul. Les comportements des enfants étaient observés derrière une vitre sans teint par Mischel et son équipe. L’intérêt principal de ce test réside dans le suivi des enfants réalisé tout au long de leur scolarité et bien au-delà. Plusieurs constats ont été relevés. Les enfants qui avaient résisté à la tentation : ! étaient davantage capables de faire face aux changements, au stress et faisaient preuve d’une plus grande adaptabilité ; ! développaient des relations humaines et d’amitié plus fortes et sur un plus long terme que la population des enfants qui avait mangé le marshmallow avant la fin du test ; ! réussissaient beaucoup mieux leurs études et progressaient davantage dans leur vie professionnelle. S’il est effectivement plus tentant de regarder un match de la Coupe du monde de football ou de jouer avec un jeu vidéo pendant une période de préparation aux examens de fin d’année que d’étudier, l’aptitude à résister à cette tentation amènera l’enfant, l’adolescent ou le jeune adulte à connaître ultérieurement des satisfactions plus importantes et des plaisirs plus nombreux.

La maîtrise de soi est toujours récompensée « Si vous arrivez à contrôler le processus du choix, vous pouvez contrôler tous les aspects de votre vie. Vous trouverez la liberté qu'amène le fait d'être responsable de soi-même ». Robert Bennett Le cerveau humain contient une structure appelée « cortex cingulaire antérieur ». Cette zone cérébrale joue le rôle d’un système d’alarme neural. Par la surveillance de nos données, il identifie tout conflit, toute erreur, toute incohérence, toute incertitude et tout message susceptibles d’engendrer une souffrance. S’il détecte qu’une réponse automatique est en contradiction avec l’objectif recherché ou ne correspond pas à un référentiel donné, il alerte le cortex préfrontal pour l’amener à gérer la situation.

Le test de Stroop (inventé par John Ridley Stroop) met clairement en évidence le rôle et le fonctionnement de cette structure cérébrale. Pour réaliser cette expérience,

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des mots sont imprimés soit dans la même couleur que celle de leur nom (ex : « rouge » imprimé en rouge), soit dans une couleur différente (ex : « noir » imprimé en bleu). La personne doit nommer la couleur dans laquelle chaque mot est imprimé et non celle désignée par le mot. Lorsque ces deux informations sont identiques, le cortex cingulaire antérieur ne détecte aucun conflit ni aucun risque de se tromper. Il ne s’active donc pas. Par contre, si les deux informations ne sont pas identiques, le cortex cingulaire antérieur informe le cortex préfrontal du conflit qu’il y a entre elles en vue d’inhiber la réponse spontanée. Test de Stroop

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Plus la personne est fatiguée ou stressée, plus elle éprouve des difficultés à réussir le test sans s’arrêter et/ou se tromper. L’aptitude à contrôler ses pulsions, ses émotions et ses pensées n’est pas constante dans le temps.

Les pressions exercées sur le piston doivent être maîtrisées par l’action d’un muscle préfrontal bien développé et entrainé L’effet piston m’a été inspiré par le professeur Mark Muraven du département de l’Université Albany de New York. En comparant le cortex préfrontal à un muscle (Muraven & Baumeister. Self-Regulation and Depletion of Limited Resources: Does Self-Control Resemble a Muscle? Psychological Bulletin, 2000), il fait indirectement référence à l’aptitude de cette aire cérébrale à exercer une force suffisante pour résister à la pression exercée sur elle par nos instincts, nos émotions et notre raison. Sans cette aptitude à contrecarrer cette pression, le cortex préfrontal perd en tout ou partie ses capacités de maîtrise, d’analyse, de hiérarchisation, d’anticipation et de planification, de choix et de mémorisation.

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Résister à une tentation ou soulever une masse mobilise des ressources et nécessite de réaliser un effort. Comme l’être humain ne dispose pas de ressources illimitées pour produire des efforts, son organisme finit par s’épuiser. Cet épuisement peut apparaître suite à des efforts répétés ou suite à une mobilisation des ressources pendant une durée plus ou moins longue en fonction de l’état de développement et de la forme physique du(ou des) « muscle(s) » mobilisé(s) (réels ou préfrontaux). Cette image du « muscle » préfrontal, m’a donné l’idée de comparer le cerveau à un piston. Les instincts, les émotions et les pensées exercent une pression plus ou moins forte en fonction de leur intensité à un instant donné sur les lobes préfrontaux.

En fonction de l’importance de la compression réalisée et de l’écrasement de cette zone cérébrale par le piston, elle n’est plus en mesure, partiellement ou totalement, de jouer son rôle. Autrement dit, la personne perd progressivement ou complètement ses aptitudes à analyser les données, à les interpréter, à les hiérarchiser, à les organiser. Elle perd également sa capacité à anticiper, à planifier, à choisir ou à décider, à contrôler ou à maîtriser, sans oublier le rôle essentiel des lobes préfrontaux dans la mémorisation.

Compte tenu du rôle essentiel joué par le cortex cingulaire antérieur comme système de surveillance et d’alarme, la pression du piston sur cette partie du cerveau, conduit également à une perte de vigilance et de mobilisation des lobes préfrontaux. Le professeur Muraven a montré que notre capacité à mobiliser ces ressources pour maîtriser deux actions successives, la seconde en rapport avec la première ou non, n’est pas égale pour chacune d’elles. Autrement dit, la seconde action est moins performante que la première. Écouter très attentivement une personne, puis supporter un enfant qui crie conduit à une perte de maîtrise de soi optimale pour faire face à ce stress auditif. Assister à une réunion mal dirigée en fin de journée qui

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s’éternise, puis être bloqué dans les embouteillages sur le chemin du retour à son domicile à de fortes chances d’engendrer des comportements inappropriés. Bref, le « muscle » préfrontal se fatigue comme toute masse musculaire. Si cette aire cérébrale est un muscle, exploitons cette comparaison au maximum dans le cadre de l’éducation et du développement de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte.

Qui dit muscle, dit : 1. développement musculaire Ce développement se réalise à travers des exercices à pratiquer le plus tôt possible dans l’évolution de l’enfant. Il est important de noter que ce développement musculaire peut être réalisé à tout âge, mais qu’il nécessitera d’autant plus d’efforts que la personne est âgée. Comment « muscler » les lobes préfrontaux ? Le parent va amener très tôt son enfant à produire les efforts nécessaires pour résister aux pressions exercées par ses instincts, ses émotions et ses pensées. La transmission des valeurs morales constitue un exercice très important et très démonstratif. Par exemple : « Papa, je veux un morceau de gâteau ! » doit être suivi de la réaction paternelle suivante : « Termine ton assiette, puis tu pourras manger ton dessert. » Le père vient de lui transmettre une valeur essentielle : la patience. Cette résistance à la recherche de la satisfaction immédiate ou très rapide d’un besoin ou d’une envie représente pour l’enfant un effort considérable. Celui-ci sera d’autant plus important que la pression émotionnelle est forte et que la raison de cette patience n’apparaît pas clairement ou pas du tout à l’enfant. Une autre valeur pourrait suivre très rapidement : « Papa, je veux un autre morceau de gâteau ! » Le père se doit de lui transmettre ou de lui rappeler l’importance de la tempérance : « Tu as déjà mangé un morceau de gâteau. L’excès nuit en tout. » etc. Un père a dit un jour : « Un repas équilibré pour un gamin, c’est un morceau de gâteau dans chaque main. » Comme un coach entraînant un sportif de haut niveau, le parent, l’éducateur, le maître se doit de faire preuve de la patience, de la persévérance et du profond désir d’accompagner l’enfant, l’adolescent

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ou l’apprenti dans son développement. Les longues séances de musculation, d’exercices, d’efforts répétés sont indispensables pour développer au mieux les capacités musculaires préfrontales. Les exercices de musculation consistent également à amener l’enfant, l’adolescent ou le futur adulte à anticiper, à prévoir et à planifier ses actions. Dans cet esprit, un examen scolaire, un camp de mouvement de jeunesse, un anniversaire ne se prépare pas la veille. Imaginer l’avenir, identifier les étapes et les ressources nécessaires pour atteindre un but dans un délai déterminé mobilisent fortement les lobes préfrontaux. Réfléchir avant d’agir est antinaturel pour un enfant, un adolescent ou un adulte immature. Dans le même esprit, estimer les conséquences à moyen et (très) long terme de ses choix et de ses actes constitue également un exercice de musculation particulièrement exigeant et par conséquent difficile. Plusieurs exercices peuvent ou doivent parfois être réalisés simultanément (la patience est souvent associée à l’effort lié à l’estimation claire et juste des conséquences possibles d’un choix) ou successivement. Prenons un exemple : un gamin provoque un garçon de son âge puis l’insulte avant de le bousculer. Les émotions ressenties par l’agressé iront de la surprise à l’irritation puis à la colère puis peut-être à la peur. Ce cocktail détonnant peut conduire à une réponse agressive de sa part. Dans ce type de situations, l’enfant doit très rapidement maîtriser ses premières émotions avant de pouvoir passer en revue et d’analyser les différents comportements possibles, puis enfin estimer les conséquences de chacun d’eux pour réaliser un choix judicieux et responsable. Les référentiels contenus dans la puce électronique de l’enfant et plus tard de l’adulte jouent un rôle déterminant dans le choix comportemental face à ces agressions. Prenons deux référentiels opposés : ! la violence engendre la violence et nous abaisse au rang d’un animal ; ou ! l’absence de réaction est un signe de lâcheté, contraire au code d’honneur de notre famille, de notre clan, de notre communauté. Le premier référentiel, dans l’hypothèse où l’enfant a été capable de maîtriser ses émotions initiales, le conduira sans doute à éviter la confrontation et à chercher soit une voie menant à l’apaisement soit un refus pur et simple du conflit. Par contre, le second référentiel poussera naturellement l’enfant à se battre pour sauver son honneur et celui de sa famille. Même si un adulte lui fait remarquer que sa réaction n’était pas acceptable, il continuera à penser qu’il a fait le bon choix en toute conscience et en prenant le temps d’étudier la situation et ses conséquences.

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La musculation préfrontale n’a donc pas pour but d’amener la personne à se comporter de manière plus « musclée » au sens propre. (voir le prochain cahier consacré à la « maturité de l’esprit »). 2. entretien de la musculation Lorsqu’un plâtre est posé sur une jambe, il faut très peu de temps pour constater une fonte de la masse musculaire. Au niveau préfrontal, il en va de même. Si la personne ne réalise plus d’efforts réguliers, son « muscle » préfrontal va s’atrophier. Ces efforts d’entretien « musculaire » peuvent être légers, comme le fait de ne pas céder à notre désir de ne pas ranger systématiquement un objet à sa place après usage, de résister à l’envie de manger le petit pain dans un restaurant gastronomique, de ne pas lire immédiatement un mail qui vient d’atterrir dans notre boite à messages électroniques ou encore de ne pas répondre à un appel téléphonique en conduisant. D’autres exercices sont plus difficiles à réaliser. Il semble que le respect strict des limitations de vitesse représente un sommet de difficulté pour la très large majorité des conducteurs. Un patron me demanda après la présentation de cet exercice quel devait en être sa durée d’application. Comme si quelques jours pouvaient suffire pour muscler adéquatement son « muscle » préfrontal. Dans cet exercice, à la pression interne liée à l’envie de rouler plus vite vient s’ajouter celle des éventuels passagers et des autres usagers de la route. La somme des pressions exercées peut être considérable. Sans un « muscle » préfrontal suffisamment développé et entretenu, l’effort à réaliser dans certains cas dépasse les capacités de résistance de l’individu.

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Le(la) conducteur(trice)

Le(La) passager(ére)

! « Je vais arriver en retard à cette allure là ! »

! « Tu ne vas tout de même pas rouler à cette vitesse là ! On se traine… »

! « J’en ai marre de me trainer sur la route ! » ! « Les autres conducteurs vont penser que je le fais exprès pour les embêter et ils vont être fous furieux »...

! « Dépêche-toi ! Nous finirons par arriver en retard si tu continues ! Allez, roules ! » ! « Ne t’étonnes pas si tu reçois des appels de phares ! »...

Le conducteur de poids lourds ou de voiture ! « Il le fait exprès ou quoi ! Çà t’amuse le touriste ?!... » ! « Je n’ai pas que çà à faire, moi ! » ! « T’as essayé la marche à pied pour voir ? » ! « Non, mais ! Je vais le pousser moi le gastéropode ! »

Se maîtriser ou résister à des pressions de plus en plus fortes peut se comparer à des exercices physiques de musculation ou à la réalisation d’un certain nombre de pompages ou d’abdominaux quotidiens par exemple. 3. surveillance de l’état de fatigue musculaire Plus la personne a conscience de son état de fatigue musculaire, plus elle pourra se préparer à supporter la prochaine pression sur ses lobes préfrontaux. Imaginons une personne dont une des mains, placée à l’horizontale, supporte une masse de 2 kg pendant de longues minutes. La fatigue va progressivement se faire sentir. Mais si l’esprit de cette personne est concentré sur autre chose, elle peut, par moment, oublier la charge supportée par sa main. Au bout d’un certain temps, de toute façon, elle sera dans l’incapacité de poursuivre les efforts nécessaires pour conserver la masse dans sa main. Elle la laissera tomber. La masse à supporter peut être comparée à la pression ressentie par un employé tout au long d’une journée, par exemple, de la part d’un supérieur hiérarchique « stressogène » ou, dit plus clairement, emmerdeur. La probabilité de « craquage » de l’employé en cours de journée augmente avec l’importance de la pression à maîtriser (ou de la charge à supporter) et avec la durée de la pression exercée (ou du temps de charge). Cet employé a également de fortes chances de ne plus être en

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mesure de supporter de nouvelles charges après sa journée de travail. Cela explique les dérapages comportementaux de certaines personnes lors du retour à leur domicile (conduite agressive de son véhicule, nonrespect du code de la route, signes obscènes aux autres usagers, provocations à la moindre contrariété, par exemple en freinant devant un véhicule pour donner une leçon au conducteur…, sans oublier colère et même gestes violents à l’encontre du conjoint ou de ses enfants). Une fois dépassée la limite de résistance à la charge ou à la tension, la personne n’est plus en mesure de résister, de contrôler, de maîtriser ses pulsions et ses émotions. En surveillant son état de fatigue « musculaire préfrontale », la personne pourra décider soit de reprendre la charge soit de porter les prochaines de manière optimale. Il est, par conséquent, essentiel de surveiller en permanence l’état de forme de son « muscle » préfrontal. Michael Inzlicht et Jennifer N. Gutsell, chercheurs à l’université de Toronto, ont mené une série d’expériences, dont les résultats ont été publiés en novembre 2007 dans la revue Psychological Science. Celles-ci avaient pour objet de démontrer l’effet de la fatigue sur les capacités de maîtrise des individus. Ils ont demandé à 40 personnes, placés sous électro-encéphalogramme, de regarder un documentaire animalier conçu pour déranger le spectateur. Le groupe fut divisé en deux. Le premier ne devait exprimer aucune émotion pendant toute la projection alors que le second n’avait reçu aucune instruction particulière. À l’issue de la présentation du documentaire, les participants devaient réaliser un test de Stroop. Le groupe qui ne devait exprimer aucune émotion a obtenu de moins bons résultats à ce test que les personnes de l’autre groupe. De plus, l’électro-encéphalogramme enregistra une réduction d’activités au niveau du cortex cingulaire antérieur des personnes contraintes de ne rien laisser paraître de leurs émotions. La fatigue « musculaire » concernait également cette aire cérébrale impliquée dans la gestion des conflits et des erreurs. Le professeur Muraven a publié une étude en 2008 qui apporte un éclairage complémentaire intéressant. Il semble que le fait de se sentir dans l’obligation (ou le fait d’être obligé) de se maîtriser mobiliserait davantage de ressources que lorsque cette maîtrise de soi est le résultat d’un choix personnel. Autrement dit, l’être humain doit faire plus d’efforts pour se contrôler lorsqu’il est contraint (ou qu’il a le sentiment d’être contraint) que lorsqu’il décide librement de le faire.

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Le « muscle » préfrontal doit être assez développé et correctement entretenu pour pouvoir exercer une contre-pression suffisante afin de permettre à cette aire et au cortex cingulaire antérieur de jouer leur rôle.

« Le courage est un muscle comme les autres : il faut l'exercer de temps en temps pour ne pas en perdre l'usage ». Anne Dandurand Extrait de« Un cœur qui craque »

Plus une émotion est perçue rapidement, plus la capacité de la maîtriser augmente L’image du toboggan permet de présenter de manière dynamique et concrète les conditions et les étapes de la maîtrise de soi. Une anecdote permet d’illustrer ce principe. À l’époque, j’avais quarante et un ans. En instance de divorce, je me situais en phase de résignation dans mon travail de deuil. Cela correspondait à une période où je réalisais mes activités davantage par automatisme que par passion. Mon ex-épouse, coactionnaire à part égale de notre société, me côtoyait au quotidien dans le cadre professionnel. Elle arriva un jour dans mon bureau pour me rappeler une réunion importante à l’étranger. L’objet de celleci était d’assurer un passage de relai optimal entre deux responsables importants au sein d’un groupe-client. Sans enthousiasme particulier, je me présentai au siège de ce groupe pour réaliser cette mission que mon état émotionnel m’avait faire perdre totalement de vue. Après avoir salué le cadre avec lequel j’avais travaillé de longs mois, celui-ci me présenta la jeune femme qui allait lui succéder dans sa fonction. Ce fut un choc, un véritable coup de foudre. Ses yeux, couleur œil de tigre, pétillants d’intelligence et sa beauté m’ont cueilli au point de me laisser sans voix. Arrêtons-nous à ce stade du récit pour revenir au principe du toboggan. La première étape de la maîtrise de soi exige de bien se connaître. Pour réaliser cette découverte

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de soi, une étude de nos émotions permet de mieux cerner l’intensité et le mode d’actions de celles-ci. Comment percevons-nous la joie, la tristesse, la colère, l’amour… ? En ce qui me concerne, le toboggan de la tristesse est tout petit. La tristesse ne prend pas des proportions importantes et je redescends très rapidement. Par contre, le toboggan de l’amour est certainement le plus grand. Chaque fois qu’il m’a été donné d’aimer, cette émotion m’a transporté et conduit vers des sommets de bonheur et de plaisir.

Pour revenir à mon histoire, à quarante et un an, étais-je encore susceptible de ressentir un amour intense ? Bien sûr ! Très vite, j’ai retrouvé mes automatismes professionnels pour réaliser ma mission de consultant avec toute la conscience requise. La jeune femme se présenta rapidement : diplômée d’une université de renom, responsable régionale appelée pour occuper une nouvelle fonction au niveau du siège, célibataire (et sans petit ami !), sans enfant, elle venait de rejoindre la capitale et logeait à l’hôtel provisoirement le temps de trouver un logement agréable et dans les limites de son budget. Après ces présentations sommaires, nous étudiâmes immédiatement les points à l’ordre du jour. La journée de travail se déroula très bien : bilan du travail accompli, détermination des tâches à réaliser et des délais à respecter pour chacune d’elle… Lorsque l’heure de nous séparer arriva, je souhaitai à la personne qui se préparait à quitter le groupe toute la réussite et tout le bonheur possibles. Quant à ma nouvelle interlocutrice dans le cadre du projet en cours, je me contentai de lui dire que j’étais ravi de travailler

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avec elle et que je me réjouissais de la revoir. « Ça tombe bien » ! me dit-elle, « car nous nous revoyons dans quinze jours pour une formation que vous donnerez dans un de nos centres régionaux ». Ma tendance à vivre au jour le jour m’avait fait oublier cette formation. « Effectivement ! Bien, au plaisir de vous revoir très vite dès lors », me contentai-je de dire. « À-propos, pourriez-vous me rendre un petit service » ? me demanda-t-elle. J’étais, bien entendu, tout disposé à lui faire plaisir. Sans attendre ma réponse elle enchaina : « Comme vous le savez, je suis à la recherche d’un appartement. Je vis actuellement à l’hôtel. Pourriez-vous venir me chercher le jour de la formation pour que je fasse le trajet avec vous jusqu’au centre régional ? Cela nous permettrait de faire plus ample connaissance. » Je m’empressai évidemment d’accepter. Le jour et à l’heure convenus, je l’attendais au pied des marches de son hôtel. Elle vint vers moi d’un pas rapide, avec un large sourire, ses longs cheveux châtains bouclés s’envolant sous l’effet du vent. Elle portait une robe printanière sous un imperméable bleu foncé ouvert. Elle semblait voler à quelques centimètres au-dessus des marches, comme si ses hauts-talons glissaient sur un coussin d’air. Après lui avoir serré la main, je lui ouvris la porte de la voiture. Très concentré sur ma conduite, j’avoue ne pas avoir fait très attention à ces paroles. Cette fausse écoute de ma part par contre avait l’air de lui plaire. Une fois arrivé à destination, le directeur du centre régional tomba immédiatement sous le charme de ma passagère. Il se comporta comme un jeune adolescent en rut. Son intelligence semblait avoir pris des vacances aussi inopinées qu’impromptues. Il nous conduisit jusqu’à la salle de formation à laquelle il devait participer puis nous invita à déjeuner avec beaucoup d’insistance. Après avoir déposé ma mallette sur la table qui m’était destinée et m’être rapidement installé, je vis la jeune personne revenir du porte-manteau sur lequel elle venait d’abandonner son imperméable. Derrière elle se trouvait une très grande baie vitrée donnant sur un jardin baigné de soleil. Vous ai-je dit qu’elle portait une petite robe printanière ? Petite, peut être… Mais je ne pensais pas qu’elle était si légère, voire transparente. Mon Dieu ! Quelle vision ! Son visage était splendide mais son corps n’avait rien à lui envier. Quelles courbes ! Quelles proportions idéales ! Arrêtons-nous là au niveau de cette histoire. D’abord, pour vous éviter de fortes émotions si vous êtes sensible à la beauté féminine et, ensuite, parce qu’il est temps de revenir au principe du toboggan. Pour une maîtrise optimale de soi, il faut être conscient le plus rapidement possible de l’existence de l’émotion à contrôler et de son intensité. Plus nous prenons conscience tardivement de cette émotion, plus il est difficile de la contrôler.

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Revenons à cet épisode du contrejour et de ses effets. Une émotion de désir et peut être d’amour était-elle présente dans mon cerveau ? Elle était tellement puissante qu’il m’était difficile de l’ignorer. Comme je n’étais pas là pour m’intéresser à sa beauté, je me suis rappelé à l’ordre et je me suis concentré sur la formation le plus vite possible. Tout se déroula parfaitement bien jusqu’au moment de la pause. « Puisje vous demander de m’apporter les formulaires complétés par les participants pendant que je prends note de l’une ou l’autre chose ? », lui demandai-je. Elle accepta volontiers et progressa de tables en tables, organisées en arc de cercle, pour rassembler les enregistrements demandés. Après avoir noté ce que j’avais peur d’oublier, un string apparut à moins d’un mètre de mes yeux. Cette jeune personne se tenait en position penchée au point de former un angle de presque quatre-vingt dix degrés entre son buste et ses jambes. Arrivé à ce stade, au-delà du choc visuel que vous pouvez imaginer, je me sentis tout à coup terriblement inquiété. Mon divorce, certes, m’avait éloigné depuis un certain temps des plaisirs intimes partagés avec une personne de l’autre sexe, mais en l’occurrence, je me demandai si je ne devenais pas un grand malade, un obsédé sexuel grave ! Je m’administrai, mentalement, une paire de claques pour m’amener à quitter cette pente qui risquait de m’entraîner vers un abîme de souffrances. J’en étais arrivé là, lorsque, tout à coup, je me demandai : « Et si… ce que tu vois, tu es prié de le voir ! Et si cette très charmante et très attirante personne mettait tout en œuvre pour que tu ouvres les yeux sur sa volonté de te faire comprendre que tu lui plais ! » Voila une possibilité intéressante, vous ne trouvez pas ? Je pris la décision de vérifier cette hypothèse pendant le déjeuner. Revenons au principe du toboggan. Si, en début de matinée, je montais les marches du toboggan « amour-désir physique » une par une, je peux vous assurer que pendant la période entre la pause et le déjeuner je les montais de plus en plus vite. Autrement dit, j’étais pleinement conscient de l’effet de ces émotions sur moi.

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La matinée de formation terminée, nous nous retrouvâmes, le directeur du site régional, la personne responsable de mon trouble et moi-même au restaurant. Le directeur avait invité la jeune femme à s’asseoir à côté de lui. Elle se plaça sur la chaise qui me faisait face, sans marquer le moindre plaisir d’avoir l’honneur de siéger à la droite du directeur. Après avoir passé notre commande, je me penchai vers elle pour lui dire : « Comme la formation est répartie sur deux jours, comme vous logez à l’hôtel près du centre régional et que je suis moi-même dans un hôtel pas très éloigné du vôtre, puis-je me permettre de vous inviter à diner ? Cela nous permettrait de nous sentir moins seuls et de continuer à mieux nous connaître. Qu’en dites-vous ? » Elle pencha légèrement sa tête de côté en abaissant les yeux et en affichant un large sourire puis me répondit : « Avec plaisir ! » Puis, elle enchaina immédiatement : « Pour être tout à fait franche, cher Monsieur, si vous ne m’aviez pas fait cette proposition, je me serais permis de vous inviter à la fin de la journée de formation. » La surprise passée, je lui répondis : « C’est au fournisseur à inviter son client et non l’inverse ! » Toute aussi souriante, elle me fixa droit dans les yeux et me dit : « J’avais vraiment très envie de mieux vous connaître. » Après un léger silence, elle reprit : « Cela ne peut que contribuer à une meilleure entente et une collaboration plus efficace entre nous dans le cadre du projet d’entreprise qui nous occupe. Ne pensez-vous pas ? » « Mais, mais … certainement ! Absolument ! » Que vouliez-vous que je dise d’autre. De toute évidence, mon hypothèse se confirmait. Je ne lui étais pas indifférent. Sur un petit nuage, j’entendis à peine le directeur régional dire : « Et moi, cher Monsieur, vous ne m’invitez pas ? » Mes yeux fixant ceux de ma cliente, je la vis exprimer non verbalement son étonnement et une soudaine et profonde inquiétude. J’étais moi-même totalement pris au dépourvu mais il fallait répondre quelque chose. Après des secondes, qui me parurent des heures, je finis par lui dire : « Vous devez déjà me supporter toute la journée dans le cadre de cette formation. Je ne peux décemment pas vous imposer ma présence après les heures de travail. Votre femme et vos enfants doivent vous attendre avec impatience, et je ne peux vous priver de ces moments de détente et de bonheur familial. » Le directeur régional me stoppa pour me dire : « Au contraire, on vous écouterait pendant des heures. Votre conversation est tout à fait passionnante. Sincèrement, je serais ravi d’être des vôtres ce soir à diner. Sauf, bien entendu, si vous vous opposez… » Tu parles ! Ma conversation ! Non mais, il se moque de moi. Je savais parfaitement qu’il était davantage attiré par le physique de sa voisine que par mes talents d’orateur. Comment faire pour ne pas l’inviter ? D’autant plus que je lui devais l’invitation à ce déjeuner et, puis, c’était aussi mon client quelque part. J’essayai bien de le convaincre qu’il ne devait pas se sentir obligé de diner avec nous, mais rien n’y fit. Je finis par céder au grand dam de la jeune personne qui me regardait avec un léger froncement de sourcil et un voile de déception dans les yeux. Seulement, le bougre ne s’arrêta pas en si bon chemin. « Si j’ai bien compris, votre hôtel se trouve sur mon chemin pour me rendre à celui de notre hôte. Chère demoiselle, je passerais par conséquent vous prendre pour que nous nous rendions ensemble à son invitation. » Ce fut au tour de la charmante demoiselle d’être prise au dépourvu. Son regard exprimait une profonde panique du style : « Ah non ! Tout mais pas çà ! Au secours !… » Elle tenta de s’en sortir en s’adressant à moi pour me demander : « Mais ne m’aviez-vous pas dit que vous viendriez me chercher ? » Le directeur ne me laissa pas le temps de répondre et répliqua : « C’est ridicule. Il devrait faire un aller-retour alors que votre hôtel se trouve sur mon chemin. Non. Ça me fait plaisir. Et, comme vous l’avez dit, cela nous permettra de faire plus ample connaissance tous les deux. » La pauvre enfant essaya de décliner l’offre. Malgré mon aide pour dissuader son

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chauffeur d’un soir, le directeur régional haussa le ton pour nous faire comprendre qu’il serait terriblement vexé si elle refusait sa proposition. De guerre lasse, elle finit également par accepter. Inutile de dire que le repas démarrait mal. Très vite, je détendis l’atmosphère pour ne pas hypothéquer la fin de ce déjeuner et la suite de la formation. Revenons encore une fois à l’image du toboggan. Si comme je l’ai écrit plus haut, je montais les marches une à une au départ puis plus rapidement ensuite, les regards échangés tout au long de l’après-midi et toute une série de signaux contribuaient à tisser des fils invisibles entre nous. À la fin de cet après-midi, je grimpais les escaliers quatre à quatre, poussé par des sentiments de plus en plus forts. Quinze à vingt minutes avant l’heure fixée, j’attendais mes invités dans le hall de mon hôtel. Ces quelques instants m’offrirent l’opportunité d’étudier le plus sereinement possible l’avenir qui se présentait à cette charmante jeune femme et moi-même pour la fin de cette soirée. Il n’en existait que deux : soit nous nous quittions en nous souhaitant une bonne nuit soit… Autrement dit, pour en revenir à l’image du toboggan, soit je redescendais gentiment l’escalier pour retrouver un état émotionnel neutre soit je me laissais glisser pour vivre une folle nuit d’amour. L’examen des deux options donna à peu près ceci. Option A = retour vers le sol via la surface glissante : À vol d’oiseau, ma chambre était à quelques mètres, dizaines de mètres tout au plus. Donc, nous pouvions nous retrouver très aisément et rapidement dans un environnement intime et discret. Tout en elle, à première vue, m’attirait : son intelligence brillante, son sens de l’humour, sa beauté, son charme, son éducation, les passions que nous partagions pour la cuisine et surtout la voile… J’adorais son accent légèrement chantant, son sourire et surtout ses yeux. Bref, inutile de chercher plus loin, les éléments en faveur de l’option A étaient très nombreux et le plateau de la balance n’avait aucun mal à faire pencher mon cœur de ce côté-là. Option B = retour vers le sol via l’escalier : C’était plus raisonnable. D’abord, parce que je devais réaliser la suite de la formation le lendemain matin, ensuite parce que j’habitais dans un autre pays. En fait, cet argument n’en était pas un. Il suffisait de prendre la décision de m’installer dans le pays de cette adorable personne.

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Tout au long du repas, je passai en revue les deux options sans arriver à me décider. Quel argument rationnel pourrait me convaincre de choisir l’option B ? Tout à coup, me revint en mémoire un conseil de mon père : « Tu sais mon fils : boulot et dodo ne vont pas bien ensemble ! Ne couche jamais avec ta secrétaire, une collaboratrice… tu files droit vers les ennuis ! » La personne assise face à moi était-elle une relation de travail ou pas ? Boulot ou pas boulot ? Définitivement : boulot ! Elle était ma cliente, par conséquent la question était réglée. Elle prit immédiatement conscience du changement qui s’était opéré dans mon esprit. Le volet était tombé. Mes yeux avaient changé d’expression. Elle se demandait de toute évidence ce qu’elle avait pu dire ou faire pour provoquer chez moi un tel détachement. En réalité, elle était toujours aussi jolie, attirante, merveilleuse. Une partie de moi se sentait libérée d’un poids, alors qu’une autre était profondément triste de cette décision, mais il était hors de question de revenir sur celle-ci. À la fin du repas, le directeur régional accepta à ma demande de reconduire ma charmante invitée à son hôtel. L’expression de son visage trahissait une surprise et une incompréhension totales. Elle me dévisageait dans l’espoir de trouver la moindre explication logique à mon changement de comportement à son égard. Elle semblait profondément convaincue de ne pas s’être trompée sur les sentiments qu’elle m’inspirait. Alors… que s’était-il passé ? En réalité, elle me plaisait toujours autant, si ce n’est plus encore. Le toboggan possède, au niveau de sa plate-forme, une barre de sécurité pour éviter de glisser par erreur ou pour se préparer au mieux à glisser. Cette barre horizontale peut être comparée à nos référentiels : valeurs, codes, limites transmises, mises en garde, conseils… Ceux-ci interviennent dès la réception des données issues de nos différents sens ou des différentes parties du cerveau au niveau de notre cortex préfrontal (voir le concept de « puce électronique »). Ces référentiels filtrent, interprètent, trient ces informations avant d’intervenir dans nos processus décisionnels et nos choix.

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En l’occurrence, le référentiel était celui transmis par mon père : « Boulot et dodo ne sont pas compatibles. » Ai-je maîtrisé mes émotions ce jour-là ? La réponse est évidemment affirmative. Me serais-je laisser guider par mes pulsions et/ou mes émotions si j’avais choisi l’option A, autrement dit, si j’avais opté par une nuit d’amour et plus si affinités ? La réponse est négative. En effet, quelle que soit l’option retenue, elle serait le résultat d’une analyse et d’un choix conscient et maîtrisé. Un grand nombre de mes clients m’ont d’ailleurs déclaré que j’avais réalisé le mauvais choix. Car, pour eux, l’option A était tout à fait acceptable car aucune raison morale ou légale ne pouvait nous en empêcher. Nous étions deux adultes célibataires. Nous n’avions, aucun des deux, des enfants, ce qui facilitait bien les choses. Je pouvais recommander au groupe client de confier le projet à un concurrent pour éviter toute critique relative à d’éventuels conflits d’intérêt. Cette personne n’a jamais su les raisons de mon revirement. Et si, finalement, tout cela n’était que le résultat de mon imagination. Et si je m’étais trompé dans l’interprétation de ses messages non verbaux en prenant mes désirs pour des réalités. Et si…

En cas de pression trop violente, trop intense, exercée par le piston sur les lobes préfrontaux les dommages occasionnés peuvent être irréversibles Prenons le cas d’un jeune artiste particulièrement talentueux. Lors de sa première prestation majeure en public, la salle se lève pour lui faire une ovation. Sa deuxième apparition sur scène s’accompagne d’exclamations et de cris. Les applaudissements ne constituent qu’une petite expression de l’amour que lui porte déjà son public. Il reçoit après son spectacle des fleurs, des lettres d’amour, des petites culottes… Ses

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apparitions publiques s’accompagnent de scènes d’hystérie de plus en plus délirantes. Il est invité par toutes les personnalités en vue. À cela s’ajoute, ses premiers contrats aux montants qui dépassent ses plus folles espérances. Très rapidement, son cachet pour un concert dépasse largement le salaire annuel de ses parents. Si ce jeune adolescent ou adulte ne possède pas de « muscles préfrontaux » suffisamment développés et s’il ne les mobilise pas lors de cette soudaine et violente pression, il y a fort à parier qu’il pourrait ne pas s’en remettre. L’être humain semble posséder un seuil de tolérance à l’amour reçu. Autrement dit, notre cerveau émotionnel accepte sans limite l’amour d’autrui. Cependant, cette quantité d’amour se transforme en pression considérable, responsable de l’écrasement de nos lobes préfrontaux et de la perte de ses fonctionnalités si ces derniers ne sont pas suffisamment forts et prêts à s’y opposer. L’importance du rôle de « muscle préfrontal d’appoint » joué par un parent au côté de ce jeune peut alors être déterminante si ce dernier n’a pas encore développé suffisamment son « muscle préfrontal ». Ce parent peut l’aider à conserver les pieds sur terre et le sens des réalités. Il peut lui rappeler qu’il est un jeune homme, certes talentueux et sans doute chanceux, mais qu’il ne doit pas se prendre pour un dieu. La gloire, l’argent, le pouvoir, le jeu, la notoriété, le sexe, le stress sont des drogues universelles pour tout être humain, bien plus puissantes parfois que les produits hallucinogènes ou l’alcool. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas « consommer » un peu de notoriété, d’argent, de sexe… mais, comme toute chose, il faut éviter les excès liés à une pression non contrôlée exercée par ceux-ci sur les lobes préfrontaux. Trop d’amour, trop d’argent, trop de stress, trop de souffrances… peuvent conduire à des comportements inadaptés aux conséquences tragiques pour la personne ellemême, son entourage et toutes les personnes en contact direct ou indirect avec elle. Lorsque les lobes préfrontaux ont subi un écrasement aussi important et violent, les dommages peuvent être irréversibles. Des cures de désintoxications aux médicaments, à des drogues, à l’alcool ne suffisent malheureusement pas le plus souvent à résoudre les dégâts occasionnés. De toute façon, elles ne peuvent suffire à rétablir la personne sur le long terme si elles ne sont pas accompagnées ou suivies par des séances de « musculation préfrontale » afin de préparer la personne à faire face à toute nouvelle pression majeure ou non. L’écrasement des lobes préfrontaux dû à une souffrance psychique de longue durée peut également conduire la personne à perdre sa faculté d’analyse et de prise de décision optimale. Le harcèlement moral, les humiliations, les moqueries, les dénigrements à répétition constituent des sources de souffrances psychiques responsables d’un épuisement préfrontal d’autant plus rapide et important que les lobes préfrontaux n’ont pas été suffisamment développés pour y faire face ou sont affaiblis pour l’une ou l’autre raison. Une tentative de suicide ou un suicide peut alors constituer pour cette personne la seule manière de se libérer de cette pression insupportable.

Il ne peut exister de maîtrise de soi sans lâcher-prises Un muscle ne peut délivrer en permanence l’énergie nécessaire pour réaliser un effort. Un repos est indispensable. Sans cela, une fatigue s’installe avec pour conséquences une baisse de performances puis des signes de plus en plus importants de faiblesse avant d’arriver à une « déchirure » aux effets dévastateurs et nécessitant un traitement et une rééducation, sans oublier les éventuelles séquelles.

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Comme un grand sportif, il faut être un « PER » pour soi-même. En effet, pour atteindre les meilleures performances, il faut respecter les 3 étapes suivantes : P pour la Préparation (physique et mentale) ; E pour l’Effort (la prestation sportive ou le contrôle de soi) ; R pour la Récupération (le repos, la détente…). La préparation correspond aux stades « développement musculaire » et « entretien musculaire ». L’effort correspond aux activités de contrôle préfrontal pour une maîtrise optimale de soi. La récupération correspond aux lâcher-prises. Ces derniers se divisent, selon moi, en deux groupes : 1. les lâcher-prises en « amont » (test de la boulette de papier tenue fermement dans la main et libérée d’un coup) ; 2. les lâcher-prises en « aval ». Etudions en premier lieu, les lâcher-prises en « amont ». Imaginons que vous preniez une feuille de papier dans votre main droite. Vous la chiffonnez en la comprimant de plus en plus fort avec vos doigts contre la paume de votre main pour en faire une boulette de papier. Lorsque sa taille ne peut plus être réduite, exercez une pression intense pendant plusieurs secondes pour arriver à un seuil de douleur difficilement supportable. Puis, ouvrez brusquement votre main pour libérer la boulette de papier. Réalisez alors la sensation de détente associée au lâcher de ce petit bout de papier.

Il en va de même avec certaines sources de tension comme une peur, un sujet de préoccupation, une envie… Dale Carnegie, dans son livre « Comment dominer le stress et les soucis », présente une approche de lâcher prise en « amont » particulièrement efficace. Cette méthode mise au point par Willis Carrier, créateur de l’industrie de l’air conditionné, consiste à respecter trois étapes : 1. envisager le pire : que peut-il m’arriver de pire ? Prenons l’exemple d’une personne chargée du développement d’un nouveau logiciel. Un problème sérieux l’empêche de progresser depuis plusieurs jours. Plus le temps passe et plus la pression augmente. Elle se met à douter de sa capacité à trouver une solution pour poursuivre le développement. Quelle pourrait être la pire des conséquences pour cette personne ? Ne pas trouver cette solution et devoir faire appel à d’autres compétences ? Non. Ce n’est pas le pire. Mécontenter ou décevoir son supérieur hiérarchique ou encore le client ? Non, pas davantage. Perdre son emploi ? Ah là, oui ! Le pire, c’est le licenciement.

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2. accepter le pire : cette étape essentielle demande souvent du courage. Reprenons le cas de notre développeur informatique. Il n’est pas facile d’accepter de perdre son emploi, même si ce dernier n’est cependant jamais garanti à vie. Il a pourtant accepté le pire car il connaissait les difficultés rencontrées par les sociétés en général, et les entreprises informatiques en particulier, dans leurs recherches en vue de trouver des informaticiens expérimentés. S’il perdait son emploi, il avait de fortes chances d’en retrouver un dans un très bref délai. Cette étape correspond au lâcher-prise « amont ». 3. éviter le pire (ou tirer parti du pire) : c’est à cette étape que les effets de ce lâcher-prise en « amont » se font sentir. En effet, le fait d’accepter pleinement, sans restriction le pire a pour conséquence d’annuler la pression sur le piston et de permettre aux lobes préfrontaux de pouvoir jouer leur rôle. Autrement dit, nous retrouvons nos capacités d’analyse, de hiérarchisation, d’organisation, de planification, de décision, de contrôle pour mettre tout en œuvre afin d’éviter le pire. L’informaticien, une fois libéré de sa peur, réalisa qu’il avait la solution sous les yeux, sur son bureau, depuis le début du problème. Il lui suffisait de prendre un léger recul. La grand-mère paternelle de mon épouse apprit en 1957, à l’âge de 42 ans, qu’elle avait un cancer au sein droit. Le pire pour toute femme dans cette situation est assez évident. Est-il possible de l’accepter ? En réalité, ce n’est pas la bonne question. « Refuser la mort a-t-il un sens ? » semble une question plus judicieuse. La réponse est évidemment « non ». Tout être vivant devra un jour ou l’autre passer de la vie à la mort. Toute son existence d’ailleurs consistera en une succession de passages. Cette grande dame accepta pleinement l’inévitable. Même si une situation est inévitable, ce n’est pas une raison pour qu’elle s’impose tout de suite ou que nous l’attendions sans vivre, sans construire ou participer au progrès. Elle décida de s’offrir tous les petits plaisirs gastronomiques qu’elle s’interdisait pour conserver une ligne de jeune fille. Lors des premières séances de radiothérapie, son médecin constata qu’elle ne perdait pas de poids. Quand ce dernier commença à augmenter, il interrogea sa patiente pour connaître les raisons de cette évolution. Comme une gamine prise en défaut, elle commença par mentir et déclarer ne rien manger de particulier. Un jour, il éleva le ton en lui disant qu’une prise de poids était rarement associée au fait de picorer quelques miettes. Elle finit par lui avouer s’être précipitée chez un pâtissier immédiatement après la première séance de radiothérapie pour s’offrir un gâteau. En récompense de ces efforts pour combattre son mal, elle s’octroyait un plaisir gustatif et une source d’énergie pour donner à son corps les moyens de se battre. Elle lui avoua aussi qu’à la campagne, ses parents prenaient au petit déjeuner un beau steak de bœuf ou du foie de veau et des œufs. Il fallait bien çà pour aller travailler ! Elle décida de suivre un régime aussi « solide » pour se donner les ressources nécessaires en vue de gagner son combat contre la maladie. Elle aimait la vie et voulait en profiter le plus longtemps possible. Cette formidable grand-mère décéda à l’âge de 89 ans, de vieillesse mais pas d’un cancer ! Le lâcher-prise en aval, ou plus exactement, les lâcher-prises en aval peuvent être partiels ou totaux. Par choix, la personne décide de ne plus solliciter ses lobes préfrontaux soit en partie soit totalement. Il s’agit bien d’un choix et non d’un recours à l’alcool, à une drogue ou à un produit chimique quelconque qui agirait sur cette aire cérébrale pour neutraliser son fonctionnement de manière plus ou moins importante.

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Une séance de brainstorming ou de créativité constitue un bel exemple de lâcherprise en aval partiel. Pour produire le maximum d’idées, il est important de ne s’interdire aucune association de pensées, de se libérer de certains freins émotionnels, de déconnecter partiellement sa puce électronique. Toutes les propositions les plus inattendues, les plus délirantes, les plus loufoques… sont vivement recherchées. Cependant, il est rare que ce type de lâcher-prises donne lieu à des débordements comportementaux (comme danser nu(e)s sur la table de réunion, insulter son voisin, agresser physiquement les participants à la séance…). Cela implique, par conséquent, le maintien d’un certain niveau de contrôle pour garantir le respect d’autrui et de certaines règles essentielles de savoir-vivre. Un lâcher-prise en aval total correspond à un choix conscient de ne plus conserver le contrôle ou la maîtrise de nos sensations, de nos émotions et de nos pensées. Ce lâcher-prise consiste à se mettre à l’écoute totale de soi. Aucun but, aucun objectif ne doit être atteint. Aucun résultat concret ou tangible ne doit être recherché. Un ami de mon père disait, lorsqu’il souhaitait se retirer après le déjeuner : « Si vous le permettez, je vais donner audience à mes pensées. » Quelle belle façon de définir la méditation. Pour y arriver, il faut laisser ses pensées exister, vivre, se développer, voler librement sans volonté de les canaliser, de les gérer, de les dominer. Le lâcherprise en aval complet requiert cette capacité à se permettre de recevoir le plus ouvertement possible toutes les informations issues de notre système nerveux central et à s’autoriser l’absence de tout contrôle sur celles-ci.

Ce qui différencie les lâcher-prises des « pétages de plomb », c’est le cadre Les lâcher-prises en aval ne doivent pas être confondus avec des « pétages de plomb ». Prenons un exemple pour illustrer cette différence. Un couple, sur un tapis convoyeur, décide de faire l’amour aux alentours de midi dans un aéroport. Est-ce un lâcher-prise ou un pétage de plomb ? Il s’agit bien d’un pétage de plomb car le cadre n’a pas été respecté. Pour réaliser un lâcher-prise en aval, il faut impérativement respecter un cadre : ! de lieu (est-ce l’endroit opportun pour lâcher-prise ?) ; ! de moment (est-ce l’instant de lâcher-prise et quelles limites de temps dois-je respecter ?) ; ! de personnes (est-ce adéquat, approprié, acceptable de lâcher-prise en présence de cette(ces) personne(s) ?) ; ! de méthode (quelle importance de lâcher-prise puis-je m’autoriser et quelles limites d’expression dois-je respecter ? quelles pourraient être les conséquences de ce lâcher-prise ?). Dans l’exemple du couple, il se situe totalement hors cadre. Ce n’était ni le lieu, ni le moment, ni les bonnes personnes pour s’engager dans ce laisser-aller irrespectueux des règles de savoir-vivre et des sensibilités individuelles et culturelles. Par contre, un homme étendu, nu, sur une table de massage, dans une pièce aux lumières tamisées dans une atmosphère de bougies parfumées et massé par une esthéticienne dans un centre de thalassothérapie aurait tort de ne pas lâcher-prise. Dans ce cadre, pendant la durée prévue pour le massage, avec une professionnelle et dans les limites fixées pour le soin, il est autorisé à se considérer comme un ensemble

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de muscles, d’organes et d’os plutôt que comme un être humain maître de lui-même et de la situation. Ce lâcher-prise lui permet de ressentir intensément ses sens et ses émotions. Il s’abandonne. Il décide de ne pas contrôler cet instant de son existence. Ses pensées, ses réflexions sont libres d’exister en toute indépendance. Le simple glissement lent, doux et délicat de la paume de la main huilée de la masseuse sur la sienne peut lui procurer un instant magique de bonheur intense s’il est prêt à ressentir les sensations associées à ce contact. Par contre, ce mouvement peut se noyer dans tous les autres, voire même être déplaisant pour lui, s’il recherche quelque chose de précis, s’il attend un événement (la fin de la séance par exemple) avec impatience, si certains freins l’empêchent de s’ouvrir à ce type de stimulations… Les lâcher-prises sont indispensables à notre équilibre et doivent être eux-mêmes réalisés de manière équilibrées. Il est hors de question de lâcher-prise sans arrêt ou de telle sorte qu’il reste peu de place pour le reste. Si un cadre prend quelques minutes pour consulter un site Internet humoristique afin de s’offrir l’une ou l’autre occasion de rire avant ou après une tâche très mobilisatrice des lobes préfrontaux, c’est une excellente initiative. Par contre, passer sa journée de travail à rire en consultant ou non ce type de sites Internet le conduira certainement à être très détendu à court terme mais la personne a de fortes chances de payer chèrement cela à moyen et plus sûrement encore à long terme. Le respect du cadre de « temps » ou de « moment » est donc aussi important que les autres. Il est essentiel également d’éduquer les enfants au respect du cadre de lâcher-prise. Autrement dit, l’enfant ne peut dire et faire n’importe quoi, en présence de n’importe qui, n’importe quand et n’importe comment. Par contre, il doit pouvoir, dans un cadre bien défini, être libre de se « lâcher ». Les enfants réalisent très vite l’existence de ce cadre. Chez les grands-parents, le cadre n’est pas le même qu’à l’école ou à la maison, dans sa chambre ou dans le jardin. Ce cadre constitue d’ailleurs souvent un des premiers motifs de tensions majeures entre les enfants, et surtout les adolescents, et leurs parents. Ils aimeraient pouvoir détruire ce cadre ou ne le conserver que pour les autres afin de ne pas en subir les éventuels effets négatifs (voir la notion de limites dans le premier cahier consacré à la puce électronique). Le lâcher prise est aussi une suite logique d’une maîtrise de soi optimale. Dans le principe du toboggan, lorsque la personne décide de se laisser glisser, elle lâche prise. Sans cela, ses mains resteraient agrippées à la barre horizontale et s’opposeraient à la glissade de son corps. Il peut s’agir d’un lâcher-prise total si, les mains en l’air, la personne laisse son corps suivre les courbes du toboggan ou partiel si ses mains se placent sur les montants latéraux pour contrôler en partie le rythme de la descente. Le cadre est clairement identifié dans le cas de l’anecdote relative à l’attirance physique et au sentiment amoureux par exemple : ! ! ! !

le lieu : une chambre d’hôtel ; le moment : de la fin du dîner au lever le lendemain matin ; les personnes : deux adultes consentants, libres et responsables ; la manière : l’utilisation d’un préservatif et la réalisation de pratiques sexuelles acceptées par les deux personnes dans le respect mutuel et la recherche du plaisir de chacun.

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Le lâcher-prise s’apprend par une pratique régulière dès le plus jeune âge « Il n'y a rien de plus facile à dire ni de plus difficile à faire que de lâcher ». Santoka Extrait de Zen, saké, haïku. Les enfants n’apprennent plus l’art du lâcher-prise. Une journaliste demanda un jour à un philosophe : « Quelle approche utilisez-vous pour occuper vos enfants ? » Il répondit simplement : « Je fais en sorte qu’ils s’ennuient. » Surprise par cette réponse, elle lui en demanda la raison. « Parce que l’ennui les pousse à penser » ! ditil en souriant. De nos jours, la plupart des enfants, à peine sortis de l’école, sont transférés vers une activité extrascolaire. Cette suroccupation des enfants, y compris et même surtout les week-ends, ne favorise pas les lâcher-prises. La recherche de la performance pousse certains parents à considérer que le paiement d’une année de cotisation justifie que leurs enfants s’investissent au maximum dans une activité. Ils se doivent de réussir, de gagner, d’être le(la) meilleur(e)… Les parents doivent être fiers de leur progéniture. Avoir un enfant calme, réfléchi, équilibré, éveillé est rarement un motif de grande fierté pour un père ou une mère. Par contre, s’il gagne une compétition ou un concours, s’il réalise une prestation remarquable, s’il se distingue des autres enfants par ses exploits… alors il mérite tous les honneurs et toutes les récompenses. Non seulement les parents ne leur apprennent plus à lâcher-prise, à méditer, à rêver, mais les enfants n’en ont plus beaucoup l’occasion. Entre les devoirs et les leçons, les cours particuliers, les ateliers, les entraînements… ils se rabattent le plus souvent sur les jeux vidéo ou les « chats » sur Internet. Les enfants aujourd’hui se doivent d’être comme leurs parents, c'est-à-dire « dans l’action ». Descartes écrivait : « Je pense donc je suis. » De nos jours, le fait d’exister

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est associé à l’action : « J’agis donc je suis. » Si je ne suis pas dans l’action, je ne suis pas, je n’existe pas. Mes actes parlent pour moi. Mes actions prouvent que je suis bien vivant. Lorsqu’une personne prend quelques instants pour réfléchir, pour penser ou si un enfant ne fait rien, il reçoit ce type de questions : « Tu n’as rien d’autre à faire ? », « Tu as fini ton travail pour te permettre de bailler aux corneilles ? », « Puisque tu ne fais rien, tu pourrais te rendre utile pour une fois ? »… Lorsque j’étais petit, je passais de longues heures étendu sur l’herbe, seul ou avec un garçon ou une fille de mon âge, à associer les formes des nuages à des images concrètes. Les parents pourraient apprendre à leurs enfants à rester quelques instants la « tête dans les nuages ». Même si cette activité ne correspond pas à un lâcher-prise total, car l’enfant essaye de trouver les formes les plus réalistes des nuages, il doit laisser son imagination cheminer sans la contraindre ou la forcer. Son esprit et ses émotions sont portés par le mouvement de ces masses à la texture ouateuse.

Voici un petit mode opératoire pour développer cet apprentissage au lâcher-prise : ! choisir un jour sans pluie et à la température agréable ; ! choisir un moment où vous disposez d’un temps suffisant pour réaliser cette séance de lâcher-prise partiel ; ! choisir un endroit calme de votre jardin ou dans la nature où vous étendre au côté de votre enfant ; ! présenter ou rappeler le jeu à l’enfant (associé la forme du nuage à un objet, un animal, une personne…) ; ! décider s’il est utile ou non pour vous et pour l’enfant de nommer la forme inspirée par le nuage (le fait de le garder pour soi présente l’avantage de ne pas devoir expliquer ou présenter la forme trouvée à l’autre et donc de se laisser envahir par l’expérience, au contraire la communiquer à l’autre peut donner lieu à des rires ou à un partage d’émotions si le parent et l’enfant

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associe la forme à une expression émotionnelle comme un visage souriant ou triste) ; ! laisser l’enfant inventer ou raconter une histoire en relation avec les formes des nuages s’il le souhaite. Cet exercice va entraîner l’enfant à observer, à ouvrir grands ses yeux, à laisser son esprit libre d’imaginer, de créer, d’associer… le temps que dure le passage des masses nuageuses sous l’effet du vent d’altitude. Il apprendra à se mettre à l’écoute de ses sens, de ses émotions et de ses pensées au départ avec un objectif simple : trouver la forme des nuages la plus ressemblante à une réalité concrète puis il apprendra à lâcher-prise plus profondément au point de ressentir des frissons d’émotions, de verser une larme, de rire sans raison, de rêver… et peut être de s’endormir l’esprit en paix.

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Clés pour s’élever 3ième toolbook

Le moteur de progrès « Nous pouvons beaucoup apprendre des enfants, par exemple jusqu'où va notre patience ». Franklin P. Jones Pour résister et, par conséquent, accroître sa capacité à se maîtriser, il est indispensable de développer et d’entretenir ses lobes préfrontaux en alternance avec des phases de détente et de relâchement pour autoriser la récupération après les efforts fournis. Dans le cahier précédent, la notion de lâcher prise en « amont » a été présentée. L’effet de cette forme de lâcher-prise est illustré par le test du Marshmallow inventé par Michael Mischel de l’université Stanford aux Etats Unis d’Amérique en 1960. Comme les lobes préfrontaux ne sont pleinement fonctionnels que vers l’âge de onze - douze ans (voir le premier cahier), les enfants de l’école maternelle ne pouvaient pas compter sur un « muscle » préfrontal entièrement développé. Par conséquent, la meilleure solution pour réussir le test consistait pour eux à lâcher la source de tension, c’est –à-dire le marshmallow. Pour cela, les enfants devaient éviter de se focaliser sur l’objet de leur envie et s’en détacher par tous les moyens. Leur motivation d’en recevoir un second était certes essentielle. Mais, si la pression exercée sur leurs lobes préfrontaux était trop importante, ils ne disposaient pas de toutes les ressources « musculaires »préfrontales nécessaires pour s’y opposer. Il était donc préférable pour eux de ne pas fixer ce marshmallow au point de ne plus savoir en détacher les yeux, de ne pas le sentir ou, pire encore, de ne pas en prélever un fragment afin de le goûter. Si l’enfant stimule la source de tension associée à l’envie de manger cette sucrerie, il réduit considérablement ses chances de réussite. Il doit alors mobiliser des ressources plus importantes (ou faire plus d’efforts) que celui qui choisit d’abandonner l’objet de son désir : « Ceci n’est pas un marshmallow, c’est une représentation, une image, une photo de marshmallow. Ecartes-toi de ma vue. Tu es vraiment sans intérêt. » - « Tout compte fait, je n’ai pas envie de manger ce marshmallow. Après l’avoir mangé, il faudra de toute façon que je m’occupe à faire autre chose, autant y penser tout de suite. » - « Mon envie n’est pas de consommer un seul marshmallow mais d’en avoir deux pour un petit effort à fournir. Que pourrais-tu faire pour penser à autre chose et attendre en t’amusant ? Rien ne m’oblige à rester sur la chaise. Je peux me coucher par terre et dormir… »… La colère peut être abandonnée de la même manière que la tentation au Marshmallow. Plus la personne se focalise sur la raison de sa colère, plus elle éprouvera des difficultés à la maîtriser. Par contre, si elle se concentre sur l’objectif final en considérant la situation – les propos – les éléments comme des péripéties sans grande importance ou si elle décide de s’octroyer un moment de répit en prenant son temps pour aller aux toilettes ou pour aller chercher un document dans son bureau, la pression en amont retombera et le piston n’écrasera pas autant ses lobes préfrontaux, lui permettant de retrouver ses facultés de maîtrise de soi et de contrôle.

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La colère d’un parent, d’un éducateur, d’un supérieur hiérarchique est-elle pour autant toujours à éviter ? La réponse est évidemment négative. La colère peut être très utile sous certaines conditions. En quittant, aux environs de douze heures quarante, une formation en entreprise qu’il venait de donner, un patron d’une société informatique apprenait l’annulation d’une commande d’un de ses clients. Avant cette nouvelle, il était d’excellente humeur : les participants avaient montré un très grand intérêt pour les sujets abordés, une agréable fin de semaine s’annonçait… Bref, son « muscle » préfrontal était détendu et en pleine forme. Un autre client avait également décidé, six mois plus tôt, d’abandonner ce fournisseur pour les mêmes raisons. Lors de la perte précédente, le directeur avait exprimé son mécontentement de manière tempérée et demandé à ses collaborateurs de veiller à mettre tout en œuvre pour éviter la reproduction de cette situation. Il disposait d’une vingtaine de minutes pour rejoindre les locaux de sa société en voiture. Pendant le trajet, il sentit monter en lui une grosse colère. Il profita du temps dont il disposait pour analyser l’origine profonde de celle-ci et estimer s’il était opportun ou non de l’exprimer. Il se demanda notamment s’il disposait de toutes les informations nécessaires et suffisantes pour confirmer la(les) raison(s) de sa colère. Il arriva très vite à la conclusion qu’il était nécessaire d’exprimer cette colère auprès des personnes responsables de l’insatisfaction du client. Le directeur choisit le lieu (son bureau), les personnes concernées (toute l’équipe en charge du projet du client), le moment et la durée (dès leur retour au bureau, la colère se devait d’être exprimée en quelques minutes) et la manière (s’assurer de choisir les mots adéquats, éviter les excès, les propos inutiles, les accusations, les gestes inappropriés… et offrir la possibilité de poser des questions et de s’exprimer après l’expression de cette colère). Les personnes concernées, rarement confrontées à ce niveau de colère exprimée, restèrent silencieuses et admirent qu’il était inacceptable de perdre à l’avenir de nouveaux clients pour de motifs identiques. Le lendemain matin, le directeur convoqua de nouveau son équipe et leur demanda de réfléchir ensemble aux raisons profondes de la colère de la veille. En fin de journée, ils présentèrent une longue liste de causes et proposèrent une plus longue liste de solutions. Le directeur se rendit compte du manque de compréhension des raisons profondes de sa colère par son équipe. En réalité, sous l’effet de la pression de cette émotion exprimée, les lobes préfrontaux de ces personnes avaient été mis hors service. Donc, ils avaient perçu cette colère comme un acte d’agression. Les réactions provoquées allaient du rejet du message au rejet pur et simple de l’agresseur. Les informations transmises n’avaient pas été analysées. Si les personnes avaient été interrogées à l’issue de cette réunion, elles auraient sans doute répondu : « Le directeur est très fâché parce que nous venons de perdre un client ». Après un temps de réflexion supplémentaire, l’un des subordonnés finit par déclarer : « Je pense que notre directeur veut nous mettre en garde sur de nouveaux manquements de notre part. Nous avons en particulier oublié d’écouter le client, autant au niveau verbal que non verbal. Nous avons surtout perdu de vue les exigences, les attentes, les souhaits, les inquiétudes voire les peurs de notre client. Nous nous sommes focalisés sur nos objectifs et nous avons tenté de les atteindre coûte que coûte dans les meilleurs délais. »

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Donc, pour gérer au mieux une colère, il est important de suivre le cheminement suivant :

ou

La maîtrise de la colère fait appel à des « muscles préfrontaux » bien développés et bien entretenus. L’intensité de cette émotion est telle qu’elle peut écraser très rapidement et brutalement le cortex préfrontal avec pour conséquence une perte de capacité d’analyse, de hiérarchisation, de maîtrise et de décision.

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Le nombre de parents agressés par leurs enfants tant verbalement que physiquement (et ce parfois dès le plus jeune âge) ne cesse d’augmenter. Cette agressivité s’exprime de différentes manières : insultes, harcèlement, chantages, vols, agressions corporelles plus ou moins violentes… Plusieurs causes peuvent expliquer la progression de ce mode de comportements en dehors de troubles pathologiques ou psychiatriques présents chez l’enfant ou l’adolescent ou encore de leur consommation de substances psychotropes ou d’alcool : l’absence de limites clairement établies dès la naissance de l’enfant, l’absence de sanctions infligées de manière justifiée et proportionnée, l’absence ou la mauvaise communication des parents vers les enfants (incluant le recours à la violence verbale tant dans l’intensité sonore que dans le choix des mots), les comportements irresponsables de l’un des parents ou des deux parents, l’absence de motivations des enfants et des adolescents basées sur des rêves, des objectifs ou des projets stimulants, l’impression d’une absence de sens dans tous les domaines de la vie et la non ou la mauvaise transmission de ce sens par les adultes et les leaders en général… D’une manière générale, l’apprentissage de la résistance aux pulsions et à la maîtrise de soi tend à disparaître. Cela conduit assez naturellement ces enfants, adolescents ou adultes immatures à se laisser gouverner par leurs instincts, leurs peurs, leurs envies… avec toutes les conséquences négatives et souvent dramatiques constatées. Résister à une tentation peut avoir un effet positif. Dans le cas du test du Marshmallow, cela permet d’en obtenir un second. Résister peut amener un bénéfice ou un avantage concret. Résister permet aussi d’éviter les conséquences négatives de comportements non maîtrisés. Résister à l’envie de jouer plutôt que d’étudier ses leçons, résister à la tentation de voler pour obtenir l’objet convoité, résister à la violence pour imposer sa volonté… ne se traduit pas forcément par un gain ou un bénéfice plus important mais permet d’éviter une sanction plus ou moins grave. Pour résister, il est indispensable d’acquérir et de s’approprier un certain nombre de référentiels.

La transmission des référentiels s’appuie souvent sur la peur de la sanction « La sévérité prévient plus de fautes qu'elle n'en réprime ». Napoléon Bonaparte Les deux premiers cahiers sur l’éducation ont introduit les notions de « puce électronique » et d’« effet piston ». La puce électronique représente le support des référentiels acquis tout au long de l’éducation d’un être vivant pour l’amener à interpréter et à analyser les données puis pour choisir et décider. Cette « bibliothèque » de référentiels se construit par conséquent dès les premiers instants de la vie par la transmission des valeurs, limites, codes et règles à respecter… et leur compréhension par la personne éduquée en vue d’une assimilation à l’origine de l’acquisition de réflexes et de comportements automatiques appropriés. L’alimentation en référentiels se doit par conséquent d’être adaptée à l’âge et au niveau intellectuel de cette personne.

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Les valeurs morales, par exemple, doivent être traduites en termes simples et facile à comprendre. Ainsi, le respect se transmet déjà dans la manière de saluer une personne. Quand j’étais petit et que nous allions faire des courses avec ma grandmère paternelle, il m’arrivait de dire : « Bonjour » en entrant dans un commerce. Ma grand-mère se penchait alors toujours vers moi pour me dire tout bas : « Bonjour mon chien ! » Cette leçon avait pour but de me rappeler le devoir de respect que je devais aux autres personnes en général et aux adultes en particulier. Je m’empressais alors de dire : « Bonjour Madame X ou Monsieur Y. » Cette leçon de savoir-vivre en société est toujours bien ancrée dans mon esprit plusieurs dizaines d’années plus tard. L’éducation respecte la nature humaine et, surtout, s’inscrit dans une stratégie à long terme. Toute personne peut progresser et évoluer tout au long de sa vie. Il est toujours possible de revoir et d’améliorer ses comportements non satisfaisants ou inacceptables pour les autres, même si les facultés d’adaptation et de progrès personnels sont dépendantes du fonctionnement de notre cerveau et, par conséquent, de son état lié à l’âge ou à d’autres facteurs. L’éducateur éprouvera au cours du processus éducatif certaines difficultés à communiquer de manière claire et compréhensible par l’enfant ou l’adolescent le sens ou la raison d’être de certains référentiels. Plus ces derniers seront compris et acceptés par la personne éduquée, plus ils seront profondément gravés dans son cerveau. La peur des sanctions ou des punitions associées au non-respect de ces valeurs, de ces règles, de ces limites ou de ces codes est souvent utilisée par les éducateurs pour graver les référentiels dans la puce électronique de la personne éduquée. Cette technique a été utilisée par la plupart des grands leaders, y compris au sein de l’Église catholique. La peur d’être puni après passage par le purgatoire d’un châtiment éternel en étant envoyé en Enfer constituait - et constitue toujours pour un grand nombre de fidèles - une motivation puissante de respecter les lois et les règlements de Dieu. Les parents menaçaient et menacent encore leurs enfants d’être punis par le père Fouettard ou par un personnage diabolique ou sanguinaire. Certes, ceci ne dure qu’un temps mais peut marquer profondément et durablement le petit garçon ou la petite fille. Sanctionner ou punir est très rarement considéré comme une activité réjouissante. Cependant, elle est et doit rester un outil d’éducation et de progrès personnel indispensable même si ce n’est pas agréable d’infliger une punition. Le recours à la sanction ou à la punition doit cependant obéir à six conditions essentielles pour être à la fois acceptée et efficace. Le respect de ces conditions permet d’éviter les sanctions arbitraires, injustes, infligées sous le coup de la colère ou à la tête du client. La première condition impose à la personne susceptible de sanctionner d’être porteuse de l’autorité (vient du latin auctoritas qui exprime la capacité d’augmenter l’efficacité d’un acte juridique ou d’un droit). Le dictionnaire Littré définit l’autorité par le « pouvoir de se faire obéir ». Il donne d’autres sens au terme autorité : crédit, considération, poids ou encore créance qu'inspire un homme. Le Littré précise encore : « comme autorité est ce qui autorise, et pouvoir ce qui peut, il y a toujours dans autorité une nuance d'influence morale qui n'est pas nécessairement impliquée dans pouvoir. » L’autorité légitime inspire confiance en vue d’obtenir le meilleur de chacun et installe des relations harmonieuses au sein d’un groupe. Elle octroie le

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droit de commander et le devoir d’être obéi, non pas pour le plaisir mais pour aider les autres à progresser, à grandir, à augmenter la qualité de leurs actes. La deuxième condition pour sanctionner est l’existence de lois, de règles, de règlements, de codes de conduite… Ceux-ci fixent les limites à respecter. La sanction ou la punition ne se justifie que si ces limites sont dépassées. Ces lois, règles, règlements, codes… doivent surtout avoir un sens. Si une règle n’a aucune raison d’être, l’autorité ne suffira pas et l’autoritarisme prendra le relai. La troisième condition impose une échelle de punitions en cas de non respect des limites établies. Autrement dit, toute infraction ou tout non-respect des limites ne donnera pas lieu à un emprisonnement immédiat ou à une condamnation à la peine de mort. L’échelle de punitions doit prendre en considération l’importance du nonrespect par la personne des exigences établies dans les lois, règles, règlements… ainsi que la répétition de ces infractions ou de ces dépassements de limites. La quatrième condition consiste en l’obligation d’informer la(les) personne(s) de l’existence de ces règles et de l’échelle de punitions avant toute activité ou tout comportement en relation avec les limites définies. L’Etat ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations car : « Nul n’est censé ignorer la loi. » Par contre, tout porteur de l’autorité se doit de communiquer les limites à respecter et l’échelle de punitions aux personnes qui se trouvent sous son autorité. La cinquième condition impose un système de surveillance. Toute sanction doit s’appuyer sur des preuves objectives, sur des faits établis, sur des éléments mesurables ou vérifiables. Un conducteur ne peut être sanctionné pour excès de vitesse que si l’autorité peut apporter la preuve de celui-ci sur base d’une mesure réalisée par un appareil préalablement étalonné. Un parent ou un employeur ne peut donc sanctionner sans avoir mis en place un système de surveillance pouvant apporter une preuve du non respect d’une règle ou d’un règlement. La sixième et dernière condition exige de sanctionner systématiquement, dans le respect de l’échelle de punitions et sans état d’âme la personne qui ne respecte pas la loi, la règle ou le règlement. Toute violence, toute agressivité ou toute discussion sans fin n’a aucune raison d’être. Autrement dit, il ne peut y avoir de sanctions différentes pour les mêmes faits réalisés par des personnes distinctes. Tout écart, quelque soit la personne responsable de celui-ci, doit être sanctionné. L’autorité peut prendre en considération davantage l’esprit que le texte de la loi, du règlement ou de la règle proprement dit. Elle devra alors clairement expliquer la motivation de sa décision pour amener la personne à comprendre les raisons de la sanction infligée. Conditions à respecter pour sanctionner :

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« Pense aux conséquences ! » « J'appelle innocence cette maladie de l'individualisme qui consiste à vouloir échapper aux conséquences de ses actes, cette tentative de jouir des bénéfices de la liberté sans souffrir d'aucun de ses inconvénients ». Pascal Bruckner La Tentation de l'innocence « Rien n'est jamais sans conséquence. En conséquence, rien n'est jamais gratuit ». Confucius « On ne peut menacer un individu et se soustraire aux conséquences ». Frank Herbert Le Messie de Dune Tout acte et toute parole ont un impact sur notre environnement. L’ignorer c’est nous condamner à en vivre toutes les conséquences. Si elles peuvent être souvent positives, elles sont hélas parfois négatives, voire catastrophiques à plus ou moins long terme. Prendre la décision, pour un adolescent follement épris, d’embrasser une jeune fille avant de la quitter après un repas au restaurant et une soirée agréable porte évidemment à conséquence. Soit elle lui rend son baiser et il sera fou de joie. Soit elle s’écarte pour le gifler ou simplement lui exprimer son refus et il sera au comble du désespoir et de la frustration. La jeune fille de son côté peut se dire soit qu’il fait preuve de courage et d’audace soit qu’il est incapable de maîtriser ses émotions, son impatience. Dans un tel cas de figure, faut-il évaluer les conséquences de ce baiser ou vaut-il mieux ne pas réfléchir et foncer sans se poser de questions ? Si ce jeune homme prend un temps important pour peser le pour et le contre et/ou s’il surestime les conséquences négatives d’un tel geste, il a de fortes chances de ne jamais se lancer et de passer à côté de cette opportunité. Il faut cependant toujours estimer les conséquences avant d’agir. Mettons-nous à la place de cet adolescent. Pour évaluer une situation et ses effets, il lui faut rassembler quelques informations complémentaires : A-t-elle un petit ami ? Son langage non verbal trahit-il son attirance pour lui ? Comment réagit-elle lorsqu’il lui touche incidemment la main ou lorsqu’il la prend un instant par le bras ou par la taille ?...Fort de ces quelques informations supplémentaires, il peut alors rapidement estimer les conséquences d’un baiser éventuel. Comment risque-t-elle de réagir ? Dans le meilleur des cas, elle n’attend que cela et l’embrasse tendrement en retour. Dans le pire des cas… ? A-t-on jamais vu une jeune fille sortir un pistolet de son sac pour tuer un jeune homme qui tenterait de l’embrasser ? Non, sans aucun doute, sauf s’il tombe sur une psychopathe ou une grande malade mentale. Au pire, il peut s’attendre à une douleur physique : gifle, coup de genou au niveau d’une partie très sensible de son anatomie, bombe lacrymogène, morsure, griffure ou à une blessure émotionnelle liée au fait de le rejeter, de le ridiculiser, de l’humilier… Un bilan rapide permet d’estimer qu’il n’y a rien de dramatique dans le cas d’un refus de sa part. Les conséquences négatives

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potentielles seront d’autant plus faibles qu’il décide de l’embrasser tendrement, sans insistance et encore moins de violence. Donc, cet adolescent a tout intérêt à l’embrasser. Le fait de s’interroger sur les conséquences de ses propos et de ses actes sur autrui ne doit pas pousser la personne à l’inaction. Avant l’avènement de la pilule contraceptive, les petites filles étaient très tôt sensibilisées par leur maman au risque d’être enceintes si elles se laissaient guider par le désir de découvrir des plaisirs érotiques avec un garçon. Une mise en garde revenait comme un leitmotiv : « Pense aux conséquences » (sous-entendu « de tes actes »). Ce refrain constituait un excellent moteur de résistance à la tentation. L’estimation des conséquences fait appel à une étude probabiliste de leur apparition. Plus la probabilité d’occurrence d’une conséquence négative est estimée grande et plus ses effets sont potentiellement catastrophiques, plus la personne sera motivée à se maîtriser, à résister aux pressions instinctives, émotionnelles ou intellectuelles. Inversement, si la probabilité d’apparition de conséquences négatives est très faible et si celles-ci sont peu importantes au niveau de leurs effets, la personne sera tentée de prendre le risque d’un comportement inadapté ou de se laisser guider par ses pulsions ou ses émotions. Prenons l’exemple de la conduite en état d’ivresse. Quelle est la probabilité de subir ou de provoquer un accident mortel sous l’effet de l’alcool ? L’alcoolémie positive d’un conducteur est présente dans les accidents causant en moyenne 30 % des tués sur la route en France. Les passagers sont les plus touchés, et ils représentent environ 80 % des tués dans les accidents provoqués par l’alcool. A l’examen de ces chiffres, il serait logique de penser que tout conducteur réfléchirait à deux fois avant de prendre la route avec un taux d’alcoolémie supérieur à la limite autorisée. Non seulement la probabilité n’est pas nulle ou faible, mais les conséquences sont dramatiques, et pas uniquement pour le conducteur sous l’emprise de l’alcool. Or, tous les jours, et plus particulièrement les fins de semaine, des personnes utilisent leur voiture ou pilotent leur deux-roues après un repas arrosé, un verre entre amis ou collègues ou encore après un match de football… La dynamique sociale associée ou non au plaisir lié à la consommation d’alcool et à une éventuelle dépendance à ce dernier constituent de telles pressions qu’il est extrêmement difficile pour certaines personnes d’exercer une résistance efficace en vue d’éviter les conséquences d’actes non pleinement maîtrisés ou de comportements inappropriés. Comme le dit Polnareff dans sa chanson : « Çà n’arrive qu’aux autres… mais c’était le nôtre (enfant). Tu sais la différence… c’est le chagrin. »

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Les progrès d’acquisition se basent sur la motivation à obtenir du positif et les progrès d’évolution sur la motivation à rejeter le négatif « Croire au progrès ne signifie pas qu’un progrès ait déjà eu lieu ». Franz Kafka

Le progrès peut être comparé au résultat de l’action d’un moteur sur les roues d’un véhicule. Ce transfert d’énergie peut se faire sous la forme d’une « propulsion ». Cela désigne dans le langage courant la transmission de la puissance du moteur aux roues motrices arrière. Le terme « traction » indique une transmission de cette puissance aux roues motrices avant. La traction est plus précise et le véhicule se déplacera dans l’axe de celle-ci. Par contre, la propulsion assure une force motrice plus performante. La traction peut être comparée à l’attraction d’une personne pour les bénéfices, les avantages, les aspects positifs d’un progrès. La propulsion, par contre, correspond à la motivation de cette personne de s’écarter au plus vite et au mieux du négatif pour ne plus le subir et/ou ne plus le connaître à nouveau à l’avenir.

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La propulsion est-elle plus efficace que la traction dans le cadre du progrès individuel ? Pour répondre à cette question, il est important de différencier les modes de progrès. Ce dernier peut concerner l’acquisition ou l’évolution de connaissances, de compétences professionnelles, organisationnelles, émotionnelles, comportementales… L’acquisition a pour but l’apprentissage et la maîtrise de ces connaissances et compétences nouvelles, ou la mise en œuvre de comportements nouveaux. Ce type de progrès concerne par, exemple, l’apprentissage professionnel ou l’éducation d’un enfant. L’évolution correspond à l’abandon de connaissances, compétences ou comportements obsolètes ou inappropriés pour en acquérir de nouveaux. Cette évolution s’inscrit davantage dans une logique d’adaptation pour mieux correspondre à des attentes ou exigences personnelles ou externes. Il semble que l’acquisition réponde mieux à une « traction » qu’à une « propulsion ». Par contre, pour l’évolution, c’est plutôt l’inverse. La quantité d’énergie à mobiliser pour abandonner l’ancien et acquérir le nouveau doit, assez logiquement, être plus importante que pour une acquisition sans élimination, suppression ou abandon préalable de réflexes ou d’automatismes. Pour motiver une personne à réaliser les efforts indispensables à l’acquisition des connaissances et compétences pour exercer un métier, il est indispensable de lui vendre ce métier. Autrement dit, il est très important de présenter tous les avantages, tous les bénéfices, tous les aspects positifs de cette profession. Ceci est plus puissant qu’une description préalable de toutes les activités réalisées par ces professionnels. Si un jeune homme, candidat pour devenir pilote de combat dans l’aéronavale, est attiré par le fait de voler à des vitesses supersoniques ou de faire partie de l’élite des pilotes de chasse, par le prestige et le pouvoir de séduction associés au port d’un uniforme d’officier supérieur, par le fait d’avoir son ordonnance pour l’entretien de ses effets personnels… il sera prêt à réaliser tous les efforts et tous les sacrifices nécessaires pour acquérir les connaissances et compétences indispensables, et à subir toutes les épreuves de sélection les plus sévères. Il va de soi, et nous aborderons cela dans un prochain toolbook, qu’il faut prendre en considération les ressources propres et le potentiel de ce jeune homme avant de l’autoriser à rêver. En effet, s’il ne possède pas une vue et une ouïe exceptionnelles, une santé parfaite (sans scoliose, problèmes musculo-squelettiques ou cardiaques…), de grandes facilités pour l’apprentissage des mathématiques et de la physique, une excellente maîtrise de ses émotions et de son stress… il peut immédiatement envisager d’orienter sa carrière professionnelle dans une autre direction. La description des activités à réaliser au jour le jour par un pilote de l’aéronavale ne produira pas le même effet sur sa motivation, donc sur l’énergie qu’il transmettra à son moteur de progrès. Il en va de même pour l’éducation d’un futur adulte. Si celui-ci peine à voir les bienfaits d’une éducation de qualité, sa motivation à réaliser les efforts nécessaires à l’acquisition d’un savoir-vivre en société sera peu importante. Pour le progrès relatif à une évolution comportementale, un constat s’impose : le coup de pied dans le derrière semble faire beaucoup plus d’effets qu’une carotte suspendue à une perche devant le nez. Autrement dit, le rejet ou refus de vivre du négatif (catastrophes réelles ou potentielles) est plus puissant que la motivation à atteindre le positif (bénéfice(s) personnel(s) espéré(s)). De plus, la propulsion

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s’inscrit dans une logique de court terme car la personne souhaite s’éloigner le plus rapidement possible du risque lié à la catastrophe. Ce coup de pied magistral est associé à une prise de conscience forte par un individu ! soit des conséquences majeures de certains comportements (accident de la route, accident cardiovasculaire, divorce, licenciement, emprisonnement…) ; ! soit d’une estimation juste des conséquences négatives des comportements inappropriés (consommer du tabac, prendre le volant en état d’ivresse, ne pas respecter les limitations de vitesse, ne pas utiliser un préservatif lors d’un rapport sexuel… est catastrophique). Si la personne, au comportement inapproprié, estime les conséquences à un niveau de gravité inférieur au niveau catastrophique, la probabilité de la voir progresser sur le plan comportemental est très faible à nulle. Par contre, si elle considère son comportement comme potentiellement ou réellement catastrophique, elle fera tout son possible pour acquérir un nouveau comportement qui lui permettra d’échapper à ces conséquences. Sur la base du modèle de changement de comportements liés à une dépendance, notamment au tabac, de James O. Prochaska et Carlo C. DiClemente établi à la fin des années 1970, je propose une évolution de ce modèle qui souligne également l’importance d’une prise de conscience majeure indispensable à toute motivation de progrès appelée « déclic d’action ». Ce modèle adapté se présente comme suit : 1. l’inconscience : - la personne n’est pas consciente des aspects ou conséquences négatives de ses connaissances, compétences ou comportements insatisfaisants ; - la personne ne recherche par conséquent aucune piste de progrès car elle n’en voit pas l’utilité ; - la personne refuse d’admettre la nécessité pour elle de se remettre en question et d’écouter son entourage. 2. le déclic de sensibilisation : - un proche, un membre de son entourage privé ou professionnel, un expert place la personne devant l’évidence de l’existence d’un besoin de progrès personnel ; - une estimation du potentiel à développer, un entretien d’embauche ou une évaluation annuelle amène la personne à admettre l’existence d’une nécessité pour elle de progresser ; - la personne admet et comprend les problèmes et les inconvénients liés à ses manquements. 3. la révélation : - la personne n’a pas encore totalement conscience de tous les dangers et de tous les risques liés à ses manquements pour elle-même et pour son entourage ; - les bénéfices et avantages d’un progrès paraissent assez abstraits car la personne ne comprend pas exactement toute la portée et tous les effets ; - la personne admet certains manquements ;

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- la personne n’est pas pour autant prête à faire les efforts utiles pour réaliser les progrès nécessaires ; - la personne est prête à écouter certaines personnalités qui méritent à ses yeux le respect ou qui sont dignes de l’aider ; - la personne se dit qu’il est temps pour elle de progresser sans pour autant faire certains choix majeurs ou prendre les décisions nécessaires et parfois difficiles (« un jour peut être, je … » ou « quand les circonstances seront plus favorables, je … »). 4. le déclic d’action : - un déclic « tragique », lié à un événement grave ou à des conséquences catastrophiques, place la personne face à la réalité et l’étendue de se manquements : * une faute professionnelle majeure ; * la perte d’un emploi ; * un divorce ; *… - un déclic « magique » peut également conduire la personne à l’action suite à des lectures, à une rencontre avec une personnalité exceptionnelle, à une émission télévisée, un documentaire, une histoire vécue par un ami ou un proche. 5. l’apprentissage : - la personne recherche activement et parfois de manière très chaotique les outils et approches susceptibles de l’aider à progresser ; - la personne est décidée à passer à l’action ; - la personne met en œuvre de nouveaux outils et respecte aussi scrupuleusement que possible certaines règles ; - les premiers effets sont constatés par la personne elle-même et par son entourage ; - la personne connaît quelques moments de découragement lorsqu’elle constate certains retours en arrière. 6. la maîtrise : - la personne a profondément progressé ; - la personne est consciente de la fragilité de ce progrès ; - la personne veille continuellement à maintenir ce progrès ; - la personne a acquis de nouveaux réflexes et de nouveaux automatismes ; - la personne surveille régulièrement le maintien de ses nouveaux acquis et réactive ses nouveaux réflexes.

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ou

Le déclic d’action correspond à une prise de conscience des conséquences catastrophiques de connaissances, de compétences ou de comportements inadéquats.

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La motivation pour un progrès d’évolution est liée à l’estimation des conséquences négatives, réelles ou potentielles, des effets de ces manquements. Estimer les conséquences négatives d’un comportement inacceptable (comme le fait de ne pas écouter les exigences d’un client ou de ne pas respecter ses engagements ou encore de manquer de conscience professionnelle) à un niveau catastrophique est le moteur indispensable pour donner à la personne les ressources nécessaires à son progrès. En effet, la peur ou le refus de vivre à nouveau ou dans le futur les conséquences catastrophiques d’un comportement inapproprié constitue un moteur de progrès très puissant. Il sera d’autant plus important et plus rapide que l’estimation des conséquences se rapprochera du niveau catastrophique. Autrement dit, plus une personne placera les conséquences de ses comportements à un niveau élevé de gravité, plus le moteur recevra la puissance nécessaire pour amorcer le progrès et le maintenir jusqu’à l’objectif attendu. Un exercice simple permet d’apprécier si une personne est suffisamment motivée pour réaliser tous les efforts nécessaires en vue d’acquérir de nouveaux comportements, par exemple. Le but de cet exercice consiste à estimer la gravité des conséquences potentiellement négatives d’une série de comportements. Une échelle de cinq niveaux de gravité permet à la personne d’attribuer une valeur à cette appréciation. 1 2 3 4 5

Gravité des conséquences de comportements inappropriés Nulle Légère Grave Sévère Catastrophique

Une liste de comportements à éviter est présentée à la personne en vue de réaliser cette estimation. Ne pas Ne pas Fumer Ne pas Ne pas Ne pas

mettre ses notes en ordre et réaliser des résumés après chaque formation respecter les limitations de vitesse respecter sa parole réfléchir avant d’agir ranger son espace de travail à l’issue de chaque tâche

Toute appréciation inférieure à cinq (autrement dit, inférieure à au niveau catastrophique) ne donnera lieu à aucun progrès durable, voire même momentané. Autrement dit, si la personne estime la gravité des conséquences négatives liées au fait de ne pas respecter les limitations de vitesse à un niveau grave (niveau 3) et même sévère (niveau 4), il y a fort à parier qu’elle continuera à réaliser des excès de vitesse. C’est pourquoi le refus ou le rejet du négatif se base sur !

une situation intolérable ou

vécue

responsable

d’une

souffrance

exceptionnelle

ou

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! des conséquences, estimées totalement inacceptables ou catastrophiques, de comportements actuels. Donc, si cette personne considère que le non-respect de sa parole au niveau professionnel ne peut avoir des conséquences catastrophiques telles que : la perte du client, la détérioration de l’image de l’entreprise, une perte financière importante, la perte de son emploi… alors, elle continuera à ne pas respecter ses engagements et à mentir pour éviter les foudres de ses interlocuteurs. Au sein d’un couple ou d’un groupe de travail, le risque d’apparition d’un conflit est proportionnel à l’écart entre les niveaux d’estimation. Plus cet écart est important, plus le risque de tension et de conflit augmente. Prenons l’exemple d’un couple. Le mari fume plus de deux paquets de cigarettes par jour. Il estime les conséquences de son addiction à un niveau faible à négligeable. Par contre, son épouse considère les conséquences potentielles à un niveau catastrophique. Les tensions au niveau du couple seront importantes et permanentes. Par contre, si les deux personnes estiment les conséquences à un niveau identique ou proche de gravité, elles seront beaucoup plus sereines, même si cette gravité n’est pas considérée comme catastrophique. Par conséquent, si une personne souhaite prévenir les tensions ou les réduire au sein de son couple ou de son équipe, il est impératif d’harmoniser au plus tôt l’estimation des conséquences négatives d’un comportement. Si un leader désire amener une personne à revoir son mode de comportement, il lui faut absolument la convaincre de considérer les conséquences de celui-ci comme catastrophiques. Tout autre niveau d’estimation (de nulle à très grave), ne conduira à aucun résultat notable au niveau de l’évolution comportementale. La sensibilisation des personnes dont le comportement est inapproprié ou inacceptable constitue un des défis majeurs du leadership. Dans certains cas, l’attraction d’une personne pour un intérêt majeur ou un bénéfice personnel exceptionnel peut susciter une motivation aussi puissante dans le cadre d’un progrès d’évolution que celle qui pourrait être associée au désir de refuser ou de rejeter les conséquences potentiellement catastrophiques. Cela signifie que la traction vers le positif peut être tout aussi forte que la propulsion pour éviter les conséquences négatives. C’est donc, la valeur de l’intérêt qui détermine la puissance du moteur de progrès en traction. Plus cet intérêt est élevé par rapport à d’autres sources d’intérêt, plus il jouera ce rôle moteur et permettra ce progrès. Un intérêt faible ou un bénéfice estimé peu intéressant ne motivera pas suffisamment une personne à progresser pour acquérir de nouveaux automatismes comportementaux. Le progrès en général se contente d’une seule source motrice. Un intérêt supérieur à gagner ou une conséquence gravissime à éviter a le même effet sur la personne. La combinaison des deux sources motrices supérieures n’est pas nécessaire. Cependant, si les deux forces sont appliquées, la puissance transmise sera d’autant plus importante et la personne progressera plus fort et plus vite. Lorsque la recherche d’un intérêt ou le refus des conséquences négatives se situent à une hauteur inférieure à l’appréciation maximale et coexistent, les poids relatifs de la traction et de la propulsion sont placés sur les plateaux d’une balance pour évaluer l’effet le plus important.

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Prenons l’exemple d’un homme marié qui passe son temps à séduire toutes les femmes. Il reconnaît la médiocrité de son comportement infidèle sans pour autant considérer les conséquences de celui-ci (tensions, conflits, divorce, pension alimentaire…) à un niveau catastrophique pour lui et les autres. Comme les conséquences de ses actes ont, de son point de vue, une gravité potentielle faible à modérée mais en tout cas pas catastrophique, il sera peu motivé à abandonner son comportement actuel pour devenir un mari fidèle. Si, de plus, l’intérêt d’avoir des rapports sexuels avec d’autres femmes se situent à un niveau beaucoup plus élevé que l’intérêt lié à la fidélité dans le couple, ses chances de maintenir son comportement habituel sont très importantes et il continuera à tromper sa femme. Avec ces niveaux faibles de rejet de la peur des conséquences ou d’intérêt pour les effets bénéfiques d’un nouveau savoir-être, il ne faut espérer aucun changement comportemental profond et durable de sa part. La difficulté au niveau professionnel est d’arriver à placer l’intérêt de la personne pour un progrès d’évolution à réaliser au plus haut niveau. Comme ce dernier est souvent difficile à atteindre, le rejet ou le refus de (re)vivre les effets ou les conséquences catastrophiques de ses comportements ou manquements constitue le moteur le plus puissant du progrès personnel. Les conséquences les plus catastrophiques au niveau professionnels sont par exemple : la perte d’un emploi pour cause d’incompétence, de faute grave ou de refus du changement, la perte d’un client, la perte d’une certaine image ou d’une réputation personnelle, une perte financière importante…

Si tu veux avancer, enlève ton frein à main ! « La croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat ». Friedrich Nietzsche Certaines croyances peuvent constituer un frein majeur au progrès. La motivation basée sur une force motrice de traction ou de propulsion, est parfois neutralisée par des blocages provoqués par des convictions, des peurs, des référentiels culturels ou spirituels… Le fait d’être attaché à certains principes ou droits réels ou imaginaires peut également s’opposer à un désir de progrès. Plus ces freins sont puissants, plus ils sont en mesure de bloquer la progression d’une personne quelle que soit la force motrice appliquée. Une épouse et mère de famille, consciente des effets destructeurs de ses comportements actuels, était incapable de les abandonner pour en acquérir de nouveaux, plus acceptables ou plus appréciables. Extrêmement possessive et jalouse, elle rendait la vie de son mari et de ses enfants insupportables, à la limite du harcèlement permanent. Elle réalisait parfaitement la gravité des conséquences de ses comportements à plus ou moins long terme tant sur le plan de l’épanouissement et le développement de ses enfants que sur la viabilité de son couple. Elle déclarait à qui voulait l’entendre que son mari finirait certainement un jour par la quitter tellement elle était insupportable. Profondément motivée à changer ses comportements aux effets catastrophiques, elle demanda conseil à une amie. Cette dernière lui conseilla de ne plus chercher constamment à être aimée. Pour y arriver, elle lui dit d’aimer sans chercher à recevoir de l’amour en retour. Surprise et même blessée par ce conseil, elle lui

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certifia aimer profondément son mari et ses enfants. D’ailleurs, ne leur prouvait-elle pas tous les jours en réalisant les courses du ménage, en entretenant la maison, en préparant les repas, en nettoyant le linge sale… ? Très rapidement, son amie identifia la cause profonde de son absence de progrès malgré une très grande motivation à abandonner ses comportements. En réalité, cette dame croyait profondément ne pas mériter l’amour d’autrui. Elle était persuadée de ne jamais arriver à être une assez bonne mère et une épouse idéale. Elle manquait profondément d’estime d’ellemême. Toutes les autres femmes représentaient des rivales potentielles disposant d’armes bien plus puissantes ou performantes dans la lutte à la possession de son mari. Comme si ce dernier était un bien unique et à la valeur inestimable. Elle avait réussi un jour à le prendre dans ses filets. Elle devait dès lors tout faire pour le conserver dans son aquarium en surveillant toutes les personnes susceptibles de s’approcher un peu trop près de son « animal ». Celui-ci, par ailleurs, devait bien comprendre tous les dangers susceptibles de lui tomber dessus s’il avait la velléité de vouloir sortir de son bassin, au demeurant assez grand selon elle, pour qu’il s’y sente bien et heureux ! La peur de perdre sa liberté ou un droit perçu comme fondamental, de ne plus ressentir autant de plaisir, de souffrir de ne plus être aimé ou d’être abandonné ou encore de l’échec… est un frein très puissant au progrès personnel. Le désir de rester accrocher à ses rêves (malgré le manque ou l’absence de ressources ou de potentiels propres nécessaires), à ses référentiels (par exemple : « l’homme gagne l’argent du ménage et la femme élève les enfants et soigne son mari » ou « un diplôme d’une école de commerce réputée suffit pour revendiquer une fonction hiérarchique d’encadrement ou de direction et les avantages et droits associés »), à ses illusions, à ses croyances… constituent également des ancrages qui empêchent toute élévation de la montgolfière ou tout départ du port vers de nouvelles destinations. La condition essentielle du progrès, une fois la motivation construite, est d’enlever le frein à main. Certaines personnes peuvent être très motivées et dépenser une énergie considérable pour avancer, elles font du surplace à la suite de blocages importants.

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Clés pour s’élever 4ième toolbook

Equilibre dynamique « La nécessité d'exercer un contrôle sur soi, de se soumettre aux lois morales. C'est l'achèvement de l'équilibre ». Yolande Chéné Extrait de « Au seuil de l'enfer » Une vie réussie et épanouie passe par la recherche permanente d’un équilibre dynamique. L’image de la roue de vélo a été choisie pour attirer l’attention sur l’instabilité de cet état. La roue doit rester en mouvement comme la vie pour conserver son équilibre. Les événements, les épreuves, les expériences vécues sont susceptibles à tout moment de modifier cet équilibre issu de la mise en œuvre de nos actes et de nos pensées. Il appartient à chaque être humain de maintenir et de rétablir, si nécessaire, cet équilibre par la réalisation d’efforts constants en alternance avec des instants de repos et de détente.

La personne mature écoute, perçoit puis contrôle, analyse et décide Les arts martiaux constituent une source d’apprentissage à la fois de la maîtrise de soi et du lâcher-prise. Leur complémentarité permet d’atteindre l’excellence et l’épanouissement. Dans ses romans « La pierre et le sabre » et « La parfaite lumière », Eiji Yoshikawa raconte la vie largement romancée du samouraï Miyamoto Musashi qui vécut réellement au XVIIème siècle au Japon. À la suite d’une visite au grand maître Kanegori (qui avait créé sa propre académie de science militaire), ce dernier dit à son fils : « En passant le portail, il (Musashi) s’est arrêté pour regarder autour de lui… la disposition de la maison, les fenêtres, si elles étaient ouvertes ou fermées, l’allée du jardin… tout. Il a tout saisi d’un coup d’œil. Cela n’avait rien d’artificiel. N’importe qui aurait cru qu’il faisait halte un instant en signe de déférence. J’en ai été stupéfait. » Surpris de constater l’admiration de son père pour un ronin (un samouraï sans maître vivant souvent comme un bandit) Yogorô lui demanda : « Alors, vous le croyez un samouraï d’un réel mérite ? » Kanegori lui dit alors : « … Mon fils, il y a bien des choses que je veux te léguer ; pourtant, tu es encore immature, trop immature pour reconnaître les remarquables qualités de l’homme que tu viens de rencontrer. » Musashi avait à peu près le même âge que le fils de Kanegori. Le chant d’un oiseau, une ombre, une odeur, un souffle d’air peut informer le samouraï de la présence d’une ou de plusieurs personnes hostiles. Il s’ouvre à ses propres émotions, impressions. Il est prêt à percevoir inconsciemment certains signaux qui pourraient l’alerter. Il recherche le meilleur emplacement pour un combat éventuel. Il établit une relation d’intimité avec la nature. Il ne fait qu’un avec elle. Il écoute ses instincts primaires, sa composante animale. Il est conscient de ses émotions et les accepte avant de les maîtriser, de les analyser et de décider de ses actions futures.

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Dans cette situation, il réalise un lâcher-prise partiel initial pour sentir et se préparer à l’action avant de passer à une maîtrise de soi optimale qui sera suivie après sa visite par un nouveau lâcher-prise plus ou moins important pour lui permettre de récupérer.

Le lâcher-prise partiel initial correspond à la conscience de soi. Plus la personne a conscience de ses impressions et de ses émotions, plus il sera en mesure de se maîtriser, de prendre les meilleures décisions et d’agir de manière opportune. Cette conscience de soi permet d’anticiper ses propres réactions. Imaginons le cas d’un coup de foudre. Plus la personne réalisera rapidement et clairement les émotions ressenties, plus elle sera en mesure de gérer au mieux cette situation et d’étudier les différentes solutions qui s’offrent à elle. Il en va de même pour la colère. Si la personne n’écoute pas et ne prend pas conscience de la progression de cette émotion le plus tôt possible, elle risque de laisser exploser cette colère, de se laisser gouverner par elle et non de la maîtriser au mieux.

Atteindre la maturité s’accompagne d’une remise en question des données transmises et d’un choix conscient de ses référentiels propres « Le doute est le commencement de la sagesse ». Aristote (Extrait de « Ethique à Eudème ») Lorsque l’être humain atteint l’âge adulte, il lui appartient de décider de l’usage qu’il compte faire de tous ces référentiels. Il peut soit les conserver tels qu’ils lui ont été transmis, soit choisir d’en conserver une partie comme base de son nouveau système de référence (p.ex. : l’ensemble des valeurs morales, les guides qui paraissent les plus pertinents, les limites à respecter…) et de s’approprier de nouveaux référentiels s’il les estime utiles pour vivre heureux et en homme ou en femme de bien. Il peut encore les abandonner totalement pour s’en passer plus ou moins définitivement ou pour reconstruire un référentiel différent.

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Certaines personnes optent pour cette dernière solution avec des fortunes diverses. Si elles ont très mal vécus leur enfance et leur adolescence au sein d’un système éducatif absent ou au contraire excessivement strict et rigide, elles peuvent réagir soit en se rapprochant d’un système structuré et très réglementé comme le fait de s’engager dans la Légion étrangère, soit en refusant toute contrainte, toute limite, toute loi, tout règlement… avec pour conséquence de les conduire à se mettre à l’écart de la société et à intégrer certains groupes partageant leur rejet de tout système de contrôle. Les parents réalisent souvent cette évolution des référentiels lorsque leur enfant leur présente la personne qu’il a choisit pour partager sa vie. Il lui arrive souvent d’exprimer par cette décision son indépendance et l’existence de son propre référentiel. Cela se confirme dans les principes d’éducation des futurs parents, parfois en profond désaccord avec ce qui leur a été transmis tout au long de leur propre éducation. Comme disait mon père : « Il y a l’éducation que je t’ai donnée et il y a ce que tu en feras. » La maturité de l’esprit est associée également à la décision de limiter l’accès à son « port USB » et, par conséquent, à sa « carte électronique » (voir le numéro 1 : « La puce électronique »). Autrement dit, les parents participent à la construction du référentiel du futur adulte, mais ce dernier doit un jour décider en son âme et conscience non seulement ce qu’il choisit de conserver, d’abandonner et d’intégrer dans sa carte, mais également les personnes qu’ils autorisent à alimenter sa carte ou à l’aider à remettre en question son contenu. Il faut, comme l’on dit, un jour au l’autre « couper le cordon ombilical ».

La majorité des parents réalise un contrôle régulier des données de référence contenues dans la « carte électronique » de leurs enfants et cela quel que soit leur âge. Exprimé d’une manière imagée, ils se connectent et réalisent un « check » de la

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carte. Cette vérification se fait à travers l’étude des informations transmises par leurs enfants et de leurs comportements lors d’une visite ou d’une réunion familiale, par exemple. Si les données sont conformes à celles attendues, les parents peuvent se déconnecter du « port USB » sans inquiétude. Par contre, dans le cas contraire, il y a de fortes chances pour qu’ils tentent par tous les moyens de réalimenter la « carte » avec les données perdues ou partiellement effacées.

Choisir les référentiels à conserver et à abandonner est plus aisé que les rechercher et se les approprier Il faut impérativement configurer la puce électronique et transférer des référentiels tout au long de l’éducation de l’adulte en devenir pour lui permettre d’agir et de communiquer en toute conscience de manière responsable et éthique. Ce rôle est principalement pris en charge par les parents dans la première partie de la vie de l’enfant. Puis, progressivement, d’autres personnes alimentent à leur tour cet outil fondamental d’analyse, de contrôle et de décision. Les parents doivent se préparer à accepter de s’interdire l’accès au port USB et à la carte électronique des adultes que sont devenus leurs enfants. Les maîtres ou mentors professionnels, dans l’esprit des Compagnons du Devoir, poursuivent le travail d’éducation après le départ de l’adolescent du domicile familial ou au démarrage de la vie professionnelles pour réaliser son éducation professionnelle. Il faut, par conséquent, avant de se définir son propre système de références, avoir reçu des données utiles tout au long de son évolution, bien au-delà de la majorité civile. Une bonne empreinte initiale, contenant les valeurs, les limites, les règles, les codes, les principes essentiels, représente un atout fondamental pour le développement et l’épanouissement ultérieur de l’enfant. Il est plus aisé de réaliser l’opération de sélection des référentiels que de les chercher et de se les approprier sur une base inexistante ou peu solide. Dans l’approche « divergente » ou « ouverte », ces référentiels doivent avoir un sens pour qu’ils aient les meilleures chances d’être acceptés, exploités et respectés. Plus le sens est présenté clairement par les parents et les éducateurs successifs, plus les référentiels sont assimilés durablement et utilisés systématiquement par la personne éduquée dès qu’elle est en âge de les comprendre. Les référentiels se doivent d’être simples à l’enfance et progressivement plus complexes ou subtils au fur et à mesure du développement de l’individu afin de l’amener vers plus d’autonomie et de responsabilisation. La maturité est notamment associée à l’étape décisive du choix de ses référentiels et de la configuration cohérente et régulièrement mise à jour de la carte électronique.

Avant de développer la maturité d’autrui, il est essentiel d’être soi-même mature « Celui qui donne un bon conseil, construit d'une main ; celui qui conseille et donne l'exemple, construit à deux mains ; mais celui qui donne de bonnes leçons et un mauvais exemple construit d'une main et détruit de l'autre ».

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Francis Bacon Pour conduire une personne vers la maîtrise de soi optimale, quel que soit l’âge de celle-ci, et l’amener à donner le meilleur d’elle-même, il est indispensable d’être mature. Cette maturité ne doit pas exister uniquement pour avoir une valeur d’exemple. Elle doit permettre aux parents, aux éducateurs et aux maîtres professionnels de mettre les aptitudes acquises par la maturité au service du développement d’autrui. Pour revenir sur l’exemplarité, l’imitation joue un rôle essentiel dans l’apprentissage des gestes et des comportements. La découverte des neurones miroirs en 1996 par Giacomo Rizzolatti et Vittorio Galese de l'Université de Parme, considérée comme une des plus importantes dans le domaine des neurosciences, apporte une preuve scientifique de cela. Ils ont montré qu’une action réalisée par une personne activait la même aire cérébrale chez celle qui la regardait. Par conséquent, si le parent présente un comportement immature à son enfant dès le plus jeune âge, ce dernier aura tendance à le reproduire à l’identique par simple imitation. Manger ou boire à l’excès, mentir, tricher, dépenser l’argent de manière irresponsable, hurler, agresser… peuvent assez naturellement conduire l’enfant à se comporter de la même manière. Toutefois certains enfants, plus tard et parfois très tôt dans leur développement, choisissent d’adopter en réaction un comportement diamétralement opposé, souvent à la suite d’une prise de conscience des conséquences négatives et parfois catastrophiques de l’immaturité parentale. Cependant, ce choix comportemental responsable laissera des traces, à l’origine de difficultés relationnelles et affectives notamment avec leurs parents, souvent tout au long de leur existence. Il est important pour l’adulte d’être congruent. Si la cohérence suppose le fait de faire ce que l’on dit (dire et faire), la congruence intègre un verbe supplémentaire : il faut être ce que l’on dit et ce que l’on fait (être, dire et faire). Autrement dit, en étant congruent, il faut réaliser moins d’efforts que pour être cohérent vu que l’adulte fait ce qu’il dit parce qu’il est profondément ce qu’il fait et ce qu’il dit. Il n’a pas besoin de faire constamment attention à la cohérence entre ses paroles et ses actes. Il ne doit pas jouer un rôle, être différent en fonction des circonstances et/ou des personnes rencontrées. Il ne triche ni avec lui-même ni avec les autres. Il est vrai. Cela sous-entend, bien entendu, que cette congruence doit être positive et mature. Un mafieux peut être congruent car il est ce qu’il dit et ce qu’il fait. C’est un criminel, il le dit et il le prouve. En ce qui concerne les aptitudes liées à la maturité de l’adulte « parent » ou « éducateur », la capacité à faire preuve de patience, à envisager les progrès à faire réaliser dans une logique à long terme, à résister aux pressions sur les lobes préfrontaux pour conserver une maîtrise de soi optimale… sont indispensables pour faire face à toutes les situations rencontrées tout au long du processus d’éducation. Toutes les capacités préfrontales sont nécessaires à tout moment pendant toute la durée de l’accompagnement d’une personne vers la maturité : écoute, contrôle de soi, interprétation, analyse, anticipation, hiérarchisation, organisation, planification, choix et décision. C’est pourquoi la musculation préfrontale doit être bien développée et entretenue chez l’adulte « parent » ou « éducateur » (sans oublier les nécessaires lâcher-prises réguliers). La maturité est un état de développement du vivant qui lui permet de délivrer toutes ses qualités.

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Le but et la raison d’être de la croissance et du rôle des parents sont de conduire l’enfant vers la maturité sous toutes ses formes : ! physique : par son développement osseux et musculaire, il sera capable de réaliser des activités et de produire des efforts ; ! sexuelle : par le développement de ses organes génitaux, il pourra concevoir des enfants ; ! intellectuelle : par le développement de son système nerveux central, il pourra utiliser l’ensemble de ses fonctions cérébrales ; ! préfrontale (ou de l’esprit) : par l’appropriation des référentiels transmis et choisis et par un niveau optimal de maîtrise de soi, il deviendra capable de diriger sa vie et celle des personnes immatures qu’il acceptera d’accompagner. La maturité de l’esprit s’appuie sur la maturité intellectuelle pour amener la personne à ! maîtriser : " ses peurs, son stress, ses pulsions, ses émotions, ses pensées, ses paroles, ses réactions… et également, dans les limites possibles, les émotions et réactions d’autrui ; " ses activités par l’acquisition de connaissances, de compétences et d’expériences. ! choisir/décider : ses propres référentiels pour prendre sa vie en main et avancer dans l’existence, ses objectifs, ses orientations de vie et de carrière, les actions et les moments pour les entreprendre, les mots pour s’exprimer, les deuils nécessaires à réaliser… ; ! assumer : toutes les conséquences de ses choix, de ses propos et de ses actes en toute responsabilité ; ! s’accepter : sans se comparer à autrui, pour donner le meilleur de soi et non pour devenir coûte que coûte le meilleur ; ! équilibrer : sa vie, ses cycles « activités-détentes-repos », son alimentation, ses consommations en général… ; ! chercher le bonheur : plutôt que le plaisir et la jouissance à outrance et à court terme ; ! donner : de l’amour sans réserve et dans le respect de sa propre personne et de ses besoins essentiels, transmettre son savoir, son savoir-faire et son savoir être à autrui ; ! remplir ses devoirs et ses obligations : de citoyen en général, d’éducateur en particulier pour accompagner les personnes immatures, quel que soit leur âge et dans la mesure de ses moyens, dans leur développement notamment vers le plus haut niveau de maturité et pour les protéger d’elles-mêmes et des autres. La maturité de l’esprit se construit patiemment dès le plus jeune âge. Il ne faut en effet pas attendre la maturité intellectuelle avant de commencer à développer la maturité de l’esprit. L’être humain avance dans la vie pour atteindre des objectifs, réaliser des projets. Tout au long de son cheminement, il sera confronté à des difficultés et à des

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épreuves qu’il lui faudra surmonter ou négocier. Comme un cycliste soumis à de forts vents latéraux, à des imperfections de la route, à des obstacles…, l’être humain doit en permanence maintenir un équilibre dynamique. Celui-ci mobilise de complexes boucles de rétroaction physiques dans le cas du cycliste et comportementales dans le cas de la personne mature. Si ces boucles sont le plus souvent réflexes au niveau physique, elles doivent le devenir au niveau des choix, des actes et des paroles pour assurer à la personne un équilibre épanouissant.

La maturité est un état instable « Combien d'hommes supérieurs sont enfants plusieurs fois dans la journée » ! Napoléon Bonaparte Commençons par évaluer notre propre niveau de maturité et par la développer au mieux, si nécessaire, avant d’aborder dans la seconde partie de ce cahier consacré à ce sujet les outils et approches à mettre en œuvre pour développer progressivement la maturité de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte. La maturité de l’esprit est un état instable. En effet, il ne s’agit pas d’une aptitude, d’une compétence, d’une capacité acquise une fois pour toute. Ce n’est pas davantage une qualité ou une prédisposition particulière réservée à certains individus. Si la personne est souffrante, fatiguée ou stressée, elle retrouve sa nature primitive, animale pour assurer sur sa survie. La maturité existante laisse la place à des comportements égoïstes, égocentriques, à des réactions impulsives, à des actes non ou mal réfléchis, à un besoin d’assistance ou d’amour, à une recherche de sécurité et à un besoin important d’être rassuré sur ses peurs. Autant de caractéristiques de l’immaturité de l’esprit. La première condition à respecter pour atteindre et maintenir la maturité au plus haut niveau est de fournir à notre corps les ressources nécessaires pour faire face aux épreuves de l’existence. Une nourriture suffisante, saine et équilibrée, une consommation d’eau suffisante, un nombre d’heures de sommeil par jour adéquat, une bonne hygiène corporelle et dentaire, la réalisation régulière d’exercices physiques et d’activités tout aussi régulières de détente, de relaxation ou de lâcherprise sont indispensables. Cette forme de maturité n’est pas liée à l’âge, au fait d’être marié ou d’avoir des enfants, d’occuper une certaine position sociale ou professionnelle ou encore le résultat d’une réussite financière plus ou moins importante. Un bilan personnel régulier permet d’estimer, à un moment précis, son état de maturité. A la fin de ce livre électronique, vous trouverez un ensemble d’indices qui vous permettront d’estimer si vos comportements sont ceux d’une personne mature ou immature (voir « Fiches de développement et d’entretien de la maturité de l’esprit» en annexe). Cette auto-évaluation offre non seulement la possibilité d’une prise de conscience de son éventuelle immaturité temporaire ou installée dans la durée, mais aussi des principaux signes sous lesquels cette immaturité se manifeste. Cela présente un intérêt certain pour un diagnostic et une conscience de son état le plus fréquent si cela s’avère nécessaire. Par exemple, si le signe le plus flagrant et le plus régulier de son immaturité est l’absence d’anticipation, dès que la personne constate qu’elle se précipite dans l’action, son « système d’alarme » peut la mettre en garde et lui rappeler l’importance de faire les efforts nécessaires pour rétablir sa maturité.

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La personne mature ne recherche pas continuellement des plaisirs immédiats mais collectionne les instants « bonheurs » La proportion d’adultes qui ne sont pas encore devenus (ou qui ne veulent pas devenir) des « grandes personnes » est considérable. De nombreuses raisons peuvent être à l’origine de se maintien à un statut de « grand enfant » permanent : ! incertitudes face à l’avenir ; ! insécurités (risques d’agression, risques liés à la concurrence de tous types, risques de perte d’emploi, risques de maladies induites par l’alimentation ou les traitements médicamenteux…) ; ! stress et tensions multiples maintenus à un niveau élevé sur une longue période ponctuée de pics plus ou moins importants ; ! excès d’informations transmises ou accessibles via de nombreux média (souvent contradictoires, ambiguës, imprécises, peu fiables voire erronées…) responsables, entre autres, de difficultés dans la prise de décision ; ! progrès techniques et technologiques en avance sur la capacité d’assimilation et d’adaptation du cerveau humain ; ! offre considérable de plaisirs de toute sorte (fêtes diurnes ou nocturnes, boissons énergisantes ou alcoolisées, aliments à base de sucre et de matières grasses, modes vestimentaires, voitures – motos – bateaux à moteur – voiliers yachts… à fort pouvoir attractif, sexe (multiplication des jouets érotiques, de la pornographie sur Internet…)…) ; ! manque de sens communiqué par les leaders économiques, politiques et spirituels ; ! contre-exemples comportementaux des leaders et des élites incitant les personnes sous leur influence à les imiter ou à les suivre dans leur logique de vie… La quête du plaisir pousse les adultes immatures comme les adolescents et les enfants à rechercher les jouissances les plus variées, les plus fréquentes, les plus intenses et les plus longues possibles. L’idée d’être privés de ces plaisirs leur est insupportable. Ils considèrent, à tort, que la maturité est associée à l’ennui, à la banalité, à la routine, à l’absence de fantaisie, à la perte de l’esprit d’aventure et de la capacité à prendre des risques. La maturité est effectivement synonyme de devoirs, de responsabilités à assumer et de respect des valeurs morales, des lois et des règles sensées. Mais les personnes immatures considèrent cela principalement, voire exclusivement, sous l’angle des contraintes à supporter, des efforts pénibles à réaliser et des souffrances à endurer. Ce besoin de plaisirs est d’autant plus présent que la personne : ! a le sentiment d’en avoir été privée au cours de son enfance et/ou de son adolescence ; ! cherche à compenser un mal-être, un moral en berne ; ! est soumise à un ou plusieurs stress important(s) ; ! est envieuse et/ou poussée à la tentation par son environnement, la publicité, son milieu social et familial…

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Le plaisir est une drogue qui porte le nom de dopamine. Cette substance est libérée au niveau cérébral lorsque la personne ressent un plaisir plus ou moins intense associé à une récompense, une gratification, une valorisation ou une réponse positive à un de ses sens. Certaines personnes semblent en produire plus que d’autres ou semblent plus sensibles à ses effets. Cette dépendance (comme toutes les dépendances majeures telles que l’alcool, les substances hallucinogènes, les jeux d’argent…) entraîne des conséquences dramatiques allant d’un mal de vivre au désespoir profond en passant par la perte de personnes ou des biens (divorce, perte d’emploi, perte de biens immobiliers, revers de fortune…). Notre modèle économique mondial est basé sur la recherche du plaisir sous toutes ses formes par les consommateurs. Pour pousser les personnes à dépenser leur argent, il n’y a rien de tel que de promettre un ou plusieurs plaisir(s). L’être humain éprouve par conséquent de plus en plus de difficultés à résister aux tentations multiples. Son muscle préfrontal est soumis à des pressions très régulières voire constantes et souvent d’une intensité importante. Comment résister à la dernière génération de téléphone portable ou de tablette numérique ? Comment ne pas se laisser tenter par des voyages décidés à la dernière minute vers des terres plus ensoleillées lorsque la météo est mauvaise depuis plusieurs jours ou semaines ? Le marketing prétendait trouver sa raison d’être dans le fait de répondre à des besoins du marché. En réalité, il met à la disposition des entreprises une stratégie d’installation de dépendances à des nouvelles sources de plaisir chez les consommateurs. Le bonheur, à la différence du plaisir, est associé à un sentiment de plénitude. Rien ne manque à la personne. Le bonheur intègre les plaisirs mais ceux-ci ne rendent pas forcément heureux. Manger une glace est et restera un plaisir mais ne me rendra pas forcément heureux si quelque chose ou quelqu’un me manque. Rouler largement audelà des limites autorisées, posséder des fortunes, faire l’amour avec un(e) partenaire différent(e) tous les soirs… constituent des plaisirs mais ne sont pas toujours associés au bonheur ou ne rendent pas forcément heureux à long terme. Au contraire, une consommation excessive d’alcool aura des conséquences à court, moyen et long terme négatives (mal au crâne, nausées, troubles digestifs, perte de maîtrise de soi, de vitalité et d’énergie, problèmes hépatiques…). Par conséquent, pour vivre heureux étudions nos besoins. Conservons les besoins qui nous poussent au progrès (par exemple : la réalisation d’objectifs réalistes), éliminons ceux qui n’ont pas ou peu de raison d’être (par exemple : rester éternellement jeune) et plaçons une dalle sur ceux qui ne pourront jamais être comblés. Quel est le principe de cette dalle ? Imaginons une personne qui souffre depuis sa naissance d’un manque d’affection de la part de sa mère. Son enfance et son adolescence ont vu celle-ci creuser jour après jour un gouffre affectif de plus en plus profond. Malgré les efforts de cette personne pour être aimée et pour amener sa mère à combler son gouffre, elle continue à le creuser chaque jour un peu plus. Seule sa mère peut remplir cet immense trou affectif. Prendre l’amour ailleurs pour diminuer l’importance du gouffre ou espérer le combler ne sert à rien. La seule possibilité est de placer une dalle sur celui-ci. Certes, le gouffre est et sera toujours là. Mais, après le dépôt de 20 à 30 centimètres de bonne terre sur cette structure en béton et l’ensemencement d’un beau gazon, le gouffre disparaît. Placer sa dalle revient à pardonner, à tourner la page ou à faire le deuil de ce besoin d’être aimé d’une personne non disposée à nous donner son amour. Être heureux est possible. En réalité, il s’agit d’instants « bonheurs ». Ceux-ci existent toutes les fois où tous les besoins à un moment précis sont comblés. Le reste

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du temps, si les besoins ont été soit éliminés soit comblés par une dalle, il ne reste que les besoins à satisfaire en relation avec des objectifs ou des projets à réaliser. Chaque fois qu’un but est atteint, qu’un projet se termine, le bonheur peut exister à nouveau. Prenons le cas d’un mari et d’un père en vacances en Italie. Sous une pergola ombragée par des vignes, après un bon repas de midi, il n’a pas faim, il n’a pas soif, il n’a pas trop chaud ni trop froid, il n’a pas besoin d’aller à la toilette, il est entouré des personnes qu’il aime, il n’a pas de programme à respecter pour l’aprèsmidi, il n’est pas fatigué et n’a pas besoin de dormir, il déguste le lieu, les personnes, le moment… Cet homme vit un instant « bonheur » qui peut durer le temps qu’apparaisse un besoin plus ou moins important. Cela est bien plus profond qu’un moment de plaisir. Il ressent ce sentiment de plénitude. Par conséquent, les seuls besoins qui méritent d’exister sont des objectifs réalisables. Si tous les autres sont systématiquement écartés car sans intérêt ou se voient couverts d’une dalle, il est possible de vivre un instant « bonheur » chaque fois qu’un but est atteint ou qu’il occupe une place secondaire par rapport à la prise de conscience des raisons d’être heureux et comblé.

L’immaturité se caractérise par la peur Les personnes immatures, qu’elles soient enfants, adolescentes ou adultes, ont peur de ne pouvoir accéder à toutes les sources de plaisir et de jouissances auxquelles elles aspirent. Les obstacles et les freins peuvent se présenter sous la forme de parents qui empêchent leurs enfants de se mettre en danger ou qui n’ont pas les moyens de leur offrir les plaisirs qu’ils souhaitent. L’autorité en général représente une barrière à la liberté d’action individuelle. Elle a en charge le bien commun et ce dernier prime sur la satisfaction égoïste de l’individu. La peur en général représente une cause majeure des difficultés rencontrées dans l’acquisition et le maintien de la maturité. Et parmi les peurs universelles les plus importantes, nous trouvons la peur de : ! ne pas être aimé, d’être rejeté ou isolé, sans pouvoir compter sur l’assistance d’autrui ; ! ne pas pouvoir satisfaire nos besoins vitaux et ceux de nos proches ; ! ne pas être capable de réaliser une activité ou d’atteindre un objectif choisi ou imposé par manque de moyens, de connaissances, de compétences et d’expériences acquises ; ! l’autre ; ! l’inconnu, de l’incertitude liée à l’avenir, de la mort… Une des meilleures façons de réduire à un niveau acceptable la peur de ne pas atteindre un objectif par exemple consiste à développer ses connaissances et ses compétences. Autrement dit, l’école n’est pas un centre de torture dont la vocation est de faire souffrir le plus possible les enfants et les adolescents. Elle a pour mission au contraire d’apporter une base essentielle pour créer un sentiment progressif d’autosuffisance. Savoir calculer et savoir lire représentent à eux-seuls les premières clés de l’autonomie et de la liberté du futur adulte mature. Plus les connaissances augmentent, plus les expériences s’accumulent (y compris les échecs et les erreurs qui offrent des enseignements considérables) plus la personne gagne en assurance.

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Elle trouvera par la même occasion progressivement en elle la capacité à surmonter les épreuves et à faire preuve de résilience. Parmi cette famille de peurs, nous trouvons également la peur de l’échec. Cette peur reste présente souvent pendant la vie entière de l’individu. Elle est d’autant plus importante que la personne est exigeante avec elle-même. Ce niveau excessif d’exigence personnelle s’observe très fréquemment chez les adultes dont un des parents au moins les soumettait tout au long de leur enfance et de leur adolescence à des pressions importantes et constantes pour les amener à réaliser des performances dignes de l’admiration d’autrui. Pour éviter cela, il appartient en premier lieu aux parents d’être raisonnablement exigeants avec leurs enfants. Ils doivent éviter de leur mettre une pression excessive. Amener un enfant à s’élever pour atteindre un statut social supérieur à celui de ses parents peut être une bonne chose sous certaines conditions. Parmi celles-ci, les parents doivent éviter d’utiliser leur enfant pour obtenir ce qu’ils n’ont eux-mêmes pas réussi à acquérir : diplômes, titres ou récompenses, argent… La peur de manquer, de ne pas satisfaire un besoin, une attente constitue une cause essentielle d’immaturité. Les manques les plus fréquemment cités sont : ! manque d’argent ou de moyens financiers ; ! manque d’affection ; ! manque de succès auprès des autres ou de pouvoir de séduction ; ! manque de capacités physiques (liées à un handicap de naissance ou acquis par exemple) ; ! manque de réussite… La peur de souffrir, physiquement ou psychiquement, conduit également la personne à se comporter de manière irrationnelle et instinctive. La peur de perdre l’amour, de manquer d’amour, de ne plus avoir l’aide ou le soutien d’autrui est d’autant plus importante que la personne est immature. Le besoin de reconnaissance d’autrui, par des félicitations, des compliments, des prix, des trophées, des récompenses sous toutes ses formes, des décorations, des titres de noblesse…, constitue également une source d’entretien de l’immaturité. Etre rejeté, isolé, malaimé, « transparent » aux yeux d’autrui peut être la conséquence d’un harcèlement et d’humiliations. Ces souffrances psychiques, plus ou moins importantes, peuvent laisser des traces durables et profondes avec pour conséquence le maintien de comportements immatures. La peur de la réaction négative d’autrui face à certains comportements inappropriés ou lors d’aveux, de confessions, de présentation de la vérité peut pousser aux mensonges ou à la dissimulation. La peur des conséquences de ses choix et de ses décisions est souvent associée à ce que j’appelle « le reflexe du petit Poucet ». Les personnes immatures craignent de ne pas pouvoir revenir à la situation de départ si elles s’engagent dans une voie (travailler le plus rapidement possible en usine plutôt que poursuivre des études supérieures), une carrière (accepter un nouvel emploi), un choix (se marier, avoir des enfants…). Cela les pousse à chercher en permanence un moyen qui leur permettrait de revenir en arrière, de repartir de la bifurcation ou de l’embranchement afin de pourvoir réaliser un autre choix, suivre une autre voie. Or, dans la vie, l’être humain

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avance en permanence au rythme du temps qui passe. Il n’est pas possible d’appuyer sur un bouton « pause » ou « retour en arrière » pour arrêter le cours de notre existence ou vivre une autre vie comme si l’expérience précédente était un « essai » sans conséquence. La peur d’enfreindre les règles et les lois, de dépasser les limites fixées et d’être puni ou sanctionné est commune à tous les immatures du petit enfant à l’adulte (avec la peur du gendarme, du procès-verbal…). Il est impossible d’établir une liste exhaustive de toutes les peurs humaines. Il est par contre important de retenir que toute peur, tout sentiment d’insécurité comme toute recherche de plaisir ou d’émotions fortes représente une force appliquée sur les lobes préfrontaux avec les conséquences décrites dans le deuxième toolbook.

Ne pas confondre « nature » et « état » ou comportements immatures L’immaturité des adultes les poursuit depuis leur enfance. Les comportements associés à celle-ci finissent par sembler naturels ou liés à une personnalité ou à un caractère déterminé. Dès lors, lorsqu’une personne adulte immature est critiquée sur son comportement, elle répond que c’est sa nature, sa façon d’être et non la conséquence d’une immaturité tardive. Le manque de musculation des lobes préfrontaux handicape tout individu au niveau de la maîtrise de soi. L’impulsivité, l’impatience, le manque d’anticipation et d’organisation, la précipitation dans l’action, les grands écarts dans l’expression de ses émotions (allant par exemple d’une explosion de colère aux larmes en passant par des actes violents, l’expression de regrets…) n’ont pas pour origine une nature mais une incapacité à se contrôler. Toutefois, les êtres humains ne sont pas égaux au niveau des dispositions préfrontales. Certaines personnes ont effectivement une tendance naturelle à être plus réfléchies que d’autres. Elles doivent, par conséquent, réaliser moins d’efforts pour se maîtriser que les individus au tempérament plus « volcanique ». Le facteur culturel doit également être pris en considération. Certains comportements sont considérés comme inacceptables dans certaines régions alors qu’ils sont tolérés voire souhaités dans d’autres. Exprimer ouvertement et clairement ses émotions en public au Japon est inacceptable socialement alors que ce type de comportements est considéré comme normal et sain dans le sud de la France comme en Italie. Au contraire, une attitude réfléchie, posée ou calme paraîtra froide, distante voire méprisante dans les pays du bassin méditerranéen. Est-ce pour la cause impossible d’amener une personne d’une nature explosive ou rebelle ou encore issue d’un milieu culturel autorisant voire encourageant les comportements immatures vers la maturité responsable et épanouie ? Bien sûr que non ! Par contre, plus elle réalisera précocement les efforts de musculation, moins elle éprouvera des difficultés à atteindre et à conserver sa maturité d’esprit.

Les excuses ne sont pas des gommes à effacer les comportements inappropriés ou inacceptables

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Les comportements immatures ont toujours, un jour ou l’autre, un impact négatif plus ou moins important et plus ou moins tardif sur l’entourage et même au-delà. Le manque de maîtrise de soi amène la personne à se laisser guider ou emporter par ses émotions. Des propos méchants ou blessants, des insultes, une gifle… sont souvent la conséquence de ce manque de maturité. Lorsque la pression sur les lobes préfrontaux liée à la peur, au stress, à l’envie, à la colère… finit par s’atténuer et disparaître, la personne réalise alors la portée et les conséquences de ses comportements. Cette prise de conscience s’accompagne très souvent de regrets plus ou moins sincères et d’une présentation d’excuses ou d’une demande de pardon à la ou aux victime(s). Si une personne est grièvement blessée au visage par une projection d’acide, les excuses de son agresseur n’effaceront pas les lésions et les cicatrices. Des propos insultants, humiliants, dégradants ou méprisants laissent des marques ou des traces plus profondes et souvent plus douloureuses que les agressions physiques. Si ces excuses sont exigées de la part de la personne lésée ou blessée, l’immature réagit les plus fréquemment soit en refusant de reconnaître sa responsabilité et l’importance de la portée de ses gestes et/ou de ses paroles, soit en finissant par présenter des excuses qui peuvent prendre la forme suivante : « Oh (ou çà va !), excuse-moi ! » Non seulement, cette excuse n’est pas acceptable et crédible car il s’agit d’un pur formalisme vide de sens et l’immature n’en tirera pas aucune leçon. Il est par conséquent très important d’enregistrer dans sa puce électronique qu’une excuse n’efface rien et qu’il faut éviter les comportements regrettables.

La maturité des parents passe par un accord entre eux sur les référentiels à transmettre, la hiérarchisation de leur importance et sur les méthodes de transmission de ceux-ci Il est bien connu que importants entre les couple parental, une valeurs à transmettre

les enfants constituent une source de disputes voire de conflits parents. Parmi les causes à l’origine de tensions au sein du divergence dans l’appréciation des critères à respecter ou des apparaît très souvent.

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Un test simple et révélateur permet d’estimer la convergence de la hiérarchie de ces critères pour l’un et l’autre. Dans le tableau présenté plus loin, chaque parent doit définir l’impact, selon lui, des critères suivants sur la réussite de l’éducation de son enfant en les classant par ordre décroissant d’importance (de 1 (le plus important) à 8 (le moins important)). Le choix de l’école comprend la localisation et l’environnement de l’établissement, sa réputation, les compétences du corps enseignant, la qualité des cours, la discipline… Les limites définies supposent l’existence de cadres clairement établis pour la réalisation d’activités et les règles à respecter sous peine de sanctions… La propreté, l’hygiène et la santé font référence aux soins corporels et dentaires, à leur fréquence, à la mise à disposition des produits et du matériel nécessaires pour ces soins (savons, shampoing, dentifrice, brosse à dents…), à la qualité des soins médicaux (compétences du médecin, disponibilités financières pour l’achat des médicaments et traitements éventuels nécessaires…). L’alimentation et les boissons se doivent d’être équilibrées, saines, diversifiées. L’image comprend l’ensemble des éléments portés par l’enfant (chaussures, vêtements, sac à dos…) portant ou non la griffe d’une marque à la mode ou non, la possession de certains produits à la mode (I Phone, lecteur MP3…)… L’environnement couvre aussi bien l’espace intime disponible pour l’enfant au niveau d’une chambre à coucher ou d’une salle de jeux que la prise en considération ou non des critères Feng Shui, la décoration et la propreté de l’habitation ou encore le cadre plus ou moins sain, plus ou moins sécurisant dans lequel l’enfant pourra réaliser des activités en dehors de la maison ou de l’appartement proprement dit. L’harmonie au sein du couple fait référence au climat d’entente entre les parents ou entre les adultes en couple chargés de l’éducation de l’enfant. Cela suppose un accord sur les valeurs morales à transmettre, la hiérarchisation des principes, les limites à faire respecter et les punitions à infliger en cas d’écarts. L’amour parental doit s’exprimer par la disponibilité d’écoute de l’enfant, par une motivation à donner, à transmettre, à montrer son amour par des paroles et des gestes réguliers, par la capacité à pardonner, à faire preuve de patience, à accepter l’enfant pour ce qu’il est et non pour ce que les parents aimeraient qu’il soit ou qu’il devienne…

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Une autre cause se situe dans l’estimation de la gravité des conséquences liées à un comportement particulier ou à des situations données. Un père peut considérer qu’il est beaucoup trop dangereux pour sa fille de partir seule dans un pays étranger (que ce soit dans le cadre du programme Erasmus ou pour les vacances ou encore pour vivre en kot dans une ville universitaire afin de réaliser les études supérieures de son choix) alors que sa mère estime les risques potentiels acceptables. Même si les deux parents souhaitent profondément le bonheur et la réussite de leur enfant, les moyens mis en œuvre pour y parvenir peuvent être très différents. Il faut par conséquent une harmonisation des éléments à transmettre et des méthodes et des étapes à respecter.

Le « parent-enfant » ralentit voire compromet immanquablement le développement de la maturité de l’enfant et de l’adolescent L’enfant reconnaît inconsciemment et très rapidement le parent le plus immature. Les réactions de l’enfant dépendront de différents facteurs : ! son âge : # plus il est jeune plus il aura tendance à être déstabilisé par l’irresponsabilité et les comportements caractéristiques de l’immaturité parentale. Cela peut le conduire à faire preuve d’une maturité précoce dangereuse pour son épanouissement en vue de prévenir les conséquences des choix, des actes et des paroles de ce parent immature. Cette réaction peut être dictée par un instinct de survie autant pour lui-même que pour protéger ses frères et sœurs éventuels ou le parent des effets destructeurs de ses comportements. # pour l’adolescent, le parent immature peut devenir le copain des quatre cents coups, le complice de tous les excès, l’alibi ou l’agent de renseignement… bref l’allié dans ce monde qu’il considère hostile à ses projets, à ses envies. Cependant, l’adolescent fera toujours appel au parent (ou à un de ses grands-parents) le plus mature pour le sortir des ennuis, des problèmes ou pour lui éviter les conséquences de ses comportements excessifs et irresponsables.

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! le niveau d’immaturité du « parent-enfant » # plus le parent immature se positionne en victime, c’est-à-dire plus son niveau d’immaturité est élevé, plus l’enfant risque de se sentir seul, sans guide, sans assistance. Cela a de fortes chances de le conduire à secouer son parent pour l’amener à réagir et à progresser, essentiellement pour réduire le danger lié à ce statut incompatible avec les responsabilités parentales. # si le parent se comporte en manipulateur, l’enfant se laissera dans un premier temps séduire par les perspectives positives et les promesses. Puis, il se rendra compte qu’il a été dupé par des mensonges, des demivérités, des dissimulations, des tromperies… Il finira par lui retirer sa confiance, par le détester, par l’éviter le plus possible et dans certains cas par le haïr. # le parent passif, qui se laisse guider par les événements, qui ne prend aucune décision, qui laisse les autres diriger sa vie, sera méprisé par l’enfant devenu adolescent. # le parent incapable de maîtriser ses émotions, incapable de contrôler ses paroles et ses actes, passant des cris aux larmes ou aux excuses en quelques secondes, agressif, violent… développera un sentiment de peur et d’insécurité profond chez l’enfant. Cette peur peut se manifester sous forme d’agressivité verbale de ce dernier dans un premier temps pour se transformer progressivement en agressivité physique envers le parent au fur et à mesure de sa croissance dans un second temps. ! l’implantation de l’immaturité dans son environnement # si un des deux parents a des comportements immatures, l’enfant peut toujours compter sur l’autre pour le protéger, le guider, l’éduquer au mieux, le rassurer, l’aider dans ses choix… # si les deux parents sont immatures, il faut espérer que l’un de ses grands-parents soit mature. Dans ce cas, il pourra peut être obtenir de sa part une aide ou une protection minimale contre les effets plus ou moins catastrophiques de leurs comportements. # si aucune personne adulte au sein de sa famille ou de sa communauté ne fait preuve de maturité, il faudra à l’enfant et à l’adolescent trouver auprès de certains professeurs, de certains éducateurs, un mentor ou un maître d’éducation et/ou d’apprentissage qui prendra le relai. Le compagnonnage du devoir offre cette opportunité par le tour de France de l’apprenti qui l’amènera à connaître d’autres familles professionnelles. Celles-ci prennent en charge l’éducation de l’apprenti et le préparent au jour où il devra assumer ses responsabilités notamment familiales et professionnelles. Le « parent-enfant » semble plus facile à manier voire à dominer que le parentmature. Malheureusement, si cela peut paraître intéressant à court terme pour l’enfant, ce comportement s’avère extrêmement dangereux à long terme tant pour lui que pour son entourage voire même la société. L’enfant sent s’il peut ou non profiter des faiblesses de l’adulte dans la maîtrise de ses émotions.

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Le parent immature cherche à être aimé de son enfant. Cela le pousse à lui faire plaisir et à lui offrir ce qu’il désire. S’il n’a pas l’intention ou les moyens financiers de le faire, il lui fera des promesses qu’il s’empressera de ne pas tenir. Les « parents enfants » achètent l’amour de leur progéniture. S’ils donnent, c’est pour mieux reprendre ou recevoir en retour. Les immatures ont de nombreux manques, de nombreux besoins. Ils cherchent par tous les moyens à les combler. Au lieu de délivrer de l’énergie positive, au lieu de jouer le rôle de cortex préfrontal externalisé de l’enfant, ils sont centrés sur eux-mêmes. Si les deux parents sont immatures, l’enfant éprouvera des difficultés considérables à se structurer et à trouver un équilibre. Les conséquences à long terme peuvent être catastrophiques : tendance aux excès de toutes sortes, recours à la manipulation, crises de colère, échecs au niveau des études et de la vie professionnelle, déceptions sentimentales… Le parent le plus mature offre la possibilité à l’enfant de pouvoir compter sur un élément d’équilibre et de maîtrise. Ce parent, par sa capacité à conserver la tête froide, à analyser clairement une situation, des faits ou des informations, à prendre des décisions dans l’intérêt commun et dans une perspective à long terme, joue le rôle de leader du couple parental. Même s’il est effacé, en retrait par rapport à l’autre parent peut être plus exubérant, il peut jouer un rôle essentiel dans le développement de l’enfant et de l’adolescent. Les enfants conserveront une trace plus ou moins profonde et parfois indélébile de leur vécu en présence d’adultes immatures. « Il est moins pénible de faire preuve de maturité que d’assumer les conséquences de son manque de maîtrise ».

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Fiches de développement et d’entretien de la maturité de l’esprit

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Clés pour s’élever 5ème toolbook

Armure émotionnelle « La sécurité est la plus grande ennemie des mortels ». William Shakespeare Extrait du « Macbeth »

Tout petit déjà, je me construisais mon armure émotionnelle ! « Je suis armé d'une cuirasse qui n'est faite que de défauts ». Pierre Reverdy Extrait du « Le livre de mon bord » Les petits garçons et les petites filles sont extrêmement sensibles. Ils sont très attentifs à tous les messages non verbaux. Ils recherchent en permanence le contact avec leur entourage par des émissions constantes de signaux pour tester leurs réactions et adapter éventuellement leurs comportements et/ou leur communication. Ils ont besoin de se sentir en sécurité car ils ne disposent pas encore des ressources qui leur permettront de faire face aux dangers qui les menacent. Ils sont très rapidement, et parfois très fortement, déstabilisés par des événements en apparence mineurs mais dont l’impact peut laisser des traces profondes et durables. Tout enfant est plus ou moins souvent, et plus ou moins gravement, blessé sur le plan émotionnel. Les blessures les plus douloureuses sont parfois infligées par des enfants de leur âge. En effet, à ce stade de leur développement cérébral, ces petites terreurs ne sont pas encore capables de maîtriser leurs pulsions et leurs émotions. Elles sont peu ou pas conscientes de l’impact de leurs paroles et de leurs comportements sur les autres. Une mise à l’écart du groupe, une moquerie, une humiliation est ressentie par leur victime aussi violemment qu’une flèche reçue en pleine poitrine. Cet enfant va tenter de se protéger contre cette agression émotionnelle. C’est un peu comme s’il plaçait une « plaque » de protection entre son agresseur et lui. Au fil du temps, les plaques s’additionnent et finissent par se superposer pour former une sorte de cuirasse.

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Arrivé à l’adolescence, l’accumulation des plaques s’accélère et finit par recouvrir toute la surface. La cuirasse prend progressivement la forme et l’importance d’une véritable armure. La communication avec les autres devient de plus en plus difficile. Les capteurs émotionnels sont rapidement entourés par cette structure. L’armure peut même les recouvrir totalement. Ils perçoivent très difficilement les émotions d’autrui, entièrement centrés sur leurs propres émotions et leur besoin de sécurité. Cette attitude fermée et égocentrique les conduit à être incompris et rejetés. Cela les empêche également d’interpréter clairement les émotions des personnes qui les entourent. Cette insensibilité émotionnelle est en quelque sorte le but recherché par ces êtres fragilisés et en plein questionnement notamment sous l’effet des hormones sexuelles. Le manque d’empathie qui en découle peut les conduire à réagir de manière inappropriée voire même à ne pas réagir du tout dans certaines circonstances émotionnelles. Les souffrances induites par leurs comportements sur autrui sont souvent sous-estimées ou peuvent être carrément ignorées par ces jeunes. Cette rupture de contact avec les personnes susceptibles de les blesser est finalement un des objectifs attendus. Malheureusement, l’armure émotionnelle fait obstacle à l’extériorisation optimale des émotions. Les adolescents expriment peu ou mal et même parfois plus du tout leurs émotions. Comme un château-fort, à travers l’une ou l’autre meurtrière, ils leur arrivent de propulser des jets de vapeur, entendez « un coup de gueule », bruyants et sous très haute pression. Aucun signe avant-coureur, aucun élément ni aucun indicateur ne permet le plus souvent de pressentir cet instant et de le prévenir. Car, il faut savoir que cette armure émotionnelle se comporte comme une marmite sous pression. Celle-ci retient les émotions et leur permet de se développer sans donner la moindre indication de la pression interne ressentie par le jeune homme ou la jeune fille. La marmite n’est pas dotée d’un manomètre. Ces adolescents peuvent littéralement « bouillir » à l’intérieur sans que l’entourage ne soit informé de l’importance de la tension ou du mal-être ressenti. Le type de « soupe » contenue dans cette enveloppe sous pression peut varier de la tristesse à la colère en passant par des sentiments amoureux, de la frustration, de la culpabilité, etc.…

Ces chevaliers se renferment sur eux-mêmes. Ils ont un faux sentiment de sécurité. Car toute protection possède son point de fragilité ; le fameux « défaut de la cuirasse ». Lorsqu’ils sont terrassés, il leur faut un temps considérable pour se remettre sur pied.

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Une fois parvenu à l’âge adulte, si la personne continue à chercher à se protéger, les plaques, en se superposant, finissent par former un véritable blindage.

Ces « robocops » sont tellement isolés des autres qu’ils paraissent aussi froids et sympathiques qu’un robot, un ordinateur ou, en toute dernière extrémité, qu’un être humain incapable de ressentir et exprimer ses émotions, c’est-à-dire un psychopathe. La couche de protection est telle qu’elle les empêche de développer leurs compétences émotionnelles. Elle ne permet plus de reconnaître et de comprendre les émotions d’autrui. Toute empathie à tendance à disparaître. Cette froideur et cette indifférence profondes aux émotions d’autrui poussent les personnes qui les rencontrent à les éviter dans toute la mesure du possible. Plusieurs causes peuvent être à l’origine de la persistance de cette protection émotionnelle au-delà du début de l’âge adulte. Parmi celles-ci, nous trouvons : ! des traumatismes émotionnels ressentis pendant la jeunesse de l’individu (abandon de l’enfant par sa mère, humiliations et harcèlement de la part de proches (grands-parents, parents, frères et sœurs, parrain/marraine…), de la sphère scolaire (professeurs et/ou élèves) ou d’un amour de jeunesse…) ; ! une hypersensibilité émotionnelle liée ou non à une intelligence rationnelle hors norme ; ! une immaturité persistante ou récurrente basée sur le manque de maîtrise de soi et de maîtrise de domaines d’activités essentiels pour mener à bien des projets et réaliser des objectifs… Le besoin de sécurité, de protection contre toutes les attaques émotionnelles les rendent profondément malheureux. Leur mal-être et leur manque de sérénité peuvent les conduire à des niveaux très importants de stress. Comme dans une marmite à vapeur, lorsque ces « robocops » ressentent des émotions, ils les gardent en eux et elles s’amplifient. La pression à l’intérieur du « blindage » peut être considérable. De violentes colères et des « pétages de plomb » de tous les types peuvent apparaître. Ils sont sans doute préférables pour la personne car un développement excessif de ses émotions peut la conduire à un épuisement psychique important ou à des troubles psychiques graves. Pour l’entourage privé et professionnel par contre, c’est une toute autre histoire…

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Dites-moi quelle armure vous portez, je vous dirai qui vous êtes « Le moyen d'être sauf, c'est de ne pas se croire en sécurité ». Thomas Fuller Les armures émotionnelles ne sont pas toutes identiques. Elles peuvent être apparentes ou plus ou moins cachées. Certaines armures sont réalisées en plaques de métal « brut de fonderie ».

Les personnes qui se protègent avec ce type d’armures sont d’un contact aussi rugueux que la matière utilisée pour sa réalisation. Elles espèrent de la sorte décourager les autres à les approcher et donc à les « attaquer ». Elles y parviennent d’autant mieux que ce caractère rugueux est accompagné d’un manque plus ou moins important de chaleur pouvant aller jusqu’à une froideur parfois extrême. Des armures très « carrées » sont portées par des personnes qui s’inscrivent systématiquement dans une démarche logique et très cartésienne.

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Seuls les faits et les données objectives ont grâce à leurs yeux. Les porteurs de ces armures « carrées » refusent de prendre en considération la dimension émotionnelle d’une situation ou d’un événement. Ils ramènent continuellement la conversation sur un plan rationnel. Ils aiment la clarté et la simplicité des chiffres et des options binaires. Ils apprécient et recherchent le concret. D’autres armures peuvent être encore plus dissuasives.

Un peu comme un animal, ce type de personnages porte sur lui les signes et les codes mettant en garde ses prédateurs et leur conseillant de passer leur chemin. Le poisson pierre et le poisson lion sont dangereux. Leur apparence indique clairement qu’il est préférable de ne pas les toucher. Il existe donc des armures « hérissées » d’excroissances pointues. Ces personnes considèrent que la meilleure défense est la dissuasion. Elles sont généralement très mordantes, cassantes, cyniques. Dans le même esprit, mais en plus dangereux, il existe des armures « chatoyantes ».

Le serpent corail par exemple présente des couleurs vives (avec des écailles bleues ou noires, blanches et rouges) en anneaux. Le noir, le jaune et le rouge sont des couleurs d’avertissement très fréquentes dans le règne animal. Elles peuvent être utilisées pour avertir d’un danger ou pour attirer d’éventuelles proies. Les porteurs de ces

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armures colorées accrochent le regard, fascinent, ensorcèlent, envoutent. Mais, elles les avertissent du risque d’une issue fatale s’il leur prenait l’envie de s’attaquer à eux ou de les dévorer. Certaines armures « brillantes » sont polies « miroir ».

Elles brillent au point d’aveugler ceux et celles qui les regardent. Comme les couleurs, elles attirent les autres. Si le métal est, en plus, un matériau précieux tel que l’or ou le platine, il devient très difficile pour certains de résister à la tentation de s’en approcher. Ces personnes sont très intelligentes, brillantes dans leurs raisonnements et leurs propos. Elles peuvent être de redoutables manipulatrices et conduire à leur perte toutes les personnes qui aimeraient s’approprier leurs talents et leurs richesses. Enfin, il existe des armures très difficiles à détecter. Ces armures « couvertes » sont cachées sous des vêtements chauds et rassurants.

Un peu comme si un survêtement en fibres polaires léger, chaud et confortable recouvrait toute l’armure. Ces personnes peuvent être très chaleureuses, très sociables, très sympathiques et en apparence très à l’écoute d’autrui. Cette

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impression de douceur et de charme laisse vite la place à une fuite, à une certaine réserve de sa part, voire à de la froideur et même à un rejet glacial si la personne pense pouvoir aller plus loin dans la découverte de la nature profonde du chevalier à la tunique chaleureuse. Que l’armure soit du type « brut de fonderie », « carrée », « hérissée », « chatoyante », « brillante » ou « couverte », elle constitue dans tous les cas un système de protection et de défense. Entretenir ou faire progresser l’épaisseur de son armure est et restera, quoi qu’il advienne et quoi que la personne essaye de faire croire, un aveu de faiblesse. Même si l’apparence peut donner l’impression d’une certaine force, d’une certaine puissance, comme toutes les forteresses et toutes les places fortes (y compris celles construites au sommet de pics rocheux comme dans le Pays cathare), les armures finiront un jour par tomber. La construction d’une armure n’est pas toujours réussie.

Il arrive que les plaques de protection soient en nombre insuffisant ou qu’elles ne se chevauchent pas de manière optimale. Les ouvertures sont si larges que l’armure ne joue pratiquement aucun rôle protecteur. Ces personnes sont conscientes de leur vulnérabilité et jouent souvent le rôle de victimes. Il leur arrive aussi de mettre en avant leur fragilité pour dissuader leurs interlocuteurs de les mettre en danger. D’autres personnes à l’armure si peu efficace peuvent devenir très agressives par un réflexe instinctif de survie. De toute façon, ces armures « emmental » font sourire lorsqu’il s’agit de jeunes enfants ou d’adolescents, mais elle est souvent considérées comme ridicules lorsqu’elles sont portées par une personne adulte quel que soit son âge.

J’ai pas la troui…lle ! J’ai pas la troui…lle !… « La tâche à laquelle nous devons nous atteler, ce n’est pas de parvenir à la sécurité, c’est d’arriver à tolérer l’insécurité ». Erich Fromm Le mot « sécurité »vient du latin securitas : « exemption de soucis ». La sécurité est un concept purement humain. Dans la nature et la vie en général, la sécurité n’existe pas. Elle n’est assurée nulle part.

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Aucun système de sécurité, aucune défense n’est infaillible. Un bunker, un char d’assaut, un système de défense, un système informatique de gestion et de traitement de données, une agence de renseignement… possède toujours un ou plusieurs points faibles ou présente une ou plusieurs failles. Selon les spécialistes, nous ne disposons pas pour le moment (et sans doute ne disposerons-nous jamais) de moyens pour dévier ou pour éviter les « géocroiseurs » susceptibles de percuter la terre (objets astronomiques du système solaire dont l’orbite mène près de la terre (source Wikipedia)). L'astéroïde 1950 DA représentait la menace la plus sérieuse en 2009. Il aurait une chance sur 300 de percuter la Terre le 16 mars 2880. Les astronomes en découvrent régulièrement mais ils ne sont pas certains de les identifier précocement car ils sont difficilement observables par leur faible luminosité. Bref, un jour ou l’autre, le « ciel risque bien de nous tomber sur la tête ». Aucune certitude, si ce n’est de mourir un jour. La recherche de la sécurité absolue ou totale ou la conviction qu’elle existe ou peut exister est extrêmement dangereuse. Elle peut notamment conduire à l’inaction et/ou à la prise de décisions erronées. Prenons l’exemple d’une opération chirurgicale. Le diagnostic établit qu’il faut absolument opérer le patient pour éviter toute évolution négative de la pathologie et prévenir une issue fatale. Seulement, celui-ci a peur. Il a peur de mourir, certes, mais il a également peur des risques liés à l’opération. Le chirurgien entend régulièrement ses patients lui demander : « Docteur, pouvez-vous me garantir que l’opération se passera bien ? Que je ne mourrai pas pendant l’opération ? Que cette opération me guérira totalement ?... » Comment pourrait-il garantir quoi que ce soit ? Comment le rassurer totalement sur les risques encourus ? Comment réduire ses peurs pour l’aider à analyser les informations qu’il lui donne et à prendre la meilleure décision ? Des études ont démontré les effets du stress et de la peur sur les complications opératoires et postopératoires et, en particulier, le risque d’infections mais également des saignements plus abondants. Certains chirurgiens plastiques préfèrent reporter une opération de chirurgie esthétique si la personne est très angoissée ou si elle est très – trop - stressée. Comme cette opération est destinée à augmenter son confort, il vaut mieux éviter les complications éventuelles. Éliminer totalement un risque lié à des activités étant impossible, il est toutefois indispensable de le réduire à un niveau le plus acceptable possible. Le chirurgien se lave longuement et méticuleusement les mains et les avant-bras. Il porte des vêtements, des gants, une coiffe et un masque stériles. Le matériel chirurgical stérile est déposé sur un champ également stérile… pour réduire au minimum le risque d’infections opératoires. Le protocole opératoire sera établi pour prévenir également les risques inutiles ou les réduire à un niveau raisonnable. Mais il est impossible de prévoir tous les événements susceptibles d’arriver en cours d’opération et la manière dont l’organisme du patient réagira. Ce dernier va devoir prendre sa décision en estimant les risques liés d’un côté à son refus d’être opéré et de l’autre à l’opération chirurgicale. Il ne doit pas espérer trouver une solution présentant une sécurité totale. Il peut être tenté de croire à une guérison miraculeuse. Mais, cette option est-elle plus sûre que les autres ?

Et si on commençait par arrêter d’ajouter des plaques de protection… ?

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« Je remontais dans ma mémoire jusqu’à l’enfance, pour retrouver le sentiment d’une protection souveraine. Il n’est point de protection pour les hommes. Une fois homme, on vous laisse aller ». Antoine de Saint-Exupéry Extrait du « Pilote de guerre » Dans le cheminement vers l’abandon de son armure émotionnelle, il est utile d’arrêter d’accumuler des plaques et de chercher à se protéger à tout prix. Un bon point de départ consiste à travailler ses peurs. Par travailler, il faut entendre d’abord les identifier puis les réduire et, si possible, éliminer certaines d’entre elles. La peur peut être consciente ou inconsciente. Il est rare de voir une personne s’étonner de découvrir sa peur des serpents, des araignées, des chiens, des espaces clos, de se trouver en hauteur, du sang, des voyages en avion, des orages, des maladies… Elles font partie des peurs conscientes. Par contre, tout être humain possède des peurs dont il n’est pas totalement ou pas du tout conscient lorsqu’il est confronté à celles-ci. La peur engendre instinctivement une réaction d’agressivité de la part de celui qui la ressent. Dans l’illustration ci-dessous, l’agressivité apparaît dès qu’une peur dépasse le seuil de tolérance personnel à la peur. Au temps T0, la peur 1, située en-dessous du seuil de tolérance, ne génère aucune agressivité. Par contre, la peur 2 dépasse ce seuil de tolérance. Donc, elle est à l’origine d’une réaction agressive. L’intensité de cette agressivité est proportionnelle à la hauteur de dépassement du seuil de tolérance. Plus la peur est importante, plus la réaction est agressive. Agressivité

Temps T0

Seuil tolérance à la peur

Peur 1

Peur 2

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Le seuil de tolérance à la peur n’est pas stable dans le temps. Il peut descendre de niveau si la personne est fatiguée, stressée ou malade par exemple. Au temps T0 +x, si les peurs conservent la même importance, le dépassement du seuil de tolérance de la peur 2 engendrera une réaction particulièrement violente. La peur 1, qui au temps T0 se trouvait sous le seuil et par conséquent n’était à l’origine d’aucune agressivité, provoquera une réaction agressive de moindre intensité que celle de la peur 2. Agressivité

Temps T0 +x

Seuil tolérance à la peur

Peur 1

Peur 2

L’apparition de comportements agressifs, s’ils ne sont pas la conséquence de troubles cérébraux liés à une maladie dégénérative, à un accident corporel au niveau de la tête, à une intervention chirurgicale au niveau du cerveau, à une tumeur cérébrale… ou la conséquence de la consommation d’alcool, de drogues ou de troubles psychiatriques ou encore la conséquence de dysfonctionnements hormonaux, peut être considérée comme un excellent révélateur d’une peur en général et le plus souvent inconsciente. Si l’armure émotionnelle était comparée à une tenue de motard, vaudrait-il mieux augmenter l’étendue et l’épaisseur des couches de protection ou conduire plus sagement et maîtriser davantage son engin ? Une petite précision : le verbe « conduire » a été utilisé plutôt que « piloter ». Les deux s’utilisent-ils indifféremment ? Faut-il dire « il conduit sa voiture » et « il pilote sa moto » ? De nombreux internautes (dont bien évidemment des motards) débattent régulièrement pour trouver la meilleure réponse à ces deux dernières questions. Celle qui a ma préférence dit : piloter ou conduire ne dépend pas du véhicule mais de l’endroit où il est utilisé. Sur circuit ou terrain fermé, il s’agit de pilotage. Le pilote se doit de respecter certaines règles mais il cherche à dominer ses adversaires. Par contre, sur routes ouvertes, le conducteur doit respecter le code de la route et accepter de partager le réseau routier avec les autres usagers.

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Pour revenir à la question initiale : vaut-il mieux augmenter l’étendue et l’épaisseur des couches de protection ou conduire sagement et maîtriser de manière optimale son engin en toutes circonstances ? Le bon sens élémentaire conduit à choisir la seconde solution. Donc, il est préférable de suivre des cours de conduite avec des professionnels, d’accumuler des heures de pratique dans le respect du code de la route, de résister à la tentation de rouler plus vite ou de dépasser à tout prix les autres véhicules… plutôt que d’acheter des combinaisons de protection munis d’airbags façon « bonhomme Michelin ». Elle ne protégera pas le motard d’un coup du lapin ou d’un camion qui lui passerait sur le corps.

S’auto défendre ? Oui, mais… comment ? « Le besoin de sécurité asphyxie l'âme ». Alexandre Jardin Faut-il accepter toutes les formes d’agression ou rester sans réaction face à une agression sur soi-même, sur ses proches ou sur autrui ? La réponse ne sera pas la même pour tout le monde. Les partisans de la « non-violence » considèrent que la violence engendre la violence. Pour soi-même… admettons ! Mais, si l’agresseur s’en prend à la personne que vous aimez, torture la chair de votre chair, viole une jeune femme sous vos yeux… qu’en est-il de la notion de « non-assistance à personne en danger » ? Pour se protéger certaines personnes pensent qu’il faut posséder des armes. Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique, donne à tout citoyen américain le droit de porter des armes. Ce droit à l’autodéfense a été ordonné par la Cour Suprême. L’origine de cette décision est basée sur l’Histoire. Les tyrans ou les dictateurs, pour éliminer le risque de résistance et donc d’opposition de la part de leur peuple, ont retiré et retirent toujours toutes leurs armes. Par conséquent, pour garantir la liberté du peuple dans un Etat démocratique et pour éviter cette dérive de neutralisation par les Autorités des moyens d’action violents de ce peuple par peur de le voir prendre les armes, il faut l’autoriser à en posséder une ou plusieurs. Pour n’avoir jamais été agressé par une arme à feu jusqu’à présent mais tout en ayant tiré de nombreuses munitions pendant mon service militaire, je pense qu’il est préférable d’éviter de posséder et d’utiliser des armes pour se défendre ou se protéger. L’agression, si elle est ressentie par une personne peu capable ou incapable de se maîtriser, risque de provoquer une escalade et par conséquent de mener vers une issue catastrophique ou même fatale qui, peut être, aurait pu être évitée. L’autodéfense doit être proportionnelle à l’agression. Mais, comment évaluer l’importance de l’agression ? C’est très subjectif. La victime, l’agresseur et le juge ne l’apprécieront pas de la même manière. Et si la meilleure solution était la maîtrise de soi (voir le toolbook « L’effet piston ») ? Il existe un domaine d’activités qui offre à la fois la possibilité de développer la maîtrise de soi et la maîtrise de l’autre. Il s’agit des arts martiaux. Il ne faut pas avoir atteint le niveau d’une ceinture noire pour tuer une personne. C’est, hélas, là que se situe le problème principal ou tout le danger. Tout être humain peut tuer, involontairement ou non, son prochain uniquement à l’aide de ses mains. C’est à la fois très simple et très rapide.

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Un des buts de la pratique responsable d’un art martial doit consister à neutraliser une personne et non à la tuer. Neutraliser est défini dans le dictionnaire Littré par « rendre neutre » ou « diminuer, réduire à rien, à presque rien ». Par une meilleure maîtrise de soi, la personne agressée sera en mesure d’estimer l’importance ou la gravité de cette agression. Elle pourra ensuite décider et mettre en œuvre les gestes appropriés pour écarter la menace dans des justes proportions. Il parait, par conséquent, judicieux de permettre aux enfants de découvrir puis d’approfondir la pratique d’un art martial (que ce soit le judo, le taekwondo, l’aïkido, le karaté, le tai chi chuan… peu importe). Si le maître intègre à la fois les aspects de maîtrise de ses pulsions et de ses émotions d’un côté et la maîtrise de l’art martial de l’autre, il contribuera de manière importante à l’éducation et au développement de l’enfant. La pratique noble d’un art martial se fait toujours dans le respect de son adversaire. Un combat se gagne par la démonstration de son niveau optimale de maîtrise et d’habilité. Pour les personnes qui n’ont pas eu la chance de réaliser un parcours d’apprentissage de longue durée, elles peuvent s’inscrire dans des écoles d’arts martiaux qui donnent des leçons d’autodéfense adaptées aux aptitudes physiques et à l’âge des participantes et des participants. Les « armes » peuvent aussi être des connaissances, compétences particulières ou un niveau d’expériences supérieures à celles de son agresseur. Les connaissances peuvent être d’une puissance impressionnante voire considérable. C’est sans doute la raison pour laquelle, les pouvoirs faibles (même s’ils sont aux mains de tyrans ou de dictateurs) ont tellement peur des connaissances. Ce type de régime préfère maintenir la population dans l’ignorance pour éviter les effets puissants de cette « arme » de construction massive. Si les femmes, dans certaines cultures, n’ont pas le droit d’apprendre et de poursuivre un enseignement de qualité, c’est également par peur de la puissance de la connaissance. L’ignorance est certainement une faiblesse. Le savoir est une force. Tilly Smith, accompagnée de ses parents sur une plage de Phuket en Thaïlande le 26 décembre 2004, s’est rappelé une leçon de géographie consacrée aux séisme et aux tsunami en voyant des bulles et un frémissement à la surface de la mer accompagné d’un retrait rapide de celle-ci. Cette jeune anglaise de onze ans a sauvé toutes les personnes de la plage. Quelle belle façon de se protéger d’un tsunami ! En existe-t-il une meilleure si nous sommes au bord de la mer ?

Regarder la peur en face pour la faire céder « L’adversaire d’une vraie liberté est un désir excessif de sécurité ». Jean de La Fontaine Extrait de la fable « Le loup et le chien » Le fait de réduire l’intensité d’une peur permet d’éviter une réaction agressive même lorsque le seuil est particulièrement bas si cette peur réduite se situe en-dessous du seuil le plus bas jamais atteint. Fuir ses peurs les renforce. Il ne faut, par conséquent, jamais les ignorer ou leur tourner le dos. La peur est très souvent liée à l’ignorance.

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Si je ne connais pas les chiens, si je ne suis pas capable d’interpréter leurs messages non verbaux, si je ne connais pas certaines logiques instinctives animales, il y a de très grandes chances qu’un chien me grogne dessus et/ou me morde un jour. À partir de cet instant, une peur va s’installer. Elle aura d’autant plus de mal à disparaître que je fuirai les chiens. Pour réduire cette peur, voire la faire disparaître, intéressons-nous aux chiens. Pour commencer, la lecture du livre « Comment parler chien » de Stanley Coren permet de mieux interpréter et de mieux comprendre les messages non verbaux utilisés par les loups et les chiens pour communiquer entre eux et avec les humains. Ensuite, par l’observation de l’une ou l’autre séance de dressage à l’obéissance, la personne peut prendre conscience du plaisir ressenti par les chiens à participer aux exercices et à jouer avec leur maître. Laisser un chien vous sentir sans vouloir à tout prix le caresser peut constituer l’étape suivante. L’ultime étape consiste enfin à jouer avec lui, à le féliciter oralement et par des caresses et à observer ses réactions pour adapter le rythme du jeu et s’arrêter à temps. Il en va de même pour la peur de prendre l’avion. Suivre les enquêtes des accidents aéronautiques et les progrès réalisés pour augmenter le confort et la sécurité des passagers permet de réduire sa peur de voler. Certains vont même jusqu’à apprendre à piloter. D’autres réalisent des sauts en parachute pour atténuer et parfois même supprimer leur peur du vide.

Certaines croyances créent, entretiennent, développent les peurs. « Si on ne change pas, on ne grandit pas. Si on ne grandit pas, on ne vit pas vraiment. Grandir exige un abandon provisoire de tout sentiment de sécurité ». Gail Sheehy Rechercher, prendre conscience et éliminer les croyances limitantes, les blocages, les référentiels porteurs d’une peur plus ou moins importante permet de réduire le besoin de sécurité et de protection. Un jeune cadre croyait profondément que toute personne devait, pour réussir sa vie, gagner de plus en plus d’argent au fur et à mesure de son évolution professionnelle. La croissance de ses revenus devait être au pire constante et idéalement exponentielle jusqu’au départ à la retraite sous peine d’être considéré comme un raté ou un minable.

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Revenus

ou

Début de carrière

Fin de carrière

Temps

Cette croyance dictait ses choix et le conduisait à privilégier les options qui lui offraient les plus grandes chances de progresser sur le plan financier. Son mentor lui objecta que la vie était faite de hauts et de bas. Elle suivait la logique de cycles un peu comme les saisons qui se succèdent tout au long des années.

Après réflexion, le jeune cadre reconnut qu’il existait effectivement des hauts et des bas, mais ils devaient globalement s’inscrire dans une logique de croissante continue. Revenus

Début de carrière

Fin de carrière

Temps

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Le mentor insista sur le fait que la personne devait progresser essentiellement pour transformer son potentiel en compétences. Cette évolution se traduirait le plus souvent par une progression salariale mais pas forcément. Cependant, il faut tenir compte du rapport entre d’un côté les revenus financiers et autres aspects positifs d’une fonction ou d’un statut professionnel et de l’autre les conséquences négatives associées (telles que le stress, le risque de harcèlement, les déplacements, le nombre d’heures prestées (y compris en soirée et pendant le weekend)…). Donc, si la progression des revenus financiers suit logiquement l’acquisition de nouvelles aptitudes et expériences, il faut surtout veiller à ne pas dépasser le seuil d’inconfort. Autrement dit, il faut accepter de se maintenir dans sa zone de confort en espérant connaître un minimum de hauts de bas jusqu’à la fin de sa carrière. Le seuil d’inconfort correspond à l’instant où la personne ressent plus d’effets négatifs liés à ses missions et responsabilités que d’effets positifs notamment liés à ses revenus. Revenus Seuil d’inconfort

Zone de confort

Début de carrière

Fin de carrière

Temps

Pour éliminer cette peur de la contre-performance, la personne peut remplacer sa croyance par : « Je ne dois pas être le meilleur. Je dois donner le meilleur de moimême en développant au mieux mon potentiel. Les autres choisissent la vie qu’ils veulent mener et je mène la vie qui me plaît sans tenir compte de leur jugement sur celle-ci… » Une peur fréquente trouve son origine dans la croyance que la survie n’existe que si le groupe accepte l’individu. Autrement dit, si une personne est rejetée par le groupe, elle est en danger grave et, peut être même, mortel. Ceci peut la conduire à accepter de réaliser des activités ou au minimum à cautionner certaines activités de ce groupe pour conserver cette protection. La personne, par peur de se retrouver seule, évite de contredire, de contrarier, de s’opposer et finit par manquer totalement d’assertivité. Elle n’existe qu’à travers le groupe et accepte de le laisser contrôler sa propre existence. La dépendance aux média de communication internet (Tweeter, Facebook…), mais bien antérieurement à cela, les rites d’intégration (comme les bizutages) constituent des preuves évidentes de ce que l’être humain est

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prêt à subir pour être rassuré et obtenir le soutien d’une communauté, fut-elle virtuelle. Il est pourtant évident que le groupe lui-même ne peut garantir une sécurité absolue et une assistance sans limite à tous ses membres. L’appartenance à un groupe ne doit évidemment pas être évitée ou condamnée. Les échanges interpersonnels contribuent à recharger nos batteries pour nous donner un regain d’énergie afin de mener à bien nos projets. Une solution pour se libérer de cette peur d’être rejeté par un groupe pourrait être de se dire qu’il existe certainement sur cette terre une personne au moins qui me comprend ou qui me comprendra, m’aime ou m’aimera, m’aide ou m’aidera un jour. Dans le même ordre d’idée, certaines personnes ont peur d’être ridicules. La peur d’être l’objet de moqueries, d’être humilié. Pour atténuer ou éliminer cette peur, il est bon de se répéter : « ris ou moque-toi d’abord et vite de toi-même, les autres arriveront toujours trop tard car tu en as déjà ris ».

Et pourquoi pas un énorme bouclier en plus de mon armure ? « Quand la flèche de la destinée a été lancée, ce n’est pas le bouclier de la prudence qui garantit de ses coups ». Proverbe turc L’armure, pour certaines personnes ressentant une insécurité profonde, peut s’avérer insuffisante pour les rassurer et leur donner un sentiment de protection totale face aux risques d’agressions émotionnelles. Ces « chevaliers » ou « robocops » des temps modernes choisissent instinctivement de se mettre sous la protection du groupe. Autrement dit, ils intègrent ou utilisent une sorte de « bouclier humain ». Tous les membres de ce groupe, par la disposition côte à côte de l’armure de chaque individu, pensent ainsi se protéger les uns les autres contre toute menace extérieure. Si une armure peut ne pas suffire, disposons alors nos armures en cercle pour mieux résister et faire face. Les romains, qui n’avaient pas encore les armures métalliques du moyen-âge pour protéger leurs soldats, utilisaient ce type d’approches pour exploiter le système de protection individuel qu’était le bouclier pour les placer en « formation tortue ».

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Contre les flèches, pourquoi pas ? Mais, contre les obus ou les missiles… c’est un carnage ! Généralement, le plus malin et le plus manipulateur d’entre eux se place au centre de ce cercle ou de l’ensemble des cercles concentriques disposés pour former autant de niveaux de défense. Ces personnes en quête de sécurité, et souvent plus effrayées encore qu’elles en ont conscience, cherchent à intégrer des associations, des communautés, des cercles, des sociétés, des clubs plus ou moins fermés ou plus ou moins occultes susceptibles de les protéger. Les notions d’entraide, de solidarité, d’assistance, de fraternité… ont pour effet de les rassurer. Plus le système comporte de niveaux hiérarchiques ou plus l’organisation est complexe, plus l’individu en insécurité se sent généralement protégé. La liste exhaustive de ces groupes et des individus apeurés qui en font partie est impossible à établir tant ils sont nombreux. Cela démontre, de manière indirecte, l’existence d’une très large majorité de personnes adultes immatures (voir toolbook 4 « Equilibre dynamique ») au sein de la population mondiale.

Faut-il avoir peur de la mort ? « Jouer la sécurité est le choix le plus risqué que l’on puisse faire ». Sarah Ban Breathnach Il existe une peur universelle. La peur de la mort. Même si les êtres humains n’y pensent pas à tout instant, cette peur reste tapie, bien ancrée. A croire qu’elle est fournie à la naissance avec notre bagage génétique. Cet instinct de survie a certainement contribué aux progrès de l’espèce mais… il éloigne l’être humain de la sérénité, de la paix intérieure. Comment se protéger de la mort ? Une armure nous assurerait-elle cette vie éternelle ?

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Si la peur de la mort constitue la peur la plus importante, la plus innée, la plus difficile à atténuer et donc à éliminer, le fait d’accepter de mourir libérerait l’être humain d’un besoin de sécurité et donc le soulagerait d’une partie considérable de son armure. Une femme de cinquante ans dit un jour : « Il y a un âge où il n’est pas décent de mourir ! » Comme s’il y avait un âge pour mourir. Autrement dit, pour cette personne, mourir avant d’avoir atteint les quatre-vingts ans n’est pas « décent ». La mort n’est pas une catastrophe. Mourir n’est pas une fin mais un autre état, une transformation de la matière qui constitue notre corps. Que représente la durée de notre vie par rapport à l’âge estimé de l’univers ? Il existait bien avant nous et continuera d’exister très longtemps après nous. Considérons notre chance qu’un ovule et un spermatozoïde se soient rencontrés pour nous offrir l’opportunité de vivre cette existence terrestre. Toute seconde, minute, heure, journée, semaine, année doit être vécue pleinement ou doit être supportée dans la perspective d’instants plus heureux. Vivre, c’est un choix positif et non un refus instinctif de la mort. Vivre, c’est choisir de découvrir, progresser, réaliser, construire, jouir, être heureux… Par contre, vivre parce que nous ne voulons pas mourir n’a aucun sens. La mort n’est pas une option. Elle est la seule certitude absolue. La refuser constitue un obstacle majeur à la paix intérieure, à la sérénité. L’être humain pourrait-il choisir de ne plus vivre ? Bien entendu ! La mort est souhaitée lorsque la vie n’offre plus aucune autre perspective que la souffrance. Plutôt que de vivre avec la peur de subir la mort, vivons pour exploiter l’existence et en retirer le maximum d’expériences positives dans le respect de l’autre et de notre environnement. Pour cela, il faut construire et entretenir notre organisme pour qu’il nous permette de vivre aussi agréablement et pleinement que possible ce très court (et pas trop court) instant qui nous est offert.

L’excès de sécurité génère des peurs autoconstruites « Notre liberté est menacée par le besoin de sécurité et la sécurité elle-même est menacée par le souci obsédant qu'on en a ». Norbert Bensaïd Extrait du « La Lumière médicale » Si le besoin de sécurité est légitime, y répondre de manière excessive provoque une réaction paradoxale de construction de ses propres peurs. Ce phénomène s’observe dans certains milieux professionnels. La fonction publique, par exemple, semble offrir le maximum de sécurité professionnelle à ses agents. Une nomination est, à de quelques rares exceptions près, obtenue pour toute la carrière de fonctionnaire. La sécurité d’emploi et de salaire devrait contribuer à diminuer le sentiment général de peur ressentie par une personne de nature particulièrement inquiète ou non. Pourtant, la peur existe bel et bien dans les organismes publics. Ses formes peuvent être très différentes de celles qui sont ressenties dans des entreprises privées. Elles

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sont surtout parfois d’une intensité ou d’une importance beaucoup plus grande qu’on le pense. En fait, l’excès de sécurité semble provoquer une réaction instinctive de mise en alerte chez tout individu. « Et si… le danger surgissait tout à coup d’un endroit non surveillé ? » L’homme est un animal à la base et tout animal se doit de rester en alerte pour augmenter ses chances de survie. Quand tout est calme, tranquille. Quand aucun danger ne menace. L’animal se crée et/ou maintient ses peurs pour ne pas se laisser surprendre et donc mourir. Les peurs autoconstruites sont, en quelque sorte, imaginées, inventées, conçues, recherchées pour nous permettre de réagir dans les meilleurs délais. L’être humain est instinctivement convaincu qu’en l’absence de peurs, il est aussi en danger que s’il n’était plus capable de ressentir la douleur ou la souffrance physique.

La peur comme source d’énergie « Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre ». Thomas Jefferson Il ne faut pas avoir peur de ses peurs. Elles peuvent être une source de motivation et donc d’énergie pour progresser (voir le toolbook « Moteur de progrès »). La peur de vivre ou de subir, dans un futur plus ou moins proche, les conséquences potentiellement catastrophiques de certains comportements actuels, par exemple, mobilise des ressources plus importantes pour les corriger que pour la recherche de la satisfaction, de son intérêt ou du plaisir à plus ou moins long terme. Dans mon livre « La maturité de l’esprit », j’écris : « La vie peut être comparée à l’eau qui s’écoule de la montagne à la mer, de la naissance à la mort. Vivre, c’est descendre le cours de cette eau avec un canot pneumatique qui représente la personne. » Il ne faut pas avoir peur de la vie, et des peurs qu’elle induit, comme il ne faut pas avoir peur de l’eau et de descendre son cours. Il faut apprendre à nager, à diriger son existence en tenant compte des obstacles, des difficultés et à imprimer à sa vie le rythme souhaité. La personne peut, par exemple, se laisser porter doucement par le courant dans une période calme de son existence ou, au contraire, donner les impulsions nécessaires pour atteindre plus rapidement certains objectifs. L’éducation, l’alimentation et le développement d’une personne ont pour but de construire et de faire évoluer le raft qui lui permettra de réaliser un parcours de vie le plus long et le plus agréable possible. Tous les soins administrés à la personne correspondent aux réparations effectuées sur le canot pneumatique pour lui permettre de reprendre le cours de l’eau donc de la vie. Voici un extrait de « La maturité de l’esprit » décrivant les étapes principales de ce voyage sur l’eau. La naissance se fait dans des eaux claires et limpides. L’environnement est calme et apaisant. Le petit d’homme voit son canot attaché à celui de ses parents. Les premières années de sa vie, lorsque celle-ci lui sourit, consistent pour lui à se laisser glisser doucement à la suite du canot parental dans une relative insouciance. Très vite, les eaux peuvent se montrer agitées.

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La descente demande le franchissement de quelques petits rapides. Arrivé à l’adolescence, le canot est impatient de naviguer seul et libre. Une fois détachée de ses parents, la personne peut soit se laisser porter par le courant soit se laisser influencer par les autres canots qu’elle rencontre soit choisir ses trajectoires et le rythme de sa descente. Laisser le flux décider, c’est s’exposer à plusieurs risques : ! être immobilisé pendant un certain temps dans une zone peu mouvementée ou à contre-courant, ou encore dans des enchevêtrements de branchages ; ! se retrouver dans des rapides à gros volumes, ballotés par des vagues monstrueuses ; ! s’engager vers une cataracte ou une chute d’eau importante… Certaines personnes immatures (donc qui ne maîtrisent pas leurs peurs) se tapissent au fond de leur canot en priant pour sortir vivantes de l’épreuve. D’autres personnes immatures rament en regardant vers le passé, dos à l’amont, sans anticiper, sans se préparer, grisées par la vitesse et le bruit de l’eau. Les personnes matures regardent devant le canot, au loin, les trajectoires. Elles observent les courants et les vagues. Elles anticipent, dirigent, gouvernent, utilisent leurs avirons pour freiner ou accélérer au besoin. Il faut souhaiter à tout homme et à toute femme sur cette terre de faire le plus agréable et le plus long voyage. Par la maîtrise de ses peurs et l’utilisation de celles-ci comme source d’énergie, le canot trouvera les ressources pour s’orienter, pour avancer plus vite et plus sûrement vers une destination choisie ou rêvée. Sans perdre de vue que la fin du voyage peut arriver à tout moment, mais finira toujours par arriver. Souhaitons qu’il coule paisiblement arrivé à un grand lac ou une mer calme après une navigation riche en découvertes et en expériences. La mort fait par conséquent partie du programme et n’est pas optionnelle. Se protéger de l’eau, des rochers, des chocs et des chutes avec un système de protection totale ne permet pas de profiter pleinement de l’opportunité de la vie et de la possibilité de progresser et d’évoluer. Cette hyper-protection finira soit par se déchirer ou se désintégrer à force d’être soumise aux contraintes et épreuves que son propriétaire ne cherchera pas à anticiper et à éviter, soit restera à stagner dans des eaux sans mouvements au milieu de débris, de déchets et d’immondices flottants.

Développons notre résilience et notre conviction de notre aptitude à surmonter les épreuves de la vie « La véritable sécurité consiste à apprécier l’insécurité de la vie ». M. Scott Peck Extrait du « The Road Less Traveled » En fait, au lieu de se protéger derrière une armure pour éviter de ressentir une souffrance émotionnelle, il est préférable d’utiliser nos ressources à faire les efforts

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nécessaires pour faire face à d’éventuelles agressions émotionnelles et faire preuve de résilience. Cette capacité permet de rétablir ou maintenir un état d’équilibre optimal dans un environnement dynamique à l’origine de difficultés, de tensions, d’épreuves multiples à surmonter. La résilience permet à une personne de rebondir et, dans une certaine mesure, de grandir à la suite de cette expérience. Elle est essentielle pour vivre pleinement et le plus agréablement possible sa vie. Perception des événements personnels Choc, épreuve, crise, difficulté…

Résilience

Temps

Pour estimer sa capacité de résilience, il faut analyser son passé. Plus le retour à la sérénité, à l’équilibre a été rapide, plus la résilience était bonne. Par contre, si chaque épreuve, même de faible importance, demande un temps et des efforts considérables pour la surmonter, il faut au plus vite et au mieux acquérir cette compétence capitale. Et si l’être humain décidait d’intégrer l’inéluctable, ce néologisme qui signifie : « contre quoi on ne peut lutter », plutôt que de chercher à s’en protéger ou de perdre son énergie dans un combat perdu d’avance. L’acceptation de la mort, de sa propre mort est le stade ultime de cette intégration de l’inéluctable. Mais, il existe bien d’autres éléments contre lesquels il ne sert à rien de lutter. En présence d’un pneu crevé, il ne sert à rien de lui donner des coups de pied. Si un accident récent provoque un embouteillage colossal, il est inutile de se fâcher avec les autres usagers de la route ou de s’en prendre aux autorités… Faut-il pour la cause tout accepter sans chercher à l’éviter ou à lutter ? Bien sûr que non. Par contre, nous pouvons intégrer ce qui est réellement inéluctable. Pour l’intégrer, il faut initialement l’accepter sans opposer de résistance puis diriger les événements et/ou les personnes. Cette approche est inspirée du Tai chi chuan. L’énergie émise ou transmise par l’autre n’est pas contrecarrée ou modifiée. Elle est simplement reçue et transférée, un peu comme le ferait une prise de terre ou un

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paratonnerre. Aucune résistance, aucune opposition, aucune contre-énergie n’est produite. Donc, si une personne hurle parce qu’elle est en colère, il faut la laisser exprimer cette colère. Elle doit pouvoir sortir. Puis, sans chercher à la calmer ou à la dominer le plus rapidement possible, la colère va progressivement se disperser, s’évaporer ou se dissoudre. Une fois cette étape réalisée, il faut reprendre doucement et fermement le contrôle de la situation et/ou de la personne sans agressivité, sans menace avec une maîtrise de soi excellente. L’armure émotionnelle fait office de cage de Faraday mais elle ne permet pas d’en sortir et d’interagir de manière optimale avec son environnement. Si l’énergie envoyée par l’autre n’est pas de l’électricité mais de la chaleur ou des chocs, l’armure risque d’être sérieusement endommagée. Sans armure, l’être humain conserve toute sa souplesse d’adaptation et sa liberté d’action et d’interaction. Intégrer l’inéluctable, c’est s’adapter ou évoluer pour l’intégrer dans son corps et son esprit. Un peu comme un liquide ou une masse gélatineuse intégrerait un autre élément, non pas en s’écartant pour lui laisser une place mais en évoluant, en se transformant pour l’incorporer dans une nouvelle composition à la suite d’une réaction chimique. L’intégration crée une nouvelle réalité. Prenons le cas d’un événement imprévu et inéluctable : le décès d’un être cher à la suite d’un accident d’avion. L’intégration doit être la première étape de la résilience. Il faut accepter le plus rapidement possible la réalité de cet événement. La refuser, c’est courir le risque d’un déni qui pourrait mener à la psychose. L’acceptation de la colère ressentie face à ce qui semble une injustice terrible est également nécessaire. Cette colère a le droit d’exister mais elle ne doit pas conduire à des actes regrettables ou répréhensibles. La tristesse doit également être non seulement acceptée mais aussi exprimée tout comme la colère mais dans des limites raisonnables et responsables. Cette première phase d’acceptation doit après cela passer le relai à une phase de prise en main, de contrôle de son existence, de reconstruction. La perte ou le décès est un « corps » qui vient se plonger dans le nôtre. Il faut lui laisser une place mais il faut l’intégrer sans le rejeter et réaliser les transformations internes qui permettront de vivre avec ces évolutions. Il faut penser à l’avenir, se fixer de nouveaux objectifs ou reprendre ceux qui nous tenaient à cœur avant cet événement. Se protéger à l’avance ne sert à rien. Se replier sur soi, dans son armure pour ne plus souffrir n’a aucun sens. Ce n’est pas en s’enfermant sur soi-même, en refusant tout contact émotionnel que la souffrance disparaîtra ou qu’elle n’apparaîtra plus dans le futur. Par contre, l’intégration, par les transformations provoquées, rend la personne plus forte, plus solide pour faire face à de nouvelles épreuves. Rester sans réaction, pour subir passivement, pour laisser les événements, les circonstances, les autres décider à notre place ou conduire notre existence est beaucoup plus inefficace et dangereux que de gérer après avoir absorbé. Cependant, il ne faut pas inversement vouloir tout contrôler. Il faut accepter de ne pas avoir de prise sur certains événements. Il faut également accepter pleinement que rien n’est définitif ou éternel. Cela est particulièrement vrai pour l’amour, les connaissances ou compétences acquises, la santé… En conclusion, la capacité à faire preuve de résilience et à intégrer l’inéluctable (y compris le fait d’accepter la mort) constituent deux clés essentielles pour faire face à

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tous les défis de l’existence et justifient l’abandon de toute protection passive de type « armure émotionnelle ».

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Clés pour s’élever 6ème toolbook

Rayonnement Pour te libérer de ton armure émotionnelle, deviens un soleil ! « Il y a deux catégories d'êtres intelligents : ceux dont l'esprit rayonne et ceux qui brillent : les premiers éclairent leur entourage, les seconds les plongent dans les ténèbres ». Marie von Ebner-Eschenbach Extrait des « Aphorismes » L’image de l’armure émotionnelle m’a été inspirée par un homme d’affaires remarquablement intelligent tant sur les plans rationnel qu’émotionnel. Son hypersensibilité représentait à ses yeux une faiblesse majeure et même un handicap pur et simple. Pour se protéger, il veillait à accumuler continuellement des « plaques de protection » qui finissaient par constituer un blindage d’une épaisseur considérable. Ce « robocop » (voir « Clés pour s’élever » n°5 consacré à l’« Armure émotionnelle »), en apparence humain, évitait non seulement d’échanger la moindre émotion avec autrui, mais il mettait tout en œuvre pour décourager qui que ce soit d’établir un contact émotionnel avec lui. Il ne prenait en considération que la raison, les arguments et faits objectifs et les développements logiques et structurés. Toute autre approche ou communication représentait une perte de temps au minimum et un danger au maximum. Lors des deux premières séances d’accompagnement individuel, j’ai essayé de le convaincre d’abandonner son blindage émotionnel. Pour y arriver, j’ai fait appel aux arguments suivants : " vous (re)trouverez la capacité à exprimer de manière optimale et opportune vos émotions ; " vous écouterez, reconnaîtrez, comprendrez mieux les émotions d’autrui ; " vous communiquerez de manière beaucoup plus efficace et agréable qu’aujourd’hui ; " vous développerez au mieux certaines compétences émotionnelles ; " vous serez davantage apprécié par les autres, vous vous sentirez moins seul ou moins mis à l’écart ; " vous vivrez plus pleinement votre existence et vous serez plus épanoui ; " … Il me répondit : « Mais, vous êtes fou ! Si je sors sans mon armure, je risque d’être anéanti par la première flèche émotionnelle qui me touchera. »

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À la troisième séance, j’ai choisi d’aborder le problème sous un autre angle. Au lieu de le convaincre d’abandonner son blindage émotionnel, je lui ai proposé de devenir un soleil. Très surpris, il me demanda ce que j’entendais par « devenir un soleil ». Un soleil n’a pas besoin d’armure. C’est une centrale de fusion nucléaire qui dégage une énergie considérable. Aucune structure de protection classique ne pourrait résister à un tel dégagement de chaleur. Elle disparaîtrait par fusion ou, peut-être même, par sublimation. Le soleil est la force, la puissance, l’énergie première. Aucune protection ou défense n’est nécessaire. Être un soleil, c’est rayonner plutôt que de conserver, c’est vivre plutôt que de survivre. Devenir un soleil, c’est ne plus craindre les autres, leurs paroles, leurs comportements… L’armure disparaît ou, plus exactement, n’a plus lieu d’être. L’être humain devient une source d’énergie qui s’autoalimente et qui rayonne puissamment. Le soleil est essentiel à la vie, à la photosynthèse. Il réchauffe, il illumine. Devenir un soleil, c’est apporter de la lumière à autrui, le guider et aussi le réconforter, lui remonter le moral, le stimuler, l’encourager. S’il apporte du positif, il ne fait pas bon s’y attaquer car il brûle plus ou moins fortement toute personne qui tente de l’affaiblir ou de le détruire. Sous l’angle strict de la sécurité, l’armure émotionnelle représente une protection passive alors que le soleil constitue une protection active.

Le soleil trouve son énergie en son cœur « Le soleil extérieur a soif du soleil intérieur ». Jakob Böhme Que faut-il faire pour devenir un soleil ? Le « soleil » humain est formé de deux structures : le noyau et les couches de diffusion ou de radiation.

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Le noyau représente la base, le socle, les fondations de ce soleil. Ce cœur produit l’énergie. Dans le soleil de notre système solaire, le noyau est le siège des réactions de fusion nucléaire. Cette partie est la plus chaude (15 millions de degrés centigrades). Il y règne une pression intense de 340 milliards de bars. Les couches de radiation transportent l’énergie par rayonnement. Au niveau de notre étoile, c’est un peu plus complexe car il y a, du centre vers la périphérie, une zone de rayonnement puis une zone de convection, la photosphère, la chromosphère et, enfin, la couronne. Comme il s’agit d’une métaphore ou d’une analogie (l’être humain est un soleil), il est permis de prendre quelques libertés avec l’exactitude et la vérité scientifiques de la composition de notre astre.

Quelle est ma valeur ? « On a peu d'estime pour soi-même quand on la refuse aux autres ». Laure d’Abrantès Étudions ces deux structures. Commençons par le noyau. Il correspond à l’estime de soi. Cette compétence émotionnelle est définie dans le dictionnaire Littré comme suit : « La juste opinion de soi que donne une bonne conscience. La source de toutes ses consolations est dans l'estime de lui-même. » Le même dictionnaire définit le verbe « estimer » en ses mots : « Déterminer sa propre valeur. » L’estime de soi est donc l’appréciation faite par une personne de sa propre valeur. Il est donc essentiel d’avoir conscience de sa valeur et de l’apprécier pleinement pour être un soleil. L’estime de soi se construit dès la naissance.

L’enfant prend très tôt conscience de sa valeur. Celle-ci est basée sur la qualité et la quantité d’amour maternel qu’il reçoit. En effet, plus sa mère l’aime d’un amour profond et sincère plus sa valeur est grande. Car, s’il n’avait pas de valeur, sa mère nourricière, non seulement ne l’aimerait pas mais elle pourrait le laisser mourir. À la naissance, nous sommes des organismes vivants porteurs d’une multitude de capteurs, de senseurs, de dispositifs chargés de percevoir tous les signaux qui nous permettent d’interpréter et d’analyser notre environnement et les êtres vivants qui nous entourent.

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Cet amour maternel est, en quelque sorte, le cœur du noyau. Les enfants qui ont la chance de vivre entourés de cette forme d’amour ont une très grande estime d’euxmêmes. Lorsque cet amour prend des proportions excessives, l’estime de soi du futur adulte sera considérable et presque indestructible. Les mères qui déifient leur progéniture, construisent des êtres profondément convaincus de la supériorité de leur valeur. Malheureusement, ces mères sont aussi très possessives et très jalouses. Elles supportent difficilement, voire pas du tout, l’éloignement de leur enfant et la rupture du cordon ombilical ou du lien maternel. Cet excès d’amour peut créer des enfants-rois, égocentriques, peu ou non respectueux des règles et d’autrui et parfois violents. Cela arrive le plus souvent suite à de frustrations consécutives au jugement négatif des autres sur leurs comportements. L’amour maternel représente une source essentielle pour produire l’énergie primitive liée à l’estime de soi. Mais il doit être raisonnable et la maman doit privilégier la qualité de son amour (diversité des échanges verbaux et non verbaux : regards, contacts physiques doux et tendres, complicité…) à la quantité (nombre de signes ou de démonstrations d’amour). Si l’enfant reçoit peu d’amour de sa maman ou n’a pas la chance de recevoir cet amour, son soleil ne disposera pas de la quantité optimale de matière utile pour provoquer et entretenir la fusion nucléaire nécessaire à son rayonnement. Heureusement, il existe d’autres sources de « matière » pour réaliser ces réactions de production d’énergie. L’enfant pourra peut-être très tôt compter sur un amour complémentaire ou alternatif. Son père, un frère ou une sœur, un grands-parents peut l’aimer profondément et lui apporter les preuves indirectes qui lui permettront de prendre conscience de sa valeur. Il cherchera certainement à comprendre, peut être même toute sa vie, la raison pour laquelle sa mère ne l’aimait pas autant que ce « complément » ou pas du tout. Cependant, il sera conscient qu’il est un être de valeur pour ceux qui l’aiment. Si malgré cet ou ces amours de substitution, il n’arrive pas à développer l’estime de lui-même arrivé à l’adolescence ou à l’âge adulte, il a encore une chance importante de recevoir de l’amour de la part d’un ou d’une partenaire. L’amour de cette personne constitue une preuve de sa valeur à ses yeux. Un amour alternatif génèrera un niveau comparable d’estime de soi si la personne place cet amour au même niveau d’importance qu’un amour maternel. Il arrive d’ailleurs très souvent que l’amour du petit ami, de la petite amie ou du conjoint contribue, à un certain âge, plus fortement à la construction de l’estime de soi que l’amour d’une mère. L’estime de soi, c’est aussi s’accepter et donc accepter son niveau de potentiel, de talent, de don, d’intelligence. C’est accepter par conséquent ses limites. C’est aussi accepter ses défauts, ses faiblesses, ses handicaps. Cela peut prendre une forme très simple, notamment pour les jeunes filles ou les femmes. Le fait de prendre soin de son corps, de son visage, de ses cheveux, de se faire belle et d’aimer l’image que renvoie le miroir contribue à s’aimer et à s’accepter tel que l’on est. Le but ici n’est pas de tricher mais de souligner ses points forts, de mettre en évidence ses atouts, de (se) les révéler pour faciliter une prise de conscience. De beaux yeux méritent d’être mis en valeur. Toute personne possède un trait, une qualité, une caractéristique qui mérite d’être souligné. Même si la personne

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aimerait être plus jolie, plus svelte, plus sexy…, elle peut transformer ce qu’elle pense négatif en positif. Michel Simon n’était pas particulièrement beau. Jean-Paul Belmondo non plus, d’ailleurs. Et les françaises sont, pour la très grande majorité d’entre elles, d’accord sur le fait qu’Alain Delon était un plus bel homme que lui. Pourtant, ces deux acteurs ont réussi à exploiter leur « gueule » pour les rendre très sympathiques et même très touchants. Une clé essentielle pour arriver à s’accepter est de ne pas ou de ne plus se comparer à autrui. Cela est valable aussi bien pour l’apparence que pour les performances physiques ou pour les talents ou autres potentiels, y compris le potentiel intellectuel. Un jour, un jeune adolescent de quinze ans, éperdument amoureux d’une jeune fille de son école, lui demanda : « Mais qu’est ce que tu lui trouves à ce type-là ? Pourquoi préfères-tu sortir avec lui qu’avec moi ? Il n’est pas plus beau, plus intelligent, plus fort que moi. Tu sais très bien que je lui suis supérieur en tout. Je suis capitaine de notre équipe de handball. J’ai de meilleurs résultats scolaires que lui… Alors ? » « Alors quoi ? », lui répondit-elle. « Je n’ai pas à justifier mes choix mais si tu tiens à le savoir, il a une qualité que tu n’as pas ». Le jeune homme chercha quelques secondes mais il ne trouva pas la qualité exceptionnelle qui lui enlevait toute chance de la séduire. « Il me fait rire ! Il est drôle », finit-elle par dire. « Et, c’est tout ? », voulut-il savoir. « Non, mais je ne voulais pas te décourager. Mais, pour info, il est cool. Il est sûr de lui. Il prend le temps de m’écouter. Nous passons de longues heures à discuter… ». Nous sommes toutes et tous différents. Albert Einstein dit un jour : « Tout le monde est un génie. Mais, si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre. Il passera sa vie à croire qu’il est stupide. » Un autre outil de développement de l’estime de soi consiste à ne pas lier sa valeur à ses performances. Il est donc essentiel pour les parents de ne pas associer les résultats de leur(s) enfant(s) à leur valeur. En réalité, les enfants y pensent spontanément et inconsciemment. Une mère ou un père qui traite son enfant de médiocre parce qu’il ne réussit pas aussi bien qu’attendu devrait être sévèrement rappelé à l’ordre. Une petite fille revint un jour de l’école en pleurant. La raison de son chagrin : un huit sur dix en élocution. Ce résultat était-il décevant ou mauvais dans l’absolu ? Non. Mais alors, pourquoi pleurait-elle ? Parce qu’elle avait peur de la réaction de ses parents lorsqu’ils apprendraient qu’elle n’avait pas obtenu le meilleur résultat de sa classe. Pour cette petite, sa valeur aux yeux de son père et de sa mère dépendait de ses performances. Certaines cultures, notamment anglo-saxonnes, lient étroitement performances et valeur de l’individu. Aux États-Unis, il n’est pas rare qu’une personne pose la question : « Combien gagnez-vous ? » Dans cette logique, ma rémunération est liée à ma valeur. Moins je gagne d’argent, moins j’ai de valeur et réciproquement. Tous les américains n’associent heureusement pas la valeur d’une personne au montant de ses revenus ou de sa fortune. Un conférencier américain prit un jour dans sa poche un billet de vingt dollars. Il le tint à bout de bras et s’adressa à l’assistance : « Voilà vingt dollars. Je suis prêt à l’offrir. Qui le veut ? » Immédiatement, une forêt de mains levées s’est dressée devant lui. Il prit le billet et le chiffonna. Il proposa à nouveau le papier chiffonné. Le même nombre de mains levées se dressa devant lui. Il jeta le billet sur le sol, le piétina ce qui eut pour effet de le salir et même de le déchirer quelque peu. Il tendit

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à nouveau le billet de vingt dollars en piteux état et renouvela sa proposition de l’offrir à celui ou celle qui le demanderait. Le nombre de personnes intéressées était toujours le même. Il finit par leur dire : « Chacun de nous est un billet de banque. Notre valeur ne dépend pas de notre apparence. Qu’il soit neuf, chiffonné, sale ou déchiré sa valeur n’a pas changé. Il vaut toujours vingt dollars. Nous connaissons toutes et tous des hauts et des bas. Nous réalisons des erreurs. Nos comportements ne sont pas toujours exemplaires. Nos performances ne sont pas non plus en croissance constante. Pourtant, nous restons une personne de valeur comme ce billet. » Cette anecdote est sympathique, mais elle mérite d’être complétée. En réalité, la valeur d’une personne n’est pas constante. Plus elle acquiert, dans le respect de ses limites de potentiel, des nouvelles connaissances, des compétences, des expériences et un niveau de maîtrise supérieur plus sa valeur augmente. Celle-ci est indépendante du niveau atteint par d’autres personnes. Le progrès, aussi modeste soit-il, contribue à augmenter la valeur d’une personne par rapport à ses propres référentiels. L’estime de soi peut également se renforcer par l’acceptation de l’image positive que les autres nous renvoient. Être estimé(e), être apprécié(e) par d’autres nous autorise à penser que nous avons une certaine valeur à leurs yeux. L’acceptation des compliments, des félicitations, des marques de reconnaissance permet de développer l’estime de soi. L’amour que les autres nous donnent participe à renforcer notre estime si nous sommes capables de le reconnaître et de l’accepter pleinement. Certaines personnes, et certaines femmes plus particulièrement, n’utilisent pratiquement que cette seule approche pour l’entretien et, éventuellement, le développement de l’estime de soi. Elles cherchent chez les autres un reflet positif d’elle-mêmes. Les autres sont en quelque sorte des miroirs. Il existe des miroirs « flatteurs » qui gomment les imperfections et d’autres « cruels » qui mettent en lumière ce qu’elles aimeraient ne pas voir. L’image du miroir est présentée sous la forme de messages verbaux et non verbaux. Un regard admiratif suffit pour rassurer et (re)prendre conscience de sa valeur. Certains « miroirs » sont plus aptes que d’autres pour communiquer l’image attendue par la personne en quête d’estime de soi. Lorsqu’une personne manque d’estime de soi, il lui arrive de ne pas vouloir prendre en compte les images positives d’elle-même présentées par certains. Autrement dit, le porteur du « miroir » a son importance. Si une femme, en manque profond d’estime de soi, doute de sa capacité à être aimée de l’homme de sa vie, elle cherchera constamment à être rassurée en recherchant chez les autres hommes les images qui lui confirment sa valeur. Autrement dit, le recours au miroir peut être très dangereux, surtout s’il constitue le seul outil d’entretien ou de renforcement de l’estime de soi. Une excellente estime de soi rend les personnes plus résilientes, plus résistantes aux épreuves de la vie, au stress et au harcèlement moral. Elle conduit à la conviction qu’il est toujours possible de se sortir des difficultés, et ce quoi qu’il arrive. L’estime de soi doit être entretenue. Pour cela, il faut faire preuve d’assertivité. Ce sujet sera développé dans le toolbook n°9 « Les bornes ». Pour ne pas éroder ou détruire l’estime de soi, il faut veiller à ne pas se juger, à ne pas se prendre pour Dieu.

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Dieu existe…je le rencontre tours les jours ! Chaque fois qu’une personne se permet de juger une autre, elle se place au-dessus de ses semblables. L’être humain ne peut juger autrui, ce qu’il est ou ce qu’il vaut. Il ne peut juger que les faits et les actes de celui-ci en regard des lois démocratiquement votées. Seul Dieu, s’il existe, peut, selon le dogme catholique, juger les êtres humains. Si une personne s’autorise à juger les autres, elle se permet de faire ce que seul Dieu peut faire. Elle se prend donc pour Dieu. Elle a donc des soucis à se faire et ferait bien de consulter rapidement l’un ou l’autre spécialiste de ce genre de troubles. Mais, même s’ils évitent de juger les autres, certains continuent à se prendre pour Dieu. Il est présent dans leur cerveau ou plus exactement dans leur conscience. S’ils laissent ce Dieu, locataire de leur conscience, les juger, ils continuent à s’autoriser à se prendre pour Lui. L’être humain n’a pas le droit de se juger et encore moins de se condamner. Alors qu’en réalité, toute personne s’est, un jour ou l’autre, permis de se juger et de se condamner. La peine infligée est toujours la plus lourde. Ce Dieu n’écoute pas la défense, réalise une instruction uniquement à charge, ne prend pas en considération les circonstances atténuantes, ni les regrets, ni les promesses de progrès…rien. « Vous serez condamné », dit ce Dieu, « à souffrir jusqu’à la fin de vos jours de culpabilité, de remords, de chagrin… ». De quel droit laisser ce Dieu nous juger de la sorte ? Nous ne sommes que des êtres humains imparfaits. Il nous appartient de prendre les leçons du passé, de progresser pour éviter de reproduire les mêmes erreurs, les mêmes fautes. Mais il est impossible d’être en permanence irréprochable. Par conséquent, il faut éviter à tout prix de se juger et de se condamner plus sévèrement que la justice humaine le ferait. Ce n’est pas une raison pour s’autoriser tous les comportements et tous les excès, ou pour ne pas respecter les valeurs morales, les lois, les règles. Par une appréciation juste de nos écarts, de nos erreurs et de nos fautes, et par la mise en œuvre des actions de progrès nécessaires pour les éviter à l’avenir et pour corriger ce qui peut l’être, nous préservons notre estime de soi.

L’arrogance est un signe de manque de confiance en soi « Les arrogants ne font rien d'autre que d'édifier des châteaux où ils cachent leurs craintes et leurs doutes ». Frank Herbert Extrait du « Les enfants de Dune » Si le cœur du soleil correspond à l’estime de soi, la confiance en soi se développe en couches successives de radiation ou de rayonnement.

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La confiance en soi est associée à des aptitudes et des résultats alors que l’estime de soi est basée sur la notion de valeur. Le dictionnaire Littré définit la confiance en soi comme un « sentiment qui fait qu'on se fie en soi-même ». Cette compétence émotionnelle confère de l’assurance. Une des meilleures façons de développer la confiance en soi consiste à réussir. Réussir des tests, des examens, des études, à surmonter des épreuves, à obtenir ce que l’on désire… contribue à forger petit à petit notre confiance en nous. Il faut réussir pour soi et non pour les autres ou pour épater les autres. Pour cela, il faut se fixer des objectifs réalistes et réalisables. Distinguons ces deux adjectifs : " réaliste : signifie « qui a le sens des réalités ou« qui est du domaine du réel » ou encore « qui conserve les pieds sur terre ». Un objectif réaliste transforme une vision, un rêve en réalité. " réalisable : selon le dictionnaire Littré signifie « qui est susceptible d’être réalisé ». L’acronyme REVES permet de conserver à l’esprit les critères essentiels à prendre en considération pour fixer ce type d’objectifs. Les objectifs doivent être : R pour Réalistes et Réalisables : l’appréciation de ce critère se fait par l’estimation des ressources disponibles (ressources personnelles (y compris connaissances, compétences, expériences mais également ressources physiques…), ressources externes (humaines, matérielles, financières…) et ressources temps) E pour Echéants : tout objectif doit être réalisé dans un délai déterminé. Il faut par conséquent toujours préciser le temps limite à respecter. V pour Vérifiables : il faut pouvoir vérifier la réalisation de l’objectif de la manière la plus objective possible.

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E pour Emotions : les objectifs doivent prendre aux trippes, être très motivants. S pour Sens : les objectifs doivent avoir un sens, une raison d’être, s’inscrire dans une logique de progrès, de développement. Les objectifs doivent être choisis de préférence, surtout pour construire la confiance en soi dès le départ, dans le ou les domaines qui correspondent le mieux à la personne. Il faut donc éviter de se fixer des objectifs impossibles à atteindre. Cette approche est très destructrice et ses conséquences peuvent être mortelles. Un dirigeant ou un cadre qui fixerait des objectifs systématiquement irréalisables par ses collaboratrices et collaborateurs mérite d’être accusé de meurtre et peut être même d’assassinat s’il l’a fait avec préméditation et en toute conscience. La raison de cette prise de position est basée sur le constat de la perte progressive de confiance en soi de la personne en échec permanent de réalisation des objectifs inatteignables. Cette perte de confiance en soi peut la conduire à prendre la décision de démissionner. Dans ce cas, c’est un moindre mal, mais il s’agit ni plus ni moins d’une forme de harcèlement moral condamnable par la loi. Mais, si cette personne en perte de confiance décide de conserver son emploi, par exemple suite à ce que j’appelle l’effet « succion » lié à une grande sécurité d’emploi, à un salaire intéressant, à de nombreux avantages…, les échecs successifs et la perte de confiance consécutive peuvent être tels qu’ils érodent l’estime de soi de cette personne. Lorsqu’elle perd l’estime d’elle-même, la dépression et le suicide ne sont plus très loin. Le meurtrier ou l’assassin n’est pas forcément celui qui appuie sur la gâchette. Pour installer au mieux une couche de confiance en soi, il faut accepter de capitaliser pleinement sa réussite ou son succès. Certaines personnes particulièrement exigeantes avec elles-mêmes ou perfectionnistes, lorsqu’elles atteignent un objectif souvent très difficilement réalisables, ont quelques difficultés, parfois même d’énormes difficultés, à accepter d’engranger toute la portée positive de la réalisation d’une tâche, de la réussite d’un projet ou de l’atteinte d’un but. Même si l’entourage admire le résultat ou la performance, ces perfectionnistes ont tendance à minimiser l’importance de la réussite. Au lieu de capitaliser 100 % de celle-ci, ils considèrent que cela vaut peut être 70 – 60, voire 50 % tout au plus. Donc, ils éprouvent des difficultés à créer ces couches de confiance en soi en premier lieu parce qu’ils ont tendance à se fixer des objectifs inatteignables et ensuite parce qu’ils refusent d’admettre leur réussite pleine et entière. La capitalisation de la réussite passe par une auto-évaluation régulière. Même si l’évaluateur est à la fois juge et partie, il doit prendre le temps de s’interroger sur ses actes, ses propos et ses comportements. Un patron américain avait constaté qu’il recevait de moins en moins de critiques et plus aucun compliment depuis déjà un certain temps. Comme son entourage ne lui apportait plus ces sources d’amélioration et de motivation, il décida un jour de s’imposer une routine. Tous les samedis, en début de soirée juste après le repas, il s’enfermait dans son bureau et il passait en revue toutes ses activités de la semaine pour apprécier la qualité de ses prestations. Dans un tableau, il répartissait ses actions dans deux colonnes : actions positives – actions négatives. À la fin de cette auto-évaluation, il relisait le contenu de son tableau une première fois puis il pliait la feuille en deux dans le sens de la longueur pour séparer les éléments positifs et

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négatifs. Il prenait alors tout son temps pour relire attentivement toutes les actions positives retenues. L’objectif principal de ce patron était de prendre conscience et d’enregistrer tous les résultats positifs afin de consolider ou de développer sa confiance en ses aptitudes. En plaçant les points négatifs derrière les points positifs, il tournait en quelque sorte la page de ses prestations non satisfaisantes. Comme le passé ne pouvait être corrigé ou amélioré, il n’avait donc plus d’intérêt selon lui. Mieux valait se concentrer sur le positif et penser à l’avenir. Les êtres humains ont tendance à se focaliser sur leurs erreurs, leurs manquements ou leurs fautes. Ils accordent beaucoup moins d’importance à leurs réussites et à leurs succès. Cela peut aller jusqu’à un désintérêt profond pour les résultats positifs. Sur base de ce modèle d’auto-évaluation, je propose à mes clients ! de hiérarchiser l’estimation des prestations réalisées " + + + = exceptionnelles (performances remarquables, par exemple : discours ou prise de parole hors du commun, négociation très délicate aboutissant à un accord satisfaisant pleinement toutes les parties, décision très importante prise dans les meilleurs délais malgré la complexité et le nombre de paramètres à prendre en considération…) " + + = très bonnes (par exemple : vente réussie auprès d’un client difficile, proposition d’une solution très efficace pour résoudre un problème, écoute très attentive malgré une fatigue émotionnelle certaine…) " + = bonnes (par exemple : tâche complètement et correctement réalisée dès la première fois sans procrastination, respect de ses engagements, rangement systématique de son bureau après chaque fin de tâche…) " − = mauvaises (par exemple : recherche de l’efficacité sans chercher l’efficience, mauvaise exploitation de ses ressources propres, communication imprécise et non structurée, tendance à être sarcastique…) " − − = très mauvaises (par exemple : arrivée tardive lors d’une réunion, non-respect d’un délai de réalisation, décision reportée, transmission d’une tâche sans avoir communiqué le sens, non-respect des principes à suivre pour vivre en harmonie avec autrui, ironie…) " − − − = exécrables (par exemple : manque de respect d’autrui, manque d’éthique ou de moralité, reproduction d’une erreur ou d’une faute, manque profond et soutenu de maturité et de maîtrise de soi, absence de décision, transmission de son stress autour de soi, cynisme…) ! d’ajouter deux colonnes au tableau. S’il est important de se concentrer sur le positif pour développer la confiance en soi, il ne faut pas pour autant oublier de tirer les leçons du passé. Les colonnes « origine » du constat négatif et « solution » pour éviter de reproduire celui-ci viennent donc compléter le tableau initial.

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Positif

Négatif

+++

−−−

++

−−

+

Origine

Solution

Ces colonnes additionnelles m’ont été inspirées à la suite d’une expérience professionnelle. Une cliente, particulièrement stressée et désorganisée, reconnaît ne pas réaliser les efforts nécessaires pour éviter le désordre au niveau de son environnement de travail. Après lui avoir présenté les principes et règles à respecter pour maintenir propre et bien rangé son espace de bureau, elle déclare vouloir les mettre en œuvre aussi vite que possible. Lors de la séance d’accompagnement individuel suivante, elle avoue ne pas avoir encore rangé son cadre de travail. Elle prétend ne pas avoir eu le temps de le faire. Cette justification a été balayée immédiatement par cette réplique : « Ce n’est pas une question de temps mais une question de priorité. » Ranger n’était de toute évidence pas une tâche ou un ensemble de tâches à placer en haut de la pile de ses actions à réaliser. Le tableau ci-dessus lui a été présenté et nous l’avons complété ensemble. Elle estima mériter un « moins » pour ne pas avoir rangé son environnement de travail professionnel. Dans la colonne « Origine », elle considéra que la cause première de cette situation était un surcroît de travail passager. Dans quelques jours, tout au plus, elle pourrait libérer un peu de temps pour mettre en œuvre ce rangement. Elle promit donc de s’exécuter au plus tard pour la fin de la semaine suivante. La séance d’accompagnement tombait une semaine après ce délai fixé. Elle arriva toute penaude et déclara : « Je mérite un deux « moins » au minimum. » Elle ne trouva pas d’autre cause à ce manquement et déclara s’engager à ranger son bureau le lendemain au plus tard. À l’avant-dernière séance, son ton agressif dès ses premières paroles m’indiqua qu’elle n’avait toujours pas appliqué les instructions. Pour éviter toute réaction négative de ma part, elle jura de ranger son espace de travail dès son retour au bureau. Non seulement, elle n’évita pas les reproches mérités mais le dialogue suivant s’installa : mentor : « Vous l’avez sans doute remarqué… ; le tableau n’offre pas de possibilités supérieures à trois « moins ». Ce niveau représente le pire, l’inacceptable, l’intolérable… Il n’y a pas de dix « moins », cinquante « moins », mille « moins »… Il faut absolument trouver une solution pour corriger ce désordre. cliente : « Que voulez-vous que je vous dise ? » mentor : « Surtout arrêtez de promettre ou de jurer quoi que ce soit ! Votre comportement immature vous conduit à ne pas respecter votre parole. C’est également inacceptable. Commencez plutôt par chercher la raison profonde, l’origine de votre inaction dans le domaine de l’ordre et du rangement. » cliente : « Je ne trouve pas. »

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mentor : « Et si l’origine était votre manque d’intérêt pour ce projet. « Pourquoi devrais-je ranger mon espace de travail ? Pour faire plaisir à mon mentor ? Franchement, rien ne m’oblige à cela ! » ou « Je me sens bien dans mon désordre ordonné ! », sont sans doute des pensées qui vous ont traversé l’esprit. Cherchez plutôt le bénéfice ou les avantages que vous pourriez tirer du résultat de vos efforts. » cliente : (long silence… puis) « Je crois avoir trouvé. Figurez-vous que ma collègue, dont le bureau est juste en face du mien, est actuellement en soins palliatifs. Il y a vraiment peu de chances qu’elle reprenne un jour ses fonctions. Lundi, une personne la remplacera et débutera un intérim de plusieurs semaines. Je n’ai pas envie qu’elle découvre mon désordre. Elle risque d’avoir une très mauvaise opinion de moi. Je rangerai, par conséquent, mon bureau avant lundi. » (origine : absence d’intérêt pour le projet solution : présenter un environnement plus ordonné et plus net pour faire bonne impression) mentor : « J’y crois. Je suis convaincu que vous rangerez votre bureau dans les meilleurs délais et au plus tard pour l’arrivée de votre nouvelle collègue. » À la dernière séance, la cliente déclara s’être octroyé deux « plus » car non seulement elle avait rangé son bureau, mais également celui de sa future collègue pour l’accueillir au mieux. Il faut aussi étudier les raisons et les conditions du succès. Le développement de la confiance en soi est d’autant plus efficace et rapide que les raisons et les conditions de cette réussite ou de ce succès sont connues. Pour pouvoir reproduire la réussite, il faut par conséquent, au cours de chaque autoévaluation, rechercher les causes profondes, la paramètres, les critères, les circonstances favorables à l’origine de celle-ci. De plus, si la personne pense que cette réussite est le résultat du hasard ou de la chance, elle peut refuser de la prendre en considération. Et donc, la réussite ne sera pas capitalisée ou très partiellement. Cette étude des raisons du succès devra être conservée pour servir de référence en vue de gérer un enjeu identique ou similaire, ou pour agir dans le cadre d’actions à mener pour réaliser un projet ou atteindre un objectif. Toutes les forces spéciales d’intervention et les forces d’élite réalisent un débriefing systématique après chaque mission. Que celle-ci se soit bien déroulée ou pas. Il faut connaître les raisons qui ont conduit à une opération réussie ou plus ou moins ratée. Ces débriefings sont conservés pour la formation des nouvelles recrues mais également pour servir de base à la mise en place d’une intervention déterminée. La non-capitalisation des réussites et donc la non-construction des couches de confiance en soi peuvent avoir pour cause un manque d’estime de soi. Plus celle-ci est faible, plus le « poids » des couches de confiance s’effondre et disparaît. Cela peut être comparé à un immeuble. S’il veut grandir et porter des étages supplémentaires, il doit avoir des fondations suffisamment solides.

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Autrement dit, il faut développer l’estime de soi pour pouvoir supporter la somme des couches de confiance qui s’appuient sur elle. Si l’estime de soi est très peu présente voire carrément absente, tout effort pour amener la personne à croire en ses capacités est voué à l’échec. Elle minimisera, ou même niera la réalité de sa réussite. Elle la placera sur le coup de la chance ou dira que les autres l’ont aidée. Elle pourrait aussi déclarer qu’ils exagèrent dans leur volonté de lui démontrer ses capacités à réussir les défis ou à surmonter les épreuves. Il faut aussi, par conséquent, continuellement entretenir l’estime de soi pour maintenir la confiance en soi. Cet entretien se fait principalement de trois manières complémentaires. En premier lieu, l’amour du conjoint ou de l’être cher joue un rôle essentiel au quotidien. Il nous rappelle que nous avons une valeur à ses yeux. Lorsque l’amour se fane, l’estime de soi disparait progressivement. C’est sans doute une des raisons qui pousse certaines personnes à l’infidélité. Elles recherchent cet amour d’autrui dans l’échange de regards, dans l’écoute de ses émotions, dans les gestes, dans les milliers de signes quotidiens, dans la complicité des jeux, dans le partage des passions… Si une personne nous donne tout cela, c’est qu’elle considère que nous en valons la peine, et comme le dit une marque de cosmétique célèbre : « Parce que nous le valons bien » ! Véritable coup de génie de la communication commerciale, si l’on sait qu’un grand nombre de femmes ont tendance à souffrir d’un manque d’estime de soi. La personne doit également continuer à s’accepter telle qu’elle est, sans se comparer aux autres ou à un modèle ou à une référence quelconque. Enfin, la personne doit en permanence faire preuve d’assertivité sous peine de perdre l’estime de soi et l’estime des autres par la même occasion. Les signes d’un manque d’estime de soi les plus significatifs sont : " une tendance à continuellement ;

s’autocritiquer,

à

se

dénigrer,

à

se

dévaloriser

" une non-satisfaction de soi plus ou moins permanente, tant au niveau de son apparence que de sa nature et de ses performances ; " des frustrations associées à l’impression d’avoir été privé de quelque chose ou à un sentiment d’injustice pouvant s’exprimer par de la tristesse, de l’envie, du mécontentement et même de la colère ; " un niveau excessif perfectionnisme ;

d’exigences

personnelles

et

une

tendance

au

" une hypersensibilité à toutes les critiques, même les plus insignifiantes, pouvant conduire à des réactions allant de l’irritabilité et à de l’agressivité ; " une peur continuelle de faire le mauvais choix, de prendre une mauvaise décision ou de faire des erreurs pouvant aller jusqu’à de l’immobilisme et à une indécision grave. Pour se donner les meilleures chances d’atteindre un objectif, et par conséquent pour développer la confiance en soi, il faut penser positivement. Il est essentiel de voir le succès, la réussite avant même de commencer les premiers pas vers le but fixé. Cette autosuggestion prépare le cerveau à l’action et à l’accomplissement des bons gestes et à la réalisation optimale des tâches. La pensée positive peut se mettre en formule :

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P

E

nxV

P pour Pensées E pour Expressions V pour Vécu n est une variable inconnue (variant de 1 à l’infini en valeur absolue) Donc, P donne E qui donne n fois V. Démonstration : P : Je n’ai pas envie d’aller à la réception ce soir. Je suis persuadé que je passerai une mauvaise soirée. E : Compte tenu de mes pensées, j’exprime, naturellement et inconsciemment, verbalement ou non, ma mauvaise humeur, mon désaccord. V : Je peux être certain de passer une soirée qui peut varier entre « pas terrible » à la « pire soirée de ma vie » n : C’est la variable inconnue qui fixera l’ampleur du vécu négatif. Autrement dit, lorsque mes pensées sont négatives, je suis quasiment certain de connaître un vécu, dans un futur plus ou moins proche, négatif à excessivement négatif. Marc Aurèle disait : « Notre vie est ce que nos pensées en font ». La pensée positive n’est par conséquent pas une découverte récente ! Pour susciter des pensées plus positives (notez que la phrase évite la formulation négative : « si vos pensées sont négatives… »), il faut sourire. Le sourire, par le positif exprimé, entraînera un vécu positif. Le sourire est un signe de paix, d’ouverture, d’apaisement. Il provoque des réactions positives autour de soi. Ces réponses positives nous offrent la possibilité de vivre plus sûrement du positif que le contraire. À partir du moment où nous vivons du positif, des pensées positives vont s’installer spontanément dans notre esprit. Pour sourire sincèrement et sur commande, il faut se créer une routine. Le sourire apparaît spontanément avec toute la sincérité voulue lorsque nous pensons à une histoire, une situation, un objet qui nous fait rire ou sourire à tous les coups. Ma routine consiste à penser à une boite à « meuh » !

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Chaque fois que j’y pense, elle me fait sourire. C’est ridicule peut être, mais çà m’amuse et c’est très efficace pour obtenir cette expression positive du visage. La confiance en soi se développe en sortant de son domaine de confiance, son environnement sécurisant. Il faut pouvoir prendre des risques qui ont un sens. Il faut oser raisonnablement et de préférence dans des activités qui ont une raison d’être. Participer à des courses de voitures comme dans le film « La fureur de vivre » (« Rebel without a cause » en anglais) en 1955 n’a évidemment aucun sens. Se lancer dans de nouvelles expériences permet d’identifier d’éventuels nouveaux talents. Avancer par étapes progressives et adaptées à son niveau de potentiel va permettre d’acquérir une plus grande confiance en soi. Il est surtout essentiel d’associer la prise de risques initiale à un succès. Si un cheval n’a jamais sauté d’obstacles dans sa vie, la première barre doit être placée sur le sol. Un échec, un sabot qui touche la barre ou, pire, une blessure et le chemin à parcourir pour développer la confiance en soi du cheval sera très long et peut être n’y parviendra-t-il jamais ? La barre sera progressivement placée à des hauteurs plus importantes pour confirmer la réussite. Lorsque le cheval aura atteint sa hauteur de confort, il faudra alors le motiver à prendre le risque de sauter une barre très légèrement plus haute. En cas d’échec, pour reconstruire la confiance, il faut veiller à placer les barres à franchir à la bonne hauteur. Lorsqu’une personne a gravement perdu la confiance en elle, il faut comme un cheval qui n’aurait jamais sauté d’obstacle, placer la barre sur le sol. L’objectif doit être réalisé à tout prix, l’obstacle doit être franchi sans toucher la barre, sans échec possible. La confiance en soi se reconstruit par les premiers nouveaux succès. La barre sera alors élevée très progressivement en maintenant une marge de sécurité suffisante afin d’amener la personne à reprendre doucement cette confiance perdue. Prenons l’exemple du vélo. Un premier essai réalisé en s’asseyant sur la selle permet de se rendre compte de la difficulté de rester en équilibre. Il est préférable que cette tentative se déroule en présence d’un adulte afin de prévenir toute chute éventuelle de l’enfant sur un vélo muni de deux petites roues latérales fixées au niveau de la roue arrière pour stabiliser le vélo et le maintenir en position verticale. Le défi lancé à l’enfant sera d’essayer de ne pas utiliser les roues de stabilisation en déplacement en ligne droite. Puis, une roue de stabilisation pourra éventuellement être enlevée. Enfin, toute assistance sera retirée et l’enfant devra trouver la manière de déplacer sa masse corporelle et le vélo pour conserver l’équilibre dans toutes les situations rencontrées. Plus les risques pris sont grands, plus la confiance gagnée est importante. Le cas de ce jeune homme de vingt-deux ans est très révélateur. Il s’était entendu dire, après un très mauvais résultat scolaire, par un ami de son père lorsqu’il avait onze ans : « Il y a deux catégories de personnes sur terre : les gagnants et les perdants. Tu choisis le groupe dans lequel tu veux te trouver. » Après de nombreux échecs, son niveau de confiance en soi et même d’estime de soi était tellement bas qu’il ne se voyait pas réussir des études supérieures et encore moins réaliser une grande carrière professionnelle. Il rencontra une jeune femme très intelligente. Elle fut très vite convaincue du potentiel de ce garçon et l’aida à réussir de justesse sa première année d’université. Juste après la proclamation des résultats de la deuxième année, elle lui proposa de passer une batterie de tests pour estimer

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son quotient intellectuel. Pour le jeune homme, il s’agissait d’une prise de risque extraordinairement importante. Si le résultat des tests montrait ce qu’il pensait être capable de réaliser, c’est-à-dire pas grand-chose, il risquait de perdre le peu de confiance gagnée ces deux dernières années. Par contre, si c’était l’inverse, les actions de sa confiance en ses capacités et en son potentiel connaîtraient une hausse remarquable. Il surmonta sa peur de l’échec et arriva à se concentrer sur les exercices. Quand il reçut les résultats des tests, il eut du mal à y croire. La seule personne à ne pas être surprise fut sa petite amie, heureuse et fière de son initiative. La confiance en soi doit intégrer l’acceptation de l’échec. Le droit à l’erreur ou à la non-réussite est fondamental pour non seulement consolider la confiance en soi acquise mais également pour permettre la prise de risques et donc la construction de nouvelles couches de rayonnement. Échouer est rarement catastrophique. L’échec peut avoir des conséquences graves mais il est surtout une source d’informations très utiles. La séduction est un bon exemple. Un refus ou un échec nous transmet des données qu’il faut savoir (avoir les connaissances nécessaires pour… dans le sens posséder un art ou une sciences pour…) et pouvoir (avoir la faculté, être capable, être en état d’…) écouter et analyser avec beaucoup d’attention. Cet échec peut être ressenti comme un rejet de sa personne. Mais, il peut aussi vouloir dire : ! « Écoute mieux. Sois moins centré sur tes propres désirs, tes attentes, tes objectifs » ; ! « Tes valeurs, tes centres d’intérêt, ta conception de la vie à deux sont très éloignés des miens » ; ! « Tu confonds l’attirance physique et l’amour » ; ! … Cet échec peut laisser des cicatrices ou être vécu comme une étape vers le grand amour. Seulement, il faut pouvoir accepter cet échec et cette perte de l’être désiré, ou aimé à ce moment-là, pour construire une vie à deux plus épanouissante et plus heureuse. À l’origine, les éléments attendus ou recherchés chez l’autre peuvent disparaître pour laisser la place à des critères bien plus importants pour la réussite d’un couple. L’échec au niveau des études supérieures peut également révéler des éléments très importants à prendre en considération pour la suite de son parcours d’études et professionnel. Un étudiant rate totalement sa première année en sciences appliquées. Il reçoit même un zéro sur vingt dans une matière importante. La cause est peut être un manque d’effort ou de travail. Mais d’autres raisons peuvent expliquer cet échec comme par exemple : ! un esprit trop peu cartésien et mathématique ; ! une très grande intelligence émotionnelle qui ne trouve pas, dans ce milieu d’ingénieurs, un terrain favorable à son éclosion ; ! une intelligence plus pratique que conceptuelle ;

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! des faiblesses personnelles ou certains handicaps conduisant à une perte ou une absence de motivation pour ces études et cette profession (tendance au vertige, à la claustrophobie…) ; ! … Dans ces cas-là, ne vaut-il pas mieux connaître un échec précoce plutôt que prendre conscience tardivement d’être passé à côté de sa vie ? Cela inclut la faculté à faire preuve de résilience. Pour retrouver rapidement l’équilibre et la sérénité après l’échec, la déception, l’humiliation…, il faut : ! continuer à croire en ses objectifs, rester persévérant et regarder vers l’avenir, croire en des jours meilleurs ; ! dédramatiser, rire de soi avec bienveillance sans se ridiculiser ; ! transformer le négatif en positif ; ! se relever pour oser de nouveau, raisonnablement et progressivement. La confiance en soi s’entretient par une reproduction régulière d’activités réussies. Il faut, par exemple, entretenir la pratique d’une langue étrangère pour conserver son assurance à s’exprimer dans cette langue. Le manque de pratique fait perdre cette confiance en ses capacités à la comprendre et à la parler. Les conséquences de cette perte de confiance vont de l’apparition d’une peur plus ou moins importante jusqu’au refus pur et simple de s’exprimer de cette langue. Il en va ainsi de toutes les activités humaines. La confiance en soi n’est jamais acquise définitivement, elle est temporaire et s’appuie sur des réussites régulières. La confiance en soi peut être atténuée voire détruite par : ! un manque de pratique pendant une longue période dans " la prise de parole en public ; " la maintenance ou l’entretien d’un appareil ; " le traitement d’une crise (conflit interpersonnel, incident professionnel…) ; " … ! une expérience malheureuse ou négative " lors d’une première tentative de la pratique d’un sport ou d’une activité de loisir (chute de cheval ou de moto, « boire la tasse » dans une piscine…) ; " brûlure en préparant un repas ; " coupure en travaillant dans le jardin ou en bricolant ; " … ! des échecs (surtout répétés et sans en comprendre la cause) " des objectifs irréalisables ; " une absence de compliments, de félicitations ou d’encouragements ; " des critiques incessantes ou une focalisation systématique sur les points négatifs ; " de l’ostracisme ;

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" … ! des changements dans la manière de réaliser une activité (conduite d’une voiture plus sophistiquée au niveau des commandes électroniques, recours à l’informatique pour certaines opérations autrefois commandées manuellement…) Pour développer la confiance en soi, il est également particulièrement recommandé d’accumuler et de rechercher des expériences variées. Le but n’est pas de prendre des risques, mais de varier ses activités et même la manière de les réaliser. Les principaux objectifs de cet outil de développement de la confiance en soi sont : ! ne pas être limité aux actions maîtrisées par la répétition ; ! découvrir d’autres méthodes, d’autres approches, d’autres solutions, si possible meilleures dans la gestion d’une situation donnée et connue ; ! découvrir notre capacité à faire face à des situations nouvelles ; ! prendre conscience de son potentiel à développer. Après des années de conduite automobile, mon épouse m’offre un stage de conduite défensive. J’ai réalisé ce jour-là que je ne savais pas conduire. Lorsque, sur des pneus lisses (ou « slick ») et sur un revêtement arrosé abondamment par de puissants jets d’eau, le moniteur vous demande de freiner brusquement… la surprise est de taille. Dans le même ordre d’idées, lorsque vous devez négocier une série de virages matérialisés par des cônes en plastique sans en touchant un seul, votre pratique habituelle vous pousse naturellement à l’erreur. Grâce à la découverte de nouvelles façons de conduire et à la capacité à négocier des situations difficiles susceptibles d’être rencontrées sur routes ouvertes, la confiance en soi grandit.

Quelle puissance d’être un soleil ! « La joie est le soleil des âmes ; elle illumine celui qui la possède et réchauffe tous ceux qui en reçoivent les rayons ». Carl Reysz La disparition de l’armure émotionnelle par le développement de son soleil offre des perspectives exceptionnelles. Un client arriva dans mon bureau en s’écriant : « Quelle puissance d’être un soleil ! » Il me raconta l’anecdote à l’origine de cette prise de conscience. Patron d’une entreprise de construction, il avait perdu son épouse, décédée trois semaines avant sa trente-cinquième année d’une leucémie foudroyante. Sans enfant, il avait fini par accepter d’accueillir sa collaboratrice et maîtresse sous son toit. Celle-ci était divorcée et mère de trois enfants. Même si les enfants de sa compagne ne l’acceptaient pas de manière égale, il avait fait d’énormes efforts pour les aimer au mieux. Il reconnaissait qu’il avait beaucoup d’affection pour la cadette. Son espièglerie et son intelligence vive lui plaisaient énormément et le faisaient rire. Par contre, le fils ainé de quinze ans se plaçait continuellement dans une logique assez instinctive de lutte entre mâles pour déterminer celui qui méritait de recevoir le titre de dominant à la fin du combat.

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Cette rébellion constante contre son autorité et son incapacité à le tolérer dans son environnement familial le poussaient de plus en plus souvent à se retrancher dans son armure émotionnelle et à la recouvrir de nouvelles plaques protectrices. Plus le temps passait, plus l’épaisseur de son armure augmentait. Elle représentait, à ses yeux, à la fois une sorte de barrière antiagressions (pouvant aller parfois jusqu’aux insultes de la part de l’aîné) et à la fois un frein à l’expression de ses propres émotions (surtout la colère). Il décida un jour de s’offrir une montre d’une grande marque. Le montant à payer représentait une somme tellement importante qu’il avait repoussé de nombreuses fois cet achat. Son intention était de rester discret sur sa nouvelle acquisition. Il n’était pas question de montrer ostensiblement cet objet, d’attirer la convoitise ou de susciter l’envie chez autrui. De retour chez lui en fin de journée, il fut accueilli par sa petite chérie. En tendant les bras pour la serrer contre lui, elle remarqua en une fraction de seconde la nouvelle montre. À peine se libérait-elle de son étreinte qu’elle se mit à crier : « Eh…venez voir ! Alain s’est acheté une nouvelle montre ! » En quelques secondes, sa compagne et les deux autres enfants accoururent dans le hall d’entrée de la maison. Sans lui laisser le temps de prononcer la moindre parole, les commentaires se mirent à fuser : « Mais, tu es fou ! Tu connais le prix de ce machin-là ! », « Tu jettes l’argent par les fenêtres ! », « Et dire qu’on ne veut pas m’offrir une moto. Pour ce prix-là, je pourrais en avoir deux ! »… Sa réaction le surprit énormément. Auparavant, lorsqu’il portait toujours son armure émotionnelle, il se serait contenté de recevoir passivement tous ces commentaires plus ou moins acides et de bouillir dans sa cocotte-minute sans dire un mot pendant le repas. Il aurait éprouvé les pires difficultés à digérer et à trouver le sommeil. Au lieu de cela, il leur demanda : « Puis-je vous poser trois questions ? » Les quatre interlocuteurs hochèrent positivement la tête pour l’inviter à continuer. « Bien. Première question : Manquez-vous de quoi que ce soit ? » Ils échangèrent un regard interrogatif avant de balancer leur tête de gauche à droite. « Deuxième question : En m’achetant cet objet, vous ai-je privé de quoi que ce soit ? » Même réponse non verbale négative de leur part. « Enfin, puis-je m’acheter ce que je veux avec mon argent sans vous demander votre autorisation préalable ? » Les quatre personnes firent demi-tour sur le champ et se dispersèrent dans la maison sans avoir prononcé une parole. Surpris par l’absence de réactions de leur part, Alain se dirigea vers la chambre à coucher et se mit à l’aise avant de s’installer dans son fauteuil au salon. Tous les occupants de la maison avaient repris leurs activités comme si rien ne s’était passé. Le repas se déroula le plus agréablement du monde et personne ne trouva utile de revenir sur le sujet de la montre.

Pour rayonner davantage, entourons-nous d’autres soleils « La joie que nous inspirons a cela de charmant que, loin de s’affaiblir comme tout reflet, elle nous devient plus rayonnante ». Victor Hugo Extrait de Les Misérables

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Si l’estime de soi est liée à la valeur intrinsèque de l’être humain et n’est limitée que par la perception de l’individu de sa propre valeur, la confiance en soi se construit sur l’acquisition de connaissances, d’aptitudes, de compétences, d’expériences dans des domaines bien définis. Il est impossible de maîtriser toutes les activités humaines. Le choix des domaines à explorer dépendra principalement du potentiel de la personne et de son plaisir à progresser dans la maîtrise de ceux-ci. La confiance en soi est donc liée à certains types d’activités. Par conséquent, un soleil possède un rayonnement limité. Pour éviter les peurs associées à l’absence de maîtrise des autres domaines, la personne doit s’entourer d’autres soleils dont les domaines maîtrisés sont complémentaires aux siens. Un soleil, entouré de ses autres étoiles, forment une galaxie d’un très grand rayonnement. Ces étoiles sont en fait des personnes qui possèdent une expertise dans un ou plusieurs domaines précis tant dans la sphère privée que professionnelle. Un garagiste, un dentiste, un médecin traitant ou spécialiste, un jardinier, un comptable donnent à la personne une capacité à faire face aux défis et épreuves de l’existence privée. Au niveau professionnel, la direction générale, ou l’étoile la plus lumineuse, doit s’entourer d’une équipe formée d’une somme d’étoiles, chacune experte dans l’art de diriger ses collaborateurs dans les domaines des ressources humaines, de la recherche et du développement, de la production, des achats, de la gestion qualité/sécurité/environnement…

Ai confiaaaance… ! Oui… crois en moiiii… ! Le livre de la Jungle – Disney « Comment croire en ceux qui doutent » ? Christian Chabani « Celui qui a confiance en lui mènera les autres ». Horace « Pour aider quelqu'un, il faut beaucoup de confiance en soi, c'est-à-dire avoir foi dans le monde ». Jean-Guy Rens « La mort du coyote » Le rôle d’un soleil est également de contribuer à la formation de nouveaux soleils. Pour y arriver, le soleil doit posséder une solide confiance en soi. Le principe de la flèche permet de comprendre la raison de ce prérequis. Pour illustrer cette logique de progression, prenons l’amour. Dans l’illustration ci-dessous, le stade 3 correspond à l’étape ultime. Un grand nombre de femmes tend naturellement à progresser à contresens. Elles suivent spontanément la logique inverse : à savoir 3 puis 2 puis 1.

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Ces femmes cherchent avant tout à être aimées. Elles sont capables des pires extravagances, dépenses et souffrances pour y arriver. Le scandale des implants mammaires PIP en est une dramatique et navrante démonstration.

S’aimer 1

Aimer 2

Etre aimée 3

Lorsqu’elles réalisent qu’elles sont aimées, alors elles s’autorisent à aimer. D’ailleurs, elles aimeront d’autant plus une personne que cette dernière l’aimera. Peut-être finiront-elles un jour par s’aimer. En réalité, si elles commençaient par s’accepter, s’apprécier et s’aimer, elles aimeraient davantage l’autre tel qu’il est. Elles chercheraient moins à le faire correspondre à leur idéal masculin ou à leur prince charmant. Et, enfin, la capacité à aimer, sans chercher à être aimée en retour, sans calcul, sans limite, comme elles sont si bien capables de le faire avec leurs enfants, les amèneraient à être tout aussi profondément aimées par celles et ceux qu’elles aiment. En ce qui concerne la confiance, la logique de progression est la même : " pour obtenir la confiance d’autrui il faut être capable de faire confiance aux autres ; " et, pour faire confiance aux autres, il faut au préalable avoir confiance en soi. Une personne acceptera de suivre une autre, si cette dernière est sûre d’elle et est confiante en sa capacité à identifier la direction à prendre et la route à emprunter.

« J’ai confiance en moi » ou « Je crois en moi » « Comment peut-on aimer sans croire en soi-même, sans être soi-même » ? Erica Jong Extrait d'un entretien avec Sophie Lannes - Juillet-Août 1978 Avoir confiance en soi suppose qu’il est possible de pouvoir compter sur ses capacités. Donc, cette confiance en soi amène la personne à être convaincue qu’elle est en mesure de faire face, dans les domaines dans lesquels elle a acquis cette confiance, aux défis, difficultés, problèmes, épreuves… Cette aptitude s’est construite plus ou moins rapidement sur un savoir, un savoir-faire et un savoir être. Croire en soi signifie croire en sa valeur propre, à son potentiel et à ses capacités. Cette expression contient à la fois l’estime et la confiance en soi. La personne qui

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croit en elle peut d’abord compter sur les ressources issues de sa personnalité, de son caractère, de sa nature profonde. Puis, elle peut s’appuyer sur ses compétences et son expérience conduisant à un certain niveau de maîtrise. Avoir confiance en soi signifie que je peux y arriver. Croire en soi signifie que je mérite d’y arriver. Par conséquent, il est préférable de croire en soi que d’avoir confiance en soi car le fait de croire en soi contient la confiance en soi. En résumé : " L’estime de soi s’acquiert et se maintient par ! la pensée et ! les échanges. " La confiance en soi s’entretient et se développe par ! l’action et ! la prise de risques.

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Clés pour s’élever 7ème toolbook

BALLON EMOTIONNEL « Exprimer ses émotions, c'est comme enlever les nuages noirs devant le soleil pour laisser pousser les fleurs ». Tanya Sénécal La communication constitue le principal ciment nécessaire à la construction d’un lien social fort. Lorsqu’une personne refuse de communiquer, elle rompt ce lien. Cette rupture met en danger l’organisation humaine et peut conduire à l’absence de résultats ou à la non-réalisation de l’objectif poursuivi. Dans un couple, le refus de communiquer constitue une cause de dispute majeure et peut conduire au divorce. Une erreur fréquente commise par les hommes consiste à ne pas communiquer avec leur compagne ou épouse lorsqu’ils sont préoccupés, inquiets ou stressés. Si la raison principale de ce choix à leurs yeux est de protéger l’être aimé en ne l’ennuyant pas avec leurs problèmes ou d’éviter de les inquiéter inutilement, car elles doivent pouvoir compter sur leurs compétences pour gérer la cause de leurs soucis, ils obtiennent l’effet contraire. Les femmes perçoivent le silence comme une approche égoïste et égocentrique, une absence d’amour ou de confiance en elles. La communication n’est pas pour autant sans danger.

Mais… qu’est-ce que j’ai dit pour que tu m’agresses comme çà ? « Écoute avant de parler, mâche avant d’avaler ». Proverbe éthiopien La communication est rarement exempte d’émotions. Les échanges les plus intéressants, les plus passionnants, les plus marquants, les plus importants font toujours appel aux émotions. Pour tenir un auditoire en haleine, qu’il s’agisse d’une classe d’école primaire ou d’étudiants universitaires dans un amphithéâtre, pour motiver des personnes et obtenir leur collaboration, pour sensibiliser, pour séduire ou charmer une ou plusieurs personnes, pour créer des liens ou un esprit d’équipe… la communication doit intégrer une dimension émotionnelle. Seulement les émotions doivent être maîtrisées, car elles peuvent provoquer des explosions très violentes. Lorsque deux personnes entament un dialogue, il arrive souvent que l’une d’entre elles « grimpe dans les tours » et se met à crier. Tout le monde a vécu au moins une fois dans sa vie cette expérience, parfois traumatisante, d’une déflagration verbale dont l’onde de choc peut laisser sans voix et, parfois même, traumatiser profondément. Après un certain nombre d’explosions, j’ai recherché leur origine et surtout les moyens de les éviter. Une première évidence s’imposa très rapidement. Seuls les cerveaux de même type sont capables de communiquer entre eux de manière optimale.

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Si l’un des deux interlocuteurs est en mode « rationnel » et l’autre en mode « émotionnel », la communication est extrêmement difficile et même, le plus souvent, impossible.

Prenons l’exemple classique d’une épouse sous le coup d’une émotion. Elle a failli subir un accident de voiture quelques heures avant le retour de son mari à la maison. Sans lui laisser le temps de déposer ses clés et d’enlever son manteau, elle se précipite pour lui raconter son aventure. Le mari est submergé par un flot de paroles. Les éléments sont présentés sans structure, sans respect de la chronologie exacte des événements et sans hiérarchisation des faits avec pour conséquence une énumération d’informations mêlant continuellement l’essentiel et l’anecdotique. Pour abréger ses souffrances, ce mari l’interrompt pour lui poser deux questions suivies d’une conclusion pleine de bon sens : - « Tu n’as rien ? » - « La voiture n’a rien ?

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- « Alors… tout va bien. Il suffit de ne plus y penser et dans une heure maximum tu l’auras déjà oublié. » Faut-il décrire la suite de leur conversation ? Quelle est la probabilité d’entendre l’épouse lui répondre : « Tu as raison mon chéri. Je suis désolée de t’assaillir de la sorte dès ton retour du boulot. Rationnellement, je n’avais aucune raison de me mettre dans un état pareil. N’en parlons plus ! » ? Sincèrement, elle est pratiquement nulle. Donc, les cerveaux rationnels peuvent communiquer entre eux, tout comme les cerveaux émotionnels. Par contre, un échange croisé « rationnel »-« émotionnel » doit impérativement être abandonné, car totalement inefficace donc impossible ou inutile. L’exemple cité peut laisser penser que les femmes sont plus souvent ou naturellement en mode « émotionnel » que les hommes. Cela est entièrement faux. Un cadre d’une entreprise de haute technologie s’installe devant moi pour une séance d’accompagnement individuel. Son attitude à mon égard est particulièrement hostile. Très rapidement, je lui demande de me présenter les raisons de sa présence dans mon bureau. Sur un ton sec, il me répond : « Vous le savez très bien ! » Sans montrer le moindre signe d’impatience ou de contrariété, je me permets d’insister pour connaître ses raisons personnelles. Il se penche brusquement vers moi en tendant son index droit vers mon visage et dit : « De toute façon, vous perdez votre temps ! » Après avoir extrait une enveloppe de son veston, il reprend : « Tenez ! Ma lettre de démission. Dès mon retour à la société, je vais la déposer sur le bureau de mon chef. Je quitte cette boîte de fous furieux ! Je n’en ai rien à faire de cette séance. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi je suis venu vous voir. Je réalise que je passe mon temps à obéir sans réfléchir. » etc. Sans feindre la surprise, je souligne les mots les plus violents : « Fous furieux ! Vous n’y allez pas un peu fort ? » Toujours aussi démonté, il enchaine : « Vous voulez savoir pourquoi je suis là ? Et bien, je vais vous le dire ! En tant que responsable de la section électronique de la recherche et du développement, la direction générale m’a demandé, comme chaque année, un bilan des travaux réalisés et des sommes utilisées pour nos recherches ainsi que nos prévisions pour l’année à venir. La réalisation des différents tableaux et graphes m’a demandé un nombre d’heures de travail considérable. Le jour fixé, après l’installation des différents membres du comité de direction autour de la table, j’ai demandé au directeur général l’autorisation de commencer ma présentation. Il m’a répondu : « Un instant. Avant de vous lancer dans la projection de vos diapositives et de nous bombarder de chiffres, j’aimerais savoir si vous êtes satisfait de l’année écoulée. » Je lui ai dit que les chiffres parleraient d’eux-mêmes et il m’a immédiatement interrompu pour me demander : « Et pour l’année à venir, êtes-vous optimiste ? Les perspectives vous paraissent-elles bonnes ? Votre équipe est-elle toujours aussi motivée ? etc. » De nouveau, je lui ai proposé de regarder mes tableaux et mes graphes. Il m’a crié : « Dehors ! Sortez immédiatement ! » Hors de lui, le client me crie : « Vous vous rendez compte ! Si ce n’est pas le comportement d’un fou furieux, dites-moi ce que c’est ! » Après lui avoir expliqué la théorie des cerveaux compatibles, je lui ai demandé de me dire quel était le mode cérébral actif chez le directeur général au moment de l’échange. Il a alors immédiatement réalisé qu’il était en mode émotionnel alors que lui était resté continuellement en mode rationnel. À son plus grand étonnement, il a pris conscience que son patron était un être capable de ressentir des émotions et de

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fonctionner en mode émotionnel dans le cadre de ses activités professionnelles. En tant qu’ingénieur, il lui paraissait évident de se focaliser sur les faits, les données objectives, les évidences matérielles, les raisonnements logiques, le respect de méthodes et de processus formalisés… Le monde de l’entreprise, pour lui, ne devait pas se perdre dans l’analyse, le traitement, la gestion des émotions des uns et des autres. Seuls les chiffres, les algorithmes et les formules étaient fiables. La communication entre ces deux personnes était à ce point incompatible que le directeur général l’a expulsée de la réunion. La question principale n’est pas de savoir si ce dernier a eu un comportement acceptable ou approprié mais plutôt si ce type de réactions peut être évité.

Oh ! Le beau ballon ! Quel gaz contient-il ? « Si vous voulez être libre de vos émotions, il faut avoir la connaissance réelle, immédiate de vos émotions ». Arnaud Desjardins Lorsqu’une personne est en mode émotionnel, elle tient à bout de bras un ballon. Il peut être plus ou moins gonflé ou volumineux.

La simple présence d’un ballon empêche une communication optimale. Les émotions contenues dans ce ballon constituent en quelque sorte un obstacle physique entre les interlocuteurs. La personne en mode émotionnel peut entendre plus ou moins vaguement des sons, mais elle éprouvera des difficultés à comprendre les messages transmis. La personne qui s’exprime peut parfois mettre un certain temps à se rendre compte de la présence de ce ballon. Elle peut même être persuadée d’avoir été écoutée et comprise au point d’être convaincue d’avoir atteint ses objectifs de persuasion ou de communication en général. Son vis-à-vis, par contre, a l’impression de subir des vagues de sons desquelles émergent de temps en temps un mot ou un groupe de mots isolés. La personne en mode émotionnelle perd son acuité auditive. Cette option est la moins dramatique car le ballon se contente d’empêcher la communication.

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Lorsqu’une personne tient des propos rationnels, elle agit sur son interlocuteur comme une aiguille sur un ballon. Si le ballon n’est pas trop rempli de gaz, il peut conserver une certaine élasticité et ne pas exploser immédiatement au contact de l’aiguille.

Par contre, si le ballon est sous tension, il ne résistera pas longtemps à l’action de l’aiguille. Pour rappel, le gaz contenu dans ce ballon est composé d’émotions. Or, il faut être conscient que le type d’émotions confère au gaz son caractère plus ou moins explosif au contact de l’air.

S’il était simplement rempli d’air, il produirait un son équivalent à une détonation. Avec un gaz très explosif (autrement dit, en présence d’émotions fortes), les effets peuvent être beaucoup plus catastrophiques. La qualité du gaz contenu dans le ballon et son caractère plus ou moins explosif sont liés au type d’émotions. La tristesse peut mener à une explosion du ballon. Mais, la colère produira une explosion certainement beaucoup plus forte. La peur génère un gaz également très explosif qui peut provoquer des comportements agressifs. Autrement dit, l’identification ou la reconnaissance de l’émotion ressentie par l’interlocuteur permet d’estimer la dangerosité du gaz contenu dans son ballon.

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Ce n’est pas grave ! J’ai une solution… « Les mots manquent aux émotions ». Victor Hugo Extrait du « Le Dernier Jour d'un condamné » L’objectif, au niveau professionnel plus particulièrement mais pas uniquement, est d’arriver à communiquer en mode rationnel sans provoquer d’explosion. Pour éviter cela, il est donc essentiel de vider le ballon de ses émotions. Pour dégonfler les ballons et permettre un dialogue « rationnel-rationnel », il est important de respecter les 5 étapes essentielles suivantes : 1. Identifier le mode cérébral actif Pour déterminer le mode cérébral utilisé par son interlocuteur, il est important de se placer en mode émotionnel voire instinctif. Le but de cette démarche est de reconnaître puis d’interpréter les messages non verbaux émis, de sentir les émotions éventuelles et leur intensité. L’intonation, les expressions du visage, les postures et la gestuelle fournissent les informations nécessaires et permettent de déterminer l’état émotionnel d’une personne.

Si l’interlocuteur est en mode rationnel, le ballon est inexistant. Il est, par conséquent, possible de communiquer immédiatement en mode rationnel. Les étapes suivantes ne sont donc pas utiles. Si l’interlocuteur tient un petit ballon contenant peu d’émotions, le passage en mode rationnel peut être tenté avec prudence. Si l’appréciation de la quantité d’émotions était erronée, il est indispensable de revenir le plus vite possible en mode émotionnel. L’écoute non verbale est liée à notre faculté à retrouver notre part animale. Les loups, les chiens… n’ont pas besoin de cours de communication non verbale. Ils peuvent communiquer entre eux en mode instinctif ou émotionnel. Tout être humain, s’il le désire, peut très facilement découvrir le mode utilisé par son interlocuteur sans devoir, au préalable, devenir un expert en interprétation des messages non verbaux.

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Il suffit de prendre un exemple simple et révélateur. Après le bonjour d’usage, un employé pose la question habituelle à un de ses collègues : « Comment vas-tu ? » Ce dernier soulève légèrement son épaule gauche, inspire profondément puis répond dans un soupir : « Çà va » avec un ton las. Un logiciel de reconnaissance vocale annoncerait : « Tout va bien pour lui » parce qu’il a répondu « Çà va. » Une personne attentive aura noté les différents signes non verbaux et lui demandera : « Tu es sûr que çà va ? » Il y a de fortes chances qu’il lui réponde : « Comme un lundi ! » ou « On a déjà vu mieux » ou « Tu as raison çà ne va pas si bien que çà ou çà ne va pas du tout. » L’objet de ce toolbook n’est pas de reprendre la liste exhaustive de tous les signes non verbaux annonciateurs de l’existence d’un ballon émotionnel. Cependant, il peut être utile de connaître quelques indices à prendre en considération pour éviter de subir les effets d’une explosion d’émotions. Il faut cependant être prudent et retenir qu’un signe correspond à un mot et que plusieurs signes correspondent à une phrase. Parmi les signes aisément identifiables, il faut citer : ! nervosité ou stress : transpiration, mains moites, clignements très fréquents des yeux, traits du visage contractés, agitation, tremblements, gestes non contrôlés ou brusques ou parasites (sans rapport avec le discours verbal comme toucher ses cheveux, réaliser des mouvements de la bouche, soupirer, faire des gestes des bras, regarder sa montre, manipuler un objet (stylo, lunettes, feuilles de papier), ajuster ses vêtements, faire des mouvements du corps, changer de place, taper du pied), rires nerveux, lèvre inférieure mordillée… ! besoin de protection : main(s) dans la(les) poche(s), regard fuyant, bras croisés sur le thorax… ! agressivité : poing(s) fermé(s) ou enfermé dans l’autre main, mâchoires serrées, index pointé, lèvres pincées… ! … Prenons le cas classique d’un employé en quête de conseils pour réaliser au mieux un ensemble de tâches nouvelles pour lui. Il souhaite obtenir de la part de son supérieur hiérarchique direct des instructions claires et précises pour l’aider à atteindre les objectifs qui lui ont été fixés. Ce dernier risque de ne pas prendre conscience de l’existence d’un ballon émotionnel d’autant plus que son subordonné lui demande des réponses concrètes. Le supérieur hiérarchique, sans doute préoccupé par ses propres objectifs puis par l’aptitude de son subordonné à réaliser les siens, va ignorer les messages non verbaux de peur ou de stress. Il est, par conséquent, logiquement tenté de le conseiller sur un mode purement rationnel. Convaincu d’avoir répondu à ses attentes, le supérieur hiérarchique est très surpris de voir son subordonné aller interroger d’autres personnes ou de constater le nonrespect de ses conseils et instructions par celui-ci. 2. Obtenir la confiance Le ballon émotionnel retient le gaz grâce à une petite ficelle nouée au niveau de son col. Seul le possesseur du ballon peut défaire ce nœud et enlever la ficelle. Ce retrait est associé à la confiance obtenue par l’interlocuteur.

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Si un inconnu ou un individu peu digne de confiance, ou réputé non fiable demande à brûle-pourpoint à une personne d’exprimer ses émotions, il a très peu de chances d’obtenir satisfaction. La confiance se mérite et se prouve. Il faut pour cela commencer par montrer et exprimer ses émotions. La personne doit sentir l’humanité de son interlocuteur. Ce dernier doit s’engager à ne pas la critiquer ou la juger ou encore à ne pas se moquer d’elle, la ridiculiser ou pire l’humilier. Il doit être capable de recevoir et gérer les émotions de l’autre. Cela suppose qu’il est au préalable en mesure de maîtriser au mieux ses propres émotions. Beaucoup de personnes éprouvent de grandes difficultés à accepter les émotions d’autrui et à maîtriser les émotions induites chez elles. Il leur arrive de demander à la personne qui s’exprime de ne pas pleurer, de ne plus crier, d’arrêter d’exprimer verbalement ses émotions. Dans le sixième toolbook intitulé « Rayonnement », la logique de progression de la confiance montre qu’il faut au préalable avoir confiance en soi, pour faire confiance aux autres et pour, enfin, obtenir la confiance d’autrui. Par conséquent, il faut développer sa capacité à gérer ses émotions et celles des autres pour acquérir un niveau de confiance en soi suffisant pour rassurer son interlocuteur et obtenir qu’il retire la ficelle en vue de permettre le dégonflage du ballon émotionnel.

Pour reprendre le cas de l’employé en demande de conseils et instructions dans le cadre de la réalisation de nouvelles tâches pour lui, imaginons une prise de conscience soudaine de l’existence d’un ballon émotionnel par le supérieur hiérarchique. Si ce dernier demande à son subordonné : « Il y a quelque chose qui ne va pas ? » ou « Exprime-toi. Tu n’as pas l’air satisfait. Il y a un problème ? »… ce dernier risque fortement de répondre que tout va bien. Plus son supérieur hiérarchique donnera l’impression d’avoir lui-même peur de ne pas être compris ou de ne pas voir ses conseils mis en œuvre, plus le subordonné va serrer la ficelle à la base de son ballon et plus il refusera d’exprimer ses émotions.

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3. Ecouter L’écoute est un véritable défi. La raison principale se situe dans le fait qu’il s’agit d’une activité antinaturelle. Ecouter mobilise une énergie bien plus importante que celle nécessaire pour s’écouter. Le plus souvent, les êtres humains préfèrent se concentrer sur leurs pensées que de faire l’effort de s’intéresser aux messages d’autrui. Toute personne consacre un temps considérable à dialoguer avec ellemême. Un autre facteur rend l’écoute plus difficile encore. Plus la personne manque de sérénité, plus elle est immature, malheureuse, triste, préoccupée, inquiète, angoissée ou stressée, plus elle recherchera une paix intérieure optimale. Or, cette quête passe forcément par une démarche égocentrique. Spontanément, cette personne se tournera vers elle-même pour rester en contact avec ses souffrances et essayer de trouver, d’abord en elle-même puis éventuellement dans ses quelques contacts extérieurs, des pistes de solutions qui la soulageraient ou la conduiraient vers plus de sérénité. Ecouter, c’est un don dans le double sens du terme : le don de soi, de sa disponibilité, de son empathie et le don « talent », car il s’agit bien d’un potentiel à développer, à travailler pour l’amener à un niveau d’efficience maximal. Ecouter, c’est donner. Or, pour donner, il faut être « plein ». Plus la personne éprouve le besoin de combler des manques, moins elle est prête à donner ce qu’elle a (sous-entendu : son temps, sa disponibilité, son écoute, sa créativité, son expérience…). Ce sentiment de plénitude plus ou moins profond permet d’offrir ou de partager. Ecouter s’apprend et se développe par la pratique et le respect de principes d’écoute. L’écoute ne doit surtout pas être confondue avec le fait de se taire. En effet, laisser l’autre parler n’implique pas qu’il est écouté et n’empêche pas de rester concentrer sur soi et ses pensées. Martin Buber, philosophe israélien né à Vienne, créa en 1935 le concept du « Je-Tu » et du « Je-Cela ». Les comportements « Je-Cela » sont très fréquents en entreprise. Il n’est pas rare, en effet, de voir en réunion, pendant la prise de parole d’un participant à celle-ci, l’un ou l’autre tapoter sur le clavier de son ordinateur portable, échanger des messages avec son téléphone portable ou jouer avec sa tablette numérique. La personne qui s’exprime n’est pas écoutée, mais surtout elle n’est pas considérée comme un être humain sensible ou doué d’émotions. Elle est davantage perçue comme un élément émettant des sons, occasionnellement évalués quant à leur intérêt. Si ce n’est pas le cas, les autres participants s’occupent et, en bon « Je », se concentrent sur leurs centres d’intérêt. Les messages verbaux et non verbaux sont donc destinés au « Je »et émis par le « Tu » ou le « Cela » en fonction de la perception de cet autre par le « Je ». La relation « Je-Tu » suppose une ouverture totale du « Je » au « Tu ». Le « Je » est la personne à l’écoute ou supposée l’être. Le « Tu » est la personne qui s’exprime si elle est reconnue comme un être humain à part entière. Elle ne sera qu’un « Cela » si elle n’est considérée que comme un objet ou une chose éventuellement digne d’être utilisé si elle présente un intérêt. La relation « Je-Tu » reconnaît l’altérité de l’autre.

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Elle accepte et reconnaît l’autre dans sa différence et dans sa dimension émotionnelle propre. Pour écouter, il est important de respecter quelques règles essentielles. - Arrêter toute activité : (voir le concept du « Je-Tu » ci-dessus). - Regarder la personne dans les yeux : pour deux raisons principales : * transmettre à son interlocuteur un message d’attention et un retour d’informations sur les émotions ressenties à la suite des propos émis (« Les yeux sont les fenêtres de l’âme » Georges Rodenbach) ; * écouter se fait aussi avec les yeux pour voir les messages non verbaux (expressions du visage, gestuelle, position du corps…). - Vider son esprit et l’empêcher de fonctionner pendant l’écoute : l’écoute optimale passe par une capacité de concentration maximale et suppose une absence de prise en compte de ses propres pensées ou de ses sujets préoccupation. Il faut s’interdire de rechercher une solution ou un conseil à donner pour éliminer la cause des émotions exprimées. - S’intéresser aux messages et à la personne : condition essentielle pour pouvoir respecter le point précédent. - Ne pas interrompre : non seulement il faut éviter de couper la parole, car il s’agit d’un manque de respect de l’autre, mais il faut également éviter de se précipiter dès la moindre interruption de prise de parole. Les Compagnons du Devoir utilisent la plume comme symbole d’écoute.

Lorsqu’une personne arrête de parler, il faut se taire le temps nécessaire pour une plume de duvet lâchée à bout de bras à hauteur d’épaule de rejoindre la table, soit l’équivalent de 2 à 3 secondes. L’arrêt de la prise de parole peut être dû à une reprise de son souffle, un instant de réflexion pour remettre de l’ordre dans ses idées ou pour structurer la suite de son discours. Donc, il ne faut pas se précipiter lors d’une interruption aussi courte soit-elle. - Donner un feed-back régulier : les retours d’informations présentent deux intérêts majeurs : * en premier lieu, ils permettent à celui ou celle qui s’exprime de s’assurer de l’écoute et de la compréhension du message par son interlocuteur ;

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* ensuite, ils offrent la possibilité de répéter le message s’il n’a pas été correctement écouté, de le compléter voire de l’expliquer pour une meilleure compréhension. - Ne pas analyser les gaz (autrement dit, les paroles ou les émotions), les laisser passer (un peu comme un coup de vent ou des rafales de vent) sans les filtrer, les interpréter, les hiérarchiser, les juger, sans extrapoler ou sans chercher une solution le plus rapidement possible… Le but de l’écoute n’est pas forcément d’aider concrètement la personne qui s’exprime. Les femmes reprochent très régulièrement aux hommes de leur donner des conseils ou de proposer des solutions alors qu’elles n’en demandent pas. Si c’est effectivement le cas, elles souhaitent avant toute démarche rationnelle ou toute assistance pratique être écoutées et comprises au niveau émotionnel. Certaines professions très techniques et très logiques, exercées par des ingénieurs ou des informaticiens par exemple, semblent conduire spontanément vers ce comportement d’aide à la personne en difficulté. Ces professionnels donnent l’impression de vouloir démontrer à tout prix leurs compétences dans la résolution de problèmes. Toute expression de mal-être est forcément associée, de leur point de vue, à un problème qui doit posséder une solution logique. Leur grand défi devient, dès lors, de le résoudre dans les plus brefs délais. Malheureusement, ils ont oublié un conseil que leur ont donné leurs professeurs pendant toute leur scolarité et même durant leurs études supérieures : « Lisez bien l’énoncé du problème jusqu’au bout avant de vous lancer dans sa résolution ! » Ces êtres logiques se placent souvent dans une écoute « ON » - « OFF ». Dans un premier temps, ils cherchent des données pour alimenter leur recherche de solution(s). Puis, très vite, ils se mettent « OFF » pour trouver le plus rapidement possible la(les) solution(s) idéale(s). Régulièrement, ils reviennent en « ON » pour aller à la pêche à d’autres données utiles avant de replonger tout aussi vite en « OFF » afin de réfléchir à nouveau à la solution. Cette alternance « j’écoute » « j’écoute pas » les conduisent à ignorer toute une série d’informations essentielles. Par conséquent, dans l’hypothèse où la personne qui s’exprime souhaite effectivement obtenir une solution ou la réalisation d’une demande de sa part, ces professionnels sont surpris de constater le mécontentement de leur interlocuteur face à leurs réponses et refusent, souvent avec beaucoup de mauvaise foi, de reconnaître qu’ils ne l’écoutaient pas pendant qu’ils réfléchissaient. Pour améliorer son écoute et sa capacité de concentration, il faut se fixer comme but la recherche d’un maximum d’informations, d’indices, d’éléments… en vue d’une décision ou d’un choix futur. L’élève ou l’étudiant doit lire très attentivement le problème à résoudre et en comprendre toutes les données avant de s’engager dans sa résolution. L’écoute n’est donc plus passive, mais représente une étape vers d’autres actions futures. Pour être le mieux préparé à agir, il faut, non seulement prendre son temps pour collecter le maximum d’informations, mais également être très attentif car la moindre donnée peut être utile.

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4. Poser des questions Ecouter n’est pas subir. Dans cet esprit, si l’écoute a pour but la collecte d’un maximum d’informations, elle doit également permettre d’éclaircir celles-ci notamment par une meilleure compréhension de l’éventuelle chronologie de certains faits, des relations entre ces informations, de leurs incidences réciproques… Ecouter, c’est aussi questionner pour rechercher ces éléments d’éclaircissement et d’éventuelles informations manquantes ou oubliées par la personne qui s’exprime mais néanmoins essentielles à une compréhension optimale. Le recours au questionnement est de temps en temps nécessaire également pour aider la personne à formuler de la manière la plus précise et la plus juste possible ses émotions. Parfois dès le départ et souvent en cours de dégonflage du ballon, l’expression des émotions est particulièrement difficile. Arriver à mettre des mots sur des émotions est lié à l’étendue du vocabulaire personnel dans le domaine émotionnel. Pour exprimer une émotion, il faut au préalable en être conscient, la reconnaître et l’accepter. Prenons la colère par exemple. Cette émotion fait partie des sept émotions universelles (considérées comme universelles car les expressions faciales sont identiques quelque soit l’âge, le sexe ou la culture des personnes). Certaines personnes arrivent difficilement à nuancer et à hiérarchiser une émotion. Pourtant, il est tout à fait possible d’organiser les mots dans un ordre logique comme : mécontent, fâché, en colère, furieux, enragé. L’enrichissement du vocabulaire émotionnel se fait à travers la lecture. Un auteur, s’il utilise trois fois le même mot pour exprimer une émotion dans une même page («… Il était en colère… » - « … Dans sa colère… » - « … Comme il était toujours en colère… »), a peu de chances de motiver son lecteur à poursuivre sa lecture. Les bons écrivains possèdent ce talent de pouvoir associer des mots à des émotions ressenties par leurs personnages et de les nuancer. Mettre des mots sur des émotions est un art. Lorsqu’une personne semble bloquée dans l’expression de ses émotions, il est utile de l’aider à vider son ballon en lui posant des questions ouvertes. Ces questions peuvent contenir ces mots qui permettent de nuancer ou de préciser une émotion. 5. Appliquer l’approche du « fusible » Le questionnement de l’étape précédente peut également préparer l’approche du fusible. En effet, les questions à caractère émotionnel peuvent progressivement laisser la place à des questions de plus en plus rationnelles. Prenons le cas de cette personne hors d’elle à la suite d’une conversation avec son supérieur hiérarchique. Les premières questions de nature émotionnelle pourraient être : - qu’est ce qui te touche plus particulièrement ? - comment décrirais-tu son comportement à ton égard ? - que voudrais-tu lui dire si tu le rencontrais maintenant ? Ensuite, les questions peuvent être progressivement plus rationnelles comme : - quand la discussion a-t-elle commencé à prendre un tournant inacceptable pour toi ?

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- que lui reproches-tu exactement ? - quelle est la chronologie des échanges ? - qu’attend-il de toi précisément ? Si les réponses sont encore émotionnelles, il vaut mieux rester dans ce mode de communication. Par contre, si les réponses sont de plus en plus rationnelles, l’approche du fusible peut être envisagée. Lorsque le volume de gaz résiduel estimé semble permettre une communication « rationnel – rationnel », il faut essayer de basculer dans cette forme d’échange et enclencher le « fusible ». Le fusible électrique permet d’interrompre le courant électrique par l’ouverture d’un circuit suite à la fusion d’un filament conducteur provoquée par un courant d’une intensité considérée comme dangereuse. Ce système a été inventé pour protéger ce circuit électrique d’une surtension et par conséquent d’un échauffement des fils pouvant aller jusqu’à un incendie. Il en va de même dans la communication interpersonnelle. Si le ballon est encore trop tendu par des émotions, le fusible doit sauter pour maintenir les échanges en mode émotionnel. Dès que le ballon est suffisamment dégonflé, le fusible reste enclenché et permet une communication rationnelle.

Un patron arriva un jour avec un ballon dont le volume occupait tout l’espace du bureau. Invité à exprimer ses émotions, il accepta de les décrire et de les laisser s’échapper accompagnées d’un certain nombre de décibels. Après une vingtaine de minutes d’écoute attentive, estimant la hauteur de gaz résiduel suffisante pour oser mettre en œuvre le principe du fusible, je me suis autorisé la prise de parole suivante : « C’est intéressant ce que vous venez de dire. Çà me fait penser à… » Le chef d’entreprise ne m’a jamais laissé terminer ma phrase et a déclaré très sèchement : « Je n’ai pas fini ! » En laissant sauter le fusible, la personne a continué à exprimer ses émotions. Après vingt-cinq minutes supplémentaires, un nouveau passage en mode rationnel fut tenté par l’intervention suivante : « Tout à fait d’accord avec vous. Cependant, vous exprimez le point de vue d’un patron. Les syndicats n’ont pas le même. Ils n’ont pas davantage la même approche pour solutionner le problème » Le chef d’entreprise prit quelques secondes pour réfléchir et dit : « Qu’entendez-vous par là ? Nos intérêts se rejoignent. Je ne vois pas quel autre angle d’attaque ils pourraient proposer. Votre analyse m’intéresse et je suis très curieux de découvrir la problématique sous un nouveau jour. » A partir de cet instant, la communication pouvait se dérouler en mode rationnel.

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Contraindre le patron d’abandonner le mode émotionnel pour passer en mode rationnel alors qu’il était en pleine expulsion des gaz de son ballon équivalait à empêcher le fusible de couper le circuit avec toutes les conséquences catastrophiques potentielles associées. Par conséquent, quand une pression émotionnelle est encore trop intense, il est essentiel de la réduire à un niveau compatible avec un passage en mode rationnel. Le délai nécessaire pour vider suffisamment le ballon émotionnel n’est pas une perte de temps car, soit il empêche un échange par obstruction simple, soit il risque d’exploser sous l’effet de la perforation par une « aiguille » rationnelle mettant les gaz explosifs au contact de l’air.

Un ballon peut en cacher un autre ou plusieurs autres ! « Le meilleur moment pour tenir votre langue, c’est quand vous sentez que vous si vous ne dites rien, vous allez exploser ». Josh Billings Différentes émotions peuvent être ressenties au cours d’une conversation. Donc, ce n’est pas parce qu’un ballon est dégonflé qu’il n’y en a pas ou qu’il n’y en aura pas d’autres. Un premier ballon peut contenir un gaz correspond à la peur. Un deuxième peut être gonflé par un autre gaz correspondant à l’envie ou à la jalousie. Un troisième renferme peut-être l’excitation liée à l’impatience…

Il est, par conséquent, vivement conseillé de surveiller l’apparition d’un éventuel nouveau ballon. Les messages non verbaux sont à nouveau d’excellents signaux d’avertissement. Le simple fait de voir un regard absent chez l’autre alors qu’il pense vous écouter indique sans doute la présence d’un ballon. Ce message non verbal ne vous renseigne pas sur le type de gaz ou d’émotions contenues dans le ballon mais il est suffisant pour vous alerter de son existence.

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L’apparition constante de ballons est extrêmement déstabilisante et fatigante. La succession sans fin de ballons est associée au regonflage de ballon précédemment dégonflé.

Comme il faut absolument sortir de cet exercice se rapprochant d’un tir forain, le refus assertif de ce type de comportements constitue la principale solution. Les personnes dont les ballons se regonflent à l’infini dans une succession interrompue d’apparitions doivent impérativement être prises en charge par des psychiatres ou des psychologues. L’interlocuteur se met en danger s’il essaie d’aider la personne à ne plus gonfler perpétuellement un ou plusieurs de ses ballons ou encore à les éliminer. Cela peut l’épuiser rapidement et le mettre sérieusement en difficulté.

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Ferme la vanne ! Je veux bien, mais où est-elle… ? « Dans le palais des émotions, il y a beaucoup de chambres ». Antoine Audouard Extrait de Un Pont d’oiseaux Le ballon émotionnel peut parfois se regonfler tout aussi rapidement qu’il s’est dégonflé. Le passage en mode rationnel est parfois extrêmement court. Les émotions remplissent à nouveau le ballon qui s’interpose à nouveau et peut potentiellement exploser à la moindre intervention rationnelle. Il faut donc, dans ces cas de tensions émotionnelles fortes, essayer de trouver le plus vite possible la source d’alimentation du ballon. S’il n’est pas possible d’identifier l’origine première du gaz, car plusieurs bouteilles ou poches d’émotions peuvent peut-être fournir cet élément explosif, il faut au minimum trouver la vanne principale alimentant directement ce ballon. Cette approche constitue en réalité la sixième étape dans cette gestion du ballon émotionnel. Reprenons le cas de ce subordonné inquiet de ne pouvoir réaliser les activités pour lesquelles il n’a pas un niveau de maîtrise optimal. Imaginons une gestion optimale du ballon par son supérieur hiérarchique dans le respect des cinq étapes décrites précédemment. Ce dernier a donc identifié l’existence de ce ballon. Il a obtenu la confiance de son subordonné pour l’amener à exprimer ses émotions. Celles-ci sont essentiellement la peur de ne pas être à la hauteur des attentes de son supérieur hiérarchique ainsi qu’un sentiment de contrariété ayant évolué vers de l’exaspération de ne pas avoir été, une fois encore, formé préalablement. Après avoir écouté son subordonné et lui avoir permis de vider son ballon émotionnel, il passe à l’étape du fusible. Le mode rationnel ne fait l’objet d’aucune réaction émotionnelle de la part de son subordonné. Comme le supérieur hiérarchique est particulièrement concentré sur la présentation des opérations à réaliser et sur les instructions à communiquer pour éviter toute erreur, il ne s’aperçoit pas du manque d’écoute de son subordonné. En réalité, les émotions initiales sont réapparues et gonflent à nouveau le ballon. La vanne principale n’a pas été cherchée, trouvée et fermée. Chaque bouteille ou réserve de gaz possède sa propre vanne. Il est par conséquent possible de fermer la vanne de la colère indépendamment de la vanne de la peur de ne pas y arriver. Mais, il est préférable de couper l’alimentation générale en trouvant les raisons profondes de ces émotions. Sans oublier que de nouvelles émotions peuvent apparaître et contribuer à gonfler plus vite et plus fortement le ballon. Il est possible que dans son cas, la vanne principale soit celle qui commande la peur de ne pas être reconnu par tous pour ses compétences exceptionnelles ou, exprimé d’une autre manière, de ne pas atteindre la perfection. Cette peur est très fréquente chez les acteurs opérationnels d’une entreprise et même auprès des experts. En réalité, plus l’expertise est acquise dans un domaine, plus la personne souhaite rester dans son cercle de confiance et de sécurité et donc, plus elle accepte difficilement d’explorer de nouveaux territoires et d’aller vers l’inconnu. La peur de ne pas

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disposer des ressources propres nécessaires pour acquérir de nouvelles expertises représente une réserve considérable de gaz explosif. Le supérieur hiérarchique doit, par conséquent, pour éviter tout nouveau remplissage du ballon, rassurer son subordonné sur ses capacités potentielles à réaliser les progrès nécessaires. Il doit l’accompagner dans son développement et l’acquisition de nouvelles compétences. Cela passe, bien entendu, par la détermination d’objectifs réalisables et par des encouragements fréquents. L’étape de l’écoute doit notamment permettre d’identifier les causes profondes des émotions exprimées et donc de trouver les réserves d’émotions et leur vanne respective. Cette étape peut conduire au repérage de la vanne d’alimentation directe du ballon. Un employé avait un comportement de plus en plus critique et même négatif depuis plusieurs semaines. Plusieurs tentatives de dégonflage de son ballon émotionnel n’avaient pas permis d’améliorer les relations de ce personnage avec son entourage professionnel. Le ballon explosait régulièrement. Il se réparait tout aussi vite pour se remplir à nouveau d’émotions particulièrement détonantes. Ces explosions à répétition devenaient de plus en plus insupportables et inacceptables. Il fallait à tout prix couper l’alimentation en gaz de ce ballon. Fallait-il encore trouver l’origine de ces émotions et fermer la vanne. Lors d’un nouvel entretien, une écoute très attentive ne permit aucun progrès dans cette recherche de la vanne d’alimentation principale. L’étape de questionnement a été déterminante. En fait, l’employé espérait, depuis de nombreuses années, sans en avoir parlé à quiconque, obtenir un statut de cadre. Ce souhait était motivé tant par le prestige que par la progression salariale associés à cette promotion. Or, il venait de perdre tout espoir suite à l’engagement d’un ingénieur expert dans le domaine concerné. A la suite de son long entretien, pendant lequel son interlocuteur avait pris le temps de l’interroger pour connaître les causes profondes de sa colère, une nouvelle conversation a permis d’expliquer les raisons de cette décision. Elle a également amené cet employé à choisir entre - un accompagnement pour l’amener à réaliser un travail de deuil rapide afin de l’amener à collaborer au mieux avec son nouveau supérieur hiérarchique et à contribuer positivement à la réalisation des objectifs et - une réorientation de sa carrière par la recherche d’un emploi dans une autre structure industrielle.

Et si, moi aussi, j’ai un ballon émotionnel… Que dois-je faire ? « Celui qui sait écouter deviendra celui qu'on écoute ». Vizir Ptahhotep Il est très rare de trouver une personne en mode rationnel permanent. Par contre, tout être humain, consciemment ou non, vit constamment dans un monde émotionnel intérieur plus ou moins riche ou intense.

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Au démarrage d’un entretien, chaque personne tient son ballon émotionnel devant lui d’une taille proportionnelle aux émotions existantes à cet instant. Ce ballon n’est pratiquement jamais totalement vide.

Cependant, certains sont capables d’écarter leur ballon afin qu’il ne s’interpose pas et qu’il ne constitue pas un obstacle à la conversation. Cela s’appelle la maîtrise de soi. Autrement dit, ils s’interdisent d’exprimer leurs émotions par action de leur muscle préfrontal qui résiste à la pression exercée par ses émotions. Il arrive aussi qu’ils fixent leur ballon à un support le temps de l’entretien pour le reprendre une fois celui-ci terminé. Cela correspond à un lâcher-prise amont par choix d’abandonner transitoirement ces émotions. Le résultat de cette aptitude permet de libérer le cortex préfrontal de la nécessité de contrecarrer la pression exercée et de pouvoir jouer son rôle de manière optimale. Que faut-il faire lorsque nous avons un ballon émotionnel bien rempli et que notre interlocuteur tient également à bout de bras son propre ballon émotionnel ? La personne au niveau de maturité le plus élevé et au ballon le moins gonflé devrait, en toute logique, soit réaliser les efforts nécessaires pour contenir ses émotions tout au long de l’entretien, soit abandonner provisoirement son ballon pour laisser à son interlocuteur le temps nécessaire à l’évacuation du gaz contenu dans le sien. Dans cette seconde approche, la personne reprend ses émotions et les gère au mieux une

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fois l’échange terminé. Même si son ballon est davantage gonflé que celui de son interlocuteur ou s’il contient un mélange de gaz (donc, d’émotions) plus explosif, c’est à elle à prendre la direction de l’entretien et à aider l’autre à exprimer ses émotions et à atteindre au mieux les conditions d’une communication « rationnelle – rationnelle ».

Si les deux interlocuteurs sont du même niveau de maturité et avec un ballon de taille comparable, la notion de position hiérarchique doit intervenir. C’est au leader à réaliser les efforts nécessaires pour maîtriser ses émotions ou pour les lâcher afin d’assurer un passage en mode rationnel le plus rapide et le plus agréable possible. Si les deux interlocuteurs sont du même niveau de maturité et si la personne occupant la position hiérarchique plus élevée tient un ballon plus volumineux que son interlocuteur, elle doit assertivement expliquer sa situation et son nécessaire besoin d’exprimer ses émotions ou de les évacuer avant toute communication en mode rationnel. Si les deux interlocuteurs de même niveau de maturité tiennent un ballon de taille comparable sans différence hiérarchique entre eux (comme un mari et son épouse, deux ami(e)s, deux collègues de travail…), c’est à la personne au muscle préfrontal le plus en forme à gérer son ballon pour autoriser son interlocuteur à vider le sien. Dans l’hypothèse où l’une de ces deux personnes de même niveau de maturité et hiérarchique tient un ballon contenant plus d’émotions que son interlocuteur, il doit également assertivement expliquer sa situation et son besoin de vider son ballon avant tout échange en mode rationnel.

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Quatre approches pour éviter l’explosion de son ballon émotionnel « Les émotions ne vieillissent pas ! » Robert Lalonde Extrait de L'ogre du grand remous Un muscle préfrontal un peu plus faible que d’habitude et une quantité d’émotions un peu trop importante fragilisent le ballon et le rendent plus vulnérable à toute tentative de communication rationnelle de l’autre. Pour éviter ce risque, il existe quatre approches possibles : 1. Augmenter l’épaisseur de la paroi du ballon. Cette approche est une autre façon de parler d’une « armure émotionnelle ». En ajoutant des couches de structure, le ballon pourrait, à la fin, ressembler à un réservoir en béton d’un château d’eau

ou à une citerne métallique de stockage de gaz.

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Il est évident qu’une aiguille a peu de chance de perforer ce type d’enveloppe. Donc, les arguments rationnels classiques n’arriveront sans doute pas à provoquer une explosion d’émotions de la part de l’interlocuteur. Le principal désavantage de cette approche est de ne pas indiquer clairement si le réservoir contient ou non du gaz et, si c’est le cas, la quantité et la pression. Cela peut rendre mal à l’aise et conduire la personne à refuser d’entrer en communication avec l’autre pour éviter tout risque d’explosion aux effets plus ou moins dévastateurs. Le refus d’informer l’autre, de manière verbale ou non, de la présence de gaz (donc, d’émotions) dans son ballon amène l’interlocuteur à rejeter toute communication par le simple effet de l’existence permanente de ce monstre de béton ou de métal s’interposant par la seule présence de cette structure rigide et massive (voir le toolbook n°5 « Armure émotionnelle »). 2. Appliquer un film glissant. Cette solution consiste à prendre de la distance. Elle est associée à la capacité à se détacher des attaques ou de la forme malencontreuse ou maladroite utilisée par l’interlocuteur pour s’exprimer. Pour appliquer ce film, il faut se concentrer sur le fond et les sens de la démarche d’écoute à savoir : - offrir l’opportunité à l’autre de se libérer de ses émotions et - découvrir le maximum d’informations pour interagir au mieux avec lui. 3. Maintenir l’élasticité de l’enveloppe du ballon. Cette aptitude est liée à un travail de fond sur toutes ses peurs (conscientes ou inconscientes) en vue de les réduire et de les éliminer si possible. A partir du moment où la peur a disparu, une source d’alimentation principale du ballon émotionnel est tarie. Ce dernier est alors moins gonflé. Il est donc moins sous tension. Pour maintenir une élasticité susceptible de résister à des « agressions » rationnelles, il faut éviter de laisser son ballon se remplir de manière dangereuse au point de créer une tension forte au niveau de l’enveloppe. L’ouverture d’esprit, la souplesse, le non attachement à des principes rigides, l’abandon de certaines croyances bloquantes constituent autant d’outils efficaces pour y parvenir. La capacité à se remettre en question et l’acceptation des critiques et du jugement d’autrui sont également très utiles. Enfin, la capacité à s’auto-évaluer et à faire preuve d’autodérision est un atout indéniable pour parvenir à assouplir l’enveloppe du ballon. 4. Vider son ballon régulièrement et au plus tard avant toute rencontre ou tout entretien. La meilleure façon de vider son ballon est de réaliser un lâcher-prise amont en priorité (abandon de ses principales sources de pression sur le cortex préfrontal (voir plus avant avec le travail sur les peurs)) et aval (par une détente du muscle préfrontal autorisé à ne plus analyser, contrôler, hiérarchiser, planifier, décider… dans un cadre éthique défini).

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Des exercices de respiration sont simples et faciles à réaliser dans tout environnement, aussi bien dans la perspective d’un entretien qu’au cours de celui-ci. Une relaxation préalable à un entretien difficile, si elle est possible, représente la meilleure technique de lâcher-prise aval. Il faut toutefois veiller à ne pas laisser son muscle préfrontal au repos trop longtemps car il risque de ne pas être prêt pour une gestion optimale des émotions. Autrement dit, il faut prévoir un temps suffisant entre le lâcher-prise et l’entretien pour amener progressivement le cortex préfrontal à supporter les pressions qui pourraient être exercées sur ce muscle.

Pour éviter l’explosion d’un ballon en dehors de tout échange rationnel, il faut surveiller son gonflement « Il y a des silences qui sont de dangereux explosifs ! » Daniel Pennac Extrait de Kamo et moi Un ballon peut exploser par augmentation de la pression interne au-delà du seuil de résistance de l’enveloppe. Aucune intervention extérieure n’est nécessaire. Certains ballons sont parfois raccordés à des bouteilles de gaz dont l’ouverture de la vanne est parfois tellement brutale qu’elle provoque une explosion pratiquement immédiate par surpression. La cause de cette explosion n’est donc pas un discours rationnel tenu par un quelconque interlocuteur. Il s’agit d’une auto explosion dont l’origine peut être un mot malheureux ou des propos malencontreux prononcés par cet interlocuteur. Ce mot ou ces propos provoquent l’ouverture de la vanne d’alimentation du ballon en gaz et son remplissage sous forte pression. Certains psychologues utilisent parfois le terme de « boutons » pour désigner ces déclencheurs d’émotions à l’origine de ces explosions. Tout être humain possède des boutons dont certains sont extrêmement sensibles et très réactifs à la moindre stimulation. Ces boutons s’activent, par exemple, lorsque des souffrances ne sont pas cicatrisées ou des problématiques personnelles ne sont pas résolues. Un homme issu d’un milieu modeste avait terriblement souffert dans sa jeunesse du mépris des autres enfants et adolescents qui avaient la chance d’être nés dans une famille plus riche que la sienne. Depuis lors, il détestait les « fils à papa » comme il les appelait. Il suffisait de prononcer le mot « privilège » ou de lui demander : « pourrais-tu faciliter l’engagement ou la promotion du fils de… ? » ou encore de prononcer simplement le nom d’un fils d’un homme riche ou célèbre pour provoquer une explosion immédiate et le mettre hors de lui. Comme le toolbook « l’effet piston » le décrit, la pression sur le cortex préfrontal est telle qu’il n’a pas le temps d’analyser l’information (qui pourrait être une simple provocation émise pour le déstabiliser par exemple) et ni les capacités de se maîtriser. Plus une personne possède de « boutons », c’est-à-dire de sources de pressions émotionnelles, plus le risque de voir ses ballons exploser au moindre contact de ces éléments sensibles est grand.

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L’identification de ces boutons et leur neutralisation par leur porteur facilitent énormément la communication et permettent d’éviter ces déflagrations aux effets destructeurs. La méconnaissance de l’existence de ces ballons ou boutons chez un interlocuteur doit pousser à l’extrême prudence et à une écoute très attentive et patiente de la personne qui s’exprime. Certaines personnes peuvent, comme l’expression vulgaire le dit si bien, « péter un câble » toutes seules ou sans raison valable. Heureusement, toutes les explosions n’ont pas la puissance d’une arme de destruction massive. Cependant, l’onde de choc produite laisse rarement indifférent. Ces personnes au ballon surgonflé ont évidemment leur part de responsabilité lors de l’éclatement de la poche émotionnelle. Elles auraient pu soit refuser assertivement de laisser les causes émotionnelles envahir leur ballon soit réaliser l’un ou l’autre lâcher de gaz correspondant à des lâcher-prise réguliers pour diminuer la pression interne. L’entourage peut parfois être surpris soit parce qu’il n’a pas identifié l’importance du ballon et le risque d’explosion imminente soit parce qu’il a été surpris par la vitesse de remplissage de ce dernier. Il est, par conséquent, essentiel d’être à l’écoute de tous les signes susceptibles d’indiquer la présence d’un ballon d’une taille critique. Cette observation régulière est donc indispensable pour prévenir ce risque d’explosion et les conséquences plus ou moins catastrophiques de celle-ci. A nouveau, l’attention aux messages non verbaux et la capacité à les interpréter correctement sont incontournables pour éviter ce genre de situations. D’une manière générale, lorsque le ballon est excessivement rempli d’émotions, la personne présente plusieurs signes de stress important (voir les signes non verbaux du stress décrits au niveau du chapitre « 1. Identifier le mode cérébral actif »).

Et, que dois-je faire en situation de crise ? « Le plus grand danger de la bombe est dans l'explosion de bêtise qu'elle provoque ». Octave Mirbeau Une ambulance arrive au service des urgences d’un hôpital universitaire. Le patient est à peine extrait du véhicule que sa mère et son épouse se précipitent sur le personnel soignant en pleurant et en hurlant. De toute évidence, elles ont toutes les deux leur ballon émotionnel bien rempli. La prise en charge du patient nécessite une communication en mode rationnel. La cause, la chronologie des faits à l’origine de son admission à l’hôpital, la recherche d’allergies éventuelles et d’antécédents médicaux… sont évidemment prioritaires. Or, dans la gestion du ballon émotionnel, il est recommandé d’aider la personne à exprimer (ou à libérer) ses émotions avant de pouvoir espérer une communication en mode rationnel une fois la quantité de gaz résiduelle compatible avec ce forme d’échanges. Malheureusement, l’état du patient ne permet pas le passage par cette étape et réclame une intervention appropriée le plus rapidement possible.

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Que faut-il faire ? Dire aux proches : « Calmez-vous ! Arrêtez de pleurer et de crier comme çà ! Répondez à nos questions ou laissez-nous travailler ! » ? Un bon nombre de réactions agressives de la part de la famille ou de proches trouve certainement leur origine dans l’absence de prise en compte de leur ballon émotionnel. Il risque d’exploser tout seul et d’avoir des effets destructeurs plus ou moins graves. Si l’état du patient le permet, il est préférable d’essayer d’obtenir des réponses rationnelles de la part des personnes qui l’accompagnent. Par contre, s’il faut une prise en charge immédiate, il est recommandé de dire à ces proches : « Nous comprenons vos émotions. Elles sont tout à fait normales. Vous pouvez nous aider et vous pouvez l’aider en acceptant de mettre momentanément vos émotions de côté pour répondre à deux ou trois questions essentielles pour les traitements à venir. Nous vous promettons de vous tenir informé(e)(s) et de vous écouter plus longuement dès que nous le pourrons. » Présenté sous une forme imagée, cela donne : « Nous reconnaissons l’importance de votre ballon émotionnel et nous respectons vos émotions et votre droit de les exprimer. Cependant, nous vous demandons de le déplacer délicatement sur le côté pour nous permettre de communiquer avec vous en mode rationnel. Dès que nous le pourrons, nous vous aiderons à le vider par une écoute et un dialogue appropriés. » Pour résumer, en temps de crise, le rationnel seul doit être autorisé. Les émotions risquent de perturber, par la pression exercée, le fonctionnement du cortex préfrontal et en particulier l’analyse, le traitement des données et la prise d’une décision optimale. Des réactions et des décisions irrationnelles peuvent être très lourdes de conséquence. Au mieux, elles n’arrangent pas la situation à gérer et, au pire, elles la rendent ingérable avec tous ses effets catastrophiques. Par contre, en dehors d’une situation de crise, il est important de souligner, après le dégonflage total ou partiel du ballon émotionnel autorisant un passage en mode rationnel, la possibilité et même l’utilité d’associer des émotions à la raison lors des entretiens. Une fois le ballon suffisamment dégonflé, l’addition d’émotions dans des propos rationnels donne à la conversation toute sa dimension humaine et conviviale.

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Clés pour s’élever 8ème toolbook

Le Sens « On se demande parfois si la vie a un sens... et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie ». Brassaï

Quel est le sens du sens ? « Ici, le sens des valeurs, c'est le sens des affaires. Ici, la poche du cœur est une poche revolver ». Louis Chedid Paroles de la chanson Ici Lors d’une conférence sur le thème de la maturité de l’esprit, j’ai demandé aux chefs d’entreprise et aux entrepreneurs présents de prendre quelques minutes pour réfléchir et noter le sens qu’ils donnaient à leur vie professionnelle. Les participants ont immédiatement réagi par des échanges de regards interrogatifs, parfois inquiets, accompagnés de petits rires gênés. À ma plus grande surprise, après plusieurs minutes, aucun d’entre eux n’avait formulé le moindre début de réponse écrite à ma demande. Pour marquer mon étonnement et pour les pousser à réfléchir à cette question essentielle, je suis resté immobile et je les ai regardés un à un dans les yeux. Afin de les aider un peu, je leur ai dit : « Pourquoi travaillez-vous ? » Cette question provoqua une réponse immédiate de la part d’un patron particulièrement hostile et négatif depuis le début de la conférence : « Moi, je travaille pour l’argent ! » Cette réaction était accompagnée d’un rire ironique et s’inscrivait dans la logique évidente de mettre les rieurs de son côté. Comme le disait Schopenhauer : « Le rire ironique proprement dit semble annoncer triomphalement à l'adversaire vaincu combien les concepts qu'il avait caressés sont en contradiction avec la réalité qui se révèle maintenant à lui. » Cet entrepreneur était bien, selon lui, dans le monde réel. Soit je partageais ce sens, soit j’étais déconnecté de cette réalité et je vivais dans un monde imaginaire ou virtuel. Un autre participant, au milieu des rires, s’adressa à cet homme : « Ne dites pas çà au conférencier. Il risque de vous trucider ! » Éclats de rire. Le premier répliqua : « Le conférencier, je l’emm… Je dis tout haut ce que, vous toutes et tous, pensez tout bas. Vous savez très bien que nous avons créé notre entreprise ou que nous avons pris la tête de nos troupes pour gagner le plus d’argent possible. Dire le contraire serait mentir et faire preuve d’hypocrisie. » Il était temps que j’intervienne. Pour soutenir la seule personne qui avait osé dire que je risquais de ne pas apprécier la réponse formulée, je me suis adressé à ce leader dont le sens de sa vie professionnelle était l’argent : « L’argent ne peut être un sens. » Il me regarda pour la première fois dans les yeux de manière menaçante et me dit : « Je vous emm… Si je considère que l’argent est le sens de ma vie, çà me

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regarde. La réussite se mesure à la hauteur de sa fortune. Qui êtes-vous pour me dire si le sens que je donne à ma vie professionnelle est correct ou non ? » À ce stade, toute polémique devait être évitée, car elle est, par nature, stérile. Cependant, j’avais le devoir de présenter l’importance du sens dans notre vécu, nos actes et nos paroles au quotidien. Compte tenu de l’attitude agressive manifestée par ce participant, deux options se présentaient à moi : soit je lui donnais raison et tout le contenu de mon intervention perdait son « sens », soit je lui démontrais qu’il avait une perception erronée de la signification et de la portée du mot « sens » avec le risque important de créer une animosité encore plus forte à mon égard. Cette dernière option présentait toutefois l’intérêt potentiel d’ouvrir l’esprit des autres personnes présentes. Il fallait donc enchainer : « Si j’étais votre consultant, je pourrais vous conseiller de quitter votre fonction actuelle, dans l’hypothèse où, comme vous venez de le dire, l’argent constitue le sens de votre vie professionnelle. Car, osons le dire, vous êtes bien mal récompensé pour tous les soucis et tout l’engagement dont vous faites preuve pour assurer à chaque personne de votre équipe un emploi et un salaire correct. Vous pourriez gagner beaucoup plus d’argent, peut être dix fois, cent fois et même mille fois plus qu’aujourd’hui, en travaillant beaucoup moins, libéré, jour après jour, des problèmes de gestion et d’un personnel épuisant d’inefficacité, d’incohérence et d’irresponsabilité. » Il me confirma avoir le sentiment de ne pas être payé suffisamment pour l’ensemble des heures consacrées à la bonne marche de son affaire. Il enchaina en disant : « Par contre, s’il existait un truc pour gagner plus en travaillant beaucoup moins, ça se saurait et je l’achèterais immédiatement ! » Nouveaux rires. Avec un sourire exprimant une grande sérénité, je lui répondis : « Mais, cher monsieur, ça se sait et ça se fait ! » Mon interlocuteur m’agressa verbalement : « Donc, après m’avoir dit que je ne donnais pas de sens à ma vie, vous me dites que je suis un c… de travailler comme je le fais pour l’argent que j’en retire. Vous qui êtes si malin, allez-y. Donnezle votre truc ! » Toujours aussi calme, je lui soumis l’une ou l’autre proposition : « Achetez de la drogue et revendez-la. Contraignez votre femme et votre fille, si vous en avez une, à se prostituer. Lancez-vous dans le racket… Le choix ne manque pas pour gagner énormément d’argent sans travailler dur pour autant. Tous les mafieux du monde les connaissent ces « trucs » comme vous dites. Un jeune homme de vingt ans, dans un cabriolet, toutes options, chaine en or autour du cou, diamant au niveau du lobe de l’oreille, lunettes de soleil posées négligemment sur ses cheveux gominés, à l’entrée d’un établissement scolaire s’est adressé dernièrement à un élève de quatorze ans : « Dis gamin. Qu’est ce que tu t’emm… à aller à l’école. Je n’y suis pas allé et regarde. J’aurai toujours plus d’argent que toi avec un diplôme. Bouffon va ! » Interloqué, mon interlocuteur bafouilla : « Mais, mais… c’est illégal ! » Pour mettre fin à cet échange, je lui rétorquai : « L’argent et la morale, ou la légalité, vous savez… ! Quand il est question de s’enrichir fortement, l’absence de sens pousse souvent à oublier l’éthique et la loi. » Le chef d’entreprise qui lui avait conseillé d’éviter de répondre « l’argent », vola au secours de l’autre participant en me posant agressivement la question suivante : « C’est quoi alors le sens ? » Pour illustrer ma réponse, je lui demandai de me rejoindre avec sa chaise. Il se leva, prit sa chaise et vint se placer à mes côtés. Je lui donnai alors l’instruction de placer sa chaise au centre de l’espace libre formé par les tables disposées en U majuscule

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puis de venir se placer à nouveau à côté de moi. Il s’exécuta. Pendant quelques dizaines de secondes, je pris la parole pour dire n’importe quoi en distillant dans mes propos, de temps en temps, le mot « sens ». Je m’interrompis pour demander à mon voisin de tourner la chaise de cent-quatre-vingts degrés. Docilement, le brave homme accepta et vint se replacer à ma droite. Après une nouvelle prise de parole sans intérêt, je lui demandai d’aller chercher la chaise et de s’asseoir à mes côtés. A cet instant, il craqua. Il plaça sa main gauche sur mon épaule droite et dit : « Ecoutezmoi bien. C’est la dernière fois que je vais chercher cette f… chaise. » Cela provoqua à nouveau de nombreux rires. Après l’avoir remercié et invité à rejoindre sa place, l’entrepreneur hostile refit surface et me lança : « Quel rapport avec le sens ? » Cette réaction attendue de ma part me permit de lui répondre : « Aucun ! » Profitant de l’effet de surprise, j’enchainai en disant : « Vous venez de voir une personne accepter de réaliser trois tâches qui n’avaient aucun sens. Soit cette personne est très ou trop gentille et manque d’assertivité soit je possède un ascendant assez puissant pour amener une personne à m’obéir en vue de réaliser des tâches sans aucun sens. »

Le même exercice a été réalisé avec d’autres patrons. La personne choisie pour réaliser ces actions n’avait pas été au-delà de la deuxième action. Elle dit, avec une certaine impatience, après avoir donné un coup de pied violent dans la chaise : « Voila. Elle est retournée. Alors, c’est quoi le sens ? » Le sens est la raison d’être d’un choix, d’une décision, d’une action, d’une parole. La question-clé du sens est : « Pourquoi ? ». Pourquoi choisir cette option plutôt que telle autre ? Pourquoi réaliser cette tâche ?

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Ce n’est pas parce qu’un comportement a un sens que ce dernier est forcément bon et que le comportement se justifie « Minuit : Limite du bonheur et des plaisirs honnêtes ; tout ce qui se fait au-delà est immoral ». Gustave Flaubert « Aimez les choses à double sens, mais assurez-vous bien d'abord qu'elles ont un sens ». Sacha Guitry Extrait de L'Esprit de Paris Pour découvrir le sens de nos actions, il peut être utile de se poser la question : « Qu’est ce qui est important pour moi ? » Pour y répondre, il faut impérativement choisir de prendre le temps nécessaire à l’analyse et à la hiérarchisation de nos choix. Dans les règles de cet exercice, les réponses telles que « l’argent » ou « le plaisir » ne sont pas recevables ou acceptées pour des raisons qui seront présentées dans la suite de ce chapitre. Dès lors, il est indispensable de chercher plus loin, plus en profondeur. Il faut essayer de remonter les éléments de sens du subconscient vers le conscient. Le passé permet également de rechercher dans les couches les plus profondes de notre mémoire ce qui avait de l’importance à nos yeux et ce qui donnait ou non du sens à nos paroles et à nos actes. Prenons l’exemple de la recherche de la perfection. Pourquoi est-ce important pour une personne perfectionniste ? Elle est susceptible de répondre : « Je suis comme ça ! ». Faux ! Elle ne doit pas confondre nature et comportement. Les êtres humains ne naissent pas perfectionnistes. Ils le deviennent sous diverses influences : pressions parentales ayant pour but d’assurer la réussite de leur enfant ou d’offrir l’opportunité de vivre, par procuration, cette réussite qu’ils n’ont pas connue …, pressions scolaires par un niveau d’exigence plus (ou très) élevés liés au style d’enseignement ou au réseau d’enseignement basant sa réputation sur les résultats de ses élèves et leur réussite professionnelle ultérieure, pressions sociales ou culturelles induisant des comportements plus acceptables dans le cadre de la vie en commun ou de modèles économiques ou industriels ayant fait la réputation d’un secteur ou d’une nation… Ce perfectionnisme a souvent pour raison profonde le besoin de combler un manque d’amour au sens large. Celui-ci peut être à ce point important que la personne est prête à tout pour ne plus (ou moins) souffrir de ce vide. Elle cherchera par tous les moyens à être acceptée, appréciée, reconnue pour ses réussites. Ces moyens peuvent être la séduction ou le charme mais aussi, pensent-elles, le simple fait d’essayer de se rapprocher de la perfection avec l’espoir de réaliser un jour des performances exceptionnelles. Par conséquent, l’important pour un perfectionniste est de mériter et d’obtenir la reconnaissance et l’amour d’autrui. Cette raison d’être de ce comportement se trouve dans le besoin impérieux de satisfaire cette attente de l’amour des autres, même si certains parmi eux donneront plus de matières pour combler ce vide d’amour que d’autres. Ce n’est pas parce qu’un choix ou un acte a un sens que ce dernier est bon. Etre perfectionniste possède une raison d’être : être aimé. Mais, est-ce que ce sens est

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bon ? Non, car il éloigne la personne de l’excellence et la conduit à être de plus en plus stressée et à souffrir davantage. Le perfectionnisme peut mener à des catastrophes ou à des accidents par la tendance de la personne à se concentrer sur les détails et à perdre de vue l’essentiel et l’important. Un sens est bon lorsqu’il : - contribue au progrès ; - apporte du positif ; - s’inscrit dans une démarche constructive ; - donne une valeur ajoutée. Tout sens responsable d’un mal-être, de souffrances, de destructions ou d’autodestructions, d’un impact négatif direct ou indirect peut être considéré comme inacceptable, mauvais ou encore dangereux. Le sens, pour être bon, doit surtout se baser sur les valeurs morales universelles. La première d’entre elles contient l’essence des autres car elle exige le respect de soi, des autres, de toutes les formes de vie, de l’environnement… Donc, tout sens, toute raison d’être d’une parole, d’une action ou d’une conduite irrespectueuse n’est pas acceptable. Les comportements inappropriés, intolérables ou condamnables s’appuient souvent sur de mauvaises raisons d’être. La conduite en excès de vitesse en est un bel exemple. Les conducteurs interrogés sur le sens de leur mode de conduite automobile répondent le plus souvent : « Je ne respecte pas les limitations de vitesse parce que : - j’aime rouler vite (le plaisir, nous l’avons dit, acceptable car il peut conduire à des sanctions personnelles ou infligées à autrui pouvant aller contraventions, un stress plus important tant passagers…) ;

n’est pas considéré comme un sens (souffrances potentielles ou réelles jusqu’au décès en passant par des pour le conducteur que pour ses

- je suis en retard pour : * éviter les conséquences d’un manque d’anticipation, d’assertivité, de capacité à faire des choix ; * obtenir/de conserver l’amour d’autrui ; le sens, dans ce cas, s’inscrit dans une logique négative et destructrice) ; - je déteste perdre mon temps (la raison d’être est à nouveau la recherche d’une satisfaction ou d’un plaisir égoïste sans tenir compte des effets de son comportement sur les autres) ; - je suis impatient ou pressé d’arriver à destination (démontre une incapacité à maîtriser de manière optimale ses pulsions et ses émotions et, donc, la raison d’être de cette conduite est immorale) ; - je suis distrait ou j’ai peur de m’endormir au volant (à nouveau, le sens est basé soit sur une tendance égocentrique (centré sur ses pensées, ses préoccupations, une chanson qui lui plait, une conversation qui l’intéresse ou aux enjeux importants…), soit sur des excès et une mauvaise hygiène de vie) ; -…

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Ces réponses ne présentent pas un sens qui s’inscrit dans une logique positive, constructive ou de progrès. Une conduite justifiée par un sens immoral doit être systématiquement abandonnée.

Le sens de la vie…, c’est le sens de ma vie « La vie n’a pas de sens. Mais nous lui donnons un sens pendant que nous existons ». Francis Bacon Extrait des Entretiens « Après avoir découvert que la vie n’a aucun sens, il ne nous reste rien d’autre à faire que de lui donner un sens ». Lucian Blaga Extrait de Pierres pour mon monument Le fils d’un client avait décidé de ne pas commencer des études supérieures pour voyager en Asie et plus particulièrement en Inde pendant au moins une année. Très inquiet de la décision de son fils, il me demanda s’il fallait ou non l’en empêcher. Ma première réaction fut de lui dire : « Je lui souhaite de rencontrer un bon gourou. » Surpris, le père répéta le dernier mot sous forme de question : « Un gourou … ? » comme si je venais de perdre la tête. Wikipedia en donne la définition suivante : « Le gourou (du sanskrit guru) signifie « enseignant », « précepteur », « maître » ou littéralement, «celui qui dissipe les ténèbres». En tant que guide spirituel, dans l'hindouisme, le bouddhisme, chez les Sikhs ainsi que dans de nombreux groupes religieux plus récents, il désigne une figure d'autorité respectable. Dans l'Inde contemporaine, le mot gourou est utilisé pour désigner le professeur, celui qui enseigne et dont le crédit repose sur la tradition spirituelle à laquelle il appartient et dont il a suivi les enseignements et pratiques, ou sur son éveil spirituel. » Le gourou n’est donc pas forcément le manipulateur de masse à la tête d’une secte. Toujours aussi inquiet, le père voulut savoir pourquoi je souhaitais à son fils de rencontrer un véritable et bon gourou. Il était fort probable, compte tenu de l’âge de son fils et de ses doutes concernant son avenir, qu’il cherchait, consciemment ou non, à découvrir le sens de la vie en général et de la sienne en particulier. Ce gourou lui dirait sans doute : « La vie n’a de sens que si tu lui en donnes. Elle ne communique aucun sens. C’est à toi à définir, à choisir le sens de ton existence. » Pour conclure, je fis cette réflexion : « Mais, pour entendre ceci, il n’a pas besoin d’aller en Inde. Je peux lui dire et l’aider à trouver un sens à sa vie. » Lors de la première séance d’accompagnement personnel, je lui demandai si j’avais donné un sens à ma vie. Après quelques secondes de silence et d’observation, il me répondit : « Je crois que oui. » En l’absence de réactions de ma part, il confirma de manière plus nette : « Oui, oui. Je suis sûr que vous avez trouvé un sens à votre vie. » Comme il avait utilisé le verbe « trouver » au lieu de « donner », je lui demandai s’il avait une idée de l’endroit où j’avais pu trouvé ce sens. Face à sa perplexité, je lui posai une autre question : « Vu votre conviction d’être face à quelqu’un qui a trouvé un sens à sa vie, quel est le sens de ma vie professionnelle selon vous ? » Ne comprenant visiblement pas ma question, je

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formulai ma question différemment : « Pourquoi est-ce que je travaille ? » Il me répondit : « Pour gagner assez d’argent pour vivre. » L’argent est utile. C’est un moyen, une ressource indispensable à la réalisation de tout projet. Il n’y a aucune raison d’être honteux de disposer de moyens financiers plus ou moins importants tant que ces derniers ont été acquis dans le respect des lois morales universelles et des lois votées démocratiquement. Il ne faut donc pas confondre les ressources et le sens. Invité à réfléchir davantage et toujours aussi perplexe, il me dit « Vous travaillez pour aider les gens. » Je lui demandai si je réalisais ces actions pour être canonisé un jour ou pour obtenir le prix Nobel de la paix. Il précisa sa réponse en disant : « Vous accompagnez les autres dans leur développement pour gagner votre vie et pas par charité chrétienne ou grandeur d’âme. » Nous avancions. Après l’argent venait l’action. Il s’agissait bien de décrire en quelques mots mon activité principale, à savoir accompagner autrui dans le développement de ses talents. Mais, sa réponse n’était toujours pas satisfaisante. Il essaya alors une autre approche en disant : « Vous travaillez pour le plaisir. » Enfin une émotion ! Mais s’agissait-il d’une cause ou d’une conséquence ? Quelqu’un a dit un jour : « L’effort, c’est le plaisir à l’arrivée. » Cela tendrait à confirmer que le plaisir est une conséquence ou un effet de la réalisation d’une tâche ou d’un ensemble de tâches ayant un sens. « Alors, me dit-il, je ne vois vraiment pas. Quel est le sens de votre vie professionnelle ? ». Sur une feuille de papier, je dessinai le tableau ci-dessous.

Le sens de la vie, selon moi, est le progrès. Notre raison d’être sur terre est de progresser et de participer au progrès commun. Les épreuves, les difficultés de l’existence nous offrent autant d’opportunités de grandir et de nous enrichir individuellement et/ou collectivement. Toute activité apportant une valeur ajoutée ou un « + » s’inscrit dans cette dynamique de sens de l’existence. Il faut toujours faire en sorte de savoir pourquoi nous réalisons une tâche ou pourquoi nous nous engageons dans tel ou tel projet. Assurons-nous de constamment progresser et de contribuer à un progrès, à une évolution positive par l’acquisition puis la transmission d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir être.

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Le sens : moteur de l’excellence « Les défis rendent la vie intéressante ; les surmonter lui donne un sens ». Joshua J. Marine Lorsqu’un apprenti réalise son Tour de France pour devenir Compagnon, il reçoit une éducation professionnelle. Celle-ci inclut une formation à son métier de futur artisan mais aussi une transmission de valeurs, de codes, de principes partagés par tous les Compagnons. Le recours aux symboles, aux images, aux métaphores, aux paraboles permet à l’apprenti d’appréhender certains concepts complexes et de se les approprier. Le langage des Compagnons fait appel aux émotions. L’anecdote du carrossier entendant un apprenti frapper sur une tôle avec une masse est très exemplative. Il s’approcha du jeune homme et lui dit : « Tu fais pleurer la tôle. Je vais te montrer comment la faire chanter. » Cet apprenti observa les gestes de son maître et surtout retiendra le son harmonieux de la tôle bien frappée. Il cherchera ensuite en permanence à le reproduire par les gestes adéquats. Il n’oubliera plus jamais ce son qui fait chanter la tôle. La parabole du tailleur de pierre a été présentée dans le premier livre électronique de la collection « Clés pour s’élever » intitulé « La puce électronique ».Pour rappel, elle raconte l’histoire d’une personne visitant un chantier. Il voit trois artisans et s’adresse au premier pour lui demander ce qu’il fait. Celui-ci répond : « Je taille des pierres. » Il répète la même question au deuxième qui répond : « Je taille des pierres pour gagner ma vie. » Le troisième donne la réponse suivante : « Je bâtis des cathédrales. » Le premier se contentait de décrire son activité. Le deuxième liait l’argent à la raison d’être de sa présence sur ce chantier. Le troisième était le seul à donner un sens profond à son travail. Dans une certaine mesure, ce sens le dépassait. Il est facile d’identifier une personne qui donne du sens à son activité. Il suffit de regarder le résultat. Sans pouvoir expliquer la raison de cette excellence, elle s’impose et se voit. Pour s’en convaincre, il suffit d’interroger deux individus dans une entreprise. L’un réalise des travaux excellents et l’autre tellement mauvais qu’ils nécessitent des améliorations voire des corrections constantes. A la question : « pourquoi faites-vous ce que vous êtes en train de faire ? », le second a de fortes chances de répondre : « Pour gagner ma vie » ou « Parce qu’on me l’a demandé » ou encore « J’en ai aucune idée (et je m’en f…) ! » Par contre, la personne aux réalisations excellentes présentera toute une série de raisons pertinentes d’exécuter ses tâches comme il le fait. L’excellence n’est pas la perfection. Cette dernière est inaccessible car pour être parfait, un travail doit être réalisé par une personne parfaite. Or, je ne connais aucun être humain parfait. L’excellence est un objectif permanent pour tous les Compagnons-artisans. Pour l’atteindre, il faut satisfaire certaines exigences. L’excellence est, selon moi, la somme de cinq critères essentiels.

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Une formule mnémotechnique permet de s’en rappeler :

Excellence = Tout Pour Satisfaire des Exigences Raisonnables Quelle est la signification de chaque lettre ? T pour Talent(s) Pour réaliser une tâche excellente, il faut disposer d’un minimum de potentiel transformé en compétences ou aptitudes suffisantes pour atteindre le niveau attendu. P pour Passion La passion est indispensable. Elle doit être associée à l’action et aux efforts réalisés pour atteindre un résultat. Le plaisir doit exister également tout au long du processus de réalisation d’une œuvre ou d’un chef d’œuvre. Il doit surtout être lié au résultat des actions entreprises. Les deux P sont essentiels pour atteindre l’excellence. S pour Sens Si une activité ou une tâche n’a pas de sens, pourquoi faudrait-il la réaliser ? Plus le sens existe et est parfaitement intégré plus l’excellence se révélera. E pour Effort Pas d’excellence sans effort et sans travail. La réussite la plus appréciable et la plus appréciée est toujours le résultat d’efforts plus ou moins importants. La règle des 10 000 heures présentée par Malcolm Gladwell dans son livre « Outliers » le démontre très bien. Lors de son étude sur les raisons principales des succès exceptionnels, cet auteur met en évidence un facteur essentiel : il faut accumuler plus de dix mille heures de pratique d’une activité pour atteindre un niveau optimal de maîtrise. Une enquête réalisée au sein de l’école philarmonique de Berlin a démontré qu’un musicien doit atteindre ce seuil avant vingt ans s’il souhaite devenir un soliste de classe internationale. Pour rejoindre un orchestre philarmonique, huit mille heures sont nécessaires. Pour devenir un professeur de musique environ quatre mille heures suffisent. En réalité, le E de Effort est la somme du T de Talent et du P de Plaisir. En effet, sans talent et/ou sans plaisir, il est pratiquement et humainement pas possible d’atteindre et, forcément, de dépasser les dix mille heures nécessaires.

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R pour Réalisme L’excellence est le résultat d’objectifs réalistes estimés sur base de toutes les ressources disponibles. Les ressources à prendre en considération sont : - ressources propres : capacités (physiques, intellectuelles, psychiques), connaissances, compétences, expériences et potentiels à développer (talents, dons particuliers) ; - ressources externes : - ressources humaines : possibilité de faire appel à des capacités, aptitudes supplémentaires et/ou complémentaires ; - ressources financières : capital disponible pour réaliser l’objectif ; - ressources matérielles : équipements, outils, moyens de locomotion et de transport… ; - ressources temps : temps disponible et délais à respecter.

Le sens : clé de motivation « Pour apprendre quoi que ce soit, commencez par y trouver un sens ». Seymour Papert Extrait de Jaillissement de l'esprit Un chef d’entreprise demanda à un de ses collaborateurs de ranger la salle de réunion. Il insista sur l’importance de réaliser cette tâche pour midi au plus tard. Vers midi et quart, il alla vérifier l’état de la salle. Elle se trouvait dans le même état de désordre. Il appela son collaborateur. Lorsqu’il arriva dans la salle, il se rappela la demande qui lui avait été faite et s’excusa de l’avoir oubliée. Le chef d’entreprise se fâcha sur son collaborateur et lui reprocha de ne pas respecter ses engagements et, par conséquent, son manque de fiabilité. Sous les assauts de ces critiques, le coupable proposa de ranger la pièce à la vitesse d’un célèbre homme en polo et pantalon blancs représentant une marque de produits d’entretien bien connue. Le coach de ce chef d’entreprise sur le point de quitter la société après avoir fixé le prochain rendez-vous avec la secrétaire du patron, demanda s’il pouvait poser une question au collaborateur. Après avoir obtenu l’accord du chef d’entreprise, il se tourna vers le collaborateur pour lui demander : « Pour quelle raison, votre patron vous a-t-il demandé de ranger cette pièce ? » Surpris par cette question, il regarda ce dernier et dit : « Ben… pour qu’elle soit en ordre, je suppose ! » Le coach insista : « Pour quelle raison cette pièce devait-elle être absolument en ordre pour midi ? » Le collaborateur haussa les épaules et répondit qu’il n’en avait aucune idée en réalité. Il pensait que le patron devait considérer qu’elle était vraiment trop en désordre et qu’il souhaitait la voir rangée dans les meilleurs délais. Le chef d’entreprise s’énerva et lui dit : « Vous le faites exprès ou quoi ? Vous savez très bien pourquoi je vous l’ai demandé. » Sous le choc de cette réaction violente, il resta pétrifié. Incapable de trouver une raison valable à cette demande, il resta muet. Le patron précisa alors : « Nous accueillons aujourd’hui un nouveau membre du

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personnel. Il me parait tout à fait normal de le recevoir dans une pièce bien rangée afin de lui donner une image positive et agréable de l’entreprise. » Le collaborateur, en quelques minutes, avait donné une toute autre apparence à cette salle de réunion. Le coach, pendant ce temps-là, attira le patron dans le couloir et lui demanda : « Lorsque vous avez demandé à votre collaborateur de réaliser cette tâche, lui avez-vous dit qu’elle était le sens de cette requête ? » Le chef d’entreprise répondit qu’il était évident. Le coach dit alors : « Le sens était peut être évident pour vous. Mais… l’était-il pour lui ? Ce qui est évident pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Sans raison d’être, en l’absence de sens ou s’il ne comprend pas le sens que vous donnez à une tâche, la personne chargée de l’exécuter réagit soit en réalisant la tâche a minima pour ne pas avoir de problèmes ou pour faire plaisir (à la condition que cet effort soit très apprécié par le demandeur et, encore, il y a de fortes chances pour qu’il se dise « C’est bon pour une fois ! ») soit il ne la réalise pas, tout simplement parce qu’il est absurde de faire quelque chose qui n’a aucun sens. » Ce chef d’entreprise veilla à l’avenir à toujours communiquer le sens de ses demandes et à la bonne compréhension de celui-ci par la personne chargée de les réaliser.

En début de carrière, j’étais pharmacien d’industrie dans une société de production et de conditionnement de matériel médical. Ma mission essentielle consistait à m’assurer de la qualité des dispositifs médicaux et de leur conformité aux exigences légales et réglementaires applicables à ce type de produits. J’avais constaté, après quelques semaines, un taux important d’arrêts des machines de conditionnement pour cause de pannes principalement. Ces arrêts fréquents nuisaient à la productivité mais aussi à la qualité des produits. Ces machines thermoformaient des films de polymère pour en faire des petites barquettes cloisonnées en vue de recevoir les éléments du set de soins à réaliser (tampon de gaze, pince en plastique, compresses…). Pour fonctionner, elles utilisaient deux sources d’énergie : l’électricité pour chauffer les moules afin de permettre la formation des barquettes et de leurs cloisons et l’air comprimé pour exercer les pressions et mouvements nécessaires à la bonne exécution des opérations de conditionnement. Les différents sons émis par ces machines donnaient l’impression qu’elles souffraient le martyre. Sans être un grand technicien ou ingénieur, une écoute un peu attentive permettait de se rendre compte de l’existence d’un fonctionnement non optimal voire carrément défectueux de cet équipement.

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Lorsque j’ai exprimé le désir de consulter le programme de maintenance de ces machines, le responsable de la production et le responsable technique m’ont répondu : « Tu peux consulter le relevé des interventions à la suite des pannes et prendre connaissance des réparations réalisées. Par contre, nous n’avons pas de programme de maintenance. De toute façon, nous ne pouvons pas nous permettre ce luxe ! Ça prendrait beaucoup trop de temps et le patron ne nous laisserait pas arrêter le conditionnement et mettre en danger les plannings de livraison pour réaliser des opérations d’entretien du matériel. » Après avoir tenté, à l’une ou l’autre reprise, de présenter la raison d’être de cette maintenance préventive et avoir essuyé autant de refus de mettre en œuvre un programme approprié, il semblait évident, tant pour la direction que pour les responsables concernés, que je m’intéressais à des sujets qui ne se trouvaient pas dans mes domaines de compétences et de responsabilité. Pour progresser, je décidai d’attaquer le problème sous un nouvel angle. Ma fonction de pharmacien d’industrie me permettait d’exiger un niveau de propreté minimal dans les locaux de production et de conditionnement. Le nombre de particules par volume d’air, par exemple, devait se situer sous une limite imposée par les textes réglementaires et légaux pour ce type d’activités. Fort de cette exigence à satisfaire à tout prix, je pris donc l’initiative de demander la réalisation d’un contrôle de la conformité à celle-ci par un organisme indépendant agréé. La direction, voulant absolument réussir ce test sous peine de sanctions pouvant mettre en danger les activités de l’entreprise et donc nuire à ses résultats commerciaux, me permit d’imposer un nettoyage en profondeur et en détail des différentes salles la veille de ce contrôle. Les résultats furent catastrophiques malgré des efforts considérables réalisés par le personnel de production et de conditionnement pour arriver à un niveau de propreté maximal. Les données récoltées montraient une élévation très importante du nombre de particules par volume d’air lors de chaque libération d’air comprimé par les machines. Il semblait également exister une corrélation entre les bruits de « souffrance » de la machine et les particules émises. Corrélation entre les deux événements suppose donc que l’un serait la cause de l’autre conformément au sophisme « Cum hoc ergo propter hoc » (latin signifiant « avec ceci, donc à cause de ceci »). Après avoir présenté les conclusions à la direction et aux responsables de production et de maintenance, j’obtins, à titre exceptionnel, de réaliser une maintenance complète d’une seule machine afin de recommencer les tests pour prouver l’existence effective de cette corrélation. Si les résultats étaient positifs, d’autres machines particulièrement mal en point pourraient bénéficier du même traitement de faveur. Cette maintenance ne put être effectuée qu’à la condition d’être réalisée pendant le week-end et par deux techniciens volontaires afin de ne pas perturber le bon déroulement des activités et la livraison des produits commandés aux clients dans le respect des délais imposés. Le lundi matin, dans un local d’une propreté remarquable, trônait une machine en apparence tout à fait identique à celle qui occupait cette place le vendredi précédent. Elle avait été complètement démontée jusqu’au dernier petit boulon. Chaque pièce avait été analysée, éventuellement réparée ou remplacée, nettoyée ou huilée… Les techniciens reconnurent que leur « patient » était, avant l’« opération »

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d’entretien, dans un sale état. Il avait fallu remplacer de nombreuses canalisations de distribution d'air, des raccords et des filtres. Lorsqu’elle fut mise en marche pour réaliser les tests de contamination particulaire, les grands bruits déchirants du passé avaient laissé la place à une respiration douce et régulière, faite de soufflements et d’expirations agréables à entendre. Le nombre de particules émises était largement sous la limite autorisée. Le lien entre les râles de la machine et la contamination de l’environnement du local était démontré. Fort de ce constat et compte tenu de son aptitude à tourner comme une horloge, il semblait logique de tester l’aptitude de cette machine remise à neuf à supporter des cadences de fonctionnement plus importantes. Non seulement, elle produisait plus de sets de soin à usage unique par unité de temps mais elle ne tombait plus en panne. Les pertes de temps et financières dues aux nombreux arrêts machine disparaissaient et la productivité augmentait. Cette maintenance était, par conséquent, triplement bénéfique : - satisfaction aux exigences environnementales applicables à ce secteur d’activités ; - économies d’intervention de réparation et de remise en marche de la machine ; - augmentation du nombre de sets produits par jour. La direction exigea, après cette démonstration d’efficience, l’établissement et le respect strict d’un planning de maintenance préventive pour toutes les machines de production et de conditionnement. Le sens de la maintenance, sa raison d’être, était à présent évident et compris par tout le personnel concerné.

Le sens comme antistress « La parole dépourvue de sens annonce toujours un bouleversement prochain ». René Char Dans un autre environnement industriel, de type « industrie lourde », un chef d’entreprise était confronté à une situation de crise particulièrement critique. Les premiers signes étaient relativement anodins. Quelques personnes de production avaient commencé à se plaindre de stress. Avec le temps, une personne s’était absentée pour cause de maladie. Puis, une deuxième avait été absente pendant un mois à la suite d’un burnout. Pendant la même période, des pannes mineures et isolées de plus en plus fréquentes apparurent au niveau de la production. De mineures, elles devinrent progressivement majeures. Le planning n’était plus respecté et les clients manifestaient de plus en plus bruyamment leur mécontentement. Le sous effectif ne permettait pas de faire face à tous les « départ d’incendies » aux différents points de la production. Les pressions externes et internes étaient telles que le personnel de production et technique ne savait plus où donner de la tête. Il ne prenait plus le temps d’analyser les situations. Il n’arrivait plus à déterminer l’importance des pannes et la priorité des réparations à effectuer. Le cercle vicieux se transformait progressivement en un tourbillon infernal prenant la forme d’une tornade à forte puissance dévastatrice.

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La direction décida d’arrêter purement et simplement toutes les activités de l’entreprise pour faire le point et déterminer les priorités d’action. Un plan d’action fut décidé et mis en œuvre en tenant compte des ressources disponibles. Lorsque les pannes les plus importantes furent solutionnées, la production fut très doucement remise en route. Le personnel reprit le travail dans un climat beaucoup plus serein. Le retour progressif des absents contribua également à mieux répartir la charge totale de travail. Après le retour complet à une situation normale, une réunion d’analyse de la crise fut programmée pour étudier le traitement de celle-ci et surtout découvrir son origine. Cette enquête permit de révéler le non-respect des opérations de maintenance du matériel et de l’équipement par le personnel technique. Les responsables s’aperçurent que le sens de ces opérations préventives avait été oublié ou était ignoré par les personnes chargées de les réaliser. Les anciens, au moment de la mise en place des programmes et des instructions de maintenance, étaient tout à fait conscients de l’importance et du sens du respect des ceux-ci. Par contre, les nouvelles générations semblaient (ou voulaient) l’ignorer. Ils décidèrent de sensibiliser les personnes pour les amener à prendre conscience du sens de ces activités.

Pourquoi voulez-vous un enfant ? « Le sens : un diamant perdu dans la boue ». Didier Le Pêcheur Extrait de Les Hommes immobiles Le sens est tout aussi important dans nos choix de vie que dans nos activités quotidiennes. Une jeune femme avait décidé de s’offrir l’une ou l’autre séance de développement personnel parce qu’elle voulait devenir la meilleure mère possible. Elle avait planifié de concevoir son premier enfant vers le quinze août, soit environ six mois plus tard. « Pourquoi voulez-vous avoir un enfant ? », lui demandai-je. Très surprise, elle resta un certain temps sans répondre. Elle finit par dire : «Mais, c’est évident ! » Comme je ne réagissais pas, elle poursuivit : « Toutes les femmes veulent avoir un ou plusieurs enfants ! Non ? » Tout en secouant négativement la tête, je lui répondis : « Pas toutes les femmes, non. Certaines ne le souhaitent pas pour différentes raisons. » Tout en

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soulevant ses épaules, elle souligna que celles-ci représentaient des exceptions. Je revins à la charge : « Tout cela ne répond pas à la question posée. Quel est le sens de votre action ? Pourquoi vous (en la pointant du doigt) vous souhaitez un enfant ? » Un peu gênée, elle dit tout bas : « Si je vous réponds que c’est mon horloge biologique, vous n’allez pas apprécier, hein ? » Je me fis un plaisir de lui confirmer son hypothèse. Elle n’avait pas besoin de moi pour laisser libre cours à ses instincts de reproduction. Mon rôle consistait dès lors, à l’aider à découvrir le sens de sa future vie de mère ainsi que les outils et les approches d’éducation les plus utiles. Elle me rétorqua qu’elle ne voulait pas concevoir un enfant pour de mauvaises raisons comme par exemple : - piéger son mari ou l’obliger à rester près de la mère de son enfant ; - faire un enfant comme toutes les jeunes femmes de son âge pour se sentir comme elles ou proche d’elles, pour être mieux acceptée ou intégrée au sein d’une communauté humaine ; - céder à la pression de sa mère ; - donner un petit cousin ou une petite cousine aux enfants de son frère… Elle énuméra ensuite des raisons plus valables à ses yeux : - pour faire plaisir à mon mari ; - pour lui prouver mon amour ; - pour matérialiser l’amour que nous ressentons l’un pour l’autre. Après cette phase consacrée à l’amour partagé, elle tenta une autre approche basée sur la perpétuation de l’espèce : - pour faire un être qui soit une part de nous deux, qui nous ressemble ; - pour laisser une trace, contribuer au maintien d’une lignée ; - pour atteindre à une certaine forme d’immortalité. Cette tentative n’étant pas plus fructueuse que la précédente, ses réponses prirent une tournure de plus en plus immature : - pour avoir une motivation de plus de se battre dans la vie ; - pour lui donner ce que je n’ai pas eu et pour lui épargner ce que j’ai subi ; - pour me réparer suite à des blessures émotionnelles du passé ; - pour réparer mon mari parce qu’il n’a pas connu sa mère (ce serait un peu comme si je le « portais » avait-elle dit). voire égoïste : - pour me sentir femme ; - pour ne pas finir mes jours toute seule. Et puis, tout d’un coup, elle tapa dans ses mains et dit : « Ah, je sais ! J’ai trouvé ! » Tout sourire, j’attendais la suite. « Avez-vous déjà tenu un bébé dans vos bras ? », me demanda-t-elle. J’acquiesçai. « Alors, vous savez ce que l’on ressent. Avez-vous vu la quantité d’amour qu’un si petit être vous donne ? Oui ! Je désire cet enfant pour cette raison : recevoir cet amour pur, sans calcul, sans limite… ! »

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Elle était de toute évidence très satisfaite d’elle-même. Je ne pus m’empêcher de lui jeter un regard sévère. « Permettez-moi de vous donner un conseil chère madame. Ne faites pas d’enfants. Si le sens de cette maternité est de recevoir de l’amour de votre descendance, vous allez au devant de grosses déceptions et de très grands problèmes. L’enfant ne donne pas. Il prend. Pendant toute votre grossesse, ce fœtus prélèvera, en plus de ce que vous lui fournirez via votre alimentation, un peu de votre calcium, de votre fluor… bref, tous les éléments nécessaires à sa croissance. Un fois né, il prendra vos heures de sommeil, votre temps et votre énergie. Il ne se privera pas pour prendre toute votre attention et tout votre amour. Puis, il prendra votre argent avant de prendre sa liberté. » Après cette séance très déstabilisante, je lui recommandai de chercher avec son mari le sens qu’ils comptaient donner à leur rôle de parents. En sortant, elle était vexée à la fois de ne pas s’être posé cette question avant la séance et à la fois de ne pas avoir trouvé une réponse totalement satisfaisante tant pour le coach que pour elle-même. Une semaine plus tard, lorsqu’elle entra dans mon bureau, son ballon émotionnel était sur le point d’exploser (voir le numéro précédent de la collection « Clés pour s’élever »). Après les quelques échanges de politesse habituels, elle lui dit sur un ton agressif : « Mon mari m’a interdit de venir vous voir. Comme de toute façon, il n’interviendra pas dans le paiement de vos honoraires, je fais ce que je veux. » Un silence s’installa brièvement puis elle reprit spontanément : « Je ne l’avais pas informé de mon intention de venir vous voir pour obtenir une aide dans le cadre de l’éducation de notre futur enfant. Il était furieux d’avoir été tenu à l’écart de ma démarche. Il m’a dit que nous n’avions pas à passer un examen d’aptitude parentale pour faire un enfant. Il m’a dit également qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses à cette question. Pour lui, vous ne détenez pas la vérité et nous pouvons faire ce que nous voulons sans vous demander votre accord au préalable. » La cliente arrêta brusquement de parler. Son regard trahissait toute sa colère. Dans la logique de la gestion de son ballon émotionnel, j’exprimai d’abord mes émotions puis posai une question pour l’aider à formuler ses idées et émotions : « Je suis très heureux de vous revoir. Je vois et j’entends votre colère. Est-elle dirigée contre moi ou contre vous-même ou votre mari ? » Elle tritura son foulard et les yeux baissés elle

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me répondit : « Contre vous surtout. Je suis un peu fâchée contre mon mari aussi. Il n’avait pas à m’interdire cette démarche. De plus, il a refusé de chercher avec moi la réponse à cette question. Depuis la dernière séance, je n’arrête pas de la passer dans ma tête sans trouver une réponse qui me convienne. C’est vraiment pas sympa de votre part de provoquer une dispute au sein de notre couple. Depuis notre rencontre, nous nous n’étions pratiquement jamais disputés. En fait, je suis contrariée…, non triste finalement. Avoir un enfant devait, pour moi, être une des expériences les plus heureuses de ma vie. A cause de vous et de mon mari, ça tourne au cauchemar. » A ce stade de dégonflage du ballon, j’essayai de poser une question rationnelle : « Pourquoi êtes-vous revenue me voir ? Rien ne vous y obligeait. Simplement pour vous opposer à l’interdiction de votre mari ? » La cliente répondit : « Non. Ce serait puéril. Je voulais découvrir le sens profond de la maternité. Alors, je vous écoute, pourquoi faut-il faire un enfant ? » Je souris et répondis : « D’abord, il ne faut pas faire un enfant. Ce n’est pas une obligation. Ensuite, il n’y a pas une réponse unique et parfaite à cette question. Ce qui m’intéresse, c’est votre réponse. » La cliente avoua qu’elle n’avait aucune nouvelle réponse à me fournir. Elle me demanda s’il y en avait une. Je consentis à lui communiquer une raison d’être valable et positive de vouloir un enfant : « Concevoir un enfant, c’est offrir la vie. Il faut, par conséquent, aimer profondément la vie pour offrir à son enfant l’occasion d’en profiter pleinement. La vie, c’est le progrès. Le progrès, c’est la transformation d’un potentiel en aptitudes ou compétences. Le sens de mon rôle de parent est de transmettre à mon enfant tout ce qu’il est raisonnablement possible de lui transmettre pour lui permettre de progresser, de grandir, de jouir de cette existence et de faire face aux épreuves, aux difficultés et aux défis. L’éducation n’est donc pas une charge ou un fardeau qui doit être porté jusqu’à la majorité de l’enfant ou son autonomie financière mais une tâche qui a un sens. La transmission d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir être nécessite une capacité à donner de l’amour. Etre parent, de mon point de vue, n’a pas pour raison d’être de prouver son amour à qui que ce soit ou de recevoir de l’amour, au sens large, de son enfant ou de ses parents, de ses proches, de ses amis et relations. »

Mon bébé…tu es le sens de ma vie ! « Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort ». Antoine de Saint-Exupéry A la joie d’être père ou mère est associée une soudaine prise de conscience d’être responsable d’une vie. Ces personnes disent souvent à ceux et à celles qu’ils rencontrent : « Mon enfant est le sens de ma vie ! » ou « Mon enfant a donné un sens à ma vie. » Un enfant ne donne pas un sens. C’est attendre beaucoup trop de lui. Il prend. Comment voulez-vous qu’il communique un sens ? Il éprouvera déjà énormément de difficultés à définir le sens de sa propre existence alors en donner à autrui… Il est en droit, au contraire, de recevoir l’aide nécessaire pour trouver le sens de sa propre existence. Il faut espérer qu’il possède dans son entourage l’une ou l’autre personne ayant donné un sens à la sienne en général et à sa vie professionnelle en particulier. Un être humain ne peut être le sens d’un autre être humain. Le poids est, dans ce cas de figure, bien trop lourd à porter pour ce petit, même devenu grand.

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Si un être humain est le sens de la vie d’une autre personne, cela peut vouloir dire qu’en l’absence de cet être, sa vie n’aurait plus aucun sens. Or, lorsqu’un homme et une femme donnent la vie, ils condamnent par la même occasion cet être vivant à mourir un jour. Donc, offrir la vie implique de condamner à mort cet enfant. Et, cette mort peut survenir à n’importe quel moment. Il n’existe aucune garantie que cette personne survivra à ses géniteurs. Le risque de dépression nerveuse et, éventuellement de suicide, est alors important. C’est également cruel pour les personnes vivantes qui partagent la vie ou sont proches de celle qui considère que le sens de celle-ci a disparu avec la mort de son enfant. Le mari, les autres enfants éventuels, les amis… ne recevront plus l’amour et l’attention tant appréciés. Ils seront en présence d’une sorte de fantôme ou de spectre errant sans but dans l’existence. Un sens peut se partager. Un enfant, tout être humain peut choisir de s’approprier celui de ses parents, d’un maître, d’un leader. Prendre le sens d’un autre n’est pas un vol mais un acte intelligent et salutaire. C’est s’offrir la chance de réaliser et/ou de participer à une œuvre ou à un chef d’œuvre. Ce chef-d’œuvre peut-il être un enfant ? Bien entendu, s’il est le fruit d’un travail qui a du sens. L’éducation doit l’intégrer dans sa démarche et dans tous ses enseignements pour espérer l’excellence. Ce chef-d’œuvre est certainement le plus complexe et le plus délicat à réaliser. En premier lieu parce que la matière à travailler est un être humain ou, plus précisément, un cerveau aux caractéristiques propres et en perpétuel évolution. Ensuite, les maîtres d’œuvre n’ont aucune expérience sur laquelle s’appuyer pour réaliser leur premier chef-d’œuvre. L’aîné est souvent un brouillon ou une première ébauche destinée à se réaliser souvent par ellemême. Enfin, les maîtres d’œuvre ou les parents méconnaissent la nature humaine et le fonctionnement du cerveau. Ils ne se connaissent pas et ne se comprennent pas eux-mêmes la plupart du temps. Comme tout être humain, ils naissent sans leur mode d’emploi et sans le mode d’emploi de l’enfant qu’ils ont conçu. Ils procèdent le plus souvent - soit par « essais-erreurs » avec parfois des conséquences plus ou moins graves ou catastrophiques ; - soit par reproduction des modèles d’éducation parentaux ; - soit par rejet de ces modèles et une mise en œuvre d’une démarche d’éducation totalement opposée à celle de leurs parents, le plus souvent motivés par le fait de vouloir épargner à leur enfant les souffrances, frustrations, manques… qu’ils ont subit aux mêmes âges - soit par facilité en suivant une logique qui les pousse à réagir naturellement au coup par coup en laissant la vie dicter les besoins et les messages à transmettre à l’enfant.

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Roule plus vite ! Cette limitation de vitesse n’a pas de sens ! « Le sens de toute chose réside peut-être dans l'absence de sens ». Gao Xingjian Extrait de La Montagne de l'âme

C’était un beau jour ensoleillé de printemps. Un couple devait se rendre dans une autre ville distante d’environ soixante kilomètres dont une quarantaine par autoroute. La circulation était fluide à cette heure de la matinée. A l’approche d’une zone de travaux d’une longueur annoncée de dix kilomètres, le conducteur programma son régulateur de vitesse pour respecter les panneaux de signalisation de limitation de vitesse. La passagère regarda étonnée son mari et lui demanda la raison de ce respect strict du code de la route. Son mari lui répondit de ne pas intervenir dans sa conduite du véhicule. Elle insista car, selon elle, cette limitation de vitesse n’avait aucun sens. Par ce temps sec et sous un soleil généreux, sans un ouvrier à l’horizon, sans véhicule pour les ralentir, elle trouvait ridicule, pour ne pas dire autre chose, de respecter une limitation de vitesse sans aucune raison d’être. Il lui confirma l’absence de sens en apparence de cette interdiction de dépasser la limite de vitesse imposée. Son épouse sursauta et manifesta très bruyamment son étonnement de le voir agir dans un cadre qui, à l’évidence, n’avait aucun sens. Il lui répondit : « Ce n’est pas parce qu’une activité n’a aucun sens que je ne peux pas lui en donner un. » Elle le mit au défi de trouver une seule raison à cette limitation de vitesse. Tout en souriant, il lui dit en avoir trouvé trois. Le premier sens était lié à la prévention routière qui ne peut tenir compte ni des conditions météorologiques, dans telle ou telle partie des travaux au moment du passage du véhicule, ni du modèle de voiture, des performances ou des systèmes d’assistance à la conduite de la voiture, ni des aptitudes à la conduite du conducteur. Autrement dit, le code de la route s’applique à tout titulaire d’un permis de conduire au volant de son véhicule, quel que soit son niveau de fortune, d’intelligence, de maîtrise automobile… Il est, par conséquent, très difficilement envisageable de mettre en place un système de signalisation prenant en considération les trois principaux facteurs : la météo, le véhicule et le conducteur. « Vous ! Vous pouvez circuler à cent vingt kilomètres à l’heure. Vous, par contre, compte tenu de votre âge, de votre véhicule et des conditions météorologiques, vous n’êtes autorisé à rouler qu’à quatre-vingts kilomètres à l’heure ! » Sans compter les effets d’un tel système sur le flux de circulation et les dangers liés aux écarts de vitesse entre les véhicules se déplaçant dans le même secteur routier.

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Pas impressionnée et encore moins convaincue par ce premier sens, elle lui demanda de présenter la deuxième raison de respecter cette limitation de vitesse. Un radar mobile, placé entre les deux bandes de circulation, flashait à tout va les véhicules qui circulaient sur l’autre voie au moment où leur voiture passait à sa hauteur. Le mari tourna son visage et lui présenta un large sourire. Contrariée son épouse lui dit qu’il avait de la chance. Le hasard avait vraiment bien fait les choses. Chance peut être pour lui, mais les conducteurs flashés ne devaient certainement pas partager cette analyse. Le mari se demanda si les conducteurs qui le suivaient depuis déjà un bon moment lui seraient reconnaissants. Le deuxième sens du respect de la limitation de vitesse se trouvait évidemment dans le confort de conduite et l’absence de tension liée aux conséquences éventuelles d’un excès de vitesse. L’épouse demanda à connaître, pour la forme, la troisième et dernière raison. Son mari lui proposa de résoudre le problème suivant : compte tenu de la longueur de la zone à vitesse limitée (pour rappel dix kilomètres) et d’une vitesse de déplacement supérieure de vingt kilomètres à l’heure à celle autorisée, quel est le temps économisé ? Un calcul rapide arrivait à environ une minute pour un trajet qui, au total et hors travaux, représentait moins de trente minutes. Le gain de temps ne justifie pas de prendre des risques de sanction ou d’accident.

Pourquoi je suis puni ? Parce que tu as frappé ta sœur ! « Ce qui n'a pas de sens à un sens supérieur à ce qui en a ». Gustave Flaubert Extrait d’une Lettre à Alfred Le Poittevin - Juillet 1845 Dans le troisième livre électronique de la collection « Clés pour s’élever » consacré au « Moteur de progrès », les étapes à respecter pour sanctionner comprenaient la nécessité de déterminer des règles, des codes, des limites. L’importance du sens de ceux-ci est essentielle pour conserver son autorité et pour amener la personne à accepter la sanction. Or, l’acceptation de la sanction est fondamentale pour favoriser une remise en question et un progrès personnel permettant d’éviter tout non-respect ultérieur de ces règles. Il faut donc systématiquement déterminer un sens valable à toute limite à respecter. Pour résumé, il est essentiel de s’interroger sur le sens et sa valeur pour appliquer les recommandations du tableau ci-dessous.

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Clés pour s’élever 9ème toolbook

Les Bornes « Une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites ». Alphonse Allais

Où sont les limites ? « L'extrême limite de la sagesse, voilà ce que le public baptise folie ». Jean Cocteau Toute personne, dès l’enfance, cherche les ou ses limites. Il est tout à fait naturel et nécessaire d’identifier les limites qui nous entourent. L’ultime limite physique de tout être humain est à priori celle indispensable à la vie, c’est-à-dire l’environnement terrestre. Le corps a besoin d’être placé dans un milieu dont la température se situe dans des limites compatibles avec ses fonctions vitales et qui lui procure un air respirable, une pression atmosphérique adaptée, une gravitation appropriée, des aliments essentiels et de l’eau potable en quantité suffisante. La terre est une masse aux limites clairement définies. Les êtres humains ne peuvent pourtant pas s’empêcher de rechercher de nouveaux territoires. L’univers est-il fini ou contient-il des limites ? L’homme peut-il, en chute libre, franchir le mur du son ? La vitesse de la lumière constitue-t-elle une limite absolue ? Les progrès majeurs ont été réalisés à partir de ce besoin de l’être humain de repousser les limites. Même les performances sportives sont soumises à cette sorte d’instinct primaire. Le cent mètre plat en moins d’une seconde…est-ce réalisable ? Record du monde d’épaulé-jeté dans la catégorie des plus de 105 kg en 2011 : 263 kg… qui dit mieux ? L’absence de limites semble angoisser l’être humain. Il a des difficultés à concevoir, et encore davantage à accepter, la notion d’infini. Repousser les limites semble avoir pour but d’en trouver de nouvelles à découvrir et non de prouver que l’infini ou l’absence de limites peut exister. Paradoxalement, les êtres humains ont d’un côté besoin d’un cadre, de balises, de guides pour les aider à progresser dans l’existence et à éviter de se mettre en danger et, de l’autre, ils sont instinctivement attirés par la recherche de nouvelles limites ou, et ce serait alors le summum, la découverte d’un domaine sans limite. Est-ce la quête d’une liberté absolue, d’une vie meilleure, du bonheur qui pousse les hommes et les femmes à se lancer dès le plus jeune âge dans ce refus des limites qui leur sont imposées ?

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Les premières bornes ou limites à s’imposer à l’espèce humaine au-delà des restrictions physiques ou géographiques sont les lois morales universelles. Comment pourrait-on vivre ensemble et éviter de nous mettre en danger sans ces valeurs et ces codes d’éthique. La vie en commun justifie l’existence de ces limites. Tout le monde connait la maxime de John Stuart Mill (philosophe anglais de l’époque contemporaine) : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. » Autrement dit, tout être humain a la liberté de faire tout ce qui ne porte pas préjudice à la nature en général et à la nature humaine en particulier. Donc, il ne peut troubler l’ordre public et enfreindre les lois morales universelles. La liberté totale ou absolue ne peut exister. Seule la liberté exercée dans un cadre spécifié, donc restreinte par des limites, peut s’exprimer.

Le sens moral est-il spécifique à l’espèce humaine ? « Le meilleur est de se contenir dans ses limites naturelles ». Proverbe chinois Herbert Spencer, philosophe anglais du XIXème siècle, a exploité les théories de l’évolution des espèces et de la sélection naturelle de Darwin pour justifier son approche philosophique évolutionniste qui considère que l’évolution se base sur la lutte pour la survie et l’élimination des plus faibles. Or, la sélection naturelle de Darwin ne s’appuie pas sur un rapport de force ou même sur l’intelligence mais sur les capacités d’adaptation d’une espèce à son milieu. Herbert Spencer, quant à lui, considérait l’élimination des êtres humains les plus faibles par les plus forts comme une évolution logique de l’espèce humaine. Cet état de fait devient alors, toujours selon lui, une sorte de loi morale qui justifie la domination des peuples les plus faibles par les plus forts. Les actes de ces derniers, qui pourraient aller jusqu’au massacre de populations, seraient alors considérés comme éthiques car ils seraient bons pour assurer l’évolution de l’espèce humaine. Le bien se baserait sur ce qui est bon pour l’Homme dans le sens de sa conception de la loi de l’évolution. Toutes les dictatures et tous les génocides trouveraient ainsi une raison d’être morales. Les recherches scientifiques pour améliorer l’espèce s’inscriraient également dans la même éthique de sélection naturelle. Or, les études ont démontré que les comportements d’assistance mutuelle, de protection des plus faibles, d’entraide, de coopération participent davantage à la capacité d’adaptation des espèces. Mon père, professeur d’anatomie et neurochirurgien, réalisait dans les années 19601970 au Congo (au Zaïre à l’époque) des recherches sur les cerveaux des

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cynocéphales. Il demandait de temps en temps à un chasseur belge de lui apporter un babouin vivant pour mener ses travaux. Un jour, le chasseur proposa à mon père de l’accompagner pour découvrir le plaisir de la chasse, les grands espaces africains et mieux connaître les comportements de ces grands singes. Mon père accepta du bout des lèvres. En tant que résistant et engagé volontaire à la fin de la guerre 1940-1945, il avait forcément utilisé des armes à feu mais sans jamais prendre le moindre plaisir à tirer sur un être vivant. On est médecin ou on ne l’est pas ! Les cynocéphales sont des singes très agressifs et aux canines énormes, surtout chez les mâles. Pour les attraper vivants, le chasseur utilise un fusil capable de tirer des seringues hypodermiques contenant un produit provoquant une sédation profonde et prolongée. Après plusieurs jours de route, mon père et le chasseur professionnel finirent par trouver un groupe de babouins. Le chasseur arma son fusil avec la seringue et dit tout bas à mon père : « Si la troupe de singes se met à fuir, tirez environ dix mètres devant eux pour avoir une chance à cette distance d’en toucher un. N’essayez pas d’en viser un en particulier. » Mon père épaula mais il fit du bruit en avançant son pied gauche. Alerté les babouins se mirent à courir et mon père visa, comme lui avait conseillé le chasseur, un arbre placé largement devant les singes. Un grand mâle s’effondra, touché par la fléchette en pleine cuisse. A la plus grande surprise des « chasseurs », ils virent quatre cynocéphales s’emparer des mains et des pieds du singe à terre et s’enfuir avec le malheureux entouré de toute la troupe en protection. Après les premiers instants de stupeur, mon père et le chasseur se mirent à courir instinctivement derrière le groupe de singes, espérant sans doute qu’ils finiraient par lâcher l’animal inanimé. Arrivés à un grand arbre, les babouins montèrent leur congénère endormi sur une branche haute. Lorsque les « chasseurs » arrivèrent au pied de l’arbre, ils virent les singes éparpillés dans l’arbre les regarder sans exprimer la moindre émotion. Les deux hommes restèrent un moment, nez en l’air, à s’interroger sur la suite à donner à cette tentative. Mais, les primates ne bougèrent pas et attendirent que les « chasseurs » abandonnent l’espoir d’emporter le singe inconscient. Par prudence, ces derniers évitèrent de les provoquer et retournèrent bredouille vers le combi VW spécialement aménagé pour ce type d’expédition. Mon père découvrit ce jour-là le sens moral d’assistance mutuelle qui habitait chaque membre de ce groupe de grands singes.

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Autrement dit, la sélection des comportements moraux tels que le refus des actes égoïstes et la coopération présente un avantage majeur dans la capacité des espèces à survivre, à s’adapter et à évoluer. Il a été démontré d’innombrables fois que la coopération est une stratégie beaucoup plus avantageuse car le bénéfice retiré par chacune des parties est supérieur à celui réalisé dans le cadre d’une lutte entre individus pour obtenir le gain le plus important. Ce comportement moral renforce la cohésion du groupe ce qui augmente les chances de survie. L’investissement d’un comportement altruiste est largement récompensé par les effets bénéfiques liés aux capacités à faire face aux épreuves de l’existence. Certains parlent de proto moralité pour ce sens moral présent chez les animaux. Cette proto-moralité n’existe pas seulement au sein des espèces supposées disposer d’un cerveau suffisamment développé. Une étude menée par Angèle Saint Pierre de l’Université de Montréal (1) sur les diamants mandarins, oiseaux originaires d’Australie, démontre leur capacité de coopération pour obtenir la meilleure récompense. Les baleines à bosse ont développé une technique de pêche, appelée « filet à bulles ». Elles peuvent réaliser ce type de pêches aux petits poissons, comme les harengs par exemple, seules ou en groupe. Les baleines peuvent s’associer pour former une « équipe », parfois composée de plus de dix individus. Ces grands mammifères marins collaborent alors pour entourer un banc de poissons par des bulles d’air qui jouent le rôle de barrière visuelle. Ce « filet » de pêche peut atteindre un diamètre de trente mètres. Elles soufflent de l’air par leur évent en nageant et en tournant rapidement sous et autour du banc de poissons avant de se précipiter vers la surface la gueule ouverte pour en avaler des milliers en une seule fois. Les cas de coopération entre espèces sont nombreux. Certaines personnes ont eu la chance d’être protégées ou sauvées par un chien, un dauphin ou un singe. Il semble que ces animaux ont réalisé ses actes instinctivement et non pour satisfaire des lois morales transmises et encore moins formalisées.

Paola Cavalieri disait : « Peut-être les chimpanzés, les gorilles et les orangs outangs ne sont-ils pas capables de développer une morale rationnellement articulée – combien d’entre nous y parviennent ? –, mais il est certain qu’ils en présentent des aspects fondamentaux. D’un côté, qu’ils appliquent la stratégie du donnant-donnant, en aidant ceux qui leur viennent en aide et en rejetant les tricheurs, prouve qu’ils connaissent ce principe de réciprocité que l’on voudrait faire valoir à leur détriment. De l’autre, en montrant une modération envers les vaincus, abnégation à l’égard des membres de la famille, fidélité aux amis, bienveillance envers les faibles, ils confirment clairement l’affirmation de Nietzsche selon laquelle les vertus socratiques sont animales » (2).

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« Alors çà, c’est injuste ! C’est vraiment trop injuste ! » (comme disait Caliméro) « L’équité vient du cœur ; la justice de la raison ». A. Chavanne L’origine naturelle du sens moral semble bien réelle. Certaines zones de notre cerveau, impliquées dans les choix moraux, ont été identifiées par les techniques d’imagerie médicale. Lors de tests réalisés sur des sujets confrontés à des scénarii moraux personnels, il a été démontré que l’aversion à faire souffrir autrui et le sens de l’équité sont naturellement présents chez tout individu sain (3). L’idée de tuer une personne est tellement inacceptable que les aires associées aux émotions sont activées. Ces dernières inhibent l’action des zones concernées par la maîtrise de soi, l’analyse et la prise de décision. Cette inhibition peut conduire la personne à être incapable de prendre une décision ou à ne pas faire le choix qui pourrait sauver des vies à la condition d’en sacrifier une autre. Cela a été démontré dans le cadre du dilemme du canot de sauvetage. La personne doit s’imaginer dans un canot à la suite de l’incendie de son navire de croisière. Le canot contient plus de passagers qu’il ne peut en supporter et menace de couler. Une personne est brûlée sur tout le corps et semble condamnée. Le sujet de l’étude ferait-il le choix de basculer le mort en sursis hors du canot pour sauver sa propre vie et celle des autres passagers ? Ou refuserait-il de le faire au risque de tuer tous ses occupants ? La majorité des sujets étudiés choisissent l’inaction, donc l’option morale au détriment du choix le plus rationnel. En ce qui concerne l’équité, l’aire appelée cortex préfrontal dorso latéral, est impliquée dans le refus des situations inéquitables. Cela a été démontré par neutralisation de cette zone par stimulation magnétique transcrânienne lors d’un exercice appelé le jeu de l’ultimatum. Un examinateur donne une somme d’argent à un sujet A qui doit proposer à un sujet B de la partager. Si B accepte la somme proposée par A, les deux sujets empochent les parts décidées par A. Si B refuse, la somme est remise à l’expérimentateur. Dans la majorité des cas, B refuse toute transaction inéquitable (c’est-à-dire où A propose moins au sujet B que la somme qu’il se réserve). Cette décision est pourtant peu intéressante au niveau du gain, car il vaut mieux gagner peu que rien du tout. Les émotions sont donc fortement impliquées lorsque des choix moraux sont engagés. L’aversion pour la souffrance existe chez les enfants bien avant l’accès au langage. Cet élément semble plaider en faveur d’une base morale universelle innée chez tout être humain. En 2012, P. Kanngiesser et F. Warneken de l’université Harvard ont démontré que dès l’âge de trois ans les enfants étaient capables de réaliser un partage en fonction du mérite. D’autres études confirment l’apparition très précoce d’un sens moral. Des chercheurs américains et canadiens ont constaté que dès l’âge de huit mois les enfants encourageaient les sanctions contre les personnes qui se sont mal comportées (4) (5). Selon S. Sloane de l’université de l’Illinois, le sens de l’équité apparaîtrait vers l’âge de 9 mois. Il semblerait que les enfants soient également très précocement sensibles à la loyauté et l’assistance mutuelle au sein d’un groupe. Pour les spécialistes, le cerveau humain aurait acquis au cours de son évolution des capacités à intégrer un sens moral.

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Certaines personnes mal intentionnées tentent d’exploiter ce sens moral inné. Le plaisir procuré par le fait de porter assistance à autrui ou d’aider une autre personne en difficulté est utilisé pour pousser les personnes particulièrement sensibles à ce type d’émotions à verser de l’argent pour des œuvres caritatives plus ou moins fictives. Cette technique est bien connue. Lorsque cette fraude est réalisée en ligne sur Internet, elle porte le nom de phishing (technique ayant pour but de demander ou de prélever de l’argent et/ou de soutirer des informations personnelles sous le couvert d’une œuvre caritative ou non). Le sentiment de mal être ou de culpabilité associé au fait de ne pas s’inscrire dans cette démarche morale d’assistance mutuelle en cas de refus renforce encore le pouvoir d’action ou de pression sur les esprits des victimes de ses personnes nuisibles.

Ne me fait pas la morale ! « La morale a toujours le dernier mot ». Vladimir Jankélévitch Extrait de Le paradoxe de la morale « Quand la morale fout le camp, le fric cavale derrière ». Jacques Prévert Extrait du film Jenny Le sens moral inné est une chose, le conserver et le développer en sont une autre. Si l’être humain, au départ, a une aversion à faire souffrir autrui, il peut très bien, par la suite, infliger des souffrances physiques ou psychiques, voire même tuer, si cela lui donne l’impression de moins souffrir de l’écart existant entre le bonheur de l’autre et sa propre souffrance, si cela sert ses intérêts égoïstes… Tout acte ou toute parole pouvant conduire à la souffrance dénuée de sens, à nuire et à se nuire, à détruire et à s’autodétruire, à mettre et à se mettre gravement en danger constitue une limite absolue à ne jamais franchir. Autrement dit, l’éthique se développe, se construit, se consolide par l’apprentissage, le respect et le rappel régulier des valeurs morales. Ces lois morales universelles font appel à une prise de conscience préalable de l’importance des autres et de la vie en général. L’être humain peut très difficilement se passer de ses semblables et des autres formes de vie sur terre. Un groupe d’individus sera toujours plus apte à faire face à l’adversité, aux épreuves ou aux défis qu’une personne isolée même si elle possède des qualités et des compétences ou aptitudes exceptionnelles. Vivre seul présente des avantages nombreux. L’évolution des sociétés s’accompagne d’une croissance du nombre de célibataires. Le sentiment de pouvoir vivre en toute indépendance et sans les contraintes liées à la présence d’une autre personne, bref d’être enfin libre, leur semble essentiel. Ces célibataires représentent d’ailleurs un potentiel commercial important au niveau de l’immobilier, des biens de consommation courants, des loisirs, du marché des animaux de compagnie… Malheureusement, la solitude, le manque de soutien d’autrui dans les moments difficiles ou d’assistance pour faire face aux tracas quotidiens, l’absence de projets communs … amènent ces célibataires à commander une pizza pour demander au livreur de réaliser une petite réparation technique, à aller sur les réseaux sociaux, à téléphoner pendant des heures à des copains ou à des copines, à collectionner les

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aventures sans lendemain, à rechercher l’âme sœur dans des clubs de rencontre, à consulter un psy, à consommer de l’alcool et/ou de plus en plus de médicaments… Quand l’être humain comprendra-t-il qu’il est dans son intérêt d’accepter l’autre et d’apprendre à vivre avec lui de la manière la plus agréable qui soit ? Les conflits naissent de la conviction d’une ou de plusieurs personnes que les autres constituent un obstacle à leurs buts ou un danger pour leurs intérêts. Par conséquent, dans leur esprit, si on élimine l’autre, la route est libre et plus rien ne s’oppose à la réalisation de leurs objectifs. C’est oublier que l’individu même est souvent le premier et le principal obstacle sur la voie devant le mener vers ses propres buts. Les êtres humains ont tendance à choisir des objectifs sans tenir compte de leurs limites de potentiel ou des ressources disponibles. Toute personne dispose d’un capital de développement personnel. Elle va naturellement chercher à découvrir ses propres limites. Cette démarche s’accompagne forcément d’un dépassement de ce potentiel. La souffrance associée informe la personne de ce franchissement et l’avertit de l’urgence de revenir en-deçà de ses propres limites. Ce point sera développé dans le quinzième livre électronique de cette collection intitulé « Les ballons de potentiel ». L’ignorance des signaux de souffrance peut conduire à un niveau de stress majeur pouvant aller jusqu’à l’épuisement psychique. La liste exhaustive de toutes les limites est impossible à établir d’autant qu’elle peut évoluer à tout instant. Le premier devoir des parents dans le cadre de l’éducation des enfants est de communiquer les limites qu’ils doivent respecter pour vivre agréablement avec autrui, au sein de la cellule familiale comme en dehors de celle-ci. Une des méthodes de transmission des limites consiste à inculquer les valeurs morales universelles. Ce qualificatif est important, car ces valeurs ne sont pas liées à des traditions, des cultures, des règles de clans, des systèmes de castes… Elles s’appliquent à tous les comportements humains quel que soit l’âge, le sexe, l’origine géographique d’une personne.

Que faut-il entendre par valeurs morales universelles ? « La morale n'est rien de plus que la régularisation de l'égoïsme ». Jeremy Bentham « La vertu est le courage du bien ». René Le Senne Extrait du Traité de morale Il est étonnant de constater le manque de connaissance de ces valeurs par les adultes en général, et les leaders ou les responsables d’entreprise en particulier. A la demande : « Citez-moi les valeurs morales auxquelles vous accordez le plus d’importance », mes clients me répondent souvent : « la famille ». Je dis alors : « Mais ce n’est pas une valeur morale. C’est un groupe formé par les parents et leurs enfants ou un ensemble de personnes unies par le sang ou par un autre type de liens. » Ils me répondent aussi parfois : « les amis ». A nouveau, il ne s’agit pas d’une valeur morale mais d’un lien affectif ou sentimental entre deux ou plusieurs personnes. Certains perdent alors patience et me demande : « Qu’entendez-vous par valeurs morales ? » Je leur réponds : « L’honnêteté, par exemple ». Les réactions les plus courantes sont : « Ah oui… ! » ou « Evidemment ! » ou encore « C’est très

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important pour moi » Par contre, le plus souvent, ils sont incapables de présenter plus de deux valeurs supplémentaires. La plupart des personnes interrogées ne connaissent pas la signification de certains termes utilisés pour désigner une valeur. Qu’entend-on par « vertu » ou par « droiture » ? Ils n’arrivent pas non plus, très régulièrement, à distinguer la différence entre « honnêteté » et « intégrité ». Ces personnes sont toutes des adultes et ont, pour la très grande majorité d’entre elles, des enfants. Comment peuvent-elles veiller à respecter toutes ces valeurs au mieux, notamment pour donner l’exemple à leurs enfants, si elles ne les connaissent pas ? Comment font-elles pour transmettre ces valeurs universelles à leurs enfants si elles ne les comprennent pas ? Comment font-elles pour assumer leurs responsabilités de parents et d’éducateurs ? Un petit rappel des principales valeurs morales universelles me semble dès lors toujours utile. 1. Le respect La première de toutes les formes de respect est le respect que l’on doit à soimême. Se mettre en danger, se faire mal ou se faire souffrir, ne pas entretenir sa santé, son corps…, sont autant de comportements immoraux. Plus concrètement, le fait de vouloir se maintenir sous stress permanent, de ne jamais lâcher prise ou de ne jamais se détendre est un manque d’éthique. Nous avons reçu à la naissance un corps qui nous permet de vivre et de penser. Notre devoir est de tout faire pour lui permettre d’exister le plus agréablement et le plus longtemps possible. Le respect des autres est également essentiel. Cela comprend le respect de leur sensibilité et de leur émotions, de leurs différences y compris culturelles – physiques - intellectuelles, de leurs opinions, de leur intégrité physique, de leur travail, de leurs biens, de leur environnement personnel (notamment en ne les agressant pas visuellement ou olfactivement par un manque d’hygiène personnel ou par le port de vêtements sales, par la consommation de cigarettes, de cigares…, par l’usage d’une quantité excessive de parfums ou par des parfums très typés ou encore en manquant de la plus élémentaire propreté au niveau des toilettes ou dans d’autres parties de son domicile ou d’un lieu public…). Respecter l’autre, c’est aussi respecter sa prise de parole. Cela suppose de ne pas : - l’interrompre ; - parler pendant sa prise de parole ; - parler simultanément avec une autre personne ; - réaliser une autre activité (répondre à un appel téléphonique ou à un message électronique…) ; - le perturber par des messages non verbaux déstabilisants (sourires ironiques, regards absents ou fuyants, émission d’un bruit répétitif à l’aide d’un objet…)…

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Il va de soi que les insultes, les propos déplacés, les menaces et agressions verbales à caractère sexiste ou non… sont autant de comportements irrespectueux. Toutes les formes de vie doivent également être respectées. Abandonner un animal de compagnie sur le bord de la route, ne pas le nourrir ou ne pas lui donner à boire, le laisser dans une voiture en plein soleil… sont des actes immoraux. La cruauté est intolérable quelque soit la victime de celle-ci. S’il faut tuer un animal, soit pour abréger ses souffrances soit pour le consommer, tout doit être fait pour minimiser le plus possible le stress et la douleur. 2. Le civisme Le civisme est définit comme les sentiments qui font le bon citoyen (Dictionnaire Littré). Cet attachement à la cité, à la patrie suppose un comportement de respect des biens de la communauté et pour la collectivité. Emporter un panneau routier, « tager » un édifice public, jeter une canette de bière ou de soda vide par la fenêtre de son véhicule en roulant, abandonner ses poubelles sur une aire d’autoroute ou ses déchets le long ou dans un cours d’eau, ne pas ramasser les excréments de son chien dans les lieux publics, jeter son mégot ou son chewing-gum dans la rue…rendent la vie en commun particulièrement pénible ou difficile. 3. La réciprocité, la solidarité, l’assistance mutuelle Cette valeur morale semble innée au niveau de certaines espèces animales. Instinctivement, l’être humain est poussé à porter assistance à une personne en difficulté ou en danger. Ce comportement n’est pas toujours conscient, et certains héros, après avoir sauvé une vie, sont souvent très surpris par l’admiration suscitée par leur exploit. Il s’agissait pour eux d’un acte naturel même s’il impliquait une mise en danger de leur propre vie. Le sentiment de gratification ou le plaisir ressenti à la suite de cette action renforce l’ancrage de ce sens moral. L’altruisme fait appel à l’aptitude à abandonner son égocentrisme et son égoïsme pour venir en aide à autrui. Il faut toutefois éviter de basculer dans l’allocentrisme, de placer l’autre au centre de ses pensées et de ses actions. 4. Le sens de l’effort « L’effort, c’est le plaisir à l’arrivée ». L’effort ne doit pas être confondu avec la souffrance. Si une maman dit à son enfant qu’il doit se lever le lendemain à cinq heures du matin, il va sans doute percevoir cette obligation comme une souffrance. Par contre, si la maman ajoute : « pour partir plus tôt en vacances ou pour avoir plus de temps pour réaliser telle ou telle activité réjouissante », il sera sans doute le premier à sortir du lit le lendemain. Les enfants de parents agriculteurs ou artisans reçoivent généralement une éducation dans laquelle le sens de l’effort prend une grande place. « On n’a rien sans effort » constitue un exemple de référentiels introduit dans les puces électroniques de ces enfants (voir Toolbook 1 « La puce électronique »). La satisfaction est bien plus importante si elle est associée à une réussite ou à un succès obtenu à la suite d’un effort qu’en l’absence de celui-ci. Ce

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sentiment de plaisir est-il une cause ou une conséquence de cette valeur morale ? Sommes-nous satisfaits parce que nos actes s’inscrivent dans la conformité de ce sens de l’effort ou le plaisir a-t-il contribué à façonner cette valeur morale tout au long de l’évolution de l’espèce humaine ? Peu importe dans le fond. L’important est de se réjouir d’un résultat acquis à la suite d’un effort car cela nous pousse à progresser et non à nous laisser aller. 5. La tolérance Vient du latin tolerare (supporter), désigne la capacité à accepter ce que l'on désapprouve, c'est-à-dire ce que l'on devrait normalement refuser (source Wikipedia). Le dictionnaire Littré définit le terme de la manière suivante : Capacité à se relâcher de ses droits, de sa supériorité, de son autorité, de ses prétentions envers quelqu'un. Indulgence pour ce qu'on ne peut pas ou ne veut pas empêcher. Au point de vue philosophique, admission du principe qui oblige à ne pas persécuter ceux qui ne pensent pas comme nous en matière de religion. Disposition de ceux qui supportent patiemment des opinions opposées aux leurs. La tolérance suppose la capacité à écouter et à faire preuve d’ouverture d’esprit et d’empathie. La tolérance n’implique pas d’accepter sans limite et sans condition ce qui nous est imposé. Un comportement impoli ou incivique peut être toléré mais jusqu’à un certain point. 6. La maîtrise de soi Cette compétence émotionnelle et cette valeur morale ont été largement développées dans les toolbooks 2 (« L’effet piston ») et 4 et (« L’équilibre dynamique »). 7. La responsabilité Le dictionnaire Littré le définit comme suit : Obligation de répondre, d'être garant de certains actes. Très peu de personnes comprennent le sens de cette valeur morale. Etre responsable, c’est assumer les conséquences de ses choix, de ses paroles et de ses actes. Autrement dit, c’est accepter toutes les sanctions associées à un manquement, une erreur ou une faute. Lors d’une séance de travail avec notre équipe de consultants en management, je leur ai posé la question : « Pourriez-vous me donner un exemple de responsabilité assumée par un consultant dans le cadre de ses activités de conseil en entreprise ? » Le responsable de l’équipe prit la parole immédiatement pour répondre : « En cas de manquement ou d’erreur de ma part, je m’engage à réaliser tous les travaux nécessaires pour corriger les nonconformités ou les causes d’insatisfaction du client, le plus rapidement possible, gratuitement et après les heures de bureau habituelles et/ou le weekend afin de ne pas pénaliser mes activités professionnelles et le moins possible le client. » Etre responsable consiste à ne pas reporter sur les autres ses propres manquements ou ses fautes. Etre responsable, c’est être capable d’estimer sa

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juste part de responsabilité dans les conséquences de ses paroles, de ses actes et de ses comportements. Les circonstances, les autres personnes (parents, amis, collègues, clients), la météo… sont très rarement totalement responsables des effets négatifs, parfois destructeurs, de nos actions ou de nos propos. 8. L’esprit de justice et d’équité Un père, un éducateur, une autorité publique ou un juge, un supérieur hiérarchique, un chef se doit d’être juste et équitable. Ces mots ont une signification bien distincte. Justice : Règle de ce qui est conforme au droit de chacun ; volonté constante et perpétuelle de donner à chacun ce qui lui appartient (Dictionnaire Littré). Autrement dit, être juste consiste à respecter les droits de chacun et à sanctionner ou à récompenser une personne conformément aux règles établies. Equité : Disposition à faire à chacun part égale, à reconnaître impartialement le droit de chacun (Dictionnaire Littré). Le dictionnaire du droit privé de Serge Braudo définit l’équité comme suit : L' « équité » est le principe modérateur du droit objectif (lois, règlements administratifs) selon lequel chacun peut prétendre à un traitement juste, égalitaire et raisonnable. Dans certains cas limités, la loi fait une place à la notion d'équité en laissant au juge le soin de se déterminer « ex aequo et bono »(selon ce qui est équitable et bon) c'est à dire, en écartant les règles légales lorsqu'il estime que leur application stricte aurait des conséquences inégalitaires ou déraisonnables. Faire preuve d’équité ou être équitable consiste dès lors à veiller à ne privilégier personne au détriment des autres. 9. La vertu Le Dictionnaire de l’Académie française définit la vertu comme une disposition ferme, constante de l’âme, qui porte à faire le bien et à fuir le mal. Se résoudre à faire avec courage et de bonne grâce une chose qui est désagréable, pénible, mais qu’on ne peut pas se dispenser de faire. Certaines personnes peu vertueuses éprouvent des difficultés à distinguer le bien du mal. L’absence de vertu s’accompagne, très souvent et en toute conscience, d’un refus pur et simple des concepts de bien et de mal. Il est donc essentiel, à la fois pour entretenir sa vertu et accompagner les autres dans l’acquisition de cette valeur morale, de distinguer le bien du mal. Sans entrer dans de longues réflexions philosophiques, toute personne responsable de l’éducation ou de l’encadrement d’autrui doit pouvoir expliquer le plus clairement possible ce qui est bien et ce qui est mal. Pour être simple (même si certains peuvent penser ce qui suit comme simpliste), le bien correspond, pour ma part, à tout comportement, tout acte, toute parole ayant une incidence positive ou constructive à court, moyen et long termes sur les personnes, les situations et l’environnement. Cela comprend les effets sur la santé (physique et mentale), les sentiments (y compris l’amour, le bonheur…), les relations avec autrui, l’efficience dans la réalisation des tâches…

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Comme le dit le dicton populaire, « il n’y a pas de mal à se faire du bien » si cette action est réalisée dans le respect des valeurs morales universelles. 10. L’honnêteté Le Dictionnaire de l’Académie française définit l’honnêteté comme un état moral constitué par l’instinct ou l’habitude de la vertu, de la probité. Il signifie encore bienséance. Il se dit aussi des actes de civilité, des politesses que l’on fait. Le Dictionnaire Littré définit le mot honnête comme suit : Conforme à la bienséance. Honnête homme : celui qui a toutes les qualités propres à se rendre agréable dans la société. Personne à qui l’on n’a rien à reprocher. Homme d’honneur et de probité. L’honnêteté est donc associée au respect des règles de savoir-vivre en société. Le plus souvent, en désaccord avec cette définition, les personnes interrogées qualifient un honnête homme comme une personne dont les actes s’inscrivent systématiquement dans un strict respect des lois et des règlements. 11. La probité Le Dictionnaire de l’Académie française définit la probité ainsi : Droiture, bonne foi, honnêteté rigoureuse. Soulignons l’importance des mots « bonne foi ». Autrement dit, toute personne de mauvaise foi a un comportement immoral. Le manque de franchise et de sincérité correspondant à la mauvaise foi est insupportable et conduit le plus souvent à des réactions de rejet et parfois même à de l’agressivité. 12. La droiture Le Dictionnaire de l’Académie française définit la droiture comme une disposition à se conduire, à se comporter toujours conformément aux règles du devoir, ou le fait de se comporter ainsi. Le devoir doit s’entendre comme une obligation morale. Les seules valeurs développées dans ce livre électronique ont toutes un caractère universel. Il existe bien d’autres valeurs morales. Il appartient à chacun de décider si celles-ci le concernent ou pas, s’il décide de les respecter ou pas. Tout comme le terme l’indique, faire preuve de droiture suppose de se tenir « droit ». Mais cela n’empêche pas de conserver une certaine souplesse et de refuser de marcher au pas ou de se tenir au garde-à-vous à longueur de temps. Toute règle se doit d’avoir un sens. La droiture peut, dans certains cas et chez certaines personnes, conduire à une rigidité d’esprit et à des comportements excessifs aux effets parfois catastrophiques. 13. La véracité Le Dictionnaire de l’Académie française définit la véracité comme la qualité de celui qui dit la vérité. « Veritas vos liberabit » (la vérité vous affranchira) (verset 8.32 de l’évangile de Jean). La vérité peut parfois paraître difficile à dire. Elle permet cependant de gagner et de conserver la confiance d’autrui. Le moment et la manière de présenter

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cette vérité doivent être adaptés aux circonstances et aux personnes concernées. L’affaire Jérôme Cahuzac, ministre du budget du gouvernement français sous la présidence de François Hollande, a éclaté le mardi 2 avril 2013. Il avoué aux juges du pôle financier du Tribunal de Grande Instance de Paris avoir possédé un compte à l’étranger. Après avoir menti de très nombreuses fois tant à ses pairs qu’à toute la France, il s’est excusé en prétendant avoir été « pris dans une spirale du mensonge ». Il semble que la population française accepte mieux la fraude que le mensonge. La confiance en l’homme politique est perdue. La majorité présidentielle et même la classe politique tout entière sont touchées et leur crédibilité va être très difficile à reconquérir. 14. La loyauté Le Dictionnaire de l’Académie française définit la loyauté comme suit : fidélité à tenir sa parole, à faire honneur à ses engagements. Cette valeur a été associée au respect dû à autrui dans ce livre. 15. L’intégrité Le Dictionnaire de l’Académie française définit l’intégrité comme un état d’un tout, d’une chose qui est dans son entier. Il signifie encore figurément Vertu, qualité d’une personne intègre (Qui est d’une probité incorruptible). Le Littré la définit comme suit : Qui ne se laisse pas altérer, corrompre. Une personne intègre ne se laisse pas influencer par les mauvais exemples ou les pressions exercées. Elle fait preuve d’assertivité pour défendre les valeurs morales universelles et refuser l’inacceptable. Elle peut faire le choix de changer ses fréquentations ou de milieu professionnel pour éviter de subir des influences négatives. Plus il existera d’êtres humains respectueux de toutes les lois morales, plus la vie sur terre sera agréable et assurée sur le long terme. Si les hommes et les femmes respectaient davantage les valeurs morales universelles, les tribunaux et les prisons désempliraient. Il ne serait plus nécessaire de créer sans arrêt de nouvelles lois pour combler des vides juridiques et éviter les effets négatifs des comportements immoraux mais non illégaux.

Ethique un jour, éthique toujours ? « L'éthique c'est l'esthétique de dedans ». Pierre Reverdy Extrait de Le livre de mon bord Choisir de respecter scrupuleusement les valeurs morales universelles est une décision qui peut être très lourde à assumer. Il est beaucoup plus simple et moins consommateur d’énergie à court terme de ne pas faire les efforts nécessaires, de se laisser aller, de se laisser gouverner par ses penchants naturels et égoïstes, d’oublier pour un temps plus ou moins long ces valeurs. Le premier défi d’un parent est d’amener son enfant à distinguer le plus clairement possible ce qui est bien de ce qui ne l’est pas. Plus la limite sera nette, plus le futur

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adulte sera capable de faire ses choix et d’agir en homme ou en femme de bien qui obéit à toutes les lois morales universelles. Le mal est lié à ce qui blesse ou provoque des souffrances : - tant sur le plan psychique (moqueries, humiliations, dévalorisations, dénigrements, rejets, non-assistance face aux difficultés ou aux dangers, critiques, propos blessants, démonstrations de « réussite » ou de « supériorité » créant un sentiment d’envie, blocages ou freins à la réalisation de tâches ou d’objectifs, tromperies ou actes de traitrise, spoliations intellectuelles ou matérielles, …) - que physique (coups, blessures, actes violents (viols, agressions physiques…), traumatismes corporels profonds responsables ou non de séquelles ou de handicaps…). Le fait d’ôter, sans raison ou sans son accord, la vie d’autrui représente le sommet du mal. Le mal est associé à tout comportement dont les conséquences sont perçues comme (potentiellement) négatives ou catastrophiques pour autrui ou tout comportement susceptible de mettre en difficulté ou en danger autrui. Le mal consiste également à nuire à notre environnement ou à le détruire. Le mal, de manière plus générale, est le résultat du non-respect d’une ou de plusieurs valeurs morales universelles. Même si parfois la frontière entre le bien et le mal ne semble pas très claire à certains, il est essentiel de considérer les effets de ses actes et de ses paroles sous différents angles et sur le long terme. Lorsque les lois morales sont profondément gravées dans la puce électronique d’une personne saine d’esprit pendant son éducation ou suite à celle-ci (voir Toolbook 1 « La puce électronique »), tout comportement immoral produira chez elle un sentiment de mal-être. Cette situation peut parfois conduire à de profondes souffrances s’il existe un écart important entre la prise de conscience des effets de son comportement et le référentiel moral non respecté. Ce mal-être est très utile car il conduit généralement cette personne à corriger les effets négatifs ou destructeurs de ses comportements immoraux et à éviter de les reproduire pour ne plus ressentir ce type de souffrances. Une étude a montré qu’une personne devenait plus égoïste et moins honnête lorsqu’elle était en contact avec une personne égoïste et malhonnête (6). Autrement dit, l’immoralité est contagieuse. Choisir de respecter toutes les lois morales demande des efforts souvent considérables. Mais, ils peuvent paraître surhumains à une personne confrontée quotidiennement à des comportements immoraux de son entourage. Il faut avoir reçu une bonne éducation et avoir une motivation forte pour respecter les valeurs morales en présence - de conducteurs en excès de vitesse permanent, - de fraudeurs fiers de leur « intelligence immorale » et de leurs aptitudes à échapper aux systèmes de chasse à la fraude,

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- de pollueurs préférant jeter leurs déchets par la fenêtre ouverte de leur portière de voiture ou déposant leurs déchets le long d’une route de campagne, au bord du ruisseau ou carrément dans une rivière ou un fleuve, - de personnes égoïstes, irresponsables, menteuses ou encore déloyales par nonrespect de la parole donnée… Les individus capables de résister à l’influence négative d’autrui sont qualifiées d’intègres. Il faut une forte volonté pour ne pas se laisser corrompre et résister à la tentation de se comporter de manière aussi immorale que les autres.

Tu pousses le bouchon un peu loin Maurice ! (pub. Nestlé) « Oui et non sont bien courts à dire : mais avant de les dire, il faut penser longtemps ». Baltasar Gracian y Morales Extrait de L'Homme de cour « Un homme en colère est un homme qui n'a pas su dire non et éprouve, en plus, le remords de ne pas l'avoir fait ». Tahar Ben Jelloun Extrait d'un Lire - Mars 1999 « Elle parle dix-huit langues et ne sait dire "non" dans aucune ». Dorothy Parker La célèbre publicité Nestlé pour une mousse au chocolat fait dire à un enfant pris en faute : « Tu dépasses les bornes des limites ! » (sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=GJHwjhdXnbo).

Toute personne possède, par défaut, des limites. Celles-ci sont notamment physiques ou spatiales. Seules quelques personnes sont autorisées à entrer dans notre espace intime. Il est admis qu’en Europe occidentale la distance physique entre les personnes interagissant entre elles, ou proxémie, se répartit de la manière suivante : - sphère intime : 0 cm à 45 cm : contact physique pour toucher une partie du corps, embrasser, chuchoter ou parler à l’oreille ; - sphère personnelle : 45 cm à 1,2 m : conversation privée avec un ami ou une relation ; - sphère sociale : 1,2 m à 3,6 m : espace autorisé aux connaissances ;

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- sphère publique : supérieure à 3,6 m : zone d’échanges avec un public (prise de parole devant une nombreuse assistance…).

Ces zones de confort varient en fonction des cultures. Dans les pays méditerranéens par exemple, la distance sociale est beaucoup plus courte que dans les pays nordiques. Il est courant de se toucher les uns les autres dans le sud de la France ou en Italie alors qu’au Japon ou en Norvège les contacts physiques sont très rares et l’espace intime est beaucoup plus large afin de maintenir les autres à une bonne distance. Le fait de ne pas respecter cette limite spatiale provoque un stress, un sentiment de mal-être plus ou moins profond. La personne peut se sentir agressée si elle n’autorise pas le franchissement de cette limite intime. Elle peut soit subir passivement cette forme de violation de son intimité soit la refuser verbalement et/ou physiquement, plus ou moins violemment. Tout être humain possède, consciemment ou non, une limite ultime. Celle-ci est le domaine des émotions ou des pensées personnelles. Ignorer les émotions des hommes ou des femmes et les réduire à des objets ou les considérer comme des instruments sont considérés comme une violation et un déni pur et simple de leur nature humaine. Qui dit limites, dit respect des limites. Chaque personne doit amener les autres à respecter ses propres limites. Il faut pour cela faire preuve d’assertivité. Etre assertif, c’est être capable d’exprimer son point de vue, son opinion, sa position fermement et respectueusement. C’est être capable de faire respecter ses droits sans empiéter sur ceux d’autrui.

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Une personne assertive n’est ni agressive ni soumise ; « ni hérisson ni paillasson ». Le manque d’assertivité lié à l’absence d’expression de ses pensées ou de ses limites induit : - des frustrations et des regrets ; - une perte de l’estime de soi et de l’estime d’autrui ; - des tensions et des conflits ; - un stress de plus en plus important… Difficile de se regarder dans un miroir, de continuer à s’estimer si les autres nous marchent sur les pieds ou nous considèrent comme une quantité négligeable ou comme un pion. Le fait de ne pas exprimer un refus ou, pire, d’accepter au lieu de refuser l’inacceptable encouragera immanquablement l’autre à tenter de repousser toujours un peu plus loin les limites. Sans un refus assertif clair, il continuera à exploiter ce point faible. Un jour ou l’autre, l’« élastique » finira par céder. Cette rupture s’accompagne pratiquement toujours de cris et de souffrances. Face à une demande inacceptable, l’acronyme MECA présente les différentes étapes à respecter pour refuser de manière assertive. Le refus doit être : M pour Motivé : Pour être motivé, le refus se base soit sur - des limites fixées avant la demande (par exemple : pas de repas sans s’être lavé les mains au préalable, pas de prise d’alcool avant la conduite d’un véhicule, pas de sorties au-delà d’une certaine heure pour un adolescent…) ; - une réflexion pour étudier les arguments en faveur d’une réponse favorable ou non à la demande formulée. Si la-motivation n’est pas suffisamment forte (car les limites ne sont pas très claires ou les raisons de les faire respecter par d’autres ne sont pas suffisamment solides à ses yeux), la personne éprouvera des difficultés à exprimer son refus de l’inacceptable ou son désir de voir son interlocuteur respecter ses limites de manière assez ferme pour l’amener à les accepter. La mollesse d’un refus d’une mère ou d’un père face à un enfant déterminé à obtenir ce qu’il souhaite le conduira à revenir à la charge pour user les dernières résistances et amener le parent à céder à sa demande, à ses exigences ou à ses revendications. Il en va de même dans la relation « client-fournisseur ». Plus le fournisseur doute de ses limites ou plus il se demande s’il pourrait éventuellement trouver une solution ou faire un effort particulier, plus le client insistera ou exercera les pressions nécessaires pour le conduire à le satisfaire à tout prix. Si un dirigeant d’entreprise hésite à refuser un versement anticipé d’un salaire à un employé pour lequel il a déjà accepté par deux fois de le faire dans le passé, il est évident que ce dernier acceptera très difficilement le refus et sera susceptible d’en venir à harceler le patron pour obtenir gain de cause. Plus le demandeur est immature, plus l’acceptation du refus exprimer mollement ou sans motivation forte sera difficile à obtenir.

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E pour Expliqué : Et non justifié. La raison d’être ou le sens du refus doit être présenté fermement, clairement, calmement et respectueusement. Le refus peut provoquer un sentiment de frustration chez le demandeur et des tentatives de culpabilisation de sa part pour amener la personne assertive à revenir sur celui-ci. Il faut savoir tenir bon. Il ne faut pas revenir sur la décision de refuser l’inacceptable. Il ne faut pas davantage se laisser détourner de son but sans pour autant être insultant, blessant, méchant, agressif…La force ou le bien-fondé de la motivation apporte le soutien nécessaire. Il faut toutefois posséder un minimum de courage pour mobiliser les ressources indispensables à une démarche assertive. C pour Compris : Cette étape est capitale. Si l’explication initiale n’a pas été comprise, il faut - soit la présenter de nouveau (principe du « disque rayé »), - soit la présenter sous un autre angle, mieux adapté à la compréhension par l’autre partie. Le refus doit absolument être compris pour être assertif. A pour Accepté : Le refus doit idéalement être accepté pour éviter toutes nouvelles demandes identiques ou similaires. Cette acceptation peut parfois prendre un certain temps : un jour, une semaine, un mois voire beaucoup plus pour certains refus et certaines personnes. Pour aider une personne à accepter plus aisément le refus, une autre solution peut lui être proposée pour répondre à sa demande. Un refus assertif peut être exprimé sous deux formes : « Non , parce que… » ou « Oui, si… » « Non, parce que… » correspond à la mise en pratique de l’acronyme MECA. « Oui, si… », par contre, vise à éviter de formuler un refus pur et simple et à présenter des conditions particulières ou supplémentaires à une acceptation éventuelle. Si un client, par exemple, demande à son fournisseur de lui livrer une commande dans les vingt quatre heures au lieu du délai de quinze jours initialement prévus, ce dernier peut lui répondre : - « Non, parce que votre commande a déjà été transmise à une société de logistique qui organise ses tournées selon ses propres règles de fonctionnement » ; ou - « Oui, si vous acceptez de payer un supplément de x € pour livraison exceptionnelle car nous devons faire appel à un transporteur spécialisé dans les livraisons rapides ». Pour faire preuve d’assertivité, il faut :

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- avoir confiance en soi et connaître ses limites (le doute ou le manque d’assurance sera exploité par le demandeur et le refus ne sera pas suffisamment ferme pour être assertif) ; - faire preuve de maturité de l’esprit (voir Toolbook 4 « L’équilibre dynamique »). Si la personne manque de maturité, c’est-à-dire, si elle éprouve un besoin excessif d’être aimée, appréciée, reconnue et si elle a peur notamment de l’émergence de tensions ou d’un conflit à la suite de son refus, elle évitera de l’exprimer, assertivement ou pas. La peur d’être mal-aimé ou d’être rejeté par l’autre peut paralyser l’expression d’un refus ou d’une opinion. Il est important de souligner à ce stade de la présentation de l’assertivité qu’il est essentiel d’exprimer verbalement tout refus. En effet, si le refus se limite à quelques messages non verbaux, le demandeur ne fera aucun effort pour les reconnaître et les prendre en considération. En fait, il est fort probable qu’il les rejette purement et simplement. Donc, il ne suffit pas de : - tirer la tête ; - faire semblant de ne pas écouter ou de ne pas comprendre la demande ; - montrer de la lassitude ou de l’exaspération ; - balancer la tête de droite à gauche ; - souffler ou pouffer… pour communiquer un refus. L’étape de l’explication de l’acronyme MECA n’est pas réalisée dans le cas d’un refus non verbal car elle nécessite une communication claire et appropriée de la motivation du refus. La raison d’être du refus n’est, par conséquent, pas comprise par le demandeur, peu enclin à faire preuve de bonne volonté face à ce refus. Ce dernier n’est donc pas assertif et n’est pas accepté par le demandeur.

Le Fou du Chef « Il y a une limite à tout, même si parfois nous pensons la dépasser ». Le Fou du Roi ou bouffon était un personnage autorisé à se moquer sans conséquence de son souverain. Il pouvait se permettre d’être insolent et même de le conseiller à la condition de le faire rire et de le distraire. Le personnage était apprécié tant pour la gaité et la bonne humeur qu’il communiquait que pour ses capacités à prendre le recul nécessaire dans certaines situations pour émettre des avis ou donner des conseils pertinents. Les Rois avaient besoin de se détendre et d’entendre des paroles vraies même si elles pouvaient paraître (ou être) difficiles à accepter. Ce métier comportait certains risques, parfois mortels, surtout si le Fou se hasardait à critiquer ouvertement les décisions de son royal protecteur. Certains Fous étaient remarquablement intelligents et spécialement formés pour jouer ce rôle. Dans les organismes publics et privés, il arrive à l’un ou l’autre de jouer le rôle de bouffon pour amuser la galerie aux dépens de la direction ou des responsables hiérarchiques. Il est, par contre, extrêmement rare de rencontrer de vrais Fous du Chef. Ceux qui osent se moquer de lui et faire preuve d’insolence, ne prennent

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généralement pas le risque de subir la colère et les sanctions de leur patron. Ils le font dans leur dos. Sans aller jusqu’à la moquerie, qui, de nos jours, ose dire à son supérieur hiérarchique ou à son président directeur général qu’il s’est trompé, qu’il démotive son équipe par ses critiques incessantes et certains de ses propos, qu’il manque d’éthique…? Dans le même ordre d’idées, qui ose faire preuve d’assertivité si nécessaire ? Qui ose s’opposer à des instructions ou des règlements qui n’ont aucun sens ? Qui ose refuser assertivement des objectifs irréalistes ? Qui ose remettre en question les visions, les choix, les comportements… de son supérieur hiérarchique ou de son patron ? Le dernier Fou du Roi fut l'Angély sous Louis XIII. Pourquoi les Fous du Roi ont-ils disparu ? Un jour ou l’autre, ils n’ont sans doute pas su résister à la tentation de franchir les limites les plus sensibles de ces puissants ou de « ces hommes que l’on nomme grands ». Il existe, en effet, une limite dangereuse à dépasser face à ces personnages ; elle s’appelle l’égo. Plus le chef possède un égo important, moins il supporte un Fou à ses côtés. Il existe des comportements qualifiés de narcissiques malsains. Ces comportements narcissiques se manifestent par les signes suivants : - une recherche permanente de l’admiration plutôt que de l’amour d’autrui ; - une motivation constante à atteindre la gloire ; - une recherche effrénée des privilèges liés au succès ; - une absence de prise en considération des émotions, des sentiments et besoins d’autrui ; - une indifférence aux conséquences de leurs actes sur autrui (peu ou absence d’état d’âme, de scrupules, de remords ou de regrets) ; - une poursuite agressive des objectifs dans le cadre de ses ambitions de gloire ; - une empathie sélective (ne s’intéressant qu’aux personnes qui servent ses intérêts et entrent dans ses projets de gloire) ; - une manque d’estime de soi, une grande instabilité et une vulnérabilité cachée et surtout : - le refus systématique de tout avis constructif, de tous les faits qui pourraient le contredire (sourd aux conseils de prudence) ; - le refus de toute critique (considérée comme une attaque personnelle) ; - un tri et une sélection des informations qui confirment son point de vue ; - un refus de la réalité qui ne correspond pas à celle espérée (tendance à « tuer le messager » au lieu de s’attaquer au problème). Ces narcissiques : - sont incapables d’écouter ; - adorent prêcher et endoctriner ; - recherchent et ont un besoin constant d’approbation ; - piquent des crises de colère et de rage d’une violence parfois considérable.

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Assumer les plus hautes responsabilités isole. « Plus on monte, mon fils, plus on est seul », disait mon père. Le jour où plus aucune personne de l’entourage du leader n’ose, assertivement, s’opposer à ses décisions, révéler ses incohérences, le critiquer, exprimer un point de vue…, il est urgent pour lui de s’interroger sur le développement de son égo et de son narcissisme. Les seules limites dans les rapports humains se situent au niveau du respect mutuel et de l’ensemble des lois morales universelles. Elles ne doivent pas être associées à des titres, des grades, des fonctions plus ou moins importants ou honorifiques. D’un autre côté, il ne faut pas non plus refuser systématiquement les limites et les décisions qui nous sont imposées. L’autodérision est une preuve d’intelligence, tout comme la capacité à accepter les critiques et les conseils.

Je veux être libre ! « Liberté et pain cuit ». Proverbe (signifiant qu’on est heureux lorsqu'on a l'indépendance et une existence assurée) « Une condition capitale pour toute jouissance, c'est de se limiter ». Sören Kierkegaard Extrait de Le Journal d’un séducteur « Qui borne ses désirs est toujours assez riche ». Jacques Delille Devenir un homme ou une femme libre, est-ce possible ? Que signifie ce terme ? La plupart du temps, les gens répondent : « Etre libre, c’est vivre sans contrainte ». Le dictionnaire Littré en donne plusieurs définitions : - Condition de l'homme qui n'appartient à aucun maître. - État d'une personne qui n'a aucun assujettissement, qui garde son indépendance. - Absence de contrainte. Mais, la liberté se décline également en - Liberté civile : pouvoir de faire tout ce qui n'est pas défendu par les lois. - Liberté individuelle : droit que chaque citoyen a de n'être privé de la liberté de sa personne que dans les cas prévus et selon les formes déterminées par la loi. Ces deux définitions intègrent les termes « …ce qui n’est pas défendu (ou …selon les formes déterminées) par la(les) loi(s) ». La liberté est, par conséquent, limitée par le respect des lois. Notons, au passage, que le type de lois n’est pas précisé. Les mots « humaines », « démocratiques » ou « morales » peuvent être associés au terme « lois ». Le dictionnaire donne encore les définitions suivantes :

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- Libre arbitre (au sens philosophique) : faculté qu'a l'homme de se décider comme il lui convient. - Liberté de penser : droit de manifester sa pensée sans contrainte. Les termes « sans contrainte » réapparaissent ou sont sous-entendus. Pour ma part, être libre, c’est choisir en toute conscience les contraintes que l’on décide pleinement d’accepter. Être libre, c’est choisir. Donc, pour être libre, il faut être mature car la maturité permet de réaliser des choix en toute conscience. Choisir, notamment, de ne pas rechercher à être accepté, apprécié, reconnu, aimé par l’autre à tout prix est un signe de maturité. Les contraintes que l’on décide d’accepter pleinement peuvent-elles encore être appelées ou qualifiées de contraintes ? Les contraintes d’hygiène du corps, d’hygiène de vie, de recherche de l’excellence, d’éducation des enfants… empêchent-elles de se sentir libre ou d’être libre ? A partir du moment où une loi, un règlement, un code est accepté pleinement, demeure-t-il une contrainte ? Qu’il serait triste d’entendre une personne se plaindre de manquer de liberté ou d’être privé de liberté parce qu’il est marié, parce qu’il a des enfants, un chien ou un emploi ! Quelle impression indicible de se sentir libre de choisir ! Choisir ses référentiels, choisir son chemin, choisir son partenaire… La liberté se mérite, se gagne. Son prix peut être très élevé et, pour certains, il est parfois considéré comme prohibitif. En réalité, comme le courage, la liberté est un investissement. Elle permet, par le fait de l’acceptation des contraintes, d’atteindre la sérénité, l’épanouissement, une vie harmonieuse avec autrui. (1) Forum, vol. 41, n°19, « Les oiseaux en couple coopèrent plus que les célibataires », 5 fév. 2007 (2) Cavalieri, Paola (2004), « Vers une super-humanité totale », Sciences et avenir, HS 139 : 75 (3) François Lassagne, « D’où vient notre sens moral ? », Sciences &vie, juin 2007, n°1077, pp 50-65 (4) J.K. Hmalin et coll ., « How infants and toddlers react to antisocial others », PNAS, décembre 2011 (5) S. Sloane, R. Baillargeon et D. Premack, « Do infants have a sense of fairness ? », Psychological Science, février 2012 (6) Francesca Gino , Adam D.Galinsky, « Vicarious dishonesty: When psychological closeness creates distance from one’s moral compass », Organizational Behavior and Human Decision Processes ,119 (2012),pp 15–26

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Clés pour s’élever 10ème toolbook

Le pilote automatique « Etre inerte, c'est être battu ». Charles de Gaulle

Les routines permettent une mobilisation minimale des ressources « On ne s'arrache pas de l'enfance, qu'elle ait été heureuse ou malheureuse ; les origines frappent le subconscient comme on le dit d'une médaille ». Louis Nucera Un des buts essentiels de l’éducation est d’ancrer chez la personne éduquée des automatismes comportementaux. Le cerveau se comporte un peu comme s’il n’aimait pas la routine ou comme s’il la considérait comme une activité peu digne de mobiliser des ressources importantes. L’essentiel de ces ressources devrait être réservé, selon cet organe complexe, à des tâches plus exigeantes comme la découverte de nouveautés, la réflexion, l’organisation et la planification basée sur l’anticipation et la hiérarchisation, la recherche de solutions, la créativité ou l’innovation… Toutes les activités routinières peuvent et doivent se réaliser avec un minimum d’énergie et de moyens. Cela libère l’essentiel des ressources disponibles pour les actions qui en valent vraiment la peine ou qui l’exigent pour faire face à des épreuves ou à des difficultés. Seulement, l’acquisition de nouveaux automatismes n’est pas facile. Plus la personne est jeune, plus elle doit mobiliser de ressources propres pour la création de ces nouvelles routines. Les quelques ressources résiduelles ne lui permettent pas ou plus de réaliser d’autres activités, très souvent beaucoup plus stimulantes que l’apprentissage de longue durée. Cela contribue sans doute à pousser certains jeunes à privilégier les activités riches en plaisirs et en satisfactions immédiats au détriment des efforts de mémorisation, de mise en œuvre et de maîtrise de nouvelles compétences. La mémoire procédurale est une mémoire à long terme qui conserve les automatismes issus de la mobilisation des ressources nécessaires à leur mémorisation. Rouler à vélo, faire un nœud de cravate, conduire un véhicule… sont des exemples de compétences profondément et durablement acquises. Elles ne nécessitent plus les mêmes ressources ou les mêmes efforts pour être utilisées. Le plus souvent, ces activités mémorisées sont réalisées inconsciemment. Un nombre considérable de pensées, de décisions, de paroles, de gestes, de comportements sont effectués en dehors du contrôle conscient de l’individu. La dyspraxie, appelée aussi la maladie des enfants maladroits, illustre la nécessité d’acquérir des automatismes pour être en mesure de réaliser des tâches complexes.

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L’enfant dyspraxique conçoit correctement les gestes à réaliser mais il ne parvient pas à les organiser ou à les planifier et à les exécuter de manière optimale. Wikipedia en donne la définition suivante : « altération de la capacité à exécuter de manière automatique des mouvements déterminés, en l'absence de toute paralysie ou parésie des muscles impliqués dans le mouvement. Le sujet doit contrôler volontairement chacun de ses gestes, ce qui est très coûteux en attention, et rend la coordination des mouvements complexes de la vie courante extrêmement difficile, donc rarement obtenue. C'est une apraxie d'origine développementale ». Toujours selon cette source, la dyspraxie se manifeste par : - des troubles du développement moteur : maladresse, difficulté à exécuter des mouvements volontaires et coordonnés (marche, bicyclette, nage, jeux de balle, couper sa viande, s'habiller, se brosser les dents, nouer ses lacets) ; - de la dysgraphie : difficulté à écrire à la main et à automatiser l'écriture manuelle ; - des troubles oculaires (oculomoteurs): saccades et poursuite oculaire, fixation oculaire: difficultés à lire, à suivre sa ligne, à se repérer sur une page et à adopter une stratégie d'exploration de la page ; - des troubles de la parole : apraxie bucco-linguo-faciale, difficultés d'élocution ; - des troubles orthophoniques (pseudo-dyslexie entrainée par la dyspraxie), difficultés du langage écrit ; - des troubles logico-mathématiques : difficultés à poser des opérations en colonnes, à appréhender les faits mathématiques, problèmes de séquences, difficulté à se positionner dans le temps… Toute personne ne souffrant pas de problèmes d’acquisition d’automatismes devra mobiliser d’autant plus de ressources que les compétences à acquérir seront antinaturelles. Dans le domaine comportemental, pratiquement toutes les compétences utiles à la création et à l’entretien de relations harmonieuses avec autrui sont non naturelles. L’éducation a notamment pour objectif l’acquisition d’un grand nombre d’automatismes antinaturels. Prenons un exemple très significatif : quel est le comportement le plus naturel : manger avec ses doigts ou avec un couteau et une fourchette ? La nature nous a donné la possibilité de prendre des aliments avec nos mains et nos doigts et de les découper avec nos dents. Pourtant, une fois éduqué, la personne adulte n’attaquera pas un steak-frites-salade à pleines mains s’il n’a pas de couverts mais il en réclamera pour manger proprement et agréablement. Utiliser des couverts ou des baguettes est devenu naturel à la suite d’efforts réalisés pour maîtriser ces nouveaux outils. Il en est de même au niveau des compétences relationnelles, comportementales ou organisationnelles. Maîtriser ses émotions, écouter, sourire, complimenter, ranger systématiquement après usage, prévoir et organiser… n’est pas naturel mais s’apprend. Les efforts à réaliser pour cet apprentissage de longue durée sont considérables. Il vaut mieux les réaliser pendant la jeunesse car les ressources personnelles disponibles sont alors maximales. Plus les années passent, plus l’énergie produite par l’organisme diminue. Des ressources minimales doivent être mobilisables pour mener à bien des nouveaux projets, réaliser des objectifs, gérer au mieux des problèmes, faire face aux épreuves et aux difficultés de l’existence… Plus l’être

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humain progresse en âge, moins il peut libérer de ressources pour acquérir de nouvelles compétences ou modifier des comportements inadéquats. Le développement de son potentiel en compétences ou aptitudes nouvelles représente un défi majeur. De nombreux freins devront être levés. Des obstacles devront être évités ou surmontés. Il faut pour cela disposer de ressources suffisantes.

Dessine-moi le subconscient ! « L'instinct est l'intelligence du subconscient ». Najib Ben Seffaj Le dictionnaire de l’Académie Française donne la définition suivante du subconscient : Terme de psychologie. Qui est faiblement, partiellement conscient, ou encore qui n'est conscient que par intervalles. Il se dit aussi de tous les faits d'ordre psychologique qui, échappant à la conscience distincte, en forment cependant comme le dessous. Wikipedia en donne une autre définition : Le subconscient correspond aux processus psychiques non accessibles au sujet conscient. Ces processus relèvent de l'automatisme. Les processus conscients engageraient plus de ressources psychiques, seraient plus complexes, de plus haut niveau… Le subconscient enregistre tout ce que nous percevons, tout ce qui provient de nos sens. Il contient un ensemble de données, d’informations, de référentiels, de croyances, de peurs… .Il enregistre tout. Ce qui est utile ou non. Ce qui est positif ou pas. Le subconscient peut être comparé à une boite noire. Comme elle, il conserve la trace de tous les paramètres de notre existence qui peut être comparée à un voyage à bord d’un avion.

Le subconscient, au passage, ne semble avoir aucun sens de l’humour. Comme il enregistre toutes les données, il faut éviter de tenir des propos négatifs, destructifs ou ironiques. Si une personne dit : « Que je suis bête ! » après avoir réalisé une erreur, le subconscient enregistre : « Je suis bête » sans tenir compte du ton et des intentions de celui qui s’exprime. Il en va de même pour un parent. Si le père ou la mère dit à son enfant : « Arrête de faire l’imbécile ! », le subconscient de ce dernier conserve le message suivant : « Papa ou maman a dit : Je me comporte comme un imbécile ! ».

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Notre subconscient nous pousse à agir inconsciemment ! « Inconscient signifie ce qui s'énonce à l'insu du sujet ». Vincent Descombes Extrait de L'inconscient malgré lui Les éléments enregistrés, stockés, mémorisés vont intervenir dans nos automatismes, nos réflexes, nos réactions spontanées. Le subconscient peut influencer et même prendre le contrôle de nos analyses, de nos jugements, de nos décisions et de nos choix. Son action sera d’autant plus intense que le Cortex Préfrontal sera - fatigué, - affaibli, - non développé, - atrophié par manque d’entretien du muscle préfrontal ou - mis plus ou moins hors service sous l’effet d’un stress ou d’un éventuel épuisement psychique. Certaines circonstances, certaines émotions nous poussent parfois à agir ou à nous exprimer de manière inconsciente. Il est fréquent de voir une personne prendre conscience très tardivement de l’amour qu’elle ressent pour une autre personne. Elle peut avoir des comportements et émettre des messages non verbaux inconscients qui trahissent l’existence de cette émotion sous sa conscience. Qu’est-ce qui distingue le subconscient de l’inconscient ? Notre subconscient (ce qui se trouve sous la conscience) nous pousse à agir inconsciemment (en dehors de notre conscience). Le subconscient est passif alors que l’inconscient est actif. Le subconscient induit l’action inconsciente. Le subconscient nous pousse à agir parfois contre notre volonté ou il nous empêche parfois d’agir dans le sens de notre volonté. Le subconscient est à l’origine de l’action ou constitue le stimulus de départ qui enclenche des routines d’action. Le conscient a besoin de mots et de formuler de manière intelligible. Le subconscient mémorise les gestes difficiles à décrire ou parfois impossibles à décrire avec des mots. L’inconscient utilise les données du subconscient pour agir. Il utilise moins de ressources qu’une action consciente. Cette dernière est le résultat d’une écoute et d’une maîtrise de soi, d’une analyse réfléchie et d’un choix.

Comment déplacer le subconscient ? « Croyances : choses que l’on tient pour vrai malgré l’évidence du contraire ». Joseph O'Connor

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L’état de santé d’une personne se dégrade brusquement. De violentes douleurs abdominales finissent de la convaincre qu’il est temps de consulter un médecin. Verdict : un ulcère gastrique. Au cours de la consultation, il note une hypertension artérielle importante et un rythme cardiaque très élevé. Le patient lui avoue ressentir très régulièrement d’importants maux de tête et des douleurs musculaires au niveau du dos et du cou principalement. Le médecin lui demande : « Etes-vous stressé ? ». Le patient lui répond : « Pas plus que d’habitude ! ». L’insistance du médecin le conduit à reconnaître qu’il doit faire face à une succession de causes de stress : nouvelle organisation du travail, divorce, difficultés financières… Le médecin traitant décide de réaliser une série d’examens gastroentérologiques et demande une analyse de sang. Il remet une ordonnance au patient et lui donne quelques conseils diététiques. Une dizaine de jours plus tard, il communique les résultats d’examen et dit à son patient : « Vous allez bientôt fêter vos trente six ans. Profitez-en bien car, si vous continuez sur cette voie, vous pourriez ne jamais fêter vos cinquante ans ! ». Incrédule, le patient lui demande s’il est sérieux. Son médecin lui présente les conséquences logiques pour l’organisme humain d’un niveau de stress aussi important et maintenu sur une longue période. Assommé puis paniqué par ces déclarations, le patient décide, dès son retour chez lui, de réduire drastiquement son stress car il n’a pas envie de mourir si jeune. Les premiers jours, il essaye d’éviter de se laisser submerger par le stress. Mais, après une semaine, il réalise qu’il est toujours aussi stressé et que rien, en réalité, n’a changé. Que s’est-il passé ? Imaginons deux masses. La première représente le Conscient. Nous la nommerons C. La seconde représente le subconscient. Nous l’appellerons SC. Ces deux masses se déplacent sur des plans parallèles et sont reliées par un ressort.

Lorsque les masses C et SC sont l’une au-dessus de l’autre, elles sont en équilibre. Dans le cas du patient mentionné plus haut, le subconscient (ou la « boîte noire ») possède tous les enregistrements des paramètres liés au stress : pression artérielle,

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fréquence respiratoire et cardiaque, taux de sucres dans le sang… Le patient est relativement conscient de son état de stress. Les données objectives enregistrées et le niveau de conscience sont cohérents. Le subconscient sait que son propriétaire est stressé et ce dernier a conscience de l’être. Après la dernière visite médicale, le patient prend la décision de réduire son niveau de stress. Pour vivre plus longtemps (et plus agréablement), il choisit d’évoluer vers un état de moindre stress (flèche 1 dans le dessin ci-après).

Malheureusement, le subconscient est une masse inerte. Elle ne se déplace pas sur simple impulsion du conscient. Le risque est, par conséquent, important de ne pas voir la masse SC bougé alors que C a bien l’intention d’aller vers moins de stress. Le ressort s’étire et tend à ramener la masse C à sa position initiale (flèche 2 dans le dessin ci-dessus). Autrement dit, au bout d’un certain temps, le niveau de stress n’a pas évolué. La personne est toujours aussi stressée et elle en est consciente. Pour amener SC à la verticale de C afin de trouver un nouvel état d’équilibre correspondant à un niveau inférieur de stress, il existe trois approches : 1. exercer une très forte traction sur la masse C (voir dessin suivant) : Cette traction correspond à l’importance de la motivation de la personne à progresser. Plus la personne sera décidée à réaliser les efforts nécessaires pour évoluer vers l’acquisition de nouveaux automatismes, plus le subconscient intégrera les nouvelles données rapidement. Si une personne est peu motivée à l’idée d’arrêter de fumer, elle risque fort de fumer encore longtemps. Les porte-cigarettes munis de filtres, les chewing-gums ou les patchs à la nicotine… peuvent aider mais ne représentent pas la solution pour arrêter de fumer.

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2. placer des roues sous la masse SC ou diminuer le coefficient de frottement (autrement dit réduire la résistance au progrès) (voir dessin suivant) : Cet effet est obtenu par l’autosuggestion, la visualisation positive, l’hypnose ou l’autohypnose. Il est possible de reprogrammer le subconscient pour permettre à la personne de progresser plus aisément ou plus confortablement.

Pour illustrer cette approche, prenons le cas de la prise de parole en public. Sous l’effet du stress lié à l’impression d’être jugée par plusieurs dizaines de paires d’yeux, une personne bafouille, perd le fil de son discours, transpire abondamment… Son subconscient enregistre, conférence après conférence, formation après formation, toutes les données d’un échec annoncé. Lors de chaque prise de parole, la personne observe les mêmes effets désastreux du stress sur ses comportements et sa communication. Par l’autohypnose ou l’hypnose, il est possible de remplacer l’association : « prise de parole en public = échec + souffrance » par « prise de parole en public = plaisir + succès ». Il faut pour cela amener la personne dans un état de relaxation optimal puis l’encourager à visualiser sa capacité à s’exprimer clairement, avec fluidité et de manière structurée. Elle doit ressentir le plaisir d’offrir des informations à son public et d’échanger des émotions avec lui. Elle peut imaginer les applaudissements et les compliments de ces hommes et de ces femmes qui sont venus l’écouter.

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Lors de la prochaine prise de parole en public, elle constatera les premiers effets positifs. Ceux-ci la stimuleront à continuer les efforts qui lui permettront un jour de se libérer totalement des effets négatifs liés au stress de ce type d’activités. 3. enlever la cale devant la masse SC (voir dessin suivant) :

Le déplacement de la cale empêchant la progression du subconscient correspond à une remise en question profonde et à un abandon de : - toutes les peurs limitantes généralement associées aux croyances bloquantes : La plupart des peurs qui retiennent l’individu et l’empêchent de progresser se trouvent dans le subconscient tout comme les croyances qui les génèrent. La peur de l’inconnu, de la nouveauté, de la perte de liberté, de l’importance des efforts à réaliser… pousse inconsciemment l’individu à refuser toute progression. Certaines personnes, profondément malheureuses sur le plan sentimental, préfèrent s’installer dans cette souffrance plutôt que quitter la personne responsable de celle-ci. « On sait ce qu’on a. On ne sait pas ce qu’on pourrait avoir ! ». - certains référentiels inappropriés : Le code de l’honneur fait partie de ces bases dont certains éprouvent parfois d’énormes difficultés à se défaire. Même si la personne est consciente d’avoir eu un comportement immoral (par exemple : le coup de boule de Zinédine Zidane), son subconscient l’empêche de progresser vers de nouveaux modes d’interaction avec autrui, moins agressifs et plus respectueux. Lorsque le conscient se trouve en phase avec le subconscient, le sentiment de mal être, de tension voire de souffrance plus ou moins intense disparaît.

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A la question : « La fin justifie-t-elle les moyens ? », la très grande majorité de mes clients répond : « Non. Tous les moyens ne sont pas bons pour atteindre un but ». Si un peu plus tard, je leur demande : « Voler pour sauver une amie qui doit être opérée…Est-ce moral ou immoral ? » Dans le groupe des personnes qui considèrent que la fin ne justifie pas les moyens, certains n’hésitent pas une seconde à répondre : « C’est moral ! »Lorsque je leur demande, après avoir exprimé ma surprise, de m’expliquer les raisons de cette décision, elles s’empressent de dire : « Mais… c’est pour sauver mon amie ! » Leur analyse consciente de la relation entre la fin et les moyens les amène à répondre dans le sens de la moralité. Par contre, leur subconscient les pousse à faire le choix contraire lorsqu’une décision délicate doit être prise. Le conscient a progressé vers le sens moral. Le subconscient de son côté reste sur sa position première : « la fin justifie effectivement bien les moyens ». Par conséquent, je choisis de voler (acte à la fois immoral et illégal) pour sauver un être humain. Si toutes les mamans du monde se mettaient à voler ou à tuer pour sauver leur enfant condamné à une mort certaine sans soins appropriés, notre monde basculerait vers le chaos.

Y a-t-il un pilote dans l’avion ! « L'éducation est l'art de faire passer le conscient dans l'inconscient ». Gustave Le Bon « C'est pendant l'orage qu'on connaît le pilote ». Sénèque Si l’être humain était un avion, alors : - le commandant de bord pourrait être comparé au cortex préfrontal, car c’est lui qui détermine les priorités (après avoir analysé les données de vol et les informations radio) et qui prend les décisions (voir Toolbook 1 « La puce électronique ») ; - les boites noires pourraient être comparées au subconscient car elles enregistrent toutes les données issues de différentes sources sans interprétation ;

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- le pilote automatique pourrait être comparé à l’inconscient qui réalise les instructions préprogrammées (issus de l’inné ou de l’adaptation et de l’évolution de l’espèce humaine, de l’éducation, d’expériences antérieures, de comportements acquis suite à des formations, à des accompagnements…) sur base des données collectées par le cerveau. Cet ensemble de programmes de traitement des données est destiné à agir sur les commandes de vol afin d’assurer le respect du plan de vol défini par le commandant de bord.

Le commandant de bord ou le cortex préfrontal agit de manière consciente. Ce pilote chevronné doit être vigilant et rester à l’écoute des informations essentielles fournies par les indicateurs de vol et les communications radio avec les navigateurs du ciel ou le personnel des tours de contrôle ou encore avec les autres pilotes, marins…

Il doit être capable d’analyser toutes ces données et de les interpréter adéquatement. Le commandant doit pouvoir prendre des décisions difficiles dans des

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moments critiques. Par conséquent, il doit pouvoir se maîtriser au mieux. Son rôle est également d’aider les personnes dont il a la charge à maîtriser leurs émotions. Il doit enfin être en mesure de reprendre le contrôle de son avion à tout instant s’il le juge nécessaire ou si le système de pilotage automatique se désactive. Le commandant de bord, à la différence du pilote automatique, est capable de percevoir et d’analyser d’autres paramètres que les strictes données de vol nécessaires au bon fonctionnement du programme agissant sur les commandes de vol. Il est capable de s’adapter et d’engager des actions qui s’écartent de celles prévues par le système automatique. Un bel exemple a été fourni lors de l’alunissage du module Eagle (ou LM) au cours de la mission Apollo 11. Les prévisions les plus optimistes ne donnaient qu’une chance sur deux au LM de se poser sur la Lune sans dommages. A 309 kilomètres du site d’alunissage et à 16 274 mètres d’altitude exactement, Neil Amstrong devait déclencher la poussée de décélération. La descente devait se faire totalement en mode automatique. A 1830 mètres du sol lunaire, une alarme stridente retentit. Buzz Aldrin communiqua à Houston les informations affichées par l’ordinateur du bord : « Alarme 12-0-2 ». Ce dernier signalait un dépassement de ses capacités d’exécution dû à un excès de données transmises au cours de la descente. A Houston, le programmeur Steve Bales, alors âgé de ving cinq ans, confirma la poursuite de la mission car l’ordinateur était programmé pour assurer l’exécution de toutes les fonctions vitales dans le temps imparti. A 1 000 mètres d’altitude, une nouvelle alarme retentit. Neil Amstrong signale : « Alarme 12-0-1 ». Steve Bales autorise la poursuite de la descente malgré les doutes du commandant de la mission. A 600 mètres, la même alarme retentit. Toute l’équipe à Houston est tournée vers Steve Bales. Il prend la responsabilité de dire à Neil Amstrong de continuer. La phase finale de la descente commença à 400 mètres du sol lunaire et les deux astronautes se mirent à regarder le sol à travers les hublots. Ils s’aperçurent qu’ils n’étaient pas du tout en approche du site d’alunissage prévu lors des simulations. Le LM (ou Eagle) l’avait dépassé de près de sept kilomètres suite à une petite erreur de navigation, une descente plus rapide que prévues, une attraction lunaire inégale. Neil Amstrong réalisa qu’ils se dirigeaient droit vers des rochers entourant un cratère. Il prit la décision de passer en mode manuel pour mener le LM vers un nouveau site d’alunissage. Le problème était de déterminer quel nouvel environnement pourrait être plus propice car la surface lunaire était recouverte de rochers et de cratères à perte de vue. Selon les estimations, Neil Amstrong ne disposait plus que de nonante secondes de réserve de carburant. Il finit par apercevoir une zone moins recouverte de rochers et plus plane. Houston l’avertit alors qu’il lui reste soixante secondes de carburant. S’il dépassait ce délai, il devait allumer l’étage supérieur du LM pour se séparer de la partie inférieure et rejoindre le module de commande piloté par Michael Collins. Neil Amstrong vit clignoter un voyant orange. Il ne lui restait que trente secondes de réserve de carburant. Il décida de poursuivre la descente car il était trop tard de toute façon pour annuler la mission. La séparation des deux étages n’aurait pas permis d’éviter qu’ils s’écrasent. Lors du contact avec le sol, une lumière bleue apparut et Buzz Aldrin annonça : « Contact light ! ». Le rapport final déclara que le LM renfermait encore quarante cinq secondes de carburant et non les dix secondes estimées suite à l’imprécision des jauges.

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Le cerveau possède son propre système de pilotage automatique. Ce dernier pourrait correspondre aux noyaux amygdaliens contenus dans le système limbique (voir Toolbook 1 « La puce électronique) et à l’ensemble formé par le cervelet et le tronc cérébral. Ces structures peuvent prendre des décisions, induire des actions en dehors du champ de la conscience. Ces automatismes sont extrêmement rapides et peuvent amener une personne à balancer brusquement sa tête sur le côté si un élément se dirige subitement vers elle. Cette personne soit ne prendra jamais conscience de la nature de cet élément, soit réalisera, après avoir évité l’impact, qu’il s’agissait d’un insecte ou d’une particule végétale. PILOTE AUTOMATIQUE

A la différence d’un avion, le cerveau peut décider, en dehors d’un contrôle conscient du cortex préfrontal, de se placer en mode « pilotage automatique ». Il arrive très régulièrement à tout être humain de dire ou de faire des choses inconsciemment. Comme tout système de pilotage automatique conçu pour gouverner des appareils ou, en l’occurrence, l’être humain, s’il est laissé sans surveillance, peut s’avérer très dangereux. Les actions inconscientes sont souvent à l’origine de catastrophes ou de drames. La distraction constitue un des déclencheurs le plus fréquent du pilotage automatique humain. Un conducteur, habitué à emprunter très régulièrement ou tous les jours le même itinéraire, s’il est distrait, absent ou préoccupé, peut réaliser trop tardivement qu’il s’est trompé de chemin pour aller à un rendez-vous ou, carrément, qu’il se retrouve à sa destination habituelle alors qu’il devait se rendre à un tout autre endroit. Les trajets mémorisés vont nous amener à conduire en mode quasi « automatique ».

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Les 4 étapes pour ancrer profondément les connaissances « La mémoire, comme le rêve, dilue les couleurs. La mémoire est comme une photographie exposée au soleil ». José Carlos Llop Extrait de Parle-moi du troisième homme Les boites noires, en tant qu’outils d’enregistrement et de conservation des données, est formé par la mémoire. Le siège de la mémoire ne se situe pas dans une zone bien déterminée du cerveau. En réalité, un neurone ne contient pas d’informations mémorisées. Par contre, un réseau de neurones peut contenir des traces de données plus ou moins profondément ancrées. La mémoire humaine, un peu comme la mémoire informatique, ne disparait complètement que s’il y a destruction de son support. Donc, seules des lésions cérébrales (occasionnées par des accidents vasculaires cérébraux ou des traumatismes cérébraux) ou la mort peut nous faire perdre définitivement des données mémorisées. En dehors de ces cas de destruction du support de stockage, il est toujours possible de retrouver des informations effacées de la mémoire d’un ordinateur ou perdues progressivement au cours du temps dans notre cerveau. En effet, les nouvelles connaissances acquises, si elles ne sont pas utilisées, finissent par s’effacer avec le temps. Cette disparition progressive des informations enregistrées peut être comparée à l’action d’une gomme au niveau des traces de crayon laissées sur une feuille blanche. Plus le temps passe, plus la marque du crayon tend à disparaître. La gomme ne permet toutefois pas de la faire disparaître totalement. Il reste toujours une empreinte sur la feuille. Celle-ci pourrait être révélée en négatif en frottant tangentiellement une mine de crayon sur les traces laissées sur la feuille. Il en va de même avec la mémoire humaine. La personne au bout d’un certain temps finit par oublier mais certains événements, certaines approches comme l’hypnose, permettent de ramener ces éléments enfouis au niveau de la conscience. Les informations non utilisées ou considérées comme non utiles semblent sédimenter pour former des strates de données. Ces éléments acquis sont d’autant plus profondément enfouis qu’ils sont anciens et non exploités.

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Nouvelles connaissances

Conscient Non utilisation ou non appel des connaissances = perte progressive de celles-ci

Subconscient

Traces profondes

Le cerveau semble se comporter comme un système à activer régulièrement pour faire remonter ou maintenir les connaissances au niveau conscient. La consolidation mnésique a pour rôle de graver les connaissances et les maintenir au plus haut niveau de conscience. Prenons l’exemple de l’apprentissage classique. Le respect des connaissances :

cinq

étapes

suivantes

permet

d’assurer

cet

ancrage

des

- concentration : plus les capacités de concentration de la personne sur les notions, ou sur les connaissances, transmises sont grandes, plus son écoute favorisera leur mémorisation ; - prise de notes : l’action manuelle liée à la prise de note favorise la mémorisation ; - remise en ordre des notes : cette étape permet de structurer, d’organiser les connaissances transmises, d’identifier certains manques au niveau du contenu ou d’éventuelles questions à poser lors du prochain cours pour clarifier certains informations ou lever l’une ou l’autre ambiguïté ; - résumé(s) : si les connaissances ne sont pas trop nombreuses, un seul résumé, une seule synthèse contenant l’essentiel suffit. Par contre, si la quantité de matières à mémoriser est plus importante, il est nécessaire de réaliser plusieurs résumés dans l’esprit des poupées russes. Prenons l’exemple d’un cours de cinq cent pages. Il pourrait être au départ résumé en une centaine de pages. Ce résumé d’une centaine de pages pourrait être synthétisé en une vingtaine de pages. Ce dernier résumé pourrait à son tour être réduit à une ou deux pages. Le travail de mémorisation consistera à étudier le résumé le plus synthétique (formé du document d’une à deux pages) pour le connaître impeccablement dans les moindres détails. Puis, le même

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exercice sera réalisé avec le résumé d’une vingtaine de pages et ainsi de suite. Cette approche permet au cerveau de trouver le chemin de l’information. L’organisation des connaissances suit une logique qui va du global (le résumé le plus condensé d’une ou deux pages) au détail (le cours de cinq cent pages). Grâce à cette approche, il est possible le jour de l’examen de se rappeler le contenu d’une note de bas de page ou une information précise en relation avec telle ou telle notion générale. - exploitation ou évocation de ces connaissances avec des tiers : plus les connaissances seront utilisées ou échangées, plus elles se placeront au plus haut niveau de la mémoire active ou consciente. Données Informations Acquisition maximale des connaissances

Seuil de présence dans la mémoire active

Ecoute attentive

Prise de notes

Remise en ordre des notes

Résumé

Exploitation Utilisation Evocation

Temps

Touche intensément un esprit, il s’en rappellera toute sa vie (Théorie du I + E) « La mémoire est la sentinelle de l'esprit ». William Shakespeare « Combien de femmes sont violées par jour dans le monde ? » A cette question, peu d’entre elles peuvent répondre. « Connaissez-vous dans votre entourage une personne qui a été violée ? » Si c’est le cas, la personne interrogée répondra par l’affirmative. « Avez-vous été violée ? » Si, malheureusement, la personne interrogée a été victime d’un viol, elle ne l’oubliera jamais.

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L’information, si elle est associée à une émotion, s’ancre mieux dans la mémoire. Inversement, plus cette information laisse indifférent, moins elle a de chances d’être mémorisée et, par conséquent, de pouvoir être utilisée ultérieurement. L’information peut être comparée au manche d’un outil de jardin. L’émotion, quant à elle, peut être comparée à une griffe. Si celle-ci est fixée au manche, l’outil pourra s’ancrer dans le sol. Cela revient à fixer, dans le cerveau de l’individu, l’ensemble « information + émotion ». Plus les émotions sont nombreuses ou importantes, plus le nombre de griffes augmentent et plus l’ancrage est profond donc la mémorisation est importante et stable. Dans le cas d’une femme violée, les émotions négatives sont tellement fortes qu’elles assureront une fixation de l’information du viol dans la mémoire jusqu’à sa mort ou la destruction du support de sa mémoire suite à des lésions cérébrales. Le tableau ci-après reprend les différentes possibilités de transmission d’informations en vue d’une mémorisation ou non. Si l’émetteur communique une information sans émotion (I), le récepteur va l’écouter mais il ne la mémorisera pas (-) ou il ne pourra pas la rappeler pour en faire un usage conscient.

La probabilité qu’une personne associe une émotion positive ou négative à une information « nue » est très faible mais elle existe. Dans ce cas, cette personne pourra faire appel à sa mémoire pour l’utiliser plus tard.

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Si l’émetteur communique une information en l’associant à une émotion positive (I + E+) ou à une émotion négative (I + E-), le récepteur écoutera l’ensemble (I E+ ou I Ereprésenté par I E+/-) qui pourra être mémorisé.

Parfois, le récepteur ajoute ses propres émotions à celles transmises par l’émetteur. Les expressions « cela me parle » ou « cela me touche » ou encore « je me sens très concerné(e) par vos propos » correspondent à des émotions plus ou moins importantes greffées au couple I E+/- (soit I E+/- + (E+/-)n). La personne mémorisera donc l’information et toutes les émotions associées (I (E+/-)n+1).

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Malheureusement, il arrive que le récepteur au moment de l’écoute refuse de prendre en considération la composante émotionnelle du message. S’il extrait l’émotion positive ou négative, il ne reste que l’information. Or, cette dernière, si elle n’est pas associée à une émotion, ne sera pas profondément et durablement mémorisée. Il sera très difficile voire impossible de faire revenir par la simple volonté cette information au niveau de la conscience.

Ce comportement de rejet ou de refus de la prise en compte des émotions associées à une information est très certainement une des raisons majeures du manque d’efficacité de certaines formations réalisées. En effet, si un participant n’est pas sensible à une anecdote présentée, à une image ou une comparaison, à une parabole illustrant un concept… s’il rejette cette composante émotionnelle ou encore s’il considère que le formateur « en fait un peu trop » ou tente de convaincre à tout prix son auditoire, il ne retiendra pas les éléments transmis.

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Apprendre, c’est créer des automatismes « Nous sommes automates dans les trois quarts de nos actions ». Leibniz Il existe différents types de mémoires comme le montre le schéma ci-après.

La mémoire à court terme permet de conserver quelques données limitées en vue de leur utilisation immédiate. Ces informations mémorisées pendant quelques dizaines de secondes permettent de réaliser des activités simples : mémoriser un numéro de téléphone avant de le composer, retenir une somme dans le cadre d’une opération arithmétique… Elle est aussi appelée « mémoire de travail ». La mémoire à long terme se subdivise en mémoire explicite (ou déclarative) et implicite (ou non déclarative). La mémoire explicite peut prendre la forme d’une mémoire épisodique ou d’une mémoire sémantique. La mémoire épisodique est associée à la conservation des informations liées à des événements ou des situations vécues. Les données concernent la date, le lieu, les émotions ressenties… en relation avec l’événement mémorisé (« Tel jour entre telle et telle heure, j’ai passé un très agréable moment au restaurant avec un ami »). Ces souvenirs autobiographiques sont enregistrés de manière automatique et permettent de construire l’histoire de la personne. La mémoire sémantique permet de conserver les connaissances générales acquises tout au long des formations et de l’éducation d’un individu. Elle enregistre des données factuelles (« Paris est la capitale de la France », « La devise japonaise est le Yen »…) et des concepts abstraits (« Le bien et le mal », « La qualité »…). Cette mémoire est nécessaire au langage verbal et non verbal car elle conserve les mots, les règles grammaticales, le sens des messages non verbaux… La mémoire implicite se subdivise en mémoire procédurale et mémoire perceptive. La mémoire perceptive ou sensorielle conserve la nature du signal transmis par nos sens. Un parfum, une odeur, un son est associé à une personne, à un lieu, à un plat… Cette mémoire est essentielle pour les « nez » en parfumerie. Un jour, un nez dit à un journaliste : « Vous voyez cette fragrance m’a posé de gros problèmes. J’étais certain

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de l’avoir déjà sentie auparavant mais je n’arrivais pas à m’en rappeler. Un jour, je me suis rendu dans la ferme familiale. Un gros orage venait de passer quand je descendis de voiture et un vieux tronc en partie calciné était toujours adossé au mur de la cuisine. En passant près de lui, je me suis souvenu de cette odeur caractéristique du bois calciné humide, juste après la pluie. Depuis lors, je retiens sans difficulté le nom de cette fragrance et elle est ancrée dans ma mémoire. » Un type particulier de mémoires joue un rôle essentiel dans le pilotage automatique des actions d’un individu. Il s’agit de la mémoire procédurale. Cette forme de mémoires enregistre toutes les données nécessaires pour l’exécution de séquences de gestes et pour la mise en œuvre des savoir-faire. Elle est mobilisée pour rouler à vélo, conduire sa voiture, se laver les dents… Elle permet nos routines journalières. Elle est à l’origine de nos bonnes ou mauvaises habitudes.

Acquérir des automatismes mobilise une énergie considérable, pour mieux en libérer par la suite. « De la naissance à la mort, on branche nos vies sur pilotage automatique et il faut un courage surhumain pour en dévier le cours. » Frédéric Beigbeder Extrait de L’Amour dure trois ans L’alimentation de cette mémoire procédurale peut être comparée aux ornières formées par un tracteur passant systématiquement au même endroit. La trace d’une information ou d’un groupe d’informations laissé par la mémoire dans le cerveau correspond à une modification des éléments de transmission de cette information au niveau neuronal en vue de favoriser et d’en accélérer son transfert et son utilisation. Au début, les roues du tracteur vont coucher l’herbe. Mais, si elles ne repassent pas rapidement pour réaliser exactement le même parcours, l’herbe se relèvera progressivement. L’association de neurones, qui juste après le contact avec l’information subit les modifications attendues pour son stockage et son utilisation, sans nouvelle stimulation, est alors prête à transmettre d’autres informations et éventuellement à les conserver. Suite aux passages successifs sur les traces identiques, les herbes finiront par mourir pour laisser apparaître la terre. Le sol finira par se creuser progressivement. Cela correspond à une trace mnésique plus importante au niveau cérébral. La pluie ou l’humidité favorise la formation de ces ornières comme l’envie d’apprendre et le plaisir d’apprendre facilitent la mémorisation. Ces dernières deviennent de plus en plus profondes au cours du temps. Au niveau neuronal, cette sollicitation continue et régulière des connaissances correspond à une modification profonde des terminaisons neuronales en vue d’une transmission de plus en plus rapide. Un peu comme si un chemin de campagne devenait une autoroute. Il est possible de rouler beaucoup plus vite sur cette dernière et de manière plus confortable. Lorsque les ornières sont suffisamment profondes, si le fermier ne tient plus le volant de son tracteur pendant son déplacement, les roues de ce dernier suivront sans difficulté ces gouttières pour rejoindre la destination. Cela permet d’imager les difficultés éprouvées par les personnes habituées à réaliser toujours les mêmes tâches à s’adapter à de nouvelles pratiques ou à de nouveaux

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mode d’actions. Les automatismes acquis tout au long de leurs années de pratiques professionnelles les poussent à reproduire les mêmes gestes, les mêmes comportements, comme les roues du tracteur sont irrésistiblement maintenues dans les ornières formées au cours du temps. Il faut dès lors mobiliser une énergie considérable pour amener les roues du tracteur à sortir de ces guides naturels et suivre une nouvelle route. Autrement dit, changer de plan de vol et reprendre les commandes de l’avion en désactivant le pilote automatique nécessitent de réaliser des efforts plus importants. L’acquisition de nouvelles connaissances et compétences nécessite des ressources parfois considérables. Si la personne a besoin d’une partie ou de la totalité de ces ressources pour des activités qui ne peuvent être exécutées sous pilotage automatique, elle ne pourra pas réaliser les efforts nécessaires pour alimenter sa mémoire procédurale en nouveaux gestes ou nouveaux savoir-faire. Cette personne continuera par conséquent en mode automatique à réaliser ses activités telles qu’elles ont été mémorisées jusqu’alors. La reprogrammation de la mémoire procédurale pour acquérir de nouvelles routines représente une mobilisation forte et soutenue des ressources de l’individu. Rechercher le plaisir égoïste à court terme ou la facilité, réagir instinctivement pour sauvegarder son intégrité, réaliser des tâches répétitives mobilisent un minimum de ressources. Cela pousse l’être humain à privilégier ce type d’actions ou de comportements pour libérer le maximum d’énergie afin de permettre à l’organisme et au cerveau de réagir et de s’adapter à son environnement et aux situations du quotidien. Comme dans un avion, il existe dans le cerveau humain un système d’alarme capable de désactiver le pilote automatique si nécessaire. Le cortex cingulaire antérieur (CCA) est une zone située entre le cortex préfrontal (centre de maîtrise et de décision) et le système limbique (centre de perception et de gestion des émotions). Cette aire cérébrale déconnecte le système de pilotage automatique du cerveau lorsque les données ou les paramètres sont incohérents. Le CCA informe le cortex préfrontal (autrement dit, la conscience de l’individu) de l’existence d’un danger, d’une souffrance ou d’une incohérence pour lui demander de prendre les commandes de la situation. Le subconscient contient les programmes nécessaires au pilotage automatique notre vie. Il intègre les données instantanées et les comparent aux données référence. En l’absence d’intervention du cortex préfrontal (ou du commandant bord), le pilote automatique ordonne les actions en vue de faire correspondre données collectées avec les données de référence enregistrées.

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Lorsque le CCA alerte le cortex préfrontal pour lui demander d’intervenir, le conscient peut prendre des décisions et mettre en œuvre des actions qui s’opposent à la démarche inconsciente d’assurer la correspondance entre les données entrantes et les données préprogrammées. Prenons le cas d’un incendie à bord d’un avion au niveau du cockpit. Le pilote automatique, s’il n’est pas désactivé, peut continuer à assurer la poursuite du vol alors que les pilotes ont des difficultés à lire les données fournies par les instruments suite à la présence d’une épaisse fumée. Sans système d’alarme et de désactivation du système de pilotage automatique, l’avion poursuivrait son vol pour atteindre la destination programmée. Le commandant de bord peut décider de reprogrammer le

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pilotage automatique pour demander à l’avion d’atterrir le plus rapidement possible. Autrement dit, le cortex préfrontal peut consciemment prendre la décision de mettre en œuvre une routine inconsciente, appelé automatisme de gestion de crise acquis par des formations et des entrainements réguliers, afin de faire face à la situation. Au niveau du service des urgences d’un hôpital, le médecin respectera exactement la même approche : gérer ses(les) émotions, apprécier la gravité des traumatismes ou les risques liés à l’existence de l’une ou l’autre pathologie puis décider des processus préétablis pour traiter au plus vite et au mieux le patient. Ce n’est pas le moment d’inventer ou de réinventer des procédures de prise en charge d’un homme gravement blessé ou en train de réaliser un infarctus du myocarde. Plus les bons automatismes existeront et seront entretenus, plus les ressources pourront être libérées et utilisées pour gérer ce qui n’en fait pas partie. En résumé, le cerveau préfère mobiliser ses ressources pour rechercher et trouver le plaisir ou pour exploiter ses capacités en vue de gérer son environnement et les événements plutôt que pour réaliser des automatismes ou des routines. Il lui faut donc acquérir au plus vite ces automatismes pour libérer le maximum de ressources. Celles-ci lui seront bien plus utiles pour d’autres tâches à plus grande valeur ajoutée ou pour mettre en place des stratégies originales. Durant l’enfance et l’adolescence, l’acquisition de nouvelles connaissances et de nouveaux comportements fait appel à des ressources importantes. C’est certainement une des raisons qui pousse les enfants à privilégier les activités extrascolaires au détriment des études, beaucoup plus stimulantes que l’alimentation des mémoires sémantiques et procédurales. L’abandon d’automatismes pour en acquérir de nouveaux nécessite beaucoup plus de ressources que pour l’acquisition première de ceux-ci. Or, plus l’être humain progresse dans la vie, plus il consomme de ressources pour faire face aux défis, s’adapter, surmonter les épreuves et plus il a besoin de temps pour reconstituer ses réserves d’énergie. Demander à une personne de faire tous les efforts nécessaires pour modifier des comportements au point de les transformer en nouveaux automatismes alors que ses ressources sont majoritairement ou totalement mobilisées pour réaliser d’autres activités (hiérarchiser et organiser ses tâches, communiquer, trouver des solutions, rechercher de nouveaux produits…) ne donnera aucun résultat. Par conséquent, il faut impérativement être en bonne santé, en pleine forme physique et psychique et ne pas être excessivement stressé pour disposer des ressources et de l’énergie nécessaires à l’acquisition d’automatismes.

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Clés pour s’élever 11ème toolbook

Le carburant « Un compliment est un rayon de soleil verbal ». Robert Orben

Vous êtes formidable ! « L'ironie est une insulte déguisée en compliment ». E.P. Whipple Extrait de Literature and life L’impact des encouragements et des compliments sur la motivation est trop souvent sous-estimé. Plus la personne est jeune ou immature, plus elle attend des signes positifs chargés de la rassurer et de lui permettre de ressentir le plaisir d’être reconnue pour ses mérites. Lorsqu’un parent ou un supérieur hiérarchique ne complimente jamais ou très rarement celui ou celle qui atteint ses objectifs, les conséquences peuvent être graves comme l’anecdote suivante le démontre. Pour créer une ambiance détendue et favoriser les échanges entre les participants, le formateur leur demanda de présenter en quelques mots leurs principaux centres d’intérêt. Ce type de thèmes en introduction de séance ne génère habituellement aucune peur particulière. Au contraire, chacun est heureux à la fois de parler de ses passions et de découvrir celles des autres personnes présentes. Après les premiers témoignages vint le tour d’un homme arborant un large sourire. Visiblement impatient de prendre la parole, il se mit à énumérer avec beaucoup d’enthousiasme ces différentes activités extraprofessionnelles : président d’un club de basketball (son fils joue dans l’équipe du club), colombophile (il avait été initié par son père qui lui avait transmis le virus), président du club des supporters de l’équipe de football de sa ville natale, militant politique très engagé… Il se plaignit de ne pas avoir assez de temps disponible après ses heures de travail pour réaliser toutes ses activités passionnantes. Après avoir écouté toutes les personnes présentes, le formateur proposa un nouveau tour de table. Le thème, cette fois, était « mon métier, ma passion ». Les participants, en quelques mots, devaient décrire les aspects les plus passionnants de leurs activités professionnelles. Lorsque le tour de l’homme hyper occupé arriva, il répondit sans autre commentaire : « Moi, je ne fais rien ! » Sa réponse provoqua une explosion de rires stimulée par l’effet produit sur le formateur. Complètement sidéré par cette confession publique, ce dernier lui demanda de confirmer sa déclaration. Avec un petit sourire ironique, il répéta : « Je ne fais rien. Et celui qui me fera travailler n’est pas encore né ! » La réponse engendra de nouveaux éclats de rire. Le formateur reprit ses esprits et lui déclara : « Vous l’avez devant vous ! » Étonné, le participant lui demanda : « Qui ? » Imperturbable, le formateur enchaina : « L’homme qui vous remettra au travail ! » Il

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rejeta sa tête en arrière et son rire forcé entraina quelques personnes. Par contre, la majorité attendit la suite de l’échange. Comme le formateur ne s’exprimait plus et attendait patiemment la fin de son show, l’homme professionnellement oisif finit par relancer le débat par une question : « Et vous comptez vous y prendre comment ? » Calmement, le formateur lui demanda de lui expliquer les raisons de sa décision de ne plus rien faire sur le plan professionnel. Subitement, il perdit son sourire ironique et agressivement lui dit : « Vous savez depuis combien de temps je suis dans cette société ? Non ? Çà fait quinze ans ! Oh, au début, je travaillais énormément. Je m’appliquais à réaliser le mieux possible ce qui m’étais demandé. Mais, je n’ai jamais reçu le moindre petit encouragement, le moindre petit compliment. Rien. Pas un merci. Pas un bravo ou « félicitation ». Rien, j’vous dis ! Alors, après cinq années de ce régime sec dans tous les sens du terme, j’ai décidé de ne plus rien faire pour cette boite. » Satisfait de lui, il s’affaissa sur son siège et regarda son interlocuteur avec défi. « Donc, si je vous suis bien, vous voila inactif depuis dix ans ! » continua imperturbablement le formateur. L’homme se contenta d’abord d’un hochement de tête puis soudain, se redressa et dit : « Ne perdez pas votre temps à essayer de me convaincre de me remettre à travailler ! Vous savez pourquoi ? Comme vous le dites si bien, je refuse de travailler depuis bientôt dix ans. Et vous savez quoi ? Pendant tout ce temps, je n’ai pas reçu une critique, une remarque ni une engueulade ! Alors… vous voyez, que je travaille ou pas, çà ne change rien. La hiérarchie s’en fout ! » L’homme arbora à nouveau son sourire, content de son effet et des rires suscités par sa dernière diatribe. Le formateur sourit à son tour, visiblement heureux de la tournure prise par l’échange et lui dit : « Cher Monsieur, vous venez de m’offrir sur un plateau d’argent l’argument qui vous conduira vers un retour au travail ! » L’homme n’en crut pas un mot et se contenta de lui rire au nez. Imperturbable, le formateur le questionna : « Pour quelle raison, à votre avis, votre hiérarchie n’a-t-elle rien dit ? » Irrité, l’homme lui répondit : « Parce qu’ils s’en foutent ! Je vous l’ai dit. Ou alors, ils sont aveugles ou encore très c… ! » Le formateur répliqua : « Sérieusement, vous pensez qu’ils s’en foutent ? Non, vous n’y croyez pas une seconde. Alors… seraient-ils c… ou même incompétents ? Peut être, mais cela n’explique pas une absence de réactions pendant une aussi longue période. Enfin, aveugles… ? Et si nous explorions cette voie. Ou, plus exactement, si nous considérions qu’ils n’ont effectivement rien vu. Non pas parce qu’ils étaient aveugles mais plutôt parce qu’il n’y avait rien à voir ! » Sans laisser le temps à son interlocuteur de s’exprimer, il enchaina : « Oui ! C’est cela ! Ils n’ont rien vu parce qu’il n’y avait rien à voir. Et vous savez pourquoi ? Comme votre francparler et votre côté rebelle amusent vos collègues, ceux-ci se sont répartis vos tâches pour vous éviter des ennuis. Pendant ce temps-là, vous restiez des journées à ne rien faire ou plus exactement à lire votre magazine sportif, à dormir dans un coin, à papoter avec l’un ou avec l’autre… Vous arrivez à dormir en vous disant que vous devez à vos amis professionnels de pouvoir « glander » à longueur de journée ? » L’homme jeta rapidement des regards autour de lui. « Dites les gars. Ce n’est pas vrai, hein ? Vous n’avez pas fait çà ? » Un peu gênés, ses collègues baissèrent les yeux. Le plus âgé d’entre eux lui dit : « Le formateur a raison. On ne voulait pas que tu aies des ennuis. Alors, on s’est arrangé pour que ton travail soit fait. » Dans un élan de fureur, l’homme hurla : « Mais, vous êtes tous c… ou quoi ! Si je ne faisais rien, c’était pour emm… les chefs ! Pour leur faire payer la façon dont ils se comportent avec nous. Pour les obliger à reconnaître notre travail… ! » Abasourdis,

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les participants le regardèrent sans réaction, à la fois blessés par ses insultes et par son manque de reconnaissance de lui avoir évité les pires sanctions. Lorsqu’il réalisa l’ampleur du désastre de sa conduite, il se laissa tomber sur son siège puis il se prit la tête dans les mains avant de la balancer de droite à gauche. Comme cette anecdote le démontre, l’absence de compliments peut pousser une personne à l’inaction, à ne plus réaliser les efforts nécessaires pour atteindre un but, à rechercher ailleurs des sources de satisfaction et de reconnaissance…

Il faut savoir accepter les compliments avant de les donner ! « Le compliment exagéré est pire qu'une injure ». Proverbe persan Si les compliments constituent une condition essentielle à l’entretien de la motivation d’une personne, encore faut-il satisfaire à certaines conditions et respecter plusieurs règles pour produire tous les effets positifs désirés. La suite de l’anecdote illustre un aspect le plus souvent ignoré aussi bien par les personnes complimentées que par ceux qui les complimentent.

Le formateur reprit : « Votre démarche n’a donc pas donné les résultats espérés. Maintenant, que comptez-vous faire ? Vous avez plusieurs possibilités : poursuivre dans la voie du refus de travailler, donner votre démission ou vous remettre au travail. Que choisissez-vous ? » Son interlocuteur bascula le haut de son corps dans le fond de son siège et dit : « Çà va ! Vous avez gagné ! Vous êtes content ? » Souriant, le formateur lui répondit : « Assez, oui ! Bien. Alors, nous allons pouvoir progresser. Mais, je tenais avant tout à vous féliciter. Non, non… très sincèrement ! Vous êtes un homme intelligent et raisonnable. Vous avez également une autorité naturelle associée à une grande aisance dans la prise de parole. Ce n’est pas un hasard si vous assumez des responsabilités importantes dans le cadre de vos activités extraprofessionnelles. » De plus en plus mal à l’aise, le destinataire de tous ces compliments finit par dire : « Arrêtez ! Je déteste çà ! » Le formateur dit alors : « Il

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faudra vous y habituer si vous voulez être complimenté. J’ai une excellente nouvelle pour vous. Je suis chargé d’accompagner votre hiérarchie pour les aider à développer leurs compétences relationnelles et managériales. Je soulignerai l’importance des compliments dans l’entretien de la motivation des équipes. Ils apprendront à complimenter. Par conséquent, comme vous souhaitez être complimenté, vous aurez l’occasion de l’être dans un très proche avenir. » Fort de son effet, il continua : « Imaginons que vous m’invitiez à diner. Un compliment peut être comparé à un cadeau offert en remerciement de cette invitation. Dans le respect du savoir-vivre, je vous offre en arrivant des chocolats. Vous déposez rapidement la boite sur le premier meuble à porter de main avant de me demander si je veux boire quelque chose. Inquiet, je m’inquiète de savoir si vous aimez les chocolats. Vous me répondez distraitement par l’affirmative avant de vous éclipser. Compte tenu de votre réaction, j’en déduis que vous n’appréciez pas plus que cela les chocolats et je note qu’il serait préférable d’envisager un autre cadeau la prochaine fois. Vous me faites le plaisir de m’inviter de nouveau. Cette fois, j’arrive avec des bières d’abbaye. Vous ne manifestez à nouveau aucune joie particulière de recevoir ce cadeau. Pour la troisième invitation, je choisis de vous offrir des sous-verres en cristal du Val Saint Lambert. Ce cadeau n’a pas plus de succès que les précédents. Qu’espérez-vous recevoir lors d’une prochaine visite ? » La personne se contenta de hausser les épaules. Le formateur conclut en disant : « Rien ! Comme vous semblez ne pas apprécier mes cadeaux, je vais donc éviter de vous en faire. Conclusion, si vous n’appréciez pas les compliments qui vous sont faits, vous n’en recevrez pas. Vous avez certainement, compte tenu de la qualité de votre travail à une certaine époque, reçu au minimum un compliment. Mais, si vous avez réagit comme vous l’avez fait lorsque je vous ai complimenté, la personne s’est dit que vous n’aimiez pas cela et qu’il était préférable de ne pas insister. » Le plus souvent, un compliment provoque un stress chez celui ou celle qui le reçoit. Le stress se définit comme l’ensemble des réactions d’un organisme mises en œuvre pour rétablir l’équilibre rompu par une source de tension positive ou négative. L’origine d’un stress peut donc être négative (perdre un être cher, subir un accident corporel, être dans l’incapacité de réaliser une tâche ou d’atteindre un objectif…) ou positive (ressentir un profond et subit sentiment amoureux, gagner une certaine somme d’argent, choisir de concevoir un enfant, recevoir une promotion professionnelle…). Que l’origine soit positive ou négative, le corps sécrète les mêmes substances (adrénaline, cortisol, endorphines) dont les effets seront plus ou moins importants en fonction de l’intensité de la tension exercée et donc du déséquilibre engendré. L’importance des réactions n’est donc pas liée à la polarité de la source (positive ou négative) mais à sa puissance. Un compliment peut générer un déséquilibre émotionnel chez la personne qui le reçoit. Certes, cette perte d’équilibre est initiée par une démarche positive mais elle provoque toutefois une tension plus ou moins forte chez la personne complimentée en fonction de la qualité des compliments formulés, des circonstances, de l’environnement et de la manière dont cette personne perçoit ceux-ci. L’apprentissage de l’art du compliment devrait systématiquement passer par la prise de conscience du stress ressenti pendant la présentation d’un compliment. Autrement dit, il faut savoir saisir toutes les opportunités offertes d’être complimenté pour écouter et ressentir les effets de ce stress. Cette première étape devrait amener la

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personne qui complimente à être plus attentive aux signaux de stress émis par le ou la destinataire des compliments. Il faut ensuite apprendre à gérer ce stress et à apprécier sincèrement et ouvertement la reconnaissance formulée.

Les compliments constituent le carburant du moteur humain « Avec un bon compliment, je peux vivre deux mois. ». Mark Twain « Nous sous-estimons souvent le pouvoir d’un contact, d’un sourire, d’un mot gentil, d’une oreille attentive, d’un compliment sincère, ou d’une moindre attention ; ils ont tous le pouvoir de changer une vie ». Leo Buscaglia

Comme l’anecdote l’a démontré, les compliments peuvent être comparés à un carburant. Tout moteur, en l’absence de ce dernier, s’arrête. Or, le moteur humain a besoin d’énergie pour réaliser des activités. Les compliments constituent, pour certaines personnes, une source de carburant essentielle. Il est évident qu’une nourriture équilibrée, des activités physiques régulières, des moments de détente, des activités sociales, un sommeil de qualité… contribuent à recharger les batteries de tout être humain. Cette énergie de base ne peut être remplacée par des compliments car la qualité du carburant associé à la reconnaissance ne peut être comparée à l’efficacité de celui provenant des sources d’énergie présentées précédemment. Toute image ou toute comparaison possède ses limites. Cependant, elle est intéressante pour illustrer un concept et mieux percevoir certaines dimensions ou certains aspects d’une théorie. Pour en revenir au « compliment-carburant », le réservoir d’énergie d’un être humain peut donc être comparé à un réservoir de carburant. Et comme tout « véhicule », il possède une certaine capacité et il en consomme une certaine quantité par unité de travail réalisé. Si une voiture citadine ou familiale classique possède un réservoir de soixante litres de carburant et consomme en moyenne six litres au cent kilomètres parcourus, il faut, pour un usage normal, envisager de remplir le réservoir toutes les deux à trois semaines. Comme un plein correspond à un compliment, si la voiture est comparée à une personne, il faut envisager de lui faire un compliment une à deux fois par mois

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pour entretenir sa motivation et contribuer à lui donner certaines ressources nécessaires à la réalisation de ses tâches. Un leader, au sommet de sa forme et de sa carrière, n’a pratiquement pas besoin de compliments pour entretenir sa motivation. Le complimenter, alors qu’il n’en a pas besoin, revient à faire le plein d’essence d’un réservoir bien rempli. Le « pompiste » (la personne qui complimente) risque de le faire déborder. Le leader n’appréciera certainement pas d’avoir du carburant partout. Son réservoir a peut être une capacité de six mille litres et une consommation moyenne de zéro virgule zéro zéro un litre par cent kilomètres parcourus. Il semble que la contenance du réservoir et la consommation de carburant soient liés au niveau de maîtrise de la personne. En effet, plus la personne est compétente et expérimentée dans un domaine, plus son réservoir est grand et plus sa consommation est faible. Par conséquent, moins elle a besoin de compliments pour entretenir sa motivation. Autrement dit, les paramètres de capacité de réservoir et de consommation ne sont pas définis une fois pour toute et liés à la personne. Ces paramètres évoluent positivement ou non en fonction du niveau de maîtrise de celle-ci. Un jeune apprenti ou une personne en charge d’un nouveau domaine d’activités ou occupant de nouvelles fonctions ou engagées dans une nouvelle entreprise possède un tout petit réservoir et consomme de grandes quantités de carburant pour réaliser ses tâches. Il faut donc être attentif aux besoins en compliments d’une personne en fonction de son niveau de maîtrise. Plus elle manque d’assurance, plus elle espère obtenir des encouragements et, si les résultats sont bons ou excellents, des compliments. Tout responsable se doit de surveiller les besoins en compliments de ses subordonnés. Il doit être prêt à les encourager et à les complimenter sincèrement, opportunément et adéquatement. Un organigramme dynamique, suivant les besoins en compliments de chaque membre d’une équipe, pourrait être utile pour rappeler aux responsables leur devoir de soutien et d’alimentation en énergie mobilisatrice. Un réalisateur ou un gestionnaire de projets soucieux de réussir dans les temps et dans le budget définis doit impérativement tenir compte des attentes en compliments et encouragements de chaque membre de son équipe. Beaucoup d’acteurs, d’actrices et de créatifs ont un énorme besoin en compliments. L’ignorer peut coûter très cher !

Complimenter… tout un art ! « Un compliment est un cadeau qu’on ne doit pas jeter négligemment, à moins de vouloir blesser celui qui vous l’a donné ». Eleanor Hamilton « Les meilleurs compliments sont toujours les plus courts ». G. Lafenestre Extrait de Un festival d’artistes L’art du compliment fait appel aux règles suivantes : 1. Le compliment doit être formulé en tête à tête.

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Comme un compliment peut provoquer un stress, il est vivement conseillé de complimenter une personne en l’absence de témoins. Ces derniers ajoutent une cause de tension inutile. En effet, mettre à l’honneur, féliciter ou complimenter une personne en public peut la mettre très mal à l’aise, surtout si elle manque de confiance en elle ou si elle est timide et d’une nature réservée. Tous les regards convergent instantanément vers elle. Elle se distingue du groupe. Certaines personnes et parfois le groupe entier pourraient envier sa réussite et les compliments qui lui sont adressés. Complimenter une personne devant une assemblée est la meilleure façon de l’isoler car le groupe risque de la rejeter. Si ces compliments sont, en tout ou en partie, le résultat d’un travail d’équipe, les membres de celle-ci refuseront dorénavant de lui fournir toute l’assistance ou tous les moyens susceptibles de lui permettre d’être à nouveau félicitée. Elle ne pourra à l’avenir compter que sur elle-même pour réaliser ses tâches et atteindre ses objectifs. Souvent, pour atténuer cet effet potentiellement désastreux, la personne mise à l’honneur tente inconsciemment de minimiser sa réussite, son succès ou son exploit. Il ne s’agit pas, le plus fréquemment, d’un signe d’humilité ou de modestie mais plutôt d’une démarche instinctive de survie. La personne complimentée peut aussi citer et remercier les membres de son équipe ou certaines personnes-clés (sous-entendu « utiles » dans le cadre de projets futurs) pour leur aide ou leur contribution. Ce type de comportements est très fréquent lors de la remise de prix en général et dans le monde du spectacle (Oscar, César, Molière, Palme d’Or…) ou de la musique (Victoires de la musique classique, World Music Award…) en particulier. Si les compliments s’adressent à un artisan-cordonnier ou à un artiste-peintre, les réactions d’envie et de rejet seront inexistantes ou d’une portée beaucoup moins grande. Plus la personne réalise seule ses activités moins les compliments publics auront un impact négatif sur la réalisation ultérieure de ses tâches. Les compliments doivent de préférence être réalisés en face-à-face. Cela présente un autre avantage dans le milieu professionnel. Comme cette règle est valable également dans le cadre de critiques adressées à une personne pour éviter de lui faire perdre la face en public, lorsqu’un supérieur hiérarchique lui demande de venir le rejoindre dans son bureau, elle ne sait pas si elle sera critiquée ou complimentée. Cela évite tout stress initial inutile lié au fait de se rendre dans le bureau du supérieur hiérarchique ou du patron. 2. Le compliment doit être précis. Il faut éviter de déclarer : « Ma chérie. Je te trouve très en beauté aujourd’hui. » Elle risque de ne pas apprécier le compliment. Elle peut même le prendre très mal. Comme elle n’a pas reçu le même compliment la veille, elle peut légitimement s’inquiéter soit du manque d’attention de son mari, soit de ne pas avoir été suffisamment belle pour justifier un tel compliment ! Plus un compliment est vague, moins il traduit un effort de la part de celui qui le formule et, donc, moins il a de valeur pour celui qui le reçoit. N’oublions pas que pour une femme, l’amour se prouve plus qu’il ne se déclare. Pour un homme, par contre, soit l’amour existe, soit il n’existe pas.

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L’entretien du sentiment amoureux n’est pas lié à la manifestation ou à la démonstration objective, concrète ou matérielle de son amour. Si un mari dit à sa femme : « Je t’aime », la femme peut réagir en disant : « Tes propos l’affirment mais tes actes me prouvent le contraire ! » Un homme peut aimer profondément son épouse tout en entretenant des relations extraconjugales avec plusieurs autres femmes. En ce qui le concerne, les plaisirs physiques n’ont rien à voir avec l’amour. Or, pour une femme, le fait de faire l’amour avec une autre prouve qu’il ne l’aime pas, pas suffisamment ou plus du tout, même s’il l’aime très sincèrement et s’il le répète à longueur de journée. Comment peut-on prouver son amour ? C’est très simple en théorie et beaucoup plus compliqué en pratique. En théorie, tout effort réalisé pour faire plaisir ou être agréable à la personne aimée peut être considéré comme une preuve d’amour. Plus l’effort réalisé est important, plus l’amour est grand. Par exemple, si un homme richissime offre une Porsche à son épouse pour son anniversaire, l’effort réalisé sera jugé minime. La preuve d’amour n’aura pas un poids ou une valeur considérable car la dépense représente peu de chose et n’entame pas son colossal capital ou si peu. Par contre, tout un chacun sait à quel point il est difficile d’écouter, de prendre en considération (et, plus encore, d’anticiper) les attentes et les besoins d’autrui ou encore d’abandonner de mauvaises habitudes pour acquérir de nouveaux comportements plus appropriés. Les compliments peuvent être considérés comme des preuves d’amour pour deux raisons au moins : - ils démontrent au minimum l’intérêt porté à la personne elle-même, à ses actes, à ses paroles et - ils sont le résultat d’efforts réalisés pour les exprimer avec précision. Il est préférable de déclarer : « Ton foulard est remarquablement bien assorti à ton tailleur », plutôt que : « Cet ensemble te va bien ». Il en va de même au niveau professionnel. « Tu as réalisé un travail formidable » sera moins apprécié que « Ta solution pour résoudre le problème du client X et sa mise en œuvre sont excellentes ». 3. Le compliment doit être sincère et équilibré. Tout compliment est un cadeau. Plus il est offert de bon cœur et avec la sincère volonté de faire plaisir, plus il sera apprécié. Le manque de sincérité constitue un critère de distinction entre un compliment et une flatterie. Le dictionnaire Littré donne la définition suivante au terme « flatterie » : Action de flatter, louange fausse ou exagérée donnée dans une vue intéressée. Le flatteur ne complimente pas. Ses louanges excessives ont pour buts essentiels de combler son propre besoin de séduire et d’amener l’autre à réaliser ce qu’il attend de lui.

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Les flatteries endorment la méfiance du flatté et possèdent une sorte d’effet hypnotique sur la victime, d’autant plus important qu’elle ressent un profond désir d’être appréciée ou d’être aimée par autrui. Les flatteries sont des tromperies alors que les compliments sont des offrandes. Les flatteurs comme les personnes sensibles aux flatteries se comportent comme des personnes immatures (voir le Toolbook 4 « L’équilibre dynamique »). Elles ont peur en permanence. Les flatteurs ont besoin d’être rassurés sur leurs capacités de plaire à autrui. Les personnes flattées ressentent de leur côté un manque plus ou moins considérable de reconnaissance, d’appréciation et/ou d’amour de la part des autres. Par leur perversité, les flatteries sont réalisées dans le but de faire le mal, de nuire ou de détruire. Les flatteries pervertissent ou détournent l’action de complimenter dans un but immoral car elles permettent de manipuler autrui. Les compliments, par leur sincérité, stimulent. Ils ont un effet positif sur la personne complimentée. Elles transmettent une énergie mobilisatrice. Elles motivent et entretiennent la motivation. 4. Le compliment doit être gratuit. Plus un compliment est gratuit, plus il est apprécié. Or, c’est très rarement le cas. Les compliments offerts le sont souvent dans le but d’en recevoir en retour. Il s’agit d’une forme d’appel aux compliments dans une logique de « je te donne si tu me rends la pareille ». La principale cause de ces compliments intéressés est l’immaturité tant du donneur que du receveur. En effet, les personnes immatures ont peur et cherchent à être rassurées sur leurs qualités, leurs aptitudes ou leurs performances. Elles ressentent un besoin énorme de reconnaissance. Tout compliment est perçu très positivement. Elles sont très (trop) sensibles aux flatteries et éprouvent des difficultés à les reconnaître pour les ignorer ensuite. Comme elles recherchent le moindre compliment, elles vont offrir aux autres ce qu’elles espèrent ou ce qu’elles aimeraient recevoir à leur tour. Les personnes immatures ont aussi souvent un manque profond de confiance et d’estime de soi. Toute image positive ou même flatteuse d’elles-mêmes renvoyée par n’importe qui aura l’effet d’un baume apaisant et les mettra dans d’excellentes dispositions vis-à-vis de la personne miroir. Cette faiblesse est utilisée comme technique de séduction. Les femmes savent reconnaître les hommes en manque de reconnaissance et de confiance en soi. Pour ce faire, elles écoutent dans un premier temps attentivement la cible masculine à séduire pour découvrir ses forces, ses atouts particuliers, ses motifs de fierté… Ces informations leur serviront pour trouver les compliments les mieux appropriés et les plus efficaces pour les mener à leur but. 5. Le compliment doit être empathique. Le compliment, comme tout cadeau, doit faire plaisir à celui ou à celle qui le reçoit. Or, un compliment peut être très apprécié par l’un et ignoré ou détesté par l’autre.

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Dans son livre « Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Venus », John Gray insiste sur les différences au niveau des besoins de reconnaissance des hommes et des femmes. Les hommes, en général, recherchent à être reconnus pour leurs compétences. Tout compliment en ce sens sera particulièrement apprécié, surtout par les hommes très impliqués dans un domaine qui les passionne. Dire à un homme : « Tu es vraiment très doué pour le bricolage » ou « Tu fais des merveilles dans la restauration d’ancêtres automobiles » le touchera profondément. Par contre, complimenter son épouse en lui disant : « Comme tu ranges bien le lave-vaisselle ! » risque fort de lui déplaire. Les femmes, pour la plupart, recherchent davantage une reconnaissance de leur valeur et de l’importance de ce qu’elles réalisent. Par conséquent, il est extrêmement imprudent de les ignorer, d’ignorer leurs efforts ou de considérer leurs actions comme « normales » ou allant de soi. En général, une femme apprécie un compliment portant sur son élégance, son souci de faire plaisir à ceux ou à celles qu’elle aime ou apprécie, ses qualités humaines… Un compliment sur la qualité du travail réalisé adressée à une personne très travailleuse ou au profil de personnalité qualifié de « travaillomane » selon l’approche de « Process Communication » créée par le psychologue Taibi Kahler produira un effet très positif sur sa motivation. Féliciter un « rêveur » selon la même approche pour l’originalité de son idée innovante comblera sans aucun doute son besoin de reconnaissance dans ce domaine. Pour revenir à la séduction, les plus grands manipulateurs sont conscients de l’importance du compliment attendu par leur proie ou leur victime. Et, comme il a été dit dans le cadre de la maturité, ce n’est pas l’outil ou l’approche qui fait le chef-d’œuvre ou la catastrophe mais la personne qui l’utilise. L’éthique permet de conserver à l’esprit en permanence le respect des valeurs morales universelles et, en particulier, le respect de l’autre. Cela permet d’éviter une utilisation immorale de ce formidable carburant qu’est le compliment. Les personnes en manque de compliments transmettent des signes plus ou moins clairs ou faciles à interpréter. Certains appels sont parfois très directs. Les quelques messages verbaux suivants constituent des exemples très révélateurs de ce besoin d’être encouragé et complimenté : - « Le personnel ne se rend pas compte des efforts fournis pour leur assurer un revenu mensuel décent et régulier » pourrait dire un patron ; - « Quoi que l’on fasse, ce n’est jamais assez ou assez bien pour eux » pourrait dire un ouvrier ou un employé en visant sa hiérarchie ; - « Quand tout va bien, on ne reçoit aucun commentaire positif. Par contre, dès que çà va mal, on nous tombe dessus et on nous critique » ; - « Le responsable ne me dit même pas « bonjour X » en arrivant le matin ou s’il me croise pour la première fois de la journée » ; - « Ce n’est jamais assez bien pour eux »… Il existe aussi des messages verbaux indirects ou, plus exactement, exprimant des attentes contraires à celles qui sont réellement attendues : - « S’ils croient que j’ai besoin de leurs compliments… » ;

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- « Je n’en ai rien encouragements ! »

à

faire

de

leur

reconnaissance

ou

de

leurs

- « Il faut surtout pas croire que je fonctionne à la récompense comme un petit chien bien dressé ! »… Les signes non verbaux associés à un besoin d’être encouragé ou complimenté sont le plus souvent associés à une démotivation ou à un stress : retrait ou isolement avec refus de contacts avec autrui, absence ou manque d’attention/de concentration en réunion ou en entretien individuel, irritabilité, manque de patience, crises de colère ou d’agressivité, refus de collaborer ou du changement, hyperactivité inefficace…

« Monsieur Raimu est un génie »

(Marcel Pagnol après la première de la

pièce de théâtre « Marius ») « Celui qui écrit, lit deux fois ». Proverbe latin Les plus beaux compliments sont formulés par écrit. Sous cette forme, ils ont un impact beaucoup plus fort et plus positif sur la personne complimentée. Complimenter par écrit, c’est offrir du caviar ou un met très raffiné. Comme tout ce qui est exceptionnellement bon, il faut éviter d’en consommer à l’excès sous peine de s’en lasser ou même de s’en dégouter. Plus ces compliments écrits sont rares, plus ils sont appréciés. Les raisons principales de la perception particulièrement positive des compliments écrits sont : - la trace : « les écrits restent et les paroles s’envolent ». La personne complimentée peut les relire à volonté ou les montrer à ses proches ; - la réduction voire l’absence du stress induit : recevoir un compliment peut générer, comme il a été dit plus haut, un certain niveau de stress ; - l’effort : l’écrit demande plus de réflexion et plus de temps pour structurer le texte et choisir les mots justes. Toutefois, il faut être prudent et éviter certaines conséquences fâcheuses de ce type de compliments. Les personnes aigries, envieuses, très intéressées par l’argent, frustrées, démotivées peuvent réagir de manière inappropriée suite à des compliments écrits. Elles sont susceptibles de penser qu’elles méritent d’être mieux payées, une prime ou un bonus, ou encore des avantages quelconques. Face à ce type de profils, il est préférable de réaliser des encouragements verbaux fréquents. Les reconnaissances matérielles et/ou financières offertes risquent fort de paraître systématiquement insuffisantes à leurs yeux. Un accompagnement individuel peut, dans certains cas, donner d’excellents résultats. Ces personnes devront alors, dans le cadre de cette démarche, accepter de revoir leurs ambitions, leurs rêves, leurs attentes, leurs besoins à la baisse. Elles devront faire leurs propres choix, sans tenir compte de l’avis, de l’opinion ou de l’influence d’autrui. Pour cela, il faut impérativement perdre l’habitude de se comparer aux autres ou de comparer ses biens (voiture(s), propriété(s) immobilière(s), tenues vestimentaires, bijoux…), ses titres ou son statut (social ou professionnel), ses sentiments ou émotions (amour, amitiés, bonheur,

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plaisir…)… aux autres. Ces personnes devront apprendre aussi à être moins exigeantes avec les autres et avec elles-mêmes. Cela les rendra moins critiques, moins destructrices. Il est vivement recommandé de lier le compliment écrit à des faits et à un moment précis. Le compliment pourrait être formulé ainsi par exemple : « A cette date-là et à cette occasion-là, tu a fait preuve d’une grande conscience professionnelle ». Un compliment plus vague ou imprécis tel que : « Tu fais preuve d’une grande conscience professionnelle », risque d’être utilisé ultérieurement pour contrer toute critique ou pour éviter une sanction plus ou moins importante justifiée par un manque de conscience professionnelle constaté à une date postérieure. Marcel Pagnol l’a appris à ses dépens. Lors des répétitions de sa pièce de théâtre « Marius », il décide de supprimer la célèbre scène de la « partie de cartes » pour raccourcir la pièce qu’il juge trop longue. Raimu joue le rôle de César, le père de Marius. Il aurait dû interpréter, dans cette scène devenu culte, la tirade suivante : … « Tu me fends le cœur »… « Tu me fends le cœur »… » Oh ! Et alors quoi ? Nous ne jouons plus non ? Qu’est-ce qu’on fait ? A moi, il me fend le cœur. A toi, il ne te fait rien alors ? »… Acteur au caractère fort et au talent remarquable déjà reconnu, il réussit à convaincre les autres acteurs de jouer la fameuse scène à l’insu de Marcel Pagnol. Lors de la représentation, Marcel Pagnol assiste impuissant à la prestation de sa troupe. C’est un triomphe. L’auteur, transporté de joie face à l’accueil du public, se précipite dans la loge de Raimu et écrit sur le papier recouvrant le mur de celle-ci : « Monsieur Raimu est un génie – 1930 – M Pagnol ». Raimu comprit tout de suite le profit qu’il pouvait tirer de ce compliment griffonné. Il découpa le papier et le fit encadrer.

A partir de ce jour-là, Raimu ne s’est pas privé de rappeler à Marcel Pagnol sa reconnaissance de son génie.

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Es-tu un pôle, un relais ou un consommateur d’énergie? « Tu projettes ton énergie vitale quand tu te sens bien et quand tu aimes, tu la rétractes vers le centre de ton corps quand tu as peur ». Wilhelm Reich Extrait de « Ecoute petit homme ! » Une seule source de carburant est rarement suffisante pour une personne immature. Un grand nombre de stations-service est nécessaire pour lui permettre de s’alimenter au rythme de ses besoins tout au long de la journée. Ces « pompes à essence » portent particulièrement bien leur nom dans ce cas. Le mot « pompe » indique clairement que la personne en manque de compliments pompe effectivement la personne susceptible de lui en offrir. En effet, plus la personne est immature, plus elle a besoin d’être rassurée, encouragée, complimentée, reconnue, aimée… Or, complimenter est une action antinaturelle. Elle nécessite une mobilisation parfois considérable de ressources. Il faut, par conséquent, disposer d’une réserve suffisante pour pouvoir à la fois satisfaire ses propres besoins et alimenter les autres en carburant. L’image de la station-service, autrement dit de la personne qui donne de l’énergie à autrui, peut être remplacée par un système d’alimentation électrique. La personne en manque d’énergie peut alors être comparée à une voiture électrique qui doit régulièrement pouvoir se connecter à l’une ou l’autre borne pour recharger ses batteries. L’être humain consomme d’énormes quantités d’énergie pour assurer sa survie et réaliser ses activités. Il lui faut donc produire cette énergie au niveau des cellules de son corps. Un petit paragraphe consacré à la science permet de mieux comprendre l’origine de cette énergie vitale. Elle est fournie par les mitochondries qui sont contenues dans les cellules eucaryotes (cellules contenant un noyau et des mitochondries) qui forment nos tissus et nos organes. Comme ces mitochondries possèdent leur propre ADN, elles proviennent nécessairement de l’extérieur des cellules hôtes car ces dernières ont également leur ADN dans le noyau. Une cellule eucaryote n’a pas besoin de disposer de deux ADN pour vivre. La communauté scientifique admet aujourd’hui qu’une cellule eucaryote primitive a accueilli, il y a environ deux milliards d’années, des alpha proteobactéries de manière symbiotique. Ces ancêtres des mitochondries, au cours de l’évolution, ont transmis la majorité de leurs gènes à leur cellule hôte et se sont spécialisées dans la production d’énergie. Cette dernière est fournie sous forme d’ATP (Adenosine Tri Phosphate) par la présence de liaisons chimiques riches en énergie. Les mitochondries produisent en permanence de l’ATP et le stock ne dépasse pas quelques secondes de consommation. Sans les mitochondries, les cellules hôtes n’auraient pas pu se multiplier pour former un organisme de grande taille capable de réaliser des activités complexes. Tout être humain dispose donc d’un nombre considérable de petites unités de production d’énergie. Pour revenir à des considérations moins scientifiques, toute personne doit par conséquent veiller à ne pas consommer plus d’énergie qu’elle n’est capable d’en

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produire. Si un déséquilibre s’installe et si elle est consciente de manquer d’énergie, elle cherchera instinctivement soit à diminuer sa consommation par un ralentissement de ses activités (repli sur soi ou isolement, refus de collaborer ou du changement, fuite des sources de tensions, démotivation…), soit à faire appel à des sources extérieures d’énergie (consommation d’aliments et de boissons riches en calories, appel à l’aide ou demande d’assistance, recherche de réconfort ou d’encouragements…). Si cette personne ne peut ni réduire sa consommation d’énergie ni faire appel à des ressources externes supplémentaires, elle peut devenir de plus en plus irritable et même agressive, tout comme un animal pris au piège. L’énergie produite peut être partagée entre les individus. Certains en donnent, d’autres en reçoivent. Le livre « La maturité de l’esprit » présente une approche de représentation des réseaux d’influence au sein d’un groupe de personnes. Elle se base sur l’observation des systèmes d’échange ou de transfert d’énergie entre les individus. Certaines personnes éprouvent un besoin plus ou moins grand de recevoir des doses régulières d’énergie de la part de leur entourage. D’autres, par contre, sont en mesure de délivrer des quantités variables d’énergie. Trois profils énergétiques ont été créés :

Les pôles d’énergie sont en mesure de délivrer de l’énergie à autrui car ils disposent d’une capacité de production supérieure à leur consommation. Ces personnes sont autorechargeables. Chaque pôle peut être comparé à une centrale hydroélectrique d’une puissance plus ou moins importante.

Les relais d’énergie sont également en mesure d’alimenter autrui en énergie. Leur consommation leur permet de délivrer l’énergie excédentaire produite. Cependant, à la différence des pôles, ils doivent occasionnellement se recharger auprès de l’un ou l’autre d’entre eux pour pouvoir faire face à l’ensemble des besoins.

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Les consommateurs, pour entretenir leur motivation, pour trouver la force de réaliser leurs tâches, pour progresser, recherchent auprès de certains relais ou certains pôles l’énergie qui leur manque. Sans cet apport supplémentaire, ils s’ « essoufflent » très vite et peuvent même se mettre en danger suite à un épuisement psychique.

Les consommateurs d’énergie cherchent très régulièrement du réconfort, des conseils, des propos motivants, des encouragements, une assistance, un soutien moral…

Les trous noirs : certains consommateurs sont excessifs. Ils sont incapables de transformer, d’utiliser ou de conserver l’énergie reçue. Un peu comme les trous noirs, l’énergie semble engouffrée, perdue. Ces consommateurs captent toute l’énergie disponible autour d’eux sans l’exploiter pour la transformer en réalisations concrètes. Les pôles, les relais et même les consommateurs peuvent être dangereusement vidés de leur énergie au point d’en être privés pour satisfaire leurs propres besoins.

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Le transfert d’énergie suit assez logiquement la cascade : pôles vers relais, puis relais vers consommateurs. Un pôle peut alimenter plusieurs relais et un relais peut communiquer son énergie à plusieurs consommateurs. Il arrive parfois qu’un pôle alimente directement un consommateur en énergie.

La capacité à donner de l’énergie n’est pas forcément liée à la position hiérarchique ou à la fonction de la personne. Autrement dit, un ouvrier peut être un pôle ou un relai. Un cadre n’est pas forcément un relai et le directeur n’est pas davantage systématiquement un pôle d’énergie.

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La structure habituelle de l’organigramme d’une société laisse la place aux échanges d’énergie et aux réseaux d’influence effectifs, même s’ils ne sont pas formellement établis et reconnus. La connaissance de cette cartographie permet d’optimiser la communication et l’entretien de la motivation ainsi que l’esprit d’équipe au sein de l’organisation. En effet, le patron a tout intérêt à s’adresser prioritairement aux pôles et aux relais d’énergie de son entreprise, quel que soit leur niveau hiérarchique. Ceux-ci transmettront ensuite, avec leurs propres mots, les messages de la manière la plus efficace aux personnes qu’ils influencent ou qui viennent régulièrement se recharger auprès d’eux. Les relais jouent un rôle essentiel d’écoute et de compréhension, d’assistance et de soutien moral sans pour autant être en mesure de donner des conseils techniques ou métier. Ces actions contribuent au bien-être de toutes et tous. Les consommateurs doivent pouvoir compter sur ces relais pour les rassurer et les aider à traverser des moments difficiles et à surmonter des fatigues plus ou moins importantes. Tout être humain évolue tant dans sa capacité de produire sa propre énergie que dans celle de délivrer un éventuel surplus aux autres. Certains consommateurs peuvent devenir des relais potentiels. De même, certains relais peuvent se transformer en pôles d’énergie potentiels. Il est par conséquent important de repérer les personnes susceptibles de fournir un excédent d’énergie dans un proche avenir. Cette évolution correspond à un cheminement vers la maturité et une meilleure maîtrise de soi et de ses activités. Comme cet état de développement est instable, il faut en conséquence réaliser tous les efforts nécessaires pour maintenir la maturité au plus haut niveau. Cela suppose une excellente hygiène de vie et des exercices constants de maîtrise et de lâcher-prise. Sans cela, la personne risque de perdre sa capacité de produire son énergie et de glisser de l’état de pôle d’énergie à celui de relai d’énergie ou de l’état de relai à celui de consommateur.

Une « batterie » humaine à plat met plus de temps à se recharger et perd plus rapidement sa charge « Etre établi dans la modération donne une bonne énergie de vie ». Yoga Sutra Toute unité de production d’énergie, même une centrale hydroélectrique de grande importance, est limitée dans ses capacités de distribution. Elle ne peut fournir, à elle seule, l’énergie nécessaire à la consommation de tout un pays. Un moulin à eau ne peut alimenter le même nombre de consommateurs qu’une centrale hydroélectrique capable de produire plusieurs TWh (Tera Watt heures) par an. Il en va de même pour les individus. Certains sont capables de délivrer plus d’énergie que d’autres. Les pôles et les relais doivent donc surveiller en permanence leur niveau d’énergie pour éviter de se mettre en danger. Il ne faut en aucun cas descendre en-dessous d’un certain seuil. L’organisme doit disposer d’une quantité minimale d’énergie pour assurer les fonctions vitales. Le message d’alerte le plus clair est l’épuisement. La personne se sent de plus en plus fatiguée. Le repos et le sommeil ne permettent plus de recharger suffisamment les batteries pour faire face aux besoins d’une journée classique de travail. Lorsque le seuil minimal est atteint, les personnes doivent impérativement faire preuve d’assertivité pour refuser fermement et respectueusement toute nouvelle

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fourniture d’énergie. Elles doivent également se donner les moyens et le temps nécessaires pour retrouver leur capacité de production optimale. Sans cela, l’épuisement progressif peut les conduire au burnout. Cet état peut être comparé à un feu éteint, incapable de dispenser la moindre chaleur. Tout consommateur de matériel électrique a reçu un jour ou l’autre le conseil de laisser les batteries se vider complètement pour favoriser une meilleure recharge et une durée de vie plus longue. En ce qui concerne les êtres humains, il en va tout autrement. Lorsqu’une personne consomme ou délivre une quantité excessive d’énergie au point de ne plus être en mesure de satisfaire ses besoins de base, elle perd ses aptitudes à produire et à conserver de manière optimale son énergie. Il lui faut beaucoup plus de temps pour la synthétiser. Le système de recharge des « batteries humaines » semble endommagé lorsque la consommation dépasse les capacités de production de l’organisme. Le peu d’énergie produite dans les délais habituels est très rapidement perdu car le stock ne permet pas de faire face à des activités simples et encore moins à des situations complexes ou des épreuves difficiles. Le stress professionnel ordinaire suffit à mettre en très grande difficulté la personne épuisée. La personne mature est non seulement capable de produire, sans apports extérieurs, un excédent d’énergie disponible pour autrui mais également de veiller à maintenir cette énergie continuellement à un niveau optimal. Plus une personne est mature, plus elle est assimilée à un pôle d’énergie. Plus elle est immature, plus elle consomme d’énergie. La fourniture régulière d’énergie aux immatures permet d’entretenir leur motivation, de leur donner la force de persévérer, de surmonter les épreuves et les difficultés… Cette alimentation se fait sous la forme de propos réconfortants, d’encouragements, de compliments, de conseils, d’aides multiples…

Encourageons… surtout après une erreur ! « Un compliment, c'est un peu d'amour et beaucoup d'esprit ». Emile Faguet Extrait de « Etudes littéraires » Un adolescent perd le contrôle de sa moto en voulant éviter un chat. Son corps glisse sur la chaussée et ses jambes percutent le poteau d’un panneau de signalisation routière. Emporté par l’élan, son corps projette ensuite ses jambes sur une poubelle avant de terminer sa course contre un pilier de portail. Ses membres inférieurs sont tellement tuméfiés qu’il faut attendre plus d’une semaine avant de pouvoir opérer et de réduire ses multiples fractures. Après un séjour d’environ deux mois en hôpital, l’adolescent peut enfin commencer la rééducation. Sa mère et sa petite amie l’encouragent à tour de rôle dans la réalisation de ses exercices quotidiens de réadaptation. Elles le soutiennent physiquement et psychiquement. Le moindre progrès est salué et accompagné de félicitations. Malgré les maigres résultats positifs du début, elles continuent inlassablement à le réconforter et à le complimenter pour son courage et ses efforts. Aujourd’hui, cet adolescent devenu adulte descend tout « schuss » les pistes noires.

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Si une erreur ou une faute commise par une personne est comparée à un traumatisme physique consécutif à un accident, la rééducation suit-elle la même logique de progression ? En entreprise, c’est très rarement le cas ! Non seulement, la personne en difficulté se voit dans l’obligation de corriger son erreur dans les plus brefs délais, mais elle doit également prouver au plus vite son aptitude à éviter toute nouvelle erreur dans des circonstances similaires ou identiques. Pendant ce temps-là, la hiérarchie et même les collègues attendent le nouveau fauxpas, certains de le voir apparaître très rapidement. Ils sont persuadés de sa prochaine rechute : « Il va tomber… Il va tomber… Il va tomber, c’est sûr !…Tu vois, je l’avais dit ! Il est tombé ! ». Dans certains cas, la chute est même favorisée ou facilitée pour se convaincre qu’il ne pouvait en être autrement. Il faut mobiliser une énergie considérable pour corriger une erreur ou une faute et plus encore pour acquérir de nouveaux comportements ou de nouvelles connaissances. Les encouragements représentent des « pleins » d’énergie offerts par l’entourage privé et/ou professionnel. Dans certains cas et pour certaines personnes, cet apport d’énergie supplémentaire n’est pas nécessaire pour les aider à faire preuve de résilience et à progresser positivement. Par contre, dans la majorité des cas, ces compléments sont très appréciés et même indispensables. Les premiers efforts concluants, le moindre petit progrès, les premiers résultats positifs doivent être accompagnés d’encouragements et de compliments. La majorité des leaders et des responsables n’a pas conscience de l’impact de cette fourniture d’énergie dans le cheminement d’une personne vers la réussite et l’épanouissement. Le directeur général d’une entreprise pharmaceutique somma son directeur commercial de corriger trois défauts majeurs dans les meilleurs délais. En premier lieu, il lui reprochait de ne pas respecter ses engagements et ses promesses. Ensuite, il trouvait inadmissible de ne pas compléter et mettre à jour, après chaque contact commercial, la base de données relationnelle. Enfin, le manque d’ordre et de rangement de son collaborateur le mettait hors de lui. Toute l’entreprise était au courant de ces reproches. Quelques jours après la grosse colère du patron, le directeur qualité fut appelé par le directeur commercial suite à une réclamation client. A sa plus grande surprise, il pénétra dans une pièce impeccablement rangée. Aucun classeur, aucune farde, aucun papier ne gisait sur le sol ou sur les fauteuils. Seuls un ordinateur et la souris ainsi qu’une paire de lunettes occupait la surface du bureau. Son espace de travail paraissait étonnamment beaucoup plus grand et plus lumineux à présent. Il complimenta sincèrement le directeur commercial. Après cette réunion de travail, le directeur qualité croisa le chemin du directeur général. Il l’informa du résultat des efforts réalisés par le directeur commercial pour satisfaire une de ses exigences. Comme il l’avait lui-même constaté, le directeur qualité lui demanda s’il l’avait félicité. Le patron répondit : « Et puis quoi encore ! Il lui en a fallu du temps pour ranger son bureau ! Et puis, il lui reste deux exigences à satisfaire ! Je le féliciterai lorsqu’il aura réalisé tous les progrès demandés. » Le directeur commercial, en l’absence de tout compliment ou de tout encouragement de la part du directeur général, décida d’en rester là. Il ne fit aucun progrès dans le respect de sa parole ou dans l’alimentation de la base de données relationnelle.

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Certes, sa réaction était immature et ressemblait fort à celle d’un enfant qui fait un effort et attend de voir si les parents vont le féliciter pour ses progrès. S’ils ne disent rien, il l’assimile à un désintérêt ou à un manque d’amour de leur part. C’est le meilleur moyen de le démotiver et le pousser à ne plus rien faire. Le plaisir est un signal donné au cerveau qui lui recommande de favoriser les pensées, les comportements et les actions susceptibles de le générer à nouveau. Tout apprentissage se base sur les effets motivants de la récompense méritée. Cette récompense peut prendre plusieurs formes différentes. Les être humains immatures partagent avec les chiens le fait d’apprécier les récompenses matérielles. Les premiers aiment recevoir de l’argent ou des avantages en nature. Nos amis les chiens, de leur côté, apprécient les friandises. Plus la source de plaisir est concrète et palpable, plus elle est recherchée. Sur le chemin du progrès, les uns comme les autres deviennent plus sensibles aux récompenses verbales, appelées aussi « compliments » pour les êtres humains ou « caresses verbales » pour les chiens. Par contre, comme il est impossible aux chiens de devenir mature, faute de cortex préfrontal suffisamment développé, le niveau le plus subtil et le plus évolué de plaisir ne leur est pas accessible. Les êtres humains matures sont en effet capables d’autosatisfaction. Autrement dit, ils savent induire leur propre plaisir suite à une tâche bien réalisée ou à l’achèvement d’une œuvre ou d’un chef-d’œuvre. L’accompagnement de tout être humain dans son développement devrait suivre cette logique de progression : récompenses concrètes ou matérielles, compliments puis autosatisfaction. Lorsqu’une personne est capable de se satisfaire du plaisir ressenti par le simple fait d’être heureuse du travail réalisé, elle se libère de la dépendance à une source d’énergie extérieure. Elle est alors en mesure de produire toute l’énergie nécessaire à la réalisation de ses activités. Cette personne peut ensuite envisager de donner l’éventuel surplus d’énergie produite à l’un ou l’autre consommateur.

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Clés pour s’élever 12ème toolbook

Le saut « Le courage est la première des qualités humaines car elle garantit toutes les autres ». Aristote

Je veux

Je peux

Je fais

Je l’ai

Le courage : clé indispensable de la réussite et de l’épanouissement « Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage ». Périclès Est-ce un effet de l’âge ou avez-vous, vous aussi, l’impression que le courage tend à disparaître ? Tout le monde en parle mais peu le possède. Le terme « courage » est associé à de nombreux mots : courage politique, courage professionnel, courage sportif… Son existence, à différents degrés d’importance, est nécessaire à toute réalisation. Mais, certains donnent l’impression de pouvoir s’en passer. Alors, est-il réellement indispensable ? Quelles pourraient être les conséquences de son absence dans la vie d’un individu et de la communauté ? Un jeune homme de dix-huit ans n’acheva pas ses études secondaires. Il voulait gagner de l’argent le plus rapidement et surtout le plus agréablement possible. Pendant les deux premières années de sa vie professionnelle, il exerça différents métiers accessibles sans qualifications particulières. Il commença comme veilleur de nuit dans un hôtel de passe. Il ne supporta pas ce boulot plus de quinze jours. A ses proches, il déclara mal accepter de devoir dormir le jour et rester éveillé toute la nuit. En réalité, le patron de l’hôtel, étonné de voir son chiffre d’affaires baisser, le surprit une nuit, profondément endormi alors que des clients entraient et sortaient sans payer en veillant à ne pas le réveiller. Puis, il devint promeneur de chiens. Il abandonna cet emploi après quatre jours seulement. Il préférait, de très loin, les chats aux chiens. Plusieurs points de suture suite à une morsure à l’avant-bras l’ont convaincu d’abandonner ce métier trop dangereux à son goût. Peu de temps après, il intégra une équipe de voituriers d’un grand hôtel. Sept mois plus tard, il fut licencié pour faute grave ; pris en flagrant délit lors d’une course, façon « La fureur de

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vivre », avec un collègue vers deux heures du matin sur un boulevard proche de l’hôtel par le propriétaire d’une des deux voitures. Ce dernier, insomniaque, avait décidé de faire un tour du quartier pour se détendre et se changer les idées. Il a très peu apprécié de voir le voiturier s’amuser avec son Aston Martin. Une société de vente par correspondance lui offrit, quelques jours seulement après cette affaire, un poste d’opérateur téléphonique. Il supporta cet emploi moins d’un mois car il le trouvait trop stressant et surtout très mal payé. Il collectionna pendant les six mois suivants les métiers de laveur de voitures (car il espérait avoir de bons pourboires mais trop éprouvant par temps froids et à l’origine de douleurs dorsales insupportables), de garçon de café (pour les mêmes raisons financières mais les horaires ne lui convenaient pas), de distributeur de cadeaux au sein de la caravane du Tour de France (très sympa quand il ne pleut pas et qu’il ne fait ni trop froid ni trop chaud ; mais le Tour ne dure pas éternellement) et enfin de vendangeur (étrangement son dos ne lui posait plus de terribles douleurs mais un « travailleur saisonnier », comme le nom le dit si bien, ne travaille qu’une seule saison par an). Arrivé à ce moment de sa vie, il décida de prendre le temps d’étudier les différentes options susceptibles de l’enrichir sans devoir réaliser des études et des efforts importants. Il devint commercial dans une société cosmétique. Enfin, un travail à la hauteur de ses attentes ! Il pouvait aménager ses heures de travail comme il le souhaitait. Il roulait dans une voiture de fonction toute neuve. Il ne devait pas réaliser de gros efforts car il s’agissait d’une marque de produits renommée. Ses clients étaient des pharmaciens. Ils acceptaient facilement de prendre ses produits car les campagnes publicitaires et promotionnelles très régulières réalisées par la marque leur évitaient de devoir consacré du temps et de l’énergie à les vendre. Il gagnait enfin beaucoup d’argent. Et, cerise sur le gâteau, le secteur cosmétique lui permettait de draguer à longueur de journée car il avait davantage d’interlocutrices que d’interlocuteurs. Ses talents de séducteur et de beau parleur firent merveille. Ivre de ses succès rapides et des sommes d’argent considérables gagnées en quelques mois, il ne se refusa aucun plaisir. Les mois passèrent puis les années à la vitesse d’une tempête tropicale. Tout allait très vite. Il repoussait toutes les difficultés et toutes les responsabilités comme une centrifugeuse sépare les éléments d’un mélange en fonction de leur différence de densité. Les problèmes, les contraintes, les devoirs… étaient expulsés avec d’autant plus de force qu’ils l’empêchaient d’accéder au plaisir. Seules les activités et les sources de jouissance étaient conservées. Sur le plan professionnel, ses résultats remarquables poussèrent le dirigeant à lui proposer le poste de directeur commercial. En plus de la reconnaissance liée à son nouveau statut et d’une grosse berline comme nouvelle voiture de fonction, il réalisa qu’il pouvait être beaucoup mieux rémunéré grâce au travail réalisé par d’autres. Il avait atteint ses objectifs : gagner beaucoup d’argent et fournir un minimum d’efforts pour y arriver. Cela ne l’empêchait pas d’être terriblement envieux. Il était furieux, par exemple, lorsqu’il voyait au poignet d’un autre homme une montre plus couteuse ou plus exclusive que la sienne. Ses petites amies n’étaient jamais assez jolies pour pouvoir rivaliser avec toutes les autres jolies femmes. A force de négliger, de repousser, de fuir ses obligations légales et contractuelles, non seulement il perdit à nouveau son emploi après une dizaine d’années environ mais il dut faire face à de nombreux procès. Il avait alors un très bel appartement, décoré dans un style minimaliste, avec des meubles « design » hors de prix, une

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chaine haute fidélité et un home cinéma de dernière génération. Il prenait tous ses repas dans les restaurants les mieux cotés. Le luxe constituait son minimum vital. L’argent lui coulait entre les doigts, il n’avait jamais épargné le moindre centime ni réalisé des placements équilibrés. Après avoir goûté à cette vie, il ne pouvait imaginer son existence autrement. Il refusa systématiquement toutes les propositions d’emploi dans le domaine de la vente car les entreprises ne lui garantissaient pas le même salaire et les avantages divers accordés par son employeur précédent. Dans certains cas, il ne se présentait même pas aux entretiens d’embauche s’il était convaincu de ne pas recevoir de réponses positives à toutes ses exigences. La descente aux enfers commença. Elle se termina tragiquement. Incommodés par une odeur de putréfaction, les occupants de l’immeuble appelèrent la police qui découvrit son corps dans un lit entouré de seringues. Le médecin légiste conclut à une mort par overdose. C’est à croire qu’il lui fallait moins de courage pour se suicider par injection d’héroïne que pour réaliser tous les efforts de remise en question, de prise de décision, de gestion responsable et de formation nécessaires à une reprise en main positive de sa vie. Quel que soit le potentiel d’une personne, sans courage, elle ne réussira pas à le développer au mieux. Toute réussite durable et épanouissante est le résultat d’efforts et de courage.

Dis… si je défie la mort, je suis courageux ? Non, t’es stupide ! « Contre la peur, un seul remède : le courage ». Louis Pauwels Extrait de L'apprentissage de la sérénité Qu’entend-on exactement par « courage » ? Selon le dictionnaire Littré, « le courage est l’ensemble des passions qu’on rapporte au cœur. » Car, le mot « courage » dérive du mot« cœur ». Une personne insensible est qualifiée de personne sans cœur. Faut-il dès lors être sensible pour être courageux ou courageuse ? Les psychopathes, privés de la capacité de ressentir ou de comprendre les émotions, donc insensibles, seraient-ils incapables de faire preuve de courage ? Selon Wikipédia, le courage n’est pas une émotion mais « un trait de caractère qui permet de surmonter la peur pour faire face à un danger ». Selon cette définition, seule la peur engendre le courage qui permet de la surmonter. Les menaces et la peur ne provoquent pas de réactions émotionnelles de la part de personnes souffrant de psychopathie. Comme les psychopathes ne ressentent pas la peur, ils ne sont donc jamais courageux. Leurs actes n’ont dès lors rien de remarquables ou d’admirables car ils ne sont pas le résultat du courage. Ils n’ont pas de mérite à prendre des risques car les menaces n’ont aucun impact sur eux. Ils n’ont pas peur de se blesser ou d’être blessés, pas plus que de se tuer ou d’être tués. Il existe d’autres personnes qui n’ont jamais peur, quel que soit le type ou l’intensité de celle-ci. Cette pathologie héréditaire, appelée maladie d’Urbach-Wiethe, ne concerne qu’une très petite minorité d’êtres humains fort heureusement (moins de

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trois cent personnes dans le monde). La cause de cette incapacité à ressentir la peur est due à une accumulation de calcium au niveau des noyaux amygdaliens, impliqués dans le traitement des émotions et notamment de la peur. (1) Wikipédia précise qu’ « au Japon, le courage (勇 - Yuu en japonais) est une des notions fondamentales du Bushido. Inazo Nitobe en donne cette description : Le courage, s’il n’était pas mis au service de la justice, était à peine digne d'être considéré comme une vertu. Confucius dans ses Entretiens, le définit comme à son habitude, par ce qu'il n'est pas. « Comprendre ce qui est juste », dit-il, « et ne pas le faire, démontre l'absence de courage ». Cette maxime reprise dans un sens positif peut se lire ainsi : « Le courage consiste à faire ce qui est juste ». Le courage serait alors une vertu, donc une valeur morale. Le dictionnaire Littré définit effectivement la vertu comme suit : « Force morale, courage. Ferme disposition de l'âme à fuir le mal et à faire le bien ». Finalement, le courage est-il une émotion, un trait de caractère ou une valeur morale ? Les trois sans doute mais le courage est surtout une aptitude ou une compétence émotionnelle. C’est une capacité à mobiliser une puissance d’action. Il fait appel à une force, à une énergie, à des ressources qui mènent à l’action. Le courage est associé à la capacité de faire face aux dangers, à la souffrance, aux épreuves, aux difficultés et à les surmonter. Le courage est une aptitude à choisir et à agir en pleine conscience des conséquences ou des enjeux. Elle se différencie en cela de la témérité ou de l’action inconsciente qui conduit à l’imprudence et très souvent à la catastrophe. L’être humain est une centrale de production d’énergie comme le dixième opus le « Pilote automatique » de la collection « Clés pour s’élever » le décrit. Toute mobilisation d’énergie fait appel au courage. Pour les seules activités situées entre le lever et le début d’une journée de travail, toute personne doit avoir le courage de se lever le matin, de préparer son petit déjeuner, de ranger la table et le lave-vaisselle, de nettoyer les surfaces de la cuisine, de se laver, de se brosser les dents, de s’habiller, de respecter les limitations de vitesse… L’état d’épuisement physique et psychique associé au burnout permet de se rendre compte des efforts à fournir pour réaliser ces activités en apparence peu consommatrices d’énergie. Le corps et l’esprit doivent, dans cet état de déficit en ressources énergétiques, faire face à une demande supérieure à la capacité de délivrer les moyens nécessaires à l’action. L’être humain en burnout se sent dépassé, incapable de produire le moindre effort physique ou intellectuel et de réaliser les actions les plus élémentaires. L’énergie est le moteur de l’action et le courage permet de mobiliser l’énergie nécessaire à l’action.

Courage

Energie

Action

Plus il faut mobiliser d’énergie, plus le courage doit être grand.

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Le courage est le résultat d’un choix conscient dont le but est de mobiliser nos ressources. Il est associé le plus souvent : - soit à la perspective de ressentir, à plus ou moins long terme, du plaisir à la suite d’un comportement, d’une prise de parole ou de la réalisation de tâches, - soit à la tentative d’échapper aux conséquences catastrophiques éventuelles ou réelles liées à l’absence d’action ou de réaction (voir Toolbook 3 : « Le moteur de progrès »). Le problème se situe généralement dans la difficulté à estimer le plus exactement la probabilité d’accéder au plaisir ou de subir les conséquences négatives. La source du courage est la motivation.

Motivatio n

Courage

Energie

Action

Le courage, c’est investir de l’énergie dans l’espoir d’un retour sur investissement positif de l’action à entreprendre. Sans motivation, le courage peut être présent mais il ne s’exprime pas. Un jeune adolescent manque-t-il de courage parce qu’il n’étudie pas ses leçons ? Pas forcément. Si le contenu des matières scolaires classiques ne l’intéresse pas et s’il préfère le travail du bois par exemple, il échouera à l’école mais il passera des heures à lire le maximum d’ouvrages sur l’ébénisterie et réalisera des meubles remarquables. Il faut énormément de courage pour respecter les valeurs morales universelles. Quelle motivation peut pousser une personne à choisir courageusement cette voie ? Vouloir se positionner en donneur de leçons ou en exemple ? S’imposer des difficultés pour mériter le paradis ou une vie meilleure après la mort ? La motivation la plus positive et la plus forte pourrait être de refuser l’idée d’être sanctionné. Tout comportement non éthique est susceptible d’être poursuivi et puni. Cette punition peut avoir une origine naturelle (dégradation de l’état physique ou de la santé de la personne, accident, morsure ou blessures infligées par un animal maltraité…), environnementale (bannissement, ostracisme, demande de divorce, licenciement…) ou encore légale (procès verbal pour non respect du code de la route, sanctions judiciaires, peines de prison…). La peur du gendarme se justifie-t-elle encore lorsque nous sommes adultes ? Quelque soit la probabilité d’être sanctionné, la seule perspective de subir une sanction devrait suffire à nous dissuader de nous comporter de manière immorale. Le simple fait de s’imaginer être verbalisé par un policier en âge d’être son fils et recevoir de sa part une leçon au bord d’une route est suffisamment humiliant pour donner la motivation nécessaire à un comportement plus moral et respectueux des lois et règlements. Lorsqu’un enfant fait remarquer à ses parents leurs façons dangereuses ou inappropriées d’être et d’agir, un signal d’alarme devrait retentir intensément dans leur tête. Si ces parents se comportent comme des enfants, comme des personnes irresponsables, ils méritent d’être traités comme tels et d’être sanctionnés. La principale source de motivation à l’abandon des comportements immoraux est l’empreinte laissée dans l’esprit des personnes par les sanctions subies durant l’enfance. Plus les punitions à cette époque de la vie étaient sévères, justes, équitables et sensées, plus elles laissent des traces qui serviront de balises contre les

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excès ou les dérives comportementales tout au long de l’existence. La motivation est « plus jamais çà ! » Le niveau de courage est lié aux actions à réaliser. En effet, plus la personne réalise des automatismes, des tâches ou des actions considérées comme agréables, peu risquées ou confortables moins elle devra faire appel à son courage. Inversement, si elle doit apprendre à réaliser de nouvelles actions ou si celles-ci sont perçues comme désagréables, dangereuses ou pénibles, la personne devra faire preuve de beaucoup plus de courage.

Courage

Difficulté

Niveau de courage Très important Conséquent Faible Nul

Actions – tâches Estimées dangereuses ou très pénibles Estimées difficiles ou pénibles Estimées faciles ou agréables Automatiques

La difficulté estimée ou ressentie à la réalisation d’une action conditionne le niveau de courage nécessaire. Plus la tâche semble facile, moins il faut de courage car la quantité d’énergie à mobiliser pour sa réalisation paraît faible. Dans la réalité, l’énergie effectivement dépensée pour l’exécution de cette tâche est parfois bien plus importante qu’estimée. Cela peut présenter un risque pour la santé de l’individu si l’écart entre l’énergie estimée et l’énergie réellement mobilisée et consommée est important. Comme nous ne disposons pas d’une jauge nous indiquant le niveau d’énergie disponible pour la réalisation de nos activités, nous nous basons sur une estimation ou, le plus souvent, nous ne constatons le défaut d’énergie qu’avec l’apparition des signes de fatigue ou d’épuisement. Les tâches automatiques, donc inconscientes, ne font appel à aucun courage car il n’y a pas mobilisation consciente d’énergie pour les mettre en œuvre. (1) C. Aschwanden, C. Gueidan, « Ceux qui n’ont jamais peur », Le Monde de l’Intelligence, 30, (avril/mai 2013), pp. 35-39

Il faut du courage pour développer son courage ! « La faiblesse est le courage des autres ». André Brochu Extrait d’Adéodat I L’absence de courage peut se manifester par l’inaction ou l’abandon pur et simple d’un objectif ou d’un objet désiré. Le manque de courage s’exprime également par la fuite, la passivité, l’absence de toute initiative, un laisser-aller plus ou moins total.

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Le défaut de courage conduit aussi au choix (parfois systématique) du moindre effort ou de la voie apparemment ou réellement la plus facile à court terme pour atteindre un but. Il peut prendre la forme d’un refus pur et simple d’agir ou de collaborer ou encore de s’engager. L’absence de décision ou l’espoir d’une intervention miraculeuse pour se sortir d’une situation délicate ou désespérée sont également des signes d’un manque de courage. Le danger perçu peut être un frein absolu à toute action. Certaines personnes naissent avec un courage plus important que d’autres. Comme tout potentiel, il faut le développer en aptitudes ou en compétences pour en tirer tous les bienfaits. Il s’agit donc d’une compétence émotionnelle essentielle. Le courage est même la première compétence à acquérir pour développer toutes les autres. En effet, l’absence ou le manque de courage empêche tout développement optimal du potentiel ou des talents d’une personne. Le père, une canne à pêche en main, dit : « Ton cadeau ! » Tout heureux, il emmena son fils au ruisseau. Après quelques conseils, il partit vers l’amont. Sans passion, le garçon lança mollement l’hameçon. Rapidement, il s’endormit par manque d’action. Tout à sa pêche, le père n’y prêta attention. Croyant prendre sa première prise, il cria : « Çà mord ! ». De surprise le fils chuta et jura très fort. Son père furieux et très déçu lui demanda : « Qui, du pêcheur, du dormeur, la vie nourrira ? » Sans attendre sa réponse, de suite il enchaina : « Pourquoi, selon toi, les poissons ne volent-ils pas ? » Avec répartie, le fils dit tout simplement : « S’ils volaient, je les attirerais par des chants. » Pour les attraper, se dit-il, il faut oser Se mouiller, pêcher autrement, bref : innover. Tenant son pantalon et ses chaussures d’une main, Son matériel de pêche de l’autre, il alla bien Traverser le gué pour se mettre face au soleil. Les truites aiment les mouches, il offrirait la pareille. Avec soin, il maintint celle-ci à la surface. Une truite frétillante mordit, relâchée sur place. Fier de lui, son père lui dit : « Vois-tu à ton âge, Tu sais déjà que tout est question de courage ! » Pour développer son courage, il en faut un minimum. En effet, comme le courage permet de mobiliser l’énergie nécessaire à l’action, tout effort de développement doit pouvoir compter sur des ressources énergétiques suffisantes. Cette qualité ou ce potentiel peut grandir à la condition de disposer d’une source minimale capable de lancer la dynamique du progrès.

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Statistiquement, il doit exister des personnes dépourvues de tout courage. Ces cas, espérons-le, doivent être extrêmement rares. La très large majorité d’entre nous dispose d’une base minimale pour atteindre un niveau d’aptitude suffisant à la réalisation de nos objectifs essentiels.

Courage physique ou mental ? « Il est curieux que le courage physique soit si répandu en ce monde et le courage moral si rare ». Mark Twain « Il faut savoir ce que l'on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire ; quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire ». Georges Clemenceau

Il existe deux formes de courage : le courage de l’action ou physique et le courage de la pensée, de l’esprit ou mental. Le premier permet d’agir et d’accomplir. Le second est utile pour maîtriser, faire des choix… Le courage de l’action est nécessaire pour la réalisation d’efforts physiques plus ou moins importants en vue : - d’exécuter des tâches ; - de protéger ses proches et son entourage ; - d’accomplir des performances sportives ; - de réaliser des actions difficiles ou pénibles pour lesquelles les muscles doivent délivrer une certaine puissance… La capacité à faire ou à supporter des efforts plus ou moins importants pour arriver au résultat attendu en est la plus significative expression. Travailler plusieurs heures dans des conditions difficiles de température, d’humidité, de bruit, de pollution demande énormément de courage dans l’action. S’imposer de réaliser une série d’exercices physiques tous les matins fait appel à ce type de courage. Ranger systématiquement un outil après l’avoir utilisé pour éviter toute dégradation, toute perte ou tout danger est une action courageuse.

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Nettoyer la vaisselle, le sol, les tables, les toilettes…demande un certain courage physique. Remettre ses notes de cours en ordre en fin de journée impose des efforts. Même si ces derniers sont peu physiques, il faut tout de même réaliser des actions, dont l’écriture, qui font appel à une certaine quantité d’énergie. Le courage physique est également indispensable pour abandonner des automatismes en vue d’en acquérir de nouveaux. Des groupes musculaires doivent se développer pour suppléer les anciens associés aux routines obsolètes. Il faudra à la personne des heures de pratique pour tenir sa fourchette autrement afin de s’adapter aux exigences de convenances d’un nouveau cercle de relations ou d’un autre milieu social. Le courage physique est également appelé pour supporter des douleurs ou des souffrances corporelles. Il en faut beaucoup pour réaliser les exercices quotidiens recommandés par un kinésithérapeute à la suite d’une fracture, d’une luxation ou de traumatismes majeurs. Il faut parfois beaucoup de courage pour se démaquiller avant de se coucher, pour prendre une douche et se laver les dents tous les matins, pour laver le linge, le mettre à sécher et le ranger, pour nettoyer sa voiture régulièrement, pour tondre la pelouse, pour trier les déchets, pour sortir son chien et ramasser ses crottes, pour le brosser, le laver… Le courage physique s’exprime chaque fois que notre organisme doit réaliser une action. La difficulté ou la pénibilité de cette dernière conditionnera le niveau minimal de courage utile pour mobiliser les ressources nécessaires en vue de permettre aux muscles concernés de remplir leurs fonctions. Le courage mental est d’une autre nature. Même si le courage trouve, sous ses deux formes, son origine au niveau de la conscience, il commande la mise à disposition de l’énergie dans deux sphères différentes : les muscles et le cerveau. Le dictionnaire Littré donne la définition suivante au courage d’esprit : « une fermeté de l’intelligence qui fait saisir les idées hardies, par opposition au courage du cœur qui fait braver les périls présents. » Cette définition a le mérite de distinguer deux formes de courage mais elle limite leurs actions aux idées et aux périls. Selon moi, le courage de l’action est en relation avec des besoins en énergie justifiés par des efforts physiques. Par contre, le courage mental ou de l’esprit est impliqué dans un autre spectre d’activités. Le courage mental est indispensable pour développer son « muscle préfrontal » (voir Toolbook 2 « L’effet piston ») et donc la maîtrise de soi. Sans cette forme de courage la résistance aux pressions en général et à la peur en particulier devient difficile et même, dans certains cas extrêmes, impossible. Si la peur prend le dessus, elle peut gouverner nos réactions, nos choix et/ou nos paroles. Elle nous empêche d’analyser et de réfléchir. Elle peut aussi nous freiner ou nous bloquer. Il faut beaucoup de courage pour résister aux tentations et à toutes les sources de plaisir. Confrontée à des comportements d’intimidation, à des humiliations ou à du

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harcèlement, une personne courageuse est en mesure de gérer ses émotions, de prendre les décisions appropriées et de communiquer de manière assertive. Le courage mental est essentiel pour : - accepter de regarder la réalité en face (aussi difficile et cruelle puisse-t-elle être) ; Une jeune femme ressentit des douleurs pelviennes et constata des traces de sang sur son slip un matin en se réveillant. Elle décida de ne rien dire à son mari. Les douleurs l’empêchèrent de dormir la nuit suivante et de nouveaux saignements apparurent. Elle ne put cacher plus longtemps ces symptômes à son mari. Inquiet, il lui recommanda d’appeler son gynécologue sur le champ. Elle refusa et tenta de minimiser les faits. Le jour suivant, son mari menaça d’appeler lui-même le médecin spécialiste. Elle promit de le faire mais elle ne lui téléphona pas. Finalement, le mari prit la décision de la conduire « manu militari » aux Urgences d’un hôpital universitaire. On diagnostiqua une grossesse tubaire ou extra-utérine. Si elle n’avait pas été admise à temps, elle risquait fort de perdre la vie. Une fois sauvée, son mari et son gynécologue la questionnèrent pour connaître les raisons de ses refus répétés. Elle leur répondit : « J’avais tellement peur qu’il m’annonce une mauvaise nouvelle ! » - voir les épreuves, les difficultés de l’existence comme des opportunités de progrès et d’amélioration et non comme des freins ou des obstacles sur le chemin de nos objectifs ; - refuser de nier un fait, un problème, une erreur, un dysfonctionnement, une issue potentiellement catastrophique ; - accepter de remettre en question ses croyances, ses convictions, ses idées préconçues, ses référentiels ; - comprendre et accepter d’autres points de vue, d’autres approches, d’autres modèles… ; - faire preuve d’assertivité, exprimer son opinion, son point de vue, défendre ses valeurs, ses choix, ses décisions ou refuser l’inacceptable de manière ferme et respectueuse d’autrui ; - prendre des décisions difficiles, choisir parfois « entre la peste et le choléra » ; - aller jusqu’au bout de ses choix et ne pas les remettre continuellement en question ; - persévérer malgré l’absence de résultats ou, pire, malgré des contre-performances initiales ou des échecs répétés ; - accepter les échecs et en tirer toutes les leçons ; - assumer la responsabilité des décisions prises ou des actions entreprises lorsqu’elles conduisent à un échec, à une aggravation ou à une complication d’une situation à gérer et ne pas les reporter sur les autres, la malchance ou les circonstances… Le courage par la pensée est également important pour l’acquisition d’automatismes comportementaux. L’art du compliment et de la critique, par exemple, n’est pas naturel. L’être humain croit bien faire mais il se trompe souvent lorsqu’il se laisse guider par son instinct dans le domaine des relations humaines. Comme tout art, il doit s’acquérir. Cela suppose d’abandonner au préalable tous les réflexes

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comportementaux inappropriés. Cette étape requiert un courage mental certain et nécessite les étapes suivantes : - l’acceptation de cet abandon (justifié par un sens ou une raison valable aux yeux de la personne) ; - une attention constante en vue d’identifier les automatismes à abandonner et de prendre conscience de leur mise en œuvre ; - la réalisation des efforts nécessaires pour les empêcher et éviter tout laisser-aller susceptible de consolider les pratiques antérieures. Ensuite, il faut découvrir, comprendre et apprendre les approches les plus performantes. Enfin, l’ancrage des nouveaux automatismes doit s’installer à la suite d’efforts soutenus pour respecter systématiquement les bonnes pratiques comportementales. Sans courage de l’esprit, il est illusoire d’espérer atteindre la maturité et la maintenir à un niveau optimum. Pour devenir une personne mature, il faut un grand courage par la pensée. L’acquisition de la maturité suppose une aptitude : - à faire des choix difficiles voire cornéliens ; - à remettre en question les référentiels transmis tout au long de la période précédent la maturité et à se remettre en question de manière constructive ; - à assumer la responsabilité de ses décisions, de ses actes et de ses paroles ; - à prendre en charge l’accompagnement d’autrui (ses enfants, ses collaborateurs…) ; - à mettre en œuvre les outils de gestion appropriés (dans le domaine du stress, relationnel, managérial…) ; - s’imposer une hygiène de vie optimale (manger sainement et de manière équilibrée, dormir suffisamment…)… Le courage mental est également essentiel pour faire preuve d’assertivité et pour développer l’estime de soi. Il permet de maîtriser la peur de déplaire et de faire face à l’installation d’une tension menant ou non au conflit suite à un refus assertif. Dans l’affaire des prothèses mammaires fabriquées par la société PIP, certains cadres de l’entreprise semblent avoir manqués profondément de courage mental. Il en faut effectivement beaucoup pour refuser certaines instructions et certains ordres de la direction ou pour dénoncer un dirigeant d’entreprise qui choisit délibérément de ne pas respecter les exigences légales et réglementaires. Face à deux peurs, d’un côté être condamné pour pratiques illégales, fraude,complicité de fraude ou mise en danger de la vie d’autrui et de l’autre perdre son emploi, ces cadres ont préféré assurer leurs revenus au détriment de la santé publique. La fuite de l’un ou l’autre par démission sans dénonciation est une autre forme de lâcheté. Ce manque de courage, cette passivité est condamnable et mérite des sanctions lourdes car si le dirigeant avait été dénoncé, des milliers de prothèses non conformes n’auraient pas été implantées. Comment toutes ces personnes vivront-elles le reste de leur existence en ayant sur leur conscience les conséquences de leur manque de courage mental ? Il faut également beaucoup de courage par la pensée pour s’accepter tel que l’on est et éviter de se comparer aux autres. Le développement de la confiance en soi

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nécessite une bonne dose de courage mental et physique. Il faut accepter l’idée de sortir de sa zone de confort pour tenter d’acquérir de nouvelles compétences ou pour réussir de nouveaux défis. Ensuite, il faut courageusement réaliser tous les efforts nécessaires pour atteindre l’objectif. La confiance en soi se construit enfin en capitalisant pleinement les résultats positifs obtenus mais aussi en acceptant courageusement les échecs ou les contre-performances et en réalisant, avec tout autant de courage, les actions d’amélioration nécessaires pour assurer la réussite future. La discipline désigne une manière de se conduire conformément aux règles, aux valeurs morales et aux instructions, aux méthodes imposées ou que l’on s’impose. Pour être plus efficient et accéder plus sûrement au plaisir de la réussite, il faut impérativement s’imposer une discipline de vie tant sur le plan personnel que professionnel. La discipline de préparer et d’anticiper ses activités pour ne pas s’installer dans une gestion de l’urgence, de se laver et de prendre un petit déjeuner tous les matins, de respecter le code de la route, de faire des exercices physiques quotidiens… Sur le plan professionnel : la discipline de planifier ses activités, de refuser la procrastination, de ranger systématiquement son bureau à la fin de chaque tâche, d’arriver à l’heure aux réunions… est indispensable pour réduire le stress, augmenter la qualité de ses réalisations et de ses relations avec autrui. Le courage mental est essentiel pour accepter pleinement de faire preuve de discipline, jour après jour, sans se laisser aller à la facilité. Le courage par l’action pourra ensuite s’exprimer pour mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation de l’objet de la motivation.

Toute conquête de l’Everest démarre d’un camp de base « Il faut oser en tout genre ; mais la difficulté, c'est d'oser avec sagesse ». Bernard Fontenelle Plus une personne se sent en insécurité, moins elle est tentée de prendre des risques. La seule prise de risques acceptable à ses yeux pourrait éventuellement avoir pour but de la sortir de cet environnement insécurisant pour rejoindre un cadre plus sûr. Si les parents montrent au quotidien une maîtrise et une confiance en eux rassurantes, l’enfant estimera pouvoir compter sur eux pour gérer des situations délicates ou difficiles. Il se trouve alors en bonne position pour prendre le risque de s’aventurer en terres inconnues. Par contre, si les parents éprouvent des difficultés à faire face à des problèmes ou à des épreuves, s’ils se laissent gouverner par leurs émotions et leurs pulsions, s’ils ont peur ou s’ils sont très stressés, l’enfant ressentira un profond sentiment d’insécurité. Il n’osera probablement pas prendre le risque de se placer dans une situation encore plus pénible ou précaire. Plus les parents mettent en danger leurs enfants de manière irresponsable, plus ils les poussent à la prudence. Les enfants se montrent dans ces cas-là beaucoup plus matures que leur père ou leur mère. Ils finissent par leur reprocher leurs comportements à risques ou, s’ils ne peuvent s’exprimer, ils choisissent de fuguer ou de trouver ailleurs la sécurité dont ils sont privés. Les grands-parents constituent souvent une base de repli assez naturelle. Il en va de même pour les hommes adultes dans les sociétés patriarcales. Plus leur couple est solide ou stable, plus ils s’autorisent à consacrer leurs forces et leur courage à réaliser leurs ambitions et à prendre des risques plus ou moins importants.

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Si leur épouse les encouragent, les rassurent, les réconfortent, les protègent, ils se sentent pousser des ailes et ont envie d’explorer de nouveaux horizons. Plus le foyer est considéré comme un lieu de ressourcement, de calme et de paix, plus le mari semble retrouver ses instincts de chasseur et de prédateur. La femme se doit d’être dans la grotte à son retour, toujours là pour lui donner le meilleur morceau de viande (pour lui redonner des forces pour la prochaine chasse), pour satisfaire ses moindres désirs et le dorloter (le repos du guerrier), pour le soigner s’il est blessé… Toujours dans le même courant archaïque, une phrase attribuée à Talleyrand dit : « Derrière chaque grand homme, il y a une femme ». Autrement dit, pour être grands, les hommes devaient pouvoir compter sur une base sécurisante. Les femmes ont également besoin de sécurité pour oser entreprendre. Un mari instable, infidèle, irresponsable ou immature sera un jour ou l’autre abandonné. L’épouse, si elle ne trouve pas un homme rassurant, préfère être seule et se construire sa propre « grotte » ou son havre de sécurité pour pouvoir mener des actions ou des expéditions en relation avec des objectifs professionnels liés à des ambitions comparables à celles de l’homme. Les femmes veulent légitimement aujourd’hui réaliser une carrière professionnelle, assumer des responsabilités, voire prendre la direction d’organismes privés ou publics. Pour cela, elles ont également besoin d’un environnement sécurisant à partir duquel elles mèneront leurs missions ou explorations plus ou moins risquées. La construction d’un gratte-ciel commence par des fondations solides.

Retourne dans les jupes de ta mère ! « Pour réussir dans le monde, retenez bien ces trois maximes : voir, c'est savoir ; vouloir, c'est pouvoir ; oser, c'est avoir ». Alfred de Musset Extrait de Barberine Comme le courage est une compétence ou une aptitude à mobiliser l’énergie nécessaire à l’action, il peut donc s’acquérir si la personne dispose d’un minimum de potentiel dans ce domaine. Comment faire progresser ce courage et à partir de quel âge faut-il amener l’être humain à transformer ce potentiel en courage efficace ? Le courage peut s’acquérir très jeune. Les premiers acteurs de ce développement sont les parents. Le couple complémentaire formé par le père et la mère va jouer un rôle essentiel dans l’acquisition du courage par l’enfant. Dans les cultures primitives, le courage constitue une compétence-clé et représente un critère d’accession à l’âge adulte. Il permet de prendre des risques liés à la recherche de la nourriture, de faire face aux dangers, de surmonter ses peurs et les épreuves de l’existence, de prendre des décisions difficiles… Au sein de ces populations, l’éducation transmise par la mère et par le père est différente et évolue au fur et à mesure de la progression en âge de l’enfant. Au sein de ces communautés primitives, l’éducation maternelle peut être qualifiée de « centripète » alors que celle du père est « centrifuge ». La force centripète tend à rapprocher du centre. La force centrifuge, bien que fictive et subjective car, vu du centre de rotation, cette force semble correspondre à celle nécessaire à un corps pour échapper à la rotation, tend à permettre l’éloignement. La mère protège, cajole, réconforte, calme, rassure, centre l’enfant sur lui-même. Elle lui permet de se construire. Elle contribue à créer les fondations sur lesquelles le futur adulte va

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bâtir sa vie. Du point de vue de la mère, toutes les forces doivent être orientées vers l’enfant. Le père, par contre, favorise la découverte, le dépassement de certaines limites, la prise de risques. Il pousse l’enfant en dehors de sa zone de confort. Il l’amène à sortir de son domaine sécurisé. Le rôle principal du père dans le cadre du développement du courage de l’enfant est de le guider au rythme de ses progrès et en fonction de son potentiel pour explorer de nouveaux territoires de pensée et d’action. Il se doit de l’aider à acquérir de nouvelles compétences comportementales et de nouvelles aptitudes sociales et opérationnelles. La mère est protectrice. Le père est explorateur.

Père

Mère

Enfant

Enfant

En réalité, le rôle joué par chaque parent évolue au cours du temps. Dans les premières années, l’enfant est très proche de sa mère. La protection domine l’exploration. Les influences respectives sont représentées dans le graphique ci-après. La courbe rouge correspond à l’évolution de la «force centripète » exercée par la mère jusqu’au passage à l’âge adulte. La courbe bleue représente l’impact du père tout au long de l’éducation de son enfant. A la fin de l’enfance, les deux forces d’influence s’équilibrent.

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Force appliquée Fin de l’enfance

Passage à l’âge adulte

Mère

Père Temps

Arrivé à l’adolescence le rapport s’inverse. Le rôle du père et ses impulsions « centrifuges » dépassent l’effet « centripète » maternel. Le but ultime de cette évolution est de préparer l’enfant (mâle dans les peuples primitifs) à quitter le nid familial. Le jeune adulte dispose de fondations solides et d’un développement optimal de ses compétences tant opérationnelles que relationnelles. Il peut à son tour bâtir une famille, avoir des enfants, subvenir à leurs besoins, prendre soin d’eux et les éduquer. Le passage à l’âge adulte dans les civilisations primitives est associé à un rite initiatique. Le courage et la maîtrise de soi sont sollicités pour surmonter le stress et la peur liés à l’épreuve. Un adulte doit être capable de prouver son courage en chassant un requin à mains nues, en réalisant deux « aller-retour » en courant sur le dos de bovidés placés côte à côte ou en sautant d’une tour dans le vide avec une liane fixée à ses chevilles. L’impulsion « centrifuge » du père tend très rapidement à disparaître après l’âge adulte. Quant à la mère, elle maintient son approche protectrice et réconfortante le plus souvent jusqu’à son décès lorsqu’elle aime sincèrement et profondément ses enfants. De nos jours, dans les sociétés qualifiées de « développées », les absences répétées voire prolongées du père et de plus en plus souvent aussi de la mère laissent à d’autres le soin d’éduquer leurs enfants. Les grands-parents, lorsqu’ils sont en mesure de le faire, peuvent intervenir. Mais la plus grande majorité d’entre eux sont, assez logiquement compte tenu de leurs âges, davantage « protecteurs » qu’ « explorateurs ». Si la mère est très souvent absente, l’enfant risque de rechercher toute sa vie la sécurité car ses « fondations » ne lui paraîtront pas assez solides pour prendre des risques et s’aventurer. Le père peut jouer le rôle de la maman et exercer une force

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« centripète », mais dans ce cas il faut que la mère l’accepte et soit en mesure de propulser progressivement l’enfant hors du nid pour assurer l’évolution vers un développement optimal du courage et vers l’autonomie responsable du futur adulte. Malheureusement, les pères deviennent aujourd’hui de plus en plus protecteurs et les mères n’arrivent pas à être « centrifuges » ou refusent de l’être. Une relation m’a dit un jour : « Mon mari m’énerve ! Il passe son temps à surprotéger nos trois garçons. Il refuse systématiquement toutes les activités qui présentent le moindre risque. Ils les consolent quand je me fâche sur eux. Ils leur préparent leurs plats préférés à la demande… C’est toujours moi qui ai le mauvais rôle. Il me laisse les rappeler à l’ordre, les obliger à étudier leurs leçons, les punir… S’ils font partie de mouvements de jeunesse, c’est encore grâce à moi. Mon mari ne voulait pas en entendre parler. Trop dangereux, selon lui. J’en ai marre. C’est lui qui tient mon rôle mais si je ne tiens pas le sien, il va en faire des poules mouillées ! » Lorsque l’aîné a terminé ses études et qu’il a décidé de quitter le nid familial, le père a pleuré pendant deux jours et a fait une dépression pendant six mois. Pensez… le petit s’en était allé affronter ce monde de brutes, plein de dangers. La mère, malgré des efforts considérables, a fini par laisser sa nature protectrice reprendre le dessus. Les deux autres enfants ont eu un mal fou à quitter le domicile familial. Le petit dernier a subi des pressions émotionnelles de la part de ses deux parents pour ne pas s’éloigner de plus de quelques kilomètres du domicile familial. Pas question de s’installer dans un autre village, une autre ville et encore moins une autre région ou un autre pays. Aucun des enfants n’a aujourd’hui encore le courage de dire à leurs parents qu’ils les étouffent, qu’ils les empêchent de construire agréablement leur vie. La moindre fête doit se passer en famille au grand complet auprès des parents. Ils n’osent pas leur avouer avoir fait certains choix ou réalisé des activités à risques qu’ils désapprouveraient. Si le père et la mère refusent d’exercer cette force « centrifuge » qui doit pousser l’enfant à sortir de son confort et à explorer de nouveaux domaines. La descendance risque de chercher auprès de certaines fréquentations l’excitation de la découverte de nouvelles expériences ou de la réalisation de nouveaux défis. Si ces personnes étrangères à la famille sont matures et responsables, cela peut être une excellente solution. Par contre, s’il s’agit d’enfants de leur âge friands d’expériences extrêmes, de personnes totalement irresponsables ou, pire, de délinquants, les conséquences peuvent être dramatiques voire catastrophiques. A notre époque, cette approche naturelle d’acquisition et de développement du courage semble de plus en plus difficile à mettre en œuvre. Les familles recomposées ne permettent pas le respect de cette alternance et de cette complémentarité « père – mère ». Un enfant peut avoir aujourd’hui plusieurs adultes mâles qui font office de pères ou qui essayent de jouer au mieux ce rôle. Dans le cas d’un divorce simple, sans enfant issu d’une nouvelle union ou de l’autre partenaire, l’enfant en garde alternée passe de son père biologique au compagnon ou au nouveau mari de sa mère. Lequel des deux prendra en charge l’application de la force « centrifuge » ? Cette force serat-elle appliquée par les deux hommes faisant office de « pères » avec la même intensité ou dans le même processus évolutif adapté à la progression de l’enfant – adolescent ? Si cet enfant se retrouve en présence des enfants du nouveau compagnon ou mari de sa mère, bénéficiera-t-il de la même approche d’éducation « centrifuge »

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de la part de son beau-père que les autres enfants de celui-ci ? Si enfin, son père biologique conçoit un enfant avec sa nouvelle compagne, exercera-t-il son rôle « centrifuge » de la même manière que s’il n’avait pas eu d’autres enfants avec celleci ou d’autres femmes ? Plus le nombre de séparations et de divorces se multiplie, plus, assez logiquement, l’éducation devient difficile et plus le modèle complémentaire « centripète – centrifuge » risque d’être abandonné par les différents adultes « parentaux ». Cette alternance « centripète – centrifuge » est nécessaire pour conduire le futur adulte à l’équilibre et à l’autonomie responsable. Un père dit un jour à son épouse : « A partir d’aujourd’hui, l’aîné est mon fils et le cadet le tien. » Stupéfaite par cette déclaration, elle répliqua : « Il n’en est pas question. Ces deux garçons sont nos enfants. Nous les élèverons ensemble. » Pour le père, ce n’était pas négociable. Même s’il n’a jamais expliqué ses motivations précises et exactes, il voulait se charger de l’éducation de son aîné tout en veillant, bien entendu, au bien-être physique et psychique de ses deux fils. La mère tenta à de multiples reprises de le faire changer d’avis mais sans succès. Très « centrifuge », il ne s’opposa jamais au désir de son fils de prendre des risques, quand il ne les facilitait pas ou ne les provoquait pas de sa propre initiative. Il le jaugea et l’estima très tôt capable de surmonter des épreuves et de faire preuve d’une grande résilience. Il le poussa à devenir louveteau dès qu’il fut en âge d’intégrer un mouvement de jeunesse. Ancien scout et pionnier lui-même, il gardait de cette période de sa vie d’excellents souvenirs. Or, s’il avait fréquenté les mouvements de jeunesse en Europe, il travaillait et habitait à l’époque en Afrique. Les risques liés à la vie sauvage dans un pays en voie de développement étaient d’une toute autre nature que ceux rencontrés dans un pays où la distance moyenne entre chaque village ou zone habitée était de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres. L’aîné passa chez les scouts avant de devenir chef de patrouille. Il n’hésitait pas à jouer les vrais éclaireurs lors des jeux de nuit en pleine brousse. C’est d’ailleurs lors d’un de ces jeux qu’il décida d’affronter le chef de l’autre troupe ; beaucoup plus grand et plus fort que lui. Ce dernier tomba sur lui en voulant lui arracher son foulard. Le garçon se retrouva en pleine savane avec le tibia et le péroné fracturés. Il connut un nuit mémorable tant par les souffrances endurées que par l’esprit de camaraderie dont les différents scouts firent preuve pour l’aider à immobiliser sa jambe et à supporter la douleur. Son frère apprécia beaucoup la vie de louveteau. Cependant, il refusa de devenir scout. Très impressionné par les premières épreuves du rite de passage qu’il vit de loin, il considéra ce genre d’exercices trop dangereux à son goût. Il quitta les louveteaux et sa mère joua pleinement son rôle « centripète ». Parallèlement, l’aîné s’est mis à pratiquer la voile pendant les vacances d’été en Europe. Il affronta sans peur des coups de mistral lors de ses premières sorties en mer puis des coups de tabac dans le Finistère les années suivantes. Il se retrouva dans la rade de Brest sur un petit voilier de croisière un jour de tempête. Le seul autre bateau à voile à naviguer ce jour-là était le Pen Duick VI d’Eric Tabarly qui les salua d’un signe de la main en passant à quelques mètres. L’aîné devenu moniteur avaient la possibilité en fin de journée de prendre un voilier pour aller faire un petit tour en mer. Son frère venait de quitter son petit Optimist (appelés aussi « caisses à savon », catégorie réservée aux très jeunes enfants), lorsqu’il lui proposa de venir naviguer sur un petit dériveur en plastique, rapide et

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très réactif. Il s’amusa à faire giter le voilier à la limite du dessalage à la fois pour le plaisir de tirer le maximum de son embarcation et pour montrer à son petit frère son niveau de maîtrise. Il voulait aussi lui prouver qu’il ne risquait rien avec lui, même s’ils chaviraient. Effrayé, le petit frère décida d’arrêter la voile. Deux jours plus tard, pour se racheter et essayer de le ramener à de meilleures dispositions, l’aîné lui proposa de l’aider à embarquer les vivres et le matériel dans un petit cabotier en vue d’une croisière qu’il devait réaliser le lendemain. Son frère adora l’expérience. Il découvrit avec étonnement tous les espaces de rangement savamment disposés dans les moindres recoins disponibles. Le cockpit, la surface du pont et le volume intérieur de ce petit bateau de croisière étaient plus sécurisant qu’un flotteur de dériveur. Les années passèrent et l’aîné se montra de plus en plus téméraire. Comme le dit à l’époque une amie de la famille : « Ton fils fonce et réfléchis ensuite ! Il n’a pas fini de se prendre des murs dans la tête ! ». Il se voyait bien intégrer une unité des forces spéciales d’intervention ou faire le tour du monde en voilier. Il rencontra sa future épouse au moment où il mettait sérieusement son avenir en danger. Elle a, durant de nombreuses années, exercé cet effet « centripète » qui lui a permis de construire puis de consolider les fondations de son développement. Son frère, toujours aussi prudent, cheminait tranquillement dans la vie et rien ne semblait le perturber outre mesure. L’aîné se lança dans un projet d’entreprenariat. Après une faillite et une longue traversée du désert, il créa une autre société qui connut de nombreux hauts et bas. Globalement, son parcours fut agité et difficile mais également stimulant et enrichissant. Son frère prit lui aussi quelques risques en début de vie professionnelle. Il osa traverser l’Atlantique pour travailler à l’étranger avant de revenir et de trouver un emploi dans une entreprise de haute technologie solide et de réputation internationale. Il connut une carrière beaucoup plus stable. Lorsque la force « centrifuge » est principalement ou exclusivement appliquée, le futur adulte a tendance à ignorer le danger ou à apprécier exagérément les sensations liées à la prise de risques. Le courage évolue vers la témérité. La personne a besoin d’avancer, d’explorer, de découvrir sans cesse. Il veut continuellement regarder audelà de l’horizon. Cela se fait au détriment de la construction d’éléments stables dans sa vie (le couple, une famille, une maison…). Le manque ou la faiblesse des fondations de l’individu ne lui permet pas d’être raisonnablement prudent afin de ne pas le mettre ainsi que les autres en danger. Certaines personnes peuvent parfois avoir le même type de comportements en réaction à un effet « centripète » exagéré très mal vécu pendant leur éducation. L’attrait de la nouveauté ou de nouvelles sources de plaisir ou encore la quête de réponses ou de solutions personnelles ou existentielles peuvent les pousser à vouloir sortir d’un cadre sécurisant mais aussi ressenti comme oppressant. Heureusement, la vie, le conjoint, les rencontres permettent de rétablir un équilibre lorsqu’une force n’a pas (ou trop peu) été appliquée dans les premières années de la vie de la personne.

Le courage rapporte ! « La paresse s’entretient par le repos, le courage s’entretient par la fatigue ». Proverbe chinois

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Le courage est un critère-clé de développement personnel. Dans le cadre des entretiens préliminaires réalisés en vue de déterminer l’opportunité ou non d’accompagner une personne, ce paramètre doit impérativement être évalué. La forme de courage la plus importante dans le cadre d’un développement de talents dans les domaines relationnels, émotionnels, organisationnels et comportementaux est le courage mental. Il existe des tests multiples d’estimation de ce type de courage. Par contre, dans l’hypothèse où le niveau de courage par la pensée est insuffisant pour permettre un progrès personnel profond et durable, est-il possible de l’acquérir au-delà de l’enfance et de l’adolescence ? Un matin, dans mon bain, je cherchais une méthode ou un outil susceptible d’aider mes clients à développer leur courage. Pendant ce temps-là, mon épouse se séchait les cheveux avec un sèche-cheveux quand elle me demanda : « A quoi penses-tu ? ». Après lui avoir exposé mon problème, elle me répondit : « Si c’est tout ce qui te préoccupe… C’est très simple ! » Surpris, je me redressai dans la baignoire et lui dit : « Si tu as une solution, j’achète ! » Tout en continuant à se sécher les cheveux, elle sourit et me dit : « Il te suffit de dire à tes clients trois mots : Le courage rapporte. » Après m’être replongé dans mon bain, je lui demandai : « Tu peux développer un peu, s’il te plaît ? » Imperturbable, elle me dit : « Quand tu n’avais pas le courage d’étudier tes leçons la veille d’une interrogation ou d’un contrôle, tu l’as payé cher, non ? Le manque de courage des dirigeants européens face à Hitler dans les années 1930 nous a coûté très cher, tant sur le plan humain que financier. Par contre, lorsque tu as le courage de nettoyer et de ranger tes outils de jardin en fin de journée, tu gagnes sur plusieurs plans : sécurité, financier, sérénité. Si tu as le courage de résister à une source de satisfaction immédiate, tu augmentes tes chances d’obtenir une gratification ou une récompense ultérieure plus importante… ». « Le courage rapporte ! ». Nous nous répétons cette petite phrase lorsque nous devons faire preuve de courage et qu’il semble nous manquer. Même si nous ne connaissons pas le gain associé à l’action courageuse, nous sommes profondément convaincus d’être récompensés un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, de ce courage manifesté. Déposer un tournevis sur la première marche des escaliers de la cave pour rappeler à la personne susceptible de l’emprunter de le replacer dans l’atelier par manque de courage peut coûter très cher. La première personne à s’engager dans cet escalier risque de déposer le pied sur cet outil et de perdre l’équilibre. La chute peut se terminer par une fracture ou un décès en passant par une paralysie plus ou moins sévère. Même si la probabilité est faible, cela vaut-il la peine de prendre le risque de ne pas être courageux ? Le courage de résister à la tentation ou à la faiblesse de céder à nos pulsions ou à nos émotions et de lâcher prise est toujours récompensé par un épanouissement personnel et un développement de nos fonctionnalités préfrontales. Le courage de respecter les valeurs morales universelles et les lois offre au minimum la sérénité d’une conscience en paix. Le courage de travailler, d’accepter les tâches peu gratifiantes et même très désagréables, de faire des efforts, de surmonter les échecs enrichit. Le courage de regarder la réalité en face, d’assumer ses responsabilités, de dire la vérité, de faire preuve d’assertivité renforce la maturité.

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Oser, c’est s’offrir une opportunité de s’étonner « Le courage croît en osant et la peur en hésitant ». Proverbe romain L’existence offre d’innombrables opportunités. Le courage seul ne suffit pas pour les exploiter mais sans lui elles seront qualifiées de « manquées ». Le supérieur hiérarchique d’un jeune ingénieur projet le harcelait sans cesse. Ce dernier se plaignit auprès de la directrice des ressources humaines. Elle ne prit pas sa plainte au sérieux et elle mit le harcèlement supposé sur le compte de difficultés d’adaptation du jeune ingénieur en début de carrière. Plus les semaines et les mois passaient, plus la pression s’accentuait. Il retourna se plaindre à la directrice des ressources humaines. Elle lui répondit qu’il était hors de question de licencier son chef de service car cela couterait trop cher à l’entreprise. Il devait, selon elle, soit se blinder soit démissionner. Il choisit la seconde option et se retrouva sans emploi. Quelques jours plus tard, son épouse, commerciale dans une société cosmétique, fut licenciée pour raisons économiques. Leur situation financière devint très rapidement critique car ils devaient rembourser un emprunt immobilier. Le mari décida de chercher énergiquement un emploi et de bousculer les procédures et voies habituelles. Il contacta un fournisseur rencontré dans le cadre de ses activités professionnelles passées. Il lui téléphona directement et lui demanda s’il cherchait un jeune ingénieur pour gérer des projets. L’ex-fournisseur lui répondit qu’il avait beaucoup trop d’ingénieurs et qu’il ne savait plus où les mettre. Son problème prioritaire, par contre, était de leur trouver de nouveaux projets à réaliser. « Je recherche une personne capable de développer mes affaires, avec un grand sens du client, douée d’une intelligence commerciale hors du commun. Cette personne aurait carte blanche ! », finit-il par lui dire. Le jeune ingénieur lui répondit : « J’ai !... Banco ! » Le fournisseur, surpris, resta quelques instants silencieux. Puis, il lui proposa un rendez-vous pour un entretien d’évaluation. Après avoir raccroché, le mari alla retrouver sa jeune épouse dans le salon et lui dit : « J’ai un emploi pour toi ! » Intimement convaincue de son intention de se moquer d’elle, elle ne daigna même pas le regarder et elle continua à parcourir son journal à la recherche d’une offre d’emploi intéressante. Comme il restait planté devant elle de l’autre côté de la table basse, elle leva le nez et constata qu’il avait l’air sérieux. Il lui raconta l’appel téléphonique à son futur employeur potentiel. Selon son mari, elle correspondait au profil recherché par son contact professionnel. Ils se rendirent ensemble le jour fixé chez l’ex-fournisseur. Ils patientèrent dans le petit salon situé en face de son bureau. Le patron raccompagna son visiteur précédent et invita le jeune ingénieur à le suivre. Ce dernier resta assis et dit : « Ce rendez-vous n’est pas pour moi mais pour mon épouse. Elle correspond tout-à-fait au profil que vous recherchez pour votre développement commercial. ». L’ex-fournisseur, sidéré, considéra le jeune couple. « Vous ne manquez pas d’air », lui dit-il. « Non seulement, vous me téléphonez directement sans m’envoyer un curriculum vitae classique accompagné d’une lettre de motivation, vous me dites correspondre au profil… » Le jeune ingénieur l’interrompit : « Je n’ai jamais dit que j’étais votre homme. J’ai répondu : « J’ai » puis « Banco »… L’ex-fournisseur ne le laissa pas terminer et reprit : « Vous m’avez

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laissé croire que vous étiez la personne que je recherchais ce qui revient au même. Puis, vous débarquez avec votre épouse et vous me demandez d’estimer ses compétences et son potentiel dans le domaine de la vente. Faut oser ! » Le jeune homme lui dit avec beaucoup d’assurance : « Permettez-moi d’insister et de vous demander de la recevoir malgré tout. Si vous avez réellement besoin d’une personne très douée pour doper vos ventes, un entretien avec mon épouse vous permettra d’apprécier tout son potentiel. Vous n’avez rien à perdre et elle est ici pour vous prouver que vous pouvez lui faire confiance. » A court d’arguments, le directeur finit par demander à la jeune femme de le suivre dans son bureau. « Et, vous… Restez ici ! » dit-il en s’adressant au mari. Le mari fut surpris de les voir ressortir du bureau après une trentaine de minutes seulement tout sourire. Visiblement conquis, le patron serra chaleureusement la main de sa nouvelle collaboratrice et félicita le mari pour son audace. Elle démontra dans les mois qui suivirent toute l’étendue de son talent commercial. Cette anecdote illustre la citation : « Seuls ceux qui osent s'accordent le droit de réussir » (Citation de Jacques Audiberti ; Théâtre, Tome II – 1952). Le courage ne consiste pas à systématiquement bouleverser l’ordre convenu, les systèmes établis ou les modèles éprouvés. Oser n’est pas s’opposer ! Oser, c’est aller au-delà. C’est dépasser le doute, la peur. C’est s’offrir un voyage vers l’inconnu, vers la nouveauté. Oser, c’est accepter la probabilité d’un échec avant de se lancer. C’est se sentir prêt à le vivre, à le gérer et à le surmonter. Oser, c’est lâcher-prise. C’est se détacher, se libérer. C’est commander à nos neurones et à nos muscles de lâcher pour agir.

T’es pas cap(able de…) ! « Le vrai point d'honneur n'est pas d'être toujours dans le vrai. Il est d'oser, de proposer des idées neuves, et ensuite de les vérifier ». Pierre-Gilles de Gennes (Prix Nobel de Physique 1991) Cité dans le journal Le Monde.fr - 22 Mai 2007 « Le courage n'est rien sans la réflexion ». Euripide Extrait de Fragments Le courage doit être estimé à la hauteur des risques pris et des difficultés estimées dans le cadre de la réalisation d’une activité ou dans la prise d’une décision. Telle action peut sembler très courageuse pour les uns et pas particulièrement ou pas du tout pour les autres ou pour la personne qui la réalise. L’évaluation est très subjective et dépend de la perception de chacun. L’aveu d’une faute par un fils peut sembler pour son père tout à fait normal et le résultat d’un acte réflexe sans grand courage. Par contre, le fiston estime sans doute pour sa part avoir fait preuve d’un courage exceptionnel pour surmonter la peur inspirée par les colères occasionnelles de son père et le risque de subir une éventuelle sanction. Le fait d’oser ou d’avoir un certain culot est-il une preuve de courage, d’estime et de confiance en soi ou d’inconscience ? Un vendredi en début de soirée, un jeune homme de vingt ans se retrouva dans une petite ruelle d’un quartier chaud avec ses copains et copines à la fin d’un cours de

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rock’n roll acrobatique. Ils décidèrent d’attendre le second groupe pour aller boire un verre et danser ensemble dans une boite de nuit. Un autre garçon voulut fumer une cigarette quand il réalisa qu’il n’avait ni briquet ni allumettes. Il s’adressa alors à toutes les personnes présentes pour leur demander s’ils pouvaient lui fournir un moyen d’allumer son toxique préféré. De façon assez surprenante, aucun d’entre eux ne fumait et, par conséquent, ne pouvait l’aider. Le jeune homme de vingt ans vit une prostituée qui faisait les cents pas un peu plus loin avec une cigarette aux lèvres. Il lui conseilla de lui demander ce petit service. Le fumeur réagit immédiatement en disant : « T’es fou ! Pas à un prostituée ! T’imagines ? Elle va penser que je veux autre chose ! » Le jeune homme dit alors : « Donnes- moi ta cigarette. Je vais le faire pour toi. » Le groupe le vit alors marcher d’un pas décidé vers la prostituée. Elle le regarda s’approcher avec amusement. - Alors, mon choux, que puis-je faire pour toi ? - J’aimerais allumer cette cigarette. Seriez-vous assez aimable pour me prêter votre briquet, s’il vous plaît ? - Mon dieu ! T’es très courageux de venir m’demander de te mettre le feu. - Non… ! Je crois que vous n’avez pas bien compris… - Laisse tomber !, lui dit-elle en l’interrompant. Elle lui tendit son briquet. Il la remercia, alluma sa cigarette et lui rendit l’objet. - Tous tes copains t’regardent la bouche ouverte. Crois-moi, tu les impressionnes. - Il n’y a rien d’extraordinaire à vous demander du feu. Merci encore. Je vous souhaite une excellente soirée. Et, comme il s’apprêtait à faire demi-tour pour rendre la cigarette allumée à son propriétaire, elle lui dit : - Pas si vite, mon trésor ! Où tu vas comme çà ? Il s’immobilisa, balança sa tête en arrière en fermant les yeux et se dit : « Et zut ! Finalement, ce n’est pas aussi simple que cela de demander un service à une prostituée ! » - Chère madame. Je vous remercie sincèrement de m’avoir aidé à allumer cette cigarette. Mais, je n’ai absolument pas l’intention de vous demander quoique ce soit d’autre. - Si t’avais voulu l’faire, tu l’aurais d’jà fait. Ce n’est pas pour çà que je t’demande de rester un peu. Je veux t’offrir quelque chose pour te féliciter d’avoir eu le courage de venir me voir et de me parler. S’attendant au pire, le jeune homme attendit la suite. - A ton avis, nous les putes, on fait quoi à longueur de journée ? - Eh bien… le trottoir, non ? - Exactement. Et, entre les passes ? - Vous devez sérieusement vous ennuyer ! - Bien vu. Alors, on s’occupe. Et t’ sais à quoi ? Non ? Je vais te l’dire… Nous vous observons, vous les hommes. On vous étudie. Votre façon d’marcher nous dit

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comment vous faites l’amour. Avec les copines, on s’amuse à vérifier nos observations quand vous passez à l’action. - Ah. Et, vous ne vous trompez jamais ? - C’est très, très rare. Si tu veux, je peux t’dire comment tu fais l’amour. Le jeune homme éclata de rire. - C’est ma récompense pour ton courage. - Vous n’êtes pas sérieuse ? - A ton avis ? Perplexe, il lui dit alors : - Je serais curieux d’entendre çà ! La prostituée se mit alors à décrire en premier lieu sa démarche puis sa façon de faire l’amour. Sous l’effet du stress, il fut pris d’un fou rire. Quand, il réussit finalement à se reprendre, elle lui souhaita une soirée la plus animée possible sur ce plan-là. Sur le chemin du retour, les filles et les garçons n’y tenant plus, se précipitèrent vers lui pour lui demander un rapport circonstancié sur les échanges et les raisons de son fou-rire. Il leur dit qu’elle lui avait décrit sa façon de faire l’amour par la simple analyse de sa démarche. Ils passèrent toutes et tous une soirée mémorable où les uns et les autres essayaient de réaliser une étude scientifique des différents styles de déplacement des garçons afin d’imaginer leur façon de se comporter dans l’intimité. Ce jeune homme a-t-il fait preuve de courage ou même d’un culot remarquable ? La prise de risques était-elle importante ? Pas de son point de vue, même s’il fut quelque peu inquiet quand elle tenta de le retenir. Par contre, le fumeur, comme beaucoup d’autres, admira son courage tout au long des échanges et de son absence. A son retour, ils oublièrent bien vite le haut fait pour ne retenir que l’aventure et ses effets distrayants. Il faut certainement une bonne dose de courage pour oser ou pour prendre des risques. Cependant, le culot est associé à une estimation de sa capacité à réussir ou à obtenir ce qui est espéré ou attendu. Plus une personne pense pouvoir atteindre son objectif, plus il accepte de prendre le risque de s’engager dans l’action. Autrement dit, la prise de risque ou le culot est un indicateur du niveau d’assurance d’une personne. Plus elle pense pouvoir réussir ou plus elle a confiance en ses capacités, plus elle ose sauter le pas. Au mois d’avril 2013, une vidéo circulait dans les réseaux sociaux. Elle présentait les images d’un jeune adolescent abordant des jeunes filles inconnues dans des lieux publics (parcs, transports en commun…). Après quelques compliments sur leur beauté, il se rapprochait rapidement de leur visage et les embrassait sur la bouche sans contrainte ni violence. Certaines jeunes filles le laissaient faire et semblaient même apprécier l’instant. Dans les commentaires de cette vidéo, un autre jeune homme, sans doute envieux et moins audacieux, écrivit : « La vidéo ne montre pas tous les échecs qu’il a du essuyer ! ». Il a certainement connu de nombreux refus allant d’un mouvement de rejet à la gifle retentissante. Cependant, il a aussi rencontré des succès. Il a certainement estimé

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que son allure et son charme lui permettaient d’espérer réussir de manière satisfaisante ce challenge. La prise de certains risques, le courage et la confiance en soi sont le plus souvent très appréciés par autrui et par les femmes en particulier. Pour oser, faut-il être inconscient ? La témérité se caractérise par l’imprudence liée le plus souvent à une certaine dose d’inconscience et à un manque d’appréciation du danger. Mais, il ne faut pas être téméraire pour oser ou pour avoir du culot. Il faut savoir estimer les conséquences d’une issue non favorable de la démarche courageuse à engager. Un jeune homme d’une petite vingtaine d’années, passionné de voile, entraîna sa fiancée à un des plus grands salons du nautisme européen « Boot Düsseldorf » en Allemagne. Après un long séjour à travers les allées des grands espaces réservés à la voile, ils sortirent du bâtiment et virent un panneau indiquant : « Large-sized yachts ». Comme ils avaient décidé de passer toute la journée sur le site, ils se laissèrent tenter. Arrivés dans le hall aux dimensions impressionnantes, ils furent stupéfaits par la taille des bateaux exposés. Contrairement aux autres espaces d’exposition, il y régnait une ambiance de luxe et de raffinement dans un calme apaisant. Ils déambulèrent main dans la main en savourant l’instant sans laisser paraître leur émerveillement. Dans l’un des plus grands stands trônaient un yacht majestueux, protégé des curieux ou des indésirables par une barrière, plus dissuasive qu’efficace, formée par une corde marine pendant légèrement entre les piquets disposés tous les cinq ou six pas sur tout le pourtour. Le jeune homme dit à sa fiancée : « Allons demander combien il coûte. » Elle lui sourit, persuadée qu’il plaisantait. Il la tira vers le seul espace non fermé par la fameuse corde marine. Elle l’entendit se présenter au sbire de service. Ce dernier lui demanda ce qu’il souhaitait. Il répondit avec beaucoup d’aplomb : « J’aimerais acheter un yacht ». L’homme les invita immédiatement à le suivre. Le jeune homme plaça sa main sous l’avant bras de sa fiancée et colla son coude contre son côté pour l’emmener délicatement mais fermement à la suite du grand gaillard. Ils furent accueillis par un homme très élégamment vêtu et très distingué. Il les invita à s’asseoir dans de confortables fauteuils et leur proposa un verre de champagne. Puis, il passa aux choses sérieuses. Il demanda en premier lieu s’ils avaient des souhaits bien précis. Le jeune homme resta très calme. Sa fiancée, dans un état semi-comateux, ne savait pas trop s’il fallait s’inquiéter des conséquences ou profiter de l’instant présent. Il lui répondit : « Nous aimerions investir dans un yacht plutôt que dans la construction d’une maison. Nous sommes d’une nature nomade tout en aimant un certain confort. Ce bateau sera à la fois notre maison et notre bureau. Nous voulons pouvoir diriger nos affaires tout en goutant au plaisir de la navigation et de la liberté de nous déplacer aux grés de nos envies ou de nos besoins ». Le vendeur saisit alors un formulaire et une série de catalogues. « Très bien, dit-il, je vous propose alors de passer en revue toutes vos exigences en partant du type de yacht pour arriver aux détails de finition intérieure ». Il leur demanda s’il comptait utiliser le bateau davantage en Méditerranée ou pour traverser des océans. Ils répondirent : « Nous naviguerons essentiellement entre les Etats-Unis et l’Europe avec occasionnellement des voyages vers le Sud-Est asiatique, Singapour plus particulièrement. » Il leur proposa les différents types de yachts capables de répondre à leurs attentes. Puis, il leur posa toute une série de questions telle que : « Voulez-vous une aire d’atterrissage pour un hélicoptère ? » Il leur proposa pour

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finir de choisir la qualité des boiseries et des tissus ainsi que les couleurs à utiliser pour la décoration des différentes cabines et des salons. Après une visite d’un des yachts exposés, il leur proposa une nouvelle coupe de champagne qu’ils refusèrent gentiment avant de les raccompagner à l’entrée du stand. Il leur promit une offre de prix dans un délai d’environ deux semaines. Les jeunes gens lui serrèrent la main et repartirent tranquillement... l’air de rien. Quinze jours plus tard, ils reçurent l’offre de prix promise. Ils ne s’y attendaient pas, certains que le vendeur s’était amusé à leur petit jeu mais sans y croire vraiment. Non seulement le jeune homme était récompensé de son culot car il avait réussi à obtenir le prix d’un yacht exceptionnel mais, plus de vingt cinq ans plus tard, le même designer-constructeur les invitaient à leur rendre une petite visite au salon du nautisme de Dubaï. Ils n’ont jamais acheté le moindre petit bateau, à voile ou à moteur. Mais, ils gardent un très bon souvenir de cette expérience culottée. Dans cette anecdote, le jeune homme en premier lieu et la fiancée ensuite estimèrent le risque d’être refoulés ou reconduits sèchement faible au regard du plaisir de découvrir un univers que leur fortune ne leur permettrait sans doute jamais de côtoyer. Ils furent courageux mais, au fond, ils ne considérèrent jamais s’être engagés dans une aventure hautement risquée. « C'est au courage que va la fortune ». Quintus Ennius Extrait des Annales

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Clés pour s’élever 13ème toolbook

Les graines de bonheur Quand j’avais cinq ans, ma mère me disait toujours que le bonheur était la clé de la vie. A l'école, on m'a demandé ce que je voulais être plus tard, j'ai répondu "heureux". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie. John Lennon

Qu’as-tu fait de tes graines de bonheur ? « Le bonheur est une habitude à cultiver ». Anonyme Le bonheur s’apprend. Il se transmet. Il se partage. Tout enfant doit recevoir une éducation au bonheur. Il faut lui présenter cette émotion pour l’amener à la connaître et à la reconnaître. Il faut lui communiquer son mode d’emploi. Un enfant est aussi vite, aussi souvent et aussi facilement heureux que malheureux. Le bonheur est ressenti intensément. C’est certainement une des principales raisons de la nostalgie ressentie par les personnes immatures : « J’étais si heureux lorsque j’étais petit ! » ou « J’étais beaucoup plus heureux quand j’étais enfant ! » C’était sans doute le cas pour toute une série de raisons présentées dans cet opus. Une petite fille était très triste. Inquiète, sa maman lui demanda la raison de sa profonde tristesse. Elle ne voulut pas répondre. Sur l’insistance de sa mère, elle finit par dire : « Sophie a tout ce qu’elle veut. Elle est jolie. Elle est gâtée par toute sa famille. C’est la « chouchou » de l’institutrice… Moi, je n’ai rien ! » Sa mère se plaça face à elle, lui prit ses deux mains. Elle les rassembla pour former une coupe, les paumes vers le haut. Elle lui demanda de conserver cette position le temps d’aller chercher une poignée de graines de céréales placées dans un vase comme éléments décoratifs. Elle versa délicatement les graines sur ses mains.

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La petite fille demanda à sa maman : « Pourquoi tu me donnes toutes ces graines ? » Elle lui répondit : « Chaque grain de blé est un bonheur. A la naissance, tu as reçu une poignée de ces graines de bonheur. Je vais t’expliquer ce que tu dois en faire. Tu divises cette poignée de graines en deux tas inégaux. Le petit tas sera broyé par le meunier pour en faire de la farine. Celle-ci sera utilisée par le boulanger pour réaliser des beaux petits pains délicieux. Lorsque tu le mangeras, à chaque bouchée, tu ressentiras un grand bonheur. L’autre tas de graines servira à la culture de ton bonheur. Tu travailleras la terre puis tu sèmeras les graines. Tu protégeras ta culture jusqu’au temps de la moisson. Arrivé à maturité, tu pourras récolter ton bonheur. Pour être heureuse toute ta vie, tu devras, à chaque récolte, diviser les graines en deux tas inégaux et tu recommenceras les étapes précédentes. Elles te permettront de manger de l’excellent pain tous les jours. Ainsi, tu ne manqueras jamais de bonheur. La petite fille regarda les graines tout en réfléchissant. Après un long silence, elle finit par dire : « Chaque récolte me donnera plus en plus de graines. Je n’arriverai jamais à les manger toutes. Quand j’en aurai assez, je pourrai arrêter de les cultiver alors ? » Sa mère sourit et lui répondit : « La vie, tu vois, n’accorde pas chaque année la même production de graines. Certaines sont fastes et nous comble de bonheur. D’autres sont mauvaises ou même catastrophiques. Si ces dernières se succèdent, tu seras très contente de pouvoir prélever dans tes réserves quelques graines de bonheur. Si ton silo est vraiment bien rempli, tu vas pouvoir en distribuer et donner du bonheur autour de toi. Certaines personnes ne savent pas comment cultiver ces graines. Elles pensent qu’il suffit d’en faire de la farine puis du pain sans en réserver une partie pour la culture. Tes dons les enchanteront. Cependant, il faudra veiller à ne jamais te vanter de ton bonheur ou des quantités de graines de bonheur en ta possession. Les personnes envieuses tenteront de les détruire ou de te les voler. Tu ne seras jamais certaine de ton bonheur ou, dit d’une autre manière, de disposer d’une quantité suffisante de graines pour le restant de ta vie. C’est pourquoi, il te faudra cultiver ton bonheur jour après jour et protéger tes graines de la destruction ou du vol. » Quelques jours plus tard, la petite fille ne voulait pas étudier ses leçons et faire ses devoirs. Sa maman utilisa à nouveau la comparaison et dit : « Chaque effort correspond à une graine de bonheur plantée. Or, une graine de blé donnera un épi. Et chaque épi donnera jusqu’à vingt à quarante grains de blés si tu travailles bien. Tu plantes aujourd’hui ton bonheur de demain. Si tu étudies tes leçons, si tu fais tes devoirs, tu plantes des graines qui germeront un jour et donneront des épis qui te combleront de bonheur dans plusieurs années car les graines de bonheur mettent plus de temps que le blé à mûrir mais il n’en est que meilleur ! » Nous recevons toutes et tous des graines du bonheur à la naissance. Certains en reçoivent plus que d’autres. Le fait d’être beaucoup plus gâtés au départ ne garantit pas le bonheur à long terme. Si ces privilégiés de naissance ne savent pas comment les cultiver ou s’ils ne font pas les efforts nécessaires pour les cultiver, ils finiront par en manquer. Les graines glissent facilement de la main et se dispersent très rapidement. Il est très tentant de profiter de son bonheur lorsqu’il est abondant. Il en va du bonheur comme de l’argent. Plus il est présent au départ de la vie, plus il incite

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les possesseurs à vouloir en jouir et moins il les encourage à faire les efforts utiles pour le faire fructifier. Plus une personne apprend tôt à cultiver ses graines du bonheur, plus elle pourra en jouir tout au long de son existence. Il existe une expression française datant du Moyen Age qui associe la qualité du pain au vécu d’une personne. En ces temps-là, les pauvres réalisaient leurs pains avec des farines grossières de céréales et même le plus souvent avec des farines de fèves ou de lentilles. Ce pain noir était beaucoup moins digeste que le pain blanc préparé avec des farines de céréales moulues et raffinées. Seuls les classes aisées et les nobles pouvaient s’offrir ce pain blanc de qualité supérieure. L’expression « manger son pain noir » signifie « rencontrer des difficultés » ou « vivre des moments difficiles ». Il arrive à certaines personnes envieuses de la chance ou du bonheur d’autrui de dire : « Après avoir mangé tout son pain blanc, il finira bien par devoir manger son pain noir ! » Il est possible de manger du pain blanc toute sa vie. Toute personne heureuse n’est pas condamnée à devoir « manger son pain noir après avoir consommé son pain blanc ». Mais, pour cela, il faut éviter d’utiliser toutes ses graines du bonheur par fabriquer son pain. Il faut savoir en conserver une partie pour les cultiver et réaliser tous les efforts nécessaires à leur développement, à leur conservation et à leur transformation en farine traitée et raffinée. Certains tentent, après avoir consommé toutes leurs graines, de voler celles des autres. La comparaison avec les graines s’arrête là. A la différence des céréales, le bonheur ne peut se voler. Personne ne peut s’approprier le bonheur d’autrui. Il n’est pas transférable. Il ne s’échange pas. Rendre une personne moins heureuse ou briser son bonheur ne rend pas plus heureux.

La souffrance a-t-elle un sens ? « Le malheur peut être un pas vers le bonheur ». Proverbe japonais Un directeur général m’exposa, en quelques phrases, une situation de plus en plus préoccupante au sein de son équipe. Un ingénieur d’une quarantaine d’années, récemment engagé, se comportait de manière inacceptable avec tous ses interlocuteurs. Ses propos ironiques, son ton arrogant, ses critiques blessantes touchaient aussi bien le sommet de la hiérarchie que ses subordonnés, les hommes que les femmes. L’une d’entre-elles finit un jour par porter plainte pour harcèlement moral. Le directeur général me demanda d’évaluer le potentiel de cet homme. Il s’empressa de me dire qu’en l’absence de potentiel, il souhaitait obtenir un rapport très complet pour pouvoir mettre fin à son contrat dans les meilleures conditions. Dans le cas contraire, je devais m’engager à : - obtenir de cette personne la reconnaissance de ses comportements inappropriés et intolérables ainsi que son engagement à réaliser tous les efforts pour les abandonner et en acquérir de nouveaux, adaptés aux circonstances, aux interlocuteurs et aux objectifs à atteindre ; - présenter au délégué syndical et à la personne harcelée les éléments susceptibles de prouver son potentiel et sa capacité à évoluer ;

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- accompagner cet ingénieur dans son développement pour l’amener à se comporter adéquatement. Lors de l’entretien, l’ingénieur se montra successivement hostile et méprisant, puis agressif et menaçant, puis fermé et mécontent, puis enfin profondément triste et pleurant comme un enfant. J’avais rarement rencontré un professionnel sujet à un tel niveau de souffrance. Il m’avoua finalement penser de plus en plus souvent au suicide. Son épouse avait demandé le divorce et vivait depuis plusieurs mois avec un artiste. Elle avait obtenu la garde complète de leurs deux enfants. Il habitait seul dans leur grande maison. Sa situation financière était chaque jour un peu plus critique. Il n’espérait plus une rapide augmentation de salaire pour faire face à ses échéances. Complètement effondré à la fin de l’entretien, il finit par reconnaître sa responsabilité dans la plainte pour harcèlement et ses comportements inacceptables. Sa vie tant privée que professionnelle était à ses yeux un vrai désastre. Il était, selon lui, l’archétype du raté. Pourtant cet homme possédait un potentiel remarquable. Alors… pourquoi souffraitil autant ? Sa souffrance avait-elle un sens ? Qu’allais-je dire quinze jours plus tard lors de la présentation de mes conclusions ? En présence du directeur général, de son supérieur hiérarchique direct et de l’ingénieur, j’ai déclaré : « Cet homme souffre ! » Après le moment de surprise, j’ai poursuivi en disant : « Il souffre. Oui… mais pourquoi ? Cette souffrance a-t-elle un sens ? Pour répondre à cette question, imaginons un chercheur en psychologie. Il veut étudier le rôle de la souffrance dans l’apprentissage et le cheminement d’un être vivant sur des rats de laboratoire. Il les place dans un labyrinthe dans lequel plusieurs morceaux de fromages ont été déposés. Les rats ne pourront pas utiliser leur odorat pour s’orienter. De plus, il existe plusieurs chemins pour atteindre les différents morceaux. Seulement, certains d’entre eux induiront une souffrance transmise sous l’effet d’une décharge électrique et d’autres pas. Le premier groupe de routes portera sur les cloisons des triangles et le second des cercles. Les rats vont très vite associer : « triangle = souffrance / cercle = non souffrance ». Que vont faire les rats ? Ils éviteront les triangles et rechercheront les voies portant sur leurs cloisons des cercles. Donc, la souffrance peut avoir pour raison d’être de nous indiquer que nous ne sommes pas sur le bon chemin, que nous ne nous y prenons pas correctement, qu’il faut sans doute procéder autrement pour atteindre notre but, « notre morceau de fromage ». Ce type d’étude présente un intérêt supplémentaire. Elle met en évidence une différence comportementale essentielle entre les rats de laboratoire et les êtres humains ». Après un léger silence, je posai la question suivante : « Quelle est la différence majeure entre les hommes et les rats ? Les hommes sont plus… que les rats. Si vous deviez compléter cette phrase par un mot, lequel choisiriez-vous ? » Instantanément, le directeur répondit : « Les hommes sont plus intelligents que les rats ! » Un léger mouvement de la tête accompagna ma réaction : « Hélas, non. Pas toujours. En l’occurrence, face à la souffrance, l’être humain se comporte le plus souvent de manière très stupide. « Même pas mal ! » ou « Pfou…la souffrance ne me fait pas peur ! » ou encore « La souffrance… je la surmonterai, je la vaincrai sans problème ! » sont des réactions fréquemment formulées par cette espèce évoluée face à la souffrance. Les rats, eux, ne s’amusent pas à affronter ou à surmonter la souffrance quand ils peuvent l’éviter. La souffrance peut ne pas avoir de sens. Si je pince le bras d’une personne sans raison, elle doit bien entendu refuser ce type de comportements. Par contre, si une personne se voit retirer son permis de conduire pour excès de vitesse, la privation de

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son droit à conduire son propre véhicule a pour but de lui indiquer qu’il lui faut changer au plus vite sa façon de partager la voie publique. Il n’existe, selon moi, pas une seule voie pour atteindre ses rêves ou ses objectifs. La vie nous offre plusieurs possibilités de rencontrer le bonheur. Mais, il existe des routes, des comportements, appropriés et d’autres qui ne le sont pas ou moins. La souffrance nous informe d’une erreur de cheminement et nous offre l’opportunité de corriger ou de changer notre façon de progresser vers le bonheur, l’épanouissement ou la réussite. » Pour compléter cette démonstration, je posai une dernière question : « Quelle est le niveau maximal de souffrance infligée aux citoyens d’un état démocratique pour leur faire comprendre qu’ils font fausse route ? » Sans difficulté et d’une seule voie, les personnes présentent répondirent : « L’emprisonnement ». Pour terminer cette introduction, je conclut : « Combien de prisonniers n’ont toujours pas compris la raison d’être de la progression des différents niveaux de souffrances infligés pour les amener à revoir leurs comportements ou leurs façons de vouloir atteindre un objectif. Il est rare qu’un individu se trouve du jour au lendemain incarcéré. De multiples souffrances d’intensité variable l’ont informé tout au long de son existence de la nécessité de choisir une autre voie pour obtenir satisfaction. Au lieu de cela, un grand nombre de personnes incarcérées considèrent la société, les autres comme des tortionnaires avides de faire souffrir autrui ou comme des sadiques. Si un père met en garde son enfant, s’il lui rappelle les limites, s’il le sanctionne, il souffrira. Peu de pères le font pour le plaisir de voir souffrir leur enfant. Cependant, le père doit aussi informer son enfant des raisons de cette souffrance. Il doit également l’aider à trouver la meilleure voie pour réussir ses projets, atteindre ses objectifs, obtenir satisfaction et être heureux. » Le directeur général trouva utile, à ce point de la présentation de mes conclusions, de me rappeler les buts de cette évaluation. Elle ne consistait pas à identifier la souffrance du harceleur mais à l’amener à reconnaître ses torts et à évaluer son potentiel. Il ne fallait pas, selon lui, se tromper de victime. Pour justifier l’intérêt de se pencher sur la souffrance, j’ai rappelé l’importance de conserver à l’esprit la relation entre la souffrance ressentie par une personne et sa tendance à faire souffrir les autres. Plus une personne souffre, plus elle provoque ou induit, intentionnellement ou non, des souffrances à autrui. L’ingénieur m’interpela en disant : « Bien. Vous venez de nous démontrer que la souffrance peut avoir un sens. Mais, que dois-je faire pour ne plus souffrir ? » Cette étape franchie, il leur fallait comprendre que tout être humain possède un seuil de tolérance maximal à la souffrance. Ce plafond ne permet pas de supporter des souffrances plus importantes. Deux options s’offrent à toute personne confrontée à cette souffrance physique et/ou psychique maximale. Soit elle fait le choix de la fuir, soit elle décide de prendre les mesures nécessaires à son atténuation maximale ou, mieux, à sa disparition (voir schéma ci-après). La fuite peut consister à se réfugier dans le sommeil, à consommer de l’alcool et/ou des médicaments et/ou des drogues, à fuir au sens propre en démissionnant ou en divorçant, à nier la réalité ou, dans le pire des cas, à vouloir mettre fin à ses jours. Ces différentes fuites, à l’exception de la dernière, n’apportent aucune amélioration profonde et durable. Les souffrances reviendront et le seuil de tolérance maximal sera à nouveau atteint. Cela peut prendre la forme d’un amorti inversé qui, de rebond en rebond, conduit la personne à ressentir une souffrance maximale de plus en plus fréquente. Cet effet pousse la

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personne à fuir de plus en plus souvent, au point un jour peut être, de la pousser à la fuite ultime qu’est le suicide.

L’évolution, par contre, consiste courageusement à regarder la réalité en face et rechercher les causes profondes des souffrances ressenties. Une fois celles-ci identifiées, il sera alors possible de choisir les comportements ou la manière d’obtenir satisfaction ou de réaliser ses objectifs sans souffrance. Le courage et l’énergie seront à nouveau indispensables pour entreprendre tous les efforts nécessaires à l’abandon des comportements responsables des souffrances et à l’acquisition des nouveaux. Après la présentation du schéma de l’évolution de la souffrance, je déclarai : « Suite à notre entretien, j’ai identifié quatre causes principales à vos souffrances. Elles sont indépendantes les unes des autres mais elles s’additionnent pour vous conduire et vous maintenir à un niveau très élevé. La première cause est liée à votre intelligence rationnelle largement supérieure à la moyenne. » L’ingénieur m’arrêta tout de suite pour dire : « Ce n’est pas exact. Si j’étais aussi intelligent que vous le dites, je ne connaîtrais pas toutes ces difficultés ! J’aurais trouvé les solutions pour m’en sortir et éviter de souffrir ! » Un petit rappel sur les réactions des rats et des êtres humains face à la souffrance lui permit de se rendre compte que l’intelligence rationnelle supérieure occasionne plus souvent des problèmes qu’elle ne solutionne des difficultés personnelles. Pour les personnes à très haut potentiel intellectuel, leur intelligence est tout à fait normale. Elles vivent depuis leur naissance avec un cerveau capable de performances remarquables. Cette forme d’intelligence leur permet d’analyser, d’intégrer, de

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comprendre, de réfléchir, d’imaginer, de décider très rapidement. Cela les pousse naturellement à s’exprimer très vite en interrompant régulièrement leurs phrases pour en commencer de nouvelles. La première idée n’est pas entièrement formulée verbalement qu’elle est abandonnée pour aborder la suivante. Leurs interlocuteurs n’arrivent pas à les suivre dans leurs raisonnements ou leurs demandes, non pas par mauvaise volonté, comme elles ont tendance à le croire, mais par incapacité à soutenir leur rythme. Irritées par cette différence de vitesse d’analyse et de compréhension entre elles et les autres, elles peuvent perdre très rapidement patience et se montrer ironiques, très cassantes voire agressives. Ces comportements provoquent chez leurs interlocuteurs un rejet de leur personne et le plus souvent un refus de collaborer et de réaliser ce qu’elles leur demandent. Posséder une intelligence rationnelle supérieure est un atout mais également un handicap, en particulier dans les relations avec autrui. Plus une personne donne l’impression de considérer ses semblables comme des individus incapables de faire preuve d’un minimum d’intelligence ou de réaliser les effets nécessaires pour développer leur intelligence, plus ces derniers la feront souffrir au point de la rejeter ou de mettre tout en œuvre pour l’anéantir. L’ingénieur m’invita à présenter la deuxième cause de ses souffrances. Comme beaucoup de personnes, il s’imposait un niveau excessif d’exigences personnelles. Cette tendance est le plus souvent la conséquence d’une peur inconsciente de ne pas être apprécié ou de ne pas être reconnu par les autres. Plus la personne manque d’estime de soi, plus elle doute de sa valeur, plus elle cherche à se rassurer par deux mécanismes complémentaires : - se comparer au(x) meilleur(s) dans le(s) domaine(s) dans le(s)quel(s) la personne espère se distinguer, briller et démontrer sa juste valeur ; - placer « sa barre » ou son objectif à une hauteur supérieure à celle atteinte par la ou les personne(s) de référence afin de les dépasser en performance dans une logique classique de compétition. Ces personnes glissent assez rapidement vers le perfectionnisme. En réalité, un grand nombre s’impose le plus souvent une pression importante pour essayer d’atteindre le plus haut niveau et recevoir les récompenses ou bénéficier des avantages réservés au meilleur. Certains sont excessivement exigeants avec eux-mêmes par peur de se laisser aller à la paresse ou de glisser dans la médiocrité. Plus une personne s’impose des exigences élevées, plus elle s’autorise à être exigeante envers les autres. Cela la pousse très naturellement à identifier très rapidement et très précisément tout écart par rapport au résultat attendu ou promis. Elle se montre très critique, même vis-à-vis de la hiérarchie. Toute incohérence, toute lacune, toute imperfection est immanquablement pointée du doigt. Dans un réflexe instinctif d’autoprotection, tout individu a tendance à rejeter les êtres excessivement exigeants et, s’il ne peut le faire, à les ignorer. Leurs pressions incessantes, leurs insatisfactions permanentes, leurs critiques blessantes deviennent très vite insupportables voire invivables. La souffrance infligée est renvoyée, sous une forme ou une autre et avec une intensité au moins égale à celle perçue si possible, à son expéditeur. Comme ce dernier fait souvent plusieurs victimes, il reçoit en retour une multitude de raisons de souffrir. Il devient alors à son tour la victime de ses victimes.

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Le harceleur n’était pas la seule personne présente à s’interroger sur cette cause de mal-être. Visiblement, certains autour de la table se reconnaissaient dans les comportements décrits. Je poursuivis sur cette lancée : « La troisième cause est certainement la plus importante. Cet homme est incapable de se maîtriser. Il se laisse gouverner par ses instincts et par ses émotions. Comme vous le savez, il est né dans une famille très aisée et a été élevé par sa grand-mère maternelle. Sa mère, profondément touchée par le décès de son père alors qu’il n’avait que trois ans, s’installa dans un état dépressif dont elle n’est toujours pas sortie aujourd’hui. Sa grand-mère lui pardonnait tous ses écarts car elle le considérait comme une victime. Elle lui offrait tout ce qu’il désirait et même ce qu’il ne désirait pas ! Il n’a jamais appris la patience, la relation entre l’effort et la récompense. En présence de sa grand-mère, il se permettait tout. Il ne supportait aucune contrainte, aucune contradiction, aucun obstacle ou frein à ses envies. Plutôt bel homme, son charme lui permettait de séduire sans difficulté les femmes. Bref, le cortex préfrontal de mon client n’a quasiment pas été « musclé » et n’est pas en mesure de maîtriser au mieux ses pulsions, ses émotions et ses pensées (voir Toolbook 2 « L’effet piston »). Ce manque de maîtrise de soi l’amène à perdre patience très rapidement, à agir dans la précipitation, à s’exprimer à mauvais escient, à se montrer irritable, à agresser verbalement ses interlocuteurs, à les ridiculiser… Tous ces comportements sont, dans des proportions diverses, à l’origine de souffrances nombreuses infligées à autrui et, par conséquent, à lui-même par effet « boomerang » comme il a été dit précédemment. » La personne poursuivie pour harcèlement moral me dit alors : « Je suis très curieux de découvrir la quatrième et dernière cause de mes souffrances ! » Je réagis immédiatement en disant : « Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait que quatre causes à vos souffrances. J’ai déclaré avoir identifié quatre causes principales à celles-ci. Il en existe certainement d’autres mais elles ont, je l’espère, moins d’effets sur votre souffrance. Pour revenir à la quatrième cause principale, vous semblez profondément méconnaître la nature féminine. Plus grave encore, vous n’avez jamais ressenti le besoin ou la motivation de mieux les connaître et les comprendre. C’est tout juste si vous ne les considérez pas comme des êtres « utilitaires » ; justes bonnes à faire les courses du ménage, à nettoyer la maison, la vaisselle, le linge…, à préparer les repas, à s’occuper des enfants… et surtout à satisfaire leur homme sur le plan sexuel au gré de leurs désirs et de leurs fantaisies. En résumé, un équipement domestique comprenant la fonction « sex toy » vivant en quelque sorte ! Vous ne comprenez pas les femmes. Vous êtes perdu, désemparé face aux émotions exprimées par celles-ci. Vous en arrivez même à fuir et à détester ce monde émotionnel féminin. Il vous semble totalement étrange, inaccessible, incompréhensible. Qu’elles mettent au monde de beaux enfants, qu’elles gèrent le ménage et qu’elles soient au service des mâles, que demander de plus ? Comment, d’après vous, les femmes ressentent-elles ce manque de considération et d’intérêt des hommes à leur égard ? Croyez-vous vraiment à leur totale soumission pour votre plus grand plaisir ? La très large majorité d’entre elles infligent des souffrances à ce type d’hommes à la hauteur de leurs frustrations, de leurs colères et de leurs propres souffrances. Elles peuvent administrer ces dernières de manière progressive ou brutale, ponctuelle ou permanente, insidieusement ou ouvertement. ». Au terme d’une dizaine de séances d’accompagnement personnel, cet homme :

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- avait pris conscience de ses aptitudes intellectuelles et de la nécessité pour lui d’accepter ses différences pour adapter sa communication et ses comportements au niveau et aux attentes des autres (voir Toolbook 15, à paraître, « Les ballons de potentiel ») ; - avait cessé de se comparer sans cesse aux autres et aux meilleurs en particulier et réalisait ses projets et ses objectifs pour lui-même et non pour prouver à autrui sa valeur (voir Toolbook 6 « Le rayonnement ») ; - avait développé son muscle préfrontal par des exercices quotidiens de musculation (voir Toolbook 2 « L’effet piston ») ; - s’était sincèrement intéressé à la nature féminine et à l’évolution des femmes au cours de ces dernières décennies vers l’isocène (voir « La maturité de l’esprit » aux Editions Edipro).

Le bonheur… ? Un mirage ou un oasis ? « Le bonheur n’était autrefois qu’une heure fortunée ». Voltaire Extrait du Le sottisier Pour atteindre un but, il faut le connaître et le visualiser le plus clairement possible. Une interprétation erronée ou une absence de compréhension du bonheur entrainera une difficulté à créer les conditions de son existence et à le reconnaître lorsqu’il se présentera. Il faut alors comprendre le terme « bonheur » avant de pouvoir en prendre pleinement conscience. Le mot viendrait de « bon » et « heur ». Ce dernier terme serait issu du latin « augurium » qui a donné les termes « augure » et « présage ». La racine « aug » ou « auc » en latin est associée à la notion d’accroissement, d’augmentation, d’amplification. Le présage n’est pas qualifié. Il pourrait être bon ou mauvais. Les mots « bon-heur » et « mal-heur » ont été créés pour orienter en quelque sorte le destin. Le bonheur pourrait alors signifier le présage d’un avenir plus favorable ou plus positif. Le bonheur se limite-t-il à un espoir d’un futur plus heureux ? Le bonheur existe-t-il ? Est-il accessible ? Comment qualifier ce terme ? Est-ce une émotion, un état de conscience ou un concept ? La définition la plus satisfaisante et la plus proche de la réalité me paraît être la suivante : état de conscience d’un sentiment profond de plénitude. Plénitude ou « abondance qui remplit l'âme » comme le définit le dictionnaire Littré. Cet état de plénitude correspond à une satisfaction complète de tous nos besoins, à une absence totale de manques, à une réalisation optimale de nos objectifs ou de nos buts, à une absence de tensions et d’incohérences tant physiologiques (homéostasie ou maintient des constantes physico-chimiques de l’organisme) que cognitives (consonance cognitive), à une disparition de toutes souffrances physiques ou psychiques. Le bonheur continu ou permanent est par conséquent irréaliste car il n’est pas possible d’être pleinement comblé en permanence. Par contre, toute personne connaît, plus ou moins régulièrement ou fréquemment, des « instants-bonheur » où tous ses besoins sont satisfaits dans un état d’équilibre et d’harmonie optimal.

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Un père en vacances, à l’ombre des feuilles de vigne d’une pergola, sur la terrasse d’un restaurant en Toscane, après un bon repas dégusté très agréablement avec sa famille, connaît un « instant-bonheur ». Il n’a ni trop chaud, ni trop froid. Il n’a ni faim ni soif. Il n’a pas besoin d’aller aux toilettes. L’addition respecte son budget pour ce type de repas. Un sentiment de paix et de sécurité semble partagé par tous les siens. Il aime sa femme et ses enfants comme il est aimé d’eux. Les conversations entre son épouse et les enfants sont détendues et provoquent des rires. Il est « heureux » !

Par conséquent, le bonheur existe. Il ne s’agit pas d’un mirage ou d’un concept flou ou abstrait. Il peut être vécu, ressenti, exprimé ou communiqué. Cet « instantbonheur » peut être comparé à un oasis dans le désert. La définition anthropologique et archéologique d’un oasis est un terroir créé par la main de l’homme et entretenu par l’introduction d’un système de gestion technique et sociale de la ressource en eau (source Wikipedia). Ces oasis ne sont donc pas uniquement des zones rendues fertiles par la présence d’eau provenant d’une nappe phréatique proche de la surface du sol ou du lit d’une rivière. Il s’agit le plus souvent de zones construites et entretenues par l’Homme pour permettre un ravitaillement et servir de relais lors des migrations dans le désert. Tout comme le bonheur est plus sûrement le résultat d’un travail que le fruit du hasard ou d’un heureux concours de circonstances. L’existence peut être comparée à un voyage. Ce parcours de vie est d’autant plus agréable et long qu’il est parsemé de très nombreux moments bonheur comme les nomades traversent le désert en cheminant d’un oasis ou d’un village alimenté en eau vers un autre. Le bouddhisme recommande pour atteindre la sérénité et le bonheur de se détacher de tous les biens matériels et de son égo. Comme tout a une fin, et en particulier la vie, il ne sert à rien de vouloir posséder et de donner de l’importance à cet égo,

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source de toutes les souffrances humaines. C’est dans le détachement que se trouve la clé de la paix intérieure et du bonheur intérieur tant spirituel que matériel. Cette approche du bonheur le considère comme une fin. Le travail d’une vie consiste à atteindre cet état de détachement complet. Il faut pour y arriver se retirer du monde, mener une existence monastique, faire le choix d’abandonner tous nos besoins, toutes nos envies, tous nos désirs et faire tous les efforts nécessaires pour y parvenir. Le bonheur peut se concevoir sous un angle différent. Il n’est plus un but mais une série d’étapes sur le chemin de la vie. Si le sens de celle-ci est de permettre la progression, l’évolution positive de tout être humain, il est logique et indispensable de se fixer des objectifs. Le désir de les atteindre crée un besoin et constitue un but dans cette quête du bonheur. L’existence ne consiste pas alors à se détacher de tout, à rester immobile, à se retirer du monde et à se concentrer sur toutes les manières d’échapper à la souffrance mais elle mène à réaliser des œuvres et des chefs d’œuvre. Plus une existence a de sens, plus les objectifs seront nobles et éthiques, plus les femmes et les hommes donneront le meilleur d’eux-mêmes, plus ils réaliseront de chefs d’œuvre et plus le bonheur sera au rendez-vous.

Mon bonheur et le tien ! « Le bonheur réside en nous ». John B. Sheerin « Celui qui aime la gloire met son propre bonheur dans les émotions d'un autre. Celui qui aime le plaisir met son bonheur dans ses propres penchants. Mais l'homme intelligent le place dans sa propre conduite ». Marc-Aurèle Le bonheur est le résultat d'une double approche. La première consiste à identifier tous ses besoins et à trouver les moyens de les satisfaire ou de s'en passer provisoirement ou définitivement. La seconde impose la prise de conscience des besoins de l'autre, l’estimation de la possibilité et de l’opportunité d’intervenir pour les combler et la décision de contribuer ou non à son sentiment de plénitude. Le bonheur égoïste ne dure pas longtemps et ne se représente pas souvent. Par contre, il est nécessaire de rassembler toutes les conditions d’un bonheur régulier pour aider les autres à être heureux. Bonheur égoïste (ou individuel ou restreint) : Pour être heureux, il faut identifier tous les besoins, toutes les attentes, tous les manques présents à un instant donné. La pyramide de Maslow, appelée aussi pyramide des besoins et désirs, peut aider à prendre conscience de ceux-ci. Ils sont répartis en cinq niveaux successifs. Ce modèle est très critiqué notamment car il suggère une hiérarchisation des besoins. Selon Abraham Maslow, les besoins supérieurs ne peuvent être satisfaits que si les besoins inférieurs le sont. Si cela est exact dans un très grand nombre de cas, l’être humain cherche à satisfaire des besoins supérieurs sans être comblé pour autant aux niveaux de besoins plus élémentaires. En effet, il parait logique de n’envisager de développer l’estime de soi qu’après avoir satisfait tous ses besoins physiologiques.

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Cependant, une personne peut toutefois souhaiter réaliser des études supérieures (4ème niveau de Maslow) sans pour autant disposer de revenus ou d’une sécurité financière optimale (2ème niveau de Maslow). D’autres peuvent rechercher intensément à combler un besoin de reconnaissance sociale (3ème niveau de Maslow) au détriment de leurs besoins de sécurité financière (2ème niveau de Maslow) notamment en se sur-endettant pour être admises dans certains cercles. Le bonheur correspond à une pyramide pleine, sans vides, sans éléments manquants.

Le premier niveau

Les besoins physiologiques sont présents dès la naissance. Ils existent chez tous les animaux et participent à leur survie par la création de comportements réflexes. Le deuxième niveau

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La recherche de la sécurité constitue une préoccupation essentielle, surtout chez les enfants. Plus la personne manque de maturité, plus elle ressent un besoin de sécurité et de stabilité. Le troisième niveau

L’être humain est un animal social. Il a naturellement et spontanément besoin de se sentir intégré dans une communauté plus ou moins large. Seuls les grands leaders et les personnes les plus matures sont capables de réaliser leurs choix et leurs activités sans rechercher l’approbation ou la reconnaissance d’autrui. Le quatrième niveau

L’estime joue un rôle essentiel dans l’équilibre et la sérénité d’une personne. Le manque profond d’estime de soi peut conduire une personne à mettre fin à ses jours. Sans aller jusqu’à cette extrémité, un défaut ou l’absence d’estime de soi représente

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un frein majeur dans le cheminement vers le bonheur. Lorsqu’une personne doute de sa valeur ou se considère comme inférieure aux autres, elle n’est pas heureuse car elle ne peut atteindre ce sentiment de plénitude, mais surtout elle crée les conditions qui la maintiendront dans le malheur et la souffrance. Les personnes en manque d’estime d’elles-mêmes cherchent à combler cette insatisfaction par des comportements inappropriés tels que : - mettre tout en œuvre pour exister aux yeux d’autrui, être appréciées ou être aimées (au point de se ridiculiser en public, de chercher à faire plaisir à tout prix à autrui, de manquer d’assertivité et d’accepter systématiquement toute demande…) ; - tenter de se hisser au-dessus des autres par des tentatives désespérées de se faire remarquer/de sortir du lot/de se distinguer « du commun » comme l’a dit dernièrement un de mes clients ou par des intimidations ayant pour but d’être servies avant les autres ou d’obtenir des privilèges réservés aux personnes d’exception… ; - se fixer des objectifs irréalistes afin de montrer si ce n’est leurs capacités à faire mieux que les autres, au moins leur aptitude à supporter une pression colossale ; - recourir à l’ironie, ridiculiser, humilier ou faire rire aux dépens d’une personne pour tenter de la rabaisser et espérer s’élever au-dessus d’elle ; - mentir, faire semblant, jouer un rôle pour tenter de correspondre au mieux à l’image idéale du personnage supposé envié par toutes et tous… Non seulement, tous ces efforts ne servent çà rien mais ils éloignent la personne en manque d’estime de soi du bonheur. La connaissance et l’acceptation de soi, de ses ressources propres constituent des bases à la construction de l’estime de soi. L’assertivité permet de l’entretenir, de la renforcer et d’obtenir le respect et l’estime de l’autre. Le développement de son potentiel et de ses talents pour donner le meilleur de soi constitue un besoin sain. L’estime de soi et de l’autre passe aussi par une image positive de soi associée à une hygiène et des soins corporels et médicaux. La pratique d’exercices physiques participe à combler ce besoin d’entretien de soi. Le besoin d’estime passe également par le besoin de réaliser des objectifs et de réussir ses projets. L’estime et la confiance en soi forment notre soleil (voir Toolbook 6 « Le rayonnement »). Plus la personne rayonne, plus elle vit et vivra des instants heureux. Le cinquième niveau

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L’acquisition de la maturité de l’esprit en relation avec une maîtrise optimale de soi est une quête essentielle à tout épanouissement. Cette maturité permet notamment de se libérer du besoin d’être aimé. Epicure considère qu’« il est impossible d’être heureux sans être sage ». La liberté est un droit recherché par tous les êtres humains. Elle se mérite et se construit notamment par le choix des référentiels (tels que les valeurs morales universelles) et des contraintes que l’on décide pleinement et en toute conscience d’accepter (tels que les lois, les règlements, etc.) L’affirmation de soi passe par le choix du sens donné à sa vie et la recherche de l’excellence en vue de réaliser ses œuvres et chefs d’œuvre. Pour atteindre la sérénité et le bonheur, il est essentiel de vivre en accord avec ses valeurs. Pour Spinoza « le bonheur est inséparable de la vertu ». Tous nos comportements, tous nos choix, toutes nos paroles doivent se baser sur nos référentiels choisis. Ces derniers se sont construits tout au long de notre éducation puis de notre vie d'adulte (voir Toolbook 1 « La puce électronique »). La base de nos référentiels est formée par l'ensemble des valeurs morales universelles : la maîtrise de soi, le respect, l'honnêteté, la tempérance, etc. (voir Toolbook 9 « Les bornes »). Sur ce socle, d'autres référentiels se sont ajoutés : les règles de vie en société, la déontologie professionnelle, les lois, … Il est impossible d'être heureux si nos actes ou nos propos ne respectent pas ces référentiels. Un mal-être plus ou moins conscient et plus ou moins intense s'installe si nos comportements, nos paroles sont en désaccord avec nos valeurs. Ce ressenti peut prendre la forme d'un profond sentiment de culpabilité associé à des remords et des regrets intenses. Par contre, si nos comportements sont en phase avec nos valeurs et nos référentiels, nous construisons les meilleures conditions de l'installation de notre bonheur. Devenir « un homme de bien » doit être un des buts ultimes de toute existence. Pour atteindre le bonheur, il est essentiel de réaliser un bilan de ses besoins et de ses manques. Ils peuvent se diviser en deux groupes : - les besoins qui peuvent être satisfaits par la mobilisation de ressources disponibles ou les manques qui peuvent être comblés raisonnablement et - les besoins qui ne pourront pas être satisfaits ou les manques qui ne pourront jamais être comblés. Pour le premier groupe, il faut mettre tout en œuvre pour éliminer les besoins ou les manques. Ceux-ci peuvent être un objectif à réaliser tel que l’obtention d’une bourse d’études ou un désir d’être accepté au sein d’une association ou d’un cercle privé ou encore des revenus financiers plus importants. Avec tout le courage, toute la motivation et toute l’énergie nécessaires, il doit être possible, si les ressources existent effectivement, de satisfaire ces attentes. Pour le second groupe, il faut estimer si ces besoins ou ces manques ont une importance quelconque. Si ce n’est pas le cas, il faut les abandonner ou les lâcher. Avons-nous besoin d’un jet privé, d’un appartement à Dubaï, d’une Rolls Royce… ? La réponse est non pour la très large majorité des personnes. Il suffit alors de laisser tomber ces besoins. Leur disparition favorise l’éclosion du bonheur.

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Si ces manques sont importants et ne peuvent être comblés, le principe de la Dalle constitue une approche efficace. Un professeur de la faculté des Sciences Appliquées visita le chantier d’un pont autoroutier. D’une hauteur maximale de quatre vingt mètres et d’une longueur d’environ neuf cent trente mètres, cet ouvrage d’art faillit ne jamais exister à cause d’un « détail » potentiellement catastrophique. Pour réaliser une des onze bases devant supporter les piliers du viaduc, le contenu d’un camion malaxeur fut déversé dans le trou prévu à cet effet. A la plus grande surprise des ingénieurs, le béton disparut totalement dans la cavité. Après avoir déversé le contenu entier d’un second camion malaxeur, ils réalisèrent que le fond de cette cavité s’était sans doute effondré sous le poids du béton et que ce dernier s’était répandu dans des grottes souterraines. Comme ils n’avaient aucune idée du volume de celles-ci et de la quantité de béton nécessaire pour les remplir complètement, ils décidèrent de placer une dalle au-dessus du trou béant, de réaliser de nouveaux sondages et de couler le béton sur un terrain plus conforme aux exigences de stabilité. La gestion des manques impossibles à combler peut faire appel à la même méthode. Une femme, lors d’une séance de développement personnel, avoua souffrir d’un manque profond d’amour paternel. Il en découvrit la raison vers l’âge de six ans au moment du divorce de ses parents. Son père lui apprit dans un moment de colère qu’elle n’était pas sa fille mais l’enfant de l’amant de sa mère, décédé d’un accident de moto quelques semaines après sa conception. Son épouse, sous le choc à la fois de la nouvelle de sa grossesse et du décès de son amant décida de ne pas avorter et de faire croire à son mari qu’il était le père de cet enfant. La vérité éclata lors d’une prise de sang réalisée lorsqu’elle avait trois ans pour confirmer le diagnostique d’une maladie génétique. Il ne pardonna jamais à son épouse cette trahison et rejeta du jour au lendemain cette pauvre enfant. Pour la fillette, il était et resterait toujours son père. Deux ans après la séparation, elles apprirent qu’il avait décroché un emploi de gérant de société sous les tropiques. L’enfant ne revit son père qu’une dizaine d’années plus tard après son retour en métropole. Elle essaya de renouer le contact mais les retrouvailles ne furent pas chaleureuses. Il accepta toutefois de la revoir. Malgré ses différentes tentatives pour l’amener à exprimer ses sentiments à son égard, il resta très distant et leurs rencontres s’espacèrent rapidement. Il finit par rompre tout contact direct avec elle. Les dernières nouvelles communiquées par la sœur de son père indiquent qu’il est traité pour son alcoolisme et une dépression sévère. Cette femme peut être comparée à un jardin. Le manque d’amour ressemble à un trou agrandi année après année par son père. Elle a bien essayé de combler ce vide en allant chercher ailleurs de l’amour et pour cela elle a prélevé de la terre dans d’autres parties de son jardin. Mais, hélas, seul celui qui a creusé le trou peut le combler. Or, le père a toujours refusé de donner cet amour tant espéré. Le trou est aujourd’hui un gouffre. Comme il est peu probable que son père accepte ou soit en mesure de le combler, il ne reste qu’une solution à cette femme : placer une dalle. Sur celle-ci, elle déposera une couche de trente à quarante centimètres de bonne terre pour semer un beau gazon.

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Le gouffre existera toujours mais la page sera tournée, le deuil sera réalisé. Il ne constituera plus un objet de préoccupation, une source de souffrances. Elle pourra enfin être heureuse en regardant son jardin sans avoir sous les yeux un énorme trou.

Bonheur altruiste (ou partagé ou élargi) : La recherche de tous nos besoins, réalisée ou non sur base de la pyramide de Maslow, permet d'installer les bases d'un bonheur individuel. Cependant, le bonheur d'une personne est influencé par son environnement en général et son environnement humain en particulier. Si un être humain est entouré de personnes malheureuses, il est aisément concevable qu'il éprouvera beaucoup de difficultés à atteindre le bonheur sauf s'il est insensible aux émotions d'autrui comme peuvent l'être les individus souffrant d'un trouble de la personnalité (narcissiques pervers, manipulateurs machiavéliques ou psychopathes) ou s'il décide d'ignorer ces personnes malheureuses et/ou leurs besoins non satisfaits. Il est quasiment impossible d'être heureux en se limitant à la stricte recherche de la satisfaction de l'ensemble de ses besoins propres. Il est difficile sinon impossible d’être heureux seul sur une île déserte. Il doit exister des personnes capables d’atteindre ce sentiment de plénitude sans interagir avec leurs semblables. Cependant, elles ne sont certainement pas très nombreuses et elles ne peuvent sans doute pas être heureuses si elles n’ont aucun contact pendant une très longue période ou pendant le temps qu’il leur reste à vivre. Le déni des attentes de nos intimes, de nos proches, de notre entourage privé/professionnel... ou la surdité aux désirs de nos semblables se traduit toujours par des manques induits et de nouveaux besoins qu'il nous faut combler. Certes, si un travail préalable a permis de satisfaire tous nos manques ou besoins personnels,

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l'apparition d'éventuels nouveaux vides créés par le contact avec des personnes non pleinement satisfaites pourrait être plus facile et plus rapide à gérer. Les enfants doivent apprendre très tôt à partager l'espace, la nourriture, les activités, les jouets... Ils réalisent très vite les effets de l'ignorance ou de l’absence de prise en considération des besoins ou des désirs des personnes qui les entourent : parents, frères, sœurs, cousin(e)s... L'enfance, paradoxalement, peut être une période très heureuse, même s'il faut parfois des années pour s'en rendre compte, ou, au contraire, très difficile à vivre car elle est associée à de nombreux manques impossibles à combler à ces âges-là : besoins de liberté ou d'indépendance, de découverte ou d'exploration, désirs multiples de plaisirs liés aux jeux essentiellement, besoins de sécurité, d'amour, de reconnaissance... Pendant l'adolescence, les jeunes gens et les jeunes filles découvrent les différences dans les attentes de leurs premiers amours. Ces désirs ou ces besoins trouvent essentiellement leur source dans les bouleversements hormonaux de cette période de l'existence. Aux plaisirs sexuels recherchés principalement par les garçons, font face des attentes à des réponses que se posent les filles sur les qualités, les aptitudes voire les compatibilités de leur amoureux avec leurs projets de vie. Le conjoint doit absolument tenir compte des besoins de l'autre. Une mauvaise appréciation de l'importance de ceux-ci suffit pour en créer de nouveaux chez soi (besoin de calme, d'harmonie, de paix). Plus le couple partage les mêmes valeurs, les mêmes référentiels, les mêmes centres d'intérêt, les mêmes passions plus il a de chances d'être heureux. Tout désaccord ou toute divergence sur les priorités, sur les niveaux d'importance d'un besoin ou d'une activité conduit immanquablement à des tensions, à des disputes qui les éloignent du bonheur. Plus le couple est d'accord sur les limites de liberté, d'initiative, d'action individuelles tant pour eux-mêmes que pour leurs enfants, plus il s'offre des conditions favorables à l'installation du bonheur de chacun. Il en est de même au niveau des sociétés, des entreprises et des organismes. Le bienêtre, l'épanouissement, le bonheur de chaque membre de l'équipe dépend de la prise en considération des besoins et attentes d'autrui. Malheureusement, la majorité des acteurs professionnels cherchent à réaliser et à terminer en priorité leurs tâches et à satisfaire leurs besoins avant de prendre en compte ceux de leurs supérieurs hiérarchiques, de leurs collègues, de leurs subordonnés et même, hélas, de leurs clients externes. Participer à une réunion de coordination ou de suivi, écouter attentivement et être en mesure d'aller chercher l'implicite au-delà de l'explicite chez son interlocuteur pour mieux répondre, voire mieux anticiper ses demandes ou attentes, consacrer du temps et réaliser les efforts nécessaires pour maintenir ou acquérir les connaissances et l'expérience utiles à un exercice optimal de ses activités professionnelles... sont des activités de plus en plus souvent considérées comme secondaires quand elles ne sont pas purement et simplement refusées ou abandonnées. Les êtres humains prennent de moins en moins en considération les besoins, attentes ou exigences d'autrui. Leurs propres manques augmentent et leur laissent peu de ressources et/ou de motivation pour aider les autres à combler les leurs. La croissance de ces manques trouve son origine dans la recherche constante de plaisirs plus intenses, plus nombreux, plus durables. Il faut, pour cela, de plus en plus de moyens financiers, d'argent.

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Plus l'individu ressent de vides, plus il cherche à les combler et moins il est prêt à contribuer au bonheur d'autrui ou à investir dans le bonheur de l'autre. Or, plus les autres sont éloignés du bonheur, plus ils ont le sentiment de souffrir et plus ils ont naturellement tendance à faire souffrir les personnes de leur entourage avec une intensité proportionnelle au bonheur dont elles semblent jouir.

L’étoile des besoins « Le bonheur, fruit de la conscience épanouie ». Roger Fournier Extrait de Les sirènes du Saint-Laurent La pyramide de Maslow est un référentiel fermé. Or, il n’existe pas de limites aux besoins. Un modèle ouvert semble plus approprié. L’étoile des besoins à sept branches présente les avantages suivants : - toutes les branches doivent être aussi pleines que possible pour permettre à l’étoile de rayonner et par conséquent pour accéder au bonheur ; - toutes les branches peuvent s’enrichir de nouveaux besoins ou de besoins propres à la personne en quête de bonheur ; - les sept branches permettent d’intégrer les besoins d’autrui (conjoint, enfants, intimes, proches...).

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1. Besoins physiques : - environnement adapté et sain [qualité de l’air, absence de nuisances sonores, absence de nuisances olfactives, hygiène et propreté, température ambiante agréable (compatible avec les activités, la tenue vestimentaire…), espace vital minimal…] ; - eau potable en quantité suffisante et nourriture appropriée en qualité et en quantité pour répondre aux besoins de l’organisme en fonction de l’âge, des activités réalisées… ; - santé (maintien de nos constantes physico-chimiques et biologiques homéostasie), accès à des soins et des traitements médicaux, allopathiques… ;

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- hygiène personnelle (accès à l’eau, aux produits détergents, aux toilettes…) et hygiène de vie (exercices physiques réguliers, repos, sommeil de qualité et de durée adéquate…) ;

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- sexe (notamment lié aux performances et à la fréquence essentiellement pour les hommes et lié au plaisir et à l’ « horloge biologique » pour les femmes). 2. Besoins de sécurité : - sécurité de lieu : protection face aux conditions climatiques et aux dangers naturels (pluie, vent, neige, grêle, chute de rochers…) ; - sécurité physique : protection face à toute agression animale ou humaine ; - sécurité financière : salaires, revenus divers, épargnes, placements… ; - sécurité affective : être aimé, apprécié par les intimes et les proches ; - sécurité sociale : être accepté ou accueilli au sein de la famille du conjoint, de groupes, d’associations, de clans… 3. Besoins de développement : - éducation de base : transmission de référentiels, de guides (valeurs morales, limites, codes, principes, règles…), acquisition d’un savoir-être ; - scolarité : acquisition de savoir et de connaissances essentielles (lire, écrire, compter…) ; - potentiel : développement de ses talents et transformation en compétences, acquisition de savoir-faire ; - objectifs : buts à atteindre pour progresser et développer ou entretenir la confiance en soi ; - rêves et projets : besoin d’envisager l’avenir, le futur, de réussir des projets et de réaliser ses rêves. 4. Besoins d’épanouissement : - maîtrise de soi : besoin de se contrôler, de prendre le contrôle de sa vie ; - lâcher prise : besoin de rêver, de se relaxer… ; - paix intérieure : * besoin d’absence de tensions ou de stress (ou besoin d’un équilibre psychique), de remords, de regrets, de culpabilité, de conflits intérieurs… ; * besoin de surmonter les épreuves de l’existence ou les traumatismes (capacité de résilience) ; * besoin de sérénité face à ses fautes et ses erreurs (capacité à se pardonner)… - paix extérieure : * besoin d’absence de tensions avec autrui, de menaces, d’agressions, de conflits en étant impliqué ou non… ; * besoin de faire la paix avec autrui (capacité à pardonner)… - estime de soi : besoin de croire en sa valeur, capacité à s’accepter, à ne pas se comparer, à faire preuve d’assertivité… ; - sens : besoin de donner un sens à sa vie tant personnelle que professionnelle, de comprendre le sens des actions à réaliser… 5. Besoins de confort :

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- tout produit ou service acheté participant à rendre la vie plus confortable (électroménagers, robots…) et toute activité facilitant le lâcher prise, la détente, la relaxation (massages, soins de thalassothérapie ou de balnéothérapie, home cinéma, chaine haute fidélité…) ; - tout produit ou service acheté participant à renforcer notre image, ayant un effet rassurant ou pour but de compenser certains manques non comblés ou certains besoins non satisfaits (voiture de luxe, bijoux, vêtements de marque, logement spacieux, piscine privée…). 6. Besoins d’autrui : - besoins pour lesquels il est possible d’intervenir : compliments, formes de reconnaissances diverses, écoute, cadeaux ou dons, aides matérielles/financières, assistances, conseils… ; - besoins pour lesquels il n’est pas humainement, matériellement et/ou financièrement possible d’intervenir : appliquer le principe de la Dalle semble la meilleure solution pour combler ce désir ou ce besoin d’aider son prochain. Il est plus aisé d’être heureux lorsque son conjoint, ses enfants, ses amis… sont heureux. Il est par contre difficile de nager dans le bonheur lorsqu’un être proche est triste, en souffrance physique et/ou psychique ou gravement malade. Même les êtres incapables de ressentir les émotions d’autrui ne peuvent être heureux en présence de personnes malheureuses car ils n’éprouvent eux-mêmes aucune émotion. Il n’est pas possible également d’être heureux en portant sur ses épaules toute la détresse, toute la souffrance et toute la misère du monde. Il est tout aussi difficile de connaître le bonheur en ignorant systématiquement tous les besoins des personnes qui partagent notre vie. L’assistance mutuelle reste une valeur morale universelle à ne jamais oublier et à mettre en œuvre dans les limites des ressources propres disponibles. Le bonheur est contagieux. Les émotions d’une personne se mettent spontanément en résonnance avec les émotions des personnes qui l’entourent. Plus sa sensibilité aux messages non verbaux (ton et débit de la voix, expressions du visage, gestuelle, posture…) est grande, plus il se mettra au diapason de son(de ses) interlocuteur(s). Il suffit d’observer dans une salle d’attente d’un dentiste ou d’un médecin l’effet du sourire d’un très jeune enfant sur une personne tendue ou de mauvaise humeur. Qui peut résister à un sourire ? Inversement, les personnes malheureuses, tristes ou en souffrance inspirent, par empathie et en première intention, de la compassion ou de la pitié associée à une mise à l’écart de sa propre bonne humeur ou de son bonheur. Plus une personne éprouve des difficultés à être heureuse, moins elle supporte le bonheur d’autrui. Si elle n’est pas heureuse, les autres ne peuvent pas l’être. Elle pousse les personnes heureuses à cacher leur bonheur. Elle les culpabilise d’être heureuses. Elle les entraîne avec elle dans le malheur et les éloigne de ce bonheur indécent à leurs yeux. Elle est naturellement tentée de faire souffrir les personnes heureuses et peut même infliger des souffrances proportionnelles, selon elle, à l’écart de bonheur estimé. Par conséquent, il est essentiel, face à des agissements de ce type, de les refuser assertivement, autrement dit fermement tout en respectant l’humeur et la sensibilité de l’autre.

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Affiché ostensiblement un bonheur en présence d’une personne malheureuse est un manque de savoir-vivre, donc d’honnêteté. Il ne faut pas pour autant s’interdire d’être heureux. Notre bonheur peut aider la personne en recherche ou en manque de celui-ci à l’atteindre à la fois par la démonstration de son existence et ensuite par les dons évoqués précédemment. 7. Besoins d’émotions positives : - joies : s’émouvoir, ressentir les petites et grandes joies exprimées par un proche, par son chien à son retour, par des collègues… à l’origine d’un bonheur partagé, s’ouvrir aux joies simples ; - rires : toutes les occasions de rire dans le respect d’autrui peuvent constituer des instants « bonheur » ; - émerveillements : prendre le temps de s’émerveiller de la beauté de la nature, de l’excellence d’un chef d’œuvre réalisé, du regard d’un enfant face à un étalage de Noël… ; - surprises positives : se laisser surprendre dans le cours de sa vie par des événements inattendus, des imprévus parfois intensément et/ou inconsciemment désirés. Ces émotions positives sont des petits « plus » qui réussissent à nous faire oublier nos autres besoins, le temps que nous les laissons exister en nous. Elles peuvent disparaître aussi vite qu’elles sont apparues ou au contraire persister aussi longtemps que nous les entretiendrons. Le bonheur est formé d’un arc-en-ciel d’émotions positives. Certains les facilitent et les laissent exister et s’exprimer. Il les écoute et les accepte pleinement. Ils ont alors toutes les chances d’être très souvent heureux. Cette étude des besoins peut décourager certaines personnes. Elles peuvent être tentées de croire en l’inaccessibilité du bonheur ou en l’impossibilité d’être heureux car il existe presque toujours un manque, un désir, un besoin réellement ou potentiellement non satisfait. Il est cependant possible d’être pleinement heureux malgré l’existence d’un besoin consciemment accepté. Il faut pour cela « lâcher prise ». Le temps d’un repas, il faut, par exemple, oublier (ou lâcher) ses objectifs, ses problèmes, ses questionnements… Cette disparition temporaire d’un ou de plusieurs besoins offre la possibilité de vivre un instant bonheur pleinement savouré.

Le plaisir : cet obstacle au bonheur « Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des sages ». Jules Barbey d’Aurevilly « Le plaisir est l'ennemi du bonheur ». A.H. de Beauchesne « L’âme du bonheur meurt dans la jouissance ». William Shakespeare Extrait de la pièce Troïlus et Cressida Peu de personnes sont capables de décrire précisément la différence entre le plaisir et le bonheur. La plupart d’entre elles situent le plaisir dans l’instant et le bonheur dans la durée. Selon cette distinction, le plaisir ou la jouissance est fugace et le bonheur persistant.

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Le plaisir est associé à un ressenti agréable d’origine physique, moral ou intellectuel. Le bonheur, quant à lui, est un événement heureux, une chance favorable ou encore un état de pleine satisfaction et de jouissance comme le précise le dictionnaire Littré. Le plaisir surtout est le résultat de l’action d’une molécule produite dans le cerveau appelée « dopamine ». Ce neurotransmetteur est produit dans deux régions cérébrales : - le mésencéphale (située dans la partie supérieur du tronc cérébral) au niveau de la substance noire et de l’aire tegmentale ventrale) ; - l’hypothalamus (situé sur la face ventrale de l’encéphale). La dopamine est impliquée notamment dans le système de récompense ou de gratification responsable de la création et de l’entretien de la motivation d’un individu. Le cerveau favorise et encourage les actions à l’origine de la production de ce neurotransmetteur. Le plaisir est considéré par le cerveau comme positif. L’être humain cherchera à reproduire les actions menant au plaisir. Par contre, il tentera d’éviter au maximum les actions ou les comportements responsables d’une souffrance. Ce réseau neuronal crée des phénomènes de dépendance et d’accoutumance à cette substance. La dopamine est donc une drogue. C’est même LA drogue universelle associée au jeu, à l’argent, au pouvoir, à la notoriété, au sexe… La cocaïne renforce l’action de la dopamine car elle inverse le fonctionnement de la pompe de recapture provoquant ainsi une augmentation de la quantité de dopamine et donc des effets de celle-ci. Les êtres humains ne sont pas égaux dans la production de dopamine. Certaines personnes peuvent avoir des taux élevés de ce neurotransmetteur qui les rendent plus dépendants et qui les conduisent à rechercher le plaisir à tout prix. La dopamine est un précurseur de l’adrénaline et de la noradrénaline. Ces molécules sont sécrétées lors d’un stress ou dans le cadre d’une activité physique. Cela peut expliquer la recherche par ces personnes d’activités à risques élevés (saut à l’élastique, jeux de hasard, rafting, sports moteur…). Le plaisir est à la fois une fin et un moyen. Il représente un but, un des principaux objectifs à atteindre, le résultat principal des efforts réalisés. Le plaisir est aussi un moyen de motiver une personne ou d’entretenir sa motivation. A notre époque et dans les pays dits « développés », le plaisir est possible sans efforts associés ou préalables. La seule contrainte, c’est l’argent. Sans lui, l’accès à la jouissance est bloqué. C’est certainement la principale raison de l’insatisfaction chronique des personnes au niveau de leurs rémunérations et de leur quête éperdue d’apports financiers supplémentaires. Comme « l’effet piston » le démontre (voir Toolbook 2 : « L’effet piston »), la pression exercée par le plaisir tout comme celle issue du stress ou d’une autre émotion doit être maîtrisée par le cortex préfrontal. La source d’énergie représentée par la dopamine peut, si elle est correctement gérée, mener à la réalisation d’œuvres excellentes. Par contre, si cette molécule prend le contrôle de notre cerveau et si elle dicte nos pensées, nos paroles, nos actes, nos comportements, les dégâts personnels et sur autrui peuvent être considérables.

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Le plaisir est en relation avec les sens. La dopamine est chimique. Le bonheur est en relation avec l'esprit, la conscience, c'est être conscient de son état de plénitude. Comme la dopamine crée une sensation de manque, elle génère des besoins. Ceux-ci empêchent la personne de ressentir un sentiment profond de plénitude. Si ces besoins ne sont pas maîtrisés ou ne sont pas maintenus dans des limites raisonnables ou encore ne peuvent être comblés, la personne en recherche de jouissances éprouvera d’énormes difficultés à atteindre le bonheur. Epicure disait « Le bonheur est le "plaisir en repos" de l'âme et du corps ».

J’ai droit au bonheur ! Non, tu as le devoir d’être heureux ! « Nous croyons avoir droit au bonheur ; c’est la raison pour laquelle nous ne cessons de guetter les symptômes du malheur ». Jacob Burckhardt Devenu jeune adule, comme toute personne encore immature, je pensais ne pas avoir le droit d’être heureux ou ne pas mériter de l’être. Pendant des années, mon épouse essaya de me convaincre d’accepter ce droit au bonheur. Selon moi, le bonheur était réservé aux autres ou plus exactement à quelques élus ou à des personnes particulièrement chanceuses. Le manque d’estime et de confiance en soi renforçait encore cette intime conviction. Pour certains, ce droit au bonheur devrait être accordé à toutes et tous, quelque soit l’âge, le sexe, l’origine sociale ou culturelle… et être inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la Femme. Un jour, tout heureux, j’ai déclaré à mon épouse : « Tu as raison. J’ai droit au bonheur ! » Elle me regarda sans exprimer la moindre émotion et me dit : « Non. Tu n’as pas le droit d’être heureux. Tu as le devoir de l’être. » Surpris par sa réaction, je voulus connaître la raison de cette affirmation. Elle me dit alors : « Etre heureux ne suffit pas. Il faut être heureux pour les autres ; pour moi ton épouse, pour tes proches, pour tes amis, pour tes collaborateurs… Ils ont besoin de te voir heureux car le bonheur est contagieux. » Il existe une autre raison à cela. Un droit est « une possibilité, une permission donnée à quelqu'un, par une autorité quelconque, de faire quelque chose ; une autorisation » selon le dictionnaire Larousse. Ainsi pour être heureux, il faudrait avoir reçu une permission d’une autorité quelconque. A ma connaissance, il n’existe aucune personne sur terre porteuse d’une autorité, reconnue et acceptée, susceptible d’accorder la permission ou non à une personne d’être heureuse. Un droit, surtout, se revendique. Par contre, la notion de devoir est associée à la réalisation d’efforts. Un devoir, toujours selon le même dictionnaire Larousse, c’est « être tenu, obligé, de faire quelque chose pour quelqu’un. » Il y a bien une notion d’obligation. Toute personne doit par conséquent faire tout ce qui est en son pouvoir et dans ses moyens afin d’être heureux pour lui-même et pour les autres. Le bonheur est, dans ce cadre-là, le résultat d’un travail, de la mobilisation d’énergie, d’efforts. Le bonheur se mérite. Il se gagne jour après jour. Il est le fruit de réflexions, de choix, d’actions, de comportements quotidiens. Il se construit, se travaille jour après jour. Il ne s’achète pas. Il ne se prend pas ou ne se vole pas. Il ne se revendique pas. Il ne se reçoit pas passivement. Il n’arrive pas par hasard. Le

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bonheur est une somme de cadeaux réalisés par nos soins pour nous les offrir et pour les offrir autour de nous le plus souvent possible tout au long de notre existence. Pour revenir aux besoins d’autrui, aider l’autre à être heureux ne peut se concevoir que si ce dernier accepte de faire les efforts nécessaires ou que s’il dispose des ressources nécessaires pour y parvenir. S’il ne le souhaite pas profondément ou s’il refuse de réaliser les efforts indispensables dans la durée, il faut éviter de se mettre en danger et d’épuiser ses propres réserves d’énergie ou ses ressources. « On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux ! » Le bonheur ne s’impose pas. Le respect des lois morales universelles suppose effectivement l’assistance mutuelle, l’entraide. Mais, il faut avant tout se respecter et ne pas se mettre en danger pour être en mesure d’aider les autres. Chaque être humain doit alimenter continuellement ses réserves pour les maintenir au plus haut niveau afin de pouvoir aider le maximum de personnes et les accompagner vers le bonheur. Par manque de motivation et d’efforts, les êtres malheureux pompent cette énergie et non seulement mettent en danger les personnes qui ont tenté de les aider, mais elles les empêchent d’apporter leur soutien à toutes celles qui sont prêtes à réaliser ce cheminement vers le bonheur.

Bonheur et argent « Pourquoi l'argent ne fait pas le bonheur ? Parce qu'il n'achète pas l'amour ! » Fabrice Bensoussan « Une autre des illusions de la vie, celle qui veut que l'argent apporte l'indépendance, qu'on confond trop souvent avec la liberté, et que, partant, il soit un ingrédient nécessaire au bonheur ». Germain Doric Extrait de Poison L’étoile des besoins permet d’identifier ceux qui peuvent être satisfaits grâce à l’argent. Cet exercice vaut la peine d’être réalisé. Les besoins suivants pourraient être liés à des moyens financiers : - environnement : plus une personne est aisée plus elle peut s’offrir, dans certaines limites, un environnement sain, adapté et agréable ; - eau et nourriture : l’argent permet, dans la mesure du possible, et notamment du lieu, d’obtenir de l’eau et de la nourriture en qualité et en quantité suffisante ; - santé : l’accès aux soins représente un coût important et il faut disposer d’un minimum de revenus pour accéder à des soins d’une qualité optimale ; - hygiène : il faut disposer de moyens financiers minimum pour avoir accès aux produits d’hygiène. Par contre, l’hygiène de vie n’est pas liée à l’argent car le choix des heures de coucher, la réalisation d’exercices physiques ne dépendent pas de la fortune de la personne ; - sécurité de lieu : il faut un minimum d’argent pour s’offrir un lieu de résidence agréable et adapté aux conditions météorologiques locales ; - sécurité physique : ce type de sécurité peut être lié à l’argent ;

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- sécurité sociale : tout dépend le niveau de sécurité souhaité par la personne, mais l’accès à certains cercles peut être conditionné par la capacité à payer des droits d’entrée et des cotations annuelles parfois exorbitants ; - scolarité : l’argent permet, même si cela ne devrait pas être le cas, l’accès à des établissements de qualité ; - potentiel : le développement des talents représente un coût, mais il existe des mécanismes et des parcours qui permettent la révélation et l’éclosion des talents pour des personnes sans moyens financiers importants ; - objectifs et rêves : l’argent peut être un moyen de réaliser certains d’entre eux, mais d’autres ressources peuvent être très utiles ; - besoins de confort : qui dit confort dit dépenses ; - besoins d’autrui : l’argent peut constituer une ressource utile pour aider autrui dans certaines limites. Par contre, les points suivants ne sont pas ou peuvent ne pas être liés à des dépenses financières : - sexe : ce point est laissé à l’appréciation de chacun mais de mon point de vue, la pratique d’une activité sexuelle n’est pas liée à l’argent ; - sécurité affective : aucun lien avec l’argent ; - éducation de base : aucun lien avec l’argent car il ne permet pas de garantir la qualité de l’éducation (il est même le plus souvent à l’origine de la non transmission de valeurs morales universelles) ; - maîtrise de soi et lâcher-prise : c’est une question d’efforts et non une question de moyens ; - paix intérieure et extérieure : il est possible d’atteindre la paix sans faire appel à l’argent ; - estime de soi et sens : l’argent n’est d’aucune utilité. Comme cet exercice vient de le démontrer, l’argent ne constitue pas la réponse à tous les besoins. Certains manques ne peuvent être comblés par des billets de banque. Cependant, l’argent permet de satisfaire un grand nombre de désirs. Mais, faut-il pour la cause posséder le plus d’argent possible pour être heureux ? Non, bien entendu. Alors, quel niveau de richesse faut-il avoir pour se donner les meilleures chances d’être heureux ? Pour répondre à cette question, il est utile d’estimer le niveau de fortune et/ou de revenu minimal à atteindre pour satisfaire l’ensemble de ses besoins susceptibles d’être comblés par l’argent. Ce niveau sera appelé « ligne de base financière ». Un proverbe chinois dit : « Si tu veux être riche, diminue tes besoins ! » Le remplacement du mot « riche » par « heureux » donne une maxime plus générale : « Si tu veux être heureux, diminue tes besoins ! » Plus la ligne de base financière est basse, plus les besoins susceptibles d’être comblés par l’argent seront satisfaits et plus la personne sera en mesure d’atteindre plus aisément et régulièrement le bonheur.

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Cette ligne de base varie d’une personne à une autre mais elle doit être définie par la personne elle-même et non sous la pression ou l’influence d’autrui. L’origine sociofamiliale joue un rôle essentiel dans la détermination de cette référence. L’influence s’exerce le plus fréquemment vers le haut. Que la personne soit issue d’un milieu très aisé ou au contraire très défavorisé, elle cherchera le plus souvent à maintenir ce statut ou à s’élever à coups de dollars ou d’euros. Plus un individu a goûté au confort et au luxe, plus il éprouve de difficultés à abaisser la ligne de base de ses besoins financiers. Le passage par un revers de fortune peut aider à prendre conscience de l’essentiel. Des parents aux « pieds bien sur terre » peuvent rappeler à leurs enfants de ne jamais oublier ce qui est important. La réaction de la mère de Dany Boon après le succès de son film « Bienvenue chez les Ch’tis » en est un bel exemple. Elle lui aurait dit de ne pas se précipiter acheter une nouvelle voiture avec tout cet argent ! Il existe une zone de confort au-delà de cette ligne de base. Le bonheur, si les besoins non liés à des moyens financiers sont comblés, pourrait se définir par la distance entre la ligne de base financière et la position de nos acquis financiers à un temps T pour le combler. Il faut cependant veiller à ne pas dépasser le seuil d’inconfort. Au-delà de la zone de confort, le bénéfice des acquis utiles pour combler cette famille de besoins tend à disparaître pour laisser la place à l’apparition de nouveaux besoins ou à la réapparition de besoins antérieurement satisfaits. Ce dépassement du seuil d’inconfort peut créer un mal-être qui peut progressivement se transformer en souffrances de plus en plus importantes. Si la ligne de base se situe par exemple à trois mille cinq cents euros net par mois et si la personne gagne cinq mille euros net par mois, elle peut combler l’ensemble de ces besoins financiers et même un peu plus. Par contre, si, suite à une promotion professionnelle accompagnée d’une augmentation salariale, cette personne a maintenant un revenu de dix mille euros net, elle pourra soit placer une partie de son argent soit déplacer sa ligne de base vers le haut et augmenter ces besoins financiers sans danger. Malheureusement, cette satisfaction de besoins financiers plus importants s’accompagnera très certainement des inconvénients suivants à l’origine de nouveaux besoins : - déplacements plus nombreux et peut être de plus longues distances ; - accroissement de la charge de travail et du temps consacré aux activités professionnelles ; - réunions de travail et stratégiques plus nombreuses et plus tardives… De nouvelles responsabilités ou des responsabilités plus importantes ont un impact sur le temps libre, sur la disponibilité pour le conjoint et les enfants, sur la stress et la santé… Ces besoins ne peuvent plus être satisfaits et seront à l’origine d’un mal-être de plus en plus important et le bonheur s’évanouira pour laisser la place à une fuite en avant aux conséquences souvent gravissimes et parfois mortelles.

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Tu es heureux ? Aucun intérêt ! « Le bonheur n'attire pas la sympathie ». Pierre de Boisdeffre Extrait de L'amour et l'ennui Le bonheur fait peur à beaucoup. Les raisons peuvent être multiples : peur de devoir un jour « payer la facture » d’un bonheur trop présent par une série de malheurs à venir sur une période plus ou moins longue ; peur de faire des envieux et de subir les souffrances infligées par ceux-ci pour réduire ou faire disparaître cet état de pleine satisfaction et de paix ; peur de ne plus connaître de nouveaux bonheurs à l’avenir comme si la chance ne passait qu’une seule fois ; peur de la colère divine et de ne pouvoir accéder au paradis par cause d’excès de consommation de bonheur... La peur de l’ennui, de l’absence de piment dans une existence trop heureuse, d’être rejeté par toutes les personnes malheureuses… peut pousser certains à s’éloigner de ce sentiment de plénitude. Il est étonnant de constater l’effet de son propre bonheur sur autrui. S’il est effectivement contagieux lorsqu’il est exprimé de manière raisonnable, il peut aussi provoquer des réactions négatives allant du simple désintérêt jusqu’à des souffrances infligées à hauteur de l’écart entre leur malheur et le bonheur affiché. La morale de la fable « le grillon » de Jean-Pierre Claris de Florian « Pour vivre heureux, vivons caché ! » rappelle à quel point il vaut mieux ne pas étaler sa fortune, ses talents, ses sources de satisfaction pour protéger son bonheur. Il est préférable de ne pas être trop ostensiblement heureux pour éviter de susciter un sentiment d’envie chez autrui et pour être apprécié des gens.

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Or, plus la personne a besoin d’être aimée ou plus elle cherche à être appréciée ou reconnue, plus elle dépend des autres et plus elle cherchera à fuir le bonheur pour éviter d’être exclue, isolée, détestée. L’immaturité favorise un entretien plus ou moins important de ses raisons de ne pas être heureux pour conserver sa place au sein de la société, du groupe ou de l’équipe. L’épanouissement, la sérénité, l’excellence vécue par les personnes matures ainsi que l’absence de peurs, notamment d’être jugé, d’être critiqué par les autres, les conduisent à savourer leur bonheur sans l’étaler dans le respect d’autrui (voir Toolbook 4 : « L’équilibre dynamique »). La vie des personnes à problèmes fournissent des sujets de conversation et de médisance qui construisent et entretiennent les liens sociaux, paraît-il. La presse à scandale l’a très bien compris. Le bonheur ne fait pas vendre. Les gens heureux ennuient, lassent, agacent, énervent. Ils sont carrément insupportables pour la majorité des êtres humains. Il ne faut toutefois pas tomber dans l’excès contraire. Les personnes constamment malheureuses provoquent une réaction de rejet instinctive. Le bonheur, pour un très grand nombre de personnes, est sans intérêt. La vie sans difficultés, sans problèmes, sans emm… pour elles serait sans relief. Que raconter après ses vacances si elles se sont déroulées comme prévus, sans à-coups, sans mauvaises surprises, sans soucis ? Que partager si tous ses sujets de conversation ont pour but d’illustrer toutes ses raisons d’être heureux ? Une autre cause peut conduire à fuir le bonheur. Les crises, les guerres, les malheurs sont considérés par de très nombreuses personnes comme des facilitateurs ou des catalyseurs de découvertes et d’innovations remarquables. Les besoins, les manques, les souffrances stimulent, selon elles, les avancées technologiques et les progrès, les grandes idées. Au cours des siècles, de grands auteurs, artistes ou créatifs se sont imposés parfois des conditions de vie à la limite du supportable pour créer plus et mieux. Cependant, il ne faut pas confondre les crises, guerres, manques, besoins et les contraintes. Ces dernières suffisent. Le malheur n’est pas indispensable à la création et à l’innovation. Les contraintes peuvent prendre la forme d’un cahier des charges, de spécifications, d’exigences à satisfaire pour atteindre l’excellence tant dans la création que dans la réalisation. L’existence nous réserve assez de mauvaises surprises, d’épreuves… pour nous encourager à collectionner les « instants-bonheur ». Ils ne seront jamais assez nombreux car il est impossible d’être heureux sans arrêt. Pour limiter les sources de non-bonheur, il faut additionner les raisons d’être heureux. Il faut en quelque sorte constituer une base de plénitude pour être en mesure de traiter les besoins, désirs ou manquent occasionnels. Cela augmente la probabilité d’être heureux.

Conditions du bonheur « Le bonheur est de connaître ses limites et de les aimer ». Romain Rolland Extrait de Jean-Christophe « Le sérieux, c'est la seule condition de la quête du bonheur ». Jean-Claude Clari Extrait de Le Mot chimère a deux sens L’apparence du bonheur est souvent trompeuse. Il est curieux de constater à quel point les personnes malheureuses réalisent des efforts considérables pour paraître

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heureuses. Comme si le fait d’être privé du bonheur était plus supportable en affichant tous les signes de celui-ci. Un client arriva dans un cabriolet Mercedes pour sa première séance d’accompagnement individuel. Avec sa montre de luxe, ses vêtements et ses chaussures sur mesure, sa démarche dynamique et son sourire conquérant, il donnait l’image d’une personne sûre d’elle à qui tout réussit. Cet entrepreneur, en apparence heureux et épanoui, s’effondra en larmes dix minutes à peine après le début de l’entretien. Une simple petite question avait ouvert une brèche dans cette construction de bonheur et l’avait fragilisé au point de provoquer son effondrement. « Quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit pour compléter la phrase suivante : « Ma vie est… » ? » Après avoir séché ses larmes, il finit par me dire : « Excusez-moi. Mais, ma première pensée a été : triste et pourrie. Triste parce que je viens d’apprendre que ma femme a un nouvel amant alors qu’elle m’avait promis de ne plus me tromper. Pourrie parce que le fisc me réclame une somme indécente. Triste parce que ma fille, ma raison de vivre, ne veut plus me parler. Pourrie parce qu’il faut se battre tous les jours contre tout le monde, les syndicats, les concurrents, l’administration… Triste parce que, quoi que je fasse, je rends les gens malheureux autour de moi. Pourrie parce que je m’épuise au travail, je fais en sorte de gagner le plus d’argent possible et ce n’est jamais suffisant ». « J’arrête de vous ennuyer », me dit-il avant de se remettre à pleurer. Cet homme a consommé en une séance une boite entière de mouchoirs en papier. Il a quitté le bureau à deux reprises. La première fois, c’était pour aller pleurer dans le couloir. Mais, pour éviter de se donner en spectacle au personnel, la seconde fois, il préféra aller pleurer à la toilette. Cette séance lui permit de découvrir la principale raison de son malheur. Il était de plus en plus convaincu de passer à côté de sa vie. Après avoir pris la direction du groupe familial à la suite de l’infarctus du myocarde de son père, il s’est senti emporté par un système dont il avait perdu progressivement le contrôle. Bousculé, malmené, écartelé par les uns et les autres, il avait le sentiment d’être un comédien jouant sous la direction de multiples metteurs en scène. Petit, il aimait regarder son grand-père paternel dans son atelier. L’odeur des essences de bois, leur texture, leurs couleurs étaient gravées dans sa mémoire. Il était fasciné par la précision des gestes, par le soin accordé aux détails et par les trucs et astuces de ce métier d’ébéniste. Il n’existait pas de plus beau métier à ses yeux. Malheureusement, son grand-père paternel et son père ne voyaient pas du tout les choses de la même façon. Après une scolarité moyenne, il éprouva les plus grandes difficultés à terminer des études de gestion avant de commencer sa carrière comme employé de gestion dans une usine du groupe familial. Ce simulacre de bonheur trompe non seulement les autres sur l’état émotionnel réel de la personne mais également pousse certaines personnes à reproduire les mêmes comportements et à réaliser les mêmes choix à l’origine du malheur caché, profondément convaincues que ceux-ci mènent tout droit au bonheur. Si un homme donne l’illusion d’être heureux et déclare devoir ce bonheur à sa capacité à conquérir de nombreuses femmes, à la consommation excessive d’alcools et/ou de drogues, à des comportements immoraux et illégaux (manipulations, chantages, fraudes, détournements, abus…)… certains esprits pourraient être tentés de suivre le même

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chemin. Malheureusement, s’ils trouvent le plaisir, ils s’éloigneront chaque jour un peu plus du bonheur. Quelles sont les conditions à respecter pour se donner les meilleures chances d’être heureux ? 1. vouloir profondément être heureux : la motivation est le point de départ de toute action ; 2. être courageux : réaliser les efforts qui mènent au bonheur demande un minimum de courage (apprendre, acquérir des compétences, travailler, réaliser des tâches désagréables ou pénibles mais qui doivent être faites, décider, se remettre en question, s’ouvrir aux autres…) ; 3. se connaître et s’accepter : découvrir son potentiel et ses talents, les accepter tels qu’ils sont, éviter de se comparer aux autres ou, et c’est plus difficile, comparer ce qui peut l’être et choisir sa voie en conséquence ; 4. se fixer des objectifs réalisables compte tenu de nos ressources réelles et potentielles propres ; 5. (re)découvrir et s’approprier les valeurs morales universelles et les référentiels conduisant à des comportements éthiques ; 6. développer et entretenir la maîtrise de soi ou son muscle préfrontal (voir Toolbook 2 « L’effet piston ») : notamment pour ne pas se laisser emporter ou diriger par ses instincts (pulsions, peur, stress), ses émotions (recherche de plaisirs), ses pensées (idées saugrenues, négatives ou destructrices) ; 7. réaliser régulièrement un bilan de ses besoins et faire le choix - d’abandonner ceux qui n’ont aucun sens ou qui ne sont pas essentiels ou indispensables ; - de « placer une dalle » si le besoin ne peut être comblé ; - de revoir la ligne de base ou l’importance des besoins pour la placer à une hauteur raisonnable ; 8. réaliser ses choix en conscience : envisager les conséquences à long terme de ses décisions, le malheur d’aujourd’hui est souvent le fait d’un choix réalisé de nombreuses années auparavant ; 9. être attentif à toutes les sources de bonheur, à tous les petits cadeaux de l’existence, à ces poussières de bonheur qui traversent notre vie ; 10. savoir par moment mettre temporairement ses besoins, et notamment ses objectifs, de côté. Selon Epicure, « Il est impossible d'être ou de vivre heureux sans être sage ». Etre sage ou faire preuve de maturité de l’esprit est donc une condition indispensable pour être heureux. Il faut, en effet, être capable de maîtriser ses émotions et, en particulier, le plaisir pour se donner les meilleures chances de connaître de très nombreux instants « bonheur » (voir Toolbook 4 « L’équilibre dynamique »). La sagesse ne peut s’acquérir et ne se conserver sans une capacité à lâcher-prise régulièrement pour maintenir un équilibre sain.

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Que puis-je faire aujourd’hui pour être heureux demain ? « Le bonheur, c’est un choix ». David Sandes Extrait de La méthode miraculeuse de Félix Bubka Une rupture, un divorce provoque une grande souffrance. Celle-ci est encore plus intense si la personne a le sentiment d’avoir été abandonnée ou d’avoir échoué dans sa capacité à être aimée. Il est naturel, après le choc de la séparation, le déni et la colère, de se replier sur soi-même, de s’enfermer, d’être triste et de s’enfoncer progressivement dans un état dépressif. Certains font le choix de se laisser glisser ou entrainer vers le malheur. Sans doute, avec l’espoir souvent inconscient de susciter la pitié, d’obtenir un soutien ou une aide quelconque, d’amener le ou la partenaire à revenir sur sa décision. Se plaindre, pleurer sur son sort, s’appuyer sur ses croyances, se convaincre de son bon droit, rejeter les fautes ou les responsabilités sur l’autre ou les autres ne peuvent que renforcer la souffrance et éloigner la personne du bonheur. Face à la maladie, l’être humain peut choisir de supporter passivement les effets de cette pathologie sur son organisme et espérer guérir sans faire le moindre effort par l’action des médicaments ou par une intervention deus ex machina. Si l’espoir fait vivre, personne ne précise la qualité de l’existence vécue. Vivre malheureux ou en souffrance est peu, voire pas du tout, enthousiasmant. A la suite d’une opération chirurgicale très délicate dont mon père nous avait parlé la veille, je lui ai demandé si le patient s’en tirerait. Il me répondit : « J’ai fait tout ce qui était chirurgicalement possible pour mener à la guérison du patient. Maintenant, c’est à lui de décider. S’il veut vivre, il vivra. S’il ne le veut pas, il mourra. » Selon lui et un très grand nombre de médecins, la motivation et le courage de la personne opérée contribuent au moins à hauteur de cinquante pourcent à la guérison. Face au malheur, il y a deux façons de réagir : la paresse ou le courage. La recherche de la facilité ne peut conduire qu’au malheur à plus ou moins long terme. La mobilisation des ressources cérébrales et musculaires disponibles permet de mettre tout en œuvre pour se préparer des lendemains heureux. Pour être le plus souvent possible heureux, il faut chaque jour se poser la question suivante : « Que puis-je faire aujourd’hui pour être heureux demain ? » Nous semons et nous récoltons chaque jour, chaque instant de notre vie les graines de notre bonheur. Elles sont de différentes variétés et nécessitent des efforts particuliers pour être cultivées : le bonheur de réaliser des projets qui ont un sens (efforts d’apprentissage pour la réussite des études, efforts de réalisation d’œuvres ou de chefs d’œuvres…), le bonheur de partager un amour (efforts d’écoute, d’empathie…), le bonheur de vivre dans un environnement agréable et sain (efforts professionnels pour assurer des revenus suffisants, d’entretien et de nettoyage, de respect de l’environnement…), le bonheur d’être en bonne santé (efforts pour s’alimenter de manière équilibrée et adéquate sans excès, efforts pour maintenir une hygiène de vie optimale par le respect de règles de sommeil, d’exercices physiques réguliers…), etc. Etre conscient de notre responsabilité dans notre bonheur au quotidien, c’est mettre tout en œuvre pour préparer la terre, semer et protéger nos graines de bonheur

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jusqu’à la moisson et leur conservation. Cette comparaison démontre la nécessité de : - penser à son bonheur futur : choisir ses rêves, ses objectifs, ses projets et le cheminement de sa vie pour réaliser un voyage dans le désert qui mènera le plus sûrement de puits en puits et d’oasis en oasis ; - travailler au quotidien, faire les petits et les grands efforts nécessaires pour, chaque jour, parcourir le chemin qui conduit au prochain puits ou au prochain oasis ; - soutenir ses efforts sans fléchir, sans faiblir pour avancer et respecter le plan de route ; - être pleinement conscient des instants « bonheur » ; - goûter intensément, savourer ses moments heureux : s’arrêter sans sentiment de culpabilité et sans se sentir obligé de se remettre en route le plus rapidement possible.

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Clés pour s’élever 14ème toolbook

La renaissance Tu crois en la réincarnation ? « Ce que la chenille appelle la mort, le papillon l'appelle renaissance ». Violette Lebon Le décès d’un petit garçon de ma classe a provoqué en moi un véritable déclic. La mort ne donne pas la priorité aux vieux ! Même les enfants meurent ! Le jour de l’enterrement restera gravé dans ma mémoire sans doute jusqu’à ma propre mort. Ce fut horrible. Toute la classe accompagna notre institutrice tout au long de la cérémonie funèbre depuis la levée du corps jusqu’au cimetière. Comme cela se passait en Afrique, des pleureuses ajoutaient à l’immense détresse de la maman une dimension sinistre qui vous touchait au plus profond du cœur. Pas une personne ne sut retenir ses larmes. De retour à la maison en fin de journée, je me suis effondré en pleurs dans les bras de ma mère. Avant de m’endormir, je fis une prière pour qu’il soit accueilli au paradis et pour que sa maman ne soit pas trop triste. Chaque soir, pendant plus d’une semaine, je récitais cette petite prière et je pleurais. Ma mère commença à s’inquiéter mais mon père la rassura. « Les enfants oublient très vite », lui avait-il dit. Oui, sauf s’ils ont été profondément marqués ou traumatisés par un vécu ! Un soir, ma mère m’entendant pleurer à nouveau seul dans ma chambre, vint me chercher pour me consoler dans le salon. Elle me déposa sur ses genoux et me demanda : « A Bali où tu es né, que se passe-t-il quand une personne meurt ? » Pour avoir assisté à quelques crémations, je répondis : « On construit une tour sur une plateforme en bambou correspondant à la caste du mort et un animal en bois ou une pirogue si c’était un pêcheur pour brûler le corps. » Satisfaite, ma mère poursuivit : « Cette cérémonie est-elle triste et lugubre ou est-elle vécue comme une fête par les parents et les personnes présentes ? » Dans ma mémoire, le déplacement chaotique de la tour en vue de désorienter l’âme du défunt, le son des gamelans et des tambours, les offrandes, l’expression des visages faisaient davantage penser à une fête qu’à une cérémonie lugubre. Ma mère me posa alors une dernière question : « A ton avis, lorsqu’un enfant meurt, ses parents sont-ils plus malheureux ou plus heureux que s’il s’agissait d’une personne âgée ? » La réponse me paraissait évidente. Comment pourrait-on être plus heureux du décès d’un enfant que d’un vieillard ? Cet enfant avait potentiellement une existence de plusieurs dizaines d’années à vivre alors qu’une personne âgée a déjà vécu la plus grande partie de sa vie. La perte pour l’un n’est pas identique pour l’autre. Ma mère s’attendait bien entendu à cette réponse. Elle s’empressa de me contredire : « La mort d’un enfant est mieux vécue que celle d’une personne âgée. Actuellement, la principale religion à Bali est l’hindouisme. Les hindouistes croient en la réincarnation. Les êtres humains doivent progresser positivement dans la vie pour avoir la chance d’être réincarné dans un être supérieur après leur mort. De réincarnation positive en réincarnation positive, ils peuvent espérer un jour atteindre le moksha (ou le nirvana dans le bouddhisme) qui libère définitivement l’âme et la dispense de devoir revenir

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sur Terre. Elle atteint la paix suprême. La vie terrestre est par conséquent considérée comme une succession d’épreuves à surmonter et d’efforts à réaliser pour assurer la progression de son âme. Elle est difficile et éprouvante. L’atteinte du moksha (ou nirvana) est considérée comme une récompense, un but ultime réservé uniquement à ceux et celles qui le méritent. Si un enfant meurt, c’est le signe de la fin des cycles de réincarnation. Les hindouistes croient profondément qu’il n’avait plus à vivre que cette petite tranche de vie pour réaliser les quelques derniers pas qui le conduisent au moksha. S’il s’agit d’une personne âgée, il pourrait être réincarné et devoir vivre à nouveau une existence terrestre s’il n’a pas réalisé les actions et les progrès suffisants. » Elle me laissa un instant de réflexion et me dit : « Tu vois, à présent l’âme de ce petit garçon a certainement atteint le moksha ou nirvana. C’est un peu comme le paradis des chrétiens. Son âme est en paix. Il est audelà du bonheur. Tu ne dois plus t’inquiéter pour lui. En ce qui concerne sa maman, elle finira par rejoindre son enfant et son âme, à son tour, atteindra la paix suprême. C’est juste une question de temps. Il lui faut à présent surmonter sa peine. C’est en quelque sorte l’épreuve à laquelle elle est soumise pour progresser et être réincarnée en un être supérieur ou pour atteindre à jamais cette paix. » La réincarnation est-elle une réalité ? Depuis cet événement, me suis-je accroché à cette croyance ? Ma formation scientifique m’a permis d’apprendre la notion de cycles de la matière et l’assimilation ou l’intégration de nos atomes et de nos molécules après notre décès dans d’autres formes de vie sur terre. Notre esprit est lié, selon les neurosciences, au fonctionnement de notre cerveau. Les maladies neuro-dégénératives sont très difficiles à vivre pour les proches car le patient perd son esprit et ses capacités cognitives. La mort cérébrale emporte donc l’esprit. Pour ce qui est de l’âme… aucune étude n’a pu démontrer son existence et sa localisation physiques. N’existe-t-elle pas pour la cause ? Je n’en sais rien. « Pt’êt bin qu’oui, Pt’êt bin qu’non ». Peu importe finalement. J’ai choisi de m’inspirer de la réincarnation pour donner un sens à ma vie. Vivre, c’est tout mettre en œuvre pour évoluer, pour progresser, pour construire, pour donner le meilleur de soi-même et pour aider les autres à en faire de même. Par contre, accorder une valeur à l’être humain en fonction de sa caste est inacceptable. Un être humain n’est pas supérieur à un autre sur le seul critère de la naissance. Toute personne peut atteindre la sagesse. L’éducation et l’environnement familial facilitent l’acquisition d’une maîtrise de soi optimale et l’accession à la maturité. Mais, ce n’est pas une raison pour considérer les membres de castes inférieures comme des « sous-hommes » ou des« animaux supérieurs ». Notre monde occidental a, sans le reconnaître ouvertement, créé plusieurs systèmes de castes. La première correspond à l’échelle sociale. Les aristocrates, les personnes très fortunées, les hauts responsables politiques et les hauts fonctionnaires forment la caste supérieure. Vient ensuite la caste des personnes riches ou des bourgeois, petits et moyens. Puis, la caste des fonctionnaires, des employés et de certains ouvriers bien payés, forme un groupe important. Enfin, la caste des pauvres, des défavorisés, des victimes du système, des laisser-pour-comptes se situe au plus bas de l’échelle sociale. Comme dans les pays hindouistes, les mariages entre castes dans l’approche occidentale sont très mal vus. Les membres de chaque caste ne réalisent pas les activités des autres castes, ne parlent pas de la même manière, ne partent pas en vacances aux mêmes endroits, ne fréquentent pas les mêmes restaurants et les mêmes hôtels, ne lisent pas les mêmes journaux… que les autres.

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A notre époque, les personnes de caste inférieure croient possible d’accéder à une caste supérieure, et même de sauter des castes intermédiaires, grâce à l’argent. Les nouveaux riches ne datent pas d’aujourd’hui. La réussite financière ne suffit généralement pas pour amener les membres de la caste supérieure à les intégrer pleinement. Cette élévation sociale est accordée généralement aux générations suivantes. Mais, même si, en apparence les êtres supérieurs acceptent les nouveaux venus, un certain nombre de signes non verbaux et de comportements leur rappellent, au besoin, leur origine inférieure. Au début des années 2000, un cadre d’une entreprise industrielle, éperdument amoureux de sa femme issue d’une grande famille noble, s’est pendu. Certes, la différence de castes n’est pas la seule cause de ce drame. Mais, sa belle-famille n’a cessé de lui rappeler à toutes les occasions, notamment à travers des petites réflexions, sa condition inférieure. Pour cette famille noble, leur fille méritait un meilleur mari. Ce dernier ressentait en permanence ces tentatives d’ostracisme. L’éloignement progressif de son épouse et l’impossibilité de divorcer, car dans sa caste « ça ne se fait pas ! », l’ont amené à choisir la seule voie qui lui permettait de fuir ses souffrances, la mort. Je doute cependant qu’il ait fait ce choix pour être réincarné en une personne de caste supérieure. Aux castes sociales viennent s’ajouter dans notre société des castes supplémentaires. L’appartenance à ces catégories est généralement liée au potentiel et au mérite de la personne. La méritocratie est assez récente, même si l’aristocratie, par l’anoblissement, reconnaissait le mérite d’hommes de talent. Elle semble davantage équitable. « Semble » car pour accéder aux castes supérieures, il faut faire partie des personnes à haut potentiel et, très souvent, disposer de moyens financiers importants sous peine de s’endetter lourdement ou de mettre sa santé en danger. Ces castes, si elles contiennent moins de niveaux, sont toutefois très compartimentées. L’une d’entre-elles se base sur les études et la profession. Le niveau et le nombre de diplômes permettent à la personne d’accéder à des castes plus ou moins élevées. Si elle sort d’une grande école ou si elle est diplômée d’une université renommée, elle bénéficie du réseau réservé à cette caste. Ces élites ont parfois un langage qui leur est propre. Au niveau professionnel, le nombre d’années d’études après le secondaire constitue un critère d’intégration ou d’exclusion de certaines castes. Un médecin spécialiste possède un statut supérieur à un généraliste. Les infirmiers, sans spécialisation, se situent dans une caste très inférieure, juste au-dessus du personnel d’entretien des établissements hospitaliers. Dans certaines sociétés, le personnel employé ne mange pas à la même table ou dans la même salle que les dirigeants. Une secrétaire était très mal à l’aise de partager son repas avec tous les membres du personnel d’une toute petite entreprise d’une dizaine de personnes. Elle avait le sentiment de ne pas pouvoir se comporter comme « les personnes de sa condition » et de faire l’objet d’une surveillance de ses moindres faits et gestes avec le risque de recevoir des remarques ou d’être sanctionnée pour « comportement inacceptable ». La situation inverse peut donner lieu à des situations assez drôles. L’assistante de direction, d’une caste sociale supérieure à tous ses collègues et même à celle des responsables et dirigeants de l’entreprise, avait des réflexions et tenait des propos tout à fait banaux et normaux pour sa caste mais incongrus ou déplacés pour les personnes présentes. Le travail était pour elle un passe-temps et non un gagne-pain. Son salaire ne lui permettait pas d’assurer son train de vie élevé. C’est tout juste s’il lui permettait quelques achats

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« coup de cœur ». Heureusement, son mari était l’héritier d’une famille très riche et gagnait lui-même très bien sa vie. Certaines corporations intègrent un système de castes. Le compagnonnage distingue très clairement les compagnons accomplis et les aspirants. Le maître transmet son savoir et son savoir-faire. Comme un père professionnel, il transmet les valeurs morales et il amène l’apprenti puis l’aspirant à acquérir le savoir-être exigé pour rejoindre la caste des compagnons. Le courage, le talent, la persévérance, le soin, la précision, l’honnêteté, le respect, etc. ainsi que la réalisation d’un chef-d’œuvre démontrant sa maîtrise de l’art autoriseront l’aspirant à devenir compagnon.

Je me réincarne chaque matin ! « Dormir est une façon de mourir ou tout au moins de mourir à la réalité, mieux encore, c'est la mort de la réalité ». Salvador Dali « Renaître tous les matins ». Gérard Bessière Si le jour est comparé à la vie et la nuit à la mort, chaque réveil est une renaissance. L’éveil à la pleine conscience est nécessaire pour développer des compétences complexes, maîtriser des opérations, réaliser des projets, surmonter les obstacles, etc. Le sommeil est indispensable pour permettre la mémorisation et pour « reposer le moteur » et « soulager la centrale de production d’énergie » avant leur mobilisation lorsqu’il faudra entrer en action. La nuit, notre conscience est en mode veille. Certaines personnes ont peur de dormir. "Chaque nuit, j’ai peur. J’ai peur de m’endormir et de ne plus me réveiller" - Johnny Halliday (entretien communiqué par Le Journal du Dimanche - 05 septembre 2010). Pour elles, dormir c’est comme mourir un peu et peut-être réellement. Mais, au lieu de considérer chaque matin comme une nouvelle opportunité de vivre pleinement une réincarnation, elles le vivent comme une journée supplémentaire de peurs et de souffrances. Se réincarner chaque jour, c’est construire sur les bases du passé des jours précédents. La réincarnation journalière offre la possibilité, soit de combler ses manquements, de corriger ses erreurs ou ses fautes du passé et par conséquent de remonter la pente, soit de continuer la progression afin de se réaliser au mieux, de réaliser ses chefs d’œuvre chargés de sens et de faire le bien. Suite à un défaut de progression ou à une régression, il est possible de reprendre le cheminement vers le haut chaque matin. Plus la régression est importante, plus il faudra de réincarnations, autrement dit de jours, pour retrouver le niveau initial et reprendre la progression interrompue.

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EVOLUTION SUR UN MOIS

Un jeune homme réalisa tout au long de ses années d’études primaires et secondaires les meilleurs résultats de sa classe. Intelligent et très travailleur, il se voyait réussir brillamment des études universitaires. Malheureusement, il rata lamentablement sa première session d’examens. Compte tenu de certains résultats catastrophiques, il fut contraint de recommencer cette première année d’université sans possibilité de repasser les examens en seconde session. Cet échec eut l’effet d’un tsunami émotionnel et il se sentit terriblement humilié. Il envisagea de mettre fin à ses jours mais, selon ses propres dires, il n’avait pas eu « le cran de se liquider ». Il décida d’abandonner les études et de se laisser aller. Il passa les suivants à regarder la télévision, jouer à la PlayStation, boire, manger et qui le sauva, dira-t-il des années plus tard, ne fut pas les menaces qui le à travailler mais la rage. La rage contre les universitaires, contre personnes diplômées, le poussa à vouloir se venger et à laver cet affront.

deux mois dormir. Ce poussèrent toutes les

Il finit par se lancer un défi : occuper une fonction managériale élevée et avoir sous son autorité des universitaires pour leur montrer qu’il était possible de réussir sans ce bout de papier. Il chercha un travail dans une entreprise de la région et commença sa carrière comme employé à la comptabilité. Puis, il suivit des cours pour devenir aide-comptable (appelé aujourd’hui « assistant comptable »). Les départs et licenciements associés à son intelligence au service d’un comportement

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manipulateur, visant notamment à s’approprier les réussites d’autrui et à reporter sur les autres ses manquements, finirent par lui ouvrir les portes du management. Il fut nommé quelques années plus tard, sur base du « mérite » et sans formation supplémentaire, directeur administratif de l’entreprise. Du haut de sa fonction, il dirigeait maintenant une équipe d’une trentaine de personnes dont un tiers d’universitaires et de personnes possédant un diplôme d’études supérieures. A partir de ce jour, il ne cessa de les humilier et de les harceler. Ce directeur fut sommé par le département des ressources humaines suite à une plainte officielle pour harcèlement moral d’accepter une démarche de développement personnel. Il exprima, dès la première séance de coaching, toute sa haine des personnes hautement diplômées. Son comportement à leur égard était, de son point de vue, tout à fait légitime. Il était heureusement là, avait-il dit, pour les remettre à leur place et leur apprendre à obéir à un responsable, même s’il n’avait pas un diplôme de même niveau. Il refusa catégoriquement de reconnaître ses torts, de présenter ses excuses et d’adopter un comportement conforme aux exigences légales relatives au bien-être des travailleurs sur le lieu de travail malgré le risque de perdre son emploi. Il préférait quitter cette entreprise plutôt que « s’aplatir devant ces individus », selon ses propres termes. Les propos échangés au cours de la séance furent, à quelques détails près, les suivants : Le coach : Que reprochez-vous à ces individus ? Le client : De se croire supérieurs du seul fait de posséder un diplôme. Le coach : Si vous aviez un diplôme du même niveau qu’eux, les détesteriez-vous toujours ? Le client : La question est sans intérêt. A leurs yeux, je ne serai jamais aussi bien qu’eux. Sans diplôme supérieur, je ne suis qu’un sous-homme et pour certains je suis carrément une m… ! Le coach : Vous n’avez pas répondu à ma question. Mais, peu importe. Après toutes ces années, retenteriez-vous les mêmes études ? Le client : Non. Pour finir comme eux… jamais ! Le coach : Si vous étiez « comme eux », est-ce l’idée de mépriser les « sansdiplômes » ou de devoir obéir à une personne non diplômée qui vous insupporterait le plus ? (Long silence…) Le client : Je n’accepterai jamais le mépris de qui que ce soit et encore moins de la part de personnes dont le seul mérite est de posséder un diplôme supérieur au mien. En fait, je déteste les personnes méprisantes. Tout homme a droit au respect, quelque soit son niveau de formation. Le coach : Vous pensez respecter toujours les autres ? Le client : Je n’ai jamais manqué de respect à quiconque. Le coach : Vraiment ? Même à vos subordonnés diplômés ? Le client s’énerve et réagit vigoureusement : C’est différent ! (Long silence…)

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Le client : Vous ne pouvez pas comprendre ! Le coach : Je vais essayer et vous allez m’aider, si vous le voulez bien. Vous avez vécu cet échec comme un accident corporel majeur responsable de lourdes séquelles et non comme une simple perte d’équilibre légèrement déstabilisante. Le client : On peut dire ça. Le coach : Vous avez dit que vous ne recommenceriez pas les mêmes études aujourd’hui. Quelles études vous tenteraient le plus si vous pouviez effacer ce passé et redémarrer un parcours d’études supérieures ? Le client : Vous avez raison. Je n’ai pas choisi mes études à l’époque. Mon frère, l’ainé, a refusé de devenir pharmacien. Il a préféré devenir médecin. Mon père voulait absolument remettre sa pharmacie à l’un de ses deux garçons. Il en parlait au moins une fois par semaine. Arrivé à la fin de mes études secondaires, je n’ai pas eu le choix. Je devais devenir pharmacien pour assurer la transmission de l’officine familiale. Le coach : Qu’est-elle devenue ? Le client : Après mon échec, mon père m’a menacé de me déshériter si je ne recommençais pas cette première année. Il a tout essayé pour me pousser à reprendre mes études en pharmacie. Mais, la réussite de mon frère ainé et l’autorité professionnelle de mon père m’étaient insupportables. J’avais vraiment l’impression de ne jamais réussir à parvenir à leur niveau. Alors, pour ennuyer mon père et pour montrer que j’étais capable de m’en sortir tout seul, j’ai décidé de travailler en entreprise. Mon père a fait une dépression. Il a fini par remettre son officine à une société coopérative pour un montant ridiculement bas. Cela n’avait plus d’importance à ses yeux car ses enfants ne méritaient pas de recevoir un gros héritage. Il est décédé d’une crise cardiaque trois ans plus tard. (silence) Le coach : A nouveau, vous n’avez pas répondu à ma question précédente. Quelles études vous tenteraient le plus si vous pouviez effacer ce passé et redémarrer un parcours d’études supérieures ? Le client : Je voulais devenir ingénieur. J’ai toujours été très fort en mathématique et en physique. J’aime construire, démonter et remonter les machines ou les moteurs, inventer… Le coach : Et bien. Qu’est-ce qui vous empêche de réaliser ces études aujourd’hui ? Le client : Mais… j’ai trente neuf ans. Je ne vais quand même pas me lancer làdedans maintenant ! Le coach : Mon père a fait ce choix à peu près à votre âge et il a obtenu son diplôme d’ingénieur alors qu’il avait plus de quarante ans. (Très long silence…) Le client : Vous avez raison. J’ai mis de l’argent de côté. Je peux m’offrir ces études. Je ferai attention à ne pas trop dépenser mais ça devrait être possible. Il négocia avec l’entreprise son départ et la possibilité d’être engagé une fois son diplôme d’ingénieur en poche. Son employeur accepta à la condition d’accepter des missions ponctuelles rémunérées de conseils financiers.

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Une seule séance avait suffi à cet homme pour comprendre le principe de la réincarnation quotidienne. Il prit conscience de la gravité de son comportement. Il exprima des regrets et présenta ses excuses aux personnes harcelées. Certes, il était descendu fort bas, mais, après cinq années d’efforts, il réussit à remonter la pente pour démarrer une nouvelle carrière, une nouvelle vie.

L’angle de l’existence peut basculer très rapidement « Le succès ne consiste pas à ne jamais faire d’erreur mais à ne jamais faire la même erreur deux fois ». George Bernard Shaw Le principal intérêt de l’approche de la « renaissance ou réincarnation » journalière se situe dans la possibilité de relancer une dynamique de progression positive. Cependant, plus la chute ou la régression est longue et profonde, plus il faudra de temps pour combler le déficit. Certains mauvais choix et certains comportements ont parfois peu de conséquences négatives dans les premiers jours, les premières semaines voire les premiers mois. Mais, les effets à long terme peuvent être parfois catastrophiques. L’angle de notre existence peut très vite basculer du positif au négatif ou inversement. Il suffit parfois d’un petit incident, d’un minuscule grain de sable pour inverser le sens de la progression d’une personne. Ce petit rien en apparence, en dehors d’un événement subi, provient le plus souvent d’un manque de maîtrise de soi. Légèrement ivre en fin de soirée, un jeune homme de dix huit ans renversa une jeune femme avec la voiture de son père dans le parking en plein air d’une boite de nuit. Heureusement, il ne roulait pas vite et l’impact principal sur sa jambe gauche limita les dommages corporels. Elle s’en sortit avec une double fracture « tibia-péroné » et quelques blessures légères. Traumatisé par l’accident et à la surprise générale, le jeune homme prit la décision de ne jamais plus conduire une voiture, une moto ou tout autre engin muni d’un moteur thermique ou électrique. Ses parents prirent bien entendu en charge tous les frais liés à l’accident. Il se rendit dès le lendemain à l’hôpital pour présenter ses excuses à la victime et lui proposer de venir la voir tous les jours pendant son hospitalisation. Il comptait lui demander ce qu’il pouvait faire pour se racheter. Il fut accueilli très froidement. Elle l’écouta lui demander son pardon sans broncher. Après de longues secondes de silence, il se résigna à quitter la chambre de la jeune femme et elle le laissa s’en aller sans prononcer un mot. Son père le vit sortir de la chambre de sa fille. Il courut vers lui et lui envoya son poing dans la figure. Le personnel infirmier intervint pour le maîtriser et soigner le nez du jeune homme. S’il respecta son engagement de ne plus jamais conduire, il n’avait par contre jamais promis de ne plus consommer d’alcool. Il décida de trouver dans l’ivresse un apaisement à ses remords. Il abandonna ses études et devint alcoolique. La vie offre quotidiennement à chaque personne l’opportunité de s’appuyer sur les acquis précédents ou de se reprendre, de repartir vers le haut et de (re)construire. Tout être humain a la possibilité de rattraper plus ou moins complètement les conséquences de ses manquements, de ses erreurs ou de ses fautes.

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Par contre, les hommes ne sont pas toujours prêts à donner une nouvelle chance à ceux ou celles qui « ratent une marche ». Certains dépensent une énergie considérable pour bloquer toutes leurs tentatives ou pour anéantir tous leurs efforts réalisés en vue de remonter la pente. La vie, selon eux, n’offre qu’une seule chance. Si vous la saisissez, elle vous sourira et vous réussirez dans l’existence. Si vous la laissez passer ou si vous êtes incapable de la saisir, elle vous condamnera à la subir de manière plus ou moins désagréable. Cette mentalité est particulièrement présente dans certaines cultures où le fait d’échouer est très mal perçu, voire lourdement sanctionné. Un entrepreneur ne peut pas faire faillite. Si, par malheur, cela lui arrivait, il connaîtrait les pires difficultés pour se sortir de ses problèmes financiers. S’il parvient, malgré tout, à créer une entreprise florissante, il lui faudrait des années pour regagner la confiance et, peut être, si tout va bien, l’estime d’autrui. Des entrepreneurs furent invités par une école de commerce à partager leurs expériences avec des étudiants d’un master en entreprenariat. Ils reçurent chacun la visite de deux d’entre eux pour un entretien préliminaire en vue d’établir une liste personnalisée de questions. Celle-ci leur fut envoyée quelques jours avant la séance consacrée aux échanges. Un entrepreneur reçut une série de vingt questions. Il les parcourut rapidement. L’une d’entre elles lui plut tout particulièrement et l’idée de devoir y répondre le mit en joie. Le jour du grand oral, les différents chefs d’entreprise invités furent appelés les uns après les autres pour communiquer leurs réponses aux questions posées par un des étudiants qui les avaient préalablement rencontrés. Quand vint son tour, l’entrepreneur reçut une liste réduite à dix questions juste avant de monter sur l’estrade du grand auditoire. Il rechercha la fameuse question mais ne la trouva pas. Il profita du temps nécessaire au remplacement de la bande d’enregistrement vidéo pour demander au responsable du master la raison de la disparition de certaines questions. « Nous avons décidé de retenir les plus pertinentes. Pourquoi ? Vous aimeriez répondre à une question en particulier ? », lui demanda-t-il. L’entrepreneur lui confirma son souhait de répondre à une question sans doute censurée. « Quelle est cette question ? », l’interrogea le responsable. A sa plus grande surprise, il entendit l’entrepreneur lui répondre : « Vous êtes consultant en management et vous reconnaissez avoir fait faillite. Cela ne vous décrédite-t-il pas auprès de vos clients ? » Après un léger temps mort, le professeur dit : « Si vous tenez absolument à répondre à cette question, je n’y vois aucun inconvénient ». Puis, il se tourna vers l’auditoire et demanda : « Qui, parmi vous, a écrit cette question ? ». Un doigt se leva timidement. Le responsable s’assura de la disponibilité de la caméra puis invita le jeune homme à poser sa question. L’entrepreneur sourit et lui raconta l’anecdote suivante : « Un pilote de l’US Air Force, passionné comme il se doit d’aviation, passait ses week-ends à réaliser des baptêmes de l’air et à jouer les taxis aériens. Un dimanche, en fin d’après-midi, il demanda à un technicien de réaliser le plein de carburant de son petit avion. Après avoir déposé son plan de vol, obtenu la confirmation du technicien et réalisé ses contrôles de pré-décollage, il dirigea son avion vers l’extrémité de la piste. La tour de contrôle l’autorisa à décoller. Il mit les gaz et le monomoteur prit progressivement de la vitesse. Juste après avoir tiré sur le manche à balai pour décoller, son moteur commença à avoir des ratés. Il réussit à réaliser un atterrissage d’urgence sans trop de dommages. Il plaça son avion sur le côté de la piste, coupa le moteur et sortit de son cockpit. Le technicien assista à toute la scène. Pétrifié, il réalisa son erreur. Il s’était trompé de carburant. Le pilote, impressionnant par sa

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tenue et sa démarche énergique et décidée, se dirigea droit vers lui. Ce dernier, certain de vivre ces dernières secondes dans le milieu aéronautique, se prépara à recevoir la pire engueulade de sa carrière. Arrivé à portée de voix, le pilote demanda au technicien : « Tu t’es trompé de carburant ? » Ce dernier confirma le diagnostic du pilote. Il lui dit alors : « Dorénavant, tu seras mon technicien attitré. Tu seras le seul autorisé à toucher mon avion. Tu sais pourquoi ? Parce que tu ne reproduiras plus jamais une erreur pareille et tu veilleras à ne plus jamais faire d’erreurs avec mon avion. » Après un silence, l’entrepreneur enchaina : « L’erreur est une leçon. Si nous la comprenons après l’avoir analysée, si nous la retenons après avoir identifié toutes les causes et trouvé les solutions les plus appropriées, nous nous plaçons dans les meilleures conditions pour assurer la réussite future. J’ai analysé ma faillite. J’ai trouvé ses origines et j’ai recherché toutes les solutions utiles pour éviter une telle expérience. J’ai choisi de me lancer un nouveau défi entrepreneurial et de mettre en œuvre ces outils, ces approches, ces méthodes… Fort de mon succès, il est temps pour moi de les transmettre au plus grand nombre afin de les aider à réaliser leurs objectifs ». Même s’il est peu probable de retrouver le niveau initial lorsque la chute est très importante, toute progression sera préférable au maintien du statut actuel ou pire à une poursuite de la régression. Plus la descente est profonde, plus la remontée est longue et difficile. C’est pourquoi il vaut mieux réaliser ses plongées abyssales en début de vie ou de carrière. La jeunesse est la période des essais, des tentatives et des prises de risques. Elle est donc associée à de nombreux échecs et à des multitudes d’erreurs aux effets ou aux conséquences variables.

Epreuve : opportunité de progression « Tomber est permis ; se relever est ordonné ». Proverbe russe Le vécu d’un événement indésirable ou d’une situation difficile peut être perçu de manière différente. La personnalité joue un rôle essentiel, mais il existe d’autres éléments à prendre en compte. En déplacement entre deux rendez-vous professionnels, un chef d’entreprise se dirigea vers un car-wash. A cette heure de la journée, il profita de l’absence de clients pour gagner un temps précieux. Après un prélavage sommaire réalisé par un homme muni d’une lance de nettoyeur sous pression, il engagea sa voiture dans le système de guidage pour la réalisation automatique des opérations de nettoyage, de rinçage et de pré-séchage. A la sortie, le séchage final était effectué manuellement. Le chef d’entreprise observa l’homme chargé de cette ultime étape. Il l’intrigua. Il chercha alors l’origine de cette impression. Plusieurs détails lui sautèrent aux yeux. L’homme devait avoir plus de quarante ans. Or, l’âge moyen pour la réalisation de ce type de tâches se situe habituellement autour de quinze – vingt cinq ans. Il accordait un très grand soin à son travail. Il caressait la surface de la berline de luxe avec son tissu absorbant comme s’il essuyait la peau de son nouveau-né, avec autant de soin et de douceur. Les gestes habituels pour réaliser le séchage final étaient habituellement plus larges, moins précis et surtout plus brusques. Il nota un dernier détail. Cet homme souriait tout en travaillant. Il sortit de sa voiture et s’adressa à

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lui : « Depuis combien de temps travaillez-vous dans cette station de lavage ? » Tout sourire, l’homme lui répondit : « Une petite semaine seulement. Pourquoi me posezvous cette question ? » Le chef d’entreprise ignora cette dernière et lui demanda : « Quel métier exerciez-vous avant celui-ci ? » L’homme sourit davantage et dit : « J’étais directeur financier au sein de l’unité de production européenne d’un groupe multinational. Je viens de perdre mon emploi. Le groupe a décidé de délocaliser la production et de fermer le site européen. J’approche de la cinquantaine. La probabilité de trouver un nouvel emploi à mon âge est très faible et l’idée de rester chez moi à ne rien faire à longueur de journée m’est insupportable. Alors, j’ai proposé mes services à cette station de lavage où je venais régulièrement avec la même voiture que la vôtre. Très réticents, les propriétaires de la station ont fini par accepter de m’engager. Vous savez… le plus étonnant dans cette expérience est la prise de conscience de ses comportements antérieurs. Je ne prêtais aucune attention à ces personnes qui prenaient soin de ma voiture. Comme beaucoup de clients de cette station, je devais donner l’image d’une personne arrogante et méprisante. Alors qu’en réalité, j’étais constamment sous pression, obnubilé par mes tâches et mes objectifs. Vous êtes le premier à m’adresser la parole et à vous intéresser à ma petite personne. » Le chef d’entreprise lui tendit alors sa carte de visite et lui proposa immédiatement un emploi. L’éducation de ce responsable financier l’a poussé à l’action. Ses parents lui avaient transmis le sens de l’effort. Il a géré cette épreuve sans s’apitoyer sur son sort, sans baisser les bras, sans se poser en victime. Son licenciement lui a permis une prise de conscience et offert une opportunité d’emploi. L’environnement culturel joue également un rôle dans la manière d’aborder les problèmes ou les épreuves de l’existence. Pour la pensée occidentale et les chrétiens en particulier, toute difficulté est perçue le plus souvent comme un obstacle placé sur le chemin de la satisfaction ou une épreuve à dépasser « pour mériter son paradis ». Dans cette culture, ces problèmes sont placés par la vie ou par certains pour freiner ou arrêter une personne dans sa progression vers son objectif. La vie ressemble, selon cette perception, à un exercice permanent d’évitement du plus grand nombre de ces difficultés de parcours et, s’il n’est pas possible de les éviter, de tentatives de repoussement, de contournement, de franchissement de ceux-ci.

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Certains hommes, souvent très fortunés, divorcent comme d’autres changent de voiture. Les difficultés de la vie de couple, l’incompréhension des femmes en général et de leur compagne en particulier représente des obstacles sur le chemin du plaisir absolu. La seule solution pour résoudre ces difficultés consiste pour eux à divorcer. Ce premier divorce entraine souvent un deuxième puis un troisième comme autant de stations d’un parcours du combattant. Celles-ci sont souvent de plus en plus difficiles à franchir. Pour revenir aux divorces, en se limitant strictement aux frais, les coûts augmentent à tel point que le nombre de ces derniers devient davantage un signe extérieur de richesse que la possession d’une voiture de luxe, le port de vêtements de marque et/ou d’une montre hors de prix. Les épreuves (ou les divorces) se succèdent devant ces hommes comme autant de barrières qui les ralentissent sur la voie de la jouissance maximale. Pour les croyants en la réincarnation comme les hindouistes et les bouddhistes, par contre, les épreuves sont considérées davantage comme des opportunités de progresser. Pour surmonter une épreuve, pour la franchir, il faut réaliser des efforts qui conduisent à de nouvelles compétences et à de nouvelles maîtrises. Ce progrès permet de franchir l’épreuve suivante avec les acquis de la précédente.

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Au lieu de percevoir ces difficultés de l’existence comme des pénitences, l’approche orientale les considère comme autant de marches de progression vers un développement optimal de soi.

L’élasticité et la plasticité de l’esprit « La pensée d'une femme est douée d'une incroyable élasticité. Quand elle reçoit un coup d'assommoir, elle plie, paraît écrasée, et reprend sa forme dans un temps donné ». Honoré de Balzac Extrait d’Une Fille d'Eve Le dictionnaire Littré donne les définitions suivantes au terme « élasticité » : - Propriété en vertu de laquelle certains corps reprennent, sans se désagréger, leur état primitif, dès que cesse la cause qui en avait changé la forme ou le volume. - État d'un esprit, d'une âme comparée à un ressort. Tous les esprits n'ont pas la même élasticité. Cette élasticité permet à la conscience de recevoir des informations et de se plier sans se déformer. L’esprit élastique reprend son état initial après une sollicitation, une stimulation, une provocation, une source de tension ou une agression. Il absorbe cette énergie et la restitue sans modification de statut comme un ballon se déforme suite à une impulsion puis reprend son apparence initiale.

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L’élasticité n’est pas identique pour tous les corps ou tous les esprits. Certains sont plus élastiques que d’autres. Une personne à l’esprit particulièrement élastique est capable, par exemple, d’ignorer totalement et très rapidement des critiques virulentes. Cette hyper élasticité trouve parfois son origine dans la nature de l’individu. Plus il est optimiste ou positif, plus il aime la vie et plus il a tendance à oublier les éléments négatifs ou perturbateurs. Certains sont capables de pardonner très rapidement et très facilement. Ils comprennent mieux à la fois la personne et ses comportements et à la fois l’intérêt de passer à autre chose et de mobiliser leurs ressources pour des projets utiles. L’éducation joue également un rôle déterminant dans l’élasticité de l’esprit du futur adulte. Dans ce cadre, la transmission des valeurs morales et du sens est extrêmement importante pour construire cet esprit élastique. Il est inutile d’en vouloir indéfiniment à une personne et/ou de chercher à se venger à tout prix. Aucune de ses démarches ne participent à un progrès positif. La vengeance peut être considérée par la victime et par certaines personnes comme une œuvre ou un chef d’œuvre de sadisme, de violence ou de cruauté. Mais ce résultat n’offrira aucune paix profonde et durable, aucun progrès majeur à celui ou à celle qui ne pardonne pas. Pour renaître, il faut être capable de tourner la page. L’élasticité d’un corps ou d’un esprit n’est pas constante dans le temps. Il perd progressivement cette qualité ou aptitude sous l’effet du vieillissement. L’esprit se rigidifie. Il cherche avec les années davantage de stabilité et de sécurité. Il est moins souple car la souplesse mobilise plus de ressources. Or, la production d’énergie diminue avec l’âge. L’esprit sollicité, influencé, formé ou déformé la veille doit-il pour autant toujours reprendre son état initial ? L’élasticité de l’esprit est intéressante pour retrouver la sérénité ou une meilleure qualité de vie après une tension, une perturbation, un choc ou un traumatisme psychologique. Par contre, elle est contreproductive si elle empêche l’acquisition de nouvelles connaissances et l’intégration de nouvelles expériences.

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La dissonance cognitive 1 conduit souvent la personne à privilégier la réaction élastique plutôt que l’évolution plastique. Il est plus aisé, ou cela demande moins d’efforts, de rejeter les causes de la dissonance cognitive et de conserver ses croyances, convictions, anciennes connaissances, que de les remettre en question, de les abandonner et d’en acquérir de nouvelles. Pour retrouver son équilibre cognitif ou son état initial, l’esprit élastique choisit de mettre en œuvre l’une ou l’autre de ces stratégies : - le déni ou le rejet pur et simple : la personne décide d’ignorer ou d’éviter la donnée perturbante (ex. : le manque d’efficacité des messages d’avertissement sur les paquets de cigarettes) - l’interprétation : la personne essaye de diminuer l’impact de cette information perturbante sur son esprit, notamment par une remise en question de la crédibilité du message (ex. : message : « Vous êtes un manipulateur machiavélique ! » – réponse : « Tout le monde manipule tout le monde ! ») Certains facteurs poussent systématiquement l’être humain à rejeter toute nouvelle information et à faire appel à l’élasticité de son esprit. Plus un choix, une expérience ou un apprentissage a été difficile ou est associé à des souffrances, plus la personne refuse d’abandonner ses acquis. Pour certains, mobiliser autant d’énergie, endurer autant de souffrances, vivre des instants aussi pénibles, douloureux ou humiliants, s’investir à ce point pour rien, est inconcevable. Dès lors, ils n’acceptent pas de remettre en question la valeur des choses apprises ou de reconnaître une erreur de choix. Même si la nouvelle information est à l’évidence meilleure que l’ancienne (dans le sens plus utile, mieux adaptée, plus exacte, etc.), il est difficile de l’accepter de l’abandonner. Quel choc d’apprendre que la terre est ronde et tourne autour du soleil ! Galilée ne peut avoir raison. La terre est le centre de l’univers. Dieu l’a toujours voulu ainsi. Quelle horreur de découvrir que mon meilleur ami m’a trahi. Les autres, les circonstances l’ont sans doute forcé… Bref, il n’a certainement pas eu le choix. Je ne me suis pas ou je ne peux pas m’être investi dans cette amitié à tort. Je lui ai déjà pardonné tellement de choses. Je n’ai pas pu me tromper dans le choix de cet ami. Pourquoi faudrait-il abandonner le bizutage (appelé aussi « baptême d’étudiants ») à la suite du décès d’un « bleu » ? Je n’ai pas subi ces humiliations, ces avilissements, ces viols… par peur, par faiblesse ou par lâcheté. C’est une tradition et il est important de la maintenir. Et ainsi de suite… La déformation plastique apparaît lorsque la force appliquée va au-delà de la capacité d’allongement du corps ou de l’esprit. Ce dernier, au lieu de reprendre son état initial, en acquiert un nouveau suite aux effets de cette force appliquée. Apprendre, s’adapter, évoluer ou progresser supposent une certaine plasticité de l’esprit.

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Dissonance cognitive : tension psychique ressentie par une personne en présence d’une connaissance, d’une croyance, d’une conviction différente de celle acquise antérieurement la poussant à réagir pour rétablir l’équilibre cognitif.

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Nous recevons à la naissance un corps et un cerveau. Nous avons la mission ou le devoir de les respecter et de les développer au mieux pour les utiliser ou les exploiter de manière optimale durablement. Dans l’esprit de la réincarnation, le sens de la vie consiste à réaliser le plus de transformations plastiques positives possibles de notre esprit ou de notre âme. La plasticité de l’esprit est le résultat de la plasticité synaptique. Le cerveau se forme et s’organise puis s’adapte et évolue. Il peut être comparé à une matière malléable telle que l’argile. Une addition importante d’eau au début de son façonnage assurera une grande élasticité et il sera très difficile d’amener la masse travaillée à conserver la forme imprimée. Elle aura tendance à reprendre l’apparence du tas de glaise de départ. Si l’apport en eau est raisonnable, les forces appliquées sur la matière lui permettront de prendre la forme souhaitée et de la conserver. Sa plasticité sera optimale. Le cerveau est au départ plus élastique que plastique. Il faut réaliser de grands efforts tant de la part des éducateurs que de l’enfant pour façonner durablement son cerveau. L’esprit du futur adulte sera transformé par des émotions, des connaissances, des vécus, des expériences, etc. Plus ceux-ci seront ressentis fortement, plus l’impact sur l’esprit sera important. Dans le Toolbook 10 « Le pilote automatique », le conscient et le subconscient sont représentés sous forme de cubes se déplaçant sur deux plans parallèles reliés par un ressort. L’image du ressort peut être associée à cette capacité de notre conscience à retrouver sa position initiale après une sollicitation. Tout le défi d’un professeur ou d’un formateur consiste à amener un élève ou une personne à mobiliser l’énergie suffisante pour entrainer le subconscient. Si ce dernier ne se déplace pas pour rejoindre le conscient dans un nouvel état d’équilibre, aucun progrès ne sera constaté. La personne n’apprendra rien ou retrouvera ses anciens automatismes. Aucunes nouvelles connaissances, aucuns nouveaux référentiels, aucuns nouveaux comportements ne seront acquis. Si la force exercée est insuffisante sur la conscience pour aller au-delà de la limite d’élasticité, celle-ci ramène l’individu au point de départ, au statut initial ou au niveau de connaissances antérieures à la formation. Un esprit élastique ne mémorisera rien à l’issue de la formation. L’élasticité cérébrale tend à diminuer naturellement avec le temps. La progression de la plasticité cérébrale augmente fort dans les premières années de la vie et ralentit plus ou moins rapidement.

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Plus le cerveau est soumis à des nouvelles stimulations, à de nouveaux challenges, à des changements, à des remises en question régulières, plus il conserve sa plasticité. Par contre, si la personne s’installe dans une vie routinière, avec un mode de vie bien réglé, des idées très arrêtées, s’il refuse tout nouveau concept, toute nouvelle idée, connaissance ou technologie, tout nouveau référentiel, etc. sa conscience, son esprit perd sa plasticité. La plasticité d’un esprit s’entretient comme celle d’une substance ou d’un corps. Plus cet esprit est soumis régulièrement à des forces variables tant dans leurs diversités que dans leur intensité, plus il conservera longtemps ses propriétés plastiques. Par contre, plus le cerveau ou l’esprit s’immobilise ou conserve un état plastique donné, plus il faudra appliquer une force importante pour l’amener à acquérir un nouvel état ou une nouvelle forme. Certains esprits (ou certaines personnes) choisissent de conserver un état considéré comme supportable ou acceptable si les contraintes exercées sur cet esprit jusqu’à cet instant les ont amené à trouver un niveau de confort suffisant. Les difficultés de l’existence, les déceptions, les traumatismes émotionnels et les épreuves poussent certains individus à s’accrocher à des principes, des règles et des croyances qui les

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rassurent. Ces référentiels leur permettent d’éviter d’éventuelles transformations plastiques nouvelles aux effets potentiellement plus inconfortables, nocifs ou destructeurs. La nature ou la personnalité de l’individu représente la limite de la plasticité de son cerveau. Elle doit être respectée et acceptée comme telle. Il est hors de question de transformer une personne introvertie, timide, réservée et discrète en une « bête sociale ou mondaine ». Si les forces appliquées sont trop fortes ou inadaptées, la matière ou l’esprit risque des dommages irréversibles comparables à une cassure. Soit la structure sera suffisamment souple pour résister à toutes les tentatives de destruction ou à tous les essais réalisés en vue de la façonner, soit les forces ou actions entreprises mènent à la fracture aux conséquences catastrophiques pour la personne sur le plan psychique. La nature de l’individu ne se retire pas, ne se scie pas, ne se contraint pas. Cette limite de plasticité peut dépendre de facteurs multiples. Le patrimoine génétique et l’action d’hormones ou de neurotransmetteurs jouent un rôle déterminant. Les dysfonctionnements de la thyroïde, des surrénales ou de certaines régions du cerveau provoquent la libération de médiateurs chimiques dont les effets sur le comportement des individus sont peu ou pas du tout gérables ou modifiables par la seule action de l’esprit. Le vécu a une action plastique sur l’esprit (et le subconscient). Les transformations plastiques plus ou moins profondes ou imprimées par des expériences antérieures peuvent évoluer sous l’action de nouvelles forces. De nouveaux vécus peuvent remplacer heureusement des anciens. Une réussite peut annuler l’effet plastique d’un échec précédent. Une déception sentimentale peut laisser la place à un nouvel amour plus fort et plus sincère. Cependant, certaines expériences particulièrement traumatisantes peuvent dépasser la limite de plasticité du cerveau et conduire à une rupture ou à des dégâts irréparables. Les effets plastiques non désirables sont cependant parfois très difficiles à remplacer et à éliminer totalement. Travailler une plaque de métal martelée en bas-relief pour lui donner une nouvelle apparence demandera des efforts considérables. Des traces des formes initiales resteront sans doute. Dans certains cas, la (dé)formation plastique initiale peut fragiliser toute nouvelle action sur la matière ou l’esprit. Pourrait-on laminer un esprit comme on laminerait cette plaque métallique pour lui redonner sa structure initiale, la virginité de sa forme ? Les lavages de cerveau ont sans doute été réalisés dans ce but, mais à quel prix ! Cela reste une approche profondément immorale et par conséquent inacceptable. Les forces appliquées pour obtenir un effet plastique peuvent être : - endogènes : forces générées par la personne elle-même issues de ses pensées et de ses émotions ; - exogènes : générées par les vécus, les expériences positives ou négatives, les échanges, les influences, les apprentissages, l’éducation. Le libre arbitre influence ou conditionne les effets des forces appliquées sur l’esprit. Le développement et la conservation de l’esprit d’analyse et du sens critique de la personne lui permet de faire ses choix « plastiques » (conservation ou modification de la transformation plastique, nouvelle transformation plastique sans rapport avec la transformation engendrée, etc.). Une personne, traumatisée par les jugements d’autrui sur sa façon d’être et de se comporter, fait par exemple le choix de ne plus se concentrer sur elle-même, de ne plus chercher à comprendre les raisons de ces

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différences non acceptées ou difficilement acceptées par les autres. Bref, elle refuse la transformation souhaitée par d’autres pour la faire entrer dans un moule plus conforme à leurs attentes. Elle décide d’utiliser ces différences pour offrir une nouvelle approche, pour construire/bâtir des projets, réaliser des objectifs et ses rêves. L’évolution plastique est celle choisie par la personne et non imposée par son entourage. L’esprit humain plastique peut être comparé à un matériau thixotrope2. La bentonite (ou les suspensions naturelles d’argile) est une substance thixotrope. Il faut l’agiter régulièrement pour maintenir sa capacité à se transformer en vue d’acquérir un nouvel état. Moins on casse les structures plus le matériau se fige. Une masse d’argile, une fois séchée et à fortiori cuite, perd totalement sa plasticité. Plus l’argile est laissée sur le côté, plus il est difficile de la travailler en vue de lui donner une forme ou de corriger l’un ou l’autre résultat plastique antérieur. Une force trop importante appliquée à un corps ayant perdu sa plasticité peut conduire à une cassure. Si l’esprit est cassé, la personne doit impérativement être traitée par un psychiatre avec l’espoir que ce dernier arrive à recoller les morceaux dans le bon ordre. Certains n’y arrivent jamais (surtout si le nombre et la taille de ceux-ci ne permettent pas cette opération réparatrice). D’autres parviennent, avec plus ou moins de bonheur, de traces ou de cicatrices, à restaurer l’esprit de manière remarquable. Mais, quoiqu’il en soit, l’esprit ne sera plus jamais plastique et encore moins élastique. Ce type d’esprit peut être qualifié d’« esprit Ketchup » », car le Ketchup est un fluide thixotrope qui retrouve sa fluidité par agitation (ou par cassure de la structure). Si le « Ketchup » est laissé trop longtemps dans son contenant, une agitation violente et de longue durée ne lui permettra plus de retrouver cette thixotropie.

Résilience versus combatence « Contrairement aux États-Unis, où le terme "résilience" est d'usage courant, tel un marqueur d'optimisme, en Europe il est plus difficile de l'imposer, comme si nous avions un penchant pour le misérabilisme ». Boris Cyrulnik Extrait d'une interview avec Antoine Spire - Le Monde de l'éducation - Mai 2001 « Qui trop combat le dragon devient dragon lui-même ». Friedrich Nietzsche « Qui livre un plus rude combat que celui qui s'efforce de se vaincre soi-même ? » Gérard de Groote Face aux épreuves, tous les êtres humains ne sont pas égaux. Toutefois, la capacité à apprécier celles-ci à leur juste valeur, à les gérer et à les surmonter peut s’acquérir. L’environnement humain et culturel ainsi que l’éducation conditionnent, pour une grande part, la réponse de l’individu face aux difficultés de l’existence et à l’adversité. 2

Thixotropie : propriété physique d’un fluide contenant un solide permettant de passer de l’état solide à l’état liquide à la suite d’une contrainte de cisaillement appliquée pour déstructurer le mélange et inversement lorsque ce mélange retrouve progressivement sa structure au repos.

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Plus une personne est capable de retrouver rapidement un état d’équilibre ou la sérénité après une tension ou une contrainte, plus elle fait preuve de résilience (voir Toolbook 5 « L’armure émotionnelle). En anglais, le terme « coping » est utilisé pour désigner toutes les actions conscientes d’une personne face à une situation difficile pour la surmonter, quelque soit les moyens utilisés pour y parvenir. Cette approche ne s’embarrasse pas des valeurs morales universelles. Tous les procédés, toutes les méthodes et tous les moyens sont acceptables pour cette personne s’ils lui permettent d’éviter, de contourner ou de résoudre le problème. L’objectif consiste à se débarrasser le plus rapidement et le plus facilement de cet obstacle sur la route du plaisir et de la satisfaction. Cette démarche active peut utiliser des moyens agressifs ou violents. Aucun terme français ne désigne ce type de comportements potentiellement immoraux face aux épreuves. S’il faillait en créer un, il pourrait se nommer « combatence ». Cette dénomination reprend le sens de lutte ou de combat pour la survie par tous les moyens. Les jeunes brésiliens dans les quartiers défavorisés de Rio de Janeiro font preuve de combatence et non de résilience. Le recours à la violence, l’usage d’armes à feu, la prostitution, les enlèvements, etc. peuvent apporter des réponses ponctuelles à des situations critiques pour les personnes concernées, mais elles ne les protègent pas des conséquences de leurs comportements immoraux. Un enfant orphelin peut choisir l’une ou l’autre voie. La résilience le poussera à s’engager à réaliser et à réussir des études. Il pourra obtenir un diplôme qui lui ouvrira les portes d’une carrière professionnelle prometteuse et une qualité de vie optimale. S’il choisit la combatence, il essayera de s’en sortir en vendant de la drogue, en volant, en arnaquant, en fraudant, etc. La probabilité de réaliser de nombreux séjours en prison et de mourir jeune est plus élevée sur le chemin de l’orphelin « combatent ». Les deux options ne mènent pas au même résultat. Certes, elles permettent de faire face à l’abandon parental et aux difficultés financières, mais elles ne produisent pas les mêmes effets à long terme.

J’élimine donc j’avance ! « Le passé ne peut renaître ». Alain-Fournier Extrait de Le grand Meaulnes Pour apprendre, il faut pouvoir oublier. Selon une étude récente, vieillir empêche d’oublier3. Tout progrès passe par la capacité à tourner la page et à faire le deuil. L’oubli permet de laisser de la place à la nouveauté. « Si tu veux que la fortune entre dans ta vie, libère de la place pour l’accueillir ». Un homme célibataire rencontre une femme divorcée, mère de deux filles âgées respectivement de quatre et sept ans. Après quelques repas au restaurant et sorties en tête-à-tête, la femme l’invite à diner dans sa petite maison pour lui présenter ses filles. Un bouquet de fleurs dans la main gauche, il découvre une adorable petite fille qui lui ouvre la porte. Du fond de la maison, il entend sa maman l’inviter à entrer et à s’installer dans le salon. La petite fille lui arrache le bouquet et file retrouver sa mère. Il avance prudemment dans le couloir. Il finit par découvrir sur la droite le salon et la salle à manger. L’aînée se précipite au moment où il s’apprête à 3

Z. Tsien et coll., Scientific Reports, janvier 2013 citée dans « Le monde de l’intelligence » n°29- Les émotions « En vieillissant, oublier devient plus difficile ».

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s’asseoir dans l’un des fauteuils en disant : « C’est le mien ! ». Il s’excuse et se dirige vers l’autre fauteuil disponible lorsque la cadette plonge pour le prendre de vitesse, très fière de son forfait. Il parcourt rapidement la pièce du regard. Le divan est lui aussi occupé par « le » golden retriever couché de tout son long et bien décidé à protéger son territoire. Sur une table basse, une photo montrant les enfants en train d’embrasser un homme qui doit sans doute être leur père est entourée d’une lampe et d’un cendrier. Un cadre, contenant une grande photo d’un couple formé de la femme et du même homme les montre enlacés et visiblement très amoureux, trône au-dessus du buffet. D’autres photos du père des deux filles et de la famille réunie sont disposées çà et là. Toujours debout, l’homme voit finalement arriver la maman avec un plateau de zakouskis. Il lui dit alors : « Je ne vais pas rester. Visiblement, je n’ai pas ma place ici. Vous n’êtes pas encore prêtes à accueillir un nouveau membre dans votre famille. Dès que, vous m’aurez fait une petite place dans votre vie, dans votre espace vital et dans votre cœur, faites-moi signe. ». L’oubli total est souvent impossible sans une amnésie d’origine traumatique, chimique ou pathologique. Par contre, il est nécessaire de ne pas s’accrocher au passé et de penser à l’avenir pour construire un futur heureux. Les personnes qui nous ont quittées nous manqueront toujours, mais, elles ne souhaiteraient certainement pas nous voir malheureux pour le restant de notre vie. Elles nous ont aimé et ont fait le maximum pour nous rendre heureuses ou heureux. Pourquoi, une fois décédées, faudrait-il être condamné à ne plus jamais connaître le bonheur ? L’ultime image risque de choquer certaines personnes. Pourtant, elle s’appuie sur une fonction naturelle indispensable à la santé et au bien-être. En effet, si les aliments et les boissons donnent tous les éléments nécessaires à la vie, l’absence d’évacuation des déchets provoque la mort. L’urine et les excréments retirent du corps les matières non assimilables, les produits de dégradation des substances absorbées et les éléments issus des réactions biochimiques indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Tout blocage de ce processus d’élimination met sérieusement en danger la vie de tout être vivant. Il en est de même au niveau psychique. Notre esprit doit régulièrement « faire ses besoins naturels ». Les croyances bloquantes ou limitantes, les connaissances obsolètes, inappropriées ou inadéquates, les expériences négatives, désagréables ou traumatisantes, les pensées et les émotions nocives ou destructrices doivent être éliminées, expulsées pour assurer une bonne hygiène mentale du cerveau. Le principe de la dalle est utile pour recouvrir des besoins ou des manques impossibles à satisfaire. Ces gouffres émotionnels ou ces grottes souterraines affectives qui ne peuvent être comblés ne doivent pas faire souffrir et mettre en danger les personnes. Ces dalles offrent une solution pour accéder au sentiment de plénitude et donc au bonheur (voir Toolbook 13 « Les graines de bonheur »). Cependant, tous les trous finissent par contenir des matières en décomposition qui libèrent des gaz malodorants, inflammables ou toxiques. Tout défaut de pose ou d’étanchéité, toute fissure ou tout déplacement de la dalle risque de laisser échapper des effluves nauséabonds, inflammables ou explosifs. La meilleure façon d’éviter ces désagréments consiste à retirer de cette cavité tous les détritus, tous les déchets et autres corps en décomposition avant de placer cette dalle.

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Il en va de même avec notre esprit. Pour atteindre la sérénité et le bonheur, il est utile de temps en temps d’identifier ce qui doit être éliminé puis de « tirer la chasse ». Un vide affectif s’accompagne d’un double dépôt d’immondices. En premier lieu, la personne à l’origine de ce défaut d’amour ne se prive pas de jeter dans le trou émotionnel creusé par elle des critiques et des mots blessants, des doutes, des humiliations, des sous-entendus destructeurs, etc. Bref, autant de détritus dont le seul but est de transformer cette cavité en décharge, en fosse septique ou en cloaque. La victime voit son esprit submergé de pensées négatives, nocives et parfois autodestructrices. Ensuite, l’être humain génère ses propres excréments mentaux. Vulgairement dit, certaines personnes sont des grandes spécialistes de fabrication de « merde dans la tête ». Cette propension trouve souvent son origine dans une focalisation sur le négatif. Toute rumeur, tout signe ou toute absence de signes, toute hypothèse mentale les conduisent directement à se transformer en véritable réacteur de production de « merde mentale ». Plus une personne manque d’estime et de confiance en soi et/ou plus elle souffre d’un manque d’amour et/ou plus elle est stressée, plus elle produira ces déchets générateurs de « gaz » verbaux particulièrement difficiles à supporter, qui s’enflamment à la moindre étincelle. L’assertivité, le pardon et la pensée positive permettent d’éviter le déversement de ces éléments plus ou moins dégradables, puis d’évacuer les « matières fécales » mentales, et enfin de prévenir tout nouveau dépôt sauvage de détritus dans notre conscient et notre subconscient. Les réincarnations multiples ont pour but d’atteindre la paix suprême. En attendant cette paix ultime, rien ne nous empêche de vivre de nombreux moments de sérénité et de bonheur. Ces instants de plénitude passeront par notre capacité à identifier les éléments inutiles ou nocifs, à les éliminer et à les refuser à l’avenir. Un rafraichissement de notre esprit est indispensable pour assurer une bonne hygiène mentale et le libérer afin de traiter au mieux de nouvelles données.

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Clés pour s’élever 15ème toolbook

Les ballons de potentiel

Note : quelques extraits choisis du livre « Atouts Talents » (éditions EDIPRO) du même auteur enrichissent le contenu de ce livre électronique.

Nous avons tous du talent « Il n'est pas donné à un seul être humain d'avoir à la fois tous les talents ». Stendhal Extrait de Vie de Napoléon Le talent est inné. Il est offert à tout enfant dès sa conception. Ce livre va notamment le démontrer grâce à une définition très claire de ce mot. Comme tout cadeau, un talent devient intéressant s’il est exploité au mieux et/ou s’il procure un maximum de satisfaction. Dans le cas contraire, il reste une offrande sans grande utilité. Un réveil offert par un ami de la famille à un premier communiant n’a aucun intérêt s’il est réveillé tous les matins par sa mère. Un iPad utilisé uniquement pour jouer est offert à la mauvaise personne… Tous les cadeaux ne sont pas toujours des « cadeaux ». Ils peuvent parfois être très cruels. Une dame offrit à une jeune fiancée une copie en taille réduite d’une statue du Louvre, réalisée en polymère, représentant une femme enceinte. Or, elle savait pertinemment que cette jeune femme ne pourrait jamais avoir d’enfants. Difficile de se montrer plus cruelle ! Il en va de même avec les talents. Si la personne ne sait pas ce qu’elle doit en faire ou si elle n’a pas la possibilité de les développer, elle peut percevoir ce cadeau comme un fardeau à porter toute sa vie.

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Le mot « talent » était utilisé au temps de la Grèce antique pour désigner un poids. Ce poids, variable suivant les pays, correspondait à l’origine à 19440 grammes. La réforme de Solon porta la valeur du talent chez les Athéniens à 27000 grammes. Le « talent », en tant que monnaie athénienne, avait une valeur équivalente à 6000 journées d’un travailleur sur le chantier de construction du temple de l’Erechthéion, sur l’Acropole, à la fin du Vème siècle avant J.C. L’usage du mot « talentum » dans la Bible en latin (ou Vulgate) lui a donné un sens d’humeur, de don, d’aptitude à progresser. Cette évolution trouverait son origine dans la parabole des talents présente dans l’évangile de Mathieu4. « C'est comme un homme qui partait en voyage : ...il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître. Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : 'Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.' Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.' Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.' Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !' Deux serviteurs ont fait fructifier ce qui leur avait été confié. Le troisième l’a simplement gardé, il l’a enterré. Le talent devient donc, selon cette parabole, une disposition naturelle qu’il nous appartient de faire fructifier. « Enfouir son talent » se dit, en référence à cette parabole, lorsqu’une personne ne fait pas valoir ses dons, ses avantages. Ensuite, les langues romanes ont donné au terme le sens de volonté, de désir qui au XVIIème siècle prit celui de don de la nature, d’aptitude.

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Bible : Parabole des talents (évangile de Mathieu [XXV, 14]).

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Le Littré définit aujourd’hui le talent comme « une aptitude distinguée, une capacité, une habileté donnée par la nature ou acquise par le travail ». Le dictionnaire de l’Académie Française ajoute : « supériorité dans un art, un métier… ». Quelle différence avec un don particulier ? Le Littré le définit comme une qualité, un avantage naturel, une offrande. Le dictionnaire de l’Académie Française considère le terme sous l’angle suivant : « Il se dit figurément des Biens, des qualités physiques ou morales, des avantages qu'on reçoit de la Divinité, de la nature » ou « Il se dit particulièrement d'une Certaine aptitude que l'on a à quelque chose ». Le talent est un don dans tous les sens du terme. C’est à la fois un cadeau et un potentiel dans un domaine d’actions ou de pensées déterminé. Qui offre le talent ? Le père et la mère transmettent leur patrimoine génétique à leurs enfants. Mais, ce capital est le résultat de plusieurs générations d’évolution. Les parents ne sont donc pas totalement et uniquement responsables d’un talent particulier présent chez l’enfant. Ils ne le sont pas davantage d’un handicap physique ou mental. Une mauvaise ou une sous-alimentation, la consommation d’alcool ou de drogues hallucinogènes, l’exposition à des radiations, la contraction de certaines maladies par la future mère pendant la grossesse, etc. peuvent évidemment jouer un rôle dans le développement du fœtus et la survenue de certains handicaps. Le talent, commet tout potentiel, doit être transformé en compétences ou en aptitudes concrètes pour être intéressant. Un enfant, à l’évidence très doué pour jouer du piano, doit travailler énormément pour devenir un virtuose de classe internationale. Son talent doit se transformer progressivement pour l’amener à un niveau de maîtrise qui lui permet d’atteindre l’excellence et de mettre la technique au service de l’expression des émotions. De même, une personne à l’intelligence rationnelle largement supérieure à la moyenne peut sous-exploiter ce talent si elle ne prend pas conscience de l’existence de ce potentiel, si elle n’est pas motivée à le développer, si elle ne dispose pas d’un environnement intellectuel favorable ou encore si elle n’a pas le courage de réaliser les efforts nécessaires à son développement. Les mots talent, intelligence, don et potentiel sont, de mon point de vue, synonymes. Ils représentent chacun un capital inné à transformer en acquis plus ou moins importants. Le développement du potentiel en aptitudes, capacités ou compétences plus ou moins remarquables ou exceptionnelles représente le principal défi de l’existence et contribue à lui donner un sens. Il y a autant de talents ou d’intelligences qu’il y a d’activités à réaliser. Comme la liste des activités humaines est en constante évolution, il est impossible d’établir une liste exhaustive de toutes les intelligences. L’anthropologue Jeremy Narby s’est intéressé aux différentes formes d’intelligences dans la nature5. Interpellé par le fait que les chamanes en Amazonie considèrent que les plantes et les animaux sont intelligents, il s’est tourné vers les scientifiques pour trouver les preuves de ces intelligences. Il cite d’ailleurs le chercheur Toshiyuki Nakagaki qui a utilisé le mot « intelligence » dans un article de la revue « Nature » pour qualifier l’aptitude de moisissures unicellulaires à explorer un labyrinthe.

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« Le diplomate de l’intelligence » Monde de l’intelligence n°8 janvier-février 2007 (Jeremy Narby).

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Ce potentiel, même modeste, sera toujours considéré comme un talent, même si ce terme est plus souvent utilisé pour mettre en évidence des dons exceptionnels ou des aptitudes hors du commun. La notion de talent doit se concevoir dans un champ le plus large possible. Les talents existent dans tous les domaines d’activités humaines. Toute aptitude, toute habilité, toute compétence, toute capacité à réaliser une activité est associée à un talent, à un don, à une intelligence plus ou moins importants. Un enfant marche avant douze mois, s’exprime clairement et aisément avant deux ans, pose énormément de questions, notamment sur des sujets complexes : l’univers, la mort, les origines de l’homme… Ces signes peuvent constituer les premiers indices d’une précocité et d’un haut potentiel intellectuel. Lors d’un spectacle, tous les spectateurs sont sous le charme d’une jeune fille. Pourtant, elle n’est pas plus jolie qu’une autre et sa tenue ne l’a met pas particulièrement en valeur. Son jeu de scène, sa capacité à entrer dans la peau de son personnage, à « jouer vrai » transportent les spectateurs du rire aux larmes. Son empathie et son talent d’interprète contribueront à la réussite de son éventuelle carrière de comédienne. Un jeune adolescent, en contact pour la première fois avec un club de golf et après avoir observé son professeur quelques instants, frappe sa balle avec un résultat étonnant. Le deuxième coup puis le troisième démontrent qu’il ne s’agit pas d’un hasard. Son habilité sportive l’amènera peut-être au plus haut sommet de ce sport. Une petite fille aide sa maman à cuisiner. Elle comprend très vite, avant même que sa mère n’en exprime le besoin, les gestes à faire ou les ingrédients à lui donner. Son sens du service, son sens de l’observation, son écoute de l’autre représentent des atouts essentiels pour une personne désireuse de réaliser des activités commerciales éventuelles. Un parrain offre à son filleul une boite contenant les différents éléments pour construire une maquette en bois d’un quatre-mâts. Amusé, il achète un livre sur les modèles réduits et un autre racontant l’histoire du navire et contenant plusieurs plans ainsi qu’une description détaillée de celui-ci. Le jeune garçon se lance dans l’assemblage des pièces, fabrique lui-même certains éléments non fournis avec la boite, place les voiles et les cordages avant de terminer par la peinture et le vernis final. La maquette est si belle qu’elle serait digne d’être exposée au Musée de la Marine. Son habilité manuelle, sa patience, son souci du détail et ses recherches révèlent un potentiel d’expertise indéniable. L’énumération de talents est sans limite. Cependant, les hommes accordent une importance parfois plus grande et un intérêt plus manifeste aux talents qui laissent une trace concrète : un meuble d’époque réalisé par un maître-ébéniste, un vase en cristal soufflé par un des meilleurs ouvriers de France, une pièce montée créée par un maître-pâtissier, etc. Pourtant, d’autres talents existent. Etre en mesure de découvrir la personnalité ou le profil d’un tueur en série, obtenir la confiance d’autrui au point de le guider vers un objectif, révéler le talent des autres et les aider dans leur développement au point de les amener à la réalisation d’œuvres exceptionnelles ou vers l’accomplissement d’exploits extraordinaires, organiser les tâches et les gestes à accomplir pour atteindre un résultat de la manière la plus efficiente ou tout

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simplement réussir un déménagement sans casser la moindre assiette sont également des talents remarquables. Les métiers, les relations interpersonnelles, les aspects organisationnels, les émotions, etc. constituent des gisements de talents qui n’attendent qu’une chose : la possibilité de se révéler. Tant qu’il existe une possibilité de développer un potentiel pour acquérir un savoir, un savoir-faire, un savoir-être, un savoir-faire-faire, il existe un talent. Vouloir limiter le nombre d’intelligences, leur donner une importance, un poids ou une valeur plus ou moins grande, mettre en place des systèmes de mesure pour orienter, catégoriser, placer ou « rentabiliser » les personnes est non seulement sans intérêt mais dangereux, à la fois pour elles-mêmes et à la fois pour leurs proches et la société. Dans la perception collective, le talent est le plus souvent associé à une aptitude particulière ou remarquable. L’expression « Quel talent ! » est généralement employée pour montrer son admiration face à une performance exceptionnelle. Une personne est qualifiée de talentueuse lorsqu’elle réalise des activités hors normes. Elle se situe hors du « commun » et ses réalisations sont « extra ordinaires ». Le potentiel existe à des hauteurs différentes d’une personne à une autre. Il ne doit pas être à tout prix grand ou exceptionnel pour être considéré comme un talent. Autrement dit, comme chaque personne présente un potentiel de développement, même s’il est faible, elle possède un talent personnel ou une intelligence spécifique. Par conséquent, nous avons toutes et tous du talent !

L’intelligence « cadentienne » ou l’intelligence de la chance « La chance est la faculté de saisir les bonnes occasions ». Douglas MacArthur Certains attribuent la démarche suivante à Napoléon… Lorsqu’une personne lui était recommandée, il souhaitait savoir si elle avait de la chance. En réalité, il semblerait que Napoléon voulait s’assurer qu’elle était assez intelligente pour saisir les opportunités qui se présenteraient à elle. Autrement dit, la chance fait appel à des capacités particulières. Pour développer son intelligence « cadentienne » (mot imaginé dans le cadre de l’écriture de ce chapitre en relation avec l’étymologie du mot « chance »6), il faut se choisir un rêve, puis se concentrer sur celui-ci. Une excellente méthode consiste à noter son rêve puis à le lire et à prendre le temps d’imaginer la réalisation de ce rêve tous les soirs juste avant de se coucher. Cette approche prépare notre subconscient. Il le met en mode veille et si la moindre opportunité se présente à l’horizon, il alertera notre conscience pour un examen plus attentif. Les opportunités apparaissent continuellement, 24 heures sur 24, 365 jours par an. Elles sont comparables à des comètes ou à des étoiles filantes. Une personne m’a 6

Substantivation du lat. cadentia, part. prés. plur. neutre de cadere « tomber » qui s'employait aussi en lat. class. dans le vocab. du jeu en parlant de l'osselet (CICERON, Fin. 3, 54 ds TLL s.v., 21, 17) (source : Centre National de Recherches Textuelles et Lexicales du CNRS).

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dit un jour : « Si tu veux tracer un sillon droit, accroche ton rêve à une étoile. Elle ne te fera jamais dévier de ta route quelque soit les obstacles ou les difficultés. ». A quelle étoile dois-je accrocher mon rêve ? Pour se donner les meilleures chances de reconnaître la bonne étoile, il faut regarder dans la bonne direction. La probabilité pour un astronome de découvrir un nouveau corps céleste par simple observation d’un ciel nocturne est très faible. Par contre, s’il se concentre ou s’il pointe son système d’observation sur un secteur précis, s’il précise ses recherches, il augmente ses chances de réaliser une découverte intéressante. Il en va de même avec la chance. Pour voir et reconnaître les opportunités lorsqu’elles apparaissent, il est impératif, comme pour toute observation, de déterminer un domaine ou un secteur de recherche par rêve ou objectif à réaliser. Il faut veiller à ne pas exagérer le nombre de ses rêves ou de ses objectifs, pour ne pas être submergé de données ou d’opportunités non pertinentes. La deuxième étape exige une grande vigilance. Il faut être très attentif à toute information visuelle et auditive en relation avec l’« objet recherché », en l’occurrence, l’opportunité. Plus l’opportunité est détectée précocement, plus la personne dispose de temps pour les étapes ultérieures. La troisième étape consiste à étudier l’opportunité. Il est nécessaire de prendre son temps tout en évitant d’en consommer à l’excès et de laisser passer sa chance. Cette étude doit se faire idéalement de manière formelle et en particulier en étudiant : - les caractéristiques de l’opportunité (y compris le rapport entre les bénéfices et les inconvénients de ce choix éventuel) : s’il s’agit, par exemple, d’une rencontre avec un potentiel futur conjoint, il est utile d’étudier ses qualités et ses défauts, ses centres d’intérêt, ses valeurs, ses ambitions, etc. - les conditions à respecter pour saisir cette opportunité : si celle-ci correspond à une proposition d’emploi par exemple, les niveaux de connaissances (diplôme(s)), les compétences, l’expérience, etc. - les conséquences à plus ou moins long terme liées au choix de cette opportunité : si, dans le cadre d’une promotion, l’employeur propose à une personne de prendre la direction d’un site à l’étranger, il est utile pour lui de s’interroger sur les conséquences familiales (scolarité des enfants, apprentissage/perfectionnement d’une langue étrangère, etc.), logistiques (vente ou mise en location d’un bien, déménagement, achats, etc.) La personne devra mettre en balance les éléments liés à la situation présente et les données relatives à l’opportunité. Cette étape est particulièrement difficile car elle intègre une approche objective et subjective de l’analyse. Il est impossible de quantifier le subjectif et de lui donner une valeur ou un poids global objectivement mesurable. Il faudra néanmoins s’approcher le plus possible d’un bilan clair nécessaire à l’étape suivante. La quatrième étape exige de développer sa capacité à prendre une décision. « Choisir, c’est renoncer. Qu’il est difficile et terrifiant de renoncer. », dit Dominique Lévy-Chédeville dans L’homme aux passions tristes. L’immaturité est associée à cette difficulté à abandonner l’une ou l’autre option. La personne immature, qu’elle soit enfant ou adulte, désire tout conserver et tout posséder. Elle veut le présent et essayer le futur, mais sans lâcher le passé. Or, pour avancer, il faut absolument

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quitter le connu pour aller vers l’inconnu. Saisir une opportunité s’accompagne d’un abandon des éléments liés au présent. Comme il peut être effectivement difficile et parfois terrifiant de prendre la décision de se marier, de faire des enfants, de changer d’emploi, etc. Cette étape capitale est associée à la maturité mais aussi au courage (voir Toolbook 12 « Le saut »). Sans cette compétence essentielle, la personne estimera manquer de chance ou être moins chanceuse que d’autres personnes plus courageuses. Aucune décision n’est sans risque. Et comme aucun être humain honnête ne peut voir l’avenir avec précision et certitude, il faut donc s’appuyer sur une autre forme d’intelligence pour sauter le pas le plus aisément possible : l’intelligence intuitive ou instinctive. L’analyse subjective, l’impression, ou le « feeling » en anglais, s’ajoute aux faits et aux données rationnelles et objectives dans le processus décisionnel. Cette forme d’intelligence est essentielle et complémentaire. Il serait non seulement ridicule et dommage de s’en passer, mais ce serait surtout beaucoup plus dangereux. La fameuse « vision » des leaders ou des décisionnaires n’a en réalité pas grand-chose à voir avec l’acuité visuelle. Elle se base essentiellement sur les capacités perceptives et sur l’intuition de l’individu. Cette faculté de l’esprit,… sorte de synthèses résultant d'informations que nous mémorisons et de perceptions que nous n'avons pas conscience d'enregistrer (source Wikipedia), facilite le choix et le rend plus sûr. La dernière et cinquième étape consiste à mettre en œuvre sa décision ou de l’assumer sans la remettre en question, sans s’interroger constamment sur la pertinence de ce choix. Cela inclut la capacité de laisser passer ou de laisser l’opportunité sortir du champ sans aucun regret. Cela demande également du courage, à la fois dans l’action et par la pensée.

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Pour t’envoler et faire un long et fabuleux voyage, gonfle au mieux tes ballons ! « A chacun ses talents ». Virgile Extrait de Les bucoliques « Il y a du bonheur dans toute espèce de talent ». Honoré de Balzac Extrait de Le père Goriot Les talents peuvent être comparés à des ballons. Tout être humain reçoit en cadeau à la naissance une ceinture à laquelle sont suspendus des ballons dégonflés de différentes tailles et de différentes formes. Chaque ballon correspond à un potentiel, à une intelligence ou à un talent déterminé. Ils ne contiennent encore aucun gaz. Le remplissage d’un ballon correspond à la transformation de ce potentiel (ou ballon dégonflé) en compétences (ou ballon idéalement rempli). Chaque talent est unique et se découvre au fur et à mesure de son développement. L’identification de ses ballons dégonflés constitue un des défis majeurs de l’existence. Nous avons toutes et tous des petits ballons, des ballons de taille moyenne et des grands ballons. La dimension de ceux-ci représente la hauteur ou l’importance du potentiel de chacun d’entre eux. Cette première étape correspond à la révélation du potentiel de la personne dans un domaine déterminé. L’acceptation de ses ballons est la deuxième étape capitale de tout développement de talent. Elle est particulièrement difficile à réaliser car la prise de conscience de la hauteur de son potentiel dans certains domaines se fait dans les premières années de la vie. Or, les enfants et les adolescents ne cessent de se comparer aux autres. Si le père ou la mère possède un don particulier et bénéficie d’une large reconnaissance de ce dernier, le fils ou la fille sera tenté, parfois pendant toute sa vie, d’essayer de dépasser son parent dans son domaine ou de trouver et de développer un talent remarquable, absent chez ce dernier, pour prouver sa valeur et le surpasser. L’entourage familial constitue le premier cercle de comparaison. Mon frère est-il plus fort que moi ? Ma sœur est-elle plus belle que moi ? Les jeunes cherchent ensuite très vite à se comparer aux meilleurs dans les domaines qui les intéressent ou les passionnent. Toute performance personnelle fait l’objet d’une étude comparative avec le premier ou la première de la classe, le meilleur nageur de l’école, la meilleure musicienne, etc. Si une personne n’accepte pas la taille de ses ballons, elle risque fort d’être tentée de les gonfler au-delà de leurs limites. La compétition et la comparaison poussent les êtres immatures à rejoindre et si possible dépasser les performances des meilleurs. Si le ballon ne possède pas une taille, donc un potentiel, égal ou supérieur à celui de référence, le détenteur de ce ballon peut être, consciemment ou non, poussé à aller au-delà de ses capacités. Tout ballon sur-gonflé risque d’exploser par simple contact avec une aspérité ou sous l’effet de la pression interne exercée. Les dégâts émotionnels issus de cette « explosion » peuvent être catastrophiques pour le porteur du ballon et l’onde de choc atteint souvent de plein fouet les proches.

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Toute la différence se situe entre « vouloir devenir » ou « être le meilleur » d’un côté et « désirer donner le meilleur de soi-même » de l’autre. Dans le premier cas, l’objectif ne tient pas compte du potentiel de l’individu. Si le ballon de référence est plus grand que le sien, il sera tenté de repousser ses propres limites avec le risque de mettre en danger sa santé physique et/ou psychique. Dans le second cas, l’épanouissement de la personne est davantage une préoccupation constante. Son but n’est pas de devenir ou de rester le ou la meilleur(e) dans son domaine d’activités. L’épanouissement des talents correspond à une dynamique d’ouverture, de déploiement, d’extension de ses compétences dans une recherche d’équilibre et de sérénité optimaux.

Comment reconnaître les limites de son potentiel ? « Soyez plutôt maçon si c'est votre talent ». Nicolas Boileau Tout ballon gonflable est formé d’une membrane plus ou moins élastique et résistante. L’énergie à fournir pour le gonfler n’est pas constante. Les efforts sont plus importants au départ et à la fin du processus de gonflement. La pression atmosphérique et la paroi du ballon vont s’opposer au déploiement de celui-ci. Il faut par conséquent introduire une quantité de gaz suffisante pour atteindre un équilibre. Il est indispensable ensuite de maintenir la pression interne sous peine de voir le ballon se dégonfler progressivement. Plus le ballon se remplit de gaz, plus cette pression interne augmente et plus la membrane du ballon et la pression atmosphérique exerce une contre-pression. Lorsque les limites de résistance du ballon commencent à être atteintes, les pressions sont maximales. Si la pression interne est supérieure à la résistance de la membrane et à la pression exercée par l’air, le ballon explose. Il en va de même pour chaque étape de la transformation d’un potentiel en nouvelles compétences ou aptitudes. Les premiers instants de l’acquisition de celles-ci nécessitent une mobilisation considérable d’énergie. Le talent « ne se laisse pas faire » et se mérite. Il faut déployer une énergie initiale minimale pour démarrer le processus d’apprentissage. Des difficultés personnelles et externes s’opposent toujours à différents niveaux à ce déploiement de capacités. Des efforts soutenus permettent de poursuivre l’acquisition d’un savoir, puis la maîtrise progressive d’un savoir-faire. Lorsque la maîtrise est optimale, il faut continuellement maintenir le niveau des connaissances et des savoirs par des formations et des accompagnements continus, afin d’éviter les pertes liées à l’absence de mise en œuvre de ceux-ci, à l’oubli, au désintérêt, etc. Le plus souvent, il est indispensable d’en acquérir de

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nouveaux et de perdre volontairement les anciens pour s’adapter à un nouvel environnement. Lorsque la personne atteint les limites de son potentiel, les différents signes physiques et psychiques majeurs de stress font progressivement leur apparition : signes psychiques : - une perte progressive du plaisir d’exercer son talent, d’apprendre et de progresser ; - une perte progressive de la confiance en soi pouvant aller jusqu’à la perte plus ou moins grande de l’estime de soi ; - des difficultés de plus en plus importantes à : - mémoriser (il faut beaucoup plus de temps et réaliser plus d’efforts pour intégrer de nouvelles connaissances et compétences) ; - se maîtriser (les changements d’humeur deviennent plus fréquents avec une évolution progressive vers la perte de patience, l’irritabilité, une attitude de plus en plus négative, du pessimisme, un moral en berne, des violences verbales, de l’agressivité) ; - hiérarchiser (tout a le même niveau d’importance et prend des proportions considérables) ; - anticiper (la personne recourt à la procrastination, elle s’installe dans une logique de « réaction » et non de « proaction »…) ; - décider (la personne éprouve des difficultés à faire des choix de plus en plus simples ou mineurs) et - se concentrer (la personne a tendance à se laisser distraire, à vouloir aborder plusieurs sujets, thèmes, travaux simultanément) - des cauchemars de plus en plus fréquents ; - un sentiment de culpabilité ; - des crises d’angoisse, de panique ; - une tendance à l’isolement, au repli sur soi ou une hyperactivité inefficace ; - des pleurs (sans raisons évidentes) ; - une tendance à la dépression. signes physiques : - manifestation de maux de tête de plus en plus fréquents et intenses ; - installation de douleurs musculo-squelettiques (douleurs au niveau du cou, du dos, de certaines articulations, etc.) ; - dysfonctionnements des organes (selon le(s) point(s) faible(s) de la personne : troubles gastro-intestinaux (gastrite, ulcère), apparition d’un diabète de type II, troubles respiratoires (crises d’asthme), immunodépression (diminution des défenses de l’organisme), maladies auto-immunes (attaque du système immunitaire des tissus et organes de l’organisme), pathologies cardiovasculaires (accidents vasculaires cérébraux, infarctus), défaillances rénales suite à l’hypertension artérielle, cancer, etc.)

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- fatigue de plus en plus importante (et dans les cas les plus graves, fatigue associée à un sommeil non réparateur, où la personne a l’impression d’être plus fatiguée après le réveil qu’avant de se coucher). La surveillance de ces signes permet de prévenir le risque d’épuisement psychique (ou burnout) associé à un éclatement du ballon de potentiel. Tout parent, tout professeur, tout éducateur, tout mentor, tout maître se doit d’être attentif aux premières difficultés sérieuses rencontrées par la personne en développement de talent. Il est toutefois nécessaire de rechercher les causes principales et profondes de ces signes psychiques et physiques de souffrance. Les raisons ne sont pas toujours liées aux efforts d’acquisition des connaissances et compétences. Des difficultés relationnelles, une maladie, des problèmes familiaux ou de couple, une accumulation d’activités en dehors de la sphère de développement (déménagement, travaux ou réparations), un deuil ou, plus positivement, un coup de foudre suivi d’une période plus ou moins longue d’envoutement et d’aliénation, de nouvelles responsabilités, etc. peuvent être à l’origine des mêmes signes de stress. D’une manière générale, toute perte de plaisir à réaliser les tâches nécessaires au développement de son talent ou toute souffrance difficilement ou mal supportée doit être prise en compte. Il faut pour cela clairement distinguer le sens des mots « effort » et « souffrance ». L’effort, c’est le plaisir à l’arrivée et non le plaisir associé à la souffrance ressentie par exemple par des masochistes ou des adeptes de l’automutilation. Tout effort n’est pas nécessairement associé à la souffrance. Ecouter très attentivement un professeur, prendre des notes, remettre ses notes en ordre, réaliser des résumés successifs ne s’accompagnent pas systématiquement de souffrances. Le sujet du cours peut être passionnant même s’il faut faire l’effort de rester concentré sur la matière présentée. La prise de note impose de respecter des méthodes et d’utiliser des abréviations ou des symboles afin de conserver le plus fidèlement le contenu du message transmis. Les efforts de synthèse réalisés pour établir les résumés permettent de mettre en évidence les éléments essentiels et importants du cours. L’ensemble de ces activités ne devrait en général occasionner aucune souffrance à l’élève ou à l’étudiant. Il existe malgré tout des souffrances infligées par le professeur ou le formateur lorsque ce dernier manque de pédagogie, éprouve des difficultés à structurer et à illustrer son discours, exige des actions ou des travaux sans aucun sens, etc. Heureusement, c’est relativement rare. Dans ces cas-là, il est vivement recommandé de se concentrer sur le but ultime et d’ignorer ou de supporter ces souffrances destinées à disparaître avec la cause. Si les signes confirment l’existence d’une tension, strictement ou principalement liée au développement du potentiel de la personne, à l’origine de souffrances psychiques et/ou physiques croissantes, il est essentiel d’amener la personne à accepter ses limites et de l’inviter à exploiter au mieux ses acquis pour son plus grand bonheur et un épanouissement optimal.

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Le principe de Peter revu et corrigé « Le meilleur manager est celui qui sait trouver les talents pour faire les choses, et qui sait aussi réfréner son envie de s'en mêler pendant qu'ils les font ». Theodore Roosevelt Laurence J. Peter et Raymond Hull ont défini le principe de Peter dans l'ouvrage éponyme de la façon suivante : « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence ». De nombreuses études ont essayé de démontrer le bien-fondé de cette affirmation et de ses corolaires : « plus le temps passe, plus grande est la proportion de postes occupés par des incompétents » et « la charge de travail des personnes compétentes ne cesse de croître ». L’une d’entre elles, réalisée par une équipe de trois physiciens de l’université de Catane en Sicile, en arrive même à prouver l’efficacité supérieure des promotions décidées au hasard (70 % d’efficacité) et celles consistant à promouvoir le plus incompétent (82 % d’efficacité) sur la promotion du meilleur (60 % d’efficacité) lorsque la compétence de la personne promue dans ses nouvelles fonctions n’est pas directement liée à ses compétences à l’échelon précédent.7 Le principe de Peter est-il vrai ? Faut-il réellement promouvoir les personnes au hasard ? Ces questions n’ont pas un grand intérêt si le critère essentiel n’est pas le niveau de compétences mais le potentiel de la personne. En effet, un excellent technicien ne deviendra pas nécessairement un bon responsable d’équipe. Le management et le leadership exigent des compétences différentes de celles acquises par un spécialiste ou un expert. Il est très rare de trouver chez la même personne le même potentiel d’expertise et de leadership. Il s’agit de deux voies de carrière bien distinctes. Il n’est pas possible d’être à la fois un grand expert et un grand leader. Les évolutions dans le domaine opérationnel exigent une acquisition constante de nouvelles connaissances et compétences. Le temps consacré à ces formations continues et à la réalisation des activités opérationnelles quotidiennes ne permet pas de prendre en charge simultanément de manière efficiente les aspects relationnels, la communication, l’analyse des données de gestion, les décisions organisationnelles et les choix stratégiques, en relation avec les responsabilités et le métier de leader. Un bon opérationnel peut devenir un excellent leader s’il fait le choix d’abandonner la voie de l’expertise et s’il possède une hauteur de talent dans le domaine de la direction d’une entreprise compatible avec le niveau de leadership attendu. Il me paraît dangereux, à la fois pour l’entreprise et pour la personne, de promouvoir les personnes sur la seule base du hasard ou de promouvoir les incompétents sous prétexte que ce n’est peut être pas pire que de promouvoir des personnes compétentes. Les entreprises devraient se poser les questions suivantes : « Faisons-nous clairement la distinction entre potentiel et compétences ? Sommes-nous réellement en mesure d’identifier les talents dont nous avons besoin ? Avons-nous la volonté et les moyens de les accompagner au mieux dans leur développement pour leur permettre de faire face à leurs responsabilités ? ». Le principe suivant, par contre, correspond beaucoup mieux à la réalité des organismes privés ou publics : « Tout employé(e) est susceptible d’être tenté(e) ou

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DELAHAYE Jean-Paul, Le principe de Peter, Pour la Science, septembre 2011 ; n°407.

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pressé(e) par lui(elle)-même, sa hiérarchie, son conjoint/partenaire, sa famille, ses amis, etc. de s’élever au-delà de sa limite de potentiel ». Dans le cadre d’un chantier de construction, un ouvrier (A) accepta d’assumer les responsabilités de chef d’équipe en l’absence de ce dernier (B) à la suite d’un léger accident du travail. Il montra de réels talents d’organisateur. Il manquait certes de maîtrise dans le domaine du management humain et dans la gestion des ressources mais son autorité naturelle lui permettait de compenser ces lacunes. Lorsque le chef d’équipe revint sur chantier, A éprouva des difficultés à se soumettre à nouveau à son autorité. Les ouvriers, tout comme A, reconnaissaient la débrouillardise de B et sa capacité à trouver des solutions simples et pratiques pour résoudre les problèmes. Cependant, ils n’appréciaient pas ses attitudes autoritaires, son ton arrogant et ses critiques incessantes. Ils lui reprochaient surtout de ne jamais assumer les responsabilités de ses choix. B se plaignait régulièrement auprès de sa hiérarchie du manque de compétences et de sérieux de son équipe. Il accepta contraint et forcé de suivre l’une ou l’autre formation en management d’équipe et en communication. Il fit de légers progrès mais il abandonna très vite ses efforts. Le potentiel de A était apparemment supérieur à celui de B au niveau du leadership. Fallait-il pour la cause remplacer B par A dans sa fonction ?

Les constats suivants ont été pris en considération : - B n’avait pas le potentiel ni la motivation pour développer les compétences managériales nécessaires ;

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- B accepterait très difficilement de quitter sa fonction de chef d’équipe au profit d’un poste d’expert technique ou opérationnel ; - le départ de B ou son licenciement après la nomination de A représenterait une perte de compétences techniques et un coût non négligeable pour l’entreprise. De plus, avant de nommer A officiellement dans sa nouvelle fonction, il était indispensable de le former afin de l’amener à un niveau minimal de compétences managériales. Or, rien ne permettait de garantir la motivation et l’engagement de A de participer à des formations ou d’être accompagné pour développer son potentiel dans le domaine du leadership. Pour optimaliser les chances de réussite de la promotion éventuelle de A, la direction décida de respecter les étapes suivantes : 1. Obtenir la confirmation du potentiel de A en lui confiant de nouvelles petites missions de gestion d’équipes sans le nommer officiellement dans cette fonction. 2. Offrir à A la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences en management humain, en organisation et en gestion. 3. Dans l’hypothèse où A confirme son potentiel et sa capacité à le développer, amener B à reconnaître ses lacunes en leadership et à accepter d’assumer une fonction d’expert opérationnel où sa grande expérience professionnelle pouvait être utile sur tous les chantiers. 4. Communiquer les évolutions de fonction de A et de B à l’ensemble des personnes concernées. Dans certains organismes, des supérieurs hiérarchiques sont parfois tentés de bloquer toute promotion et même de licencier les personnes à haut potentiel s’ils ont l’impression que ces derniers représentent un danger pour leur carrière. Il arrive aussi que la direction refuse d’accepter le niveau de potentiel d’une personne car il constitue un obstacle à leurs objectifs ou à leurs ambitions. Le directeur général pour l’Europe d’un groupe multinational reçut l’instruction de créer une nouvelle unité de distribution. Grand partisan de la promotion interne, il chercha dans son équipe une personne susceptible de prendre la direction de cette petite entité d’une centaine de personnes tout de même. Un ingénieur d’une quarantaine d’années, très apprécié pour ses compétences techniques, répondait, selon lui, tout à fait au profil souhaité. Le directeur général fit cependant appel à un spécialiste en gestion de talents pour confirmer son choix avant de lui confier officiellement la direction du site de distribution. Après une petite trentaine de minutes d’entretien en tête-à-tête, le spécialiste constata le manque important de potentiel en leadership de cet ingénieur. Il continua toutefois son évaluation telle qu’elle avait été prévue. Toutes les données confirmaient les premières impressions. Le spécialiste conseilla au directeur général, dès le début de la présentation des conclusions de l’évaluation, de choisir une autre personne pour diriger ce centre de distribution. Le directeur général n’apprécia pas du tout ce conseil, à tel point qu’il se mit à questionner agressivement le spécialiste pour l’amener à revenir sur ses déclarations. Ce dernier répondit calmement à chaque question et présenta les éléments sur lesquels il s’était appuyé pour arriver à sa recommandation.

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Exaspéré, le directeur général se tourna finalement vers son collaborateur et finit par lui demander : « Et, vous ? Que pensez-vous des conclusions de ce monsieur ? ». Les yeux baissés, la tête dans les épaules, il répondit d’une voix faible : « Je suis d’accord avec lui. Cette fonction n’est pas faite pour moi. ». Le directeur général explosa : « Mais, vous ne comprenez pas. Je vous offre la chance de votre vie. Ce spécialiste vous a fait peur. Ressaisissez-vous ! Ce n’est pas aussi difficile d’être directeur qu’il n’y paraît. Et puis, je serai là pour vous aider… ». Paniqué, l’ingénieur finit par dire : « Vous avez raison mais… (silence) je ne me sens pas encore suffisamment prêt pour assumer de telles responsabilités et puis vous ne serez pas toujours disponible lorsque je devrai gérer certaines situations. Dans quelques années peut-être… ». Le spécialiste conseilla au directeur de ne pas insister et surtout de ne pas réaliser de pressions. Il compara sa position à celle d’un joueur d’échec et lui dit : « Vous avez besoin d’une tour pour jouer votre prochain coup. Hélas, vous n’avez plus de tour. Alors, vous dites à un pion : ‘Dorénavant, vous serez une tour !’ ». Le directeur général jeta à la porte le spécialiste et ignora totalement son conseil. Il nomma l’ingénieur comme il l’avait décidé. Peu de temps plus tard, le taux d’absentéisme grimpa en flèche parmi les employés et cadres. Une grève éclata sept mois seulement après l’ouverture du centre de distribution. L’ingénieur-directeur finit par faire un burnout au bout d’une petite année. Dans le cadre des promotions, les principales difficultés rencontrées par les dirigeants d’entreprise et les responsables des ressources humaines se situent au niveau des éléments suivants : - détermination de la liste la plus complète et la plus précise possible de toutes les compétences opérationnelles, organisationnelles, émotionnelles, relationnelles, etc. nécessaires pour réaliser de manière efficiente les missions ou les activités, et assumer les responsabilités de la nouvelle fonction ; - estimation du potentiel d’une personne dans les différents domaines de compétences. Certaines entreprises font le choix de recruter leur personnel uniquement sur base des compétences nécessaires pour réaliser les activités exigées. Leur potentiel n’est absolument pas estimé, ni au départ, ni tout au long de leur carrière dans l’entreprise. Aucune formation et aucun accompagnement ne leur seront offerts. Toute personne, quel que soit son niveau de maîtrise ou de responsabilité doit être compétente pour des activités déterminées dès l’engagement. Si elle ne possède pas les compétences requises, elle n’est tout simplement pas embauchée. Si par malheur, son activité professionnelle ou sa fonction devait disparaître, l’entreprise n’essayera pas de lui trouver un autre emploi interne et ne lui proposera certainement pas de suivre des formations ou de se mettre à niveau pour réaliser ses nouvelles activités. Le budget formation est nul. Les principales raisons de ce choix de ne pas investir un seul centime d’euro dans la formation du personnel sont les suivantes : - si les formations sont efficaces et permettent l’acquisition de compétences nouvelles ou complémentaires, la personne risque d’être tentée de réclamer une augmentation salariale ou de valoriser son niveau supérieur de compétences auprès d’un autre employeur ; - sinon, il ne sert à rien d’investir dans le développement d’un potentiel pour lequel le retour sur investissement est faible, voire nul.

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Un client nous a dit un jour : « Aucune dépense en formation ou en développement personnel. Soit il est apte à faire ce qu’on lui demande, soit il dégage ! ». Heureusement, ce type de comportements est relativement rare. La majorité des employeurs est consciente de l’existence d’un potentiel dormant au sein de leur structure et du gisement de talents susceptibles de générer de nouvelles aptitudes et maîtrises essentielles à la création de valeurs et à la nécessaire capacité d’adaptation de l’organisme.

L’estime de soi et le talent « Un gagnant est une personne qui a identifié ses talents, a travaillé avec acharnement pour les développer, et a utilisé les dites capacités afin d’accomplir ses objectifs ». Larry Bird Un cadre d’entreprise dit un jour à la personne qui l’accompagnait dans son développement personnel : « Grâce à vous, je vais devenir le meilleur ! ». Ce dernier lui répondit : « Non. Grâce à votre développement, vous donnerez le meilleur de vous-même ». Dans le cadre d’un stage artistique, une personne découvre un de ses ballons de potentiel. Certes, elle est très vite consciente de ne pas posséder le niveau de talent des plus grands maîtres tels que Michel Ange, Rubens, Dali ou Picasso. Toutefois, elle aime peindre et consacre des heures à travailler sa technique, son art. Ses premières réalisations plaisent et l’encouragent à persévérer. Cette personne possède un autre ballon. De petite taille et de corpulence moyenne, elle dégage néanmoins une autorité naturelle. Les personnes lui font aisément confiance pour les conduire vers un objectif commun et, dans une certaine mesure, pour les diriger. Ce potentiel ne lui permettra sans doute pas de devenir un grand leader très charismatique mais ce talent est suffisant pour lui permettre d’animer des formations et d’encadrer les participants sans se laisser déborder. Son talent lui permet également de prendre en charge des projets raisonnablement ambitieux. Enfin, cette personne a identifié un de ses plus gros ballons, et son talent le plus important se trouve dans son habilité à communiquer, à prendre la parole en public. Elle est capable de tenir une large assemblée en haleine, à la faire rire à volonté. Elle jongle avec les émotions de la salle, tantôt en les tempérant, tantôt en les stimulant. Ce talent exceptionnel s’est imposé peu à peu. La parole facile, d’une nature particulièrement sensible, elle aime par-dessus tout échanger, communiquer, partager des émotions. Elle saurait difficilement s’en passer. S’accepter, c’est accepter sa ceinture de talents de différentes tailles. C’est accepter tous ses ballons dégonflés pour ce qu’ils sont. Certaines personnes ont des ballons plus grands et parfois en plus grand nombre que d’autres personnes. Ces derniers ne sont pas pour autant tous gonflés au mieux. Les plus grands talents sans développement ne se transformeront jamais en grandes aptitudes, et ne donneront jamais de grandes œuvres. S’accepter, c’est accepter de développer son talent à la hauteur de son potentiel de développement. Il faut accepter de limiter le gonflement du ballon pour ne pas dépasser sa capacité maximale.

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Une autre image intéressante peut être utilisée pour amener une personne à mieux percevoir la relation entre ses talents et les défis de l’existence : le jeu de cartes. Nous recevons toutes et tous à la naissance des cartes à jouer. Chaque personne sur terre reçoit une distribution de cartes qu’il doit essayer d’exploiter au mieux pour réussir ce grand jeu qu’est la vie. Au bridge, chaque table de quatre joueurs reçoit les mêmes cartes que les autres tables. Pour gagner, il faut réussir à obtenir le plus de points avec les mêmes cartes que ses adversaires. Il en va de même avec nos talents. Le plus important n’est pas d’avoir les meilleures cartes, mais de faire le meilleur usage des cartes que la vie nous a offert. Une « petite » carte de trèfle permet de gagner si celle-ci est une couleur d’atout et si elle permet de prendre le pli gagnant. Il est évident qu’une personne riche de plusieurs cartes majeures est potentiellement capable de gagner plus et plus facilement. Mais les cas de personnes très talentueuses qui sont passées à côté de leur vie sont nombreux. Par contre, une personne aux cartes moins prestigieuses, si elle est capable d’exploiter de manière optimale son potentiel, peut parfaitement réussir une vie épanouissante et riche. A nous d’étudier nos cartes et la manière de les utiliser au mieux de nos intérêts et de nos objectifs, tant privés que professionnels. Avec un groupe de jeunes de son âge, un jeune homme de bonne famille, bien élevé, intelligent et plutôt agréable à regarder, décida pendant ses études universitaires, de suivre des cours de danse. Leurs motivations profondes étaient doubles : pratiquer une activité physique en relation avec le goût pour la musique et le rythme et surtout séduire de jeunes et jolies jeunes filles pour pratiquer avec elles des activités physiques également basées sur le rythme, mais d’une toute autre nature… Après quelques cours de danse, ils remarquèrent rapidement, le pouvoir de séduction dévastateur d’un autre jeune homme. Toutes les jeunes filles le suppliaient d’accepter de danser avec elles. Très perplexes, ces jeunes gens étudièrent leur rival : pas très beau, visiblement issu d’un milieu plus modeste et dont l’intelligence rationnelle ne semblait pas particulièrement remarquable. Mais, qu’avait-il de plus que nos jeunes mâles en rut ? N’y tenant plus, le jeune homme, lors d’une danse, demanda à sa partenaire ce qu’elles lui trouvaient toutes. A sa plus grande surprise, ses points forts principaux n’étaient ni sa beauté, ni son aisance financière, ni ses capacités intellectuelles. En réalité, cet homme si apprécié des femmes le devait à deux aptitudes remarquables : il les faisait rire et il les mettait en évidence lorsqu’il dansait avec elles. Chaque être humain a le pouvoir de développer et d’exploiter au mieux son potentiel compte tenu des circonstances rencontrées et des moyens mis à sa disposition. Les talents ne se volent pas ; pas plus que les cartes. Tricher avec un talent, c’est tricher avec la vie. Un jour ou l’autre, il faut rendre des comptes et assumer la responsabilité de ses choix. Par contre, ils se développent dans la mesure de ses propres potentiels.

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Les risques du talent « Quand un homme a prouvé qu'il a du talent, il lui reste à prouver qu'il sait s'en servir ». Jules Renard Le talent peut être la meilleure, mais aussi la pire des choses pour une personne. Le talent peut, par exemple : - faire peur car il est difficile d’estimer avec exactitude son importance et il n’est pas évident pour la personne de savoir ce qu’elle va faire de ce potentiel ; - rendre la personne très malheureuse, car elle peut se sentir différente, incomprise, malaimée, rejetée ; - amener la personne à penser qu’elle n’a pas besoin de faire d’efforts pour réussir, pas besoin des conseils ou de l’assistance de qui que ce soit, et qu’elle peut se précipiter dans l’action en toute impatience ; - conduire la personne à très mal supporter les difficultés et les échecs dans la réalisation de ses activités. Le talent ne fait pas de l’individu qui le possède un gagnant à coup sûr. Il peut le précipiter vers les profondeurs de l’échec et du malheur, comme le talent d’une trentaine de kilogrammes d’or attachés à ses pieds avant d’être jeté dans un lac. L’or peut nous enrichir ou nous conduire à notre perte. Un talent est un don mais aussi une charge. En réalité, il existe deux niveaux de « nature ». Le premier se situe au niveau de la nature profonde de la personne, liée à sa personnalité et à ses caractéristiques propres. Ce niveau ne changera pas et ne doit pas changer. Une personne introvertie, timide et réservée ne peut espérer devenir un commercial extraverti, aussi à l’aise dans le cadre d’une mission de prospection que lors d’une réception mondaine. Si, par malheur, cette personne était forcée de transformer sa nature en une autre qui ne lui correspond pas, elle ressentirait très certainement un mal-être et des souffrances psychiques aux conséquences peut-être catastrophiques. Sa nature aura tendance à rapidement reprendre le dessus pour la protéger de ce risque. Dans ce cas de figure, il est exact de dire que le naturel reviendra au galop, mais il est également irresponsable de demander à cette personne de changer de nature. Le second niveau se situe sur le plan comportemental et organisationnel. En effet, il est beaucoup plus naturel de manger avec ses doigts qu’avec des couverts, de « tirer la tête » que de sourire, d’être écouté que d’écouter, de générer le désordre que de maintenir l’ordre et la propreté, d’agir de manière impulsive que de prendre le temps de préparer et de planifier ses actions, d’oublier de se brosser les dents que de le faire au moins deux fois par jour, etc. Il suffit de penser aux efforts que nous devons réaliser pour arriver à mettre en œuvre tous ces comportements antinaturels. Dans ces cas-là, un laisser-aller, un coup de fatigue ou un verre d’alcool de trop nous ramènent vers ces comportements « naturels ». Le rôle de l’éducation parentale ou professionnelle consiste à transformer des comportements naturels en de nouveaux comportements qui deviendront, à leur tour, naturels. Ceux-ci se transforment alors en automatismes nouveaux : un client

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demandera spontanément des couverts si ces derniers n’ont pas été déposés de part et d’autre de son assiette servie, un conducteur fixera machinalement sa ceinture de sécurité avant de démarrer, une mère de famille établira systématiquement une liste de courses pour éviter que son mari n’oublie l’une ou l’autre chose, etc. La maîtrise d’un talent passe par cette acquisition de nouveaux réflexes, de nouveaux comportements, de nouveaux automatismes.

Le développement des talents de A à Z « Le talent éclot sur la cendre d'une longue patience ». Jean Vautrin Extrait d'une interview dans Libération - 2 Septembre 2000 Les talents se révèlent et se développent au mieux par le respect d’une approche progressive et réfléchie. La première étape consiste à mieux connaître la personne dont nous souhaitons identifier puis développer les talents. Nous pourrions nous poser quelques questions du type : - « Est-elle, par nature, davantage attirée par les activités cérébrales ou par les activités physiques ? » - « A-t-elle des relations privilégiées avec le concret et la matière, ou plutôt avec les concepts et les théories ? » - « Lorsque qu’elle était enfant, quels traits de sa personnalité ou quelles habilités particulières ses parents et grands-parents ont-ils relevés ? »

La deuxième étape consiste à permettre à cette personne de découvrir de nouvelles activités, car nous savons que tout talent représente le potentiel de réalisation d’une activité. Comme nous connaissons mieux la personne, il est important à présent de respecter sa nature et sa personnalité sans limiter les possibilités de découverte. Autrement dit, s’il paraît logique d’offrir à un enfant de type « cérébral » la possibilité de découvrir des activités telles que le jeu d’échec, la lecture d’auteurs remarquables, la musique, etc. il ne faut cependant pas l’empêcher de réaliser des activités physiques. Par cette découverte, la personne sort de son périmètre connu. Elle s’expose d’un côté, mais elle s’offre la chance de découvrir de nouveaux univers.

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La troisième étape consiste à identifier les talents de la personne. Un professeur de français proposa à ses élèves d’interpréter la pièce « Don Juan » de Molière. Chaque lycéen et lycéenne se vit confier un rôle. Par groupe de deux ou trois, ils durent étudier l’une ou l’autre scène et les personnages à interpréter. La mise en scène se devait d’être particulièrement sobre et soignée. Seul un accessoire pouvait être utilisé pour identifier le personnage. Un jeune lycéen fut chargé d’interpréter le rôle de Don Juan, alors que son partenaire devait jouer Sganarelle dans l’acte III de la pièce de Molière. Don Juan choisit un chapeau rehaussé d’une plume blanche et Sganarelle se contenta d’un stéthoscope autour du cou. Après plusieurs jours d’étude et de répétition, devant l’ensemble des élèves et des professeurs de français, ils entrèrent dans le réfectoire de l’école et se lancèrent dans leur interprétation. L’acteur était devenu Don Juan et occupait toute la scène. Il réussit à rendre son personnage cynique, excessif, infidèle, amoral et blasphémateur, mais aussi sympathique, intelligent et courageux. Une fois leur prestation réalisée, tous les élèves-spectateurs et professeurs leur firent une ovation. Pour conclure cette expérience, le professeur de français à l’origine de cette initiative invita les élèves-spectateurs et les autres professeurs de français à commenter les différentes interprétations. Le Don Juan fut reconnu par toutes et tous comme un acteur, un comédien au talent remarquable. Le talent se distingue en premier lieu par l’aisance et le naturel avec lequel la personne réalise ses activités nouvelles. Pour elle, c’est simple et, en quelque sorte, évident. Elle est d’ailleurs souvent la première surprise de l’effet produit sur les autres par ses actions et le résultat de celles-ci. Le talent se confirme dans un second temps lors de l’apprentissage. Une personne à fort potentiel progresse beaucoup plus rapidement que les autres. Elle comprend, intègre, exploite, applique, maîtrise, fait évoluer ses connaissances à une vitesse remarquable. Plus le talent est important, plus il est nécessaire de permettre à cette personne de bénéficier d’un accompagnement adapté à sa progression. En d’autres termes, il est souvent nécessaire de confier le développement de ce talent à plusieurs maîtres successifs. Ces derniers devront posséder un niveau de maîtrise et de talent adapté et progressif. Plus le talent se transforme en aptitudes, plus le niveau du maître doit s’élever pour offrir une marge de progression suffisante afin de développer un potentiel en compétences exceptionnelles.

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Un jeune garçon demanda, dès qu’il commença à lire et à écrire, un dictionnaire. Il passait ses soirées à passer d’une définition à une autre car chaque mot faisait référence à d’autres mots dont il ne connaissait pas le sens. Il découvrit les œuvres d’Arthur Schopenhauer et de Paul Valéry vers l’âge de douze ans. Il dévorait littéralement les essais philosophiques et passait de longues heures à méditer. Veuve avec deux enfants, sa mère n’avait pas les moyens de lui payer de longues études. Après les primaires, elle l’inscrivit dans une école technique. « Tu deviendras maçon. C’est un excellent métier et tu auras toujours du travail ! », lui avait-elle dit. Comme le dit si bien le proverbe : « C’est au pied du mur que l’on voit le maçon ! ». Le pauvre enfant n’était vraiment pas doué pour ce métier. Pendant les cinq années de la seconde guerre mondiale, l’école fut fermée. Il en profita pour étudier toutes les matières nécessaires pour réussir un ensemble d’examens lui permettant d’accéder à des études universitaires. Il devint chirurgien. Entre une truelle et un scalpel, à part la rime, il y a un monde de différence. Il est donc essentiel de ne pas obliger un enfant ou un adulte à poursuivre l’exploration d’un domaine si, visiblement, celui-ci ne constitue pas un gisement de talents (cf. signes « - » de l’infographie ci-dessus). Il faut cependant le convaincre de ne pas abandonner trop tôt face à d’éventuelles difficultés. La quatrième étape consiste à estimer le plaisir ressenti par la personne talentueuse à réaliser l’activité. Il arrive parfois à certains de ne ressentir aucun plaisir pour un de leurs talents. Le fils d’un bon golfeur, capitaine de son club, était particulièrement doué pour ce jeu. Le père essaya toute sa vie de convaincre son fils de devenir professionnel et surtout un grand champion. Un seul petit hic : le fils détestait le golf. Même s’il réussit sans difficulté à atteindre un handicap de très haut niveau et à gagner de nombreuses compétitions amateurs, il refusa toute sa vie de devenir professionnel.

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Il semble admis aujourd’hui dans le monde scientifique que le plaisir est la conséquence de l’action d’un neurotransmetteur, la dopamine 8 . Cette molécule procure une sensation de jouissance, de bien-être, de joie. La dopamine serait impliquée dans le système de récompense. Elle serait produite lors d’une activité gratifiante mais également lorsque la perspective d’obtenir une récompense ou une gratification existe. Notre cerveau utilise ce neurotransmetteur pour nous pousser à apprendre à retenir de nouvelles sources de plaisir et à rechercher à ressentir de nouveau les plaisirs vécus. Cinquième étape. Une fois les talents identifiés et le plaisir associé confirmé, il est temps d’autoriser, ou mieux, de stimuler la personne à rêver. Ses rêves la pousseront vers de nouveaux territoires à explorer et à développer ses compétences. Les quatre premières étapes permettent de construire par la pensée et l’imagination un avenir ou un futur prometteur. Le rêve constituera un phare, une perspective heureuse, qui poussera à progresser et à réaliser des objectifs les uns après les autres. Il faut distinguer les rêves « évasion » des rêves « action ». Les premiers sont très recherchés par les personnes qui souhaitent échapper à leur quotidien ou à l’instant, pour mieux les supporter ou dépasser les moments désagréables ou pénibles. Ils ne permettent pas de progresser ou de développer leur potentiel. Il s’agit simplement d’une fuite ou d’une évasion momentanée. Les rêves « action » nous détachent également de l’instant. Par contre, ils nous poussent à aller de l’avant, à atteindre nos objectifs afin de rejoindre au plus vite et au mieux ce « futur » fabuleux. Le fait de penser à un avenir agréable est en soi une source de plaisir. Selon Daniel Todd Gilbert, professeur de psychologie de l’Université Harvard (Etats-Unis) 9 , le plaisir des sens peut être stimulé par l’imagination. Les structures du cerveau qui donnent une réponse affective aux sensations, ne tiennent pas compte de l’origine de 8 9

« Cerveau & comportement » : Kolb-Whishaw (De Boeck) ISBN : 2-7445-0137-9. D.T.Gilbert : « Prospection : Experiencing the future » Science, septembre 2007.

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la sensation. Le cortex peut donc envoyer une information sur base d’un sens réellement ressenti ou d’une sensation imaginée. Les découvertes en imagerie médicale montrent que le cortex visuel est activé lors d’une imagination visuelle, comme il le serait par la vision d’un objet, d’une personne, d’une situation réelle. Le cortex auditif est activé par une imagination auditive comme il le serait par un son. L’imagination affective stimule les centres affectifs cérébraux comme le ferait une expérience affective réelle. Bref, le plaisir ressenti par l’imagination des événements futurs est généré par les mêmes parties du cerveau que si ces événements se déroulent effectivement. Sixième étape. Les objectifs doivent alors être définis pour servir de balises de progrès vers le rêve. Ces objectifs, pour éviter tout dérapage vers le perfectionnisme, doivent être REVES : R pour Réalistes (il faut éviter les objectifs inaccessibles, déraisonnables) ; E pour Emotionnellement riches (ils doivent être motivants, nous stimuler, nous toucher) ; V pour Vérifiables (pour pouvoir estimer s’ils sont atteints ou pas) ; E pour Echéants (il faut fixer un délai pour pouvoir faire le point à un moment précis) ; S pour Sensés (un objectif privé de raison d’être ne présente aucun intérêt). Tout objectif doit au minimum être clair, délimité systématiquement évalué au niveau de son réalisme.

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Les objectifs irréalistes sont extrêmement destructeurs. Ils conduisent les personnes vers le perfectionnisme, la culpabilité, la perte de confiance en soi, le stress de plus en plus intense et parfois l’angoisse, la neutralisation de leurs facultés intellectuelles (ou de manière plus directe ou grossière : « la connerie ») et, à l’extrême, la perte d’estime de soi et le burnout. Lorsqu’il fixe des objectifs consciemment irréalistes à son équipe, tout supérieur hiérarchique doit être conscient des effets décrits plus haut. Sa responsabilité est totale sur les conséquences émotionnelles d’une telle démarche au niveau de chaque individu. La qualité d’un grand leader se situe dans sa capacité à fixer des objectifs réalisables et raisonnablement ambitieux. A quelle hauteur un entraineur place-t-il la première barre à franchir en saut d’obstacle par un cheval ? Réponse : sur le sol. « Saute ! » ordonnera cet entraineur. Le cheval doit réussir à franchir cet obstacle. Cela développera son assurance. Si, pour amener ce cheval à remporter la médaille d’or aux Jeux Olympiques et pour gagner du temps sur l’entraînement, l’entraîneur place la première barre à un mètre du sol, et si le cheval touche cette barre avec ses sabots arrières et la fait tomber, les conséquences pourraient être catastrophiques. De toute façon, cette expérience négative laissera des traces plus ou moins profondes et demandera un accompagnement particulier pour aider l’animal à reprendre confiance en lui et à vaincre sa peur de l’échec ou de la douleur.

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La dernière étape consiste à se lancer dans l’action. Il est temps d’apprendre, de mettre en œuvre, de s’approprier et d’acquérir de nouveaux automatismes pour atteindre le plus haut niveau de développement et de maîtrise accessible à la personne. Le programme la conduira de la découverte des bases aux notions et pratiques les plus complexes. Ce modèle a donné naissance au logo des Compagnons du Talent®.

Les Compagnons du Talent, pour rejoindre l’association qui porte leur nom, doivent réaliser une démarche de développement personnel. Ils sont issus du monde professionnel : indépendants, créateurs et dirigeants d’entreprise, cadres ou employés. Cette approche de compagnonnage s’inspire de celle des Compagnons du Devoir et intègre les découvertes les plus récentes dans les domaines des neurosciences, des sciences cognitives et du comportement. Ce compagnonnage a pour buts de développer les talents dans les domaines relationnels, organisationnels, émotionnels et de permettre aux personnes de s’épanouir tant sur le plan personnel que professionnel.

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Tout comme les Compagnons du Devoir qui se sont choisis la Devise : « Ne pas se servir, ne pas asservir mais servir », les Compagnons du Talent ont adopté la devise suivante :

« Se découvrir, découvrir, faire découvrir » Il ne faut en aucun dire à un enfant ou à un adolescent : « Qu’aimerais-tu ou voudrais-tu faire ou devenir plus tard ? » avant d’avoir identifié ses domaines de potentiel. Le plaisir vient après la révélation ou l’identification d’un talent. Les émissions de téléréalités exploitent la tendance malsaine de l’être humain de se réjouir du malheur d’autrui et les envies de notoriété et de richesse des participants. Toutes les personnes en quête de gloire et de fortune représentent des proies rêvées pour les producteurs d’émissions télévisées. Tous les candidats-chanteurs déclarent aimer chanter depuis leur plus tendre enfance. Mais, dès les premières auditions, le jury est impitoyable et parfois même extrêmement cruel avec les personnes sans un niveau minimal de talent. Il arrive aussi que certains producteurs encouragent la sélection de candidats dépourvus de tout don pour satisfaire le besoin des spectateurs de se moquer de leurs prestations. Le sommet de la cruauté est atteint lorsque des millions d’internautes visionnent les enregistrements de ces humiliations publiques. Il faut suivre la démarche diamétralement opposée à celle exploitée par ces émissions commerciales pour offrir à la personne les meilleures chances de découvrir et de développer ses talents, mais aussi d’accepter ses faibles potentiels dans certains domaines. Partir de la nature de la personne, de ses ressources et de ses talents pour aboutir aux rêves et aux objectifs est la meilleure approche pour garantir sa réussite, son épanouissement et son bonheur.

Les différentes étapes d’acceptation des talents « Ce n’est pas dur d’avoir du talent. Ce qui est dur, c’est de l’exploiter ». Anthony Dacheville La première étape consiste à accepter ses talents, ses intelligences. Cette étape d’acceptation n’est pas toujours facile même lorsqu’ils sont exceptionnels. Un homme, submergé par des problèmes personnels et professionnels, décide de faire appel à mes services. Dès de la première séance, il manifeste une intelligence rationnelle largement supérieure à la moyenne. Lorsqu’il apprend son haut potentiel intellectuel, il a une réaction étonnante. - « Ce n’est pas possible », déclare le client. - « Et pour quelle raison ? » - « Vous ne m’avez fait subir aucun test de QI. » - « Je n’en ai pas besoin. Vous m’avez donné assez de signes, voire de preuves qui me permettent de me prononcer sur ce point. » - « Je vous répète que ce n’est pas possible ! », insiste le client. - « Pourquoi ? » - « Parce que si j’étais aussi intelligent que vous le dites, je n’aurais pas ou plus de problèmes ! »

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En fin de séance, je lui recommande de réaliser l’un ou l’autre test de quotient intellectuel pour vérifier, s’il le souhaite. Lors de la séance suivante, je lui demande s’il connaît son QI. - « Oui » répondit-il. « Mais, je ne sais pas si ces tests ont une quelconque valeur ». - « Donnez-moi toujours la fourchette dans laquelle vous vous situez ». - « Selon ces tests, la valeur la plus basse est 143 et la plus haute 157 ! N’importe quoi ! ». - « Vous avez sans doute constaté que ces valeurs se situent largement au-dessus de la moyenne, c’est-à-dire 100. » - « Je ne suis pas une personne à l’intelligence supérieure. Sinon, pourquoi ai-je tant de difficultés à gérer mes problèmes ? » Le client finit par accepter son haut QI après trois séances. En réalité, il prit conscience que son intelligence rationnelle constituait davantage un handicap qu’un atout. Ce niveau d’intelligence le rendait très sensible, peu compréhensible, peu accessible, peu sociable. Bref, très malheureux. L’acceptation de son haut QI allait lui permettre de développer de nouvelles compétences et d’atteindre un niveau d’épanouissement qu’il n’espérait plus. La deuxième étape consiste à accepter de développer son talent. Cette acceptation suppose une motivation forte et un niveau de courage élevé pour faire face aux défis du développement des talents. Si la personne ne ressent aucun plaisir dans la pratique d’une activité, il est fort probable qu’elle n’accepte pas de développer son talent pour celle-ci. Accepter de développer un talent, c’est aussi accepter, comme un apprenti, de faire confiance à son maître. Certains paramètres comme l’affinité, le sens pédagogique, le partage de certains idéaux, la notoriété du compagnon, etc. facilitent le rapprochement nécessaire entre le maître et son apprenti. Un père chirurgien proposa à son fils de cinq ans de l’accompagner pour réaliser des tours de salles afin de suivre l’évolution de ses patients opérés en Afrique. L’enfant se trouva en présence de personnes souffrant de pathologies graves. Les odeurs, les pleurs, les regards et les plaies ne constituaient pas la face la plus terrible. Non, c’est l’idée même de l’impuissance de l’homme face à certaines maladies incurables, comme le cancer, qui le bouleversa. Il vit un jour un homme en phase terminale d’un cancer. Traumatisé par ce cas, il demandait après chaque visite : « Dis, papa, il va mourir le monsieur ? ». Et, son père lui répétait : « Oui, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour qu’il souffre le moins possible ». L’enfant constata un jour que le lit avait été isolé du reste de la salle par un paravent. « Le monsieur est parti, papa ? ». Le père lui répondit : « Non, mais son état s’est aggravé et nous l’avons isolé pour éviter à ses voisins de le voir souffrir ». Quand l’homme fut enfin libéré de ses souffrances, l’enfant refusa à jamais d’accompagner son père lors de ses visites.

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Les années passèrent et le père constata que son fils était naturellement doué pour identifier les pathologies simples. Il comprenait rapidement les raisons d’être des traitements et les effets de telle ou telle opération chirurgicale. Son père essaya, sans succès, durant toute son enfance et son adolescence, de le pousser vers les études de médecine. Ce traumatisme émotionnel, conduisit le jeune homme à rejeter définitivement le métier de médecin au désespoir de son père qui le savait doué pour cet art. La troisième étape n’est pas forcément la plus aisée. Elle consiste à accepter de profiter de son talent. La personne doit s’autoriser le droit d’exploiter les résultats du développement de ses talents. Il arrive à certains de ne pas tirer tous les bénéfices personnels de leurs nouvelles compétences ou aptitudes. Le risque de culpabiliser ou de mal réagir face aux propos envieux et méchants de ceux qui jalousent ces talents est réel. Un artiste débutant exposait pour la première fois. Son agent l’avait poussé pour qu’il accepte de soumettre ses œuvres à l’appréciation du public et surtout de les vendre. Sa première exposition fut encourageante. Beaucoup d’éloges et peu de critiques pour ne pas dire aucune. Lorsque son agent lui demanda ce qu’il comptait faire de l’argent gagné, l’artiste lui répondit : « Je vais acheter du matériel et de la peinture ». Il refusa de le dépenser en bons restaurants ou en objets de luxe. A ses yeux, il ne pouvait pas décemment jouir de cet argent. Il ne méritait pas de profiter de son talent. La culpabilité peut être exploitée par certaines sectes. En effet, celles-ci peuvent affirmer que les talents ou dons particuliers sont un cadeau d’un « être supérieur ». A ce titre, le possesseur d’un talent remarquable se doit de donner à la secte tout ou partie des bénéfices tirés de l’exploitation de son don. Si la personne est fragile sur le plan émotionnel, si elle culpabilise facilement, si elle souhaite être admise dans une société ou faire partie d’une communauté ou d’un groupe social, elle sera tentée de se faire pardonner en « payant » pour les talents que les autres n’ont pas eu. Ces dons pourraient aussi être considérés comme une « taxe sur la valeur ajoutée » pour le bien du plus grand nombre. La quatrième et dernière étape consiste à accepter d’accompagner les autres dans leur développement personnel. Toute aptitude exceptionnelle ou non se doit d’être partagée. Tout compagnon ou tout maître se doit de transmettre son savoir, son savoir-faire et son savoir-être aux nouvelles générations talentueuses. Comme dans la logique de la maturité, il y a un temps pour prendre, puis vient un temps où il faut pouvoir donner. Cela passe par le fait d’accepter de mettre ses compétences, sa maîtrise, son expertise au service des personnes qui souhaitent développer leurs talents dans le même domaine.

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Le « compagnon » se doit par conséquent de révéler les talents, d’accompagner la personne dans son développement et de l’amener à accepter ces quatre étapes à son tour.

Le rôle des maîtres dans le développement des talents « Un peintre apprenti demandait à son maître "Quand dois-je considérer que mon tableau est fini ?" Et le maître répondit : "Quand tu pourras le regarder avec surprise, en te disant : C'est moi qui fait ça" ». Jean-Paul Sartre « On ne devient grand qu'à apprendre d'un maître ». Yves Thériault Extrait d’Agaguk Il est extrêmement difficile d’estimer l’importance exacte d’un talent ou d’un don dès le départ. Un homme décida un jour de se lancer dans l’écriture d’un roman policier. Au mépris de toutes les règles, il commença par choisir un titre, puis il se laissa guider par son inspiration sans avoir défini au préalable la structure de son roman. Toutes les maisons d’édition refusèrent son manuscrit. Une d’entre elles cependant accepta de l’aider. Elle lui transmit les conclusions du comité de lecture et réussit à convaincre une spécialiste de son équipe de l’accompagner dans le développement de son talent. Elle estima en effet qu’il possédait un certain don pour l’écriture et pour raconter des histoires. Après plus d’une heure d’entretien, l’apprenti « écrivain » demanda à son « maître », beaucoup plus jeune que lui : « Pensez-vous que mon niveau de talent justifie les efforts et travaux que vous me demandez ? ». La jeune spécialiste lui répondit : « Vous avez un certain talent. Il ne faut certainement pas baisser les bras ». Trouvant la réponse imprécise, il répéta sa question. Cette fois, la spécialiste lui dit : « Vous savez le talent, c’est à la fin de votre vie que nous pourrons l’estimer à sa juste valeur. Vous avez toute la vie pour développer votre talent. » Les premiers à constater un potentiel chez l’enfant ne sont pas forcément les parents. Certains d’entre eux : - préfèrent ne pas « voir » ce potentiel de peur d’avoir mis au monde un être anormal, une sorte de monstre ; - ont peur de devoir faire des efforts exceptionnels pour comprendre, accompagner, soutenir, encourager, guider leur progéniture ou estiment ne pas être à la hauteur ; - sont inquiets des montants financiers à engager pour le développement de ce potentiel ; - sont davantage préoccupés par leur propre vie et carrière que par le développement et l’épanouissement optimal de leur enfant. Le premier maître doit révéler à l’enfant ou à l’adolescent(e) son talent. Il doit l’amener à l’accepter. Il doit également l’encourager à progresser même s’il prétend se contenter du plaisir ressenti dans l’exploitation de son niveau de talent actuel. Ensuite, il doit fixer des objectifs très modestes ou au minimum très raisonnables

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pour l’aider à construire sa confiance en ses capacités. Il doit enfin placer la barre progressivement de plus en plus haut en veillant à ne pas : - la laisser trop bas car cela pourrait démobiliser la personne ou - la placer trop haut car cela la découragerait, sans oublier qu’il y a de fortes chances que la personne soit impatiente de progresser plus vite et plus fort. Le premier maître se doit d’être un exemple, un phare pour guider le jeune tout au long de sa progression. La recherche et le choix du premier maître après la révélation de son talent sont très souvent guidés par la renommée de celui-ci. Un jeune adolescent, passionné par la mer dès l’âge de onze ans suite à un stage de voile, s’était découvert un talent créatif dans le domaine de l’architecture navale. Son père voulait absolument qu’il réalise des études d’ingénieur, éventuellement d’ingénieur naval, pour s’offrir le maximum d’opportunités d’emploi une fois le diplôme en poche. L’adolescent ne se voyait pas passer des années sur les bancs de la faculté des sciences appliquées pour le plaisir d’exhiber un diplôme et de diriger une équipe de dessinateurs. Il rechercha le nom d’un grand architecte naval. A cette époque, Eric Tabarly venait de prendre possession du Pen Duick VI. Son architecte s’appelait André Mauric. Tout naturellement, l’adolescent lui écrivit une lettre. Ce dernier l’invita à venir se joindre à son équipe pour apprendre le métier et commencer son compagnonnage dans le domaine de l’architecture navale dans un courrier à la fois très positif et très chaleureux. Le premier maître doit surtout accepter de passer le relai à un deuxième maître si son apport ne permet plus ou pas assez à la personne de progresser. Le deuxième maître, par sa maîtrise et son expertise supérieure au premier, continuera à faire progresser son apprenti jusqu’au moment où, à son tour, il sera temps pour lui de confier la progression de la personne vers de plus haut sommet de compétences et d’aptitudes à un nouveau maître. Tout sportif de haut niveau a connu cette progression : le parent ou le professeur d’éducation physique passe le relais à un entraineur d’une équipe « junior », puis à un coach d’une équipe amateur, puis un sélectionneur repère le talent pour amener le jeune vers un centre d’entraînement national où il pourra bénéficier d’un accompagnement professionnel digne des meilleurs. L’objectif principal des maîtres est d’amener leurs disciples à les surpasser. Si le maître se trouve dans cette logique, il n’éprouvera aucune difficulté à encourager la personne qu’il accompagne dans son développement, à faire appel à un niveau de maîtrise supérieur au sien. Il est indispensable de laisser le soin d’accompagner la personne qui désire développer son potentiel à un maître plus apte que soi, aussi bien dans les premiers moments, qu’au-delà de ses compétences maîtrisées. Le maître, par une bonne connaissance de lui-même et de son niveau de maîtrise, doit pouvoir se situer au bon endroit et au bon moment dans le chemin de progression de la personne.

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Tout maître se doit de développer une relation de confiance avec son apprenti. Il se doit d’être crédible dans ses affirmations, propositions, décisions. En effet, pour l’esprit humain, la valeur d’une information dépendra de son jugement sur celle-ci. Si la personne la juge exacte ou utile, elle sera à l’origine de pensées et d’actions futures. Par contre, si l’information est estimée fausse, elle sera réduite à une suite de mots sans importance10. Sans être un gourou, le maître doit inspirer confiance à son apprenti. Ce dernier doit conserver son esprit critique et éviter de considérer toute donnée comme juste par défaut. Par contre, il faut aussi amener l’apprenti à ne pas systématiquement remettre en question la valeur d’une information. Plus l’apprenti sera ouvert aux enseignements de son maître, plus sa progression sera rapide et importante. Or, cette ouverture sera en partie le résultat de la préparation de l’esprit de l’apprenti à accepter les informations reçues et à les considérer comme vraies. Si la personne est exceptionnellement douée ou talentueuse, il peut arriver qu’elle doive assurer elle-même sa propre progression au-delà du niveau du maître le plus remarquable.

Les talents pour quoi faire ? « Beaucoup de gens ont du talent, mais seul le travail permet de faire carrière ». Alice Parizeau Extrait de Nata et le professeur Les talents ne donnent pas des droits, ni un quelconque pouvoir sur autrui, mais imposent des devoirs. Tout potentiel transformé en compétences doit être mis au service des autres, tout en permettant à son détenteur d’en profiter. Tout porteur de l’autorité doit de se pencher sur ses talents, sur ceux des autres, et les aider à les développer. Les plus grandes œuvres sont réalisées par la mise en commun et le mariage de talents complémentaires, qui tels des ingrédients dans une préparation culinaire, se marient au mieux pour donner au plat toute sa saveur. Une bonne compréhension du chemin qui conduit l’être humain de la découverte de ses talents à la réalisation de ses œuvres est fondamentale. Nos talents se situent à la base de la structure qui nous conduira à la réalisation d’un chef d’œuvre.

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Valérie Buron, « Pourquoi le cerveau trouve la vérité si belle et le mensonge si laid ? » Monde de l’intelligence n°12 avril-mai-juin 2008.

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Les talents, une fois développés, nous offrent la possibilité d’atteindre un niveau de maîtrise disponible pour l’action. Il est temps alors de se poser les questions suivantes : « Quel sens vais-je donner à ma vie ? Quelle est la raison de mes actes futurs ? Quel est la valeur ajoutée apportée par la maîtrise de mes nouvelles compétences ? ».

Cette étape prend en considération l’absolue nécessité de la prise de conscience des devoirs associés au talent. Toute personne a le devoir, à la suite de la transformation de son talent en compétences et aptitudes remarquables, de respecter un engagement moral fort de les mettre au service d’autrui et de transmettre ses différents savoirs.

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La plupart des personnes ont beaucoup de mal à définir le sens qu’elles donnent à leur vie privée et professionnelle. Une fois le sens trouvé, il est grand temps de rêver. Rêver, c’est prendre de l’altitude, de la hauteur par rapport à la réalité du quotidien. Rêver, ne doit pas être une façon de rejeter, de fuir ou de refuser la réalité.

Rêver, c’est rechercher une nouvelle ou une autre réalité, stimulante, motivante, attirante au-delà du présent. Rêver, c’est transposer sa valeur ajoutée dans le désir de réaliser de grands projets. Rêver, c’est nous pousser à agir pour aller vers un avenir riche en émotions. Comme nous l’avons vu précédemment, le rêve, pour avoir les meilleures chances d’être réalisé voire d’être dépassé, doit être accompagné d’objectifs.

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Les objectifs nous indiquent les étapes à atteindre pour nous diriger dans le sens de nos rêves. Il est alors temps de se mettre en action. Il faudra trouver les solutions, astuces, approches, gestes, etc. qui nous permettront d’avancer dans la bonne direction. Ces actions nous amèneront à réaliser nos objectifs et nos rêves dans le respect du sens fixé, grâce à nos talents et à nos compétences.

L’excellence et la réalisation de grandes œuvres seront alors les meilleurs compagnons du Compagnon du Talent®. Le talent est un atout qui prend toute sa grandeur dans le savoir-être de celui qui le possède. Le talent est une chose, savoir vivre son talent en est une autre.

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Les talents dans leur écrin « Ce n’est pas la façon dont sa lame est aiguisée qui fait le talent du sabreur » Yvan Audouard extrait de Le sabre de mon père 11

Une étude publiée en août 2008 , menée par IBM et le « Human Capital Institute », révèle les performances financières importantes des entreprises qui mettent en place une gestion intégrée des talents. Cette étude a été menée auprès de 1900 personnes dans 1000 organisations publiques et privées. Selon celle-ci, la majorité des employeurs ignore les compétences que leurs employés devront acquérir dans un proche avenir. Si les employeurs reconnaissent l'importance d'une bonne gestion des talents, ils reconnaissent leurs difficultés à : - la mettre en pratique (seules 40 % des entreprises interrogées arrivent à déterminer précisément les besoins en compétences) ; - mener une politique efficace de développement personnel (64 % d’entre elles déclarent la mettre en œuvre) ; - développer réellement les talents de manières effective et opportune (38% ont la bonne démarche). Les entreprises dans les secteurs technologique et électrotechnique, ainsi que dans le secteur des services, ont un peu moins de mal que les autres à mener une gestion efficace des talents. En revanche, le secteur public se trouve plutôt à la traine. Cette étude recommande aux plus hauts responsables des entreprises de faire preuve de la même rigueur dans l’identification et le développement des talents qu’au niveau des décisions stratégiques. Si un parent, un éducateur, un professeur, un maître se contente de transmettre un savoir et un savoir-faire, il existe effectivement une très grande probabilité de voir la personne aux nouvelles compétences chercher à valoriser au mieux ses certificats, diplômes ou autres formes de reconnaissance officielles ou non de ses capacités. Le talent, devenu compétences remarquables, est insuffisant pour fidéliser une personne ou créer un lien assez fort pour l’amener à ne pas succomber à la tentation de l’argent pour l’argent. Le développement des talents doit s’accompagner d’une éducation de l’être humain. Le choix d’un sens, la recherche de l’excellence, le respect de valeurs et d’une déontologie, la maturité et la maîtrise des outils de relations humaines constituent les bases de la réussite et de l’épanouissement. Une culture de l’excellence et la transmission de règles, d’un esprit, d’une façon d’être, bref d’un « savoir-être » donneront à la personne talentueuse des raisons puissantes de se lier à celui (ou à ceux) qui lui a(ont) permis de développer ses talents.

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Etude IBM-HCI : « New research from IBM and the Human Capital Institute demonstrates ROI of talent management » 14 Aug 2008.

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L’environnement lié à l’exercice de son talent lui apportera tout son rayonnement et une raison d’être plus forte qu’un diplôme accroché à un mur ou ajouté à un curriculum vitae. L’acquisition de connaissances et d’une maîtrise technique ou opérationnelle, bref d’un savoir-faire ne suffit pas pour construire un homme ou un compagnon. Lors de la construction d’un château fort en forêt de Guédelon en Bourgogne dans le respect des techniques et méthodes du XIIIème siècle, Florian Renuccci, le maître d’œuvre du chantier, déclara en 2008, après 10 ans de travaux sur les 25 estimés : « Nous ne construisons pas des châteaux. Nous construisons des hommes ! ».12 Le talent a pour écrin le « savoir-être » et pour vitrine son environnement d’expression.

Tu es très doué, tant mieux pour toi ! Mais, tu seras toujours seul ! « L'inéquitable répartition du talent entre les hommes est bien plus injuste que celle de l'argent ». Serge Uzzan « Il ne suffit pas d'avoir du talent, il faut encore se le faire pardonner ». Edmond et Jules de Goncourt Toute source d’envie fait souffrir si elle ne peut être satisfaite. Face à un niveau de talent supérieur au sien, chaque être humain ressent une souffrance d’intensité variable. Elle est souvent proportionnelle à la différence de niveau de talent, ou plus exactement à la différence d’expression ou de mise en œuvre de ce talent. La souffrance peut conduire certains à envisager toutes les actions – y compris le meurtre – susceptibles d’atténuer les effets délétères de ce sentiment d’envie. Les élèves peuvent être extrêmement cruels envers les premiers ou les premières de la classe. Une jeune fille de dix-sept ans à haut potentiel intellectuel a reçu en octobre 2013 un message d’une « copine » sur son téléphone portable : « Tu as 20/20 en math connasse ! ». Les violences infligées aux hauts potentiels peuvent être physiques, mais les plus douloureuses sont psychiques. Les mots peuvent contenir une charge d’agressivité extrême. Les messages non-verbaux, tels que les regards, les expressions faciales, les sourires ironiques, les postures et certains gestes, sont souvent plus puissants encore. Plus une personne est immature, moins elle est capable de se maîtriser. Or, l’envie est une émotion parfois très intense et très difficile à contrôler. Plus l’écart entre les performances de l’autre et les siennes est grand, plus la motivation de progresser disparait et plus l’envie de fuir ou de nuire à l’autre augmente. En 2009, le Dr Hidehiko Takahashi du Département de Neuroimagerie Moléculaire à Chiba au Japon a publié le résultat de travaux de recherche sur l’origine et les effets du sentiment d’envie sur les individus13 14. Des volontaires ont été placés dans un 12

Emission « Des Racines et des Ailes », 15 octobre 2008 : Michel Guyot et « les hommes de Guédelon ». TAKAHASHI H., Le malheur des uns fait le bonheur des autres !, Le monde de l’intelligence, Août/Sept/Oct 2009,16, pp. 22 – 26. 14 TAKAHASHI H. et al., When your gain is my pain and your pain is my gain : Neural Correlates of 13

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tunnel d’IRM fonctionnelle. Cette technique d’imagerie permet de visualiser l’activité du cerveau. Elle mesure les variations de flux sanguin issues d’une consommation accrue d’oxygène par les neurones stimulés dans les zones cérébrales actives. L’IRMf est très précise et permet de voir les réactions cérébrales pratiquement en temps réel. Le Dr Hidehiko Takahashi a constaté une augmentation du flux sanguin dans le cortex cingulaire antérieur lorsque les personnes ressentaient un sentiment d’envie. Cette région cérébrale joue en quelque sorte le rôle de signal d’alarme du cerveau et intervient dans la détection d’erreurs et dans l’évaluation de la pertinence des informations émotionnelles. Le cortex cingulaire antérieur est également associé à la perception subjective de la douleur. Autrement dit, l’envie peut être assimilée à une douleur et peut engendrer une profonde tristesse. Si, par la suite, la personne enviée est confrontée à des difficultés ou connaît des situations pénibles ou si elle est malheureuse, l’aire cérébrale de la récompense et de la gratification de la personne envieuse est activée. Les neurones de cette région produisent de la dopamine à l’origine d’une sensation de plaisir ou de jouissance. Les allemands ont donné un nom pour désigner le fait de se réjouir du malheur d’autrui : Schadenfreude (schaden : dommage, tort, mal, blessure – freude : joie, plaisir). Le fait de ressentir un malin plaisir ou une joie malsaine peut parfois aller jusqu’à la jouissance sadique de voir l’autre en difficulté, ou mieux, souffrir. Autrement dit, le sentiment d’envie fait mal et le malheur de la personne enviée fait plaisir. Tout être humain, quelque soit son âge, ses origines, son éducation, son sexe, peut ressentir ces deux gammes d’émotions face à l’envie. Quelle pourrait être la raison de l’existence de ses capacités cérébrales universelles ? Existerait-il un « défaut » de conception de l’être humain qui le conduirait à ne pas supporter de voir les autres plus gâtés ou plus heureux que lui ? S’agirait-il d’un système de protection pour nous permettre de faire face aux différences de potentiel ou de réussite entre les personnes ? Pour essayer de trouver une réponse à ces questions, imaginons une troupe de singes. Une femelle d’un certain âge s’écarte du groupe. Une autre femelle l’observe et la voit s’emparer d’une tige basse. Elle tient délicatement la tige entre ses dents puis elle la tire d’une main pour l’effeuiller. Armée de cette brochette de fortune, elle se dirige vers un tronc en décomposition. Elle l’introduit dans un trou et en ressort une grosse larve d’insecte blanche. Elle porte la « brochette » à la hauteur de sa bouche puis elle reproduit le geste de l’effeuillage pour prendre la larve. Surprise l’autre femelle la voit répéter l’opération deux ou trois fois. Elle finit par s’approcher de son ainée, l’observe avant de s’emparer de la « brochette » et de se régaler de cette nouvelle source de nourriture. Et si l’envie, associée à la « douleur » de ne pas posséder le bien enviable d’autrui ou de ne pas réaliser les performances de l’autre, avait pour raison d’être de nous pousser à nous adapter, à évoluer ou à progresser. Et si cette perception négative avait pour but de nous conduire à réagir pour supprimer cette émotion désagréable ou mieux pour nous conduire vers une nouvelle source de plaisir. Il s’agirait d’une pulsion instinctive de survie de l’individu et de l’espèce. Faute de s’adapter, toute forme de vie est vouée à disparaître.

Envy and Schadenfreude, Sciences, 2009, 323, pp. 937-939.

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Etape 1 : identification de l’« objet » enviable et naissance de la motivation à réduire les effets du sentiment d’envie.

Etape 2 : efforts réalisés pour acquérir l’« objet » envié.

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Etape 3 : transmission de l’« objet » envié.

Etape 4 : évolution du groupe par l’acquisition par chacun des membres de l’« objet » envié.

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L’envie aura provoqué l’évolution du groupe par transmission de la maîtrise enviable. Cependant, si l’écart pour atteindre l’élément enviable paraît impossible à combler, les réactions de l’individu et du groupe peuvent aller du simple bannissement aux pires souffrances infligées à l’envié pour le punir d’être le seul à jouir de ces privilèges, avantages, sources de plaisir ou de satisfaction…

Un professeur d’une école d’hôtellerie donnait des cours et organisait des travaux pratiques sur le service en salle. Il acceptait aussi d’être maître d’hôtel dans un petit restaurant pour dépanner les propriétaires de temps en temps. Lors d’un repas dans ce restaurant, juste après avoir pris notre commande, il me fit part de son désarroi face à la décision d’une de ses élèves d’abandonner ses études. Il m’expliqua en quelques mots les événements à l’origine de ce choix. Cette jeune personne était, selon lui, la plus douée de sa promotion. Elle avait un très grand sens de l’organisation. Elle était très travailleuse, extrêmement soigneuse et consciencieuse. Passionnée par sa future profession, elle passait ses soirées à regarder des vidéos relatives au service en salle sur internet et à lire des traités et manuels sur le même sujet. Elle excellait dans tous les domaines et obtenait les meilleures notes. Ses condisciples se mirent très vite à la détester et à la rejeter. Dans les premiers temps, ils évitèrent de lui adresser la parole et ne l’invitèrent pas à aller boire un verre avec eux en fin de journée. Puis, ils essayèrent de ne pas faire partie de son équipe. Ils finirent par lui compliquer au maximum la tâche et par saboter le plus discrètement et le plus systématiquement possible son travail. Son professeur s’en était rapidement rendu compte. Il essaya de la protéger au mieux mais il n’avait pas les yeux dans le dos et ne pouvait surveiller en permanence les comportements de ces élèves.

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Ce harcèlement moral avait fini par épuiser et démotiver complètement cette jeune personne au fort potentiel. Le professeur tenta de la rassurer sur base de ses résultats scolaires et de la stimuler à poursuivre ses études. En réalité, elle avoua beaucoup mieux supporter les difficultés relationnelles que les actions incessantes visant à neutraliser ou à détruire son travail. Tous ses efforts dans le cadre de ses activités pratiques étaient en permanence réduits autant que possible à néant. Même si ses résultats aux examens théoriques étaient exceptionnellement bons, elle n’acceptait pas de devoir se battre au quotidien pour lutter contre toutes les manœuvres de sabotage dans le cadre des travaux pratiques. Face à un tableau classique d’ostracisme motivé par l’envie, je pris le temps de lui présenter la théorie de la raison d’être de l’envie dans le cadre de l’évolution d’une personne ou d’un groupe. Le maître d’hôtel me demanda alors ce qu’il devait faire pour convaincre son élève de poursuivre ses études. Je lui ai alors dit : « Pour l’amener à prendre conscience de la réaction d’un groupe face à un individu enviable, présentez-lui l’histoire de la troupe de singes. Puis, demandez-lui si elle est convaincue d’avoir le niveau suffisant pour réussir ce type d’études. Elle vous répondra certainement par l’affirmative. Vous lui conseillerez alors d’aider ses condisciples. Suggérez-lui de leur transmettre ses connaissances et même ses trucs et astuces pour réussir au mieux. Son niveau de potentiel et de compétences est tel qu’elle n’a rien à craindre de leur part. Elle réussira de toute façon ses études. Vous lui direz à quel point il est gratifiant de transmettre ses savoirs. Ce partage avec les autres élèves va les aider à combler l’écart entre leur niveau actuel et le sien. Ce dernier leur paraîtra moins inaccessible. ». De retour dans le même restaurant une quinzaine de jours plus tard, le maître d’hôtel se précipita vers notre table pour nous faire part de la décision de sa protégée de poursuivre ses études. Tous les élèves se sont mis à l’adorer. Elle a été transformée à la suite de la conversation sur le thème de l’envie. Sa disponibilité, sa patience et son sens de la pédagogie ont fait merveille. Lors de son stage de vacances dans le restaurant, nous avons fait la connaissance d’une jeune fille épanouie aux talents remarquables. Les personnes aux talents exceptionnels ne se trouvent pas extraordinaires. Ils sont nés et ont toujours vécu avec leurs dons ou leurs facultés hors du commun. Ils réalisent difficilement l’écart qui les sépare des autres à plus faible potentiel. Ces derniers devraient, de leur point de vue, faire plus d’efforts pour rattraper leur retard. Selon eux, la paresse, le manque de courage, l’absence d’une motivation suffisante les empêche d’arriver aux mêmes résultats. Cette attitude, ces jugements sont très mal acceptés par les personnes à potentiel plus modeste et renforcent leur volonté de les faire souffrir par l’exclusion ou par toute action déstabilisatrice ou destructrice. L’immature, par sa tendance à se comparer sans cesse à autrui ou son désir d’être le meilleur dans une logique de compétition consciente ou non, éprouve beaucoup de difficultés à accepter un niveau de talent ou de potentiel supérieur au sein. À cela s’ajoute un autre facteur lié à l’immaturité : la difficulté à se maîtriser (voir Toolbook 4 « L’équilibre dynamique »). Cette incapacité à se contrôler de manière optimale les fragilise face à la pression exercée par le sentiment d’envie. Leur cortex préfrontal est « écrasé » et perd sa capacité à ne pas se laisser gouverner par la douleur et la tristesse liées à cette émotion (voir Toolbook 2 « L’effet piston »). Plus une personne est immature, plus elle se laisse submerger par le désir d’atténuer les

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effets de cette souffrance. Cette immaturité peut la conduire aux pires comportements. La connaissance de ces éléments doit permettre aux personnes à haut potentiel d’éviter de se comporter de manière inappropriée et de prévenir les agissements et les propos des personnes d’un niveau de potentiel et de maturité inférieur au leur. « La mort d’un homme de talent m’attriste toujours, puisque le monde en a plus besoin que le ciel ». Georg Christoph Lichtenberg Extrait du livre Pensées

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